« Je recommande à mon fils s’il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, [...] qu’il ne peut faire le bonheur des Peuples qu’en régnant suivant les Lois, mais en même temps qu’un Roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire, et qu’autrement étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile. » (Testament de Louis XVI)
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Le 11 février 1858, près du village pyrénéen de Lourdes, une jeune femme serait apparue à Bernadette Soubirous, dans une grotte appelée Massabielle.
Selon ses dires, la petite bergère assista dans les semaines qui suivirent à plusieurs apparitions du même type.
Au cours de l'une d'elles, la Dame lui confia (en gascon) : Que soy era immaculada councepciou (« Je suis l'Immaculée Conception »), c'est-à-dire épargnée par le péché originel dès sa conception à la différence des autres humains depuis Adam et Ève.
La bergère rapporta ces mots à son curé sans savoir que le pape Pie IX avait proclamé quatre ans plus tôt le dogme de l'Immaculée Conception à propos de Marie, la mère du Christ. (1)
Proclamée Immaculée dans sa Conception le 8 décembre 1854, Marie apparut quatre ans plus tard, en 1858, à dix-huit reprises, du 11 février au 16 juillet, à une petite fille de Lourdes.L'enfant, ignorante et candide, s'appelait Bernadette. La Vierge paraissait dans une grotte sauvage, la grotte de Massabielle. Son visage était gracieux et vermeil ; elle était enveloppée dans les plis d'un long voile blanc ; une ceinture bleue flottait autour d'elle ; sur chacun de ses pieds brillait une rose épanouie. L'enfant regarda longtemps, elle prit son chapelet et le récita pieusement. L'apparition lui demanda de revenir. (2)
La seizième fois, le 25 mars 1858, Bernadette supplia la vision de se faire connaître. Alors, l'être mystérieux, joignant les mains devant sa poitrine, et revêtant une majesté toute divine, disparut en disant : "Que soy era immaculada councepciou" ("Je suis l'Immaculée Conception").
À partir de cette époque, la ville de Lourdes devenait immortelle. Des foules immenses viennent, selon le désir exprimé par l'apparition, saluer la Vierge Immaculée dans sa grotte bénie et dans les splendides sanctuaires érigés à sa demande et en son honneur, sur le flanc de la montagne. De nombreux et éclatants miracles ont récompensé et récompensent toujours la foi des pieux pèlerins ; et chaque jour ce grand mouvement catholique va croissant ; c'est par centaines de milliers, chaque année, que les dévots de Marie affluent, à Lourdes, de toutes les parties du monde.
Notre-Dame de Lourdes, Image pieuse populaire, XIXe siècle, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 95.
La mémoire de ces apparitions a été inscrite au calendrier romain en 1907.
Mémoire de Notre-Dame de Lourdes. En 1858, trois ans après la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception, une toute jeune fille, sainte Bernadette Soubirous, contempla à plusieurs reprises la Vierge Marie dans la grotte de Massabielle au bord du Gave, près de Lourdes, devenue dès lors un lieu vénéré par des foules innombrables de fidèles. (3)
La piété catholique a multiplié les histoires et les notices de Notre-Dame de Lourdes ; mille et mille cantiques de toutes langues ont été chantés au pied de la grotte bénie ; partout, en France et dans toutes les parties du monde, se sont multipliées les représentations de la grotte de Lourdes et de sa basilique, les images et les statues de la Vierge Immaculée. Les féeriques processions aux flambeaux, les merveilleuses illuminations, les grandioses manifestations qui s'y renouvellent souvent, ont fait de Lourdes comme un coin du Paradis.
Notre-Dame de Lourdes, Virgilio Tojett 1877
Sources : 1; 2; 3; 4; Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011.
"La véritable Église est simplement l'ensemble des croyants en Christ, et cette Église est plus ou moins visible selon les époques et les lieux", peut-on entendre dans les cercles protestants.
Cela ressemble beaucoup étrangement à du relativisme post-chrétien.
Cela me fait penser à ceci :
Les musulmans : "Nous sommes la vraie religion !"
Chrétiens : "Nous sommes la vraie religion !"
Les hindous : "Nous sommes la vraie religion !"
Post-chrétiens : "Dieu se trouve dans toutes les religions"...
Ce qui est perdu, c'est ce qui est VRAI.
Rendre l'Église "invisible" est une capitulation totalement gnostique face à des revendications de vérité concurrentes.
C'est pourquoi le protestantisme n'a que deux réponses aux conflits d'interprétation biblique : plus de schisme et/ou une réduction encore plus importante de la liste des "éléments essentiels" que l'on doit croire. Le résultat invariable est le suivant : l'"Église invisible" comprend "tous les croyants en Christ", ce qui signifie qu'elle est composée d'individus qui se définissent eux-mêmes ("Je crois en Jésus", avec des désaccords sans fin sur ce que cela signifie), plutôt que d'individus qui se conforment à une norme de vérité externe et immuable - le "Je crois" du Credo au sein de l'Église catholique.
C'est pourquoi tant de chrétiens - y compris de nombreux catholiques - tombent à gauche et à droite. Cette conception moderniste de la religion ne peut pas construire, elle ne peut que détruire la civilisation. Elle repose sur un scepticisme implicite qui découle de la négation de l'existence d'une autorité apostolique vivante dans le monde. C'est un système religieux construit par des orphelins. Il n'est pas étonnant que telle ait été la trajectoire de l'Occident au cours des 500 dernières années. Joshua Charles
Il n'y a pas un seul exemple dans le Nouveau Testament de chrétiens prenant les Écritures et agissant selon leurs interprétations en dehors de l'autorité apostolique. Ils étaient toujours sous l'autorité des apôtres, de ceux qu'ils avaient nommés - comme Timothée et Tite - et de ceux qu'ils avaient nommés. Joshua Charles
Au temps où Padoue était aux mains d’Ezzelino, un tyran féroce et prompt au meurtre, Arnaud Cataneo, abbé du monastère de Sainte Sabine, dut se réfugier dans une grotte voisine pour échapper à une mort certaine. Quand l’empereur Frédéric II vint délivrer la ville, Arnaud l’accueillit joyeusement. Mais quand Ezzelino reprit le contrôle de la région, le bienheureux Arnaud fut arrêté, jeté dans un infect cachot où il mourut après huit années de souffrances et d’isolement. [1]
Quand Arnaud Cataneo, issu d'une grande famille de noblesse ancienne et aisée de Padoue (Vénétie, Italie), devient moine bénédictin de l'abbaye Sainte-Justine de Padoue et en est élu abbé deux ans plus tard, en 1209, à l'âge de 24 ans, la région connait d'importantes luttes de pouvoir entre guelfes et gibelins (Welf opposés à la maison de Hohenstaufen). Arnaud Cataneo s'oppose au tyran Ezzelino III da Romano, seigneur gibelin de Padoue, Vérone, Vicence et Brescia (surnommé le Féroce, remarqué par sa cruauté, qualifié de monomaniaque de la terreur, et de fils du diable), excommunié à deux reprises par le pape Innocent IV. L'opposition d'Arnaud Cataneo et son influence spirituelle contrarient Ezzelino III qui le fit condamner à mort. Il se réfugia alors dans une grotte voisine, d'où il ressortit en 1238 lorsque l'empereur germanique Frédéric II délivra la ville. Mais Ezzelino reprit le contrôle de la région ; il fit arrêter Cataneo en 1246, et le fit enfermer dans un cachot de sa forteresse d'Asolo, en Vénétie, nourri au pain et à l'eau [2], où il mourut le 10 février 1255, après huit années de martyre, de persécution, de souffrances et d’isolement. [3]Au moment de sa mort, deux flambeaux ardents auraient été vus descendre du ciel et resplendir sur le château.
Depuis le 14 mars 1562, son corps repose dans un autel baroque d'une des chapelles de la basilique Sainte-Justine de Padoue.
Béatifié par l'Église catholique, Arnaud est fêté les 10 février et 14 mars dans le martyrologe catholique (date de la translation de son corps en 1562.) [4]
Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 23.
Sainte Apolline (ou Apollonie) était d'Alexandrie ; au milieu de la corruption générale, elle y passait pour un modèle de vertu et de modestie chrétienne. Cette héroïque jeune fille ne se contenta pas de consacrer au Seigneur ses premières années, sa jeunesse et son existence entière, elle voulut encore lui offrir le sacrifice de sa vie.
L'an 248, une persécution sanglante éclata dans la cité ; la fureur des païens contre les chrétiens ne connut point de bornes. On pilla les maisons et on exerça contre les personnes les plus horribles violences. Apolline, déjà avancée en âge, loin de prendre la fuite, demeura toujours à Alexandrie, sans craindre la perte de ses biens ni de sa vie, heureuse, au contraire, d'attendre l'occasion de couronner ses vertus par un glorieux martyre.
Un jour, elle fut arrêtée ; les bourreaux se jetèrent sur elle, la frappèrent si rudement avec des cailloux, qu'ils lui rompirent les mâchoires et lui brisèrent les dents ; puis, l'ayant entraînée hors de la ville, ils allumèrent un grand feu, résolus de l'y jeter, si elle ne renonçait pas à Jésus-Christ. La Sainte demanda quelques moments comme pour réfléchir à ce qu'elle devait faire.
Les païens espérèrent un instant qu'elle allait reculer devant l'horrible supplice du feu. Mais Apolline, profitant de cet instant de liberté, s'échappa de leurs mains, et poussée par l'ardeur de l'amour divin qui embrasait son cœur, elle s'élança elle-même impétueusement dans le feu, au grand étonnement de ses bourreaux stupéfaits de voir une fille plus hardie et plus prompte à souffrir la mort qu'eux-mêmes à la lui faire endurer.
Son corps fut bientôt dévoré par les flammes, et son âme généreuse et pure s'envola dans les Cieux, l'an 249 de Notre-Seigneur, le 9 février. L'exemple étonnant de sainte Apolline serait répréhensible si elle avait obéi à la précipitation de la nature ; mais l'Église, en l'admettant au nombre des martyrs, nous oblige à croire qu'elle obéit à l'impulsion de l'Esprit divin.
Sainte Apolline a toujours été regardée par la dévotion populaire comme secourable contre le mal de dents, sans doute à cause du premier supplice qu'elle avait enduré.(1)
C'est S. Denis d'Alexandrie, qui raconte dans une lettre à son ami Fabien, évêque d'Antioche, comment elle fut prise par les païens au cours d'une émeute. (2)
Sources : (1) L'Evangile au quotidien; (2) Nominis ;(3) Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 22-23.
Ancien père de l'Église au IIIe siècle après J.-C. : pour être dans l'Église catholique, il faut être uni au sacerdoce
"Pierre, sur qui l’Église devait être bâtie, y parle [Jean 6 :67-69], enseignant et montrant au nom de l’Église, que, bien qu’une multitude rebelle et arrogante de ceux qui n’écoutent pas et n’obéissent pas puisse partir, cependant l’Église ne s’éloigne pas de Christ ; et c'est l'Église qui est un peuple uni au prêtre, et le troupeau qui adhère à son pasteur.
Vous devez savoir que l'évêque est dans l'Église, et l'Église dans l'évêque ; et si quelqu'un n'est pas avec l'évêque, il n'est pas dans l'Église, non plus que ceux qui se flattent en vain et se glissent dans l'Église, sans avoir la paix avec les prêtres de Dieu, et qui s'imaginent communiquer secrètement avec quelques-uns ; tandis que l'Église, qui est catholique et une, n'est ni coupée ni divisée, mais bien reliée et unie par le ciment des prêtres qui s'accordent les uns avec les autres.
À Paris, en 1871, la bienheureuse Marie de la Providence (Eugénie Smet), vierge, qui fonda la Congrégation des Auxiliatrices du Purgatoire, dans une totale confiance en la Providence. Martyrologe romain (1)
Née à Lille où elle voulut fonder un Institut religieux destiné à se dévouer en priorité aux Âmes du Purgatoire, « Sœur Marie de la Providence » orienta ses religieuses vers toutes les tâches qui pouvaient répondre aux besoins multiples des plus défavorisés. Elle mourut à Paris en 1881.
Eugénie SMET a choisi comme nom de religieuse Marie de la Providence, nom qui exprime bien le visage de Dieu auquel elle croit et sur qui elle fonde sa vie.Née d’une famille enracinée dans une longue tradition de foi, Eugénie est à la fois une femme de continuité et de rupture dans l’Église de son temps.
Elle reconnaît très tôt que Dieu intervient dans son histoire personnelle et la comble de bienfaits, se révélant ainsi comme Providence. La relation d’Eugénie à Dieu est une relation de confiance et d’abandon total, fondée sur la certitude, acquise par l’expérience, que Dieu lui est fidèle. Toute sa vie, elle lira les événements qui surviennnent comme des signes que Dieu lui donne pour lui faire connaître sa volonté.Animée d’une foi qui déplace les montagnes et d’un amour de la vie communicatif, elle attend tout de Dieu et désire en retour tout lui donner. Elle s’y emploie par de multiples activités, mais aucune ne répond à ce qu’elle cherche : aider tous les hommes, quels qu’ils soient, à rencontrer Dieu.
Quelle bonté de Dieu envers l'Église… envers les malades pauvres et les pécheurs qui trouvent, dans ses membres, des servantes et des apôtres… envers les pauvres en inclinant vers eux le cœur des riches par l'intermédiaire de ce petit institut qui se pose comme un trait d’union entre les deux pointes extrêmes de l'échelle sociale.
Bienheureuse Marie de la Providence
Pourtant un chemin va s’ouvrir : grâce à la mystérieuse solidarité qui unit les vivants et les morts, Eugénie découvre en 1853 qu’il est possible de se mettre, d’un même mouvement, au service des « plus délaissés de ce monde et de l’autre ». En 1855 le curé d’Ars la confirme dans sa mission. Elle fonde alors les Auxiliatrices du Purgatoire, pour une mission universelle : « aider à tout bien quel qu’il soit » ; « aller des profondeurs du Purgatoire jusqu’aux dernières limites de la terre ». L'institut a pour tâche principale de permettre à tous les hommes, vivants et morts, de faire l’expérience de la rencontre de Dieu comme expérience de l’amour. Bientôt, en 1859, l'Institut reçoit comme un don de Dieu ce qui lui permet de prendre réellement corps : l’insertion dans une grande tradition spirituelle, celle dont saint Ignace de Loyola fut l’initiateur (les Règles et les Constitutions de la Compagnie de Jésus).
Elle exprime sa foi à travers la piété de son temps. Or le XIXe siècle est une époque fortement marquée par la dévotion aux âmes du Purgatoire. Cette dévotion s’exprime souvent par une insistance sur la nécessité de souffrir et d’expier en ce monde, pour abréger les souffrances après la mort. Eugénie découvre très jeune une telle dévotion, mais elle la transforme de l’intérieur, en reconnaissant le mystère du Purgatoire comme celui d’une expérience radicale de l’amour. (2)
Marie de la Providence meurt à Paris le 7 février 1871, à l’âge de 45 ans. Elle est béatifiée par Pie XII en 1957.
"Que la charité envers les âmes souffrantes s’unisse intimement chez Eugénie Smet à l’apostolat le plus concret, le plus actif, le plus universel, voilà sans aucun doute un trait saillant de sa physionomie spirituelle et le cachet particulier que Dieu voulut lui donner". Pie XII
Martyrologe Romain : À Arras, en 540, saint Vaast (Gaston), évêque. Prêtre de Toul, il catéchisa le roi Clovis après sa victoire de Tolbiac en 496. Il fut envoyé par saint Remi comme évêque à Arras, où il restaura cette Église ruinée après l’invasion d’Attila, la gouverna pendant une quarantaine d’années et poursuivit l'œuvre d’évangélisation des peuples encore païens de la région.
En 496, Clovis, roi des francs, ayant battu les Alamans à Tolbiac, avait promis de se faire baptiser au Dieu de Clotilde. Regagnant la Champagne, Clovis fait étape à Toul. Il demande à St Ours (Urse) un prêtre pour lui apprendre à connaître Dieu en vue de son baptême. L’évêque désigne Vaast. Ainsi le saint part et évangélisera le roi jusqu'à son baptême, 3 ans plus tard; Il lui parle longtemps de la Sainte Trinité remise en cause par les ariens. Au cours du voyage, il rend la vue à un aveugle à Rilly-aux-Oies, près de Rethel. Il est là lorsque Clovis descend dans la fosse du baptistaire. Il a peut-être aidé à baptiser son armée... De nombreuses questions restent en suspens.
La Légende dorée rapporte que peu de temps après son ordination en tant qu'évêque d'Arras, il trouva une église envahie par les ronces et où habitait un loup (ou un ours selon les versions) ; il ordonna à l'animal de partir et de ne jamais revenir, et c'est ce qui arriva.
À 86 ans, le 6 Février 539 ou 540, Dieu le rappela après une quarantaine d'années d'épiscopat. Il fut inhumé à Arras, dans la cathédrale.
La Légende dorée de Jacques de Voragine raconte que l'imminence de sa mort lui fut signifiée par une colonne de feu qui s'abattit sur sa maison.
Thaumaturge: maladie des yeux, handicapés, retard à marcher.
Déjà deux de ces quatre illustres Vierges dont le souvenir est associé aux mérites de l'Agneau, dans la célébration du Sacrifice, ont passé devant nous dans leur marche triomphale sur le Cycle de la sainte Église ; la troisième se lève aujourd'hui sur nous, comme un astre aux plus doux rayons. Après saintes Lucie et Agnès, sainte Agathe vient nous consoler par sa gracieuse visite. La quatrième, l'immortelle Cécile, se lèvera en son temps, lorsque l'année inclinant à sa fin, le ciel de l'Église paraîtra tout à coup resplendissant de la plus magnifique constellation.
Deux villes de Sicile, Palerme et Catane, se disputent l'honneur d'avoir donné naissance à sainte Agathe ; ce qui est certain, c'est qu'elle fut martyrisée à Catane, sous l'empereur Dèce.
Dénoncée au préteur Quintianus, comme chrétienne, Agathe lui fut amenée. La beauté de la jeune fille le séduisit ; il conçut pour elle une passion criminelle et crut venir à bout de son dessein en la remettant aux mains d'une femme débauchée, nommée Aphrodisia. Aphrodisia employa son art et son artifice afin de séduire Agathe, sans pouvoir y réussir ; et après un mois de tentatives, elle s'en fut trouver le préfet pour lui annoncer l'inutilité de ses efforts.
Le juge alors fit comparaître la servante du Seigneur devant son tribunal.
"Qui es-tu?
- Je suis noble et d'une illustre famille, toute ma parenté le fait assez connaître.
- N'as-tu pas honte, lui dit-il, étant d'une naissance illustre, de mener la vie basse et servile des chrétiens ?
- L'humilité de la servitude chrétienne vaut mieux que tous les trésors et tout l'orgueil des rois. - Pourquoi donc suis-tu la chétive condition des chrétiens ?
- Parce que la véritable noblesse s'acquiert avec Jésus-Christ dont je me dis la servante.
- Quoi donc ! sommes-nous dégradés de noblesse pour mépriser ton Crucifié ?
- Oui, tu perds la véritable liberté en te faisant esclave du démon jusqu'au point d'adorer des pierres pour lui faire honneur."
Afin d'apprendre à la jeune fille à mieux parler, Quintianus la fit frapper sur la joue et commanda qu'on la conduisit en prison, lui disant qu'elle eût à se préparer à renier Jésus-Christ ou à mourir dans les tourments.
Le lendemain, le juge essaya de gagner Agathe par des promesses, mais il la trouva inébranlable, et ses réponses excitèrent tellement la rage du persécuteur, que, sur son ordre, on arracha un sein à la Sainte. Elle dit à Quintianus : "N'as-tu pas honte, ô cruel tyran, de me faire souffrir de cette façon, toi qui as sucé ta première nourriture du sein d'une femme ?" Quand elle fut rentrée dans la prison où le préfet avait défendu de lui rien donner, saint Pierre lui apparut et la guérit au nom du Sauveur ; la Sainte s'écria : "Je vous rends grâces, ô mon Seigneur Jésus-Christ, de ce qu'il vous a plu de m'envoyer votre Apôtre afin de guérir mes plaies et de me rendre ce que le bourreau m'avait arraché," et la prison fut remplie d'une si éclatante lumière que les gardiens s'enfuirent épouvantés, laissant les portes ouvertes.
Les autres prisonniers conseillaient à Agathe de prendre la fuite, mais elle répondit : "Dieu me garde de quitter le champ de bataille et de m'enfuir en voyant une si belle occasion de remporter la victoire sur mes ennemis."
Quatre jours après, Agathe fut ramenée devant le juge qui, la voyant saine et sauve, fut rempli d'étonnement ; sa rage n'en devint que plus grande. Par son ordre, on roula la Sainte sur des têtes de pots cassés et sur des charbons, en même temps que l'on perçait son corps de pointes aiguës. Pendant ce supplice, un tremblement de terre survint, et les principaux ministres de la cruauté de Quintianus furent écrasés. La ville, épouvantée, vit là un châtiment du Ciel et le persécuteur, craignant qu'on ne lui enlevât sa victime, se hâta de la renvoyer en prison. Quand elle y fut rentrée, Agathe dit : "Ouvrez, Seigneur, les bras de votre miséricorde, et recevez mon esprit qui désire vous posséder avec tous les transports d'amour dont il est capable", et en achevant ces mots elle expira (254).
Aussitôt que la nouvelle de cette mort se fut répandue, toute la ville accourut pour honorer les restes de sainte Agathe, et au moment où on voulut la mettre dans le tombeau, cent Anges, sous la figure de jeunes hommes, apparurent, et au front d'Agathe inscrivirent ces mots : "C'est une âme sainte ; elle a rendu un honneur volontaire à Dieu et elle est la rédemption de sa patrie." Quintianus, de son côté, était parti pour se mettre en possession des biens de la servante de Dieu, mais au passage d'une rivière, un cheval le mordit au visage et un autre, à coups de pieds, le précipita dans l'eau où il se noya.
La dévotion à sainte Agathe ne tarda pas de se répandre partout, mais nulle part elle ne fut plus honorée qu'à Catane.
Plusieurs fois sa protection a sauvé cette ville des éruptions de l'Etna, et pour cela il suffisait aux habitants de donner, comme barrière aux torrents de lave qui descendaient de la montagne, un objet qui avait touché le corps de la Sainte.
On invoque sainte Agathe contre les séismes et les incendies.
Sources :1,2; Calendrier perpétuel, Les saints en 365 jours, Chêne
Médecin et évêque martyrisé sousLiciniusen Arménie en 316, saint Blaise fut l'undes saints autrefois les plus populaires et les plus célèbres par l'efficacité de leur intercession. D'abord très habile médecin, et en même temps très vertueux chrétien, il devint évêque de Sébaste, en Arménie, par le choix du peuple, qui l'entourait d'une grande estime. Sa sainteté se manifestait par une foule de miracles : de partout aux environs, les gens venaient à lui pour faire soigner leur âme et leur corps; Mais Blaise, inspiré de Dieu, quitta bientôt son siège épiscopal pour s'enfuir sur une montagne solitaire ; il y avait pour compagnie les bêtes fauves qui venaient chaque jour visiter et caresser l'homme de Dieu, et recevoir, avec sa bénédiction, la guérison de leurs maux. Les oiseaux lui apportaient sa subsistance.
D'après La Légende dorée, après que Blaise fut désigné comme évêque de Sébaste et pour échapper aux persécutions de Dioclétien, le saint gagna une caverne où il vécut en ermite. Assis à l'entrée d'une grotte, les oiseaux lui apportaient sa subsistance, et les animaux s'assemblaient autour de lui pour recevoir sa bénédiction ou pour être guéris lorsqu'ils étaient malades : on le voyait ainsi nourrir un renard, caresser la tête d'un lion ou d'une panthère. (Louis Réau, Iconographie de l'art chrétien, Presses universitaires de France, 1958, p. 231.)
Il fut rencontré en son désert par des païens qui, surpris de trouver un homme familièrement entouré de lions, de tigres, de loups et d'ours, allèrent raconter cette nouvelle au gouverneur. Blaise saisi peu de temps après comme chrétien, jusque dans son antre sauvage, exprima sa joie profonde, à la pensée de souffrir pour Jésus-Christ. Arrivé devant le gouverneur : "Insensé, lui dit-il, penses-tu me séparer de Dieu par tes tourments ? Non, non, le Seigneur est avec moi, c'est Lui qui me fortifie !"
Les bourreaux le frappèrent à coups de verges et le jetèrent en prison. Quelques jours après, le martyr est rappelé au tribunal : "Choisis, Blaise, lui dit le juge, choisis entre deux partis : ou bien adore nos dieux, et alors tu seras notre ami, ou bien, si tu refuses, tu seras livré aux supplices et tu périras d'une mort cruelle.
-- Ces statues que tu adores, reprend l'évêque, ne sont pas des dieux, mais les organes du démon, je ne puis donc les adorer."
Le tyran, le voyant inflexible, ordonna de l'attacher à un chevalet, puis il fit apporter des peignes de fer, avec lesquels on lui déchira le dos et tout le corps. La victime, se tournant toute sanglante vers le gouverneur, lui dit : "Déjà voisin du Ciel, je méprise toutes les choses de ce monde ; je me ris de vous et de vos supplices. Ces tourments ne dureront qu'un instant, tandis que la récompense sera éternelle."
Après de nouveaux interrogatoires inutiles, Blaise fut jeté dans le lac voisin pour y être noyé ; mais il fit le signe de la Croix et marcha sur les eaux comme sur un terrain solide, à la grande admiration de tous les spectateurs de ce prodige. Le glorieux martyr eut enfin la tête tranchée.
Tandis qu'il était en prison on lui avait amené un enfant sur le point d'être étouffé par une arête de poisson. Blaise le guérit. C'est sans doute pour ce fait qu'on l'invoque spécialement pour les maux de gorge. le jour de sa fête, qui tombe dans l'Église Occidentale le 3 février et dans l'Église orientale le 11 février.
Blaise (bleiz) signifie "loup" en breton et dans plusieurs langues celtiques.
Martyre de saint Blaise (en provenance de la chapelle d'Appeville)
Dans l'iconographie, on montre souvent Blaise avec les instruments de son martyr, les peignes en fer. La ressemblance de ces instruments de torture avec les peignes de laine a fait adopter le saint comme patron des cardeurs de laine en particulier et du commerce de la laine en général. Il peut aussi être représenté avec des bougies car elles lui furent apportées lorsqu'il était en prison.
À Metz, en Moselle, en l'église Saint-Eucairea lieu tous les 3 février un pèlerinage traditionnel et populaire qui rassemble plusieurs milliers de fidèles, qui viennent faire bénir des petits pains briochés garnis de picots évoquant le martyre du saint. Ces petits pains bénits sont réputés guérir ou protéger des maux de gorge. Les reliques de saint Blaise reposent dans l'église.
Converti au catholicisme, Karl Van der Eyken, ancien haut gradé de la "Grande loge de France", explique dans cette video à 1:16:44 "la franc-maçonnerie crée un état d'esprit qui éloigne l'homme du bien" (qui est Dieu).
Le diable voulant la mort de l'homme, la franc-maçonnerie éloigne l'homme de la vérité (promotion du relativisme), donc éloigne l'homme de la vie, et veut sa mort spirituelle. C'est-à-dire sa damnation.
Karl Van der Eyken expose certaines contradictions aux dissidents pourfendeurs de maçonnerie épris de guénonisme.
Il explique pourquoi nombres de francs-maçons ne savent pas dans quoi ils s'engagent ni qui est leur "dieu".
( via https://noach.es/2023/10/06/introduction-sur-la-franc-maconnerie-entrevue-avec-karl-van-der-eyken/ )
La fête de ce jour a un double objet, célébrer la Purification de Marie et la Présentation de Jésus au Temple selon la loi de Moïse (Luc 2, 22). Cette loi fixait le temps où les mères devaient se présenter avec leurs nouveau-nés devant les autels, et elle exigeait une offrande pour le rachat des enfants mâles. Ni Marie, toute pure dans sa maternité, ni Jésus, Fils de Dieu, n'étaient obligés à cette cérémonie ; cependant par humilité, et pour donner aux hommes un éclatant exemple d'obéissance aux lois divines, Marie, accompagnée de Joseph et portant Jésus en ses bras, se rendit au Temple de Jérusalem.
Siméon, aveugle et âgé, saisit l'Enfant dans ses bras et dit : "Seigneur, à présent tu peux laisser aller ton serviteur en paix, car mes yeux ont vu ton Salut..." Sa foi et son coeur lui révélèrent qu'il tenait la Lumière venue éclairer les nations, le Sauveur. Plein de reconnaissance, il chanta le "Nunc dimittis", ce cantique qui est repris tous les jours à l'Office des Complies.
Nunc dimittis servum tuum, Domine,
secundum verbum tuum in pace.
Quia viderunt oculi mei salutare tuum,
quod parasti ante facies omnium populorum,
lumen ad revelationem gentium
et gloriam plebis tuae Israel.
La fête chrétienne qui nous conserve le souvenir de cette cérémonie est fêtée le 2 février, quarante jours après Noël. Elle remonte au pape Gélase Ier en 492 qui offrait des crêpes aux pèlerins à Rome, en organisant des processions aux "chandelles" (d'où son nom).
Répandue en occident au VIe siècle, elle s'est appelée "fête des lumières", Jésus étant, selon le cantique de Siméon, la "lumière venue pour éclairer les nations", puis fête de la Purification. (3)
Au VIIe siècle, saint Sophrone, évêque de Jérusalem († 638 ou 639) dit : "Accueillons cette lumière glorieuse et éternelle. Allons à la rencontre du Christ, nous tous qui honorons et vénérons son mystère avec tant de ferveur, avançons vers lui dans l'enthousiasme. Que tous sans exception participent à cette rencontre, que tous sans exception y portent leurs lumières. Si nos cierges procurent un tel éclat, c'est d'abord pour montrer la splendeur divine de celui qui vient, qui fait resplendir l'univers et l'inonde d'une lumière éternelle en repoussant les ténèbres mauvaises; c'est aussi et surtout pour manifester avec quelle splendeur de notre âme, nous-mêmes devons aller à la rencontre du Christ. De même, en effet, que la Mère de Dieu, la Vierge très pure, a porté dans ses bras la véritable lumière à la rencontre de ceux qui gisaient dans les ténèbres; de même nous, illuminés par ses rayons et tenant en mains une lumière visible pour tous, hâtons-nous vers celui qui est vraiment la lumière. C'est évident: puisque "la lumière est venue dans le monde"(Jn 3, 19) et l'a illuminé alors qu'il baignait dans les ténèbres, puisque "le Soleil levant qui vient d'en haut nous a visités" (Lc 1, 78), ce mystère est le nôtre. C'est pour cela que nous avançons en tenant des cierges, c'est pour cela que nous accourons en portant des lumières, afin de signifier la lumière qui a brillé pour nous, mais aussi afin d'évoquer la splendeur que cette lumière nous donnera. Courons donc ensemble, allons tous à la rencontre de Dieu. Cette lumière véritable, "qui éclaire tout homme venant en ce monde." » (Jn 1, 9), voici qu'elle vient. Soyons-en tous illuminés, mes frères, soyons-en tous resplendissants." (S. Sophrone, Homélie, Discours 3, sur la fête des Lumières 6.7; texte grec: PG 87-3, 3291-3293)
Passée dans le langage populaire, cette fête porte le nom dela Chandeleur, la fête des chandelles, festa candelarum, à cause de la procession qui se fait ce jour-là dans nos églises avec des cierges bénis allumés, qui symbolisent la lumière, la pureté et éloignent du mal. La forme ronde et la couleur des crêpes rappellent le disque solaire et le retour vers la lumière en ce début du mois de février où les jours rallongent.
Cette fête est également accompagnée de superstitions. Si les paysans ne faisaient pas de crêpes à la Chandeleur, le blé serait mauvais l’année suivante. Pour être assuré que la récolte sera bonne et les finances prospères, ils se devaient de retourner la première crêpe en la jetant en l’air de la main droite en tenant un Louis d’or dans la main gauche, en veillant à ce qu’elle retombe parfaitement dans la poêle. La crêpe était ensuite déposée en haut d’une armoire. (4)
Les cierges symbolisent Notre-Seigneur Jésus-Christ, Lumière du monde ; la procession représente le passage de la sainte Famille dans le Temple et la rencontre des deux vieillards Siméon et Anne.
Saint Anselme, développant ce mystère, nous dit qu'il y a trois choses à considérer dans le cierge : la cire, la mèche et la flamme. La cire, ouvrage de l'abeille virginale, est la chair du Christ ; la mèche, qui est intérieure, est son âme ; la flamme, qui brille en la partie supérieure est sa divinité.
La procession de la Chandeleur nous apparaît comme la marche du peuple chrétien à la lumière du Christ, figuré par les cierges que porte le clergé, la portion choisie de l'Église, comme Jésus même était porté entre les bras de Marie, entre ceux du saint vieillard Siméon et du pontife qui L'offrit au Seigneur.
Les cierges de la Chandeleur sont bénis avec une solennité toute particulière et avec l'emploi des prières les plus touchantes. Conservés dans la maison des chrétiens, ils sont un gage de la protection divine. Il est dans l'esprit de l'Église d'allumer les cierges de la Chandeleur pour repousser les esprits de ténèbres, dans les dangers corporels et spirituels, au lit des mourants, pour éloigner d'eux l'ennemi des hommes, qui fait alors son suprême effort afin d'arracher les âmes à Dieu. C'est bien alors surtout, en effet, que l'homme a besoin du recours du Rédempteur, vraie lumière des âmes, pour illuminer les derniers instants de sa vie.
Présentation du seigneur, 1342, Ambrogio Lorenzetti, Florence, offices
Les orthodoxes nomment cette fête la Sainte Rencontre. (5)
Sources:
(1); (2) Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.L'Evangile au quotidien ; (3) Pascal-Raphaël Ambrogi, Dictionnaire culturel du Christianisme, Le sens chrétien des mots, Honoré Champion Editions, Paris 2021, p. 762 ; (4) ; (5) Dominique Le Tourneau, Les Mots du christianisme, Bibliothèque de Culture religieuse, Fayard, La Flèche 2005, p. 125
L’Église était unanime sur de nombreuses doctrines catholiques avant même la fixation du canon du Nouveau Testament (aux IIe et IIIe siècle ap. J.-C.).
La première fois que le canon complet des 27 livres du Nouveau Testament est apparu, c'est dans une lettre écrite par saint Athanase en 367 après JC. Certains livres ont continué à faire l'objet de débats même après cette période. Pendant ce temps, avant cette époque, l’Église exprimait partout sa croyance en :
- la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie ;
- le caractère sacrificiel de l'Eucharistie ; [comment les chrétiens célèbrent leur culte]
Dans un autre tweet, Joshua Charles explique que "la grande majorité des protestants (j'en faisais partie) avaient pratiquement la même théologie de l'histoire que les mormons, et que nous ne nous en rendions même pas compte. J'ai trouvé les conséquences de ce constat extrêmement troublantes (lire jusqu'à la fin).
Mes réflexions sont expliquées plus en détail dans l'article dont le lien figure ci-dessous, mais en voici le résumé.
L'Église des Saints des Derniers Jours (SDJ) enseigne qu'après la mort du dernier apôtre, l'autorité de la prêtrise et des clés a été perdue. En conséquence, les chrétiens sont tombés dans des erreurs de plus en plus profondes et la vraie foi a été perdue. C'est ce qu'ils appellent la "Grande Apostasie".
De nombreux protestants - souvent sans s'en rendre compte (ignorance historique) - croient fondamentalement la même chose.
Pour avoir une religion, quelle qu'elle soit, il faut, au minimum, avoir trois doctrines :
-#1. comment on adhère à la religion (initiation) ; 2. comment les membres de la religion se gouvernent, qui a l'autorité, etc. (gouvernement) ; 3. comment la religion vénère la ou les divinités qu'elle reconnaît.
Sans ces trois éléments, il est impossible de prétendre avoir une religion.
Sur ces trois points, les Pères de l'Église - c'est-à-dire les dirigeants chrétiens dont nous avons des traces depuis les premiers jours de l'Église jusqu'au premier millénaire environ - sont UNANIMES.
Ils croyaient UNANIMEMENT en :
-#1. la régénération baptismale (comment nous devenons chrétiens) ; 2. la succession apostolique (comment l'Église est gouvernée) ; et 3. le sacrifice de l'eucharistie (comment les chrétiens célèbrent leur culte).
Les anglicans, et certains luthériens, sont les deux plus grandes sectes qui croient en #1 ET #2. Cependant, même si nous disons que TOUS croient aux deux (ce qui n'est pas vrai), ensemble, ils ne représentent qu'environ 20 % du protestantisme mondial.
Tous les protestants rejettent le n° 3.
Ainsi, la grande majorité des protestants rejette les trois doctrines chrétiennes fondamentales sur lesquelles l'Église ancienne était unanime et qui sont absolument essentielles pour avoir une religion, quelle qu'elle soit.
Cela signifie que la grande majorité des protestants croient - qu'ils le réalisent ou non (j'ai fait partie de la grande majorité qui ne le réalisait pas) - que depuis la toute première génération après les Apôtres, tous les chrétiens se sont trompés sur la façon dont nous devenons chrétiens, sur la façon dont l'Église est gouvernée et sur la façon dont les chrétiens célèbrent leur culte.
En d'autres termes - souvent par ignorance historique, sans se rendre compte de la conclusion inévitable de leurs doctrines - ils doivent croire que les chrétiens se sont trompés sur l'essence de leur religion, que cela a empiré au fil du temps, et que cela a commencé juste après la mort du dernier apôtre.
Bien qu'ils n'aient souvent pas cette intention spécifique à l'esprit, cela signifie néanmoins que leur théologie de l'histoire est virtuellement identique à celle des Mormons.
Bien que cela soit absurde pour diverses raisons, c'est ici que cela devient très inquiétant.
Si cela est vrai - que les fondements du christianisme ont été essentiellement perdus depuis la première génération post-apostolique, mais qu'ils ont été disponibles sous une forme ou une autre pendant les 500 ans qui ont suivi la "réforme" - alors cette conclusion s'ensuit nécessairement :
Ce que Dieu dans la chair a établi au premier siècle était plus faible que ce que des hommes comme Luther, Calvin et d'autres ont rétabli au 16ème siècle.
J'ai fait la même objection aux missionnaires mormons qui m'ont rendu visite pendant plusieurs semaines. "Si votre religion est vraie, disais-je, ce que le Christ lui-même a établi est plus faible que ce que Joseph Smith a rétabli.
Bien que cette conclusion sur la nature de mon propre protestantisme me dérangeait, elle était néanmoins vraie à la lumière des faits de l'histoire.
Je me suis rendu compte que j'avais été trompé par un système religieux qui avait subrepticement prétendu réaliser quelque chose de plus grand que les apôtres eux-mêmes."
Sainte Martine naquit à Rome de parents illustres. Son père avait été trois fois consul et s'était distingué par une foi vive et une charité ardente. Après sa mort, Martine vendit ses biens et consacra l'argent à des œuvres de miséricorde.
L'empereur Alexandre (222-235) régnait et persécutait les chrétiens
Des gens occupés à rechercher les serviteurs de Jésus-Christ trouvèrent sainte Martine en prières dans une église et l'arrêtèrent. Comme elle ne fit aucune difficulté de les suivre, ils crurent avoir fait une conquête ; mais, conduite à l'empereur, elle refusa de sacrifier aux idoles ; celui-ci ne l'en fit pas moins conduire au temple d'Apollon. En y entrant, Martine, s'armant du signe de la Croix, pria Jésus-Christ, et à l'instant il se fit un effroyable tremblement de terre qui renversa une partie du temple et brisa l'idole. L'empereur, irrité, commanda qu'on frappât la vierge à coups de poings et qu'on l'écorchât avec des ongles de fer; Martine souffrit avec une telle patience que les bourreaux, lassés, furent remplacés par d'autres qu'une lumière divine renversa et convertit.
Conduite de nouveau devant l'empereur, Martine refusa pour la seconde fois de sacrifier aux idoles; Alexandre la fit attacher à quatre pieux et fouetter si cruellement et si longtemps que les bourreaux s'arrêtèrent de fatigue. Martine fut reconduite en prison, et on versa dans ses plaies de l'huile bouillante ; mais des Anges vinrent la fortifier et la consoler. Le lendemain, la vierge fut conduite au temple de Diane que le démon quitta aussitôt avec des hurlements horribles, en même temps la foudre renversait et brûlait une partie du temple avec ses prêtres.
L'empereur, effrayé, laissa Martine aux mains du président Justin qui la fit si cruellement déchirer avec des peignes de fer, qu'il la crut morte; mais s'apercevant qu'il se trompait: "Martine, lui dit-il, ne veux-tu pas sacrifier aux dieux et te préserver des supplices qui te sont préparés ?– J'ai mon Seigneur Jésus-Christ qui me fortifie, et je ne sacrifierai pas à vos démons." Le président, furieux, commanda de la reconduire en prison.
L'empereur, informé de ce qui s'était passé, ordonna que Martine fût menée dans l'amphithéâtre afin d'y être exposée aux bêtes; mais un lion, qu'on lâcha pour la dévorer, vint se coucher à ses pieds et lécha ses plaies; mais comme on le ramenait à son antre, il se jeta sur un conseiller d´Alexandre et le dévora.
Ramenée en sa prison, Martine fut encore une fois conduite au temple de Diane, et comme elle refusait toujours de sacrifier, on déchira de nouveau son pauvre corps. "Martine, lui dit un des bourreaux, reconnais Diane pour déesse, et tu seras délivrée. – Je suis chrétienne et je confesse Jésus-Christ."
Sur ces paroles, on la jeta dans un grand feu préparé à l'avance, mais le vent et la pluie, qui survinrent à l'instant, dispersèrent le bûcher et brûlèrent les spectateurs. On retint la Sainte trois jours durant dans le temple, après toutefois qu'on lui eût fait couper les cheveux. L'empereur la croyait magicienne et s'imaginait que sa force résidait dans sa chevelure.
Elle fut tout ce temps sans rien prendre, chantant continuellement les louanges de Dieu. Ne sachant plus que faire, Alexandre lui fit couper la tête. Le corps de Martine demeura plusieurs jours exposé sur la place publique, défendu par deux aigles qui restèrent jusqu'au moment où un nommé Ritorius put lui donner une honorable sépulture.
Église Saint-Luc et Sainte-Martine à Rome
Sainte Martine et Sainte Agnès devant la Vierge par El Greco
Sources: (1) P. Giry, Vie des Saints, p. 62-64; (2) Wikipedia ; (3) Sanctoral
Né en Angleterre, Gildas alla à l'école avec les futurs saints Pol et Samson. Ordonnéprêtre, il partit aussitôt en mission en Irlande, évangélisée un siècle plus tôt par saint Patrick, en Angleterre et en Bretagne.
Saint Gildas réforma et fonda plusieurs monastères.
Peu de temps avant sa mort, il se retira sur l'île d'Houat (Morbihan) où il mourut. L'abbaye de Rhuys a conservé son tombeau et développé son culte... Saint Gildas est connu sous les formes bretonnes Sant Veltas ou sant Gueltas.
Son surnom lui vient des nombreuses études philosophiques qu'il fit dans sa jeunesse.
"En plaçant la raison, non pas la raison instrumentale ou scientifique d'aujourd'hui, mais la raison ouverte à la transcendance et à Dieu, il la voit d'une certaine manière comme un infini présent dans toute créature rationnelle appelée à chercher du sens", explique André Luiz Boccato, dominicain et professeur à l'Université catholique pontificale de São Paulo.
Son importance est telle qu'après lui, il est devenu habituel d'appeler "thomisme" tout type de relecture dans laquelle nous revenons à Thomas pour répondre à des problèmes circonstanciels d'autres moments historiques.
La scolastique - qui consiste à réconcilier la foi chrétienne avec la pensée rationnelle - était la méthode critique qui prévalait dans les universités européennes médiévales, en particulier dans la dernière phase de la période médiévale.
Selon le théologien et philosophe, la principale contribution de Thomas d'Aquin à la pensée est "la place centrale qu'il a donnée à la raison, en tant que scrutateur de la réalité, au lieu de la croyance et d'une conception dualiste de la foi".
"Il a su distinguer la capacité humaine à connaître la réalité dans son essence, sans la détacher de la vision chrétienne fondée sur la création et la foi."
"Il a distingué l'ordre naturel, la philosophie, de l'ordre surnaturel, la théologie, mais en les unissant et non en les séparant. Aujourd'hui, nous vivons dans une culture de séparations et de divisions, de radicalisation et de négation de la différence. Thomas a imprimé un esprit dialectique à la théologie du Moyen Âge, se présentant comme un grand maître du dialogue et de l'inclusion de la différence".
Né dans une noble famille napolitaine, élevé à l'abbaye bénédictine du Mont-Cassin, Thomas choisit cependant, à 19 ans, d'entrer chez les Frères Prêcheurs. Ce n'est guère du goût de sa famille, qui le fait enlever et enfermer. L'ordre dominicain est un ordre mendiant, fondé quelques années plus tôt, et il n'avait pas bonne presse dans l'aristocratie.
Au bout d'un an, Thomas peut enfin suivre sa vocation. On l'envoie à Paris pour y suivre les cours de la bouillonnante Université. Il a comme professeur saint Albert le Grand. Pour ce dernier, il faut faire confiance à la raison et à l'intelligence de l'homme pour chercher Dieu. Le philosophe le plus approprié à cette recherche est Aristote. Saint Thomas retient la leçon.
Lors de ses études, ses camarades l'appellent le "bœuf muet" en raison de sa corpulence, de sa discrétion, de son humilité qui pouvait passer pour de la timidité et de son goût pour la réflexion solitaire. Son maître Albert le Grand, apprenant que ses camarades le nommaient ainsi, déclara : "lorsque le bœuf mugira, il fera trembler l’Occident ! ". La postérité considérable de son jeune étudiant lui donna raison.
Pour rétablir l'homme, abaissé par le péché, dans les hauteurs de la gloire divine, le Verbe du Père éternel, bien que contenant tout dans son immensité, a voulu se faire petit. Il l'a fait non pas en renonçant à sa grandeur, mais en prenant sur lui notre petitesse.
S. Thomas d'Aquin, "Compendium de théologie" (vers 1272)
Devenu professeur, il s'attelle à un gigantesque travail pour la mettre en œuvre. Connaissant très bien Aristote et ses commentateurs, mais aussi la Bible et la tradition patristique chrétienne, il élabore une pensée originale, qu'il expose dans de multiples ouvrages, dont le plus connu est la "Somme Théologique" (1266-1273). Dans cette œuvre composée de trois parties, Thomas rassemble toutes les connaissance utiles au salut de façon ordonnée. Il concilie les acquis de la pensée aristotélicienne et les exigences de la foi chrétienne, raison et foi, nature et grâce. L'intérêt pour la culture grecque ne disparut cependant jamais, il ne fit même que croître. Dès la fin du VIe siècle, Grégoire, évêque d'Agrigente, multiplie les références à Aristote dans les dix livres de ses Commentaires sur l'Ecclésiaste.
Jacques de Venise rédige des gloses sur les œuvres d'Aristote qu'il est le premier à traduire directement du grec en latin avant 1127. Ce clerc italien, qui vécut à Constantinople travailla au Mont-Saint-Michel." (Sylvain Gougenheim, Aristote au Mont Saint-Michel, Seuil, Paris 2008, p. 28; 67.)
Thomas situe en Dieu les racines du droit naturel : toute la nature, avec l'ordre qu'elle renferme, est un fruit de la bonté de Dieu. La connaissance du droit se tire de l'observation de la nature, l'ordre naturel lui-même procède du Dieu-Amour. Ainsi, les sources profanes et païennes, issues de la raison naturelle observant le monde naturel, ne sont nullement à mépriser pour la connaissance du droit.
Son autorité est telle qu'en naît une école philosophique : le thomisme (affirmation fondamentale de l'Être comme réalité universelle), qui reste pendant plusieurs siècles la doctrine sur laquelle se fond la pensée européenne.
Oublié à l'époque moderne (la plupart des écoles de théologie depuis le XIXe siècle adoptèrent pour manuel d'études les Sentences de Pierre Lombard, dont les franciscains Duns Scot et Occam suivaient l'ordre de préférence à Saint Thomas), le thomisme réapparaît au début du XXe siècle à travers le néo-thomisme suite à l'initiative de Léon XIII, en 1879, dans Æterni Patris"sur la restauration dans les écoles catholiques de la philosophie chrétienne selon l'esprit du docteur angélique", mais redevient marginal suite au Concile Vatican II, bien que le DécretOptatam Totius (n° 16)sur la formation des prêtres, demande qu'on le prenne pour maître ("Pour mettre en lumière, autant qu’il est possible, les mystères du salut, ils apprendront à les pénétrer plus à fond, et à en percevoir la cohérence, par un travail spéculatif, avec saint Thomas pour maître").
C'est le commentaire de la Somme théologique de Cajetan qu'en 1879, Léon XIII ordonna de lire, joint à la Somme. Aujourd'hui, la philosophie contemporaine, par son retour à l'étude des philosophes médiévaux, prend de plus en plus en compte l'influence de Thomas d'Aquin.
L'exorciste romain don Amorth reconnaissait en 2016 en saint Thomas "le plus grand théologien chrétien." (Gabriele Amorth, avec Stefano Stimamiglio, Le Démon ne peut rien contre la miséricorde de Dieu, Téqui, Paris 2016.)
Alors qu'au XIIIe siècle en Europe, l'environnement est entièrement chrétien, que l'existence de Dieu repose sur la foi et que Thomas d'Aquin s'adresse à des théologiens, il reprend les preuves aristotéliciennes de l'existence de Dieu (Summa contra Gentiles I, 13, et S. Th., I, q. 2) selon 5 voies (Quinquae viae) :
1. par le Premier moteur (Argumentum ex motu) : les choses sont constamment en mouvement, or il est nécessaire qu'il y ait une cause motrice à tout mouvement. Afin de ne pas remonter d'une cause motrice à une autre, il faut reconnaître l'existence d'un « Premier moteur non mû », c'est Dieu.
2. par la causalité efficiente (Argumentum ex ratione causae efficientis) : nous observons un enchaînement de causes à effet dans la nature, or il est impossible de remonter de causes à causes à l'infini ; il faut nécessairement une cause première : c'est Dieu.
3. par la contingence (en) (Argumentum ex contingentia) : il y a dans l'univers des choses nécessaires qui n'ont pas en elles-mêmes le fondement de leur nécessité. Il faut donc un Être par Lui-même nécessaire qui est Dieu.
4. par les degrés des êtres (en) (Argumentum ex gradu) : preuve reprise de Platon, qui a remarqué qu'il y a des perfections dans les choses (bien, beau, amour, etc.) mais à des degrés différents. Or il faut nécessairement qu'il y ait un Être qui possède ces perfections à un degré maximum, puisque dans la nature toutes les perfections sont limitées.
5. par l'ordre du monde (Argumentum ex fine) : on observe un ordre dans la nature, l'œil est ordonné à la vue, le poumon à la respiration, etc. Or à tout ordre il faut une intelligence qui le commande. Cette Intelligence ordinatrice est celle de Dieu.
Thomas d'Aquin soutient que la foi chrétienne n'est ni incompatible, ni contradictoire avec un exercice de la raison conforme à ses principes (Michel Nodé-Langlois, Le vocabulaire de saint Thomas d'Aquin, Ellipses, Paris, 1999, p. 60).
Les vérités de la foi et celles de la raison peuvent être intégrées dans un système synthétique harmonieux, sans se contredire. "La foi et la raison ne peuvent se contredire car elles émanent toutes deux de Dieu."
Le respect de l'ordre rationnel, c'est-à-dire le respect de l'ordre de la Raison créé et voulu par Dieu (ordre transcendant à l'homme) pour permettre à l'homme de connaître la vérité est le principe de base de la connaissance.
Malheureusement, ce principe a été corrompu par la philosophie moderne dite "rationaliste" pour qui le respect de l'ordre de la Raison créé par Dieu n'est plus le principe de base, mais l'ordre de la raison créé par l'homme. En conséquence, sont arrivées les utopies irrationnelles (car n'étant plus la raison divine) et leurs millions de morts.
Thomas d'Aquin ne cherche pas tant à prouver l'existence de Dieu qu'à trouver les conditions de possibilité qu'a l'homme pour remonter à Dieu par les forces de sa raison. C'est pourquoi il ne propose pas de "preuves" au sens moderne et juridique, mais des "voies".
Thomas d'Aquin écarte la position de Platon pour qui les idées sont des substances totalement séparées des corps sensibles.
"Le fait de connaître ces substances séparées ne nous permettrait pas de juger des choses sensibles" (Somme théologique, Ire partie, qu. 84, article 2 )
L'intelligence connaît par les sens, mais selon le mode propre de l'intelligence : universellement, immatériellement et nécessairement : "Disons donc que l’âme connaît les corps au moyen de l’intelligence, d’une connaissance immatérielle, universelle et nécessaire."
Il faut aussi écarter la position de Démocrite pour qui les sens et l'intelligence étaient exactement la même chose. Seul Aristote avait une position intermédiaire satisfaisante. C'est sur ce dernier que Thomas d'Aquin s'inspire afin de développer une théorie de la connaissance réaliste.
Deux franciscains de marque, en revanche, Alexandre de Hales (1180-1245) et Robert Grosseteste (1175-1253), même s'ils employaient certains concepts aristotéliciens, rejetaient la science païenne et invoquaient un retour au Tout indistinct, qui représentaient pour eux la tradition platonicienne et augustinienne.
Thomas d'Aquin, en suivant l'Éthique à Nicomaque d'Aristote, développe une morale finaliste, c'est-à-dire que tous les actes humains sont effectués en vue d'une fin, et toutes les fins en vue d'une fin suprême.
La partie morale est extrêmement importante en volume dans toute l'œuvre de Thomas d'Aquin. Les actes moraux vont en effet permettre à l'homme de remonter jusqu'à Dieu.
Thomas d'Aquin place le bien suprême de la vie morale naturelle, dans ce qu'il appelle le bonheur, et le bien suprême de la vie surnaturelle dans la béatitude, c'est-à-dire la connaissance de Dieu. C'est la fin de tous les hommes : "l'homme et les autres créatures raisonnables [les anges] atteignent leur fin ultime par la connaissance et l'amour de Dieu" (Somme théologique, Ia, IIae, qu. 1, art. 8)
Thomas subordonne la dignité de l'homme à l'élévation "de l'être vers les réalités divines" (Somme théologique, IIea-IIe, q. 175, a. 1 ad 2). Si l'homme est capax Dei, capable de connaître et d'aimer Dieu (S. Augustin, De Trinitate, XIV, 811), le péché l'en empêche. La dignité peut donc se perdre. C'est ce qu'exprime précisément le texte de l'offertoire (Dieu qui avez donné une dignité à la substance humaine de manière admirable et l'avez reformée de manière plus admirable encore...) : si Dieu a restauré, formé à nouveau (reformasti) la dignité de la "substance humaine", c'est parce qu'elle avait été perdue par le péché.
L'homme a donc une dignité s'il est uni à Dieu, il la perd s'il s'en éloigne.
"En péchant, l'homme déchoit de la dignité de sa nature" (Quodlibet 5, q. 1, a. 2c).
"Par le péché l'homme s'écarte de l'ordre prescrit par la raison; c'est pourquoi il déchoit dela dignité humaine qui consiste à naître libre et à exister pour soi; il tombe ainsi dans la servitude qui est celle des bêtes..." (Somme théologique, IIa-IIae, q. 64, a. 2 ad 3).
Dans la théologie traditionnelle, la dignité de l'homme consiste donc à vivre en chrétien, elle se perd par le péché. (Maxence HECQUARD, Les fondements philosophiques de la démocratie moderne, 3e édition, Pierre-Guillaume de Roux, Préface de Pierre MAGNARD, Paris 2016, p. 357).
Les principes de la politique thomiste sont catholiques, c’est-à-dire valables pour tous les temps et pour tous les lieux. Ils se résument en ces propositions :
1) Dieu est cause première et fin dernière de l’homme et de l’univers.
2) La société est un moyen naturel pour l’homme d’atteindre sa fin.
Elle n’a pas seulement valeur de jouissance, elle a valeur de perfection.
3) Le pouvoir vient de Dieu. Il se fonde avec le consentement implicite ou explicite de la société.
Aucune constitution politique ne s’impose.
4) Le pouvoir séculier et le pouvoir ecclésiastique sont distincts.
L’Etat a pour fin le bien commun temporel, l’Eglise a pour fin le salut des âmes.
L’Etat s’ordonne à l’Eglise dans la mesure où la fin temporelle s’ordonne à la fin éternelle. (Abbé Bernard Roland-Gosselin - La doctrine politique de saint Thomas d'Aquin, 1928).
Dieu laisse aux hommes le soin d'aménager concrètement l'exercice du pouvoir. Cette doctrine prône la soumission au pouvoir temporel institué, venant de Dieu. Mais pour Saint Thomas, le renversement du tyran reste toujours possible, lorsque celui-ci a gouverné "non au bien commun de la multitude", mais à son "bien privé", a empêché "les biens spirituels de la multitude", s'est opposé "à ce qu’aucun pacte d’amitié ne s’affermisse" entre les sujets..., a semé la discorde entre les sujets...; ou encore a régné "par la crainte"... Il n’appartient toutefois pas à une initiative personnelle de pouvoir tuer le tyran. Cela n’est pas conforme à l’enseignement des Apôtres. C’est l’autorité publique qui doit supprimer le tyran. Et "il ne faut pas penser qu’une telle multitude agisse avec infidélité en destituant le tyran, même si elle s’était auparavant soumise à lui pour toujours, parce que lui même, en ne se comportant pas fidèlement dans le gouvernement de la multitude, comme l’exige le devoir d’un roi, a mérité que ses sujets ne conservassent pas leurs engagements envers lui. Ainsi les Romains chassèrent de la royauté Tarquin le Superbe, qu’ils avaient pris pour roi, à cause de la tyrannie que lui et ses fils faisaient peser. (...) Probablement (...), selon l’opinion de beaucoup, on n’agirait pas contrairement à la fidélité, en s’opposant d’une manière ou d’une autre à l’iniquité du tyran." (De Regno, Du royaume, écrit au Roi de Chypre, 1266, Editions Louis Vivès, 1857.)
(1) "Toute loi (...) est ordonnée au salut commun des hommes, et c'est seulement dans cette mesure qu'elle acquiert force et raison de loi ; dans la mesure, au contraire, où elle y manque, elle perd de sa force d'obligation." (Somme Théologique, Ia IIae, Question 96, Article 6).
(3) Et "puisque la tyrannie n’est pas moins fréquente, au contraire, sous le gouvernement de plusieurs que sous celui d’un seul, il s’en suit, qu’il est simplement meilleur de vivre sous un Roi que de vivre en république."
De même S. Thomas consacre aussi une question de sa Somme théologique à prouver que la guerre peut être juste (2a 2ae, q. 40) si certaines conditions sont remplies (une intention droite, une cause juste, être le seul moyen, un espoir raisonnable de victoire, des moyens non intrinsèquement mauvais, des moyens proportionnés à la cause défendue).
Au XVIe siècle, S. Ignace de Loyola (1491-1556) choisira Thomas d'Aquin comme docteur officiel de son ordre et l'édition des œuvres de S. Thomas, commentée parCajetancomme textes de référence pour l'éducation religieuse des jésuites.
À l'Université de Salamanque en Espagne, les jésuites adoptent Saint Thomas de préférence à Pierre Lombard.
La contre-réforme catholique du Concile de Trente en 1545 provoque un retour au travail de Thomas d'Aquin, afin de lutter contre les thèses de Luther, qui récusa en théologie l'usage de la raison sans la révélation et de la philosophie antique non chrétienne.
L'école de Salamanque, avec des commentateurs tels que Francisco Suarez, ou le cardinal Cajetan, qui commentera la Somme théologique et qui tentera de ramener Luther à la foi catholique avec des arguments thomistes, propulsera Thomas d'Aquin au-devant de la scène intellectuelle. C'est grâce à Cajetan que la parole de Thomas arrivera au Concile de Trente, qui s'en inspirera largement.
Bien que la scolastique franciscaine survive avec des chaires de "scotisme", c'est la tradition de Saint Thomas qui va l'emporter, et de là, dans l'enseignement du monde clérical catholique.
Le champ d'étude du diable chez Saint Thomas ‘’demeure extrêmement mesuré et représente seulement 1% de sa théologie.
Ce chiffre ridicule nous invite à ne jamais majorer l'importance du diable dans la vie spirituelle comme dans les études spéculatives.
Saint Thomas consacre aux assauts du démon rarement plus de 5 % d’une œuvre.
(Dans De spiritualis creaturis de 1267-1268), Saint Thomas n’y nomme le diable qu’en passant, simplement pour s’assurer si cet ange est purement spirituel ou s’il a un corps aérien. Les mots Satan ou diable y sont totalement absents.
L’Aquinate ne s’intéresse en ce traité qu’aux bons anges, même si certains de ses développements sur ces substances spirituelles peuvent concerner indifféremment les bons ou les mauvais esprits. Est-ce parce qu’il développa ailleurs, durant cette même période, sa propre démonologie, c’est-à-dire dans Summa theologica, I, q. 114, ou dans le Questiones disputatæ de potentia q. 6, qu’il ne le fit pas ici . Nous pensons plutôt que la vraie raison est celle-ci : ce grand mystique aimait ce qui est aimable, la beauté des anges et non la laideur des démons.’’ (Père Jean-Baptiste GOLFIER, Tactiques du diable et délivrances, Dieu fait-il concourir les démons au salut des hommes ?, éd. Artège-Lethielleux, 2018, p. 154-156.)
Dans la lignée de l'évangéliste saint Jean, de saint Paul et des Pères de l'Église, la pensée de Thomas d'Aquin est d'une orientation nettement contemplative et elle est tout aussi profondément spirituelle que doctrinale. On peut même dire qu'elle est d'autant plus spirituelle qu'elle est plus rigoureusement doctrinale. (Jean-Pierre TORRELL, Saint Thomas D'aquin, Maître Spirituel - Initiation 2, Editions Universitaires de Fribourg, 2003)
Le 6 décembre 1273, alors qu'il résidait à Naples (1272-1274), un de ses confrères affirma l'avoir vu en lévitation devant le Crucifix qui lui disait : "Tu as bien écrit de moi, Thomas, que désires-tu comme récompense ?", Thomas d'Aquin aurait alors répondu : "Seigneur rien d'autre que toi". (Guillaume de Tocco, Ystoria sancti Thome, chap. 34). Malgré cette apparition, et alors que Thomas d'Aquin était en train de travailler sur le sacrement de pénitence, il laissa volontairement inachevée sa Somme de théologie.
"En vérité mon fils, je ne puis plus écrire. Tout ce que j'ai écrit et enseigné me semble un brin de paille auprès de ce que j'ai vu et de ce qui m'a été dévoilé. Désormais j'espère de la bonté de mon Dieu que la fin de ma vie suivra de près la fin de mes travaux", dit Thomas à frère Reginald.
Et effectivement, Thomas n'écrivit plus rien après le 6 décembre 1273 jusqu'à sa mort trois mois plus tard le 7 mars 1274. On raconte qu'il voulut mettre au feu tout ce qu'il avait écrit.
Thomas meurt sur la route qui le conduisait au Concile de Lyon, le 7 mars 1274, dans l'abbaye cistercienne de Fossanuova.
Je vous reçois, ô salut de mon âme. C'est par amour de vous que j'ai étudié, veillé des nuits entières et que je me suis épuisé ; c'est vous que j'ai prêché et enseigné.
Il est canonisé en 1323, cinquante ans plus tard. On célèbre sa mémoire au jour anniversaire du transfert de son corps au couvent des dominicains de Toulouse, les Jacobins, en 1369.
En 1567, Pie V proclame Thomas Docteur de l'Église et fait publier la première édition complète et imprimée des oeuvres de S. Thomas.
Il est le Saint Patron de l'Enseignement Catholique.
Dans toute son oeuvre ne se trouve qu'une erreur : sa doctrine selon laquelle certains hommes (dont les enfants morts sans baptême) étaient séparés de Dieu à jamais parce qu'ils n'avaient pas reçu la prédication de l'Évangile. Le Concile Vatican II le contredit : "Puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal". (GS n° 22, 5).
Le Triomphe de Saint Thomas, 1323, Lippo Memmi, Francesco Traini, Pise, Santa Caterina, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 65.
Prions saint Thomas d'Aquin, dont tant l'Église et le monde, que la théologie et la philosophie ont plus que jamais besoin de la sagesse et de l'intercession.
"Nous disons maintenant à tous ceux qui désirent la vérité : Allez vers Thomas." (Pape Pie XI)
Sources: (1); (2); (3); (4) Docteur angélique; (5) F. FICARRA, Les Dominicains, éd. de Vecchi, Paris 2005; (6) Jean-Pierre TORRELL, Saint Thomas D'aquin, Maître Spirituel - Initiation 2, Editions Universitaires de Fribourg, 2003; (7) Michel VILLEY, La Formation de la pensée juridique moderne, Texte établi, révisé et présenté par Stéphane RIALS, Quadrige PUF, Mercuès 2006, p. 329-330.
Sainte Angèle Merici naît à Desonzano en 1474, dans la région lombarde en Italie, sur le lac de Garde. Ses parents, profondément chrétiens, désirent que leurs enfants trouvent leur bonheur dans la gloire de Dieu. Pour réaliser cet idéal, ils font un vrai sanctuaire de la maison paternelle où chacun travaille sous le regard de Dieu et récite la prière en commun. Une lecture dans un livre de piété, ou dans la Vie des Saints, termine la journée.
A ces pieuses pratiques, Angèle ajoute les rigueurs de la pénitence. Elle voue sa virginité au Seigneur à l'âge de neuf ans et renonce le jour même à toute parure.
La réputation de sainteté d'Angèle Merici se répand jusque dans la ville de Brescia (Italie).
Les Patengoli, riche famille et grands bienfaiteurs des oeuvres pies, habitent la cité de Brescia. En 1516, ayant perdu coup sur coup leurs deux fils, ils invitent Angèle à venir habiter avec eux pour les consoler dans leur peine. A partir de ce moment, sainte Angèle se fixe à Brescia, édifiant la ville par ses vertus. Chaque jour, on la voit en compagnie de jeunes filles de son âge, rassembler les fillettes et leur enseigner la doctrine chrétienne, visiter les pauvres et les malades, instruire les grandes personnes qui viennent, en foule, écouter leurs conférences. Ces pieuses filles s'ingénient à rechercher les pécheurs jusque dans leur lieu de travail.
Suivant une pratique très usitée à cette époque, Angèle entreprend plusieurs pèlerinages. Un jour qu'elle se rend à Jérusalem avec un groupe de pèlerins, une mystérieuse cécité se déclare dans la ville de Candie, l'affligeant tout le reste du parcours, pour ne cesser qu'à son retour exactement au même endroit où elle avait perdu l'usage de la vue. Dans cette pénible circonstance, elle a une vision comme un symbole du renoncement qui doit être à la base de tous ses projets (Cf. "La prière d'abandon de Sainte Angèle Merici").
Elle prit d'abord l'habit du Tiers-Ordre de saint François et réunit des jeunes filles pour les former aux oeuvres de charité.
On vient voir Angèle de loin pour écouter ses conseils. Elle réconforte, apaise et réconcilie. Des clercs viennent même la consulter.
En 1525, au cours de l’année sainte, elle rencontre à Rome le pape Clément VII qui, instruit des vertus et des miracles d'Angèle, lui demande de rester à Rome. Elle refuse. Le pape s’incline. De retour à Brescia, elle continue son apostolat. Mais le temps passe et le désir de réaliser sa vocation la presse de passer à l’action.
Le souvenir de la merveilleuse vision demeurait toujours au fond de son coeur. Un jour, Angèle réunit douze jeunes filles qui désiraient tendre à la vie parfaite. Elle leur proposa de mener une vie retirée dans leurs demeures et les rassemblaient fréquemment pour les former à la pratique des vertus chrétiennes. En 1533, ce noviciat achevé, sainte Angèle Merici leur révéla son plan, leur démontrant que l'ignorance religieuse était la cause des ravages exercés par le protestantisme et que la fondation d'une société de religieuses d'une forme nouvelle pour l'époque, unissant la vie contemplative à l'instruction des enfants, constituerait un remède efficace à l'état déplorable qui régnait dans l'Église.
Afin de mieux atteindre toutes les âmes dans le besoin, Angèle implanta les bases d'un Ordre sans clôture. A une époque où il était d'usage de tenir les religieuses à l'écart du monde dans un monastère, consacrées à la vie contemplative,dans les desseins de Dieu, la congrégation des Ursulines devait rayonner à travers le monde par l'éducation des jeunes filles, le soin aux malades et les nécessiteux dans les maisons qui seraient appelées couvents des Ursulines. Le 25 novembre 1535, à Brescia, les premières religieuses du nouvel institut prononcèrent les trois vœux traditionnels de pauvreté, chasteté et obéissance, ajoutant celui de se consacrer à l'enseignement. Les sœurs d'Angèle parcouraient les prisons et les hôpitaux, recherchaient les pauvres pour les instruire et rompaient généreusement leur pain avec eux.
Envoyée réconforter une personne qui a perdu son mari et ses fils à la guerre et qui entre dans une grave dépression, Angèle reste deux ans auprès d’elle puis s’installe à Brescia où sa renommée de sagesse et de sainteté grandit.
Remontant le cours du mal jusqu'à sa source, Angèle Merici pensait qu'on ne pouvait réformer les mœurs que par la famille, laquelle dépendait surtout de la mère. Elle réalisait que la mauvaise éducation des jeunes filles provenait de la carence de mères chrétiennes.
Angèle plaça sa congrégation sous le patronage de sainte Ursule, princesse bretonne des Cornouailles du Ve siècle qui, pour fuir son prétendant, fit un pèlerinage de trois ans. Capturée par les Huns à son retour, elle refusa d'épouser leur chef Uldin (ou son petit-fils Attila ?), et d'abjurer sa foi. Les Huns, qui assiégeaient la ville de Cologne, la massacrèrent, criblée de flèches, ainsi que ses suivantes vierges. Sainte Ursule est invoquée en temps de guerre pour obtenir une bonne mort, un bon mariage, mais aussi comme protectrice des jeunes filles.
Dieu avait gratifié Angèle des dons éminents de science infuse et de prophétie. Elle parlait latin sans l'avoir étudié, expliquait les passages les plus difficiles des Livres Saints et traitait les questions théologiques avec une si admirable fermeté et précision, que les plus doctes personnages recouraient volontiers à ses lumières. Ses dernières années furent marquées par de fréquentes extases.
Le 25 novembre 1535, 28 jeunes filles décident de se donner à Dieu. Pas de vœu public. Pas de règle. Le simple don de soi dans l’accompagnement de chacun. C’est le concile de Trente qui transforme cette Compagnie en ordre religieux cloîtré et lui précise sa mission d’éducation. Mais la spiritualité d’accueil et la pédagogie d’accompagnement d’Angèle bousculeront les ordres et les statuts et donneront naissance à une postérité foisonnante.
Sainte Angèle Merici mourut le 28 janvier 1540. Pendant trois nuits, toute la ville de Brescia contempla une lumière extraordinaire au-dessus de la chapelle où reposait le corps de la Sainte qui s'est conservé intact de toute corruption.
Aujourd’hui, Angèle a de nombreuses filles à travers le monde qui vivent de différentes façons : Ordre religieux, monastères autonomes, Unions, Fédérations, Institut séculier. Des laïcs, depuis quelques décennies, ont fait le choix, de vivre du charisme d’Angèle Merici. Ils s’appellent "Associés" et demandent aux Ursulines de leur transmettre la spiritualité méricienne, afin de vivre l’Évangile à la manière d’Angèle.
Le Père Elias Leyds c.s.j, explique dans une vidéo (voir ci-dessous en anglais) postée quelques jours avant son décès soudain le 22 janvier, que - caractéristique de la "philosophie" "moderne" - la bénédiction de "Fiducia Supplicans" n'est plus "objective", mais répond à une sorte de "prostitution clericale, le prêtre devant se plier à "une définition subjective de la bénédiction d'un couple de même sexe."
Selon Gloria Tv : "Le père Elias Leyds a été retrouvé mort dans sa chambre mercredi, "deux jours après s'être auto-infligé la mort", rapporte l'activiste des médias néerlandais anti-catholiques Hendro Munsterman (Nd.nl).
La communauté des Frères de Saint-Jean, à laquelle Leyds appartenait officiellement, écrit sur son site web qu'une enquête sur les circonstances du décès est en cours. En revanche, Munsterman ajoute que l'enquête a été achevée mercredi matin et que plusieurs sources ont confirmé que Leyds s'est suicidé."
RIPPère Elias Leyds c.s.j †
Mise à jour du 28-01-2024
Elias Leyds (1958-2024) : un père aimable qui aimait se bagarrer verbalement
C'était un homme aux opinions fermes, qu'il pouvait exprimer de manière bon enfant et éloquente. Elias était un homme aux opinions bien arrêtées, mais surtout dans les discussions personnelles, il restait toujours bon enfant, cordial et éloquent.
Captivé par le catholicisme
Frederik Boudewijn Leyds est né à Eindhoven le 13 décembre 1958 et a grandi dans une famille réformée néerlandaise. Ses parents l'ont ‘’envoyé dans un internat au Pays de Galle’’. ‘’Là’’, il est ‘’entré en contact avec d’autres religions, dont le catholicisme.’’ Il en devint fasciné et particulièrement attiré par les auteurs à caractère radical, comme l'évangéliste Jean et Jean de la Croix ; un moine bénédictin lui offrit un livre sur ce mystique espagnol.
Frères de Saint-Jean
Après avoir travaillé chez Shell, sa fascination pour les Jean mentionnés le conduit ensuite vers les Frères de Saint-Jean, un ordre français relativement jeune avec une spiritualité inspirée de l'Évangile et des lettres de Jean. Elias passa son noviciat dans la campagne française, avec soixante-dix hommes dans une ancienne prison pour jeunes. Il trouva la reconnaissance malgré les différences mutuelles. ‘’C'étaient des gens qui osaient poser des questions. Ils venaient aussi de partout. Certains ont été en prison, d’autres ont grandi dans un château viticole. Nous avons dû nous habituer les uns aux autres, mais nous sommes quand même restés connectés.’’
Une fois devenu père, il n’a pas choisi la voie de la facilité. Il a travaillé comme missionnaire en Lituanie pendant environ huit ans, puis pendant encore deux ans en Russie, dans les montagnes escarpées du Caucase. Il a beaucoup écrit à ce sujet dans des colonnes du Katholiek Nieuwsblad.
Aussi fleuries et affectueuses que soient ses descriptions de ces régions, ses observations sur sa patrie sont progressivement devenues si désapprobatrices et amères. Les Pays-Bas ont ‘’incroyablement changé’’ pendant son séjour en Lituanie, a-t-il déclaré dans KN en 2006, avec une vie ecclésiale beaucoup trop tiède à son goût. ‘’Il s’est avéré qu’il ne restait plus rien, seulement une poignée de personnes qui y croyaient encore.’’
Ce pessimisme n'a fait qu'augmenter au fil des années, même s'il s'est certainement rendu populaire auprès de nombreux lecteurs grâce à sa plume acérée et son sens de l'humour. Cependant, au printemps 2018, il a estimé que cela suffisait, comme il me l’a fait savoir dans un e-mail par ailleurs très cordial.
Selon lui, l’Église et le monde, m’a-t-il écrit, se trouvaient dans ‘’une situation si grave que seule la dure réalité donnée par Dieu peut réveiller les gens. Ceux qui veulent voir verront ! Mais : ‘’En fait, j’ai aussi le sentiment qu’une chronique n’est plus un instrument approprié pour provoquer l’esprit et le cœur et les ouvrir à d’autres pensées.’’
Sur Radio Maria, il expliqua que les points de vue de l'Église peuvent parfois s'opposer fortement, mais il ne s'agit en fait que d'une ‘’sublimation rituelle des divergences d'opinion’’. Il aimait se battre verbalement.
Le Supérieur provincial des Frères de Saint-Jean, Ignatius Maria Ringhofer, a confirmé hier soir lors d'un entretien téléphonique avec KN que le Père Elias Leyds a été retrouvé mort mercredi matin, 24 janvier 2024, à son lieu de résidence actuel, un presbytère à Oisterwijk, Brabant. Les frères ne peuvent encore fournir aucune information sur la cause du décès, dans l'attente d'une enquête en cours .
Ses confrères sont stupéfaits et choqués. "Je lui ai parlé tout récemment, il était encore plein de projets pour de nouvelles activités", a déclaré frère Ignatius Maria, visiblement ému. ‘’Un autre frère allait bientôt aller se promener avec lui dans les montagnes.’’
Les Pays-Bas catholiques perdent indéniablement une figure marquante en la personne du Père Elias Leyds, astucieux et intelligent, radical et original. Il a également signifié beaucoup pour beaucoup de personnes en termes de formation intellectuelle et d'orientation pastorale. Qu'il repose en paix.
Saint Jérôme avec Sainte Paula et Sainte Eustochium, peinture de Francisco de Zurbarán, National Gallery of Art - Washington
Sainte Paula était une grande dame romaine qui avaitépousée à dix-sept ans un mari qui la rendit heureuse et dont elle eût cinq enfants. Elle souffrit beaucoup quand elle le perdit. Alors elle décida de rejoindre saint Jérôme en Palestine puisqu'elle l'avait connu à Rome.
Elle distribua son héritage à ses enfants et partit avec une de ses filles, sainte Eustochium, dans l'un des monastères fondés par saint Jérôme à Bethléem.
Elle assura à saint Jérôme deux biens précieux : une grande part de sa fortune pour continuer les travaux du monastère et une grande patience pour calmer ses colères.
Le Figaro indique : "Notre pays a enregistré en 2023 son niveau de naissances le plus bas depuis 1945".
Une hypothèse occultée, non commentée dans l'univers médiatique, est le lien possible de la chute des naissances avec l'injection expérimentale Covid.
Le nombre de naissances a reculé de 6,8% entre janvier et novembre 2023 par rapport à la même période l'année précédente, selon l'Insee. Pour le consultant Aurélien Duchêne, notre déclin démographique compromet aussi nos investissements en matière de recherche ou de défense.
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Notre pays a enregistré en 2023 son niveau de naissances le plus bas depuis 1945. Seuls 678.000 bébés sont nés en France l'an dernier, contre 818.000 en 2014. Sur la même période, notre taux de fécondité est passé de 2,00 à 1,68, s'éloignant du seuil de renouvellement des générations (2,1), et se rapprochant du taux de fécondité moyen en Europe (1,53). L'augmentation du solde migratoire n'a pas empêché le taux de croissance de la population française de passer de 0,5% en 2017 à 0,3% en 2022. Avec 47 000 naissances de plus que de décès, l'excédent naturel est au plus bas depuis l'après-guerre. Selon une étude de l'Insee de 2021, notre solde naturel deviendra négatif à partir de 2035 ; à partir de 2044, même avec un solde migratoire inchangé, notre population devrait diminuer après avoir plafonné à 70 millions d'habitants.
Il y a dix ans seulement, les projections indiquaient que la population française croîtrait encore des décennies à un niveau soutenu, au point de dépasser celle de l'Allemagne. La France devait redevenir le pays le plus peuplé d'Europe, ce qu'elle avait été jusqu'en 1870. Ce scénario est aujourd'hui enterré, la France devant même être toujours plus distancée dans les décennies qui viennent par le Royaume-Uni. Rejoignant l'obsession française du «rang» autant que celle, tout aussi tenace, de la compétition avec nos grands voisins, cette comparaison peut paraître secondaire. Mais elle rappelle que la baisse de la natalité n'est pas sans conséquences géopolitiques.
Pour des raisons socio-économiques bien connues d'abord. Alors que nous comptions cinq actifs pour un retraité en 2050, et près de trois en 2020, ce ratio devrait tomber à 1,8 en 2050 : la baisse de la natalité devrait encore aggraver ce déséquilibre. De quoi alourdir les prélèvements sociaux aux dépens de l'activité économique, et les dépenses sociales au détriment d'autres priorités. Notre pays disposera d'encore moins de marges de manœuvre pour financer ses services publics de base, mais aussi pour des investissements d'avenir, et des priorités stratégiques telles que la recherche ou la défense. Le financement de telles dépenses sera aussi rendu d'autant plus compliqué par le ralentissement économique que devrait entraîner le déclin démographique.
"La relance de notre natalité est un impératif de politique sociale, elle doit aussi devenir une priorité stratégique." Aurélien Duchêne
La diminution de la population active signifiera également moins de main-d'œuvre et de cerveaux dans des secteurs stratégiques. Même en augmentant l'immigration qualifiée, une gageure, elle compliquera aussi d'autant plus les efforts de réindustrialisation de notre pays, voire le maintien de filières cruciales pour notre prospérité et notre souveraineté. Alors que nos armées font déjà face à une crise des effectifs inédite, la diminution de la natalité pourrait compliquer encore l'entretien de notre puissance militaire dans un monde dangereux. Même avec une armée professionnelle moins dépendante de la pyramide des âges, et un vivier de talents pour les métiers qualifiés de la défense.
Face à une telle perspective, comment favoriser un rebond de la natalité ? La dénatalité se retrouve bien sûr dans tant d'autres pays qui connaissent des problèmes économiques et sociaux similaires. Mais outre les difficultés propres à notre pays, la situation en France a été en grande partie aggravée par le détricotage des politiques familiales, particulièrement depuis 2014, comme l'attestent désormais de nombreuses études. Au-delà des mesures esquissées par le président de la République pour un «réarmement démographique» , revenir sur ces atteintes envers notre politique familiale qui ont accéléré le déclin de notre natalité pourrait contribuer à redresser celle-ci.
D'autres solutions peuvent être explorées, notamment des dispositifs supplémentaires à partir du deuxième ou du troisième enfant. Ou encore des mesures ciblées selon les territoires ou catégories socio-professionnelles au déclin démographique le plus prononcé, sans aller jusqu'à une complexité administrative excessive. Autant de mesures coûteuses, mais qui seraient autant d'investissements d'avenir. Enfin, c'est notamment sur le logement des jeunes et la conciliation de leurs vies familiale et professionnelle qu'il est possible de faire bouger les lignes.
Au-delà, la clé est bien sûr la confiance en l'avenir. De la panne de l'ascenseur social à celle du pouvoir d'achat, de la dégradation des services publics à celle de la qualité de vie, les Français se limiteront dans leur désir d'enfants tant qu'ils vivront un déclassement réel ou ressenti. Les Français veulent plus d'enfants (en moyenne, 2,39 par famille), mais craignent souvent de les élever dans l'incertitude. Toutes proportions gardées, l'actualité internationale n'est probablement pas étrangère à cela, à l'instar des préoccupations écologiques.
Ce qui est certain, c'est que la baisse de notre natalité menace aussi des fondements de la puissance française. Notre pays est obsédé par son déclin, souvent exagéré, autant que par sa grandeur passée ; son déclin démographique bien réel compromet sa puissance future. La relance de notre natalité est un impératif de politique sociale, elle doit aussi devenir une priorité stratégique.
Aujourd'hui donc, "la baisse de la natalité n’est plus dissimulée mais le mensonge se déplace: elle serait totalement expliquée par des données indépendantes des vaxxxxccccins ARNm.
"Il y a 60 000 naissances en moins qui sont inexplicables si on ne veut pas poser la question des effets de la spike vaccccxxinale. Pourquoi la chute des conceptions est t elle synchronisée aux campagnes d’injections ?", demande Patrice Gibertie sur son site.
"On attendait au moins 730 000 naissances , il en manque plus de 60 000, les explications officielles ne peuvent l’expliquer."
Coïncidence relevée par Marco Nius : La spectaculaire augmentation des hospitalisation pour des tests et recherches de problème de fertilité depuis 2021.
Comme diraient les covidistes, "c'est juste 2500 en plus".
Le chiffre de 2023 est provisoire Il y a déjà une augmentation de +240% par rapport à 2019 :
Conversion de Saint Paul. Jésus apparaît à Saül, le futur saint Paul, sur le chemin de Damas où il devait "ramener à Jérusalem, ceux(des chrétiens)de là-bas, enchaînés, pour qu’ils subissent leur châtiment" (Ac 22,5), c'est-à-dire être emprisonnés et mis à mort (Ac 26,10). De persécuteur des chrétiens, il devient alors un des plus ardents défenseurs de la foi, une des "colonnes" de l'Église. La conversion de Paul est racontée dansActes 9,3-19;22,5-16;26,10-18.(1)
Paul était Juif, de la tribu de Benjamin ; il naquit citoyen romain à Tarse, en Cilicie, dont les habitants étaient considérés comme citoyens romains. Son attachement aux traditions de ses pères, sa présence au supplice deS. Étienne, son acharnement à poursuivre les disciples de Jésus-Christ, à les traîner en prison, à les battre, ont poussé les interprètes de l'Écriture à voir en lui la réalisation de la prophétie de Jacob, concernant son fils Benjamin : "Benjamin est un loup ravisseur." Mais une hymne chrétienne a heureusement complété l'application de la prophétie, en disant : "Le loup ravisseur s'est changé en agneau."
Saül(c'était le premier nom du grand Apôtre) approchait de Damas, où il allait persécuter les chrétiens, accompagné de soldats et d'émissaires de la synagogue de Jérusalem, quand tout à coup il fut renversé à terre par une force invisible. Une éblouissante clarté l'environna et une voix lui dit :
« Saul, pourquoi me persécutes-tu ?
- Qui es-tu, Seigneur ?
- Je suis Jésus, que tu persécutes.
- Seigneur, que veux-tu que je fasse ?
- Lève-toi, entre dans la ville, et là tu apprendras ce que tu dois faire. » Saul était devenu aveugle ; ses compagnons le conduisirent à Damas. Un serviteur de Dieu, nommé Ananias, averti en songe, alla le trouver, lui rendit la vue et lui conféra le baptême.
Conversion de Saint Paul, Michel-Ange, 1542
Dès lors,Saül, devenu Paul, n'est pas seulement un converti, un chrétien, c'est un apôtre. C'est l'Apôtre par excellence, qui étonnera le monde et fera l'admiration des siècles par ses écrits sublimes et inspirés, par ses saintes audaces, ses travaux, les merveilles de son apostolat et la gloire de son martyre.
Que de leçons dans cette conversion étrange et foudroyante ! Nous y voyons la puissance toute divine de la grâce à laquelle rien ne résiste ; la sagesse de Dieu qui se plaît à confondre la fausse sagesse du monde ; la miséricorde inénarrable du Seigneur, qui ne rebute personne et peut faire du plus grand des pécheurs le plus insigne des saints.
Ne désespérons jamais du salut de personne, tout est possible à la prière et à la grâce. Nous ne comprendrons bien qu'au Ciel quelle a été l'influence de la prière dans le monde et combien de pécheurs devront leur salut à l'intercession des justes.Saint Augustina dit fort justement : "SiÉtiennen'avait pas prié, nous n'aurions pas saint Paul !"(2)
"S'ouvrir à la puissance dynamique du Ressuscité (Phil 3,12) passe nécessairement par un processus de dépossession de soi-même qui dure toute la vie, comme Paul âgé et prisonnier l'écrira aux Philippiens. (Phil 2,3 "Ne soyez jamais intrigants ni vaniteux, mais ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes", 3,7-11 "Mais tous ces avantages que j’avais, je les ai considérés, à cause du Christ, comme une perte. Oui, je considère tout cela comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur. À cause de lui, j’ai tout perdu ; je considère tout comme des ordures, afin de gagner un seul avantage, le Christ, et, en lui, d’être reconnu juste, non pas de la justice venant de la loi de Moïse mais de celle qui vient de la foi au Christ, la justice venant de Dieu, qui est fondée sur la foi. Il s’agit pour moi de connaître le Christ, d’éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa passion, en devenant semblable à lui dans sa mort, avec l’espoir de parvenir à la résurrection d’entre les morts"; etGal 4,9qui donne une définition de la conversion en ce sens : "Mais maintenant que vous avez connu Dieu – ou plutôt que vous avez été connus par lui – comment pouvez-vous de nouveau vous tourner vers ces forces inconsistantes et misérables, dont vous voulez de nouveau être esclaves comme autrefois ?")
Quant à son passé persécuteur, il lui sert surtout à évoquer d'une manière concrète et familière à ses lecteurs l'"adversaire de Dieu" (le théomachos), gonflé d'orgueil et de démesure, plutôt qu'à opposer son passé de Juif "zélé" à un "après" chrétien. La "conversion" de Saül fut autre chose qu'un transfert de fidélité de la Loi au Christ; elle fut davantage une transformation spirituelle ou morale; elle était découverte des effets de l'action de Dieu sur celui qui répondait à son appel.
Aussi Saint Paul insistera-t-il sur la valeur rédemptrice de la souffrance plus qu'aucun autre de ses contemporains. "Éprouver la puissance de la Résurrection, c'est participer aux souffrances du Christ" et "devenir semblable à lui dans sa mort." (Phil 3,10-12 ; 2 Cor 4,10). Paul a forgé dans l'épître aux Galates 2,19-20 l'expression de "con-crucifixion" très caractéristiques de cette association-participation aux souffrances du Christ qu'il éprouve. La conversion ne peut être qu'union mystique au Christ souffrant; elle est crucifixion avec le Christ. L'apôtre va donc beaucoup plus loin que ses maîtres pharisiens pour qui la mort était le passage vers la résurrection.
De même, le message de Paul se distingue de celui des autres apôtres : il ne raconte pas Jésus tel que la Tradition en diffusait de proche en proche les paroles et les gestes, mais il prêche le Christ ressuscité, tel qu'il s'est révélé à lui dans des manifestations particulières du Divin. (Gal 1,11-12 "Frères, je tiens à ce que vous le sachiez, l’Évangile que j’ai proclamé n’est pas une invention humaine. 12 Ce n’est pas non plus d’un homme que je l’ai reçu ou appris, mais par révélation de Jésus Christ.")
Les croyants forment un corps mystique puisqu'au baptême chacun "revêt le Christ" (Gal 3,26-27 "en effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ") et que le banquet eucharistique est constitué par la communion de tous au Corps du Christ. (1 Cor 10,17 "Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain.") (3)
Conversion de Saint Paul, (Détail) 1600-1601, Caravage, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 59.
Sources: (1) Dominique LE TOURNEAU,Les Mots du christianisme, Catholicisme, Orthodoxie, Protestantisme, Bibliothèque de Culture religieuse, Fayard, La Flèche 2005, p. 180 ; (2) L'Evangile au quotidien ; (3) Marie-Françoise BASLEZ, Saint Paul, Fayard, Saint Amand-Montrond 1991, p. 80, 91 et note 52 p. 332, 92, et 100.
On peut dire que de même qu'existe un suffrage étroitement autorisé et contrôlé pour coller au "contrat social" (en dehors duquel toute liste ne serait pas autorisée et donc la liberté du suffrage n'existe pas), il existe pareillement une opposition contrôlée (et donc la liberté syndicale ou d'association est une fiction), dont la psychoclinicienne Ariane Bilheran fait une remarquable analyse :
La mise en place de la dystopie covidienne a entraîné de profondes ruptures au sein de nos sociétés.
Des groupes se sont formés pour résister au règne de l’absurde et à la dictature sanitaire, de nouveaux médias ont émergé, et aussi, bien entendu, des leaders d’opinion et des figures charismatiques. Croira-t-on que le pouvoir qui a mis en place un système aussi inique et abusif soit resté les bras croisés face à cette contestation? Les récents remous qui agitent la sphère de l’opposition témoignent au contraire d’un travail de sape et de subversion efficace, qui doit être étudié en soi comme l’une des composantes de la dérive totalitaire en cours. Voici donc un aperçu des stratégies et des procédés.
Lorsqu’un pouvoir enclenche une guerre contre sa population, pour faire passer en force des mesures impopulaires et/ou divers projets tyranniques, il sait qu’une frange politisée (au sens de l’engagement politique au sens noble), certes minime mais solide, risque de réagir. Il anticipe et canalise donc cette colère en fabriquant « sa » résistance, produit de la même ingénierie et de la même ardeur avec lesquelles il s’emploie à manipuler la population. Notons que les mêmes méthodes sont appliquées dans les entreprises, lors de la création du « syndicat jaune » dont la fonction sera d’être au service, non pas des travailleurs, mais des patrons.
Ainsi, comment un pouvoir anticipe-t-il une résistance et la contrôle de l’intérieur jusqu’à la neutraliser puis la dissoudre ? Il est d’usage de parler d’opposition contrôlée (que j’appellerai ici « syndicat jaune ») mais encore faut-il revenir sur les techniques employées.
Cette opposition de façade est créée « dès le départ ». Ce point est essentiel. Elle a plusieurs fonctions. Tout d’abord, orienter et concentrer le plus possible les mécontentements à un seul endroit, tenu par ce même pouvoir derrière le ou les chefs du syndicat jaune. Cette agglomération permettra ensuite de diriger ces colères vers des revendications qui ne sont pas dangereuses pour le pouvoir et d’engager sur des actions non périlleuses, qui détournent l’attention de celles qui le sont. Par exemple, le syndicat jaune se battra pour l’heure de pause ou le menu du repas à la cantine, plutôt que contre le plan de licenciement. Les sujets qui fâchent sont occultés et l’attention est détournée. Enfin, il s’agit de cartographier les opposants, ceci afin d’obtenir l’intégralité des noms, et identifier les plus problématiques parmi eux, tant en force et dangerosité qu’en puissance de caractère et intégrité, dans l’intention de les neutraliser à terme.
Profilage
Qui sont les acteurs de cette «résistance autorisée» au service du pouvoir? Il y a en première ligne les acteurs conscients, les espions et les chefs du syndicat jaune. Ces derniers sont des agents recrutés, choisis, préalablement formés, scrupuleusement entraînés, redoutablement conseillés, et évidemment, grassement rémunérés. Commençons par les chefs visibles, qui sont diablement intelligents, cultivés, et ont donc tous les talents pour remplir cette mission.
Leur profil doit paraître irréprochable: aptitude à se dévouer à la cause de la résistance, image destinée à attirer une forte sympathie, voire une idolâtrie qui permettra de créer une nouvelle secte, dans le but d’évincer, avec l’aide des fanatiques envoûtés, les autres leaders intègres une fois que le mot d’ordre en sera donné, ou encore de créer une illusion telle que, lorsque les faits et gestes des leaders du syndicat jaune commenceront à être révélés, personne ne puisse y croire.
Les deux stratégies
Une stratégie de communication sera mise en place pour que la population identifie aisément quels sont les chefs qu’il convient de suivre. Par exemple, ils peuvent être propulsés dans certains médias du pouvoir comme était des leaders de la résistance, avec deux techniques. La première sera le passage très médiatisé dans un organe de communication du pouvoir, néanmoins présenté à la masse comme un média d’opposition, ce qui ne résistera pas à l’analyse des soutiens financiers: qui paie l’orchestre paie la musique.
La deuxième consiste à médiatiser les chefs infiltrés comme des leaders infréquentables, par exemple, avec des articles à charge, une visibilité à la télévision, etc. et même, à faire croire à des représailles sur eux (censure, convocations, etc.). Le film avec ses acteurs, son scénario et ses péripéties doit être, surtout, parfaitement crédible. L’essentiel est que l’ensemble soit amplement médiatisé et que les agents puissent être facilement et rapidement identifiés comme les nouveaux chefs de la résistance. En couvrant ces deux aspects, on est assez certain d’attirer la majorité des mécontents: ceux qui croient ce que les médias officiels leur disent, et ceux qui ne les croient plus mais croient encore aux médias officiels ou aux médias désormais intronisés dans cette résistance manipulée. Ce constat du mode de propulsion des chefs du syndicat jaune est aussi valable pour les médias et groupes (associations, etc.) qui vont remplir le rôle de pseudo-opposants au pouvoir, et être investis de cette mission.
Pendant ce temps, et dans la réalité, les véritables opposants (chefs, porte-parole, groupes et médias) sont l’objet d’une savante stratégie d’invisibilisation et de censure, que ce soit dans les médias officiels du pouvoir ou dans les médias apparents de l’opposition au pouvoir. À une nuance près: si l’on a besoin de se servir de leur image pour une caution d’intégrité ou de crédibilité, ils peuvent être instrumentalisés un certain temps. On les effacera de l’échiquier plus tard, lorsque cet «argument d’autorité» n’aura plus d’intérêt.
Cf. Source et suite : https://www.arianebilheran.com/post/l-opposition-contr%C3%B4l%C3%A9e-ou-le-syndicat-jaune-antipresse-425
Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 62.
Rien n'est plus fort que la douceur ; rien n'est plus doux que la vraie force.
St François de Sales
François de Sales naquit au château de Sales, en Savoie, en 1567. Issu d’une vieille famille aristocratique du duché de Savoie, il choisit le chemin de la foi. Consacrant sa vie à Dieu, il renonça à tous ses titres de noblesse. Le futur saint était l'aîné de six frères et sœurs.
Lors de son baptême, il reçut le prénom de "François" en vénération pourFrançois d'Assise.
Après ses premières années d'études, on l'envoya au collège des jésuites à Paris.
François aimait aller prier devant l'image de Notre-Dame de Bonne-Délivrance, dans l'église aujourd'hui détruite de Saint-Étienne des Grès à Paris; ce fut là qu'il fit voeu de chasteté, et qu'il recouvra miraculeusement la paix de son âme, troublée par une horrible tentation de désespoir. En souvenir sera érigée en 1692 une chapelleSaint-François-de-Sales dans cette église (l'une des plus anciennes églises de Paris, fondée par Saint Denis, qui, malheureusement, sera détruite par les vandales révolutionnaires en 1792).
Après avoir fait son droit à Padoue, François embrassa l'état ecclésiastique. [1]
Nommer ce saint, c'est personnifier la vertu de douceur ; il fut le saint aimable par excellence et, sous ce rapport particulièrement, le parfait imitateur de Celui qui a dit : "Apprenez de Moi que Je suis doux et humble de cœur." [2]
"Écartant le rigorisme desséchant d'une certaine Église, ce grand maître fut, comme d'aucuns l'ont dit, le 'saint de la douceur de Dieu', indulgent à l'égard de la faiblesse humaine, en un temps où le Dieu des chrétiens était encore le Dieu de l'Ancien Testament." [3]
Jeune homme, il mena la vie des anges. Prêtre, il se montra digne émule des plus grands apôtres, par ses travaux et par les innombrables conversions qu'il opéra parmi les protestants. Évêque, il fut le rempart de la foi, le père de son peuple, le docteur de la piété chrétienne, un Pontife incomparable.
"On disait communément, écrit sainte Jeanne de Chantal, qu'il n'y avait pas de meilleur moyen de gagner sa faveur que de lui faire du mal, et que c'était la seule vengeance qu'il sût exercer." -- "Il avait un cœur tout à fait innocent, dit la même sainte ; jamais il ne fit aucun acte par malice ou amertume de cœur. Jamais on n'a vu un cœur si doux, si humble, si débonnaire, si gracieux et si affable qu'était le sien."
Les armes de François de Sales étaient celles de l'amour. C'est d'ailleurs l'une de ses devises :
Rien par force, tout par amour.
François de Sales incarna de façon exemplaire, au cours d'une existence souvent harassante, les plus hautes vertus évangéliques au point d'être appelé le Docteur de l'amour. [4]
Reconstituons le contexte historique quelques années avant la prise de fonction de François. Berne, en Suisse, qui s'était déclaré pour la Réforme en 1528, dépêcha plusieurs "évangélistes" à Genève en 1530 (tels que Ami Perrin, Malbuisson, Clauder Roger et surtout Farel). La religieuse Jeanne de Jussie, du couvent de Sainte-Claire, relata ainsi les troubles qui secouèrent Genève à partir de l'arrivée des troupes et des "évangélistes" bernois : "Et le jour de Monsieur Saint François (d'Assise), un mardi [1530], à dix heures du matin, arrivèrent à Morges les fourriers des Suisses pour prendre logis pour l'armée. Le mercredi, jeudi et vendredi, arrivèrent les troupes des deux cantons de Berne et Fribourg, audit Morges, et firent de grands maux... ils commencèrent à piller, dérober, à fourrager les pauvres gens, et ne laissèrent blé, vin, chair ni meubles par les maisons et châteaux des nobles, et puis brûlèrent tout, qui ne fut pas petite perte... Non contents encore, ces hérétiques rompirent la sacristie et toutes les armoires... et prirent tous les ornements qu'ils trouvèrent et emportèrent tout avec l'horloge du couvent, toutes les couvertures et linges des frères, tellement qu'il ne resta chose aucune... Et tous les prêtres [catholiques] qu'ils trouvaient portant longue robe la leur ôtaient, les dépouillaient et battaient, à toutes les images qu'ils trouvaient tant en plate peinture (fresque) qu'en tableaux, ils leurs crevaient les yeux avec la pointe de leurs piques et épées, et crachaient contre... ils brûlèrent tous les livres, tant de la chanterie qu'autres..."
"Le lundi, environ midi [1530], l'armée entra dedans Genève, poursuit soeur Jeanne de Jussie; ils menaient dix-neuf grosses pièces d'artillerie... Les luthériens se firent ouvrir l'église cathédrale Saint-Pierre. Le prédicateur Guillaume Farel se mit en chaire et prêchait en langue allemande. Ses auditeurs sautaient par-dessus les autels comme chèvres et bêtes brutes... Ces chiens abattirent l'autel de l'Oratoire et mirent en pièces la verrière où était en peinture l'image de monsieur Saint Antoine... Ils rompirent aussi une belle croix de pierre... et au couvent des Augustins rompirent plusieurs belles images, et au couvent des Jacobins rompirent de belles croix de pierre...
Au mois d'août 1532, les hérétiques firent descendre les cloches du prieuré de Saint-Victor, et puis abattre jusqu'au fondement tout le monastère. En ce même mois, le jour de la Décollation de Saint Jean Baptiste, ils abattirent une petite et fort jolie église de Saint Laurent, et fut aussi abattue l'église de Madame Sainte Marguerite...
L'an 1534,... la veille de Pentecôte, à dix heures de nuit, les hérétiques [luthériens] coupèrent les têtes à six images [statues] devant la porte des Cordeliers, puis les jetèrent dans les puits de Sainte-Claire. Le jour de la Saint-Denis fut découverte [le toit démonté] l'église paroissiale de Saint-Léger hors la ville, et puis entièrement rasée et abattue, et tous les autels rompus et mis en pièces. [5]
(En 1535) Expulsion des soeurs de Sainte-Claire. Le dimanche dans les octaves de la Visitation vinrent les syndics [réformés]... Le syndic ordonna à la mère abbesse d'ouvrir les portes (les Soeurs de Ste Claire ou Clarisses appartenaient à un ordre cloîtré). [L]es soeurs s'étant assemblées, Farel les harangua, ... vantant le mariage, la liberté. La mère abbesse l'arrêta mais fut expulsée. Le jour de monsieur saint Barthélémy, vinrent grandes compagnies tous en armes et bien embâtonnées [bien armés] et de toutes sortes d'armes.... ils vinrent heurter à la grande porte du couvent Sainte-Claire. La porte une fois ouverte, le chef de la troupe ordonna aux soeurs 'de par messieurs de la ville que plus ne dites aucun office, haut ni lus, et de ne plus ouïr la messe'. Il fut convenu entre la mère abbesse et le syndic que les soeurs quitteraient le couvent sans rien emporter... Le syndic promit de les conduire à la porte de la ville, sous bonne garde. La sortie se fit alors tant bien que mal, car plusieurs des soeurs étaient âgées et malades. ... Parties de Genève à cinq heures du matin, elles arrivèrent à Saint-Julien en fin de journée, où elles purent prendre du repos, avant de rejoindre Annecy, où le duc de Savoie leur avait fait préparer un couvent.
Le 5 août [1535], il (Farel) prêcha à Saint-Dominique et le 8 à Saint-Pierre. Après chacun de ses prêches, la foule de ses partisans abattit les statues et les croix, renversa les autels et les tabernacles, brûla les reliques et jeta les cendres au vent. [6]
Pierre de la Baume, le dernier évêque résidant avait quitté Genève le 1er octobre 1535, après que les syndics eurent publié un décret (le 27 août) par lequel ils ordonnaient 'que tous les citoyens et habitants eussent à embrasser la religion protestante, abolissant entièrement et absolument celle de la catholique'".
La théocratie genevoise
"Le 3 avril 1536, il fut donné un mois aux prêtres catholiques pour qu'ils se convertissent et, en attendant, il leur fut interdit de 'se mêler de dire la messe, de baptiser, confesser, épouser [marier]'. Le 5 avril, pareille défense fut faite aux chanoines. Enfin, le 21 mai 1536, 'le peuple réuni en Conseil général, adhérait unanimement à la Réforme religieuse'. En juin 1536, le Conseil abolit la célébration des fêtes, à l'exception du dimanche. Genève était une ville protestante".[7] La ville, dont l'évêque a été chassé, est devenue une république.
Le 2 novembre 1536, le bailli de Lausanne, jugeant que les réformés l'avaient emporté, se mit à la tête d'une troupe d'archers et fit le tour des paroisses du lausannois, 'parcourant les campagnes, rasant les chapelles, renversant les autels et abattant les croix... aux cris de 'À bas les papistes'". [8]
Appelé à Genève en 1536, Calvin en fut banni deux ans après, mais il y fut rappelé en 1540. Il exercera alors l'influence la plus absolue, faisant reconnaître comme loi d'État un formulaire réglant les principaux articles de foi. "De lourdes amendes punirent les catholiques qui restaient chez eux au lieu d'aller au prêche; harassés, traqués, les fidèles se lassèrent, beaucoup se soumirent pour avoir la paix. La Réforme, assez vite, régna en maître dans le Chablais." [9]
Fondateur de la théocratie genevoise, Calvin forge toute la future démocratie européenne. Du fer antique : l'Ancien Testament - la Loi, il forge une nouvelle Jérusalem terrestre. Calvin confond simplement la nouvelle Sion avec l'ancien Sinaï. Il ne voit pas ou ne veut pas voir la loi nouvelle de l'Évangile par rapport à l'Ancien Testament, à la Loi. "La fin de la loi est le Christ", dit l'apôtre Paul (Rom 10:4); "La fin du Christ, c'est la Loi", aurait pu dire Calvin.
"Composé de pasteurs et de laïcs (les "Anciens"), un consistoire est notamment chargé de la surveillance de la vie privée des citoyens. Jeux, spectacles, bals, chansons et tavernes sont interdits, toute infraction morale (adultère, violence, impiété) étant considérée comme un crime." [10]
"La profession de foi de 1536 doit être jurée par les habitants. [...] Pour Luther, la volonté humaine ne pouvait que faire le mal, pour Calvin, elle ne veut que le mal et sa responsabilité est entière.
[...] Dieu prédestine au salut (Traité de la prédestination, 1552).
Calvin fait exiler ses contradicteurs, l'humaniste Castellion, en 1544, le pasteur Bolsec, qui rejetait la prédestination, en 1551." [11]
Le 12 novembre 1537, le Conseil ordonne à tous ceux qui avaient refusé de jurer la Réformation [accepter le formulaire] de quitter la ville.
"Calvin inféode l'Église à l'État" : "Les seigneurs sont des dieux. Le peuple est Satan". Il "fait de l'État le serviteur et l'instrument de l'Église. À Genève il proscrit les jeux et le théâtre, impose l'assistance aux sermons, détermine les prénoms permis, règle la coupe des habits. [...] Les huguenots (de l'allemand eidgenosse, lié par serment), les huguenots de religion se transforment en huguenots d'État. [...] [L]'Église calviniste devient une coalition d'idées et d'intérêts, un parti et une armée." [12]
"Tous doivent prêter serment au nouveau Credo; ceux qui y manqueraient seront chassés de la ville; car, [...] l'Église, 'Cité de Dieu', et l'État, 'Cité des hommes', dans l'action, ne font qu'un, aux yeux de Calvin. Être ou ne pas être dans l'Église signifie être ou ne pas être dans l'État. Les dizenniers, ou hommes du guet, font irruption dans les maisons et traînent le peuple, par groupe de dix, à la prestation de serment.
"Plusieurs Eidgnots firent remarquer, en se gaussant, que Farel et Calvin 'qui étaient venus pour faire triompher le libre examen [la liberté de conscience] l'étouffaient à la première manifestation de dissidence'. Quelques-uns d'entre eux allèrent jusqu'à se moquer des 'deux papes qui étaient apparus pour ressusciter la lettre et qui l'emprisonnaient après la lutte de Lausanne.' Très vite ces propos se répandirent dans Genève, et firent rire, le peuple ne tarda pas à appeler leurs auteurs des libertins (car ils défendaient la liberté de penser), et le surnom leur resta ; injure qui devait bientôt se propager et dont on allait flétrir tout individu qui jouerait aux dés, qui n'aurait point éteint sa lumière après le signal du couvre-feu, qui boirait pendant les offices, danserait le dimanche, critiquerait les actes du syndic, ou garderait une image [pieuse] au logis.' (J.M. Aulin)." [13]
Après la théocratie de l'Ancien Testament, ici, à Genève, se manifeste à nouveau non pas un homme sacré, mais un peuple sacré; le but de l'État et de l'Église devient non plus la sainteté individuelle, mais la sainteté commune. 'Vous êtes un genre élu, une sainteté royale, un peuple saint.' (I P 2:9), dit Calvin aux Genevois. La ville grouille de limiers, dénommés 'Gardiens', dont l'oeil, tel 'l'oeil qui voit tout', pénètre partout (Ordonnances Ecclésiastiques de 1541). On ne juge pas seulement les actes, mais aussi les pensées et les sentiments. Toute tentative, même la plus secrète, de s'élever contre le 'Règne de Dieu', est soumise, en tant que 'trahison envers l'État', aux plus féroces châtiments de la loi: au fer et au feu. Tout le peuple genevois deviendra une sorte de Prisonnier de Chillon, et la Théocratie de Calvin - une ténébreuse prison souterraine dans l'azurée lumière du Léman." [14]
Calvin va plus loin que Luther : le salut est offert aux uns, refusé aux autres (Traité sur la Prédestination, 1552). En outre, la volonté humaine est totalement corrompue et l'homme ne peut sortir de cette corruption par aucune oeuvre. Seule la foi peut le sauver. "Ainsi, ... du plus profond pessimisme, le calvinisme débouche sur un certain orgueil, celui d'appartenir à une élite, d'être une sorte de nouveau peuple élu, donc d'être investi d'une mission de régénération du monde.
[...] La marque calviniste, même si elle déborde le milieu protestant, est présente dans la manie moderne de tout remettre en question, dans l'interventionnisme moralisateur à propos de tout, [...] dans ce besoin de décerner des bons et des mauvais points aux quatre coins du monde, dans ces discours politiques qui prennent souvent le ton du prêche. [...] Les conformismes qui pullulent aujourd'hui, dont celui du 'politiquement correct', voire du 'sexuellement correct', ne sont pas étrangers à l'influence protestante dans les milieux de la politique ou de l'édition", résume A. Richardt. [15]
De 1541 à 1546 seulement, 76 citoyens sont bannis, et 58 genevois sont envoyés au bûcher par Calvin. [16] Ce qui fait quasiment une personne de la ville envoyée au bûcher tous les mois en cinq ans.
Les prisons étaient pleines de délinquants. Aimé Richardt, donne des "exemples de la tyrannie mesquine qu'exerçaient les ministres protestants" à Genève. "C'est ainsi que, en date du 20 mai 1537, nous trouvons : 'Une épouse étant sortie dimanche dernier avec les cheveux plus abattus [plus tombant sur les épaules] qu'il ne se doit faire, ce qui est un mauvais exemple et contraire à ce qu'on évangélise, on fait mettre en prison la maîtresse, les dames qui l'ont menée et celle qui l'a coiffée.'
Un autre jour, on saisit à un pauvre diable un jeu de cartes. 'Que va-t-on faire du coupable? Le mettre en prison?' La peine eût été trop douce aux yeux de Calvin. On le condamna donc à être exposé au pilori, son jeu de cartes autour du cou."
[...] Les rieurs ne manquèrent pas de protester... L'un demandait 'où le Saint-Esprit avait marqué dans l'Écriture la forme des coiffures des femmes?'. ... Un autre voulait savoir si la barbe de bouc que portait Farel ressemblait à celle d'Aaron !" [17]
Dmitri Mèrejkovski donne d'autres exemples de cette tyrannie :
- un marchand fort connu, fut condamné à mort pour fornication; il monta sur l'échafaud en remerciant Dieu de ce qu'il allait être exécuté "suivant les lois sévères, mais impartiales de sa patrie";
- Le libertin athée Jacques Gruet fut le premier à être décapité le 26 juillet 1547, après avoir été torturé matin et soir, pendant un long mois, du 28 juin au 25 juillet. Sa tête fut clouée au pilori sur le Champel pendant de longs jours. La flamme des bûchers s'éleva.
Lors de la peste de 1543 à Genève, on brûla quinze sorcières; les sorciers, on les châtiait avec 'une plus grande sévérité' : après des tortures inouïes, on les écartelait ! Plusieurs s'étranglaient dans leur cachot pour échapper à la question.
On brûla également le médecin et ses deux aides de l'hôpital des pestiférés. Le 'Règne de Dieu' à Genève équivalut au règne du diable à Munster.
[...] En novembre 1545, les pasteurs de Genève faisant jeter au feu une de leurs fournées de sorcières, Calvin requit les Conseils de la ville, de 'commander aux officiers de la dicte terre de faire légitime inquisition contre telles hérégies, afin de extyrper telle rasse de la dicte terre.'" [18]
En 1555. Deux bateliers, les frères Comparet furent soumis à la question et condamnés à mort. "Je suis certainement persuadé que ce n'est pas sans un spécial jugement de Dieu qu'ils ont tous deux subi, en dehors du verdict des juges, un long tourment sous la main du bourreau" (le fer ayant glissé sur leurs vertèbres). Après l'exécution, les corps des deux frères, suivant la sentence, furent écartelés et l'une des quatre parties de chaque corps, fut clouée au pilori, devant la porte Cornavin, afin que quiconque pénétrait dans la ville sût ce qu'il en coûtait de ne pas se soumettre à la parole de Dieu ou à celle de Calvin.
Le 15 septembre 1555, sur le Champel, fut mis à mort ce même Berthelier qui, trois ans auparavant, presque à la veille de l'affaire Servet, avait causé un soulèvement des plus dangereux pour Calvin. Debout au pied de la chaire où prêchait Calvin, des indicateurs observaient la manière dont les gens l'écoutaient.
Deux personnes furent arrêtées parce qu'elles sourirent quand quelqu'un tomba, endormi, de son banc; deux autres, parce qu'elles avaient prisé.
On jeta en prison celui qui avait dit : "Il ne faut pas croire que l'Église soient pendue à la ceinture de maître Calvin!" On faillit brûler une vieille femme comme sorcière parce qu'elle avait regardé Calvin trop fixement.
Calvin est le maître à penser de la cité. "Je vous défends d'obéir au pape, répète-t-il, mais je veux que vous obéissiez à Calvin."
Une jeune femme fut condamnée à l'exil perpétuel parce qu'elle avait prononcé en sortant de l'Église : "Il nous suffit bien ce que Jésus-Christ a prêché !"
Deux enfants, qui avaient mangé pour deux florins de gâteaux sur le parvis de l'église, furent fouettés des verges. On était jeté en prison pour la lecture de Amadis; pour le port de chaussures à la mode et de manches à gigots; pour trop bien tresser la chevelure, ce dont Dieu se trouvait 'grandement offensé'; pour un coup d'oeil de travers; pour avoir dansé ou avoir simplement regardé d'autres le faire. Plusieurs personnes qui avaient ri pendant un de ses prêches (de Calvin) furent jetées en prison.." [19]
Le 3 juin 1555. "Ami Perrin fut condamné (ainsi que ceux des libertins qui s'étaient enfuis avec lui, Philibert Berthelier, Michalet, Vernat) par contumace, à avoir 'le poing du bras droit duquel il a intenté aux bâtons syndicaux coupé.' Il sera ensuite décapité puis 'la tête et le dit poing seront cloués au gibet et les corps mis en quatre quartiers (Annales Calviniani, O.C., 21, p. 608)."
"Les deux Comparet [...] qui, après avoir eu les têtes décapitées, furent mis en quartiers et les quartiers pendus chacun à une potence, aux quatre coins des franchises de la ville, et la tête d'un chacun d'eux avec l'un des quartiers. [...] L'on ne fit que couper les têtes à (François-Daniel) Berthelier et au Bastard [Claude Genève] sans les écarteler; la tête de Berthelier et son corps demeurèrent au gibet, aussi fut le corps du Bastard, mais sa tête fut clouée à un chevron sur la muraille du Mollard." [20]
L'épisode le plus connu de ces dérèglements meurtriers est celui de Michel Servet. Ce médecin aragonais professait publiquement que Dieu n'était pas trinitaire. Ignorant le ressort intime du régime de la ville-église, il eut l'audace d'en discuter avec le maître qui l'envoya brûler en 1555.
En 1594, le jeune François de Sales s'écriera :
C'est par la charité qu'il faut ébranler les murs de Genève, par la charité qu'il faut la recouvrer... il faut [les] renverser par des prières ardentes et livrer l'assaut par la charité fraternelle. [21]
Et dans son Introduction à la vie dévôte (III 23), en 1608, il dira : "Qui a gagné le cœur de l’homme a gagné tout l’homme."
Et "Bénis les coeurs tendres, car ils ne se briseront jamais."
"La mesure de l'amour est l'amour sans mesure."
"L'amour ne nous trouvant pas égaux, il nous égale ; ne nous trouvant pas unis, il nous unit." (Traité sur l'amour de Dieu, 1616)
Luther et Calvin "demandent" une Réforme extérieure. Saint François de Sales et l'Église catholique répondent par une Réforme intérieure.
En 1602, n'ayant rien dit dans ses sermons contre le calvinisme, François écrira encore : "Voyez-vous, ce sermon-là [sur le Dernier jugement] qui ne fut point fait contre l'hérésie respirait néanmoins contre l'hérésie, car Dieu me donna lors cet esprit en faveur des âmes. Depuis, j'ai toujours dit que qui prêche avec amour prêche assez contre les hérétiques, quoiqu'il ne dise un seul mot de dispute contre eux!" [22]
Le règlement de vie intérieure et de vie extérieure
En 1591, il avait rédigé sur les conseils de son confesseur, un 'règlement de vie intérieure et de vie extérieure', dont il observera l'esprit jusqu'à sa mort. Ce règlement est divisé en quatre parties:
- l'exercice de préparation, qui consiste à "se prescrire au début de chaque journée l'acte mêlé de réflexions et de prières". François le jugeait indispensable, écrivant : "la prescription est comme un fourrier [préparateur] à toutes nos actions... Je la préférerais toujours à toute autre chose ..."
- Fixer les exercices de piété qui doivent ponctuer la journée d'un étudiant chrétien en commençant la journée par une action de grâce "avec ces paroles du Psalmiste royal, David : Dès l'aube, vous serez le sujet de ma méditation."
- Le repos spirituel ou l'"exercice du sommeil". "Comme le corps a besoin de prendre son sommeil pour délasser et soulager ses membres travaillés [fatigués], de même est-il nécessaire que l'âme ait quelque temps pour sommeiller et se reposer entre les chastes bras de son céleste Époux, afin de restaurer par ce moyen les forces et la vigueur de ses puissances spirituelles...."
- Règles pour les conversations et rencontres. Cette dernière partie du règlement de vie intérieure cherche "à établir la liaison entre la vie du monde et la perfection chrétienne." C'est un thème que François reprendra dans son Introduction à la Vie dévôte (1608), l'une des œuvres majeures de la littérature Chrétienne. François établit la manière dont il entend régler ses relations avec ses semblables : "Je ne mépriserai jamais ni ne montrerai signe de fuir totalement la rencontre de quelque personne que ce soit... Surtout je serai soigneux de ne mordre, piquer, de me moquer d'aucun... J'honorerai particulièrement chacun, j'observerai la modestie, je parlerai peu et bon..." [23]
Charité en actes et bonnes oeuves : La foi mise en application
Saint François de Sales mettait en application ce qu'il prêchait. Évêque, il recommandera, une fois pour toutes, à ses domestiques, de prendre garde à ne renvoyer aucune personne qui demandait à lui parler... "Il recevait toujours chacun avec un visage doux et gracieux... quand ceux de sa maison, pour le détourner de tant recevoir, lui parlaient des rusticités et des insipidités d'autrui, il répliquait : et nous, que sommes-nous? Mgr de Sales recevra en cachettes les pauvres honteux, et nourrira beaucoup de personnes qui n'osaient mendier leur pain (Ier Procès, t. II et t. III, art. 46 et 27).
Ces activités charitables terminées; François prenait plaisir à se promener dans sa ville, s'arrêtant ça et là pour donner quelques pièces aux pauvres. Il s'arrêtait pour visiter les malades et des infirmes, puis se rendait à l'hôpital, où il donnait sa bénédiction aux plus proches de l'agonie. Après cela, il allait à la cathédrale pour y entendre des confessions, et s'en revenait paisiblement à sa maison. Encore quelques audiences, quelques lettres, et c'est enfin le recueillement du soir, suivi d'une légère collation, dont il s'abstenait le vendredi et le samedi. Puis François de Sales disait son chapelet à la Vierge Marie, "ne se couchant jamais, fût-il onze heures, minuit, qu'il n'eût satisfait à cette obligation à laquelle il employait une heure de temps" (1er Procès, t. II, art. 33) [24]
Le mercredi 14 septembre 1594, en la fête de l'Exaltation de la Sainte Croix, accompagné de son cousin Louis de Sales, François se mit en route pour la forteresse des Allinges, où il avait l'intention de s'installer dans un premier temps. Partout la route était "bordée de débris de calvaires épars dans les haies; des potences élevées à la place des croix; l'église de Boringe, l'église d'Avully démolies de fond en comble, l'église de Bons, transformée en un temple calviniste; l'église de Saint-Didier, celle de Fessy, celle de Lully, abandonnées, les portes grandes ouvertes, les voûtes crevées.. Les autels renversés, tous les presbytères en ruines. Plus un son de cloche nulle part... Et les gens du pays qui voyaient passer ces deux voyageurs en soutane, harassés, couverts de poussière, leur jetaient des regards de haine..." [25] Très vite, devant l'ampleur de la tâche, les deux cousins se partagèrent le travail : Louis évangélisera, avec la colline d'Allinges, les paroisses qui l'avoisinent... François concentrera ses efforts sur Thonon, centre de l'erreur. [26]
Resté seul, il décida de prêcher presque tous les jours de la semaine, développant les vérités rejetées par les hérétiques, telles que l'origine divine de l'Église catholique, la réalité de l'Eucharistie et de la Messe. Peu à peu son auditoire s'accrut pour atteindre une douzaine, tous anciens catholiques devenus calvinistes par la force des choses.
La réaction des autorités réformées ne se fit pas attendre. Les principaux de Thonon [les chefs calvinistes] ayant assemblé leur conseil, se sont jurés que ni eux ni le peuple n'assisteraient jamais aux prédications catholiques... Loin de se décourager, François proposa de "rétablir la célébration du Saint Sacrifice [la Messe] le plus tôt qu'il pourra, afin que l'homme ennemi voie que, par ses artifices, il nous donne du courage au lieu de nous l'enlever." [27]
La besogne est rude, "les gens ont peur, le prêtre papiste est à l'index, et l'oeil de Genève surveille tout." [28]
Le 8 janvier 1595, François fut attaqué par un homme qui s'"est promis de le tuer et de porter sa tête à Genève"; miraculeusement, le mousquet de l'assassin fit long feu et l'homme s'enfuit.
Une autre atteinte se produisit un soir de février 1595. Accompagné de trois autres personnes, François remontait paisiblement vers la forteresse des Allinges lorsque deux hommes surgirent d'un buisson, et s'avancèrent vers lui, l'épée à la main. Sans perdre son sang-froid, le pieux missionnaire alla à eux et leur parla. Stupéfaits, les assaillants lui dirent qu'on les avait payés pour le tuer..., puis ils s'enfuirent. [29]
En juin 1595, l'abjuration de Poncet fit enrager les calvinistes, qui, selon Favre, étaient allés jusqu'à prétendre que "le prêtre papiste était un magicien qui veillait la nuit pour pratiquer des sortilèges sur la personne du converti". Les choses s'envenimèrent très vite, au point qu'un huguenot affirma par serment public avoir vu François au sabbat, dont il portait la marque, et dans les assemblées nocturnes des sorciers. Ce bruit courut tellement qu'on ne parlait que de tuer et de brûler les papistes... [30]
Dans le même temps, François inaugure une série de prédications sur l'Eucharistie, s'attaquant de front aux thèses des protestants (Luther rejetait la Transsubstantiation, n'admettant qu'une consubstantiation; Zwingli n'admettait qu'une présence figurative, et Calvin niait toute présence du Christ dans l'hostie).
En décembre 1595, le petit troupeau dépasse largement la centaine ! Mgr Trochu écrit : "Il y avait maintenant [à la fin 1595], dans la partie protestante de Chablais, environ 300 catholiques, dont 200 avaient été gagnés, un par un, en l'espace de quinze mois".[31]
"Le Chablais comptait 15 catholiques à Thonon en 1594. Ils sont plus de 25 000 en 1600." [32]
Cette situation déplaisait fort aux syndics [conseillers municipaux] de Thonon. Constatant que les tentatives de harassement du missionnaire (jets de pierre, insultes, accusations de sorcellerie...) avaient échoué, ils décidèrent de se tourner vers le pasteur calviniste Viret, en lui demandant de convaincre François d'erreurs doctrinales au cours d'une dispute publique. Viret occupait le poste de ministre à Thonon depuis plus de sept ans, "pour les gens du peuple, il était réputé grand savant, et il se drapait habilement dans cette légende".... Viret battit le rappel des ministres du Chablais et du pays de Vaud, les appelant à son aide. Ils tombèrent d'accord pour proposer à François une conférence publique pensant que se sentant seul contre tous, il refuserait le combat. François accepta la rencontre. Cette réunion eut lieu en présence d'Antoine de Saint-Michel, seigneur d'Avully, président du consistoire de Thonon, mais les pasteurs ne parvinrent pas à une entente. Il y eut "autant d'opinions que de têtes" [33]
Au jour et au lieu fixés, il y eut une foule... toute la ville de Thonon s'assembla. La foule attendit, puis commença à s'agiter; François, paisible, souriant, attendit aussi... Tout à coup, un homme, un seul, apparut : c'était Viret qui, confus, tint au peuple le discours suivant : "Mes collègues de Chablais et de Vaud, tout comme moi, étaient véritablement prêts à la dispute, mais après avoir mûrement considéré [réfléchi], ils ne jugent pas à propos de commencer une chose de si grandes importance sans le consentement et expresse permission de Son Altesse [le duc de Savoie], de peur que cette entreprise n'apporte plutôt du dommage que du profit, autant à un parti qu'à l'autre". Ébahie par cette dérobade, la foule hua le malheureux pasteur, pendant que François et plusieurs de ses amis riaient à gorge déployée ! Puis, le missionnaire restant seul maître du terrain, "prit en témoin tous les assistants qu'il ne tenait pas à lui que la dispute ne se fît".
Conséquence directe de la dérobade de Viret ? ....Un évènement de la plus haute importance se produisit le 19 février 1596. Ce jour-là, en l'église de Thonon, Antoine de Saint-Michel, seigneur d'Avully, issu d'une vieille famille genevoise, président du Consistoire réformé, "un des plus savants et opiniâtres calvinistes de la province", confesse publiquement la foi catholique ! Il abjura le 26 août à Turin, en présence du nonce. Mis au courant, le pape Clément VIII lui adressa le 20 septembre un bref personnel de félicitations. [34]
En décembre 1596, François prit l'audacieuse décision de célébrer les trois messes de Noël dans l'église saint Hippolyte de Thonon, qui était devenue un temple protestant, et où François n'avait obtenu que le droit de prêcher. "Sonner la messe à Saint-Hippolyte après soixante ans de silence ! François savait que ce serait frapper un grand coup. La messe, symbole du papisme, la messe que Luther et Calvin ont rejetée, la messe dans leur temple, ce serait pour les protestants [de Thonon] le suprême scandale. Les syndics, en effet, se récrièrent; des bagarres éclatèrent, mais François tint bon... et mit lui-même "la main à la pâte" pour "parer l'église le mieux qui lui fût possible d'images, de tapis, de cierges, et de lampes". Les Visitandines ajoutent qu'"il fut trois jours et trois nuits sans dormir et presque sans manger". Et c'est ainsi, qu'au coeur de la Thonon protestante, François de Sales "à la minuit de la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, célébra le très saint sacrifice de la messe." [35] En janvier 1597, François reçut du duc de Savoie, Charles-Emmanuel,l'autorisation de dire les messes en public, et rétablit par conséquent la messe à Thonon.
Le 9 avril 1597, le successeur de Calvin à Genève (1564), le protestant Théodore de Bèze accepta de rencontrer saint François de Sales, qui s'était réfugié à Annecy. Lors de son entrevue avec lui, François lui posa trois questions :
La première question
Après les amabilités d’usage, François, avec un sens aigu de l’essentiel, pose une question très courte
Monsieur, peut-on faire son salut en l’Église romaine ?
Bèze voit tout de suite la difficulté : si l’Église catholique assure le salut de ses fidèles, pourquoi s’en séparer ? Il suffisait de l’améliorer par le dedans, comme avaient déjà fait tous les saints réformateurs depuis des siècles (saint Grégoire VII, saint François d’Assise, saint Dominique, sainte Catherine de Sienne, etc.) et comme avait aussi fait le concile de Trente. Mais si le salut est impossible dans l’Église romaine, quelle autre société religieuse a donc donné le Christ aux hommes et assuré leur salut, avant le protestantisme ? Théodore de Bèze demande à se retirer pour réfléchir. Après une longue réflexion, il revient pour répondre : "Vous m’avez demandé si l’on pouvait faire son salut dans l’Église romaine. Certes je vous réponds affirmativement ; il est ainsi sans doute, et on ne peut nier avec vérité qu’elle ne soit la Mère-Église." [36]
Les pasteurs calvinistes Rotan et Morlas avaient été obligés de faire la même réponse au roi Henri IV, qui leur avait posé la même question, quatre ans plus tôt.
Deuxième question
Nouvelle question de François de Sales :
Puisqu’il en est ainsi et que le salut éternel est en l’Église romaine, pourquoi avez-vous planté cette prétendue Réforme, prenons l’exemple en France, avec tant de guerres, de saccagements, de ruines, d’embrasements, de séditions, de rapines, de meurtres, de destructions de temples et autres maux, qui sont innombrables ?
Réponse de Théodore de Bèze, après un long silence : "Je ne veux point nier que vous ne fassiez votre salut en votre religion. Mais il y a ce malheur que vous embrouillez les âmes de trop de cérémonies et difficultés ; car vous dites que les bonnes œuvres sont nécessaires au salut, qui toutefois ne sont que de bienséance. D’où arrivent plusieurs maux : les peuples, croyant à cette nécessité des bonnes œuvres par vos prédications et ne le faisant pas, ils se damnent misérablement parce qu’ils contreviennent à leur conscience. C’est pourquoi, afin de remédier à ces maux, nous avons tâché d’établir notre religion, en laquelle le chemin du ciel est rendu facile aux fidèles, ayant jeté ce fondement que la foi sauve sans les œuvres, que les bonnes œuvres ne sont point de la nécessité du salut, mais seulement, comme je vous ai déjà dit, de bienséance."
Conclusion et troisième question
François réplique alors :
Vous ne prenez pas garde qu’en rejetant les bonnes œuvres, vous tombez en des labyrinthes desquels vous aurez peine de sortir ! Pouvez-vous ignorer la raison pour laquelle Notre-Seigneur Jésus-Christ, en l’évangile de saint Matthieu, enseignant à ses Apôtres ce qu’il voulait qu’ils crussent du dernier Jugement, ne fait point de mention des péchés commis, mais dit tant seulement qu’il condamnera les mauvais parce qu’ils n’auront pas fait les bonnes œuvres. Voici ces paroles : « Allez, maudits, au feu éternel, qui est préparé au diable et à ses anges ; car j’ai eu faim, et vous ne m’avez point donné à manger… » Et le reste. (Mt 25:42-43)
Voyez-vous que pour avoir manqué aux bonnes œuvres s’ensuit la damnation éternelle. Si elles n’étaient que de bienséance, comme vous dites, pensez-vous que ceux qui ne les auraient pas faites fussent punis d’une peine si rigoureuse ?
Quant à moi j’attends votre solution à cette difficulté, ou bien que vous soyez d’un même sentiment avec moi.
Théodore de Bèze ne put rien répondre. [37]
Bèze se tut pendant un moment, puis "il se laissa aller à proférer des paroles indignes d'un philosophe" (on ignore ce que furent ces paroles indignes), précise Aimé Richardt. [38]
Intolérant, ce protestant fit une honteuse apologie du supplice de Michel Servet (un hérétique qui après avoir écrit en 1531 un livre "Des erreurs dans la doctrine de la Trinité", où il niait la consubstantialité du Fils au Père, fut condamné à être brûlé vif avec son livre, au lieu de Champel, le 27 octobre 1553). Or, dans un traité écrit à l'occasion du supplice de Servet, un certain Martin Bellius, avait en effet prôné la tolérance envers les hérétiques. Contre ce livre qu'il appelait un 'blasphème', Bèze écrivit une réfutation qu'il intitula Anti-Bellius. Il commença par réclamer du duc de Wurtemberg, auquel était dédié la dissertation de Bellius, une punition exemplaire de l'auteur. Puis il fit la théorie de l'extermination de tous les hérétiques : '... vaut mieux avoir un tyran, voire bien cruel, que d'avoir une licence telle que chacun fasse à sa fantaisie.'" [39] L'étonnant est qu'aussi bien Farel, qui conduisit Servet au bûcher, que Calvin avaient été eux-mêmes accusés de la même erreur une vingtaine d'années auparavant... En 1903, sur le Champel sera érigé un "monument expiatoire" au lieu même où fut brûlé Servet, avec l'inscription : "Fils respectueux et reconnaissants de Calvin... mais condamnant une erreur qui fut celle de son siècle... nous avons élevé ce monument expiatoire."[40] Ce qui veut dire que Servet fut brûlé "par erreur".
Relatant son entrevue avec Théodore de Bèze au pape Clément VIII, François lui écrivit : " Enfin [à la fin de notre entretien] je me retirai après avoir tenté tous les moyens de lui arracher l'aveu de sa pensée... alors je compris que je venais d'aborder un coeur de pierre, jusqu'ici inébranlable... je veux dire un coeur vieilli dans le mal." [41]
Devançant le rigorisme janséniste qui n'était pas encore paru, François de Sales conseilla une religieuse, la mère abbesse Angélique, qu'il rencontra le 5 avril 1619 et avec laquelle il entretint une correspondance nourrie. Il s'efforça souvent de tempérer les ardeurs de celle-ci, écrivant par exemple : "Manger peu, travailler beaucoup, avoir beaucoup de tracas d'esprit et refuser le dormir au corps, c'est vouloir tirer beaucoup de service d'un cheval qui est efflanqué, et sans le faire repaître... Ne vous chargez pas trop de veille et d'austérité..." Ou bien encore : "L'humilité, la simplicité de coeur... et la soumission d'esprit sont les solides fondements de la vie religieuse..., j'aimerais mieux que les cloîtres fussent remplis de tous les vices que du péché d'orgueil et de vanité..." Hélas, s'écrie l'abbé Fuzet, à la douce et riante figure de François de Sales... va succéder le sombre Saint-Cyran(ami de Jansénius, "d'extérieur humble et de coeur orgueilleux", écrit Aimé Richardt, il défendit le jansénisme), qui imposera à Angélique "une direction de crainte et de tremblement, une théologie de terreur, et un mysticisme obscur et exubérant". [42]
Le Saint patron des journalistes et des écrivains
On a dit, écrit Mgr Trochu, "si saint Paul revenait de nos jours, il se ferait journaliste. Or, c'est François de Sales qui, le premier en date, va le devenir. Il inaugure l'apostolat par la presse."
Il semble que cette vocation lui a été inspirée par Charles de Charmoisy [43] qui lui aurait conseillé de rédiger des articles destinés à remplacer les sermons, puis de les faire distribuer dans les foyers hérétiques. Ainsi, au lieu de prêcher pour une poignée de catholiques, il toucherait des centaines, voire des milliers de lecteurs. Convaincu, François se mit à la tâche: le 25 janvier 1595 parut une Épître à Messieurs de Thonon. Il réunira ces écrits dans un voulume qui sera publié sous le titre Controverses. Il fit imprimer ses écrits, comme le décrivent les Visitandines (Année sainte, manuscrit, p. 7) : "Chaque semaine, ce bon pasteur [François] envoya à Chambéry pour imprimer une nouvelle feuille qu'il faisait distribuer ensuite dans les maisons de Thonon et dans celles de la compagnie". Son ami, le sénateur Favre, s'occupait de la correction et de l'édition, ainsi que de l'expédition de ces feuilles volantes. Ces périodiques sont considérés aujourd'hui comme les premiers journaux catholiques au monde.
Parmi ces Controverses, on trouve cette mise en garde aux Réformés : "Premièrement, Messieurs, vos devanciers et vous aussi, avez fait une faute inexcusable quand vous prêtates l'oreille à ceux qui s'étaient séparés de l'Église." (tels Luther, Zwingli, Calvin...)
"Vous dites que le peuple dévôt vous a appelés, mais quel peuple ? Car ou il était catholique, ou il ne l'était pas : s'il était catholique, comment vous eût-il appelés et envoyés prêcher ce qu'il ne croyait pas ?.... Quand Luther commença, qui l'appela ? Il n'y avait encore point de peuple qui pensait aux opinions qu'il a soutenues...."
Il s'en prend ensuite à ces pasteurs qui prétendent que chacun peut lire et interpréter les Écritures. "Mais ne serait-ce pas tout brouiller de permettre à chacun de dire ce que bon lui semblerait ? Il se faut ranger à l'Écriture, en laquelle on ne retrouvera jamais que les peuples aient pouvoir de se donner des pasteurs et prédicateurs." [44]
Le résultat est là. Et quand en 1598, l'évêque vient examiner la tâche accomplie, il constate que la quasi-totalité des Chablaisiens ont réintégré la bergerie catholique. François a alors trente-deux ans. Sa mission du Chablais l'a rendu célèbre. [45]
Le 8 décembre 1602, François de Sales est ordonné évêque de Genève à Thorens par Mgr Vespasien Gribaldi, archevêque émérite de Vienne, et métropolitain de Genève. Nouvel évêque, il décide d'instituer le catéchisme afin de diffuser, de faire connaître et comprendre la foi catholique aux croyants de son diocèse. Ses fidèles l’appellent "l'aimable Christ de Genève". [46] Dans la petite ville qu'est alors Annecy - puisque Genève est aux mains de Théodore de Bèze -, il vit modestement, à la façon d'un moine plus que d'un dignitaire.
En 1603, François recommandait : "Dieu seul soit votre repos et consolation!" (Lettre à Mademoiselle de Soulfour, 16 janvier 1603: Œuvres complètes, XII, p. 163, cité inLettre du pape Jean-Paul II, pour les 400 ans de l’ordination épiscopale de saint François de Sales, 23 novembre 2002).
En 1606, dans la querelle sur la prédestination "entre le molinisme (jésuites qui attaquaient la prédestination comme entachée de protestantisme), qui semble faire la part trop grande à l'homme, et le thomisme (dominicains qui ripostèrent en attaquant les jésuites de pélagianisme), qui centre tout sur Dieu, ... il suffisait, comme le dira Bossuet, 'de tenir les deux bouts de la chaîne", ce qu'avait conseillé de faire saint François de Sales[47], qui "fut consulté par Rome (vers la fin de 1606). Hélas, sa réponse est perdue. Charles-Auguste de Sales nous en donne une idée en écrivant : 'Il répondit son sentiment de la même façon qu'il l'a traité en son livre Traité de l'Amour de Dieu (L III, chap. V) :
Dieu a voulu premièrement, d'une vraie volonté, qu'encore après le péché d'Adam, tous les hommes fussent sauvés; mais en une façon et par des moyens convenables à la condition de leur nature douée du libre arbitre [liberté]; c'est-à-dire, il voulut le salut de tous ceux qui voudraient contribuer par leur consentement aux grâces et faveurs qu'il leur préparait, offrirait et départirait à cette intention. Or, entre ces faveurs, il voulut que la vocation [l'appel à la foi et à la vie chrétienne] fût la première et qu'elle fût tellement [assortie] à notre liberté que nous la puissions accepter ou rejeter à notre gré. [48]
C'est au cours de l'année 1608 que l'évêque de Genève, François de Sales, âgé de 41 ans et prêtre depuis 15 ans,écrivit son œuvre la plus connue,l'Introduction à la vie dévote. Pour François de Sales et ses contemporains, la dévotion désignait, grosso modo, ce que nous appelons aujourd'hui lavie spirituelle, considérée dans sa réalisation la plus authentique, et la plus fervente.
Saint Thomas d'Aquin définit la dévotion comme "un acte de la vertu de religion, dont le propre est de relier l'homme à Dieu."
Sa doctrine spirituelle est simple : 1. viser à plaire à Dieu et non aux hommes. - 2. Rien par contrainte, tout par amour. - 3. Ne rien demander, ne rien refuser. - 4. Aller de l'intérieur à l'extérieur. - 5. Aller "tout bellement". 6. Avec douce diligence. 7. Ne penser qu'à aujourd'hui. 8. Recommencer chaque jour. 9. Profiter de toutes les occasions. - 10. Se guérir de ses imperfections. - 11. Vivre paisiblement. 12. Vivre joyeux. 13. Vivre en esprit de liberté.
Les éditions du Cerf ont publié en 2019 une très utile "Introduction à la vie dévote, mise en français contemporain", Collection Spiritualité LeXio. On trouvera le texte original de l'Introduction à la vie dévotedans Saint François de Sales, Oeuvres, Paris, Galimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1969, avec l'orthographe modernisée.
Le langage et le style utilisés étaient très simples pour l'époque, sans citations latines ni grecques, permettant une lecture beaucoup plus large que les traités spirituels qui existaient alors.L'ouvrage était destiné à des laïcs ne se destinant pas à la vie religieuse, et avait pour principal but de montrer qu'il était possible de mener une vie sainte tout en vivant dans le monde. Les vies des saints, et particulièrement de ceux qui ont vécu dans le monde, sont souvent prises comme exemple. Ce livre eut très vite un énorme succès : il fut réimprimé plus de quarante fois du vivant de François de Sales ; le roi de France Henri IV lui-même le lut et la reine Marie de Médicis en offrit un exemplaire "orné de diamants", au roi d'Angleterre.
Comment expliquer l'énorme succès que connut l'Introduction à la Vie dévôte(plusieurs centaines d'éditions) ?
"[L]'austérité de tels textes tels que leCombat spirituelou l'Imitation de Jésus-Christ, [...] réservaient 'l'amour de Dieu à une élite contemplative' (André Ravier). Tout autre était cetteIntroduction à la Vie dévoteque Vaugelas appellera 'le livre nécessaire', le livre en qui les gens qui vivent en la presse du monde reconnaîtrontleurlivre, parce qu'il a 'rendu la dévotion sociable'."[49]
Il ose dire qu'on peut être chrétien sans être austère ni faire des oraisons prolongées, qu'on peut atteindre la perfection sans être du clergé mais en pratiquant son devoir d'état et en acceptant sa condition de vie qu'on soit "soldat, artisan, prince ou simplement marié'. Il répond à l'inquiétude qui habite tout chrétien de son temps : "Que notre âme soit en clarté, en ténèbres, en goût, en dégoût, il faut pourtant qu'à jamais la pointe de notre coeur qui est notre boussole, tende à l'amour de Dieu".[50]Le jeune Louis XIII se nourrira de la spiritualité de la Vie dévote de François de Sales qu'il se fera lire.[51]
Lorsque en 1607, François exposa ainsi la situation de son diocèse au pape Clément VIII, il écrivit : "Il y a douze ans, dans soixante-quatre paroisses voisines de Genève[les paroisses du Chablais]et pour ainsi parler, sous ses murs, l'hérésie occupait les chaires [les églises], elle avait tout envahi; à la religion catholique, il ne restait [rien]. Or, aujourd'hui, dans la même région, l'Église étend de toutes parts ses rameaux, avec des poussées si vigoureuses que l'hérésie n'y a plus de place. Jadis on avait peine à convoquer cent catholiques entre toutes les paroisses réunies : aujourd'hui on n'y verrait pas cent hérétiques....'"[52]
"Il convertit, dit-on, plus de soixante-douze mille hérétiques, dont un assez grand nombre appartenaient aux classes élevées."[53]
"Ravissements, visions, lectures des âmes, parfums mystérieux, le saint vit des phénomènes incroyables. ses pénitents qui viennent à lui, il affirme voir 'clairement dans leur coeur comme au travers d'un cristal.' Il obtient la guérison deJeanne de Chantalpar la prière adressée àsaint Charles Borromée (+1584) qu'il aime tant."[54]
Le dimanche 6 juin 1610, François de Sales fonde à Annecy avec Ste Jeanne de Chantal l’Ordre de la Visitation de Sainte-Marie, ordre monastique féminin de droit pontifical, initialement établi dans une modeste "maison de la Galerie". La cave de cet immeuble, conservée, a été aménagée en oratoire et de nombreux pèlerins viennent aujourd'hui encore visiter le berceau de cet ordre, dont les membres sont couramment appelées les "visitandines". En souvenir du jour où la Vierge Marie, enceinte du Christ s'en alla aider sa cousine Élisabeth âgée et enceinte de Jean-Baptiste, les religieuses auraient pour tâche principale de visiter les malades et les pauvres et de les réconforter.
En 1616, François publie le "Traité de l'Amour de Dieu".Son idée était d'écrire un livre sur la manière d'aimer Dieu dans l'observation des Dix commandements, en révélant aux âmes, "clairement et simplement les beaux secrets de l'amour de Dieu".[55] Cette publication sera suivie de l'édition post-mortem de ses Entretiens spirituels, en 1629.
L'aube de l'amour
Ô Jésus ! Que c'est un plaisir délicieux de voir l'amour céleste, qui est le soleil des vertus, quand petit à petit, par des progrès qui insensiblement se rendent sensibles, il va déployant sa clarté sur une âme, et ne cesse point qu'il ne l'ait toute couverte de la splendeur de sa présence, lui donnant enfin la parfaite beauté de son jour ! Ô que cette aube est gaie, belle, aimable et agréable ! Mais pourtant il est vrai que, ou l'aube n'est pas jour, ou si elle est jour, c'est plutôt l'enfance du jour que le jour même. Et de même, sans doute, ces mouvements d'amour, qui précèdent l'acte de la foi, requis à notre justification, ou ils ne sont pas amour à proprement parler, ou ils sont un amour commençant et imparfait, ce sont les premiers bourgeons verdoyants, que l'âme
aint François de Sales, Traité de l'Amour de Dieu, II, 13
Le démon vaincu par le missionnaire du Chablais
"[S]i nous en croyons les biographes, il (S. François) délivra plus de quatre cents démoniaques du pouvoir de Satan. (Abbé Édouard, Un nouveau docteur de l'Église, saint François de Sales, Paris, Éd. Jules Vic, 1878, p. 43.) [56]
"Dans son Traité de l'Amour de Dieu, François rapporte le terrible aveu que fit le démon : 'Je suis ce malheureux privé d'amour.'
"[...] 'Seul le diable est incapable d'amour!', écrit S. François (Traité de l'Amour de Dieu, VI, 14). [...] N'avez-vous pas remarqué l'air triste et patibulaire qu'affichent ceux qui s'adonnent à la violence et à la haine ?
"[...] Saint François nous a fait remarquer [...] que les démons sont pris d'effroi au contact du crucifix et à l'énonciation du nom de Jésus. [...] La croix est l'instrument de notre rédemption, l'emblème de la victoire du Christ, le don de la vraie vie; en fait, elle est tout ce que les démons ne pourront jamais aimer et posséder." [57]
"À certaines mauvaises langues qui accusaient le saint évêque d'accomplir des miracles avec ostentation, il donna cette réponse : "Ces bonnes gens n'ont-ils pas pris garde que la femme a dit son Pater et que Dieu l'a exaucée, la délivrant d'un si grand mal, afin qu'elle ne fût plus induite en tentation par le démon qui la possédait ? Si nous avions soin de le dire (le Notre Père) selon l'esprit et l'intention de Jésus-Christ, nous y trouverions le remède de tous nos maux. Et même, ajouta-t-il en souriant [pour répondre à ses détracteurs], je trouve le remède à ces attaques, en disant : 'Seigneur, pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.'"
"[...] Le Notre Père est une vraie prière d'exorcisme: ce sont les paroles mêmes de Jésus, paroles de libération, de l'unique Libérateur et Sauveur du monde. Il ne suffit pas de la réciter machinalement; mais il faut croire de toutes ses forces en la puissance libératrice de la prière de Jésus !
"[...] Souvent, un Pater prié avec foi se révèle bien plus efficace que de nombreuses et longues prières de délivrance !" [58]
Terrassé par un attaque d'apoplexie, Saint François de Sales mourut à Lyon le 28 décembre 1622, le jour des saints Innocents. Avant sa mort, il eut la joie de voir douze monastère de la Visitation se crééer et prospérer : Lyon, en 1615; Moulins, en 1616; Grenoble et Bourges, en 1618; Paris, en 1619; Montferrand, Nevers et Orléans, en 1620; Dijon, Bellay et Saint-Étienne en 1622. [59]
Alité, malade, quelques heures avant sa mort, saint François de Sales reçut la visite du vicaire général de Lyon, Ménard, qui l'interrogea alors : "Eh ! Monseigneur, que pensez-vous de la foi catholique ? Ne seriez-vous point huguenot ?... Oh ! Oh ! répondit François, Dieu m'en garde !" Puis, un religieux lui demanda : "Eh ! quoi, Monseigneur, vous voulez donc laisser vos filles de la Visitation orphelines ?" François lui répondit : "Celui qui a commencé, parfera, parfera, parfera [y pourvoiera]. [60] Alors qu'on le portait sur son lit, Mgr de Sales dit : Il se fait fait tard et le jour baisse... Jésus Maria !" Son agonie dura deux heures, sans qu'il prononce d'autres paroles et il rendit l'âme sur les huit heures du soir. Il était âgé de cinquante-cinq ans, quatre mois et sept jours, et était évêque-prince de Genève depuis vingt ans et vingt jours."
Le 24 janvier 1623, ses restes ont été transportés à Annecy et portés à la vénération des fidèles dans la basilique de la Visitation où l'on signale des guérisons miraculeuses; par la suite, le docteur de l'Église fut enterré dans l'édifice sacré qui porte son nom dans le centre-ville. Son coeur est toujours incorrompu, il est vénéré à Trévise dans le Monastère de la Visitation. [61]
"Selon de très nombreux témoignages il semble que saint François de Sales ait accompli plus de miracles après sa mort que durant sa vie terrestre. On a relevé, en effet, une telle profusion de miracles survenus devant son tombeau, qu'il n'a jamais été possible de tous les connaître ni de les comptabiliser !" [62]
Un premier miracle
Le vendredi 28 avril 1623, une fillette de huit ans (Françoise-Angélique de la Pesse) qui tentait de cueillir des fleurs sur une rive du Thieu (affluent du Lac d'Annecy), glissa et tomba dans l'eau, le courant l'emporta. Un certain Jean-Louis Daurillac, après plusieurs plongées, finit par remonter le petit corps et le déposa sur la rive. Un seul cri s'éleva alors des spectateurs atterrés : "Elle est morte ! ". Seule la mère invoqua François de Sales : Sa fille ! ... Il lui rendra sa fille !... Étant resté près de trois heures dans le fond de la rivière, le pauvre petit corps est froid. Un docteur (le docteur Grandis) l'examine et déclare que la fillette est morte. Il la recouvre d'un drap. Or, alors que des amies de la mère éplorée soulèvent ce drap pour dire un dernier adieu à Françoise-Angélique, l'enfant ouvre les yeux et joint les mains. "J'ai bien dormi", dit-elle. Miracle ! Miracle ! , s'écrient les dames; à ces cris, Mme de la Pesse accourt, enlace sa fille en éclatant en sanglots, alors que l'enfant s'étonne "que dans la maison on rie et pleure à la fois". Bientôt, a écrit la mère de Chaugy, les miracles que le Tout-Puissant opérait par l'intercession de son serviteur furent "si fréquents qu'on avait peine d'en tenir le compte". [63]
François disait :
Je fais le signe puissant de la croix. Par ce signe puissant j'enchaîne le démon, je disperse toute terreur.
Le procès en béatification de François de Sales est ouvert par le Saint-Siège dès 1626. Il est déclaré bienheureux en 1661, saint en 1665, et est fêté le 24 janvier.
Il est élevé à la dignité de Docteur de l'Église par le pape Pie IX, en 1877.
À l'occasion du 400e anniversaire de la naissance de S. François de Sales, dans sa lettre Sabaudiae Gemma, Paul VI affirma que S. François de Sales fut "l'une des plus grandes figures de l'Église et de l'Histoire", "le protecteur des journalistes et des publicistes parce qu'il rédigea lui-même une première publication périodique. Nous pouvons qualifier d''œcuménique' ce saint qui écrivit les controverses afin de raisonner clairement et aimablement avec les calvinistes de son temps. Il fut un maître de spiritualité qui enseigna la perfection chrétienne pour tous les états de vie. Il fut sous ces aspects un précurseur du IIe concile œcuménique du Vatican. Ses grands idéaux sont toujours d'actualité." (Lettre apostolique Sabaudiae Gemma, 29 janvier 1967).
À l’occasion des 400 ans de l’ordination épiscopale de saint François de Sales, Jean-Paul II rappela que "celui que le roi Henri IV appelait de manière élogieuse 'le phénix des Évêques', parce que, disait-il, 'c’est un oiseau rare sur la terre', après avoir renoncé aux fastes de Paris et aux propositions du roi de lui donner un siège épiscopal de renom, devint le pasteur et l’évangélisateur inlassable de sa terre savoyarde, qu’il aimait par-dessus tout, car, avouait-il, 'je suis Savoyard de toutes façons, de naissance et d’obligation'.
Docteur de l’amour divin, François de Sales n’eut de cesse que les fidèles accueillent l’amour de Dieu, pour en vivre en plénitude, tournant leur cœur vers Dieu et s’unissant à Lui (cf. Traité de l’amour de Dieu: Œuvres complètes, IV, p. 40 ss). C’est ainsi que, sous sa conduite, de nombreux chrétiens marchèrent dans la voie de la sainteté; il leur montra que tous sont appelés à vivre une intense vie spirituelle, quelles que soient leur situation et leur profession, car "l’Église est un jardin diapré de fleurs infinies, il y en faut donc de diverses grandeurs, de diverses couleurs, de diverses odeurs, et, en somme, de différentes perfections. Que toutes ont leur prix, leur grâce et leur émail, et toutes, en l’assemblage de leurs variétés, font une très agréable perfection de beauté" (Traité de l’amour de Dieu: Œuvres complètes, IV, p. 111).
La perfection consiste à être conforme au Fils de Dieu, en se laissant conduire par l’Esprit Saint, dans une parfaite obéissance (cf. Traité de l’amour de Dieu: Œuvres complètes, XI, 15, V, pp. 291 ss): "Le parfait abandon entre les mains du Père céleste et la parfaite indifférence en ce qui regarde la divine volonté sont la quintessence de la vie spirituelle […]. Tout le retard dans notre perfection provient seulement du manque d’abandon, et il est sûrement vrai qu’il convient de commencer, de continuer et d’achever la vie spirituelle à partir de là, à l’imitation du Sauveur qui a réalisé cela avec une extraordinaire perfection, au début, durant et à la fin de sa vie" (Sermon pour le Vendredi Saint, 1622: Œuvres complètes, X, p. 389)."
Dans cette lettre, Jean-Paul II invitait "les pasteurs et les fidèles à se laisser enseigner par son exemple et par ses écrits, qui demeurent d'une grande actualité". (Zenit.org)
Vierge à l'Enfant avec saint François de Sales, Carlo Maratta, 1691, Forli, Pinacoteca Civica, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 57.
Citons quelques paroles de François lui-même :
"Soyez, disait-il, le plus doux que vous pourrez, et souvenez-vous que l'on prend plus de mouches avec une cuillerée de miel qu'avec cent barils de vinaigre. S'il faut donner en quelque excès, que ce soit du côté de la douceur."
"Je le veux tant aimer, ce cher prochain, je le veux tant aimer ! Il a plu à Dieu de faire ainsi mon cœur ! Oh ! Quand est-ce que nous serons tout détrempés en douceur et en charité !"
"Ayons toujours les yeux sur Jésus crucifié ; marchons à son service avec confiance, simplicité et sagesse. Il sera le protecteur de notre réputation, et s'il permet qu'elle nous soit enlevée, ce sera pour que nous jouissions de sa sainte humilité."
"Comme le dit le Docteur angélique, le meilleur moyen pour aimer Dieu, c'est de connaître ses bienfaits. (...) Si nous nous rappelons ce que nous avons fait lorsque Dieu n'était pas avec nous, nous devrons bien reconnaître que ce que nous faisons quand il est avec nous ne vient pas de nous."
"Ne cherchez pas à vouloir opposer la vertu contraire à la tentation que vous éprouvez, car ce serait encore discuter avec elle. Dirigez plutôt votre coeur vers Jésus-Christ, et dans un élan d'amour embrassez ses pieds sacrés. C'est le meilleur moyen de vaincre l'ennemi, aussi bien dans les grandes que dans les petites tentations."
"L'un des meilleurs usages que nous puissions faire de la douceur, c'est de l'appliquer à nous-mêmes, en ne nous étonnant jamais de nos imperfections. (....) Il faut pourtant nous garder de toute aigreur, de tout dépit, de toute colère. Il en est beaucoup qui pour s'être trop énervés, s'énervent encore d'avoir été énervés, ont du dépit d'en avoir eu, sont en colère de l'avoir été. Par là ils tiennent leurs coeurs dans un mécontentement permanent. (...) Ainsi lorsque notre coeur aura commis quelque faute, reprenons-le avec douceur et patience, avec plus de compassion que de passion, en l'encourageant à se réformer. Le repentir qu'il en concevra sera bien plus profond."
"Il nous faut garder une continuelle et inaltérable égalité de coeur."
"Pour recevoir la grâce de Dieu en nos coeurs, il faut qu'ils soient vides de notre propre gloire. (...) Ainsi l'humilité repousse Satan. Elle nous fait garder les grâces et les dons du Saint-Esprit. C'est la raison pour laquelle Notre-Seigneur, Sa Mère et tous les saints, entre toutes les vertus morales, ont aimé et honoré l'humilité plus que toutes les autres."
"Ne vous permettez jamais de vous mettre en colère ; n'ouvrez jamais la porte de votre cœur à cette passion sous quelque prétexte que ce soit."
"On fait toujours assez vite ce qu'on fait bien. Les bourdons font toujours plus de bruit et sont plus pressés que les abeilles, mais ils ne font que de la cire et pas de miel ; de même ceux qui se pressent avec une inquiétude ardente et une sollicitude bruyante, ne font jamais ni beaucoup ni bien."
PRATIQUE. Soyez doux : un zèle amer ne produit que du mal.
Soyez en paix.
N’attendez pas avec peur les changements de la vie ;
regardez-les plutôt avec l'espoir qu'à mesure qu'ils se présenteront,
Dieu, à qui vous appartenez, vous guidera en toute sécurité à travers toutes choses ; et quand vous ne pourrez pas le supporter, Dieu vous portera dans ses bras.
Ne craignez pas ce qui peut arriver demain ; le même Père compréhensif qui prend soin de vous aujourd’hui prendra soin de vous alors et chaque jour.
Soit il vous protégera de la souffrance, soit il vous donnera une force sans faille pour la supporter. Soyez en paix et mettez de côté toutes pensées et imaginations anxieuses.
St François De Sales
Sources :
(1) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. 29 ; (2) L'Evangile au quotidien ; (3) Jean-Christian PETITFILS, Louis XIII, Perrin, Lonrai 2008, p. 264 ; (4) Wikipedia ; (5) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, François-Xavier de Guibert, Paris 2013, p. 18-21 ; (6) Aimé RICHARDT, Calvin, François-Xavier de Guibert, Clamecy 2009, p. 76-78 ; (7) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 15 et 21 ; (8) RUCHAT, t. VI, p. 334 ; (9) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 76 ; (10) Jean SÉVILLIA, Historiquement correct, Pour en finir avec le passé unique, Perrin, Saint-Amand-Montrond 2003, p. 104 ; (11) Bartolomé BENNASSAR, Jean JACQUART, Le XVIe siècle, Armand Colin Poche, Paris 2013, p. 154-158 ; (12) Pierre GAXOTTE, de l'Académie française, Histoire des Français, Flammarion, Saint-Amand, 1972, p. 374; 377 ; (13) Aimé RICHARDT, Calvin, ibid., p. 91 ; (14) Dimitri MEREJKOVSKI, Calvin, Traduit du russe par Constantin Andronikoff, Nrf, Gallimard, Paris 1942, p. 19; 91-92; 113; 117- 118; 124-125 ; (15) Aimé RICHARDT, Calvin, ibid., p. 8; 223-234 ; (16) Yves-Marie ADELINE, Histoire mondial edes idées politiques, Ellipses, Paris 2007, p. 254 ; (17) Aimé RICHARDT, Calvin, ibid., p. 102-103 ; (18) Jean DUMONT, L'Église au risque de l'histoire, préface de Pierre CHAUNU de l'Institut, Éditions de Paris, 2002, p. 579 ; (19) Dimitri MEREJKOVSKI, Calvin, ibid, p. 118;157-158; 167; 176 ; (20) Aimé RICHARDT, Calvin, ibid., p. 180-181 ; (21) François ANGELIER, Saint François de Sales, Pygmalion, Paris, 1997, p. 100, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 23 ; (22) Oeuvres, t. VII, p. 73, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 131 ; (23) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 52-53 ; (24) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 206 ; (25) Cité in Charles-Auguste DE SALES, Histoire du Bienheureux François de Sales, Lyon 1634, p. 81, cité in Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 79 ; (26) Mgr TROCHU, Saint François de Sales, Lyon, 1955, p. 324, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 82 ; (27) Cité par André RAVIER, François de Sales, Nouvelle Cité, 2009, p. 77 ; (28) Mgr TROCHU, ibid., p. 333 ; (29) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 84 ; (30) Cité par Mgr TROCHU, Vie de Saint François de Sales, ibid., p. 372, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 90 ; (31) Mgr TROCHU, ibib, p. 393, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 92 ; (32) Samuel Pruvot, Nos Ancêtres les Saints, Petite histoire de la France missionnaire, Cerf, Paris 2017, p. 90-91 ; (33) Dom Jean de Saint-François, La Vie du bienheureux Messire François de Sales, 1624, p. 90, cité in, Aimé RICHARDT, ibid., p. 95 ; (34) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 95 ; (35) Charles-Auguste de SALES, ibid., p. 128, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 99 ; (36) Selon Aimé Richardt, qui rapporte cette discussion (p. 101-102), "on connaît l'essentiel des propos échangés par les deux hommes grâce surtout aux relations de Charles-Auguste de SALES, ibid., p. 130-134 ; (37) d'après Mgr Francis TROCHU, Vie de Saint François de Sales, t. 1, p. 462-465, Dominicains d'Avrillé ; (38) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 102 ; (39) Jean GUIRAUD, Histoire partiale, Histoire vraie, tome II, Moyen-Âge, Renaissance, Réfome, Quatrième édition, Gabriel Beauchesnes & Cie Éditeurs, Paris 1912 ; (40) Dimitri MEREJKOVSKI, Calvin, ibid., p. 153-154 ; (41) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 103 ; (42) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 215-216 ; (43) Mgr PICARD, La Mission de Saint François de Sales en Chablay, p. 86, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., 85 ; (44) Les Controverses, édition d'Annecy, p. 21-27, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 87 ; (45) DANIEL-ROPS, Histoire de l'Eglise du Christ, tome VI, La Réforme catholique, Librairie Arthème Fayard, Éditions Bernard Grasset, Paris 1965, p. 357-358 ; (46) Marguerite & Roger Isnard, Nouvel almanach du Comté de Nice, Serre Éditeur, 2006, p. 31 ; (47) DANIEL-ROPS, Histoire de l'Eglise du Christ, tome VI, ibid., p. 324 ; (48) S. François de Sales, cité par André RAVIER, op. cit., p. 183, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 175 ; (49) Mère de CHAUGY, 2e Procès, t. IV, p. 791, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 186 ; (50) Des Premiers Martyrs à nos jours, Saints et Saintes de France, Hatier, Renens, 1988, p. 79 ; (51) Jean-Christian PETITFILS, ibib., p. 150 ; (52) Oeuvres, op. cit., t. XIII, p. 237, cité in, A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 143 ; (53) Mgr Paul GUERIN, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Editions D.F.T., Argenté-sur-Plessis 2003, p. 61 ; (54) Patrick SBALCHIERO, Enquête sur les miracles dans l'Eglise catholique, Artège, Paris 2019, p. 261 ; (55) Mgr TROCHU, op. cit., t. II, p. 471, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 197 ; (56) Abbé EDOUARD, cité dans Gilles JEANGUENIN, Saint François de Sales, Son Combat contre le démon, Éditions de l'Émmanuel, Dijon 2009, p. 36 ; (57) Gilles JEANGUENIN, Saint François de Sales, Son Combat contre le démon, ibid.,, p. 22-23 ; (58) Gilles JEANGUENIN, Saint François de Sales, Son Combat contre le démon, ibid., p. 100-101; et 113 ; (59) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 196 ; (60) Charles-Auguste de SALES, op. cit., p. 576, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 231 ; (61) Un évêque modèle : Saint François de Sales, Corrispondenza Romana ; (62) Gilles JEANGUENIN, Saint François de Sales, Son Combat contre le démon, ibid., p. 102 ; (63) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 234.