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23 novembre 2023 4 23 /11 /novembre /2023 00:00
Saint Clément de Rome, Pape (Ier siècle), Patron des marins

Né à Rome dans une famille d'origine judéenne de culture grecque (1), Clément a connu les apôtres S. Pierre et S. Paul, au dire de saint Irénée (140-202) ; cet esclave juif affranchi meurt dans les mines de sels.

 

Riche, instruit, ardent à chercher la vérité, il trouva dans la religion chrétienne la satisfaction entière des exigences de sa raison et des aspirations de son âme. Non seulement il se fit chrétien, mais il seconda les apôtres dans la prédication de l'Évangile ; et saint Paul, dans son épître aux Philippiens, rappelant les travaux de Clément, assure que son nom est écrit au Livre de vie. 

 

D’après Tertullien (155 - † après 220), Clément aurait été ordonné par saint Pierre, il devait être son troisième successeur, vers l'an 91 (liste des papes). 

 

Voici l’ordre de succession des évêques de Rome jusqu’à Clément : Pierre, Lin, Anaclet, Clément. 

 

Clément vit la chute et la mort de Néron, ainsi que la prise et la ruine de Jérusalem en 70.

 

Sous l'empereur Vespasien (69-79), Clément fut conduit au tribunal du préfet Mamertinus qui demeura émerveillé de la sagesse de ses réponses. On provoqua une émeute au sujet de Clément ; et dans le trouble qui s'ensuivit, les uns disaient : "Quel mal a-t-il fait ? ou plutôt quel bien n'a-t-il pas fait ? Les malades qui reçoivent sa visite sont guéris; quiconque l'aborde accablé de tristesse s'en retourne le coeur joyeux, il ne fait de mal à personne et fait du bien à tout le monde." Les autres, poussés par l'esprit du diable, s'écriaient : "C'est de la magie, il détruit ainsi le culte de nos dieux, car il nie la divinité de Jupiter ; il appelle Hercule un esprit immonde; la sainte déesse Vénus, une prostituée ; quant à Vesta, il dit faussement qu'elle a été brûlée. Il parle de même de la très sainte Minerve; et encore de Diane, de Mercure, de Saturne, de Mars; enfin, il couvre d'opprobres tous les noms de nos dieux et leurs temples. Qu'il sacrifie ou qu'il meure."  : "Que Clément sacrifie aux dieux ou soit exilé en Chersonèse !" Quelle ne fut pas la joie du saint exilé, de trouver dans ce lointain pays deux mille chrétiens depuis longtemps condamnés par sentence juridique, et occupés à travailler le marbre. A la vue du saint et célèbre évêque Clément, la consolation de ces chrétiens fut indicible, tous s'approchèrent de lui avec des gémissements et des pleurs ; ils disaient : "Prie pour nous, saint pontife, afin que nous devenions dignes des promesses du Christ." Clément, ayant appris qu'ils avaient été déportés pour leur foi en Dieu, répondit : "Dieu, leur dit l'humble pontife, m'a fait une grâce dont je n'étais pas digne, en m'envoyant au milieu de vous. Ce n'est point sans raison que le Seigneur m'a conduit en ces lieux : c'est afin que, prenant part à vos souffrances, je puisse partager vos couronnes, vous apporter des consolations et vous donner l'exemple de la patience."

Mamertinus, préfet de la ville, ne pouvant tolérer cette sédition, se fit amener Clément. Il le dévisagea et dit : "Je sais que tu es de race noble, ainsi que me l'atteste le peuple. Mais tu as embrassé l'erreur, et tu rends un culte à je ne sais quel Christus, sans honorer les dieux qu'on vénère dans les temples. Renonce donc à toute vaine superstition, et honore les dieux."

Clément dit : « Je désirerais que Ton Excellence, dans sa sagesse, voulût bien écouter ma défense, et considérer que, si je suis accusé, ce n'est point à cause d'une émeute, mais pour la doctrine que je prêche. Car si, semblables à une meute de chiens, ils aboient contre nous et nous mettent en pièces, ils ne peuvent du moins empêcher que nous ne soyons des hommes raisonnables ; quant à eux, ils sont toujours des êtres sans raison. Toute sédition a pour auteurs des ignorants, ce qui fait qu'on ne peut avec sûreté l'embrasser et qu'elle est dépourvue de justice et de vérité. Que le silence se rétablisse, ce repos qui donne à un homme la facilité de se recueillir ; dans cet état, il pourra trouver le Dieu véritable et lui engager sa foi."

Mamertinus envoya à l'empereur Trajan ce rapport sur Clément. "Le peuple ne cesse d'assaillir Clément de cris séditieux; mais on ne saurait alléguer de témoignage digne de créance contre sa conduite." Trajan répondit qu'on devait l'obliger à sacrifier ou le reléguer au delà du Pont-Euxin, dans une ville perdue de la Chersonèse

 

Les généreux confesseurs de la foi, au milieu de leurs rudes travaux, étaient souvent privés d'eau et devaient aller la chercher à une très forte distance. Plein de confiance en Dieu, Clément dit aux chrétiens : "Prions le Seigneur, qui a fait jaillir l'eau d'un rocher du désert ; il nous viendra en aide." Il se mit donc en prière, et bientôt, levant les yeux, il aperçut sur la colline un agneau blanc comme la neige, qui de son pied droit indiquait une source d'eau vive jaillissant soudain. À partir de ce jour, les martyrs eurent de l'eau en abondance. La nouvelle de ce miracle fit une grande impression dans tout le pays, les conversions se multiplièrent, des églises se bâtirent, et quelques années plus tard le paganisme était complètement détruit.

 

Saint Clément nous a laissé dans ses lettres le plus charmant tableau de ses missions apostoliques.

 

Ce fut seulement sous Trajan, après plus de vingt ans d'exil, que le saint Pape, devenu très suspect à cause de son zèle et de ses succès, fut précipité au fond de la mer, une ancre au cou.

 

Saint Clément de Rome, Pape (Ier siècle), Patron des marins

On envoya sur les lieux le préfet Aufidianus. Il fit d'abord périr un grand nombre de fidèles par divers genres de supplices. Voyant qu'ils s'offraient tous avec joie au martyre, il épargna la multitude et ne réserva que le bienheureux Clément, espérant le contraindre à sacrifier. Mais, le voyant si ferme dans la foi au Seigneur, et craignant de ne pouvoir jamais lui faire changer de sentiment, il dit à ses satellites : "Qu'on le mène au milieu de la mer, qu'on lui attache une ancre au cou, et qu'on le précipite au fond, de peur que les chrétiens ne l'honorent comme un Dieu." L'ordre exécuté, toute la multitude des chrétiens se rendit au rivage, priant sur la plage, avec des cris et des lamentations. Alors les disciples du saint martyr, Cornelius et Phoebus, leur dirent : "Prions tous ensemble, afin que le Seigneur daigne nous montrer les reliques de son martyr." Pendant que le peuple priait, la mer se retira d'elle-même à la distance de trois milles. Et le peuple s'étant avancé sur le terrain laissé à sec, on trouva un édifice ayant la forme d'un temple de marbre, construit par les anges; et dans un tombeau de pierre reposait le corps du bienheureux Clément, disciple de l'apôtre saint Pierre. L'ancre avec laquelle il avait été submergé était placée près de lui. Ses disciples furent avertis par une révélation de ne point enlever le corps; et l'oracle céleste, ajouta que désormais tous les ans, le jour du combat du saint martyr, la mer se retirerait pendant sept jours, et qu'on y pourrait marcher à pied sec. Ce qu'il a plu au Seigneur d'accomplir jusqu'à ce jour pour la gloire de son nom.

 

Saint Clément Ier est le patron des marins et mariniers, pour avoir été martyrisé précipité au fond de la mer avec une ancre à son cou ; ses travaux forcés dans les carrières de marbre en ont fait aussi le patron des marbriers.

 

Le Martyrologe romain affirme à la date du 23 novembre : "Le pape Saint Clément Ier, martyr, qui a été le troisième, après le bienheureux apôtre Pierre, à régir l'Église de Rome et qui a écrit aux Corinthiens une fameuse lettre pour consolider entre eux la paix et la concorde. À cette date on célèbre l'enterrement de son corps à Rome."

Le Christ vient de Dieu et les apôtres viennent du Christ : ces deux choses découlent en bel ordre de la volonté de Dieu.

Epître aux Corinthiens, 42, 2

S’adressant à toute l’Église de Corinthe. Clément s’attache en particulier à combattre toute jalousie, à prêcher l’humilité, la concorde et la charité. Son épître aux Corinthiens témoigne de l’importance de l’Église de Rome. Elle est une source de méditation sur le corps de l'Église. Cette lettre fut tenue en très grande estime dans l’antiquité, et lue, jusqu’au IVe siècle, dans de nombreuses Églises. 

 

Les références à l’Ancien Testament abondent; La culture de Clément est celle du judaïsme hellénisant.
Clément cite l’Ecriture dans la version des Septante. Clément, tout à la fois Juif et Romain, ne rejette pas l’héritage cultuel des écrivains profanes. On relève dans l’épître des citations ou des emprunts libres à Euripide, à Sophocle. L’admiration si marquée de Clément devant l’ordre et l’harmonie qui règnent dans la nature (voir ch. 20 à 22) appartient au mode de la pensée stoïcienne. 

 

L’épître est écrite avant l’an 110, date approximative à laquelle l’évêque de Smyrne, Polycarpe, la cite.

 

S. Irénée vers 180 dans Adversus haereses 3, 2, 3, S. Clément d’Alexandrie (150-215) dans Stromates, VI, 8, 65 et Origène (185-254) dans De Principiis, 2, 3, 6 le citent en le nommant expressément. Eusèbe de Césarée (263-339), ayant sous les yeux les Mémoires d’Hégésippe, aujourd’hui perdues, et saint Jérôme adoptent l’ordre de succession établi par S. Irénée.

 

Nous pouvons trouver un raccourci saisissant de la doctrine de l’Église dans la lettre de Clément : 

 

La foi aux trois Personnes divines, à la divinité du Christ, à la rédemption par le sang du Christ, à la résurrection du Christ, gage certain de notre résurrection future, s’énonce clairement . (Cf. Irénée de Lyon, Adv. haer., 3, 3 : ''Qu’un tel Dieu créateur du ciel et de la terre soit annoncé par les Églises comme étant aussi le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, tous ceux qui le veulent peuvent le constater d’après cet écrit même (la lettre de Clément de Rome).'')

 

L’Église est une - "N’avons-nous pas un même Dieu, un même Christ, un même Esprit de grâce répandu sur nous, une même vocation dans le Christ ? (ch. 46)" - "Soyons réunis par la communauté de sentiment dans la concorde en un seul corps (ch.34)".

 

L’Église est catholique - "C’est au monde entier que Paul a prêché la justice (ch. 5)" - "Que le Créateur de l’univers conserve intact le nombre compté de ses élus dans le monde entier par son Fils bien-aimé Jésus-Christ (ch. 59)".

 

L’Église est le corps du Christ - "Pourquoi déchirer et écarteler les membres du Christ ? (ch. 46)".

 

L’Église est apostolique : sa hiérarchie est fondée sur l’autorité immédiate des apôtres (voir ch. 42, 14).

 

Rien ne peut effacer l’impression que ce document plaide en faveur d’une primauté de l’Église de Rome. Les lettres d’Ignace vont bientôt nous prouver combien les liens des différentes Eglises chrétiennes étaient étroits, mais une nouvelle fois, en lisant la lettre aux Romains d’Ignace, nous nous trouverons mis en face d’une certaine primauté : Rome est la première des Églises.

 

On attribue à tort à Clément plusieurs autres écrits : une deuxième épître (elle date en réalité de 150 et S. Jérôme n’accepte pas l’attribution à S. Clément) et deux lettres aux vierges (qui datent du IIIe siècle). (Soeur Gabriel Peters, Lire les Pères de l’Église. Cours de patrologie, DDB, 1981, chapitre 2)

Invoquons-le pour le ministère d'unité du pape.

 

SourcesSimon Claude Mimouni, Chapitre VI. Un 'chrétien' d'origine judéenne : Clément de Rome", dans Simon Claude Mimouni et Pierre Maraval, Le Christianisme des origines à Constantin, Presses universitaires de France, 2006, p. 231; 2; 3; 4; 5

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commentaires

T
<br /> <br /> Ne pas louper la visite de l'église Saint Clément (fresques remontant au VIIIième siècle dans la crypte, ancien temple de Mythra) à Rome, entre Colisée et Latran.<br /> <br /> <br /> Il existe aussi une église Saint Clément à Moscou, pas loin de Tretyakov.<br /> <br /> <br /> Selon la tradition, il serait mort à Kherson. Lorsque Saint Vladimir fut baptisé à la Théophanie 988, les reliques de Saint Clément participèrent à la sanctification de l'évenement.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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