Dans un enregistrement incroyable d'une conversation téléphonique datant de 2008, un bankster se vante d'avoir grugé les Irlandais en ayant sorti des chiffres de son cul ! Cet enregistrement fait scandale en Irlande depuis quelque jours... Et le gouvernement irlandais parle de faire des lois pour aider à faire la lumière sur les causes de la crise financière.
La Banque centrale d'Irlande sur Dame Street
Après son spectaculaire effondrement en 2008, l'AIB, première banque irlandaise (en 2009), a été nationalisée en janvier 2009 (le coût de sauvetage et de recapitalisation s'évalue à 34 milliards d'euros...) Puis finalement, l'AIB a été mise en liquidation par les députés irlandais, le 7 février 2013, pour délester les banques du pays de leurs actifs toxiques. Les deux autres banques irlandaises, Allied Irish Banks et Irish Nationwide, ont également été recapitalisées par l'Etat irlandais, c'est-à-dire, comme en France en 2008, par les contribuables... Une «bad bank», la National Asset Management Agency (Nama), fut montée de toutes pièces pour racheter les actifs risqués des banques afin de les isoler des entités saines. Selon les analystes de Standard & Poor's, la facture totale du sauvetage bancaire atteint 90 milliards d'euros, soit 58 % du PIB irlandais. 50 milliards dédiés aux recapitalisations, dont 39 milliards pour le seul sauvetage d'Anglo Irish Bank. Le solde de 40 milliards serait dépensé dans le rachat des actifs toxiques par la «bad bank».
Or, pendant que leur banque plongeait au paroxysme de la crise financière en 2008, que l'Irlande elle-même croulait sous le poids d'une dette colossale, que les Irlandais payaient le renflouement de la banque endettée, les cadres banksters de l'AIB se sont réjouis de pouvoir «taper du blé» à l'institut d'émission, avec la garantie implicite de Berlin ! On peut même les entendre chanter l'ancienne version de l'hymne national allemand, Deutschland Uber Alles ("l'Allemagne au-dessus de tout"). C'est ce que révèle un enregistrement qui fait scandale en Irlande depuis quelques jours...
En septembre 2010, Dublin affirma que la facture d'Anglo Irish Bank "sera supportable car elle sera étalée dans le temps..."
Les Irlandais ne sont pas les seuls à se sentir grugés. Selon le Figaro, la chancelière Merkel a affiché aujourd'hui son «mépris» pour les banquiers de l'île, piégés au téléphone pendant qu'ils ridiculisaient la banque centrale de Dublin et le gouvernement allemand, venus à leur secours à coups de milliards d'euros...
Source: http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/06/28/20002-20130628ARTFIG00409-merkel-affiche-son-mepris-pour-les-banquiers-irlandais.php
C’est à la suite de l'effondrement de l'AIB que Dublin a été obligé de voler au secours de ses banques à la fin de 2008, au prix d’un énorme endettement qui a finalement contraint le pays à solliciter une aide internationale en 2011... La facture d'Anglo Irish Bank a fait exploser la dette publique à plus de 100% de son PIB, contre contre 64% fin 2009. Ici, en France, après le sauvetage des banques en 2008, on n'en est pas loin puisque la dette atteint aujourd'hui 91,7% du PIB. Il est bon ici de se rappeler du mensonge du siècle du Premier ministre de l'époque, François Fillon, et de ce vol du siècle : "sauf accident majeur, cette opération (de renflouement) n'aura pas de coût pour le contribuable" !
Le peuple irlandais qui a sacrifié sa souveraineté et des milliards d’euros s’est réveillé lundi 24 juin avec la gueule de bois, compte tenu des révélations de l’Independent. Le journal a publié l’enregistrement sonore d’une conversation téléphonique entre deux cadres de haut niveau de l’Anglo Irish Bank, John Bowe, qui dirigeait le service des marchés de capitaux, et le directeur du département de banque de détail, Peter Fitzgerald. Au cours de la conversation, Bowe, qui a participé aux négociations avec la banque centrale pour le sauvetage de l’Anglo Irish Bank, lui raconte en riant comment l’équipe de direction de la banque a convaincu le gouvernement de se porter à son secours pour des milliards d’euros, n’hésitant pas à employer des chiffres fantaisistes pour s’assurer de son accord (Fitzgerald n’avait pas participé à ces tractations). L’enregistrement provient du propre système téléphonique de la banque et il date du cœur de la crise financière de 2008.
Au cours de la conversation, Bowe explique à son collègue comment la banque a rusé en ne réclamant initialement qu’une somme de 7 milliards d’euros à l’Etat irlandais, alors que ses dirigeants savaient déjà que le montant réellement nécessaire était largement supérieur à cette somme. La stratégie des banquiers était de convaincre l’Etat d’accepter de se porter au secours de la banque, et de faire payer cette charge aux contribuables, en leur expliquant que c’était pour leur propre bien.
Ils ont spéculé qu’une fois que l’Etat aurait commencé à payer, il n’aurait plus été capable de s’arrêter. Ce qui importait donc, c’était de convaincre le gouvernement que ce sauvetage était faisable. Alors qu’on lui demande comment ils ont déterminé le chiffre de 7 milliards d’euros, Bowe se met à rire et il on l’entend dire sur l’enregistrement : « Comme Drummer [David Drumm, qui était alors le CEO de l’Anglo Irish Bank] le dirait lui-même, il est sorti de mon cul ».
« S’ils [la banque centrale] voient d’emblée l’énormité [des difficultés de la banque], ils vont peut-être décider qu’ils ont un choix à faire. Tu vois ce que je veux dire ? Ils pourraient dire que le coût pour le contribuable est trop élevé… Si ça ne semble pas trop important au début, assez pour être important, mais pas au point de tout remettre en cause, alors je pense que l’on a une chance. Je pense donc qu’il pourra être augmenté sournoisement », explique Bowe. « Ouais », répond Fitzgerald. « Ils mettent leur peau en jeu, et c’est ça, la clé ».
Dans l’enregistrement, on entend également Bowe et Fitzgerald rire ensemble en se disant qu’il serait irréaliste de croire que les prêts accordés à la banque pourraient être remboursés un jour.
« Pour la première fois, les contribuables peuvent avoir un aperçu exclusif des manigances banquières qui ont coûté sa souveraineté à l’Irlande », conclut amèrement le journal.
Source: http://www.express.be/business/fr/economy/un-chiffre-sorti-de-mon-cul-comment-les-cadres-de-langlo-irish-bank-ont-dupe-le-gouvernement-irlandais-pour-le-convaincre-de-se-porter-au-secours-de-la-banque/192230.htm
Selon le Monde, les contribuables du pays ont aujourd'hui la certitude d'avoir été "pigeonnés" par des financiers sans scrupule. En témoignent les conversations d'anciens dirigeants d'Anglo Irish Bank révélées par le quotidien Irish Independent, lundi 24 et mardi 25 juin.
Les bandes, en écoute sur le site du journal, font état d'une conversation téléphonique entre une personne identifiée comme John Bowe, ancien chef du département des marchés de capitaux, et Peter Fitzgerald, ex-directeur de la banque de détail. Ainsi qu'un autre enregistrement entre M. Bowe et David Drumm, l'ancien directeur de l'établissement.
Entre deux éclats de rire et grossièretés, MM. Bowe et Fitzgerald confient avoir floué "la centrale", la Banque centrale, pour obtenir l'argent du sauvetage. " Un prêt relais, dit M. Bowe. Donc, donc... un relais jusqu'à ce que nous puissions vous rembourser. Ce qui veut dire jamais", poursuit-il sans réprimer un fou rire. Ces propos auraient été échangés le 18 septembre 2008, quelques jours après la faillite de la banque américaine Lehman Brothers. Une période où le monde financier était tétanisé par la crise des "subprimes".
Le cynisme des dirigeants ne s'arrête pas là. Quand M. Fitzgerald demande à M. Bowe d'où vient ce chiffre de 7 milliards d'euros, il se voit répondre : "Comme dirait Drummer, [David Drumm], tout droit sorti de mon c...".
Sur la seconde bande son dévoilée, l'ancien patron d'Anglo Irish, M. Drumm témoigne de la perversité de cette garantie. Sûr que les dépôts d'épargnants européens, notamment allemands, vont affluer sur l'île, il ricane tandis que M. Bowe entonne "Deutschland, Deutschland über Alles" (l'ancien hymne allemand). Il faut "récupérer ce p... d'argent", ajoute M. Drumm.
Source: http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/06/26/les-revelations-sur-le-sauvetage-en-2008-d-anglo-irish-font-scandale-en-irlande_3436795_3234.html
La Banque centrale d'Irlande étudie actuellement soigneusement les transcriptions diverses des conversations...
Deux des plus grands services de presse du monde, Reuters et Bloomberg, ont couvert le scandale. Le gouvernement irlandais est déterminé à mettre en oeuvre de nouvelles lois pour aider à lancer la première grande enquête sur les causes de la crise bancaire.
Source: http://www.independent.ie/business/irish/anglo/irish-blood-is-boiling-the-second-instalment-29372458.html
Remarque de Christ-roi. Cette histoire d'un enregistrement sorti du chapeau 5 ans après, et tombé miraculeusement entre les mains d'un journaliste, sent la manoeuvre destinée à dédouaner de toute responsabilité dans la crise de la dette les gouvernements impliqués dans le renflouement des banques en 2008, en jetant le discrédit sur des banquiers malhonnêtes alors que les gouvernements en place étaient complices. Rappelons-nous comment ils ont traité Chypre (blocus monétaire) quand le parlement de l'Île annonça le 19 mars 2013 qu'il refusait le "plan de sauvetage" de la troïka qui comprenait une taxe sur les dépôts bancaires.
Dans cette histoire, il y une double moquerie qui premièrement, consiste à dire qu'un gouvernement européen comme l'Allemagne de Merkel ne vaut pas mieux qu'une mère de famille qui se trompe en faisant ses comptes... Et deuxièmement, vu que nous-mêmes, nous disions ici en 2008 que ces plans de "recapitalisation" n'étaient que des plans de vols organisés en réunion et à grande échelle..., à combien plus forte raison ces gouvernements avec leurs outils de calcul... savaient-ils ce qui se passait et de quoi il en retournait ! Ou bien c'est qu'ils sont vraiment incompétents !...
- Goldman Sachs, La banque qui dirige le monde (Arte) (reportage d'Arte diffusé le 4 septembre 2012 et dont apparemment Angela Merkel n'était pas au courant...)
- Mario Draghi pourrait un jour se retrouver devant un tribunal international ou non (Jacques Sapir) (21 mars 2013)
- Banksters : le vol du siècle (14 octobre 2008)