« Je recommande à mon fils s’il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, [...] qu’il ne peut faire le bonheur des Peuples qu’en régnant suivant les Lois, mais en même temps qu’un Roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire, et qu’autrement étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile. » (Testament de Louis XVI)
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Le Père Elias Leyds c.s.j, explique dans une vidéo (voir ci-dessous en anglais) postée quelques jours avant son décès soudain le 22 janvier, que - caractéristique de la "philosophie" "moderne" - la bénédiction de "Fiducia Supplicans" n'est plus "objective", mais répond à une sorte de "prostitution clericale, le prêtre devant se plier à "une définition subjective de la bénédiction d'un couple de même sexe."
Selon Gloria Tv : "Le père Elias Leyds a été retrouvé mort dans sa chambre mercredi, "deux jours après s'être auto-infligé la mort", rapporte l'activiste des médias néerlandais anti-catholiques Hendro Munsterman (Nd.nl).
La communauté des Frères de Saint-Jean, à laquelle Leyds appartenait officiellement, écrit sur son site web qu'une enquête sur les circonstances du décès est en cours. En revanche, Munsterman ajoute que l'enquête a été achevée mercredi matin et que plusieurs sources ont confirmé que Leyds s'est suicidé."
RIPPère Elias Leyds c.s.j †
Mise à jour du 28-01-2024
Elias Leyds (1958-2024) : un père aimable qui aimait se bagarrer verbalement
C'était un homme aux opinions fermes, qu'il pouvait exprimer de manière bon enfant et éloquente. Elias était un homme aux opinions bien arrêtées, mais surtout dans les discussions personnelles, il restait toujours bon enfant, cordial et éloquent.
Captivé par le catholicisme
Frederik Boudewijn Leyds est né à Eindhoven le 13 décembre 1958 et a grandi dans une famille réformée néerlandaise. Ses parents l'ont ‘’envoyé dans un internat au Pays de Galle’’. ‘’Là’’, il est ‘’entré en contact avec d’autres religions, dont le catholicisme.’’ Il en devint fasciné et particulièrement attiré par les auteurs à caractère radical, comme l'évangéliste Jean et Jean de la Croix ; un moine bénédictin lui offrit un livre sur ce mystique espagnol.
Frères de Saint-Jean
Après avoir travaillé chez Shell, sa fascination pour les Jean mentionnés le conduit ensuite vers les Frères de Saint-Jean, un ordre français relativement jeune avec une spiritualité inspirée de l'Évangile et des lettres de Jean. Elias passa son noviciat dans la campagne française, avec soixante-dix hommes dans une ancienne prison pour jeunes. Il trouva la reconnaissance malgré les différences mutuelles. ‘’C'étaient des gens qui osaient poser des questions. Ils venaient aussi de partout. Certains ont été en prison, d’autres ont grandi dans un château viticole. Nous avons dû nous habituer les uns aux autres, mais nous sommes quand même restés connectés.’’
Une fois devenu père, il n’a pas choisi la voie de la facilité. Il a travaillé comme missionnaire en Lituanie pendant environ huit ans, puis pendant encore deux ans en Russie, dans les montagnes escarpées du Caucase. Il a beaucoup écrit à ce sujet dans des colonnes du Katholiek Nieuwsblad.
Aussi fleuries et affectueuses que soient ses descriptions de ces régions, ses observations sur sa patrie sont progressivement devenues si désapprobatrices et amères. Les Pays-Bas ont ‘’incroyablement changé’’ pendant son séjour en Lituanie, a-t-il déclaré dans KN en 2006, avec une vie ecclésiale beaucoup trop tiède à son goût. ‘’Il s’est avéré qu’il ne restait plus rien, seulement une poignée de personnes qui y croyaient encore.’’
Ce pessimisme n'a fait qu'augmenter au fil des années, même s'il s'est certainement rendu populaire auprès de nombreux lecteurs grâce à sa plume acérée et son sens de l'humour. Cependant, au printemps 2018, il a estimé que cela suffisait, comme il me l’a fait savoir dans un e-mail par ailleurs très cordial.
Selon lui, l’Église et le monde, m’a-t-il écrit, se trouvaient dans ‘’une situation si grave que seule la dure réalité donnée par Dieu peut réveiller les gens. Ceux qui veulent voir verront ! Mais : ‘’En fait, j’ai aussi le sentiment qu’une chronique n’est plus un instrument approprié pour provoquer l’esprit et le cœur et les ouvrir à d’autres pensées.’’
Sur Radio Maria, il expliqua que les points de vue de l'Église peuvent parfois s'opposer fortement, mais il ne s'agit en fait que d'une ‘’sublimation rituelle des divergences d'opinion’’. Il aimait se battre verbalement.
Le Supérieur provincial des Frères de Saint-Jean, Ignatius Maria Ringhofer, a confirmé hier soir lors d'un entretien téléphonique avec KN que le Père Elias Leyds a été retrouvé mort mercredi matin, 24 janvier 2024, à son lieu de résidence actuel, un presbytère à Oisterwijk, Brabant. Les frères ne peuvent encore fournir aucune information sur la cause du décès, dans l'attente d'une enquête en cours .
Ses confrères sont stupéfaits et choqués. "Je lui ai parlé tout récemment, il était encore plein de projets pour de nouvelles activités", a déclaré frère Ignatius Maria, visiblement ému. ‘’Un autre frère allait bientôt aller se promener avec lui dans les montagnes.’’
Les Pays-Bas catholiques perdent indéniablement une figure marquante en la personne du Père Elias Leyds, astucieux et intelligent, radical et original. Il a également signifié beaucoup pour beaucoup de personnes en termes de formation intellectuelle et d'orientation pastorale. Qu'il repose en paix.
Saint Jérôme avec Sainte Paula et Sainte Eustochium, peinture de Francisco de Zurbarán, National Gallery of Art - Washington
Sainte Paula était une grande dame romaine qui avaitépousée à dix-sept ans un mari qui la rendit heureuse et dont elle eût cinq enfants. Elle souffrit beaucoup quand elle le perdit. Alors elle décida de rejoindre saint Jérôme en Palestine puisqu'elle l'avait connu à Rome.
Elle distribua son héritage à ses enfants et partit avec une de ses filles, sainte Eustochium, dans l'un des monastères fondés par saint Jérôme à Bethléem.
Elle assura à saint Jérôme deux biens précieux : une grande part de sa fortune pour continuer les travaux du monastère et une grande patience pour calmer ses colères.
Le Figaro indique : "Notre pays a enregistré en 2023 son niveau de naissances le plus bas depuis 1945".
Une hypothèse occultée, non commentée dans l'univers médiatique, est le lien possible de la chute des naissances avec l'injection expérimentale Covid.
Le nombre de naissances a reculé de 6,8% entre janvier et novembre 2023 par rapport à la même période l'année précédente, selon l'Insee. Pour le consultant Aurélien Duchêne, notre déclin démographique compromet aussi nos investissements en matière de recherche ou de défense.
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Notre pays a enregistré en 2023 son niveau de naissances le plus bas depuis 1945. Seuls 678.000 bébés sont nés en France l'an dernier, contre 818.000 en 2014. Sur la même période, notre taux de fécondité est passé de 2,00 à 1,68, s'éloignant du seuil de renouvellement des générations (2,1), et se rapprochant du taux de fécondité moyen en Europe (1,53). L'augmentation du solde migratoire n'a pas empêché le taux de croissance de la population française de passer de 0,5% en 2017 à 0,3% en 2022. Avec 47 000 naissances de plus que de décès, l'excédent naturel est au plus bas depuis l'après-guerre. Selon une étude de l'Insee de 2021, notre solde naturel deviendra négatif à partir de 2035 ; à partir de 2044, même avec un solde migratoire inchangé, notre population devrait diminuer après avoir plafonné à 70 millions d'habitants.
Il y a dix ans seulement, les projections indiquaient que la population française croîtrait encore des décennies à un niveau soutenu, au point de dépasser celle de l'Allemagne. La France devait redevenir le pays le plus peuplé d'Europe, ce qu'elle avait été jusqu'en 1870. Ce scénario est aujourd'hui enterré, la France devant même être toujours plus distancée dans les décennies qui viennent par le Royaume-Uni. Rejoignant l'obsession française du «rang» autant que celle, tout aussi tenace, de la compétition avec nos grands voisins, cette comparaison peut paraître secondaire. Mais elle rappelle que la baisse de la natalité n'est pas sans conséquences géopolitiques.
Pour des raisons socio-économiques bien connues d'abord. Alors que nous comptions cinq actifs pour un retraité en 2050, et près de trois en 2020, ce ratio devrait tomber à 1,8 en 2050 : la baisse de la natalité devrait encore aggraver ce déséquilibre. De quoi alourdir les prélèvements sociaux aux dépens de l'activité économique, et les dépenses sociales au détriment d'autres priorités. Notre pays disposera d'encore moins de marges de manœuvre pour financer ses services publics de base, mais aussi pour des investissements d'avenir, et des priorités stratégiques telles que la recherche ou la défense. Le financement de telles dépenses sera aussi rendu d'autant plus compliqué par le ralentissement économique que devrait entraîner le déclin démographique.
"La relance de notre natalité est un impératif de politique sociale, elle doit aussi devenir une priorité stratégique." Aurélien Duchêne
La diminution de la population active signifiera également moins de main-d'œuvre et de cerveaux dans des secteurs stratégiques. Même en augmentant l'immigration qualifiée, une gageure, elle compliquera aussi d'autant plus les efforts de réindustrialisation de notre pays, voire le maintien de filières cruciales pour notre prospérité et notre souveraineté. Alors que nos armées font déjà face à une crise des effectifs inédite, la diminution de la natalité pourrait compliquer encore l'entretien de notre puissance militaire dans un monde dangereux. Même avec une armée professionnelle moins dépendante de la pyramide des âges, et un vivier de talents pour les métiers qualifiés de la défense.
Face à une telle perspective, comment favoriser un rebond de la natalité ? La dénatalité se retrouve bien sûr dans tant d'autres pays qui connaissent des problèmes économiques et sociaux similaires. Mais outre les difficultés propres à notre pays, la situation en France a été en grande partie aggravée par le détricotage des politiques familiales, particulièrement depuis 2014, comme l'attestent désormais de nombreuses études. Au-delà des mesures esquissées par le président de la République pour un «réarmement démographique» , revenir sur ces atteintes envers notre politique familiale qui ont accéléré le déclin de notre natalité pourrait contribuer à redresser celle-ci.
D'autres solutions peuvent être explorées, notamment des dispositifs supplémentaires à partir du deuxième ou du troisième enfant. Ou encore des mesures ciblées selon les territoires ou catégories socio-professionnelles au déclin démographique le plus prononcé, sans aller jusqu'à une complexité administrative excessive. Autant de mesures coûteuses, mais qui seraient autant d'investissements d'avenir. Enfin, c'est notamment sur le logement des jeunes et la conciliation de leurs vies familiale et professionnelle qu'il est possible de faire bouger les lignes.
Au-delà, la clé est bien sûr la confiance en l'avenir. De la panne de l'ascenseur social à celle du pouvoir d'achat, de la dégradation des services publics à celle de la qualité de vie, les Français se limiteront dans leur désir d'enfants tant qu'ils vivront un déclassement réel ou ressenti. Les Français veulent plus d'enfants (en moyenne, 2,39 par famille), mais craignent souvent de les élever dans l'incertitude. Toutes proportions gardées, l'actualité internationale n'est probablement pas étrangère à cela, à l'instar des préoccupations écologiques.
Ce qui est certain, c'est que la baisse de notre natalité menace aussi des fondements de la puissance française. Notre pays est obsédé par son déclin, souvent exagéré, autant que par sa grandeur passée ; son déclin démographique bien réel compromet sa puissance future. La relance de notre natalité est un impératif de politique sociale, elle doit aussi devenir une priorité stratégique.
Aujourd'hui donc, "la baisse de la natalité n’est plus dissimulée mais le mensonge se déplace: elle serait totalement expliquée par des données indépendantes des vaxxxxccccins ARNm.
"Il y a 60 000 naissances en moins qui sont inexplicables si on ne veut pas poser la question des effets de la spike vaccccxxinale. Pourquoi la chute des conceptions est t elle synchronisée aux campagnes d’injections ?", demande Patrice Gibertie sur son site.
"On attendait au moins 730 000 naissances , il en manque plus de 60 000, les explications officielles ne peuvent l’expliquer."
Coïncidence relevée par Marco Nius : La spectaculaire augmentation des hospitalisation pour des tests et recherches de problème de fertilité depuis 2021.
Comme diraient les covidistes, "c'est juste 2500 en plus".
Le chiffre de 2023 est provisoire Il y a déjà une augmentation de +240% par rapport à 2019 :
Conversion de Saint Paul. Jésus apparaît à Saül, le futur saint Paul, sur le chemin de Damas où il devait "ramener à Jérusalem, ceux(des chrétiens)de là-bas, enchaînés, pour qu’ils subissent leur châtiment" (Ac 22,5), c'est-à-dire être emprisonnés et mis à mort (Ac 26,10). De persécuteur des chrétiens, il devient alors un des plus ardents défenseurs de la foi, une des "colonnes" de l'Église. La conversion de Paul est racontée dansActes 9,3-19;22,5-16;26,10-18.(1)
Paul était Juif, de la tribu de Benjamin ; il naquit citoyen romain à Tarse, en Cilicie, dont les habitants étaient considérés comme citoyens romains. Son attachement aux traditions de ses pères, sa présence au supplice deS. Étienne, son acharnement à poursuivre les disciples de Jésus-Christ, à les traîner en prison, à les battre, ont poussé les interprètes de l'Écriture à voir en lui la réalisation de la prophétie de Jacob, concernant son fils Benjamin : "Benjamin est un loup ravisseur." Mais une hymne chrétienne a heureusement complété l'application de la prophétie, en disant : "Le loup ravisseur s'est changé en agneau."
Saül(c'était le premier nom du grand Apôtre) approchait de Damas, où il allait persécuter les chrétiens, accompagné de soldats et d'émissaires de la synagogue de Jérusalem, quand tout à coup il fut renversé à terre par une force invisible. Une éblouissante clarté l'environna et une voix lui dit :
« Saul, pourquoi me persécutes-tu ?
- Qui es-tu, Seigneur ?
- Je suis Jésus, que tu persécutes.
- Seigneur, que veux-tu que je fasse ?
- Lève-toi, entre dans la ville, et là tu apprendras ce que tu dois faire. » Saul était devenu aveugle ; ses compagnons le conduisirent à Damas. Un serviteur de Dieu, nommé Ananias, averti en songe, alla le trouver, lui rendit la vue et lui conféra le baptême.
Conversion de Saint Paul, Michel-Ange, 1542
Dès lors,Saül, devenu Paul, n'est pas seulement un converti, un chrétien, c'est un apôtre. C'est l'Apôtre par excellence, qui étonnera le monde et fera l'admiration des siècles par ses écrits sublimes et inspirés, par ses saintes audaces, ses travaux, les merveilles de son apostolat et la gloire de son martyre.
Que de leçons dans cette conversion étrange et foudroyante ! Nous y voyons la puissance toute divine de la grâce à laquelle rien ne résiste ; la sagesse de Dieu qui se plaît à confondre la fausse sagesse du monde ; la miséricorde inénarrable du Seigneur, qui ne rebute personne et peut faire du plus grand des pécheurs le plus insigne des saints.
Ne désespérons jamais du salut de personne, tout est possible à la prière et à la grâce. Nous ne comprendrons bien qu'au Ciel quelle a été l'influence de la prière dans le monde et combien de pécheurs devront leur salut à l'intercession des justes.Saint Augustina dit fort justement : "SiÉtiennen'avait pas prié, nous n'aurions pas saint Paul !"(2)
"S'ouvrir à la puissance dynamique du Ressuscité (Phil 3,12) passe nécessairement par un processus de dépossession de soi-même qui dure toute la vie, comme Paul âgé et prisonnier l'écrira aux Philippiens. (Phil 2,3 "Ne soyez jamais intrigants ni vaniteux, mais ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes", 3,7-11 "Mais tous ces avantages que j’avais, je les ai considérés, à cause du Christ, comme une perte. Oui, je considère tout cela comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur. À cause de lui, j’ai tout perdu ; je considère tout comme des ordures, afin de gagner un seul avantage, le Christ, et, en lui, d’être reconnu juste, non pas de la justice venant de la loi de Moïse mais de celle qui vient de la foi au Christ, la justice venant de Dieu, qui est fondée sur la foi. Il s’agit pour moi de connaître le Christ, d’éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa passion, en devenant semblable à lui dans sa mort, avec l’espoir de parvenir à la résurrection d’entre les morts"; etGal 4,9qui donne une définition de la conversion en ce sens : "Mais maintenant que vous avez connu Dieu – ou plutôt que vous avez été connus par lui – comment pouvez-vous de nouveau vous tourner vers ces forces inconsistantes et misérables, dont vous voulez de nouveau être esclaves comme autrefois ?")
Quant à son passé persécuteur, il lui sert surtout à évoquer d'une manière concrète et familière à ses lecteurs l'"adversaire de Dieu" (le théomachos), gonflé d'orgueil et de démesure, plutôt qu'à opposer son passé de Juif "zélé" à un "après" chrétien. La "conversion" de Saül fut autre chose qu'un transfert de fidélité de la Loi au Christ; elle fut davantage une transformation spirituelle ou morale; elle était découverte des effets de l'action de Dieu sur celui qui répondait à son appel.
Aussi Saint Paul insistera-t-il sur la valeur rédemptrice de la souffrance plus qu'aucun autre de ses contemporains. "Éprouver la puissance de la Résurrection, c'est participer aux souffrances du Christ" et "devenir semblable à lui dans sa mort." (Phil 3,10-12 ; 2 Cor 4,10). Paul a forgé dans l'épître aux Galates 2,19-20 l'expression de "con-crucifixion" très caractéristiques de cette association-participation aux souffrances du Christ qu'il éprouve. La conversion ne peut être qu'union mystique au Christ souffrant; elle est crucifixion avec le Christ. L'apôtre va donc beaucoup plus loin que ses maîtres pharisiens pour qui la mort était le passage vers la résurrection.
De même, le message de Paul se distingue de celui des autres apôtres : il ne raconte pas Jésus tel que la Tradition en diffusait de proche en proche les paroles et les gestes, mais il prêche le Christ ressuscité, tel qu'il s'est révélé à lui dans des manifestations particulières du Divin. (Gal 1,11-12 "Frères, je tiens à ce que vous le sachiez, l’Évangile que j’ai proclamé n’est pas une invention humaine. 12 Ce n’est pas non plus d’un homme que je l’ai reçu ou appris, mais par révélation de Jésus Christ.")
Les croyants forment un corps mystique puisqu'au baptême chacun "revêt le Christ" (Gal 3,26-27 "en effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ") et que le banquet eucharistique est constitué par la communion de tous au Corps du Christ. (1 Cor 10,17 "Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain.") (3)
Conversion de Saint Paul, (Détail) 1600-1601, Caravage, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 59.
Sources: (1) Dominique LE TOURNEAU,Les Mots du christianisme, Catholicisme, Orthodoxie, Protestantisme, Bibliothèque de Culture religieuse, Fayard, La Flèche 2005, p. 180 ; (2) L'Evangile au quotidien ; (3) Marie-Françoise BASLEZ, Saint Paul, Fayard, Saint Amand-Montrond 1991, p. 80, 91 et note 52 p. 332, 92, et 100.
On peut dire que de même qu'existe un suffrage étroitement autorisé et contrôlé pour coller au "contrat social" (en dehors duquel toute liste ne serait pas autorisée et donc la liberté du suffrage n'existe pas), il existe pareillement une opposition contrôlée (et donc la liberté syndicale ou d'association est une fiction), dont la psychoclinicienne Ariane Bilheran fait une remarquable analyse :
La mise en place de la dystopie covidienne a entraîné de profondes ruptures au sein de nos sociétés.
Des groupes se sont formés pour résister au règne de l’absurde et à la dictature sanitaire, de nouveaux médias ont émergé, et aussi, bien entendu, des leaders d’opinion et des figures charismatiques. Croira-t-on que le pouvoir qui a mis en place un système aussi inique et abusif soit resté les bras croisés face à cette contestation? Les récents remous qui agitent la sphère de l’opposition témoignent au contraire d’un travail de sape et de subversion efficace, qui doit être étudié en soi comme l’une des composantes de la dérive totalitaire en cours. Voici donc un aperçu des stratégies et des procédés.
Lorsqu’un pouvoir enclenche une guerre contre sa population, pour faire passer en force des mesures impopulaires et/ou divers projets tyranniques, il sait qu’une frange politisée (au sens de l’engagement politique au sens noble), certes minime mais solide, risque de réagir. Il anticipe et canalise donc cette colère en fabriquant « sa » résistance, produit de la même ingénierie et de la même ardeur avec lesquelles il s’emploie à manipuler la population. Notons que les mêmes méthodes sont appliquées dans les entreprises, lors de la création du « syndicat jaune » dont la fonction sera d’être au service, non pas des travailleurs, mais des patrons.
Ainsi, comment un pouvoir anticipe-t-il une résistance et la contrôle de l’intérieur jusqu’à la neutraliser puis la dissoudre ? Il est d’usage de parler d’opposition contrôlée (que j’appellerai ici « syndicat jaune ») mais encore faut-il revenir sur les techniques employées.
Cette opposition de façade est créée « dès le départ ». Ce point est essentiel. Elle a plusieurs fonctions. Tout d’abord, orienter et concentrer le plus possible les mécontentements à un seul endroit, tenu par ce même pouvoir derrière le ou les chefs du syndicat jaune. Cette agglomération permettra ensuite de diriger ces colères vers des revendications qui ne sont pas dangereuses pour le pouvoir et d’engager sur des actions non périlleuses, qui détournent l’attention de celles qui le sont. Par exemple, le syndicat jaune se battra pour l’heure de pause ou le menu du repas à la cantine, plutôt que contre le plan de licenciement. Les sujets qui fâchent sont occultés et l’attention est détournée. Enfin, il s’agit de cartographier les opposants, ceci afin d’obtenir l’intégralité des noms, et identifier les plus problématiques parmi eux, tant en force et dangerosité qu’en puissance de caractère et intégrité, dans l’intention de les neutraliser à terme.
Profilage
Qui sont les acteurs de cette «résistance autorisée» au service du pouvoir? Il y a en première ligne les acteurs conscients, les espions et les chefs du syndicat jaune. Ces derniers sont des agents recrutés, choisis, préalablement formés, scrupuleusement entraînés, redoutablement conseillés, et évidemment, grassement rémunérés. Commençons par les chefs visibles, qui sont diablement intelligents, cultivés, et ont donc tous les talents pour remplir cette mission.
Leur profil doit paraître irréprochable: aptitude à se dévouer à la cause de la résistance, image destinée à attirer une forte sympathie, voire une idolâtrie qui permettra de créer une nouvelle secte, dans le but d’évincer, avec l’aide des fanatiques envoûtés, les autres leaders intègres une fois que le mot d’ordre en sera donné, ou encore de créer une illusion telle que, lorsque les faits et gestes des leaders du syndicat jaune commenceront à être révélés, personne ne puisse y croire.
Les deux stratégies
Une stratégie de communication sera mise en place pour que la population identifie aisément quels sont les chefs qu’il convient de suivre. Par exemple, ils peuvent être propulsés dans certains médias du pouvoir comme était des leaders de la résistance, avec deux techniques. La première sera le passage très médiatisé dans un organe de communication du pouvoir, néanmoins présenté à la masse comme un média d’opposition, ce qui ne résistera pas à l’analyse des soutiens financiers: qui paie l’orchestre paie la musique.
La deuxième consiste à médiatiser les chefs infiltrés comme des leaders infréquentables, par exemple, avec des articles à charge, une visibilité à la télévision, etc. et même, à faire croire à des représailles sur eux (censure, convocations, etc.). Le film avec ses acteurs, son scénario et ses péripéties doit être, surtout, parfaitement crédible. L’essentiel est que l’ensemble soit amplement médiatisé et que les agents puissent être facilement et rapidement identifiés comme les nouveaux chefs de la résistance. En couvrant ces deux aspects, on est assez certain d’attirer la majorité des mécontents: ceux qui croient ce que les médias officiels leur disent, et ceux qui ne les croient plus mais croient encore aux médias officiels ou aux médias désormais intronisés dans cette résistance manipulée. Ce constat du mode de propulsion des chefs du syndicat jaune est aussi valable pour les médias et groupes (associations, etc.) qui vont remplir le rôle de pseudo-opposants au pouvoir, et être investis de cette mission.
Pendant ce temps, et dans la réalité, les véritables opposants (chefs, porte-parole, groupes et médias) sont l’objet d’une savante stratégie d’invisibilisation et de censure, que ce soit dans les médias officiels du pouvoir ou dans les médias apparents de l’opposition au pouvoir. À une nuance près: si l’on a besoin de se servir de leur image pour une caution d’intégrité ou de crédibilité, ils peuvent être instrumentalisés un certain temps. On les effacera de l’échiquier plus tard, lorsque cet «argument d’autorité» n’aura plus d’intérêt.
Cf. Source et suite : https://www.arianebilheran.com/post/l-opposition-contr%C3%B4l%C3%A9e-ou-le-syndicat-jaune-antipresse-425
Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 62.
Rien n'est plus fort que la douceur ; rien n'est plus doux que la vraie force.
St François de Sales
François de Sales naquit au château de Sales, en Savoie, en 1567. Issu d’une vieille famille aristocratique du duché de Savoie, il choisit le chemin de la foi. Consacrant sa vie à Dieu, il renonça à tous ses titres de noblesse. Le futur saint était l'aîné de six frères et sœurs.
Lors de son baptême, il reçut le prénom de "François" en vénération pourFrançois d'Assise.
Après ses premières années d'études, on l'envoya au collège des jésuites à Paris.
François aimait aller prier devant l'image de Notre-Dame de Bonne-Délivrance, dans l'église aujourd'hui détruite de Saint-Étienne des Grès à Paris; ce fut là qu'il fit voeu de chasteté, et qu'il recouvra miraculeusement la paix de son âme, troublée par une horrible tentation de désespoir. En souvenir sera érigée en 1692 une chapelleSaint-François-de-Sales dans cette église (l'une des plus anciennes églises de Paris, fondée par Saint Denis, qui, malheureusement, sera détruite par les vandales révolutionnaires en 1792).
Après avoir fait son droit à Padoue, François embrassa l'état ecclésiastique. [1]
Nommer ce saint, c'est personnifier la vertu de douceur ; il fut le saint aimable par excellence et, sous ce rapport particulièrement, le parfait imitateur de Celui qui a dit : "Apprenez de Moi que Je suis doux et humble de cœur." [2]
"Écartant le rigorisme desséchant d'une certaine Église, ce grand maître fut, comme d'aucuns l'ont dit, le 'saint de la douceur de Dieu', indulgent à l'égard de la faiblesse humaine, en un temps où le Dieu des chrétiens était encore le Dieu de l'Ancien Testament." [3]
Jeune homme, il mena la vie des anges. Prêtre, il se montra digne émule des plus grands apôtres, par ses travaux et par les innombrables conversions qu'il opéra parmi les protestants. Évêque, il fut le rempart de la foi, le père de son peuple, le docteur de la piété chrétienne, un Pontife incomparable.
"On disait communément, écrit sainte Jeanne de Chantal, qu'il n'y avait pas de meilleur moyen de gagner sa faveur que de lui faire du mal, et que c'était la seule vengeance qu'il sût exercer." -- "Il avait un cœur tout à fait innocent, dit la même sainte ; jamais il ne fit aucun acte par malice ou amertume de cœur. Jamais on n'a vu un cœur si doux, si humble, si débonnaire, si gracieux et si affable qu'était le sien."
Les armes de François de Sales étaient celles de l'amour. C'est d'ailleurs l'une de ses devises :
Rien par force, tout par amour.
François de Sales incarna de façon exemplaire, au cours d'une existence souvent harassante, les plus hautes vertus évangéliques au point d'être appelé le Docteur de l'amour. [4]
Reconstituons le contexte historique quelques années avant la prise de fonction de François. Berne, en Suisse, qui s'était déclaré pour la Réforme en 1528, dépêcha plusieurs "évangélistes" à Genève en 1530 (tels que Ami Perrin, Malbuisson, Clauder Roger et surtout Farel). La religieuse Jeanne de Jussie, du couvent de Sainte-Claire, relata ainsi les troubles qui secouèrent Genève à partir de l'arrivée des troupes et des "évangélistes" bernois : "Et le jour de Monsieur Saint François (d'Assise), un mardi [1530], à dix heures du matin, arrivèrent à Morges les fourriers des Suisses pour prendre logis pour l'armée. Le mercredi, jeudi et vendredi, arrivèrent les troupes des deux cantons de Berne et Fribourg, audit Morges, et firent de grands maux... ils commencèrent à piller, dérober, à fourrager les pauvres gens, et ne laissèrent blé, vin, chair ni meubles par les maisons et châteaux des nobles, et puis brûlèrent tout, qui ne fut pas petite perte... Non contents encore, ces hérétiques rompirent la sacristie et toutes les armoires... et prirent tous les ornements qu'ils trouvèrent et emportèrent tout avec l'horloge du couvent, toutes les couvertures et linges des frères, tellement qu'il ne resta chose aucune... Et tous les prêtres [catholiques] qu'ils trouvaient portant longue robe la leur ôtaient, les dépouillaient et battaient, à toutes les images qu'ils trouvaient tant en plate peinture (fresque) qu'en tableaux, ils leurs crevaient les yeux avec la pointe de leurs piques et épées, et crachaient contre... ils brûlèrent tous les livres, tant de la chanterie qu'autres..."
"Le lundi, environ midi [1530], l'armée entra dedans Genève, poursuit soeur Jeanne de Jussie; ils menaient dix-neuf grosses pièces d'artillerie... Les luthériens se firent ouvrir l'église cathédrale Saint-Pierre. Le prédicateur Guillaume Farel se mit en chaire et prêchait en langue allemande. Ses auditeurs sautaient par-dessus les autels comme chèvres et bêtes brutes... Ces chiens abattirent l'autel de l'Oratoire et mirent en pièces la verrière où était en peinture l'image de monsieur Saint Antoine... Ils rompirent aussi une belle croix de pierre... et au couvent des Augustins rompirent plusieurs belles images, et au couvent des Jacobins rompirent de belles croix de pierre...
Au mois d'août 1532, les hérétiques firent descendre les cloches du prieuré de Saint-Victor, et puis abattre jusqu'au fondement tout le monastère. En ce même mois, le jour de la Décollation de Saint Jean Baptiste, ils abattirent une petite et fort jolie église de Saint Laurent, et fut aussi abattue l'église de Madame Sainte Marguerite...
L'an 1534,... la veille de Pentecôte, à dix heures de nuit, les hérétiques [luthériens] coupèrent les têtes à six images [statues] devant la porte des Cordeliers, puis les jetèrent dans les puits de Sainte-Claire. Le jour de la Saint-Denis fut découverte [le toit démonté] l'église paroissiale de Saint-Léger hors la ville, et puis entièrement rasée et abattue, et tous les autels rompus et mis en pièces. [5]
(En 1535) Expulsion des soeurs de Sainte-Claire. Le dimanche dans les octaves de la Visitation vinrent les syndics [réformés]... Le syndic ordonna à la mère abbesse d'ouvrir les portes (les Soeurs de Ste Claire ou Clarisses appartenaient à un ordre cloîtré). [L]es soeurs s'étant assemblées, Farel les harangua, ... vantant le mariage, la liberté. La mère abbesse l'arrêta mais fut expulsée. Le jour de monsieur saint Barthélémy, vinrent grandes compagnies tous en armes et bien embâtonnées [bien armés] et de toutes sortes d'armes.... ils vinrent heurter à la grande porte du couvent Sainte-Claire. La porte une fois ouverte, le chef de la troupe ordonna aux soeurs 'de par messieurs de la ville que plus ne dites aucun office, haut ni lus, et de ne plus ouïr la messe'. Il fut convenu entre la mère abbesse et le syndic que les soeurs quitteraient le couvent sans rien emporter... Le syndic promit de les conduire à la porte de la ville, sous bonne garde. La sortie se fit alors tant bien que mal, car plusieurs des soeurs étaient âgées et malades. ... Parties de Genève à cinq heures du matin, elles arrivèrent à Saint-Julien en fin de journée, où elles purent prendre du repos, avant de rejoindre Annecy, où le duc de Savoie leur avait fait préparer un couvent.
Le 5 août [1535], il (Farel) prêcha à Saint-Dominique et le 8 à Saint-Pierre. Après chacun de ses prêches, la foule de ses partisans abattit les statues et les croix, renversa les autels et les tabernacles, brûla les reliques et jeta les cendres au vent. [6]
Pierre de la Baume, le dernier évêque résidant avait quitté Genève le 1er octobre 1535, après que les syndics eurent publié un décret (le 27 août) par lequel ils ordonnaient 'que tous les citoyens et habitants eussent à embrasser la religion protestante, abolissant entièrement et absolument celle de la catholique'".
La théocratie genevoise
"Le 3 avril 1536, il fut donné un mois aux prêtres catholiques pour qu'ils se convertissent et, en attendant, il leur fut interdit de 'se mêler de dire la messe, de baptiser, confesser, épouser [marier]'. Le 5 avril, pareille défense fut faite aux chanoines. Enfin, le 21 mai 1536, 'le peuple réuni en Conseil général, adhérait unanimement à la Réforme religieuse'. En juin 1536, le Conseil abolit la célébration des fêtes, à l'exception du dimanche. Genève était une ville protestante".[7] La ville, dont l'évêque a été chassé, est devenue une république.
Le 2 novembre 1536, le bailli de Lausanne, jugeant que les réformés l'avaient emporté, se mit à la tête d'une troupe d'archers et fit le tour des paroisses du lausannois, 'parcourant les campagnes, rasant les chapelles, renversant les autels et abattant les croix... aux cris de 'À bas les papistes'". [8]
Appelé à Genève en 1536, Calvin en fut banni deux ans après, mais il y fut rappelé en 1540. Il exercera alors l'influence la plus absolue, faisant reconnaître comme loi d'État un formulaire réglant les principaux articles de foi. "De lourdes amendes punirent les catholiques qui restaient chez eux au lieu d'aller au prêche; harassés, traqués, les fidèles se lassèrent, beaucoup se soumirent pour avoir la paix. La Réforme, assez vite, régna en maître dans le Chablais." [9]
Fondateur de la théocratie genevoise, Calvin forge toute la future démocratie européenne. Du fer antique : l'Ancien Testament - la Loi, il forge une nouvelle Jérusalem terrestre. Calvin confond simplement la nouvelle Sion avec l'ancien Sinaï. Il ne voit pas ou ne veut pas voir la loi nouvelle de l'Évangile par rapport à l'Ancien Testament, à la Loi. "La fin de la loi est le Christ", dit l'apôtre Paul (Rom 10:4); "La fin du Christ, c'est la Loi", aurait pu dire Calvin.
"Composé de pasteurs et de laïcs (les "Anciens"), un consistoire est notamment chargé de la surveillance de la vie privée des citoyens. Jeux, spectacles, bals, chansons et tavernes sont interdits, toute infraction morale (adultère, violence, impiété) étant considérée comme un crime." [10]
"La profession de foi de 1536 doit être jurée par les habitants. [...] Pour Luther, la volonté humaine ne pouvait que faire le mal, pour Calvin, elle ne veut que le mal et sa responsabilité est entière.
[...] Dieu prédestine au salut (Traité de la prédestination, 1552).
Calvin fait exiler ses contradicteurs, l'humaniste Castellion, en 1544, le pasteur Bolsec, qui rejetait la prédestination, en 1551." [11]
Le 12 novembre 1537, le Conseil ordonne à tous ceux qui avaient refusé de jurer la Réformation [accepter le formulaire] de quitter la ville.
"Calvin inféode l'Église à l'État" : "Les seigneurs sont des dieux. Le peuple est Satan". Il "fait de l'État le serviteur et l'instrument de l'Église. À Genève il proscrit les jeux et le théâtre, impose l'assistance aux sermons, détermine les prénoms permis, règle la coupe des habits. [...] Les huguenots (de l'allemand eidgenosse, lié par serment), les huguenots de religion se transforment en huguenots d'État. [...] [L]'Église calviniste devient une coalition d'idées et d'intérêts, un parti et une armée." [12]
"Tous doivent prêter serment au nouveau Credo; ceux qui y manqueraient seront chassés de la ville; car, [...] l'Église, 'Cité de Dieu', et l'État, 'Cité des hommes', dans l'action, ne font qu'un, aux yeux de Calvin. Être ou ne pas être dans l'Église signifie être ou ne pas être dans l'État. Les dizenniers, ou hommes du guet, font irruption dans les maisons et traînent le peuple, par groupe de dix, à la prestation de serment.
"Plusieurs Eidgnots firent remarquer, en se gaussant, que Farel et Calvin 'qui étaient venus pour faire triompher le libre examen [la liberté de conscience] l'étouffaient à la première manifestation de dissidence'. Quelques-uns d'entre eux allèrent jusqu'à se moquer des 'deux papes qui étaient apparus pour ressusciter la lettre et qui l'emprisonnaient après la lutte de Lausanne.' Très vite ces propos se répandirent dans Genève, et firent rire, le peuple ne tarda pas à appeler leurs auteurs des libertins (car ils défendaient la liberté de penser), et le surnom leur resta ; injure qui devait bientôt se propager et dont on allait flétrir tout individu qui jouerait aux dés, qui n'aurait point éteint sa lumière après le signal du couvre-feu, qui boirait pendant les offices, danserait le dimanche, critiquerait les actes du syndic, ou garderait une image [pieuse] au logis.' (J.M. Aulin)." [13]
Après la théocratie de l'Ancien Testament, ici, à Genève, se manifeste à nouveau non pas un homme sacré, mais un peuple sacré; le but de l'État et de l'Église devient non plus la sainteté individuelle, mais la sainteté commune. 'Vous êtes un genre élu, une sainteté royale, un peuple saint.' (I P 2:9), dit Calvin aux Genevois. La ville grouille de limiers, dénommés 'Gardiens', dont l'oeil, tel 'l'oeil qui voit tout', pénètre partout (Ordonnances Ecclésiastiques de 1541). On ne juge pas seulement les actes, mais aussi les pensées et les sentiments. Toute tentative, même la plus secrète, de s'élever contre le 'Règne de Dieu', est soumise, en tant que 'trahison envers l'État', aux plus féroces châtiments de la loi: au fer et au feu. Tout le peuple genevois deviendra une sorte de Prisonnier de Chillon, et la Théocratie de Calvin - une ténébreuse prison souterraine dans l'azurée lumière du Léman." [14]
Calvin va plus loin que Luther : le salut est offert aux uns, refusé aux autres (Traité sur la Prédestination, 1552). En outre, la volonté humaine est totalement corrompue et l'homme ne peut sortir de cette corruption par aucune oeuvre. Seule la foi peut le sauver. "Ainsi, ... du plus profond pessimisme, le calvinisme débouche sur un certain orgueil, celui d'appartenir à une élite, d'être une sorte de nouveau peuple élu, donc d'être investi d'une mission de régénération du monde.
[...] La marque calviniste, même si elle déborde le milieu protestant, est présente dans la manie moderne de tout remettre en question, dans l'interventionnisme moralisateur à propos de tout, [...] dans ce besoin de décerner des bons et des mauvais points aux quatre coins du monde, dans ces discours politiques qui prennent souvent le ton du prêche. [...] Les conformismes qui pullulent aujourd'hui, dont celui du 'politiquement correct', voire du 'sexuellement correct', ne sont pas étrangers à l'influence protestante dans les milieux de la politique ou de l'édition", résume A. Richardt. [15]
De 1541 à 1546 seulement, 76 citoyens sont bannis, et 58 genevois sont envoyés au bûcher par Calvin. [16] Ce qui fait quasiment une personne de la ville envoyée au bûcher tous les mois en cinq ans.
Les prisons étaient pleines de délinquants. Aimé Richardt, donne des "exemples de la tyrannie mesquine qu'exerçaient les ministres protestants" à Genève. "C'est ainsi que, en date du 20 mai 1537, nous trouvons : 'Une épouse étant sortie dimanche dernier avec les cheveux plus abattus [plus tombant sur les épaules] qu'il ne se doit faire, ce qui est un mauvais exemple et contraire à ce qu'on évangélise, on fait mettre en prison la maîtresse, les dames qui l'ont menée et celle qui l'a coiffée.'
Un autre jour, on saisit à un pauvre diable un jeu de cartes. 'Que va-t-on faire du coupable? Le mettre en prison?' La peine eût été trop douce aux yeux de Calvin. On le condamna donc à être exposé au pilori, son jeu de cartes autour du cou."
[...] Les rieurs ne manquèrent pas de protester... L'un demandait 'où le Saint-Esprit avait marqué dans l'Écriture la forme des coiffures des femmes?'. ... Un autre voulait savoir si la barbe de bouc que portait Farel ressemblait à celle d'Aaron !" [17]
Dmitri Mèrejkovski donne d'autres exemples de cette tyrannie :
- un marchand fort connu, fut condamné à mort pour fornication; il monta sur l'échafaud en remerciant Dieu de ce qu'il allait être exécuté "suivant les lois sévères, mais impartiales de sa patrie";
- Le libertin athée Jacques Gruet fut le premier à être décapité le 26 juillet 1547, après avoir été torturé matin et soir, pendant un long mois, du 28 juin au 25 juillet. Sa tête fut clouée au pilori sur le Champel pendant de longs jours. La flamme des bûchers s'éleva.
Lors de la peste de 1543 à Genève, on brûla quinze sorcières; les sorciers, on les châtiait avec 'une plus grande sévérité' : après des tortures inouïes, on les écartelait ! Plusieurs s'étranglaient dans leur cachot pour échapper à la question.
On brûla également le médecin et ses deux aides de l'hôpital des pestiférés. Le 'Règne de Dieu' à Genève équivalut au règne du diable à Munster.
[...] En novembre 1545, les pasteurs de Genève faisant jeter au feu une de leurs fournées de sorcières, Calvin requit les Conseils de la ville, de 'commander aux officiers de la dicte terre de faire légitime inquisition contre telles hérégies, afin de extyrper telle rasse de la dicte terre.'" [18]
En 1555. Deux bateliers, les frères Comparet furent soumis à la question et condamnés à mort. "Je suis certainement persuadé que ce n'est pas sans un spécial jugement de Dieu qu'ils ont tous deux subi, en dehors du verdict des juges, un long tourment sous la main du bourreau" (le fer ayant glissé sur leurs vertèbres). Après l'exécution, les corps des deux frères, suivant la sentence, furent écartelés et l'une des quatre parties de chaque corps, fut clouée au pilori, devant la porte Cornavin, afin que quiconque pénétrait dans la ville sût ce qu'il en coûtait de ne pas se soumettre à la parole de Dieu ou à celle de Calvin.
Le 15 septembre 1555, sur le Champel, fut mis à mort ce même Berthelier qui, trois ans auparavant, presque à la veille de l'affaire Servet, avait causé un soulèvement des plus dangereux pour Calvin. Debout au pied de la chaire où prêchait Calvin, des indicateurs observaient la manière dont les gens l'écoutaient.
Deux personnes furent arrêtées parce qu'elles sourirent quand quelqu'un tomba, endormi, de son banc; deux autres, parce qu'elles avaient prisé.
On jeta en prison celui qui avait dit : "Il ne faut pas croire que l'Église soient pendue à la ceinture de maître Calvin!" On faillit brûler une vieille femme comme sorcière parce qu'elle avait regardé Calvin trop fixement.
Calvin est le maître à penser de la cité. "Je vous défends d'obéir au pape, répète-t-il, mais je veux que vous obéissiez à Calvin."
Une jeune femme fut condamnée à l'exil perpétuel parce qu'elle avait prononcé en sortant de l'Église : "Il nous suffit bien ce que Jésus-Christ a prêché !"
Deux enfants, qui avaient mangé pour deux florins de gâteaux sur le parvis de l'église, furent fouettés des verges. On était jeté en prison pour la lecture de Amadis; pour le port de chaussures à la mode et de manches à gigots; pour trop bien tresser la chevelure, ce dont Dieu se trouvait 'grandement offensé'; pour un coup d'oeil de travers; pour avoir dansé ou avoir simplement regardé d'autres le faire. Plusieurs personnes qui avaient ri pendant un de ses prêches (de Calvin) furent jetées en prison.." [19]
Le 3 juin 1555. "Ami Perrin fut condamné (ainsi que ceux des libertins qui s'étaient enfuis avec lui, Philibert Berthelier, Michalet, Vernat) par contumace, à avoir 'le poing du bras droit duquel il a intenté aux bâtons syndicaux coupé.' Il sera ensuite décapité puis 'la tête et le dit poing seront cloués au gibet et les corps mis en quatre quartiers (Annales Calviniani, O.C., 21, p. 608)."
"Les deux Comparet [...] qui, après avoir eu les têtes décapitées, furent mis en quartiers et les quartiers pendus chacun à une potence, aux quatre coins des franchises de la ville, et la tête d'un chacun d'eux avec l'un des quartiers. [...] L'on ne fit que couper les têtes à (François-Daniel) Berthelier et au Bastard [Claude Genève] sans les écarteler; la tête de Berthelier et son corps demeurèrent au gibet, aussi fut le corps du Bastard, mais sa tête fut clouée à un chevron sur la muraille du Mollard." [20]
L'épisode le plus connu de ces dérèglements meurtriers est celui de Michel Servet. Ce médecin aragonais professait publiquement que Dieu n'était pas trinitaire. Ignorant le ressort intime du régime de la ville-église, il eut l'audace d'en discuter avec le maître qui l'envoya brûler en 1555.
En 1594, le jeune François de Sales s'écriera :
C'est par la charité qu'il faut ébranler les murs de Genève, par la charité qu'il faut la recouvrer... il faut [les] renverser par des prières ardentes et livrer l'assaut par la charité fraternelle. [21]
Et dans son Introduction à la vie dévôte (III 23), en 1608, il dira : "Qui a gagné le cœur de l’homme a gagné tout l’homme."
Et "Bénis les coeurs tendres, car ils ne se briseront jamais."
"La mesure de l'amour est l'amour sans mesure."
"L'amour ne nous trouvant pas égaux, il nous égale ; ne nous trouvant pas unis, il nous unit." (Traité sur l'amour de Dieu, 1616)
Luther et Calvin "demandent" une Réforme extérieure. Saint François de Sales et l'Église catholique répondent par une Réforme intérieure.
En 1602, n'ayant rien dit dans ses sermons contre le calvinisme, François écrira encore : "Voyez-vous, ce sermon-là [sur le Dernier jugement] qui ne fut point fait contre l'hérésie respirait néanmoins contre l'hérésie, car Dieu me donna lors cet esprit en faveur des âmes. Depuis, j'ai toujours dit que qui prêche avec amour prêche assez contre les hérétiques, quoiqu'il ne dise un seul mot de dispute contre eux!" [22]
Le règlement de vie intérieure et de vie extérieure
En 1591, il avait rédigé sur les conseils de son confesseur, un 'règlement de vie intérieure et de vie extérieure', dont il observera l'esprit jusqu'à sa mort. Ce règlement est divisé en quatre parties:
- l'exercice de préparation, qui consiste à "se prescrire au début de chaque journée l'acte mêlé de réflexions et de prières". François le jugeait indispensable, écrivant : "la prescription est comme un fourrier [préparateur] à toutes nos actions... Je la préférerais toujours à toute autre chose ..."
- Fixer les exercices de piété qui doivent ponctuer la journée d'un étudiant chrétien en commençant la journée par une action de grâce "avec ces paroles du Psalmiste royal, David : Dès l'aube, vous serez le sujet de ma méditation."
- Le repos spirituel ou l'"exercice du sommeil". "Comme le corps a besoin de prendre son sommeil pour délasser et soulager ses membres travaillés [fatigués], de même est-il nécessaire que l'âme ait quelque temps pour sommeiller et se reposer entre les chastes bras de son céleste Époux, afin de restaurer par ce moyen les forces et la vigueur de ses puissances spirituelles...."
- Règles pour les conversations et rencontres. Cette dernière partie du règlement de vie intérieure cherche "à établir la liaison entre la vie du monde et la perfection chrétienne." C'est un thème que François reprendra dans son Introduction à la Vie dévôte (1608), l'une des œuvres majeures de la littérature Chrétienne. François établit la manière dont il entend régler ses relations avec ses semblables : "Je ne mépriserai jamais ni ne montrerai signe de fuir totalement la rencontre de quelque personne que ce soit... Surtout je serai soigneux de ne mordre, piquer, de me moquer d'aucun... J'honorerai particulièrement chacun, j'observerai la modestie, je parlerai peu et bon..." [23]
Charité en actes et bonnes oeuves : La foi mise en application
Saint François de Sales mettait en application ce qu'il prêchait. Évêque, il recommandera, une fois pour toutes, à ses domestiques, de prendre garde à ne renvoyer aucune personne qui demandait à lui parler... "Il recevait toujours chacun avec un visage doux et gracieux... quand ceux de sa maison, pour le détourner de tant recevoir, lui parlaient des rusticités et des insipidités d'autrui, il répliquait : et nous, que sommes-nous? Mgr de Sales recevra en cachettes les pauvres honteux, et nourrira beaucoup de personnes qui n'osaient mendier leur pain (Ier Procès, t. II et t. III, art. 46 et 27).
Ces activités charitables terminées; François prenait plaisir à se promener dans sa ville, s'arrêtant ça et là pour donner quelques pièces aux pauvres. Il s'arrêtait pour visiter les malades et des infirmes, puis se rendait à l'hôpital, où il donnait sa bénédiction aux plus proches de l'agonie. Après cela, il allait à la cathédrale pour y entendre des confessions, et s'en revenait paisiblement à sa maison. Encore quelques audiences, quelques lettres, et c'est enfin le recueillement du soir, suivi d'une légère collation, dont il s'abstenait le vendredi et le samedi. Puis François de Sales disait son chapelet à la Vierge Marie, "ne se couchant jamais, fût-il onze heures, minuit, qu'il n'eût satisfait à cette obligation à laquelle il employait une heure de temps" (1er Procès, t. II, art. 33) [24]
Le mercredi 14 septembre 1594, en la fête de l'Exaltation de la Sainte Croix, accompagné de son cousin Louis de Sales, François se mit en route pour la forteresse des Allinges, où il avait l'intention de s'installer dans un premier temps. Partout la route était "bordée de débris de calvaires épars dans les haies; des potences élevées à la place des croix; l'église de Boringe, l'église d'Avully démolies de fond en comble, l'église de Bons, transformée en un temple calviniste; l'église de Saint-Didier, celle de Fessy, celle de Lully, abandonnées, les portes grandes ouvertes, les voûtes crevées.. Les autels renversés, tous les presbytères en ruines. Plus un son de cloche nulle part... Et les gens du pays qui voyaient passer ces deux voyageurs en soutane, harassés, couverts de poussière, leur jetaient des regards de haine..." [25] Très vite, devant l'ampleur de la tâche, les deux cousins se partagèrent le travail : Louis évangélisera, avec la colline d'Allinges, les paroisses qui l'avoisinent... François concentrera ses efforts sur Thonon, centre de l'erreur. [26]
Resté seul, il décida de prêcher presque tous les jours de la semaine, développant les vérités rejetées par les hérétiques, telles que l'origine divine de l'Église catholique, la réalité de l'Eucharistie et de la Messe. Peu à peu son auditoire s'accrut pour atteindre une douzaine, tous anciens catholiques devenus calvinistes par la force des choses.
La réaction des autorités réformées ne se fit pas attendre. Les principaux de Thonon [les chefs calvinistes] ayant assemblé leur conseil, se sont jurés que ni eux ni le peuple n'assisteraient jamais aux prédications catholiques... Loin de se décourager, François proposa de "rétablir la célébration du Saint Sacrifice [la Messe] le plus tôt qu'il pourra, afin que l'homme ennemi voie que, par ses artifices, il nous donne du courage au lieu de nous l'enlever." [27]
La besogne est rude, "les gens ont peur, le prêtre papiste est à l'index, et l'oeil de Genève surveille tout." [28]
Le 8 janvier 1595, François fut attaqué par un homme qui s'"est promis de le tuer et de porter sa tête à Genève"; miraculeusement, le mousquet de l'assassin fit long feu et l'homme s'enfuit.
Une autre atteinte se produisit un soir de février 1595. Accompagné de trois autres personnes, François remontait paisiblement vers la forteresse des Allinges lorsque deux hommes surgirent d'un buisson, et s'avancèrent vers lui, l'épée à la main. Sans perdre son sang-froid, le pieux missionnaire alla à eux et leur parla. Stupéfaits, les assaillants lui dirent qu'on les avait payés pour le tuer..., puis ils s'enfuirent. [29]
En juin 1595, l'abjuration de Poncet fit enrager les calvinistes, qui, selon Favre, étaient allés jusqu'à prétendre que "le prêtre papiste était un magicien qui veillait la nuit pour pratiquer des sortilèges sur la personne du converti". Les choses s'envenimèrent très vite, au point qu'un huguenot affirma par serment public avoir vu François au sabbat, dont il portait la marque, et dans les assemblées nocturnes des sorciers. Ce bruit courut tellement qu'on ne parlait que de tuer et de brûler les papistes... [30]
Dans le même temps, François inaugure une série de prédications sur l'Eucharistie, s'attaquant de front aux thèses des protestants (Luther rejetait la Transsubstantiation, n'admettant qu'une consubstantiation; Zwingli n'admettait qu'une présence figurative, et Calvin niait toute présence du Christ dans l'hostie).
En décembre 1595, le petit troupeau dépasse largement la centaine ! Mgr Trochu écrit : "Il y avait maintenant [à la fin 1595], dans la partie protestante de Chablais, environ 300 catholiques, dont 200 avaient été gagnés, un par un, en l'espace de quinze mois".[31]
"Le Chablais comptait 15 catholiques à Thonon en 1594. Ils sont plus de 25 000 en 1600." [32]
Cette situation déplaisait fort aux syndics [conseillers municipaux] de Thonon. Constatant que les tentatives de harassement du missionnaire (jets de pierre, insultes, accusations de sorcellerie...) avaient échoué, ils décidèrent de se tourner vers le pasteur calviniste Viret, en lui demandant de convaincre François d'erreurs doctrinales au cours d'une dispute publique. Viret occupait le poste de ministre à Thonon depuis plus de sept ans, "pour les gens du peuple, il était réputé grand savant, et il se drapait habilement dans cette légende".... Viret battit le rappel des ministres du Chablais et du pays de Vaud, les appelant à son aide. Ils tombèrent d'accord pour proposer à François une conférence publique pensant que se sentant seul contre tous, il refuserait le combat. François accepta la rencontre. Cette réunion eut lieu en présence d'Antoine de Saint-Michel, seigneur d'Avully, président du consistoire de Thonon, mais les pasteurs ne parvinrent pas à une entente. Il y eut "autant d'opinions que de têtes" [33]
Au jour et au lieu fixés, il y eut une foule... toute la ville de Thonon s'assembla. La foule attendit, puis commença à s'agiter; François, paisible, souriant, attendit aussi... Tout à coup, un homme, un seul, apparut : c'était Viret qui, confus, tint au peuple le discours suivant : "Mes collègues de Chablais et de Vaud, tout comme moi, étaient véritablement prêts à la dispute, mais après avoir mûrement considéré [réfléchi], ils ne jugent pas à propos de commencer une chose de si grandes importance sans le consentement et expresse permission de Son Altesse [le duc de Savoie], de peur que cette entreprise n'apporte plutôt du dommage que du profit, autant à un parti qu'à l'autre". Ébahie par cette dérobade, la foule hua le malheureux pasteur, pendant que François et plusieurs de ses amis riaient à gorge déployée ! Puis, le missionnaire restant seul maître du terrain, "prit en témoin tous les assistants qu'il ne tenait pas à lui que la dispute ne se fît".
Conséquence directe de la dérobade de Viret ? ....Un évènement de la plus haute importance se produisit le 19 février 1596. Ce jour-là, en l'église de Thonon, Antoine de Saint-Michel, seigneur d'Avully, issu d'une vieille famille genevoise, président du Consistoire réformé, "un des plus savants et opiniâtres calvinistes de la province", confesse publiquement la foi catholique ! Il abjura le 26 août à Turin, en présence du nonce. Mis au courant, le pape Clément VIII lui adressa le 20 septembre un bref personnel de félicitations. [34]
En décembre 1596, François prit l'audacieuse décision de célébrer les trois messes de Noël dans l'église saint Hippolyte de Thonon, qui était devenue un temple protestant, et où François n'avait obtenu que le droit de prêcher. "Sonner la messe à Saint-Hippolyte après soixante ans de silence ! François savait que ce serait frapper un grand coup. La messe, symbole du papisme, la messe que Luther et Calvin ont rejetée, la messe dans leur temple, ce serait pour les protestants [de Thonon] le suprême scandale. Les syndics, en effet, se récrièrent; des bagarres éclatèrent, mais François tint bon... et mit lui-même "la main à la pâte" pour "parer l'église le mieux qui lui fût possible d'images, de tapis, de cierges, et de lampes". Les Visitandines ajoutent qu'"il fut trois jours et trois nuits sans dormir et presque sans manger". Et c'est ainsi, qu'au coeur de la Thonon protestante, François de Sales "à la minuit de la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, célébra le très saint sacrifice de la messe." [35] En janvier 1597, François reçut du duc de Savoie, Charles-Emmanuel,l'autorisation de dire les messes en public, et rétablit par conséquent la messe à Thonon.
Le 9 avril 1597, le successeur de Calvin à Genève (1564), le protestant Théodore de Bèze accepta de rencontrer saint François de Sales, qui s'était réfugié à Annecy. Lors de son entrevue avec lui, François lui posa trois questions :
La première question
Après les amabilités d’usage, François, avec un sens aigu de l’essentiel, pose une question très courte
Monsieur, peut-on faire son salut en l’Église romaine ?
Bèze voit tout de suite la difficulté : si l’Église catholique assure le salut de ses fidèles, pourquoi s’en séparer ? Il suffisait de l’améliorer par le dedans, comme avaient déjà fait tous les saints réformateurs depuis des siècles (saint Grégoire VII, saint François d’Assise, saint Dominique, sainte Catherine de Sienne, etc.) et comme avait aussi fait le concile de Trente. Mais si le salut est impossible dans l’Église romaine, quelle autre société religieuse a donc donné le Christ aux hommes et assuré leur salut, avant le protestantisme ? Théodore de Bèze demande à se retirer pour réfléchir. Après une longue réflexion, il revient pour répondre : "Vous m’avez demandé si l’on pouvait faire son salut dans l’Église romaine. Certes je vous réponds affirmativement ; il est ainsi sans doute, et on ne peut nier avec vérité qu’elle ne soit la Mère-Église." [36]
Les pasteurs calvinistes Rotan et Morlas avaient été obligés de faire la même réponse au roi Henri IV, qui leur avait posé la même question, quatre ans plus tôt.
Deuxième question
Nouvelle question de François de Sales :
Puisqu’il en est ainsi et que le salut éternel est en l’Église romaine, pourquoi avez-vous planté cette prétendue Réforme, prenons l’exemple en France, avec tant de guerres, de saccagements, de ruines, d’embrasements, de séditions, de rapines, de meurtres, de destructions de temples et autres maux, qui sont innombrables ?
Réponse de Théodore de Bèze, après un long silence : "Je ne veux point nier que vous ne fassiez votre salut en votre religion. Mais il y a ce malheur que vous embrouillez les âmes de trop de cérémonies et difficultés ; car vous dites que les bonnes œuvres sont nécessaires au salut, qui toutefois ne sont que de bienséance. D’où arrivent plusieurs maux : les peuples, croyant à cette nécessité des bonnes œuvres par vos prédications et ne le faisant pas, ils se damnent misérablement parce qu’ils contreviennent à leur conscience. C’est pourquoi, afin de remédier à ces maux, nous avons tâché d’établir notre religion, en laquelle le chemin du ciel est rendu facile aux fidèles, ayant jeté ce fondement que la foi sauve sans les œuvres, que les bonnes œuvres ne sont point de la nécessité du salut, mais seulement, comme je vous ai déjà dit, de bienséance."
Conclusion et troisième question
François réplique alors :
Vous ne prenez pas garde qu’en rejetant les bonnes œuvres, vous tombez en des labyrinthes desquels vous aurez peine de sortir ! Pouvez-vous ignorer la raison pour laquelle Notre-Seigneur Jésus-Christ, en l’évangile de saint Matthieu, enseignant à ses Apôtres ce qu’il voulait qu’ils crussent du dernier Jugement, ne fait point de mention des péchés commis, mais dit tant seulement qu’il condamnera les mauvais parce qu’ils n’auront pas fait les bonnes œuvres. Voici ces paroles : « Allez, maudits, au feu éternel, qui est préparé au diable et à ses anges ; car j’ai eu faim, et vous ne m’avez point donné à manger… » Et le reste. (Mt 25:42-43)
Voyez-vous que pour avoir manqué aux bonnes œuvres s’ensuit la damnation éternelle. Si elles n’étaient que de bienséance, comme vous dites, pensez-vous que ceux qui ne les auraient pas faites fussent punis d’une peine si rigoureuse ?
Quant à moi j’attends votre solution à cette difficulté, ou bien que vous soyez d’un même sentiment avec moi.
Théodore de Bèze ne put rien répondre. [37]
Bèze se tut pendant un moment, puis "il se laissa aller à proférer des paroles indignes d'un philosophe" (on ignore ce que furent ces paroles indignes), précise Aimé Richardt. [38]
Intolérant, ce protestant fit une honteuse apologie du supplice de Michel Servet (un hérétique qui après avoir écrit en 1531 un livre "Des erreurs dans la doctrine de la Trinité", où il niait la consubstantialité du Fils au Père, fut condamné à être brûlé vif avec son livre, au lieu de Champel, le 27 octobre 1553). Or, dans un traité écrit à l'occasion du supplice de Servet, un certain Martin Bellius, avait en effet prôné la tolérance envers les hérétiques. Contre ce livre qu'il appelait un 'blasphème', Bèze écrivit une réfutation qu'il intitula Anti-Bellius. Il commença par réclamer du duc de Wurtemberg, auquel était dédié la dissertation de Bellius, une punition exemplaire de l'auteur. Puis il fit la théorie de l'extermination de tous les hérétiques : '... vaut mieux avoir un tyran, voire bien cruel, que d'avoir une licence telle que chacun fasse à sa fantaisie.'" [39] L'étonnant est qu'aussi bien Farel, qui conduisit Servet au bûcher, que Calvin avaient été eux-mêmes accusés de la même erreur une vingtaine d'années auparavant... En 1903, sur le Champel sera érigé un "monument expiatoire" au lieu même où fut brûlé Servet, avec l'inscription : "Fils respectueux et reconnaissants de Calvin... mais condamnant une erreur qui fut celle de son siècle... nous avons élevé ce monument expiatoire."[40] Ce qui veut dire que Servet fut brûlé "par erreur".
Relatant son entrevue avec Théodore de Bèze au pape Clément VIII, François lui écrivit : " Enfin [à la fin de notre entretien] je me retirai après avoir tenté tous les moyens de lui arracher l'aveu de sa pensée... alors je compris que je venais d'aborder un coeur de pierre, jusqu'ici inébranlable... je veux dire un coeur vieilli dans le mal." [41]
Devançant le rigorisme janséniste qui n'était pas encore paru, François de Sales conseilla une religieuse, la mère abbesse Angélique, qu'il rencontra le 5 avril 1619 et avec laquelle il entretint une correspondance nourrie. Il s'efforça souvent de tempérer les ardeurs de celle-ci, écrivant par exemple : "Manger peu, travailler beaucoup, avoir beaucoup de tracas d'esprit et refuser le dormir au corps, c'est vouloir tirer beaucoup de service d'un cheval qui est efflanqué, et sans le faire repaître... Ne vous chargez pas trop de veille et d'austérité..." Ou bien encore : "L'humilité, la simplicité de coeur... et la soumission d'esprit sont les solides fondements de la vie religieuse..., j'aimerais mieux que les cloîtres fussent remplis de tous les vices que du péché d'orgueil et de vanité..." Hélas, s'écrie l'abbé Fuzet, à la douce et riante figure de François de Sales... va succéder le sombre Saint-Cyran(ami de Jansénius, "d'extérieur humble et de coeur orgueilleux", écrit Aimé Richardt, il défendit le jansénisme), qui imposera à Angélique "une direction de crainte et de tremblement, une théologie de terreur, et un mysticisme obscur et exubérant". [42]
Le Saint patron des journalistes et des écrivains
On a dit, écrit Mgr Trochu, "si saint Paul revenait de nos jours, il se ferait journaliste. Or, c'est François de Sales qui, le premier en date, va le devenir. Il inaugure l'apostolat par la presse."
Il semble que cette vocation lui a été inspirée par Charles de Charmoisy [43] qui lui aurait conseillé de rédiger des articles destinés à remplacer les sermons, puis de les faire distribuer dans les foyers hérétiques. Ainsi, au lieu de prêcher pour une poignée de catholiques, il toucherait des centaines, voire des milliers de lecteurs. Convaincu, François se mit à la tâche: le 25 janvier 1595 parut une Épître à Messieurs de Thonon. Il réunira ces écrits dans un voulume qui sera publié sous le titre Controverses. Il fit imprimer ses écrits, comme le décrivent les Visitandines (Année sainte, manuscrit, p. 7) : "Chaque semaine, ce bon pasteur [François] envoya à Chambéry pour imprimer une nouvelle feuille qu'il faisait distribuer ensuite dans les maisons de Thonon et dans celles de la compagnie". Son ami, le sénateur Favre, s'occupait de la correction et de l'édition, ainsi que de l'expédition de ces feuilles volantes. Ces périodiques sont considérés aujourd'hui comme les premiers journaux catholiques au monde.
Parmi ces Controverses, on trouve cette mise en garde aux Réformés : "Premièrement, Messieurs, vos devanciers et vous aussi, avez fait une faute inexcusable quand vous prêtates l'oreille à ceux qui s'étaient séparés de l'Église." (tels Luther, Zwingli, Calvin...)
"Vous dites que le peuple dévôt vous a appelés, mais quel peuple ? Car ou il était catholique, ou il ne l'était pas : s'il était catholique, comment vous eût-il appelés et envoyés prêcher ce qu'il ne croyait pas ?.... Quand Luther commença, qui l'appela ? Il n'y avait encore point de peuple qui pensait aux opinions qu'il a soutenues...."
Il s'en prend ensuite à ces pasteurs qui prétendent que chacun peut lire et interpréter les Écritures. "Mais ne serait-ce pas tout brouiller de permettre à chacun de dire ce que bon lui semblerait ? Il se faut ranger à l'Écriture, en laquelle on ne retrouvera jamais que les peuples aient pouvoir de se donner des pasteurs et prédicateurs." [44]
Le résultat est là. Et quand en 1598, l'évêque vient examiner la tâche accomplie, il constate que la quasi-totalité des Chablaisiens ont réintégré la bergerie catholique. François a alors trente-deux ans. Sa mission du Chablais l'a rendu célèbre. [45]
Le 8 décembre 1602, François de Sales est ordonné évêque de Genève à Thorens par Mgr Vespasien Gribaldi, archevêque émérite de Vienne, et métropolitain de Genève. Nouvel évêque, il décide d'instituer le catéchisme afin de diffuser, de faire connaître et comprendre la foi catholique aux croyants de son diocèse. Ses fidèles l’appellent "l'aimable Christ de Genève". [46] Dans la petite ville qu'est alors Annecy - puisque Genève est aux mains de Théodore de Bèze -, il vit modestement, à la façon d'un moine plus que d'un dignitaire.
En 1603, François recommandait : "Dieu seul soit votre repos et consolation!" (Lettre à Mademoiselle de Soulfour, 16 janvier 1603: Œuvres complètes, XII, p. 163, cité inLettre du pape Jean-Paul II, pour les 400 ans de l’ordination épiscopale de saint François de Sales, 23 novembre 2002).
En 1606, dans la querelle sur la prédestination "entre le molinisme (jésuites qui attaquaient la prédestination comme entachée de protestantisme), qui semble faire la part trop grande à l'homme, et le thomisme (dominicains qui ripostèrent en attaquant les jésuites de pélagianisme), qui centre tout sur Dieu, ... il suffisait, comme le dira Bossuet, 'de tenir les deux bouts de la chaîne", ce qu'avait conseillé de faire saint François de Sales[47], qui "fut consulté par Rome (vers la fin de 1606). Hélas, sa réponse est perdue. Charles-Auguste de Sales nous en donne une idée en écrivant : 'Il répondit son sentiment de la même façon qu'il l'a traité en son livre Traité de l'Amour de Dieu (L III, chap. V) :
Dieu a voulu premièrement, d'une vraie volonté, qu'encore après le péché d'Adam, tous les hommes fussent sauvés; mais en une façon et par des moyens convenables à la condition de leur nature douée du libre arbitre [liberté]; c'est-à-dire, il voulut le salut de tous ceux qui voudraient contribuer par leur consentement aux grâces et faveurs qu'il leur préparait, offrirait et départirait à cette intention. Or, entre ces faveurs, il voulut que la vocation [l'appel à la foi et à la vie chrétienne] fût la première et qu'elle fût tellement [assortie] à notre liberté que nous la puissions accepter ou rejeter à notre gré. [48]
C'est au cours de l'année 1608 que l'évêque de Genève, François de Sales, âgé de 41 ans et prêtre depuis 15 ans,écrivit son œuvre la plus connue,l'Introduction à la vie dévote. Pour François de Sales et ses contemporains, la dévotion désignait, grosso modo, ce que nous appelons aujourd'hui lavie spirituelle, considérée dans sa réalisation la plus authentique, et la plus fervente.
Saint Thomas d'Aquin définit la dévotion comme "un acte de la vertu de religion, dont le propre est de relier l'homme à Dieu."
Sa doctrine spirituelle est simple : 1. viser à plaire à Dieu et non aux hommes. - 2. Rien par contrainte, tout par amour. - 3. Ne rien demander, ne rien refuser. - 4. Aller de l'intérieur à l'extérieur. - 5. Aller "tout bellement". 6. Avec douce diligence. 7. Ne penser qu'à aujourd'hui. 8. Recommencer chaque jour. 9. Profiter de toutes les occasions. - 10. Se guérir de ses imperfections. - 11. Vivre paisiblement. 12. Vivre joyeux. 13. Vivre en esprit de liberté.
Les éditions du Cerf ont publié en 2019 une très utile "Introduction à la vie dévote, mise en français contemporain", Collection Spiritualité LeXio. On trouvera le texte original de l'Introduction à la vie dévotedans Saint François de Sales, Oeuvres, Paris, Galimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1969, avec l'orthographe modernisée.
Le langage et le style utilisés étaient très simples pour l'époque, sans citations latines ni grecques, permettant une lecture beaucoup plus large que les traités spirituels qui existaient alors.L'ouvrage était destiné à des laïcs ne se destinant pas à la vie religieuse, et avait pour principal but de montrer qu'il était possible de mener une vie sainte tout en vivant dans le monde. Les vies des saints, et particulièrement de ceux qui ont vécu dans le monde, sont souvent prises comme exemple. Ce livre eut très vite un énorme succès : il fut réimprimé plus de quarante fois du vivant de François de Sales ; le roi de France Henri IV lui-même le lut et la reine Marie de Médicis en offrit un exemplaire "orné de diamants", au roi d'Angleterre.
Comment expliquer l'énorme succès que connut l'Introduction à la Vie dévôte(plusieurs centaines d'éditions) ?
"[L]'austérité de tels textes tels que leCombat spirituelou l'Imitation de Jésus-Christ, [...] réservaient 'l'amour de Dieu à une élite contemplative' (André Ravier). Tout autre était cetteIntroduction à la Vie dévoteque Vaugelas appellera 'le livre nécessaire', le livre en qui les gens qui vivent en la presse du monde reconnaîtrontleurlivre, parce qu'il a 'rendu la dévotion sociable'."[49]
Il ose dire qu'on peut être chrétien sans être austère ni faire des oraisons prolongées, qu'on peut atteindre la perfection sans être du clergé mais en pratiquant son devoir d'état et en acceptant sa condition de vie qu'on soit "soldat, artisan, prince ou simplement marié'. Il répond à l'inquiétude qui habite tout chrétien de son temps : "Que notre âme soit en clarté, en ténèbres, en goût, en dégoût, il faut pourtant qu'à jamais la pointe de notre coeur qui est notre boussole, tende à l'amour de Dieu".[50]Le jeune Louis XIII se nourrira de la spiritualité de la Vie dévote de François de Sales qu'il se fera lire.[51]
Lorsque en 1607, François exposa ainsi la situation de son diocèse au pape Clément VIII, il écrivit : "Il y a douze ans, dans soixante-quatre paroisses voisines de Genève[les paroisses du Chablais]et pour ainsi parler, sous ses murs, l'hérésie occupait les chaires [les églises], elle avait tout envahi; à la religion catholique, il ne restait [rien]. Or, aujourd'hui, dans la même région, l'Église étend de toutes parts ses rameaux, avec des poussées si vigoureuses que l'hérésie n'y a plus de place. Jadis on avait peine à convoquer cent catholiques entre toutes les paroisses réunies : aujourd'hui on n'y verrait pas cent hérétiques....'"[52]
"Il convertit, dit-on, plus de soixante-douze mille hérétiques, dont un assez grand nombre appartenaient aux classes élevées."[53]
"Ravissements, visions, lectures des âmes, parfums mystérieux, le saint vit des phénomènes incroyables. ses pénitents qui viennent à lui, il affirme voir 'clairement dans leur coeur comme au travers d'un cristal.' Il obtient la guérison deJeanne de Chantalpar la prière adressée àsaint Charles Borromée (+1584) qu'il aime tant."[54]
Le dimanche 6 juin 1610, François de Sales fonde à Annecy avec Ste Jeanne de Chantal l’Ordre de la Visitation de Sainte-Marie, ordre monastique féminin de droit pontifical, initialement établi dans une modeste "maison de la Galerie". La cave de cet immeuble, conservée, a été aménagée en oratoire et de nombreux pèlerins viennent aujourd'hui encore visiter le berceau de cet ordre, dont les membres sont couramment appelées les "visitandines". En souvenir du jour où la Vierge Marie, enceinte du Christ s'en alla aider sa cousine Élisabeth âgée et enceinte de Jean-Baptiste, les religieuses auraient pour tâche principale de visiter les malades et les pauvres et de les réconforter.
En 1616, François publie le "Traité de l'Amour de Dieu".Son idée était d'écrire un livre sur la manière d'aimer Dieu dans l'observation des Dix commandements, en révélant aux âmes, "clairement et simplement les beaux secrets de l'amour de Dieu".[55] Cette publication sera suivie de l'édition post-mortem de ses Entretiens spirituels, en 1629.
L'aube de l'amour
Ô Jésus ! Que c'est un plaisir délicieux de voir l'amour céleste, qui est le soleil des vertus, quand petit à petit, par des progrès qui insensiblement se rendent sensibles, il va déployant sa clarté sur une âme, et ne cesse point qu'il ne l'ait toute couverte de la splendeur de sa présence, lui donnant enfin la parfaite beauté de son jour ! Ô que cette aube est gaie, belle, aimable et agréable ! Mais pourtant il est vrai que, ou l'aube n'est pas jour, ou si elle est jour, c'est plutôt l'enfance du jour que le jour même. Et de même, sans doute, ces mouvements d'amour, qui précèdent l'acte de la foi, requis à notre justification, ou ils ne sont pas amour à proprement parler, ou ils sont un amour commençant et imparfait, ce sont les premiers bourgeons verdoyants, que l'âme
aint François de Sales, Traité de l'Amour de Dieu, II, 13
Le démon vaincu par le missionnaire du Chablais
"[S]i nous en croyons les biographes, il (S. François) délivra plus de quatre cents démoniaques du pouvoir de Satan. (Abbé Édouard, Un nouveau docteur de l'Église, saint François de Sales, Paris, Éd. Jules Vic, 1878, p. 43.) [56]
"Dans son Traité de l'Amour de Dieu, François rapporte le terrible aveu que fit le démon : 'Je suis ce malheureux privé d'amour.'
"[...] 'Seul le diable est incapable d'amour!', écrit S. François (Traité de l'Amour de Dieu, VI, 14). [...] N'avez-vous pas remarqué l'air triste et patibulaire qu'affichent ceux qui s'adonnent à la violence et à la haine ?
"[...] Saint François nous a fait remarquer [...] que les démons sont pris d'effroi au contact du crucifix et à l'énonciation du nom de Jésus. [...] La croix est l'instrument de notre rédemption, l'emblème de la victoire du Christ, le don de la vraie vie; en fait, elle est tout ce que les démons ne pourront jamais aimer et posséder." [57]
"À certaines mauvaises langues qui accusaient le saint évêque d'accomplir des miracles avec ostentation, il donna cette réponse : "Ces bonnes gens n'ont-ils pas pris garde que la femme a dit son Pater et que Dieu l'a exaucée, la délivrant d'un si grand mal, afin qu'elle ne fût plus induite en tentation par le démon qui la possédait ? Si nous avions soin de le dire (le Notre Père) selon l'esprit et l'intention de Jésus-Christ, nous y trouverions le remède de tous nos maux. Et même, ajouta-t-il en souriant [pour répondre à ses détracteurs], je trouve le remède à ces attaques, en disant : 'Seigneur, pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.'"
"[...] Le Notre Père est une vraie prière d'exorcisme: ce sont les paroles mêmes de Jésus, paroles de libération, de l'unique Libérateur et Sauveur du monde. Il ne suffit pas de la réciter machinalement; mais il faut croire de toutes ses forces en la puissance libératrice de la prière de Jésus !
"[...] Souvent, un Pater prié avec foi se révèle bien plus efficace que de nombreuses et longues prières de délivrance !" [58]
Terrassé par un attaque d'apoplexie, Saint François de Sales mourut à Lyon le 28 décembre 1622, le jour des saints Innocents. Avant sa mort, il eut la joie de voir douze monastère de la Visitation se crééer et prospérer : Lyon, en 1615; Moulins, en 1616; Grenoble et Bourges, en 1618; Paris, en 1619; Montferrand, Nevers et Orléans, en 1620; Dijon, Bellay et Saint-Étienne en 1622. [59]
Alité, malade, quelques heures avant sa mort, saint François de Sales reçut la visite du vicaire général de Lyon, Ménard, qui l'interrogea alors : "Eh ! Monseigneur, que pensez-vous de la foi catholique ? Ne seriez-vous point huguenot ?... Oh ! Oh ! répondit François, Dieu m'en garde !" Puis, un religieux lui demanda : "Eh ! quoi, Monseigneur, vous voulez donc laisser vos filles de la Visitation orphelines ?" François lui répondit : "Celui qui a commencé, parfera, parfera, parfera [y pourvoiera]. [60] Alors qu'on le portait sur son lit, Mgr de Sales dit : Il se fait fait tard et le jour baisse... Jésus Maria !" Son agonie dura deux heures, sans qu'il prononce d'autres paroles et il rendit l'âme sur les huit heures du soir. Il était âgé de cinquante-cinq ans, quatre mois et sept jours, et était évêque-prince de Genève depuis vingt ans et vingt jours."
Le 24 janvier 1623, ses restes ont été transportés à Annecy et portés à la vénération des fidèles dans la basilique de la Visitation où l'on signale des guérisons miraculeuses; par la suite, le docteur de l'Église fut enterré dans l'édifice sacré qui porte son nom dans le centre-ville. Son coeur est toujours incorrompu, il est vénéré à Trévise dans le Monastère de la Visitation. [61]
"Selon de très nombreux témoignages il semble que saint François de Sales ait accompli plus de miracles après sa mort que durant sa vie terrestre. On a relevé, en effet, une telle profusion de miracles survenus devant son tombeau, qu'il n'a jamais été possible de tous les connaître ni de les comptabiliser !" [62]
Un premier miracle
Le vendredi 28 avril 1623, une fillette de huit ans (Françoise-Angélique de la Pesse) qui tentait de cueillir des fleurs sur une rive du Thieu (affluent du Lac d'Annecy), glissa et tomba dans l'eau, le courant l'emporta. Un certain Jean-Louis Daurillac, après plusieurs plongées, finit par remonter le petit corps et le déposa sur la rive. Un seul cri s'éleva alors des spectateurs atterrés : "Elle est morte ! ". Seule la mère invoqua François de Sales : Sa fille ! ... Il lui rendra sa fille !... Étant resté près de trois heures dans le fond de la rivière, le pauvre petit corps est froid. Un docteur (le docteur Grandis) l'examine et déclare que la fillette est morte. Il la recouvre d'un drap. Or, alors que des amies de la mère éplorée soulèvent ce drap pour dire un dernier adieu à Françoise-Angélique, l'enfant ouvre les yeux et joint les mains. "J'ai bien dormi", dit-elle. Miracle ! Miracle ! , s'écrient les dames; à ces cris, Mme de la Pesse accourt, enlace sa fille en éclatant en sanglots, alors que l'enfant s'étonne "que dans la maison on rie et pleure à la fois". Bientôt, a écrit la mère de Chaugy, les miracles que le Tout-Puissant opérait par l'intercession de son serviteur furent "si fréquents qu'on avait peine d'en tenir le compte". [63]
François disait :
Je fais le signe puissant de la croix. Par ce signe puissant j'enchaîne le démon, je disperse toute terreur.
Le procès en béatification de François de Sales est ouvert par le Saint-Siège dès 1626. Il est déclaré bienheureux en 1661, saint en 1665, et est fêté le 24 janvier.
Il est élevé à la dignité de Docteur de l'Église par le pape Pie IX, en 1877.
À l'occasion du 400e anniversaire de la naissance de S. François de Sales, dans sa lettre Sabaudiae Gemma, Paul VI affirma que S. François de Sales fut "l'une des plus grandes figures de l'Église et de l'Histoire", "le protecteur des journalistes et des publicistes parce qu'il rédigea lui-même une première publication périodique. Nous pouvons qualifier d''œcuménique' ce saint qui écrivit les controverses afin de raisonner clairement et aimablement avec les calvinistes de son temps. Il fut un maître de spiritualité qui enseigna la perfection chrétienne pour tous les états de vie. Il fut sous ces aspects un précurseur du IIe concile œcuménique du Vatican. Ses grands idéaux sont toujours d'actualité." (Lettre apostolique Sabaudiae Gemma, 29 janvier 1967).
À l’occasion des 400 ans de l’ordination épiscopale de saint François de Sales, Jean-Paul II rappela que "celui que le roi Henri IV appelait de manière élogieuse 'le phénix des Évêques', parce que, disait-il, 'c’est un oiseau rare sur la terre', après avoir renoncé aux fastes de Paris et aux propositions du roi de lui donner un siège épiscopal de renom, devint le pasteur et l’évangélisateur inlassable de sa terre savoyarde, qu’il aimait par-dessus tout, car, avouait-il, 'je suis Savoyard de toutes façons, de naissance et d’obligation'.
Docteur de l’amour divin, François de Sales n’eut de cesse que les fidèles accueillent l’amour de Dieu, pour en vivre en plénitude, tournant leur cœur vers Dieu et s’unissant à Lui (cf. Traité de l’amour de Dieu: Œuvres complètes, IV, p. 40 ss). C’est ainsi que, sous sa conduite, de nombreux chrétiens marchèrent dans la voie de la sainteté; il leur montra que tous sont appelés à vivre une intense vie spirituelle, quelles que soient leur situation et leur profession, car "l’Église est un jardin diapré de fleurs infinies, il y en faut donc de diverses grandeurs, de diverses couleurs, de diverses odeurs, et, en somme, de différentes perfections. Que toutes ont leur prix, leur grâce et leur émail, et toutes, en l’assemblage de leurs variétés, font une très agréable perfection de beauté" (Traité de l’amour de Dieu: Œuvres complètes, IV, p. 111).
La perfection consiste à être conforme au Fils de Dieu, en se laissant conduire par l’Esprit Saint, dans une parfaite obéissance (cf. Traité de l’amour de Dieu: Œuvres complètes, XI, 15, V, pp. 291 ss): "Le parfait abandon entre les mains du Père céleste et la parfaite indifférence en ce qui regarde la divine volonté sont la quintessence de la vie spirituelle […]. Tout le retard dans notre perfection provient seulement du manque d’abandon, et il est sûrement vrai qu’il convient de commencer, de continuer et d’achever la vie spirituelle à partir de là, à l’imitation du Sauveur qui a réalisé cela avec une extraordinaire perfection, au début, durant et à la fin de sa vie" (Sermon pour le Vendredi Saint, 1622: Œuvres complètes, X, p. 389)."
Dans cette lettre, Jean-Paul II invitait "les pasteurs et les fidèles à se laisser enseigner par son exemple et par ses écrits, qui demeurent d'une grande actualité". (Zenit.org)
Vierge à l'Enfant avec saint François de Sales, Carlo Maratta, 1691, Forli, Pinacoteca Civica, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 57.
Citons quelques paroles de François lui-même :
"Soyez, disait-il, le plus doux que vous pourrez, et souvenez-vous que l'on prend plus de mouches avec une cuillerée de miel qu'avec cent barils de vinaigre. S'il faut donner en quelque excès, que ce soit du côté de la douceur."
"Je le veux tant aimer, ce cher prochain, je le veux tant aimer ! Il a plu à Dieu de faire ainsi mon cœur ! Oh ! Quand est-ce que nous serons tout détrempés en douceur et en charité !"
"Ayons toujours les yeux sur Jésus crucifié ; marchons à son service avec confiance, simplicité et sagesse. Il sera le protecteur de notre réputation, et s'il permet qu'elle nous soit enlevée, ce sera pour que nous jouissions de sa sainte humilité."
"Comme le dit le Docteur angélique, le meilleur moyen pour aimer Dieu, c'est de connaître ses bienfaits. (...) Si nous nous rappelons ce que nous avons fait lorsque Dieu n'était pas avec nous, nous devrons bien reconnaître que ce que nous faisons quand il est avec nous ne vient pas de nous."
"Ne cherchez pas à vouloir opposer la vertu contraire à la tentation que vous éprouvez, car ce serait encore discuter avec elle. Dirigez plutôt votre coeur vers Jésus-Christ, et dans un élan d'amour embrassez ses pieds sacrés. C'est le meilleur moyen de vaincre l'ennemi, aussi bien dans les grandes que dans les petites tentations."
"L'un des meilleurs usages que nous puissions faire de la douceur, c'est de l'appliquer à nous-mêmes, en ne nous étonnant jamais de nos imperfections. (....) Il faut pourtant nous garder de toute aigreur, de tout dépit, de toute colère. Il en est beaucoup qui pour s'être trop énervés, s'énervent encore d'avoir été énervés, ont du dépit d'en avoir eu, sont en colère de l'avoir été. Par là ils tiennent leurs coeurs dans un mécontentement permanent. (...) Ainsi lorsque notre coeur aura commis quelque faute, reprenons-le avec douceur et patience, avec plus de compassion que de passion, en l'encourageant à se réformer. Le repentir qu'il en concevra sera bien plus profond."
"Il nous faut garder une continuelle et inaltérable égalité de coeur."
"Pour recevoir la grâce de Dieu en nos coeurs, il faut qu'ils soient vides de notre propre gloire. (...) Ainsi l'humilité repousse Satan. Elle nous fait garder les grâces et les dons du Saint-Esprit. C'est la raison pour laquelle Notre-Seigneur, Sa Mère et tous les saints, entre toutes les vertus morales, ont aimé et honoré l'humilité plus que toutes les autres."
"Ne vous permettez jamais de vous mettre en colère ; n'ouvrez jamais la porte de votre cœur à cette passion sous quelque prétexte que ce soit."
"On fait toujours assez vite ce qu'on fait bien. Les bourdons font toujours plus de bruit et sont plus pressés que les abeilles, mais ils ne font que de la cire et pas de miel ; de même ceux qui se pressent avec une inquiétude ardente et une sollicitude bruyante, ne font jamais ni beaucoup ni bien."
PRATIQUE. Soyez doux : un zèle amer ne produit que du mal.
Soyez en paix.
N’attendez pas avec peur les changements de la vie ;
regardez-les plutôt avec l'espoir qu'à mesure qu'ils se présenteront,
Dieu, à qui vous appartenez, vous guidera en toute sécurité à travers toutes choses ; et quand vous ne pourrez pas le supporter, Dieu vous portera dans ses bras.
Ne craignez pas ce qui peut arriver demain ; le même Père compréhensif qui prend soin de vous aujourd’hui prendra soin de vous alors et chaque jour.
Soit il vous protégera de la souffrance, soit il vous donnera une force sans faille pour la supporter. Soyez en paix et mettez de côté toutes pensées et imaginations anxieuses.
St François De Sales
Sources :
(1) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. 29 ; (2) L'Evangile au quotidien ; (3) Jean-Christian PETITFILS, Louis XIII, Perrin, Lonrai 2008, p. 264 ; (4) Wikipedia ; (5) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, François-Xavier de Guibert, Paris 2013, p. 18-21 ; (6) Aimé RICHARDT, Calvin, François-Xavier de Guibert, Clamecy 2009, p. 76-78 ; (7) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 15 et 21 ; (8) RUCHAT, t. VI, p. 334 ; (9) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 76 ; (10) Jean SÉVILLIA, Historiquement correct, Pour en finir avec le passé unique, Perrin, Saint-Amand-Montrond 2003, p. 104 ; (11) Bartolomé BENNASSAR, Jean JACQUART, Le XVIe siècle, Armand Colin Poche, Paris 2013, p. 154-158 ; (12) Pierre GAXOTTE, de l'Académie française, Histoire des Français, Flammarion, Saint-Amand, 1972, p. 374; 377 ; (13) Aimé RICHARDT, Calvin, ibid., p. 91 ; (14) Dimitri MEREJKOVSKI, Calvin, Traduit du russe par Constantin Andronikoff, Nrf, Gallimard, Paris 1942, p. 19; 91-92; 113; 117- 118; 124-125 ; (15) Aimé RICHARDT, Calvin, ibid., p. 8; 223-234 ; (16) Yves-Marie ADELINE, Histoire mondial edes idées politiques, Ellipses, Paris 2007, p. 254 ; (17) Aimé RICHARDT, Calvin, ibid., p. 102-103 ; (18) Jean DUMONT, L'Église au risque de l'histoire, préface de Pierre CHAUNU de l'Institut, Éditions de Paris, 2002, p. 579 ; (19) Dimitri MEREJKOVSKI, Calvin, ibid, p. 118;157-158; 167; 176 ; (20) Aimé RICHARDT, Calvin, ibid., p. 180-181 ; (21) François ANGELIER, Saint François de Sales, Pygmalion, Paris, 1997, p. 100, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 23 ; (22) Oeuvres, t. VII, p. 73, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 131 ; (23) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 52-53 ; (24) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 206 ; (25) Cité in Charles-Auguste DE SALES, Histoire du Bienheureux François de Sales, Lyon 1634, p. 81, cité in Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 79 ; (26) Mgr TROCHU, Saint François de Sales, Lyon, 1955, p. 324, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 82 ; (27) Cité par André RAVIER, François de Sales, Nouvelle Cité, 2009, p. 77 ; (28) Mgr TROCHU, ibid., p. 333 ; (29) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 84 ; (30) Cité par Mgr TROCHU, Vie de Saint François de Sales, ibid., p. 372, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 90 ; (31) Mgr TROCHU, ibib, p. 393, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 92 ; (32) Samuel Pruvot, Nos Ancêtres les Saints, Petite histoire de la France missionnaire, Cerf, Paris 2017, p. 90-91 ; (33) Dom Jean de Saint-François, La Vie du bienheureux Messire François de Sales, 1624, p. 90, cité in, Aimé RICHARDT, ibid., p. 95 ; (34) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 95 ; (35) Charles-Auguste de SALES, ibid., p. 128, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 99 ; (36) Selon Aimé Richardt, qui rapporte cette discussion (p. 101-102), "on connaît l'essentiel des propos échangés par les deux hommes grâce surtout aux relations de Charles-Auguste de SALES, ibid., p. 130-134 ; (37) d'après Mgr Francis TROCHU, Vie de Saint François de Sales, t. 1, p. 462-465, Dominicains d'Avrillé ; (38) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 102 ; (39) Jean GUIRAUD, Histoire partiale, Histoire vraie, tome II, Moyen-Âge, Renaissance, Réfome, Quatrième édition, Gabriel Beauchesnes & Cie Éditeurs, Paris 1912 ; (40) Dimitri MEREJKOVSKI, Calvin, ibid., p. 153-154 ; (41) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 103 ; (42) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 215-216 ; (43) Mgr PICARD, La Mission de Saint François de Sales en Chablay, p. 86, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., 85 ; (44) Les Controverses, édition d'Annecy, p. 21-27, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 87 ; (45) DANIEL-ROPS, Histoire de l'Eglise du Christ, tome VI, La Réforme catholique, Librairie Arthème Fayard, Éditions Bernard Grasset, Paris 1965, p. 357-358 ; (46) Marguerite & Roger Isnard, Nouvel almanach du Comté de Nice, Serre Éditeur, 2006, p. 31 ; (47) DANIEL-ROPS, Histoire de l'Eglise du Christ, tome VI, ibid., p. 324 ; (48) S. François de Sales, cité par André RAVIER, op. cit., p. 183, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 175 ; (49) Mère de CHAUGY, 2e Procès, t. IV, p. 791, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 186 ; (50) Des Premiers Martyrs à nos jours, Saints et Saintes de France, Hatier, Renens, 1988, p. 79 ; (51) Jean-Christian PETITFILS, ibib., p. 150 ; (52) Oeuvres, op. cit., t. XIII, p. 237, cité in, A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 143 ; (53) Mgr Paul GUERIN, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Editions D.F.T., Argenté-sur-Plessis 2003, p. 61 ; (54) Patrick SBALCHIERO, Enquête sur les miracles dans l'Eglise catholique, Artège, Paris 2019, p. 261 ; (55) Mgr TROCHU, op. cit., t. II, p. 471, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 197 ; (56) Abbé EDOUARD, cité dans Gilles JEANGUENIN, Saint François de Sales, Son Combat contre le démon, Éditions de l'Émmanuel, Dijon 2009, p. 36 ; (57) Gilles JEANGUENIN, Saint François de Sales, Son Combat contre le démon, ibid.,, p. 22-23 ; (58) Gilles JEANGUENIN, Saint François de Sales, Son Combat contre le démon, ibid., p. 100-101; et 113 ; (59) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 196 ; (60) Charles-Auguste de SALES, op. cit., p. 576, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 231 ; (61) Un évêque modèle : Saint François de Sales, Corrispondenza Romana ; (62) Gilles JEANGUENIN, Saint François de Sales, Son Combat contre le démon, ibid., p. 102 ; (63) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 234.
Diacre et martyr espagnol du IVe siècle, Vincent est l'un des plus illustres martyrs de Jésus-Christ.
Saint Vincent de Saragosse en prison. Peinture à l'huile. Auteur anonyme, école de Francisco Ribalta
Saint Vincent est né à Saragosse, en Espagne, où il fut diacre de l'évêque Valère. Ce dernier vieillissant souffrait d'un défaut d'élocution, aussi conféra-t-il à Vincent le diaconat et le chargea-t-il de sa mission de prêcher et d'instruire les fidèles, fonction normalement dévolue à l'évêque. Vincent se fit remarquer par son souci des pauvres, des veuves et des orphelins.
Lorsque vinrent les persécutions sous Dioclétien et Maximien, l'évêque et le diacre furent arrêtés et emprisonnés. Le procurateur Dacien les fit comparaitre, et Vincent prit la parole pour confesser leur foi commune. Dacien condamna alors Valère à l'exil et Vincent à la torture, en exemple. Ce dernier conserva un calme inaltérable, se réjouissant même selon laLégende dorée, avant de mourir le 22 janvier 304 (ce jour étant devenu celui de sa fête).
Jacobus de Voragine avec son ouvrage La Légende dorée entre les mains, œuvre de Ottaviano Nelli, Foligno, Italie.
Vincent, en latin Vincentius, signifie étymologiquement "vainqueur". Par son nom, Vincent symbolise la victoire du martyr chrétien. Dans son cas, Vincent a même remporté une double victoire puisqu'il a triomphé d'un double martyr : vivant, il triomphe des flammes et des diverses sortes de torture; après sa mort, son cadavre résiste victorieusement à l'acharnement du bourreau qui cherche en vain à l'éliminer en le donnant en pâture aux fauves, puis en l'immergeant dans les flots.
Il a été torturé sur une maie de pressoir, ce qui pourrait expliquer le fait qu'il soit saint patron des vignerons (symbolique du sang ayant coulé dans le pressoir à la place du vin, etc.)
Les membres du diacre sont distendus et écartelés par le chevalet; ses chairs sont déchirées par un ongle de fer.
Saint Vincent, Diacre et Martyr, consolé par des Anges.
Le martyr reste serein et joyeux parce qu'il "voit la présence du Christ" et il encourage même les bourreaux, qui s'épuisent en vain. Datien suspend momentanément les tortures.
Le supplice de l'ongle reprend; mais comme il n'obtient aucun résultat, Datien décide de passer à de nouvelles tortures : "le feu, le gril et les lames ardentes". En effet, raffinement par rapport au supplice habituel du gril qu'avait subi un autre diacre célèbre, le martyr romain Laurent, les barres du gril sont découpées en lamelles de scie, et les bourreaux jettent des pincées de sel ou versent de la graisse fondue pour rendre les brûlures encore plus douloureuses. Pourtant, Vincent était allé de lui-même au-devant du supplice, et il le supporte avec joie : il ne sent pas la douleur et regarde fixement le ciel. saint Augustin dit que loin de le brûler, la flamme le durcissait : elle transformait la molle argile de son corps en brique réfractaire. Vainqueur du tyran, Datien suspend à nouveau le supplice, et fait jeter Vincent en prison. Pour empêcher le détenu de dormir, le sol de la cellule a été parsemé de débris de poteries. Mais la prison tout à coup s'illumine.
Au milieu de la nuit, les anges viennent le consoler et le libèrent de ses entraves :
"Réjouis-toi, lui disent-ils, bientôt ton âme, libre du joug de la chair, va prendre place parmi nous !"
Le gardien de la prison voit cette clarté divine et il entend le martyr chanter des hymnes; il rapporte ce miracle au préfet Datien. Un peu plus tard, il se convertira.
Datien décide de faire soigner Vincent avant de le soumettre à de nouveaux supplices. Il le fait étendre sur des coussins moelleux afin de lui retirer la gloire d'avoir péri dans les souffrances. Toujours est-il que, lorsque le corps de Vincent se trouve allongé sur le lit, son âme s'élance vers le ciel. Jean-Baptiste, jadis emprisonné comme lui, et des chœurs de saints l'accompagnent au ciel.
Datien ne s'avoue pas pour autant vaincu : il veut poursuivre Vincent après sa mort, en jetant son cadavre aux bêtes : ainsi il ne pourra pas être enseveli et les chrétiens n'auront pas la possibilité de vénérer son tombeau. Mais Dieu envoie un corbeau qui protège le corps du martyr, et ce faible volatile met en fuite un loup, ainsi que des oiseaux de proie, ajoute la Passion.
Furieux, Datien décide de noyer le cadavre. Il ordonne à un soldat nommé Eumorphion de mettre le corps dans un sac (ou dans un filet), d'y attacher une lourde pierre et de le jeter dans la mer.
Le corps de Saint Vincent jeté à la mer.
Mais le corps de Vincent regagna le rivage plus vite que les marins qui avaient été chargés de cette tâche.
Vincent apparut alors en vision à une dame, à qui il indiqua la position de sa dépouille.
Le corps de Saint Vincent défendu par un corbeau.
Selon Prudence, Les chrétiens recueillent le corps de Vincent et lui dressent un tertre, sur le rivage, près de Sagonte-Murviedro, au nord de Valence.
Ses restes auraient pu, selon certaines sources, être transportés à l'abbaye Saint-Benoît de Castres en 855 et à la Sé de Lisbonne en 1173. On raconte que durant ce dernier trajet, le navire les emportant aurait été escorté par deux corbeaux.
Selon d'autres, ils auraient été transportés en 779 au cap Saint-Vincent en Algarve (Portugal)
Saint Vincent est nommé dans le canon romain de la messe et son culte est universel. Il est fêté le 22 janvier.
Une "passion" en prose raconte le martyre de saint Vincent ; elle est mentionnée par saint Augustin, qui atteste que dès la fin du IVe siècle, son culte était célébré dans toutes les églises de la chrétienté. (Dictionnaire des saints et Grands témoins du christianisme, Sous la direction de Jean-Robert ARMOGATHE et André VAUCHEZ, CNRS Éditions, Paris 2019, p. 1175.) On a conservé cinq sermons de S. Augustin en l'honneur de ce martyr.
Saint Vincent est notamment célébré pour la première fois par une hymne du poètePrudence (348-405) dans sonPeristephanon. Prudence compare le martyr espagnol aux Maccabées de l'Ancien Testament, famille juive qui mena la résistance contre la politique d’hellénisation forcée menée par les Séleucides au IIe siècle av. J.-C.
Son culte est largement répandu en France au VIe siècle.
Une relique (peut-être une étole) de saint Vincent fut rapportée d'Espagne en France, vers 543, par le roi mérovingien Childebert Ier (511-558), 4e fils de Clovis, à la suite d'une campagne au-delà des Pyrénées contre les Wisigoths. La ville de Saragosse assiégée l'aurait cédée pour éviter d'être prise. Le roi fit édifier une église, aux portes du Paris de l'époque, près de la voie romaine de Sèvres, pour l'honorer ainsi qu'une abbaye à proximité. Initialement dédiée à saint Vincent, l'abbaye prendra le nom d'un évêque qui l'administra, saint Germain, pour devenir l'abbaye de "Saint-Germain-des-Prés".
En 864, des reliques de Vincent solennellement transférées à Castres, des miracles se produisent. Cette translation se fêtait le 27 octobre, mais les reliques furent détruites au XVIe siècle par les calvinistes, de même que le cœur de Vincent que l'on disait conservé dans une châsse à Dun-le-Roi en Berry, brûlé en 1562.
Plusieurs miracles accomplis en Espagne par Vincent ont été rapportés dans un poème de Guarnerius et dans une lettre d'Hermann, abbé de Saint-Martin de Tours (1143).
Chaque année, en Côte-d'Or, la Confrérie des Chevaliers du Tastevin intronise de nouveaux membres, à l'occasion d'une fête viticole nommée La Saint-Vincent Tournante. Cette fête a lieu à chaque premier week-end suite au 22 janvier (voir à partir du 22 janvier même, s'il s'agit d'un samedi), et dont la responsabilité est chaque année donnée à une ville ou un village différent de Côte-d'Or. Cette tradition est également perpétrée en Champagne mais à la différence que chaque confrérie se rassemble le week-end précédant dans une ville donnée: un an sur deux à Épernay et en alternance un an sur deux à Reims, Château-Thierry ou à Troyes. Ensuite les vignerons organisent cette manifestation pour chaque village viticole le 22 janvier.
Une tradition similaire se perpétue dans le terroir des vins de l'Orléanais. Ainsi, la culture de la vigne et l'élevage du vin ayant depuis longtemps marqué les communes de Bou, de Mardié et de Chécy, on y célèbre vers le 22 janvier, la Saint-Vincent, fête religieuse, et la Fête des vignerons, fête laïque.
Il est représenté, comme saint Laurent, en costume de diacre, ayant pour attribut un lit de fer à pointes aiguës, des ongles de fer, une meule. Il est représenté aussi portant un bateau (ceci rappelant qu'il fut embarqué pour être jeté au large) ; ou avec une serpette, un seau et des grappes de raisin, en sa qualité de patron des vignerons et viticulteurs.
La popularité de Vincent explique les nombreux patronages qui lui ont été attribués. Le martyr espagnol a même été revendiqué par la corporation des tuiliers et couvreurs, en souvenir du lit de tessons sur lequel Vincent fut étendu.
Sources: 1, 2, 3, 4; 5 Dictionnaire des saints et Grands témoins du christianisme, Sous la direction de Jean-Robert ARMOGATHE et André VAUCHEZ, CNRS Éditions, Paris 2019
Patronne des couples, des chastes, des victimes de viols et des scouts.
Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 8.
La fête de ce jour nous rappelle un des plus touchants et des plus beaux triomphes de la foi chrétienne ; elle nous montre une faible enfant sacrifiant, pour l'amour de Jésus-Christ tout ce que le monde a de plus séduisant : noblesse, fortune, jeunesse, beauté, plaisirs, honneurs.
Son nom, d'origine grecque, signifie "pure, chaste".
Agnès, enfant de l'une des plus nobles familles de Rome, se consacre au Seigneur dès l'âge de dix ans. Elle a à peine treize ans quand un jeune homme païen, fils du préfet de Rome, la demande en mariage, lui promettant mille richesses ; mais Agnès prétend être promise à un noble encore plus riche. Elle lui fait cette belle réponse :
"Depuis longtemps je suis fiancée à un Époux céleste et invisible ; mon cœur est tout à Lui, je Lui serai fidèle jusqu'à la mort. En L'aimant, je suis chaste ; en L'approchant, je suis pure ; en Le possédant, je suis vierge. Celui à qui je suis fiancée, c'est le Christ que servent les Anges, le Christ dont la beauté fait pâlir l'éclat des astres. C'est à Lui, à Lui seul, que je garde ma foi."
Peu après, à douze ans, la noble enfant est traduite comme chrétienne devant le préfet de Rome, dont elle avait rebuté le fils ; elle persévère dans son refus, disant : "Je n'aurai jamais d'autre Époux que Jésus-Christ." Le tyran veut la contraindre d'offrir de l'encens aux idoles, mais sa main ne se lève que pour faire le signe de la Croix.
Supplice affreux pour elle : le préfet la fait conduire toute nue à travers Rome, jusqu'à un lupanar pour être violée par le fils du préfet. Tous assistent à ce prodige incroyable: alors qu'on veut l'approcher, elle crie : "Je ne crains rien, mon Époux Jésus, saura garder mon corps et mon âme !" À cet instant, ses cheveux croissent soudain et couvrent son corps dénudé, une lumière l'environne et elle voit son ange à ses côtés. Le jeune homme qui veut l'approcher est foudroyé à l'instant. Compatissante et pardonnant, Agnès le relève et le rassure. Et nouveau prodige, le jeune homme changé par la grâce, se déclare chrétien.
Agnès est jetée sur un bûcher ardent, mais le feu n'atteint pas sa chair : les flammes la respectent et forment comme une tente autour d'elle et au-dessus de sa tête.
Pour en finir, le juge la condamne à avoir la tête tranchée. Le bourreau tremble ; Agnès l'encourage : "Frappez, dit-elle, frappez sans crainte, pour me rendre plus tôt à Celui que j'aime ; détruisez ce corps qui, malgré moi, a plu à des yeux mortels." Le bourreau frappe enfin, et l'âme d'Agnès s'envole au Ciel.
Lorsque le martyre d'Agnès fut consommé, ses restes furent recueillis et portés dans une villa de la famille, non loin de la voie Nomentane ; on a cru retrouver cette villa dans le monastère de Sainte-Agnès-hors-les-Murs.
Au tombeau de cette sainte, le pape Libère (352-366) fit mettre des tables de marbre, sur l'une de ces tables;saint Damase, 37e évêque de Rome (366-384) inscrivit les louanges d'Agnès et y mentionna le nom de Constance. Cette princesse avait, en 321, résolu d'élever une basilique sur le tombeau : ce fut Sainte-Agnès-hors-les-Murs.
Ses attributs sont l'agneau et la palme. Elle est vénérée universellement.
Vers 410, Innocent Ier mit la basilique et son cimetière sous la juridiction du prêtre titulaire de Saint-Vital.
Les récits du V° siècle font allusion à la conservation du corps sous l'autel majeur de Sainte-Agnès-hors-les-Murs. Il y eut des réparations, sous Symmaque, Honorius Ier ; des dévastations par les Lombards en 755, puis des réparations sous Adrien Ier, en 773.
Près de la basilique se trouvait un monastère de religieuses basiliennes grecques auxquelles Léon III fit des dons magnifiques pour l'ornementation de l'église. En somme, jusqu'au IXe siècle, les reliques de sainte Agnès restèrent intactes dans le tombeau où l'on avait placé aussi le corps de sainte Émérentienne (23 janvier) ; sous Pascal Ier (817-824), les religieuses grecques furent remplacées par des bénédictines ; le corps de sainte Émérentienne fut tiré du tombeau, son chef resta à la basilique de la voie Nomentane, mais sans être placé sous l'autel. Le corps de sainte Agnès resta dans le tombeau, sous l'autel majeur ; le chef en fut détaché pour être porté dans la chapelle du palais pontifical du Latran, appelée Sancta sanctorum. En 877, Jean VIII pouvait emporter dans ses voyages le chef de sainte Agnès ; de là, diverses translations et repositions pendant les XIVe et XVIe siècles. Il était dans un reliquaire donné par Honorius III, on en a fait une reconnaissance en 1903.
Quant au corps de sainte Agnès, la reconnaissance qui en fut faite l'an 1605 en constate la présence à Sainte-Agnès-hors-les-Murs.
Une pratique annuelle observée dans cette basilique a quelque rapport symbolique avec la sainte elle-même. Chaque année, après la messe solennelle du 21 janvier, l'abbé de Saint-Pierre-ès-Liens bénit deux agneaux qui ont été donnés à titre de redevance au chapitre de Saint-Jean-de-Latran ; les chanoines de ce chapitre desservent maintenant la basilique de Sainte-Agnès-hors-les-Murs ; ils offrent au pape ces deux agneaux bénits dont le soin est confié aux religieuses du couvent de Saint-Laurent in Panisperna ; elles en recueillent et tissent la laine pour la confection des palliums.
Outre la basilique de Sainte-Agnès-hors-les-Murs, Rome possédait plusieurs églises construites en l'honneur de sainte Agnès dont deux ont disparu : celle du Transtevere et S. Agnese ad duo furna ; en revanche, il existe encore, place Navonne, S. Agnese in Agone, à l'endroit même où s'élevaient les arcades du stade de Domitien, là où la tradition latine place l'exposition et le supplice de sainte Agnès.
À Paris, au début du XIIIe siècle, sainte Agnès possédait une chapelle, près des Halles, qui fut plus tard érigée en église paroissiale sous le vocable de Saint-Eustache où Augustin de Saint-Aubin dessina la châsse de sainte Agnès, telle qu'il la voyait, vers 1779, dans le recueil de Stockholm. Lepautre sculpta une sainte Agnès sur le banc d'oeuvre.
PROTECTRICE : Des vierges, des fiancées (elle est fiancée au Christ) et des jardiniers (parce que la virginité est symbolisée par un jardin clos, l'hortus conclusus).
Sources: (1) Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950, (2); (3) Missel du Dimanche 2019, Nouvelle traduction liturgique, Année C, Artège Bayard, Lonrai 2018, p.169-170; (4) Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne - hachette Livre, 2011, p. 8 ; (5) Rosa Girogi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006 , p. 50-51.
C'est l'histoire de l'une des plus grandes injustices que la France ait connues, l'histoire d'un Roi qui ne voulait que le bonheur de son peuple.
A peine sacré, il abolit la torture et fait relâcher des milliers de prisonniers. Louis XVI rend visite aux pauvres, et fait rénover les hôpitaux. Soucieux de la justice et des peuples, Louis XVI vole au secours de l'Amérique pour lui donner la liberté.
Père de famille exemplaire, il enseigne à son fils qu'un Roi se doit de penser uniquement au bonheur de son peuple. Mais la guerre a coûté plus de deux milliards de livres, les caisses sont vides. Louis XVI convoque les Etats généraux pour réaliser l'égalité fiscale. La Bastille est prise, les quelques gardes infirmes sont massacrés, le gouverneur est décapité, premiers signes d'une tyrannie totalitaire et pour Louis XVI une destinée de saint martyr. Louis XVI ne reverra jamais plus Versailles. Il ne reverra plus jamais sa femme car il sera assassiné à l'aide d'un procès truqué.
Il est mort le 21 janvier 1793. Son fils sera battu à mort au nom de la "liberté" et des droits de l'homme, sa femme Marie-Antoinette sera guillotinée.
Honorons sa mémoire afin que sa mort n'ait pas été inutile.
Chaque année au mois de janvier, les royalistes français rendent hommage au roi Louis XVI.
Louis XVI décida de soulager son peuple en le dispensant du "droit de joyeux avènement", impôt perçu à chaque changement de règne.
Louis XVI créa le corps des pompiers. Il autorisa l'installation de pompes à feu, pour approvisionner Paris en eau de manière régulière.
Louis XVI créa un mont-de-piété à Paris pour découragerl'usure, et venir en aide aux petites gens.
Louis XVI aida l'oeuvre de l'Abbé de l'Epée, pour l'éducation des "Sourds-muets sans fortune", auxquels il fit enseigner un langage par signes de son invention. Le roi lui versa une pension de 6000 livres sur sa propre cassette, contre l'avis de l'archevêché qui soupçonnait cet homme de jansénisme.
Louis XVI dota l'oeuvre de Valentin Hauÿ pour les aveugles.
Louis XVI donna aux femmes mariées et aux mineurs de toucher eux-mêmes leurs pensions sans demander l'autorisation de leur mari ou tuteur.
Louis XVI ordonna aux hôpitaux militaires de traiter les blessés ennemis "comme les propres sujets du roi", 90 ans avant la première convention de Genève.
Louis XVI fit abolir le droit de servage, le droit de suite et la mainmorte (qui dans la pratique n'existait plus dans la majorité des terres depuis trois siècles).[1]
Louis XVI ordonna l'abolition de la question préparatoire et préalable (torture).
Louis XVI accorda le premier le droit de vote aux femmes dans le cadre de l'élection des députés de l'Assemblée aux États-généraux.
Louis XVI permit aux femmes d'accéder à toutes les maîtrises.
Louis XVI finança tous les aménagements de l'Hôtel-Dieu pour que chaque malade ait son propre lit individuel.
Louis XVI employa le premier l'expression justice sociale.
Louis XVI fonda un hôpital pour les enfants atteints de maladies contagieuses, aujourd'hui nommé Hôpital des Enfants-Malades.
Louis XVI créa le musée des Sciences et Techniques, futur centre national des Arts et Métiers.
Louis XVI fonda l'école des Mines.
Louis XVI finança sur ses propres fonds les expériences d'aérostation des frères Montgolfier.
Louis XVI finança également les expériences de Jouffroy d'Abbans pour l'adaptation de la machine à vapeur à la navigation.
Louis XVI exempta les Juifs du péage corporel et autres droits humiliants, fit construire les synagogues de Nancy et de Lunéville et permit aux Juifs l'accès à toutes les maîtrises dans tout le ressort du parlement de Nancy.
Louis XVI accorda des pensions de retraite à tous ceux qui exerçaient une profession maritime.
Louis XVI demanda l'établissement annuel de la balance du commerce.
Louis XVI accorda l'état-civil aux protestants et aux juifs (édit de Versailles, 1787).
Louis XVI ressuscitant 144 corporations se justifia ainsi devant Turgot : "En faisant cette création nous voulons donner aux ouvriers les moyens de défense, nous voulons qu'ils puissent jouir en commun, de leur intelligence qui est le bien le plus précieux de l'homme."
Louis XVI tenta une réforme fiscale d'égalité de tous devant l'impôt [Cf. La Subvention territoriale (1786), refusée par les parlementaires depuis un siècle... "dixième" en 1710 ... "vingtième"en 1750 ... Source: Jean-Louis Harouel,La pré-Révolution 1788-1789inLes révolutions françaises, Sous la Direction de Frédéric Bluche et Stéphane Rials, Fayard, Mesnil-sur-l'Estrée 1989].
Louis XVI était devenu un obstacle aux projets de la bourgeoisie capitaliste, qui le fit donc assassiner le 21 janvier 1793, sur l'actuelle Place de la Concorde à Paris.
La mort du Roi, c'est : un procès inique truqué qui déshonore la justice, la rupture avec 1300 ans d'histoire de France, le point de départ de tous les totalitarismes
Je meurs innocent de tous les crimes qu'on m'impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort; je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe pas sur la France.
Louis XVI
Notes
[1] "Les caractères de l'ancienne servitude ont progressivement disparu (sous l'Ancien Régime). Il ne reste plus guère, en quelques régions, que des sujets soumis à la mainmorte." C'est-à-dire des gens qui ne peuvent transmettre leurs biens à d'autres qu'à leurs enfants. La mainmorte décline aux XVIIe et XVIIIe siècle, mais reste en certaines régions (Bourgogne) une arme aux mains du seigneur. (Guy Cabourdin, Georges Viard,Lexique historique de la France d'Ancien Régime, Armand Collin, 3e éd., Paris 1998, p. 303 et p. 206.)
Le XVIe siècle a été le tournant catalytique de l'Occident, qui est passé d'une civilisation conservatrice à une civilisation libérale : d'une civilisation qui respecte et obéit à l'autorité apostolique vivante à une civilisation qui la nie ; d'une civilisation qui vénère ses ancêtres remontant à l'Incarnation, à une civilisation qui, au mieux, les ignore et, au pire, les méprise.
En vérité, ce type de pensée a envahi de nombreux secteurs de l'Église catholique en ce moment même, même si le Christ aura la victoire finale.
"Voyons maintenant s'il (Luther) ne s'attaque pas, par tous les moyens possibles, aux Écritures sacrées pour lesquelles il prétend se battre.
En premier lieu, sans parler de la façon dont il déforme partout très méchamment, partout stupidement les Écritures pour défendre des enseignements destructeurs, qu'est-ce qui peut détruire plus complètement ou plus clairement toute la force et le fruit de toutes les Écritures que le fait que ce type s'efforce corps et âme de faire en sorte que personne ne croie aucun homme instruit en ce qui concerne l'interprétation des Écritures ; pour que personne ne croie un seul des saints pères, ou tous les hommes pris ensemble ; pour que personne ne croie l'Église tout entière, bien qu'elle ait été d'un seul esprit depuis les origines de l'Église jusqu'à ce jour ; mais pour que chacun oppose sa propre interprétation à tout le monde ? Quel fruit les Ecritures produiront-elles si quelqu'un s'arroge une telle autorité que, pour les comprendre, il s'appuie sur sa propre interprétation en opposition à celle de tous les autres, de sorte qu'il n'est influencé par aucune autorité pour ne pas mesurer les Écritures en fonction de ses sentiments et de ses fantaisies ? Il ouvre ici clairement la fenêtre par laquelle le peuple peut plonger dans la perdition.
Dis-moi, Luther (1483-1546. Ndlr), par ta folie, si tu avais vécu pendant cette tempête où l'Église a été jetée dans la tourmente par les tempêtes ariennes, aurais-tu défendu ce que tu défends à présent, c'est-à-dire que toute personne du peuple qui plaisait à l'Église, et qui n'était pas d'accord avec l'Écriture, devait se soumettre à l'Écriture : que n'importe qui, parmi les gens du peuple, puisse se considérer comme juge qualifié dans cette controverse, et que chacun puisse se fier à lui-même pour comprendre les Écritures qu'il lit, et qu'il puisse se moquer du jugement des saints pères qui étaient présents aux sessions du concile (de Nicée, 325) au cours desquelles les hérésies ont été condamnées, de sorte que, bien que tu admettes que le Christ soit présent là où deux ou trois sont réunis en son nom, tu nies qu'il était présent là où il y avait six cents hommes réunis en ce même nom, et ceux-là de toutes les parties du peuple chrétien ?
Mais qui est assez aveugle pour ne pas voir qu'en cette affaire tu n'avais d'autre intention que de pouvoir, après avoir entièrement aboli l'autorité de l'accord public, susciter un tumulte par le désaccord inconsidéré des particuliers, et trouver alors quelques hommes assez insensés pour se croire libres de s'en remettre impunément à toi, un seul scélérat contre la foi de tous les autres ?
De peur que l'autorité de l'Écriture n'ait quelque force contre toi, tu travailles à ce que chacun mette en doute le sens des Écrits sacrés et défende sa propre fantaisie, non seulement contre le jugement de tous les saints pères, contre le jugement universel de toute l'Église, mais même contre le jugement du bienheureux Paul l'apôtre."
Thomas More (1478-1535), "Réponse à Luther" (Livre 1) (1523)
Les évêques italiens semblent avoir infligé un camouflet au pape François en promouvant un fonctionnaire du Vatican que le pape a limogé quelques mois après qu'il ait rédigé un document clé interdisant [en 2021] les bénédictions liturgiques pour les couples de même sexe.
L'archevêque Giacomo Morandi, 58 ans, a été démis de ses fonctions par le Saint-Père peu après que la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF ; aujourd'hui appelée DDF, dont Morandi était secrétaire), après qu'il se soit prononcé en 2021 contre la légitimité des bénédictions liturgiques pour couples de même sexe.
Mais le 15 janvier dernier (2024), Morandi a été élu nouveau chef de la Conférence épiscopale d'Émilie-Romagne, une région clé du nord de l'Italie centrée sur la ville de Bologne.
L'archevêque Morandi a été considéré comme la force motrice derrière le rejet par le Vatican des bénédictions liturgiques pour les couples de même sexe lorsque le CDF a publié une réponse ad dubium à une question sur la légitimité des bénédictions liturgiques pour les couples de même sexe.
La déclaration a été publiée avec l'autorité du pape François seulement après que l'archevêque Morandi a insisté sur le fait que la question était abordée en réponse aux appels répétés de plusieurs évêques allemands en faveur de bénédictions liturgiques pour les personnes de même sexe.
L'archevêque Morandi, un éminent canoniste, a rejoint le CDF en tant que sous-secrétaire en 2015 et a été promu secrétaire – le deuxième poste le plus élevé – à peine deux ans plus tard.
A la question : "L’Église a-t-elle le pouvoir de bénir les unions de personnes du même sexe ?", le CDF, sous sa direction, a répondu : "Négatif".
Dans une explication complémentaire, le CDF a déclaré : "Dieu ne bénit pas et ne peut pas bénir le péché."
L'archevêque Morandi a été identifié comme l'auteur du document de mars 2021, qui est toujours contraignant, mais à la fin de l'année, il a été rétrogradé au rang d'évêque diocésain de Reggio Emilia-Guastalla, en Italie. Il fut autorisé à conserver son rang archiépiscopal "ad personam", c'est-à-dire uniquement de nom.
L'archevêque Morandi s'est également opposé à l'imposition de nouvelles restrictions à la célébration de la messe latine traditionnelle, qui ont été introduites en décembre de la même année par le biais de Traditionis custodes, un motu proprio papal, ou acte d'"initiative" du Pape, une manière d'exercer un gouvernement autocratique au sein de l'État du Saint-Siège.
À l'époque, les rumeurs selon lesquelles le départ de Morandi était lié à sa contre-initiative de responsum avaient été démenties par des sources vaticanes, les qualifiant d'"absurdes". Elles ont déclaré que cette décision était la première étape d'un remaniement visant à permettre au pape de se réformer et finalement de nommer un nouveau chef du département doctrinal, désormais connu sous le nom de Dicastère pour la doctrine de la foi (DDF).
Le nouveau préfet de la DDF s'est avéré être le cardinal argentin Víctor Manuel Fernández, l'auteur anticonformiste de livres théologiques obscurs et très controversés sur les baisers et les orgasmes, qui a publié en décembre 2023 Fudicia Supplicans, un document destiné à autoriser les "bénédictions" non liturgiques des couples de même sexe et d'autres personnes ayant des relations irrégulières.
Le document a été signé par le pape François mais a été rejeté par les évêques d’Afrique, de Hongrie et de Pologne, [des Etats-Unis, et d'autres NdCR.], entre autres évêques du monde entier, créant l’une des divisions les plus graves au sein de l’Église catholique depuis des siècles.
[...] Certains observateurs estiment que l'élection de Mgr Morandi comme président régional est un signe de la baisse générale de popularité du pape à la suite de réformes qui ont choqué une grande partie du monde catholique, et de la tension qui existe entre lui et les évêques italiens.
[...] Le processus synodal italien est en cours et devrait s’achever en 2025.
La première bonne chose que le pape François a faite a été d'instituer la fête de Marie, Mère de l'Église, le lundi de Pentecôte.
Cela contribue à restaurer quelque chose de l'octave de la Pentecôte, tout comme saint Jean-Paul II a restauré la Veillée de Pentecôte (supprimée par Pie XII).
Mais la spiritualité de Notre-Dame en tant que mère de l’Église a des implications considérables à une époque où l’Église est en crise.
Ce titre de Notre-Dame est un baume sur les blessures des cœurs catholiques.
Méditer sur cette vérité ramène l'âme à Apocalypse 12 qui parle de sa maternité sur l'Église au moment où le dragon fait la guerre à nous, sa progéniture. Cette fête et ce titre sont comme la Mère de Dieu interposant sur nous ses soins maternels, malgré tout.
De manière similaire et indirecte pour restaurer les octaves rejetées par Pie XII, le pape François a également inséré Notre-Dame de Lorette dans l'octave de l'Immaculée Conception, le 10 décembre. Ainsi avec Notre-Dame de Guadalupe, impératrice des Amériques, le 12 décembre, [Notre-Dame du Rosaire,le 7 décembre] les gloires de Marie brille de son Immaculée Conception. Pour les fidèles, cela contribue à promouvoir ce miracle traditionnel et étonnant avec sa grande litanie pour le salut des âmes.
2. L'Année de Saint Joseph
Avec Notre-Dame, nous pouvons rendre grâce à Dieu que le pape François ait proclamé l'année de Saint Joseph et publié Patris Corde : À l'occasion du 150e anniversaire de la proclamation de Saint Joseph comme patron de l'Église universelle.
Je crois fermement que la dévotion au père terrestre du Christ est une aubaine et un baume pour la modernité, avec sa grande et omniprésente blessure paternelle.
Le fait que le pape François ait fait cela contribue à atténuer la blessure paternelle que beaucoup subissent de la part du pape François lui-même.
[...]
Vis-à-vis des schismes grecs, promouvoir cette dévotion contribue grandement à promouvoir la primauté universelle du Pape, car elle renforce la base spirituelle sur laquelle nous invoquons la paternité universelle.
3. Rhétorique forte contre le meurtre d’enfants
Nous arrivons ici à diverses paroles et actes du Saint-Père qui peuvent ou non être sincères. Mais comme le dit saint Paul : Qu'importe, pourvu que d'une manière ou d'une autre, à des fins privées ou en toute honnêteté, le Christ soit proclamé ?
[...] Car la rhétorique du Saint-Père a été ferme contre le meurtre d’enfants, comparant celui-ci au "recrutement d’un tueur à gages pour résoudre un problème". Il s’agit d’une imagerie très puissante qui condamne véritablement, comme il se doit, le meurtre d’enfants, avec la plus grande sévérité. Dans Laudato Si' , il compte les enfants à naître parmi les humains pauvres et vulnérables qui devraient être protégés (117, 120), s'opposant ainsi à l'abus marxiste qui consiste à utiliser les pauvres à des fins de meurtres des enfants.
Il est vrai que le pape François a ébranlé cette position par d’autres déclarations ou par ses relations avec ceux qui pratiquent ou promeuvent ce mal, mais cela n’annule pas l’effet positif de cette rhétorique appropriée.
4. La réorientation de la papauté en faveur des pauvres
Il s'agit là d'un autre exemple d'action possiblement insincère, puisque même lorsqu'il était évêque en Argentine, Bergoglio apportait des caméras vidéo avec lui lorsqu'il rencontrait les pauvres, comme le remarque Henry Sire dans The Dictator Pope (Le pape dictateur).
Mais même si le pape promeut les pauvres en guise de piété, il aide néanmoins les pauvres. Il s'agit là d'un bon moyen pour le monde de voir ce que l'Église représente, et cela force toujours le respect. Même si l'Église est jugée par ses ennemis sur des bases purement séculières, l'Église catholique romaine est la plus grande organisation humanitaire de l'histoire et du monde actuel. Il y a donc un grand bien pour les âmes, même si le pape François fait ici une auto-promotion de piété.
5. La promotion des communautés intergénérationnelles, notamment avec son attention aux populations âgées
Il y a quelques années, le pape François a créé la Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées. Elle a lieu le quatrième dimanche de juillet, le dimanche le plus proche de la fête de Sainte-Anne (ou Saints Joachim et Anne, dans le nouveau calendrier).
C'est une très bonne chose, car la rupture générationnelle a été sévère dans la modernité, et le renforcement de ces liens et le soin des personnes âgées sont essentiels au Quatrième Commandement.
Afin de restaurer la famille, nous devons restaurer la famille intergénérationnelle, dans laquelle les grands-parents vivent à proximité de leurs enfants et des enfants de leurs enfants, et agissent en tant que patriarche et matriarche sur tout un système familial d'amour et de soutien.
C'est ainsi que les gens vivaient avant les assurances et les options 401k. Et nous devons le faire à nouveau.
6. Critique mesurée de la modernité dans Laudato Si'
L'encycliqueLaudato Si', contrairement à ce que l'on entend souvent, contient beaucoup de bonnes choses pour l'Église. Nous n'avons pas la place ici de nous étendre sur toutes ses qualités, mais je vais me risquer à un résumé approximatif. Tout d'abord, les déclarations de l'encyclique sur le changement climatique sont minimes et peuvent être contestées pour des raisons scientifiques, comme c'est le cas pour toute affirmation scientifique contenue dans une encyclique papale.
Deuxièmement, à l’instar de la forte rhétorique contre le meurtre d’enfants, cette encyclique classe les enfants à naître parmi les plus pauvres parmi les pauvres, rendus vulnérables par la dégradation de l’environnement (au paragraphe 117).
De toute évidence, le meurtrier d’enfants Jeffrey Sachs a manqué ce paragraphe lorsqu’il a fait l’éloge de l’encyclique, espérant qu’elle justifierait son mondialisme.
L’un des aspects les plus importants de l’encyclique est sa définition et sa critique d’un problème spirituel omniprésent et insidieux qui touche au cœur de la métaphysique, le "paradigme technocratique" :
Le problème fondamental est autre, encore plus profond : la manière dont l’humanité a, de fait, assumé la technologie et son développement avec un paradigme homogène et unidimensionnel. Une conception du sujet y est mise en relief qui, progressivement, dans le processus logique et rationnel, embrasse et ainsi possède l’objet qui se trouve à l’extérieur. Ce sujet se déploie dans l’élaboration de la méthode scientifique avec son expérimentation, qui est déjà explicitement une technique de possession, de domination et de transformation. C’est comme si le sujet se trouvait devant quelque chose d’informe, totalement disponible pour sa manipulation. L’intervention humaine sur la nature s’est toujours vérifiée, mais longtemps elle a eu comme caractéristique d’accompagner, de se plier aux possibilités qu’offrent les choses elles-mêmes. Il s’agissait de recevoir ce que la réalité naturelle permet de soi, comme en tendant la main. Maintenant, en revanche, ce qui intéresse c’est d’extraire tout ce qui est possible des choses par l’imposition de la main de l’être humain, qui tend à ignorer ou à oublier la réalité même de ce qu’il a devant lui. (106)
Remarquez la défense de la tradition dans ce paragraphe ("pendant longtemps...") contre une approche moderniste de la nature elle-même ("maintenant, par contraste...").
Mais le pape François ne se contente pas d'idéaliser les modes de vie agricoles traditionnels. Ce paradigme technocratique doit être affronté de front par tous les catholiques. Il s'agit d'une forme malfaisante de scientisme qui existe depuis l'époque de Newton, Galilée et d'autres alchimistes [2]. Cela permet également de critiquer l'idéologie du genre, qui est totalement anti-nature. Cela constitue la base d'une théologie de la création véritablement orthodoxe, comme nous le voyons au sein de Creation Theology Fellowship et de l'Institut Saint-Basile.
Pour en savoir plus sur ce point, je renvoie les lecteurs à Gideon Lazar dans son analyse faite sur sa chaîne.
Lazar souligne comment l'encyclique s'appuie fortement sur S. Bonaventure afin de fournir une critique de la modernité et de sa vision technocratique.
Une autre bonne réflexion est contenue dans Glory of the Cosmos édité par Thomas Storck chez Arouca Press (qui comprend une contribution de Peter Kwasniewski). Ce livre aborde les questions métaphysiques latentes dans la section susmentionnée de Laudato Si', en s'appuyant également sur la critique de l'industrialisation de Romano Guardini, comme le fait le pape François.
Mais encore une fois, ces aspects positifs de Laudato Si' n'enlèvent rien aux aspects négatifs : l'encyclique a été utilisée par les mondialistes pour promouvoir leur programme (avec au moins l'approbation tacite du Vatican).
7. La consécration de la Russie
Cela pourrait s’avérer être la plus grande chose que le pape François ait faite au cours de son pontificat. Selon Mgr Schneider, ce fut finalement la consécration de la Russie dans les mots, l'intention et la manière demandés par Notre-Dame de Fatima. Si cela est vrai (ce qui est une croyance raisonnable), alors le pontificat du pape François restera dans les mémoires pour avoir contribué à réaliser le triomphe du Cœur Immaculé de Marie à notre époque !
Bien entendu, cela ne peut se produire sans une pénitence généralisée de notre part.
8. Promouvoir la paix en Ukraine
Tout au long de la terrible invasion de l’Ukraine par la Russie, le pape François a continuellement été un pape de paix, comme tous les papes l’ont été dans la période moderne, lorsque la guerre est devenue si horrible avec de nombreux morts civiles et une technologie à la justification morale douteuse.
Il est vrai que de mauvaises motivations pourraient être derrière cela, comme une fausse croyance selon laquelle la théorie catholique de la guerre juste ne fait plus partie de l’enseignement catholique.
Néanmoins, comme dans l’exemple ci-dessus concernant les pauvres, cette promotion de la paix est ce que le pape devrait faire, ce qui aide toutes les parties et, en fin de compte, contribue à une fin rapide de ce terrible conflit.
9. Le rétablissement de l'ordination traditionnelle des hommes mariés dans les Églises catholiques orientales des États-Unis
Léon XIII promettait dans une de ses encycliques que si les Grecs retournaient à Rome, toutes leurs coutumes locales seraient respectées. Sous le pontificat suivant, les Grecs reçurent un exemple du contraire.
En raison d'un malheureux conflit avec les évêques irlandais aux États-Unis, saint Pie X finit par interdire l'ordination des hommes mariés selon les rites orientaux aux États-Unis. Il s'agissait d'un abus de pouvoir de la part de Pie X. L'ordination d'hommes mariés était une tradition apostolique bien avant Nicée, et la suppression de cette tradition semble montrer aux Grecs que leurs traditions ne sont pas en sécurité à Rome. La réponse, bien sûr, est donnée par les catholiques orientaux, qui ont résisté à cette situation et en ont souffert, mais sont restés en communion. Néanmoins, cela a incité des milliers de personnes à quitter l’Église catholique et à rejoindre les orthodoxes aux États-Unis (dirigés par leur saint, Alexis Toth).
Grâce à Dieu, le pape François a annulé cette décision et rétabli les droits traditionnels d'ordonner des hommes mariés [dans les églises catholiques orientales. NdCR.].
10. La dotation de facultés à la FSSPX
Le pape François a également accordé de larges permissions et facultés à la FSSPX (Fraternité Sacerdotale Saint Pie X), ce qui contribue à guérir cette division et à régulariser cette importante société de prêtres. Ceci est en contradiction, bien sûr, avec ses actions ultérieures dans Traditionis Custodes. Néanmoins, ces mesures sont très positives et importantes.
11. Le décret de protection de la FSSP
Sa Sainteté a également émis un décret de protection très fort pour la FSSP (Fraternité Sacerdotale Saint Pierre), qui les confirme dans leur charisme de préserver l'ancien rite romain pour leurs fidèles, là encore en contradiction avec Traditionis Custodes.
12. Le droit canonique contre l'ordination des femmes
Le pape François a également approuvé une excommunication latae sententiae réservée au Saint-Siège pour toute personne tentant d'ordonner une femme, ainsi que pour la femme elle-même. Il s’agit d’une sanction très sévère qui s’oppose fortement aux ouvertures en faveur de l’ordination féminine (y compris au diaconat) qui ont été tacitement encouragées par le Vatican.
13. Une réponse modérée à la guerre Israël-Hamas
Il est bien au-delà du cadre de ce court article d’approfondir ce sujet explosif avec l’érudition qu'il nécessiterait, mais je dois néanmoins oser un commentaire sur cette dernière bonne chose, à mon avis, qu’a faite le pape François.
Pour les catholiques des États-Unis, nos opinions sur l’État moderne d’Israël sont généralement plus influencées par l’idéologie protestante du sionisme que par la foi catholique. [3]
À mon avis, une vision catholique et rationnelle de ce conflit conclurait – comme semblent le conclure les catholiques israéliens et arabes – qu’il existe deux revendications légitimes sur la terre de la part des Israéliens et des Arabes.
Les catholiques là-bas sont coincés au milieu de ce conflit – qu’ils soient des catholiques hébreux, arabes ou d'autres catholiques de souche qui vivent là-bas et entretiennent la Terre Sainte et ses lieux de pèlerinage. Ayant étudié le conflit pendant un certain temps, je crois que cette position modérée qui reconnaît les justes titres de ces deux peuples (avec des catholiques des deux côtés) est l'approche véritablement catholique. En effet, la guerre moderne n’est presque jamais une question de "bons contre méchants", contrairement à ce que presque tous les médias nous ont dit pendant des décennies à propos de pratiquement tous les conflits armés de la période moderne.
Cette position catholique en Terre Sainte a été promue avec virilité par l'évêque catholique d'Israël, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem. Il a agi comme un homme de Dieu intrépide et un défenseur de la paix et de la justice, non seulement envers son propre troupeau d'hébreux, d'arabes et d'autres catholiques, mais aussi envers les non-catholiques et les non-chrétiens. Lorsque nous comparons cette position catholique aux opinions de catholiques aux États-Unis, nous obtenons plutôt une approche unilatérale de ce conflit, influencée, comme je l’ai dit, par le sionisme protestant. Ce n’est pas l’approche unilatérale des Américains que le Saint-Père a promue dans le nouveau conflit à Gaza, mais l’approche catholique du cardinal Pizzaballa.
Après le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas, la réponse du Saint-Père a été modérée :
Il a supplié les deux parties de "cesser les attaques et les armes et de comprendre que le terrorisme et la guerre ne mènent à aucune solution, mais seulement à la mort et à la souffrance de nombreux innocents."
"La guerre est une défaite, toute guerre est toujours une défaite", a-t-il déclaré, et il a demandé à ses fidèles de se joindre à lui pour prier pour la paix en Israël et en Palestine.
Cette approche des "deux côtés" a irrité l’État d’Israël, qui a bénéficié d’une réponse unilatérale de la part des médias américains qui ont immédiatement condamné le Hamas en tant que "terroristes" ayant lancé une invasion "non provoquée" d’Israël. Cela ressemble beaucoup à la façon dont les médias américains ont qualifié les attentats du 11 septembre 2001 de "non provoqués". Comme le 11 septembre, l'attaque terroriste du Hamas contre Israël était en effet "non provoquée" dans un sens, mais dans un autre sens, elle est trompeuse et ne reconnaît pas l'injustice qui alimente le terrorisme.
Au lieu de cela, plus tard en décembre 2023, le pape François a semblé dire qu'il y avait des terroristes des deux côtés du conflit, ciblant tous deux des civils, des femmes et des enfants non armés, lorsqu'il a condamné l'attaque israélienne contre l'église catholique de Gaza.
Dirigé par l'évêque local susmentionné (comme il se doit), le Saint-Père promeut un véritable dialogue entre les deux parties en Israël, et c'est l'approche du Saint-Siège à l'égard de la guerre en général, comme il se doit. Encore une fois, comme pour l'exemple de l'Ukraine, il se peut que certaines idées fausses sur la guerre soient impliquées ici, mais cela nie néanmoins pas le fait que ses paroles et ses actes ici sont bons.
Qu’en est-il du Responsum du Saint-Office concernant les bénédictions pour les personnes de même sexe ?
Le 15 mars 2021, le Saint-Office a décrété que l'Église n'a pas le pouvoir de "donner la bénédiction aux unions de personnes du même sexe", et ce décret a été approuvé par Sa Sainteté.
Lorsque j’ai réfléchi pour la première fois aux bonnes choses que le pape François a faites, cette liste incluait ce document. Comme nous le savons, depuis la nomination de Son Éminence le cardinal Tucho Fernández à la congrégation doctrinale du Vatican, ce décret a été miné et contredit par le décret Fiducia Supplicans (2023). En conséquence, nous ne pouvons pas vraiment inclure cela dans la liste des bonnes choses que le pape François a faites.
Néanmoins, contrairement à Traditionis Custodes, Fiducia prétend explicitement ne pas abroger le décret de 2021, mais plutôt le "développer". Le décret de 2021 reste donc en vigueur et, puisqu'il semble être le plus conforme à la Tradition, il n'est pas déraisonnable d'espérer que le document de 2021 sera le "dernier mot" sur les bénédictions homosexuelles, une fois que les théologiens et le Magistère auront résolu cet imbroglio causé par Fiducia.
Le plus grand bien du mauvais pontificat de François ?
Il faut ici noter une autre chose positive, et peut-être la plus grande, qui semble sortir de ce pontificat de François : la fin de l'hypermontanisme, "le faux esprit de Vatican I".
De nombreux bons catholiques examinent la situation et constatent qu'il n'est pas possible que le pape soit exempt d'erreur dans tous les cas.
Il est plus logique que la protection infaillible soit plus restreinte que ce que beaucoup pensaient. Il est plus logique que l'autorité de l'Église catholique soit restaurée au niveau de l'évêque local en communion avec Rome. Il est plus logique que les catholiques ne se tournent pas constamment vers Rome pour leur vie catholique quotidienne.
Ainsi Dieu nous a punis avec un mauvais pape pour nos péchés. Mais je crois qu’Il fera sortir le bien du mal en nous ouvrant les yeux sur une pratique plus équilibrée de la foi catholique en limitant la papauté comme centre de gravité de la vie catholique.
Cette approche équilibrée de la papauté est publiée dans des publications grand public telles que Nova et Vetera, Communio et l'Académie Emmaüs du Centre Saint-Paul. Le livre Defending the Faith against Present Heresies (Défendre la foi contre les hérésies actuelles) rassemble des catholiques de tous bords qui s'opposent à François et sapent ainsi l'hyperpapalisme.
À l'avenir, le pontificat de François servira probablement d'exemple pour décréter ou dogmatiser une clarification de Vatican I, qui montre les limites de l'infaillibilité papale, en condamnant un papalisme excessif qui s'est imposé jusqu'à présent.
Ceci, je pense, sera le plus grand bien qui ressortira du mauvais pontificat de François. Mais cela pourrait prendre cinq cents ans pour que cela se réalise. Mais en attendant, Jésus est sur le trône.
Notes
[1] Alexandre Soljenitsyne, L'Archipel du Goulag, éd. abrégée. trans. Whitney et Willets (Harper : 2007), 75.
[2] Sur le rôle du scientisme dans l'histoire de l'Église, voir Flandre, Cité de Dieu contre Cité de l'Homme, 245-248.
[3] Cela n’exclut pas une forme de soutien catholique à l’État moderne d’Israël qui est tout à fait légitime. Je veux plutôt affirmer que les origines et les idées dominantes du sionisme proviennent du protestantisme et du judaïsme non chrétien dont l’influence peut influencer excessivement les catholiques aux États-Unis. Pour une forme légitime de soutien catholique à Israël, voir, par exemple, Lawrence Feingold, "The Return to the Land of Israel As an Eschatological Sign in the Light of Romans 11", D'Costa et Shapiro, éd. Approches catholiques contemporaines du peuple, de la terre et de l'État d'Israël (Washington DC : Catholic University of America Press, 2022).
Saint Sébastien, dans Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 165.
Gaulois, dont le père était de Narbonne et la mère, de Milan, Sébastien fut cher àDioclétienpour sa noblesse et sa bravoure. Il naît à Narbonne vers 260 ap. J.-C. de parents chrétiens. Adulte, il choisit de devenir archer dans une des nombreuses compagnies romaines. Il devint capitaine.
Chef de la première cohorte, il assistait les chrétiens, dont il partageait la foi en secret. Il encourageait par ses exhortations ceux qui chancelaient. De ce nombre furent Marc et Marcellin, deux jeunes patriciens, arrêtés comme chrétiens. Leurs parents, leurs amis les conjuraient d'éviter la mort en reniant leur foi; saint Sébastien, qui les visitait souvent, soutint leur courage, et convertit leurs pères, leurs mères, leurs femmes, leurs enfants et beaucoup d'autres païens.
Impressionnée par les paroles de Sébastien, une femme muette nommée Zoé s'approche du militaire, qui lui rend alors la parole. Ce miracle impressionne grandement les témoins de la scène, qui se convertissent ensuite en nombre, ce qui donne lieu à de nouvelles guérisons.
La nouvelle de ces événements ne tarde pas à se répandre et arrive bientôt jusqu'à Chromace, préfet de la ville de Rome. Atteint d'une maladie grave, celui-ci sollicite l'aide de Sébastien et du prêtre Polycarpe, qui promettent de le guérir s'il permet la destruction d'un grand nombre d'idoles. Ce n'est cependant qu'après que Chromace a renoncé à s'adonner à la divination qu'il retrouve la santé, non sans qu'un ange soit apparu dans son palais. Ce nouveau miracle amène la conversion de 4 000 personnes, issues de la maison du préfet.
Ces faits furent dénoncés àDioclétien: il ordonna d'attacher Sébastien à un poteau et de cribler son corps de flèches. Ce genre de supplice était sans doute militaire. Sébastien fut laissé pour mort. Une sainte femme, Irène, le fit enlever, pendant la nuit, pour l'ensevelir; mais il fut retrouvé vivant. Elle le fit soigner chez elle et il se rétablit. Dès qu'il fut en état de sortir,le 20 janvier 290il vint se mettre sur le passage de l'empereur, qui se rendait au temple; celui-ci fut d'abord terrifié de cette apparition. Le martyr lui reprocha de persécuter des sujets fidèles qui le servaient loyalement et priaient pour lui. Dioclétien passa de la stupéfaction à la fureur contre le jeune officier; il le fit battre de verges jusqu'à ce qu'il expirât sous les coups; puis il ordonna de le jeter dans un cloaque (cloaca maxima) "pour que les chrétiens" n'en fassent pas un martyre. Une pieuse chrétienne, Lucine, fit retirer son corps qui fut enseveli dans les catacombes, au lieu où s'éleva plus tard la magnifique église de Saint-Sébastien.
En 680, une peste frappa Rome. Le fléau cessa après qu'une procession se fut rendue à l'église de Saint-Pierre-aux-Liens avec des reliques de Sébastien (Paul Diacre, Historia Langonardorum, VI, 5); invoqué à Pavie dans les mêmes circonstances, il obtint le même miracle.
Les flèches demeurent à l'origine d'autres vocations du saint : elles justifient que les archers, les arquebusiers et les soldats l'aient adopté comme patron; il est aussi invoqué par les tailleurs de pierre, les tapissiers, les artisans des métaux, les jardiniers et les pompiers.
Le tombeau de saint Sébastien, dans la basilique San Sebastiano fuori le mura, Rome
Sources : (1) Mgr Paul Guérin, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Editions D.F.T., Argentré-du-Plessis 2003 ; (2) Dictionnaire des saints et Grands témoins du christianisme, Sous la direction de Jean-Robert ARMOGATHE et André VAUCHEZ, CNRS Éditions, Paris 2019, p. 1071
Si l'on distingue entre le pape en tant que titulaire de la charge pétrinienne avec ses pouvoirs spécifiques (infaillibilité pontificale ex cathedra) et le pape "en tant que chrétien individuel dans l’état de pèlerinage", il ressort d'un entretien avec le Cardinal Müller, ex préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de Benoît XVI, que les papes peuvent être hérétiques.
De même,"l 'Église catholique n'est pas l'Église du Pape et les catholiques ne sont donc pas des papistes mais des chrétiens". Les catholiques ne croient pas que le pape soit un oracle, ni un monarque absolu, l'hyperpapalisme n'est pas le catholicisme.
Dans cet entretien le cardinal Müller aborde la nature de l'infaillibilité papale, les limites de l'autorité papale et la possibilité d'un pape hérétique.
Cole DeSantis
PUBLIÉ LE 18 janvier 2024
J'ai récemment envoyé quelques questions au cardinal Gerhard Müller au sujet de l'infaillibilité pontificale et les récentes paroles du cardinal décrivant le pape François comme ayant approuvé l'hérésie matérielle. Le Cardinal a eu la gentillesse de répondre à mes questions lors de l'échange de courriels suivant.
Comment décririez-vous la nature de l’infaillibilité pontificale ?
Dans quelles circonstances l’infaillibilité papale s’applique-t-elle ?
Cardinal Müller : La nature, les conditions et les limites de l'infaillibilité pontificale en tant qu'expression de l'infaillibilité de toute l'Église sont définies au chapitre 4 de la Constitution dogmatique Pastor aeternus[traitant de la primauté pontificale, seule partie débattue et votée. Ndlr.] du Concile Vatican I (1870). En référence à l'intégration de l'autorité suprême dans le collège des évêques, dont il est le chef visible, Vatican II déclare :
Cette infaillibilité, dont le divin Rédempteur a voulu pourvoir son Église pour définir la doctrine concernant la foi et les mœurs, s’étend aussi loin que le dépôt lui-même de la Révélation divine(divinae Revelationis depositum)à conserver saintement et à exposer fidèlement.(Lumen Gentium 25)
Les évêques allemands, avec l’approbation du pape Pie IX, déclarèrent au chancelier allemand Bismarck, qui voulait abuser de Vatican I pour justifier la destruction de l’Église catholique dans le « Kulturkampf » : "... le magistère infaillible de l’Église est lié au contenu de l’Écriture Sainte et de la Tradition, ainsi qu’aux décisions doctrinales déjà données par le magistère ecclésiastique" (Denzinger-Hünermann, n° 3116). C'est aussi ce que dit Vatican II avec la plus haute autorité dans la Constitution dogmatique sur la Révélation divine Dei verbum art. 10. Il faut ajouter que les fidèles doivent rendre "un assentiment religieux de volonté et de compréhension" à leurs évêques et en particulier au magistère authentique de l'évêque de Rome, même s'il ne parle pas en vertu de la plus haute autorité magistrale (ex cathedra). Cela s'applique selon l'accent mis sur une doctrine particulière, qui doit cependant être contenue explicitement ou implicitement dans la révélation.
Qu’a traditionnellement enseigné l’Église sur les limites de l’autorité papale ?
Cardinal Müller : Selon l'autorité divine du Christ, la révélation de Dieu lui-même est la base et la limite de l'enseignement et du ministère pastoral de l'Église : "Allez vers toutes les nations… et apprenez-leur à obéir à tout ce que je vous ai commandé" (Matthieu 28 : 20). L’approche d’une ecclésiologie catholique est importante. Dans Lumen Gentium, Vatican II n'a pas commencé avec le Pape car, contrairement à ce que croyaient les polémiques protestantes traditionnelles, l'Église catholique n'est pas l'Église du Pape et les catholiques ne sont donc pas des papistes mais des chrétiens. Le Christ est le chef de l’Église et de Lui toute la grâce et la vérité divines passent aux membres de Son corps, qui est l’Église. Mais il l'a aussi constituée sacramentellement comme communauté visible de confession, de moyen de grâce et d'unité dans la direction épiscopale. C'est pourquoi les évêques et les prêtres enseignent, guident et sanctifient les fidèles au nom du Christ (et non du tout au nom du Pape). Mais les catholiques ne sont pas les sujets de supérieurs ecclésiastiques, auxquels ils doivent une obéissance caduque aveugle comme dans un système politique totalitaire. En tant que personnes dans leur conscience et leur prière, ils s'adressent directement à Dieu dans le Christ et dans le Saint-Esprit. L'acte de foi s'adresse directement à Dieu, tandis que le magistère des évêques n'a pour tâche que de conserver fidèlement et intégralement le contenu de la révélation (donné dans la Sainte Écriture et la Tradition apostolique) et de le présenter à l'Église tel qu'il a été révélé par Dieu.
Le Magistère n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu, mais il est à son service, n’enseignant que ce qui a été transmis, puisque par mandat de Dieu, avec l’assistance de l’Esprit Saint, il écoute cette Parole avec amour, la garde saintement et l’expose aussi avec fidélité... (Dei verbum 10)
Dans une culture éloignée du christianisme, il est important de ne pas interpréter l’autorité ecclésiale en termes de pouvoir politique et de manipulation médiatique de l’opinion, mais à la lumière de la révélation de Dieu dans le Christ comme lumière qui éclaire tout être humain et conduit à la vie éternelle (Jn 1, 1-18). Même les cardinaux de l’Église romaine ne peuvent pas promettre une obéissance absolue au pape et sacrifier leur conscience et leur expertise à un programme douteux, comme l’expert britannique du Vatican Christopher Lamb aimerait l'argumenter contre la soi-disant "opposition interne de l’Église" dans son livre The Outsider. Ceux qui ne respectent pas la foi et la discipline de l’Église doivent être remis sur le droit chemin par des moyens spirituels et des châtiments ecclésiastiques. Les dirigeants absolus qui ont éliminé leurs collègues indisciplinés dans un politburo communiste ou dans le Conseil privé royal anglais avec le bannissement, la privation de propriété et les procès-spectacles ne sont pas un exemple pour nous. L’histoire pontificale nous offre aussi des spectacles indignes de pouvoir triomphant de la loi.
Pourriez-vous décrire brièvement quelques opinions communes sur différentes opinions théologiques concernant la manière de répondre à un pape hérétique et dans quelle mesure ces opinions sont largement acceptées parmi les théologiens et les canonistes ?
Cardinal Müller : Le problème fondamental provient de la distinction entre, d’une part, le pape en tant que titulaire de la charge pétrinienne avec ses pouvoirs spécifiques et, d’autre part, le pape en tant que chrétien individuel dans l’état de pèlerinage, qui peut aussi perdre la grâce sanctifiante par le péché mortel ou qui peut intérieurement et extérieurement s’éloigner manifestement de la foi, contredire hérétiquement la doctrine de la foi, ou même se séparer schismatiquement de l'Église. En ce qui concerne l’apostasie, l’hérésie manifeste ou le schisme ouvert du pape en tant qu’individu, il s’agit plutôt d’une question théorique ou de l’évaluation historique et théologique de personnages douteux de l’histoire papale (la plus connue est la question de l’hérésie et de l’excommunication du pape Honorius I).
Dans son grand ouvrage De Romano Pontifice (Livre II, 30e section), le Docteur de l’Église Robert Bellarmin a résumé les opinions théologiques exprimées jusqu'alors sur l’hérésie possible d’un pape et sa perte de charge. En tout état de cause, l’opinion selon laquelle une autorité ecclésiastique ou même laïque pourrait destituer le pape dans le cadre d’une procédure judiciaire est exclue (contre le conciliarisme, le gallicanisme, etc.). Il est en effet choisi par les cardinaux comme la personne qui doit occuper la Chaire de Pierre. En réalité, cependant, il est nommé par le Christ s’il a accepté l’élection et est évêque de Rome par consécration et donc successeur de Pierre. En cas de contradiction flagrante et notoire, à Dieu ne plaise, avec l’enseignement de l’Écriture Sainte ou les définitions dogmatiques de la doctrine de la foi, les fidèles ne seraient plus obligés de lui obéir et il perdrait, pour ainsi dire, sa charge elle-même. Dans la pratique, cependant, comme à la fin du Moyen Âge, cela diviserait l’Église en différentes obédiences, selon qui considère leur pape comme le successeur légitime de Pierre. Nous devons une discussion détaillée de cette épineuse question au professeur Arnaldo Xavier da Silveira (Se un Papa è eretico : che fare ? Rome 2019 ; "Un pape peut-il être hérétique ?"). J’ai moi-même publié un livre sur l’ensemble de la théologie de la papauté : Gerhard Cardinal Müller, The Pope : His Mission and His Task (Catholic University of America Press, Washington, DC, 2021).
Comme vous le savez, il existe une différence entre les opinions théologiques, même répandues ou probables, et l’enseignement officiel de l’Église. Quel est l’état actuel de l’enseignement de l’Église sur la manière de traiter avec un pape hérétique ? L’Église a-t-elle une vision officiellement définie ? Y a-t-il jamais eu un moment dans l’histoire de l’Église où l’Église avait une vision spécifique ou définie sur cette question ?
Cardinal Müller : Il ne peut y avoir de définition de ces cas limites parce que les définitions se réfèrent à la foi révélée. On peut le voir dans les tentatives des conciles de Constance et de Bâle, qui ont dû trouver une issue pratique au schisme occidental malgré la fausse doctrine de la supériorité du concile sur les papes et les antipapes de leur temps. Au-delà de la distinction susmentionnée (entre le pape dans sa fonction de successeur du Christ et le titulaire actuel de cette charge pendant son pontificat), il ne peut y avoir de procédure canonique (c’est-à-dire une loi ecclésiastique purement positive au-dessus de la loi divine) qui pourrait officiellement déclarer un pape régnant hérétique formel et le déposer légalement. Le charisme personnel de l’infaillibilité ex cathedra ne doit pas être confondu avec la grâce spéciale d’être sauf du péché et de l’apostasie dans l’état de pèlerinage. Ce fossé ne peut pas être comblé au sein de l’Église parce que l’autorité suprême ne peut pas être jugée indéfiniment par une autorité encore plus élevée et donc le seul juge du pape régnant est Dieu seul. Il veillera à ce que l’Église ne se détruise pas elle-même à la racine de son unité dans la vérité du Christ. C’est pourquoi notre humble prière et notre manière chrétienne de nous traiter les uns les autres sont d’autant plus nécessaires dans cette situation.
Y a-t-il déjà eu un pape hérétique dans le passé, et si oui, quelle a été la réponse de l’Église ? Que pouvons-nous apprendre de ces événements historiques ?
Cardinal Müller : Au fil des siècles, le terme hérésie a été interprété de manière plus large et plus étroite. Dans le sens technique actuel de l’hérésie formelle, c’est-à-dire la négation directe d’une doctrine révélée dogmatiquement définie par l’Église, il n’y a pas eu un seul pape hérétique (pas même en tant que personne privée), même dans la rétrospective historique. Le fait que les évêques romains dans la succession de Pierre, soient toujours restés fidèles à la foi apostolique et l’aient activement présentée à toute l’Église est à la fois historiquement prouvable et un objet de la foi catholique et divine (Vatican I, Pastor aeternus, chapitre 4).
Cela semble être le cas même avec les déclarations plus problématiques ou trompeuses du pape François. Seriez-vous d’accord avec cette évaluation ? À cela s'ajoute l'idée, avancée par certains commentateurs, selon laquelle bon nombre des implications que les gens voient dans les paroles du pape François sont interprétées dans les paroles du pape François par certaines personnes dans les médias qui souhaitent que l'Église catholique change ses enseignements, et Si l’Église ne peut pas ou ne veut pas changer ses enseignements, elle peut au moins déformer les paroles du pape François pour donner l’impression qu’il va changer l’enseignement de l’Église. Selon vous, dans quelle mesure les éléments problématiques des enseignements du pape François découlent de cette dynamique ?
Cardinal Müller : Certes, à l’ère des médias hautement idéologisés, les différents groupes qui instrumentalisent les déclarations du pape François pour leurs propres intérêts doivent être remis à leur place. Nous devons aussi respecter la personnalité de la Chaire de Pierre. En termes de profondeur théologique et de précision d’expression, le pape Benoît XVI était une exception plutôt que la norme dans l’histoire mouvementée des papes. Mais les évêques et le Pape doivent aussi être conscients des limites de leur mission. Ils ne peuvent utiliser l’autorité que leur a donnée le Christ que pour conduire les gens au Christ par la Parole de Dieu et les saints sacrements (et ne peuvent en aucun cas nuire à la crédibilité de l’Église par le népotisme et le favoritisme, l’ingratitude de l’air du temps).
Il faut également observer l'autonomie relative des différentes disciplines laïques (Gaudium et spes 36), dans lesquelles ils ne sont impliqués que dans la mesure où ils doivent défendre la dignité et la liberté de l'homme contre les empiétements politiques, idéologiques et médiatiques. Il ne peut pas non plus y avoir d’opposition absolue, ni même pragmatique, entre doctrine et pastorale, car le Christ lui-même est maître et pasteur en sa personne. La doctrine de l’Église aujourd’hui ne peut en aucun cas être considérée comme connue (malheureusement même par tous les évêques, dont il existe suffisamment d’exemples) pour se concentrer uniquement sur l’application pastorale à des personnes individuelles ou à des "groupes marginalisés". Il ne suffit pas d’être photographié avec des soi-disant "transpersonnes", mais il faut aussi avoir le courage de qualifier le changement de sexe hostile au corps, de péché grave contre la volonté du Créateur. En outre, "l'enseignement des apôtres" (Actes 2, 42) sous la forme de la confession de l'Église n'est pas n'importe quel système de pensée avec lequel le catholique normal n'a rien à voir, mais la Parole de Dieu qui crée le salut et éveille la foi, qui est donnée à l'Église dans la parole apostolique des évêques et des prêtres (cf. 1 Thessaloniciens 2, 13). Le format médiatique doit également être envisagé concrètement. Les entretiens papaux peuvent être utiles, encourager les gens dans leur foi et fournir une orientation. Ce ne sont pas des documents contraignants qui interprètent avec autorité la foi de l’Église. Alors que l’attention médiatique sur l’Église se concentre globalement sur le Pape, il convient de noter que les catholiques croient au Christ et ne peuvent attendre le salut que de Lui et que le Pape et les évêques ne sont que ses serviteurs. Parce qu'on oublie que l'Église, comme corps du Christ et temple du Saint-Esprit, est la communion de vie la plus intime avec le Dieu trinitaire, à qui la forme visible de l'Église ne sert que de médium ( Lumen Gentium 8), ils jugent mal les journalistes en utilisant des catégories politiques et idéologiques (gauche-droite, conservateur-moderniste, etc.). Une présentation et une formulation flatteuses de "l’Église du pape François" ou des évêques sur la "ligne de Bergoglio", qui révolutionne l’Église du Christ par des décisions "irréversibles", sont non seulement sous-exposées sur le plan théologique, mais sapent également la crédibilité de l’Église du pape François. L'Église comme sacrement du salut du monde en Jésus-Christ (1 Timothée 2 : 5).
Comment les fidèles catholiques devraient-ils réagir aux déclarations problématiques sur le plan théologique ou spirituel avancées par le pontife ? Comment doivent-ils maintenir la nécessité d’obéissance et de communion avec le pape et le besoin d’évangéliser en présence de déclarations problématiques ou difficiles à interpréter du pape ?
Cardinal Müller : Nous tirons notre foi des Saintes Écritures et des enseignements de l'Église tels que résumés dans le Catéchisme officiel basé sur les enseignements du Concile Vatican II. Nous vivons par la grâce du Christ dans les sacrements. La vie de l'Église se déroule dans les paroisses, les communautés de prière, les écoles et institutions catholiques. Aussi importante que soit l'orientation vers "Rome" en ce qui concerne l'unité de l'Église universelle dans la vérité du Christ, il ne faut pas confondre l'article de foi de l'enseignement et de la primauté juridictionnelle de l'évêque romain comme successeur de Pierre avec un culte de la personnalité, comme cela se produit également dans des contextes laïques. Le Christ est le chef de l’Église, de qui émanent toute grâce et toute vérité. Les apôtres, Pierre à leur tête, ne sont que ses témoins et ses hérauts. Ils se consacrent au "ministère de la parole et des prières", la liturgie (Actes 6 : 4). Ce n’est pas leur prestige social et leur présence dans les médias qui sont le critère pour les papes et les évêques de notre époque, mais la question de savoir s’ils rendent le Christ présent à notre époque. Le pape et les évêques servent de modèles à l’Église, à l’instar du bon berger qui a donné sa vie pour ses brebis (1 Pierre 5 : 1-4).
Merci à Son Eminence d'avoir pris le temps de répondre à ces questions.
"L'"ingratitudede l'air du temps", selon le philosophe Edward FESER, résume assez bien le dernier demi-siècle de l'histoire de l'Église. Pour chaque hérétique pur et dur, il y a probablement un millier de catholiques qui, au fond, veulent désespérément que le monde séculier moderne les aime..."