« Je recommande à mon fils s’il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, [...] qu’il ne peut faire le bonheur des Peuples qu’en régnant suivant les Lois, mais en même temps qu’un Roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire, et qu’autrement étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile. » (Testament de Louis XVI)
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Une Italienne vivant en Australie souffrait d'un cancer. On ne pensait pas qu'elle survivrait. Elle se rendit avec son fils prier sur la tombe de Saint Charbel, mais l'église était fermée ce jour-là.
Elle s’apprêtait à partir lorsqu’un prêtre maronite s’est approché d’elle et lui a demandé si elle avait besoin de quelque chose. La femme lui a expliqué qu’elle avait un cancer et qu’elle était allée prier sur la tombe de Saint Charbel, mais que le monastère était fermé.
Elle ajouta qu'elle voulait recevoir la bénédiction d'un des prêtres présents. Le père lui dit qu'il la bénirait. Elle demanda à son fils de prendre des photos de la bénédiction.
Plus tard, alors qu'elle regardait les photos avec son amie libanaise, ils réalisèrent que le prêtre était Saint Charbel !
Ils se sont renseignés au monastère et ont été informés que personne vivant au monastère ne lui ressemblait.
Elle est retournée en Australie et les tests ont montré que son cancer avait disparu.
Face à une situation désespérée le roi de Juda Ézékias (VIIIe s. av. J.-C.) se tourna vers le prophète Isaïe. (2 Ch 32,20)
La nuit même, l’ange du Seigneur sortit et frappa cent quatre-vingt-cinq mille hommes dans le camp assyrien (2 R 19,35), délivrant ainsi Jérusalem d'une destruction imminente par le roi assyrien Sennachérib. Celui-ci rentra à Ninive où il mourut peu après, ses propres enfants le mettant à mort par l’épée. (2 Ch 32,21)
La nuit même, l’ange du Seigneur sortit et frappa cent quatre-vingt-cinq mille hommes dans le camp assyrien. Le matin, quand on se leva, ce n’était que des cadavres.
Alors le Seigneur envoya un ange qui anéantit tous les vaillants guerriers, les chefs et les officiers, dans le camp du roi d’Assour. Celui-ci retourna dans son pays, la honte au visage. Il entra dans la maison de son dieu, et quelques-uns de ses propres enfants le mirent à mort par l’épée.
L'ange détruisant l'armée de Sennacherib devant Jérusalem, gravure sur bois de Gustave Doré
***
On trouve le même récit d'anges venant en aidé au peuple de Dieu dans le IIe Livre des Maccabées où Héliodore est chassé du temple par trois anges envoyés par Dieu suite à la prière des Juifs de Jérusalem (II M 3,13-25).
De même le grand prêtre Onias et le prophète Jérémie apparurent également en songe intercédant pour Judas Maccabée et son armée. (2 M 15,11-14)
Béatrix (ou Béatrice) naquit au village d'Ornacieux en Isère, dans le Dauphiné. Elle entra à la Chartreuse de Parménie puis fonda la chartreuse d'Eymeux (Drôme) d'où elle gagna le ciel le 25 novembre 1303.
Son culte est confirmé en 1763 et elle est béatifiée par le Pape Pie IX le 15 avril 18692.
Le principal texte la concernant a été écrit au XIIIe siècle, par Marguerite d'Oingt, en Francoprovençal, sous le titre original : Li Via seiti Biatrix, virgina de Ornaciu (La Bienheureuse Béatrix d'Ornacieux, religieuse de Parménie).
Sa fête liturgique est fixée au 13 février par les chartreux et le 25 novembre dans le diocèse de Valence. [2]
"Née au château d'Ornacieux, près de la Côte-Saint-André vers 1260, Béatrix entre à l'âge de 13 ans à la chartreuse de Parménie, non loin de Tullins. En 1300, elle fonde le monastère d'Eymeux où elle connaît le plus extrême dénuement. Elle y meurt un 25 novembre, sans doute en 1303. Une chapelle y perpétue son souvenir. La vie de Béatrix a été écrite par une moniale chartreuse contemporaine de la bienheureuse, Marguerite d'Oingt et elle atteste son ardent amour pour Jésus crucifié."
(Bienheureuse Béatrix d'Ornacieux - diocèse de Valence 25 novembre)
Dans le Valentinois, entre 1303 et 1309, la bienheureuse Béatrice d'Ornacieux, vierge, qui, saisie d'un grand amour de la croix, vécut et mourut dans la plus grande pauvreté dans la Chartreuse d'Eymeu qu'elle avait fait construire (25 novembre).
Dans le Nouveau Testament, les seules personnes qui avaient l'autorité d'enseigner étaient les apôtres, ceux qu'ils avaient nommés (comme Timothée et Tite) et ceux qu'ils avaient également nommés. Il n'y a aucune indication dans l'Écriture qu'un chrétien est habilité à enseigner en dehors de cette ligne d'autorité.
Frères, au nom du Seigneur Jésus Christ, nous vous ordonnons d’éviter tout frère qui mène une vie désordonnée et ne suit pas la tradition que vous avez reçue de nous.
Le souci de la continuité de l'enseignement oral du Christ, le souci de garder le dépôt de la foi (1Tm 6,20 ; 2 Tm 1,14) et de le transmettre à d'autres générations (2Tm 2), la transmission de la charge ecclésiastique (office) par les apôtres eux-mêmes (Ac 1,20-24), le caractère collectif autant que solidaire des premières communautés chrétiennes (1 Th 4,6), le titre de "pasteurs", titre qui convient d'abord au Christ et que Jésus avait donné à Pierre (Jn 21,15-17), ainsi que la nécessité de l'interprétation de l'Écriture dans le sens de la tradition apostolique (2 P 1,16-20 ; Ac 8,27-35) sont autant de traits particuliers de l'Église primitive qui existent toujours.
La primauté papale au Ier siècle et la succession apostolique au Ier siècle
Le premier exemple de la doctrine de la succession apostolique se trouve dans le tout premier chapitre des Actes des Apôtres, lorsque le Prince des Apôtres, Pierre, appelle à un remplacement de Judas : "On en présenta deux : Joseph appelé Barsabbas, puis surnommé Justus, et Matthias. Ensuite, on fit cette prière : ''Toi, Seigneur, qui connais tous les cœurs, désigne lequel des deux tu as choisi pour qu’il prenne, dans le ministère apostolique, la place que Judas a désertée en allant à la place qui est désormais la sienne.'' On tira au sort entre eux, et le sort tomba sur Matthias, qui fut donc associé par suffrage aux onze Apôtres." (Ac 1:23-26)
Puis nous voyons Timothée et Tite partageant une célébration commune, les chers fils de saint Paul dans le sacerdoce et l'épiscopat, à qui il adressa les dites lettres pastorales traitant précisément de l'ordre de l'Église et de la vie chrétienne. Chez ces deux fils de Paul, nous voyons se matérialiser la doctrine de l'Église sur la succession apostolique.
Ce que tu m’as entendu dire en présence de nombreux témoins, confie-le à des hommes dignes de foi qui seront capables de l’enseigner aux autres, à leur tour.
Ce verset illustre une chaîne de transmission fiable où chaque génération reçoit, préserve et transmet ce qu'elle a reçu, sans rien ajouter ni retirer. C'est cette succession qui garantit que nous ne nous éloignons pas de la pleine vérité révélée par Jésus-Christ. Car sans un cadre établi et une autorité établie, il serait facile de dériver, de réinterpréter ou même de perdre des aspects essentiels de la foi chrétienne. La succession apostolique agit comme une boussole qui maintient l'Église ancrée dans la vérité de l'Évangile. Elle protège le dépôt de la foi contre les erreurs et les hérésies.
Par exemples, dans les premiers siècles du christianisme, ce sont les évêques en communion les uns avec les autres qui ont défendu des vérités fondamentales comme la divinité du Christ et la Trinité. Ces doctrines bien que considérées comme évidentes aujourd'hui, auraient pu disparaître sans la doctrine de la succession apostolique. En restant fidèle à cette chaîne de transmission, l'Église garantit que nous vivons et croyons selon la pleine vérité de Dieu et non selon les idées ou les modes d'une époque. Ainsi la succession apostolique n'est pas simplement une tradition ou une formalité, elle est la garantie que l'Église demeure comme Paul le dit dans 1 Timothée 3,15 "la colonne et le soutien de la vérité". Elle nous offre un accès sûr et authentique à l'enseignement du Christ. Un trésor que nous avons le devoir de préserver pour les générations futures.
La doctrine de la succession apostolique est ainsi définie dans le Catéchisme de l'Église catholique :
"L’Église est apostolique parce qu’elle est fondée sur les apôtres, et ceci en un triple sens :
– elle a été et demeure bâtie sur "le fondement des apôtres" (Ep 2, 20 ; Ap 21, 14), témoins choisis et envoyés en mission par le Christ lui-même (cf. Mt 28, 16-20 ; Ac 1, 8 ; 1 Co 9, 1 ; 15, 7-8 ; Ga 1, 1 ; etc.) ;
– elle garde et transmet, avec l’aide de l’Esprit qui habite en elle, l’enseignement (cf. Ac 2, 42), le bon dépôt, les saines paroles entendues des apôtres (cf. 2 Tm 1, 13-14) ;
– elle continue à être enseignée, sanctifiée et dirigée par les apôtres jusqu’au retour du Christ grâce à ceux qui leurs succèdent dans leur charge pastorale : le collège des évêques, "assisté par les prêtres, en union avec le successeur de Pierre, pasteur suprême de l’Église" (Catéchisme de l'Eglise Catholique, 857)
À ce stade, le Catéchisme cite la Préface I pour les Apôtres dans l'édition actuelle du Missale Romanum :
"Car toi, Pasteur éternel, n'abandonne pas ton troupeau, mais par l'intermédiaire des bienheureux Apôtres, veille sur lui et protège-le toujours, afin qu'il soit gouverné par ceux que tu as désignés comme bergers pour le conduire au nom de ton Fils."
Puis le texte reprend ici :
"Jésus est l’Envoyé du Père. Dès le début de son ministère, il "appela à lui ceux qu’il voulut, et il en institua Douze pour être avec lui et pour les envoyer prêcher" (Mc 3, 13-14). Dès lors, ils seront ses "envoyés" (ce que signifie le mot grec apostoloi). En eux continue sa propre mission : "Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie" (Jn 20, 21 ; cf. 13, 20 ; 17, 18). Leur ministère est donc la continuation de sa propre mission : "Qui vous accueille, M’accueille", dit-il aux Douze (Mt 10, 40 ; cf. Lc 10, 16).
859 Jésus les unit à sa mission reçue du Père : comme "le Fils ne peut rien faire de Lui-même" (Jn 5, 19. 30), mais reçoit tout du Père qui l’a envoyé, ainsi ceux que Jésus envoie ne peuvent rien faire sans Lui (cf. Jn 15, 5) de qui ils reçoivent le mandat de mission et le pouvoir de l’accomplir. Les apôtres du Christ savent donc qu’ils sont qualifiés par Dieu comme "ministres d’une alliance nouvelle" (2 Co 3, 6), "ministres de Dieu" (2 Co 6, 4), "en ambassade pour le Christ" (2 Co 5, 20), "serviteurs du Christ et dispensateurs des mystères de Dieu" (1 Co 4, 1).
860 Dans la charge des apôtres, il y a un aspect intransmissible : être les témoins choisis de la Résurrection du Seigneur et les fondements de l’Église. Mais il y a aussi un aspect permanent de leur charge.Le Christ leur a promis de rester avec eux jusqu’à la fin des temps (cf. Mt 28, 20). "La mission divine confiée par Jésus aux apôtres est destinée à durer jusqu’à la fin des siècles, étant donné que l’Évangile qu’ils doivent transmettre est pour l’Église principe de toute sa vie, pour toute la durée du temps. C’est pourquoi les apôtres prirent soin d’instituer (...) des successeurs" (LG 20).
Les évêques successeurs des apôtres
861 " Pour que la mission qui leur avait été confiée pût se continuer après leur mort, les apôtres donnèrent mandat, comme par testament, à leurs coopérateurs immédiats d’achever leur tâche et d’affermir l’œuvre commencée par eux, leur recommandant de prendre garde au troupeau dans lequel l’Esprit Saint les avait institués pour paître l’Église de Dieu. Ils instituèrent donc des hommes de ce genre, et disposèrent par la suite qu’après leur mort d’autres hommes éprouvés recueilleraient leur ministère." (LG 20 ; cf. Saint Clément de Rome, Ad Cor. 44, 3). [Voir ci-dessous "La succession apostolique au Ier siècle]
862 "De même que la charge confiée personnellement par le Seigneur à Pierre, le premier des apôtres, et destinée à être transmise à ses successeurs, constitue une charge permanente, permanente est également la charge confiée aux apôtres d’être les pasteurs de l’Église, charge dont l’ordre sacré des évêques doit assurer la pérennité". C’est pourquoi l’Église enseigne que "les évêques, en vertu de l’institution divine, succèdent aux apôtres, comme pasteurs de l’Église, en sorte que, qui les écoute, écoute le Christ, qui les rejette, rejette le Christ et celui qui a envoyé le Christ." (CEC 858-862)
La papauté est l'institution chrétienne qui désigne le pape comme successeur de l'apôtre Pierre, chargé de guider l'Église universelle. Elle repose sur l'autorité spirituelle confiée par Jésus-Christ à Pierre et à ses successeurs visant à préserver l'unité, la foi et la mission de l'Église. Dans Mathieu 16,18-19, Jésus déclare à Pierre : 'Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux.' Jésus utilise ici une image forte, celle des clés, symbole de pouvoir et d'autorité.
Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David : s’il ouvre, personne ne fermera ; s’il ferme, personne n’ouvrira.
Dans Isaïe 22,22 nous voyons qu'un intendant reçoit les clés de la maison royale de David, une mission de gouvernance spirituelle. Par conséquent, Pierre devient à son tour chef de la maison spirituelle du Christ Roi sur terre.
Dans Jean 21,15 à 17, après sa résurrection, Jésus réitère cette mission. Il demande trois fois 'Pierre, m'aimes-tu?', puis lui confie la tâche de paître ses brebis;
"Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : 'Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ?' Il lui répond : 'Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime.' Jésus lui dit : 'Sois le berger de mes agneaux.' Il lui dit une deuxième fois : 'Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ?' Il lui répond : 'Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime.' Jésus lui dit : 'Sois le pasteur de mes brebis.' Il lui dit, pour la troisième fois : 'Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ?' Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait : 'M’aimes-tu ?' Il lui répond : 'Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime.' Jésus lui dit : 'Sois le berger de mes brebis.'
Ce dialogue montre que Pierre reçoit la responsabilité de guider tout le Peuple de Dieu comme un berger principal. Les Actes des Apôtres illustrent aussi ce rôle unique : Pierre est celui qui déclare ouvertement la résurrection, qui prend la parole le jour de la Pentecôte et qui établit des directives claires pour l'Église naissante (Actes 1,15).
Saint Pierre prend la parole lors de la Pentecôte (Ac 1,15). L'Esprit Saint envoyé à la Pentecôte devient la force qui garantit que l'Eglise restera fidèle à la vérité divine malgré les épreuves et les siècles.
Par exemple, au concile de Jérusalem dans Actes 15, 4-11, Pierre intervient pour résoudre les premières grandes controverses doctrinales, confirmant sa position de guide spirituel :
À leur arrivée à Jérusalem, ils furent accueillis par l’Église, les Apôtres et les Anciens, et ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux.
Alors quelques membres du groupe des pharisiens qui étaient devenus croyants intervinrent pour dire qu’il fallait circoncire les païens et leur ordonner d’observer la loi de Moïse.
Les Apôtres et les Anciens se réunirent pour examiner cette affaire.
Comme cela provoquait une intense discussion, Pierre se leva et leur dit : "Frères, vous savez bien comment Dieu, dans les premiers temps, a manifesté son choix parmi vous : c’est par ma bouche que les païens ont entendu la parole de l’Évangile et sont venus à la foi.
Dieu, qui connaît les cœurs, leur a rendu témoignage en leur donnant l’Esprit Saint tout comme à nous ;
sans faire aucune distinction entre eux et nous, il a purifié leurs cœurs par la foi.
Maintenant, pourquoi donc mettez-vous Dieu à l’épreuve en plaçant sur la nuque des disciples un joug que nos pères et nous-mêmes n’avons pas eu la force de porter ?
Oui, nous le croyons, c’est par la grâce du Seigneur Jésus que nous sommes sauvés, de la même manière qu’eux."
Historiquement, les premiers chrétiens ont reconnu en Pierre le premier évêque de Rome.
Les Pères de l'Église, tels qu'Ignace d'Antioche ou Irénée de Lyon, ont affirmé que les successeurs de Pierre, les papes, portaient cette même responsabilité. Rome est devenue le centre de l'unité chrétienne non pas par hasard, mais parce qu'elle était le siège apostolique de Pierre.
Cette autorité ne diminue pas la place de Jésus-Christ qui est le fondement ultime de l'Église. Au contraire, la papauté agit comme un instrument choisi par Dieu pour garder la continuité et l'unité de l'Église visible. Aujourd'hui encore, à travers les siècles et malgré les défis, la papauté reste un signe d'unité pour plus d'un milliards de catholiques à travers le monde, fidèles à la mission confiée par Jésus-Christ à Pierre et à ses successeurs.
Le document Dominus Iesus, n° 16 et 17 signé en 2000 par le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le Card. Ratzinger, précise :
Les fidèles sont tenus de professer qu'il existe une continuité historique — fondée sur la succession apostolique [Conc. OEcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 20 ; cf. aussi S. Irénée, Adversus haereses, III, 3, 1--3 : SC 211, 20-44 ; S. Cyprien, Epist. 33, 1 : CCL 3 B, 164-165 ; S. Augustin, Contra adversarium legis et prophetarum, 1, 20, 39 : CCL 49, 70.] — entre l'Église instituée par le Christ et l'Église catholique : « C'est là l'unique Église du Christ [...] que notre sauveur, après sa résurrection, remit à Pierre pour qu'il en soit le pasteur (cf. Jn 21,17), qu'il lui confia, à lui et aux autres apôtres, pour la répandre et la diriger (cf. Mt 28,18ss.), et dont il a fait pour toujours la “colonne et le fondement de la vérité” (1 Tm 3,15). Cette Église comme société constituée et organisée en ce monde, c'est dans l'Église catholique qu'elle se trouve [subsistit in], gouvernée par le successeur de Pierre et les Évêques qui sont en communion avec lui ».54 Par l'expression subsistit in, le Concile Vatican II a voulu proclamer deux affirmations doctrinales : d'une part, que malgré les divisions entre chrétiens, l'Église du Christ continue à exister en plénitude dans la seule Église catholique ; d'autre part, « que des éléments nombreux de sanctification et de vérité subsistent hors de ses structures »,55 c'est-à-dire dans les Églises et Communautés ecclésiales qui ne sont pas encore en pleine communion avec l'Église catholique.56 Mais il faut affirmer de ces dernières que leur « force dérive de la plénitude de grâce et de vérité qui a été confiée à l'Église catholique ».[Conc. OEcum. Vat. II, Décr. Unitatis redintegratio, n. 3.]
17. Il existe donc une unique Église du Christ, qui subsiste dans l'Église catholique, gouvernée par le successeur de Pierre et les Évêques en communion avec lui.58 Les Églises qui, quoique sans communion parfaite avec l'Église catholique, lui restent cependant unies par des liens très étroits comme la succession apostolique et l'Eucharistie valide, sont de véritables Églises particulières.59 Par conséquent, l'Église du Christ est présente et agissante dans ces Églises, malgré l'absence de la pleine communion avec l'Église catholique, provoquée par leur non-acceptation de la doctrine catholique du Primat, que l'Évêque de Rome, d'une façon objective, possède et exerce sur toute l'Église conformément à la volonté divine.60
En revanche, les Communautés ecclésiales qui n'ont pas conservé l'épiscopat valide et la substance authentique et intégrale du mystère eucharistique,[Conc. OEcum. Vat. II, Décr. Unitatis redintegratio, n. 22.] ne sont pas des Églises au sens propre ; toutefois, les baptisés de ces Communautés sont incorporés au Christ par le baptême et se trouvent donc dans une certaine communion bien qu'imparfaite avec l'Église.62
L’Église considère ainsi que la succession apostolique est si essentielle qu’aucun organisme chrétien ne peut être qualifié d’"Église" sans elle. C’est pourquoi les documents de Vatican II (et tous les documents officiels depuis) s’abstiennent d’appeler "Église" toute communauté qui n’a pas le charisme de la succession apostolique, les désignant simplement comme des "communautés ecclésiales". En réalité, cela signifie que seules les orthodoxes orientaux peuvent être considérés comme de véritables Églises.
Les sources scripturaires de la primauté papale et de la succession apostolique sont nombreuses :
MATTHIEU 16:18-19
« Et moi, je te dis : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. »
LUC 22:31-32
« Simon, Simon, voici, Satan vous a réclamés, pour vous cribler comme le froment. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Et toi, quand tu seras revenu, affermis tes frères. »
JEAN 1:42
Jésus le regarda et dit : « Tu es donc Simon, fils de Jonas ? Tu seras appelé Céphas » (ce qui signifie Pierre).
Jean 21:15-17
Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon Pierre : « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu plus que ne m’aiment ceux-ci ? » Il lui répondit : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. » Il lui dit : « Pais mes brebis. » Il lui dit une seconde fois : « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ? » Il lui dit : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. » Il lui dit : « Pais mes brebis. » Il lui dit une troisième fois : « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ? » Pierre fut attristé de ce qu’il lui avait dit pour la troisième fois : « M’aimes-tu ? » Il lui répondit : « Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime. » Jésus lui dit : « Pais mes brebis. »
Actes 15:7
Pierre se leva et leur dit : Frères, vous savez que dès les premiers jours Dieu m’a choisi parmi vous, afin que par ma bouche les païens entendissent la parole de l’Évangile et qu’ils croient.
S. Pierre recommande aux "anciens en fonction" de paître "le troupeau de Dieu qui leur est confié et aux "jeunes gens" d'être "soumis aux anciens" (1 P. 5, 1-2). Il invente la succession apostolique lorsque Judas, mort, il propose "qu'un autre prenne sa charge" (Ac 1,20), de prier le Seigneur, qui connait tous les coeurs, afin qu'il désigne par tirage au sort celui qui prendra, "dans le ministère apostolique, la place que Judas a désertée en allant à la place qui est désormais la sienne". Et c'est Matthias qui est élu. (Ac 1, 24-26)
Dans Epitre aux Corinthiens 44, S. Clément de Rome, Pape qui a connu St Pierre et St Paul, écrit :
"Nos apôtres ... au sujet de la dignité de l'épiscopat ... instituèrent les ministres ... et posèrent ... la règle qu'à leurs morts d'autres hommes éprouvés succéderaient à leurs fonctions."
Epitre de S. Clément de Rome, Pape, aux Corinthiens 44
L’Église romaine est la "présidente de l’alliance divine" chez Saint Ignace d'Antioche (Ier siècle)
C'est à Ignace que l'on doit le mot grec "kajolik´ov", "catholicos" pour définir l'Eglise de Jésus-Christ (Cf. Encyclopédie Universalis).
Selon Ignace, une vénération spéciale entoure déjà l'église de Rome dès la fin du Ier siècle.
Dans sa "Lettre aux Tralliens" (§3) (vers 107 ap. J.-C.), Ignace écrit :
"Que tous révèrent les diacres comme Jésus-Christ, comme aussi l'évêque, qui est l'image du Père, et les Presbytres (les prêtres) comme le sénat de Dieu et comme l'assemblée des Apôtres: sans eux, on ne peut parler d'Église . (Les Pères Apostoliques, Texte intégral, Sagesses Chrétiennes, Cerf, Paris 2012, p.178.)
Dans sa Lettre aux Romains, il précise que :
"Cette Église préside dans la région des Romains". (Les Pères Apostoliques, Texte intégral, Sagesses Chrétiennes, Cerf, Paris 2012, p. 185.)
Présider dans la région des Romains est autre chose que présider sur la région. L'Église de Rome préside. Il est difficile de ne pas voir dans ce texte une allusion à une prééminence de l'Église de Rome sur les autres Églises.
Saint Ignace d'Antioche, Lettre aux Smyrniotes (§8) (v. 107) :
"Suivez tous l'évêque, comme Jésus-Christ suit son Père, et le presbyterium comme les Apôtres; quant aux diacres, respectez-les comme la loi de Dieu. Que personne ne fasse, en dehors de l'évêque, rien de ce qui regarde l'Église. Que cette eucharistie seule soit regardée comme légitime, qui se fait sous la présidence de l'évêque ou de celui qu'il en aura chargé.
Là où paraît l'évêque, que là soit la communauté, de même que là où le Christ Jésus, là est l'Église catholique. Il n'est pas permis en dehors de l'évêque ni de baptiser, ni de faire l'agape, mais tout ce qu'il approuve, cela est agréable à Dieu aussi. Ainsi, tout ce qui se fait sera sûr et légitime." (Les Pères Apostoliques, Texte intégral, Sagesses Chrétiennes, Cerf, Paris 2012, p.207-208)
"l’ensemble des croyants de tous les pays, doit demeurer en accord avec l’Église de Rome." (Adversus haereses, III, 2.)
"Au plan de la discipline et surtout de la foi, l’Église de Rome est un modèle pour les autres Églises ; on y vient de partout." (Saint Irénée de Lyon, Adversus haereses, III, 2.)
"3,2. L'Eglise très grande, très ancienne et connue de tous, que les deux très glorieux apôtres Pierre et Paul fondèrent et établirent à Rome; [...] la Tradition qu'elle tient des apôtres et la foi qu'elle annonce aux hommes sont parvenues jusqu'à nous par des successions d'évêques, nous confondrons tous ceux qui, de quelque manière que ce soit, ou par infatuation, ou par vaine gloire, ou par aveuglement et erreur doctrinale, constituent des groupements illégitimes: car avec cette Église, en raison de son origine plus excellente, doit nécessairement s'accorder toute Église, c'est-à-dire les fidèles de partout, – elle en qui toujours, au bénéfice de ces gens de partout, a été conservée la Tradition qui vient des apôtres.
Vers l'an 180, Irénée donne comme premiers successeurs de saint Pierre et saint Paul respectivement Lin, Anaclet, Clément (Contre les hérésies, III, 3,3), version que l'on retrouve chez Eusèbe de Césarée (Histoire ecclésiastique, III, 2,13-15,21).
3,3. Donc, après avoir fondé et édifié l'Église, les bienheureux apôtres remirent à Lin la charge de l'épiscopat; c'est de ce Lin que Paul fait mention dans les épîtres à Timothée (II Tim 4,21). Anaclet lui succède. Après lui, en troisième lieu à partir des apôtres, l'épiscopat échoit à Clément. Il avait vu les apôtres eux-mêmes et avait été en relations avec eux: leur prédication résonnait encore à ses oreilles et leur Tradition, était encore devant ses yeux. Il n'était d'ailleurs pas le seul, car il restait encore à cette époque beaucoup de gens qui avaient été instruits par les apôtres." (Saint Irénée de Lyon, Adversus haereses, III, 2.)
La primauté papale au IIIe siècle
Tertullien (+ 220) écrivit :
‘’Qu’est-ce qui a pu être caché à Pierre, ainsi appelé parce que l’ Église devait être bâtie sur lui ; à Pierre, qui avait reçu avec la clé du royaume des cieux, le pouvoir de lier de délier, tant dans les cieux que sur la terre ?’’ (Prescription contre les hérétiques XXII ; PL2,34).
Tertullien considérait même que le Christ avait confié le privilège de lier et de délier uniquement à la personne de Pierre. Chose qu’il rappela ailleurs.
Saint Cyprien de Carthage (+258) est plus mesuré. Il dit aussi que le Christ a bâti l’Église sur Pierre mais qu’il a autant d’autorité apostolique que les autres apôtres, à ceci près qu’il est le premier parmi eux et qu’il en est le responsable, parce qu’il y a un seul responsable dans l’Église. Ainsi, les autres bergers doivent rester attachés et d’accord avec l’unité de Pierre, sans quoi l’on ne peut pas être de l’Église.
Origène (v. 254) répétait aussi plusieurs fois que Pierre était celui sur qui était édifiée l’Église du Christ. (Commentaire sur S. Jean, Livre V,3, SC 120, p. 176-177).
Origène se repentit de ses erreurs auprès du pape Fabien (milieu des années 200)
Selon Rufin d’Aquilée (344/45-411) et saint Jérôme (vers 342-47-420), Origène (vers 185-vers 253), l’éminent théologien du IIIe siècle originaire d’Alexandrie, en Égypte, s’est repenti de diverses erreurs doctrinales auprès de saint pape Fabien, qui fut pape de 236 à 250.
Le repentir d'Origène pour certaines de ses doctrines auprès du pape Fabien fournit une preuve solide que, dès le milieu des années 200, même des personnalités éminentes de l'Orient savaient que le pape possédait une autorité supérieure en matière doctrinale. Nous le démontrerons :
- En fournissant un contexte historique à la repentance d'Origène ;
- puis en citant la partie pertinente de l'Apologie de Rufin ;
- puis en résumant les conclusions que nous croyons pouvoir raisonnablement déduire de cet événement.
Contexte historique
Origène d'Alexandrie fut l'un des théologiens chrétiens les plus importants du IIIe siècle, ayant été un membre éminent de la célèbre école catéchétique d'Alexandrie.
Bien qu'une grande partie de ce qu'il avait à dire était parfaitement orthodoxe, certains de ses enseignements furent controversés non seulement à son époque, mais des siècles plus tard. Beaucoup d'entre eux furent condamnés à plusieurs reprises par divers conciles.
Une telle controverse a surgi entre Rufin d'Aquilée, philosophe, historien et théologien, et saint Jérôme, qui s'engagèrent dans une longue dispute sur les doctrines d'Origène, la pertinence de traduire ses œuvres, etc.
L'excuse de Rufin
C'est dans ce contexte que dans son Apologie (Livre 1, §44) 1, Rufin affirmait à saint Jérôme — citant Jérôme lui-même comme source — qu'Origène s'était repenti de diverses erreurs doctrinales auprès du saint Pape Fabien (236-250) :
Origène lui-même s’est repenti de ces doctrines et a envoyé un écrit à Fabien, alors évêque de Rome. Et pourtant, après ce repentir, et cent cinquante ans après sa mort, vous le traînez devant le tribunal et vous demandez sa condamnation. Comment est-il possible que vous receviez le pardon, même si vous vous repentez, si celui qui s’est repenti auparavant d’avoir émis ces doctrines n’obtient pas le pardon ? Il a écrit exactement comme vous l’avez écrit : il s’est repenti comme vous vous êtes repenti. Vous devez donc, ou bien être tous deux absous de votre repentir, ou bien, si vous refusez le pardon à un pénitent (ce que je ne désire pas que vous fassiez), être tous deux également condamnés.
De cette brève allusion au repentir d'Origène, nous croyons pouvoir conclure ce qui suit :
En ce qui concerne Rufin et saint Jérôme, Origène s'était repenti de ses erreurs doctrinales auprès du pape Fabien ; Ce repentir d’Origène est la preuve que, dès le milieu des années 200 au moins, on savait que le pape possédait une autorité supérieure en matière doctrinale ; Cette conclusion est probable, car même si Origène s’était repenti auprès de son propre évêque à Alexandrie (ce que d’autres rapports historiques disent qu’il a également fait), un tel repentir serait, à lui seul, suffisant si tous les évêques possédaient exactement la même autorité en matière de doctrine ; Mais comme il s’est également repenti auprès d’un pape qui était très éloigné de lui, il est tout à fait logique de conclure que le pape possédait une sorte d’autorité supérieure en matière de doctrine.
Cf Philip Schaff et Henry Wace (dir.), Nicene and Post-Nicene Fathers, Second Series, Vol. 3 : Théodoret, Jérôme, Gennadius, Rufinus : Historical Writings, etc. (Peabody, MA : Hendrickson Publishers, 2012), 459.
‘’Pierre, prince des apôtres, a été pour nous comme une pierre solide sur laquelle la foi du Seigneur est appuyée comme sur un fondement, sur laquelle l’Église a été construite de toutes manières, ce fut surtout parce qu’il confessa le Christ fils du Dieu vivant qu’il entendit à son tour : sur cette pierre de foi solide j’édifierai mon Église.’’ (Haeres., 59)
‘’Pierre a le primat de la fonction apostolique.’’ (Commentaire de Matthieu 7,6 in Sources chrétiennes 254, p. 184-185). Il répète que Pierre ‘’devient alors la pierre d’assise sur laquelle l’Église est bâtie, et reçoit les clés du royaume des cieux.’’ (La Trinité, Livre VIIe, 20. PL 10, 172)
S. Ephrem le Syrien (+ 373) dit :
‘’si le Christ est la lumière saint Pierre est son chandelier.’’ (Sermon XI, Méquignon-Havard 1842, Enconium Petrum et Paulum) Et que le Christ a fait de lui la fondation de sa Sainte Église et qu’il l’a appelé Pierre parce qu’elle supportera toutes ces constructions. Et si quelqu’un cherchait à construire quelque chose de faux, c’est lui, le fondement, qui le condamnerait. Il dit aussi qu’il est ‘’la tête de la fontaine d’où découle tous les enseignements'' et qu’il est le "chef de ses disciples". Ce sera à travers lui qu’"il donnera à boire à tous les peuples". Il dit l’avoir "choisi comme premier-né de son institution" et qu’il lui a "donné toute autorité sur son trésor."
Saint Cyrile de Jérusalem (+386) l’identifie comme ‘’le prince des apôtres’’, ainsi que ‘’leur chef’’.
Saint Grégoire de Nysse (+394) dit aussi qu’il est le chef des apôtres et que l’Église est glorifiée avec lui parce qu’elle est établie avec lui. (seconde homélie sur S. Etienne, protomartyr, PG 46, col. 733-734.)
S. Ambroise (+397) dit qu’‘’en l’appelant Pierre, il l’a déclaré être la fondation de l’Église’’ (Traité de la foi, Livre IV, chapitre 5, PL 16, col 628.)
Dans les Actes du Concile d'Éphèse (431), il était aussi déclaré que Pierre était ''le prince et la tête des apôtres, le pilier de la foi et la fondation de l'Église catholique."
Un historien païen reconnaît « l’autorité supérieure de l’évêque de la Ville éternelle » (vers 355)
Cet « instantané papal » concerne la reconnaissance de « l’autorité supérieure de l’évêque de la Ville éternelle » par l’historien païen Ammien Marcellin, à propos d’un événement qui a eu lieu en 355.
Notre feuille de route est la suivante :
Notre thèse est que ce récit fournit une bonne preuve qu'au milieu du IVe siècle, l'autorité supérieure du pape était connue non seulement des historiens païens, mais aussi des empereurs romains favorables aux Ariens, comme Constance (qui est mentionné par Ammien). Nous le démontrerons en :
Fournir un contexte historique aux événements décrits ; puis
Citant le récit d'Ammianus Marcellinus ; alors
Résumant les conclusions que nous croyons pouvoir raisonnablement déduire de ce récit.
Contexte historique
Au lendemain du concile de Nicée en 325, la division doctrinale entre catholiques et ariens continua de diviser le monde romain. L'un des plus grands défenseurs de la définition de Nicée qui affirmait la divinité du Christ fut saint Athanase d'Alexandrie. Il fut la cible constante des complots ariens et fut exilé de son diocèse au moins cinq fois.
À l’époque de l’événement rapporté par Ammien Marcellin, saint Athanase avait été condamné par plusieurs conciles d’évêques orientaux, dont le synode de Tyr en 335 et le synode d’Antioche en 341. Le synode auquel il est fait référence ici est le synode de Milan en 355, qui devait à l’origine être un concile général comme celui de Nicée, car l’empereur Constance – qui était empereur de tout l’empire, et pas seulement de l’Occident – désirait obtenir une uniformité doctrinale dans tout l’empire. Après le synode, qui fut coopté par les ariens et condamna saint Athanase, Constance demanda au pape Libère d’approuver la sentence prononcée contre lui. Il refusa et, en réponse, l’empereur le bannit de Rome. L’historien de l’Église Sozomène mentionne également l’incident. 1 Saint Athanase discute également de cet incident et d’autres incidents liés à la persécution du pape Libère, et observe : « Ces hommes impies [les ariens] raisonnaient ainsi entre eux : « Si nous pouvons persuader Libère, nous vaincrons bientôt tous. » 2
Le récit d'Ammianus Marcellinus
Ammien Marcellin (vers 330-vers 390-400) était un historien romain païen du IVe siècle. Son ouvrage, Res gestae (« Choses faites »), fournit une anecdote intéressante sur les événements historiques susmentionnés qui jette un éclairage sur l’autorité papale (Livre 15, Ch. 7) 3 :
Sous le règne de Léonce, Libère, évêque chrétien, fut cité à comparaître devant le tribunal impérial. Il s’était opposé aux ordres de l’empereur et à la décision de la majorité de ses confrères sur une question que je vais aborder brièvement. Athanase, alors évêque d’Alexandrie, dont on disait qu’il avait des idées au-dessus de sa position et qu’il fouinait dans des affaires qui n’étaient pas de son ressort, avait été destitué de sa charge par une assemblée des fidèles de la même foi, réunie en synode. On prétendait qu’il était versé dans l’interprétation des oracles et du vol des oiseaux, et qu’il avait à plusieurs reprises prédit les événements futurs ; on lui reprochait aussi d’avoir d’autres pratiques contraires aux principes de la foi dont il était le gardien. Libère partageait les opinions de ses confrères, mais lorsque l’empereur lui ordonna de signer le décret destituant Athanase de sa charge sacerdotale, il refusa obstinément. Il déclara qu'il était parfaitement injuste de condamner un homme sans l'avoir vu et sans l'avoir entendu, et il défia ouvertement les vœux de l'empereur. Constance, qui était toujours hostile à Athanase, savait que la sentence avait été exécutée, mais il était extrêmement désireux de la faire confirmer par l'autorité supérieure de l'évêque de la Ville Éternelle. N'y parvint pas, et il réussit de justesse à faire déporter Libère à la faveur de la nuit . Ce fut une affaire très difficile à cause de la forte affection que lui portait le public.
De cette anecdote, nous pouvons discerner trois faits relatifs à l’autorité papale :
D'abord, Ammien, un païen, connaissait l'autorité supérieure du pape, et la rapporte sans avoir besoin de l'expliquer.
Deuxièmement, l'empereur Constance, allié des ariens, était lui aussi conscient de l'autorité supérieure du pape. D'où sa tentative de coopter le pape Libère à des fins ariennes.
Enfin, la référence d'Ammien à « l'autorité supérieure de l'évêque de la Ville éternelle » signifie que lui et Constance croyaient (ou du moins savaient que de nombreux chrétiens croyaient) que l'autorité papale était supérieure à celle d'au moins un synode d'évêques, qui dans ce cas comprenait – et fut finalement coopté par – des évêques d'Orient. Le comportement de Constance après le refus de Libère de condamner saint Athanase semble confirmer cela.
Saint Jérôme et la seule véritable Église construite sur le roc de Pierre et de ses successeurs à Rome (vers 376/377)
Cet « instantané papal » concerne les affirmations extraordinaires sur l’autorité papale faites par saint Jérôme dans une lettre écrite au saint pape Damase vers 376/77.
Notre feuille de route est la suivante :
Notre thèse est que la lettre de Jérôme fournit une preuve très solide d'une compréhension catholique de la papauté. Nous le démontrerons en :
En fournissant un bref contexte historique pour la lettre de saint Jérôme ; puis
Citant des sections pertinentes de sa lettre 15 au saint pape Damase ; puis
Montrant que ses affirmations explicites et ses hypothèses implicites témoignent d'une vision très élevée, et en effet catholique, de l'autorité papale ;
Résumant les conclusions que nous croyons pouvoir raisonnablement déduire de sa lettre.
Contexte historique
Saint Jérôme est né dans les années 340, dans la région de l'actuelle Croatie, et est décédé le 30 septembre 420 à Bethléem, en Terre Sainte. Bien qu'il ait vécu une grande partie de sa vie en Occident (principalement à Rome), il a passé les 40 dernières années de sa vie en Orient, mourant dans un monastère de Bethléem.
Il écrivit sa Lettre 15 au saint pape Damase vers l'an 376/77 depuis l'Orient, et posa au pape deux questions principales :
Tout d'abord, une question liée à ce qui fut plus tard connu sous le nom de schisme de Mélétios, à savoir, qui est le véritable évêque d'Antioche (parmi trois prétendants, dont un homme nommé Mélétios) ?
Deuxièmement, une question de théologie trinitaire : quelle est la terminologie correcte en ce qui concerne les « hypostases » en Dieu ? S’agit-il de trois ou d’une seule ?
Nous n’entrerons pas dans les détails du schisme mélétien, ni de la question théologique trinitaire soulevée par Jérôme. Mais il est important de reconnaître qu’il s’adresse au pape pour obtenir une réponse faisant autorité sur les deux questions – la première étant juridictionnelle, la seconde doctrinale. Cela est très significatif lorsqu’il s’agit de la question de l’autorité papale.
Lettre 15 de saint Jérôme au saint pape Damase (vers 376/377)
Nous passons maintenant à la lettre elle-même, que Jérôme ouvre en expliquant au Pape son besoin de conseils au milieu du chaos à l’Est (§1) :
Puisque l’Orient, déchiré par les querelles qui perdurent entre ses peuples, déchire peu à peu en lambeaux la tunique sans couture du Seigneur, « tissée de haut en bas » ( Jn 19,23 ), puisque les renards détruisent la vigne du Christ ( Ct 2,15 ), et puisque parmi les citernes crevassées qui ne retiennent pas l’eau, il est difficile de découvrir « la source scellée » et « le jardin clos » ( Ct 4,12 ), je crois qu’il est de mon devoir de consulter la chaire de Pierre et de me tourner vers une église dont la foi a été louée par Paul [ Rom 1,8 ]. Je demande la nourriture spirituelle à l’église d’où j’ai reçu le vêtement du Christ [baptême ; cf. Gal 3,27 ]. Le vaste espace de mer et de terre qui nous sépare ne peut me dissuader de rechercher « la perle de grand prix » ( Mt 13,46 ). «Où que soit le corps, là s’assembleront les aigles» ( Mt 24, 28 ). Les mauvais enfants ont dilapidé leur patrimoine; vous seuls conservez votre héritage intact. La terre fertile de Rome, quand elle reçoit la pure semence du Seigneur, porte du fruit au centuple; mais ici [à l’Est] le grain de semence est étouffé dans les sillons et il ne pousse que l’ivraie ou l’avoine [ Mt 13, 22-23 ]. A l’Ouest, le Soleil de justice [ Ml 4, 2 ] se lève déjà; à l’Est, Lucifer, tombé du ciel [ Lc 10, 18 ], a de nouveau placé son trône au-dessus des étoiles [ Es 14, 12 ]. «Vous êtes la lumière du monde» ( Mt 5, 14 ), «vous êtes le sel de la terre» ( Mt 5, 13 ), vous êtes «des vases d’or et d’argent». Ici sont des vases de bois ou de terre [ 2 Tim. 2:20 ], qui attendent la verge de fer [ Apoc. 2:27 ], et le feu éternel.
Le fait que Jérôme fasse appel au pape au sujet d’un conflit en Orient est en soi une indication de sa conviction que le pape détient une sorte de juridiction universelle. Notez que Jérôme croit clairement qu’en consultant le pape, il consulte « la chaire de Pierre », qu’il associe à la seule véritable Église et qu’il considère comme remarquable par sa fidélité (voir le témoignage chrétien ancien et unanime selon lequel saint Pierre a établi son trône apostolique à Rome ici ).
Jérôme continue (§2) :
Mais si ta grandeur m'effraie, ta bonté m'attire. Au prêtre j'exige la protection de la victime, au berger la protection due aux brebis.
En décrivant le pape comme un « berger » capable de protéger les brebis de l’Est, Jérôme reconnaît implicitement une certaine forme de juridiction universelle. Cela devient très clair dans ce qui suit :
Mes paroles s’adressent au successeur du pêcheur [saint Pierre], au disciple de la croix. Comme je ne suis d’autre chef que le Christ, ainsi je ne communie qu’avec votre béatitude, c’est-à-dire avec la chaire de Pierre. Car c’est là, je le sais, le roc sur lequel l’Église est bâtie [ Mt 16, 18 ] ! C’est là la maison où seule l’agneau pascal peut être mangé correctement [ Ex 12, 22 ]. C’est là l’arche de Noé, et celui qui ne s’y trouve pas périra quand le déluge prévaudra [ Gn 7, 23 ]… C’est pourquoi je suis ici les confesseurs égyptiens [catholiques expulsés par l’empereur Valens] qui partagent votre foi, et qui ancrent ma frêle embarcation à l’ombre de leurs grandes argosies [grands navires]. Je ne sais rien de Vitalis ; je rejette Mélétius ; je n’ai rien à voir avec Paulin [les prétendants rivaux au siège d’Antioche]. Qui ne rassemble pas avec vous disperse [ Mt 7, 23]. 12:30 ]; celui qui n’est pas de Christ est de l’Antéchrist.
Ces paroles se rapportent à la question juridictionnelle de Jérôme, à savoir : qui doit-il considérer comme faisant partie de l'Église parmi un groupe de prétendants rivaux au trône épiscopal d'Antioche ? Il croit que seul le pape peut lui fournir une réponse faisant autorité à cette question. Comme le montrent clairement le reste de ses paroles, Jérôme croit que la véritable Église est celle qui est en communion avec le successeur de Pierre, le rocher, à savoir le pape de Rome. Être en dehors de cette communion, c'est être en dehors de l'Église et du côté de l'Antéchrist.
Jérôme fournit ensuite plus de détails sur la controverse en question (§3) :
En ce moment, je suis désolé de le dire, ces ariens, les Campenses [le parti de Mélétius à Antioche, qui adorait hors de la ville], essaient d’extorquer à moi, chrétien romain, leur formule inouïe… Et cela aussi après la définition de Nicée et le décret d’Alexandrie [qui permettait d’interpréter trois hypostases de manière catholique, mais ne l’encourageait pas], auxquels l’Occident s’est rallié. Où sont, je voudrais savoir, les apôtres de ces doctrines ? Où est leur Paul, leur nouveau docteur des Gentils ?
Le reste du contexte indique que les hérétiques qui ont affronté Jérôme ont affirmé que les « trois hypostases » signifiaient que Dieu avait trois natures, plutôt qu’une nature en trois personnes, comme cela avait été enseigné à Nicée et dans d’autres conciles orthodoxes. Jérôme considère que de telles nouveautés sont offensantes pour « un chrétien romain », ce qu’il associe, comme nous l’avons vu, à la fidélité et à la pureté doctrinales. Le conflit tourne autour du langage ambigu que les hérétiques tentent d’utiliser contre lui.
Au milieu de cette controverse doctrinale, Jérôme passe à sa deuxième question, la question doctrinale, dans laquelle il fait appel au pape pour une clarification doctrinale, et fait à nouveau une affirmation remarquable qui indique une très haute vision de l'autorité papale (§4) :
Si vous le jugez bon, édictez un décret, et alors je n’hésiterai pas à parler des trois hypostases. Ordonnez un nouveau credo pour remplacer celui de Nicée ; et alors, que nous soyons ariens ou orthodoxes, une seule confession suffira pour nous tous… Ou bien, si vous jugez bon que je parle de trois hypostases, en expliquant ce que j’entends par elles, je suis prêt à m’y soumettre.
Jérôme affirme très explicitement que le pape a l'autorité de décréter un nouveau credo pour toute l'Église, et affirme qu'il se soumettrait à un tel décret. Un tel credo, émis par le pape seul, remplacerait même le credo de Nicée lui-même, comme il le déclare ouvertement. Cela contredit catégoriquement toute notion purement conciliaire de l'Église et de son autorité, et est bien plus proche de la définition de l'autorité papale promulguée par Vatican I.
Dans la conclusion de sa lettre, Jérôme implore une fois de plus le pape de clarifier non seulement la question doctrinale, mais aussi la question ecclésiale en question. Quelle doctrine doit-il croire et avec qui doit-il être en communion en Orient ? Il s'agit d'une question à laquelle, selon lui, seul le pape de Rome peut apporter une réponse (§5) :
Je vous prie donc de m’autoriser par lettre, par le Sauveur crucifié du monde et par la Trinité consubstantielle, à employer ou à refuser cette formule des trois hypostases. Je vous prie aussi de m’indiquer avec qui je dois communier à Antioche. Non, je l’espère, avec les Campenses ; car eux – et leurs alliés les hérétiques de Tarse [probablement des semi-ariens ou des Macédoniens, conduits par Silvain de Tarse] – ne désirent communier avec vous que pour prêcher avec plus d’autorité leur doctrine traditionnelle des trois hypostases.
Un dernier détail à noter à propos de la conclusion de Jérôme est le suivant : même les sectes hérétiques/schismatiques d’Orient ont reconnu que si elles obtenaient l’approbation papale, elles pourraient « prêcher avec une plus grande autorité ».
Conclusions
Nous croyons pouvoir tirer les conclusions suivantes de la lettre de saint Jérôme au saint pape Damase :
Jérôme croyait que la fonction papale avait été instituée directement par le Christ et représentait le « rocher » de saint Pierre dans la personne de ses successeurs.
En tant que tel, le pape de Rome, en tant que successeur direct de saint Pierre, détient la plus haute fonction dans l’Église.
Cette fonction confère au Pape une juridiction universelle sur l'Orient et l'Occident, et lui confère l'autorité de régler les questions doctrinales et ecclésiales, jusqu'à et y compris l'émission de nouveaux credos pour toute l'Église qui remplaceraient même ceux d'un concile œcuménique.
La communion avec le pape est donc essentielle pour faire partie de la seule véritable Église que le Christ a établie et qu'il a promis de protéger. Être en dehors de la communion du pape, c'est être en dehors de l'Église du Christ. Jérôme décrit la communion du pape comme le rocher sur lequel l'Église est construite ; comme l'arche de Noé qui résistera au déluge ; et comme la seule maison d'Israël dans laquelle l'agneau pascal (l'Eucharistie) peut être mangé à juste titre.
Même les sectes hérétiques/schismatiques d’Orient ont reconnu que l’approbation papale de leur enseignement leur conférait « une plus grande autorité ».
Enfin, bien que Jérôme n’affirme pas explicitement l’infaillibilité papale, une telle doctrine découlerait sans doute et nécessairement de sa croyance que la papauté est divinement établie, universelle et prééminente dans son autorité sur l’Église, et le rocher de l’Église qui ne sera jamais vaincu par l’Enfer.
‘’C’est sur le roc de cette foi confessée par S. Pierre que le Christ a bâti son Église (Cf. Mt 16,18) (S. Léon, Serm. 4,3 : PL 54, 151 ; 51,1 : PL 54, 309 B ; 62,2 : PL 350C-350A ; 83,3 : PL 54, 432A) Pierre avait confessé : ‘’Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant’’. Notre Seigneur lui répondit alors : ‘’Tu est Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les Portes de l’Hadès ne tiendrot pas contre elle’’ (Mt 16,18).
De la même façon Le Chist ‘’Pierre vivante’’ (1P 2,4) est fondement de l’Église car c’est bien parce que le Christ fait de Pierre une pierre de fondation qu’il peut être appelé fondement.
Tous les premiers chrétiens partageaient ces affirmations sans les juger contradictoires et c’est même en raison de son siège apostolique que Rome et ses évêques ont été considérés comme proéminents dans l’Église.
Le Christ assure à son Église bâtie sur Pierre la victoire sur les puissances de mort. Pierre en raison de la foi confessée en lui, demeurera le roc inébranlable de l’Église. Il aura mission de garder cette foi de toute défaillance et d’y affermir ses frères (Cf. Lc 22,32.)"
L’intercession des saints (au Ciel ou vivants sur terre) consiste à demander aux saints de prier pour nous et de soutenir nos prière devant Dieu.
Les saints sont des hommes et des femmes qui ont vécu dans la foi et la charité, et qui sont maintenant au ciel, auprès de Dieu.
Ils sont nos frères et sœurs dans le Christ, et font partie de l’Église, qui est le corps du Christ. Nous pouvons leur demander de prier pour nous et de soutenir nos prières devant Dieu. C’est ce qu’on appelle l’intercession des saints.
La Bible enseigne en effet que nous sommes tous unis en Christ, que nous soyons sur terre ou déjà auprès de lui.
Rm 12,5 ... nous qui sommes plusieurs, nous sommes un seul corps dans le Christ, et membres les uns des autres.
Les saints vivants peuvent intercéder les uns pour les autres
''J’encourage, avant tout, à faire des demandes, des prières, des intercessions et des actions de grâce pour tous les hommes,
pour les chefs d’État et tous ceux qui exercent l’autorité, afin que nous puissions mener notre vie dans la tranquillité et le calme, en toute piété et dignité.
Cette prière est bonne et agréable à Dieu notre Sauveur,'' (1 Tm 2,3)
La Vierge Marie intercède auprès du Seigneur lors des Noces de Cana
Jn 2,1-11 Le troisième jour, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là.
Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples.
Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : "Ils n’ont pas de vin."
[...] Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres).
Jésus dit à ceux qui servaient : "Remplissez d’eau les jarres." Et ils les remplirent jusqu’au bord.
Il leur dit : "Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas." Ils lui en portèrent.
Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau.
Il est bon d’intercéder pour son prochain
La Bible nous encourage à prier les uns pour les autres, et c’est cela que l’on nomme ''intercéder'' pour autrui:
Jc 5:16 "Confessez donc vos péchés les uns aux autres, et priez les uns pour les autres afin d’être guéris. La supplication du juste agit avec beaucoup de force."
Ap 8,3 "Un autre ange vint se placer près de l’autel ; il portait un encensoir d’or ; il lui fut donné quantité de parfums pour les offrir, avec les prières de tous les saints, sur l’autel d’or qui est devant le Trône."
Ac 8,24 "Priez vous-mêmes pour moi le Seigneur, afin que rien ne m’arrive"
Jr 42:2 "et dirent au prophète Jérémie : 'Laisse-toi toucher par notre supplication ! Intercède pour nous auprès du Seigneur ton Dieu"
Né 1:6 "Ecoute la prière que ton serviteur t’adresse en ce moment, jour et nuit, pour tes serviteurs les enfants d’Israël, en confessant les péchés des enfants d’Israël."
De même, une prière faite par quelqu’un de saint a plus de valeur aux yeux de Dieu:
Jb 42:8 "Maintenant, prenez sept taureaux et sept béliers, allez trouver mon serviteur Job. Offrez un holocauste en votre faveur, et Job mon serviteur intercédera pour vous. Uniquement par égard pour lui, je ne vous infligerai pas l’infamie méritée pour n’avoir pas parlé de moi avec justesse, comme l’a fait mon serviteur Job."
On comprend clairement que la prière de Job, intercédant pour ses frères, est exaucée en vertu de sa droiture personnelle. L’intercession a donc plus d’efficacité que s’ils avaient prié Dieu directement.
Les Saints au ciel peuvent aussi prier pour nous
Les Saints morts vont bien au ciel, et ont la vie éternelle. Ils ne vont plus au séjour des morts où Jésus y a libéré les âmes des justes:
Jr 15,1 "Le Seigneur me dit : Même si Moïse et Samuel se tenaient devant moi, je n’aurais pas d’égard pour ce peuple. Renvoie-les loin de moi."
Hébreux 12,1 "Ainsi donc, nous aussi, entourés de cette immense nuée de témoins, et débarrassés de tout ce qui nous alourdit – en particulier du péché qui nous entrave si bien –, courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée
2 Co 1,11 avec l’aide que vous nous apportez en priant pour nous ; ainsi, par l’intervention d’un grand nombre de personnes, la grâce que nous aurons reçue sera pour beaucoup de gens une occasion de rendre grâce à notre sujet.
Jn 11,25-26 "Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais."
Jn 3,18 "Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu."
1 P 3,18-19 "Car le Christ, lui aussi, a souffert pour les péchés, une seule fois, lui, le juste, pour les injustes, afin de vous introduire devant Dieu ; il a été mis à mort dans la chair, mais vivifié dans l’Esprit.C’est en lui qu’il est parti proclamer son message aux esprits qui étaient en captivité."
1 P 4,6 "C’est pour cela que l’Évangile a été annoncé aussi aux morts, afin que, jugés selon les hommes dans la chair, ils vivent selon Dieu dans l’Esprit." [Le «jugement» quant à la chair désigne la mort physique, la phrase structurant clairement une antithèse]
1 Th 3,13 "qu’ainsi il affermisse vos cœurs, les rendant irréprochables en sainteté devant Dieu notre Père, lors de la venue de notre Seigneur Jésus avec tous les saints." (+ Za 14:5)
A la fin Jésus reviendra accompagné de tous les saints: ils ne l’attendent donc pas au séjour des morts. On peut aussi ajouter l’épisode de la transfiguration (Mt 17) qui montre Moïse et Elie en discussion avec Jésus, et non pas comme "endormis" dans le shéol.
Révolte des Maccabées
Ainsi, ces Saints au ciel vivent et sont actifs; ils nous entendent et peuvent transmettre nos prières à Dieu.
''Il (Judas Maccabée) leur raconta en outre un songe digne de foi, une sorte de vision qui les réjouit tous.
Voici ce qu’il avait vu : Onias, jadis grand prêtre, cet homme noble et bon, modeste dans son abord et doux de caractère, distingué dans son langage et adonné dès l’enfance à tout ce qui concerne la vertu, étendait les mains etpriait pour toute la communauté des Juifs. [faisant et anticipant ainsi le signe de la Croix, Salut du monde]
Ensuite apparut de la même manière un homme remarquable par ses cheveux blancs et par sa dignité, dont le maintien était admirable et tout empreint de majesté.
Prenant la parole, Onias disait : 'Cet homme est l’ami de ses frères, celui qui prie beaucoup pour le peuple et pour la Ville sainte, Jérémie, le prophète de Dieu.'
De la main droite, Jérémie tendit à Judas une épée d’or. En la lui donnant, il s’exprima ainsi :
' Reçois cette épée sainte que Dieu te donne. Par elle, tu briseras tes adversaires.'
Ce très beau discours de Judas eut le pouvoir d’inciter à la vertu et de donner aux jeunes une âme virile.''
La Fête de la Dédicace, fête de la Lumière ou fête des Maccabées, la Ḥānukkāh (en hébreu : "inauguration" ou "dédicace") est la fête juive qui commémore la Nouvelle Dédicace (en ~ 165) du second Temple de Jérusalem, trois ans après sa profanation par Antiochus IV Épiphane (175-164 av. J.-C.) roi grec de Syrie (issu de la dynastie séleucide des diadoques, successeurs d'Alexandre le Grand). La révolte maccabéenne qui vit la victoire des Juifs et permit la fête de la Dédicace est relatée dans les deux livres des Maccabées qui font partie du canon de la Bible catholique :
Alors Judas et ses frères déclarèrent : "Voilà nos ennemis écrasés, montons purifier le Lieu saint et en faire la dédicace."
Toute l’armée se rassembla, et ils montèrent à la montagne de Sion.
Là, ils virent le sanctuaire dévasté, l’autel profané, les portes complètement brûlées. Dans les parvis, la végétation avait poussé comme dans un bois ou sur une montagne, et les salles des prêtres étaient détruites.
Ils déchirèrent leurs tuniques, se frappèrent la poitrine, répandirent de la cendre sur leur tête
et tombèrent, la face contre terre. Au signal donné par les trompettes, ils poussèrent des cris vers le Ciel.
Alors, Judas donna l’ordre à quelques hommes de combattre les occupants de la citadelle, pendant la purification du Lieu saint.
Il choisit des prêtres irréprochables et très attachés à la Loi.
Ceux-ci purifièrent le Lieu saint et emportèrent les pierres souillées dans un endroit impur.
Ils se demandèrent ce qu’il fallait faire de l’autel des holocaustes, qui avait été profané.
Ils eurent la bonne idée de le démolir, pour écarter tout reproche, du fait que les païens l’avaient souillé. Ils démolirent donc l’autel,
et transportèrent les pierres sur la montagne de la Demeure, dans un endroit approprié, en attendant la venue d’un prophète qui se prononcerait à leur sujet.
Conformément à la Loi, ils prirent des pierres non taillées et bâtirent un autel nouveau, sur le modèle du précédent.
Ils restaurèrent aussi le Lieu saint et l’intérieur de la Demeure ; ils sanctifièrent les parvis.
Ils introduisirent au cœur du sanctuaire les nouveaux ustensiles sacrés qu’ils avaient fabriqués, le chandelier, l’autel des parfums et la table des offrandes.
Ils firent brûler de l’encens sur l’autel et allumèrent les lampes du chandelier, qui illuminèrent le sanctuaire.
Ils placèrent les pains de l’offrande sur la table et tendirent les rideaux. Ils achevèrent ainsi tous les travaux qu’ils avaient entrepris.
Le vingt-cinquième jour du neuvième mois, c’est-à-dire le mois de Kisléou, en l’année 148, de grand matin,
les prêtres offrirent le sacrifice prescrit par la Loi sur le nouvel autel qu’ils avaient construit.
On fit la dédicace de l’autel au chant des hymnes, au son des cithares, des harpes et des cymbales. C’était juste l’anniversaire du jour où les païens l’avaient profané.
Le peuple entier se prosterna la face contre terre pour adorer, puis ils bénirent le Ciel qui avait fait aboutir leur effort.
Pendant huit jours, ils célébrèrent la dédicace de l’autel, en offrant, dans l’allégresse, des holocaustes, des sacrifices de communion et d’action de grâce.
Ils ornèrent la façade du Temple de couronnes d’or et de boucliers, ils en restaurèrent les entrées et les salles et y replacèrent des portes.
Il y eut une grande allégresse dans le peuple, et l’humiliation infligée par les païens fut effacée.
Judas Maccabée décida, avec ses frères et toute l’assemblée d’Israël, que l’anniversaire de la dédicace de l’autel serait célébré pendant huit jours chaque année à cette date, dans la joie et l’allégresse."
Le deuxième Livre des Maccabées rapporte un évènement qui se déroula auparavant, sous la grande prêtrise d'Onias(II 3 M 1). L'épisode d'Héliodore chassé du temple par trois anges envoyés par Dieu, sur la prière des Juifs de Jérusalem, est relaté en II M 3,13-25 :
Heliodore chassé du temple par trois anges (II M 3), tableau de Raphael
Les habitants de la Ville sainte jouissaient d’une paix totale ; on y observait au mieux les lois, grâce à la piété du grand prêtre Onias et à sa haine du mal.
À cette époque, les rois eux-mêmes en vinrent à honorer le Lieu saint et à rehausser la gloire du Temple par les dons les plus magnifiques.
Séleucos (187-175) roi d’Asie, couvrait lui-même de ses revenus personnels toutes les dépenses exigées par la liturgie des sacrifices.
Or, un certain Simon, de la tribu de Bilga, qui avait été nommé administrateur du Temple, se trouva en désaccord avec le grand prêtre, au sujet de la surveillance des marchés de la ville. [...] Le roi désigna Héliodore, qui était à la tête de ses affaires. Il l’envoya avec l’ordre de procéder à l’enlèvement des richesses indiquées.
[...] Héliodore, en raison des ordres qu’il avait reçus du roi, soutenait absolument que ces richesses devaient être confisquées au profit du trésor royal.
Au jour fixé par lui, il entra pour dresser l’inventaire de ces richesses. Grande fut l’angoisse qui se répandit alors dans toute la ville.
Les prêtres, prosternés devant l’autel en habits sacerdotaux, invoquaient le Ciel, lui qui avait institué la loi sur les dépôts, pour qu’il garde intacts les biens de ceux qui les avaient mis en dépôt.
Heliodore chassé du temple par trois anges (II M 3). Détail du tableau de Raphael montrant le Grand Prêtre Onias priant
À voir l’aspect du grand prêtre, on ne pouvait manquer d’être profondément blessé, tant son apparence et l’altération de son teint trahissaient l’angoisse de son âme.
La frayeur dont cet homme était envahi et le tremblement de son corps manifestaient clairement à ceux qui le regardaient la souffrance intime de son cœur.
Devant la profanation qui menaçait le Lieu saint, les gens se précipitaient en foule hors des maisons où ils se trouvaient, pour s’unir dans une supplication commune.
Les femmes, enveloppées d’une toile à sac serrée au-dessous de la poitrine, se répandaient dans les rues. Quant aux jeunes filles, habituellement retenues à l’intérieur, les unes couraient vers les portails, d’autres sur les murailles, d’autres encore se penchaient aux fenêtres.
Toutes faisaient monter leur imploration, les mains tendues vers le Ciel.
C’était pitié de voir la confusion de cette foule prostrée, et l’extrême angoisse dans laquelle attendait le grand prêtre.
Tandis qu’on invoquait le Seigneur tout-puissant pour qu’il garde intacts, en toute sécurité, les dépôts de ceux qui les avaient confiés au Temple,
Héliodore, lui, exécutait ce qui avait été décidé.
Mais à l’endroit précis où il se trouvait déjà, avec ses gardes, près de la salle du trésor, le Souverain des esprits célestes et de toute autorité se manifesta avec un tel éclat que tous ceux qui avaient eu l’audace d’entrer, frappés par la force de Dieu, défaillirent d’épouvante.
Héliodore chassé du temple, Par Raphaël. Détail du tableau montrant le cavalier angélique chassant Héliodore
Un cheval leur apparut, monté par un redoutable cavalier et orné d’un harnachement somptueux. S’élançant avec impétuosité, il projetait les sabots antérieurs vers Héliodore. L’homme qui le chevauchait paraissait avoir une armure d’or.
En même temps lui apparurent deux autres jeunes gens, d’une force extraordinaire, éclatants de beauté et magnifiquement vêtus. Se plaçant de part et d’autre d’Héliodore, ils le flagellaient sans relâche, lui portant une grêle de coups.
Subitement, Héliodore fut terrassé et environné d’épaisses ténèbres ; on le ramassa pour le mettre sur une civière.
Cet homme, qui venait de pénétrer dans la salle du trésor avec une escorte nombreuse et toute sa garde, n’était plus d’aucun secours à lui-même ; on l’emporta, en reconnaissant ouvertement le pouvoir de Dieu.
Lui, par l’action de la force divine, gisait sans voix, privé de tout espoir de salut ;
les autres bénissaient le Seigneur qui avait grandement glorifié son Lieu saint.
Cet épisode d'Héliodore chassé du temple est une preuve que les saints au Ciel entendent nos prières et les portent pour nous à Dieu.
Hé 12:1 ''Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoin.''
Ap 5:8 ''[…] les vingt-quatre vieillards se prosternèrent devant l’agneau, tenant chacun une harpe et des coupes d’or remplies de parfums, qui sont les prières des saints.'' (+ Ap 8:3 ; 6:9-10)
Les vieillards (qui représentent des hommes) sont décrits en train d’apporter les «prières des saints» à Dieu. C’est exactement ce qui se passe quand un Saint prononce une prière à la place de son prochain: il intercède. Or, ces hommes (non pas anges dont ils sont dissociés) sont au ciel avec Dieu: les Saints au ciel intercèdent donc bien pour nous !
1 Co 13:12 ''Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face. Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu.''
1 Jn 3:2 ''Nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté; mais nous savons que, lorsque cela sera manifesté, nous serons semblables à lui.''
2 Co 3:18 ''Et nous tous qui n’avons pas de voile sur le visage, nous reflétons la gloire du Seigneur, et nous sommes transformés en son image avec une gloire de plus en plus grande, par l’action du Seigneur qui est Esprit.''
Il est bien dit ici que notre connaissance devient parfaite au paradis: en étant semblable à Dieu, il est évident que nous pouvons entendre les prières des vivants.
Ça n’a rien de satanique de demander aux saints de prier pour nous
L’intercession de Saints n’invalide pas le fait que Jésus est le seul médiateur entre Dieu et l’homme. Il ne faut pas confondre le Médiateur dans le Salut qui est le seul Jésus-Christ et les médiateurs dans la prière ou intercesseurs (les saints et les anges).
1 Tim 2:1-5 ''J’encourage, avant tout, à faire des demandes, des prières, des intercessions et des actions de grâcepour tous les hommes,
pour les chefs d’État et tous ceux qui exercent l’autorité, afin que nous puissions mener notre vie dans la tranquillité et le calme, en toute piété et dignité.
Cette prière est bonne et agréable à Dieu notre Sauveur,
car il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité.
En effet, il n’y a qu’un seul Dieu ; il n’y a aussi qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, le Christ Jésus.''
L’intercession des saints était pratiquée et connue par l’Eglise primitive
Quelques exemples:
St Hippolyte de Rome († 235), Commentaire sur Daniel, discours II, XXX:
''Dites-moi, vous, les trois enfants [martyrs chrétiens], souvenez-vous de moi, je vous en prie, afin que moi aussi avec vous, j’obtienne le même héritage, celui du martyre.''
(Hé 12:1-24 ''Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoin. [...] vous êtes venus vers la montagne de Sion et vers la ville du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, vers des myriades d’anges en fête et vers l’assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux. Vous êtes venus vers Dieu, le juge de tous, et vers les esprits des justes amenés à la perfection.'')
St Grégoire le Thaumaturge († 270), Homélie sur l’annonciation de la Sainte Vierge :
Ta louange, ô Vierge très sainte, surpasse toute louange, en raison du Dieu qui s’est fait chair et qui est né homme de toi. C’est à toi que toute créature, dans les cieux, sur la terre et sous la terre, présente l’offrande d’honneur. En effet, tu as été présenté comme le véritable trône chérubinique. Tu resplendis comme l’éclat de la lumière dans les hauts lieux des royaumes de l’intelligence, où l’on glorifie le Père, qui est sans commencement et dont la puissance te couvrait, où l’on adore le Fils, que tu as enfanté selon la chair […] Avec toi, juge-nous dignes d’être associés à ta grâce parfaite en Jésus-Christ notre Seigneur.
St Basile de Césarée († 379), Panégyrique des Quarante Martyrs :
Chœur sacré, saint bataillon, armée invincible, astres du monde, ornements des églises, protecteurs du genre humain, puissants intercesseurs, prenez part à nos peines et appuyez nos prières. La terre n’a pas renfermé vos corps dans son sein, mais le ciel vous a reçus ; les portes du paradis vous ont été ouvertes.
Les Pères de l’Eglise des premiers siècles, rapportant la tradition qui leur a été transmise, se mettent d’accord en ce qui concerne la prière aux saints malgré qu’ils viennent de nombreux pays différents. Les églises d’Europe, d’Afrique du Nord et d’Asie Mineure témoignent toutes de ce culte et ont continué à le faire jusqu’à aujourd’hui, qu’elles soient Catholiques ou Orthodoxes. L’histoire rapporte très clairement la présence de cette pratique dans le Christianisme primitif. S’il s’agit d’idolâtrie, alors la forte majorité des chrétiens va en enfer depuis 2000 ans, ne laissant qu’une minorité de sectes pré-réforme et la mosaïque des églises protestantes depuis le XVIe siècle (toujours minoritaire).
La première prière mariale remonte à 250 après J.-C.
La prière est appelée "Sub Tuum Praesidium" (Sous l'abri de ta miséricorde)
Elle se lit comme suit:
''Nous nous réfugions sous ton patronage, ô Sainte Mère de Dieu;
Ne dédaigne pas nos prières dans nos nécessités,
Mais de tous les dangers, délivre-nous toujours,
O glorieuse et bienheureuse Vierge.''
Le plus ancien manuscrit du "Sub Tuum Praesidium" a été découvert en Égypte en 1917. Écrit en grec, il date du IIIe siècle, soit 250 ans après Jésus-Christ.
Les protestants ne prient pas la Vierge Marie. Les premiers martyrs chrétiens n'étaient pas de cet avis. Pour l'Église primitive, la protection de Marie ÉTAIT la protection du Christ. Elle n'a pu les protéger que grâce à la grâce qui lui a été donnée par Jésus.
Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 62.
Rien n'est plus fort que la douceur ; rien n'est plus doux que la vraie force.
St François de Sales
François de Sales naquit au château de Sales, en Savoie, en 1567. Issu d’une vieille famille aristocratique du duché de Savoie, il choisit le chemin de la foi. Consacrant sa vie à Dieu, il renonça à tous ses titres de noblesse. Le futur saint était l'aîné de six frères et sœurs.
Lors de son baptême, il reçut le prénom de "François" en vénération pourFrançois d'Assise.
Après ses premières années d'études, on l'envoya au collège des jésuites à Paris.
François aimait aller prier devant l'image de Notre-Dame de Bonne-Délivrance, dans l'église aujourd'hui détruite de Saint-Étienne des Grès à Paris; ce fut là qu'il fit voeu de chasteté, et qu'il recouvra miraculeusement la paix de son âme, troublée par une horrible tentation de désespoir. En souvenir sera érigée en 1692 une chapelleSaint-François-de-Sales dans cette église (l'une des plus anciennes églises de Paris, fondée par Saint Denis, qui, malheureusement, sera détruite par les vandales révolutionnaires en 1792).
Après avoir fait son droit à Padoue, François embrassa l'état ecclésiastique. [1]
Nommer ce saint, c'est personnifier la vertu de douceur ; il fut le saint aimable par excellence et, sous ce rapport particulièrement, le parfait imitateur de Celui qui a dit : "Apprenez de Moi que Je suis doux et humble de cœur." [2]
"Écartant le rigorisme desséchant d'une certaine Église, ce grand maître fut, comme d'aucuns l'ont dit, le 'saint de la douceur de Dieu', indulgent à l'égard de la faiblesse humaine, en un temps où le Dieu des chrétiens était encore le Dieu de l'Ancien Testament." [3]
Jeune homme, il mena la vie des anges. Prêtre, il se montra digne émule des plus grands apôtres, par ses travaux et par les innombrables conversions qu'il opéra parmi les protestants. Évêque, il fut le rempart de la foi, le père de son peuple, le docteur de la piété chrétienne, un Pontife incomparable.
"On disait communément, écrit sainte Jeanne de Chantal, qu'il n'y avait pas de meilleur moyen de gagner sa faveur que de lui faire du mal, et que c'était la seule vengeance qu'il sût exercer." -- "Il avait un cœur tout à fait innocent, dit la même sainte ; jamais il ne fit aucun acte par malice ou amertume de cœur. Jamais on n'a vu un cœur si doux, si humble, si débonnaire, si gracieux et si affable qu'était le sien."
Les armes de François de Sales étaient celles de l'amour. C'est d'ailleurs l'une de ses devises :
Rien par force, tout par amour.
François de Sales incarna de façon exemplaire, au cours d'une existence souvent harassante, les plus hautes vertus évangéliques au point d'être appelé le Docteur de l'amour. [4]
Reconstituons le contexte historique quelques années avant la prise de fonction de François. Berne, en Suisse, qui s'était déclaré pour la Réforme en 1528, dépêcha plusieurs "évangélistes" à Genève en 1530 (tels que Ami Perrin, Malbuisson, Clauder Roger et surtout Farel). La religieuse Jeanne de Jussie, du couvent de Sainte-Claire, relata ainsi les troubles qui secouèrent Genève à partir de l'arrivée des troupes et des "évangélistes" bernois : "Et le jour de Monsieur Saint François (d'Assise), un mardi [1530], à dix heures du matin, arrivèrent à Morges les fourriers des Suisses pour prendre logis pour l'armée. Le mercredi, jeudi et vendredi, arrivèrent les troupes des deux cantons de Berne et Fribourg, audit Morges, et firent de grands maux... ils commencèrent à piller, dérober, à fourrager les pauvres gens, et ne laissèrent blé, vin, chair ni meubles par les maisons et châteaux des nobles, et puis brûlèrent tout, qui ne fut pas petite perte... Non contents encore, ces hérétiques rompirent la sacristie et toutes les armoires... et prirent tous les ornements qu'ils trouvèrent et emportèrent tout avec l'horloge du couvent, toutes les couvertures et linges des frères, tellement qu'il ne resta chose aucune... Et tous les prêtres [catholiques] qu'ils trouvaient portant longue robe la leur ôtaient, les dépouillaient et battaient, à toutes les images qu'ils trouvaient tant en plate peinture (fresque) qu'en tableaux, ils leurs crevaient les yeux avec la pointe de leurs piques et épées, et crachaient contre... ils brûlèrent tous les livres, tant de la chanterie qu'autres..."
"Le lundi, environ midi [1530], l'armée entra dedans Genève, poursuit soeur Jeanne de Jussie; ils menaient dix-neuf grosses pièces d'artillerie... Les luthériens se firent ouvrir l'église cathédrale Saint-Pierre. Le prédicateur Guillaume Farel se mit en chaire et prêchait en langue allemande. Ses auditeurs sautaient par-dessus les autels comme chèvres et bêtes brutes... Ces chiens abattirent l'autel de l'Oratoire et mirent en pièces la verrière où était en peinture l'image de monsieur Saint Antoine... Ils rompirent aussi une belle croix de pierre... et au couvent des Augustins rompirent plusieurs belles images, et au couvent des Jacobins rompirent de belles croix de pierre...
Au mois d'août 1532, les hérétiques firent descendre les cloches du prieuré de Saint-Victor, et puis abattre jusqu'au fondement tout le monastère. En ce même mois, le jour de la Décollation de Saint Jean Baptiste, ils abattirent une petite et fort jolie église de Saint Laurent, et fut aussi abattue l'église de Madame Sainte Marguerite...
L'an 1534,... la veille de Pentecôte, à dix heures de nuit, les hérétiques [luthériens] coupèrent les têtes à six images [statues] devant la porte des Cordeliers, puis les jetèrent dans les puits de Sainte-Claire. Le jour de la Saint-Denis fut découverte [le toit démonté] l'église paroissiale de Saint-Léger hors la ville, et puis entièrement rasée et abattue, et tous les autels rompus et mis en pièces. [5]
(En 1535) Expulsion des soeurs de Sainte-Claire. Le dimanche dans les octaves de la Visitation vinrent les syndics [réformés]... Le syndic ordonna à la mère abbesse d'ouvrir les portes (les Soeurs de Ste Claire ou Clarisses appartenaient à un ordre cloîtré). [L]es soeurs s'étant assemblées, Farel les harangua, ... vantant le mariage, la liberté. La mère abbesse l'arrêta mais fut expulsée. Le jour de monsieur saint Barthélémy, vinrent grandes compagnies tous en armes et bien embâtonnées [bien armés] et de toutes sortes d'armes.... ils vinrent heurter à la grande porte du couvent Sainte-Claire. La porte une fois ouverte, le chef de la troupe ordonna aux soeurs 'de par messieurs de la ville que plus ne dites aucun office, haut ni lus, et de ne plus ouïr la messe'. Il fut convenu entre la mère abbesse et le syndic que les soeurs quitteraient le couvent sans rien emporter... Le syndic promit de les conduire à la porte de la ville, sous bonne garde. La sortie se fit alors tant bien que mal, car plusieurs des soeurs étaient âgées et malades. ... Parties de Genève à cinq heures du matin, elles arrivèrent à Saint-Julien en fin de journée, où elles purent prendre du repos, avant de rejoindre Annecy, où le duc de Savoie leur avait fait préparer un couvent.
Le 5 août [1535], il (Farel) prêcha à Saint-Dominique et le 8 à Saint-Pierre. Après chacun de ses prêches, la foule de ses partisans abattit les statues et les croix, renversa les autels et les tabernacles, brûla les reliques et jeta les cendres au vent. [6]
Pierre de la Baume, le dernier évêque résidant avait quitté Genève le 1er octobre 1535, après que les syndics eurent publié un décret (le 27 août) par lequel ils ordonnaient 'que tous les citoyens et habitants eussent à embrasser la religion protestante, abolissant entièrement et absolument celle de la catholique'".
La théocratie genevoise
"Le 3 avril 1536, il fut donné un mois aux prêtres catholiques pour qu'ils se convertissent et, en attendant, il leur fut interdit de 'se mêler de dire la messe, de baptiser, confesser, épouser [marier]'. Le 5 avril, pareille défense fut faite aux chanoines. Enfin, le 21 mai 1536, 'le peuple réuni en Conseil général, adhérait unanimement à la Réforme religieuse'. En juin 1536, le Conseil abolit la célébration des fêtes, à l'exception du dimanche. Genève était une ville protestante".[7] La ville, dont l'évêque a été chassé, est devenue une république.
Le 2 novembre 1536, le bailli de Lausanne, jugeant que les réformés l'avaient emporté, se mit à la tête d'une troupe d'archers et fit le tour des paroisses du lausannois, 'parcourant les campagnes, rasant les chapelles, renversant les autels et abattant les croix... aux cris de 'À bas les papistes'". [8]
Appelé à Genève en 1536, Calvin en fut banni deux ans après, mais il y fut rappelé en 1540. Il exercera alors l'influence la plus absolue, faisant reconnaître comme loi d'État un formulaire réglant les principaux articles de foi. "De lourdes amendes punirent les catholiques qui restaient chez eux au lieu d'aller au prêche; harassés, traqués, les fidèles se lassèrent, beaucoup se soumirent pour avoir la paix. La Réforme, assez vite, régna en maître dans le Chablais." [9]
Fondateur de la théocratie genevoise, Calvin forge toute la future démocratie européenne. Du fer antique : l'Ancien Testament - la Loi, il forge une nouvelle Jérusalem terrestre. Calvin confond simplement la nouvelle Sion avec l'ancien Sinaï. Il ne voit pas ou ne veut pas voir la loi nouvelle de l'Évangile par rapport à l'Ancien Testament, à la Loi. "La fin de la loi est le Christ", dit l'apôtre Paul (Rom 10:4); "La fin du Christ, c'est la Loi", aurait pu dire Calvin.
"Composé de pasteurs et de laïcs (les "Anciens"), un consistoire est notamment chargé de la surveillance de la vie privée des citoyens. Jeux, spectacles, bals, chansons et tavernes sont interdits, toute infraction morale (adultère, violence, impiété) étant considérée comme un crime." [10]
"La profession de foi de 1536 doit être jurée par les habitants. [...] Pour Luther, la volonté humaine ne pouvait que faire le mal, pour Calvin, elle ne veut que le mal et sa responsabilité est entière.
[...] Dieu prédestine au salut (Traité de la prédestination, 1552).
Calvin fait exiler ses contradicteurs, l'humaniste Castellion, en 1544, le pasteur Bolsec, qui rejetait la prédestination, en 1551." [11]
Le 12 novembre 1537, le Conseil ordonne à tous ceux qui avaient refusé de jurer la Réformation [accepter le formulaire] de quitter la ville.
"Calvin inféode l'Église à l'État" : "Les seigneurs sont des dieux. Le peuple est Satan". Il "fait de l'État le serviteur et l'instrument de l'Église. À Genève il proscrit les jeux et le théâtre, impose l'assistance aux sermons, détermine les prénoms permis, règle la coupe des habits. [...] Les huguenots (de l'allemand eidgenosse, lié par serment), les huguenots de religion se transforment en huguenots d'État. [...] [L]'Église calviniste devient une coalition d'idées et d'intérêts, un parti et une armée." [12]
"Tous doivent prêter serment au nouveau Credo; ceux qui y manqueraient seront chassés de la ville; car, [...] l'Église, 'Cité de Dieu', et l'État, 'Cité des hommes', dans l'action, ne font qu'un, aux yeux de Calvin. Être ou ne pas être dans l'Église signifie être ou ne pas être dans l'État. Les dizenniers, ou hommes du guet, font irruption dans les maisons et traînent le peuple, par groupe de dix, à la prestation de serment.
"Plusieurs Eidgnots firent remarquer, en se gaussant, que Farel et Calvin 'qui étaient venus pour faire triompher le libre examen [la liberté de conscience] l'étouffaient à la première manifestation de dissidence'. Quelques-uns d'entre eux allèrent jusqu'à se moquer des 'deux papes qui étaient apparus pour ressusciter la lettre et qui l'emprisonnaient après la lutte de Lausanne.' Très vite ces propos se répandirent dans Genève, et firent rire, le peuple ne tarda pas à appeler leurs auteurs des libertins (car ils défendaient la liberté de penser), et le surnom leur resta ; injure qui devait bientôt se propager et dont on allait flétrir tout individu qui jouerait aux dés, qui n'aurait point éteint sa lumière après le signal du couvre-feu, qui boirait pendant les offices, danserait le dimanche, critiquerait les actes du syndic, ou garderait une image [pieuse] au logis.' (J.M. Aulin)." [13]
Après la théocratie de l'Ancien Testament, ici, à Genève, se manifeste à nouveau non pas un homme sacré, mais un peuple sacré; le but de l'État et de l'Église devient non plus la sainteté individuelle, mais la sainteté commune. 'Vous êtes un genre élu, une sainteté royale, un peuple saint.' (I P 2:9), dit Calvin aux Genevois. La ville grouille de limiers, dénommés 'Gardiens', dont l'oeil, tel 'l'oeil qui voit tout', pénètre partout (Ordonnances Ecclésiastiques de 1541). On ne juge pas seulement les actes, mais aussi les pensées et les sentiments. Toute tentative, même la plus secrète, de s'élever contre le 'Règne de Dieu', est soumise, en tant que 'trahison envers l'État', aux plus féroces châtiments de la loi: au fer et au feu. Tout le peuple genevois deviendra une sorte de Prisonnier de Chillon, et la Théocratie de Calvin - une ténébreuse prison souterraine dans l'azurée lumière du Léman." [14]
Calvin va plus loin que Luther : le salut est offert aux uns, refusé aux autres (Traité sur la Prédestination, 1552). En outre, la volonté humaine est totalement corrompue et l'homme ne peut sortir de cette corruption par aucune oeuvre. Seule la foi peut le sauver. "Ainsi, ... du plus profond pessimisme, le calvinisme débouche sur un certain orgueil, celui d'appartenir à une élite, d'être une sorte de nouveau peuple élu, donc d'être investi d'une mission de régénération du monde.
[...] La marque calviniste, même si elle déborde le milieu protestant, est présente dans la manie moderne de tout remettre en question, dans l'interventionnisme moralisateur à propos de tout, [...] dans ce besoin de décerner des bons et des mauvais points aux quatre coins du monde, dans ces discours politiques qui prennent souvent le ton du prêche. [...] Les conformismes qui pullulent aujourd'hui, dont celui du 'politiquement correct', voire du 'sexuellement correct', ne sont pas étrangers à l'influence protestante dans les milieux de la politique ou de l'édition", résume A. Richardt. [15]
De 1541 à 1546 seulement, 76 citoyens sont bannis, et 58 genevois sont envoyés au bûcher par Calvin. [16] Ce qui fait quasiment une personne de la ville envoyée au bûcher tous les mois en cinq ans.
Les prisons étaient pleines de délinquants. Aimé Richardt, donne des "exemples de la tyrannie mesquine qu'exerçaient les ministres protestants" à Genève. "C'est ainsi que, en date du 20 mai 1537, nous trouvons : 'Une épouse étant sortie dimanche dernier avec les cheveux plus abattus [plus tombant sur les épaules] qu'il ne se doit faire, ce qui est un mauvais exemple et contraire à ce qu'on évangélise, on fait mettre en prison la maîtresse, les dames qui l'ont menée et celle qui l'a coiffée.'
Un autre jour, on saisit à un pauvre diable un jeu de cartes. 'Que va-t-on faire du coupable? Le mettre en prison?' La peine eût été trop douce aux yeux de Calvin. On le condamna donc à être exposé au pilori, son jeu de cartes autour du cou."
[...] Les rieurs ne manquèrent pas de protester... L'un demandait 'où le Saint-Esprit avait marqué dans l'Écriture la forme des coiffures des femmes?'. ... Un autre voulait savoir si la barbe de bouc que portait Farel ressemblait à celle d'Aaron !" [17]
Dmitri Mèrejkovski donne d'autres exemples de cette tyrannie :
- un marchand fort connu, fut condamné à mort pour fornication; il monta sur l'échafaud en remerciant Dieu de ce qu'il allait être exécuté "suivant les lois sévères, mais impartiales de sa patrie";
- Le libertin athée Jacques Gruet fut le premier à être décapité le 26 juillet 1547, après avoir été torturé matin et soir, pendant un long mois, du 28 juin au 25 juillet. Sa tête fut clouée au pilori sur le Champel pendant de longs jours. La flamme des bûchers s'éleva.
Lors de la peste de 1543 à Genève, on brûla quinze sorcières; les sorciers, on les châtiait avec 'une plus grande sévérité' : après des tortures inouïes, on les écartelait ! Plusieurs s'étranglaient dans leur cachot pour échapper à la question.
On brûla également le médecin et ses deux aides de l'hôpital des pestiférés. Le 'Règne de Dieu' à Genève équivalut au règne du diable à Munster.
[...] En novembre 1545, les pasteurs de Genève faisant jeter au feu une de leurs fournées de sorcières, Calvin requit les Conseils de la ville, de 'commander aux officiers de la dicte terre de faire légitime inquisition contre telles hérégies, afin de extyrper telle rasse de la dicte terre.'" [18]
En 1555. Deux bateliers, les frères Comparet furent soumis à la question et condamnés à mort. "Je suis certainement persuadé que ce n'est pas sans un spécial jugement de Dieu qu'ils ont tous deux subi, en dehors du verdict des juges, un long tourment sous la main du bourreau" (le fer ayant glissé sur leurs vertèbres). Après l'exécution, les corps des deux frères, suivant la sentence, furent écartelés et l'une des quatre parties de chaque corps, fut clouée au pilori, devant la porte Cornavin, afin que quiconque pénétrait dans la ville sût ce qu'il en coûtait de ne pas se soumettre à la parole de Dieu ou à celle de Calvin.
Le 15 septembre 1555, sur le Champel, fut mis à mort ce même Berthelier qui, trois ans auparavant, presque à la veille de l'affaire Servet, avait causé un soulèvement des plus dangereux pour Calvin. Debout au pied de la chaire où prêchait Calvin, des indicateurs observaient la manière dont les gens l'écoutaient.
Deux personnes furent arrêtées parce qu'elles sourirent quand quelqu'un tomba, endormi, de son banc; deux autres, parce qu'elles avaient prisé.
On jeta en prison celui qui avait dit : "Il ne faut pas croire que l'Église soient pendue à la ceinture de maître Calvin!" On faillit brûler une vieille femme comme sorcière parce qu'elle avait regardé Calvin trop fixement.
Calvin est le maître à penser de la cité. "Je vous défends d'obéir au pape, répète-t-il, mais je veux que vous obéissiez à Calvin."
Une jeune femme fut condamnée à l'exil perpétuel parce qu'elle avait prononcé en sortant de l'Église : "Il nous suffit bien ce que Jésus-Christ a prêché !"
Deux enfants, qui avaient mangé pour deux florins de gâteaux sur le parvis de l'église, furent fouettés des verges. On était jeté en prison pour la lecture de Amadis; pour le port de chaussures à la mode et de manches à gigots; pour trop bien tresser la chevelure, ce dont Dieu se trouvait 'grandement offensé'; pour un coup d'oeil de travers; pour avoir dansé ou avoir simplement regardé d'autres le faire. Plusieurs personnes qui avaient ri pendant un de ses prêches (de Calvin) furent jetées en prison.." [19]
Le 3 juin 1555. "Ami Perrin fut condamné (ainsi que ceux des libertins qui s'étaient enfuis avec lui, Philibert Berthelier, Michalet, Vernat) par contumace, à avoir 'le poing du bras droit duquel il a intenté aux bâtons syndicaux coupé.' Il sera ensuite décapité puis 'la tête et le dit poing seront cloués au gibet et les corps mis en quatre quartiers (Annales Calviniani, O.C., 21, p. 608)."
"Les deux Comparet [...] qui, après avoir eu les têtes décapitées, furent mis en quartiers et les quartiers pendus chacun à une potence, aux quatre coins des franchises de la ville, et la tête d'un chacun d'eux avec l'un des quartiers. [...] L'on ne fit que couper les têtes à (François-Daniel) Berthelier et au Bastard [Claude Genève] sans les écarteler; la tête de Berthelier et son corps demeurèrent au gibet, aussi fut le corps du Bastard, mais sa tête fut clouée à un chevron sur la muraille du Mollard." [20]
L'épisode le plus connu de ces dérèglements meurtriers est celui de Michel Servet. Ce médecin aragonais professait publiquement que Dieu n'était pas trinitaire. Ignorant le ressort intime du régime de la ville-église, il eut l'audace d'en discuter avec le maître qui l'envoya brûler en 1555.
En 1594, le jeune François de Sales s'écriera :
C'est par la charité qu'il faut ébranler les murs de Genève, par la charité qu'il faut la recouvrer... il faut [les] renverser par des prières ardentes et livrer l'assaut par la charité fraternelle. [21]
Et dans son Introduction à la vie dévôte (III 23), en 1608, il dira : "Qui a gagné le cœur de l’homme a gagné tout l’homme."
Et "Bénis les coeurs tendres, car ils ne se briseront jamais."
"La mesure de l'amour est l'amour sans mesure."
"L'amour ne nous trouvant pas égaux, il nous égale ; ne nous trouvant pas unis, il nous unit." (Traité sur l'amour de Dieu, 1616)
Luther et Calvin "demandent" une Réforme extérieure. Saint François de Sales et l'Église catholique répondent par une Réforme intérieure.
En 1602, n'ayant rien dit dans ses sermons contre le calvinisme, François écrira encore : "Voyez-vous, ce sermon-là [sur le Dernier jugement] qui ne fut point fait contre l'hérésie respirait néanmoins contre l'hérésie, car Dieu me donna lors cet esprit en faveur des âmes. Depuis, j'ai toujours dit que qui prêche avec amour prêche assez contre les hérétiques, quoiqu'il ne dise un seul mot de dispute contre eux!" [22]
Le règlement de vie intérieure et de vie extérieure
En 1591, il avait rédigé sur les conseils de son confesseur, un 'règlement de vie intérieure et de vie extérieure', dont il observera l'esprit jusqu'à sa mort. Ce règlement est divisé en quatre parties:
- l'exercice de préparation, qui consiste à "se prescrire au début de chaque journée l'acte mêlé de réflexions et de prières". François le jugeait indispensable, écrivant : "la prescription est comme un fourrier [préparateur] à toutes nos actions... Je la préférerais toujours à toute autre chose ..."
- Fixer les exercices de piété qui doivent ponctuer la journée d'un étudiant chrétien en commençant la journée par une action de grâce "avec ces paroles du Psalmiste royal, David : Dès l'aube, vous serez le sujet de ma méditation."
- Le repos spirituel ou l'"exercice du sommeil". "Comme le corps a besoin de prendre son sommeil pour délasser et soulager ses membres travaillés [fatigués], de même est-il nécessaire que l'âme ait quelque temps pour sommeiller et se reposer entre les chastes bras de son céleste Époux, afin de restaurer par ce moyen les forces et la vigueur de ses puissances spirituelles...."
- Règles pour les conversations et rencontres. Cette dernière partie du règlement de vie intérieure cherche "à établir la liaison entre la vie du monde et la perfection chrétienne." C'est un thème que François reprendra dans son Introduction à la Vie dévôte (1608), l'une des œuvres majeures de la littérature Chrétienne. François établit la manière dont il entend régler ses relations avec ses semblables : "Je ne mépriserai jamais ni ne montrerai signe de fuir totalement la rencontre de quelque personne que ce soit... Surtout je serai soigneux de ne mordre, piquer, de me moquer d'aucun... J'honorerai particulièrement chacun, j'observerai la modestie, je parlerai peu et bon..." [23]
Charité en actes et bonnes oeuves : La foi mise en application
Saint François de Sales mettait en application ce qu'il prêchait. Évêque, il recommandera, une fois pour toutes, à ses domestiques, de prendre garde à ne renvoyer aucune personne qui demandait à lui parler... "Il recevait toujours chacun avec un visage doux et gracieux... quand ceux de sa maison, pour le détourner de tant recevoir, lui parlaient des rusticités et des insipidités d'autrui, il répliquait : et nous, que sommes-nous? Mgr de Sales recevra en cachettes les pauvres honteux, et nourrira beaucoup de personnes qui n'osaient mendier leur pain (Ier Procès, t. II et t. III, art. 46 et 27).
Ces activités charitables terminées; François prenait plaisir à se promener dans sa ville, s'arrêtant ça et là pour donner quelques pièces aux pauvres. Il s'arrêtait pour visiter les malades et des infirmes, puis se rendait à l'hôpital, où il donnait sa bénédiction aux plus proches de l'agonie. Après cela, il allait à la cathédrale pour y entendre des confessions, et s'en revenait paisiblement à sa maison. Encore quelques audiences, quelques lettres, et c'est enfin le recueillement du soir, suivi d'une légère collation, dont il s'abstenait le vendredi et le samedi. Puis François de Sales disait son chapelet à la Vierge Marie, "ne se couchant jamais, fût-il onze heures, minuit, qu'il n'eût satisfait à cette obligation à laquelle il employait une heure de temps" (1er Procès, t. II, art. 33) [24]
Le mercredi 14 septembre 1594, en la fête de l'Exaltation de la Sainte Croix, accompagné de son cousin Louis de Sales, François se mit en route pour la forteresse des Allinges, où il avait l'intention de s'installer dans un premier temps. Partout la route était "bordée de débris de calvaires épars dans les haies; des potences élevées à la place des croix; l'église de Boringe, l'église d'Avully démolies de fond en comble, l'église de Bons, transformée en un temple calviniste; l'église de Saint-Didier, celle de Fessy, celle de Lully, abandonnées, les portes grandes ouvertes, les voûtes crevées.. Les autels renversés, tous les presbytères en ruines. Plus un son de cloche nulle part... Et les gens du pays qui voyaient passer ces deux voyageurs en soutane, harassés, couverts de poussière, leur jetaient des regards de haine..." [25] Très vite, devant l'ampleur de la tâche, les deux cousins se partagèrent le travail : Louis évangélisera, avec la colline d'Allinges, les paroisses qui l'avoisinent... François concentrera ses efforts sur Thonon, centre de l'erreur. [26]
Resté seul, il décida de prêcher presque tous les jours de la semaine, développant les vérités rejetées par les hérétiques, telles que l'origine divine de l'Église catholique, la réalité de l'Eucharistie et de la Messe. Peu à peu son auditoire s'accrut pour atteindre une douzaine, tous anciens catholiques devenus calvinistes par la force des choses.
La réaction des autorités réformées ne se fit pas attendre. Les principaux de Thonon [les chefs calvinistes] ayant assemblé leur conseil, se sont jurés que ni eux ni le peuple n'assisteraient jamais aux prédications catholiques... Loin de se décourager, François proposa de "rétablir la célébration du Saint Sacrifice [la Messe] le plus tôt qu'il pourra, afin que l'homme ennemi voie que, par ses artifices, il nous donne du courage au lieu de nous l'enlever." [27]
La besogne est rude, "les gens ont peur, le prêtre papiste est à l'index, et l'oeil de Genève surveille tout." [28]
Le 8 janvier 1595, François fut attaqué par un homme qui s'"est promis de le tuer et de porter sa tête à Genève"; miraculeusement, le mousquet de l'assassin fit long feu et l'homme s'enfuit.
Une autre atteinte se produisit un soir de février 1595. Accompagné de trois autres personnes, François remontait paisiblement vers la forteresse des Allinges lorsque deux hommes surgirent d'un buisson, et s'avancèrent vers lui, l'épée à la main. Sans perdre son sang-froid, le pieux missionnaire alla à eux et leur parla. Stupéfaits, les assaillants lui dirent qu'on les avait payés pour le tuer..., puis ils s'enfuirent. [29]
En juin 1595, l'abjuration de Poncet fit enrager les calvinistes, qui, selon Favre, étaient allés jusqu'à prétendre que "le prêtre papiste était un magicien qui veillait la nuit pour pratiquer des sortilèges sur la personne du converti". Les choses s'envenimèrent très vite, au point qu'un huguenot affirma par serment public avoir vu François au sabbat, dont il portait la marque, et dans les assemblées nocturnes des sorciers. Ce bruit courut tellement qu'on ne parlait que de tuer et de brûler les papistes... [30]
Dans le même temps, François inaugure une série de prédications sur l'Eucharistie, s'attaquant de front aux thèses des protestants (Luther rejetait la Transsubstantiation, n'admettant qu'une consubstantiation; Zwingli n'admettait qu'une présence figurative, et Calvin niait toute présence du Christ dans l'hostie).
En décembre 1595, le petit troupeau dépasse largement la centaine ! Mgr Trochu écrit : "Il y avait maintenant [à la fin 1595], dans la partie protestante de Chablais, environ 300 catholiques, dont 200 avaient été gagnés, un par un, en l'espace de quinze mois".[31]
"Le Chablais comptait 15 catholiques à Thonon en 1594. Ils sont plus de 25 000 en 1600." [32]
Cette situation déplaisait fort aux syndics [conseillers municipaux] de Thonon. Constatant que les tentatives de harassement du missionnaire (jets de pierre, insultes, accusations de sorcellerie...) avaient échoué, ils décidèrent de se tourner vers le pasteur calviniste Viret, en lui demandant de convaincre François d'erreurs doctrinales au cours d'une dispute publique. Viret occupait le poste de ministre à Thonon depuis plus de sept ans, "pour les gens du peuple, il était réputé grand savant, et il se drapait habilement dans cette légende".... Viret battit le rappel des ministres du Chablais et du pays de Vaud, les appelant à son aide. Ils tombèrent d'accord pour proposer à François une conférence publique pensant que se sentant seul contre tous, il refuserait le combat. François accepta la rencontre. Cette réunion eut lieu en présence d'Antoine de Saint-Michel, seigneur d'Avully, président du consistoire de Thonon, mais les pasteurs ne parvinrent pas à une entente. Il y eut "autant d'opinions que de têtes" [33]
Au jour et au lieu fixés, il y eut une foule... toute la ville de Thonon s'assembla. La foule attendit, puis commença à s'agiter; François, paisible, souriant, attendit aussi... Tout à coup, un homme, un seul, apparut : c'était Viret qui, confus, tint au peuple le discours suivant : "Mes collègues de Chablais et de Vaud, tout comme moi, étaient véritablement prêts à la dispute, mais après avoir mûrement considéré [réfléchi], ils ne jugent pas à propos de commencer une chose de si grandes importance sans le consentement et expresse permission de Son Altesse [le duc de Savoie], de peur que cette entreprise n'apporte plutôt du dommage que du profit, autant à un parti qu'à l'autre". Ébahie par cette dérobade, la foule hua le malheureux pasteur, pendant que François et plusieurs de ses amis riaient à gorge déployée ! Puis, le missionnaire restant seul maître du terrain, "prit en témoin tous les assistants qu'il ne tenait pas à lui que la dispute ne se fît".
Conséquence directe de la dérobade de Viret ? ....Un évènement de la plus haute importance se produisit le 19 février 1596. Ce jour-là, en l'église de Thonon, Antoine de Saint-Michel, seigneur d'Avully, issu d'une vieille famille genevoise, président du Consistoire réformé, "un des plus savants et opiniâtres calvinistes de la province", confesse publiquement la foi catholique ! Il abjura le 26 août à Turin, en présence du nonce. Mis au courant, le pape Clément VIII lui adressa le 20 septembre un bref personnel de félicitations. [34]
En décembre 1596, François prit l'audacieuse décision de célébrer les trois messes de Noël dans l'église saint Hippolyte de Thonon, qui était devenue un temple protestant, et où François n'avait obtenu que le droit de prêcher. "Sonner la messe à Saint-Hippolyte après soixante ans de silence ! François savait que ce serait frapper un grand coup. La messe, symbole du papisme, la messe que Luther et Calvin ont rejetée, la messe dans leur temple, ce serait pour les protestants [de Thonon] le suprême scandale. Les syndics, en effet, se récrièrent; des bagarres éclatèrent, mais François tint bon... et mit lui-même "la main à la pâte" pour "parer l'église le mieux qui lui fût possible d'images, de tapis, de cierges, et de lampes". Les Visitandines ajoutent qu'"il fut trois jours et trois nuits sans dormir et presque sans manger". Et c'est ainsi, qu'au coeur de la Thonon protestante, François de Sales "à la minuit de la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, célébra le très saint sacrifice de la messe." [35] En janvier 1597, François reçut du duc de Savoie, Charles-Emmanuel,l'autorisation de dire les messes en public, et rétablit par conséquent la messe à Thonon.
Le 9 avril 1597, le successeur de Calvin à Genève (1564), le protestant Théodore de Bèze accepta de rencontrer saint François de Sales, qui s'était réfugié à Annecy. Lors de son entrevue avec lui, François lui posa trois questions :
La première question
Après les amabilités d’usage, François, avec un sens aigu de l’essentiel, pose une question très courte
Monsieur, peut-on faire son salut en l’Église romaine ?
Bèze voit tout de suite la difficulté : si l’Église catholique assure le salut de ses fidèles, pourquoi s’en séparer ? Il suffisait de l’améliorer par le dedans, comme avaient déjà fait tous les saints réformateurs depuis des siècles (saint Grégoire VII, saint François d’Assise, saint Dominique, sainte Catherine de Sienne, etc.) et comme avait aussi fait le concile de Trente. Mais si le salut est impossible dans l’Église romaine, quelle autre société religieuse a donc donné le Christ aux hommes et assuré leur salut, avant le protestantisme ? Théodore de Bèze demande à se retirer pour réfléchir. Après une longue réflexion, il revient pour répondre : "Vous m’avez demandé si l’on pouvait faire son salut dans l’Église romaine. Certes je vous réponds affirmativement ; il est ainsi sans doute, et on ne peut nier avec vérité qu’elle ne soit la Mère-Église." [36]
Les pasteurs calvinistes Rotan et Morlas avaient été obligés de faire la même réponse au roi Henri IV, qui leur avait posé la même question, quatre ans plus tôt.
Deuxième question
Nouvelle question de François de Sales :
Puisqu’il en est ainsi et que le salut éternel est en l’Église romaine, pourquoi avez-vous planté cette prétendue Réforme, prenons l’exemple en France, avec tant de guerres, de saccagements, de ruines, d’embrasements, de séditions, de rapines, de meurtres, de destructions de temples et autres maux, qui sont innombrables ?
Réponse de Théodore de Bèze, après un long silence : "Je ne veux point nier que vous ne fassiez votre salut en votre religion. Mais il y a ce malheur que vous embrouillez les âmes de trop de cérémonies et difficultés ; car vous dites que les bonnes œuvres sont nécessaires au salut, qui toutefois ne sont que de bienséance. D’où arrivent plusieurs maux : les peuples, croyant à cette nécessité des bonnes œuvres par vos prédications et ne le faisant pas, ils se damnent misérablement parce qu’ils contreviennent à leur conscience. C’est pourquoi, afin de remédier à ces maux, nous avons tâché d’établir notre religion, en laquelle le chemin du ciel est rendu facile aux fidèles, ayant jeté ce fondement que la foi sauve sans les œuvres, que les bonnes œuvres ne sont point de la nécessité du salut, mais seulement, comme je vous ai déjà dit, de bienséance."
Conclusion et troisième question
François réplique alors :
Vous ne prenez pas garde qu’en rejetant les bonnes œuvres, vous tombez en des labyrinthes desquels vous aurez peine de sortir ! Pouvez-vous ignorer la raison pour laquelle Notre-Seigneur Jésus-Christ, en l’évangile de saint Matthieu, enseignant à ses Apôtres ce qu’il voulait qu’ils crussent du dernier Jugement, ne fait point de mention des péchés commis, mais dit tant seulement qu’il condamnera les mauvais parce qu’ils n’auront pas fait les bonnes œuvres. Voici ces paroles : « Allez, maudits, au feu éternel, qui est préparé au diable et à ses anges ; car j’ai eu faim, et vous ne m’avez point donné à manger… » Et le reste. (Mt 25:42-43)
Voyez-vous que pour avoir manqué aux bonnes œuvres s’ensuit la damnation éternelle. Si elles n’étaient que de bienséance, comme vous dites, pensez-vous que ceux qui ne les auraient pas faites fussent punis d’une peine si rigoureuse ?
Quant à moi j’attends votre solution à cette difficulté, ou bien que vous soyez d’un même sentiment avec moi.
Théodore de Bèze ne put rien répondre. [37]
Bèze se tut pendant un moment, puis "il se laissa aller à proférer des paroles indignes d'un philosophe" (on ignore ce que furent ces paroles indignes), précise Aimé Richardt. [38]
Intolérant, ce protestant fit une honteuse apologie du supplice de Michel Servet (un hérétique qui après avoir écrit en 1531 un livre "Des erreurs dans la doctrine de la Trinité", où il niait la consubstantialité du Fils au Père, fut condamné à être brûlé vif avec son livre, au lieu de Champel, le 27 octobre 1553). Or, dans un traité écrit à l'occasion du supplice de Servet, un certain Martin Bellius, avait en effet prôné la tolérance envers les hérétiques. Contre ce livre qu'il appelait un 'blasphème', Bèze écrivit une réfutation qu'il intitula Anti-Bellius. Il commença par réclamer du duc de Wurtemberg, auquel était dédié la dissertation de Bellius, une punition exemplaire de l'auteur. Puis il fit la théorie de l'extermination de tous les hérétiques : '... vaut mieux avoir un tyran, voire bien cruel, que d'avoir une licence telle que chacun fasse à sa fantaisie.'" [39] L'étonnant est qu'aussi bien Farel, qui conduisit Servet au bûcher, que Calvin avaient été eux-mêmes accusés de la même erreur une vingtaine d'années auparavant... En 1903, sur le Champel sera érigé un "monument expiatoire" au lieu même où fut brûlé Servet, avec l'inscription : "Fils respectueux et reconnaissants de Calvin... mais condamnant une erreur qui fut celle de son siècle... nous avons élevé ce monument expiatoire."[40] Ce qui veut dire que Servet fut brûlé "par erreur".
Relatant son entrevue avec Théodore de Bèze au pape Clément VIII, François lui écrivit : " Enfin [à la fin de notre entretien] je me retirai après avoir tenté tous les moyens de lui arracher l'aveu de sa pensée... alors je compris que je venais d'aborder un coeur de pierre, jusqu'ici inébranlable... je veux dire un coeur vieilli dans le mal." [41]
Devançant le rigorisme janséniste qui n'était pas encore paru, François de Sales conseilla une religieuse, la mère abbesse Angélique, qu'il rencontra le 5 avril 1619 et avec laquelle il entretint une correspondance nourrie. Il s'efforça souvent de tempérer les ardeurs de celle-ci, écrivant par exemple : "Manger peu, travailler beaucoup, avoir beaucoup de tracas d'esprit et refuser le dormir au corps, c'est vouloir tirer beaucoup de service d'un cheval qui est efflanqué, et sans le faire repaître... Ne vous chargez pas trop de veille et d'austérité..." Ou bien encore : "L'humilité, la simplicité de coeur... et la soumission d'esprit sont les solides fondements de la vie religieuse..., j'aimerais mieux que les cloîtres fussent remplis de tous les vices que du péché d'orgueil et de vanité..." Hélas, s'écrie l'abbé Fuzet, à la douce et riante figure de François de Sales... va succéder le sombre Saint-Cyran(ami de Jansénius, "d'extérieur humble et de coeur orgueilleux", écrit Aimé Richardt, il défendit le jansénisme), qui imposera à Angélique "une direction de crainte et de tremblement, une théologie de terreur, et un mysticisme obscur et exubérant". [42]
Le Saint patron des journalistes et des écrivains
On a dit, écrit Mgr Trochu, "si saint Paul revenait de nos jours, il se ferait journaliste. Or, c'est François de Sales qui, le premier en date, va le devenir. Il inaugure l'apostolat par la presse."
Il semble que cette vocation lui a été inspirée par Charles de Charmoisy [43] qui lui aurait conseillé de rédiger des articles destinés à remplacer les sermons, puis de les faire distribuer dans les foyers hérétiques. Ainsi, au lieu de prêcher pour une poignée de catholiques, il toucherait des centaines, voire des milliers de lecteurs. Convaincu, François se mit à la tâche: le 25 janvier 1595 parut une Épître à Messieurs de Thonon. Il réunira ces écrits dans un voulume qui sera publié sous le titre Controverses. Il fit imprimer ses écrits, comme le décrivent les Visitandines (Année sainte, manuscrit, p. 7) : "Chaque semaine, ce bon pasteur [François] envoya à Chambéry pour imprimer une nouvelle feuille qu'il faisait distribuer ensuite dans les maisons de Thonon et dans celles de la compagnie". Son ami, le sénateur Favre, s'occupait de la correction et de l'édition, ainsi que de l'expédition de ces feuilles volantes. Ces périodiques sont considérés aujourd'hui comme les premiers journaux catholiques au monde.
Parmi ces Controverses, on trouve cette mise en garde aux Réformés : "Premièrement, Messieurs, vos devanciers et vous aussi, avez fait une faute inexcusable quand vous prêtates l'oreille à ceux qui s'étaient séparés de l'Église." (tels Luther, Zwingli, Calvin...)
"Vous dites que le peuple dévôt vous a appelés, mais quel peuple ? Car ou il était catholique, ou il ne l'était pas : s'il était catholique, comment vous eût-il appelés et envoyés prêcher ce qu'il ne croyait pas ?.... Quand Luther commença, qui l'appela ? Il n'y avait encore point de peuple qui pensait aux opinions qu'il a soutenues...."
Il s'en prend ensuite à ces pasteurs qui prétendent que chacun peut lire et interpréter les Écritures. "Mais ne serait-ce pas tout brouiller de permettre à chacun de dire ce que bon lui semblerait ? Il se faut ranger à l'Écriture, en laquelle on ne retrouvera jamais que les peuples aient pouvoir de se donner des pasteurs et prédicateurs." [44]
Le résultat est là. Et quand en 1598, l'évêque vient examiner la tâche accomplie, il constate que la quasi-totalité des Chablaisiens ont réintégré la bergerie catholique. François a alors trente-deux ans. Sa mission du Chablais l'a rendu célèbre. [45]
Le 8 décembre 1602, François de Sales est ordonné évêque de Genève à Thorens par Mgr Vespasien Gribaldi, archevêque émérite de Vienne, et métropolitain de Genève. Nouvel évêque, il décide d'instituer le catéchisme afin de diffuser, de faire connaître et comprendre la foi catholique aux croyants de son diocèse. Ses fidèles l’appellent "l'aimable Christ de Genève". [46] Dans la petite ville qu'est alors Annecy - puisque Genève est aux mains de Théodore de Bèze -, il vit modestement, à la façon d'un moine plus que d'un dignitaire.
En 1603, François recommandait : "Dieu seul soit votre repos et consolation!" (Lettre à Mademoiselle de Soulfour, 16 janvier 1603: Œuvres complètes, XII, p. 163, cité inLettre du pape Jean-Paul II, pour les 400 ans de l’ordination épiscopale de saint François de Sales, 23 novembre 2002).
En 1606, dans la querelle sur la prédestination "entre le molinisme (jésuites qui attaquaient la prédestination comme entachée de protestantisme), qui semble faire la part trop grande à l'homme, et le thomisme (dominicains qui ripostèrent en attaquant les jésuites de pélagianisme), qui centre tout sur Dieu, ... il suffisait, comme le dira Bossuet, 'de tenir les deux bouts de la chaîne", ce qu'avait conseillé de faire saint François de Sales[47], qui "fut consulté par Rome (vers la fin de 1606). Hélas, sa réponse est perdue. Charles-Auguste de Sales nous en donne une idée en écrivant : 'Il répondit son sentiment de la même façon qu'il l'a traité en son livre Traité de l'Amour de Dieu (L III, chap. V) :
Dieu a voulu premièrement, d'une vraie volonté, qu'encore après le péché d'Adam, tous les hommes fussent sauvés; mais en une façon et par des moyens convenables à la condition de leur nature douée du libre arbitre [liberté]; c'est-à-dire, il voulut le salut de tous ceux qui voudraient contribuer par leur consentement aux grâces et faveurs qu'il leur préparait, offrirait et départirait à cette intention. Or, entre ces faveurs, il voulut que la vocation [l'appel à la foi et à la vie chrétienne] fût la première et qu'elle fût tellement [assortie] à notre liberté que nous la puissions accepter ou rejeter à notre gré. [48]
C'est au cours de l'année 1608 que l'évêque de Genève, François de Sales, âgé de 41 ans et prêtre depuis 15 ans,écrivit son œuvre la plus connue,l'Introduction à la vie dévote. Pour François de Sales et ses contemporains, la dévotion désignait, grosso modo, ce que nous appelons aujourd'hui lavie spirituelle, considérée dans sa réalisation la plus authentique, et la plus fervente.
Saint Thomas d'Aquin définit la dévotion comme "un acte de la vertu de religion, dont le propre est de relier l'homme à Dieu."
Sa doctrine spirituelle est simple : 1. viser à plaire à Dieu et non aux hommes. - 2. Rien par contrainte, tout par amour. - 3. Ne rien demander, ne rien refuser. - 4. Aller de l'intérieur à l'extérieur. - 5. Aller "tout bellement". 6. Avec douce diligence. 7. Ne penser qu'à aujourd'hui. 8. Recommencer chaque jour. 9. Profiter de toutes les occasions. - 10. Se guérir de ses imperfections. - 11. Vivre paisiblement. 12. Vivre joyeux. 13. Vivre en esprit de liberté.
Les éditions du Cerf ont publié en 2019 une très utile "Introduction à la vie dévote, mise en français contemporain", Collection Spiritualité LeXio. On trouvera le texte original de l'Introduction à la vie dévotedans Saint François de Sales, Oeuvres, Paris, Galimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1969, avec l'orthographe modernisée.
Le langage et le style utilisés étaient très simples pour l'époque, sans citations latines ni grecques, permettant une lecture beaucoup plus large que les traités spirituels qui existaient alors.L'ouvrage était destiné à des laïcs ne se destinant pas à la vie religieuse, et avait pour principal but de montrer qu'il était possible de mener une vie sainte tout en vivant dans le monde. Les vies des saints, et particulièrement de ceux qui ont vécu dans le monde, sont souvent prises comme exemple. Ce livre eut très vite un énorme succès : il fut réimprimé plus de quarante fois du vivant de François de Sales ; le roi de France Henri IV lui-même le lut et la reine Marie de Médicis en offrit un exemplaire "orné de diamants", au roi d'Angleterre.
Comment expliquer l'énorme succès que connut l'Introduction à la Vie dévôte(plusieurs centaines d'éditions) ?
"[L]'austérité de tels textes tels que leCombat spirituelou l'Imitation de Jésus-Christ, [...] réservaient 'l'amour de Dieu à une élite contemplative' (André Ravier). Tout autre était cetteIntroduction à la Vie dévoteque Vaugelas appellera 'le livre nécessaire', le livre en qui les gens qui vivent en la presse du monde reconnaîtrontleurlivre, parce qu'il a 'rendu la dévotion sociable'."[49]
Il ose dire qu'on peut être chrétien sans être austère ni faire des oraisons prolongées, qu'on peut atteindre la perfection sans être du clergé mais en pratiquant son devoir d'état et en acceptant sa condition de vie qu'on soit "soldat, artisan, prince ou simplement marié'. Il répond à l'inquiétude qui habite tout chrétien de son temps : "Que notre âme soit en clarté, en ténèbres, en goût, en dégoût, il faut pourtant qu'à jamais la pointe de notre coeur qui est notre boussole, tende à l'amour de Dieu".[50]Le jeune Louis XIII se nourrira de la spiritualité de la Vie dévote de François de Sales qu'il se fera lire.[51]
Lorsque en 1607, François exposa ainsi la situation de son diocèse au pape Clément VIII, il écrivit : "Il y a douze ans, dans soixante-quatre paroisses voisines de Genève[les paroisses du Chablais]et pour ainsi parler, sous ses murs, l'hérésie occupait les chaires [les églises], elle avait tout envahi; à la religion catholique, il ne restait [rien]. Or, aujourd'hui, dans la même région, l'Église étend de toutes parts ses rameaux, avec des poussées si vigoureuses que l'hérésie n'y a plus de place. Jadis on avait peine à convoquer cent catholiques entre toutes les paroisses réunies : aujourd'hui on n'y verrait pas cent hérétiques....'"[52]
"Il convertit, dit-on, plus de soixante-douze mille hérétiques, dont un assez grand nombre appartenaient aux classes élevées."[53]
"Ravissements, visions, lectures des âmes, parfums mystérieux, le saint vit des phénomènes incroyables. ses pénitents qui viennent à lui, il affirme voir 'clairement dans leur coeur comme au travers d'un cristal.' Il obtient la guérison deJeanne de Chantalpar la prière adressée àsaint Charles Borromée (+1584) qu'il aime tant."[54]
Le dimanche 6 juin 1610, François de Sales fonde à Annecy avec Ste Jeanne de Chantal l’Ordre de la Visitation de Sainte-Marie, ordre monastique féminin de droit pontifical, initialement établi dans une modeste "maison de la Galerie". La cave de cet immeuble, conservée, a été aménagée en oratoire et de nombreux pèlerins viennent aujourd'hui encore visiter le berceau de cet ordre, dont les membres sont couramment appelées les "visitandines". En souvenir du jour où la Vierge Marie, enceinte du Christ s'en alla aider sa cousine Élisabeth âgée et enceinte de Jean-Baptiste, les religieuses auraient pour tâche principale de visiter les malades et les pauvres et de les réconforter.
En 1616, François publie le "Traité de l'Amour de Dieu".Son idée était d'écrire un livre sur la manière d'aimer Dieu dans l'observation des Dix commandements, en révélant aux âmes, "clairement et simplement les beaux secrets de l'amour de Dieu".[55] Cette publication sera suivie de l'édition post-mortem de ses Entretiens spirituels, en 1629.
L'aube de l'amour
Ô Jésus ! Que c'est un plaisir délicieux de voir l'amour céleste, qui est le soleil des vertus, quand petit à petit, par des progrès qui insensiblement se rendent sensibles, il va déployant sa clarté sur une âme, et ne cesse point qu'il ne l'ait toute couverte de la splendeur de sa présence, lui donnant enfin la parfaite beauté de son jour ! Ô que cette aube est gaie, belle, aimable et agréable ! Mais pourtant il est vrai que, ou l'aube n'est pas jour, ou si elle est jour, c'est plutôt l'enfance du jour que le jour même. Et de même, sans doute, ces mouvements d'amour, qui précèdent l'acte de la foi, requis à notre justification, ou ils ne sont pas amour à proprement parler, ou ils sont un amour commençant et imparfait, ce sont les premiers bourgeons verdoyants, que l'âme
aint François de Sales, Traité de l'Amour de Dieu, II, 13
Le démon vaincu par le missionnaire du Chablais
"[S]i nous en croyons les biographes, il (S. François) délivra plus de quatre cents démoniaques du pouvoir de Satan. (Abbé Édouard, Un nouveau docteur de l'Église, saint François de Sales, Paris, Éd. Jules Vic, 1878, p. 43.) [56]
"Dans son Traité de l'Amour de Dieu, François rapporte le terrible aveu que fit le démon : 'Je suis ce malheureux privé d'amour.'
"[...] 'Seul le diable est incapable d'amour!', écrit S. François (Traité de l'Amour de Dieu, VI, 14). [...] N'avez-vous pas remarqué l'air triste et patibulaire qu'affichent ceux qui s'adonnent à la violence et à la haine ?
"[...] Saint François nous a fait remarquer [...] que les démons sont pris d'effroi au contact du crucifix et à l'énonciation du nom de Jésus. [...] La croix est l'instrument de notre rédemption, l'emblème de la victoire du Christ, le don de la vraie vie; en fait, elle est tout ce que les démons ne pourront jamais aimer et posséder." [57]
"À certaines mauvaises langues qui accusaient le saint évêque d'accomplir des miracles avec ostentation, il donna cette réponse : "Ces bonnes gens n'ont-ils pas pris garde que la femme a dit son Pater et que Dieu l'a exaucée, la délivrant d'un si grand mal, afin qu'elle ne fût plus induite en tentation par le démon qui la possédait ? Si nous avions soin de le dire (le Notre Père) selon l'esprit et l'intention de Jésus-Christ, nous y trouverions le remède de tous nos maux. Et même, ajouta-t-il en souriant [pour répondre à ses détracteurs], je trouve le remède à ces attaques, en disant : 'Seigneur, pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.'"
"[...] Le Notre Père est une vraie prière d'exorcisme: ce sont les paroles mêmes de Jésus, paroles de libération, de l'unique Libérateur et Sauveur du monde. Il ne suffit pas de la réciter machinalement; mais il faut croire de toutes ses forces en la puissance libératrice de la prière de Jésus !
"[...] Souvent, un Pater prié avec foi se révèle bien plus efficace que de nombreuses et longues prières de délivrance !" [58]
Terrassé par un attaque d'apoplexie, Saint François de Sales mourut à Lyon le 28 décembre 1622, le jour des saints Innocents. Avant sa mort, il eut la joie de voir douze monastère de la Visitation se crééer et prospérer : Lyon, en 1615; Moulins, en 1616; Grenoble et Bourges, en 1618; Paris, en 1619; Montferrand, Nevers et Orléans, en 1620; Dijon, Bellay et Saint-Étienne en 1622. [59]
Alité, malade, quelques heures avant sa mort, saint François de Sales reçut la visite du vicaire général de Lyon, Ménard, qui l'interrogea alors : "Eh ! Monseigneur, que pensez-vous de la foi catholique ? Ne seriez-vous point huguenot ?... Oh ! Oh ! répondit François, Dieu m'en garde !" Puis, un religieux lui demanda : "Eh ! quoi, Monseigneur, vous voulez donc laisser vos filles de la Visitation orphelines ?" François lui répondit : "Celui qui a commencé, parfera, parfera, parfera [y pourvoiera]. [60] Alors qu'on le portait sur son lit, Mgr de Sales dit : Il se fait fait tard et le jour baisse... Jésus Maria !" Son agonie dura deux heures, sans qu'il prononce d'autres paroles et il rendit l'âme sur les huit heures du soir. Il était âgé de cinquante-cinq ans, quatre mois et sept jours, et était évêque-prince de Genève depuis vingt ans et vingt jours."
Le 24 janvier 1623, ses restes ont été transportés à Annecy et portés à la vénération des fidèles dans la basilique de la Visitation où l'on signale des guérisons miraculeuses; par la suite, le docteur de l'Église fut enterré dans l'édifice sacré qui porte son nom dans le centre-ville. Son coeur est toujours incorrompu, il est vénéré à Trévise dans le Monastère de la Visitation. [61]
"Selon de très nombreux témoignages il semble que saint François de Sales ait accompli plus de miracles après sa mort que durant sa vie terrestre. On a relevé, en effet, une telle profusion de miracles survenus devant son tombeau, qu'il n'a jamais été possible de tous les connaître ni de les comptabiliser !" [62]
Un premier miracle
Le vendredi 28 avril 1623, une fillette de huit ans (Françoise-Angélique de la Pesse) qui tentait de cueillir des fleurs sur une rive du Thieu (affluent du Lac d'Annecy), glissa et tomba dans l'eau, le courant l'emporta. Un certain Jean-Louis Daurillac, après plusieurs plongées, finit par remonter le petit corps et le déposa sur la rive. Un seul cri s'éleva alors des spectateurs atterrés : "Elle est morte ! ". Seule la mère invoqua François de Sales : Sa fille ! ... Il lui rendra sa fille !... Étant resté près de trois heures dans le fond de la rivière, le pauvre petit corps est froid. Un docteur (le docteur Grandis) l'examine et déclare que la fillette est morte. Il la recouvre d'un drap. Or, alors que des amies de la mère éplorée soulèvent ce drap pour dire un dernier adieu à Françoise-Angélique, l'enfant ouvre les yeux et joint les mains. "J'ai bien dormi", dit-elle. Miracle ! Miracle ! , s'écrient les dames; à ces cris, Mme de la Pesse accourt, enlace sa fille en éclatant en sanglots, alors que l'enfant s'étonne "que dans la maison on rie et pleure à la fois". Bientôt, a écrit la mère de Chaugy, les miracles que le Tout-Puissant opérait par l'intercession de son serviteur furent "si fréquents qu'on avait peine d'en tenir le compte". [63]
François disait :
Je fais le signe puissant de la croix. Par ce signe puissant j'enchaîne le démon, je disperse toute terreur.
Le procès en béatification de François de Sales est ouvert par le Saint-Siège dès 1626. Il est déclaré bienheureux en 1661, saint en 1665, et est fêté le 24 janvier.
Il est élevé à la dignité de Docteur de l'Église par le pape Pie IX, en 1877.
À l'occasion du 400e anniversaire de la naissance de S. François de Sales, dans sa lettre Sabaudiae Gemma, Paul VI affirma que S. François de Sales fut "l'une des plus grandes figures de l'Église et de l'Histoire", "le protecteur des journalistes et des publicistes parce qu'il rédigea lui-même une première publication périodique. Nous pouvons qualifier d''œcuménique' ce saint qui écrivit les controverses afin de raisonner clairement et aimablement avec les calvinistes de son temps. Il fut un maître de spiritualité qui enseigna la perfection chrétienne pour tous les états de vie. Il fut sous ces aspects un précurseur du IIe concile œcuménique du Vatican. Ses grands idéaux sont toujours d'actualité." (Lettre apostolique Sabaudiae Gemma, 29 janvier 1967).
À l’occasion des 400 ans de l’ordination épiscopale de saint François de Sales, Jean-Paul II rappela que "celui que le roi Henri IV appelait de manière élogieuse 'le phénix des Évêques', parce que, disait-il, 'c’est un oiseau rare sur la terre', après avoir renoncé aux fastes de Paris et aux propositions du roi de lui donner un siège épiscopal de renom, devint le pasteur et l’évangélisateur inlassable de sa terre savoyarde, qu’il aimait par-dessus tout, car, avouait-il, 'je suis Savoyard de toutes façons, de naissance et d’obligation'.
Docteur de l’amour divin, François de Sales n’eut de cesse que les fidèles accueillent l’amour de Dieu, pour en vivre en plénitude, tournant leur cœur vers Dieu et s’unissant à Lui (cf. Traité de l’amour de Dieu: Œuvres complètes, IV, p. 40 ss). C’est ainsi que, sous sa conduite, de nombreux chrétiens marchèrent dans la voie de la sainteté; il leur montra que tous sont appelés à vivre une intense vie spirituelle, quelles que soient leur situation et leur profession, car "l’Église est un jardin diapré de fleurs infinies, il y en faut donc de diverses grandeurs, de diverses couleurs, de diverses odeurs, et, en somme, de différentes perfections. Que toutes ont leur prix, leur grâce et leur émail, et toutes, en l’assemblage de leurs variétés, font une très agréable perfection de beauté" (Traité de l’amour de Dieu: Œuvres complètes, IV, p. 111).
La perfection consiste à être conforme au Fils de Dieu, en se laissant conduire par l’Esprit Saint, dans une parfaite obéissance (cf. Traité de l’amour de Dieu: Œuvres complètes, XI, 15, V, pp. 291 ss): "Le parfait abandon entre les mains du Père céleste et la parfaite indifférence en ce qui regarde la divine volonté sont la quintessence de la vie spirituelle […]. Tout le retard dans notre perfection provient seulement du manque d’abandon, et il est sûrement vrai qu’il convient de commencer, de continuer et d’achever la vie spirituelle à partir de là, à l’imitation du Sauveur qui a réalisé cela avec une extraordinaire perfection, au début, durant et à la fin de sa vie" (Sermon pour le Vendredi Saint, 1622: Œuvres complètes, X, p. 389)."
Dans cette lettre, Jean-Paul II invitait "les pasteurs et les fidèles à se laisser enseigner par son exemple et par ses écrits, qui demeurent d'une grande actualité". (Zenit.org)
Vierge à l'Enfant avec saint François de Sales, Carlo Maratta, 1691, Forli, Pinacoteca Civica, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 57.
Citons quelques paroles de François lui-même :
"Soyez, disait-il, le plus doux que vous pourrez, et souvenez-vous que l'on prend plus de mouches avec une cuillerée de miel qu'avec cent barils de vinaigre. S'il faut donner en quelque excès, que ce soit du côté de la douceur."
"Je le veux tant aimer, ce cher prochain, je le veux tant aimer ! Il a plu à Dieu de faire ainsi mon cœur ! Oh ! Quand est-ce que nous serons tout détrempés en douceur et en charité !"
"Ayons toujours les yeux sur Jésus crucifié ; marchons à son service avec confiance, simplicité et sagesse. Il sera le protecteur de notre réputation, et s'il permet qu'elle nous soit enlevée, ce sera pour que nous jouissions de sa sainte humilité."
"Comme le dit le Docteur angélique, le meilleur moyen pour aimer Dieu, c'est de connaître ses bienfaits. (...) Si nous nous rappelons ce que nous avons fait lorsque Dieu n'était pas avec nous, nous devrons bien reconnaître que ce que nous faisons quand il est avec nous ne vient pas de nous."
"Ne cherchez pas à vouloir opposer la vertu contraire à la tentation que vous éprouvez, car ce serait encore discuter avec elle. Dirigez plutôt votre coeur vers Jésus-Christ, et dans un élan d'amour embrassez ses pieds sacrés. C'est le meilleur moyen de vaincre l'ennemi, aussi bien dans les grandes que dans les petites tentations."
"L'un des meilleurs usages que nous puissions faire de la douceur, c'est de l'appliquer à nous-mêmes, en ne nous étonnant jamais de nos imperfections. (....) Il faut pourtant nous garder de toute aigreur, de tout dépit, de toute colère. Il en est beaucoup qui pour s'être trop énervés, s'énervent encore d'avoir été énervés, ont du dépit d'en avoir eu, sont en colère de l'avoir été. Par là ils tiennent leurs coeurs dans un mécontentement permanent. (...) Ainsi lorsque notre coeur aura commis quelque faute, reprenons-le avec douceur et patience, avec plus de compassion que de passion, en l'encourageant à se réformer. Le repentir qu'il en concevra sera bien plus profond."
"Il nous faut garder une continuelle et inaltérable égalité de coeur."
"Pour recevoir la grâce de Dieu en nos coeurs, il faut qu'ils soient vides de notre propre gloire. (...) Ainsi l'humilité repousse Satan. Elle nous fait garder les grâces et les dons du Saint-Esprit. C'est la raison pour laquelle Notre-Seigneur, Sa Mère et tous les saints, entre toutes les vertus morales, ont aimé et honoré l'humilité plus que toutes les autres."
"Ne vous permettez jamais de vous mettre en colère ; n'ouvrez jamais la porte de votre cœur à cette passion sous quelque prétexte que ce soit."
"On fait toujours assez vite ce qu'on fait bien. Les bourdons font toujours plus de bruit et sont plus pressés que les abeilles, mais ils ne font que de la cire et pas de miel ; de même ceux qui se pressent avec une inquiétude ardente et une sollicitude bruyante, ne font jamais ni beaucoup ni bien."
PRATIQUE. Soyez doux : un zèle amer ne produit que du mal.
Soyez en paix.
N’attendez pas avec peur les changements de la vie ;
regardez-les plutôt avec l'espoir qu'à mesure qu'ils se présenteront,
Dieu, à qui vous appartenez, vous guidera en toute sécurité à travers toutes choses ; et quand vous ne pourrez pas le supporter, Dieu vous portera dans ses bras.
Ne craignez pas ce qui peut arriver demain ; le même Père compréhensif qui prend soin de vous aujourd’hui prendra soin de vous alors et chaque jour.
Soit il vous protégera de la souffrance, soit il vous donnera une force sans faille pour la supporter. Soyez en paix et mettez de côté toutes pensées et imaginations anxieuses.
St François De Sales
Sources :
(1) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. 29 ; (2) L'Evangile au quotidien ; (3) Jean-Christian PETITFILS, Louis XIII, Perrin, Lonrai 2008, p. 264 ; (4) Wikipedia ; (5) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, François-Xavier de Guibert, Paris 2013, p. 18-21 ; (6) Aimé RICHARDT, Calvin, François-Xavier de Guibert, Clamecy 2009, p. 76-78 ; (7) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 15 et 21 ; (8) RUCHAT, t. VI, p. 334 ; (9) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 76 ; (10) Jean SÉVILLIA, Historiquement correct, Pour en finir avec le passé unique, Perrin, Saint-Amand-Montrond 2003, p. 104 ; (11) Bartolomé BENNASSAR, Jean JACQUART, Le XVIe siècle, Armand Colin Poche, Paris 2013, p. 154-158 ; (12) Pierre GAXOTTE, de l'Académie française, Histoire des Français, Flammarion, Saint-Amand, 1972, p. 374; 377 ; (13) Aimé RICHARDT, Calvin, ibid., p. 91 ; (14) Dimitri MEREJKOVSKI, Calvin, Traduit du russe par Constantin Andronikoff, Nrf, Gallimard, Paris 1942, p. 19; 91-92; 113; 117- 118; 124-125 ; (15) Aimé RICHARDT, Calvin, ibid., p. 8; 223-234 ; (16) Yves-Marie ADELINE, Histoire mondial edes idées politiques, Ellipses, Paris 2007, p. 254 ; (17) Aimé RICHARDT, Calvin, ibid., p. 102-103 ; (18) Jean DUMONT, L'Église au risque de l'histoire, préface de Pierre CHAUNU de l'Institut, Éditions de Paris, 2002, p. 579 ; (19) Dimitri MEREJKOVSKI, Calvin, ibid, p. 118;157-158; 167; 176 ; (20) Aimé RICHARDT, Calvin, ibid., p. 180-181 ; (21) François ANGELIER, Saint François de Sales, Pygmalion, Paris, 1997, p. 100, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 23 ; (22) Oeuvres, t. VII, p. 73, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 131 ; (23) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 52-53 ; (24) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 206 ; (25) Cité in Charles-Auguste DE SALES, Histoire du Bienheureux François de Sales, Lyon 1634, p. 81, cité in Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 79 ; (26) Mgr TROCHU, Saint François de Sales, Lyon, 1955, p. 324, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 82 ; (27) Cité par André RAVIER, François de Sales, Nouvelle Cité, 2009, p. 77 ; (28) Mgr TROCHU, ibid., p. 333 ; (29) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 84 ; (30) Cité par Mgr TROCHU, Vie de Saint François de Sales, ibid., p. 372, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 90 ; (31) Mgr TROCHU, ibib, p. 393, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 92 ; (32) Samuel Pruvot, Nos Ancêtres les Saints, Petite histoire de la France missionnaire, Cerf, Paris 2017, p. 90-91 ; (33) Dom Jean de Saint-François, La Vie du bienheureux Messire François de Sales, 1624, p. 90, cité in, Aimé RICHARDT, ibid., p. 95 ; (34) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 95 ; (35) Charles-Auguste de SALES, ibid., p. 128, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 99 ; (36) Selon Aimé Richardt, qui rapporte cette discussion (p. 101-102), "on connaît l'essentiel des propos échangés par les deux hommes grâce surtout aux relations de Charles-Auguste de SALES, ibid., p. 130-134 ; (37) d'après Mgr Francis TROCHU, Vie de Saint François de Sales, t. 1, p. 462-465, Dominicains d'Avrillé ; (38) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 102 ; (39) Jean GUIRAUD, Histoire partiale, Histoire vraie, tome II, Moyen-Âge, Renaissance, Réfome, Quatrième édition, Gabriel Beauchesnes & Cie Éditeurs, Paris 1912 ; (40) Dimitri MEREJKOVSKI, Calvin, ibid., p. 153-154 ; (41) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 103 ; (42) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 215-216 ; (43) Mgr PICARD, La Mission de Saint François de Sales en Chablay, p. 86, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., 85 ; (44) Les Controverses, édition d'Annecy, p. 21-27, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 87 ; (45) DANIEL-ROPS, Histoire de l'Eglise du Christ, tome VI, La Réforme catholique, Librairie Arthème Fayard, Éditions Bernard Grasset, Paris 1965, p. 357-358 ; (46) Marguerite & Roger Isnard, Nouvel almanach du Comté de Nice, Serre Éditeur, 2006, p. 31 ; (47) DANIEL-ROPS, Histoire de l'Eglise du Christ, tome VI, ibid., p. 324 ; (48) S. François de Sales, cité par André RAVIER, op. cit., p. 183, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 175 ; (49) Mère de CHAUGY, 2e Procès, t. IV, p. 791, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 186 ; (50) Des Premiers Martyrs à nos jours, Saints et Saintes de France, Hatier, Renens, 1988, p. 79 ; (51) Jean-Christian PETITFILS, ibib., p. 150 ; (52) Oeuvres, op. cit., t. XIII, p. 237, cité in, A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 143 ; (53) Mgr Paul GUERIN, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Editions D.F.T., Argenté-sur-Plessis 2003, p. 61 ; (54) Patrick SBALCHIERO, Enquête sur les miracles dans l'Eglise catholique, Artège, Paris 2019, p. 261 ; (55) Mgr TROCHU, op. cit., t. II, p. 471, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 197 ; (56) Abbé EDOUARD, cité dans Gilles JEANGUENIN, Saint François de Sales, Son Combat contre le démon, Éditions de l'Émmanuel, Dijon 2009, p. 36 ; (57) Gilles JEANGUENIN, Saint François de Sales, Son Combat contre le démon, ibid.,, p. 22-23 ; (58) Gilles JEANGUENIN, Saint François de Sales, Son Combat contre le démon, ibid., p. 100-101; et 113 ; (59) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 196 ; (60) Charles-Auguste de SALES, op. cit., p. 576, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 231 ; (61) Un évêque modèle : Saint François de Sales, Corrispondenza Romana ; (62) Gilles JEANGUENIN, Saint François de Sales, Son Combat contre le démon, ibid., p. 102 ; (63) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, ibid., p. 234.
Le projet d'annulation de la messe tridentine est "une insulte à l'histoire de l'Église". Benoît XVI rappelait déjà que "le Concile Vatican I n'a pas du tout défini le Pape comme un monarque absolu". Non à l'indifférentisme : "Celui qui, hors des frontières visibles du christianisme, parvient au salut, y parvient toujours et seulement par les mérites du Christ sur la Croix et non sans une certaine médiation de l'Église". Les mots du Cardinal Robert Sarah lors de la présentation de son livre Does God Exist ?, organisée par La Bussola Quotidiana
La présentation du dernier livre du cardinal Robert Sarah, Dieu existe-t-il ? Le cri de l'homme qui demande le salut (Cantagalli), dans lequel le préfet émérite de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements répond à une série de questions sur l'existence et la présence de Dieu dans nos vies.
L'événement était organisé par La Nuova Bussola Quotidiana et La Bussola Mensile. Nous publions ci-dessous de longs extraits de la lectio prononcée à cette occasion par Sarah (cliquez ici pour lire le discours complet )
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La prière est un regard silencieux, contemplatif et amoureux vers Dieu. La prière, c'est regarder Dieu et laisser Dieu nous regarder. C'est ce que nous enseigne le paysan d'Ars. Le Curé d'Ars, étonné de le voir régulièrement et chaque jour à genoux et en silence devant le Saint-Sacrement, lui demande : "Mon ami, que fais-tu ici ?" Et il répondit: "Je l'avise et il m'avise!".
Le cardinal Ratzinger de l'époque, dans l'homélie de la Missa pro eligendo Romano Pontifice , disait : "Avoir une foi claire, selon le Credo de l'Église, est souvent qualifié de fondamentalisme. Tandis que le relativisme, c'est-à-dire se laisser emporter 'çà et là par n'importe quel vent de doctrine', apparaît comme la seule attitude qui soit d'actualité à l'époque d'aujourd'hui. Une dictature du relativisme est en train de s'établir, qui ne reconnaît rien comme définitif et qui ne laisse comme mesure ultime que soi-même et ses désirs. Mais nous avons une autre mesure : le Fils de Dieu, le véritable homme. Il est la mesure du véritable humanisme. Être "adulte" ce n'est pas avoir une foi qui suit les vagues de la mode et les dernières nouvelles ; être adulte et mûr c'est avoir une foi profondément enracinée dans l’amitié avec le Christ." Comme ce texte du cardinal Joseph Ratzinger est d’une actualité dramatique !
La tâche la plus urgente est de retrouver le sens de l'adoration et de la prosternation avec foi et émerveillement devant le mystère de Dieu ! Comme les mages qui "se prosternaient et l'adoraient". La perte de la valeur religieuse de l’agenouillement et du sens de l’adoration de Dieu est la source de tous les incendies et de toutes les crises qui secouent le monde et l’Église, de l’inquiétude et du mécontentement que nous voyons dans notre société. Nous avons besoin de fidèles ! Le monde se meurt parce qu’il manque de fidèles ! L'Église est asséchée par le manque de fidèles. C'est le lieu premier et privilégié du dialogue avec Dieu : le Tabernacle, sa présence parmi nous.
Pour la même raison, la Sainte Messe est comme un rendez-vous nécessaire et vital avec le Christ. L'Eucharistie est la source de la mission de l'Église ; des célébrations sacrées et belles pour la gloire de Dieu et la sanctification du peuple sont fondamentales pour favoriser la confiance en Lui, cette intimité divine à laquelle aspire notre existence. C'est aussi pour cette raison que la Sainte Messe, célébrée dans les langues nationales ne doit jamais perdre le sens du sacré et ne jamais trahir la parole du Seigneur Jésus. La Sainte Messe n'est pas une assemblée sociale pour nous célébrer et célébrer nos œuvres, elle ne l'est pas une exposition culturelle, mais le souvenir de la mort et de la résurrection du Seigneur que, depuis des siècles, l'Église a toujours célébrée. (…)
Nous sommes infiniment plus bénis que le prophète Isaïe : il a imploré Dieu de déchirer les cieux et de descendre (voir Is 63,19), nous le contemplons parmi nous. Le roi David s'est demandé où attendre l'aide (voir Ps 121), nous savons que notre aide est dans le Seigneur Jésus. Toute la tradition de l'Église enseigne que Jésus de Nazareth, Seigneur et Christ, est l'unique sauveur de l'homme, et cela en personne d’autre il n’y a de salut. Ceux qui, en dehors des frontières visibles du christianisme, parviennent toujours et seulement au salut, par les mérites du Christ sur la Croix, et non sans une certaine médiation de l'Église.
Ces vérités centrales de la foi chrétienne ont été réitérées récemment (parce qu'il y avait évidemment un besoin) par deux documents fondamentaux : l'Encyclique Redemptor Hominis, de mars 1978, de saint Jean-Paul II et la Déclaration Dominus Iesus, de l'année jubilaire 2000.
Ce sont deux documents fondamentaux du magistère de l'Église : le premier est celui par lequel saint Jean-Paul II a ouvert son pontificat, y engageant toute sa propre crédibilité et celle de l'Église - presque le programme du pontificat - et résumant ce que l'Église elle-même a mûri au fil des siècles, comme conscience de soi et de sa tâche ; l'autre, émis par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de l'époque, présidée par le Card. Ratzinger, avec l'approbation particulière de saint Jean-Paul II, représente le fondement du dialogue œcuménique, en vérité, car sans vérité il ne peut y avoir de dialogue. (…)
L'Église catholique est "le lieu où toutes les vérités se rencontrent", écrivait il y a près de cent ans le grand Chesterton, découvrant que la religion la plus ancienne s'avère étonnamment être la plus récente, plus nouvelle même que les soi-disant nouvelles religions - comme le protestantisme, le socialisme ou le spiritualisme - parce que, contrairement à elles, la tradition et la vérité catholiques ont conservé leur validité intacte pendant deux mille ans. La réponse à toutes les questions que tout homme se pose se trouve dans le christianisme, la seule réponse possible à cette aspiration au Vrai, au Bien, au Beau, au Juste, qui vit dans le cœur de chacun de nous, est le Christ. (…)
Après avoir abandonné Dieu, s’est imposée la conviction que le libéralisme moral conduit au progrès de la civilisation. Au contraire, l'observation de la réalité met en évidence combien ce prétendu progrès est en réalité une décadence morale et anthropologique, une nouvelle forme de paganismequi a désacralisé l'homme et ses relations : il prétend même établir qui a le droit de vivre, et le pire est que les plus vulnérables en portent le poids : l'homme dans le ventre de sa mère, les personnes âgées, les handicapés, et finalement tous les abandonnés, sont convaincus d'être un fardeau pour la société, pour leurs amis et même pour leur propre famille.
L'Église, viscéralement soucieuse de sauver l'homme intégral dans son corps et son âme, a toujours eu pour priorité l'évangélisation, l'éducation par l'école et la santé humaine en ouvrant des dispensaires et des hôpitaux. Dans cette défense de l'homme, du caractère sacré de sa vie, nous ne pouvons permettre aux puissances de ce monde, qui s'expriment en tant que gouvernements nationaux ou supranationaux (pensez à l'ONU et à ses branches ; aux pactes de défense militaire qui deviennent alors offensants) de dicter programmes utilitaires et inhumains. Nous nous méfions de la nouvelle éthique mondialiste promue par l’ONU ; Méfions-nous de l'idéologie du genre ! (…)
Dans la tempête une certaine foi
Pourquoi vouloir changer de nature ? Pourquoi la violer en la manipulant ? Pourquoi vouloir changer de sexe en mutilant inutilement un corps créé, voulu, par Dieu ? Nous ne devons pas nous mutiler pour nous réaliser selon nos sentiments ou nos tendances, différemment de ce que Dieu a fait de nous. Il nous a créés à son imageet ressemblance, homme et femme, il nous a créés (voir Genèse 1:27). Nous nous détruisons si nous voulons nier ou refuser d'être nés hommes et femmes, en décidant de mutiler notre nature d'homme ou de femme. Au contraire, nous devons entrer dans une logique d'accueil de la nature, de notre propre nature, comme un don, comme un don gratuit du Créateur qui nous révèle un fragment de sa sagesse infinie. (…)
L'Eucharistie est le sacrement le plus vital. C'est la vie de notre vie. Le cadeau le plus précieux dont nous avons hérité. Et un héritage se conserve, il ne peut se dissiper !
"Dans l'histoire de la liturgie, il y a croissance et progrès, mais pas de rupture. Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste sacré et grand pour nous aussi et ne peut pas être soudainement complètement interdit ni même jugé nuisible. Il nous fait du bien à tous de préserver les richesses qui ont grandi dans la foi et la prière de l'Église et de leur donner la place qui leur revient" (Benoît XVI).
Pour cette raison, même le fait d'envisager d'annuler définitivement la messe tridentine traditionnelle, c'est-à-dire un rite qui remonte à saint Grégoire le Grand, une liturgie vieille de 1600 ans, une messe qui a créé de nombreux saints et qui a été célébrée par de nombreux saints : saint Padre Pio, saint Philippe Néri, saint Jean-Marie Vianney (curé d'Ars), saint François de Sales, saint Josémaria Escrivá, etc. Et cela remonte au pape Grégoire le Grand (590-604) et aussi au pape saint Damase (366-384). Ce projet, s'il est réel, me semble être une insulte à l'histoire de l'Église et à la Sainte Tradition, un projet diabolique qui voudrait rompre avec l'Église du Christ, des Apôtres et des Saints.
Le Pape Benoît XVI rappelle que "le Concile Vatican I n'a pas du tout défini le Pape comme un monarque absolu, mais au contraire comme un garant de l'obéissance à la Parole transmise : son autorité est liée à la tradition de la foi : cela est également vrai dans le contexte de la liturgie. Elle n'est pas 'fabriquée' par un appareil bureaucratique. Même le Pape ne peut être qu'un humble serviteur de son juste développement et de son intégrité et de son identité permanentes... L'autorité du Pape n'est pas illimitée ; elle est au service de la Tradition Sacrée."
En Algérie, toutes les églises protestantes sont désormais fermées, a pointé l'ONG Portes ouvertes dans son index mondial 2025 publié ce mercredi.
Le constat est sans appel. Si quatre demeuraient encore ouvertes en mai dernier, toutes les églises protestantes évangéliques en Algérie sont désormais fermées. Des églises fréquentées majoritairement par des Algériens convertis, une situation que dénonce l’association Portes ouvertes.
Dans son dernier rapport mondial sur la persécution des chrétiens, publié ce mercredi, l'ONG évoque un tour de vis très sévère des autorités algériennes qui ne tolèrent plus les conversions au christianisme.
En effet, le 2 mai dernier, la Cour d'Appel de Tizi Ouzou a confirmé la condamnation du pasteur Youssef Ourahmane, vice-président de l’Église Protestante d’Algérie à 1 an de prison ferme pour «célébration d'un culte non autorisé» dans un «édifice non permis à cet effet», pour avoir organiser une retraite spirituelle sur un site abritant une chapelle fermée par les autorités.
La «fin d'une exception» dans la région
Selon la Constitution, les non-musulmans ne peuvent accéder aux plus hauts niveaux du gouvernement. L’ordonnance 06-03 datant de 2006, interdit les cultes non-musulmans en dehors de bâtiments préalablement agréés et criminalise tout ce qui pourrait «ébranler la foi d’un musulman». A noter que les quatre diocèses catholiques d’Algérie bénéficient de la liberté de culte.
Aujourd’hui, le pays compte plus de 60.000 chrétiens évangéliques et 42.900 pentecôtistes. Les convertis doivent désormais pratiquer leur foi clandestinement. Selon le rapport, une vingtaine de chrétiens convertis sont actuellement aux prises avec la justice.
«En Algérie, plus aucune liberté de culte n’est possible pour les protestants, les 47 églises qui existaient ne peuvent plus fonctionner. C’est la fin d’une exception dans la région, ce pays étant le seul où des locaux, en majorité des convertis, se réunissaient jusqu’alors en toute liberté», a souligné l'ONG lors d'un point presse mardi.
A l’échelle mondiale, la persécution des chrétiens a augmenté de 25% ces dix dernières années, passant de 215 millions de victimes, à plus de 380 aujourd'hui. Un chrétien sur sept serait ainsi persécuté dans le monde.
Né vers 436 à Laon dans l'actuel département département de l'Aisne (Hauts-de-France), forteresse imprenable construite par les Romains et ancien promontoire sacré des druides (Laudunum ou Lugdunum, provenant du dieu Lau ou Lug, divinité celtique du Vème siècle avant J.C), Rémi illustre l'église des Gaules par son savoir, son éloquence, sa sainteté et ses miracles.
L'histoire de sainte Clotildenous a appris comment le roi des Francs, Clovis, son époux, se tourna vers le Dieu des chrétiens à labataille de Tolbiac, et remporta la victoire. Ce fut saint Rémi, né en 438 àCerny-en-Laonnois, près deLaon, du comte Émile de Laon (Emilius) et desainte Céline (Célinie), dans la bonne société gallo-romaine, qui acheva d'instruire le prince.
Selon la tradition, ce qui rendait les parents de Rémi surtout recommandables, c'était leur zèle pour la pratique des vertus chrétiennes. Ils furent très attentifs au choix de ceux qu'ils chargèrent de l'éducation de leur fils; aussi Dieu bénit leurs soins, et, dès l'âge de vingt-deux ans, Rémi s'était acquis une telle réputation de science et de vertu, qu'on crut pouvoir passer par-dessus les règles ordinaires en l'élevant - malgré sa jeunesse - sur le siège de Reims, à vingt-deux ans. Un épiscopat de soixante-dix ans, et une suite non interrompue de grandes actions ont rendu son nom célèbre ! Évêque de Reims, Rémi géra avec application son diocèse, mettant en application ce qu'il prêchait dès 486 à Clovis, secourant les pauvres et les pèlerins, protégeant les veuves, nourrissant les orphelins, rachetant les captifs, affranchissant de nombreux esclaves, et jouant un rôle de médiateur auprès des barbares.
Par exemple, dans la célèbre lettre qu'il adresse à Clovis en 482, lors de l'accession au pouvoir du roi à la mort de son père Childéric, Rémi recommande :
Une grande nouvelle est venue jusqu'à nous : vous avez hérité du gouvernement de la Belgique seconde. Rien d'étonnant à ce que tu sois à tes débuts ce que tes parents ont toujours été. À ce poste dominant, et si élevé, où t'a porté ton mérite et ton active humilité. Tu dois avant tout veiller à ce que le Seigneur ne te retire pas sa faveur.
[...] Soulage les habitants de ta province, réconforte les affligés, veille sur les veuves, nourris les orphelins - fais mieux, instruis-les -.
[...] Que ton Palais reste ouvert à tous, pour que personne ne s'afflige d'être tenu à l'écart. Tu détiens de ton père quelque richesses : tu t'en serviras pour délivrer les captifs et les délier du joug de la servitude. Que celui qui paraît devant vous ne se sente pas étranger.
M.C. ISAÏA, Rémi de Reims, Mémoire d'un saint, histoire d'une église, Cerf, Paris 2010, p. 777.
L'histoire du retour desvases sacrés (vases de Soissons), sans doute des vases de Reims, qui avaient été volés puis rendus à Rémi, témoigne des bonnes relations qui existaient entre lui et le roi Clovis.
Le baptême de Clovis
La nuit avant son baptême, Rémi alla chercher le roi, la reine et leur suite dans le palais; il les conduisit à l'église, où il leur fit un éloquent discours sur les grands mystères de la religion chrétienne et la vanité des faux dieux. Le Saintprédità Clovis et à Clotilde les grandeurs futures des rois de France, s'ils restaient fidèles à Dieu et à l'Église.(Cf.Testament de S. Remi)
Quand fut venu le moment du baptême le25 décembre496, avec 3.000 de ses guerriers francs, Rémi dit au roi :
"Courbe la tête, fier Sicambre ; adore ce que tu as brûlé, et brûle ce que tu as adoré."
Au moment de faire l'onction du Saint Chrême, le pontife, s'apercevant que l'huile manquait, leva les yeux au Ciel et pria Dieu d'y pourvoir. Tout à coup, un ange descendit d'en haut, portant une fiole pleine d'un baume miraculeux ; le saint prélat la prit, et fit l'onction sur le front du prince. Cette fiole, appelée dans l'histoire la "sainte Ampoule", exista jusqu'en 1793, époque où elle fut brisée par les révolutionnaires.
Outre l'onction du baptême, saint Rémi avait conféré au roi Clovis l'onction royale. Deux sœurs du roi, trois mille seigneurs, une foule de soldats, de femmes et d'enfants furent baptisés le même jour.
Rémi envoya ce message à Clovis :
Secourez les malheureux, protégez les veuves, nourrisez les orphelins... Que votre tribunal reste ouvert à tous et que personne n'en sorte triste ! Toutes les richesses de vos ancêtres, vous les emploierez à la libération des captifs et au rachat des esclaves. Admis en votre palais, que nul ne s'y sente étranger ! Plaisantez avec les jeunes, délibérez avec les vieillards !
Missel du Dimanche 2019, Nouvelle traduction liturgique, Année C, Artège Bayard, Lonrai 2018, p. 157-158.
Le saint évêque aurait rendu la vue à deux aveugles, conjuré d'un seul geste de sa main un incendie allumé par les démons et qui menaçait d'embraser toute la ville de Reims.
Sa sollicitude allait aux plus humbles créatures de Dieu, tels ces moineaux qui venaient familièrement picorer dans sa main les miettes de son repas.
Saint Rémi s'éteignit, âgé de quatre-vingt-seize ans, l'an 533. La basilique rémoise où il fut enseveli passa dès le milieu du VIe siècle sous son vocable. Dès lors Rémi fut vénéré comme principal patron de la ville de Reims : en 546, les habitants, pour écarter une épidémie de peste venant de Germanie, avaient porté en procession la pièce de tissu (palla) recouvrant le tombeau du saint évêque. Sa réputation de thaumaturge assura le développement de son culte dans les régions voisines, en Lorraine, où le village natal de Jeanne d'Arc porte son nom (Domrémy), et en Alsace (Eschau), mais aussi en Provence (Saint-Rémi-de-Provence) et dans les régions alpestres du Trentin, du Tyrol et de la Bavière. Une première Vie de Saint Rémi fut rédigée peu après sa mort. Avant que cette biographie primitive disparût - ce qui advint très tôt -, Grégoire de Tours put s'en inspirer dans les chapitres de son Histoire des Francs.
Dans le diocèse de Reims, il est fêté le 1er octobre conformément à une tradition locale qui remonte à la fin du VIe siècle.
Tombeau de Saint Remi dans la basilique Saint Remi à Reims (Marne - Champagne-Ardennes)
En mémoire du baptême de Clovis, les évêques de Reims ont été depuis en possession d'un droit de sacrer les rois de France.
Sources : (1) (2),(3) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. 276; (4) Dictionnaire des saints et Grands témoins du christianisme, Sous la direction de Jean-Robert ARMOGATHE et André VAUCHEZ, CNRS Éditions, Paris 2019, p. 1022-1026.
Parce que le religare(du latin relier, ce qui relie à Dieu et à son prochain. Ndlr.) vous inonde et vous façonne la FORCE INTERNE (seule capable de résister et de vaincre).
Et ce système ne s’intéresse qu’aux marionnettes pusillanimes et déconnectées de Dieu.
Si quelqu’un veut vraiment libérer son peuple des griffes du Léviathan – le démon marin dont le système est la "démocratie" -, il doit le faire les pieds sur terre et les yeux tournés vers le ciel. Une créature a besoin d'un pouvoir surnaturel et divin pour vaincre le monstre surnaturel.
Le religieux donne à l'esprit humain la liberté intérieure de choisir (le libre arbitre), ce qui pour le Leviathanet son monde de liberté (sans Dieu) et d'égalité (sans l'homme) est le mal absolu à combattre . D'où son insistance sans relâche à dire que "le religieux (ce qui relieà Dieu et à l'homme, c'est-à-dire l'amour, par la Croix de Notre Seigneur qui a vaincu le mal. Ndlr.), c'est le mal".