« Je recommande à mon fils s’il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, [...] qu’il ne peut faire le bonheur des Peuples qu’en régnant suivant les Lois, mais en même temps qu’un Roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire, et qu’autrement étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile. » (Testament de Louis XVI)
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Qui les verra pourra reconnaître la descendance bénie du Seigneur.
Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu. Car il m’a vêtue des vêtements du salut, il m’a couverte du manteau de la justice, comme le jeune marié orné du diadème, la jeune mariée que parent ses joyaux.
"Voici que je fais toutes choses nouvelles" (Ap 21,5)
C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous).
L'immaculée conception de Marie estun dogme de l'Eglise catholique, défini le 8 décembre 1854 par le pape Pie IX dans sa bulle Ineffabilis Deus, selon le quel la Vierge Marie a été conçue sans le péché originel.
Marie, mère de Jésus-Christ, fut conçue exempte du péché originel. Ce privilège accordé à la Sainte Vierge avait été prédit et figuré dès l'origine du monde dans les prophéties universelles d'une Vierge Mère d'un Sauveur, les prophéties druidiques en particulier en France, du collège national de la forêt des Carnutes sous l'appellation de "la Vierge qui enfantera".
En Gaule, la croyance des Carnutes en la Vierge-Mère était propre à annoncer le mystère de l'Incarnation. Le sanctuaire de la "Virgo paritura" se trouve sur le site de l'actuelle cathédrale de Notre-Dame de Chartres. Les sanctuaires d'"Anna" sont devenus ceux de sainte Anne (la mère de Marie), aïeule elle aussi, mais du vrai Dieu..., et que les Bretons nomment toujours "Mamm Goz", grand-mère !
Par Son Immaculée Conception, Marie devait écraser la tête du serpent qui a introduit le péché originel sur la terre.La foi à l'Immaculée Conceptionestimmémoriale dans l'Église ; toutefois la proclamation officielle, définitive et infaillible de ce dogme ne date que du 8 décembre 1854, époque où le pape Pie IX, dans la Bulle Ineffabilis Deus, imposa cette croyance à tous les fidèles (magistère infaillible). Une immense acclamation de joie fit écho dans tout l'univers à la parole du Pontife, et le Ciel lui-même donna son témoignage quatre ans plus tard.
L'apparition de Lourdes eut lieu au commencement de l'année 1858; Marie venait dire au monde : "Je suis l'Immaculée Conception !"
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Fille digne de Dieu, beauté de la nature humaine, réhabilitation d'Ève notre première mère (Saint Jean de Damas v. 675-749, moine)
"Aujourd'hui le Créateur de toutes choses, Dieu le Verbe, a composé un ouvrage nouveau, jailli du coeur du Père pour être écrit, comme avec un roseau, par l'Esprit qui est la langue de Dieu... Fille toute sainte de Joachim et d'Anne, qui as échappé aux regards des Principautés et des Puissances et 'aux flèches enflammées du Mauvais' (Col 1,16; Ep 6,16), tu as vécu dans la chambre nuptiale de l'Esprit, et as été gardée intacte pour devenir épouse de Dieu et Mère de Dieu par nature...
"Fille aimée de Dieu, l'honneur de tes parents, les générations des générations te disent bienheureuse, comme tu l'as affirmé avec vérité (Lc 1,48).
"Fille digne de Dieu, beauté de la nature humaine, réhabilitation d'Ève notre première mère ! Car par ta naissance, celle qui était tombée est relevée...
"Si, par la première Eve 'la mort a fait son entrée' (Sg 2,24; Rm 5,12) parce qu'elle s'était mise au service du serpent, Marie, elle, qui s'est fait la servante de la volonté divine, a trompé le serpent trompeur et introduit dans le monde l'immortalité."
Saint Jean de Damas (v. 675-749), moine, théologien, docteur de l'Église, Homélie pour la Nativité de la Vierge, 7, 10 (trad. SC 80, p. 63 rev.)
Sainte Anne tenant dans ses bras Marie et le Christ
Statue en Albâtre de la Chapèle Sur Vire
La naissance de l'"Immaculée", la "mère du Beau" (S. André de Crète)
"Aujourd'hui, Adam offre Marie à Dieu en notre nom comme les prémices de notre nature. ... Aujourd'hui l'humanité, dans tout l'éclat de sa noblesse immaculée, reçoit le don de sa première formation par les mains divines et retrouve son ancienne beauté. Les hontes du péché avaient obscurci la splendeur et les charmes de la nature humaine; mais naît la mère du Beau par excellence, cette nature recouvre en elle ses anciens privilèges et est façonnée suivant un modèle parfait et vraiment digne de Dieu... Aujourd'hui de Juda et de David est sortie une jeune vierge, portant la marque du règne et du sacerdoce de celui qui, selon l'ordre de Melchisédec, a reçu le sacerdoce d'Aaron... Pour tout dire en un mot : aujourd'hui, la réformation de notre nature commence, et le monde vieilli, soumis à une transformation toute divine, reçoit les prémices de la seconde création."
(S. André de Crète, in P. Regamey, Les plus beaux textes sur la Vierge Marie)
La belle idée de Marie "Nouvelle Eve" se trouve déjà au IIe siècle chez S. Justin :
"Le Christ s'est fait homme par le moyen de la Vierge, afin que la désobéissance provoquée par le serpent prit fin par la même voie qu'elle avait commencé.
"En effet, Eve, Vierge et intacte, ayant conçu la parole du serpent, enfanta la désobéissance et la mort; la Vierge Marie, ayant conçu la foi et la joie, répondit: 'Qu'il me soit fait selon votre parole'. Il est donc né d'elle celui dont parlent les Ecritures. Par lui, Dieu ruine l'empire du serpent et de ceux, anges ou hommes qui lui sont devenus semblables, et affranchit de la mort ceux qui se repentent de leurs fautes et croient en lui."
Marie, en acceptant le message de l’Ange, a conçu "foi et joie" (Dialogue avec Tryphon, 100,5.)
Basilique Sainte-Marie-Majeure, Rome
La définition dogmatique
La définition du dogme de l'Immaculée Conception parPie IX, le 8 décembre 1854, s'exprime ainsi: "Nous déclarons, prononçons et définissons que la doctrine suivant laquelle, par une grâce et un privilège spécial de Dieu tout-puissant, et en vertu des mérites de Jésus-Christ, sauveur du genre humain, la bienheureuse Vierge Marie a été préservée de toute tache du péché originel au premier instant de sa conception, est révélée de Dieu et doit, par conséquent, être crue fermement et constamment par tous les fidèles" (Denzinger, n° 1641).
Cette définition contient surtout trois points importants:
1° la bienheureuse Vierge Marie a été préservée de toute tache dupéché originelau premier instant de sa conception. [...] L'Eglise n'a pas défini quelle est la nature intime du péché originel, mais elle a fait connaître ses effets: inimitié ou malédiction divine, souillure de l'âme, état d'injustice ou de mort spirituelle, servitude sous l'empire du démon, assujettissement à la loi de la concupiscence, de la souffrance et de la mort corporelle, considérée comme peine du péché commun (IIe Concile d'Orange, Denz., 174, 175. - Concile de Trente, Denz., 788, 789). Ces effets supposentla privation de la grâce sanctifiante qu'Adam avait reçue avec l'intégrité de nature pour lui et pour nous, et qu'il a perdue pour lui et pour nous (Concile de Trente, Denz., 789).
2° c'est en vertu des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain que Marie a été préservée du péché originel, comme l'avait déclaré en 1661Alexandre VII(Denz., 1100). On ne saurait donc plus admettre comme le soutinrent quelques théologiens au XIIIe siècle que Marie est immaculée en ce sens qu'elle n'a pas eu besoin de rédemption, et que la première grâce en elle est indépendante des mérites futurs de son Fils.
Selon la bulle Ineffabilis Deus, Marie a été rachetée par les mérites de son Fils, et de la façon la plus parfaite par une rédemption, non pas libératrice du péché originel déjà contracté, mais par une rédemption préservatrice.
A l'idée de rédemption préservatrice se rattache celle-ci que Marie, fille d'Adam, descendant de lui par voie de génération naturelle, devait encourir la tache héréditaire et l'aurait encourue de fait, si Dieu n'avait pas décidé de toute éternité de lui accorder ce privilège singulier de la préservation en dépendance des mérites futurs de son Fils.
Ce point de doctrine était déjà affirmé par la liturgie dans l'oraison propre de l'Immaculée Conception, qui fut approuvée parSixte IV(1476) et où il est dit: "Ex morte ejusdem Filii tui praevisa, eam (Mariam) ab omni labe praeservasti". La Sainte Vierge a été préservée du péché originel par la mort future de son Fils, c'est-à-dire par les mérites de Jésus mourant pour nous sur la croix.
On voit dès lors que cette préservation de Marie diffère beaucoup de celle du Sauveur lui-même, car Jésus ne fut nullement racheté par les mérites d'un autre, ni par les siens; il a été préservé du péché originel et de tout péché à un double titre: premièrement par l'union personnelle ou hypostatique de son humanité au Verbe, ... et secondement de par sa conception viriginale, due à l'opération du Saint-Esprit, Jésus ne descend pas d'Adam par voie de génération naturelle (selon la parole deS. Augustin, De Genesi ad litteram, liv. X, c. 19 et 20, le Christ fut en Adam "non secundum seminalem rationem", mais seulement "secundum corpulentam substantiam". Cela n'appartient qu'à lui seul.
3° La définition du dogme de l'Immaculée Conception propose cette doctrine comme révélée, et donc comme contenue au moins implicitement dans le dépôt de la Révélation, c'est-dire dans l'Ecriture et laTradition, ou dans l'une de ces deux sources.
Le témoignage de l'Écriture
La bulle Ineffabilis Deus cite deux textes de l'Ecriture: Gen., III, 15 et Luc, I 28, 42.
Dans le Genèse, ce privilège est implicetement ou confusément révélé comme en germe dans ces paroles de Dieu adressées auserpent, figure du démon (Gen., III, 15): "Je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité; celle-ci t'écrasera la tête et tu la mordras au talon". Celle-ci, c'est-à-dire la postérité de la femme, car dans le texte hébreu, le pronom est masculin et désigne les descendants de la femme; de même dans lesSeptanteset la version syriaqye. LaVulgatea mis ipsa qui se rapporte à la femme elle-même. Le sens d'ailleurs n'est pas essentiellement différent, car la femme sera associée à la victoire de celui qui représentera éminemment sa postérité en lutte avec le démon au cours des âges.
Par elles-mêmes ces paroles ne suffisent certainement pas à prouver que le privilège de l'Immaculée Conception est révélé, mais les Pères, dans leur comparaison d'Eve et Marie, y ont vu une allusion à cette grâce, c'est à ce titre que Pie IX cite cette promesse.
Latradition chrétiennea vu dans cette promesse, qui a été appelée le protévangile, le premier trait qui sert à désigner le Messie et sa victoire sur l'esprit du mal. Jésus représente, en effet, éminemment la postérité de la femme, en lutte avec la postérité du serpent.
La bulle Ineffabilis Deus cite aussi dans la salutation de l'ange à Marie (Luc I, 28): "Je vous salue, pleine de grâce, vous êtes bénie entre les femmes", et les mêmes paroles dites par sainte Elisabeth sous la révélation divine (Luc, I, 42). Pie IX ne dit point que ces paroles suffisent par elles-mêmes à prouver que le privilège de l'Immaculée Conception est révélé; pour qu'elles aient cette efficacité, il faut y joindre la tradition exégétique des Pères.
Cettetraditiondevient explicite avec saint Ephrem le Syrien (+373) (Dict. Théol., art. Ephrem, col. 192) et chez les Pères grecs au lendemain duConcile d'Ephèse(431), en particulier chez deux évêques adversaires deNestorius: saint Proclus, un des successeurs deS. Jean Chrysostomesur le siège de Constantinople (434-446) et Théodote, évêque d'Ancyre (430-439), puis chezS. Sophrone, patriarche de Jérusalem (634-638), André de Crète (+ 740), saint Jean Damascène, mort vers le milieu du VIIIe siècle, dont les témoignages sont assez longuement rapportés par le P. X.-M. Le Bachelet, Dict. Apol., art., Marie, col. 223-231.
A la lumière de cette tradition exégétique les paroles de l'ange à Marie:
"Je vous salue, pleine de grâce", ... la Sainte Vierge n'aurait pas reçu cette plénitude de grâce si son âme avait été un instant dans l'état de mort spirituelle par suite du péché originel, si elle avait été un instant privée de la grâce, détournée de Dieu, fille de colère, dans un état de servitude sous l'empire du démon. Saint Proclus dit qu'elle a été "formée d'un limon pur" (Orat. VI).
Théodote d'Ancyre dit que le "Fils du Très-Haut est issu de la Très-Haute" (Hom VI, in sanctam Mariam Dei genitricem, 11-12).
S. Jean Damascène écrit que Marie est la fille très sainte de Joachim et d'Anne qui "a échappé aux traits enflammé du malin" (Hom. I in Nat., 7), qu'elle est un paradis nouveau "où le serpent n'a pas d'entrée furtive" (Hom. II in dormit., 2 col 725) qu'elle est exempte de la dette de la mort, qui est une des suites du péché originel (Hom. II in dormit., 3, col 728), elle doit donc être exempte de la déchéance commune.
Si Marie avait contracté le péché originel, la plénitude de la grâce aurait été restreinte en ce sens qu'elle ne se serait pas étendue à toute sa vie. L'Eglise, en lisant les paroles de la salutation angélique à la lumière de la tradition et avec l'assistance du Saint-Esprit, y a vu le privilège de l'Immaculée Conception, implicitement révélé, non pas comme l'effet dans la cause qui peut exister sans lui, mais comme une partie dans le tout; la partie est actuellement dans le tout au moins implicitement énoncée.
Le témoignage de la Tradition
Matthieu et Luc écrivent que Marie a conçu Jésus sans l'intervention d'aucun père humain, et qu'elle est demeurée vierge après la conception.
LaTradition, elle-même, affirme de plus en plus explicitement cette vérité. S. Justin(Dial. cum Tryphone, 100), S. Irénée(Ad. Haereses, III, XXII, 3, 4; V, XIX), Tertullien(De Carne Christi, XVII) opposent Eve cause de la mort et Marie cause de la vie et du salut. Cette antithèse est constamment rééditée par les Pères (par exemple saint Cyrille de Jérusalem, saint Ephrem, saint Epiphane, saint Ambroise, saint Jérôme, saint Augustin, saint Jean Chrysostome, etc.).
Saint Ephrem le Syriaque, mort en 373, dit : "Toutes deux innocentes, toutes deux saintes, Marie et Eve avaient été faites en tous points semblables, mais ensuite l'une est devenue cause de mort et l'autre cause de notre vie,
Didyme d'Alexandrie, mort en 398, parle de "Vierge Immaculée, toujours et en tout".
Les Pères disent souvent de Marie qu'elle est immaculée, qu'elle a toujours été bénie de Dieu, au sens de sans tache, pour l'honneur de son Fils, qu'elle est intemerata, intacta, impolluta, illibata, entièrement sans souillure.
Elle trouve place dans les documents les plus personnels du magistère suprême, en particulier dans la bulle Ineffabilis Deus de Pie IX.
S. Ambroise dit de même de Marie qu'elle est exempte de toute souillure du péché "per gratiam ab omni integra labe peccati" (in Ps. CXVIII, 22, 30; P. L., XV, 1521), etS. Augustinque "au sujet seulement de la Sainte Vierge Marie, l'honneur du Seigneur ne permet pas de soulever la question du péché." (De natura et gratia XXXVI, 42; P. L. XLIV, 267).
Au Ve siècle, Saint Proclus, patriarche de Constantinople de 434 à 446, dit : "Le Verbe n'a pas été souillé en habitant le sein que Lui-même a créé sans déshonneur..."
Depuis le VIIe et le VIIIe siècle, on célèbre dans l'Église, surtout dans l'Église grecque, la fête de la Conception de la Bienheureuse Vierge Marie: en Sicile au IXe, en Irlande au Xe, presque dans toute l'Europe au XIIIe.
Le Concile de Latran de 649 (Denz., 256) appelle Marie, "immaculée".
En 1476 et 1483, Sixte IVparle en faveur du privilège à propos de la Conception de Marie (Denz. 734 s.)
Le Concile de Trente (Denz., 792) déclare lorsqu'il parle du péché originel qui atteint tous les hommes, qu'il n'est pas de son intention d'y inclure la bienheureuse et immaculée Vierge Marie.
En 1567, Baius est condamné pour avoir enseigné le contraire (Denz., 1073). En 1661, Alexandre VIIaffirme le privilège en disant que presque tous les catholiques l'admettent, quoiqu'il ne soit pas défini (Denz., 1100). Enfin, le 8 décembre 1854 est promulgué la définition solennelle (Denz., 1641). (P. Reginald Garrigou-Lagrange O. P., La Mère du Sauveur et notre vie intérieure, Les Editions du Cerf, Imprimatur 1941, rééd. Editions Saint-Rémi, p. 36-45).
Exaltation franciscaine de l'Immaculée conception, XVIIe
En 1531, lors de l'apparition de la Vierge du Mexique sur la colline de Tepeyac près de Mexico, Notre-Dame de Guadalupe se présenta ainsi à un Indien : "Je suis la parfaite et toujours Vierge Sainte Marie, la Mère du vrai Dieu."
En 1858, quatre ans après la définition dogmatique, lorsque la Vierge apparaît la première fois à Lourdes à Bernadette Soubirous, celle-ci n’a pas encore fréquenté le catéchisme, les campagnes n'étaient pas encore au courant de cette définition. Elle lui déclare : "Je suis l'Immaculée conception."
Le cardinal Müller affirme que l'immigration de masse est utilisée pour détruire les identités nationales
4 décembre 2023
Le cardinal Müller estime également que les élites commettent un "génocide" en encourageant l'avortement et l'euthanasie. Le cardinal allemand a déclaré que de nombreux mondialistes pensent qu'il y a "trop" de personnes sur Terre qui causent des "dégâts climatiques".
Note de l'éditeur : les journalistes de LifeSiteNews Maike Hickson et Andreas Wailzer ont mené l'entretien avec le cardinal Gerhard Müller en allemand et ont traduit ses propos en anglais.
(LifeSiteNews) - Le cardinal Gerhard Müller a déclaré que les mondialistes "autoproclamés" utilisent les migrations de masse pour détruire l'identité nationale des pays.
Dans un entretien exclusif avec LifeSiteNews, M. Müller a parlé des idéologies qui sous-tendent le mondialisme et de leurs conséquences désastreuses.
"L'immigration de masse n'a pas pour but d'aider les gens, mais de détruire l'identité nationale", a déclaré M. Müller. "Ils disent que l'identité nationale est le nationalisme, qui a causé toutes les guerres. Ils disent donc qu'ils sont contre le nationalisme, mais ils sont en réalité contre la nation.
"Si le nationalisme est la raison des guerres, nous devons nous demander qui finance les guerres et quels sont les intérêts en jeu.
"Ils veulent que chacun soit complètement isolé et ne soit pas lié par la langue, la culture, les liens familiaux ou une terre natale où l'on se sent chez soi", a poursuivi M. Müller.
"Ils veulent détruire tout cela. Ils veulent que tout le monde soit atomisé, sans racines ni identité culturelles et religieuses", a-t-il conclu.
M. Müller estime également que les élites commettent un "génocide" en encourageant l'avortement et l'euthanasie.
Le cardinal allemand a déclaré que de nombreux mondialistes pensent qu'il y a "trop" de personnes sur Terre qui causent des "dommages climatiques".
Pour lutter contre cette prétendue "surpopulation", ces puissantes élites utilisent l'avortement et l'euthanasie dans le cadre d'un "programme d'extermination", a déclaré M. Müller à LifeSiteNews.
Et en même temps, quiconque critique cela est traité de nazi par ceux qui promeuvent eux-mêmes l'idéologie nazie meurtrière de "la force fait le droit"... Le génocide en cours est protégé par la propagande en assimilant ses détracteurs à ceux qui ont commis le génocide dans le passé", a ajouté le cardinal.
"La perversion de leur logique consiste à présenter les victimes comme les coupables. Qu'est-ce que le programme de dépopulation, sinon un plan de réduction de la population par la violence ?
M. Müller a expliqué que l'accusation de "nazisme" est souvent utilisée comme un "instrument de pouvoir" pour réprimer la dissidence.
"Ils [les mondialistes] ne se soucient pas du fait que les taux de suicide chez les jeunes augmentent dans le monde entier. Cela leur convient parfaitement.
Ce manque de considération pour la vie humaine provient de la position philosophique du matérialisme à laquelle souscrivent les mondialistes, a expliqué M. Müller à LifeSiteNews. Selon les matérialistes, "les êtres humains ne sont que de la matière, une masse de gens que l'on peut manipuler", a-t-il expliqué.
"Il faut regarder le philosophe franco-roumain Emil Cioran, dans son livre Le Mauvais démiurge qui propage la haine la plus impitoyable de la création et de la bonté de Dieu, crachant le venin du nihilisme de toutes les 'élites' jacobines, communistes, fascistes et woke des deux derniers siècles", a déclaré M. Müller.
"Ils [les mondialistes] ne ressentent rien non plus. Pour eux, les gens ne sont qu'un nombre... 10 000 de moins, c'est bon pour les statistiques !
L'ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) a déclaré que le système mondialiste était un mélange de capitalisme et de communisme. Les mondialistes occidentaux sont des capitalistes avec une "mentalité socialiste", selon M. Müller.
"Dans ce système, le totalitarisme se confond avec le matérialisme", a-t-il déclaré.
"Et celui qui a le plus d'argent est au pouvoir, contrôle et paie les médias.
M. Müller a déclaré qu'il est bien documenté par des sources fiables que l'un des principaux journaux allemands, Der Spiegel, est en partie financé par la Fondation Bill & Melinda Gates.
M. Müller a également déclaré à LifeSiteNews que le changement climatique et le mouvement "vert" sont utilisés comme une "religion de substitution", à laquelle de nombreuses personnes adhèrent "au lieu de répandre le [christianisme] original".
"Le respect de la créature découle de la croyance en un créateur bon et n'a pas besoin d'une vision catastrophique du monde.
Au lieu de se préoccuper réellement de l'environnement, les mondialistes qui voyagent en jet privé des milliers de fois utilisent l'agenda climatique pour "gagner beaucoup d'argent", selon l'ancien directeur du CDF.
En outre, il a souligné que les enfants sont sexualisés dès leur plus jeune âge afin de les rendre dépendants et dociles.
"La sexualisation en général, et celle de la petite enfance en particulier, est utilisée pour faire taire les gens", a déclaré Mme Müller. "Ils utilisent la sexualité comme une drogue.
Müller a cité plusieurs attributs comme étant les caractéristiques principales du mondialisme actuel : "le matérialisme, le totalitarisme, le mépris de l'humanité, le déracinement et la destruction de l'identité des gens".
Pour le programme mondialiste, l'Église catholique représente un obstacle et doit donc être alignée sur le mondialisme, a fait remarquer M. Müller.
L'Église "n'est pas seulement écrasée, elle est mise sens dessus dessous", a-t-il déclaré. Pour que les mondialistes réussissent, l'Église "doit aller dans la même direction [que le mondialisme]", a déclaré M. Müller.
"Mais l'Église du Christ est le sacrement du salut pour le monde et l'avant-garde contre l'autodestruction de l'humanité par les négativistes et les nihilistes", a-t-il conclu.
Il y a eu "plusieurs actes qui ne correspondent pas à l'enseignement du magistère" de l'Église "et il s'agit d'une crise", a déclaré Mgr Schneider à CatholicHerald.co.uk (1er décembre).
Chaque fois que l’on se prépare à rencontrer des personnes de haute stature morale ou de rang élevé, on est toujours tenté de les considérer également en termes physiquement grandioses. La Grande-Bretagne a été trompée par les médias en lui faisant croire que le regretté pape Benoît XVI était le "Panzer Kardinal", ou "le Rottweiler de Dieu", et s'attendait à une personnalité à la hauteur pour découvrir, lors de sa visite au Royaume-Uni en 2010, un homme dont la douceur et la timidité servait à dissimuler l’acier intérieur de la fidélité à l’Évangile et une clarté de pensée plus aiguisée que des éclats d’obsidienne polis.
Mgr Athanasius Schneider est un homme dans le même moule. Comme Benoît, c'est un Allemand de souche légèrement minuscule et à la voix douce, chaleureux, humble et intelligent (il parle sept langues modernes et comprend également le latin et le grec ancien). Il a une apparence légèrement scolaire, des bonnes manières sublimes, et il ressemble étrangement à Justin Welby, même si ses similitudes avec l'archevêque de Cantorbéry s'arrêtent peut-être là.
Comme le pape saint Jean-Paul II, sa foi s’est formée sous l’oppression. Il est né en Union soviétique et sa famille parcourait 60 miles dans l’obscurité pour assister à la messe en secret. Sa mère, Maria, a hébergé le bienheureux Oleksa Zaryckyj, un prêtre ukrainien martyrisé par les communistes en 1963, et pendant un certain temps sa famille a été incarcérée dans un camp de travail. Ils se sont enfuis en Allemagne de l'Ouest quand Anton (Athanase est le nom adopté lors de son adhésion aux chanoines réguliers de Sainte-Croix de Coimbra) avait 12 ans.
De retour dans l'ex-Union soviétique en tant qu'évêque auxiliaire d'Astana au Kazakhstan, ses possibilités de voyage sont limitées mais il a effectué deux voyages à l'étranger en autant de mois. La première était de lancer son dernier livre Credo : The Compendium of the Catholic Faith, un catéchisme commandé par la société américaine Sophia Institute Press. Il suit le format de questions et réponses du Penny Catechism et comprend des sections supplémentaires sur des questions aussi récentes que l'idéologie du genre, les pratiques du Nouvel Âge et la franc-maçonnerie. Son premier tirage de 17 000 exemplaires a été épuisé en six semaines.
Son deuxième voyage consistait à donner une conférence sur "l’autorité politique et les devoirs de conscience" aux étudiants de l’Université de Cambridge. Je l'ai rencontré le lendemain à l'église des martyrs anglais du centre-ville et lui ai demandé ce que le cardinal Robert Sarah, ancien préfet de la Congrégation du culte divin, voulait dire lorsqu'il avertissait le public lors du lancement de son livre que l'Église catholique était entrée dans une "crise du Magistère".
"Il exposait simplement des preuves", a déclaré Mgr Schneider. "Au cours de ce pontificat, nous avons eu plusieurs actes qui ne correspondaient pas à l'enseignement du Magistère précédent et c'est une crise".
Dans ses remarques, le cardinal Sarah a également affirmé que le "Magistère authentique" ne disparaîtrait jamais malgré de telles erreurs, mais le problème est, souligne Mgr Schneider, qu'entre-temps elles provoquent beaucoup de confusion.
C’est une bénédiction, ajoute-t-il, que François choisisse de ne pas engager le "Magistère définitif" lorsqu'il introduit de telles nouveautés, et qu'il rejette dans son style caractéristique, idiosyncrasique et autocratique, les mécanismes existants de promulgation de la doctrine, qu'il considère comme "rigides".
François adopte au contraire une approche délibérément ambiguë de la doctrine, mais pour Mgr Schneider, cela représente un échec essentiel dans l'exercice du ministère pétrinien.
"La nature de la fonction du Pape est, comme Jésus-Christ l'a dit à Pierre : 'Fortifiez vos frères dans la foi'. C'est sa première tâche", explique-t-il.
"Tous les actes ou paroles qui ne fortifient pas la foi, mais qui lui sont contraires, qui affaiblissent la foi ou qui la confondent, sont contraires au ministère pontifical, parce que le ministère de Pierre est le signe de référence dans l’Église, de l’unité de la foi et de gouvernement."
Il partage l’avis du cardinal Sarah selon lequel l’absence de manque de clarté a créé « une cacophonie » de voix contraires et contradictoires.
Il est d’accord avec le cardinal Sarah pour dire qu'un manque de clarté a créé "une cacophonie" de voix contraires et contradictoires.
"C'est une situation dans l'Église où l'on entend presque quotidiennement des voix contradictoires parmi les évêques et c'est contraire à la foi catholique. Il n'y a qu'une seule foi."
"L’effet sur les fidèles est qu’ils sont scandalisés par ces voix contradictoires et qu’ils sont confus. Ils ne savent pas maintenant ce qu’est la vérité et c’est un effet très néfaste sur toute l’Église.
"Cette confusion et ce langage ambigu, notamment dans le domaine de la moralité, signifient également que les gens perdent le sens du bien et du mal. C'est la moralité du monde. L’Église catholique romaine est en train de devenir (comme) l’une des nombreuses organisations du monde en ne se distinguant pas des vues et de l’agenda du monde."
"Cela se produit maintenant dans la promotion de ce relativisme moral et dans l'adoption du langage du monde et de sa moralité concernant la vérité du bien et du mal et le caractère unique de la nature immuable de la vérité."
Il a ajouté : "L’effet est également que d’autres personnes qui recherchent la vérité – disons des non-catholiques ou des non-chrétiens qui considéraient la papauté comme une institution apportant certitude et clarté – ne peuvent pas s’orienter vers Rome."
On ne peut donc guère blâmer les nouvelles générations de catholiques si elles se tournent davantage vers la tradition où elles trouvent la beauté et la vérité "exprimées de manière forte", selon Mgr Schneider.
Dimanche, Mgr Schneider a célébré une messe basse pontificale à l’école catholique Saint-Paul de Milton Keynes, après quoi il a prononcé un discours, promu par la Latin Mass Society (Société de la messe latine), intitulé : "Restaurer toutes choses en Christ ".
L'augmentation du nombre de jeunes à la messe latine traditionnelle, en particulier est pour lui une manifestation d'un mouvement surnaturel d'origine divine car elle "démontre l'aspiration au sacré".
Il a déclaré : "La messe latine donne une atmosphère de plus grand surnaturel et la beauté les attire."
"Si un jeune se convertit, il ne veut pas être la moitié de quelque chose", dit-il. "Ils veulent être authentiques. Ces jeunes âmes désirent être authentiques. Si je me convertis de ce monde, je n'aime pas voir une partie du monde dans l'Église et dans la liturgie."
"C’est un phénomène très clair. Vous pouvez voyager partout dans le monde et le dimanche, où a lieu la messe latine traditionnelle, les églises sont remplies de jeunes familles et d'enfants. Cela nous donne de l’espoir pour l’avenir."
Mgr Schneider a décrit Summorum Pontificum, la lettre apostolique de 2007 du pape Benoît qui a libéré la messe latine, comme un "document historique", mais il soupçonne que Traditionis Custodes, le motu proprio de 2021 du pape François qui cherchait à faire reculer de telles réformes, ne résistera pas à l'épreuve du temps, parce que les jeunes veulent la tradition.
Il a déclaré : "Traditionis Custodes n’est pas efficace. Cela ne peut pas empêcher cela. La messe latine traditionnelle est un véritable trésor pour toute l’Église. Un seul pape ne peut pas arrêter cela."
Cela ne veut pas dire que François n'essaiera pas, et nous arrivons au traitement réservé au très révérend Joseph Strickland, qui a été licencié en novembre par le pape François après, entre autres, avoir refusé de mettre en œuvre Traditionis Custodes dans le diocèse de Tyler, au Texas. .
"Cela restera dans l'histoire comme une grande injustice envers un évêque qui n'a accompli que sa tâche à une époque de confusion", a déclaré Mgr Schneider.
"Maintenant, cette voix est réduite au silence", a déclaré l'évêque. "C'était l'intention évidente et claire."
"Je considère qu'il s'agit d'une injustice énorme et flagrante qui a été commise", a-t-il poursuivi. "C'était une sorte de voix prophétique, mais il était pour beaucoup dans l'Église un obstacle et ils voulaient lui enlever cette voix désagréable. C'est la cause. Nous devons être très honnêtes."
Il a déclaré : "En même temps, il (le Pape) ne supprime pas, et dans certains cas favorise, les cardinaux et les évêques qui déforment ou sapent publiquement la foi… ces évêques qui promeuvent ouvertement l’idéologie LGBT, il ne les destitue pas."
"C'est un signe et une démonstration évidents qu'il a une autre intention – une intention de faire taire et d'arrêter les communautés et les évêques de l'Église qui sont encore fidèles et attachés à la foi et à la tradition de l'Église et de sa liturgie. C’est une sorte de persécution interne."
Il est également franc à propos du Synode sur la synodalité. Je lui ai demandé si cela apporterait quelque chose de bon et sa réponse a été un "non" catégorique.
Une partie de son raisonnement se résume à la sémantique et aux significations véhiculées. Dans l’Église orthodoxe comme dans l’Église catholique, un "synode des évêques" a toujours été précisément cela, mais lors du rassemblement d’octobre à Rome, le Pape a donné le droit de vote aux laïcs catholiques, les mettant sur un pied d’égalité avec les évêques, les véritables interprètes. du Magistère.
Là encore, aux yeux de Mgr Schneider, cela révélait un agenda, un égalitarisme en contradiction avec la constitution divine de l'Église. Le résultat du synode, a-t-il dit, n’était rien de moins qu’un "artifice d’ambiguïté".
D'autres problèmes au sein du Saint-Siège ressortent clairement, dit-il, du traitement partiel réservé au père Marko Rupnik, un artiste slovène expulsé par les jésuites après avoir été accusé par environ 25 femmes d'abus sexuels.
Son incardination ultérieure dans son diocèse d’origine de Kloper, où il est libre d’exercer son ministère sacerdotal, suggère qu’un ami du pape, s’il est accusé d’échecs moraux odieux, pourrait recevoir un « traitement privilégié » au lieu d’être puni.
Les fidèles catholiques, a-t-il dit, doivent répondre à de telles crises par une "croisade internationale de prière", implorant Dieu de restaurer le Saint-Siège comme un "signe de clarté" qui renforce les fidèles "sans ambiguïté dans la vérité".
L’alternative serait de voir l’Église divisée entre ceux qui adhèrent au "Magistère authentique" et ceux qui préfèrent les nouveautés du nouveau, et c’est dans cette direction que se trouve la voie du schisme.
L'indiscrétion concernant la volonté du pape François de punir le cardinal américain Raymond Leo Burke en lui retirant son émolument et sa maison, rapportée en exclusivité par le Daily Compass, a fait le tour du monde. Certains écrivains ont tenté de corriger la trajectoire de l’actualité. Selon une source de Reuters, le pape aurait déclaré que le cardinal Burke "œuvrait contre l'Église et contre la papauté". Selon Associated Press, le pape a accusé Burke d'être « une source de désunion » et de vouloir lui retirer son salaire parce qu'il était coupable d'avoir utilisé ses "privilèges contre l'Église". Hier soir, Austen Ivereigh a publié une confirmation du pape , qu'il a contacté directement : "Burke a utilisé ses privilèges contre l'Église", je lui retire donc sa maison et son salaire. Une expression éloquente qui indique que le pape se considère comme l'Église.
Le cardinal Burke – comme nous aussi au Daily Compass – ne se soucie pas des étiquettes, l’Église catholique compte, la foi compte, la fidélité à Jésus-Christ compte. Et lorsque des questions sur lesquelles l’Église s’est déjà prononcée de manière définitive et cohérente sont à nouveau remises en question, afin de préserver son alliance avec le Seigneur et de la transmettre sans corruption, ce n’est pas seulement un droit, mais un grave devoir d’un évêque de prendre position publiquement pour poser des questions et apporter des éclaircissements. Que le pape confirme la foi n’est pas l’exigence irrévérencieuse de Burke, Strickland ou Zen : c’est le sens constitutif de sa fonction telle que Jésus-Christ l’a instituée. Et que le Pape fasse exactement le contraire est démontré par la confusion sans précédent - du moins dans les temps modernes - parmi les catholiques.
Au cours des dix dernières années de son pontificat, des points fixes de la discipline de l'Église , enracinés dans le dogme, ont été détruits soit directement par le pape, soit par des personnes qu'il a placées à des postes clés et qu'il s'est bien gardé de réprimander. Ce qui était clair est devenu confus, ce qui était certain est devenu discutable, ce qui était sacré a été profané. Rappelons-en quelques-unes : la possibilité pour ceux qui continuent à vivre à la manière d'une époux de recevoir l'absolution sacramentelle et la Sainte Communion ; même possibilité pour ceux qui soutiennent publiquement l’avortement et d’autres péchés graves ; l'insistance pour que les prêtres absoutent toujours, sans vérifier le repentir sincère ; la possibilité de recourir à la contraception et même à la fécondation assistée homologue ; la possibilité de recourir à l'euthanasie ; la possibilité de bénir les couples non mariés et même les homosexuels ; l'affirmation que Dieu veut la pluralité des religions ; la révision du célibat obligatoire ; la possibilité d'un diaconat féminin ordonné et l'ouverture au sacerdoce féminin ; le renversement de l’enseignement de l’Église sur la peine de mort ; la possibilité de réviser l'enseignement de l'Église sur l'homosexualité ; la possibilité pour les protestants de recevoir la Sainte Communion ; révolutionner la structure hiérarchique de l'Église en introduisant des laïcs avec droit de vote lors d'un synode des évêques.
S’opposer à ces dérives graves, ce n’est pas être un ennemi de la papauté ni diviser l’Église ; le drame est qu'il y a un pape qui les propose, les soutient et considère comme un ennemi qui, au contraire, ne fait que son devoir.
Le modernisme et le relativisme ont trompé le pape François, car il est absolument impossible que son innovation Amoris laetitia constitue un "magistère authentique", qui ne peut exister avec une éthique situationnelle.
( LifeSiteNews ) — Ce qui suit est une lettre ouverte du Père Jesusmary Missigbètò. Ses écrits précédents peuvent être consultés ici .
(Traduction française Blog Christ Roi)
Cher père,
Que Jésus-Christ, Notre Dieu et Seigneur, Sagesse Suprême et Roi de l'Univers, vous bénisse abondamment ! Ma lettre ouverte du 18 novembre 2023 annonçait la lettre d'aujourd'hui, qui sera une justification philosophique expliquant, avec humilité et respect, pourquoi Mgr Joseph Strickland a eu raison de critiquer publiquement les erreurs morales et doctrinales de votre magistère.
Que sainte Catherine d'Alexandrie, patronne des philosophes, dont c'est la fête, obtienne de Jésus le Saint-Esprit, qui nous aidera à méditer les lignes suivantes ! Puisse cette lettre nous aider à mieux comprendre la triste situation de l'Église aujourd'hui où le pape François a présenté comme "magistère authentique" ce qui en réalité ne l'est pas ! Pour mieux expliquer le problème, on peut utiliser un conte de Hans Christian Andersen (1805-1875) qui fera office de parabole…
A. Les habits neufs de l'Empereur
Il y a de nombreuses années, vivait un empereur qui aimait les vêtements neufs plus que tout… Un jour, arrivèrent deux escrocs qui prétendaient être tisserands et pouvoir tisser le plus beau tissu imaginable… mais les vêtements confectionnés auraient l'étonnante propriété d'être invisibles pour ceux qui n'étaient pas adaptés à leurs fonctions ou qui étaient tout simplement stupides… Ils installèrent deux métiers à tisser mais firent semblant de travailler, car il n'y avait absolument aucun fil sur le métier. Ils demandaient la soie la plus fine et l'or le plus précieux qu'ils gardaient pour eux, et restaient sur leurs métiers vides, jusque tard dans la nuit.
"Je voudrais savoir où ils en sont avec le tissu", se dit l'empereur… "J'enverrai mon vieux et honnête ministre chez les tisserands."… Alors le vieux et bon ministre se rendit à l'atelier où les deux des escrocs étaient assis, travaillant sur leurs métiers à tisser vides… "Mon Dieu ! il pensa : 'Suis-je stupide ?… Serais-je inapte à mon travail ? Non, je ne dois pas dire que je ne vois pas le tissu.'" "Bien, qu'en pensez-vous?" demanda l'un des tisserands. "Oh, c'est beau, la plus belle chose !" répondit le vieux ministre… "Ce motif et ces couleurs ! Je ne manquerai pas de dire à l'empereur que j'aime tout cela !"… L'empereur envoya bientôt un autre fonctionnaire honnête pour voir comment les travaux avançaient… "Oui, c'est tout à fait merveilleux ! il l'a dit à l'empereur… et l'empereur voulait le voir de ses propres yeux… "Comment ! pensa l'empereur, 'Mais je ne vois rien ! Quelle horreur ! Suis-je stupide? Ne suis-je pas fait pour être empereur ? Ce serait la chose la plus terrible qui puisse m’arriver.'" "Magnifique, ravissant, parfait !" dit-il enfin : "Je donne ma plus haute approbation !…"
Tous les membres de la suite qui l'avaient accompagné regardaient ; mais comme pour les autres, rien ne leur apparut et ils dirent tous, comme l'empereur : "C'est vraiment très beau !"… L'empereur ôta tous ses beaux vêtements et les escrocs firent semblant de lui enfiler chaque morceau du vêtement neuf. … Les chambellans qui devaient porter la traîne du manteau de cour tâtonnaient le sol avec leurs mains, faisant semblant d'attraper et de soulever le train… C'est ainsi que l'empereur marchait devant le cortège sous le magnifique dais, et tout le monde dans la rue ou à leur fenêtre disait : "Les habits neufs de l'empereur sont admirables ! Quel beau manteau à traîne, comme il est magnifiquement étalé ! Personne ne voulait laisser entendre qu'il n'avait rien vu, car cela aurait montré qu'il était incapable dans sa fonction ou simplement stupide. Aucun nouvel habillement d'empereur n'avait jamais connu autant de succès.
"Mais il n'a pas de vêtements du tout !" cria un petit enfant dans la foule. "Écoutez la voix de l’innocence !" dit le père ; et chacun murmurait à son voisin ce que l'enfant avait dit. Alors toute la foule se mit à crier : "Mais il n’a aucun vêtement !" L'empereur frissonna, car il lui semblait que le peuple avait raison, mais il se dit : "Maintenant, je dois tenir bon jusqu'à la fin de la procession." Ainsi le cortège continua son chemin, et les chambellans continuèrent à porter le train qui n'existait pas.
B. Les nouveaux habits du pape François et le drame de l'Église d'aujourd'hui
Ô mon Père, analysons maintenant le récit précédent en l'appliquant à la réalité actuelle de notre Église. L'outil philosophique adapté à cette tâche est la phénoménologie d'Edmund Husserl (1859-1938). Elle consiste à observer attentivement les faits et à les analyser objectivement sans préjugés afin d'en arriver à leur contenu essentiel. On comprendra alors mieux le drame que vit l'Église du pape François.
Ô mon Père, le 19 mars 2016, dans l'exhortation apostolique post-synodale Amoris laetitia, vous parliez des divorcés "remariés" dans les termes suivants : "dans de telles situations, beaucoup de personnes, connaissant et acceptant la possibilité de vivre 'en frères et sœurs' que leur offre l'Église, soulignent que si certaines expressions d'intimité font défaut, ''il arrive souvent que la fidélité soit mise en danger et que le bien des enfants en souffre'' (note 329). Le 5 septembre 2016, avec quelques évêques argentins, vous avez déclaré que "l’engagement de vivre dans la continence peut être proposé. Amoris laetitia n'ignore pas les difficultés de cette option… l'option mentionnée pourrait, en effet, ne pas être réalisable" (Lettre des évêques de la Région pastorale de Buenos Aires, 5-6). Le 5 juin 2017, vous avez ordonné au cardinal Pietro Parolin de publier la lettre des évêques argentins (contenant les trois phrases ci-dessus) dans les archives officielles du Vatican, en les présentant comme "Magisterium Authenticum" (Acta Apostolicae Sedis 108 ; pp. 1071-1074 ; www .vatican.va/archive/aas/documents/2016/acta-ottobre2016.pdf).
Ô mon Père, à quand remonte la dernière fois que nous avons vu un pape affirmer que la vertu de chasteté est une optionet présenter la fidélité et le bien des enfants comme excuses pour commettre l'adultère ou la fornication, des actes intrinsèquement et moralement mauvais ? Jamais! Depuis quand un pape présente-t-il cela comme un "magistère authentique" ? Jamais! Il existe de nombreuses publications démontrant le relativisme et l’éthique situationnelle contenus dans votre "magistère authentique", et elles montrent clairement qu’en réalité un tel magistère n’existe pas (cf. Lettre ouverte au Collège des cardinaux, 29 juin 2016 ; Correction filiale au pape François, 16 juillet 2017 ; Lettre ouverte aux évêques, avril 2019 ; Les inquiétudes sans réponse concernant Amoris Laetitia : Pourquoi l'exhortation apostolique reste un danger pour les âmes, 29 septembre 2021 ; Défendre la foi contre les hérésies actuelles, Arouca Press, 2021 ; Tradimento della sana dottrina attraverso "Amoris laetitia", Tullio Rotondo, Youcanprint, 2022 ; ma lettre ouverte sur Amoris laetitia, 8 décembre 2021 ; ma correction filiale, 29 juin 2023, etc.).
Ô mon Père, la chasteté est-elle une option, OUI ou NON ? La vérité est une et immuable, et il n’y a pas 10 000 réponses à cette question, mais une seule : NON ! Tous les fidèles catholiques le savent, y compris le dernier baptisé ayant un minimum de formation chrétienne orthodoxe. Les non-catholiques ayant une connaissance minimale de la loi morale naturelle et de l’enseignement catholique le savent aussi. Pourtant, vous avez répondu OUI à cette question et, malheureusement, depuis 2016, vous vous entêtez à maintenir cette réponse, refusant de reconnaître officiellement que vous avez commis une erreur grave. Pourtant, il est clair que ce que vous avez déclaré être un ''magistère authentique'' est une chimère, une illusion, une fiction, un vêtement invisible.
Ô mon Père, comme l'empereur du conte d'Andersen, le pape François aime la nouveauté théologique et morale : il est "le pape non traditionaliste", ou "le pape progressiste", ou "le pape de la nouveauté". Malheureusement, le modernisme et le relativisme l'ont approché et l'ont encouragé à rejeter les vieux vêtements des enseignements traditionnels rappelés par saint Jean-Paul II et Benoît XVI. Puis ils lui ont fait croire qu’en utilisant le tissu de l’éthique situationnelle, il serait capable de donner à la papauté une nouvelle splendeur avec de nouveaux vêtements. Le premier vêtement réalisé fut Amoris laetitia. En fait, le modernisme et le relativisme ont trompé le pape François, car il est absolument impossible que ces nouveaux vêtements invisibles constituent un "magistère authentique". Un tel magistère ne peut exister avec une éthique situationnelle. Sans la soie fine qu’est l’enseignement traditionnel de l’Église et l’or précieux qu’est la vérité, aucun « magistère authentique » n’est possible.
Ô mon Père, le 5 juin 2017, en ordonnant au cardinal Pietro Parolin que la démarche d'Amoris laetitia envers les divorcés "remariés" soit enregistrée dans les archives officielles du Vatican, vous avez voulu confirmer à tous les chrétiens que vous portiez un véritable vêtement, un "magistère authentique" : "Magnifique, ravissant, parfait !… J’approuve !" Et le 11 janvier 2018, Parolin, comme le vieux ministre du conte d'Andersen, déclare publiquement dans une interview que ce "magistère authentique" est un nouveau vêtement, un "nouveau paradigme", et qu'en plus, ce vêtement est splendide : "Oh, c'est beau, la plus belle chose !"
Ô mon Père, le cardinal Walter Kasper, comme le fonctionnaire du conte d'Andersen, est apprécié du pape François, qui n'a pas hésité à le louer publiquement (21 février 2014). Kasper, le cerveau derrière l'innovation Amoris laetitia concernant les divorcés "remariés", a encouragé François à porter publiquement son "magistère authentique" invisible : "Oui, c'est tout à fait merveilleux ! Mais il est dommage que François n'ait pas tenu compte de l'avertissement donné par Notre-Dame d'Anguera il y a de nombreuses années : "Walter Kasper : voici, à cause de lui beaucoup mourront" (2.570, 3 septembre 2005).
Ô mon Père, le 13 juillet 2017, lors d'une conférence en Irlande, le Cardinal Christoph Schönborn a révélé qu'il vous avait rencontré peu après avoir fait la présentation publique d'Amoris laetitia (8 avril 2016). Vous l'avez remercié et lui avez demandé si le document était orthodoxe : "J'ai répondu : 'Saint-Père, il est tout à fait orthodoxe''. Quelques jours plus tard, vous lui avez envoyé un mot disant : "Merci pour ce mot. Cela m’a réconforté. Comme le soulignait le journaliste américain Philip Lawler, "l'anecdote du cardinal Schönborn nous offre un tableau étonnant : le successeur de saint Pierre – celui dont le devoir solennel est de garder le dépôt de la foi – demande à un autre prélat si son propre enseignement est orthodoxe. Et il est réconforté d’entendre une réponse affirmative. En savoir plus : Le pape François consulte le cardinal Schönborn – l'un de ses proches conseillers et théologien respecté – et cherche à s'assurer que son enseignement est orthodoxe, après la publication du document. (Culture catholique, 17 juillet 2017).
Ô mon Père, vous, vos ministres et vos fonctionnaires avez amené les chrétiens à croire que la repentance des péchés graves n'est pas nécessaire pour certaines personnes (relativisme) et dans certaines situations (éthique de situation). Mais la réalité est qu’il s’agit d’un venin qui va progressivement tuer la moralité. Voici quelques-unes des déclarations erronées que vous avez inspirées : "il existe des situations complexes où le choix de vivre 'en frères et sœurs' devient humainement impossible et donne lieu à un plus grand préjudice" (Cardinal Mario Grech, Mgr Charles Scicluna, Critères de candidature du chapitre VIII d' Amoris Laetitia, 14 janvier 2017) ; "si l'engagement de vivre en frère et sœur…. donne lieu à des difficultés, les deux concubins ne semblent pas obligés en soi" (Cardinal Francesco Coccopalmerio, Il Capitolo Ottavo della Esortazione Apostolica Post Sinodale Amoris Laetitia, 14 février 2017).
Ô mon Père, certains cardinaux, évêques, prêtres et laïcs ont analysé votre innovation Amoris laetitia pour les divorcés "remariés" et ont eu des doutes sur l'existence d'un "magistère authentique" qu'ils ne voient pas. Malheureusement, ils n’ont pas eu le courage de dire la vérité, de peur de perdre leur position ou parce qu’ils ne voulaient pas paraître stupides et incapables de justifier l’absence d’un "magistère authentique". Ils ont donc choisi de se taire ou de devenir des chambellans qui portent la traîne de ce vêtement invisible et répètent le discours officiel : "Les habits neufs de l'empereur sont admirables !" De nombreux laïcs, prêtres, évêques, cardinaux et médias n’ont pas eu le temps d’analyser Amoris laetitia en détail. Ils ont donc suivi le discours officiel, et depuis 2016, ils répètent : "Les habits neufs de l'empereur sont admirables !" La liste de vos disciples et admirateurs est longue et ne peut être contenue ici. Aucun nouveau magistère d'un pape n'a bénéficié d'une telle publicité médiatique : "Aucun nouvel habillement d'empereur n'a jamais connu un tel succès."
Ô mon Père, nombreux sont les chrétiens aujourd'hui qui doutent du discours officiel et se méfient de ton innovation Amoris laetitia. Ils connaissent les vêtements anciens des papes, le magistère traditionnel, et ils ont été surpris par ce qu’ils ont vu : "L’empereur ôta tous ses beaux vêtements". Ces chrétiens sont moralement et doctrinalement confus car ils ne perçoivent pas une continuité totale entre le magistère traditionnel et le nouveau magistère de François. Au contraire, ils voient des points de rupture. Ils sont donc troublés et consternés : que faire ? Quoi dire? En réalité, la meilleure chose à faire est de suivre les conseils de Jésus-Christ, notre Fondateur : "Amen, je vous le dis, si vous ne vous convertissez et ne devenez comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux" (Matthieu 18 : 3).
Ô mon Père, nous devons remercier Dieu pour les chrétiens (cardinaux, évêques, prêtres, professeurs d'université, experts en théologie et en morale, journalistes, etc.) qui ont eu un cœur d'enfant et la voix de l'innocence et qui ont été sincères quant à la non-existence de votre "magistère authentique" : "Mais il n'a pas de vêtements du tout ! Par exemple : Walter Brandmüller, Raymond Leo Burke, Carlo Caffarra, Joachim Meisner, Carlo Maria Viganò, Athanasius Schneider, Héctor Rubén Aguer, Charles Chaput OFM Cap., Stanislaw Gadecki, Bernard Fellay, Marian Eleganti, Antonio Livi, Aidan Nichols OP, Thomas Weinandy OFM Cap., José Luis Aberasturi, Jorge González Guadalix, Gerald Murray, Nick Donnelly, Roberto de Mattei, Robert Spaemann, John Rist, Gerard van den Aardweg, Josef Seifert, Matteo D'Amico, Claudio Pierantoni, Robert Hickson, George Weigel , Martin Mosebach, Corrado Gnerre, Peter Kwasniewski, Stefano Fontana, Giovanni Zenone, John Lamont, Anna Silvas, Matt Gaspers, Joseph Shaw, Ettore Gotti Tedeschi, José Arturo Quarracino, Francisco José Fernández de la Cigoña, Vittorio Messori, Sandro Magister, Marco Tosatti, Aldo Maria Valli, Antonio Socci, Riccardo Cascioli, Robert Royal, Philip Lawler, Edward Pentin, John-Henry Westen, Maike Hickson, Elizabeth Yore, Michael Matt, Raymond Arroyo, Georges Buscemi, Jeanne Smits, Eric Sammons, Robert Siscoe, Luisella Scrosati, Bruno Moreno, etc. De nombreux chrétiens accoururent alors "et chacun murmura à son voisin ce que" les chrétiens au cœur d'enfant avaient dit. Alors toute une foule de chrétiens se mit à crier : "Mais il n’a pas de vêtements du tout !"
Ô mon Père, tu étais troublé à ce moment-là : "L'empereur frissonna, car il lui semblait que le peuple avait raison." Qu'est-ce que tu as fait alors? Êtes-vous rapidement revenu aux vieux habits du magistère traditionnel rappelés par saint Jean-Paul II et Benoît XVI ? Non! Au lieu de cela, vous avez décidé de continuer sur la voie des erreurs morales et doctrinales. Étonnamment, vous avez même demandé au modernisme et au relativisme de vous confectionner de nouveaux vêtements invisibles qui puissent servir de "magistère authentique". Nous les examinerons attentivement dans ma prochaine lettre ouverte. En fait, vous comptez rester sur cette voie hérétique jusqu’à la fin de votre pontificat : "Maintenant, je dois tenir bon jusqu’à la fin de la procession".
Ô mon Père, plusieurs de vos ministres et fonctionnaires ont décidé de vous accompagner sur ce chemin : "Ainsi le cortège continua son chemin et les chambellans continuèrent à porter le train, qui n'existait pas." Par exemple : Pietro Parolin, Walter Kasper, Francesco Coccopalmerio, Lorenzo Baldisseri, Josef de Kesel, Christoph Schönborn, Agostino Vallini, Luis Francisco Ladaria Ferrer SJ, Matteo Maria Zuppi, Marcello Semeraro, Blase Cupich, Reinhard Marx, Óscar Maradiaga, Joseph Tobin C. .Ss.R., Kevin Farrell, Wilton Gregory, Robert McElroy, José Tolentino de Mendonça, Jean-Claude Hollerich SJ, Peter Turkson, Mario Grech, Charles Scicluna, Víctor Manuel Fernández, Johann Bonny, Bruno Forte, Sergio Alfredo Fenoy, Karl-Heinz Wiesemann, Vincenzo Paglia, Felix Gmür, Mario Delpini, Heiner Koch, Joseph Maria Bonnemain, Timothy Radcliffe OP, Antonio Spadaro SJ, Thomas Reese SJ, James Martin SJ, Gilfredo Marengo, Maurizio Chiodi, Philippe Bordeyne, Austen Ivereigh, Rafael Luciani, etc. Le 13 juillet 2023, le cardinal Dominik Duka OP et la Conférence épiscopale tchèque ont exprimé leurs doutes sur le sens de cette procession. Le 25 septembre 2023, le cardinal Víctor Manuel Fernández, préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, les a invités sans hésitation à se joindre à la procession.
Ô mon Père, ta décision de continuer à porter tes nouveaux vêtements invisibles est-elle vraiment raisonnable ? Évidemment pas! C'est Jésus qui le dit et qui vous encourage à récupérer l'or précieux qu'est la vérité et les vêtements blancs qui sont les enseignements traditionnels de l'Église : "je te le conseille : achète chez moi, pour t’enrichir, de l’or purifié au feu, des vêtements blancs pour te couvrir." (Apocalypse 3 : 18). Avez-vous suivi ce conseil ? Non! Au contraire, le 11 novembre 2023, vous avez puni la voix noble et sincère d'un enfant qui vous aime et qui voulait vous rappeler le conseil donné par Jésus : Mgr Joseph Edward Strickland !
Le P. Janvier Gbénou (nom de plume : Père Jesusmary Missigbètò)
Il ne s'agit pas uniquement de Mgr Strickland. La longue série d’évêques destitués prématurément par le pape François s’est accélérée depuis un an et demi.
ECCLÉSIE 25_11_2023
Chaque cas individuel laisse perplexe, mais le nombre total est choquant. Nous parlons des défenestrations d'évêques par le pape François, qui ont marqué tout son pontificat.
Le dernier cas flagrant est celui de l'évêque de Tyler (voir ici), Mgr Joseph Strickland, qui, suite aux pressions du nonce pour sa démission "volontaire" a été expulsé de son diocèse, sans qu'aucune explication ne soit donnée. Il n’y a aucune trace d’un quelconque scandale financier ni sexuel contre lui, encore moins qu’il ait été coupable d’hérésie (ce qui aurait probablement fait avancer sa carrière) ; plus simplement, Mgr Strickland semble avoir commis le crime de lèse-majesté, en prenant à plusieurs reprises des positions déplaisantes au Politburo ecclésiastique : résistance aux vaccins basés sur des lignées cellulaires fœtales, opposition à la 'bénédiction' des 'couples' homosexuels, résistance à Traditionis Custodes. Et puis ce vice impardonnable de vouloir continuer à avoir de nombreux séminaristes : 21 en formation, dans un diocèse d'un peu plus de 130 000 baptisés et 84 prêtres.
Un vice que Mgr Strickland partage avec un autre évêque pris dans la ligne de mire : Mgr Domique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, dans le diocèse duquel les ordinations sacerdotales sont gelées depuis plus d'un an, et une visite apostolique est en cours. La solution semble se profiler à l'horizon : selon Jean-Marie Guénois (voir ici) ce serait une "sortie honorable (...) tant pour Mgr Rey - qui reste à son poste - que pour son travail pastoral". Ce serait la nomination comme coadjuteur du diocèse de Fréjus-Toulone de Mgr François Touvet, évêque de Châlons en Champagne, qui flanquerait Mgr Rey avec droit de succession ; une sorte de diarchie pour les quatre années qui séparent Rey des fatidiques 75 ans. Ou, de manière plus réaliste, si l'on pense à ce qui est arrivé à l'évêque d'Albenga-Imperia, Mgr Mario Oliveri, un gel des facultés de l'évêque ordinaire. Il est difficile de comprendre comment le plein pouvoir de juridiction d'un évêque sur son diocèse et le partage de cette juridiction avec un coadjuteur peuvent coexister.
Mais Strickland et Rey sont les derniers d'une longue série qui, selon nos souvenirs, avait commencé avec la destitution, le 25 septembre 2014, de l'évêque de Ciudad del Este (Paraguay), Mgr Roger Ricardo Livieres Plano, membre de l'Opus Dei, qui avait refusé de démissionner sous la pression du Saint-Siège. Plusieurs critiques lui pesaient : avoir accueilli un prêtre américain accusé d'abus sur un garçon de plus de 18 ans, dont le dossier a ensuite été classé sans suite, faute de preuves ; mauvaise gestion des fonds du diocèse ; et puis la grande faute d'avoir voulu ériger un séminaire indépendant dans son propre diocèse.
Puis vint le 8 novembre 2014, avec la destitution du cardinal Raymond Leo Burke de son poste de préfet du Tribunal de la Signature apostolique, la plus haute instance judiciaire du Saint-Siège, pour le nommer patron de l'Ordre des Chevaliers de Malte, un poste dont il a été démis le 19 juin dernier, alors qu'il n'avait pas encore 75 ans, pour être remplacé par le cardinal Gianfranco Ghirlanda, âgé de 81 ans.
Ce fut ensuite le tour de l'évêque d'Albenga-Imperia susmentionné ; le 1er septembre 2016, sa démission a été acceptée par le pape François, après que Mgr Oliveri ait été flanqué pendant plus d'un an d'un coadjuteur, qui l'avait effectivement remplacé.
Le 1er septembre également, Mgr Josef Clemens, pendant de nombreuses années secrétaire personnel du cardinal Ratzinger, s'est retrouvé sans poste après la décision de François de supprimer le Conseil pontifical pour les laïcs.
Le 1er juillet 2017, le cardinal Gerhard Müller, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a été démis de ses fonctions à la fin de son quinquennat et, à sa propre demande, n'a reçu aucune autre mission. Le 24 octobre 2018, défenestration record : le pape destitue l'évêque de Memphis, Mgr Martin David Holley, qu'il avait nommé deux ans plus tôt. La série de renvois pour "questions administratives" avait commencé.
En 2018, les purges argentines commencent. Tout d’abord, l’archevêque de La Plata, Mgr Héctor Aguer, a fait ses adieux à peine une semaine après ses 75 ans et s’est retrouvé à la rue. Puis ce fut le tour de Mgr Pedro Daniel Martinez Perea, évêque de Saint Louis. En 2017, il prend position contre l’ouverture d’Amoris Lætitia ; en décembre 2019, le Saint-Siège a ordonné une visite apostolique dans son diocèse et, le 13 mars de l'année suivante, il a été convoqué à Rome pour demander sa démission. Le 9 juin 2020, l'acceptation de sa démission par le Pape a été annoncée. Aucune explication, aucune possibilité de défense. Lui aussi a été limogé, sans affectation.
Autre prélat argentin : Mgr Eduardo Maria Taussig, évêque de San Rafael ; l'intervention du Préfet de la Congrégation pour le Clergé, le Cardinal Beniamino Stella, l'a contraint à fermer le prospère séminaire diocésain en 2020 et en 2022, il a été "encouragé" à quitter ses fonctions, à seulement 68 ans. Le pape a accepté sa démission.
Le 17 janvier 2019, le Pape a décidé de supprimer la Commission pontificale Ecclesia Dei et son secrétaire, Mgr Guido Pozzo a été nommé, à seulement 68 ans, surintendant économique de la Chapelle Musicale Pontificale Sixtine. Un poste honorable. Puis ce fut le tour de Mgr Francesco Cavina, nommé évêque de Carpi le 14 novembre 2011, qui, après à peine huit ans, a été contraint de donner sa démission, après avoir vécu la tragédie du tremblement de terre et avoir travaillé dur pour la reconstruction; à 64 ans, il s'est retrouvé sans mission et vit encore aujourd'hui "sans emploi" dans sa maison familiale.
Aucune pitié pour une autre "victime du tremblement de terre". En effet, 2020 a été l'année du limogeage de Mgr Giovanni D'Ercole, qui a également été pressé de présenter sa démission. Impliqué dans le tragique tremblement de terre de L'Aquila (2009), où il était évêque auxiliaire, il s'est ensuite retrouvé en première ligne, comme évêque d'Ascoli Piceno, à la suite du tremblement de terre d'Amatrice-Norcia-Visso (2016-2017). Dans son cas également, aucune explication officielle. Il était cependant clair que sa vidéo dans laquelle il montrait qu’il n’aimait pas les restrictions continues dues au Covid, sur la vie sacramentelle de l’Église, n’avait pas été bien accueillie.
Novembre 2021. L'archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, a été accusé par un hebdomadaire français d'être trop attentif à une femme neuf ans plus tôt. Le parquet français a ouvert une enquête préliminaire pour agression sexuelle sur personne vulnérable. Aupetit, âgé de 70 ans, présente sa démission, qui est immédiatement acceptée par le pape. Il a reconnu l'avoir accepté sous la pression des médias, car, dit-il, un homme diffamé n'est plus en mesure de gouverner. Clôture du dossier en septembre dernier, pour inexistence du délit.
Ainsi, au cours de la dernière année et demie, pas moins de six prélats ont été accablés par la miséricorde. Mgr Giacomo Morandi, après à peine cinq ans comme secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a pris le train le 10 janvier 2022 pour remplacer Mgr Massimo Camisasca dans le diocèse de Reggio Emilia-Guastalla. Récompense probable pour le Responsum sur la 'bénédiction' des 'couples' homosexuels.
9 mars 2022 : le pape François destitue l'évêque d'Arecibo (Porto Rico), Mgr Daniel Fernández Torres, à seulement 58 ans, après qu'il ait refusé de démissionner. Les raisons sont claires, mais ne sont pas publiquement recevables : refus de signer au préalable une déclaration commune des évêques portoricains, qui affirmait le devoir des catholiques de se faire vacciner contre le Covid-19 ; puis une seconde déclaration sur la limitation des messes dans le rite ancien. Torres avait également refusé d'envoyer ses séminaristes au séminaire interdiocésain nouvellement agréé. Pas synodal.
Puis, le même sort a été réservé aux deux secrétaires du pape Benoît XVI : Mgr Georg Gänswein, littéralement expulsé de Rome et envoyé en Allemagne, sans affectation ; et Mgr Alfred Xuereb, envoyé comme nonce en Corée et en Mongolie, avec cessation d'affectation au moment où se préparait le voyage apostolique de François. 64 ans, sans emploi.
Les limogeages de Strickland et Rey clôturent (pour l'instant) la série. Il faut également rappeler le traitement infligé au cardinal Giovanni Angelo Becciu, le renvoi soudain de Mgr José Rodríguez Carballo, le traitement infligé à Mgr André Léonard avec la suppression de la Fraternité sacerdotale des Saints Apôtres qu'il avait fondée. Le fait de plus en plus évident est que ce pape n’a pas l’intention de faire de prisonniers, même s’il prêche la miséricorde et la synodalité. Les renvois forcés d'évêques ordinaires, sans que les raisons en soient connues, non seulement du public, mais aussi d'eux-mêmes, sont plus préoccupants. Encore un signe dangereux d'une plenitudo potestatis (plénitude du pouvoir) mal comprise. Et d'une pastorale peu miséricordieuse consistant à "en frapper un pour en éduquer cent".
Le pape François a privé l'un de ses principaux critiques américains, le cardinal Raymond Burke, de ses privilèges en matière de logement et de salaire au Vatican, rapporte l'Associated Press.
Selon le rapport de l'AP, basé sur des conversations avec deux sources anonymes informées de ces mesures, le pape a discuté de ses actions prévues contre le prélat américain lors d'une réunion des chefs de bureaux du Vatican le 20 novembre.
Le pape aurait déclaré que Burke était une source de « désunion » au sein de l’Église et qu’il utilisait les privilèges accordés aux cardinaux à la retraite contre l’Église.
Le blog d'information catholique italien La Nuova Bussola Quotidiana a fait état pour la première fois d'actions en cours contre Burke le 27 novembre.
"Le cardinal Burke est mon ennemi, alors je lui enlève son appartement et son salaire", avait déclaré le pape lors de la réunion du 20 novembre, selon la source non divulguée de Bussola au Vatican.
Le bureau des communications du Vatican n'a pas répondu à la demande de commentaires d'EWTN au moment de la publication.
L'AP a rapporté que le porte-parole du Vatican, Matteo Bruni, "a renvoyé les questions à Burke".
"Je n'ai rien de particulier à dire à ce sujet", a déclaré Bruni aux journalistes.
Le cardinal Burke a été ordonné prêtre par le pape Paul VI à Rome en 1975 et a été évêque de La Crosse, Wisconsin, de 1995 à 2004 et archevêque de Saint-Louis de 2004 à 2008. Largement considéré comme un expert en droit canonique, Burke a été nommé en 2008 comme préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique (la plus haute autorité judiciaire de l'Église) par le pape Benoît XVI. Deux ans plus tard, Benoît le fait cardinal.
Le pape François l'a démis de ses fonctions de préfet en 2014 et l'a nommé cardinal patron de l'Ordre Souverain Militaire de Malte, un rôle essentiellement cérémonial dédié au bien-être spirituel des membres de l'ordre. Il est resté patron jusqu'à cette année, mais n'en détenait que le titre, ayant été apparemment interdit de participation active depuis 2016 et donc mis à l'écart lors des vastes réformes institutionnelles de l'ordre au cours des dernières années. En juin, le pape François a nommé le cardinal Gianfranco Ghirlanda, SJ (âgé de 81 ans. Ndlr.), pour remplacer officiellement Burke. Au moment de l’annonce, Burke n’était qu’à quelques jours de l’âge habituel de la retraite pour les évêques, fixé à 75 ans.
Burke est devenu un fervent critique de certaines initiatives du pape François.
Il était l'un des cinq cardinaux qui ont envoyé des "dubia" au pape François pour lui demander des éclaircissements sur la position de l'Église sur le développement doctrinal, la bénédiction des unions homosexuelles, l'autorité du Synode sur la synodalité, l'ordination des femmes et l'absolution sacramentelle. Le document a été rendu public à la veille de l'ouverture du Synode sur la synodalité au Vatican et discuté lors d'une conférence de presse le 2 octobre à laquelle Burke a participé et a exprimé ses inquiétudes concernant le synode.
Le Cardinal Burke a l'intention de rester à Rome même s'il était contraint de trouver un autre endroit où vivre.
"Il est de mon devoir de cardinal de rester à Rome", a-t-il déclaré.
Le pape François a confirmé à Mr Ivereigh son intention de retirer au cardinal Raymond Burke son appartement et son salaire au Vatican, selon un article publié sur Internet par Austen Ivereigh, biographe du pape.
Le pape aurait annoncé lors d'une réunion des chefs du Vatican le 20 novembre qu'il avait l'intention de prendre des mesures contre le cardinal Burke, qui a publiquement critiqué certaines initiatives papales, selon le blog d'information catholique italien La Nuova Bussola Quotidiana, qui a rapporté l'information pour la première fois le 27 novembre.
L'Associated Press a ensuite confirmé l'information en s'appuyant sur des conversations avec deux sources anonymes.
Le Wall Street Journal a rapporté mercredi que le cardinal Burke avait déclaré ne pas avoir été informé de l'intention du pape de lui retirer son appartement et son salaire.
"Les gens peuvent tirer leurs propres conclusions sur les raisons pour lesquelles le Saint-Père a dit cela à Austen Ivereigh et non à la personne concernée", a déclaré le cardinal Burke. Il a déclaré à l'hebdomadaire qu'il avait l'intention de rester à Rome même s'il était contraint de trouver un autre endroit où vivre.
"Il est de mon devoir de cardinal de rester à Rome", a-t-il déclaré.
(Note : Austen Ivereigh avait été choisi par le Cardinal Murphy-O’Connor pour son responsable de la communication, ce Cardinal faisait partie des réunions annuelles à Saint-Gall ayant pour but de s’opposer à Saint Jean-Paul II et au Cardinal Ratzinger)
L'indiscrétion concernant la volonté du pape François de punir le cardinal américain Raymond Leo Burke en lui retirant son émolument et sa maison, rapportée en exclusivité par le Daily Compass, a fait le tour du monde. Certains écrivains ont tenté de corriger la trajectoire de l’actualité. Selon une source de Reuters, le pape aurait déclaré que le cardinal Burke "œuvrait contre l'Église et contre la papauté". Selon Associated Press, le pape a accusé Burke d'être « une source de désunion » et de vouloir lui retirer son salaire parce qu'il était coupable d'avoir utilisé ses "privilèges contre l'Église". Hier soir, Austen Ivereigh a publié une confirmation du pape , qu'il a contacté directement : "Burke a utilisé ses privilèges contre l'Église", je lui retire donc sa maison et son salaire. Une expression éloquente qui indique que le pape se considère comme l'Église.
Le cardinal Burke – comme nous aussi au Daily Compass – ne se soucie pas des étiquettes, l’Église catholique compte, la foi compte, la fidélité à Jésus-Christ compte. Et lorsque des questions sur lesquelles l’Église s’est déjà prononcée de manière définitive et cohérente sont à nouveau remises en question, afin de préserver son alliance avec le Seigneur et de la transmettre sans corruption, ce n’est pas seulement un droit, mais un grave devoir d’un évêque de prendre position publiquement pour poser des questions et apporter des éclaircissements. Que le pape confirme la foi n’est pas l’exigence irrévérencieuse de Burke, Strickland ou Zen : c’est le sens constitutif de sa fonction telle que Jésus-Christ l’a instituée. Et que le Pape fasse exactement le contraire est démontré par la confusion sans précédent - du moins dans les temps modernes - parmi les catholiques.
Au cours des dix dernières années de son pontificat, des points fixes de la discipline de l'Église , enracinés dans le dogme, ont été détruits soit directement par le pape, soit par des personnes qu'il a placées à des postes clés et qu'il s'est bien gardé de réprimander. Ce qui était clair est devenu confus, ce qui était certain est devenu discutable, ce qui était sacré a été profané. Rappelons-en quelques-unes : la possibilité pour ceux qui continuent à vivre à la manière d'époux de recevoir l'absolution sacramentelle et la Sainte Communion ; même possibilité pour ceux qui soutiennent publiquement l’avortement et d’autres péchés graves ; l'insistance pour que les prêtres absoutent toujours, sans vérifier le repentir sincère ; la possibilité de recourir à la contraception et même à la fécondation assistée homologue ; la possibilité de recourir à l'euthanasie ; la possibilité de bénir les couples non mariés et même les homosexuels ; l'affirmation que Dieu veut la pluralité des religions ; la révision du célibat obligatoire ; la possibilité d'un diaconat féminin ordonné et l'ouverture au sacerdoce féminin ; le renversement de l’enseignement de l’Église sur la peine de mort ; la possibilité de réviser l'enseignement de l'Église sur l'homosexualité ; la possibilité pour les protestants de recevoir la Sainte Communion ; révolutionner la structure hiérarchique de l'Église en introduisant des laïcs avec droit de vote lors d'un synode des évêques.
S’opposer à ces dérives graves, ce n’est pas être un ennemi de la papauté ni diviser l’Église ; le drame est qu'il y a un pape qui les propose, les soutient et considère comme ennemi qui, au contraire, ne fait que son devoir.
Le Cardinal Burke a dirigé le diocèse de La Crosse, dans le Wisconsin, y fondant le sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe. Il a ''écrit et parlé largement sur le droit canonique catholique romain, la Sainte Eucharistie, la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, la dévotion à Notre-Dame. de Guadalupe et le caractère sacré de la vie humaine.''
La fête du Christ Roi a été instituée en 1925 par le Pape Pie XI, avec l'encyclique "Quas Primas". Le Pape déclara qu'avec cette fête "c'est désormais à notre tour de pourvoir aux nécessités des temps présents, d'apporter un remède efficace à la peste qui a corrompu la société humaine, le laïcisme."
Pie XI faisait précéder la Toussaint par la fête du Christ Roi afin de montrer que la foi catholique vécue dans la Cité devait emprunter les chemins de sanctification suivis par les saints. Durant ces années au Mexique les "Cristeros" persécutés par le gouvernement franc-maçon se battaient pour la liberté religieuse et mouraient en criant "Viva Cristo Rey" ("Vive le Christ Roi").
Aujourd'hui, l'Église fête la solennité du Christ Roi le dernier dimanche de l'année liturgique pour montrer que le Christ est le "commencement et la fin" (Ap 1,8), le Maître du temps et de l'Histoire.
Cette fête est la conséquence liturgique de la conception théologique scotiste du XIVe siècle (ordre franciscain) reconnaissant au Christ une place suréminente dans l'œuvre de la Création et de la Rédemption. Celui que S. Jean dans l'Apocalypse appelle "l'Alpha et l'Oméga, le Principe et la Fin" (Ap 1,8), est la cause, le chef et l'achèvement de toute la Création spirituelle et sensible.
Un royaume spirituel, et non matériel
Mgr Louis-Édouard Pie(1815-1880), évêque de Poitiers, cardinal et prélat antilibéral du XIXe siècle, a expliqué la doctrine intégrale de la Royauté de Jésus-Christ.
La parole du Christ "Mon Royaume n'est pasdece monde" (Jn 18,36) est souvent interprétée d'une manière erronée par les libéraux qui vivent comme si le royaume de Dieu ne devait déjà pas s'exercer sur cette terre. Cette parole de Jésus à Pilate indique simplement que la royauté du Christ vientd'en haut, et nondece monde. Son pouvoir s'origine du Ciel et non d'ici-bas. Elle va avec 'Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi si tu ne l’avais reçu D’EN haut' (Jn 19,11). Saint Paul précise : "comme le Christ est du ciel, ainsi les hommes seront du ciel" (1 Co 15,48). La royauté du Christ s'exerce sur toutes les réalités d'ici-bas, tout ayant été fait "en" lui, "par" lui et "pour" lui (Colossiens 1,16). "Il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin." (Lc 1,33) "Car en lui habite corporellement toute la Plénitude de la Divinité" (Colossiens 2,9). Devant Pilate encore, il affirma catégoriquement sa royauté, répondant à sa question : "Alors tu es roi ?", "Tu le dis, je suis roi" (Jn 18, 37). Royaume donc pas de ce monde, car il ne vient pas des hommes, mais de Dieu seul.
Jésus lui-même le dit : "Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre." (Mt 28,18) Le Christ règne déjà sur la terre.
"Le Royaume est déjà présent sur cette terre", mais dans le mystère - le Concile Vatican II le rappelle dans la constitution pastorale "Gaudium et spes" (n°39) - il parviendra à sa pleine perfection à la fin des temps avec la venue du Seigneur, Juge suprême et Roi, pour juger les vivants et les morts (Mt 25, 31 ss). Nous ignorons le temps de l’achèvement de la terre et de l’humanité et il ne nous appartient pas de le connaître (Ac 1,7); mais, nous l’avons appris, Dieu nous prépare une nouvelle terre où régnera la justice (2 Co 5, 2 ; 2 P 3, 13) et dont la béatitude comblera et dépassera tous les désirs de paix qui montent au cœur de l’homme (1 Co 2, 9 ;Ap 21, 4-5). Alors, la mort vaincue, les fils de Dieu ressusciteront dans le Christ, et ce qui fut semé dans la faiblesse et la corruption revêtira l’incorruptibilité (1 Co 15, 42.53). La charité et ses œuvres demeureront (1 Co 13, 8 ; 3, 14) et toute cette création que Dieu a faite pour l’homme sera délivrée de l’esclavage de la vanité. L’attente de la nouvelle terre, loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller : le corps de la nouvelle famille humaine y grandit, qui offre déjà quelque ébauche du siècle à venir. C’est pourquoi, s’il faut soigneusement distinguer le progrès terrestre de la croissance du règne du Christ, ce progrès a cependant beaucoup d’importance pour le Royaume de Dieu, dans la mesure où il peut contribuer à une meilleure organisation de la société humaine. (Gs 39)
Il s'agit d'un royaume d'amour, un royaume spirituel, et non matériel, pour ceux qui sont nés de l'eau et de l'esprit. (Jn 3,5), sont devenus des créatures nouvelles (Ga 6,15) et qui persévèrent ici-bas dans la communion avec Dieu jusqu'à sa mort (Mc 13,13), naissance à la vraie vie, à la vie de Dieu (Jn 14, 1-3) Un Royaume où "tous les hommes sont appelés à faire partie du peuple de Dieu (CEC n°831)".
"Le Royaume de Jésus est avant tout un royaume spirituel qui s'établit par la puissance divine et non par la force matérielle des armes. [Ainsi, lorsque Jésus est livré par Judas et arrêté à la demande du grand prêtre Caïphe, "l’un de ceux qui étaient avec Jésus, portant la main à son épée, la tira, frappa le serviteur du grand prêtre, et lui trancha l’oreille. Alors Jésus lui dit : 'Rentre ton épée, car tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée. Crois-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père ? Il mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d’anges'" (Mt 26: 51-53)]. Mais il ne résulte aucunement de ces paroles, que Jésus ne veuille pas régner socialement, c'est-à-dire imposer ses lois aux souverains et aux nations." (La Royauté sociale de N.S. Jésus-Christ, d'après le Cardinal Pie, P. Théotime de Saint-Just, O.M.C., Lecteur émérite en théologie, Editions Saint-Rémi, p. 30).
Une prophétie tirée du livre du prophète Isaïe dans l'Ancien Testament, précise, par exemple : "Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu qui a toute ma faveur. J’ai fait reposer sur lui mon esprit ; aux nations, il proclamera le droit."
La prophétie d'Isaïe poursuit à propos du Messie : "Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, il ne fera pas entendre sa voix au-dehors. Il ne brisera pas le roseau qui fléchit, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit, il proclamera le droit en vérité. Il ne faiblira pas, il ne fléchira pas, jusqu’à ce qu’il établisse le droit sur la terre, et que les îles lointaines aspirent à recevoir ses lois. Ainsi parle Dieu, le Seigneur, qui crée les cieux et les déploie, qui affermit la terre et ce qu’elle produit ; il donne le souffle au peuple qui l’habite, et l’esprit à ceux qui la parcourent." (Is 42, 1-5.)
Cela signifie que le Seigneur est doux et humble de cœur, et que Son règne social ne s'impose pas par la force, mais par "l'esprit". En effet, "qui vit par l'épée périra par l'épée" (Mt 26: 52). Au XVIe siècle, contre ceux qui avait imposé la religion protestante par la force à Genève en 1535-1536 et en avait chassé l'évêque catholique, saint François de Sales dont la devise était, "Rien par force, tout par amour", dit en 1594 : "C'est par la charité qu'il faut ébranler les murs de Genève, par la charité qu'il faut la recouvrer... il faut [les] renverser par des prières ardentes et livrer l'assaut par la charité fraternelle".
"Ne voyons surtout pas dans le règne social du Christ une confusion du temporel et du spirituel. Le monde antique, païen ou juif, opère cette confusion, et l'empereur Constantin conservera une vision païenne du pouvoir où le Prince Souverain Pontife intervient dans les affaires religieuses (césarisme). De très bonne heure, c'est l'Occident pourtant qui admit la dualité des pouvoirs temporel (séculier) et spirituel (religieux) : "Duo quippe sunt potestates", en effet il y a deux pouvoirs, écrit le pape Gélase Ier à l'empereur Anastase au Ve siècle en 494 pour le réprimander de cette tendance des empereurs à vouloir dire la doctrine et décider pour l'Église.
Saint Augustin au Ve siècle distingue "les deux cités" (temporel et spirituel). La "réforme grégorienne" au XIe siècle corrigera ce défaut de l'empiètement des rois et des empereurs (Voir un peu plus bas). C'est le Christ qui distingue le temporel du spirituel : 'Rendez à César ce qui appartient à César' (Mc 12,17;Mt 22,21,Lc 20,25).
Mais si Jésus affirme sa royauté spirituelle, le monde, lui, n'a pas droit à l'indifférence religieuse : "Je suis la lumière du monde" (Jn 8,12) (Gérard BEDEL, Le Cardinal Pie, Un défenseur des droits de Dieu, Clovis Diffusion, Suresnes 2015, p. 61). En Lituanie, en 2009, la laïcité n'empêche pas la Royauté sociale du Christ. Simplement, la distinction ne veut pas dire séparation. Rendre à César ce qui est à César ne dispense pas César de rendre à Dieu ce qui est à Dieu.
Il y a une "saine laïcité" (Pie XII) et selon S. Jean-Paul II une "saine collaboration" (Mémoire et identité, Le testament politique et spirituel du pape, Flammarion 2005, p.145-146)
"Dire que Jésus-Christ est le Dieu des individus, et n'est pas le Dieu des sociétés, c'est dire qu'il n'est pas Dieu, dire que le christianisme est la loi de l'homme individuel et n'est pas la loi de l'homme collectif, c'est finalement dire que Christ n'est pas divin..., dire que l'Église est juge de la morale privée et n'a rien à voir avec la morale publique, c'est dire finalement qu'elle n'est pas divine..." (Cardinal Pie).
La thèse libérale moderne prétend fonder un contrat social indépendant de toute société extérieure à l'État. Dans ce système, tout vient de l'État et tout revient à l'État. Maiscette thèse qui prétend que l'État doit être purement laïque est une exagération de la parole du Christ et aboutit à rendre toutà César. "C'est-à-dire encore que, sous prétexte d'échapper à la théocratie imaginaire de l'Église, il faut acclamer une autre théocratie aussi absolue qu'elle est illégitime, la théocratie de César, chef et arbitre de la religion, oracle suprême de la doctrine et du droit..." (Cardinal Pie, Homélie sur le Panégyrique de saint Emilien, Nantes, 8 novembre 1859, III, p. 511-518 cité in Gérard Bedel, Le Cardinal Pie, ibid., p. 65-66.) Le pape Pie IX (1846-1878), a ainsi pu légitimement dénoncer un défaut majeur de l'État moderne, en ce qu'il se proclame "origine et source de tout droit", qui prétend jouir "d'un droit qui n'est circonscrit par aucune limite." (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je, 4e édition, Paris 2018, p. 91.)
La royauté de Jésus n'a rien à voir avec nos images habituelles des rois.
L'Évangile (Mt 21,1 - 9, Mc 11,1 - 10, Lc 19, 28 - 40) raconte qu'à proximité de la fête de la Pâque juive, Jésus décida de faire une entrée solennelle à Jérusalem (Rameaux). Il organisa son entrée en envoyant deux disciples chercher un ânon. Il entra à Jérusalem sur une monture pour se manifester publiquement comme le Messie que les juifs attendaient. C'est une monture modeste comme l'avait annoncé le prophète pour montrer le caractère humble et pacifique de son règne.
"Il est le Roi des cœurs, à cause de son inconcevable charité qui surpasse toute compréhension humaine (Eph 3:19) et à cause de sa douceur et de sa bonté qui attirent à lui tous les cœurs: car dans tout le genre humain il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais personne pour être aimé comme le Christ Jésus." (Quas Primas 4)
Sur la Croix, alors que deux malfaiteurs étaient crucifiés avec lui, le peuple restait là à observer, les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : "Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu !" Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, en disant :"Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même !" Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : "Celui-ci est le roi des Juifs." L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : "N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi !" Mais l’autre lui fit de vifs reproches : "Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal." Et il disait : "Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume." Jésus lui déclara : "Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis." (Lc 23,35-40)
"Il est venu tout réconcilier, faisant la paix par le sang de sa croix (Col. 1:20); C’est lui, le Christ, qui est notre paix ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui séparait, le mur de la haine ; il a supprimé les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu les uns et les autres par le moyen de la croix; en sa personne il a tué la haine (Ephésiens 2,14-16); il n'est pas venu pour être servi, mais pour servir (Mt 20:28).
"Que le plus grand parmi vous se comporte comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert... Moi je suis au milieu de vous comme le serviteur." (Lc 22,26-27); maître de toutes créatures, il a donné lui-même l'exemple de l'humilité et a fait de l'humilité, jointe au précepte de la charité, sa loi principale; il a dit encore: Mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. (Mt 11,30)" (Quas Primas 15). Il n'existe de salut en aucun autre; aucun autre nom ici-bas n'a été donné aux hommes qu'il leur faille invoquer pour être sauvés (Ac 4:12).
De la lignée de David, choisi par Dieu et marqué par l'onction royale, Il est le pasteur et le roi qui refait l'unité du peuple. Ce royaume, Saint Paul en parle non pas comme d'un monde étranger, d'un au-delà, mais comme une réalité déjà présente dans laquelle nous sommes déjà introduits par le Christ et avec lui. Jésus a tout réconcilié par le sang de sa croix. Ce royaume est déjà commencé, malgré les violences et les ténèbres qui enserrent notre monde. (Col. 1, 13-20)
Prétendre que le Christ ne doit pas régner sur les sociétés revient à dire que le Christ serait mort en vain sur la Croix et que ses lois n'auraient pas à être suivies par les souverains et les nations. "Dire que Jésus-Christ est le Dieu des individus et des familles, et n'est pas le Dieu des peuples et des sociétés, c'est dire qu'il n'est pas Dieu. Dire que le christianisme est la loi de l'homme individuel et n'est pas la loi de l'homme collectif, c'est dire que le christianisme n'est pas divin. [...] C'est le droit de Dieu de commander aux états comme aux individus. Ce n'est pas pour autre chose que N.-S. est venu sur la terre." (La Royauté sociale de N.S. Jésus-Christ, d'après le Cardinal Pie, P. Théotime de Saint-Just, ibid., p. 43-44; 73).
Devant Pilate lui demandant s'il était roi, Jésus répondit : "Tu l'as dit, je suis roi. Si je suis né et si je suis venu dans le monde, c'est pour rendre témoignage à la vérité; quiconque est de la vérité, écoute ma voix." (Jn, 18:37).
Le titulus crucis, titre de la Croix que Pilate fit placer au-dessus de la tête du Christ lors de sa crucifixion est"Iesvs Nazarenvs, Rex Ivdæorvm" (INRI), "Jésus de Nazareth, Roi des Juifs" (Jn 19, 19). L'inscription était en trois langues, en hébreu, en grec et en latin (Jn 19,20).
Le grand moyen de promouvoir ce règne, c'est la prière qui vivifie l'action et obtient du Ciel le succès que nos seuls efforts ne sauraient procurer. (La Royauté sociale de N.S. Jésus-Christ, d'après le Cardinal Pie, P. Théotime de Saint-Just, ibid., p. 86.)
Se manifestant aux Onze pendant qu'ils étaient à table, Jésus ressuscité leur dit : "Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création." (Mc 16,15). En montant au Ciel, lors de sonAscension, Jésus adressa encore ces paroles explicites à ses disciples : "Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre", leur commandant : "Allez donc: de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps." (Mt28:18-19). "Garder" ce qu'Il a prescrit, "tout pouvoir" lui ayant été donné, "au ciel et sur la terre", sont les termes qu'emploie Jésus. Il y a un devoir d'évangéliser les nations sur la terre, c'est-à-dire d'apprendre aux nations, et à leurs souverains, à "garder" les enseignements du Christ.
A Lui seul soit le gouvernement
La louange et la joie
Jusqu'à l'accomplissement des temps. Amen !
Les jours meilleurs arrivent !
Les bons temps arrivent !
Par le rachat du Sang du Christ !
Maintien dans la joie
Félicitations !
Et bonne fortune !
La Paix du Christ vient
Le Règne du Chrits arrive
Rendons grâce à Dieu. Amen.
La Grande guerre prouve la vanité de l'optimisme des "Lumières". Cherchant à rétablir la distinction des deux pouvoirs temporel et spirituel, opposant une "laïcité saine" à la "laïcité anticléricale", et constatant l'échec du système libéral moderne, cet athéisme public où tout vient de César et revient à César, et où une modernité crée des rapports sociaux injustes, méprise l'autorité spirituelle et conduit au "suicide de l'Europe civilisée" via des idées politiques autoritaires ou totalitaires, suite au conflit mondial de 1914, le pape Pie XI (1922-1939) instaure en 1925 la fête et la théologie du Christ-Roi comme remède.
21. Les Etats, à leur tour, apprendront par la célébration annuelle de cette fête que les gouvernants et les magistrats ont l'obligation, aussi bien que les particuliers, de rendre au Christ un culte public et d'obéir à ses lois. Les chefs de la société civile se rappelleront, de leur côté, le dernier jugement, où le Christ accusera ceux qui l'ont expulsé de la vie publique, mais aussi ceux qui l'ont dédaigneusement mis de côté ou ignoré, et punira de pareils outrages par les châtiments les plus terribles."
La Royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ (Cardinal Pie)
P. THEOTIME DE SAINT JUST O.M.C.
LECTEUR EMERITE EN THEOLOGIE
LA ROYAUTÉ SOCIALE DE N. S. JESUS-CHRIST D’APRÈS LE CARDINAL PIE
Image du Christ, Roi des Nations; extrait de la magnifique tenture de l'Apocalyspe exposée au chateau d'Angers, rescapée des destructions de la Révolution dite française.(Merci aux divers responsables qui ont permis la mise en valeur de ce trésor)
{Editions de Chiré BP 1 86190 Chiré en Montreuil 05 49 51 83 04 /
«JESUS-CHRIST EST LA PIERRE ANGULAIRE DE TOUT L'EDIFICE SOCIAL. LUI DE MOINS, TOUT S'EBRANLE, TOUT SE DIVISE, TOUT PERIT...»
«METTEZ DONC AU CŒUR DE NOS CONTEMPORAINS, AU COEUR DE NOS HOMMES PUBLICS, CETTE CONVICTION PROFONDE QU'ILS NE POURRONT RIEN POUR LE RAFFERMISSEMENT DE LA PATRIE ET DE SES LIBERTES, TANT QU'ILS NE LUI DONNERONT PAS POUR BASE LA PIERRE QUI A ETE POSEE PAR LA MAIN DIVINE : PETRA AUTEM ERAT CHRISTUS ».
«JESUS-CHRIST, C'EST LA PIERRE ANGULAIRE DE NOTRE PAYS, LA RECAPITULATION DE NOTRE PAYS, LE SOMMAIRE DE NOTRE HISTOIRE, JESUS-CHRIST, C'EST TOUT NOTRE AVENIR... » (CARDINAL PIE : ŒUVRES , V, 333 ; VIII, 54 ; X, 493).
"Les Pères de l'Église élaborent un 'hellénisme chrétien' qui estun véritable miracle de l'histoire humaine', comme le dit le cardinal Daniélou (L'Église des premiers temps, Seuil, 1985, p. 137). La formule est excellente.
"L'hellénisme chrétien à l'origine de la civilisation occidentale aurait pu avec le temps inscrire l'histoire dans le dessein de Dieu, sans la Révolution évidemment, c'est-à-dire sans la Renaissance, donc sans les ésotéristes chrétiens, et surtout sans le mouvement ésotérique qui va transmettre la pensée hellénistique aux initiés de la Renaissance et de la Révolution, ces deux défaites de l'Occident chrétien.
"[...] Saint Augustin a latinisé la culture grecque, ce qui permet à l'augustinisme d'atteindre à l'universel." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 116; 233)
On a pu reprocher les empiétements de l'Église sur le pouvoir temporel des rois. Ceux-ci ont une explication historique simple : des empereurs de la Rome tardive ont prétendu intervenir dans la vie de la jeune Église chrétienne en nommant les évêques, en imposant des papes, en convoquant des conciles, en légiférant en matière de discipline ecclésiastique, en intervenant dans les débats doctrinaux.
Les rois capétiens, les rois d'Angleterre, les empereurs du Saint empire romain germanique furent ainsi nombreux à intervenir dans la vie de l'Église, en désignant des évêques, légiférant en matière de discipline ecclésiastique. (Source: Dictionnaire du Moyen-Âge, sous la direction de Claude Gauvard, Alain de Libera, Michel Zink, Quadrige, Puf, 2002, p. 242).
Or, l'Église est seule maîtresse de sa morale et de son dogme (Cf. Saint Athanase, Saint Ambroise, Saint Jean Chrysostome, Saint Augustin).
« Les siècles de la féodalité, longtemps définis comme des siècles de fer', correspondent en réalité au moment du "décollage" européen ». (Jean-Louis BIGET, Préface dans Florian MAZEL, 888-1180 Féodalités, Histoire de France, sous la direction de Joël Cornette, Folio, Gallimard, Trebaseleghe, Italie 2019, p. 10.)
Voici donc comment l'Église s'est dégagée de l'ingérence et de l'influence des empereurs et des rois, ce qui a permis le développement inédit dans l'histoire d'une civilisation originale, distinguant le temporel du spirituel, le laïque du religieux, la civilisation occidentale :
Dans les sociétés païennes antiques, "ignorant des raisons de sa présence en ce monde, l'homme subissait totalement un destin qui lui était imposé par la volonté divine. Cette volonté s'exprimant au travers des prêtres (païens) qui étaient chargés de la servir, le pouvoir clérical (païen) était sans limite et pesait considérablement sur la direction de la cité jusqu'à se confondre avec elle. Pharaon, roi, dictateur ou tyran, les dirigeants antiques portaient en eux une partie de la vie divine. Ils étaient moitié fils de dieux ou de déesses, divinisés de leur vivant, tant on était convaincu que le pouvoir, même politique, échappait à la volonté de l'homme qui n'avait aucune prise sur sa destinée. L'État était une communauté religieuse, le roi un pontife, le magistrat un prêtre, la loi une formule sainte." (Fustel de Coulanges, La cité antique, Hachette 1967, p. 457).
Cette confusion totale du politique et du religieux, l'Empire romain, par l'intermédiaire d'Octave Auguste, le premier empereur, la portera à son sommet, en réalisant la fusion du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel en sa personne.
"César, à cette époque, était le grand pontife, le chef et le principal organe de la religion romaine; il était le gardien et l'interprète des croyances, il tenait dans ses mains le culte et le dogme. Sa personne même était sacrée et divine" (Fustel de Coulanges, Ibid., p. 461.).
Or, "le christianisme n'est pas intégré au système étatique. Il ne s'accommode pas d'un mode politique, il en dénonce les travers et les injustices. Selon Jacques Ellul, même, ''le message du christ est forcément subversif à l'égard de tous les ordres sociaux, politiques, économiques, moraux et religieux.''
Le christianisme introduit une distinction inédite entre religion et politique. L'évêque Ossius de Cordoue (257-359) est de ceux qui veulent tenir l'État à distance dans les questions doctrinales : 'Ne vous mêlez pas des affaires religieuses et ne donnez pas d'ordres à ce sujet : [...] Dieu a mis la royauté dans vos mains et nous a chargés des affaires de son Église.' [...] Les pouvoirs politiques et religieux doivent donc collaborer, bien qu'ils soient distincts." (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je ?, 4e édition, Paris 2018, p. 22.)
"Augustin conçut son ouvrage La Cité de Dieu, achevé vers 426, comme une démonstration de la compatibilité entre l'Empire et la foi. Il n'y a qu'une seule cité de Dieu, mais elle offre deux faces, l'une est terrestre, l'autre céleste, la seconde se révélant au fur et à mesure que la première s'efface. La cité de Dieu est à la fois l'Église réalisée, le ciel à venir et la communauté terrestre avec sa législation, gouvernée par le Christ. Mais cette conception mystique de l'Église laissait une liberté d'intervention concrète au profit des pouvoirs séculiers. [...] Le pape cherchait à préserver la liberté de l'Église romaine face aux empiétements impériaux, tout en reconnaissant la légitimité de l'autorité temporelle." (L'Église en procès, La Réponse des historiens, sous la direction de Jean Sévillia, Tallandier, Le Figaro, Paris 2019, p. 73.)
Mille ans après sa fondation par le Seigneur à la Pentecôte, où saint Pierre prit la parole, la papauté est devenue presque malgré elle, de manière accidentelle, un pouvoir impliqué dans les querelles de ce monde (Les disciples du Christ ne sont pas DU monde, mais ils sont DANS le monde. Jn 17,14-18). Outre, le choix des évêques ou la convocation des conciles, "l'empereur germanique passait par-dessus le peuple romain et les notables pour nommer directement les papes.
Le pape Saint Grégoire VII, l'un des plus grands Papes, fut au XIe siècle l'homme providentiel qui combattit tous les grands abus de cette époque. Sa "réforme grégorienne" régla les empiétements des empereurs d'Allemagne, c'est-à-dire un pouvoir politique trop envahissant, la vente des dignités ecclésiastiques (simonie), la contagion des mauvaises moeurs du clergé et dans le peuple.
En 1122, le compromis du concordat de Worms, le premier de l'histoire, régla le problème: désormais, l'évêque serait élu librement par le clergé en présence de l'empereur ou de son représentant. En France, des procédures analogues furent mises en place pour l'élection des évêques.
L'Église n'a jamais enseigné la confusion des deux pouvoirs, ni l'absorption du temporel par le spirituel (théocratie), ni l'absorption du spirituel par le temporel (césarisme, gallicanisme, églises nationales), parce que ce sont des erreurs régulièrement condamnées par le Saint-Siège.
On adressait déjà cet absurde reproche (d'absorption du temporel) au pape Boniface VIII, qui, dans sa Bulle Unam, sanctam, définit contre les légistes courtisans de Philippe le Bel, déjà gallicans, la subordination (qui n'est pas absorption) de la puissance temporelle à la puissance spirituelle. "Il enseigne, disait-on, que le pape peut disposer des couronnes selon son bon plaisir..." - "Il y a quarante ans que j'étudie le doit, répondait le saint Pontife dans le Consistoire de 1303, et je sais apparemment qu'il y a deux puissances... Comment peut-on croire qu'une telle folie me soit venue à l'esprit?" (Boniface VIII, cité dans Mgr Gaume, Le dogme de l'infaillibilité.)
En réaction aux empiétements des pouvoirs temporels, la papauté au "Moyen-Âge" a cherché à affirmer "sa liberté tout en ouvrant la porte à une autonomie du politique, de la société, qui se serait développée grâce à cette séparation." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 17.)
"La réforme grégorienne va [...] en fait bien au-delà de la simple 'liberté' ou de la volonté de dégager les Églises des jeux politiques et de la corruption. La papauté grégorienne, veut rompre avec l'association organique des empereurs avec leurs évêques. Ce faisant, la réforme grégorienne commence à poser en des termes nouveaux la question des rapports entre pouvoir laïc et pouvoir religieux. Elle amorce à terme une forme de séparation avec les pouvoirs politiques et une laïcisation de ces derniers." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 135, 146-150.) "La réforme grégorienne fut une révolution qui agita l'Église durant un siècle et remit totalement en causes ses rapports avec le système politique. [...] Ainsi, bien avant la séparation de 1905, le principe de l'autonomie des pouvoirs séculier et spirituel était acquis, et ce en raison de l'insistance de la papauté." (L'Église en procès, La Réponse des historiens, sous la direction de Jean SÉVILLIA, Tallandier, Le Figaro, Paris 2019, p. 80.)
Les ordres monastiques de Cluny (Xe siècle) puis de Citeaux (Cisterciens) diffusent les principes de la réforme du clergé et d'obéissance à l'Église romaine. (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je, 4e édition, Paris 2018, p. 48.)
"(En Occident)Pour l'essentiel, c'est aux moines que l'on doit la transmission de l'héritage antique. [...] Le monachisme s'est répandu en Occident dès le IVe siècle, après que saint Martin a fondé le premier monastère d'Occident à Ligugé." (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, ibid., p. 37.) Mais avant les moines, les philosophes et apologistes chrétiens (Justin, Clément d'Alexandrie, Origène) ont, eux aussi, contribué à amarrer l'héritage antique des progrès de la raison des philosophes grecs au christianisme, permettant une nouvelle civilisation "à condition de rejeter les rituels des initiés. La religion chrétienne est une digue qui protège la rationalité du dogme", à condition, également, de rejeter cet archaïsme du monisme de l'Être de l'Antiquité païenne, qui confondant le Créateur et les créatures, a pu donner lieu à des interprétations mythologiques régressives, ésotérico-magiques, irrationnelles et marchandes. (Lire Alain PASCAL sur ce sujet dans La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris, p. 139-140; 145-150.)
Au IIe siècle à Alexandrie, Clément enseigne de 190 à 202 dans le Didascalé (école philosophique chrétienne, sur le modèle des écoles d'Athènes) que Dieu donne à l'esprit humain les moyens de parvenir à la vérité. Élève de Clément, Origène († 254) assume dans le christianisme l'héritage de la rhétorique et de la philosophie antiques, en intégrant la philosophie platonicienne dans la théologie chrétienne. (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, ibid., p. 23-24.)
"La science et la philosophie grecque n'ont jamais quitté les monastères en Occident. Les œuvres philosophiques de l'Antiquité étaient connues dans les monastères occidentaux, car la culture grecque était présente dans la synthèse augustinienne et la langue grecque restait pratiquée." (Alain PASCAL, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. des Cimes, 2e éd. revue et commentée, Paris 2015, p. 72.)
Le premier humanisme est chrétien. "Il consiste à faire revivre les humanités anciennes pour les christianiser et ne date pas du XVe siècle car il a été constant pendant les temps féodaux (avec les moines augustiniens, Alcuin (735-804), Gerbert (945-1003), le pape de l'an mil, Pétrarque (1304-1374) sous certains aspects, et bien sûr Nicolas V (1397-1455)" (Alain PASCAL, Les Sources occultes de la philosophie moderne, De la Gnose à la théosophie, tome 1 de la La Conspiration des philosophes, éd. des Cimes, Paris 2017, p. 106.) Surnommé le "pape humaniste", Nicolas V (1447-1455) a connu à Florence, dans l'entourage de Cosme de Médicis, Leonardo Bruni, Niccolo Niccoli et Ambrogio Traversari. Parvenu au trône de saint Pierre, il réalise l'un de ses projets en fondant la Bibliothèque vaticane.
"C'est du moyen-âge que sortent directement les doctrines philosophiques et scientifiques sous lesquelles on prétend l'accabler [...]. Il faut donc reléguer dans le domaines des légendes l'histoire d'une 'Renaissance' de la pensée succédant à des siècles de sommeil, d'obscurité et d'erreur..." (Étienne GILSON, La philosophie au Moyen-Âge, p. 761)
L'Europe a dominé le monde dès l'époque dite 'obscure' du "Moyen-Âge". L'explication première réside dans la foi des Européens en la raison, dans l'engagement manifeste de l'Église sur la voie d'une théologie rationnelle débarrassée des rituels magiques antiques (scolastique XIe-XIVe siècle), qui a rendu possibles les progrès... Et ce pourquoi les "initiés" de tous les temps l'ont haïe et l'ont combattue, car elle mettait fin à leur commerce et leur domination sur le monde.
"En différenciant l'Être de Dieu et l'Être du monde, elle (la scolastique) a offert un fondement métaphysique à la raison et à la liberté. [...] En étant une personne, [...] l'homme n'agit pas par nécessité ou contingence (comme tout ce qui est uniquement interne au cosmos), il est libre et responsable (y compris du Mal, c'est la sanction de la liberté).
[...] La philosophie moderne est stupide – c'est le mot – quand elle dit que l'homme est rationnel parce qu'il a rejeté Dieu et qu'elle prône une liberté individuelle parce que la raison humaine ne peut venir que de Dieu et que la liberté est impossible à l'individu, puisqu'il est interne au cosmos. Pour preuve, l'homme moderne ne comprend plus rien, il est fou, et de moins en moins libre (il n'y a que les victimes du communisme qui s'en aperçoivent...) [...] Le monisme métaphysique est donc la cause de l'échec moderne. [...] En régressant à avant la scolastique, la philosophie moderne ne peut pas être nouvelle, elle est nécessairement régressive. [...] Et pour cause, elle régresse à la gnose et à la kabbale.
"La scolastique est un immense progrès parce qu'elle a sanctifié la philosophie ancienne (qui aspirait à libérer l'homme des croyances irrationnelles des relations cosmiques antiques en accordant à l'humain la faculté rationnelle et la liberté individuelle, mais avait échoué car elle avait persisté dans le monisme de l'Être, parce que c'était la seule conception de l'époque, ou parce que les premiers philosophes, s'ils avaient peut-être eu l'échos de la Genèse [...] n'en avaient pas compris la métaphysique) en la refondant sur le dualisme métaphysique" (Un Dieu créateur et un monde créé non confondus dans l'Un antique)." (Alain PASCAL, Les Sources occultes de la philosophie moderne, De la Gnose à la théosophie, tome 1 de La Conspiration des philosophes, éd. des Cimes, Paris 2017, p. 109-111.)
Ainsi, au XVIIe siècle, le cardinal Richelieu, énumérant "les principes dont le gouvernement, remis en sa bonne forme, doit s'inspirer", explique que puisque "'l'homme est souverainement raisonnable, il doit souverainement faire régner sa raison [...], l'autorité contraint à l'obéissance, mais la raison y persuade.' Cette croyance en la souveraineté de la raison est contraire à la doctrine protestante. Selon Luther, le péché originel a absolument corrompu la raison et l'a rendue totalement impuissante. Selon S. Thomas d'Aquin et la majorité des scolastiques, le péché originel a seulement affaibli la raison, mais l'a laissée capable d'atteindre le vrai et le bien. Pour les catholiques et pour Richelieu, la raison reste notre meilleur instrument." (Roland MOUSNIER, L'Homme rouge ou la vie du cardinal Richelieu, Bouquins, Robert Laffont, Paris 1992, p. 752.)
"En Occident, sept disciplines sont étudiées dans les monastères. Ce sont les arts libéraux. La grammaire, la rhétorique et la dialectique constituent le 'Trivium', les trois premières 'voies'. À leur suite, l'arithmétique, la musique, la géométrie et l'astronomie constituent les autre 'voies' des arts mathématiques, le 'Quadrivium'. On peut trouver une ébauche des arts libéraux dans Saint Augustin, mais leur origine est antérieure au christianisme et absolument païenne. Leur première énonciation aux Temps féodaux est due à un écrivain latin du Ve siècle, Capella (360? - 428?), qui [...] condense les arts libéraux dans une 'sorte d'encyclopédie', dont le tire est Le Satyricon ou Les Noces de Mercure et de la philologie... Selon Bréhier (La philosophie du Moyen-Âge, Albin Michel, 1949), les arts libéraux ont été 'christianisés' au VIe siècle par Cassiodore (né v. 468).
"[...] Cassiodore écrit v. 540 les manuels des arts libéraux que les moines vont utiliser pendant plusieurs siècles." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 254-255.)
Entre le Ve siècle et le IXe siècle, Boèce (480-524), philosophe romain chrétien contemporain de Clovis, répand les œuvres d'Aristote en Occident. Son travail a été la source antique principale de la philosophie médiévale avant le XIIIe siècle. Son traité Logica vetus (logique ancienne) comprend entre autres ses traductions latines de l'Organon (Analytiques I et II), des Catégories, des Topiques, et De l'Interprétation d'Aristote, qu'il a transmis en Occident avant que soient connus les commentaires d'Averroès, philosophe andalou (1126-1198) au XIIIe siècle.
"La période n'est pas celle de 'l'infélicité des Goths', le long tunnel d'ignorance déploré par Rabelais et les humanistes. La convergence culturelle des élites 'barbares' et des élites gallo-romaines a permis leur fusion rapide. Au Ve et VIe siècles, aucune régression ne se discerne dans la culture des laïcs ni dans l'usage de l'écrit.
Geneviève BÜHRER-THIERRY, Charles MERIAUX le disent clairement :
"[...] Monastères et églises jouent un rôle positif dans la conservation des œuvres antiques.
"[...] La période du Ve au IXe siècle ne correspond donc nullement au degré zéro de la culture. Tout au contraire, elle assume un rôle primordial dans la transmission d'une grande part de la littérature latine à l'Occident des temps futurs.
"[...] À bien y regarder, on est donc amené à reconsidérer l'idée d'un déclin de cette noblesse sénatoriale dans la Gaule du Ve siècle en raison de l'hégémonie des chefs barbares. En vérité, la plupart des grandes familles ont maintenu leur position, entretenu un style de vie antique et participé à la transmission de la culture écrite." (Geneviève BÜHRER-THIERRY, Charles MERIAUX, La France avant la France 481-888,Histoire de France, Sous la direction de Joël Cornette, Folio Histoire, 2019, p. 19 et 40.)
"À partir du VIe siècle, les monastères occidentaux appliquent la Règle de S. Benoît (v. 440-547), le fondateur du monastère du Mont Cassin, proclamé récemment par l'Église 'Père de l'Europe et Patron de l'Occident, titres mérités. [...] La Règle bénédictine, rédigée en latin, s'inspire de celle de S. Basile, Père de l'Église et défenseur de Nicée, et accroît la lumière augustinienne. La Règle bénédictine oblige les moines à la fois au travail manuel et à la lecture. Par elle, les moines deviennent ainsi des artistes – ils ornent les Écritures des plus belles enluminures É, des constructeurs et des érudits. Cette maîtrise des arts et cette permanence de la culture ne permettent pas (là encore) d'accuser d''obscurantisme' les monastères bénédictins." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 256.)
"Dès les premiers temps, les Pères de l'Église ont enseigné que la raison était le don suprême de Dieu et le moyen d'accroître progressivement leur compréhension des Écritures et de la Révélation. En conséquence, le christianisme s'est trouvé orienté vers l'avenir, tandis que les autres grandes religions affirmaient la supériorité du passé.
"... Comme l'enseigne Tertullien au IIe siècle : 'La raison est une chose qui vient de Dieu, pour autant qu'il n'y a rien que Dieu, qui a fait toute chose, n'ait pas fourni, disposé, ordonné par la raison, rien qu'il n'ait voulu comme devant être appréhendé et compris par la raison.' (De la Repentance, ch. I). Dans le même état d'esprit, Clément d'Alexandrie énonçait au IIe siècle une mise en garde : 'Ne croyez pas que nous disons que ces choses sont reçues seulement par la foi, mais aussi qu'elles doivent être affirmées par la raison. Car en vérité il n'est pas avisé de confier ces choses à la simple foi sans la raison, étant donné qu'assurément la vérité ne peut exister sans raison.' (Les reconnaissances de Clément : Livre II, ch. 69). (Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 7, 22-23.)
Saint Augustin ne faisait qu'exprimer l'opinion générale lorsqu'il soutenait que la raison était indispensable à la foi : 'Veuille le Ciel que Dieu ne haïsse pas en nous ce par quoi il nous a faits supérieurs aux animaux ! Veuille le Ciel que nous ne croyions pas de telle façon que nous n'acceptions pas ou ne cherchions pas de raisons, puisque nous ne pourrions même pas croire si nous ne possédions pas d'âmes rationnelles.' Saint Augustin reconnaissait que 'la foi doit précéder la raison et purifier le cœur et le rendre propre à recevoir et endurer la grande lumière de la raison'. Puis il ajoutait que, bien qu'il soit nécessaire 'que la foi précède la raison dans certains domaines de grande conséquence qui ne peuvent pas encore être compris, assurément la minuscule portion de raison qui nous persuade de ceci doit précéder la foi.' (In David C. Lindberg et Ronald L. Numbers, Gods and Nature : Historical Essays on the Encounter Between Christianity ans Science, Berkeley University of California Press, 1986, 27-28.) Les théologiens scolastiques avaient bien davantage foi dans la raison que la plupart des philosophes ne sont prêts à en avoir aujourd'hui. (R. W. Southern, Medieval Humanisme and Other Studies, Harper Torchbooks, New Yord, 1970, 49). (Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 23.)
"Les moines augustiniens continuent d'étudier les philosophes grecs, Claudien Mamert en fournit la première preuve. Le latin est la langue occidentale, mais dire que la culture grecque reviendra en Occident avec la 'Renaissance italienne' est un mensonge. [...] Dire que les moines en Occident ignorent la culture grecque est un des mensonges historiques qui sert d'alibi à la Franc-Maçonnerie pour opposer à un imaginaire 'obscurantiste' des monastères la pseudo-'science' de la Renaissance." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 232.)
"Autre clerc lumineux, le pape Saint Grégoire le Grand (v. 540-606). [...] On peut dire qu'à leur manière Saint Benoît et Saint Grégoire perpétuent l'union de la raison et du cœur de l'augustinisme. Ils sont fidèles à la tradition de l'Occident chrétien, pour lequel le Vrai, idéal de la raison, est une valeur au même titre que le Beau, idéal du cœur. Le Vrai et le Beau véhiculent le Bien. Un chrétien de la tradition aime la Vérité et la Beauté qui rapprochent de Dieu, redoute le mensonge et la laideur qui sont des attributs du diable, usurpateur du vrai et du beau.
"[...] On peut dire qu'à partir du VIe siècle, par l'augustinisme, la Règle bénédictine et la réforme grégorienne, la lumière éclaire les monastère d'Occident, refuges de la culture et des arts en cette période de chaos due aux invasions." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 256-257.)
"La lumière de la tradition chrétienne éclaire la Renaissance carolingienne
"Alcuin (735-804) dirige l'École du palais à Aix-la-Chapelle et celle de Tours. Sous son autorité, des écoles sont fondées dans toute l'Europe. [...] Alcuin [...] reste un augustinien. [...] L'École du Palais copie les manuscrits des auteurs latins, qui, par les monastères atteindront les grands classiques français. Alcuin inscrit pour plusieurs siècles la culture de l'Occident dans la catholicité. Les Germains découvrent la culture antique grâce aux chrétiens. Cette culture est christianisée et transmise par les moines aux poètes et littérateurs futurs. La littérature des Temps féodaux est même si riche de culture antique qu'il est mensonger de parler de Renaissance littéraire au XVe siècle.
"[...] La Renaissance carolingienne réussit la réconciliation de l'Orient et de l'Occident dans une admirable synthèse qui s'inscrit dans la suite de l'augustinisme (développement chrétien de Platon, nécessité de la grâce pour le salut, conciliation entre foi et raison, connaissance naturelle de Dieu, négativité du mal). Elle est [...] comme l'augustinisme, un magnifique fruit de la Raison occidentale. [...] Elle éclaire le passé grec par la Lumière de la tradition chrétienne, l'augustinisme." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, tome2, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. Cimes, 2e éd. revue et augmentée, Paris 2015, p. 97.)
Au Xe siècle, le savant Gerbert d'Aurillac (950-1003), Pape sous le nom de Sylvestre II. "Ses préoccupations sont celles d'un humaniste, il achète à grand prix des livres dans tous les pays", écrit Émile Bréhier, dans La Philosophie au Moyen-Âge (Albin Michel, 1949, p. 79), c'est-à-dire qu'il étudie les humanités anciennes et se préoccupe du sort des humains (il ne peut pas être Humaniste au sens du XVIe siècle, qui substitue l'Homme à Dieu)... En même temps que Gerbert et en relation avec lui, un autre moine savant, Abbon (945-1004) travaille "à la restauration des sciences", précise Béhier (p. 81).
"L'Occident chrétien va connaître un apogée intellectuel à partir du XIe siècle. (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, tome2, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. Cimes, 2e éd. revue et augmentée, Paris 2015, p. 120-121.)
Du début du XIe siècle à la fin du XIIe siècle, la scolastique primitive débute avec la figure d'Anselme de Cantorbéry (1033-1109) et l'école de Chartres. Les œuvres d'Aristote marquées par l'influence de Platon sont copiées par Jacques de Venise († 1147) et traduites du grec au latin par Albert le Grand (1193-1206), maître dominicain de Thomas d'Aquin, qui les introduit dans les universités, en même temps que les traités scientifiques grecs.
Saint Thomas d'Aquin formule l'aristotélisme chrétien en appliquant à la théologie les méthodes et les exigences du raisonnement philosophique. L'engagement chrétien en faveur de la raison culmine avec sa Somme théologique, publiée à Paris à la fin du XIIIe siècle. Il avançait que dans la mesure où l'entendement des humains n'est pas suffisant pour percevoir directement l'essence des choses, il leur est nécessaire de cheminer vers la connaissance pas à pas, au moyen de la raison. Il prônait ainsi l'utilisation de la philosophie, particulièrement des principes de la logique, dans une tentative d'élaboration de la théologie.
Alexandre de Hales (1180-1245) surnommé le "Docteur irréfragable", Robert Grossetête (1175-1253) à Lincoln, un des représentants de la Première Renaissance, et Roger Bacon (1214-1294) à Oxford (Angleterre), surnommés le "Docteur admirable", davantage portés vers l'expérience que vers la spéculation pure, identifient quelques erreurs commises par Aristote à propos des phénomènes naturels, ce qui ne les empêche nullement de reconnaître l'importance de la philosophie d'Aristote.
La scolastique tardive du XIVe siècle est représentée par la figure de Jean Duns Scot (1266-1308), à Oxford, Paris et Cologne, le "docteur subtil" qui donne une priorité à la volonté (d'où l'étiquette de "volontarisme") devant les autres facultés comme l'intelligence intellectualiste ou la charité.
Les apports du christianisme
Les œuvres du Christ ne reculent pas, mais elles progressent.
‘’(Le christianisme) leva sur le monde, avec l’étendard du Calvaire, le vrai drapeau de la réforme. Il attaqua l’orgueil par l’humilité, il attaqua la cupidité (passion immodérée de la richesse) par la pauvreté, il attaqua le sensualisme par la mortification, il opposa à la concupiscence qui précipitait toutes les décadences la sainteté qui allait susciter tous les Progrès … Et … le monde se trouva replacé sur cette route royale où depuis deux mille ans il remonte avec Jésus-Christ. ... Le christianisme a réformé et fait progresser le monde parce qu'il a attaqué résolument la concupiscence (Concupiscentia carnis, concupiscence de la chair ou sensualisme, péché originel, l'âme qui s'incline sous l'empire du corps, la prépondérance désordonnée de la vie des sens sur la vie de l'esprit) : au contraire, toutes les réformes qui reculent devant elle, réforme religieuse, politique ou sociale, échouent fatalement, et conduisent aux décadences sous le drapeau du Progrès. ... (En effet), ... ce qu'il y a de plus effrayant dans ... ces tendances de notre temps, c'est d'entendre vanter comme élément et principe de Progrès, ce mal profond (le sensualisme) qui dévore le Progrès.’’ (Joseph FELIX, Le Progrès par le christianisme 1857, Conférences de Notre-Dame de Paris, Forgotten Books, p. 87-88; 103; 145.)
"Le christianisme irrigue toutes les constructions sociales, il est le modèle d’explication des sociétés, des cultures et du système de pensée occidental dans ses structures conceptuelles. Il se présente comme la constituante essentielle de l’histoire des civilisations et des hommes. Cette assertion, indéniable aujourd’hui et scientifiquement acquise..." (Bénédicte Sère, Histoire générale du christianisme. Volume I : Des origines au xve siècle, dir. Jean-Robert Armogathe, Pascal Montaubin, Michel-Yves Perrin, Revue de l’histoire des religions [En ligne], 1 | 2012, mis en ligne le 04 avril 2012. URL : http://journals.openedition.org/rhr/7840 )
Le self-government rural ou la "démocratie" et des élections à la pluralité des voix dans chaque village était un usage courant sous l'"Ancien Régime". (Frantz FUNCK-BRENTANO,La Société sous l'Ancien Régime, Flammarion, Lagny 1934, p. 33-35.)
"Les rois du vieux temps laissaient se gouverner leurs sujets à l'abri de leur autorité souveraine. [...] Dallington va jusqu'à définir la France sous le gouvernement de ses princes, 'une vaste démocratie'." (Frantz FUNCK-BRENTANO, L'Ancien Régime, Les Grandes études Historiques, Librairie Arthème Fayard, Paris 1926, p. 525-526.)
Le parlement local était élu par la population locale. Chaque grande ville élisait ses dirigeants, désignés parfois sous le terme d'échevin. (Pierre GAXOTTE,La Révolution française, Nouvelle édition établie par Jean Tulard, Éditions Complexe, Bruxelles 1988, p. 9-10.) Mais, "dans certaines provinces, les sujets du roi pouvait naître, vivre et mourir sans avoir directement affaire à l’Etat." (Michel ANTOINE, Louis XV, Fayard, 1989).
Sous "l'Ancien Régime", "le principe des libertés nationales était posé dans cette maxime fondamentale de l'Etat français :Lex fit consensu populi et constitutione regis. "Consentement de la nation et décret du prince", voilà l'antique formule du pouvoir législatif en France, depuis l'établissement de la monarchie." (Mgr FREPPEL,La Révolution française, Autour du centenaire de 1789, Paris: A. Roger et F. Chernoviz, 1889, p. 33.)
"L'enseignement était obligatoire et gratuit. [...] Au cours de son livreL'École sous la Révolution, V. Pierre constate qu'il y avait en 1789 des écoles dans chaque paroisse 'et presque dans chaque hameau'." (Frantz-FUNCK-BRENTANO, La Société sous l'Ancien Régime, Flammarion, Lagny 1934, pp. 50-51.)
"Dans le régime démocratique, [...] (e)n théorie, le nouveau citoyen se voit reconnaître un pouvoir de contribuer à la formation des décisions. [...] Mais en réalité, il a moins de prise sur la décision qu'il n'en a jamais eu (Voir Patrice Gueniffey,Le Nombre et la raison, La Révolution française et les élections, éd. de l'EHESS, Paris 1993, p. 208-213). En effet, la participation démocratique [...], constitue une double fiction dont l'effet est de transférer le pouvoir théoriquement possédé par les individus à une oligarchie composée de professionnels de la politique. Cette oligarchie trie les problèmes et définit les termes dans lesquels ils peuvent être résolus, médiation indispensable pour transmuer la poussière des volontés individuelles en 'volonté collective'." (Patrice Gueniffey, La Politique de la Terreur, Essai sur la violence révolutionnaire, Fayard 2000, réed. Tel Gallimard, Mesnil-sur-l'Estrée 2003, p. 206-210.)
"L'État de nos jours est plus directif que sous l'Ancien Régime. [...] La plus libérale des démocraties actuelles est bien plus absolue que la monarchie dite 'absolue'... En effet, l’autorité étatique y est beaucoup plus à même d’imposer sa volonté." (Jean-Louis Harouel, L’esprit des institutions d’Ancien Régime, Le miracle capétien, Perrin, 1987).
"Les théoriciens chrétiens proposaient depuis longtemps des théories sur la nature de l'égalité et sur les droits de l'individu. Le travail ultérieur de théoriciens politiques 'laïques' tels que John Locke a été explicitement fondé sur des axiomes égalitaires posés par les penseurs religieux." (Jeremy Waldron, God, Locke, and Equality, Cambridge University Press, 2002, cité inRodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 11).
"Beaucoup expriment également de l'admiration pour les œuvres de John Locke au XVIIe siècle comme étant une source majeure de la théorie démocratique moderne, apparemment sans se rendre compte le moins du monde que Locke fonda explicitement toute sa thèse sur les doctrines chrétiennes concernant l'égalité morale." (Jeremy Waldron, ibid., cité inRodney STARK, Le Triomphe de la Raison, ibid., p. 119.)
Ainsi, ‘’le christianisme n'est pas seulement une foi, c'est une foi qui a baptisé une civilisation : celle de la dignité des hommes, de la liberté, de la responsabilité, de l'égalité. Détruisez le christianisme et vous aurez détruit cette civilisation. Reléguez la foi chrétienne au rôle d'un récit et vous aurez perdu notre fondement. Et notre identité aussi : car si les autres vous frappent parce que vous êtes juif et chrétien et que vous ne donnez aucun poids à cet être, alors les autres sont quelqu'un et vous n'êtes personne, n'ayant rien à défendre. C'est la leçon, très personnelle, que j'ai tirée de la tragédie du 11 septembre et que j'ai renforcée lors de mes rencontres avec Ratzinger. Il avait de la lucidité et du courage,’’ a pu ainsi expliqué le sénateur libéral italien, philosophe et universitaire, Marcello Pera, qui a rencontré à plusieurs reprises Benoît XVI après avoir lu le livre de Joseph Ratzinger, "Foi, Vérité, Tolérance".
Rappelons les progrès scientifiques et moraux dus au christianisme. Le christianisme est directement responsable des percées intellectuelles, politiques, scientifiques et économiques les plus significatives du dernier millénaire; la théologie chrétienne en est la source même. "Les autres grandes religions ont mis l'accent sur le mystère, l'obéissance, l'introspection ou la répétition. Seul le christianisme s'est ouvert à la logique et à la pensée déductive comme moyens d'accès aux lumières, à la liberté et au progrès. Au Ve siècle déjà, saint Augustin célébrait le progrès théologique et "l'invention exubérante". Les valeurs qui nous sont les plus chères aujourd'hui - le progrès scientifique, le règne de la démocratie, la liberté des échanges et de la circulation des hommes et des idées - doivent largement leur universalité au christianisme vu comme une tradition grandiose dont nous sommes tous les héritiers", écrit Rodney STARKdans son ouvrage "Le triomphe de la raison : pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, traduction de Gérard Hocmard, Paris, Presses de la Renaissance, 2007.)
"Non seulement la science et la religion étaient compatibles, mais elles étaient inséparables : l'essor de la science a été le fait de penseurs chrétiens profondément religieux. (Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 30.)
Ceux qui participèrent aux grands progrès des XVI et XVIIe siècles, Newton, Kepler, et Galilée ont perçu leurs travaux comme étant 'au service' de la théologie. Ils considéraient la Création elle-même comme un livre qu'il fallait lire et comprendre. (David Lyle Jeffrey, By Things Seen : Reference and Recognition in Medieval Tought, Ottawa Université of Ottawa Press, 1979, 14). René Descartes justifiait sa recherche des 'lois' naturelles par le fait que de telles lois doivent nécessairement exister puisque Dieu est parfait et qu''il agit de manière aussi constante et immuable que possible', à la rare exception des miracles. (Œuvres, Livre VIII, ch. 61.)
Au VIIe siècle, les sacrifices humains en Europe étaient encore pratiqués dans certaines régions païennes comme la Frise où les enfants étaient "noyés dans la mer par la marée montante afin d'apaiser la colère des dieux" (Geneviève BÜHRER-THIERRY, Charles MERIAUX, La France avant la France 471-888, Histoire de France, Sous la direction de Joël Cornette, Folio Histoire, 2019, p. 276); en Suède où les habitants de l'île de Gotland sacrifiaient leurs enfants, en Norvège où on jetait les enfants sur des lances, en Islande où des êtres humains étaient jetés dans des fosses sacrificielles (blotgrafar, des puits à offrandes); en Suède encore à Uppsala où tous les neuf ans, des hommes étaient sacrifiés pendus dans un bois près du temple, ou noyés dans une source (Stéphane COVIAUX, La fin du Monde Viking, Passés Composés, Paris 2019, p. 158); au Danemark au Xe siècle, où l'archéologie témoigne de l'existence de sites dédiés aux sacrifices rituels, y compris humains, à Tisso, près de la grande halle, ou à Trelleborg.
Ces sacrifices humains réalisés dans l'espoir de se concilier les dieux Odin, Thor et Freya, parce que leur sang avait davantage de prix, avaient disparu au XIIIe siècle dans la "Chrétienté", et au XVIe siècle dans le monde, en Amérique latine. "Ils ne cesseront définitivement qu'une fois le christianisme bien implanté." (Jean RENAUD, Les vikings, vérités et légendes, Perrin, 2019, p. 294-302.)
L'infanticide et l'exposition des enfants. L'anthropologue Laila Williamson note que "l'infanticide a été pratiqué sur tous les continents et par des gens de tous niveaux de complexité culturelle, des chasseurs-cueilleurs aux grandes civilisations, y compris nos propres ancêtres. Plutôt que d'être une exception, il a donc été la règle. (Laila Williamson, Infanticide: an anthropological analysis, in Kohl, Marvin (ed.). Infanticide and the Value of Life, NY: Prometheus Books, 1978, pp. 61–75.)
Une méthode d'infanticide fréquente dans l'Europe et l'Asie anciennes consistait simplement à abandonner le nourrisson , le laissant mourir par exposition (c'est-à-dire par Hypothermie, faim, soif ou attaque animale). [John Eastburn Boswell, "Exposition et oblation: l'abandon des enfants et la famille antique et médiévale". Revue historique américaine, 1984.]
Les Grecs historiques considéraient la pratique du sacrifice des adultes et des enfants comme barbare [26], cependant, l'exposition des nouveau-nés était largement pratiquée dans la Grèce antique , elle était même préconisée par Aristote dans le cas de la déformation congénitale - "Quant à l'exposition des enfants, qu'il y ait une loi interdisant à un enfant déformé de vivre. » [PM Dunn, "Aristotle (384–322 bc): philosopher and scientist of ancient Greece, 2006] En Grèce, la décision d'exposer un enfant appartenait généralement au père, bien qu'à Sparte, la décision ait été prise par un groupe d'anciens.
Cette pratique était également répandue dans la Rome antique. Selon la mythologie, Romulus et Remus , deux fils jumeaux du dieu de la guerre Mars, ont survécu au quasi-infanticide après avoir été jetés dans le Tibre. Selon le mythe, ils ont été élevés par des loups et ont ensuite fondé la ville de Rome.
Philon a été le premier philosophe à se prononcer contre. [The Special Laws. Cambridge: Harvard University Press. III, XX.117, Volume VII, pp. 118, 551, 549.] Une lettre d'un citoyen romain à sa sœur ou à une femme enceinte de son mari [Greg Woolf (2007). Ancient civilizations: the illustrated guide to belief, mythology, and art. Barnes & Noble. p. 386.], datant du 1er av. J.-C., montre la nature décontractée avec laquelle l'infanticide était souvent considéré.
Dans certaines périodes de l'histoire romaine, il était traditionnel qu'un nouveau-né soit amené au pater familias , le patriarche de la famille, qui déciderait alors si l'enfant devait être gardé et élevé, ou laissé mourir par exposition. [John Crossan, The Essential Jesus: Original Sayings and Earliest Images, p. 151, Castle, 1994, 1998] Les Douze Tables de droit romain l'ont obligé à mettre à mort un enfant visiblement déformé. Les pratiques concurrentes d' esclavage et d'infanticide ont contribué au «bruit de fond» des crises de la République.
L'infanticide est devenu une infraction capitale en droit romain en 374 après JC , mais les contrevenants étaient rarement, sinon jamais, poursuivis. [Samuel X. Radbill, 1974, "A history of child abuse and infanticide", in Steinmetz, Suzanne K. and Murray A. Straus (ed.). Violence in the Family. NY: Dodd, Mead & Co, pp. 173–179.]
La première maison d'enfant trouvé en Europe a été établie à Milan en 787 en raison du nombre élevé d'infanticides et de naissances hors mariage. L' hôpital du Saint-Esprit à Rome a été fondé par le pape Innocent III parce que les femmes jetaient leurs enfants dans le Tibre. [Richard Trexler, (1973). "Infanticide in Florence: new sources and first results". History of Childhood Quarterly. 1: 99.]
Contrairement à d'autres régions européennes, au Moyen Âge, la mère allemande avait le droit d'exposer le nouveau-né. [C.W. Westrup (1944). Introduction to Roman Law. London: Oxford University Press. p. 249.]
Au Haut Moyen Âge, l'abandon d'enfants non désirés a finalement éclipsé l'infanticide. Les enfants non désirés étaient laissés à la porte de l'église ou de l'abbaye, et le clergé était supposé prendre soin de leur éducation. Cette pratique a donné naissance aux premiers orphelinats. (Josiah Cox Russell, 1958, Late Ancient and Medieval Population, pp. 13-17.]
Le judaïsme interdisait l'infanticide. Tacite a enregistré que les Juifs "considèrent comme un crime de tuer tout enfant né tard". [Tacitus (1931). The Histories. London: William Heinemann. Volume II, 183.] Josephus , dont les travaux donnent un aperçu important du judaïsme du 1er siècle, a écrit que Dieu "interdit aux femmes de provoquer l'avortement de ce qui est engendré, ou de le détruire par la suite". [Josephus (1976). The Works of Flavius Josephus, "Against Apion". Cambridge: Harvard University Press. pp. II.25, p. 597.]
Dans les tribus païennes germaniques, John Boswell écrit que les enfants indésirables étaient exposés, généralement dans la forêt. "C'était la coutume des païens [teutoniques], que s'ils voulaient tuer un fils ou une fille, ils seraient tués avant d'avoir reçu de la nourriture." [Boswell, John (1988). The Kindness of Strangers. NY: Vintage Books.] Habituellement, les enfants nés hors mariage étaient disposés de cette façon.
Dans son Temps préhistoriques très influent, John Lubbock a décrit des os brûlés indiquant la pratique du sacrifice d'enfants dans la Grande-Bretagne païenne. [John Lubbock (1865). Pre-historic Times, as Illustrated by Ancient Remains, and the Manners and Customs of Modern Savages. London: Williams and Norgate. p. 176.]
Le dernier canto, Marjatan poika (Fils de Marjatta) de l'épopée nationale finlandaise Kalevala décrit un infanticide supposé. Väinämöinen ordonne que l'enfant bâtard de Marjatta se noie dans le marais.
Le Íslendingabók , une source principale pour la première histoire de l'Islande , raconte que lors de la conversion de l'Islande au christianisme en 1000, il a été prévu - afin de rendre la transition plus agréable pour les païens - que "les anciennes lois autorisant l'exposition des nouveau-nés resterait en vigueur". Cependant, cette disposition - comme d'autres concessions faites à l'époque aux païens - fut abolie quelques années plus tard.
Ce sont les principes chrétiens sur lesquels la civilisation occidentale a été fondée qui ont d'abord interdit, puis empêché pendant si longtemps et pendant tant de siècles le meurtre d'enfants.
"Le christianisme est la religion qui valorise le plus le féminin, car la femme [...] y est l'égale de l'homme pour le salut. Il n'y a plus 'ni homme, ni femme', écrit Saint Paul (Ga 3,28).
"Par rapport au passé, le christianisme offre [...] une nouvelle dignité à la femme par un mariage qui met fin à la polygamie orientale et lui accorde le droit à l'amour. La femme n'est plus un objet de plaisir." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, tome 2, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. Cimes, 2e éd. revue et augmentée, Paris 2015, p. 213.)
De même, le consentement dans le mariage est une révolution introduite avec l'institution du mariage chrétien qui revenait sur la pratique du mariage forcé hérité du droit romain où la femme romaine est une mineure, sous la coupe du pater familias, père de famille, puis du mari. Voici quelques lignes de Jacques Le Goff sur ce sujet :
À l'instar des nombreuses saintes qui furent persécuter et martyres pour avoir exercé leur liberté de consentement, comme sainte Thècle au Ier siècle, sainte Agathe au IIIe siècle, ou encore sainte Agnès au début du IVe siècle, "voyez [...] la réflexion qu'a menée l'Église sur [...] le mariage, afin d'aboutir à cette institution typiquement chrétienne formalisée par le IVe siècle concile de Latran en 1215, [...] un acte qui ne peut avoir lieu qu'avec l'accord plein et entier des deux adultes concernés (consentement). [...] Le mariage est impossible sans l'accord [...] de l'épouse : la femme ne peut pas être mariée contre son gré, elle doit avoir dit oui. (Michel SOT, La Genèse du mariage chrétien, L'Histoire n°63, pp. 60-65).
"[...] C'est une de mes idées favorites, confortée par le progrès des études historiques : le Moyen-Âge, [...] a été aussi et surtout un moment décisif dans la modernisation de l'Occident." (Jacques LE GOFF, L'histoire n° 245, cité dans La Véritable Histoire des Femmes, De l'Antiquité à nos Jours, Présenté par Yannick RIPA, L'Histoire, Nouveau Monde Éditions, Paris 2019, pp. 67-82.)
"À l'ère moderne, les découvertes scientifiques, l'essor du commerce [...] auraient achevé d'installer en Occident un mouvement de liberté et de progrès, à opposer à la stagnation des autres mondes, islamique, chinois, indien." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 15.)
"L'une des incantations républicaines consiste à faire croire que la République a apporté l'égalité entre les citoyens. ... [J]e ne suis pas certain que les inégalités aient été plus criantes sous Louis XVI que sous notre république. Précisément parce que l'institution de la noblesse, cet ordre prestigieux auquel toute famille désireuse de se hisser dans la société rêvait d'accéder, empêchait par là même qu'elles continuent à s'enrichir interminablement (il était interdit à la noblesse de s'enrichir; l'honneur interdisait à la noblesse de sortir du rôle qui lui était dévolu, la noblesse pouvait se perdre par déchéance à la suite d'une condamnation infamante, ou par dérogeance, lorsqu'un noble était convaincu d'avoir exercé un métier roturier ou un trafic quelconque). Un Bill Gates était inimaginable à l'époque, ces fortunes qui dépassent la richesse de nombreuses nations n'existaient pas. [...] Rien de plus politique que d'arrêter, par un moyen aussi puissant que volontaire, par le motif de l'honneur, l'accroissement immodéré des richesses dans les mêmes mains. Ainsi l'institution de la noblesse empêchait-elle la constitution de fortunes insensées, aberrantes, outrancières, et ce n'est pas le moindre paradoxe que de voir dans l'ancienne monarchie un monde mieux armé pour prévenir ces aberrations. [...] Malgré l'évidence..., on continue de nous représenter la société sous l'Ancien Régime comme monde inégalitaire. Il l'était, sans aucun doute. Comme toute société. Il n'existe pas de société égalitaire. La société communiste, qui s'est imposée au prix d'une terreur jamais vue dans l'histoire, n'a pas réussi le pari de l'égalité, au contraire: elle a connu un éventail des revenus plus large que nos sociétés d'Europe occidentale. Il est d'ailleurs amusant de constater que la gauche, et plus généralement la république, aggrave, toujours les inégalités plutôt qu'elles ne les réduit. Par exemple, sous le septennat de Valery Giscard d'Estaing, l'éventail des revenus était moins large que sous son successeur François Mittérand. ... Aujourd'hui, ... [l]a moitié du patrimoine national (50%) est détenue par 10% des ménages. Et 40% des Français n'ont aucun patrimoine. 40% des Français sans patrimoine: ce chiffre était le même en 1800, au lendemain de la Révolution." (Yves-Marie ADELINE, Le Royalisme en question (1792-2002), Perspectives pour le XXIe siècle, Préface de Vladimir Volkoff, Postface de Jean Raspail, L'Âge d'Homme - Editions de Paris, Libres Mobiles, 2e édition corrigée, Paris 2002, p. 96-97).
Au Ve siècle, avec nos premiers rois de France, la tradition royale était, sur les conseils de saint Rémi, qui baptisa Clovis, de soulager les habitants du pays, de réconforter les affligés, de veiller sur les veuves, de nourrir les orphelins (M.C. ISAÏA, Rémi de Reims, Mémoire d'un saint, histoire d'une église, Cerf, Paris 2010, p. 777), et pour ceux que la Providence avait particulièrement dotés de donner le plus largement possible aux pauvres. À l'instar de l'amour du prochain, la charité publique, commandée par la foi, et librement consentie, n'était pas (encore...) imposée par l'État. "Protège les Pauvres, ils te protégeront", tel était l'enseignement de Philippe Auguste à Saint-Louis.
La charité publique. C'est surtout sous la direction des évêques, protecteurs des faibles et des malheureux, que se développa le mouvement charitable; ils créèrent les Hôtels-Dieu que l'on retrouve à l'ombre de toutes les cathédrales. Dans la plupart des pays d'Europe, les maladreries étaient sous la juridiction directe des évêques. La dîme servait à alimenter la charité paroissiale, pendant plus de 1200 ans, le budget de l'Église fut en même temps celui de l'assistance et de la charité publiques. (Jean GUIRAUD, Histoire partiale histoire vraie, tome III, L'Ancien Régime, 5° édition, Gabriel Beauchesne & Cie Editeurs, Paris 1914, p. 210.)
"Les principes consolants et la morale bienfaisante du christianisme, ses doctrines démocratiques et libérales, devaient concilier aux prêtres qui les enseignaient le respect et l’amour des peuples ; l’organisation de l’Église, sa hiérarchie, sa discipline, la tenue de ses conciles généraux et particuliers, la richesse de ses revenus et de ses aumônes, lui assuraient un ascendant considérable dans la société." Ainsi s’exprime l’historien Benjamin GUÉRARD, dans sa préface du Cartulaire de l’église Notre-Dame de Paris, publié en 1850. Guérard était loin d’être un "clérical" ; mais ses recherches et sa science approfondie du Moyen Age, étudié par lui aux sources, l’ont amené à tracer du rôle de l’Église dans la civilisation française et dans la conquête des droits et des libertés des citoyens un tableau d’une grande largeur de vues d’un grand intérêt. Le clergé n’eut une si grande influence sur les masses comme sur les individus que parce qu’il se montra d’abord et resta populaire dans la meilleure et la plus sympathique acception de ce mot, tant profané depuis, écrit Charles BARTHÉLEMY dans Erreurs et mensonges historiques ; c’est dans l’Église et par les actes du clergé, non moins que par sa voix, que furent promulgués et mis en pratique les grands principes de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.
Croix et Calvaire du Cher
L’asile, d’après la loi de l’empereur Théodose le Jeune (23 mars 431), comprenait non seulement l’intérieur du temple, mais encore toute l’enceinte du lieu sacré, dans laquelle étaient situés les maisons, les galeries, les bains, les jardins et les cours qui en dépendaient.
Le droit d’asile dans les églises fut confirmé par les rois des Francs et par les conciles.
Ceux qui se réfugiaient dans les asiles étaient placés sous la protection de l’évêque, devenu pour ainsi dire responsable des violences qui leur seraient faites. Les voleurs, les adultères, les homicides même n’en pouvaient être extraits, et ne devaient être remis aux personnes qui les poursuivaient qu’après que celles-ci avaient juré sur l’Évangile qu’elles ne leur feraient subir ni la mort, ni aucune mutilation. L’esclave réfugié n’était rendu à son maître qu’autant que celui-ci faisait serment de lui pardonner.
Les revenus ecclésiastiques étaient divisés en quatre parts. La première seule appartenait à l’évêque, la seconde était pour son clergé, la troisième pour les pauvres de l’Église, et la quatrième pour l’entretien des édifices consacrés au culte.
"Partout la part du pauvre était réservée dans les revenus ecclésiastiques, et lorsqu’elle ne suffisait pas, elle devait être accrue des autres fonds dont le clergé avait la disposition. Nourrir tous les indigents et secourir tous les malheureux, telle était la mission de l’Église, qui, pour la remplir, dut quelquefois se dépouiller de ses biens et mettre en gage jusqu’aux objets les plus précieux du culte", explique Guérard. Une des plus belles œuvres, à cette époque ; une des plus méritoires et qui atteste le mieux de sa charité, c’est celle du rachat des captifs. Les sommes que le clergé y consacrait, d’après l’injonction expresse des conciles, étaient souvent très considérables ; il lui était même permis, pour satisfaire à cette obligation, de mettre en gage jusqu’aux vases sacrés des églises.
Aussi, dans ces siècles de fer, où les populations étaient emmenées captives comme des troupeaux à la suite des armées et partagées comme un butin entre les soldats, on voit les évêques épuiser leurs trésors pour les délivrer des liens de l’esclavage.
Saint Épiphane, évêque de Pavie, délivre, en 494, dans les Gaules, par ses instances auprès du roi Gondebaud ou à prix d’argent, plus de six mille Italiens que les Bourguignons retenaient en captivité.
Le prêtre saint Eptade, originaire d’Autun, rachète plusieurs milliers d’Italiens et de Gaulois emmenés pareillement en esclavage par les Bourguignons, et ensuite une foule de captifs que les Francs de l’armée de Clovis avaient faits dans leur guerre contre les Visigoths.
En 510, saint Césaire, évêque d’Arles, distribue des vêtements et des vivres à une immense multitude de prisonniers francs et gaulois tombés au pouvoir des Goths, et les rachète ensuite avec le trésor de son église, que son prédécesseur Éonius avait amassé. Puis, ayant reçu de Théodoric, roi des Ostrogoths, trois cents sous d’or avec un plat d’argent du poids d’environ soixante livres, il vend le plat, achète la liberté des captifs dispersés dans l’Italie, et leur procure des chevaux ou des chars pour les ramener dans leurs foyers.
Dans le siècle suivant, saint Éloi rachetait les prisonniers saxons et les affranchissait devant le roi.
La fin de l'esclavage. Lors de la chute de Rome (476), l'esclavage était répandu partout en Europe; à la "Renaissance", il avait disparu partout en Europe. Le règne du Christ, le premier, a permis l'abolition de l'esclavage, bien avant que les États modernes ne portent de nouvelles législations d'abolition.
Benjamin Guérard nous révèle encore que "[...] l’Église, [...] en prenant à sa charge et pour ainsi dire chez elle les veuves, les orphelins et généralement tous les malheureux, ne pouvait manquer de les avoir dans sa dépendance ; mais ce qui devait surtout lui gagner le cœur de ses nombreux sujets, c’est qu’au lieu d’être humiliée ou embarrassée de leur cortège, elle s’en faisait honneur et proclamait que les pauvres étaient ses trésors. D'où l'expression médiévale "Nos Seigneurs les pauvres".
"Elle (l’Église) couvrait aussi de sa protection les affranchis, et frappait d’excommunication le seigneur et le magistrat qui opprimaient l’homme faible ou sans défense. Lorsque des veuves ou des orphelins étaient appelés en justice, l’évêque ou son délégué les assistait à la cour du comte et empêchait qu’on ne leur fît aucun tort. L’archidiacre ou le prévôt des églises devait visiter tous les dimanches les prisonniers et subvenir à leurs besoins avec le trésor de la maison épiscopale. Aux trois grandes fêtes de l’année, savoir : à Noël, à Pâques et à la Pentecôte, les évêques faisaient ouvrir les prisons aux malheureux qu’elles renfermaient.
"Ne perdons pas de vue que les institutions qui, dans les temps modernes, et principalement de nos jours, ont agité les peuples, les touchaient alors fort médiocrement et leur étaient non seulement indifférentes, mais encore incommodes, onéreuses, antipathiques. On préférait de beaucoup l’assemblée des fidèles à celle des scabins (échevins, magistrats) ou des hommes d’armes ; on fuyait les plaids et les champs de mars ou de mai pour accourir aux temples ; on était bien plus puni d’être privé dans l’église de son rang, de la participation aux offrandes, aux eulogies, à la communion, que du droit de porter les armes et de juger ; en un mot, on tenait bien plus à l’exercice de ses droits religieux qu’à celui de ses droits politiques, parce que l’État religieux était bien supérieur à l’état politique, et que, hors de l’Église, tous les devoirs et tous les droits de l’homme étaient à peu près méconnus", écrit l’historien Guérard.
Reprenant en 1877 ces propos de Guérard, Charles Barthélemy estime : "[...] où M. Guérard nous semble avoir le mieux compris et proclamé le grand rôle de l’Église dans la revendication des droits de l’homme, c’est dans cette page que lui a été dictée le spectacle des utopies dangereuses de 1848 :
"Ce qu’aucun gouvernement ne ferait aujourd’hui qu’en courant le risque de bouleverser la société, l’Église le faisait tous les jours dans le Moyen Age, sans la compromettre, et même en la rendant plus tranquille et plus stable. Quelle monarchie, quelle république pourrait, par exemple, proclamer impunément ce dangereux droit au travail qui paraît menacer notre civilisation ? Eh bien, l’Église osait plus encore. Des deux grandes classes dans lesquelles la population fut de tout temps divisée, savoir, les riches et les pauvres, l’Église ne craignait pas de se charger de la dernière. Elle mettait dans son lot tous ceux qui n’avaient rien, et s’inquiétant peu pour elle de leur nombre ni de leur exigence, elle leur disait que ses biens étaient à eux ; elle les installait chez elle ; elle s’obligeait à les nourrir et réglait leur part, sans craindre qu’ils n’en fussent bientôt plus contents et qu’ils ne voulussent à la fin tout avoir. Effectivement, malgré le danger de tels principes, le clergé sut rester riche au milieu de ces misérables et faire respecter par eux ses richesses et son autorité... Ce qui favorisait le plus le respect de l’Église, ce qui constituait véritablement sa force, c’était la foi de ses peuples ; et cet article de sa constitution : Beati qui lugent [Heureux ceux qui pleurent], ne les consolait pas moins que sa charité."
De son côté, l’historien et géographe Théophile-Sébastien LAVALLÉE (1804-1867) écrit dans son Histoire des Français : "La monarchie de l’Église fut le commencement de la liberté ; elle n’avait rien d’étroit et de personnel ; elle fut le plus beau triomphe de l’intelligence sur la matière, et eut la plus grande influence sur la révolution plébéienne qui enfanta les communes et les républiques du Moyen Age."
Puis (Barthélemy ) de citer un autre souverain, le roi saint Louis prodiguant quelques recommandations à son fils appelé à régner : "Cher fils, s’il advient que tu viennes à régner, pourvois que tu sois juste ; et si quelque querelle, mue entre riche et pauvre, vient devant toi, soutiens plus le pauvre que le riche, et quand tu entendras la vérité, ce fais-leur droit. Surtout, garde les bonnes villes et les coutumes de ton royaume dans l’état et la franchise où tes devanciers les ont gardées, et tiens-les en faveur et amour. »
Charles Barthélemy, regrettant d’avoir dû brossé trop rapidement un tableau des 'droits de l’homme au Moyen Age' (dans Erreurs et mensonges historiques, tome 8) conclut en citant le "publiciste et peu clérical" mais éminent historien, journaliste et homme politique Louis Blanc, député sous la IIIe République, s’exprimant ainsi au sujet des corporations d’ouvriers au Moyen Age : "La fraternité fut l’origine des communautés de marchands et d’artisans. Une passion qui n’est plus aujourd'hui dans les mœurs et dans les choses publiques rapprochait alors les conditions et les hommes : c’est la charité. L’Église était le centre de tout ; et quand la cloche de Notre-Dame sonnait l’Angelus, les métiers cessaient de battre. Le législateur chrétien avait défendu aux taverniers de jamais hausser le prix des gros vins, comme une boisson du menu peuple ; et les marchands n’avaient qu’après tous les autres habitants la permission d’acheter des vivres sur le marché, afin que le pauvre pût avoir sa part à meilleur prix. C’est ainsi que l’esprit de charité avait pénétré au fond de cette société naïve qui voyait saint Louis venir s’asseoir à côté d’Etienne Boileau, quand le prévôt des marchands rendait la justice." (Source: Droits de l’homme au Moyen Age, ou de l’action sociale du clergé. France pittoresque)
Aujourd'hui, selon un article du Figaro du 21/01/2014, "près de la moitié des richesses mondiales est détenue par 1% de la population". En 1789, la liberté & l'égalité ont été proclamées ensemble. "La démocratie fondée sur la conviction que le corps politique est le produit des volontés de chacun, et portant jusqu'à l'incandescence l'idée d'une création de l'homme par lui-même, est vouée à étendre sans cesse les droits des individus. Elle contraint les hommes à vivre dans un monde d'individus inégaux, alors même qu'elle a posé en principe leur égalité. Elle se condamne donc à rendre sans cesse moins tolérable l'écart entre les promesses [...], les espérances qu'elle suscite et les accomplissements qu'elle offre." (Préface de Mona OZOUF dans François Furet, La Révolution française, Quarto Gallimard, Malesherbes 2007, p. XXI.) Dans ce système, dit de "progrès", l'égalité des uns présuppose l'inégalité économique et sociale des autres; la charité publique et l'amour du prochain sont imposés par l'État. Une belle réussite du marché, mais une impasse totale pour les principes de 1789.
Le dualisme créé par la papauté depuis le Ve siècle (lettre de 494 de Gélase Ier à l'empereur Anastase) et amélioré par Grégoire VII (réforme grégorienne) ne sera fondamentalement remis en question que treize siècles plus tard, sous les "Lumières" et le "despotisme éclairé" de souverains comme l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche (1740-1780) et l'empereur Joseph II (1741-1790) - "joséphisme" - où les évêques seront désormais nommés sans contrôle du pape, la carte des diocèses et des paroisses modifiée par décret, les séminaristes placés sous tutelle de l'État (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je, 4e édition, Paris 2018, p. 85), et par les révolutionnaires français qui imposeront la "constitution civile du clergé" du 12 juillet 1790 sans aucune concertation avec la papauté. "Les religieux deviendront des fonctionnaires de l'État" et "les évêques seront consacrés sans intervention du pape." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 337-338.) La "nation" déclarée souveraine s'arroge le droit d'intervenir seule dans l'organisation du culte.
En 1905, la loi dite de "séparation de l'Église et de l'État", mise en oeuvre par l'obédience maçonnique du "Grand Orient" dit "de France", consacrera non le règne de la laïcité, mais le règne de César en réactualisant le monisme antique de confusion des deux pouvoirs, le temporel (républicain) et le religieux (franc-maçonnique). Et bien vite après César, le règne du marché...
"Après sa naissance en Angleterre en 1717, la franc-maçonnerie a essaimé très rapidement, dans les trente ou quarante années, dans toute l'Europe; en France, on trouve une première Loge anglo-saxonne 'Amitié et Fraternité' à Dunkerque. La première 'Grande Loge française' est créée en 1738." (Serge ABAD-GALLARDO, conférence L'incompatibilité d'être franc-maçon et catholique, du 18 septembre 2018.)
Les pouvoirs laïcs ont leur autonomie, de la même manière que le corps a son autonomie par rapport à l'âme; mais c'est quand même l'âme qui doit fournir ses règles de comportement au corps et le contrôler. En ce sens, le règne du Christ ne propose pas une théocratie : ni le pape ni l'Église ne prétend se substituer aux pouvoirs laïcs.
À ce titre, après un siècle de laïcisme où un même personnel politique temporel et spirituel dicte la loi d'une manière opaque, une nouvelle loi de séparation de la franc-maçonnerie et de l'État est urgente, pour consacrer une "saine et légitime laïcité" telle que définie par Pie XII (le terme a été expliqué par Jean-Paul II, dans Mémoire et identité, Le testament politique et spirituel du pape, Flammarion, Mayenne 2005, p. 145-146.)
Et le signe de la Croix, lui-même, pourrait (re)devenir ce symbole du salut qu'il a toujours été partout et à toutes les époques, le symbole même d'une histoire et d'une laïcité sainement comprises !
La nouveauté du Concile Vatican II en question :
Thomas Tanase, dans son Histoire de la papauté, écrit :
Paradoxalement au XXe siècle, c'est la papauté elle-même qui reviendra sur mille ans de maturité de la réforme grégorienne, avec "un concile très occidental, dont le tempo sera donné par un épiscopat nord-européen, pour ne pas dire carolingien", [...] qui "voit arriver à maturité [...] la nouvelle théologie très critique envers l'incapacité du monde curial romain à se rendre compte des défis posés par l'areligiosité du monde contemporain".
Ce concile "adopte le 21 novembre 1964 la constitution Lumen gentium, qui pose les principes fondamentaux de ce que sera l'enseignement du concile."
Après la Révolution française, face à des institutions qui avaient découronné le Christ, l'Église avait cherché à conserver une légitime autonomie, particulièrement sous les pontificats de Léon XII (1823-1829), Pie VIII (1829-1830), Grégoire XVI (1831-1846) et Pie IX (1846-1878). Mais à partir du pontificat de Léon XIII (1878-1903), elle a commencé à demander aux catholiques de s'engager dans les institutions modernes et à voter pour peser de tout leur poids dans les institutions afin de faire modifier les lois de laïcisation (encyclique Au milieu des sollicitudes, 1892, doctrine qualifiée à l'époque de "ralliement" à la république.)
Le concile Vatican II, cherchant à s'ouvrir au monde, consacre l'engagement des laïcs dans la vie politique et les institutions modernes. Mais l'engagement des laïcs doit, aussi, se réaliser dans la vie de l'Église elle-même, "[c]omme tous ses fidèles ont été régénérés par le Saint-Esprit, ils sont tous appelés à un 'sacerdoce commun'.
"En d'autres termes, écrit Thomas Tanase, cette constitution [Lumen gentium] cherche à revenir sur la séparation entre clercs et laïcs progressivement montée en puissance depuis la réforme grégorienne, pour affirmer au contraire la participation de tous dans un rapport d'égalité à la vie de l'Église." [En conséquence, n'importe quel laïc aux idées subversives sur les sujets moraux comme la famille, le mariage, le divorce, la contraception, l'avortement, et d'autres sujets, peut entrer dans une paroisse et la démolir de l'intérieur, à la demande même de l'Église.]
Dans l'encyclique Pacem in terris le 11 avril 1963, Jean XXIII avait explicitement dit que "les États sont "dépassés et incapables d'assurer le bien commun", et appelé "à la constitution d'une autorité publique de compétence universelle", dont les rapports avec les États, "les citoyens, les familles et les corps intermédiaires doivent être régis par le principe de subsidiarité", un avenir préfiguré par les Nations-Unies et la Déclaration universelle des droits de l'homme. Tous les catholiques étaient appelés à s'engager pour cette tâche."
"[...] La constitution Gaudium et spes, qui définit la place de l'Eglise dans le monde, [...] reprend les principes de Pacem in terris. [...] Tout sur terre doit être ordonné à l'homme comme à son centre et à son sommet.''
"[...] L'encyclique Populorum progressio de 1967 complétera Gaudium et spes, avec ... un idéal ecclésial fait désormais d'engagements, de mobilisations et de participation de tous." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté, ibid., p. 422- 431.)
L'engagement politique n'est pas la panacée, ni ce qu'on demande en priorité à l'Église. Et une question demeure. En confondant clercs et laïcs ("la participation des laïcs au sacerdoce commun et au culte" de LG 34) en associant étroitement au temporel tous les croyants à la vie politique (LG 36), en liant désormais plus étroitement le sort des chrétiens à celui des empires, en demandant que les laïcs s'engagent résolument pour un modèle global et universel qui sert de base au nouvel ordre international, bien plus, en revenant sur mille ans de distinction nuancée et respectée des clercs et des laïcs, comment le laïque peut-il désormais respecter un ordre spirituel s'il est lui-même clerc et laïque ?
Le désintérêt des croyants dans la pratique religieuse vient sans doute de ce relâchement dans la distinction des deux sphères temporelle et spirituelle tant au plan religieux qu'au plan politique.
Dans First Things, le 27 octobre 2023 , le cardinal Müller a déclaré que "L'Église n'est pas une démocratie". "Nous sommes confrontés à un programme mondialiste d'un monde sans Dieu, dans lequel une élite au pouvoir se proclame créatrice d'un monde nouveau et souveraine des masses privées de leurs droits. Ce programme et cette élite ne peuvent être contrés par une "église sans Christ", qui abandonne la Parole de Dieu dans l'Écriture et la Tradition comme principe directeur de l'action, de la pensée et de la prière chrétiennes (Dei Verbum). Bien que le pape ait maintenant accordé le 'droit de vote' à certains laïcs lors du Synode sur la synodalité (2023), ni eux ni les évêques ne sont en mesure de 'voter' sur la foi. Dans un État qui se consacre uniquement au bien commun temporel de tous ses citoyens et qui est régi par une constitution démocratique, le peuple est appelé à juste titre le souverain. Dans l'Église, qui est fondée par Dieu pour le salut éternel de l'humanité, c'est Dieu lui-même qui est le souverain. Formulé théologiquement : Le Fils incarné de Dieu, le Bon Berger qui donne sa vie pour le troupeau de Dieu, est le chef de toute l'Église. Il guide et gouverne par l'intermédiaire des bergers et des enseignants qu'il a choisis. Cela ne se fait pas, comme en politique, par des hommes exerçant un pouvoir sur les hommes, mais par la prédication de la Parole et les sacrements que le Christ a confié à ses apôtres et à leurs successeurs pour qu'ils les administrent (2 Co 5.18-20). Le fait que l'Église ne soit pas et ne puisse pas devenir une démocratie n'est pas le résultat d'une mentalité autocratique persistante. Il est dû au fait que l'Église n'est pas du tout un État ou une organisation créée par l'homme. L'essence de l'Église ne peut être saisie par les catégories sociologiques de la raison naturelle, mais seulement à la lumière de la foi que l'Esprit Saint opère en nous. L'Église, en tant que communauté de foi, d'espérance et de charité, doit son existence à la volonté salvatrice de Dieu, qui appelle les hommes et en fait son peuple, au milieu duquel il habite lui-même (Col. 2:9). La souveraineté de Dieu repose sur sa toute-puissance et son amour, qu'il offre sans avoir à craindre ses créatures comme concurrentes (contrairement au mythe païen de Prométhée).''
Benoît XVI a rappelé "qu'une "saine laïcité de l'État, en vertu de laquelle les réalités temporelles sont régies selon leurs règles propres", ne doit cependant pas oublier "les références éthiques qui trouvent leurs fondements ultimes dans la religion".
Quand la communauté civile écoute le message de l'Église, elle est "plus responsable", plus "attentive à l'exigence du bien commun". Son livre, L'Europe de Benoît dans la crise des cultures, fut présenté en grande pompe le 21 juin 2005 à Rome. C'est un recueil de trois conférences en italien – déjà publiées par ailleurs – données de 1992 à 2005. On peut y lire que le futur pape estime que la crise de l'Europe est due au développement d'une culture 'qui, de façon inconnue jusqu'ici, exclut Dieu de la conscience publique.'"(Source: Le Vatican : Hervé Yannou, Le Figaro, Benoît XVI veut réconcilier l'Europe autour des valeurs chrétiennes, 25 juin 2005).
‘’Nous vivons dans une époque déchristianisée qui pense que la déchristianisation est une bonne chose. Nous pensons être de plus en plus libres, mais au contraire, l'absence de sens des limites, de l'interdit, du péché, nous rend plus esclaves. Nous sommes devenus des créateurs de 'droits fondamentaux' : une contradiction pour ceux qui croient en ces droits, car s'ils sont fondamentaux, ils ne peuvent être créés par nos lois. Par conséquent, nos profanes rationalistes doivent démêler un dilemme et prendre position : soit les droits fondamentaux dépendent de lois positives et alors ils sont conventionnels et intéressés, comme les faveurs électorales, et ne sont donc pas des droits, soit s'ils sont fondamentaux, il existe une loi supérieure aux lois positives.
‘’… Dans Le regard de la chute, il y a, à mon avis, beaucoup de Ratzinger, même ce que l'on pourrait identifier comme faiblesse/contradiction en ce qui concerne le rapport avec la modernité politique, le jugement sur le libéralisme. En effet, si Augustin est identifié comme le maître et le thérapeute dont il faut tirer la recette pour guérir l'Occident malade, et que la recette d'Augustin est résolument "non libérale", voire, sur des points fondamentaux, illibérale (dans le sens d'antithétique aux postulats de l'idéologie libérale), comment peut-on espérer faire tenir ensemble la démocratie libérale qui constitue l'identité politique de l'Occident avec le remède "non libéral" augustinien ? Guérir le mal de l'Occident avec la médecine d'Augustin ne signifierait-il pas précisément nier le système libéral-démocratique et, en général, l'idée moderne de l'individu, de la société, de l'État, de la politique, du droit, etc. Cela n'impliquerait-il pas la nécessité de libérer l'Occident de la prison idéologique de la modernité (donc aussi de l'idéologie libérale) pour le confier à nouveau à la Tradition chrétienne ?
‘’Et que l'on veut faire du libéralisme une cible, il est nécessaire, pour faire mouche, de l'identifier précisément. Qu'entend-on par libéralisme ? Une doctrine politique visant à sauvegarder la dignité et la liberté de l'homme contre l'ingérence de la société et de l'État. Le libéralisme s'oppose donc à l'État absolutiste, voire paternaliste, et est favorable aux droits inaliénables de l'homme. Il s'agit de droits, tels que l'égalité en valeur de l'homme, son irréductibilité en tant que simple moyen, sa liberté de pensée et de dévotion, qui sont fondamentaux en ce sens qu'ils ne sont créés par aucune autorité politique, mais respectés par elle comme limite de son action. Comment sont-ils justifiés ? La position du libéralisme classique de Locke est bien connue : les droits fondamentaux sont justifiés parce que nous sommes créés, que nous sommes la propriété de Dieu et que nous lui sommes soumis, et Dieu ne pouvait pas vouloir que, en ce qui concerne "la vie, la liberté et la propriété", certains hommes soient soumis à d'autres ou aient moins de valeur que d'autres. Pourquoi ? Parce que Dieu nous aime et que nous devons être dignes de son amour. Ce libéralisme, évidemment, descend et s'inscrit dans un cadre chrétien, dont il accepte le premier enseignement : Dieu est caritas, amour donné à ses créatures, et nous devons l'honorer. Dans ce libéralisme, la priorité du devoir (envers Dieu) sur les droits prévaut clairement. C'est votre devoir envers Dieu qui donne lieu à mon droit d'être respecté par vous. Il est de mon devoir de ne pas supprimer une créature de Dieu qui donne naissance à mon droit à la vie. Etcétéra.
‘’Maintenant, il faut changer quelque chose dans ce cadre. Supprimer le rôle de Dieu ou le mettre de côté. Que deviennent désormais les droits fondamentaux de l'homme ? Rien de plus que des demandes d'individus ou de groupes accordées et protégées par l'État. On peut toujours les appeler fondamentaux, mais ce ne sont plus les mêmes : ce sont des libertés ou des licences garanties. En tant que telles, elles se multiplient, car elles n'ont plus de limite qui les restreigne : ce sont des désirs, puis des demandes, puis des revendications, puis des lois. Le régime politique qui tolère et permet tout cela s'appelle encore libéralisme, mais c'est une usurpation conceptuelle. C'est ce qui se passe en Europe et en Occident. Là où le christianisme disparaît, le libéralisme devient une anarchie éthique, la véritable "dictature du relativisme", comme l'ont appelée le pape Wojtila et le pape Ratzinger. Et vice versa. N'est-ce pas la meilleure preuve que le libéralisme et le christianisme sont conceptuellement congénères ? Et qu'un authentique libéral devrait défendre le christianisme ? Lorsqu'Augustin dit que l'État a besoin d'un lien social religieux, n'est-ce pas comme s'il disait aux libéraux d'aujourd'hui : retournez au moins à vos origines ?
‘’... Parmi mes livres, il y en a un que je chéris : Droits de l'homme et christianisme. De toute évidence, personne, surtout parmi les ecclésiastiques, ne veut le lire. Je ne me plains pas. Mais si l'on fait défiler le texte, on verra que je rends hommage à ces papes pour avoir été prophétiques. Ils ne sont plus à la mode, je comprends. Mais comment aller au fond de leur argument, à savoir que si l'on définit les droits de l'homme comme la propriété de l'homme, ceux-ci deviennent des droits positifs des États, qu'ils donnent et refusent ? C'est, à mon avis, également la responsabilité de l'Église aujourd'hui. Lorsque la constitution pastorale sur l'Eglise dans le monde de ce temps ''Gaudium et Spes'' déclare qu'elle "proclame les droits de l'homme au nom de l'Évangile", elle prend elle aussi un raccourci dangereux : elle oublie qu'il faut d'abord passer par les devoirs de l'homme envers Dieu. Seuls ces devoirs rendent admissible le tri des droits. Sinon, il n'y a aucun moyen d'arrêter l'avortement, l'euthanasie, les mariages homosexuels, etc. À cet égard, j'aime rappeler Mazzini : "Certes, les droits existent ; mais lorsque les droits d'un individu entrent en conflit avec ceux d'un autre, comment peut-on espérer les concilier, les mettre en harmonie, sans recourir à quelque chose de supérieur à tous les droits ?"’’ (Marcello Pera, entretien à l'"Observatoire International Cardinal Van Thuan".)
"Les droits de Dieu et de l’homme s’affirment ou disparaissent ensemble", a pu dire Jean-Paul II.(Message au cardinal Antonio María Javierre Ortas à l'occasion du congrès pour le 1200ème anniversaire du couronnement de l'empereur Charlemagne, 16 décembre 2000)
François aurait-il entendu les critiques du synode sur la synodalité, en particulier les critiques concernant le controversé chemin synodal allemand ? Selon Catholic News Agency aujourd'hui,"le pape François exprime ses 'préoccupations' concernant le Chemin synodal allemand, affirmant qu'il menace l'unité de l'Église" (sic).
Le pape François a exprimé de profondes réserves quant à l'orientation de l'Église catholique en Allemagne, avertissant que les mesures concrètes actuellement prises "menacent" de saper l'unité avec l'Église universelle.
Le pape a formulé ses critiques dans une lettre adressée à quatre laïques catholiques allemandes, publiée dans le journal allemand Welt le 21 novembre.
"De nombreuses mesures sont en effet prises par des segments importants de cette Église locale qui menacent de l'éloigner de plus en plus du chemin commun de l'Église universelle", a écrit le pape.
La lettre, datée du 10 novembre, était rédigée en allemand et portait la signature manuscrite du pape.
La principale préoccupation du pape est la création d'un "Conseil synodal" permanent, un corps mixte de laïcs et d'évêques qui gouvernerait l'Église catholique en Allemagne. La création de ce conseil est une priorité absolue pour la Voie synodale allemande, une initiative controversée qui a exigé des changements importants dans la structure et l'enseignement de l'Église.
Dans sa lettre, le pape a souligné que ce type "d’organe consultatif et décisionnel" tel qu’actuellement proposé "n’est pas conforme à la structure sacramentelle de l’Église catholique". Il a fait référence à une lettre du 16 janvier de hauts responsables du Vatican aux évêques allemands, qu'il a spécifiquement autorisée, et qui interdisait explicitement la création du Conseil synodal.
Un comité de direction de la Voie synodale s'est récemment réuni les 10 et 11 novembre à Essen pour jeter les bases du Conseil synodal, qu'ils visent à établir au plus tard en 2026.
Quatre évêques allemands ont voté en juin pour bloquer le financement du comité préparatoire, et au total huit des 27 Ordinaires allemands étaient absents à la réunion des 10 et 11 novembre.
Dans sa récente lettre, le pape François a proposé une voie différente pour l’Église en Allemagne.
Au lieu de chercher le "salut" dans des "comités en constante évolution" ou dans des "dialogues égocentriques ressassant les mêmes thèmes", le pape a souligné la nécessité pour l’Église catholique d’Allemagne d’être enracinée dans "la prière, la pénitence et l’adoration".
Il a également appelé les catholiques allemands à "s’engager auprès de nos frères et sœurs" en marge, en particulier avec les malades, les emprisonnés et ceux "aux portes de nos églises".
"Je crois fermement qu'en ces lieux, le Seigneur nous guidera", a écrit le pape François.
La lettre était adressée aux théologiennes Katharina Westerhorstmann et Marianne Schlosser, à la journaliste Dorothea Schmidt et à la philosophe religieuse Hanna-Barbara Gerl-Falkovitz. Les quatre laïques allemandes étaient auparavant déléguées au Chemin synodal mais ont démissionné en février en signe de protestation. Elles ont écrit au pape le 6 novembre pour exprimer leurs inquiétudes quant à la direction prise par l'Église catholique en Allemagne.
Dans sa réponse, le pape a exhorté les quatre femmes à prier pour lui et "pour notre cause commune de l’unité".
Le théologien allemand Martin Brüske a décrit la lettre du pape comme un signal clair et fort pour arrêter les travaux du comité synodal.
"Le vaisseau amiral de Pierre a donné à l'Église allemande un coup de semonce", a déclaré Brüske dans une déclaration présentée par New Beginning, un groupe de catholiques allemands critiques à l'égard de la voie synodale. "Ceux qui ne veulent pas l'entendre et le voir en porteront l'entière responsabilité s'ils finissent par disparaître dans le tourbillon de la division".
Les dirigeants de la Voie synodale allemande ont récemment formulé leur volonté d'établir le Conseil synodal comme étant cohérents avec l'accent mis par le pape François sur une synodalité accrue dans l'Église catholique, y compris le récent synode sur la synodalité au Vatican. [Mais en réalité, le Comité synodal allemand a été interdit par le Saint-Siège dans une lettre du 16 janvier 2023 qui a reçu l''aval spécifique' de François, selon le texte intégral de lalettre publiée sur CNA le 21 novembre 2023. Ndlr.]
Dans une déclaration du 29 octobre, Thomas Söding, vice-président du Comité central des catholiques allemands (organise laïc connu sous son acronyme ZdK), a décrit l'assemblée du Vatican comme "une confirmation de la [Voie] synodale en Allemagne". Il a ajouté que les projets allemands visant à établir un Conseil synodal permanent étaient cohérents avec l'appel du rapport synodal d'octobre à une plus grande décentralisation.
Le Chemin synodal allemand, un effort conjoint de la Conférence épiscopale allemande et du ZdK, a été lancé en 2019. Le processus non canonique a conclu sa phase initiale en mars, en adoptant des résolutions non seulement pour aller de l'avant avec la création d'un Conseil synodal, mais aussi la bénédiction des "unions" homosexuelles et l'ordination des femmes au niveau de l'Église universelle (l'abolition du célibat sacerdotalet l'intercommunion avec les protestants. Ndlr)
La lettre du pape aux quatre laïques n'est pas la première fois qu'il commente le Chemin synodal. En janvier, il critiqua le processus, le qualifiant d’"élitiste" et de "ni utile ni sérieux". [En juin 2022, le pape François parle du Chemin synodal en Allemagne dans une conversation avec les éditeurs de revues jésuites publiées le 14 juin. Il dit avoir dit au chef des évêques catholiques d'Allemagne, Mgr Georg Bätzing, que le pays avait déjà "une très bonne église évangélique" et que "nous n'en avons pas besoin de deux"]. Avant le début du Chemin synodal, il a écrit une lettre de juin 2019 au "peuple pèlerin d’Allemagne", appelant à se concentrer sur l’évangélisation face à "l’érosion et la détérioration croissantes de la foi".
[Et en juillet 2022, "le Saint-Siège intervient dans le Chemin synodal allemand le 21 juillet, mettant en garde contre une 'menace pour l’unité de l’Église'. ''Afin de sauvegarder la liberté du peuple de Dieu et l'exercice du ministère épiscopal, il semble nécessaire de préciser que la ''Voie synodale'' en Allemagne n'a pas le pouvoir de contraindre les évêques et les fidèles à adopter de nouvelles formes de gouvernance. et de nouvelles orientations de doctrine et de morale", lit-on dansune déclarationqui, selon le pape François, émane de la Secrétairerie d'État.]
Cet article publié sur CNA a été mis à jour à 7 h 55 HNE avec des déclarations de New Beginning et du Comité central des catholiques allemands (ZdK).
Note du blog Christ-Roi. Très beau discours de François qui exprime ses "préoccupations" devant les hérésies du chemin synodal allemand mais laisse en place les évêques concernés tout en en limogeant sans explication et sans procès les évêques catholiques.
''On ne le rappellera jamais assez : la franc-maçonnerie est l'un des principaux ennemis de l'Église.
Par sa doctrine relativiste, son goût de l'occultisme et son faux humanisme, elle s'oppose aux préceptes de l'Évangile.'' (Abbé Matthieu Raffray Twitter)
Sollicitée par un évêque philippin, le dicastère pour la Doctrine de la Foi "répète" le 13 novembre que "l'adhésion à la franc-maçonnerie reste interdite pour les catholiques."
Dans une réponse approuvée par le Pape à la demande d'un évêque philippin, le dicastère pour la Doctrine de la Foi confirme l'inconciliabilité entre l'adhésion aux loges et la foi catholique.
Vatican News
Les catholiques ne peuvent adhérer à la franc-maçonnerie. C'est ce qu'a réaffirmé le dicastère pour la Doctrine de la foi dans une réponse datée du 13 novembre 2023, signée par le préfet Victor Fernandéz et approuvée par le Pape François. Le dicastère a répondu à une demande de Mgr Julito Cortes. L’évêque de Dumanguete, aux Philippines, «après avoir expliqué avec inquiétude la situation dans son diocèse, due à l'augmentation continue du nombre de membres de la franc-maçonnerie, a demandé des suggestions sur la façon de gérer de façon adéquate cette réalité d'un point de vue pastoral, en tenant compte également des implications doctrinales».
En réponse à cette interrogation, le dicastère a choisi d'impliquer également la Conférence épiscopale des Philippines, «en l'informant qu'il serait nécessaire de mettre en œuvre une stratégie coordonnée entre les évêques qui prévoit deux approches».
La première concerne le niveau doctrinal: le dicastère rappelle que «l'adhésion active à la franc-maçonnerie par un fidèle est interdite, en raison de l'inconciliabilité entre la doctrine catholique et la franc-maçonnerie (cf. Déclaration de la Congrégation pour la doctrine de la foi de 1983, et les lignes directrices publiées par la conférence épiscopale en 2003)».
Par conséquent, la note précise que «ceux qui sont formellement et sciemment membres de loges maçonniques et qui ont embrassé les principes maçonniques, tombent sous le coup des dispositions de la déclaration susmentionnée. Ces mesures s'appliquent également aux clercs inscrits dans la franc-maçonnerie».
La seconde approche concerne le caractère pastoral: le dicastère propose aux évêques philippins «de développer une catéchèse populaire dans toutes les paroisses sur les raisons de l'inconciliabilité entre la foi catholique et la franc-maçonnerie». Les évêques des Philippines sont enfin invités à évaluer l'opportunité de se prononcer publiquement sur ce sujet.
La déclaration de novembre 1983 a été publiée à la veille de l'entrée en vigueur du nouveau Code de droit canonique. Ce code remplaçait celui de 1917, et parmi les nouveautés relevées - par certains avec satisfaction, par d'autres avec inquiétude - figurait l'absence de la condamnation explicite de la franc-maçonnerie et de l'excommunication de ses affiliés, présentes dans le texte précédent. La déclaration, signée par le cardinal Joseph Ratzinger et par le secrétaire de la Congrégation, Jérôme Hamer, puis approuvée par Jean-Paul II, réaffirme que les catholiques affiliés à des loges maçonniques sont «en état de péché grave».
Mgr Schneider propose la mise en œuvre de 10 éléments qu’il voit comme fondamentaux pour le renouveau liturgique
1. Le tabernacle, où Jésus-Christ, le Dieu incarné, est réellement présent sous l'espèce du pain, doit être placé au centre du sanctuaire, car dans aucun autre signe sur cette terre Dieu, l'Emmanuel, n'est aussi réellement présent et aussi près de l'homme comme dans le tabernacle.
Le tabernacle est le signe indiquant et contenant la Présence Réelle du Christ et doit donc être plus proche de l'autel et constituer avec l'autel le signe central unique indiquant le mystère eucharistique.
Le sacrement du Tabernacle et le sacrifice de l'autel ne doivent donc pas être opposés ni séparés, mais tous deux dans la place centrale et rapprochés dans le sanctuaire.
Toute l'attention de ceux qui entrent dans une église doit être spontanément dirigée vers le tabernacle et l'autel.
2. Pendant la liturgie eucharistique – au moins pendant la prière eucharistique – lorsque le Christ Agneau de Dieu est immolé, le visage du prêtre ne doit pas être vu des fidèles. Même les Séraphins se couvrent le visage (Ésaïe 6, 2) lorsqu’ils adorent Dieu. Le visage du prêtre doit plutôt être tourné vers la croix, icône du Dieu crucifié.
3. Au cours de la liturgie, il devrait y avoir davantage de signes d'adoration, notamment de génuflexions, surtout chaque fois que le prêtre touche l'hostie consacrée.
4. Les fidèles qui s'approchent pour recevoir l'Agneau de Dieu dans la sainte communion doivent le saluer et le recevoir par un acte d'adoration, à genoux. Quel moment de la vie des fidèles est plus sacré que ce moment de rencontre avec le Seigneur ?
5. Il devrait y avoir plus de place au silence pendant la liturgie, en particulier dans les moments qui expriment le plus pleinement le mystère de la rédemption. Surtout lorsque le sacrifice de la croix est rendu présent lors de la prière eucharistique.
6. Il devrait y avoir davantage de signes extérieurs qui expriment la dépendance du prêtre à l'égard du Christ, le Grand Prêtre, qui montreraient plus clairement que les paroles prononcées par le prêtre (c'est-à-dire "Dominus Vobiscum") et les bénédictions qu'il offre aux fidèles dépendent et découlent du Christ Souverain Sacrificateur, et non de lui, la personne privée. Non pas "je vous salue" ou "je vous bénis", mais "moi, le Seigneur" qui fais ces choses, le Christ. De tels signes pourraient être (comme cela a été pratiqué pendant des siècles) le baiser de l'autel avant de saluer le peuple pour indiquer que cet amour ne découle pas du prêtre mais de l'autel ; et aussi avant de bénir, d'embrasser l'autel, puis de bénir le peuple. (Cela a été pratiqué pendant des millénaires, et malheureusement dans le nouveau rite a été aboli.)
Aussi, s'incliner devant la croix de l'autel pour indiquer que le Christ est plus important que le prêtre. Souvent, dans la liturgie — dans l'ancien rite — lorsqu'un prêtre prononçait le nom de Jésus, il devait se tourner vers la croix et s'incliner pour montrer que l'attention devait être tournée vers le Christ et non vers lui.
7. Il devrait y avoir davantage de signes qui expriment le mystère insondable de la rédemption. Cela pourrait être réalisé grâce au voilage des objets liturgiques, car le voilage est un acte de la liturgie des anges. Le voile du calice, le voile de la patène avec le voile huméral, le voile du corporal, le voile des mains de l'évêque lorsqu'il célèbre une solennité, l'usage des rampes de communion aussi pour voiler l'autel. Aussi des signes – signes de croix par le prêtre et les fidèles. Faire des signes de croix lors de la prière eucharistique par le prêtre et par les fidèles lors d'autres moments de la liturgie ; lorsque nous nous signons de la croix, c'est un signe de bénédiction. Dans la liturgie antique, à trois reprises lors du Gloria, du Credo et du Sanctus, les fidèles faisaient le signe de croix. Ce sont des expressions du mystère.
8. Il doit y avoir un signe constant qui exprime le mystère également par le langage humain - c'est-à-dire que le latin est une langue sacrée exigée par le Concile Vatican II dans la célébration de chaque sainte Messe et, en chaque lieu, une partie de la prière eucharistique doit toujours être dite en latin.
9. Tous ceux qui exercent un rôle actif dans la liturgie, comme les lecteurs ou ceux qui annoncent la prière des fidèles, doivent toujours porter les vêtements liturgiques ; et seulement les hommes, pas les femmes, parce qu'il s'agit d'un exercice dans le sanctuaire, proche du sacerdoce.
Même la lecture du lectionnaire est orientée vers cette liturgie que nous célébrons au Christ. C'est pourquoi seuls les hommes revêtus des vêtements liturgiques doivent se trouver dans le sanctuaire.
10. La musique et les chants de la liturgie devraient davantage refléter le caractère sacré et ressembler au chant des anges, comme le Sanctus, afin de pouvoir vraiment chanter d'une seule voix avec les anges.
Pas seulement le Sanctus, mais toute la Sainte Messe.
Il faudrait que le cœur, l'esprit et la voix du prêtre et des fidèles soient orientés vers le Seigneur.
Et que cela se manifeste aussi par des signes et des gestes extérieurs.
La nomination de Fernández en tant que préfet du dicastère de la doctrine de la foi a accéléré le processus de dissolution du catholicisme entamé par François. Il suffit d'analyser les caractéristiques des cinq documents qu'il a publiés jusqu'à présent.
ECCLÉSIE 13_11_2023
La valeur des personnes apparaît lorsqu'elles disparaissent. Il ne s'agit pas d'une phrase nécrologique, mais de ce que nous avons sous les yeux depuis le jour de la démission du pape Benoît XVI jusqu'à aujourd'hui. Nous comprenons chaque jour davantage à quel point Benoît a été un katekon, non seulement en réfléchissant à ce qui se passe dans le monde, mais plus encore en regardant ce qui se passe dans l'Église.
On peut dire la même chose des nombreuses purges de ce pontificat : il suffit de penser à l'avalanche qui s'est abattue sur la liturgie avec le départ à la retraite du cardinal Robert Sarah ; enfin, uniquement dans un sens chronologique, l'ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Ladaria Ferrer, qui n'aimait certainement pas être autoritaire, mais on peut très bien comprendre à quel point il essayait de "retenir" en jetant un coup d'œil sur les cinq mois seulement de gestion de ce qui était "son" dicastère par le cardinal Victor M. Fernández. Il ne fait aucun doute que sa nomination a accéléré le processus de dissolution du catholicisme initié par François. Depuis le 1er juillet 2023, jour de la nomination de Fernández, cinq documents ont été publiés par le dicastère qu'il dirige, dont trois Responsa. Au-delà du contenu de ces réponses, certaines caractéristiques inhabituelles sont frappantes.
Le premier est la suite de ce que nous avons écrit à l'occasion de la réponse du DDF à Mgr José Negri : violer le sens des textes cités pour Fernández n'est pas un oubli, mais une méthode. En lisant la réponse aux questions du cardinal Dominik Duka, on constate que Jean-Paul II et Benoît XVI sont mis en cause pour soutenir le fait selon lequel les divorcés-remariés peuvent recevoir l'absolution sacramentelle "même lorsque ils ne sont pas fidèles à la continence proposée par l'Église" (l'erreur évidente est dans l'original). Le sens de cette phrase dans le contexte est malheureusement évident : la continence est proposée, mais lorsque celle-ci s'avère trop difficile à pratiquer on peut passer au "plan B". Fernández se permet d'affirmer, sans trop d'hésitations, que cette innovation "se base sur le Magistère des Pontifes précédents", qui ont pourtant affirmé exactement le contraire, à savoir que la continence est la condition sine qua non pour recevoir l'absolution.
Dans la note de bas de page n° 7, la fausse déclaration continue. L'exhortation péremptoire du pape François à ne pas exiger des "pénitents une résolution de repentance sans ombre" est comparée à celle de Jean-Paul II, selon qui "la prévisibilité d'une nouvelle chute 'ne porte pas préjudice à l'authenticité de la résolution'". Il s'agit de la Lettre au Cardinal William Baum, que Fernández a également proposée dans sa réponse à Mgr Negri (et qui sait combien de fois nous nous retrouverons encore au milieu). Et dans les deux cas, comme nous l’avons déjà démontré dans l’article du 10 novembre, cela donne à cette phrase un sens exactement opposé à son sens premier. Pour Jean-Paul II, l'intention de ne pas pécher doit être "sérieuse", "solide et généreuse", et c'est seulement lorsqu'elle l'est qu'une éventuelle nouvelle chute remet en question l'authenticité de l'intention. Pour François et Fernández, cependant, c'est précisément l'intention présentant les caractéristiques précédentes qu'il ne faut pas exiger, se contentant d'une intention "éclipsée"
Toujours en réponse à la septième question, on cite l'encyclique Ecclesia de Eucharistia (n° 37b), qui affirme que "le jugement sur l'état de grâce appartient au seul intéressé, puisqu'il s'agit d'un jugement de conscience". Toutefois Fernández tronque la citation en omettant de préciser que lorsqu'on est confronté à un "comportement extérieur gravement, manifestement et durablement contraire à la norme morale", [dans un "souci pastoral du bon ordre communautaire et par respect pour le Sacrement". Ndlr.] il faut se référer à la "norme du Code de droit canonique sur la non-admission à la communion eucharistique de ceux qui 'persistent avec obstination dans un péché grave et manifeste". (Can. 915; cf. Code des Canons des Églises orientales, can. 712.) Et l'on pourrait multiplier les exemples.
Pourquoi Fernández utilise-t-il cette méthode ? Simplement parce qu'il est impossible de trouver des citations du Magistère précédent ou des grands Docteurs pour étayer les ouvertures les plus problématiques de ce pontificat. Il suffit de regarder les textes de référence. Reprenons la réponse au cardinal Duka : dix-neuf notes, dont treize citent des textes du pape François, deux un document de la région pastorale de Buenos Aires (alias Fernández), et les trois autres sont les textes dénaturés mentionnés plus haut. La réponse à Mgr Negri est même surréaliste : le lien de cette prise de position du Dicastère avec le Magistère précédent se limite à une référence à une réponse confidentielle (et inconnue) de 2018. Comme si l'Église catholique, en deux mille ans, n'avait jamais proposé de critères sur les conditions de réception du baptême.
Plus impressionnant encore est le récent motu proprio sur les nouveaux statuts de l'Académie pontificale de théologie, dans lequel la main de Tucho n'a aucune hésitation. Le Pape renverse essentiellement la théologie, en ne citant toujours que lui-même. La ligne de ce pontificat est de plus en plus celle d'une refondation de l'Église catholique et l'avènement de Fernández est, en ce sens, tout simplement parfait. Ce manque systématique de continuité réelle avec le Magistère pérenne prouve à quel point François et Fernández se soucient peu ou pas du tout de se placer dans la continuité de l'Église universelle, dans l'espace et dans le temps. Est-ce pour cela que l'Église s'appelle désormais synodale et non plus catholique ?
En y regardant de plus près, même en ce qui concerne la synodalité, le roi est désormais nu. En effet, si l'on remonte aux différentes prises de position antérieures à l'administration Fernández, on trouve encore la méthode normale de publication d'un document : la formulation de l'assentiment du pape à la publication et à l'approbation de son contenu et la signature du préfet et du secrétaire du dicastère. Ce détail n'est pas anodin : la présence de la signature du préfet et du secrétaire atteste que le document est le fruit du travail de la congrégation, auquel le Saint-Père donne son approbation formelle et dont il ordonne ensuite la publication au bénéfice de toute l'Église.
Mais maintenant, nous nous trouvons face à trois réponses qui portent la signature du seul Victor Fernández, et plus tard celle de François ex audientia . Secrétaire non reçue. La lettre du 25 septembre 2023 à l'évêque de Côme relative à un prétendu voyant ne rapporte même pas celle du pape, mais seulement celle de Victor Fernández (qui n'a pas qualité de préfet de la DDF). L'impression que l'on a est que Tucho agit « motu proprio » : il prépare les textes puis se rend chez le Pape pour les faire approuver. Et le Pape approuve. Est-ce peut-être là le véritable sens de l'abandon du terme typiquement ecclésial de « congrégation », qui exprime le travail d'un groupe de personnes, pour passer au terme bureaucratique de dicastère ?
Au lieu de cela, nous sommes maintenant confrontés à trois réponses portant la signature du seul Victor Fernández, suivie de celle de François ex audientia. Le secrétaire ne s'est pas manifesté. La lettre du 25 septembre 2023 à l'évêque de Côme concernant un prétendu voyant ne porte même pas la signature du pape, mais seulement celle de Victor Fernández (qui n'a pas la qualité de préfet du DDF). On a l'impression que Tucho agit "motu proprio" : il prépare les textes et va ensuite les faire approuver par le pape. Et le pape approuve. Peut-être est-ce là le vrai sens de l’abandon du terme, typiquement ecclésial, de "congrégation", qui exprime précisément le travail d’un ensemble de personnes, pour passer à celui bureaucratique de dicastère?
L’Église apparaît souvent aujourd'hui comme une vieille dame ridée ou un mercenaire blessé. Pourtant les apparences sont trompeuses car le Corps du Christ ne peut subir les outrages du temps ni celui des hommes. Par le péché et l’imperfection de ses membres, elle est souffrante mais pas diminuée. Encore faut-il, pour le saisir, ne pas la regarder d’abord comme une institution humaine soumise aux fluctuations politiques et aux changements sociaux. Même plongée dans l’Histoire, elle la dépasse. (Cf. Aleteia)
Sans projet, sans culture, sans art, sans lettres, sans mémoire, sans histoire, sans raison, le vide nihiliste et le néant: voici l'hérésie moderne, la "civilisation" moderne et ses États destructeurs.
On trouve la description de cette incroyable hérésie dans l'ouvrage de l'écrivain britannique Hilaire Belloc(1870-1953), "Les Grandes hérésies" (1938), ouvrage qui nous a inspiré pour la rédaction de cet article.
Rappelons-nous tout d'abord l’émouvante rencontre entre le prophète Élie et la pauvre veuve de Sarepta (1R, 17, 10-16). En temps de famine, cette femme ne possède plus qu’une poignée de farine pour se nourrir avec son fils, c’est-à-dire ce qui tient dans le creux de la main, ce qui peut être gratté au fond du pot, et un peu d’huile, ainsi que deux morceaux de bois. Chaque détail est revêtu de charge allégorique. Cette veuve est l’Église, qui, certes Corps du Christ, a dû laisser repartir le Sauveur vers le Père ; le Seigneur lui a laissé un présent insigne : les sacrements, c’est-à-dire ce qui a pu être conservé du Maître, attrapé au vol, soigneusement récolté comme le peu de farine et d’huile. C’est ce que nous pouvons "toucher" de Notre Seigneur, selon la belle formule de saint Jean : "Ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché, concernant la parole de vie" (1 Jn 1, 1). Cette farine et cette huile permettent de cuire le "pain dans la détresse", dont parleIsaïe (30, 20), ce pain qui devient Corps du Christ sur l’autel, tandis que l’huile sainte, le Christ Lui-même, consacre les prêtres et les baptisés. Quant aux deux morceaux de bois (1 R 17,12), ils furent lus comme la Croix par les Pères. L’Église, même dans son veuvage, est ainsi armée par l’Époux.
La crise actuelle n’a pas surgi du néant. Hilaire Belloc a décortiqué les hérésies qui ont traversé l’Église, et les schismes qui l’ont affectée.
Son analyse est extraordinairement pertinente, surtout au regard de la date de la rédaction de son ouvrage the Great Heresies (''Les Grandes Hérésies'') en 1938, alors que l’Église, en constante expansion, semble être si rayonnante et si solide. Or la veuve est plus que jamais exposée à la disette. Elle ne mourra point, pas plus que son fils guéri par le prophète Élie, car le Maître veille, plus efficace et puissant que tous les prophètes de la Révélation.
Étant assurés de cette fidélité et de cette protection, nous pouvons résonner avec Belloc qui note ceci :
"L’attaque moderne contre la Foi — la dernière et la plus redoutable de toutes — a fait de tels progrès que nous pouvons d’ores et déjà soulever un point crucial : elle aura des répercussions aussi colossales que définitives sur le monde tel que nous le connaissons.
"En effet, soit l’Église catholique (en passe de devenir le dernier lieu où les traditions de notre culture sont encore comprises et défendues) sera réduite à l’impuissance politique, à l’insignifiance numérique et au silence public ; soit elle arrivera, comme à maintes reprises par le passé, à trouver les ressources nécessaires pour réagir et venir à bout de ses adversaires."
L'auteur décrit ainsi l'hérésie moderne :
"Nous lirons dans les pages suivantes quelques précisions sur ce que qu'ai décider de nommer 'l'hérésie moderne' - car il faut bien nommer une chose avant de prétendre l'étudier ; cependant, cette vague qui risque de nous submerger est si trouble, et diffuse que chacun peut l'appeler comme il l'entend : il n'existe pas encore de terme commun pour la désigner.
"Peut-être s'accordera-t-on à son sujet dans un temps plus ou moins proche; mais sans doute pas avant que l'affrontement entre cet esprit moderne anti-chrétien et la tradition permanente de la Foi ne débouche sur la grande tribulation annoncée et l'intensification des persécutions. Alors peut-être, et alors seulement, reconnaîtra-t-on l'œuvre de l'Antéchrist." (Hilaire BELLOC, Les Grandes hérésies, L'Église dans la tourmente, Artège, Paris 2022, p. 55-56.)
Page 247, Hilaire Belloc le répète : "Donnez-lui le nom qui vous plaira, que vous l'appeliez comme je le fais ici 'l'attaque moderne' ou 'l'avènement de l'Antéchrist' - ... je pense que l'on viendra bientôt à le désigner ainsi."
Le découragement face à cette inertie ou à cette lâcheté saisit du coup bien des fidèles soucieux de conserver le trésor et de le faire fructifier.
L’époque religieuse est plus à la léthargie qu’à la croisade, fût-elle uniquement spirituelle.
Sommes-nous donc condamnés à devenir un petit reste à la marge et méprisé ? Comme la veuve, nous devons au contraire mobiliser les forces qui subsistent, et nous rallier autour de cette farine et de cette huile, de ce bois, symboles d’unité et de victoire.
Les hérésies et les schismes des siècles passés et de l’époque contemporaine ont créé des strates au travers desquels la Vérité a du mal à se faufiler.
La foi faiblit lorsque la science théologique et l’apologétique disparaissent ou bien sont méconnues par ceux qui devraient les utiliser, les faire fructifier.
S’engouffrent par ces brèches tous les ennemis du nom chrétien, selon la formule si parlante, c’est-à-dire tous les héritiers des hérésies passées et aussi de nouveaux adversaires armés jusqu’aux dents et fiers de leur succès, beaucoup plus dangereux que ne le furent Dioclétien ou les Vikings !
Ces conquérants trouvent le terrain libre devant leurs pas et il est logique qu’ils poussent toujours plus loin leurs incursions.
Le basculement religieux est essentiellement dû au mutisme et à la passivité des catholiques qui assistent sans ouvrir la bouche à la destruction de leur tradition. Le troupeau ne peut pas se défendre si le berger l’expose au loup.
“Pour triompher, le mal n’a besoin que de l’inaction des gens de bien.” (Edmund Burke / Attribution)
L'hérésie moderne n'est qu'une mauvaise redite de pratiques antiques matérialistes. Méprisant la raison, négligeant le sens moral, elle protège le fort, écrase le faible; elle ampute l'homme de sa part spirituelle.
"L'attaque moderne, dans sa charge antichrétienne, a abandonné la raison. Son but est de détruire l'Eglise catholique et la civilisation qui en procède. Ses contradictions internes ne la perturbent pas, pourvu que ses éléments portent leurs coups et convergent tous vers la même fin. Il s'agit d'un assaut matérialiste dans la mesure où toute sa philosophie se cantonne aux seules causes matérielles.
"... (Ce matérialisme) professe un athéisme singulier, remarquable dans sa propension à répudier la raison humaine.
"... L'attaque moderne - qui est plus qu'une hérésie - professe une royale indifférence enverses propres incohérences. Elle ne fait qu'asséner des affirmations, avançant à cet égard tel un animal, une bête confiante dans sa seule force brute. Remarquons en passant que cet aspect pourrait un jour entraîner sa perte : car jusqu'ici, la raison a toujours prévalu sur ses adversaires, et l'homme domine la bête par l'usage qu'il fait de sa raison." (Hilaire BELLOC, Les Grandes hérésies, L'Église dans la tourmente, Artège, Paris 2022, p. 244-246.)
"Quoi qu'il en soit, ainsi se présente l'attaque moderne : essentiellement matérialiste et athée: et étant athée, elle est nécessairement indifférente au vrai. Car Dieu est la Vérité.
"Il existe néanmoins une indissoluble trinité de la Vérité, de la Beauté et de la Bonté (comme les plus anciens des anciens Grecs le découvrirent). Si bien qu'on ne peut s'en prendre à l'un des pôles sans attenter simultanément à tous les autres. C'est pourquoi chaque nouveau progrès de cet adversaire acharné de la Foi et de la civilisation qui en est issue se traduira par une flambée correspondante, non seulement de mépris, mais de haine pour la beauté, et d'un mépris et d'une haine analogues pour toute vertu." (Hilaire BELLOC, Les Grandes hérésies, ibid., p. 246.)
Quelques manifestations de l'hérésie moderne dans nos sociétés
Dans "l’homme cet inconnu" (édition américaine présentée à New York avant la Guerre), Alexis Carrel écrit lui aussi :
"En somme, la société moderne, cette société engendrée par la science et la technologie, commet la même faute que toutes les civilisations de l’Antiquité. Elle crée des conditions de vie où la vie de l’individu et celle de la race deviennent impossibles. Elle justifie la boutade du doyen Inge : Civilization is a disease which is almost invariably fatal [La civilisation est une maladie presque toujours mortelle]. Bien que la signification réelle des événements qui se passent en Europe et aux États-Unis échappe encore au public, elle devient de plus en plus claire à la minorité qui a le temps et le goût de penser. Toute la civilisation occidentale est en danger. Et ce danger menace à la fois la race, les nations, et les individus. Chacun de nous sera atteint par les bouleversements causés par une guerre européenne [au XXe siècle. Ndlr.]. Chacun souffre déjà du désordre de la vie et des institutions, de l’affaiblissement général du sens moral, de l’insécurité économique, des charges imposées par les défectifs et les criminels.
"La crise vient de la structure même de la civilisation. Elle est une crise de l’homme. L’homme ne peut pas s’adapter au monde sorti de son cerveau et de ses mains. Il n’a pas d’autre alternative que de refaire ce monde d’après les lois de la vie. Il doit adapter son milieu à la nature de ses activités organiques aussi bien que mentales, et rénover ses habitudes individuelles et sociales.
"Sinon, la société moderne rejoindra bientôt dans le néant la Grèce et l’Empire de Rome.
"Et la base de cette rénovation, nous ne pouvons la trouver que dans la connaissance de notre corps et de notre âme.
"Aucune civilisation durable ne sera jamais fondée sur des idéologies philosophiques et sociales.
"L’idéologie démocratique elle-même, à moins de se reconstruire sur une base scientifique, n’a pas plus de chance de survivre que l’idéologie marxiste. Car, ni l’un ni l’autre de ces systèmes n’embrasse l’homme dans sa réalité totale."
Alexis Carrel plaint justement ''le sacrifice par la civilisation moderne de l’esprit à la matière'', ce qui est 'une erreur'', écrit fort lucidement Nicolas Bonnal sur "Nouveau Monde".
''Une erreur d’autant plus dangereuse qu’elle ne provoque aucun sentiment de révolte, qu’elle est acceptée aussi facilement par tous que la vie malsaine des grandes villes, et l’emprisonnement dans les usines. Cependant, les hommes qui éprouvent un plaisir esthétique même rudimentaire dans leur travail sont plus heureux que ceux qui produisent uniquement afin de pouvoir consommer. Il est certain que l’industrie, dans sa forme actuelle, a enlevé à l’ouvrier toute originalité et toute joie.''
Le grand savant met les points sur les I :
"La stupidité et la tristesse de la civilisation présente sont dues, au moins en partie, à la suppression des formes élémentaires de la jouissance esthétique dans la vie quotidienne."
Ensuite le docteur Carrel aggrave son cas. Il célèbre la beauté artisanale...
Appréciez au passage ses grandes qualités littéraires qui nous changent des stylistes de science et vie ; et des alphabètes actuels sélectionnés au QCM :
"La beauté est une source inépuisable de joie pour celui qui sait la découvrir. Car elle se rencontre partout. Elle sort des mains qui modèlent, ou qui peignent la faïence grossière, qui coupent le bois et en font un meuble, qui tissent la soie, qui taillent le marbre, qui tranchent et réparent la chair humaine. Elle est dans l’art sanglant des grands chirurgiens comme dans celui des peintres, des musiciens, et des poètes. Elle est aussi dans les calculs de Galilée, dans les visions de Dante, dans les expériences de Pasteur, dans le lever du soleil sur l’océan, dans les tourmentes de l’hiver sur les hautes montagnes. Elle devient plus poignante encore dans l’immensité du monde sidéral et de celui des atomes, dans l’inexprimable harmonie du cerveau humain, dans l’âme de l’homme qui obscurément se sacrifie pour le salut des autres. Et dans chacune de ses formes, elle demeure l’hôte inconnu de la substance cérébrale, créatrice du visage de l’Univers…"
Au XIIIe siècle Saint Bonaventure voit et découvre Dieu grâce à ses créatures, par co-intuition. À partir du monde sensible, le saint trouve en Dieu la raison de son être, puisque Dieu est le fondement de tout être et de la connaissance elle-même.
"Toutes choses ensemble constituent une échelle qui monte jusqu'à Dieu. [...] La contemplation de toutes les créatures nous conduit au Dieu éternel." (Itinéraire)
Alexis Carrel écrit :
"Le sens de la beauté ne se développe pas de façon spontanée. Il n’existe dans notre conscience qu’à l’état potentiel. À certaines époques, dans certaines circonstances, il reste virtuel. Il peut même disparaître chez les peuples qui autrefois le possédaient à un haut degré. C’est ainsi que la France détruit ses beautés naturelles et méprise les souvenirs de son passé." L’atrophie esthétique donc morale peut survenir.
L’atrophie morale et intellectuelle nous rend inaptes à recréer de la beauté et nous accoutume à une laideur épouvantable (souvenez-vous du Muriel de Resnais où la ville bombardée renaît de ses cendres, mais en béton et grands ensembles) :
"Les descendants des hommes qui ont conçu et exécuté le monastère du Mont Saint-Michel ne comprennent plus sa splendeur. Ils acceptent avec joie l’indescriptible laideur des maisons modernes de la Bretagne et de la Normandie, et surtout des environs de Paris. De même que le Mont Saint-Michel, Paris lui-même et la plupart des villes et villages de France ont été déshonorés par un hideux commercialisme."
Il nous semble également que la laideur de nos environnements urbains pourrait être volontaire, ou à tout le moins inconsciente, le reflet d'âmes sans esthétique et sans morale qui façonnent nos sociétés et paysages, quoi qu'il en coûte.
"La culture ? Tout le monde consomme la série US ou le Da Vinci code ; un copain kiosquier me disait jadis qu’il vendait jusqu’à 300 revues de bagnole…"
Alexis Carrel :
"Le goût de la lecture est plus grand. On achète beaucoup plus de revues et de livres qu’autrefois. Le nombre de gens qui s’intéressent à la science, à la littérature, à l’art, a augmenté. Mais ce sont les formes les plus basses de la littérature et les contrefaçons de la science et de l’art qui, en général, attirent le public. Il ne paraît pas que les excellentes conditions hygiéniques dans lesquelles on élève les enfants, et les soins dont ils sont l’objet dans les écoles, aient réussi à élever leur niveau intellectuel et moral. On peut même se demander s’il n’y a pas souvent une sorte d’antagonisme entre leur développement physique et leur développement mental. Après tout, nous ne savons pas si l’augmentation de la stature dans une race donnée n’est pas une dégénérescence, au lieu d’un progrès, ainsi que nous le croyons aujourd’hui. »
L’individu d’aujourd’hui ? Avant l’obésité (42 % d’enfants obèses où je vis), avant l’abrutissement techno et média, avant l’effondrement du QI, Carrel écrit :
"Dans la civilisation moderne, l’individu se caractérise surtout par une activité assez grande et tournée entièrement vers le côté pratique de la vie, par beaucoup d’ignorance, par une certaine ruse, et par un état de faiblesse mentale qui lui fait subir de façon profonde l’influence de milieu où il lui arrive de se trouver. Il semble qu’en l’absence d’armature morale l’intelligence elle-même s’affaisse. C’est peut-être pour cette raison que cette faculté, jadis si caractéristique de la France, a baissé de façon aussi manifeste dans ce pays. Aux États-Unis, le niveau intellectuel reste inférieur, malgré la multiplication des écoles et des universités."
... Notre penseur écrit sur l’apocalypse touristique dont la mission est essentiellement profanatrice, ensuite consumériste (il faut traîner, faire du hanging around) :
"L’attitude des touristes qui profanent les cathédrales d’Europe montre à quel point la vie moderne a oblitéré le sens religieux. L’activité mystique a été bannie de la plupart des religions. Sa signification même a été oubliée. À cet oubli est liée probablement la décadence des églises."
(1) Aux défauts de l'hérésie moderne, Jean-Paul II comme Benoît XVI ont opposé ledéveloppement humain intégral.
"La tentation est aujourd’hui de réduire le christianisme à une simple sagesse humaine, une pseudo-science du bien-être. Dans notre monde fortement sécularisé, une 'sécularisation progressive du salut' s'est produite, de sorte que les gens luttent pour le bien de l'homme, mais un homme tronqué, réduit à sa simple dimension horizontale. Nous savons cependant que Jésus est venu apporter un salut intégral, qui embrasse toute la personne et toute l’humanité, et ouvre la merveilleuse perspective de la filiation divine.
"C'est pourquoi ... [i]ls devraient toujours garder à l'esprit qu' 'ils ne doivent pas leur statut distingué à leurs propres mérites mais à la grâce spéciale du Christ ; et s'ils ne répondent pas à cette grâce en pensée, en parole et en action, non seulement ils ne seront pas sauvés, mais ils seront jugé plus sévèrement.'" — Pape Saint Jean-Paul II
(2) L’arme des sacrements et de la Résurrection
Comme la veuve de l’Évangile soumise à la famine, les catholiques possèdent l’arme des sacrements et de la Résurrection. Face aux attaques modernes contre la foi, l’heure n’est ni au découragement ni à la passivité.
Il faut réagir contre cette conception aberrante de l’évolution de l’Église, y compris lorsque certains membres de la hiérarchie préparent plutôt le dépôt de bilan que l’émergence d’une vitalité renouvelée.
L’Église n’a pas besoin de gestionnaires de la famine mais d’hommes qui nourrissent les affamés spirituels, comme Élie rassurant et soutenant la veuve et son fils.
Si l’Église n’était qu’emportée par le flot de l’Histoire, comme le sont les civilisations, les régimes politiques, alors il y aurait vraiment de quoi se démobiliser et demeurer les bras ballants en attendant la fin des temps.
Hilaire Belloc nous encourage :
"Il y aura toujours une résistance, une forme de réaction catholique se distinguant par une certaine vitalité, une certaine manière de jaillir avec une force inattendue par l’intermédiaire de nouveaux hommes et de nouvelles organisations.
"[L’Église] paraît douée d’une vie organique plutôt inhabituelle : elle a un mode d’être unique, des capacités de rebond insoupçonnées, et une affinité certaine avec la résurrection." Voilà le secret : l’affinité avec la Résurrection.
Face à la mort, face au vide nihiliste, opposer la vie et la Résurrection en Jésus-Christ
Ce sursaut est derrière nous, mais d’autres forces se lèvent, notamment parmi la jeunesse éprise de beauté et de vérité, d’où des conversions fulgurantes.
Belloc vécut à une époque de renouveau catholique parmi les grands esprits qui se convertissaient en masse, saisis par la beauté de la liturgie et la richesse de la Tradition. Ce sursaut est derrière nous, mais d’autres forces se lèvent, notamment parmi la jeunesse éprise de beauté et de vérité, d’où des conversions fulgurantes.
Notre auteur écrit : "Le futur n’est pas décidé par un vote à bulletin secret ; il est déterminé par l’évolution des idées. Lorsque les quelques hommes doués des meilleures aptitudes pour penser, sentir et s’exprimer commencent à s’intéresser à telle ou telle chose, il y a fort à parier qu’elle prévaudra à l’avenir."
Il est possible que le clergé ne soit pas toujours attentif à cette évolution des idées, décourageant ainsi ceux qui, enflammés et zélés, trouvent leur attache notamment dans la solidité de la doctrine et la splendeur liturgique. Cela importe peu. Aucun obstacle ne peut et ne doit arrêter ce qui remue la paresse et l’incrédulité du monde, la timidité ou l’hostilité de certains clercs.
Hilaire Belloc a raison d’affirmer avec force et conviction, pour contrer les esprits chagrins : "Même si la force sociale du catholicisme semble décliner partout dans le monde, en nombre mais aussi dans la plupart des autres facteurs, les lignes de fractures entre le catholicisme et cette toute nouvelle dévotion païenne (destruction de toute tradition et rupture avec notre héritage) sont clairement marquées."
Se retrouvent face à face, pour l’éternel combat tant que ce monde durera, les deux armées dont parle saint Ignace de Loyola dans les Exercices spirituels, celle du Sauveur et celle du Tentateur, non point deux forces égales puisque le mal n’est que privation du bien, mais affrontement entre ce qui crée et ce qui n’est pas capable de créer.
(3) La défense du dépôt de la foi et de la tradition
L'erreur est d'envisager la modernité comme fille légitime du christianisme, alors qu’elle en est une fille illégitime.
Dans "Le recours à la Tradition. La modernité, des idées chrétiennes devenues folles" (L'Harmattan), Le sociologue catholique Michel Michel, maître de conférences à l’Université des Sciences Sociales de Grenoble, a réuni un ensemble de réflexions formant une critique "théologico-politique" de la modernité : si celle-ci est bien issue du christianisme, c’est sous la forme d’une hérésie, à laquelle l’Église catholique doit répondre en reconnaissant son fond traditionnel commun aux autres religions.
Comme l’indique expressément le sous-titre du livre de Michel Michel, le diagnostic que l’auteur propose de la société moderne constitue une exégèse d’une célèbre citation de G. K. Chesterton en 1908 : "Le monde moderne est plein d’anciennes vertus chrétiennes devenues folles."
Michel étend le point de vue adopté par Chesterton dans ses Hérétiques pour résoudre ce sérieux problème de généalogie, dont l’irrésolution en a entraîné plus d’un dans les errances du modernisme ou dans celles du néo-paganisme : comment se peut-il que la modernité présente, sous les rapports de la pensée et de l’action, une franche opposition à l’Église catholique, tout en utilisant les idées du christianisme de manière sécularisée ? La notion qui, en fait, permet de rendre compte de ce double caractère de trahison et d’héritage du christianisme dans la modernité est celle d’hérésie.
Si "l’Église est si faible devant les idéologies modernes", c’est parce qu’"elle se reconnaît dans l’attente d’un Monde Nouveau". L’eschatologie chrétienne se reconnaît en partie dans la croyance moderne au Progrès historique.
Au point de vue traditionnel, la rédemption du monde doit se réaliser au-delà de l’Histoire, puisque l’Histoire n’est que le récit de l’éloignement de l’Homme à l’égard de son Principe. Nier le caractère négatif du devenir historique reviendrait à nier la Chute dont il est l’effet exclusif. En effet, comme l’explique philosophiquement Michel à partir des analyses littéraires de Vladimir Propp sur les contes, "il n’y a pas d’histoire possible sans accident, sans rupture de la norme. Toute histoire est d’abord l’histoire d’un malheur. […] La chute est la condition même de l’histoire. […] Le cardinal Daniélou le remarquait : à partir du chapitre 3 de la Genèse, l’histoire, c’est l’histoire du progrès du mal dans ce monde, et ce fut semble-t-il la conception dominante des chrétiens jusqu’à la fin du Moyen Âge."
À l’inverse, l’idéologie moderne du Progrès consiste à penser que l’histoire est une chance, qu’elle suit une tendance immanente d’amélioration progressive des conditions de la vie matérielle, morale et spirituelle de l’Homme. De cette théorie résultent les idées contradictoires d’une fin de l’histoire dans l’histoire, d’un affranchissement de la misère humaine par les conditions mêmes de la vie matérielle. Là-dedans, le moderniste chrétien hésite, car il hérite de la version du millénarisme proposée par Joachim de Flore (1135-1202), "ce moine calabrais qui imagina trois âges dans l’histoire du monde : l’âge du Père, l’âge du Fils et l’âge de l’Esprit Saint. Il est le modèle de toutes ces hérésies post-chrétiennes que sont les philosophies progressistes de l’histoire à trois temps, qui dominent l’imaginaire occidental depuis la grand rupture de la fin du Moyen Âge."
Dans ces conditions, la composition de l’Église avec le monde moderne n’est pas une nouvelle forme de relation avec des "païens" d’un genre nouveau, mais une composition de l’Église "avec sa propre hérésie". Cela est bien différent, car l’hérésie moderne sépare le christianisme des autres religions en fondant sa supériorité et son originalité sur ce qui ferait du christianisme la "religion de la sortie de la religion", en raison de son caractère supposément laïque et révolutionnaire. Or en adhérant à la mentalité moderne, des représentants de l’Église catholique ont, malgré leurs récentes prétentions favorables aux dialogue interreligieux, engendré une perte générale du sens du sacré. Ce sens du sacré, c’est-à-dire la (re)connaissance des hiérarchies naturelles, de l’ordre surnaturel et de la fidélité rituelle à celui-ci, constitue pourtant le ciment commun des religions, la condition sine qua non d’un fructueux dialogue entre elles. Au contraire, l’abandon de la connaissance sacrée est la cause d’une désaffection du sacerdoce et d’une incompréhension massive des symboles et des sacrements chrétiens, à tel point que, par exemple, "deux tiers des catholiques américains ne croient plus en la présence réelle [du Christ dans les espèces du pain et du vin eucharistiques] : c’est ce qui ressort d’une étude publiée par le Pew Research Center, le 5 août 2019."
C’est pourquoi, quels que soient les reproches que l’Église peut adresser aux autres religions traditionnelles, il faut bien constater qu’elles reconnaissent, comme elle, "la supériorité et l’autorité de principes transcendants, toutes se soumettent – ou du moins l’affirment – à une “loi non écrite” d’origine supra-humaine, toutes savent que l’homme n’est ni sa propre origine, ni sa propre fin."
Michel s’indigne que les initiatives œcuméniques ne concentrent pas, dès lors, toute leur attention sur cette unité transcendantale des religions. Il déplore qu’"en pratique, l’œcuménisme consiste […] à rapprocher l’aile moderniste du catholicisme avec l’aile progressiste du protestantisme" et à mêler, dans un dialogue relativiste par défaut de critère métaphysique défini, les croyances religieuses et irréligieuses dans un but très insuffisant et vague d’amitié sociale. Au lieu de cela, un œcuménisme bien compris, c’est-à-dire un œcuménisme traditionnel procédant "par le haut" et non un œcuménisme moderniste procédant "par le bas", devrait plutôt "retrouver les traditions communes des Églises apostoliques" et, à plus forte raison, "montrer les admirables correspondances du catholicisme avec les croyances et les rites des autres religions, comme le faisaient les théologiens de la Renaissance ou les traditionalistes du début du XIXe siècle, au lieu de s’ingénier comme les mauvais apologistes “modernes” naïvement ethnocentristes à inventer des différences ou des supériorités."
Le recours à la Tradition
Le problème, faute d’une méthode œcuménique adaptée aux conditions d’une véritable anthropologie religieuse, est que "les théologiens catholiques se sont détournés de ces perspectives ; si bien qu’on est obligé de chercher hors de l’Église ces conceptions qui pourtant sont aussi les siennes.
... les interprètes du christianisme affectés par le point de vue moderne (l’auteur cite René Girard) n’ont pas su reconnaître, avec Joseph de Maistre au XIXe siècle et René Guénon au XXe siècle, que "l’universalité d’une croyance ou d’un rite – les sacrifices, par exemple – attestait de la vérité des pratiques de l’Église catholique." Pourtant, la connaissance d’un sens universel et unique sous-jacent au contenu doctrinal et rituel des religions entraîne a minima la confirmation du caractère sacré des Écritures, de la symbolique et de la ritualité chrétiennes, contre les entreprises démystifiantes et matérialistes de la modernité.
Chesterton, comme son grand ami Belloc, a aussi prédit des âges sombres et crucifiants, mais ni l’un ni l’autre ne furent défaitistes, ce qui serait la victoire du Malin.
Belloc termine son ouvrage sur les hérésies par cet avertissement :
Nous voici au rendez-vous, devant la plus cruciale des questions qui furent jamais posées à l’esprit humain. Nous voici à la croisée des chemins : du choix que nous ferons dépend l’avenir de notre race.
Hilaire BELLOC, Les Grandes hérésies, L'Église dans la tourmente, Artège, Paris 2022, p. 265
Puissions-nous poursuivre le pèlerinage de nos aïeux dans la foi en ne baissant pas la garde, même si notre troupe est réduite.
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Sources :
(1) Hilaire BELLOC, Les Grandes hérésies, L'Église dans la tourmente, Artège, Paris 2022
Ayaan Hirsi Ali, critique de longue date de l'Islam et athée déclarée depuis des années, a déclaré cette semaine qu'elle était "maintenant chrétienne", affirmant qu'elle était venue à cette religion à la fois dans le cadre d'un voyage spirituel et en réponse au "vide nihiliste" du monde moderne.
Hirsi Ali est depuis longtemps une éminente critique de l’Islam. En tant que jeune fille ayant grandi en Somalie, elle a subi une mutilation génitale féminine en Somalie lorsqu'elle était jeune fille et, en 2002, a renoncé à sa foi musulmane et s'est déclarée athée. Au cours des années qui ont suivi, elle a vivement critiqué ce qu’elle considère comme une violence extrémiste et l’intolérance de la part de nombreux musulmans.
Dans un essai publié lundi sur le site britannique UnHerd, elle a déclaré que même si elle s'est identifiée comme athée pendant plus de deux décennies, elle se considère désormais comme membre de la religion chrétienne.
Elle a écrit qu'elle s'est tournée vers le christianisme en partie "parce que j'ai fini par trouver que la vie sans aucun réconfort spirituel était insupportable, voire presque autodestructrice".
"L’athéisme n’a pas réussi à répondre à une question simple : quel est le sens et le but de la vie ?" a-t-elle déclaré, affirmant que "le vide laissé par le retrait de l’Église" dans le monde moderne "a simplement été comblé par un fouillis de dogmes quasi religieux irrationnels".
Hirsi Ali a déclaré dans l’essai qu’il n’est "pas nécessaire de chercher une concoction new age de médicaments et de pleine conscience" pour faire face aux crises actuelles : "Le christianisme a tout ce qu'il faut".
Une autre raison pour laquelle elle a fait ce changement, dit-elle, est "mondiale" : l’écrivain a déclaré dans l’essai que "la civilisation occidentale est menacée" sur plusieurs fronts, notamment la Russie et la Chine, "l’islamisme mondial" et "l’idéologie éveillée".
"Nous nous efforçons de repousser ces menaces avec des outils modernes et laïques : des efforts militaires, économiques, diplomatiques et technologiques pour vaincre, soudoyer, persuader, apaiser ou surveiller", a-t-elle écrit. "Et pourtant, à chaque nouvelle vague de conflit, nous perdons du terrain."
Hirsi Ali a déclaré que la seule façon de "combattre" avec succès ces menaces est de répondre à la question "Qu’est-ce qui nous unit ?"
La "seule réponse crédible, je crois, réside dans notre désir de préserver l’héritage de la tradition judéo-chrétienne", a-t-elle déclaré ; cet héritage comprend un "ensemble élaboré d’idées et d’institutions conçues pour sauvegarder la vie humaine, la liberté et la dignité".
L’écrivain a déclaré qu’elle se considérait comme une "athée déchue", écrivant : "J’ai encore beaucoup à apprendre sur le christianisme."
"J'en découvre un peu plus à l'église chaque dimanche", écrit-elle, affirmant qu'elle a trouvé "une meilleure façon de gérer les défis de l'existence que ce que l'Islam ou l'incroyance avaient à offrir".
Hirsi Ali n'a pas immédiatement répondu lundi à une demande de commentaires concernant son essai.
La République devait se servir de la France et des Français pour réaliser son universalité. Elle a donc pris « possession » de la France. Le mot « possession » doit être pris ici dans un sens théologique : il s’agit d’une possession diabolique, au sens où une entité prend le contrôle d’un corps, lui imprime sa marque, lui impose sa volonté et lui fait perdre jusqu’à la conscience de sa propre identité. Seule l’idée de « possession » peut en effet expliquer qu’un pays se caractérise à travers des symboles, des couleurs, des moments et des mots qui ne sont pas les siens mais ceux du régime politique qui s’est emparé de lui par la violence.
En fait, la stratégie républicaine de prise de possession du corps national a reposé essentiellement sur un processus pernicieux d’identification de la République à la France et de la France à la République.
Pourquoi, l’identification de la République à la France était-elle si importante pour les républicains ? Pour au moins deux raisons :
D’une part, il fallait rendre la République intouchable, il fallait la sanctuariser. Les élections de 1871 avaient envoyé deux tiers de monarchistes à l’Assemblée. Aux élections législatives d’octobre 1877, le camp républicain avait fait seulement 60 % des voix alors que la situation lui était très favorable. Même si depuis 1884 il était interdit de remettre en cause la forme républicaine de gouvernement, le régime en place restait précaire comme allait le démontrer l’affaire Dreyfus. Seule une assimilation totale de la République à la France pouvait rendre la République indéboulonnable : toute atteinte à la République et à ses symboles (le drapeau tricolore par exemple) serait dès lors vécue par les Français comme une atteinte intolérable à la France et au peuple français.
D’autre part, parce qu’il s’agissait d’utiliser le sentiment patriotique des Français. Il fallait canaliser cette énergie nationale pour la mettre, au nom de la France, au service du projet républicain. C’est cette identification qui explique les efforts et les sacrifices consentis par les Français à la demande du régime en place.
L’identification de la République à la France relève donc d’une « nécessité républicaine», d’une volonté consciente, d’une stratégique datée, qui a abouti dans les années 1880-1890. En voici les grandes étapes :
1792 : la République s’affirme « française » (déclaration du 25 septembre 1792)
1848 : le drapeau tricolore associé à la République devient définitivement le drapeau « français » (décret du 5 mars 1848)
1877 : Marianne, emblème de la République, figure désormais la France.
1879 : l’hymne des armées de la République (La Marseillaise) devient « chant national français » (séance de l’Assemblée du 14 février 1879)
1880 : la devise républicaine (« Liberté, Égalité, Fraternité »), affichée sur tous les édifices publics, devient la devise de la France (14 juillet 1880)
1880 : le 14 juillet républicain est adopté comme jour de fête « nationale »
1895 : les conquêtes de la République en Afrique de l’ouest (au profit des affairistes républicains) sont dites « françaises » (L’Afrique-Occidentale « française »)
1910 : les conquêtes de la République en Afrique centrale (au profit des affairistes républicains) sont dites « françaises » (L’Afrique-Équatoriale « française »).
1914 : « Armée française » et « Armée de la République », d’usage courant, sont interchangeables, etc.
Parvenir à faire croire à toute une population que le régime politique en place depuis peu se confond avec une nation séculaire, au point même que le nom du régime en question soit quasiment synonyme de celui de ce pays (la République / la France), révèle un machiavélisme sans précédent. Dès lors, toute critique ou remise en cause de la République, de ses symboles, de ses principes, de sa devise, sera automatiquement perçue comme une remise en cause de la France.
Mais l’utilisation et la manipulation des symboles n’auraient pas été suffisantes sans le contrôle des esprits par l’Enseignement obligatoire. Seule l’École républicaine pouvait assurer le conditionnement définitif des nouvelles générations :
« Quand toute la jeunesse française aura grandi sous cette triple étoile [l’obligation, la gratuité et la laïcité de l’École républicaine], la République n’aura plus rien à redouter » écrivait Ferdinand Buisson.
L’École dite « républicaine » ou « de la République » est conçue comme une « maison d’éducation » organisée « d’après l’idéal entrevu par la Révolution Française » (Ferry). Son objectif assigné sera de « changer d’ici à quelques générations les habitudes et les idées des populations », de « former et reformer » pour « préparer à notre pays une génération de bon citoyens ». (Ferry, Lettre aux Instituteurs, 1883). Cette mission, on le sait, sera remplie par les « hussards noirs de la République » qui apprendront à des générations d’enfants que la République est la France, voire la quintessence de la France, et que la contester revient à renier sa patrie.
Cette altération des réalités systématisera l’idéologie de la Revanche pour mieux s’imposer. Un décret scélérat du 6 juillet 1882 va incorporer les enfants des écoles dans des « bataillons scolaires » militairement organisés et armés (parfois de vrais fusils). Au nom de la Revanche, les enfants enrégimentés vont ainsi participer aux grands-messes républicaines du 14 juillet, honorer le drapeau républicain, chanter la Marseillaise… et s’exercer au tir, en attendant la Marne et Verdun. C’est à travers la République et ses symboles que les jeunes endoctrinés doivent montrer leur attachement à la France. Nul besoin de préciser que cet apprentissage pavlovien se poursuivra durant le Service militaire obligatoire.
En résumé, à partir des années 1880, la République a entrepris avec patience et méthode un long travail de conditionnement des esprits. Il fallait que ceux-ci, débarrassés de la réflexion, associent de manière automatique la République à la France et la France à la République. La manipulation des symboles, la réécriture de l’histoire, les célébrations « nationales », le revanchisme, l’endoctrinement scolaire, le Service militaire, bientôt la guerre… ont été les principaux vecteurs d’un conditionnement qui associe une somme extraordinaire de violences.
Nous pouvons considérer qu’en 1918 le processus d’identification est arrivé à son terme. Les anciennes générations ont disparu et les nouvelles ont été formées par l’École républicaine. Pour tous les Français désormais, l’Armée est à la fois « française » et « républicaine », ainsi que l’École, la Justice, la Police, l’Assemblée, les institutions… Pour longtemps, la République est « française » et n’aura plus rien à redouter de la France : Ferry et Buisson ne s’étaient donc pas trompés, mais à quel prix !
Note du blog Christ Roi. La France étant possédée par un esprit antichrist depuis qu'elle ne reconnaît plus le Christ (1 Jn 2.22/23) mais l'a déclaré hors la loi avec la soit- disant "laïcité", en réalité "religion de la république" et religion maçonnique (dixit Vincent Peillon), chaque français doit réciter un Ave maria pour expulser cet esprit lorsqu'il entend "la Marseillaise".
Tandis que "Tucho" Fernández de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi s'"ouvre" aux personnes transgenres et celles ayant des relations homosexuelles en les autorisant à devenir témoins de mariage, parrains ou marraines (alors qu'il faut remplir certaines conditions indispensables pour cela : être catholique pratiquant et être en situation régulière) et pour les personnes s'identifiant comme transgenres à être baptisées "même s'il existe des doutes sur la situation morale objective d'une personne". Ndlr.), l'évêque de Spire va plus loin, en demandant aux prêtres de bénir les unions homosexuelles dans l'Église, comme vous pouvez le lire dans l'article de The Pillar, traduit en italien par Marco Tossati :
Un évêque allemand demande aux pasteurs de bénir les couples homosexuels
Mgr Karl-Heinz Wiesemann a déclaré dans la lettre du 2 novembre aux prêtres, diacres et agents pastoraux laïcs que les bénédictions - également étendues aux couples remariés - peuvent avoir lieu dans les églises du diocèse de Spire.
"La cérémonie doit être différente d'une cérémonie de mariage à l'église en termes de mots et de signes et doit explicitement renforcer l'amour, l'engagement et la responsabilité mutuelle dans la relation du couple en tant qu'acte de bénédiction", a-t-il écrit dans la lettre de 1 000 mots.
Les médias catholiques locaux ont déclaré que Wiesemann était le premier évêque allemand à lancer un tel appel, bien que d'autres prélats aient déjà souligné que les pasteurs ne s'exposeraient à aucune sanction s'ils bénissaient les couples de même sexe ou remariés dans leurs diocèses.
Wiesemann, qui dirige le diocèse du sud-ouest de l'Allemagne depuis 2008, a déclaré avoir lancé cette invitation après que 93 % des participants au controversé "chemin synodal" du pays aient approuvé un document appelant à "des cérémonies de bénédiction pour les couples qui s'aiment".
Le texte demande la création d'un "document" à utiliser dans les diocèses allemands comprenant "des suggestions de formulaires pour les célébrations de bénédiction pour diverses situations de couple (couples remariés, couples de même sexe, couples après mariage civil)".
Wiesemann a écrit : "Tant en ce qui concerne les croyants dont les mariages ont été rompus que ceux qui se sont remariés, et particulièrement en ce qui concerne les personnes orientées vers le même sexe, il y a un besoin urgent – surtout dans le contexte d'une longue histoire de blessures profondes – d'une solution différente, une perspective de retrouver une attitude pastorale inspirée par l'Evangile, comme beaucoup d'entre vous la pratiquent depuis longtemps".
"C'est pour cette raison que j'ai fait campagne synodiquement pour une réévaluation de l'homosexualité dans l'enseignement de l'Église et j'ai également voté pour la possibilité de cérémonies de bénédiction pour les couples de même sexe. Je suis resté fidèle à cette ligne. J'espère qu'au cours du Synode mondial, cette question urgente de notre temps pourra également connaître une évolution positive."
Un rapport publié le 28 octobre à la fin de la première session du Synode sur la synodalité ne mentionne pas les bénédictions pour les couples de même sexe ni même l'acronyme "LGBT".
Mais le pape François a abordé le sujet des bénédictions en réponse à cinq dubia, ou doutes, posés par les cardinaux devant l'assemblée de Rome.
Le Pape a déclaré qu'il s'agit d'une question de prudence pastorale "de discerner adéquatement s'il existe des formes de bénédiction, demandées par une ou plusieurs personnes, qui ne véhiculent pas une conception erronée du mariage".
"Les décisions qui peuvent relever de la prudence pastorale dans certaines circonstances ne devraient pas être transformées en norme", a-t-il écrit. "En d'autres termes, il n'est pas approprié qu'un diocèse, une conférence épiscopale ou toute autre structure ecclésiale autorise constamment et officiellement des procédures ou des règles pour tout type de relation."
L’Allemagne n’est pas le seul pays où les évêques encouragent les bénédictions homosexuelles. Les évêques flamands de la Belgique voisine ont autorisé un texte autorisant la bénédiction rituelle des couples de même sexe en septembre 2022.
Bien que le Dicastère pour la doctrine de la foi ait déclaré en 2021 que l'Église n'a pas le pouvoir d'offrir des bénédictions liturgiques pour les unions homosexuelles, le Vatican n'a pas répondu publiquement à la démarche des évêques flamands.
Dans sa lettre, Mgr Wiesemann a déclaré : "Personne n'est obligé de détenir de telles bénédictions, mais ma demande signifie également que personne qui accomplit de telles bénédictions ne doit craindre des sanctions."
"Au contraire, il me semble important de donner à ces croyants un signe clair de la proximité de Dieu dans la communauté de l'Église. Il se peut que l’environnement familial (éventuellement même avec la bénédiction de l’appartement partagé) soit plus propice à recevoir une bénédiction. La cérémonie de bénédiction peut également avoir lieu à l'église ou dans un autre lieu approprié."
L'évêque de 63 ans a déclaré que tant que la Conférence épiscopale allemande n'aura pas terminé la brochure, les pasteurs devront se référer à une publication de 52 pages intitulée "La célébration des bénédictions pour les couples", produite par l'AFK, une association pour l'éducation familiale et la pastorale.
Plus d’un demi-million de catholiques ont officiellement quitté l’Église en Allemagne en 2022, le chiffre annuel le plus élevé jamais enregistré.
Selon la Conférence épiscopale allemande, le diocèse de Spire dessert 465 776 catholiques, dont 19 000 (4,1 %) assistent à la messe.
En 2022, le diocèse a enregistré 3 047 baptêmes, 3 384 premières communions, 2 134 confirmations, 730 mariages et 6 324 funérailles. De plus, 11 859 personnes ont quitté l’Église, tandis que 34 l’ont rejoint et 112 y sont officiellement revenues.
Wiesemann a promis de respecter la conscience des pasteurs qui s'opposent aux bénédictions. Mais il leur a demandé de référer les couples au bureau diocésain, qui les mettra en relation avec un autre pasteur de leur région.
Il a demandé aux pasteurs désireux d'offrir des bénédictions en dehors de leurs domaines de pastorale de contacter le bureau afin qu'une liste puisse être créée et distribuée.
"Les prières de bénédiction de nombreux couples révèlent un profond désir de pouvoir vivre leur vie ensemble sous la protection et la direction de Dieu", a-t-il écrit.
"Ce qui est évident ici, c’est un désir de Dieu qui dépasse les limites tracées jusqu’à présent. Cela doit être pris au sérieux et souligne la promesse biblique de la présence de Dieu partout où règnent la bonté et l'amour."
Et il a ajouté : "Avec la possibilité de bénir les célébrations, nous voulons rendre justice à la fois à la miséricorde de Dieu et à la situation du peuple".
"Affrontons ce voyage ensemble et restons dans le dialogue."
Note du Blog Christ Roi. Puisque l'évêque de Spire évoque "une attitude pastorale inspirée par l'Evangile" "sous la protection et la direction de Dieu" (sic), "un désir de Dieu qui dépasse les limites tracées jusqu’à présent", voici ce que dit l'Evangile des "adultères" et des "sodomites" :
Ne savez-vous pas que ceux qui commettent l’injustice ne recevront pas le royaume de Dieu en héritage ? Ne vous y trompez pas : ni les débauchés, les idolâtres, les adultères, ni les dépravés et les sodomites, ni les voleurs et les profiteurs, ni les ivrognes, les diffamateurs et les escrocs, aucun de ceux-là ne recevra le royaume de Dieu en héritage.
On sait bien à quelles actions mène la chair : inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, haines, rivalité, jalousie, emportements, intrigues, divisions, sectarisme, envie, beuveries, orgies et autres choses du même genre. Je vous préviens, comme je l’ai déjà fait : ceux qui commettent de telles actions ne recevront pas en héritage le royaume de Dieu.
Quant aux lâches, perfides, êtres abominables, meurtriers, débauchés, sorciers, idolâtres et tous les menteurs, la part qui leur revient, c’est l’étang embrasé de feu et de soufre, qui est la seconde mort. »
Rien de souillé n’y entrera jamais, ni personne qui pratique abomination ou mensonge, mais seulement ceux qui sont inscrits dans le livre de vie de l’Agneau.
Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir.
Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise.
Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le royaume des Cieux.
Voilà pourquoi, à cause des convoitises de leurs cœurs, Dieu les a livrés à l’impureté, de sorte qu’ils déshonorent eux-mêmes leur corps.
Ils ont échangé la vérité de Dieu contre le mensonge ; ...
C’est pourquoi Dieu les a livrés à des passions déshonorantes. Chez eux, les femmes ont échangé les rapports naturels pour des rapports contre nature.
De même, les hommes ont abandonné les rapports naturels avec les femmes pour brûler de désir les uns pour les autres ; les hommes font avec les hommes des choses infâmes, et ils reçoivent en retour dans leur propre personne le salaire dû à leur égarement.
… d’après le juste décret de Dieu, ceux qui font de telles choses méritent la mort ; et eux, non seulement ils les font, mais encore ils approuvent ceux qui les font.
Romains 1, 22-32
Sur "l’impossibilité de bénir les unions des couples de même sexe", vous pouvez lire l'article de La Croix du 26 mars 2021 : "Homosexualité, ne pas ignorer saint Paul".
"Une réflexion sur l’homosexualité au regard de la foi chrétienne ne peut faire l’économie de l’écoute de la Parole de Dieu."
"Or, nous savons que l’enseignement du Christ Seigneur ne se limite pas aux quatre évangiles, mais que le Verbe de Dieu, le Christ, s’exprime dans toute l’Écriture."
Mise à jour du 22 novembre 2023.
Mgr Aguer (Argentine) : "L'inclusion des "transsexuels" par le baptême dans l'Église doit être basée sur la repentance et la chasteté."
Car "l'Église enseigne que l'accès au baptême doit être lié à un processus de conversion qui prend la forme d'une décision de changer de vie, d'adopter la vie chrétienne."
"Je pense que l'inclusion d'une personne "trans" dans l’Église a les mêmes exigences que celle d'un homosexuel (et de toute personne). Il est vrai que cette personne ne peut pas remédier aux dommages qu'elle a causés à son identité biologique. Mais le siège de la conversion est la volonté ; elle peut décider d'accepter le mode de vie chrétien qui, parmi les vertus qui le constituent, inclut la chasteté. C'est un changement fondamental pour elle de ne pas vouloir vivre dans la pseudo-identité de son "changement" de sexe qu'elle a assumée par une mauvaise décision. Cela peut sembler difficile, mais c'est l'exigence de la Vérité." Et l'aide de Dieu par la grâce ne fait pas défaut pour faire cela.
Le Vatican a annoncé samedi que le pape François avait relevé Mgr Joseph Strickland de ses fonctions dans le diocèse de Tyler, au Texas, et nommé un administrateur apostolique pour le remplacer.
La destitution de Strickland le 11 novembre intervient après que le Dicastère pour les évêques du Vatican a terminé une enquête formelle dans le diocèse plus tôt cette année, appelée visite apostolique, qui, selon une source, a examiné l'utilisation des médias sociaux par l'évêque et des questions liées à la gestion diocésaine.
Strickland, 65 ans, est évêque du diocèse de Tyler depuis 2012. L'évêque du Texas, très populaire mais polarisant, a été critiqué pour ses publications incendiaires sur les réseaux sociaux, notamment un tweet du 12 mai suggérant que le pape François ''sapait le dépôt de la foi''.
L'annonce du Vatican n'a fourni aucune raison pour la destitution de l'évêque. L'évêque Joe Vásquez d'Austin servira d'administrateur apostolique du diocèse de Tyler jusqu'à ce qu'un nouvel évêque soit nommé.
Au cours des plus de 10 années de Strickland à la tête de Tyler, le diocèse a connu des changements notables, tels que la démission en 2018 de trois responsables diocésains, une décision qui, selon Strickland à l'époque, permettrait au diocèse de mieux remplir sa mission.
Mais le mandat de Strickland a également coïncidé avec des signes positifs de santé spirituelle et administrative à Tyler. Actuellement, 21 hommes sont en formation sacerdotale pour le territoire de 119.168 catholiques. Le diocèse serait également en bonne santé financière, comme en témoigne en partie sa capacité à réunir 99 % de son objectif de 2,3 millions de dollars pour l'appel de l'évêque de 2021, six mois avant la date prévue.
Le pape François a rencontré samedi matin le cardinal américain Robert Francis Prevost, préfet du Dicastère pour les évêques, avant l'annonce de la destitution de Strickland.
La décision du pape de relever Strickland de sa gouvernance pastorale du diocèse de l'est du Texas intervient deux jours seulement avant le début de la réunion plénière d'automne des évêques américains, qui se tiendra du 13 au 16 novembre à Baltimore.
Mise à jour du 19 novembre 2023. Comme le rapporte Jean-Marie Guénois, dans le journal Le Figaro du 11 novembre dernier, « Mgr Strickland a critiqué une série de décisions qui pourraient instituer une forme de diaconat féminin, l’ordination à la prêtrise d’hommes mariés, le contrôle par des laïcs du pouvoir épiscopal et la bénédiction de couples homosexuels, même si ce dernier point a été plus contesté que prévu en octobre ». Toujours selon le même journaliste, « dans sa lettre du 22 août 2023 adressée aux catholiques de son diocèse du nord est du Texas, il récuse point par point ces évolutions en s’appuyant sur l’enseignement post-conciliaire de l’Église catholique, avec cette conclusion qui a dû lui coûter cher, puisqu’il a laissé entendre que le pape François serait schismatique. »
... ce sont ceux qui proposeraient des changements sur ce qui ne peut pas être changé selon les commandements du Christ, à son Église, ce sont eux qui sont les vrais schismatiques. » Source
Parmi les signataires de cette déclaration figuraient Mgr Joseph E. Strickland, Mgr André Gracida, Mgr Athanasius Schneider, Mgr Robert Mutsaerts, le Père Gerald E. Murray, le Père James Altman, le Père John Lovell et plusieurs autres prêtres, ainsi que des universitaires bien connus.
Add. Mgr Strickland réagit à sa destitution sur Twitter,
Le 11 novembre :
"Réjouissez-vous toujours que… peu importe ce que le jour vous apporte, Jésus-Christ est le Chemin, la Vérité et la Vie, hier, aujourd'hui et pour toujours. Que les saints et la Bienheureuse Vierge Marie nous incitent toujours à revenir au Christ, peu importe la façon dont nous errons dans les ténèbres. Jésus est Lumière issue de la Lumière."
Rejoice always that…no matter what the day brings Jesus Christ is the Way, the Truth and the Life, yesterday, today and forever. May the saints and the Blessed Virgin Mary always inspire us to return to Christ no matter how we may wander into darkness. Jesus is Light from Light. pic.twitter.com/BInqtESYaH
Le Cardinal Müller, ancien Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi de Benoît XVI réagit sur la destitution de Mgr Strickland, évêque du diocèse de Tyler au Texas depuis 2012 :
“Ce qui est fait à Mgr Strickland est terrible, un abus du droit divin de l’épiscopat. Si je pouvais conseiller Mgr Strickland, il ne devrait absolument pas démissionner, car ils pourraient alors se laver les mains de leur innocence. (ce que Mgr Strickland n'a pas fait au final)
"Selon le commandement de la justice, un évêque ne peut être destitué par le Pape que s’il s’est rendu coupable de quelque chose de mauvais (hérésie, schisme, apostasie, crime ou comportement totalement non-sacerdotal), par exemple la pseudo-bénédiction qui insulte Dieu et trompe les gens sur leur salut – bénédiction des personnes des deux ou du même sexe dans des relations extraconjugales.
"La révocation arbitraire du poste d’évêque d’un diocèse dans lequel un évêque est établi par le Christ lui-même comme son propre berger porte atteinte à l’autorité du pape, comme cela s’est produit historiquement avec le marchandage indigne de la charge sous la papauté avignonnaise (cette perte de confiance était l’une des principales raisons de la séparation du christianisme de la Réforme de l’Église catholique et de sa haine du pape, qui, par ses actions arbitraires, s’était mis à la place de Dieu.)
"Selon l’enseignement catholique, le Pape n’est en aucun cas le Seigneur de l’Église, mais plutôt, en tant que représentant du Christ pour l’Église universelle, le premier serviteur de son Seigneur, qui devait dire à Simon Pierre, qui venait de devenir le rocher de l’Église : 'Passe derrière moi (Indietro italien, le véritable indietrismo), car tu ne penses pas à ce que Dieu veut, mais à ce que veulent les hommes' (Mt 16, 23).
"Le Pape n’a aucune autorité du Christ pour intimider et intimider les bons évêques calqués sur le Christ Bon Pasteur qui, conformément à l’idéal épiscopal de Vatican II, sanctifient, enseignent et conduisent le troupeau de Dieu au nom du Christ, simplement parce que des faux amis dénoncent ces bons évêques à François comme des ennemis du Pape, tandis que les évêques hérétiques et immoraux peuvent faire ce qu’ils veulent ou déranger chaque jour l’Église du Christ avec quelque autre bêtise.”
Le 21 septembre 2023 après l'annonce d'une visite apostolique au sujet de Mgr Strickland
Add. Dans une interview exclusive le 11 novembre, quelques heures seulement après son renvoi, John-Henry Westen, rédacteur en chef de LifeSiteNews, a demandé à l'évêque Joseph Strickland pourquoi il avait été démis de ses fonctions. Celui-ci a répondu : ‘’La seule réponse que j'ai à cette question est que les forces de l'Église en ce moment ne veulent pas de la vérité de l'Évangile.’’
‘’Ils veulent que ça change. Ils veulent que cela soit ignoré. Ils veulent se débarrasser de la vérité qui, glorieusement, ne va pas disparaître. La vérité qu’est Jésus-Christ, son corps mystique, qui est l’Église, toutes les merveilles pour lesquelles les martyrs sont morts et pour lesquelles les saints ont vécu pendant près de 2000 ans depuis la mort et la résurrection du Christ.’’
L'évêque Joseph Strickland a déclaré qu'il pensait avoir été démis de ses fonctions parce qu'il ‘’avait menacé certains pouvoirs en place avec la vérité de l'Évangile‘’. Et qu'il ne rejetait pas entièrement la responsabilité de sa destitution sur le pape François, car ‘’de nombreuses forces travaillent sur lui et l'influencent pour qu'il prenne ce genre de décisions‘’.
"C'est pourquoi nous prions pour le pape, pour lui en tant que fils de Dieu et pour son rôle de pontife suprême."
"Mais nous devons reconnaître qu’il existe des forces formidables et puissantes à l’œuvre dans le monde", a-t-il souligné. "Saint Paul nous rappelle que nous ne luttons pas contre les êtres humains, de chair et de sang ; nous combattons les puissances et les principautés du mal. Et le mal ne veut pas de la vérité de Jésus-Christ."
"Il y a des gens dans l'Église, plutôt que de se glorifier de la vérité du Christ, ils veulent supprimer des parties importantes de l'Écriture Sainte et dire : 'Oh, nous nous sommes trompés' ou 'nous allons simplement l'ignorer.'"
Strickland a souligné que ''les saints, au cours de 2000 ans, ne se sont pas trompés''.
L'évêque américain a noté que le diocèse de Tyler est en pleine forme car il a ''la chance de compter de nombreux séminaristes, de bons jeunes hommes… qui seraient de merveilleux maris ou de merveilleux pères spirituels, prêtres''.
Selon Strickland, le diocèse est également ''solide financièrement'' grâce à ''l’immense générosité'' des fidèles.
''Je ne peux vraiment pas trouver d'autre raison que [que] j'ai menacé certaines des autorités en place avec la vérité de l'Évangile.’’
"Les Écritures nous disent que Jésus-Christ est le visage de la vérité", a déclaré M. Strickland. "Il ne se transforme pas en un être différent de celui qu'il était lorsqu'il est mort sur la croix et qu'il est ressuscité pour nous. Il est le même Seigneur ; il est le Chemin, la Vérité et la Vie, et ceux qui veulent changer cela, pour un jour, en termes d'histoire humaine, nous devons vivre ce jour, mais c'est un moment qui passera, et la vérité prévaudra."
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L'animateur de radio Terry Barber révèle que le nonce américain, le cardinal Pierre, a déclaré à Mgr Strickland "qu'il n'y a pas de dépôt de foi"
Terry Barber, de Virgin Most Powerful Radio, a révélé dimanche que le cardinal Christophe Pierre, nonce apostolique du pape François aux États-Unis, a déclaré à l'évêque Joseph Strickland, il y a trois ans : ‘’Vous devez arrêter de parler du dépôt de la foi. Il n'y a pas de dépôt de foi.’’
Barber, qui s'entretient régulièrement avec les fidèles et le prélat récemment déchu de Tyler au Texas, dans son émission de radio The Bishop Strickland Hour, a déclaré que selon Mgr Strickland, le cardinal Pierre avait fait cette affirmation ‘’choquante’’ lors d'une réunion de la Conférence américaine des évêques catholiques.
Mgr Strickland m'a fait savoir que… Pierre l'a confronté et lui a dit : 'Regardez, le Saint-Père vous surveille. Il faut arrêter de parler du dépôt de la foi. Il n’y a pas de dépôt de foi.’”
"Eh bien, vous pouvez imaginer à quel point c'est choquant d'entendre un nonce dire qu'il n'y a pas de dépôt de foi, parce que si vous ne croyez pas au dépôt de la foi, vous n'êtes pas catholique", a poursuivi Barber. « Ce n'est pas seulement mon opinion. C’est l’enseignement de l’Église.
Le Catéchisme de l'Église catholique fait explicitement référence au dépôt de la foi, affirmant que ''les apôtres ont confié le 'dépôt sacré' de la foi (le depositum fidei ), contenu dans l'Écriture sainte (cf. 1 Tim 6:20 ; 2 Tim 1:12-14 Vulg.) et la Tradition, à l'ensemble de l'Église.
L'animateur de radio a demandé des prières pour Mgr Strickland, ainsi que des prières et des réparations pour les dirigeants de l'Église catholique.
"Il va porter une lourde croix, et il est persécuté comme les saints ont été persécutés pour avoir dit la vérité", a déclaré Barber, avant de demander à ses auditeurs de prier pour que le pape François revienne sur sa décision et comprenne que son Son rôle est de ''protéger le troupeau''.
« Cela n'est pas fait. Nous avons des évêques partout dans le monde qui sont des modernistes qui sapent le dépôt de la foi et rien ne leur est fait'', a déclaré Barber.
En effet, les religieux modernistes promouvant l'hétérodoxie ont souvent été promus par le pape François, comme on peut le voir clairement plus récemment dans sa sélection des membres votants du Synode de la synodalité, qui comprend des religieux connus pour leurs positions pro-LGBT et autres hétérodoxes et pour leur animosité envers le Messe latine.
Pendant ce temps, des bergers fidèles comme Mgr Daniel Fernández Torres, ardent défenseur de l’enseignement catholique du diocèse d’Arecibo, à Porto Rico, sont punis. L'évêque Fernández Torres a [lui aussi. Ndlr.] été démis de ses fonctions par le pape François sans explication, apparemment en raison de son soutien aux objections de conscience aux mandats de vaccination contre le COVID.
Barber a poursuivi en déclarant : ''J'applique le canon 212 pour faire savoir aux dirigeants de notre Église que c'est inacceptable. Nous voulons des évêques prêts à donner leur vie pour leur troupeau. Nous ne voulons pas de compromis.
Le Canon 212 précise que ''les fidèles chrétiens sont libres de faire connaître aux pasteurs de l’Église leurs besoins, notamment spirituels, et leurs désirs'' et que ''selon les connaissances, la compétence et le prestige qu’ils possèdent, ils ont le le droit et même parfois le devoir de manifester aux pasteurs sacrés leur opinion sur les questions qui concernent le bien de l'Église et de faire connaître leur opinion au reste des fidèles chrétiens[.]''
Barber estime que les laïcs ''doivent faire savoir au Vatican que nous ne sommes pas satisfaits de cette situation''.
Le bulletin quotidien du Saint-Siège a annoncé samedi 11 novembre que le pape François avait démis Mgr Joseph Strickland de ses fonctions d'évêque du diocèse de Tyler, au Texas, sans raison invoquée.
La décision frappante de François va à l’encontre de l’un des évêques les plus directs et les plus virulents des États-Unis, qui a bénéficié d’un soutien considérable, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de son diocèse, pour sa promotion de l’enseignement catholique traditionnel.
Les positions les plus publiques de l'évêque Strickland sur les questions morales et doctrinales consistent à accuser le pape d'un "programme de sape du dépôt de la foi", à condamner le "blasphème" pro-LGBT du père James Martin, S.J., et à exhorter François à refuser la Sainte Communion à l'ancienne présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, en raison de son soutien à l'avortement.
Il s'est également montré particulièrement franc sur les controverses morales dans la politique et la culture américaines, notamment sur l'espionnage des catholiques par l'administration Biden et les manifestations publiques de groupes autoproclamés « sataniques ». Cet été, il a pris la parole lors d'une manifestation contre l'accueil par les Dodgers de Los Angeles d'une troupe de drag queen anticatholique appelée les « Sisters of Perpetual Indulgence », qui se présentent comme des religieuses grotesques.
La réaction de Mgr Strickland à l'annonce de sa destitution fut remarquablement douce. Quelques instants plus tard, il a déclaré à John-Henry Westen, rédacteur en chef de LifeSiteNews : ''Je maintiens toutes les choses qui ont été répertoriées comme des plaintes contre moi. Je sais que je n'ai pas mis en œuvre la Traditionis Custodes [décret du pape François restreignant la messe traditionnelle en latin] parce que je ne peux pas affamer une partie de mon troupeau.''
Il a ajouté : ''Je referais la même chose. Je me sens très en paix dans le Seigneur et dans la Vérité pour laquelle il est mort.''
(Fin de la traduction de l'article de LifeSiteNews)
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Note du blog Christ-Roi. Le Catéchisme de l'Église catholique fait explicitement référence au dépôt de la foi, affirmant que ''les apôtres ont confié le 'dépôt sacré' de la foi (le depositum fidei), contenu dans l'Écriture sainte (cf. 1 Tim 6:20 ; 2 Tim 1:12-14 Vulg.) et la Tradition, à l'ensemble de l'Église. (paragraphe 84du Catéchisme de l'Eglise catholique).
''En s’attachant à lui le peuple saint tout entier uni à ses pasteurs reste assidûment fidèle à l’enseignement des apôtres." (Dei Verbum 10).
Le concile Vatican II réaffirme dans sa constitution dogmatique Dei Verbum § 10 que la Tradition explique les Écritures : ‘’La sainte Tradition et la Sainte Écriture constituent un unique dépôt sacré de la Parole de Dieu, confié à l’Église ;
‘’… La charge d’interpréter de façon authentique la Parole de Dieu, écrite ou transmise, a été confiée au seul Magistère vivant de l’Église dont l’autorité s’exerce au nom de Jésus Christ. Pourtant, ce Magistère n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu, mais il est à son service, n’enseignant que ce qui a été transmis, puisque par mandat de Dieu, avec l’assistance de l’Esprit Saint, il écoute cette Parole avec amour, la garde saintement et l’expose aussi avec fidélité, et puise en cet unique dépôt de la foi tout ce qu’il propose à croire comme étant révélé par Dieu.
‘’Il est donc clair que la sainte Tradition, la Sainte Écriture et le Magistère de l’Église, selon le très sage dessein de Dieu, sont tellement reliés et solidaires entre eux qu’aucune de ces réalités ne subsiste sans les autres, et que toutes ensemble, chacune à sa manière, sous l’action du seul Esprit Saint, elles contribuent efficacement au salut des âmes.’’
‘’Garder le dépôt de la foi, telle est la mission que le Seigneur a confiée à son Église et qu’elle accomplit en tout temps’’, déclare S. Jean-Paul II dans la Constitution apostolique ‘’Fidei Depositum’’ pour la publication du Catéchisme de l’Église catholique rédigé à la suite du deuxième Concile du Vatican, le 11 octobre 1992.
"Ce dépôt de la foi que transmet le catéchisme de Jean-Paul II contient : ‘’l'enseignement de l'Écriture sainte, de la Tradition vivante dans l'Église et du Magistère authentique, de même que l'héritage spirituel des Pères, des saints et des saintes de l'Église, […] des explications de la doctrine que le Saint-Esprit a suggérées à l'Église au cours des temps […], la foi étant toujours la même.’’ (Fidei depositum, 11 octobre 1992, titre III.)
''La Sainte Tradition et la Sainte Écriture constituent un unique dépôt sacré de la parole de Dieu" (DV 10) en lequel, comme dans un miroir, l’Église pérégrinante contemple Dieu, source de toutes ses richesses.'' (Catéchisme de l'Eglise catholique paragraphe 97)
Rien ne saurait être ajouté ou retranché par rapport au dépôt de la foi, car le Christ ‘’est la Parole unique, parfaite et indépassable du Père’’: la Rédemption a eu lieu une fois pour toutes, et la Révélation est achevée, définitive.
Dieu a ‘’ tout dit en son Verbe’’ et la Révélation n'a pas à être complétée ni renouvelée : il appartient à la foi de l'expliciter et d'’’en saisir graduellement toute la portée’’.(Catéchisme de l'Église catholique, paragraphes 65-67)
Mise à jour du Lundi 20 novembre 2023. Mgr Strickland : J'ai le devoir devant Dieu de défendre la vérité contre le père du mensonge
Dans l'épisode de cette semaine de The Bishop Strickland Show , Mgr Joseph Strickland donne un résumé de son discours au Rome Life Forum et commente une citation du pape saint Pie X.
Strickland dit qu'il a prononcé son discours dans le contexte de la rencontre que deux des disciples du Christ ont eue avec lui sur le chemin d'Emmaüs, expliquant que "nous sommes tous les disciples sans nom" dans le récit. Comme eux, explique Strickland, le Christ nous révèle le sens des Écritures, nos cœurs brûlent lorsque nous rencontrons cette vérité et nous reconnaissons le Christ dans la "fraction du pain" qu'est l'Eucharistie.
Il explore également la question de la providence , affirmant que les croyants devraient "parler de providence plutôt que de coïncidence". Citant comme exemple la lettre qu'il a lue dans son discours, Strickland raconte qu'il allait parler de saint Ignace d'Antioche et de plusieurs autres saints, et la lettre citait providentiellement le Père apostolique à plusieurs reprises.
Commentant l'image du Christ sur le chemin d'Emmaüs, Strickland explique que le Christ a discuté des Écritures et révélé des vérités avec les disciples qu'il a rencontrés sur son chemin, en commençant par l'époque de Moïse dans les siens. Selon lui, le Christ sur le chemin d'Emmaüs est une bonne image de l'appel à la conversion.
"Je pense que ce dont nous devons nous souvenir, c'est que cette vérité nous a été révélée", explique également Son Excellence. "Ce n'est pas quelque chose que nous avons formulé nous-mêmes. Cela n’est pas né du peuple. Cela vient de Dieu."
"Quand nous avons une vraie relation avec le Christ, quand nous le connaissons, alors nous sommes très à l'aise ", observe-t-il. "Nous aspirons à le connaître plus profondément et à connaître plus profondément sa vérité." Strickland a également posé une question à propos de ceux qui se disent catholiques mais qui "essayent de prendre les choses dans une direction totalement différente" : "Quelle est la place du Christ dans le tableau ? Le connaissent-ils ?"
"Si vous ne connaissez pas le Christ, comment pouvez-vous connaître le Père, parce qu'Il dit très clairement qu'Il révèle le Père, ou que le Père Le révèle ?, continue-t-il. "Je pense que le véritable point pour l’humanité est que le Christ est venu révéler Dieu et nous révéler qui nous sommes en tant que personnes créées à l’image et à la ressemblance de Dieu."
Plus tard dans l'épisode, Strickland commente une citation de saint Pie X, qui dit trembler à l'idée que "des âmes peuvent être punies pour l'éternité à cause de la négligence de leur pasteur, que des innocents peuvent être conduits hors de la prison". le chemin de la vérité, parce que les paroles du texte inspiré ne leur ont jamais été prêchées, et que l’esprit du monde, et de notre temps en particulier, devrait se déverser dans des esprits mal instruits, faute d’une main ferme pour en freiner le cours.
"J'ai le devoir sacré de défendre ouvertement la vérité, car Dieu me demandera de rendre compte de toutes ces âmes qui se sont égarées sur la voie de la perdition", a conclu le saint pontife.
Strickland, réagissant à cette citation, dit que c'était une "manière différente d'exprimer" un sentiment qu'il a déjà exprimé : qu'il a le devoir devant Dieu de prêcher la vérité en tant que successeur des apôtres.
"Je pense qu'il y a une responsabilité de dire la vérité, de la dire avec charité et clarté, comme on dit, de n'attaquer personne, de reconnaître que… les gens sont utilisés comme instruments de… faux messages, mais les faux messages viennent du père du mensonge", déclare-t-il.
"Il essaie de nous conduire à la perdition, et nous devons donc nous opposer à cela, parce que les voix du monde sont très puissantes et très tentantes pour les gens, mais très souvent, elles sont la voix du péché et du mal", poursuit-il. "Le père du mensonge est celui qui inspire ces voix."
Mise à jour du mercredi 22 novembre 2023. Après les évêques Strickland et Fernández Torres, c'est au tour de Mgr Rey, évêque de Frejus-Toulon, d'être limogé sans raison.
Mardi 21 novembre Mgr Touvet, alors évêque de Châlons-en-Champagne, était nommé coadjuteur, avec « pouvoirs spéciaux », de Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon. Depuis un an et demi les ordinations sacerdotales étaient suspendues, une dizaine de séminaristes étant ainsi pris en otage. Une « visite fraternelle » du cardinal Aveline, archevêque de Marseille, puis une visite canonique de Mgr Hérouard, archevêque de Dijon, ont accouché de cette solution. Elle revient, en vertu des « responsabilités spécifiques » qui lui ont été confiées à transmettre à Mgr Touvet la direction du diocèse avec une attention particulière accordée à la « formation des séminaristes et des prêtres ». Quand on sait que Mgr Touvet, en huit années d’épiscopat à Châlons a ordonné 1 prêtre, en 2022, et Mgr Rey, dans le même temps, 41 prêtres sans oublier la dizaine d’ordinations en suspens on se demande si tout cela est bien sérieux. Ou au contraire très sérieux s’il s’agit de détruire ce que Mgr Rey et son prédécesseur Mgr Madec avaient réussi à bâtir en plusieurs décennies : le seul diocèse de France dans lequel toutes les paroisses ont un curé. Les évêques français voulaient la neutralisation de Dominique Rey, coupable de réussite.
... Ces évêques rejoignent la longue liste des prélats destitués ou poussés à la démission : Mgr Mario Oliveri, évêque d’Albenga Imperia en Italie, Mgr Hector Aguer, archevêque de La Plata, en Argentine, etc. sans oublier les cardinaux Burke, Muller ou Sarah à ce jour sans fonctions officielles. Tous ces prélats ont en commun, à des degrés divers, un attachement à la doctrine traditionnelle de l’Église, une sympathie pour la messe traditionnelle, et, pour les évêques diocésains, des séminaires prospères (21 séminaristes au diocèse de Tyler pour 120 000 catholiques). Cette politique méthodique d’élimination de toute forme d’opposition à la conception synodale de l’Église apparaît d’autant plus choquante que « en même temps » ne sont pas sanctionnées les divagations doctrinales les plus extravagantes comme celles portées par l’Église d’Allemagne (François exprimant simplement ses "préoccupations" face aux revendications des évêques du Synode allemand sans les limoger. Ndlr.) et tolérés des comportements parfaitement scandaleux, comme, pendant des années, les commerces de lit du cardinal Mac Carrick avec certains de ses séminaristes.
Strickland, un renvoi hors du droit canon, sans aucun procès
Par Gérald Murray*
La destitution, décidée par le Pape François, de Mgr Strickland de la direction de son diocèse s'est déroulée sans aucun procès, en dehors des normes canoniques. Idem pour Mgr Torres en 2022. C’est contraire à la charité et à la justice naturelle, comme l’a expliqué saint Jean-Paul II.
Le Bulletin de la Salle de Presse du Saint-Siège du 11 novembre, sous le titre "Démissions et nominations", contenait cette annonce : "Le Saint-Père a relevé de la gouvernance pastorale du diocèse de Tyler (USA) SEM Mons. Joseph E. Strickland et a nommé l'évêque d'Austin, SE Monseigneur Joe Vásquez, comme administrateur apostolique du diocèse vacant". Il est à noter que l'annonce est placée sous ce titre incorrect : la destitution d'un évêque n'est pas en fait une démission. La même entrée incorrecte a été utilisée dans l'annonce du 9 mars 2022 du retrait de Mgr Daniel Fernandez Torres de la pastorale du diocèse d'Arecibo, Porto Rico. Le Bureau de Presse n'a évidemment pas l'habitude de classer les annonces concernant la destitution d'un évêque, un acte rare mais pas inconnu.
La déchéance de fonction est prévue par le Code de droit canonique et est le résultat d'une procédure judiciaireou d'une procédure administrative engagée pour examiner et rendre un jugement sur la base d'un soupçon fondé qu'un crime canonique a été commis par un évêque particulier. Dans les cas de Mgr. Joseph Strickland et Mgr. Fernandez Torres aucune de ces deux procédures canoniques possibles n'a été utilisée.
Le Canon 416 précise que «le siège épiscopal devient vacant (…) avec la privation communiquée à l'Évêque». Le canon 196 précise que "la déchéance de charge, c'est-à-dire la punition d'un crime, ne peut être effectuée que conformément à la loi. La privation prend effet selon les dispositions des canons du droit pénal". Le commentaire du Code de droit canonique annoté, 4 e édition , précise que "la privation est la perte de la fonction ecclésiastique en guise de punition pour un crime ; elle est imposée judiciairement ou administrativement à l'issue d'un procès pénal ou d'une procédure pénale administrative (cf. can. 1336, 4, 1). La privation est donc une forme particulière de répression ; son efficacité et ses limites sont soumises au droit pénal.
Dans les cas des évêques Torres et Strickland, il n’y a eu aucun procès pénal ou administratif. La visite apostolique, effectuée dans les deux cas, ne constitue ni une procédure judiciaire ni une procédure administrative. Leur destitution s’est donc produite par un acte du pape en dehors des procédures canoniques existantes.
La Canon 331 déclare en outre que le pape "en vertu de sa charge, a un pouvoir ordinaire suprême, complet, immédiat et universel sur l'Église, pouvoir qu'il peut toujours exercer librement". Il est libre, s'il le souhaite, de se dispenser des dispositions contraignantes des lois purement ecclésiastiques (can. 11). Le Canon 12 déclare que "quiconque pour qui ils ont été donnés est lié par les lois universelles". Le pape est donc tenu d'observer la loi de l'Église, à moins que, pour une cause "juste et raisonnable" (can. 90), il ne décide de se dispenser "dans un cas particulier" de ses dispositions (can. 85). Dans ce cas, il devra prendre un décret. S'il se dispense à la fois de l'obligation d'émettre un décret écrit, comme l'exigent les canons 48 et 51, et de l'obligation "autant que possible" d'écouter "ceux dont les droits pourraient être violés" (can. 50), le même acte de dispense devrait avoir lieu par un décret écrit, qui exposerait, "au moins brièvement, les raisons, s'il s'agit d'une décision" (can. 51). S'il se dispense d'exprimer ensuite les motifs de sa dispense, cela doit également se faire par décret écrit. Rien de tout cela ne s’est produit dans le cas de ces deux évêques déchus.
Un cas précédent de destitution d'un évêque diocésain par le pape François était celui de feu l'évêque Rogelio Ricardo Livieres Plano de Ciudad del Este, au Paraguay. Une note du Service de Presse du Saint-Siège, publiée dans le Bulletin du 25 septembre 2014, avait défini cette déchéance de fonction comme une "alternance". La note indiquait que la destitution était une "décision lourde du Saint-Siège, pesée par de sérieuses raisons pastorales et inspirée par le plus grand bien de l'unité de l'Église de Ciudad del Este et de la communion épiscopale du Paraguay". Dans ce cas, il a été considéré que Mgr. Livieres Plano s'est rendu coupable d'avoir offensé l'unité de son diocèse et la communion des évêques du Paraguay. La note ne mentionne pas d'épisodes spécifiques de ces crimes présumés.
Pourquoi le non-respect des dispositions canoniques est-il préoccupant ? Saint Jean-Paul II, dans la constitution apostolique qui a promulgué le Code de droit canonique de 1983, Sacræ disciplinæ leges, a ainsi décrit la nature et l'importance du Code : le but du Code est "de créer dans la société ecclésiale un tel ordre qui, en attribuant la primauté à l'amour, à la grâce et au charisme, il facilite en même temps leur développement organique dans la vie de la société ecclésiale et des individus qui en font partie". Il a également déclaré que "le Code, étant le principal document législatif de l'Église, fondé sur l'héritage juridique et législatif de la Révélation et de la tradition, doit être considéré comme l'instrument indispensable pour assurer l'ordre dans la vie individuelle et sociale et dans l'activité même de l'Église". Comme on peut le constater, l’accent est mis sur le bon ordre dans l’Église. Un ensemble de lois promulguées établit les conditions de relations justes et justes entre les fidèles, qui partagent l'obligation commune de coopérer les uns avec les autres dans l'obéissance à des règles de conduite clairement énoncées, qui promeuvent et sauvegardent la nature et la mission de l'Église.
Saint Jean-Paul II poursuit en affirmant que "le Code de droit canonique est extrêmement nécessaire à l'Église [qui] a besoin de normes : à la fois pour que sa structure hiérarchique et organique soit visible ; (...) et pour que les relations mutuelles des fidèles puissent être réglées selon la justice, fondée sur la charité, avec les droits des individus garantis et bien définis". Il a également souligné que "les lois canoniques, de par leur nature même, exigent le respect. C'est pourquoi la plus grande diligence a été déployée pour que, dans la longue préparation du Code, l'expression des normes soit exacte et qu'elles reposent sur une base juridique, canonique et théologique solide".
Mgr Strickland a rapporté que le 9 novembre, à Washington, le nonce apostolique, le cardinal Christophe Pierre, lui avait dit qu'on lui avait demandé de démissionner pour diverses raisons, parmi lesquelles le manque de fraternité avec ses confrères évêques américains, le non-respect de Traditionis Custodes, sa présence problématique sur les réseaux sociaux et sa critique du Synode sur la synodalité. Strickland, qui a refusé de démissionner, a déclaré que le nonce n'avait fait aucune référence à des problèmes administratifs dans son diocèse. Aucun de ces motifs de licenciement, qui lui ont été communiqués lors d'un entretien privé, n'a été énoncé dans un décret pontifical de licenciement. En fait, aucun décret papal n’a été publié.
Pour autant que nous puissions en juger sur la base des preuves publiquement disponibles jusqu'à présent , Mgr. Strickland n'a pas été accusé de crimes canoniques, mais plutôt d'être publiquement en désaccord, parfois en termes offensants, avec diverses déclarations et décisions du pape François, et d'avoir agi différemment de ses confrères évêques américains. Aucun crime canonique n’a été contesté et aucune procédure judiciaire ou administrative n’a été engagée. Par conséquent, le droit de l'évêque d'avoir la possibilité de connaître et de répondre à toute accusation formelle portée contre lui dans le cadre d'une procédure réglementée par la loi n'a pas été respecté.Il n'a pas eu accès aux preuves recueillies pour étayer les allégations d'actes répréhensibles et n'a donc pas eu la possibilité de réfuter ou de présenter d'autres preuves en sa faveur.La mise de côté des garanties procédurales canoniques présentes dans le Code pour protéger le droit d'un évêque à un procès équitable lorsque son supérieur hiérarchique, le pape, soupçonne un acte répréhensible, est contraire à la justice naturelle et ignore l'enseignement et l'esprit du Concile Vatican II et le Code de 1983.
Bergoglio devrait être remis en question et, s'il est identifié comme hérétique, démis de la chaire de Pierre.
Ven 10 Nov 2023 - 4:07
CAMBRIDGE, Angleterre (LifeSiteNews) - Note de la rédaction : L'article suivant a été soumis par John Rist, professeur émérite de lettres classiques à l'université de Toronto, qui réside actuellement à Cambridge, en Angleterre. Universitaire de renommée mondiale et membre à vie de Clare Hall, à l'université de Cambridge, le professeur Rist a été l'un des signataires d'une lettre de 2019 accusant le pape François d'hérésie.
Qestion. Jorge Bergoglio est-il le pape ?
Réponse. Oui. Bien qu'élu par un groupe de cardinaux scandaleusement irresponsables, l'élection était valide.
Q. Pourquoi l'élection a-t-elle été "scandaleusement irresponsable" ?
R. Parce que, comme l'a admis l'un des promoteurs les plus actifs de Bergoglio, le cardinal Murphy O'Connor, les électeurs ne connaissaient pas le caractère de l'homme qu'ils ont élu et n'ont pas pris la peine de le découvrir.
Q. Bergoglio est-il un hérésiarque ?
R. À mon avis, il est lui-même hérétique et, par son ambiguïté calculée, il encourage l'hérésie chez les autres.
Q. Comment l'hérésie de Bergoglio se manifeste-t-elle le plus clairement ?
R. Dans son mépris pour ceux qui tentent de corriger son comportement. Un bon exemple est sa réponse au cardinal Muller lorsqu'il a été mis en cause pour une décision : "Je suis le pape et je n'ai pas à donner les raisons de mes actes". Peut-on imaginer que saint Pierre se soit comporté de la sorte lorsqu'il a été corrigé par saint Paul au sujet des chrétiens non juifs (une question admirablement discutée par saint Cyprien) ?
Q. Que faut-il faire pour remédier à la situation inacceptable d'un pape apparemment hérétique ?
R. Au moins un pape a déjà été condamné (à tort ou à raison) pour hérésie : il s'agit d'Honorius Ier (Pape 625-638) par un concile œcuménique. Bergoglio devrait être contesté et, s'il est identifié comme hérétique, destitué de la chaire de Pierre, ce pour quoi il aurait été démontré qu'il est incapable de tenir pour cause d'hérésie. Le droit canonique ne dit pas comment un pape peut être destitué, mais il ne semble pas déraisonnable de proposer que ceux qui l'ont élu, c'est-à-dire le Collège des cardinaux, aient l'obligation de le destituer si l'hérésie est prouvée.
L’enseignement de l’Église ne peut différer d’un pays à l’autre. L'archevêque polonais président Stanisław Gądecki a déclaré ce truisme lors d'une conférence de presse sur le synode (Episkopat.pl, 9 novembre).
Gądecki a déclaré que les évêques polonais avaient réagi à un texte de 150 pages envoyé par les Allemands à tous les participants à l'ex-synode de François, soulignant son "incompatibilité avec l'enseignement catholique".
Cependant, en fin de compte, l'évêque président allemand Bätzing a manipulé le fait que "toutes les demandes allemandes avaient été satisfaites [par les participants au synode]", a critiqué Gądecki.
Il a énuméré les questions controversées telles que la "synodalité", le déni de l'anthropologie biblique, le rôle du prêtre, le célibat, l'ordination [invalide] des femmes, le genre et les questions d'homosexualité.
Dans le Tagesost du 18 septembre 2023, Mgr Gądecki avait critiqué le synode sur la synodalité du Vatican, pour l'utilisation du "langage idéologique des Nations unies" et la promotion du "relativisme moral". Il remarqua que l'Instrumentum Laboris (texte qui sert de base aux discussions) utilisait des termes tels que "l'inclusion, telle que définie par l'ONU", qui "se réfère exclusivement à l'inclusion des personnes non binaires dans la société et à la reconnaissance de la nature humaine en tant que non binaire (c’est-à-dire ni hommes et ni femmes)". Le terme "inclusion" remplace la notion de péché et de conversion dans le texte de l’Instrumentum Laboris et fait donc partie de l'idéologie du relativisme moral", a-t-il déclaré.
"Cela soulève la question suivante : est-il approprié que l'Église, à la recherche d'un nouveau langage pour communiquer avec les gens aujourd'hui adopte des termes du langage politique de l'ONU, derrière lequel se cache souvent une idéologie ?"
M. Gądecki a déclaré : "Aujourd'hui, malheureusement, il semble qu'il y ait en Allemagne la crise de l’Eglise la plus importante depuis la Réforme. Le danger est grand qu'une réforme mal comprise du christianisme conduise une fois de plus à un schisme de l'Église qui s'étendra aux pays voisins."
Gądecki a émis sa "correction fraternelle" en février 2022 dans une lettre adressée au président de la conférence épiscopale allemande, Mgr Georg Bätzing, dans laquelle Gądecki critiquait la Voie synodale et invitait les évêques allemands à maintenir l'enseignement immuable de l'Église sur la sexualité.
"Il est important de bien comprendre le sens de la correction fraternelle", a-t-il poursuivi. "Certains peuvent l'associer à l'exaltation de l'un par rapport à l'autre, mais nous le faisons avec des larmes. Le Christ a pleuré sur Jérusalem, accompagné de paroles sur l'incapacité à discerner correctement les signes des temps".
"[Satan] établira une Contre-Église, qui sera le singe de l’Église. Elle aura toutes les notes et caractéristiques de l'Église, mais à l'envers et comme vidée de son contenu divin. ... Le Faux Prophète aura une religion sans croix. Une religion sans monde à venir. Une religion pour détruire les religions. Il y aura une église contrefaite. L'Église du Christ sera l'une et le faux prophète créera l'autre. La fausse Église sera mondaine, œcuménique et mondiale.
"Il s’agira d’une fédération lâche d’Églises et de religions, formant une sorte d’association mondiale, un parlement mondial d’Églises.
"Elle sera vidée de tout contenu divin ; ce sera le corps mystique de l'Antéchrist.
"Le Corps mystique sur terre aujourd’hui aura son Judas Iscariote, et il sera le faux prophète. Satan le recrutera parmi nos évêques." — Mgr Fulton J Sheen, Communism and the Conscience of the West (Indianapolis : Bobbs-Merrill, 1948), p. 24-25.
“[Satan] will set up a Counter-church, which will be the ape of the Church. It will have all the notes and characteristics of the Church, but in reverse and emptied of its divine content.... The False Prophet will have a religion without a cross. A religion without a world to… pic.twitter.com/E1Qwi0fPJH
Une statue de Notre-Dame de Guadalupe, y compris un manteau en tissu, a été laissée intacte au milieu des ravages causés par l'ouragan Otis, qui a frappé la ville côtière d'Acapulco et d'autres régions de l'État mexicain de Guerrero la semaine dernière avec des rafales de vent pouvant atteindre 200 milles. par heure.
L'ouragan de catégorie 5, qui a touché terre près d'Acapulco à 0 h 25, heure locale, le 25 octobre, a fait au moins 46 morts et de graves dégâts dans des hôtels, des maisons et des entreprises dans tout l'État.
En 2022, le Père Eduardo Chávez, l'un des plus grands experts en matière d'apparitions de Notre-Dame de Guadalupe, a béni l'image placée sur la falaise.
Le journaliste Edgar Galicia d'Azteca Noticias a récemment visité la région et a découvert que la petite statue placée dans la grotte n'avait subi aucun dommage lors du passage de l'ouragan Otis. Les seuls dégâts observés suite à la tempête, qui avait des vents dépassant 185 milles par heure, concernaient certaines des lumières qui ornaient l'image.
"C'est vraiment une belle chose", a déclaré Galicia dans une vidéo publiée le 1er novembre sur X, "de savoir que cette Vierge, qui pendant de nombreuses années a 'fait le signe de la croix' sur de nombreux plongeurs ici, se porte bien, car c'est d'ici qu'ils se jettent à la mer.
La Vierge Marie, "Mère de l'Espérance"
Face à cet événement surprenant, le père Rafael Valencia, vicaire général et porte-parole de l'archidiocèse d'Acapulco, s'est entretenu avec ACI Prensa, le partenaire d'information en langue espagnole de CNA, sur l'importance de la Vierge Marie comme source de consolation dans les moments d'adversité.
« La Vierge Marie est la mère de l'espérance. Dans ce moment difficile, elle nous encourage à garder ferme l'espérance qui naît de notre foi en Jésus-Christ Notre Seigneur, à nous sentir accompagnés par elle et par son fils, son Jésus", a déclaré Valencia.
Le prêtre a également souligné que la présence de sainte Marie, « comme mère », nous aide à expérimenter « la consolation et la proximité de Dieu, qui nous console et nous aide ».
Le concile Vatican II a tant insisté, à juste titre, sur la place des fidèles laïcs dans la mission de l’Église, qu’on a pu avoir tendance à minimiser le rôle des prêtres. La contestation de l’autorité et les revendications démocratiques qui traversaient la société en pleine mutation, sous l’influence du marxisme, ont conduit à interpréter l’enseignement du concile de manière politique, ce que le pape Benoît XVI a désigné sous le nom d’herméneutique de la rupture, prétendant réduire la différence entre clercs et laïcs et engendrant une concurrence de pouvoirs entre eux.
Le souvenir des parents et amis disparus, des personnes dont la vie, l'action, les bienfaits nous ont marqués, est la chose la plus répandue et la plus naturelle du monde. Monuments funéraires et commémoratifs, portraits ou photographies exposés en bonne place dans les maisons, en témoignent abondamment.
Mais, pour les chrétiens, la mémoire des défunts s'accompagne de la prière d'intercession pour eux et pour "tous les morts dont Dieu seul connaît la foi". C'est ainsi que, dès le IIème siècle, la prière liturgique pour les défunts est attestée en Afrique du Nord. Toutefois, c'est bien plus tard qu'a été instaurée, et fixée au 2 novembre, la Commémoration de tous les fidèles défunts, à l'initiative d'Odilon, abbé de Cluny (994-1049) - qui en prescrivit la célébration dans les maisons de l'Ordre; ce qui eut lieu pour la première fois le 2 novembre 998. De là, elle se répandit rapidement dans toute l'Eglise latine.
Si les défunts sont déjà au Ciel, il n'y a plus besoin de prier pour eux, il vaut mieux au contraire se recommander à leurs prières.
Si les défunts sont en enfer, c'est trop tard.
Et si, comme nous le croyons, ils sont en marche vers le paradis, nous pouvons hâter cette marche par nos prièreset nos suffrages.
Une parole du Christ expliquant qu'il y a des péchés - celui contre le Saint-Esprit - qui ne seront pardonnés "ni en ce monde ni dans l'autre" (Mt, 12, 31-32), indique qu'il y a des péchés qui sont pardonnés dans un lieu particulier dans l'autre monde. Cela ne peut être au paradis où l'âme est sans péché, mais au purgatoire.
Selon les Protestants, nous n’avons pas de révélation directe du purgatoire dans la Parole de Dieu ; c’est pourquoi les "réformateurs" du XVIème siècle ont rejeté cette doctrine, née selon eux de l’imaginaire des hommes. Elle s’enracine pourtant dans la tradition de l’Ancien Testament.
Deux siècles avant Jésus-Christ en effet, nous trouvons le témoignage en 2 Macc 12, 46 de la croyance en la valeur et en l’efficacité de la prière pour les morts. L’offrande est faite par Judas Maccabée (IIe siècle av. J.-C) en faveur des soldats morts au combat sur lesquels on avait trouvé des objets idolâtriques; cette prière prouve que Judas Maccabée croyait en la possibilité d’une purification de l’âme par-delà la mort :
"S'il envisageait qu'une très belle récompense est réservée à ceux qui s'endorment dans la piété, c'était là une pensée sainte et pieuse : voilà pourquoi il fit faire pour les morts ce sacrifice expiatoire, afin qu'ils fussent délivrés de leur péché." (verset 45 du chapitre 12 du IIe Livre des Maccabées, IIe siècle av. J.-C.)
L’Église primitive a fait sienne cette doctrine et a développé dès le second siècle après Jésus-Christ la prière pour les morts. Le culte des saints, quant à lui, débute avec S. Polycarpe (+ martyr en 167 ap. J-C.) (Régine Pernoud, Les saints au Moyen Age, la sainteté d'hier est-elle pour aujourd'hui ?, Plon, Mesnil-sur-l'Estrée 1984 p. 239-240.)
En Occident, les conciles œcuméniques de Florence au XVème s. et de Trente au XVIème s. ont défini de manière dogmatique l’existence du purgatoire :
"Instruite par l’Esprit Saint et puisant à la Sainte Ecriture et à l’antique Tradition des Pères, l’Église catholique a enseigné dans les Saints Conciles qu’il y a un lieu de purification (purgatorium) et que les âmes qui y sont détenues sont aidées par les suffrages des fidèles mais surtout par le Sacrifice de l’Autel agréable à Dieu." (Concile de Trente).
Les sources scripturaires sont :
1 Co 5,4-5 "Ma conscience ne me reproche rien, mais ce n’est pas pour cela que je suis juste : celui qui me soumet au jugement, c’est le Seigneur.
Ainsi, ne portez pas de jugement prématuré, mais attendez la venue du Seigneur, car il mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et il rendra manifestes les intentions des cœurs. Alors, la louange qui revient à chacun lui sera donnée par Dieu."
1 P 3, 19-20Car le Christ, lui aussi, a souffert pour les péchés, une seule fois, lui, le juste, pour les injustes, afin de vous introduire devant Dieu ; il a été mis à mort dans la chair, mais vivifié dans l’Esprit.
C’est en lui qu’il est parti proclamer son message aux esprits qui étaient en captivité. [Ce n'est pas l'enfer car on n'en revient plus de l'enfer.]
Ceux-ci, jadis, avaient refusé d’obéir, au temps où se prolongeait la patience de Dieu, quand Noé construisit l’arche, dans laquelle un petit nombre, en tout huit personnes, furent sauvées à travers l’eau."
Mt 12, 31-32 "C’est pourquoi, je vous le dis : Tout péché, tout blasphème, sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera pas pardonné.
Et si quelqu’un dit une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera pardonné ; mais si quelqu’un parle contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné, ni en ce monde-ci, ni dans le monde à venir."
[Ce qui implique qu'il existe dans l'autre monde un lieu où les péchés peuvent être pardonnés comme purifiés par le feu, sauf le péché contre l'Esprit Saint.]
1 Co 3, 10-15 "l’ouvrage de chacun sera mis en pleine lumière. En effet, le jour du jugement le manifestera, car cette révélation se fera par le feu, et c’est le feu qui permettra d’apprécier la qualité de l’ouvrage de chacun."
Mt 5,26 "Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou."
Lc 12, 58-59 "Ainsi, quand tu vas avec ton adversaire devant le magistrat, pendant que tu es en chemin mets tout en œuvre pour t’arranger avec lui, afin d’éviter qu’il ne te traîne devant le juge, que le juge ne te livre à l’huissier, et que l’huissier ne te jette en prison. Je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier centime."
Mt 18, 32-35 "Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié.
Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?”
Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait.
C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur."
Hb 12, 23 "et vers l’assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux. Vous êtes venus vers Dieu, le juge de tous, et vers les esprits des justes amenés à la perfection." [Dans un endroit où les âmes sont amenés à la perfection]
Cette doctrine fut pleinement confirmée par le Concile Vatican II, dans lequel nous lisons :
"Ainsi donc en attendant que le Seigneur soit venu dans sa majesté, accompagné de tous les anges (Mt 15, 31) et que, la mort détruite, tout lui ait été soumis (I Co 15, 26-27), les uns parmi ses disciples continuent sur la terre leur pèlerinage, d’autres, ayant achevé leur vie, se purifient encore ; d’autres enfin, sont dans la gloire contemplant dans la pleine lumière, tel qu’il est, Dieu un en trois Personnes." (Constitution dogmatique sur l’Église :Lumen Gentium, 49).
"La pensée de prier pour les morts, afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés, est une pensée sainte et pieuse (2 Maccabées 12, 45)." (Lumen Gentium, 50).
"Cette foi vénérable de nos pères en la communion de vie qui existe avec nos frères déjà en possession de la gloire céleste, ou en voie de purification après leur mort, le Saint Concile la recueille avec grande piété." (Lumen Gentium, 51).
Interprétant ces textes du Concile, Jean-Paul II a expliqué :
"Unie aux mérites des saints, notre prière fraternelle vient au secours de ceux qui sont en attente de la vision béatifique. Selon les commandements divins, l’intercession pour les morts obtient des mérites qui servent au plein accomplissement du salut. C’est une expression de la charité fraternelle de l’unique famille de Dieu, par laquelle nous répondons à la vocation profonde de l’Église : « sauver des âmes qui aimeront Dieuéternellement » (Thérèse de Lisieux). Pour les âmes du purgatoire, l’attente du bonheur éternel, de la rencontre avec le Bien-Aimé, est source de souffrances à cause de la peine due au péché qui maintient loin de Dieu. Mais l’âme jouit de la certitude que, le temps de sa purification achevé, elle ira à la rencontre de Celui qu’elle désire (cf. Ps 42 ; 62). J’encourage donc les catholiques à prier avec ferveur pour les défunts, pour ceux de leurs familles et pour tous nos frères et sœurs qui sont morts, afin qu’ils obtiennent la rémission des peines dues à leurs péchés et qu’ils entendent l’appel du Seigneur à entrer dans la plénitude de sa gloire."
- Saint Cyprien (IIIe siècle), Traité sur la mort XX.
"Nous ne devons pas pleurer nos frères que l'appel du Seigneur a retirés de ce monde, puisque nous savons qu'ils ne sont pas perdus, mais partis avant nous: ils nous ont quittés comme des voyageurs, comme des navigateurs, pour nous précéder [...] Ne donnons pas aux païens l'occasion de nous reprocher, avec raison, de nous lamenter sur ceux que nous déclarons vivants auprès de Dieu, comme s'ils étaient anéantis et perdus."
- Saint Irénée de Lyon (IIe siècle), Contre les Hérésies V, 2,3.
Le bois de la vigne, une fois planté en terre, porte du fruit quand vient le temps. De même, le grain de froment, après être tombé en terre et s'y être dissous (Jn 12,24), resurgit multiplié par l'Esprit de Dieu qui soutient toutes choses. Ensuite, grâce au savoir faire, ils viennent à l'usage des hommes ; puis, en recevant la Parole de Dieu, ils deviennent eucharistie, c'est à dire le Corps et le Sang du Christ.
De même nos corps, qui sont nourris par cette eucharistie, après avoir été couchés dans la terre et s'y être dissous, ressusciteront en leur temps, lorsque le Verbe de Dieu les gratifiera de la résurrection, "pour la gloire de Dieu le Père" (Ph 2,11). Car il procurera l'immortalité à ce qui est mortel et l'incorruptibilité à ce qui est périssable (1Co 15,53), parce que la puissance de Dieu se déploie dans la faiblesse (2 Co 12,9).
Dans ces conditions nous nous garderons bien, comme si c'était de nous-mêmes que nous avons la vie, de nous enfler d'orgueil, de nous élever contre Dieu en acceptant des pensées d'ingratitude. Au contraire, sachant par expérience que c'est de sa grandeur à lui [...] que nous tenons de pouvoir vivre à jamais, nous ne nous écarterons pas de la vraie pensée sur Dieu et sur nous-mêmes. Nous saurons quelle puissance Dieu possède et quels bienfaits l'homme reçoit de lui. Nous ne nous méprendrons pas sur la vraie conception qu'il faut avoir de Dieu et de l'homme. D'ailleurs [...], si Dieu a permis notre dissolution dans la terre, n'est-ce pas précisément pour que, instruits de toutes ces choses, nous soyons dorénavant attentifs en tout, ne méconnaissant ni Dieu ni nous-mêmes ? [...] Si la coupe et le pain, par la Parole de Dieu, deviennent eucharistie, comment prétendre que la chair est incapable de recevoir la vie éternelle ?"
Pour les fidèles défunts (Pro fidelibus defunctis)
§ 1. Une indulgence plénière, applicable seulement aux âmes du Purgatoire, est accordée au fidèle qui:
1° visite dévotement le cimetière et prie pour les défunts, ne serait-ce que mentalement, entre le 1° et le 8 novembre.
2° le jour où est célébrée la commémoration de tous les fidèles défunts (ou bien, avec le consentement de l’Ordinaire, le dimanche précédent ou suivant, ou le jour de la solennité de la Toussaint), visite pieusement une église ou un oratoire et y récite le Pater et le Credo.
Marcel (en latin, Marcellus) de Tanger, ou Marcel le Centurion, était un centurion de la VIIe Légion, qui naquit et vécut à León (Espagne) durant la seconde moitié du IIIe siècle. (1)
C'est un des saints patrons de la ville de Léon, en Espagne. Selon une autre version, il était centurion de la légion stationnée à Tingis, devenu Tanger (Maroc actuel).(2)
Il épouse une jeune fille prénommée None et douze enfants naissent de cette union. Après avoir entendu un prêche de l’Évêque Décence, il se convertit au Christianisme, ainsi que sa femme et ses enfants.(3)
Au jour de la fête de l'anniversaire de l'empereur Maximien, il aurait déclaré au moment de lui rendre son culte: "Que maudit soit ce métier qui m'oblige à tuer et m'empêche d'être tout au service du Christ."
Il est considéré comme martyr, ayant été exécuté par décapitation à Tanger, le 30 octobre 298, devant le substitut des préfets du prétoire Aurelius Agricolanus.
Saint Marcel, son épouse None et leurs enfants. Retable de Saint Marcel, église Saint-Marcel de Léon. Espagne.
Sources :
(1); (2) B. de Gaiffier, « S. Marcel de Tanger ou de Léon ? Évolution d'une légende », Analecta Bollandiana no 61, 1943, p. 116-139; (3)
Sœur Nabila Saleh, religieuse égyptienne installée à Gaza depuis 13 ans, décrit la tragédie pour les habitants de la bande, y compris les chrétiens, touchés par la réaction israélienne bien qu'ils soient étrangers aux groupes terroristes. "Beaucoup meurent sans savoir pourquoi", dit-il à La Bussola.
"En regardant par la porte de notre maison, je ne vois que des décombres et des destructions. Des maisons rasées, des maisons éventrées, des bâtiments démolis ; des meubles, des meubles et de nombreux vêtements sont irrécupérables dans les ruines. Une vraie désolation." Sœur Nabila Saleh appartient à la Congrégation des Sœurs du Saint Rosaire, un ordre religieux fondé en 1880 par Joseph Tannous Yammin, prêtre du Patriarcat de Jérusalem. Il parle d'une voix calme, mais les larmes aux yeux. Il est d'origine égyptienne, originaire d'Assiout, ville surplombant le Nil. Depuis treize ans, elle est à Gaza avec deux autres sœurs et suit les enfants de l'école paroissiale qui porte le nom de Zahwa Arafat, une des premières filles à la fréquenter. C'est le père Yasser, ancien président de l'Autorité nationale palestinienne, qui a fait don du terrain aux religieuses pour la construction d'une école à Gaza. "Ce que nous vivons est la plus grande destruction que j’aie jamais vue de ma vie. Je ne m'attendais pas à une telle horreur." Sœur Nabila vit dans la structure de la seule église catholique dédiée à la Sainte Famille à Gaza. « Dans la rue, près de notre paroisse, il y avait beaucoup d'enfants qui jouaient. Aujourd'hui, ils ne sont plus là. Beaucoup d’entre eux sont morts ou sont encore sous les décombres, pendant que leurs parents creusent avec leurs mains pour tenter de les retrouver."
Les Palestiniens musulmans ne sont pas les seuls à vivre à Gaza. Il y a aussi des catholiques et des orthodoxes. Lorsque les Israéliens larguent des missiles depuis des avions ou lancent des roquettes depuis des véhicules blindés depuis la frontière, ils ne considèrent pas que des civils innocents pourraient mourir, y compris des chrétiens, qui n'ont rien à voir avec les groupes terroristes. Beaucoup meurent sans savoir pourquoi ; pendant qu'ils dorment ou sont dans la rue. Lorsque je vais leur rendre visite ou les rencontrer, je les entends souvent dire : "Pourquoi le Seigneur nous punit-il ainsi ? Pourquoi le Seigneur n'apporte-t-il pas la paix dans cette terre tourmentée ?".
Et que répond-elle ?
Dans cette situation, il est très difficile de faire comprendre qu’il ne s’agit pas d’une punition divine. Nous sommes invités, en ce moment, à pouvoir saisir de ces événements tragiques et douloureux un avertissement qui concerne chacun, nous sommes appelés à la conversion.
Et comment réagissent-ils ?
Avec tant de foi. Le matin ou en fin d'après-midi, ils participent à la messe avec une grande intensité et récitent le chapelet avec une grande dévotion. En se tournant vers la Madone, ils savent qu'ils invoquent l'une des leurs, celle qui est née et a vécu sur cette terre.
Et les enfants de son école ?
Lorsqu'elles rencontrent les religieuses, elles s'approchent et embrassent le chapelet qu'elles tiennent à la main. Ils nous disent de prier pour eux, pour leurs familles ou bien ils nous demandent de réciter ensemble un Je vous salue Marie.
Sœur Nabila, comment réagissent les jeunes ?
Malheureusement, beaucoup sont morts. Lors d'un récent attentat à la bombe, dix-neuf jeunes qui participaient à l'un de nos projets, conçu et fortement soutenu par le Patriarcat, ont perdu la vie. Un programme pour les préparer à exercer un métier et assurer leur avenir. Nous n’abandonnerons jamais ceux qui restent à Gaza.
Mais y a-t-il un avenir pour eux dans la bande de Gaza ?
Malheureusement, je ne pense pas. Un grand nombre de jeunes, lorsqu'ils en ont l'occasion, s'enfuient de ce pays et s'installent en Égypte ou dans d'autres pays, pour travailler et étudier ensemble.
Actuellement, 730 personnes sont hébergées dans les locaux de l'église. Beaucoup de personnes âgées et d'enfants. La situation, jour après jour, devient de plus en plus difficile. Il n’y a pas d’eau et la nourriture commence à manquer.
Il n’y avait pas d’eau avant même ; était rationné. Mais aujourd’hui, il ne nous est plus fourni et nous sommes obligés de l’acheter au marché noir. C'est pareil pour l'électricité...
Vous n'avez pas de générateur ?
Oui, il avait été installé à l'école primaire. Nous l'avons récupéré et amené à la paroisse. Nous avons été prévenus par les gardiens de nos installations que les militants du Hamas avaient l'intention de les voler. Heureusement, nous sommes arrivés à l'heure.
Y a-t-il des blessés hébergés dans l’établissement paroissial ?
Beaucoup. Nous prodiguons les premiers soins puis nous nous confions à la Providence. En fait, les médicaments ne sont pas faciles à trouver ; l'hôpital ne fonctionne que pour les cas les plus graves et pour les interventions chirurgicales. Immédiatement après l'opération, les patients sont renvoyés chez eux pour donner aux autres la possibilité d'être soignés.
Sœur Nabila, mais pourquoi les gens ont-ils choisi de rester ?
Et où doit-il aller ? Je me pose cette question depuis deux semaines maintenant. Tout est détruit. Quatre-vingt-dix pour cent des maisons n’existent plus. Mais les habitants de Gaza, comme tout le monde, ont des droits, ce sont des gens de chair et de sang. Nous vivons dans le district d'Al-Zeitun, dans une zone proche de l'hôpital anglican Al-Ahli al-Arabi, où 471 personnes sont mortes dans l'explosion d'une roquette. C'était un grand coup. Dans ce centre de santé, il y avait des réfugiés et de nombreux blessés. Aujourd’hui, tout autour, il n’y a que décombres et destructions.
Pourquoi frapper un hôpital ?
Difficile de donner une réponse. Chaque jour il y a des bombardements de plus en plus intenses. Les enfants hébergés dans nos structures nous demandent quand ce massacre prendra fin. Ils veulent retourner dans leur école. Jouer. Sourire. Pour l’instant – conclut sœur Nabila – c’est un rêve. Une illusion. Mais nous sommes certains que le Seigneur et Notre-Dame ne nous abandonneront pas.
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Le Figaro : Guerre Israël-Hamas : les images satellites montrent l’ampleur des destructions dans la bande de Gaza
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), 6179 bâtiments ont été complètement détruits depuis le début des frappes israéliennes sur la bande de Gaza.
Vingt jours après les attaques du Hamas sur le sud d’Israël, l’armée de l’air de l’État hébreu poursuit ses bombardements massifs de la bande de Gaza. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), 6179 bâtiments ont été intégralement détruits et 11.340 logements endommagés – désormais dits «inhabitables». 16.441 autres habitations sont également dévastées, d’après le recensement du ministère des Travaux publics local. Ces destructions sont d’ores et déjà visibles par satellite dans certaines zones touchées par les frappes.
Benoît XVI, le dernier Européen. Et un prophète inouï
Quelques moments forts de la pensée de Ratzinger traités dans un essai, rédigé par 12 auteurs. L’image d’un prophète inédit dans la société laïque désespérée, mais aussi dans la catholicité liquide d’aujourd’hui, se dessine.
Plus de 10 ans après sa démission historique et près d'un an après sa mort, il est utile de revenir avec attention et empathie, mais aussi esprit critique allié à une justesse interprétative mesurée, à la figure du théologien devenu pape, Benoît XVI. (1927-2022). La communauté des blogs Campari & de Maistre vient de le faire avec un essai commun : Benoît XVI. Le dernier européen (Giubilei Regnani, 2023, 214 pages).
L'ouvrage offre une excellente synthèse de la pensée, des intuitions et de la personnalité du pontife allemand, considéré par les auteurs comme "le dernier pape européen" (p. 11). Peut-être parce qu'il est peu probable qu'il y ait, du moins dans un avenir immédiat, un pontife qui résume - avec la cohérence intellectuelle d'un Joseph Ratzinger - les apports des différentes traditions de l'Europe. C’est-à-dire la latinité romaine, la grécité philosophique, la nature germanique de la culture du Nord, sublimée et unifiée par l’esprit universel de l’Évangile.
Douze auteurs, parmi lesquels deux prêtres célèbres (Don Samuele Pinna et Don Marino Neri), ont relu et expliqué certains moments forts du Magistère du Pape et du théologien, montrant leur pertinence, notamment comme fonction corrective du présent ecclésial, plus que jamais confus et emmêlé.
Le livre s'étend de la politique à la liturgie, de la théologie (bâtie sur les piliers de saint Augustin et de saint Bonaventure) à l'exégèse biblique, de la prophétie au mysticisme. Jusqu'à l'intense confrontation que Benoît XVI a initiée d'une part avec le nihilisme postmoderne, qui attaque l'Église de l'extérieur, mais aussi et surtout avec le Concile Vatican II, son prétendu "esprit" et son héritage (aujourd'hui plus que jamais) contrasté.
Le plus significatif est le recueil d'une grande quantité de passages de Ratzinger, écrits avant même l'élection au trône de Pierre, et l'insertion de la leçon théologique de Ratzinger dans le contexte actuel d'"auto-sécularisation" de l'Église et de "dictature du relativisme" dans la société civile. Le résultat est Ratzinger, un prophète inouï dans la société laïque désespérée, mais aussi dans le catholicisme liquide d’aujourd’hui.
Parmi tous les points forts récupérés et analysés dans le texte, deux semblent peut-être les moins évitables pour les catholiques d’aujourd’hui et de demain. La rationalité du christianisme et l'interprétation du Concile comme moment de synthèse et de développement homogène de l'enseignement catholique. "La rationalité – écrivait Ratzinger en 1986, cité par Marco Mancini – appartient à l'essence même du christianisme, et elle lui appartient d'une manière sans comparaison avec d'autres religions" (p. 14.). Ici, nous comprenons mieux la valeur de la pensée logique (grecque) pour la théologie catholique, telle que développée plus tard dans le célèbre discours de Ratisbonne de 2006, sur lequel Alfredo Incollingo a proposé une admirable synthèse (pp. 121-136).
Le deuxième enjeu que Benoît laisse à l'Église et à la postérité est le discours de Noël 2005 sur la juste herméneutique du Concile (pp. 31-39). Certains, voyant que l’apostasie silencieuse se propage et s’aggrave, près de vingt ans après ce discours, soutiennent désormais que cette lecture "n’a pas fonctionné". Mais c’est là une grave erreur de perspective. Une vérité est valable même si, pour mille raisons contingentes et historiques, elle "ne marche pas", ne porte pas de fruit immédiat, n'est pas comprise ou reçue par tous, etc. Ainsi, la seule manière possible de sauver la cohérence interne du christianisme et la continuité de la même Église sujette - même dans les troubles inattendus du XXIe siècle - est de lire les acquis du Concile à la lumière du Magistère précédent ; et aussi à la lumière des précisions contenues dans le Magistère ultérieur (pensez au Catéchisme de 1997 ou aux encycliques Veritatis splendor et Fides et ratio ). Vatican II est un morceau de Tradition, comme Vatican I et le Concile de Trente, mais avec les particularités qui le caractérisent.
Nous ne savons pas si le pape Ratzinger deviendra un nouveau Docteur de l'Église, comme le réclamaient de nombreuses voix. Mais il fut sans aucun doute un grand médecin et gardien de la théologie chrétienne, un rare interprète de l'Évangile aux XXe et XXIe siècles, un auteur profond qui restera indélébile dans l'héritage illimité de la pensée chrétienne. L'ouvrage offre un recueil précieux et raisonné.