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Christ Roi

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30 janvier 2025 4 30 /01 /janvier /2025 13:10
Dans le Nouveau Testament, les seules personnes qui avaient l'autorité d'enseigner étaient les apôtres, ceux qu'ils avaient nommés (comme Timothée et Tite) et ceux qu'ils avaient également nommés.  Il n'y a aucune indication dans l'Écriture qu'un chrétien est habilité à enseigner en dehors de cette ligne d'autorité.

Dans le Nouveau Testament, les seules personnes qui avaient l'autorité d'enseigner étaient les apôtres, ceux qu'ils avaient nommés (comme Timothée et Tite) et ceux qu'ils avaient également nommés. Il n'y a aucune indication dans l'Écriture qu'un chrétien est habilité à enseigner en dehors de cette ligne d'autorité.

Les sources scripturaires de la primauté papale et de la succession apostolique sont nombreuses :

 

 

MATTHIEU 16:18-19

« Et moi, je te dis : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. »

 

LUC 22:31-32

« Simon, Simon, voici, Satan vous a réclamés, pour vous cribler comme le froment. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Et toi, quand tu seras revenu, affermis tes frères. »

 

JEAN 1:42

Jésus le regarda et dit : « Tu es donc Simon, fils de Jonas ? Tu seras appelé Céphas » (ce qui signifie Pierre).

 

Jean 21:15-17

Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon Pierre : « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu plus que ne m’aiment ceux-ci ? » Il lui répondit : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. » Il lui dit : « Pais mes brebis. » Il lui dit une seconde fois : « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ? » Il lui dit : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. » Il lui dit : « Pais mes brebis. » Il lui dit une troisième fois : « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ? » Pierre fut attristé de ce qu’il lui avait dit pour la troisième fois : « M’aimes-tu ? » Il lui répondit : « Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime. » Jésus lui dit : « Pais mes brebis. »

 

Actes 15:7

Pierre se leva et leur dit : Frères, vous savez que dès les premiers jours Dieu m’a choisi parmi vous, afin que par ma bouche les païens entendissent la parole de l’Évangile et qu’ils croient.

Frères, au nom du Seigneur Jésus Christ, nous vous ordonnons d’éviter tout frère qui mène une vie désordonnée et ne suit pas la tradition que vous avez reçue de nous.

2 Thessaloniciens 3,6

Ce que tu m’as entendu dire en présence de nombreux témoins, confie-le à des hommes dignes de foi qui seront capables de l’enseigner aux autres, à leur tour.

2 Thimotee 2, 2

Car vous savez cette chose primordiale : pour aucune prophétie de l’Écriture il ne peut y avoir d’interprétation individuelle.

2 P 1,20

Le souci de la continuité de l'enseignement apostolique oral du Christ, le souci de 'garder le dépôt de la foi dans toute sa beauté' (2 Tm 1,13-14) et de le transmettre à d'autres générations, aux "hommes dignes de foi qui seront capables de l’enseigner aux autres, à leur tour" (2Tm 2), la transmission de la charge ecclésiastique (office) par les apôtres eux-mêmes, dont celle de Judas par S. Pierre (Ac 1,15-25 et c'est Matthias qui est élu Ac 1, 24-26) ; ou celles de Timothée et Tite (les chers fils de saint Paul dans le sacerdoce à qui il adressa les dites lettres pastorales traitant de l'ordre de l'Église et de la vie chrétienne) ; le caractère collectif autant que solidaire des premières communautés chrétiennes (1 Th 4,6) ; le titre de "pasteur", titre qui convient d'abord au Christ et que Jésus avait donné à Pierre (Jn 21,15-17) pour être le berger de ses brebis, ainsi que la nécessité de l'interprétation de l'Écriture dans le sens de la tradition orale apostolique (à propos de l'interprétation de la parole entendue du Ciel par S. Jean le Baptiste lors du baptême de Jésus. 2 P 1,16-20) ou lors de l'enseignement du fonctionnaire de la reine Candace (l'eunuque Éthiopien qui désirait être éclairé sur l'interprétation des prophéties messianiques d'Isaïe. Ac 8,27-35), sont autant de traits particuliers de l'Église primitive qui existent toujours.

 

Jésus parle de SON Église. Au IIIe siècle, saint Cyprien de Carthage, auteur de 59 lettres qui sont "l'une des sources les plus précieuses de patrologie" (H.R. DROBNER, Les Pères de l'Église, Desclée, 1999, p. 183) écrira dans sa lettre 33 que "nous devons révérer et garder les commandements" de Notre Seigneur "réglant ce qui concerne les égards dus à l'évêque, et le plan de son Église", et qui parlant dans l'évangile dit à Pierre : "Je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle. Je te donnerai les clefs du royaume des cieux, et tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans le ciel". (Mt 16,18-19), (Jn 21,15-17). De là découle, à travers la série des temps et des successions, l'élection des évêques et l'organisation de l'Église : l'Église repose sur les évêques et toute sa conduite obéit à la direction de ces mêmes chefs."

La primauté papale au Ier siècle et la succession apostolique au Ier siècle

Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David : s’il ouvre, personne ne fermera ; s’il ferme, personne n’ouvrira.

Isaïe 22,22

Dans Isaïe 22,22 nous voyons qu'un intendant reçoit les clés de la maison royale de David, une mission de gouvernance spirituelle. 

 

Dans Jean 21,15 à 17, après sa résurrection, on voit Jésus réitérer cette mission; il demande trois fois 'Pierre, m'aimes-tu?', puis il lui confie la tâche de paître ses brebis :

 

"Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : 'Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ?' Il lui répond : 'Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime.' Jésus lui dit : 'Sois le berger de mes agneaux.' Il lui dit une deuxième fois : 'Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ?' Il lui répond : 'Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime.' Jésus lui dit : 'Sois le pasteur de mes brebis.Il lui dit, pour la troisième fois : 'Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ?' Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait : 'M’aimes-tu ?' Il lui répond : 'Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime.' Jésus lui dit : 'Sois le berger de mes brebis.'

 

Ce dialogue montre qu'à trois reprises, en écho au triple reniement de Pierre et malgré lui, Jésus confirme totalement sa mission "Sois le Pasteur de mes brebis" (Jean 21, 16).

 

Pierre reçoit la responsabilité de guider tout le Peuple de Dieu comme un berger principal.

 

Dans Mathieu 16,18-19, Jésus déclare également à Pierre :

Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai MON Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle.

19 Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux.

Mt 16,18-19

Jésus utilise ici une image forte, celle des clés, symbole de pouvoir et d'autorité. 

Succession apostolique et primauté papale

Après l'intendant recevant les clés de la maison royale de David, Pierre devient à son tour chef de la maison spirituelle du Christ Roi sur terre.

 

Les Actes des Apôtres illustrent ce rôle unique : Pierre est celui qui déclare ouvertement la résurrection, qui prend le premier parole le jour de la Pentecôte et qui établit des directives claires pour l'Église naissante (Actes 1,15).

La primauté de Pierre a donc été instituée par le Christ, selon le témoignage des Évangiles où Pierre reçoit seul et personnellement, tout ce que Jésus confie aussi aux douze apôtres collectivement, notamment : le fondement de l’Église, le don des clés, du pouvoir de lier et délier, la charge de conduire les brebis du Christ et de les confirmer dans la foi.

 

La papauté est donc l'institution chrétienne qui désigne le pape comme successeur de l'apôtre Pierre, chargé de guider l'Église universelle en étant le pasteur des brebis du Seigneur (Jn 21,15-17). 

 

Elle repose sur l'autorité spirituelle confiée par Jésus-Christ à Pierre et à ses successeurs afin que dans le tempse les portes de l'enfer ne prévalent pas contre SON ÉGLISE... 

 

Le souci du Christ est manifestement de préserver dans le temps contre les puissances de l'enfer, l'unité de foi (le culte) et de gouvernement de SON Église.

 

Est-ce que Pierre est le "rocher" dans Matthieu 16:18?

Beaucoup de chercheurs disent oui. Voici les 3 principales raisons :

"Tu es Pierre, et sur ce rocher, je vais construire mon église ..." Qu'est-ce que Jésus voulait dire? 

 

Raison n ° 1: le jeu de mots en grec (et araméen)

En grec:

- "Tu es Pierre (πέτρος, Petros), et sur ce rocher (πέτρα, Petra), je construireai mon église."
-Petros et Petra partagent la même racine. Il s'agit d'un jeu de mots intentionnel sur le nom de Pierre.

Mais le vrai argument ? En Araméen - La langue que Jésus a probablement parlé. Jésus dit : "Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Képhas – ce qui veut dire : Pierre". (Jn 1:42)

Le mot Kephas vient de l’araméen "Kepha", qui signifie "rocher". Ce lien est important car l’araméen était la langue parlée par Jésus et ses disciples. 

Jésus a donc nommé Simon "Cephas" ou "Kephas" qui signifie roc….  en araméen - la langue que Jésus a parlé dans cette conversation (car il ne lisait pas ou ne citait pas les Écritures dans Matt 16: 18-19)

Donc, en araméen, cephas = roc… Et il n'y a pas de versions Gros Rocher / Petit Rocher... , féminin ou masculin, etc. 
Cephas = rocher.

En araméen, Jésus aurait dit:
"Tu es Kepha, et sur ce Kepha, je vais construire mon église."

Contrairement au grec, Kepha est le même mot les deux fois! Pas de distinction. Jésus identifie clairement Pierre comme le rocher. Fin du débat. 

 

Raison n ° 2: le contexte immédiat

Jésus vient de dire à Pierre:
"Béni es-tu, Simon Bar-Jona ... tu es Pierre..."

Et juste après:
"… Et sur ce rocher, je construirai mon église." 

La lecture naturelle? Pierre est le rocher. La phrase découle directement de Pierre au rocher. 


Certains soutiennent que le "rocher" est plutôt la foi de Pierre. Mais si Jésus avait voulu dire cela, il aurait pu dire:

"Tu es Pierre, et sur ta confession, je construirai mon église."

Il ne l'a pas fait. Au lieu de cela, il a utilisé un jeu de noms de nom directement lié à Pierre lui-même.

 

Raison n ° 3: L'Église primitive et le témoignage patristique

 

De nombreux pères d'église ont reconnu Pierre comme le rocher. Certains ont souligné sa confession, mais la première tradition dominante a vu Pierre jouer un rôle fondamental.

 

Regardez Eph 2: 20 - les apôtres sont appelés la fondation de l'église.

"car vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondations les Apôtres et les prophètes ; et la pierre angulaire, c’est le Christ Jésus lui-même."

Alors, Pierre est-il le rocher? Les érudits disent : oui.

 

-Jesus a donné à Pierre un nom qui signifie littéralement "rocher".
-L'Araméen confirme le même sens.
-La structure de la phrase pointe Pierre lui-même.
- Et l'Église primitive le considérait comme tel.

 

Cf. https://x.com/CapturingChrist/status/1894531171372990743?t=DLWZjI51NzhEhJUmeOD84A&s=19

La doctrine de la succession apostolique est ainsi définie dans le Catéchisme de l'Église catholique :

 

"L’Église est apostolique parce qu’elle est fondée sur les apôtres, et ceci en un triple sens :

– elle a été et demeure bâtie sur "le fondement des apôtres" (Ep 2, 20 ; Ap 21, 14), témoins choisis et envoyés en mission par le Christ lui-même (cf. Mt 28, 16-20 ; Ac 1, 8 ; 1 Co 9, 1 ; 15, 7-8 ; Ga 1, 1 ; etc.) ;

– elle garde et transmet, avec l’aide de l’Esprit qui habite en elle, l’enseignement (cf. Ac 2, 42), le bon dépôt, les saines paroles entendues des apôtres (cf. 2 Tm 1, 13-14) ;

– elle continue à être enseignée, sanctifiée et dirigée par les apôtres jusqu’au retour du Christ grâce à ceux qui leurs succèdent dans leur charge pastorale : le collège des évêques, "assisté par les prêtres, en union avec le successeur de Pierre, pasteur suprême de l’Église" (Catéchisme de l'Eglise Catholique, 857)

 

À ce stade, le Catéchisme cite la Préface I pour les Apôtres dans l'édition actuelle du Missale Romanum :

 

"Car toi, Pasteur éternel, n'abandonne pas ton troupeau, mais par l'intermédiaire des bienheureux Apôtres, veille sur lui et protège-le toujours, afin qu'il soit gouverné par ceux que tu as désignés comme bergers pour le conduire au nom de ton Fils."

 

Puis le texte reprend ici :

 

"Jésus est l’Envoyé du Père. Dès le début de son ministère, il "appela à lui ceux qu’il voulut, et il en institua Douze pour être avec lui et pour les envoyer prêcher" (Mc 3, 13-14). Dès lors, ils seront ses "envoyés" (ce que signifie le mot grec apostoloi). En eux continue sa propre mission : "Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie" (Jn 20, 21 ; cf. 13, 20 ; 17, 18). Leur ministère est donc la continuation de sa propre mission : "Qui vous accueille, M’accueille", dit-il aux Douze (Mt 10, 40 ; cf. Lc 10, 16).

859 Jésus les unit à sa mission reçue du Père : comme "le Fils ne peut rien faire de Lui-même" (Jn 5, 19. 30), mais reçoit tout du Père qui l’a envoyé, ainsi ceux que Jésus envoie ne peuvent rien faire sans Lui (cf. Jn 15, 5) de qui ils reçoivent le mandat de mission et le pouvoir de l’accomplir. Les apôtres du Christ savent donc qu’ils sont qualifiés par Dieu comme "ministres d’une alliance nouvelle" (2 Co 3, 6), "ministres de Dieu" (2 Co 6, 4), "en ambassade pour le Christ" (2 Co 5, 20), "serviteurs du Christ et dispensateurs des mystères de Dieu" (1 Co 4, 1).

860 Dans la charge des apôtres, il y a un aspect intransmissible : être les témoins choisis de la Résurrection du Seigneur et les fondements de l’Église. Mais il y a aussi un aspect permanent de leur charge. Le Christ leur a promis de rester avec eux jusqu’à la fin des temps (cf. Mt 28, 20). "La mission divine confiée par Jésus aux apôtres est destinée à durer jusqu’à la fin des siècles, étant donné que l’Évangile qu’ils doivent transmettre est pour l’Église principe de toute sa vie, pour toute la durée du temps. C’est pourquoi les apôtres prirent soin d’instituer (...) des successeurs" (LG 20).

Les évêques successeurs des apôtres

861 " Pour que la mission qui leur avait été confiée pût se continuer après leur mort, les apôtres donnèrent mandat, comme par testament, à leurs coopérateurs immédiats d’achever leur tâche et d’affermir l’œuvre commencée par eux, leur recommandant de prendre garde au troupeau dans lequel l’Esprit Saint les avait institués pour paître l’Église de Dieu. Ils instituèrent donc des hommes de ce genre, et disposèrent par la suite qu’après leur mort d’autres hommes éprouvés recueilleraient leur ministère." (LG 20 ; cf. Saint Clément de RomeAd Cor. 44, 3). [Voir ci-dessous "La succession apostolique au Ier siècle]

862 "De même que la charge confiée personnellement par le Seigneur à Pierre, le premier des apôtres, et destinée à être transmise à ses successeurs, constitue une charge permanente, permanente est également la charge confiée aux apôtres d’être les pasteurs de l’Église, charge dont l’ordre sacré des évêques doit assurer la pérennité". C’est pourquoi l’Église enseigne que "les évêques, en vertu de l’institution divine, succèdent aux apôtres, comme pasteurs de l’Église, en sorte que, qui les écoute, écoute le Christ, qui les rejette, rejette le Christ et celui qui a envoyé le Christ." (CEC 858-862)

Ce que tu m’as entendu dire en présence de nombreux témoins, confie-le à des hommes dignes de foi qui seront capables de l’enseigner aux autres, à leur tour.

2 Tm 2,2

Ce verset illustre une chaîne de transmission fiable où chaque génération reçoit, préserve et transmet ce qu'elle a reçu, sans rien ajouter ni retirer. C'est cette succession qui garantit que nous ne nous éloignons pas de la pleine vérité révélée par Jésus-Christ. Car sans un cadre établi et une autorité établie, il serait facile de dériver, de réinterpréter ou même de perdre des aspects essentiels de la foi chrétienne. La succession apostolique agit comme une boussole qui maintient l'Église ancrée dans la vérité de l'Évangile. Elle protège le dépôt de la foi contre les erreurs et les hérésies. Par exemples, dans les premiers siècles du christianisme, ce sont les évêques en communion les uns avec les autres qui ont défendu des vérités fondamentales comme la divinité du Christ et la Trinité. Ces doctrines bien que considérées comme évidentes aujourd'hui, auraient pu disparaître sans la doctrine de la succession apostolique. En restant fidèle à cette chaîne de transmission, l'Église garantit que nous vivons et croyons selon la pleine vérité de Dieu et non selon les idées ou les modes d'une époque. Ainsi la succession apostolique n'est pas simplement une tradition ou une formalité, elle est la garantie que l'Église demeure comme Paul le dit dans 1 Timothée 3,15 "la colonne et le soutien de la vérité". Elle nous offre un accès sûr et authentique à l'enseignement du Christ. Un trésor que nous avons le devoir de préserver pour les générations futures.

 

Le premier exemple de la doctrine de la succession apostolique se trouve dans le tout premier chapitre des Actes des Apôtres, lorsque le Prince des Apôtres, Pierre, appelle à un remplacement de Judas : "On en présenta deux : Joseph appelé Barsabbas, puis surnommé Justus, et Matthias. Ensuite, on fit cette prière : ''Toi, Seigneur, qui connais tous les cœurs, désigne lequel des deux tu as choisi pour qu’il prenne, dans le ministère apostolique, la place que Judas a désertée en allant à la place qui est désormais la sienne.'' On tira au sort entre eux, et le sort tomba sur Matthias, qui fut donc associé par suffrage aux onze Apôtres." (Ac 1:20-26)

 

Puis nous voyons Timothée et Tite partageant une célébration commune, les chers fils de saint Paul dans le sacerdoce et l'épiscopat, à qui il adressa les dites lettres pastorales traitant précisément de l'ordre de l'Église et de la vie chrétienne. Chez ces deux fils de Paul, nous voyons se matérialiser la doctrine de l'Église sur la succession apostolique.

 

Et le concile de Jérusalem en 49 dans Actes 15, où nous voyons parmi ceux qui prenaient la décision sanctionnant l'ouverture de la communauté des Juifs chrétiens aux "païens" les apôtres et les presbytres qu’ils avaient déjà nommés.

 

L'imposition des mains est le signe biblique de la transmission de l'autorité et du pouvoir spirituel

 

Dans Ac 15,22-29 nous voyons les Apôtres et les Anciens décider avec toute l’Église de choisir parmi eux des hommes qu’ils enverraient à Antioche avec Paul et Barnabé. ''C’étaient des hommes qui avaient de l’autorité parmi les frères : Jude, appelé aussi Barsabbas, et Silas.'' 

 

En Ac 20,28 nous voyons S. Paul dire : ''Veillez sur vous-mêmes, et sur tout le troupeau dont l’Esprit Saint vous a établis responsables, pour être les pasteurs de l’Église de Dieu.'' L’imposition des mains ‘sacralise’ une personne qui est appartient désormais au domaine du sacré, à Dieu. Dieu prend possession de la personne, lui donnant autorité et aptitude pour exercer une fonction particulière.

Par exemples, les Lévites qui étaient ceux qui devaient être purifiés pour porter l'arche d'alliance (1 Chroniques 15:14), sont mis à part comme groupe sacerdotal par le peuple d’Israël : Nb. 8,10. À la fin du livre du Deutéronome, le peuple écoute Josué ‘pour ainsi agir dans les voies du Seigneur’, car Moïse lui a imposé les mains, et Josué est rempli de l’Esprit de sagesse (Dt 34,9).

Dans le christianisme, l’imposition des mains est fréquente chez Jésus lorsqu'il guérit des malades (Lc 13,12-13; Lc 4,40; Mc 8,23; Mt 9,18 ; Mc 7,32) ou lorsqu'il bénit des enfants en leur imposant les mains en leur disant une prière (Mt 19,13 : parole et mains). Ce qu’il fait, leur obtenant du Père le fruit de sa propre prière. 

Chez les apôtres, l'imposition des mains est le signe de la transmission de l'autorité et du pouvoir spirituel. Les dons divins, et particulièrement le don de l’Esprit-Saint sont transmis par ce geste. Pierre et Jean confèrent le don de l’Esprit aux Samaritains qui, bien que baptisés au nom du Seigneur Jésus’, ne l’avaient pas encore reçu. "Alors Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils reçurent l’Esprit Saint." (Ac 8,16-17) Paul fait de même pour les disciples d’Éphèse qui n’avaient connu que le baptême de Jean (le Baptiste) (Ac 19,6). ''ils se firent baptiser au nom du Seigneur Jésus. Et quand Paul leur eut imposé les mains, l’Esprit Saint vint sur eux'' (Ac 19,6).

L’imposition des mains est un geste de communication de pouvoir spirituel adapté à un envoi précis en mission. Les sept premiers diacres sont consacrés et ordonnés à une fonction bien définie au sein de la communauté primitive : ''On les présenta aux Apôtres, et après avoir prié, ils leur imposèrent les mains.'' (Ac 6,6). A Antioche, Paul et Barnabas sont mis à part pour leur mission : ''Alors, après avoir jeûné et prié, et leur avoir imposé les mains, ils les laissèrent partir.'' (Ac 13,3).

L'ordination sacerdotale elle-même est un geste où l'on voit Paul imposer les mains à Timothée (‘Je t’ai imposé les mains’: 2 Tm 1,6). On a ici les germes de l’ordination sacerdotale telle qu’elle est encore comprise aujourd’hui : ''ne néglige pas le don de la grâce en toi, qui t’a été donné au moyen d’une parole prophétique, quand le collège des Anciens a imposé les mains sur toi.'' (1 Tm 4,14). Et Timothée refera ce geste sur d’autres, choisis pour le ministère de l’Église (1 Tm. 5,22), mais ''ne décide pas trop vite d’imposer les mains à quelqu’un'' conseille saint Paul.

L'argument de prescription de Tertullien contre les hérétiques

 

Bien que Tertullien ait énoncé un certain nombres d'erreurs, dans son Traité des Prescriptions contre les hérétiques, il développe néanmoins l'''argument solide et invincible'' de prescription contre les hérétiques et les schismatiques. ''Vous êtes d'hier, vous venez de naître ; avant-hier on ne vous connaissait pas.''

 

Au chapitre XIII, il énonce ''la règle de foi'' :

 

XIII. [1] 1. La Règle de foi -- car il nous faut faire connaître dès maintenant ce que nous défendons -- est celle qui consiste à croire : [2] « qu'il n'y a qu'un seul Dieu qui n'est autre que le Créateur du monde ; que c'est lui qui a tiré l'univers du néant par son Verbe émis avant toutes choses ; [3] que ce Verbe fut appelé son fils, qu'au nom de Dieu il apparut sous diverses figures aux patriarches, qu'il se fit entendre en tout temps par les prophètes, enfin qu'il descendit par l'esprit et la puissance de Dieu le père dans la Vierge Marie, qu'il devint chair dans son sein et que né d'elle 'sa vie devint celle de Jésus-Christ' ; [4] qu'il 'proclama' ensuite la loi nouvelle et la nouvelle promesse du royaume des cieux, qu'il fit des miracles, qu'il fut crucifié, qu'il ressuscita le troisième jour, qu'enlevé aux cieux il s'assit à la droite du Père ; [5] qu'il envoya à sa place la force du Saint-Esprit pour conduire les croyants ; qu'il viendra dans la gloire pour prendre les saints et leur donner la jouissance de la vie éternelle et des promesses célestes, et pour condamner les profanes au feu éternel, après la résurrection des uns et des autres et le rétablissement de la chair. »

 

Et au chapitre XXI, il énonce ''deux prescriptions contre les hérétiques'' : [1] De ces faits, voici la prescription que nous dégageons. Du moment que Jésus-Christ, Notre Seigneur, a envoyé les apôtres prêcher, il ne faut donc point accueillir d'autres prédicateurs que ceux que le Christ a institués. [2] Car nul ne connaît le Père, si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils l'a révélé. Or 'l'on ne voit pas que le Christ l'ait révélé' à d'autres qu'aux apôtres qu'il a envoyés prêcher -- prêcher ce que, bien entendu, il leur avait révélé. [3] Mais quelle était la matière de leur prédication, autrement dit, qu'est-ce que le Christ leur avait révélé ? Ici encore j'élève cette prescription que, pour le savoir, il faut nécessairement s'adresser à ces mêmes Eglises que les apôtres ont fondées en personne, et qu'ils ont eux-mêmes instruites, tant de « vive voix », comme on dit, que, plus tard, par lettres.

 

[4] Dans ces conditions, il est clair que toute doctrine qui est en accord avec celle de ces Églises, matrices et sources de la foi, doit être considérée comme vraie, puisqu'elle contient évidemment ce que les Églises ont reçu des apôtres, les apôtres du Christ, le Christ de Dieu. [5] Par contre, toute doctrine doit être a priori jugée 'comme venant du mensonge' qui contredit la vérité des Églises des apôtres, du Christ et de Dieu. [6] Reste donc à démontrer que cette doctrine, qui est la nôtre, et dont nous avons plus haut formulé la règle, procède de la tradition des apôtres, et que, par le fait même, les autres viennent du mensonge. [7] Nous sommes en communion avec les Églises apostoliques, parce que notre doctrine ne diffère en rien de la leur : c'est là le signe de la vérité.''

 

Puis au chapitre ''Apostolicité des origines et successions apostoliques. XXXII.'' il écrit : ''[1] D'ailleurs, si quelques-unes osent se rattacher à l'âge apostolique pour paraître transmises par les apôtres, sous prétexte qu'elles existaient à l'époque des apôtres, nous sommes en droit de leur dire : « Montrez l'origine de vos Églises; déroulez la série de vos évêques se succédant depuis l'origine, de telle manière que le premier évêque ait eu comme garant et prédécesseur l'un des apôtres ou l'un des hommes apostoliques restés jusqu'au bout en communion avec les apôtres. » [2] Car c'est ainsi que les Églises apostoliques présentent leurs fastes. Par exemple,

- l'Église de Smyrne rapporte que Polycarpe fut installé par Jean;

- l'Église de Rome montre que Clément a été ordonné par Pierre.

- [3] De même encore, d'une façon générale, les autres Églises exhibent les noms de ceux qui, établis par les apôtres dans l'épiscopat, possèdent la bouture de la semence apostolique.

 

[4] Que les hérétiques inventent quelque chose de semblable !''

 

Dans ses ''Derniers arguments en faveur de l'apostolicité des Églises. XXXVI'', Tertullien écrit encore :''[1] Or donc, voulez-vous exercer plus louablement votre curiosité en l'employant à votre salut ? Parcourez les Eglises apostoliques où les chaires même des apôtres président encore à leur place, où on lit leurs lettres authentiques qui rendent l'écho de leur voix et mettent sous les yeux la figure de chacun d'eux. [2] Êtes-vous tout proche de l'Achaïe : vous avez Corinthe. N'êtes-vous pas loin de la Macédoine : vous avez Philippes ; si vous pouvez aller du côté de l'Asie : vous avez Ephèse ; si vous êtes sur les confins de l'Italie, vous avez Rome, dont l'autorité nous apporte aussi son appui. [3] Heureuse Église ! les apôtres lui ont versé toute leur doctrine avec leur sang. Pierre y subit un supplice semblable à celui du Seigneur. Paul y est couronné d'une mort pareille à celle de Jean (Baptiste). L'apôtre Jean y est plongé dans l'huile bouillante : il en sort indemne et se voit relégué dans une île.''

 

Et au chapitre ''Prescription de longue possession ?'', il écrit enfin : XXXVII. [1] S'il est vrai que la vérité doive nous être adjugee en partage, à nous qui marchons dans cette règle que les Eglises nous transmettent après l'avoir reçue des apôtres, les apôtres du Christ, le Christ de Dieu, nous étions donc bien fondés à soutenir que les hérétiques ne doivent pas être admis à nous provoquer sur les Ecritures, puisque nous pouvons démontrer, sans le secours des Écritures, qu'ils n'ont rien à voir avec les Ecritures. [2] Etant hérétiques, ils ne peuvent être chrétiens, car ils ne tiennent pas du Christ la doctrine qu'ils suivent de leur propre choix en adoptant ce nom d'hérétiques. [3] N'étant pas chrétiens, ils n'ont aucun droit sur les écrits chrétiens, et ils méritent qu'on leur dise : Qui êtes-vous ? Quand et d'où êtes-vous venus ? Que faites-vous chez moi, vous qui n'êtes pas des miens ? De quel droit, Marcion, fais-tu des coupes dans ma forêt ? D'où le prends-tu, Va-lentin, pour détourner mes sources ? Qui t'autorise, Apelle, à déplacer mes bornes? [4] Pourquoi, vous autres, venez-vous semer et paître ici arbitrairement ? Ce domaine m'appartient, je le possède d'ancienne date, je le possédais avant vous ; j'ai des pièces authentiques émanant des propriétaires même auxquels le bien a appartenu. [5] C'est moi qui suis l'héritier des apôtres. C'est d'après les dispositions prises par testament, d'après leur fideicommis, d'après l'adjuration qu'ils ont faite que j'en suis possesseur. [6] Quant à vous, ce qui est sûr, c'est qu'ils vous ont toujours déshérités et reniés comme des étrangers, comme des ennemis. [7] Et pourquoi les hérétiques sont-ils pour les apôtres des étrangers et des ennemis, sinon à cause de la divergence de leur doctrine, que chacun d'eux a inventée ou reçue selon son caprice, contre les apôtres ?''

 

Cf. https://www.tertullian.org/french/depraescriptione.htm

Les apôtres Pierre et Jean imposant les mains (Actes 8,17)

Les apôtres Pierre et Jean imposant les mains (Actes 8,17)

Voici les noms des douze Apôtres et le premier parmi eux :

 

... le PREMIER, Simon, nommé Pierre" (Matthieu 10, 2)

 

C'est par cet accent significatif mis sur la primauté de Simon-Pierre que saint Matthieu commence dans son Évangile la liste des douze apôtres qui, également dans les deux autres évangiles synoptiques et dans les actes, débute par le nom de Simon (Marc 3, 16 ; Luc 6, 14 ; Actes 1, 13).


D'autres passages évangéliques (Matthieu 14, 28-31 ; 16, 16-23 ; 19, 27-29 ; 26, 33-35 ; Luc 22, 32 ; Jean 1, 42 ; 6, 67-70 ; 13, 36-38 ; 21, 15-19) montrent avec clarté et simplicité le rôle premier de Pierre parmi les Douze.

 

Pierre, malgré sa faiblesse humaine, fut placé expressément par le Christ à la première place parmi les Douze et appelé à exercer dans l'Église une fonction propre et spécifique

 

C’est à Pierre – et à Pierre seul – que le sauveur dit "Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et la puissance de la mort n’aura pas de force contre elle.(Matthieu 16, 19 ; Isaïe 2, 21-22 ; Jean 21, 15-17 et Lumen Gentium 19).

 

L’apôtre "est" cette pierre, ce rocher "Képhâ" en grec (Jean 1,42 ; Galates 1,12) sur lequel l’Église sera édifiée dans la communion de la foi. 

 

Jésus ne donne pas seulement un nouveau nom à l’apôtre ; il l’investit d’une mission. Dans la Judée du Ier siècle, le substantif "rocher" n’était jamais utilisé comme prénom. Le nom attribué à Simon traduit la communion à Dieu et la nature des prérogatives du serviteur de l’Éternel (Genèse 17, 5).

 

S. Pierre recommande aux "anciens en fonction" de paître "le troupeau de Dieu qui leur est confié et aux "jeunes gens" d'être "soumis aux anciens" (1 P. 5, 1-2).

 

Puis nous voyons Pierre inventer la succession apostolique lorsque Judas, mort, il propose "qu'un autre prenne sa charge" (Ac 1,20), de prier le Seigneur, qui connait tous les cœurs, afin qu'il désigne par tirage au sort celui qui prendra, "dans le ministère apostolique, la place que Judas a désertée en allant à la place qui est désormais la sienne". Et c'est Matthias qui est élu. (Ac 1, 24-26

De même que les scribes et les pharisiens enseignaient dans la chaire de Moïse (Mt 23, 2), cette primauté de Pierre est transmise à ses successeurs, selon la tradition biblique constante.

Alors Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples,

et il déclara : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse.

Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas.

Matthieu 23,1-3

La chaire de Saint Pierre succède à la chaire de Moïse dans la Nouvelle Alliance.

 

Si le respect et l’obéissance sont dus à ceux qui enseignent dans la chaire de Moïse malgré des comportements scandaleux, combien plus est-on tenu de respecter et d’obéir encore davantage à ceux qui enseignent dans la chaire de saint Pierre ?!

Saint Pierre prend la parole lors de la Pentecôte (Ac 1,15). L'Esprit Saint envoyé à la Pentecôte devient la force qui garantit que l'Eglise restera fidèle à la vérité divine malgré les épreuves et les siècles.

Saint Pierre prend la parole lors de la Pentecôte (Ac 1,15). L'Esprit Saint envoyé à la Pentecôte devient la force qui garantit que l'Eglise restera fidèle à la vérité divine malgré les épreuves et les siècles.

Au concile de Jérusalem dans Actes 15, 4-11, Pierre intervient pour résoudre les premières grandes controverses doctrinales, confirmant ainsi sa position de guide spirituel :

 

"Frères, vous savez bien comment Dieu, dans les premiers temps, a manifesté son choix parmi vous : c’est par ma bouche que les païens ont entendu la parole de l’Évangile et sont venus à la foi."

Historiquement, les premiers chrétiens ont reconnu en Pierre le premier évêque de Rome.

 

Les Pères de l'Église, tels qu'Ignace d'Antioche ou Irénée de Lyon, ont affirmé que les successeurs de Pierre, les papes, portaient cette même responsabilité.

 

Rome est devenue le centre de l'unité chrétienne non pas par hasard, mais parce qu'elle était le siège apostolique de Pierre.

 

Cette autorité ne diminue pas la place de Jésus-Christ qui est le fondement ultime de l'Église. Au contraire, la papauté agit comme un instrument choisi par Dieu pour garder la continuité et l'unité de l'Église visible. Aujourd'hui encore, à travers les siècles et malgré les défis, la papauté reste un signe d'unité pour plus d'un milliards de catholiques à travers le monde, fidèles à la mission confiée par Jésus-Christ à Pierre et à ses successeurs. Cf. Orthodoxie catholique

Le document Dominus Iesus, n° 16 et 17  signé en 2000 par le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le Card. Ratzinger, précise :

 

Les fidèles sont tenus de professer qu'il existe une continuité historique — fondée sur la succession apostolique [Conc. OEcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 20 ; cf. aussi S. Irénée, Adversus haereses, III, 3, 1--3 : SC 211, 20-44 ; S. Cyprien, Epist. 33, 1 : CCL 3 B, 164-165 ; S. Augustin, Contra adversarium legis et prophetarum, 1, 20, 39 : CCL 49, 70.] — entre l'Église instituée par le Christ et l'Église catholique : « C'est là l'unique Église du Christ [...] que notre sauveur, après sa résurrection, remit à Pierre pour qu'il en soit le pasteur (cf. Jn 21,17), qu'il lui confia, à lui et aux autres apôtres, pour la répandre et la diriger (cf. Mt 28,18ss.), et dont il a fait pour toujours la “colonne et le fondement de la vérité” (1 Tm 3,15). Cette Église comme société constituée et organisée en ce monde, c'est dans l'Église catholique qu'elle se trouve [subsistit in], gouvernée par le successeur de Pierre et les Évêques qui sont en communion avec lui ».54 Par l'expression subsistit in, le Concile Vatican II a voulu proclamer deux affirmations doctrinales : d'une part, que malgré les divisions entre chrétiens, l'Église du Christ continue à exister en plénitude dans la seule Église catholique ; d'autre part, « que des éléments nombreux de sanctification et de vérité subsistent hors de ses structures »,55 c'est-à-dire dans les Églises et Communautés ecclésiales qui ne sont pas encore en pleine communion avec l'Église catholique.56 Mais il faut affirmer de ces dernières que leur « force dérive de la plénitude de grâce et de vérité qui a été confiée à l'Église catholique ».[Conc. OEcum. Vat. II, Décr. Unitatis redintegratio, n. 3.]

17. Il existe donc une unique Église du Christ, qui subsiste dans l'Église catholique, gouvernée par le successeur de Pierre et les Évêques en communion avec lui.58 Les Églises qui, quoique sans communion parfaite avec l'Église catholique, lui restent cependant unies par des liens très étroits comme la succession apostolique et l'Eucharistie valide, sont de véritables Églises particulières.59 Par conséquent, l'Église du Christ est présente et agissante dans ces Églises, malgré l'absence de la pleine communion avec l'Église catholique, provoquée par leur non-acceptation de la doctrine catholique du Primat, que l'Évêque de Rome, d'une façon objective, possède et exerce sur toute l'Église conformément à la volonté divine.60

En revanche, les Communautés ecclésiales qui n'ont pas conservé l'épiscopat valide et la substance authentique et intégrale du mystère eucharistique,[Conc. OEcum. Vat. II, Décr. Unitatis redintegratio, n. 22.] ne sont pas des Églises au sens propre ; toutefois, les baptisés de ces Communautés sont incorporés au Christ par le baptême et se trouvent donc dans une certaine communion bien qu'imparfaite avec l'Église.62 

L’Église considère ainsi que la succession apostolique est si essentielle qu’aucun organisme chrétien ne peut être qualifié d’"Église" sans elle.

 

C’est pourquoi les documents de Vatican II (et tous les documents officiels depuis) ​​s’abstiennent d’appeler "Église" toute communauté qui n’a pas le charisme de la succession apostolique, les désignant simplement comme des "communautés ecclésiales". En réalité, cela signifie que seules les orthodoxes orientaux peuvent être considérés comme de véritables Églises.

Dans son Épitre aux Corinthiens 44, épître datée de 95 ap. J.-C., S. Clément de Rome, 3e Pape après S. Pierre (qui a connu St Pierre et St Paul), écrit :

 

"Nos apôtres ... au sujet de la dignité de l'épiscopat ... instituèrent les ministres ... et posèrent ... la règle qu'à leurs morts d'autres hommes éprouvés SUCCEDERAIENT à leurs fonctions."

Epitre de S. Clément de Rome, Pape, aux Corinthiens 44

Epitre de S. Clément de Rome, Pape, aux Corinthiens 44

L’Église romaine est la "présidente de l’alliance divine" chez Saint Ignace d'Antioche (Ier siècle)
 

 

C'est à Ignace que l'on doit le mot grec "kajolik´ov", "catholicos" pour définir l'Eglise de Jésus-Christ (Cf. Encyclopédie Universalis).

 

Selon Ignace, une vénération spéciale entoure déjà l'église de Rome dès la fin du Ier siècle. 

 

Dans sa "Lettre aux Tralliens" (§3) (vers 107 ap. J.-C.), Ignace écrit :

 

"Que tous révèrent les diacres comme Jésus-Christ, comme aussi l'évêque, qui est l'image du Père, et les Presbytres (les prêtres) comme le sénat de Dieu et comme l'assemblée des Apôtres: sans eux, on ne peut parler d'Église . (Cf. Les Pères Apostoliques, Texte intégral, Sagesses Chrétiennes, Cerf, Paris 2012, p.178.)



Dans sa Lettre aux Romains, il précise que : 

 

"Cette Église préside dans la région des Romains". (Cf. Les Pères Apostoliques, Texte intégral, Sagesses Chrétiennes, Cerf, Paris 2012, p. 185.) 

 

Présider dans la région des Romains est autre chose que présider sur la région. L'Église de Rome préside. Il est difficile de ne pas voir dans ce texte une allusion à une prééminence de l'Église de Rome sur les autres Églises.

 

Saint Ignace d'Antioche, Lettre aux Smyrniotes (§8) (v. 107) :

 

"Suivez tous l'évêque, comme Jésus-Christ suit son Père, et le presbyterium comme les Apôtres; quant aux diacres, respectez-les comme la loi de Dieu. Que personne ne fasse, en dehors de l'évêque, rien de ce qui regarde l'Église. Que cette eucharistie seule soit regardée comme légitime, qui se fait sous la présidence de l'évêque ou de celui qu'il en aura chargé. 

 

Là où paraît l'évêque, que là soit la communauté, de même que là où le Christ Jésus, là est l'Église catholique. Il n'est pas permis en dehors de l'évêque ni de baptiser, ni de faire l'agape, mais tout ce qu'il approuve, cela est agréable à Dieu aussi. Ainsi, tout ce qui se fait sera sûr et légitime." (Cf. Les Pères Apostoliques, Texte intégral, Sagesses Chrétiennes, Cerf, Paris 2012, p.207-208)

 

La primauté papale au IIe siècle

 

Denys de Corinthe, évêque de Corinthe vers 171, rappelle que le nom de Pierre (et celui de Paul également) est lié indéfectiblement lié à Rome (cité par Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique II, 25, 8).

 

Saint Irénée de Lyon, un autre auteur contre les hérétiques soutient à son tour que "toute l’Église" doit être "unie à celle de Rome", "car en elle la tradition apostolique a toujours été conservée" (Contre les hérésies III, 3, 2)

 

"3,2. L'Eglise très grande, très ancienne et connue de tous, que les deux très glorieux apôtres Pierre et Paul fondèrent et établirent à Rome;

[...] la Tradition qu'elle tient des apôtres et la foi qu'elle annonce aux hommes sont parvenues jusqu'à nous par des successions d'évêques, nous confondrons tous ceux qui, de quelque manière que ce soit, ou par infatuation, ou par vaine gloire, ou par aveuglement et erreur doctrinale, constituent des groupements illégitimes: car avec cette Église, en raison de son origine plus excellente, doit nécessairement s'accorder toute Église, c'est-à-dire les fidèles de partout, – elle en qui toujours, au bénéfice de ces gens de partout, a été conservée la Tradition qui vient des apôtres." Adversus haereses, III, 2.

 

Vers l'an 180, Irénée donne comme premiers successeurs de saint Pierre et saint Paul respectivement Lin, Anaclet, Clément (Contre les hérésies, III, 3,3), version que l'on retrouve chez Eusèbe de Césarée (Histoire ecclésiastique, III, 2,13-15,21).

 

3,3. Donc, après avoir fondé et édifié l'Église, les bienheureux apôtres remirent à Lin la charge de l'épiscopat; c'est de ce Lin que Paul fait mention dans les épîtres à Timothée (II Tim 4,21). Anaclet  lui succède. Après lui, en troisième lieu à partir des apôtres, l'épiscopat échoit à Clément. Il avait vu les apôtres eux-mêmes et avait été en relations avec eux: leur prédication résonnait encore à ses oreilles et leur Tradition, était encore devant ses yeux. Il n'était d'ailleurs pas le seul, car il restait encore à cette époque beaucoup de gens qui avaient été instruits par les apôtres." (Saint Irénée de LyonAdversus haereses, III, 2.)

À la fin du IIe siècle, la controverse au sujet de la date de la fête de Pâques (dans le sillage des années 150 au cours desquelles S. Polycarpe de Smyrne s’était entretenu à ce sujet avec Anicet, évêque de Rome ; cf. Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, V, 24, 16-17) manifeste le pouvoir du siège romain. Polycrate, évêque d’Éphèse, fêtait Pâques le même jour que les juifs, le 14 Nisan. Une partie de son entourage pensait que le dimanche aurait mieux convenu, selon l’usage romain. Victor Ier, évêque de Rome (189-199) réunit un des premiers synodes de l’histoire où l’on décida de rompre la communion ecclésiale avec les fidèles qui ne suivraient pas la prescription romaine.

 

Vers 200, Gaius, romain d’origine, parle des "trophées de ceux qui ont fondé cette Église (de Rome)" (cité par Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique II, 25, 7).

La primauté papale au IIIe siècle 

Tertullien (+ 220), écrivain ecclésiastique qui tomba dans l'hérésie montaniste à la fin de sa vie écrivit néanmoins à propos de la succession apostolique :

 

"Ayant reçu une connaissance parfaite de l’avenir, ils établirent ceux dont il a été question plus haut [évêques et diacres], et posèrent ensuite comme règle qu’après la mort de ces derniers, d’autres hommes éprouvés leur succéderaient dans leur office" (De praescriptione haereticorum, XLIV, 2 ; cf. 1 Timothée 6, 14).

 

Et sur la primauté papale il écrit :

‘’Qu’est-ce qui a pu être caché à Pierre, ainsi appelé parce que l’Église devait être bâtie sur lui ; à Pierre, qui avait reçu avec la clé du royaume des cieux, le pouvoir de lier de délier, tant dans les cieux que sur la terre ?’’ (Prescription contre les hérétiques XXII ; PL2,34).

 

Tertullien considérait même que le Christ avait confié le privilège de lier et de délier uniquement à la personne de Pierre. Chose qu’il rappela ailleurs.

Tertullien évoque la succession historique des apôtres : "Ayant reçu une connaissance parfaite de l’avenir, ils établirent ceux dont il a été question plus haut [évêques et diacres], et posèrent ensuite comme règle qu’après la mort de ces derniers, d’autres hommes éprouvés leur succéderaient dans leur office" (De praescriptione haereticorum, XLIV, 2 ; cf. 1 Timothée 6, 14).

Étienne de Rome, pape (254-257), confronté aux Églises africaines à propos de la réintégration des "lapsi" (fidèles apostats au moment des persécutions), "réclame pour sa personne la succession de Pierre, l’apôtre sur lequel ont été établis les fondements de l’Église" (cité par Perrin, op. cit., p. 41).

 

Saint Cyprien de Carthage (+258) est plus mesuré : il dit aussi que le Christ a bâti l’Église sur Pierre mais qu’il a autant d’autorité apostolique que les autres apôtres, à ceci près que le pape est le premier parmi eux et qu’il en est le responsable, parce qu’il y a un seul responsable dans l’Église. "En plein accord avec l'évêque de Rome Corneille", il (Cyprien) prend à l'égard des lapsi "des mesures de miséricorde (concile de Carthage, 251), qui provoquent le schisme des rigoristes Felicissimus et Novat (à Rome, à la même époque, dans une situation analogue, c'est le schisme de Novatien). (Cf. Universalis.fr

 

Vers 250, Cyprien soutient qu'"il n'y a qu'une Église" (Lettre 54) et que l’Église romaine est la "matrice et la racine de l’Église catholique" (Épître 48).

 

 

"[...] Dans le Deutéronome en effet, le Seigneur Dieu parle ainsi : "Tout homme qui agira orgueilleusement, n'écoutant point le prêtre ou le juge qui sera en fonction en ces jours-là, sera mis à mort, et tout le peuple qui le saura sera saisi de frayeur, et ils ne se comporteront plus en impies à l'avenir". (Dt 17,12-13).

De même parlant à Samuel, objet du mépris des Juifs, le Seigneur dit : "Ce n'est pas vous qu'ils ont méprisé, mais c'est Moi qu'ils ont méprisé"; (1 Sam 8,7) et le Seigneur dit encore dans son évangile : "Celui qui vous écoute, M'écoute, et celui qui M'a envoyé, et celui qui vous rejette Me rejette, et celui qui m'a envoyé". (Lc 10,16). 

[...] Il est écrit en effet : 'Tu n'outrageras point un prince de ton peuple'." (Ac 23,4-5).
Quand il y a de tels exemples, et beaucoup d'autres de même nature, par où Dieu daigne affirmer l'autorité et la puissance épiscopale, que pensez-vous que soient ceux qui, se faisant les ennemis des évêques, et se mettant en révolte contre l'Église catholique, ne se laissent toucher ni par les menaces de Dieu qui nous avertit, ni par les rigueurs vengeresses du jugement qui doit venir ? Jamais en effet les hérésies n'ont surgi d'ailleurs, jamais les schismes n'ont eu une autre source : c'est toujours qu'on n'obéit pas à l'évêque de Dieu, que l'on ne songe plus qu'il n'y a dans l'Église qu'un évêque, qu'un juge, tenant pour un temps la place du Christ."

[...] Et pourtant, il n'a pas, Lui, fait des reproches ou de graves menaces à ceux qui s'éloignaient, mais se tournant vers ses apôtres, il leur a dit : "Est-ce que vous aussi, vous voulez vous en aller ?" Il a respecté la loi d'après laquelle l'homme, laissé à sa volonté et à son libre arbitre, se porte de lui-même ou à la mort ou au salut. Pierre cependant, sur qui l'Église avait été bâtie par le même Christ, parlant de lui seul pour tous et répondant par la voix de l'Église, lui dit : "A qui irions-nous ? Tu as la parole de la vie éternelle; et nous croyons et nous savons que tu es le Christ, Fils du Dieu vivant". (Jn 6,67-69). Il veut faire entendre que ceux qui s'éloignent du Christ périssent par leur faute; mais que l'Église qui croit au Christ, et qui reste fidèle à ce qu'elle sait, ne s'éloigne jamais de Lui; il montre que ceux-là sont l'Église qui demeurent dans l'Église de Dieu, tandis que ces autres ne représentent pas une plantation faite par le Père, que l'on voit non pas rester en place comme le blé, mais s'agiter au souffle de l'ennemi comme la paille que le vent emporte. C'est d'eux que Jean dit, dans son épître : "Ils se sont séparés de nous, mais ils n'étaient pas des nôtres; s'ils avaient été des nôtres, ils seraient restés avec nous". (Jn 2,19). De même Paul nous avertit de ne pas nous émouvoir lorsque des méchants s'en vont de l'Église, et de ne point avoir une foi moins vive quand des mécréants s'éloignent : "Eh quoi, dit-il, si quelques-uns d'entre eux sont devenus infidèles, est-ce que leur incrédulité a anéanti la Fidélité de Dieu ? Écartons cette pensée : car Dieu est véridique, et tout homme est menteur". (Rom 3,3-4).(Lettre 59)

 

Vers 251, dans De unitate, Cyprien évoque la place de Pierre et de ses successeurs :

 

"Dieu parle à Pierre: Je te dis que tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église et les puissances des enfers n’en triompheront jamais. Je te donnerai les clefs du royaume du Ciel, et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans le Ciels et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans le Ciel (Matt., XVI.). Après sa résurrection, il dit au même apôtre : Pais mes brebis. Sur lui seul il bâtit son Église, à lui seul il confie la conduite de ses brebis. 

Quoique, après sa résurrection,. il donne à tous ses apôtres un pouvoir égal, en leur disant : Comme mon Père m’a envoyé, je vous envoie; recevez le Saint-Esprit les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez (Joan., XX), cependant,  afin de rendre l’unité évidente, il a établi une seule chaire et, de sa propre autorité, il a placé dans un seul homme le principe de cette même unité. Sans doute les autres apôtres étaient ce que fut Pierre; ils partageaient le même honneur, la même puissance, mais tout se réduit à l’unité. La primauté est donnée à Pierre, afin qu’il n’y ait qu’une seule Église du Christ et une seule chaire." (De l 'Unité de l'Eglise 3)

 

Cf. Voir aussi : Pourquoi dans l'Église primitive le terme ''catholique'' renvoie-t-il à une Église hiérarchique, bien visible, singulière et identifiée ?

 

Dans sa Lettre 55, il écrit : "il n'y a, de par l'institution du Christ, qu'une Église unique répandue en plusieurs membres dans le monde entier, un épiscopat unique"

 

"Pour ce qui est de Novatien, frère très cher, vous désirez savoir quelle hérésie il a introduite. Sachez d'abord que nous ne devons même pas être curieux de connaître ce qu'il enseigne, puisqu'il enseigne hors de l'Église. Quel que soit ce personnage, quelle que soit sa qualité, il n'est pas chrétien, n'étant pas dans l'Église du Christ. Il a beau se vanter, et exalter en termes orgueilleux sa science, ou son éloquence, n'ayant pas conservé la charité fraternelle, ni l'unité de la société chrétienne, il a perdu sa qualité antérieure. A moins qu'il ne soit encore un évêque à vos yeux, lui qui, alors qu'un évêque a été élu dans l'Église par seize évêques, s'efforce par la brigue de se faire donner un épiscopat adultère et étranger par des gens qui ont quitté l'Église ! Alors qu'il n'y a, de par l'institution du Christ, qu'une Église unique répandue en plusieurs membres dans le monde entier, un épiscopat unique représenté par une multiplicité d'évêques unis entre eux, il s'efforce, malgré l'enseignement de Dieu, malgré l'unité de l'Église dans la diversité de ses parties partout liées et adhérentes, de faire une église humaine !" (Lettre 55)

 

"Quant aux lapsi, qu'ils ne cessent pas, connaissant la gravité de leur faute, d'implorer de Dieu leur pardon, et n'abandonnent pas l'Église catholique, l'unique, la seule qu'a établie le Seigneur." (Lettre 65)

 

"Et sur cette unité réglant son Église, Il (Notre Seigneur) dit de nouveau : "Et il n'y aura qu'un troupeau et qu'un pasteur" (Jn 10,16). Mais si le troupeau est un, comment peut-on compter dans le troupeau quelqu'un qui n'en est point ? Comment peut-on, alors qu'il y a un vrai pasteur présidant au gouvernement de l'Église en vertu d'une ordination régulière, tenir pour pasteur celui qui ne succède à personne, qui commençant à lui-même, n'est qu'un étranger et un profane, ennemi de la Paix du Seigneur, de l'Unité de Dieu, et qui n'habite pas dans la Maison de Dieu, c'est-à-dire dans l'Église de Dieu?" (Lettre 69)

 

"[...] Or, il est manifeste que ceux qui ne sont pas dans l'Église du Christ sont au nombre des morts, et qu'on ne peut recevoir la vie de celui qui n'est pas lui-même vivant, attendu qu'il n'y a qu'une Église qui, ayant obtenu la grâce de la vie éternelle, tout ensemble vit éternellement, et vivifie le peuple de Dieu." (Lettre 71)

 

À propos du baptême, Cyprien évoque dans sa Lettre 73 les hérétiques tels Marcion, qui ne croient pas dans la Trinité de Mt 28,19. Et il dit que "c'est seulement à ceux qui sont les chefs dans l'Église, et dont l'autorité repose sur la loi évangélique et l'institution du Seigneur, qu'il est permis de baptiser et de donner la rémission des péchés, tandis qu'au dehors rien ne peut être ni lié ni délié, puisqu'il n'y a personne qui ait le pouvoir de lier ou de délier.'' (Lettre 73)

"[…] Or, on sait ou et par qui peut être donnée la rémission des péchés que donne le baptême. C'est à Pierre d'abord, sur qui il a bâti son Église et en qui il a établi et montré l'origine de l'unité, que le Seigneur a conféré le privilège de voir délier ce qu'il aurait délié sur la terre. Après sa Résurrection aussi, c'est aux apôtres qu'Il s'adresse : "Recevez; le saint Esprit. Si vous remettez les péchés à quelqu'un, ils lui seront remis; et, si vous les retenez, ils seront retenus". (Jn 21,22-23). Par là nous comprenons que c'est seulement à ceux qui sont les chefs dans l'Église, et dont l'autorité repose sur la loi évangélique et l'institution du Seigneur, qu'il est permis de baptiser et de donner la rémission des péchés, tandis qu'au dehors rien ne peut être ni lié ni délié, puisqu'il n'y a personne qui ait le pouvoir de lier ou de délier." (Lettre 73)

Origène (v. 254) répétait aussi plusieurs fois que Pierre était celui sur qui était édifiée l’Église du Christ. (Commentaire sur S. Jean, Livre V,3, SC 120, p. 176-177).

 

Origène se repentit de ses erreurs auprès du pape Fabien (milieu des années 200)

 

Selon Rufin d’Aquilée (344/45-411) et saint Jérôme (vers 342-47-420), Origène (vers 185-vers 253), l’éminent théologien du IIIe siècle originaire d’Alexandrie, en Égypte, s’est repenti de diverses erreurs doctrinales auprès de saint pape Fabien, qui fut pape de 236 à 250.

 

Le repentir d'Origène pour certaines de ses doctrines auprès du pape Fabien fournit une preuve solide que, dès le milieu des années 200, même des personnalités éminentes de l'Orient savaient que le pape possédait une autorité supérieure en matière doctrinale. Nous le démontrerons :

- En fournissant un contexte historique à la repentance d'Origène ;

- puis en citant la partie pertinente de l'Apologie de Rufin ;

- puis en résumant les conclusions que nous croyons pouvoir raisonnablement déduire de cet événement.

 

Origène d'Alexandrie fut l'un des théologiens chrétiens les plus importants du IIIe siècle, ayant été un membre éminent de la célèbre école catéchétique d'Alexandrie.

 

Bien qu'une grande partie de ce qu'il avait à dire était parfaitement orthodoxe, certains de ses enseignements furent controversés non seulement à son époque, mais des siècles plus tard. Beaucoup d'entre eux furent condamnés à plusieurs reprises par divers conciles.

 

Une telle controverse a surgi entre Rufin d'Aquilée, philosophe, historien et théologien, et saint Jérôme, qui s'engagèrent dans une longue dispute sur les doctrines d'Origène, la pertinence de traduire ses œuvres, etc.

 

L'excuse de Rufin

 

C'est dans ce contexte que dans son Apologie (Livre 1, §44) 1, Rufin affirmait à saint Jérôme — citant Jérôme lui-même comme source — qu'Origène s'était repenti de diverses erreurs doctrinales auprès du saint Pape Fabien (236-250) :

 

Origène lui-même s’est repenti de ces doctrines et a envoyé un écrit à Fabien, alors évêque de Rome. Et pourtant, après ce repentir, et cent cinquante ans après sa mort, vous le traînez devant le tribunal et vous demandez sa condamnation. Comment est-il possible que vous receviez le pardon, même si vous vous repentez, si celui qui s’est repenti auparavant d’avoir émis ces doctrines n’obtient pas le pardon ? Il a écrit exactement comme vous l’avez écrit : il s’est repenti comme vous vous êtes repenti. Vous devez donc, ou bien être tous deux absous de votre repentir, ou bien, si vous refusez le pardon à un pénitent (ce que je ne désire pas que vous fassiez), être tous deux également condamnés.

Succession apostolique et primauté papale

De cette brève allusion au repentir d'Origène, nous croyons pouvoir conclure ce qui suit :

 

En ce qui concerne Rufin et saint Jérôme, Origène s'était repenti de ses erreurs doctrinales auprès du pape Fabien ; Ce repentir d’Origène est la preuve que, dès le milieu des années 200 au moins, on savait que le pape possédait une autorité supérieure en matière doctrinale ; Cette conclusion est probable, car même si Origène s’était repenti auprès de son propre évêque à Alexandrie (ce que d’autres rapports historiques disent qu’il a également fait), un tel repentir serait, à lui seul, suffisant si tous les évêques possédaient exactement la même autorité en matière de doctrine ; Mais comme il s’est également repenti auprès d’un pape qui était très éloigné de lui, il est tout à fait logique de conclure que le pape possédait une sorte d’autorité supérieure en matière de doctrine. Cf Philip Schaff et Henry Wace (dir.), Nicene and Post-Nicene Fathers, Second Series, Vol. 3 : Théodoret, Jérôme, Gennadius, Rufinus : Historical Writings, etc. (Peabody, MA : Hendrickson Publishers, 2012), 459.

https://eternalchristendom.com/becoming-catholic/number-44/

En 268, l’empereur Aurélien prend fait et cause pour l’évêque de Rome dans la querelle provoquée par le refus de Paul de Samosate, évêque d’Antioche hérétique  car niant la divinité de Jésus (de 260 à 272) de quitter son diocèse comme les Pères réunis à Antioche le lui avaient demandé (268). Aurélien explique alors que la "maison de l’Église" est constituée par "ceux qui sont en relation épistolaire [en communion spirituelle] avec les évêques d’Italie et l’évêque de la ville de Rome" (cité par Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique VII, 30, 19).

 

La primauté papale au IVe siècle

 

Épiphane écrit : 

 

‘’Pierre, prince des apôtres, a été pour nous comme une pierre solide sur laquelle la foi du Seigneur est appuyée comme sur un fondement, sur laquelle l’Église a été construite de toutes manières, ce fut surtout parce qu’il confessa le Christ fils du Dieu vivant qu’il entendit à son tour : sur cette pierre de foi solide j’édifierai mon Église.’’ (Haeres., 59)

 

Saint Hilaire de Poitiers (+ 367) dit que

 

‘’Pierre a le primat de la fonction apostolique.’’ (Commentaire de Matthieu 7,6 in Sources chrétiennes 254, p. 184-185). Il répète que Pierre ‘’devient alors la pierre d’assise sur laquelle l’Église est bâtie, et reçoit les clés du royaume des cieux.’’ (La Trinité, Livre VIIe, 20. PL 10, 172)

 

S. Ephrem le Syrien (+ 373) dit : 

 

‘’si le Christ est la lumière saint Pierre est son chandelier.’’ (Sermon XI, Méquignon-Havard 1842, Enconium Petrum et Paulum) Et que le Christ a fait de lui la fondation de sa Sainte Église et qu’il l’a appelé Pierre parce qu’elle supportera toutes ces constructions. Et si quelqu’un cherchait à construire quelque chose de faux, c’est lui, le fondement, qui le condamnerait. Il dit aussi qu’il est ‘’la tête de la fontaine d’où découle tous les enseignements'' et qu’il est le "chef de ses disciples". Ce sera à travers lui qu’"il donnera à boire à tous les peuples". Il dit l’avoir "choisi comme premier-né de son institution" et qu’il lui a "donné toute autorité sur son trésor."

 

Saint Cyrile de Jérusalem (+386) l’identifie comme ‘’le prince des apôtres’’, ainsi que ‘’leur chef’’.

 

Saint Grégoire de Nysse (+394) dit aussi qu’il est le chef des apôtres et que l’Église est glorifiée avec lui parce qu’elle est établie avec lui. (seconde homélie sur S. Etienne, protomartyr, PG 46, col. 733-734.)

 

S. Ambroise (+397) dit qu’‘’en l’appelant Pierre, il l’a déclaré être la fondation de l’Église’’ (Traité de la foi, Livre IV, chapitre 5, PL 16, col 628.)

 

Dans les Actes du Concile d'Éphèse (431), il était aussi déclaré que Pierre était ''le prince et la tête des apôtres, le pilier de la foi et la fondation de l'Église catholique."

Un historien païen reconnaît "l’autorité supérieure de l’évêque de la Ville éternelle" (vers 355)

 

Cet "instantané papal" concerne la reconnaissance de "l’autorité supérieure de l’évêque de la Ville éternelle" par l’historien païen Ammien Marcellin, à propos d’un événement qui a eu lieu en 355.

 

Notre feuille de route est la suivante :

 

Notre thèse est que ce récit fournit une bonne preuve qu'au milieu du IVe siècle, l'autorité supérieure du pape était connue non seulement des historiens païens, mais aussi des empereurs romains favorables aux Ariens, comme Constance (qui est mentionné par Ammien). Nous le démontrerons en :

Fournir un contexte historique aux événements décrits ; puis

Citant le récit d'Ammianus Marcellinus ; alors

Résumant les conclusions que nous croyons pouvoir raisonnablement déduire de ce récit.

Contexte historique

Au lendemain du concile de Nicée en 325, la division doctrinale entre catholiques et ariens continua de diviser le monde romain. L'un des plus grands défenseurs de la définition de Nicée qui affirmait la divinité du Christ fut saint Athanase d'Alexandrie. Il fut la cible constante des complots ariens et fut exilé de son diocèse au moins cinq fois.

 

À l’époque de l’événement rapporté par Ammien Marcellin, saint Athanase avait été condamné par plusieurs conciles d’évêques orientaux, dont le synode de Tyr en 335 et le synode d’Antioche en 341. Le synode auquel il est fait référence ici est le synode de Milan en 355, qui devait à l’origine être un concile général comme celui de Nicée, car l’empereur Constance – qui était empereur de tout l’empire, et pas seulement de l’Occident – ​​désirait obtenir une uniformité doctrinale dans tout l’empire. Après le synode, qui fut coopté par les ariens et condamna saint Athanase, Constance demanda au pape Libère d’approuver la sentence prononcée contre lui. Il refusa et, en réponse, l’empereur le bannit de Rome. L’historien de l’Église Sozomène mentionne également l’incident. 1 Saint Athanase discute également de cet incident et d’autres incidents liés à la persécution du pape Libère, et observe : « Ces hommes impies [les ariens] raisonnaient ainsi entre eux : « Si nous pouvons persuader Libère, nous vaincrons bientôt tous. » 2

 

Le récit d'Ammianus Marcellinus

Ammien Marcellin (vers 330-vers 390-400) était un historien romain païen du IVe siècle. Son ouvrage, Res gestae (« Choses faites »), fournit une anecdote intéressante sur les événements historiques susmentionnés qui jette un éclairage sur l’autorité papale (Livre 15, Ch. 7) 3 :

 

Sous le règne de Léonce, Libère, évêque chrétien, fut cité à comparaître devant le tribunal impérial. Il s’était opposé aux ordres de l’empereur et à la décision de la majorité de ses confrères sur une question que je vais aborder brièvement. Athanase, alors évêque d’Alexandrie, dont on disait qu’il avait des idées au-dessus de sa position et qu’il fouinait dans des affaires qui n’étaient pas de son ressort, avait été destitué de sa charge par une assemblée des fidèles de la même foi, réunie en synode. On prétendait qu’il était versé dans l’interprétation des oracles et du vol des oiseaux, et qu’il avait à plusieurs reprises prédit les événements futurs ; on lui reprochait aussi d’avoir d’autres pratiques contraires aux principes de la foi dont il était le gardien. Libère partageait les opinions de ses confrères, mais lorsque l’empereur lui ordonna de signer le décret destituant Athanase de sa charge sacerdotale, il refusa obstinément. Il déclara qu'il était parfaitement injuste de condamner un homme sans l'avoir vu et sans l'avoir entendu, et il défia ouvertement les vœux de l'empereur. Constance, qui était toujours hostile à Athanase, savait que la sentence avait été exécutée, mais il était extrêmement désireux de la faire confirmer par l'autorité supérieure de l'évêque de la Ville Éternelle. N'y parvint pas, et il réussit de justesse à faire déporter Libère à la faveur de la nuit . Ce fut une affaire très difficile à cause de la forte affection que lui portait le public.

 

De cette anecdote, nous pouvons discerner trois faits relatifs à l’autorité papale :

 

D'abord, Ammien, un païen, connaissait l'autorité supérieure du pape, et la rapporte sans avoir besoin de l'expliquer.

Deuxièmement, l'empereur Constance, allié des ariens, était lui aussi conscient de l'autorité supérieure du pape. D'où sa tentative de coopter le pape Libère à des fins ariennes.

Enfin, la référence d'Ammien à « l'autorité supérieure de l'évêque de la Ville éternelle » signifie que lui et Constance croyaient (ou du moins savaient que de nombreux chrétiens croyaient) que l'autorité papale était supérieure à celle d'au moins un synode d'évêques, qui dans ce cas comprenait – et fut finalement coopté par – des évêques d'Orient. Le comportement de Constance après le refus de Libère de condamner saint Athanase semble confirmer cela.

Notes de bas de page

Sozomène, Histoire ecclésiastique (Livre 4, Ch. 11) (c. 440). ↩︎

Saint Athanase, Histoire des Ariens (Partie 5, §35) (358). ↩︎

Ammianus Marcellinus, Walter Hamilton, trad., The Later Roman Empire (AD 354-378) (New York : Penguin Books, 1986), 80.

 

Cf https://eternalchristendom.com/becoming-catholic/number-40/

Saint Jérôme et la seule véritable Église construite sur le roc de Pierre et de ses successeurs à Rome (vers 376/377)

 

 

Cet « instantané papal » concerne les affirmations extraordinaires sur l’autorité papale faites par saint Jérôme dans une lettre écrite au saint pape Damase vers 376/77.

 

Notre feuille de route est la suivante :

 

Notre thèse est que la lettre de Jérôme fournit une preuve très solide d'une compréhension catholique de la papauté. Nous le démontrerons en :

En fournissant un bref contexte historique pour la lettre de saint Jérôme ; puis

Citant des sections pertinentes de sa lettre 15 au saint pape Damase ; puis

Montrant que ses affirmations explicites et ses hypothèses implicites témoignent d'une vision très élevée, et en effet catholique, de l'autorité papale ;

Résumant les conclusions que nous croyons pouvoir raisonnablement déduire de sa lettre.

Contexte historique

Saint Jérôme est né dans les années 340, dans la région de l'actuelle Croatie, et est décédé le 30 septembre 420 à Bethléem, en Terre Sainte. Bien qu'il ait vécu une grande partie de sa vie en Occident (principalement à Rome), il a passé les 40 dernières années de sa vie en Orient, mourant dans un monastère de Bethléem.

 

Il écrivit sa Lettre 15 au saint pape Damase vers l'an 376/77 depuis l'Orient, et posa au pape deux questions principales :

 

Tout d'abord, une question liée à ce qui fut plus tard connu sous le nom de schisme de Mélétios, à savoir, qui est le véritable évêque d'Antioche (parmi trois prétendants, dont un homme nommé Mélétios) ?

Deuxièmement, une question de théologie trinitaire : quelle est la terminologie correcte en ce qui concerne les « hypostases » en Dieu ? S’agit-il de trois ou d’une seule ?

Nous n’entrerons pas dans les détails du schisme mélétien, ni de la question théologique trinitaire soulevée par Jérôme. Mais il est important de reconnaître qu’il s’adresse au pape pour obtenir une réponse faisant autorité sur les deux questions – la première étant juridictionnelle, la seconde doctrinale. Cela est très significatif lorsqu’il s’agit de la question de l’autorité papale.

 

Lettre 15 de saint Jérôme au saint pape Damase (vers 376/377)

Nous passons maintenant à la lettre elle-même, que Jérôme ouvre en expliquant au Pape son besoin de conseils au milieu du chaos à l’Est (§1) :

 

Puisque l’Orient, déchiré par les querelles qui perdurent entre ses peuples, déchire peu à peu en lambeaux la tunique sans couture du Seigneur, « tissée de haut en bas » ( Jn 19,23 ), puisque les renards détruisent la vigne du Christ ( Ct 2,15 ), et puisque parmi les citernes crevassées qui ne retiennent pas l’eau, il est difficile de découvrir « la source scellée » et « le jardin clos » ( Ct 4,12 ), je crois qu’il est de mon devoir de consulter la chaire de Pierre et de me tourner vers une église dont la foi a été louée par Paul [ Rom 1,8 ]. Je demande la nourriture spirituelle à l’église d’où j’ai reçu le vêtement du Christ [baptême ; cf. Gal 3,27 ]. Le vaste espace de mer et de terre qui nous sépare ne peut me dissuader de rechercher « la perle de grand prix » ( Mt 13,46 ). «Où que soit le corps, là s’assembleront les aigles» ( Mt 24, 28 ). Les mauvais enfants ont dilapidé leur patrimoine; vous seuls conservez votre héritage intact. La terre fertile de Rome, quand elle reçoit la pure semence du Seigneur, porte du fruit au centuple; mais ici [à l’Est] le grain de semence est étouffé dans les sillons et il ne pousse que l’ivraie ou l’avoine [ Mt 13, 22-23 ]. A l’Ouest, le Soleil de justice [ Ml 4, 2 ] se lève déjà; à l’Est, Lucifer, tombé du ciel [ Lc 10, 18 ], a de nouveau placé son trône au-dessus des étoiles [ Es 14, 12 ]. «Vous êtes la lumière du monde» ( Mt 5, 14 ), «vous êtes le sel de la terre» ( Mt 5, 13 ), vous êtes «des vases d’or et d’argent». Ici sont des vases de bois ou de terre [ 2 Tim. 2:20 ], qui attendent la verge de fer [ Apoc. 2:27 ], et le feu éternel.

 

Le fait que Jérôme fasse appel au pape au sujet d’un conflit en Orient est en soi une indication de sa conviction que le pape détient une sorte de juridiction universelle. Notez que Jérôme croit clairement qu’en consultant le pape, il consulte « la chaire de Pierre », qu’il associe à la seule véritable Église et qu’il considère comme remarquable par sa fidélité (voir le témoignage chrétien ancien et unanime selon lequel saint Pierre a établi son trône apostolique à Rome ici ).

 

Jérôme continue (§2) :

 

Mais si ta grandeur m'effraie, ta bonté m'attire. Au prêtre j'exige la protection de la victime, au berger la protection due aux brebis.

 

En décrivant le pape comme un « berger » capable de protéger les brebis de l’Est, Jérôme reconnaît implicitement une certaine forme de juridiction universelle. Cela devient très clair dans ce qui suit :

 

Mes paroles s’adressent au successeur du pêcheur [saint Pierre], au disciple de la croix. Comme je ne suis d’autre chef que le Christ, ainsi je ne communie qu’avec votre béatitude, c’est-à-dire avec la chaire de Pierre. Car c’est là, je le sais, le roc sur lequel l’Église est bâtie [ Mt 16, 18 ] ! C’est là la maison où seule l’agneau pascal peut être mangé correctement [ Ex 12, 22 ]. C’est là l’arche de Noé, et celui qui ne s’y trouve pas périra quand le déluge prévaudra [ Gn 7, 23 ]… C’est pourquoi je suis ici les confesseurs égyptiens [catholiques expulsés par l’empereur Valens] qui partagent votre foi, et qui ancrent ma frêle embarcation à l’ombre de leurs grandes argosies [grands navires]. Je ne sais rien de Vitalis ; je rejette Mélétius ; je n’ai rien à voir avec Paulin [les prétendants rivaux au siège d’Antioche]. Qui ne rassemble pas avec vous disperse [ Mt 7, 23]. 12:30 ]; celui qui n’est pas de Christ est de l’Antéchrist.

 

Ces paroles se rapportent à la question juridictionnelle de Jérôme, à savoir : qui doit-il considérer comme faisant partie de l'Église parmi un groupe de prétendants rivaux au trône épiscopal d'Antioche ? Il croit que seul le pape peut lui fournir une réponse faisant autorité à cette question. Comme le montrent clairement le reste de ses paroles, Jérôme croit que la véritable Église est celle qui est en communion avec le successeur de Pierre, le rocher, à savoir le pape de Rome. Être en dehors de cette communion, c'est être en dehors de l'Église et du côté de l'Antéchrist.

 

Jérôme fournit ensuite plus de détails sur la controverse en question (§3) :

 

En ce moment, je suis désolé de le dire, ces ariens, les Campenses [le parti de Mélétius à Antioche, qui adorait hors de la ville], essaient d’extorquer à moi, chrétien romain, leur formule inouïe… Et cela aussi après la définition de Nicée et le décret d’Alexandrie [qui permettait d’interpréter trois hypostases de manière catholique, mais ne l’encourageait pas], auxquels l’Occident s’est rallié. Où sont, je voudrais savoir, les apôtres de ces doctrines ? Où est leur Paul, leur nouveau docteur des Gentils ?

 

Le reste du contexte indique que les hérétiques qui ont affronté Jérôme ont affirmé que les « trois hypostases » signifiaient que Dieu avait trois natures, plutôt qu’une nature en trois personnes, comme cela avait été enseigné à Nicée et dans d’autres conciles orthodoxes. Jérôme considère que de telles nouveautés sont offensantes pour « un chrétien romain », ce qu’il associe, comme nous l’avons vu, à la fidélité et à la pureté doctrinales. Le conflit tourne autour du langage ambigu que les hérétiques tentent d’utiliser contre lui.

 

Au milieu de cette controverse doctrinale, Jérôme passe à sa deuxième question, la question doctrinale, dans laquelle il fait appel au pape pour une clarification doctrinale, et fait à nouveau une affirmation remarquable qui indique une très haute vision de l'autorité papale (§4) :

 

Si vous le jugez bon, édictez un décret, et alors je n’hésiterai pas à parler des trois hypostases. Ordonnez un nouveau credo pour remplacer celui de Nicée ; et alors, que nous soyons ariens ou orthodoxes, une seule confession suffira pour nous tous… Ou bien, si vous jugez bon que je parle de trois hypostases, en expliquant ce que j’entends par elles, je suis prêt à m’y soumettre.

 

Jérôme affirme très explicitement que le pape a l'autorité de décréter un nouveau credo pour toute l'Église, et affirme qu'il se soumettrait à un tel décret. Un tel credo, émis par le pape seul, remplacerait même le credo de Nicée lui-même, comme il le déclare ouvertement. Cela contredit catégoriquement toute notion purement conciliaire de l'Église et de son autorité, et est bien plus proche de la définition de l'autorité papale promulguée par Vatican I.

 

Dans la conclusion de sa lettre, Jérôme implore une fois de plus le pape de clarifier non seulement la question doctrinale, mais aussi la question ecclésiale en question. Quelle doctrine doit-il croire et avec qui doit-il être en communion en Orient ? Il s'agit d'une question à laquelle, selon lui, seul le pape de Rome peut apporter une réponse (§5) :

 

Je vous prie donc de m’autoriser par lettre, par le Sauveur crucifié du monde et par la Trinité consubstantielle, à employer ou à refuser cette formule des trois hypostases. Je vous prie aussi de m’indiquer avec qui je dois communier à Antioche. Non, je l’espère, avec les Campenses ; car eux – et leurs alliés les hérétiques de Tarse [probablement des semi-ariens ou des Macédoniens, conduits par Silvain de Tarse] – ne désirent communier avec vous que pour prêcher avec plus d’autorité leur doctrine traditionnelle des trois hypostases.

 

Un dernier détail à noter à propos de la conclusion de Jérôme est le suivant : même les sectes hérétiques/schismatiques d’Orient ont reconnu que si elles obtenaient l’approbation papale, elles pourraient « prêcher avec une plus grande autorité ».

 

Conclusions

Nous croyons pouvoir tirer les conclusions suivantes de la lettre de saint Jérôme au saint pape Damase :

 

Jérôme croyait que la fonction papale avait été instituée directement par le Christ et représentait le « rocher » de saint Pierre dans la personne de ses successeurs.

En tant que tel, le pape de Rome, en tant que successeur direct de saint Pierre, détient la plus haute fonction dans l’Église.

Cette fonction confère au Pape une juridiction universelle sur l'Orient et l'Occident, et lui confère l'autorité de régler les questions doctrinales et ecclésiales, jusqu'à et y compris l'émission de nouveaux credos pour toute l'Église qui remplaceraient même ceux d'un concile œcuménique.

La communion avec le pape est donc essentielle pour faire partie de la seule véritable Église que le Christ a établie et qu'il a promis de protéger. Être en dehors de la communion du pape, c'est être en dehors de l'Église du Christ. Jérôme décrit la communion du pape comme le rocher sur lequel l'Église est construite ; comme l'arche de Noé qui résistera au déluge ; et comme la seule maison d'Israël dans laquelle l'agneau pascal (l'Eucharistie) peut être mangé à juste titre.

Même les sectes hérétiques/schismatiques d’Orient ont reconnu que l’approbation papale de leur enseignement leur conférait « une plus grande autorité ».

Enfin, bien que Jérôme n’affirme pas explicitement l’infaillibilité papale, une telle doctrine découlerait sans doute et nécessairement de sa croyance que la papauté est divinement établie, universelle et prééminente dans son autorité sur l’Église, et le rocher de l’Église qui ne sera jamais vaincu par l’Enfer.

 

Cf https://eternalchristendom.com/becoming-catholic/number-41/

L'évêque de Constantinople a une autorité secondaire par rapport à l'église de Rome.

 

Le canon n° 3 du concile de Constantinople 381 précise que "l'évêque de Constantinople aura la préséance d'honneur après l'évêque de Rome, puisque cette ville est la nouvelle Rome."

Saint Ambroise de Milan († 397)

 

"Là où est Pierre, il y a l’Église et là où il y a l’Église, il y a la vie éternelle."

La primauté papale au Ve siècle

 

Saint Léon le Grand (+461) :

 

‘’C’est sur le roc de cette foi confessée par S. Pierre que le Christ a bâti son Église (Cf. Mt 16,18) (S. Léon, Serm. 4,3 : PL 54, 151 ; 51,1 : PL 54, 309 B ; 62,2 : PL 350C-350A ; 83,3 : PL 54, 432A) Pierre avait confessé : ‘’Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant’’. Notre Seigneur lui répondit alors : ‘’Tu est Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les Portes de l’Hadès ne tiendrot pas contre elle’’ (Mt 16,18).

 

De la même façon Le Chist ‘’Pierre vivante’’ (1P 2,4) est fondement de l’Église car c’est bien parce que le Christ fait de Pierre une pierre de fondation qu’il peut être appelé fondement.

 

Tous les premiers chrétiens partageaient ces affirmations sans les juger contradictoires et c’est même en raison de son siège apostolique que Rome et ses évêques ont été considérés comme proéminents dans l’Église.

 

Le Christ assure à son Église bâtie sur Pierre la victoire sur les puissances de mort. Pierre en raison de la foi confessée en lui, demeurera le roc inébranlable de l’Église. Il aura mission de garder cette foi de toute défaillance et d’y affermir ses frères (Cf. Lc 22,32.)"

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