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Christ Roi

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Horloge

31 juillet 2024 3 31 /07 /juillet /2024 00:00
Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 85.

Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 85.

Un militaire

 Saint Ignace naquit en 1491 au château de Loyola, en Espagne. Il était le dernier de douze enfants, et il donna dès son bas âge des marques d'une grande vivacité d'esprit. Sa jeunesse fut celle d'un homme nourri des maximes du monde. Il fut d'abord page du roi Ferdinand V; puis il embrassa la carrière des armes. Il ne le céda en courage à personne, mais négligea complètement de vivre en chrétien, dirigé uniquement par l'orgueil et l'amour des plaisirs. De ce chevalier mondain, Dieu allait faire l'un des premiers chevaliers chrétiens de tous les âges. 



Au siège de Pampelune, un boulet de canon brisa la jambe droite du jeune officier, qui en peu de jours fut réduit à l'extrémité et reçut les derniers sacrements. Il s'endormit ensuite et crut voir en songe saint Pierre, qui lui rendait la santé en touchant sa blessure. A son réveil, il se trouva hors de danger, quoique perclus de sa jambe.



Pour se distraire, il demanda des livres; on lui apporta la Vie du Christ de Ludolphe le Chartreux (ou "de Saxe") et La Vie des Saints, La Légende dorée de Jacques de Voragine. Il les lut d'abord sans attention, puis avec une émotion profonde. Il se livra en lui un violent combat; mais enfin la grâce l'emporta, et comme des hommes de cette valeur ne font rien à demi, il devint, dans sa résolution, un grand Saint dès ce même jour. Il commença à traiter son corps avec la plus grande rigueur; il se levait toutes les nuits pour pleurer ses péchés. Une nuit, il se consacra à Jésus-Christ par l'entremise de la Sainte Vierge, refuge des pécheurs, et Lui jura une fidélité inviolable. Une autre nuit, Marie lui apparut environnée de lumière, tenant en Ses bras l'Enfant Jésus.

Saint Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus

Rédacteur des "Exercices Spirituels"

Peu après, Ignace fit une confession générale et se retira à Manrèze dans une grotte écarlate, pour s'y livrer à des austérités qui n'ont guère d'exemple que dans la vie des plus célèbres anachorètes: vivant d'aumônes, jeûnant au pain et à l'eau, portant le cilice, il demeurait tous les jours six ou sept heures à genoux en oraison.

 

Le démon fit en vain des efforts étonnants pour le décourager. C'est dans cette solitude qu'il composa ses Exercices spirituels, l'un des livres les plus sublimes qui aient été écrits par la main des hommes. "Exercices, dit le sous-titre, pour amener l'homme à se vaincre, à se dégager de toute affection désordonnée, à se faire une vie chrétienne". Un tel programme est exactement celui que tout baptisé doit se proposer, et il est bien vrai que n'importe qui, pourvu qu'il soit croyant, trouve dans les Exercices de quoi alimenter sa vie religieuse, l'aider à se mieux connaître et à régir son âme. Saint François de Sales, dans son Traité de l'amour de Dieu (1616), conseillera aux évêques, aux prêtres et religieux de les utiliser.

"Ignace se place, dans le prolongement du Connais toi toi-même de l'Imitation de Jésus-Christ." (Pierre Chaunu, Église, Culture et Société, Essais sur Réforme et Contre-Réforme 1517-1620, S.E.D.E.S, Paris 1981, p. 390.)

Saint Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus

Fondateur de la Compagnie de Jésus (Jésuites)

Passons sous silence son pèlerinage en Terre Sainte et différents faits merveilleux de sa vie, pour rappeler celui qui en est de beaucoup le plus important, la fondation de la Compagnie de Jésus (1534), que l'on pourrait appeler la chevalerie du Christ et le boulevard de la chrétienté. Cette fondation est assurément l'une des plus grandes gloires de l'Église catholique; sciences profanes et sciences sacrées, enseignement, apostolat, rien ne devait être étranger à la Compagnie d'Ignace. Les vertus du fondateur égalaient ses grandes oeuvres; elles avaient toutes pour inspiratrice cette devise digne de lui: Ad majorem Dei gloriam! "A la plus grande gloire de Dieu!".
Il s'associa neuf compagnons, qui firent avec lui le voeu de renoncer à tout pour travailler au salut des âmes. Aucune bonne oeuvre n'étrangère à cet institut. Ses membres s'occupent aux missions, à la visite des malades et des prisonniers. Ils ont pour but principal d'instruire la jeunesse dans les sciences et dans la piété, et d'aller prêcher en quelque lieu qu'il plaira au pape de les envoyer.

 

D'une grande indulgence envers les hérétiques

"Ignace de Loyola écrit dès les années 1530, ..., dans l'avis préalable de ses Exercices Spirituels, que le chrétien doit être plutôt disposé à sauver une proposition de son prochain qu'à la condamner. Vingt ans plus tard il donne aux religieux de sa Compagnie de Jésus cette directive : 'En classe comme en chaire [...], ils ne démontreront la fausseté des principes de nos adversaires que la le simple exposé de notre croyance. Que jamais, une parole d'injure ne soit sur leurs lèvres, et qu'ils ne témoignent aucune indignation envers les hérétiques.'" [6]

 

"Cet homme que si souvent, on représentera dur, rigide, impitoyable, lorsqu'il veut résumer en trois lignes toute sa doctrine - comme c'est le cas dans une lettre aux scolastiques de Coïmbre -, il ne parle ni de discipline, ni de crainte sacrée de Dieu, mais il dit simplement : "Par-dessus tout, je voudrais exciter en vous le pur amour de Jésus-Christ, le désir de son honneur et celui du salut des âmes qui furent rachetées par lui." [7] 

 

Le saint fondateur mourut en 1556.

 

PRATIQUE. Faites toutes vos actions pour la plus grande gloire de Dieu.

 

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Saint Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus

Extrait des Exercices spirituels : Les Deux Etendards 
 

Quatrième jour : LES DEUX ETENDARDS

Méditation de deux étendards : l'un de Jésus-Christ, notre chef souverain et notre Seigneur ; l'autre de Lucifer, ennemi mortel de la nature humaine.

136 ‹ L'oraison préparatoire est toujours la même.

137 ‹ Le premier prélude consiste à se rappeler le fait historique de la méditation. Ici c'est, d'un côté, Jésus-Christ qui appelle tous les hommes et veut les réunir sous son étendard ; de l'autre, c'est Lucifer qui les appelle sous le sien.

138 ‹ Le second prélude est la composition de lieu. Ici, on se représentera une vaste plaine près de Jérusalem, au milieu de laquelle se trouve Notre Seigneur Jésus-Christ, chef souverain de tous les hommes vertueux, et une autre plaine près de Babylone, où est Lucifer, le chef des ennemis.

139 ‹ Le troisième prélude consiste à demander ce que je veux obtenir. Dans cet exercice ce sera, premièrement, la connaissance des ruses du chef des méchants et le secours dont j'ai besoin pour m'en défendre ; secondement, la connaissance de la véritable vie, qui nous est montrée par le chef souverain et légitime, et la grâce nécessaire pour l'imiter.

Première partie :

140 ‹ Dans le premier point, je me représenterai le chef du parti ennemi dans cette vaste campagne de Babylone, assis dans une chaire élevée, toute de feu et de fumée, sous des traits horribles et d'un aspect épouvantable.

141 ‹ Dans le second point, je considérerai comment il appelle autour de lui des démons innombrables ; comme il les répand, les uns dans une ville, les autres dans une autre, et ainsi dans tout l'univers, n'oubliant aucune province, aucune condition, aucun lieu, aucune personne en particulier.

142 ‹ Dans le troisième point, j'écouterai le discours qu'il leur adresse, comme il leur ordonne avec menaces de jeter des filets et des chaînes. Ils doivent tenter les hommes, en leur inspirant d'abord le désir des richesses, comme il fait le plus souvent lui-même, afin de les conduire plus facilement à l'amour du vain honneur du monde, et de là à un orgueil sans bornes.. Suite

 

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Expansion de la Compagnie de Jésus et conceptions

 

La Compagnie de Jésus témoigna en Europe et plus encore en Asie ou en Amérique d'un respect pour les peuples et leurs cultures qui n'avait d'égal nulle part ailleurs.

 

En 1541, saint François-Xavier s'embarquait pour les Indes.

 

En 1548, les jésuites débarquait au Maroc.

 

En 1549, ils s'installaient au Brésil.

 

En 1555, Jules III désignait plusieurs pères pour aller créer une hiérarchie catholique en Ethiopie. Ignace de Loyola leur conseillait de se faire éthiopiens avec les Ethiopiens.

 

Au Japon

 

En 1563, quinze ans après le départ de François-Xavier, la communauté catholique japonaise comptait 150 000 membres.

 

En Chine

 

Quand les jésuites pénètrent pour la première fois en Chine à la fin du XVIème siècle ils découvrent une civilisation en pointe dans l'observation du ciel et la conception de calendriers. 

 

Après une premier voyage de François-Xavier en Chine au milieu du XVIe siècle, en 1582, les pères Ruggieri et Ricci arrivaient en Chine à Macao. Ils gagnent Nankin puis Pékin, possèdent une vaste culture encyclopédique; ils sont à l'avant-garde de leur époque pour les connaissances mathématiques, astronomiques et cosmologiques. Ils parlent et écrivent le chinois. Ils se sont rendus compte de la valeur humaine du confucianisme, religion de l'empereur et de l'élite du pays. Ils s'efforcent d'intégrer au christianisme un certain nombre de concepts confucéens de telle sorte que la révélation chrétienne puisse devenir une réalité intellectuelle pour cette élite.

Étudier les étoiles nous rapproche un peu plus de Dieu.

Matteo Ricci

Portrait de Matteo Ricci par le frère chinois Emmanuel Pereira

Portrait de Matteo Ricci par le frère chinois Emmanuel Pereira

Demeuré seul Ricci s'avance très loin dans cette voie, particulièrement dans le domaine de la liturgie qui est par excellence celui des symboles. Ayant adopté un nom chinois, il s'habille à la manière des mandarins dont il respecte strictement les usages.

Lui et un de ses compagnons jésuites, Michele Ruggieri, s'habillent d'abord en moines bouddhistes, puisqu'ils sont religieux, mais adoptent plus tard le vêtement des lettrés, ayant appris que les bonzes étaient généralement incultes et mal considéré. (Philippe Oswald, Ce jésuite qui ouvrit les portes de la Chine, Famille chrétienne no 1686, 8-14 mai 2010) 

 

Pour les Chinois d'autrefois, le temps avait une signification particulière. Ils voulaient faire chaque chose au moment approprié. Ils pensaient que ce moment approprié était déterminé par le rythme de la nature. Pendant la dynastie Ming, pour asseoir, la légitimité impériale, l'empereur était proclamé "fils du ciel". Il représentait le peuple devant le ciel et le ciel devant le peuple. Il était donc l'intermédiaire entre le peuple et le ciel. Le pouvoir suprême de l'empereur provenait naturellement du pouvoir de la guerre, de la conquête d'un territoire ou d'un pays, mais une fois cela accompli, s'il voulait devenir un souverain légitime, il devait être investi du "mandat du ciel".

 

Matteo Ricci et son ami mandarin, Xu Guangqi

 

Le calcul du temps et du calendrier était la prérogative de l'empereur. Le soleil symbolisant l'empereur, la prévision des éclipses de soleil était essentielle. 

 

Matteo Ricci fut formé à Rome au Collège romain et eut comme professeur le mathématicien et astronome, le jésuite allemand Christophe Clavius, surnommé l'"Euclide du XVIe siècle", qui fut à l'origine du calendrier grégorien, nouveau calendrier qui corrigeait l'erreur du calendrier Julien (1582).

  

Au cours de son périple, Matteo Ricci découvre par hasard l'ancien observatoire de Nankin, avec ses étonnants instruments astronomiques. Dans son journal, il note : "J'ai découvert quelque chose qui dépassait tout ce que je pouvais imaginer." Les instruments chinois utilisaient un système de coordonnées équatoriales, alors qu'en Europe, depuis la Grèce antique jusqu'au XVIe siècle, les astronomes ont toujours utilisé le système de coordonnées écliptiques. "Observer le ciel au moyen de l'écliptique, c'est se référer à la trajectoire du soleil, mais les calculs sont moins précis alors qu'il est plus simple de se référer à l'Equateur pour déterminer la position des corps célestes. Je ne pouvais pas imaginer que la Chine avait un système astronomique si complet", écrit Matteo Ricci dans son journal.

 

Système de coordonnées écliptiques

Après 20 ans d'activité missionnaire, Matteo Ricci arrivait enfin aux portes de la capitale Pékin, aux portes de la Cité interdite (1601). Il se rendit compte que les Chinois étaient intéressés par tout ce qui concerne les sciences mathématiques et en particulier l'astronomie, qui était une activité officielle organisée par l'État. Les astronomes étaient des fonctionnaires qui faisaient partie intégrante de la bureaucratie. Il comprit vite que l'art de mesurer le temps et de prévoir les phénomènes célestes, notamment les éclipses lunaires et solaires, était aux sources de l'autorité impériale. Lorsqu'il y avait des erreurs de prévision dans le calcul d'une éclipse de soleil ou de lune, cela indiquait qu'il y avait un problème de gouvernement du pays. L'empereur devait faire son examen de conscience et revoir sa politique. 

Certains ne comprennent pas pourquoi nos missionnaires doivent parler de science et de mathématiques avec les Chinois, mais si nous voulons que les Chinois s'intéressent à nos enseignements religieux, le meilleur moyen est de leur donner de la science avec de la religion. Cela retient mieux leur attention que tout le reste, et ils voient que notre science est construite sur des preuves solides. C'est ce qui leur fait penser que notre religion doit être aussi bien fondée.

Matteo Ricci, cité dans le documentaire "Chine, l'empire du temps (1/2) Les jésuites à la conquête de la Cité interdite"

 

Quand Ricci est arrivé en Chine, depuis des années les calendriers officiels traversaient une crise et il y avait eu plusieurs tentatives de réforme infructueuses. Ricci, qui n'était pas lui-même un spécialiste, a donc adressé une lettre à Rome pour demander que soient envoyés en Chine des jésuites qui soient formés en astronomie : "Je répète avec insistance une requête que j'ai déjà formulée et qui est restée sans réponse. Il serait très bénéfique d'avoir à la cour de Pékin un père ou un frère qui soit astronome. Je connais suffisamment l'astronomie, l'horlogerie, et les astrolabes, et j'ai les ouvrages nécessaires. Mais les Chinois attachent moins d'importance à ces sciences qu'au mouvement des planètes, au calcul des éclipses, et en fait, au calendrier. J'espère que vous traiterez de cette question qui est de la plus haute importance pour la Chine avec le père général." (Lettre au Pape Paul V, 1607)

 

Mappemonde de Matteo Ricci

Ricci dessina des mappemondes qui firent connaître aux Chinois le reste du monde, traduisit en chinois des livres de philosophie, de mathématiques et d'astronomie. Sa rencontre avec les proches de l'empereur fut à l'origine de l'essor de l'horlogerie moderne en Chine. 

 

Le lettré mathématicien et astronome Xu Guangqi dont Ricci devint grand ami, se convertit au christianisme et fut baptisé en 1603 sous le nom de Paul. Il traduira en chinois de nombreux ouvrages scientifiques occidentaux, principalement en astronomie et mathématiques (notamment les Éléments d'Euclide). 

 

Les ouvrages de Ricci aidèrent à faire progresser la cartographie chinoise, participant à la popularisation de la représentation de la Terre comme étant une sphère. [Timothy Brook (trad. Odile Demange), Sous l’œil des dragons : La Chine des dynasties Yuan et Ming, Paris, Payot, 2012, p. 233-237]

La chaine Arte diffuse ces jours-ci un documentaire sur les Jésuites en Chine, intitulé "Chine : L'empire du temps". S'appuyant sur des reconstitutions historiques soignées, cet éclairant documentaire-fiction bénéficie d'un accès sans précédent à de nombreux laboratoires et installations astronomiques chinois comme le FAST, le plus grand radiotélescope du monde, mis en service en 2016. 

 

Ce documentaire est visible en rediffusion sur le site d'Arte du 28 juillet 2018 au 05 août.

 

Bande-annonce: 

Chine, l'empire du temps (1/2) Les jésuites à la conquête de la Cité interdite :

En 1610, année de la mort de Matteo Ricci, le Bureau astronomique impérial à Pékin échoue à prévoir convenablement une éclipse de très forte magnitude. Être capable de prévoir une éclipse était le test suprême d'un système astronomique en Chine, et le plus difficile était de prédire une éclipse de soleil. Après cet échec, il devint vital pour l'empereur de lancer une nouvelle réforme du calendrier

 

Les connaissances scientifiques et techniques en astronomie et en horlogerie de Matteo Ricci lui valurent les faveurs de l'empereur et une influence si grande à la cour que lorsqu'il mourut en 1610 à Pékin, on lui fit des funérailles nationales. Il fut inhumé avec une permission spéciale de l'empereur, à proximité de la Cité interdite (palais impérial à Pékin des dynasties Ming et Qing). 

 

Son travail et ses activités ont toujours eu une perspective d'évangélisation en profondeur, même s'il n'a pas cherché à baptiser en masse. On estime à 2 500 le nombre de chrétiens chinois à sa mort. Et 9 des 18 jésuites œuvrant en Chine étaient chinois.

 

Ricci est considéré comme le fondateur de l'Église chinoise. Aujourd'hui, au "Millennium Center" de Pékin, le bas-relief consacré à l'histoire de la Chine ne comporte que deux étrangers, tous deux italiens : Marco Polo à la cour de Kubilaï Khan et Matteo Ricci scrutant le ciel et habillé comme un mandarin confucéen.

 

Dans la religion populaire chinoise, Matteo Ricci est vénéré comme maître des horloges et protecteur des horlogers. Sa cause en béatification est maintenant étudiée à Rome par la Congrégation pour la Cause des Saints.

 

Les successeurs jésuites de Ricci en Chine eurent la même ligne de conduite. En 1626, le jésuite allemand Johann Adam Schall von Bell écrivit le premier traité chinois sur le télescope, le Yuanjingshuo.

 

Les idées de Johannes Kepler et de Galilée pénétrèrent lentement en Chine grâce au jésuite polonais Michał Piotr Boym (1612–1659) en 1627 et au traité d'Adam Schall von Bell en 1640. Les travaux de Boym incluront une traduction du texte se trouvant sur la stèle nestorienne découverte dans Sian (Xi'an) en 1625, qui témoigne de la présence du christianisme nestorien dans la Chine du VIIIe siècle. Cette traduction est publiée dans le China illustrata d'Athanasius Kircher.

 

La "méthode Ricci" se caractérisait par quatre principes directeurs : une politique d'ajustement ou d'adaptation à la culture chinoise; la propagation de la Foi et l'évangélisation par "le haut" : les jésuites s'adressent à l'élite instruite; la propagation indirecte de la Foi : l'exposé des sciences et techniques européennes doit attirer l'attention des chinois instruits et les persuader du degré d'avancement de la civilisation européenne; l'ouverture aux valeurs chinoises et la tolérance à leur égard : Ricci considère qu'il côtoie une société aux hautes valeurs morales, pour laquelle il éprouve une profonde admiration. Suivant la tradition humaniste, il estime que Confucius (552-479 av J.-C.) est tout à fait comparable à "un autre Sénèque". Il plaide pour un retour au confucianisme initial qu'il considère comme une philosophie fondée sur la loi naturelle et qui contient l'idée de Dieu. Enfin, il adopte une attitude de tolérance envers les rites confucéens tels que le culte des ancêtres ou la vénération de Confucius, considérés comme des "rites civils".

 

Pour calculer l'éclipse de 1629, Xu Guangqi collabore avec Johann Schreck, un jésuite astronome allemand envoyé par Rome et ami de Galilée. À la suite de cette éclipse, l'empereur Chongzhen (1627-1644) - dernier empereur de la dynastie Ming, renversé par une révolte qui amena au pouvoir la dynastie mandchoue Qing - approuva les résultats obtenus par Xu Guangqi grâce aux méthodes occidentales, et confia à Xu Guangqi la réforme du calendrier.

Sur le moment du calcul de l'éclipse, les Chinois étaient à une minute et les européens à quinze minutes, mais la magnitude calculée par les Européens était plus précise. Ce n'était pas la compétence des Chinois qui était en cause, mais leur système. Les Européens les aidèrent à le corriger. 

 

Xu Guangqi fit venir à Pékin deux missionnaires, l'allemand Johann Adam Schall von Bell (1592-1666) et le jésuite italien Giacomo Rho (1593-1638), qui commencèrent la rédaction du nouveau calendrier selon la méthode occidentale. Ce sont eux qui ont jouèrent le rôle le plus important dans la réforme du calendrier chinois. Après le renversement de la dynastie Ming en 1644, Adam Schall von Bell ne put se résoudre à voir réduit à néant le travail accompli depuis l'arrivée de Matteo Ricci. Il décida de rester à Pékin.

Chine, l'empire du temps (2/2) Le procès des jésuites :

Bien que les Mandchous aient eu une armée très puissante et qu'ils aient vaincu les Ming, culturellement ils étaient relativement en retard. Pour régner sur un grand pays comme la Chine, ils devaient assurer la continuité de certaines choses, comme le confucianisme et l'idée de "mandat du ciel".

 

Une éclipse du soleil fut annoncée pour le 1er septembre 1644; le nouveau pouvoir eut besoin d'une prévision fiable. Schall y vit l'occasion de relancer la mission des jésuites en Chine. Il écrivit à l'empereur : "Votre sujet, soumet à votre grandeur, des prédictions concernant une éclipse de soleil, qui aura lieu le premier jour du huitième mois, calculée selon la nouvelle méthode occidentale. [...] Les données ayant servi à cette prédiction sont dans la présente lettre. Votre sujet prie humblement votre grandeur de publier un décret pour que le ministère des rites examine publiquement la précision de cette prédiction de l'éclipse de soleil." Le régent Dorgon, durant la minorité du nouvel empereur, accorda la permission. Pour cette éclipse, comme pour toutes les autres éclipses, un fonctionnaire du Bureau astronomique impérial surveillait les observations. Von Bell fut déclaré vainqueur. La méthode chinoise fut moins précise. L'erreur maximale de la méthode occidentale était de 9 minutes, alors qu'elle se situait entre 21 et 30 minutes pour la méthode chinoise. L'observation prouva que la méthode occidentale était plus précise et que les méthodes chinoises lui étaient nettement inférieures. Schall von Bell se vit offrir la direction du Bureau impérial d'astronomie. Pour la première fois dans les missions jésuites, un missionnaire occupait un poste au sein du mandarinat chinois. Quelques années plus tard, pour obéir à l'ordre de l'empereur, Adam Schall introduisit le système selon le calendrier occidental.

 

Lorsque en 1650 à la mort du régent Dorgon, le jeune empereur mandchou Shunzhi, accéda au trône, il était très lié à Adam Schall depuis sa tendre enfance, et l'appelait grand-père.

 

Schall enseignait que la terre était sphérique, ce qui lui valut les pamphlets de Yang Guangxian, un chinois musulman confucéen, à la tête du Bureau de l'astronomie de 1665 à 1669. Il abandonna le calendrier occidental pour revenir au calendrier chinois : "Schall dit que la terre est sphérique. Ceux qui vivent dans l'hémisphère supérieur se tiendraient debout, donc à l'opposé de ceux qui vivent dans l'hémisphère inférieur. Comment des gens pourraient être la tête en bas ? Je n'ai entendu parler que de gens qui se tiennent debout, jamais de gens qui se tiendraient horizontalement ou la tête en bas.

 

Plus grave, Yang Guangxian soutint que Adam Schall était responsable de la mort du régent Dogon, en choisissant un jour défavorable pour l'enterrement de son fils en 1658. En avril 1665, Schall et sept de ses assistants chinois, accusés de sédition, furent reconnus coupables et condamnés à mort. Lors du procès, Verbiest, répondant pour Schall, alors malade, déclara: "Si nous étions des traîtres, nous aurions un appui militaire et un arsenal, mais où sont ces forces ? Où sont ces armes ? Nous avons toujours conseillé au peuple de vénérer l'empereur et de respecter la loi. C'est un non-sens absolu que de nous qualifier d'agitateurs."

 

Finalement, seulement cinq chinois chrétiens furent exécutés: tous les missionnaires chrétiens furent exilés à Macao, seulement quatre jésuites restant à Pékin. Adam Schall, mort en 1666, ne vécut pas assez longtemps pour voir l'interdiction levée en 1671. En 1668, Yang Guangxian fut démis de son poste et remplacé par le collaborateur de Schall von Bell, le jésuite flamand Ferdinand Verbiest, parce qu'il ne put pas produire un calendrier valide lors d'une compétition avec les astronomes jésuites.

 

Le Pere Ferdinand Verbiest.gifEn cette année 1668 en effet, Kangxi, fils de Shunzhi, devenu officiellement empereur à l'âge de quatorze ans, trouva des moyens pour renforcer son pouvoir: l'astronomie. Il demanda aux jésuites de vérifier le calendrier qui devait être publié l'année suivante. On alla donc chercher le collaborateur de Schall, Ferdinand Verbiest. Sa réponse fut que le calendrier était truffé d'erreurs et qu'il avait de solides éléments pour le prouver. L'empereur décida qu'il ne voulait plus jamais voir de chose aussi honteuse à sa cour dans un domaine qui avait autant de conséquences. En 1669, Kangxi nomma Ferdinand Verbiest à la tête du Bureau de l'astronomie pour garder le contrôle sur le calendrier. Verbiest devint le nouveau président du tribunal mathématique. C'est lui qui modernisa l'observatoire de Pékin et fit traduire en chinois saint Thomas d'Aquin.

 

Sur les instruments astronomiques fabriqués par Verbiest en 1673 - 1674 et conservés à Pékin, en dépit de leur caractère occidental, on relève des motifs de dragons et phénix, symboles du pouvoir impérial. On a donc une union entre l'astronomie avancée de l'Occident et le pouvoir de l'empereur Kangxi. Ces instruments symbolisent ces deux dimensions. Verbiest devint l'ami de Kangxi, à qui il enseigna la géométrie. Mort en 1688, Verbiest sera enterré près de ses prédécesseurs Matteo Ricci et Adam Schall.

 

L'affaire précédente contre les Jésuites fut réexaminée et toutes les conclusions furent inversées. 

 

Les jésuites brilleront également en médecine et obtiendront en 1692, après avoir guéri l'empereur Kang Hsi avec de l'écorce de quinquina ("l'écorce des jésuites"), l'autorisation de prêcher publiquement dans tout le pays.

 

Vers 1700, il y avait plus de 300 000 Chinois baptisés et l'embryon d'un clergé indigène. Cela marque un échange unique et sans précédent de connaissances scientifiques entre deux civilisations, unique parce qu'il s'est déroulé sur un pied d'égalité.

 

Le 29 septembre 2016, la Chine a inauguré le FAST, le plus grand radiotélescope du monde. À la différence d'un télescope traditionnel qui reçoit de la lumière visible, le radiotélescope reçoit des signaux radios de l'espace comme le rythme impulsé par un pulsar et en déduire les micro-variations de cet astre dans l'univers. Et si l'on traduit le pulsar en son, cela ressemble au battement du coeur, très régulier. C'est même plus stable qu'une horloge atomique. Ici, les Chinois ont installé une scène parfaite pour les scientifiques. Bientôt ils pourront y réaliser leur projet et montrer leur talent.

 

Aux Indes entre 1606 et 1656

Robert de Nobili, missionnaire jésuite parmi les brahmes d'Inde du Sud

Robert de Nobili, missionnaire jésuite parmi les brahmes d'Inde du Sud

Roberto de Nobili (1577-1656) était admis à Maduré dans la caste supérieure des brahmanes. Connaissant le sanskrit et le tamoul, il abandonna jusqu'à son nom pour se faire appeler Tatuva Podapar Suami, "le maître des 96 perfections du sage".

 

En 1609, 70 brahmanes de la province se convertirent au catholicisme sans avoir le sentiment d'être infidèles à l'enseignement des vedas ni renoncer à leurs pratiques rituelles (bains, encensement au santal, etc.)

 

A Lisbonne, le tribunal de l'Inquisition saisi de l'affaire par les adversaires de la Compagnie, donna raison à de Nobili.

Le pape Grégoire XV confirma le jugement et décida qu'il y aurait désormais plusieurs rites (c'est par impropriété de terme qu'on les a qualifiés de "rites malabars" au lieu de rites de Maduré).

 

Malheureusement, en 1780 en Chine, à la mort du père Martial Cibot, l'un des derniers jésuites qui survécurent quelques années en Chine après la destruction de leur ordre en 1773, la pénétration du christianisme avait été totalement interrompue dans les milieux lettrés du fait de l'interdiction par Rome en 1739 des rites locaux indiens malabars et chinois quelques années plus tard.

 

Il faudra attendre 1942 pour que Pie XII, se référant explicitement à l'autorisation de Paul V en 1615, permît à nouveau de célébrer la messe en langue littéraire chinoise !

 

Actuellement les contacts de la Compagnie de Jésus avec la Chine continentale restent sporadiques.

 

Au Paraguay et en Uruguay, entre 1600 et 1725

 

La confusion est complète entre les pouvoirs religieux et civil. La politique est en fait dirigée de Madrid par le Conseil des Indes. La confusion du spirituel et du temporel, grave dans son principe et dans ses effets, recèle néanmoins ici quelques avantages. Les jésuites, en effet, ont reçu de Madrid la charge d'administrer les régions que n'habitaient pas encore les Blancs. Ils y jouissaient d'une large autonomie à laquelle ils devraient bientôt renoncer si les colons espagnols s'installaient. Or l'expérience leur montra les conséquences fâcheuses du contact entre indigènes et colons. Ces derniers, par leur racisme et leur avidité au gain, donnaient le plus mauvais exemple et ne provoquaient que ressentiment. Tout poussa donc ces évangélisateurs à perpétuer un isolement si favorable à leur dessein. Ainsi fondent-ils en 1610 le tout premier village chrétien composé uniquement d'Indiens guaranis, la "réduction" de Saint-Ignace.

 

En 1700, il y aura trente réductions d'environ 3000 à 4000 habitants. Ces villages où les Européens n'étaient donc pas admis étaient tous constitués sur le même modèle: l'église et la résidence des pères était construite au centre; autour étaient installées l'école et les bâtiments sociaux, puis venait le cercle des habitations (une par famille), enfin, à la périphérie, il y avait les ateliers. Au-delà, les terres labourables étaient propriété collective. Le maire, indigène, était élu par les habitants. La justice était rendue par les jésuites, la peine la plus grave étant l'expulsion du village. Ces petites républiques guaranis formaient un véritable Etat jésuite, à la fois collectiviste et théocratique. Elles prospérèrent jusqu'au jour où un accord conclu entre l'Espagne et le Portugal fera passer treize des plus importantes réductions sous l'autorité fort peu libérale du gouvernement de Lisbonne. La rébellion indienne qui suivra l'emprise maladroite des fonctionnaires portugais sera imputée aux jésuites. Quant aux réductions demeurées sous la tutelle espagnole, elles tomberont après la dissolution de la Compagnie de Jésus en des mains peu scrupuleuses qui les exploiteront sans vergogne et l'aventure se terminera misérablement.

Les jésuites partirent en mission également en Turquie, au Moyen-Orient.

Au Canada et en Amérique du Nord de 1634 à 1760

 

C'est notamment les Saints Martyrs Canadiens, missionaires († 1642/1649), Jean de Brébeuf, Isaac Jogues, Gabriel Lalemant, Charles Garnier, Antoine Daniel, Noël Chabanel, René Goupil, Jean de la Lande, Patrons du Canada.

 

La Compagnie utilisait les cultures locales pour donner à l'Evangile et à la foi un support, une expression, un langage qui soient compris des populations. Cet effort pour intégrer au christianisme des civilisations exotiques (que reprend saint François-Xavier) avait été jadis celui de l'Eglise palestinienne à l'égard de Rome ou celui des premiers évangélisateurs de la Gaule, saint Martin, saint Hilaire qui firent construire des lieux de culte catholiques sur d'anciens sanctuaires druidiques.

 

Au XVIe siècle, la Compagnie de Jésus arrivait dans un contexte où les conceptions luthérienne et calvinienne du péché originel faisaient prévaloir l'idée que la faute initiale de l'humanité avait totalement détruit dans l'homme la faculté du libre arbitre et vicié toutes ses entreprises à la base.

 

Luther affirmait que nul homme ne pouvait être "juste" aux yeux de Dieu. Même baptisé et élu, disait-il, un chrétien conserve sa tare fondamentale de pécheur. Au contraire de cette position, les Jésuites (Jacques LainezAlfonso Salmeron) affirmaient que la faute du péché originel n'avait pas complétement détruit dans l'homme la faculté du libre arbitre et que les mérites du Christ et son amour pouvaient apporter cette "justification inhérente" qui permet d'espérer une pleine participation à la divinité du Fils. Sous l'influence directe de saint Ignace de Loyola, l'humanité recevait une promesse inouïe de divinisation par la voie même du Concile de Trente (1542-1563) qui proclama que tout homme, fût-il non baptisé, avait la possibilité d'agir sans déplaire à Dieu.

Jacques Lainez (1512-1565) - Jacques Lainez, deuxième Supérieur Général des Jésuites

Jacques Lainez (1512-1565) - Jacques Lainez, deuxième Supérieur Général des Jésuites

Pendant le Concile de Trente, de Lainez et Salmeron au belge Lessius en 1587, et aux espagnols Molina, Banez ou Escobar, cible préférée de Pascal, les jésuites s'efforcèrent d'affirmer la prééminence de la liberté humaine contre des doctrines, souvent défendues par l'ordre rival des Dominicains, qui tendaient à subordonner au bon vouloir divin l'exercice du libre arbitre humain. Ces débats nous font maintenant l'impression d'un dialogue de sourds car les interlocuteurs ne parlaient pas de la même chose. Les jésuites, bien entendu, ne mettaient pas en question la toute-puissance de Dieu comme on les en accusait, ni le "néant" de la créature réduite à elle-même. Ils se contentaient de reconnaître implicitement ce qu'admettent aujourd'hui la plupart des théologiens, à savoir que cette toute-puissance ne s'exerce que dans le sens de l'Amour infini. L'homme, certes, ne peut se sauver que par la grâce de Dieu, mais cette grâce ne lui est jamais refusée. Dans le mécanisme du salut, c'est donc la volonté de l'homme qui est "souveraine" : elle, seule, peut faire obstacle à un Dieu qui ne se refuse pas (en enfer, il n'y a que des volontaires, pourrait-on résumer).

 

La doctrine inverse (défendue par les protestants et les jansénistes), qui subordonnait au bon vouloir divin l'exercice du libre arbitre aurait pu être le rappel d'une vérité évidente dans l'ordre de l'ontologie. Mais elle n'avait de sens que si elle supposait un Dieu qui ne veut pas le salut de tous les hommes. La logique de cette doctrine conduira les jansénistes à défendre contre les jésuites la thèse de la prédestination.

 

Les conceptions jansénistes ne pouvaient être que méfiantes, voire hostile à l'égard des cultures locales et profanes alors que les conceptions jésuites sur le libre arbitre et la "justification" portaient la marque foncièrement prophétique, accueillante et optimiste de la Compagnie de Jésus. Cette porte ouverte sur l'humanité non chrétienne permit à la Compagnie d'adopter des coutumes, des symboles et même des liturgies que l'on considérait jusqu'alors comme païennes, c'est-à-dire foncièrement mauvaises.

 

Cette audace lui fit adopter (dans la liturgie) les langues et les coutumes exotiques de ces peuples et qu'elle appliqua à la confession pour l'appréciation des cas de conscience (casuistique) faillit lui coûter la vie. En 1773, le pape Clément XIV, cédant à la pression des Bourbons de France, d'Espagne et de Naples, décidera de suspendre ses activités pour des motifs qui n'avaient rien à voir avec la Foi (voir plus bas).

 

Pendant plus de deux siècles, le jansénisme a profondément marqué le catholicisme français. Son rigorisme a été repris et adopté par le clergé qui a écarté des sacrements une grande partie des croyants et arraché de leur esprit la figure du Christ miséricordieux au profit d'un Dieu vengeur. La confession a été le lieu de ce véritable drame qui a éloigné les uns de la religion et a stérilement culpabilisé les autres. La question du délai ou du refus de l'absolution a constitué l'enjeu de ce que l'on a appelé improprement la querelle du laxisme; des millions d'hommes et de femmes en ont été les victimes.

 

C'est l'assemblée du clergé dominée par Bossuet et réunie à Saint-Germain-en-Laye, qui, en 1700, orienta l'Eglise gallicane vers un rigorisme qui, sur le plan de la fréquentation des sacrements, n'avait rien à envier à celui de Port-Royal. Bossuet, tout en rejetant la doctrine janséniste, n'hésitait pas à en approuver la rigueur envers les pécheurs. Si le régime de l'absolution refusée, ou différée (quelques fois pendant plusieurs années) s'est implanté, c'est à lui et à l'assemblée de clergé gallican qu'on le doit. Sous leur influence, les évêques de France et les confesseurs refuseront l'absolution à des pécheurs repentants et "en progrès", parce que la sincérité de leur contrition n'est pas certaine. Le délai d'absolution était encore recommandé par les manuels des séminaires au milieu du XIXe siècle. On devra attendre 1832 et la publication par l'abbé Thomas Gousset (futur cardinal) d'une Justification de la Théologie morale de saint Alphonse de Liguori (fondateur de l'ordre des Rédemptoristes) pour que le clergé de France commence à en revenir à une tradition évangélique, qui se matérialisera plus tard dans la recommandation de la pratique fréquente de l'Eucharistie. C'est Thomas Gousset, alors prefesseur au séminaire de Besançon, qui s'attaquera d'une manière décisive aux doctrines rigoristes et permettra leur reflux. C'est aux pécheurs récidivistes les plus enfoncés dans leurs faiblesses qu'il faut rendre facile l'accès à la confession, un "aliment pour les faibles" dira le pape jésuite François dans son Exhortation évangélique Evangelii Gaudium, n°47 (sur le fondement de saint Ambroise, De sacramentis, IV, 6, 28 : PL 16, 464 ; SC 25, 87 : « Je dois toujours le recevoir pour que toujours il remette mes péchés. Moi qui pèche toujours, je dois avoir toujours un remède » ; IV, 5, 24 : PL 16, 463 ; SC 25, 116 : « Celui qui a mangé la manne est mort ; celui qui aura mangé ce corps obtiendra la rémission de ses péchés ». saint Cyrille d’Alexandrie, In Joh. Evang. IV, 2 : PG 73, 584-585 : « Je me suis examiné et je me suis reconnu indigne. À ceux qui parlent ainsi je dis : et quand serez-vous dignes ? Quand vous présenterez-vous alors devant le Christ ? Et si vos péchés vous empêchent de vous approcher et si vous ne cessez jamais de tomber – qui connaît ses délits ?, dit le psaume – demeurerez-vous sans prendre part à la sanctification qui vivifie pour l’éternité ?). Au XIXe siècle, le point de vue de saint Alphonse de Liguori et du cardinal Gousset était celui des jésuites au XVIIe. Il allait exactement à l'encontre de la morale janséniste et gallicane du clergé français. C'était la faculté pour le confesseur de tenir compte des situations; de ne pas décourager le repentir par une exigence qui serait conforme aux principes moraux, mais inapplicable. C'est faire confiance au discernement humain et à la miséricorde divine; en deux mots : à la raison et à la grâce. Cette voie était celle d'Ignace de Loyola et ce sera l'un des mérites des jésuites que d'avoir contribué à la rouvrir à la suite d'Alphonse de Liguori et contre l'école des moralistes religieux français du XVIIIe siècle.

 

Leurs adversaires au XVIIe siècle trouvèrent en Blaise Pascal un polémiste de génie qui sut faire descendre le débat du plan théologique où il se situait au niveau de la morale pratique, domaine dans lequel la Compagnie était beaucoup plus vulnérable pour avoir voulu donner forme écrite et systématiser ce qui ressortissait à la seule conscience du confesseur. Le succès des Lettres à un Provincial contribua à imposer dans l'esprit public une caricature du jésuite qui n'est pas encore totalement effacée.

 

Le rôle des jésuites dans l'éducation et l'enseignement

 

Le jésuite Pierre Canisius organisa la défense de l'Eglise par le livre et l'école. Chacun des grands collèges créés par lui devint un centre de résistance aux thèses luthériennes et calvinistes. Canisius n'avait à son arrivée en Allemagne en 1550 que deux compagnons pour le seconder. Près de mille deux cents jésuites y exerçaient leur activité trente ans plus tard. Et dans toute l'Europe, suivant une ligne stratégique qui traversait le nord de la France, la Belgique, l'Allemagne, la Hongrie et la Pologne, furent fondés les universités et les collèges de la Contre-Réforme.

 

"Le triomphe de la papauté, a estimé l'historien anglais Macaulay, a été dû principalement à un grand reflux de l'opinion publique... Cinquante ans après la séparation des luthériens, a-t-il écrit, le catholicisme pouvait à peine se maintenir sur les rives de la Méditerranée. Cinquante ans plus tard, le protestantisme pouvait à peine se maintenir sur les rives de la Baltique."

 

Ce résultat fut, en grande partie, l'oeuvre de la Compagnie de Jésus, de ses collèges, de ses prédicateurs, de ses théologiens.

 

Dès 1590, les jésuites consacraient plus des trois quarts de leur activité à la formation des jeunes. L'accent était mis sur les humanités gréco-latines parce qu'elles constituaient alors la culture de l'honnête homme. Diverses congrégations plus ou moins liées à la Compagnie permettaient à celle-ci d'étendre son influence au-delà de la sphère universitaire. Charles Borromée, auteur du fameux catéchisme connu sous le nom de Catéchisme du Concile de Trente (1566), fut un de leurs membres et contribua à l'installation des jésuites dans les cantons catholiques de Suisse. C'est sur son insistance que le pape Clément XIII ordonna à la Compagnie de fonder des collèges à Lucerne et à Fribourg (en Suisse).

 

Un tel développement et une telle influence devait fatalement inquiéter les pouvoirs régants et la Compagnie aura longtemps à souffrir de leur méfiance.

 

Pourtant, dès l'origine, elle tentera de se prémunir contre l'hostilité des princes en interdisant formellement à ses membres de se mêler de la politique intérieure des pays.. L'auteur de cette consigne, le père Claudio Aquaviva, cinquième général de l'ordre (1581), ira même plus loin en conseillant au pape de se soumettre aux injonctions de la République de Venise qui exigeait l'expulsion des jésuites comme condition de sa fidélité aux Saint-Siège.

 

En France, les jésuites, comme serviteurs de la papauté ne pouvaient qu'être suspects aux yeux du Parlement gallican et de la Sorbonne. Néanmoins, vers 1610, au nombre de 1400 environ, ils possédaient déjà trente-six collèges, l'un des plus célèbres étant celui de La Flèche où sera formé Descartes.

 

La défense de "l'unité du peuple français", la défense du pouvoir monarchique

 

On trouve dans l'ouvrage "Histoire du Peuple français, De la Régence aux trois Révolutions", de Pierre Lafue quelques développements instructifs sur le rôle positif des Jésuites dans la défense de "l'unité du peuple français et pour l'extension du pouvoir monarchique" contre les Gallicans et les Jansénistes au XVIIIe siècle.

 

Ainsi, "lors de la réaction des ordres privilégiés, ont-ils été l'objet de l'hostilité de nombreux prélats - particulièrement des 6 cardinaux jansénistes dont le Cardinal de Noailles, archevêque de Paris, est le chef relativement modéré. En outre, l'Université et le Parlement se sont prononcés contre les partisans de l'ultramontanisme (les jésuites NDLR.).

 

... La coalition formée contre eux va toutefois demeurer assez longtemps impuissante par suite de l'attitude du roi qui leur sait gré, non seulement de fournir des confesseurs à toute sa famille, mais encore de désavouer la coterie parlementaire dressée contre le trône qui a tenté d'imposer la loi commune en matière d'impôt." [8]

 

 

La Compagnie de Jésus, cible de la franc-maçonnerie

 

Le Principal ministre de Louis XV entre 1758 et 1770, le comte de Choiseul, "allié des magistrats, fera alors pression pour obtenir l'expulsion des Jésuites." [9]

 

Comme par hasard, Choiseul était franc-maçon, "Vénérable de la Loge Les Enfants de la Gloire" en 1761. [10]

 

Tout en se disant "l'artisan du renouveau français et de la revanche contre l'Angleterre" [11], cet esprit des Ténèbres qui s'illustrait dans la destruction méthodique de la Nouvelle-France (Amérique française), était lié aux "philosophes" [12], et il était le complice des Parlements dans leur obstruction au roi... [13]

 

Les jésuites subirent ainsi les attaques conjuguées des jansénistes, des gallicans, des parlementaires et des "philosophes" de l’"Encyclopédie".

 

Le 6 août 1761, le parlement de Paris ordonna que les écrits de 23 jésuites dont Bellarmin, Toledo et Lessius fussent bannis comme "contraires à la morale et nuisibles à la jeunesse". Interdiction leur fut faite de recevoir des novices. Dans les villes où existaient d’autres écoles, les collèges jésuites durent fermer le 1er octobre 1761, et ailleurs ils furent fermés en avril 1762. Louis XV, favorable aux jésuites, intervint plusieurs fois, temporisa et obtint quelques délais. Cela tourna au conflit politique entre le parlement et le roi. Des compromis successifs, tous à tendance gallicane (pratiquement une séparation vis-à-vis de Rome), furent proposés aux jésuites et furent rejetés comme inacceptables.

 

Défiant le roi, le parlement de Paris, le 6 août 1762, déclara que la Compagnie de Jésus "nuit à l’ordre civil, viole la loi naturelle, détruit la religion et la moralité, corrompt la jeunesse" et la bannit de France. Certains parlements régionaux (comme celui de Flandre) refusèrent d’emboiter le pas ; la plupart temporisèrent. Le roi, de nouveau, obtint un délai. Mais malgré l'intervention du pape Clément XIII, pape de 1758 à 1769 qui défendit vigoureusement la Compagnie de Jésus, il dut finalement s’incliner tout en mitigeant les mesures prises. En novembre 1764, Louis XV édicta ce qui devint la mesure pour toute la France : la Compagnie de Jésus était proscrite en France, et ses biens étaient confisqués. Les jésuites furent cependant autorisés à y demeurer comme "bons et fidèles sujets", sous l’autorité des évêques. Les jésuites anglais de Saint-Omer durent également partir : ils s’installèrent dans les Pays-Bas méridionaux (alors autrichiens).

 

Si l’exécution de l’édit royal se passa moins dramatiquement qu’au Portugal les conséquences en furent tout aussi graves. L’enseignement en France fut désorganisé, de nombreux jésuites ayant choisi de partir en exil. Outremer, les missions des jésuites français furent confiées aux pères de Missions étrangères de Paris, mais ils ne suffisaient pas à la tâche. De nombreux postes furent fermés.

 

L'alliance de circonstance entre jansénistes, gallicans et philosophes des Lumières eut raison des jésuites. En 1761, dans une lettre à Voltaire, D’Alembert écrivit : "Que la canaille janséniste nous débarrasse des polissons jésuites. Ne fais rien pour empêcher que ces araignées se dévorent les unes les autres". En 1763 il triompha : "Les jésuites étaient les troupes régulières et disciplinées luttant sous l’étendard de la Superstition […] Les jansénistes ne sont que des cosaques dont la Raison va vite se débarrasser maintenant qu’ils doivent se battre seuls."

 

L’"affaire Lavalette" (scandale financier à la suite de la banqueroute du prêtre jésuite Antoine Lavalette) contraint Louis XV à interdire la Compagnie et à la bannir de France en 1763-1764, en fermant ses deux cents collèges. Déjà chassés du Portugal en 1759 par le ministre portugais franc-maçon, le marquis de Pombal, ils le furent encore d'Espagne en 1767 et du duché de Parme et de Plaisance en 1768. Cependant le roi Stanislas, avant 1766, les accueillit dans son duché de Lorraine, resté théoriquement indépendant du royaume de France.

 

Supérieur des Missions Françaises de l'Amérique du Sud en 1754, mais avec un ordre explicite d'arrêter toute entreprise commerciale, le Père Antoine Lavalette ignora cet ordre et poursuivit sa compagnie commerciale. Quelque temps plus tard, il emprunta pour acheter des terres. Or une épidémie en 1756 décima les ouvriers qui devaient les défricher et les mettre en culture pour exploiter la canne à sucre puis plusieurs de ses navires furent saisis par les pirates anglais à leur retour en Europe. La guerre de Sept Ans interrompant le trafic de sa maison de commerce avec la métropole, cette dernière fit faillite qui s'élevait à deux millions quatre cent mille livres. Deux de ses créanciers, de gros négociants marseillais, Gouffre et Lionci, poursuivirent La Valette devant le parlement à Aix qui le condamna. Le provincial des Jésuites fit appel, l'affaire remonta au Parlement de Paris. Ce dernier sous prétexte de se prononcer sur cette simple faillite, ordonna aux Jésuites de déposer au greffe un exemplaire des Constitutions de leur ordre et prononça un arrêt le 6 août 1762 qui déclarait la Compagnie de Jésus "inadmissible par sa nature dans tout État policé". [14]

 

Fritz Hochwälder a popularisé leur tragédie dans sa pièce Sur la terre comme au Ciel, véritable drame de l'obéissance. Les jésuites étaient soupçonnés à juste titre de fidélité romaine. La soumission ne leur épargna pas le bannissement qui précédera de peu la dissolution de la Compagnie !

 

L'opposition des cours européennes fut si forte que le pape Clément XIV en vint, le 21 juillet 1773, à supprimer la Compagnie de Jésus partout dans le monde ; c'est le bref Dominus ac Redemptor, qui dit que la Compagnie a souvent été sévèrement critiquée (mais ne dit pas si ces critiques étaient justifiées ou pas).

 

Leur salut viendra de l'Est. En Russie, la tsarine orthodoxe Catherine II interdit la promulgation de la bulle papale, et en Prusse le roi protestant Frédéric II fit de même, heureux de marquer sa désapprobation au Pape, tout en profitant de l'aubaine que constituaient tous ces savants et ces professeurs pour organiser l'enseignement et la recherche dans ses États.

 

En France, les maisons d'éducation des Jésuites furent fermées, et cette victoire fut représentée audacieusement par les partisans de l'opposition à la monarchie comme une mesure 'libérale'... [15] Dans sa lutte pour la domination politique, l'oligarchie parlementaire s'appuyait sur la secte religieuse des Jansénistes, grâce à laquelle elle s'est emparée de l'opinion publique, qui sans cela n'eût sans doute pas été abusée par son faux libéralisme.

 

La calomnie joua son rôle. On réédita de prétendus statuts secrets, Monita Privata Societatis Jesu, imprimés à Cracovie en 1614. Ce document republié sous le titre Monita Secreta, voulait prouver les visées temporelles (pouvoir, domination) de la Compagnie de Jésus. Il s'agissait d'un faux dont l'auteur était un ex-jésuite polonais, Jérôme Zahorowski. [16]

 

Au XVIIIe siècle toute la magistrature était devenue janséniste. C'est cette secte religieuse, alliée de la franc-maçonnerie qui empêchera toute saine réforme de l'Etat royal et obstruera la volonté du roi d'établir l'égalité devant l'impôt et sera à l'origine de la Révolution dite française.

 

Lire : La guerre des juges contre l'Eglise et la monarchie au XVIIIe siècle (Marion Sigaut)

 

La politique de la Compagnie au-delà des mers fit éclater la crise. Les jésuites ayant toujours défendu les droits et valeurs des civilisations indigènes sur les territoires de leurs missions, leur attitude, combattue par les protestants et les jansénistes, provoqua la haine des colons, commerçants ou négriers des possessions d'Asie, d'Afrique et d'Amérique, et n'avait pas été complètement comprise par Rome.

 

Restauration de la Compagnie et nouveaux ennuis

 

Après les guerres napoléoniennes, le climat politique changea. Les monarques qui avaient expulsé les Jésuites n'étaient plus au pouvoir. Le pape Pie VII procèda à la restauration universelle de la Compagnie en promulguant le décret Sollicitudo omnium ecclesiarum (en français: la sollicitude pour toutes les Églises) du 7 août 1814.

 

Pie VII avait d'abord discrètement approuvé son existence en Russie (bref Catholicae fidei du 7 mars 1801) et dans le royaume de Naples en 1804.

 

Le 7 août 1814, le pape Pie VII célébra une messe solennelle dans l'église du Gesù à Rome où se trouve le tombeau de saint Ignace, le fondateur de la Compagnie de Jésus. Ensuite, il fit lire la bulle qui autorisait à nouveau l'existence de l'Ordre dans le monde entier. En même temps, il nomma le supérieur des jésuites de Russie, Tadeusz Brzozowski, "Supérieur général de la Compagnie de Jésus". La Bulle fut promulguée le lendemain, le 8 août.

 

En 1828 néanmoins, Charles X expulsa les jésuites. De 1835 à 1845, la Compagnie se développa jusqu'à ce que Louis-Philippe et la Deuxième république leur imposent de nouvelles épreuves. Le Second empire et les tout débuts de la Troisième république seront une période plus heureuse.

 

En 1880, lorsque Jules Ferry ordonna le 29 mars la "dissolution et l'évacuation" des collèges que la Compagnie de Jésus "occupe sur la surface du territoire de la République", ceux-ci étaient au nombre de 29.. Ils enseignaient près de 11 000 élèves et réunissaient 815 professeurs.

 

Le conservatisme des jésuites était l'objet des quolibets des polémistes et des attaques d'un Edgar Quinet ou d'un Jules Michelet qui dénonçaient le "jésuitisme" et s'en prenaient aux visées "secrètes" de la Compagnie.

 

Précisons simplement que les Constitutions de l'Ordre, dont le document définitif n'a été promulgué qu'en 1594, ont subi de nombreuses modifications car la souplesse est une marque de la Compagnie qui a toujours su rester maîtresse de sa règle fondamentale, notamment par des décrets qui vinrent périodiquement en corriger les archaïsmes. Les Constitutions ne devaient pas être considéres comme une loi figée. Chaque congrégation avait le pouvoir de modifier les Constitutions, de les compléter et même de les abroger... Cette charte est donc loin d'avoir le caractère sacré d'autres documents du même genre, par exemple les Constitutions d'Anderson, qui fondent les loges maçonniques.

 

Bien des adversaires de bonne foi ignorent encore, par exemple, que "les Constitutions n'obligent pas sous peine de péché." Autrement dit, leur violation par un jésuite n'est pas en soi une faute aux yeux de Dieu. Cette disposition relativise considérablement les règles de l'Ordre, y compris, évidemment, celles qui impliqueraient les visées "secrètes" de la Compagnie.

 

Aujourd'hui: les attaques et les calomnies contre les Jésuites persistent

 

La Compagnie de Jésus est accusée d'être à l'origine du Nouvel ordre mondial.., au prétexte qu'un ex-jésuite fonda l'ordre maçonnique des Illuminati.

 

Or, Adam Weishaupt, le fondateur des Illuminati, était né dans une famille juive le 6 février de 1748 à Ingolstadt. Converti, il devint jésuite. Il tomba dans la pratique de la sorcellerie et se sépara de l'Eglise. Professeur de droit à l'Université d'Ingolstadt en Allemagne, il fut accepté dans la franc-maçonnerie en 1778; mais il avait créé deux ans plus tôt l'ordre occulte des Illuminati, les Illuminés, ceux qui ont la lumière, ceux qui savent (Illuminisme) en copiant certains statuts des Jésuites. Il croyait être appelé à "régénérer" l'humanité.

 

L'Abbé Barruel, prêtre jésuite, dans ses Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme (1798), indique que "dans les jours où ce conspirateur conçut ses projets (+) il ne connaissait point encore l'objet de la Franc-Maçonnerie: il savait seulement que les Francs-Maçons tenaient des assemblées secrètes: il les voyait unis par un lien mystérieux, se connaissant pour frères à certains signes, à certaines paroles, de quelque nation & de quelque religion qu'ils fussent..." (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1798, t. III, p. 13)

 

En 1785, après la découvertes des papiers de la secte illuminée par la police bavaroise, Adam Weishaupt fut destitué de sa chaire professorale, "proscrit de sa patrie comme traître à son Souverain & traître à l'Univers" (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1798, t. III, p. 2), il s'exila lui-même; se réfugia d'abord à Regensburg, puis dans l'état du prince Ernest-Louis, duc de Saxe-Gotha, "nourri de pensions sur le Trésor public, décoré du titre de conseiller honoraire."

 

Weishaupt recruta à Weimar, le duc Charles-Auguste (Eschylus), Goethe (Abaris), Herder (Damasus pontifex), Shardt (Appollonis), von Fritsh (Werner), le duc Ernest II de Saxe-Cobourg-Gotha, le baron de Dalberg, le duc Ferdinand de Brunswick, le comte (futur prince) de Metternich.

 

De nos jours, les attaques et des diffamations faites par la franc-maçonnerie contre les jésuites continuent par tous les moyens (média, musiques).

SOURCES

 

[1] Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. 212;

[2] www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=saintfeast&localdate=20090731&id=5666&fd=0

[3] fr.wikipedia.org/wiki/Ignace_de_Loyola

[4] www.christ-roi.net/index.php/Exercices_spirituels

[5] sanctoral.com/fr/saints/saint_ignace_de_loyola.html

[6] Pachtler, Ratio studiorum (Mon. Germ. paed., Berlin 1887-1897, t. III, p. 470-474 cité in Jean DUMONT, L'Eglise au risque de l'Histoire, Préface de Pierre Chaunu de l'Institut, Editions de Paris, Ulis 2002, p. 325-326)

[7] Daniel-Rops, Histoire de l'Eglise du Christ, tome VI, La Réforme catholique, Librairie Arthème Fayard, Éditions Bernard Grasset, Paris 1965, p. 45

[8] Histoire du Peuple français, De la Régence aux trois Révolutions, Pierre LAFUE, Nouvelle Librairie de France, tome 3, Paris 1960, p. 36, 37

[9] Histoire du Peuple français, De la Régence aux trois Révolutions, Pierre LAFUE, ibid., p. 37

[10] Sur l'appartenance maçonnique de Choiseul : Grande Loge Suisse Alpina http://www.freimaurerei.ch/f/alpina/artikel/artikel-2006-4-01.php

[11] Choiseul avait "en réalité, par calcul personnel,[...] laissé la crise morale et institutionnelle se développer jusqu'à mettre le royaume en péril" : Pierre PLUCHON, Histoire de la colonisation française, tome 1er, Le Premier empire colonial, Des origines à la Restauration, Fayard, Saint-Amand-Montrond 1996, p. 294.

[12] Pierre GAXOTTE de l'Académie française, Le siècle de Louis XV, Texto, Paris 2015, p . 295.

[13] Choiseul "de coeur avec les Parlements et presque leur complice" in P. GAXOTTE, ibid., p. 343.

[14] François RIBADEAU THOMAS, Grandeur et misère des Jésuites, Dervy, 1994, p. 262

[15] Histoire du Peuple français, De la Régence aux trois RévolutionsPierre LAFUE, ibid., p. 37

[16] Alain GUICHARD, Les Jésuites, Club français du livre, Editions Grasset et Fesquelle, Ligugé 1974, p. 70

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