L'amour n'est jamais oisif.
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Sainte Thérèse naquit en Espagne, de parents nobles et chrétiens.
Teresa Sanchez Cepeda Davila y Ahumada est née dans la ville castillane d'Avila au cours de l'année 1515, troisième enfant d'une famille issue de marchands juifs convertis au christianisme sous le règne du roi Ferdinand et de la reine Isabelle. Son père Alphonsus était devenu un ardent catholique, avec une collection de livres spirituels du type que sa fille composerait plus tard elle-même.(2)
Dès l'âge le plus tendre, un fait révéla ce qu'elle devait être un jour. Parmi ses frères, il y en avait un qu'elle aimait plus que les autres ; ils se réunissaient pour lire ensemble la vie des saints : "Quoi ! lui dit-elle, les martyrs verront Dieu toujours, toujours ! Allons, mon frère, chez les cruels Maures, et soyons martyrs nous aussi, pour aller au ciel." Et, joignant les actes aux paroles, elle emmenait son petit frère Rodrigue ; ils avaient fait une demi-lieue, quand on les ramena au foyer paternel.(3) Une intuition lui dit que les biens éphémères d'ici-bas pèsent peu devant la joie éternelle.
Elle avait dès lors une grande dévotion à la Sainte Vierge. Chaque jour elle récitait le rosaire. Ayant perdu sa mère, à l'âge de douze ans, elle alla se jeter en pleurant aux pieds d'une statue de Marie et la supplia de l'accepter pour sa fille, promettant de la regarder toujours comme sa Mère.
Cependant sa ferveur eut un moment d'arrêt. De vaines lectures, la société d'une jeune parente mondaine, refroidirent son âme sans toutefois que le péché mortel la ternît jamais. Mais ce relâchement fut court, et, une vive lumière divine inondant son âme, elle résolut de quitter le monde. Elle en éprouva un grand déchirement de cœur ; mais Dieu, pour l'encourager, lui montra un jour la place qu'elle eût occupée en enfer, si elle s'était attachée au monde.
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Un séraphin vint un jour la percer du dard enflammé de l'amour divin : Jésus la prit pour épouse. Ses révélations, ses écrits, ses miracles, ses œuvres, ses vertus, tout est sublime à la même hauteur.
Elle a notamment rédigé à la demande de ses supérieures : Le Château intérieur, Le Chemin de la perfection, Les Exclamations, Les Fondations.
Elle devint la réformatrice de l'Ordre du Carmel. Avec son proche collaborateur, le prêtre et écrivain canonisé plus tard sous le nom de Saint Jean de la Croix, elle a fondé ce que l'on appelle aujourd'hui l'Ordre des carmélites déchaussées - "déchaussées", c'est-à-dire pieds nus, symbolisant la simplicité à laquelle ils ont choisi de retourner l'ordre après une période de corruption. La réforme a rencontré une opposition féroce, mais a abouti à la fondation de 30 monastères au cours de sa vie.
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Elle propose un retour des carmélites à leur règle de vie d'origine, une forme simple et austère de monachisme - fondée sur le silence et la solitude - qui avait reçu l'approbation papale au XIIe siècle et dont on pense qu'elle remonte au prophète Elie de l'Ancien Testament.
Pointe de son message spirituel, elle place au coeur de la prière l'humanité du Christ, un Christ souffrant sa Passion, seul chemin vers Dieu pour les êtres de chair que nous sommes. "On constate toujours que ceux qui se sont rapprochés le plus du Christ sont ceux qui ont dû supporter les plus grandes épreuves."
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Et à ceux qui exhortent "à écarter toute représentation corporelle pour s'attacher à la contemplation de la seule divinité", elle répond résolument qu'ils font preuve de présomption car "nous ne sommes pas des anges, nous avons un corps."
Celui qui prie ne reçoit pas toujours les grâces mystiques, celles-ci sont un don gratuit que nul effort ne peut provoquer, mais il lui suffit de se disposer à aimer Dieu et de se conformer à sa volonté;
Là est la richesse de son message : contemplation et action, amour de Dieu et amour du prochain, oraison et mission sont les deux faces d'une même réalité. "Des œuvres, des œuvres !", réclame-t-elle avec insistance à ses filles. Le mérite d'une âme ne consiste pas dans les faveurs qu'elle reçoit mais dans les vertus qu'elle acquiert. Extase, ravissement, élévation, la sainte n'a pas attaché une importance excessive à ces faveurs, "nullement nécessaires à la perfection." C'est ce message qu'a retenu la France du XVIIe siècle, en mettant l'accent sur la volonté de purification et d'ascèse, plutôt que sur les grâces de la contemplation infuse.
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Après avoir contemplé la transcendance, l'âme n'a plus que le désir de mourir pour n'être plus séparée de Dieu. "Je meurs de ne pas mourir", écrit Thérèse dans un magnifique poème, et Jean de la Croix reprendra la thème à sa manière.
"Être séparée de Dieu m'est si douloureux, écrit-elle également, que le plus grand sacrifice que je puisse lui offrir est de consentir à vivre pour lui." Et comment mieux vivre pour lui que d'accepter les souffrances d'un "monde en feu" ? "Seigneur, ou mourir ou souffrir..."
Durant les dernières années de sa vie, Thérèse, "pauvre vieille toute cassée", souffre physiquement et moralement. Elle discerne du relâchement dans certains couvents. Des inflammations de gorge, des hémorragies lui donnent constamment de la fièvre.
Morte en 1582, son corps est retrouvé incorrompu et souple en 1583 (huit mois après sa mort), 1585, 1586, 1592, 1760 et... 1982.(4)
Lors de la translation des reliques de Sainte Thérèse qui eut lieu en 1760, le corps virginal fut trouvé toujours flexible et exhalant un suave parfum.(5)
Dans sa bibliothèque, on a retrouvé des auteurs stoïciens à côté de livres de dévotion.
En 2015, lors d'une exposition de reliques de Thérèse, la relique montrait un aspect noirci et "durci" des tissus (toujours complets).(6)
Canonisée en 1622 par Grégoire XV, Bossuet l'a comparée aux plus grands docteurs.
Paul VI l'a déclarée Docteur de l'Eglise en 1970, première femme avec la dominicaine du XIVe siècle Catherine de Sienne à recevoir ce titre.
Que rien ne te trouble. Que rien ne t'épouvante. Tout passe. Dieu ne change pas. La patience obtient tout. Celui qui possède Dieu ne manque de rien. Dieu seul suffit.
Elève ta pensée, monte au ciel, ne t'angoisse de rien. Que rien ne te trouble. Suis Jésus-Christ d'un grand coeur. Et quoiqu'il arrive, que rien ne t'épouvante.
Tu vois la gloire du monde ? C'est une vaine gloire. Il n'a rien de stable. Tout passe.
Aspire au Céleste qui dure toujours. Fidèle et riche en promesses, Dieu ne change pas. Aimes-le comme il le mérite, bonté immense. Mais il n'y a pas d'amour de qualité sans la patience.
Que confiance et foi vivent et maintiennent l'âme.
Celui qui croit et espère obtient tout. Même s'il se voit assailli par l'enfer, il déjouera ses faveurs celui qui possède Dieu.
Efforçons-nous d'être les servantes du Seigneur, ne demandant rien, ne voulant rien, mais seulement pour faire sa volonté. C’est ce que signifie être une vraie servante, une vraie servante, comme notre Sainte Mère.
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Sources : (1) Dictionnaire des saints et Grands témoins du christianisme, Sous la direction de Jean-Robert ARMOGATHE et André VAUCHEZ, CNRS Éditions, Paris 2019, p. 1120-1130 ; (2) Catholic News Agency ; (3) L'Evangile au quotidien ; (4) Patrick SBALCHIERO, Enquête sur les miracles dans l'Église catholique, Artège, Paris 2019, p. 160 ; (5) Mgr Jean-Joseph GAUME, L'eau bénite au XIXe siècle, 1865, Rééd. Éditions Saint-Rémi, 2006, p. 102 ; (6) Wikipedia.