Mise à jour le 24-04-2022.
Au moment où le président Macron mène sa guerre contre la Russie en Ukraine, l'affaire McKinsey tourne à l'"affaire d'Etat" suite à la plainte en justice du Sénat pour ''suspicion de faux témoignage'' visant Karim Tadjeddine, un dirigeant de la filiale française de McKinsey, un cabinet de conseil américain.
La commission d’enquête du Sénat a rendu public que depuis 10 ans que l’État recourt aux services du cabinet de conseil McKinsey, celui-ci n'a n’a jamais payé ses impôts en France contrairement à ses allégations.
Face à ces révélations à ce qui semble être un mensonge sous serment, le sénateur Arnaud Bazin, président de la commission d’enquête, a indiqué que le Sénat allait saisir le procureur de la justice pour une "suspicion de faux témoignage". Les preuves semblent accablantes.
L’expression "affaire d’Etat" aurait commencé à faire son apparition avec cet article du Nouvel Obs du 25 mars :
Source : https://www.nouvelobs.com/politique/20220325.OBS56202/le-scandale-mckinsey-va-t-il-tourner-a-l-affaire-d-etat.html
Le Sénat a déclaré saisir la justice vendredi 25 mars pour ''suspicion de faux témoignage'' visant un dirigeant de la filiale française de McKinsey, qui le 18 janvier avait déclaré sous serment devant une commission d’enquête sénatoriale que le cabinet de conseils payait bien l’impôt sur les sociétés en France : ''Je le dis très nettement, nous payons l'impôt sur les sociétés en France.'' (1)
Un article de Rtl évoquait mercredi "les entités françaises du cabinet de conseil McKinsey" "accusées par la commission d'enquête du Sénat de ne pas avoir versé d'impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020." (2)
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Tout a commencé quand la commission d'enquête sénatoriale s'est intéressé aux montants des missions versés par le gouvernement aux cabinets de conseil en stratégie, dont McKinsey.
Les sénateurs s'alarment alors que le recours à ces acteurs privés ait explosé en 2021 : près de 900 millions d'euros de dépenses, contre moins de 400 millions en 2018. (3)
McKinsey a dicté la politique sanitaire du gouvernement pendant le Covid
Le cabinet américain qui a conseillé le gouvernement français dans sa campagne vaccinale, a versé 573 millions de dollars aux États-Unis pour éviter des poursuites dans le cadre du scandale des opioïdes ou opiacés qui a fait des centaines de milliers de morts aux USA. Vendus sur ordonnance ou illégalement, ces antidouleurs hautement addictifs, mais peu contrôlés par les pouvoirs publics, ont tué des centaines de milliers de personnes. L'État fédéral a proposé un accord pour solder les comptes, accepté par le cabinet.
Avec plus de deux millions de personnes dépendantes comptabilisées en 2018 et 400.000 décès enregistrés en moins de vingt ans, la crise des opiacés fait des ravages aux États-Unis. Ces médicaments supposés calmer les douleurs étaient réservés aux maladies graves. Mais les surprescriptions des médecins au fil des ans ont rapidement conduit à des dérives addictives. L'un des principaux responsables pointé du doigt ce jeudi : le cabinet de conseil McKinsey, qui a conseillé le gouvernement français dans sa campagne vaccinale.
Les autorités du pays lui reprochent d'avoir contribué à la crise dévastatrice des opiacés aux États-Unis en donnant des conseils marchands aux géants pharmaceutiques au détriment de la santé des citoyens. McKinsey a notamment conseillé Purdue Pharma pour l'aider à doper ses ventes. Dans ce dossier judiciaire, le fabricant de l'opiacé OxyContin a plaidé coupable l'an dernier, selon des documents déposés devant un tribunal du Massachussetts.
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C'est donc au tour du cabinet de payer la lourde addition de cette crise. McKinsey vient de conclure un accord prévoyant le versement de 573 millions de dollars, soit 476 millions d'euros, aux pouvoirs publics américains pour réparer les dommages causés auprès de la population. Cet arrangement financier a été conclu avec les avocats généraux de 47 États, du District de Columbia et de 5 territoires, selon le New York Times et le Wall Street Journal. Cet accord économique permettra à McKinsey d'échapper à des poursuites au civil. Le cabinet de conseil n'a toutefois pas souhaité répondre aux sollicitations de l'AFP pour commenter cette information. (4)
Un rôle important dans la campagne de vaccination
Le 12 janvier, quelques jours après les révélations du Canard enchaîné et de Politico sur la sous-traitance de la logistique du plan de vaccination à McKinsey, Olivier Véran a été auditionné en commission à l'Assemblée pour justement détailler la stratégie vaccinale française. Et il a évidemment été interrogé sur le cabinet de conseil américain. Réponse laconique du ministre : "Il est tout à fait classique et cohérent de s'appuyer sur l'expertise du secteur privé." Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, avait été plus loquace en conférence de presse une semaine plus tôt, comme le note Politico.
L'embauche de consultants externes fournit "un soutien du secteur privé en plus de l'expertise de nos fonctionnaires, a-t-il expliqué. C'est dans ce contexte que nous avons utilisé (McKinsey). Comme vous le savez, la logistique est au cœur de la campagne de vaccination." Gabriel Attal a ajouté que "les cabinets de conseil sont utilisés depuis plusieurs années par plusieurs gouvernements lorsqu'ils élaborent et mettent en œuvre de grands projets nécessitant un soutien et des conseils stratégiques ou logistiques". (5)
Ursula von der Leyen, présidente non-élue de la Commission Européenne orchestrant la grande opération vaccinale, a un fils travaillant pour le cabinet McKinsey. (6) La campagne de vaccination elle-même... a été en partie sous-traitée à McKinsey pour la somme de 12 millions d’euros. (7) L’influence grandissante des cabinets de conseil pose de nombreux problèmes. D’abord, quelle est leur légitimé démocratique ? La question se pose d’autant plus que les consultants ont été en première ligne tout le long du quinquennat d’Emmanuel Macron.
Selon le rapport de la commission d’enquête, "les cabinets de conseil sont intervenus sur la plupart des grandes réformes du quinquennat, renforçant ainsi leur place dans la décision publique". Certains ministres minimisent leur influence et parle du caractère ponctuel, notamment pendant la crise sanitaire. Pourtant, "le recours du gouvernement aux cabinets de conseil a été massif tout au long du mandat d’Emmanuel Macron, et ce bien avant la pandémie". Ainsi, 1 600 missions auraient été réalisées par différents cabinets de conseil, comme McKinsey, Citwell et Accenture.
Eliane Assassi, sénatrice de Seine Saint-Denis, rapporteur du rapport de la Commission Cabinets de conseil, met ainsi en cause leur légitimité : "Des pans entiers des politiques publiques sont délégués à des consultants, qui n’ont toutefois aucune légitimité démocratique. Il s’agit d’une intrusion en profondeur du secteur privé dans la sphère publique." La sénatrice déplore un recours aux cabinets de conseil qui est devenu "un réflexe de la part de celles et ceux qui nous gouvernent, et peu importe l’argent qu’on y met."
Mathieu Aron et Caroline Michel-Aguirre, auteurs du livre-enquête Les infiltrés, n’hésitent pas à parler de "putsch progressif" au sein de l’Etat.
Macron s'est dit alors "choqué" de l’optimisation fiscale pratiquée par le cabinet McKinsey, et le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal a appelé l’administration à recourir au conseil "avec parcimonie".
Le président candidat a répété son ambition d’une imposition des multinationales dans les pays où elles sont en activité.
"Cela me choque comme tout un chacun", avait de son côté réagi Emmanuel Macron, mercredi soir sur M6, à propos du fait que McKinsey n’aurait pas payé d’impôt sur les sociétés pendant dix ans, selon les révélations du rapport des sénateurs sur le cabinet. Il disait toutefois n’être pas scandalisé à l’idée "que le gouvernement, que les collectivités aient recours à des cabinets d’experts". "Le critère, pour moi, c’est qu’il ne faut pas que cela vienne remplacer des choses que l’on sait faire nous-mêmes et que ce soit fait de manière transparente et contrôlable", a encore dit le président candidat. "Je veux que toute multinationale paie des impôts là où elle travaille", a plaidé Emmanuel Macron.
Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, de son côté, a reconnu sur Franceinfo hier, "une augmentation de cabinet d’experts auxquels l’Etat a eu recours pendant la crise sanitaire pour accompagner le déploiement de la campagne de vaccination, notamment".
"Un milliard, c’est encore de la parcimonie ?", lui a demandé le journaliste Marc Fauvelle. "Non. Ce que je suis justement en train de dire, c’est qu’il y a eu une situation exceptionnelle pendant la crise sanitaire à un moment où, l’objectif, c’était d’être le plus rapide possible et donc de mobiliser des forces, des experts, des compétences en dehors de l’Etat pour venir accompagner l’effort", a répondu Gabriel Attal. (8)
McKinsey ''a coûté l’an dernier (en 2021) 1 milliard d’euros pour des missions bien floues, continuera à se gaver d’argent public, à ne pas payer d’impôts et à se permettre de mentir devant le Sénat !'' a déclaré Marine Le Pen. (9)
Autre couac, l'un des salariés directeurs de McKinsey qui gère la vaccination en France est Victor Fabius, le fils de Laurent Fabius, président du Conseil Constitutionnel qui a validé le "Pass vaccinal", au mépris de nos droits fondamentaux. (10)
Le site Liberté politique rapportait le 11 janvier 2021 que "pour superviser leur stratégie de vaccinations anti-Covid,... les gougnafiers qui ont pris en otage le peuple français, viennent de conclure un juteux marché, ... pour le 'cabinet de conseil privé McKinsey', sollicité pour gérer la gestion de la campagne vaccinale en France, pour la modique somme de… deux millions d’euros par mois, prélevés directement sur nos impôts ! (11)
Lundi 16 mars dernier, le Sénat a publié un rapport concernant "l'influence croissante des cabinets de conseil sur les politiques publiques".
La Dépêche du Midi a livré cinq exemples marquants d'évasion fiscale exposés par les sénateurs dans leurs investigations (12) :
Impôts impayés depuis 10 ans
C'est la grosse accusation engendrée par l'enquête du Sénat : le cabinet de conseil McKinsey n'aurait pas payé d'impôts sur ses filiales françaises depuis 10 ans. D'après le rapport, les versements "s'établissent à zéro euro depuis au moins 10 ans".
Au total, selon le Sénat, McKinsey affiche un "chiffre d'affaires sur le territoire national de 329 millions d'euros en 2020, dont environ 5% dans le secteur public, et y emploie environ 600 salariés".
...Le directeur associé de McKinsey France, Karim Tadjeddine, a démenti toute accusation de fraude fiscale.
La mission avortée de la réforme des retraites
Le 21 novembre 2019, la Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse commande au cabinet McKinsey une prestation de conseil. Objectif : apporter un éclairage sur la transformation future de la CNAV en vue d'une réforme des retraites menée par le gouvernement. Cette mission se déroule deux mois avant le dépôt d'une proposition de loi en conseil des ministres. Durant cinq mois, McKinsey travaille à définir le programme de transformation et à établir 31 chantiers, pivots de l'impulsion du programme. Résultat : un guide d'une cinquantaine de pages destinés aux responsables du chantier.
Cependant, à aucun moment le logo McKinsey n'apparaît sur les livrables. Il est remplacé par celui de l'assurance retraite. La CNAV se dit alors satisfaite de la prestation. Problème : la mission de McKinsey ne donnera pas de suite manifeste puisque le projet de réforme du système universel est abandonné en novembre 2021 par Emmanuel Macron, notamment à cause de la crise sanitaire du coronavirus. Une mission qui a coûté près d'un million d'euros soit plus de 2 700 euros par jour de consultant, sans résultats concrets. En effet, selon ce tweet de Public Sénat :
"« En 2019, McKinsey a obtenu une prestation pour la Caisse nationale d’assurance vieillesse, d’appui à la préparation à une potentielle réforme des retraites, pour un montant de 920 000 euros. Quel était le rôle de McKinsey ? » demande Eliane Assassi".
2700 euros par jour de consultant McKinsey pour une réforme des retraites avortée alors qu'un haut fonctionnaire de catégorie A + coûte 362 euros par jour à l'Etat.
Un rapport McKinsey publié en avril 2020 intitulé Artificial Intelligence, Critical Industrial applications (L'Intelligence artificielle, applications industrielles critiques) a coûté la modique somme de un million d'euros pour 34 pages. Soit 30 000 euros la page ! Dont "une page de couverture 30 000 euros; une page avec le numéro de la Commission 30 000 euros; la page blanche 30 000 euros; le sommaire 30 000 euros..." (13)
Un flop à 500 000 euros sur le métier d'enseignant
Parmi les dépenses discutées par le Sénat, il y a cette étude menée sur le métier d'enseignant pour la DTIP (la direction interministérielle de la transformation publique). Pour un budget de 496 800 euros, McKinsey livre alors une compilation de travaux scientifiques et de graphiques fondés sur des données publiques de l'OCDE (organisation de coopération et de développement économiques). Un résultat qui satisfait la DTIP qui émet tout de même des réserves quant aux "nombreuses itérations pour arriver à répondre aux attendus du ministère de l'Eductaion nationale".
Et encore une fois, aucun résultat ne ressort de cet investissement financier de près d'un demi-million d'euros. En cause, l'annulation du colloque de l'UNESCO prévu en mars 2020 à cause de la crise sanitaire mais aussi et surtout la maigre utilisation du rapport trop incomplet. Selon le ministère de l'Education nationale, "il n'est pas possible de déterminer les conséquences directes" de l'étude produite par McKinsey.
Leur rapport sur le métier d'enseignant a été facturé 496000 euros pour une note de 200 pages, ça fait 2480 euros la page... (14)
4 millions d'euros et 2 ans de retard pour la réforme des APL
La réforme des APL constitue l'un des plus gros budgets alloués au cabinet McKinsey. Un montant de près de 4 millions d'euros qui n'était en fait pas prévu... En effet, la mission de McKinsey ne devait durer que trois semaines mais la réforme, qui devait initialement s'appliquer à partir du 1er janvier 2019, ne s'appliquera finalement que deux ans plus tard.
En cause, de nombreux retards provoqués par des difficultés liées à des carences informatiques du système et des problèmes de sécurisation. À trois reprises, le cabinet McKinsey se voit attribuer des sommes allant de 400 000 à 2 millions d'euros.
McKinsey, arbitre administratif ?
C'est un point controversé montré par le rapport du Sénat : l'implication et l'influence des cabinets de conseil sur les prises de décisions. McKinsey n'y échappe pas. En 2019, le gouvernement décide de pénaliser les recours excessifs aux CDD en instaurant un "bonus/malus", c’est-à-dire une modulation du taux des cotisations sociales des entreprises. Les principales structures concernées sont la Mutualité sociale agricole (MSA), Pôle emploi et l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale (ACOSS).
Alors que la discussion s'avère difficile, McKinsey est appelé aux côtés de la DTIP pour apporter "un regard neutre et indépendant sur les relations parfois complexes des acteurs en présence". Le cabinet organise des réunions, donne son avis mais ne parvient pas à trouver une solution aux problèmes de communications internes. Le bilan est sans appel pour la DTIP qui déplore une "difficulté à mener de la coconstruction avec l'équipe McKinsey et à avancer main dans la main avec le cabinet". Pas de quoi remettre en cause pour autant la juteuse rémunération du cabinet de conseil américain qui empochera 327 060 euros.
Derrière l'affaire McKinsey se trouve l’affaire du financement de la campagne d’Emmanuel Macron, comme le révèle site 24HeuresActu :
"la commission d’enquête du Sénat a en effet révélé que l’exécutif avait versé près de 1 milliards d’euros au cabinet américain McKinsey... Mais le rôle d’Emmanuel Macron restait à élucider. C’est désormais chose faite et le scandale devient politico-judiciaire. En recoupant les emails disponibles dans les Macronleaks et les révélations du journaliste d’information Matthieu Aron (auteur de Les infiltrés, Comment les cabinets de conseil ont pris le contrôle de l’État), il apparait que le principal bénéficiaire, chez McKinsey, de ces juteux contrats n’est autre que Karim Tadjeddine, un ami personnel d’Emmanuel Macron, mais surtout un participant important à sa première campagne et aux levées de fonds d’En Marche.
Autrement dit, la personne responsable de contracter les marchés avec l’administration française au sein du cabinet McKinsey et présentant des factures très onéreuses puisqu’il s’avère que les dépenses de consulting ont plus que doublé ces cinq dernières années, pour dépasser le milliard d’euros en 2021, aurait appartenu au staff de campagne d’Emmanuel Macron en 2017... (15)
Ironie de l’histoire ou cynisme selon les points de vue, il s’avère que c’est le cabinet McKinsey qui a notamment été missionné par l’Élysée sur la question des APL (Aides personnalisées au logement) pour finalement conduire à une baisse de cinq euros de ces dernières… en ayant été rémunéré à hauteur de 4 millions d’euros d’argent public pour cela. (16)
L’hebdomadaire Marianne nous apprend d’ailleurs que Karim Tadjeddine est un proche d’Emmanuel Macron, avec lequel il a sympathisé lors de la Commission Attali, durant laquelle ils siégeaient ensemble. Emmanuel Macron a même préfacé en 2016 un ouvrage de Tadjeddine, l’Etat en mode start-up, au titre prémonitoire.
Dans une enquête de François Krug, Le Monde relevait dès 2021 : "Commission Attali, rédaction du programme présidentiel, élaboration de la stratégie vaccinale contre le Covid-19… Comment le puissant cabinet de conseil américain accompagne le chef de l’Etat et intervient dans de nombreux dossiers sensibles, et notait qu’en macronie "c’est étonnant comme les gens n’aiment pas parler de McKinsey. On a vite renoncé à dénombrer les messages sans réponse, les refus catégoriques, les excuses embarrassées, les 'bon courage' compatissants. Ceux qui acceptent de l’évoquer exigent en quasi-totalité l’anonymat. Ce n’est pas pour rien que le cabinet américain est surnommé 'la Firme' dans le secteur... Le député PS des Landes, Boris Vallaud n’avait pas manqué de s’interroger lui aussi : "Pourquoi vous a-t-il fallu recourir à McKinsey?" Son collègue (La France insoumise) du Nord Adrien Quatennens a ironisé : "Ne dispose-t-on pas, au sein de l’appareil d’Etat, d’un Haut-Commissariat au plan ni de logisticiens compétents ?" (17)
Tadjeddine et les macronleaks : une cheville ouvrière de la campagne de 2017
En fait, on retrouve Tadjeddine dans les Macronleaks, avec son email professionnel, s’occuper de la création d’un site internet banal, qui n’appelle usuellement pas ce type de profil (un directeur associé chez McKinsey gagne en général un salaire de l’ordre du demi-million d’euros…), et donner des coups de mains à droite et à gauche, faisant bénéficier le candidat de son entregent et de son réseau. Si Karim Tadjeddine s’est depuis excusé d’avoir utilisé son email McKinsey, il n’a jamais nié son implication dans la campagne En Marche.
Depuis, il s’est trouvé incapable de répondre aux sénateurs de la commission d’enquête sur le réel contenu des étude vendues à l’État, par exemple d’une note facturée 500 00 euros pour "réformer l’éducation"… Une note dont le contenu particulièrement faible laisse un sentiment étrange.
Karim Tadjeddinne avait déclaré en janvier devant la Commission d’enquête du Sénat que McKinsey payait ses impôts en France : "Nous payons l'impôt sur les sociétés en France et l'ensemble des salaires sont dans une société de droit français qui paie ses impôts en France." Ce qui s’est avéré faux et a déclenché un signalement au procureur. Côté Sénat : "Ses versements [de l'impôt sur les sociétés] s'établissent à zéro euro depuis au moins 10 ans, alors que son chiffre d'affaires sur le territoire national atteint 329 millions d'euros en 2020, ... et qu'il (le cabinet) y emploie environ 600 salariés", peut-on lire dans le rapport de la commission d'enquête publié le 17 mars. Pour s'en assurer, les sénateurs étaient allés contrôler sur pièces auprès de l'administration fiscale, à Bercy.
Interrogé par Les Echos, le cabinet réitère avoir "respecté l'ensemble des règles fiscales et sociales françaises".
En cause : le recours à l'optimisation fiscale, qualifié ici d'"exemple caricatural" par les sénateurs. Ils détaillent : les entités françaises de McKinsey - qui sont des "établissements stables" au sens fiscal - versent des "prix de transfert" à la société mère basée au Delaware, pour compenser des dépenses mutualisées au sein du groupe, à savoir les frais d'administration générale, l'usage de la marque, l'assistance interne au sein du réseau, la mise à disposition de personnels, etc.
Pour mémoire, les prix de transfert sont des transactions réalisées entre différentes entités d'un groupe, dont certaines sont potentiellement situées dans des juridictions où la fiscalité est faible. Cette mécanique peut donc permettre de réduire la base imposable dans le pays où les impôts sont élevés, là où se trouve en général l'activité, le personnel, etc.
"En l'espèce, les prix de transfert que les entités françaises de McKinsey versent à la société américaine sont d'un montant tel qu'ils participent à rendre le résultat fiscal en France nul ou négatif, depuis au moins 10 ans", fustige le rapport de la commission sénatoriale.
Comme le rappellent les sénateurs, s'ils ne sont pas en eux-mêmes illégaux, les prix de transfert doivent respecter le principe de pleine concurrence. Cela signifie que le prix pratiqué entre des entreprises dépendantes (en l'espèce, les entités de McKinsey installées en France et la maison mère basée au Delaware) "doit être le même que celui qui aurait été pratiqué sur le marché entre deux entreprises indépendantes". Des prix de transfert surévalués représentent donc une irrégularité fiscale.
L'administration fiscale doit donc effectivement vérifier que les schémas respectent les règles. Elle vérifie que "les entreprises implantées sur leur territoire et qui commercent avec d'autres entreprises liées et implantées à l'étranger sont correctement rémunérées pour les opérations réalisées et déclarent la juste part du résultat devant leur revenir eu égard aux activités déployées", est-il écrit dans le bulletin officiel du fisc.
Entité au Delaware
Il avait précisé que "le cabinet emploie ses salariés en contrat de travail de droit français, est immatriculé au registre du commerce et des sociétés (RCS) et respecte l'ensemble des règles fiscales et sociales françaises applicables aux sociétés - c'est d'ailleurs un préalable pour répondre aux appels d'offres publics".
Le directeur associé avait ajouté que l'entreprise était organisée en "succursale rapportant à l'entité mère basée au Delaware mais l'ensemble de nos activités, dans les secteurs publics et privés, et l'ensemble des contrats de travail sont portés par cette société de droit français".
Le cabinet assure aux Echos "respecter l'ensemble des règles fiscales et sociales françaises applicables". Il fait savoir qu'entre 2011 et 2020, McKinsey France a payé de l'ordre de 422 millions d'euros d'impôts et de charges sociales. Il ne parle pas précisément de l'impôt sur les sociétés. (18)
Seulement voilà, le doute plane : dans le cas de McKinsey, "les prix de transfert que les entités françaises de McKinsey versent à la société américaine sont d'un montant tel qu'ils participent à rendre le résultat fiscal en France nul ou négatif, depuis au moins 10 ans", selon le rapport de la commission sénatoriale. Si pas de bénéfice, pas d'impôt sur les sociétés.
Outre cet enjeu fiscal lié à la firme américaine, le rapport de la commission d'enquête sénatoriale a surtout pointé la forte hausse des dépenses de conseil des ministères, ce qui était précisément l'objet de sa mission. Les dépenses ont atteint près de 900 millions d'euros en 2021, contre moins de 400 millions en 2018.
Étrangement, Bruno Lemaire est monté au créneau pour défendre le cabinet anglo-saxon, utilisant le futur pour dire que "toutes les procédures sont déjà engagées par la direction générale des Finances publiques, McKinsey paiera". Autrement dit : ce n’est pas le cas, McKinsey n'a pas payé l'impôt sur les sociétés en France.
Or, pour pouvoir candidater à un appel d’offre public, l’entreprise doit déposer un certificat, remis par les Impôts, assurant qu’ils sont en règle du point de vue fiscal. Cette étape a-t-elle été négligée ? Un tel satisfecit a-t-il été remis de manière mensongère ? Par qui ? En rétribution de quoi ? ou alors McKinsey a-t-il été dispensé de ce formalisme ? Par qui et pourquoi ? Les zones d’ombres sont nombreuses…
Comme l’explique Matthieu Aron dans une interview à Marianne, le problème est évidemment politique, et les liens étroits entre la Macronie et McKinsey questionnent.
...Vers une saisie du PNF pour trafic d’influence ?
Dans l’affaire Woerth, la Justice s’était saisie d’un possible trafic d’influence actif, pour la seule raison que M. Woerth avait fait remettre une Légion d’honneur à quelqu’un lui ayant rendu un service. Nous savons des Macronleaks que M. Tadjeddine a rendu un grand service pour aider et financer la première campagne d’Emmanuel Macron. Le milliard d’euro d’honoraires pour des études particulièrement "maigres" perçu par Tajeddine et McKinsey était-il un remerciement pour service rendu ? M. Tadjeddine a-t-il perçu des bonus à titre personnel sur ces contrats ? Faisait-il partie des grands donateurs d’Emmanuel Macron en 2017 ? (19)
Enfin, il n’y a pas que dans le domaine de la santé que l’exécutif a eu recours aux services de McKinsey. Ahurissant paradoxe, le même cabinet n’ayant pas payé d’impôts en France depuis une décennie est également intervenu auprès du ministère de l'Économie de Bruno Lemaire en 2021 afin d’aider Bercy à identifier les coupes budgétaires de l’État... Des conseils pour réduire les dépenses qui auront tout de même coûté plus de 18 millions d’euros aux contribuables…
Conclusion
Les Français payent deux fois le même travail au public et au privé. Cette double facture, véritable double peine, pose la question de la légitimité de services publics détournés de leur finalité qui est le service de la chose publique.
Défaillant, incompétent et/ou corrompu, ou les trois à la fois, le gouvernement ne remplit plus son rôle, mais continue d'être rétribué pour un travail qu'il ne fait plus et sous-traite sans contrôle, de manière opaque, à des intérêts privés.
Un énième putsch dans l'histoire de la res publica depuis qu'elle est "république".
Add. 17h30
Source: Steiner Twitter https://twitter.com/Steiner61421320/status/1507653433544908806?s=20&t=o06McO0ycQz9SMP2A9dTiA
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Mise à jour du 30-03-2022.
Le Canard Enchaîné révèle que la stratégie vaccinale Française pilotée par Olivier Véran, et par l'état, obéit aux ordres et aux désirs de Maël de Calan (liens financiers avec Pfizer), consultant du cabinet Américain McKinsey. (20)
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Sources :
(1) https://www.nouvelobs.com/politique/20220325.OBS56202/le-scandale-mckinsey-va-t-il-tourner-a-l-affaire-d-etat.html
(2) https://www.rtl.fr/actu/politique/mckinsey-accuse-d-optimisation-fiscale-emmanuel-macron-se-dit-choque-7900137284
(3) https://start.lesechos.fr/societe/economie/affaire-mckinsey-tout-comprendre-sur-la-tempete-fiscale-qui-sabat-sur-le-cabinet-1395150
(4) https://www.tf1info.fr/international/le-cabinet-mckinsey-doit-verser-573-millions-de-dollars-aux-etats-unis-pour-avoir-participe-a-la-crise-meurtriere-des-opiaces-2177453.html
(5) https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/vaccin/covid-19-on-vous-resume-la-polemique-autour-de-mckinsey-le-cabinet-qui-conseille-le-gouvernement-sur-la-strategie-vaccinale_4291131.html
(6) https://www.breizh-info.com/2021/12/14/176100/covid-19-une-nouvelle-religion-vaccinale-est-nee-en-occident/
(7) https://linsoumission.fr/2022/03/21/mckinsey-macron-fraude-fisc/
(8) Le Monde, 25 mars 2022 https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/03/25/emmanuel-macron-se-dit-choque-de-l-optimisation-fiscale-pratiquee-par-le-cabinet-mckinsey-gabriel-attal-appelle-l-administration-a-recourir-au-conseil-avec-parcimonie_6119138_823448.html
(9) RN Aude Twitter
(10) Le VRAI scandale des cabinets de conseil, Rodolphe Bacquet, La Lettre Alternatif Bien-être, 26-03-2022
(11) C’est un fils Fabius qui gère la vaccination en France : tous aux abris ! Liberté politique.com, 11 janvier 2021 https://libertepolitique.com/Actualite/Coup-de-projecteur/C-est-un-fils-Fabius-qui-gere-la-vaccination-en-France-tous-aux-abris
(12) Affaire McKinsey : impôts impayés, missions avortées, budgets envolés... 5 exemples marquants révélés par le Sénat, 19 mars 2022 https://www.ladepeche.fr/2022/03/18/affaire-mckinsey-impots-impayes-missions-avortees-budgets-envoles-5-exemples-marquants-reveles-par-le-senat-10178601.php
(13) Virginie Joron Député français au Parlement européen - Twitter
(14) https://www.franceinter.fr/emissions/tanguy-pastureau-maltraite-l-info/tanguy-pastureau-maltraite-l-info-du-mardi-22-mars-2022
(15) https://www.breizh-info.com/2021/12/14/176100/covid-19-une-nouvelle-religion-vaccinale-est-nee-en-occident/
(16) https://www.breizh-info.com/2022/03/23/182141/scandale-mckinsey-macron-presidentielle/
(17) Le Monde, McKinsey, un cabinet dans les pas d’Emmanuel Macron, 5 février 2021, https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2021/02/05/de-la-creation-d-en-marche-a-la-campagne-de-vaccination-mckinsey-un-cabinet-dans-les-pas-de-macron_6068833_4500055.html
(18) https://www.lesechos.fr/economie-france/budget-fiscalite/impots-le-cabinet-de-conseil-mckinsey-au-coeur-dune-nouvelle-polemique-1394337
(19) https://24heuresactu.com/2022/03/22/derriere-laffaire-mckinsey-laffaire-du-financement-de-la-campagne-demmanuel-macron/
(20) https://planetes360.fr/enorme-le-canard-enchaine-revele-que-la-strategie-vaccinale-francaise-pilotee-par-olivier-veran-et-par-letat-obeit-aux-ordres-et-aux-desirs-de-mael-de-calan-liens-financiers-avec-pfizer-consu/
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