La trinité de personnes en Dieu est un concept divin concernant la réalité de Dieu que l'on trouve dans toute l'Écriture sainte. Même si le mot lui-même ne s'y trouve pas, d'autres mots ne sont pas dans la Bible; Pourtant cela ne signifie pas que les concepts que ces mots désignent ne sont pas des réalités.
Si tu vois l'amour, tu vois la Trinité.
En France, Charles V fixa à trois les fleurs de lys des armes de France qui jusque-là étaient nombreuses et en semis. Il prit cette décision en l'honneur et pour représenter les trois Personnes de la Sainte Trinité.
Pourquoi la Trinité est-elle le modèle insurpassable de l’amour ?
Dieu nous appelle à partager sa vie d'amour. Le meilleur moyen d'y parvenir est de contempler et d'imiter les trois Personnes divines en greffant notre amour sur celui qui circule entre le Père, le Fils et l'Esprit Saint. (Aleteia)
Baptiser au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit veut dire plonger l'homme dans cette Réalité même que nous exprimons par le nom du Père, Fils et Saint-Esprit, la Réalité qu'est Dieu dans sa divinité. Le baptême plonge l'homme dans cette réalité qui s'est ouverte à l'homme. Rien de plus réel que cette ouverture, cette communication, ce don à l'homme du Dieu ineffable.
Définition de la Trinité
"Un des mystères fondamentaux de la religion chrétienne ... consiste à croire que Dieu unique subsiste en trois personnes distinctes, ayant la même nature, la même essence, la même éternité, la même puissance, et la même volonté ; ces trois personnes sont distinguées par les relations et les rapports qu'elles ont entre elles. La première n'a point de principe ; elle est au contraire le principe des deux autres ; c'est pourquoi on l'appelle le Père. La seconde procède du Père par une voie ineffable appelée génération ; c'est pourquoi on lui donne le nom de Fils. La troisième personne procède des deux autres par une autre voie ineffable qui n'est pas la génération ; on la nomme le Saint-Esprit. (Abbé François-Marie Bertrand, Dictionnaire universel, historique et comparatif de toutes les religions du monde, Abbé Migne éditeur, Ateliers catholiques du Petit-Montrouge Paris 1851, tome quatrième, p. 935.)
"On trouve assez fréquemment dans la Bible le titre de Fils ou Enfants de Dieu, appliqué
1° aux anges, en qualité de ministres et de serviteurs du Tout-Puissant, ou parce que leur nature a plus de ressemblance que celle des hommes avec la nature de Dieu;
2° aux rois, qui sont regardés comme les vicaires et les représentants de Dieu sur la terre, et que l'on suppose animés et inspirés de l'esprit divin, lorsqu'ils sont vertueux; c'est dans ce sens que le Psalmiste s'écrie en parlant aux rois : 'Pour moi, je dis : vous êtes des dieux, vous êtes tous les fils du Très-Haut; mais vous mourrez comme le reste des humains.' Les Grecs appelaient de même les rois, fils de Jupiter;
3° aux hommes pieux et surtout aux Israélites, qui formaient par excellence le peuple de Dieu. Mais dans ces derniers cas, le titre de Fils de Dieu est purement honorifique, ou n'exprime qu'une forme d'adoption ; tandis que la seconde personne de la sainte Trinité est Fils de Dieu par nature, et en conséquence d'une génération éternelle." (Abbé François-Marie Bertrand, Dictionnaire universel historique et comparatif des religions du monde, 1849, Migne éditeur, tome 2e, p. 728.)
"Le dogme de la Sainte Trinité a toujours été considéré dans le christianisme comme un mystère : le plus fondamental, et le plus insondable. Jésus-Christ lui-même dit : 'Nul ne connaît le Fils si ce n'est le Père, comme nul ne connaît le Père si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler.' (Mt 11,27)" (Jean-Michel Garrigues, Père, Fils et Esprit Saint, Catéchèses de Jean-Paul II sur la Trinité, Éditions Parole et Silence, 2000, p. 68.)
On peut bien croire en Dieu d'une manière vague, mais si l'on n'a pas la foi en Jésus-Christ, Son Fils, on n'a pas la foi, le Fils étant sous le ciel, le seul nom donné aux hommes qui puisse nous sauver (Ac 4, 12), le chemin, la vie et la vérité (Jn 14,6) nous conduisant au Père. Et la foi en Jésus-Christ est une vertu théologale qui est une grâce qui nous est donnée par Dieu.
"Le mystère de la Très Sainte Trinité est le mystère central de la foi et de la vie chrétienne" (CEC 234); l'enseignement le plus fondamental et le plus essentiel de la "hiérarchie des vérités de la foi". On ne peut le savoir que s'il a été révélé d'en haut (CEC 237). De même, "Dieu seul peut nous en donner la connaissance en Se révélant comme Père, Fils et Saint-Esprit." (CEC 261)
Cela ne signifie pas que le dogme de la Trinité est contraire à la raison ou que la raison ne peut pas être appliquée à un degré quelconque (cf. CC 154).
Pourtant, pour cette ouverture au Réel qu'est Dieu, nul besoin d'une "initiation", il suffit d'abord d'accueillir le don de Dieu, et d'ouvrir son cœur à Dieu. Comme l'a dit Saint Anselme, "je ne cherche pas à comprendre afin de croire, mais je crois afin de comprendre. Car je crois ceci - à moins que je crois, je ne comprendrai pas.", Ou Saint Augustin de même : "Crois pour comprendre ... et comprends donc pour croire." (Voir Is 7,9)
« C'est par le mystère de l'auguste et incompréhensible Trinité que Dieu paraît véritablement Dieu, et infiniment supérieur à tout ce qui n'est pas Dieu. Rien de tout ce que les plus sublimes génies ont pu concevoir de cet Être suprême, n'approche des hautes idées que nous en fournit ce mystère adorable. Il nous présente une nature infinie, infiniment simple, et en même temps infiniment, éternellement, et nécessairement féconde, mais dont la fécondité ne détruit pas l'infinie simplicité ; un Dieu existant en une seule nature et substance, et en même temps en trois personnes, le Pères, le Fils et le Saint-Esprit.
« Mais comment concevoir trois personne subsistantes dans une même et unique Essence, ou nature infiniment simple ?
"Voici comment on peut exposer philosophiquement ce dogme
"Dieu le Père ne peut pas subsister sans avoir la conscience de lui-même, autrement il ne serait qu'un être inerte et impuissant ; or, en se connaissant, et en se comprenant lui-même avec ses perfections infinies, il produit la parole de l'entendement divin, éternellement subsistante, vraie image de lui-même et consubstantielle avec lui. C'est cette parole intérieure, ce raisonnement de la personne divine qui est le Fils.' La connaissance que le Père a de Lui est tellement parfaite qu'elle comporte toute sa substance sous la perfection de Personne (c'est le "Verbe", Parole mentale = le Fils).
AU COMMENCEMENT était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. (Jn 1,1)
"Il en est de même en nous, … car lorsque l'entendement humain crée, saisit et conçoit un objet, il s'en forme une image en lui-même, et cette image est appelée par les philosophes la parole de l'intelligence ou l'idée, pour la distinguer de la parole extérieure ou de l'expression par laquelle nous manifestons nos pensées et les communiquons au-dehors.
"Mais cette parole de l'intelligence est en nous muable et fugitive, un pur mode, un accident, non une substance réelle ou quelque chose qui subsiste de soi-même, tandis que Dieu étant essentiellement immuable, ne peut être le sujet d'aucun mode ou accident ; Il est incapable de la moindre altération, bien différent en cela des esprits créés ... C'est pourquoi le Père, par la connaissance infinie qu'il a de lui-même produit une parole intérieure de son intelligence qui est une vraie subsistance ou personne ; et, comme cet acte est nécessaire en lui, il s'en suit que cette subsistance ou personne est produite et engendrée de toute éternité, et que le Fils est aussi ancien que le Père.
"Il en est de même de la troisième personne ; le Père n'a pu engendrer son Fils sans l'aimer ; de même le Fils n'a pu être engendré du Père sans lui rendre un amour égal à cause des perfections divines qui forment leurs attributs mutuels ; Or c'est cet amour mutuel qui est le Saint-Esprit, autre subsistance réelle, permanente et distincte qui procède des deux autres personnes.
"Dieu étant un être éternel, infiniment simple, infiniment fécond, il connaît toutes les infinies perfections, et cette connaissance est dans la substance divine & n'est point distinguée de la substance divine, parce que cette substance est infiniment simple.
"Dieu étant infiniment parfait, et se connaissant parfaitement lui-même, il s'aime infiniment et nécessairement ; et cet amour est dans la substance divine, et ne peut être distingué de la substance divine, parce qu'il ne peut rien y avoir dans cette substance qui soit opposé à son infinie simplicité.
"Cependant nous concevons que la connaissance n'est pas le principe ; que l'amour n'est pas la connaissance ; et que le principe, la connaissance & l'amour, c'est nécessairement et substantiellement Dieu lui-même, toujours UN, toujours unique, toujours infiniment simple.
"Le principe, c'est le Père ;
"la connaissance qui est substantiellement et éternellement dans le Père, c'est le Fils ;
"l'amour qui est substantiellement et éternellement dans le Père & le Fils, c'est le Saint-Esprit."
Saint Athanase († 379) dans sa dispute contre Arius, saint Basile († 379) dans son livre sur le Saint Esprit (chap 16), saint Grégoire de Naziance dans son discours sur Néron, Didyme l’aveugle dans son premier livre sur le Saint Esprit, saint Ambroise († 397) dans son livre 3 sur le Saint-Esprit (chap 2), saint Augustin († 430) livre 1 contre Maximin, saint Grégoire de Nysse († 395) dans son livre "que l’Esprit saint est Dieu", et tous les autres pères enseignent très clairement et très fréquemment que l’Esprit saint est Dieu.
"L'homme porte en lui-même une image imparfaite de la Trinité divine
"Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il a fait de lui une image de sa propre identité." (Livre de la Sagesse 2,23)
Ce sont les trois puissances ou faculté de notre âme : la connaissance, le jugement et la volonté. La première est le principe des autres, qui ne peuvent subsister sans elle. Le jugement procède de la connaissance seule, et la volonté est produite par la connaissance réunie au jugement. (François-Marie BERTRAND, Dictionnaire universel, historique et comparatif de toutes les religions du monde, tome quatrième, Abbé Migne éditeur, Ateliers catholiques du Petit-Montrouge Paris 1851, p. 935-936.)
Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé.
Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi.
C'est le projet de Dieu d'une union de toutes les créatures avec le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Dieu ne veut pas rester seul avec le Fils. Il veut se multiplier, se communiquer aux hommes "moi en eux, et toi en moi", afin "qu'ils deviennent ainsi parfaitement Un" (Jn 17,23) La fin ultime de toute l’économie divine, c’est l’entrée des créatures dans l’unité parfaite de la Bienheureuse Trinité" (cf. Jn 17, 21-23). (CEC n° 260). "Voici que je fais toutes choses nouvelles." (Ap 21, 5). "Si donc quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né." (2 Co 5, 17).
Prier une personne revient à prier les trois personnes car elles agissent par unité d’opération
Les trois personnes ne sont pas en concurrence les unes avec les autres, et elles ne se brouillent pas les unes avec les autres ou avec nous parce que nous pouvons sembler préférer l'une aux autres.
Toutes les actions de Dieu sont trinitaires, fruit des trois personnes. On peut dire qu’on prie le Père dans le nom du Fils à l’aide du Saint Esprit. Saint Paul nous dit aussi que lorsque nous ne savons pas quels mots utiliser dans la prière, l'Esprit prie pour nous "avec des soupirs trop profonds pour les mots". En d'autres termes, la prière ne commence pas avec nous, mais avec l'Esprit agissant en nous, nous attirant vers le Fils et le Père. (Source: CatholicIrland)
La conscience d'un Dieu trine chez les païens
Le signe de la croix a été pratiqué partout et toujours dans des circonstance solennelles, avec la conscience plus ou moins claire de sa signification. (Source générale : Mgr Jean-Joseph GAUME, Le Signe de la Croix au XIXe siècle, 1869, rééd. Éditions Saint-Sébastien 2016).
Les païens, aussi, faisaient le signe de la croix
Ils l'ont fait en priant et l'ont cru, avec raison, doué d'une force mystérieuse de grande importance. Ils le faisaient en passant le pouce de la main droite sous l'index et le reposant sur le doigt du milieu, de manière à former une croix. Apulée (125-170), philosophe platonicien, en fait foi : "Une multitude de citoyens et d'étrangers, dit-il, étaient accourus au bruit retentissant du spectacle. ... Ils portaient la main droite à leur bouche, l'index reposant sur le pouce; et, par de religieuses prières, l'honoraient comme la divinité elle-même." (Apulée, Asin, Aur, lib. IV.) Quant au murmure d'accompagnements, on connaît les vers d'Ovide (-43 - 18 ap. J.-C.), VI, Métamorph. :
Restitit, et pravido, faveas mihi, murmure Dixit (Il s'est arrêté et m'a dit à voix haute)
Dux mens : simul, faveas mihi, murmure dixi. (Esprit de chef : en même temps, favorisez-moi, murmurai-je.)
Cette manière de faire le signe de la croix est tellement expressive qu'elle est demeurée même de nos jours, familière à un grand nombre de chrétiens dans tous les pays. Elle n'était pas la seule connue des païens. Comme les âmes les plus pieuses, ils faisaient le signe de la croix en joignant les mains sur la poitrine, dans les circonstances les plus solennelles, et les plus mystérieuses en même temps, de leur vie publique.
Lorsqu'une armée romaine venait mettre le siège devant une ville, la première opération du général, quel que fût son nom, Camille, Fabius, Métellus, César ou Scipion, était non de creuse des fossés ou d'élever des lignes de circonvallation, mais d'évoquer les dieux défenseurs de la ville et de les appeler dans son camp. La formule d'évocation est trop longue pour une lettre. Tu la trouveras dans Macrobe. Or, en la prononçant, le général faisait deux fois le signe de la croix. D'abord, comme Moïse, comme les premiers chrétiens, comme, aujourd'hui encore le prêtre à l'autel, les mains étendues vers le ciel, il prononçait en suppliant le nom de Jupiter. Puis, rempli de confiance dans l'efficacité de sa prière, il croisait dévotement les mains sur sa poitrine. (Satur., lib. III, c. II). Voilà bien le signe de la croix sous deux formes incontestables, universelles et parfaitement régulières. Si ce fait remarquable est généralement ignoré, en voici un autre qui l'est un peu moins. L'usage de prier les bras en croix était familier aux païens de l'Orient et de l'Occident. Tite-Live dira : "À genoux, elles élevaient leurs mains suppliantes vers le ciel et vers les dieux." (Lib. XXXIV.) Denys d'Halicarnasse : "Brutus, apprenant le malheur et la mort de Lucrèce, éleva les mains au ciel et appela Jupiter avec tous les dieux. (Antiquit., lib. IV) Et Virgile : "Le père Anchise, sur le rivage, les mains étendues, invoque les grands dieux." (Æneid., lib . III) Et Athénée : "Darius, ayant appris avec quels égards Alexandre traitait ses filles captives, étendit les mains vers le soleil, et demanda, si lui-même ne devait pas régner, que l'empire fût donné à Alexandre." (Lib. XIII, c. XVII.) Apulée déclare formellement que cette manière de prier n'était pas une exception, une excentricité, mais une coutume permanente : "L'attitude de ceux qui prient, est d'élever les mains au ciel." (Lib. de Mundo)
Les Égyptiens plaçaient la croix dans leurs temples, priaient devant ce signe et le regardaient comme l'annonce d'un bonheur futur. Les historiens grecs Socrate (380-450) et Sozomène (400-448) rapportent qu'au temps de l'empereur Théodose (379-395), lorsqu'on détruisait les temples des faux dieux, celui de Sérapis en Égypte, se trouva rempli de pierres, marquées de caractère hiéroglyphiques en forme de croix. Les néophytes égyptiens affirmaient que ces caractères signifiant la croix, signe de la vie future, suivant les interprètes. (Sozom. , 1. V, c. XVII; - Id., lib. VII, c. XV.)
Sur la valeur interprétatoire et latreutique du signe de la croix, le haut Orient était d'accord avec l'Occident, le Chinois et le Romain.
Les Gaulois croyaient en Toutatis, Hésus et Taranis, la triade celtique était "une ébauche de conception trinitaire" (Anne Bernet). Ils vénéraient un seul dieu en trois personnes, ce qui expliquerait la relative facilité avec laquelle l'Eglise a finalement converti les pays celtes. On a conservé une statue du "dieu à trois têtes" du IIe siècle ap. J-C. On trouve cette image dans le livre de Régine Pernoud, "Les Gaulois", avec cette légende : "Le dieu à trois têtes. IIe siècle ap. J.-C."
Le dieu à trois têtes, IIe siècle ap. J-C.
"Les Saints Forts ne sont autres que les habitants d'un village du pays carnute. Ils reconnurent aussitôt la Virgo paritura (la Vierge qui enfantera) qu'adoraient leurs ancêtres dans la Vierge Mère que leur annonçait un missionnaire. Convertis en masse, les Carnutes refusèrent d'abjurer leur foi, qui renouait si bien avec les plus hautes aspirations de l'ancienne religion celte. Ils furent jetés vivants dans le puits que l'on voit toujours sous la cathédrale de Chartres." (Anne BERNET, Clovis et le Baptême de la France, Editions Clovis, Condé-sur-Noireau 1996, p. 81.) Sainte Anne, la mère de la Vierge Marie, était déjà connue et vénérée chez nous en France, avant l'apparition du christianisme. "Elle est ainsi évoquée, écrit Anne Bernet, selon les lieux et les circonstances, sous le nom d'Epona ou de Rigantona...; sous le nom d'Anna ou de Dana, aïeule des dieux et des hommes... ; et parfois sous ceux de Belisima (la 'Très Brillante') ou de Rosmerta.
Des sept manières de faire le signe de la croix, les païens en connaissaient trois.
À leurs yeux, il avait une signification réelle, une valeur considérable, quoique plus ou moins mystérieuse, suivant les lieux, les temps et les personnes.
"Il est infiniment remarquable, dit Gretzer (1562-1625), que dès l'origine du monde Dieu a voulu tenir constamment la figure de la croix sous les yeux du genre humain, et organisé les choses de manière que l'homme ne pût presque rien faire sans l'intervention du signe de la croix. (De Cruce, lib. I, c. III.)
"Pour tenter la fortune et aller chercher des richesses aux extrémités du monde, le navigateur a besoin d'un navire. Le navire ne peut voguer sans mât, et le mât avec ses vergues forme la croix. (S. Hier., in c. XI Marc.) Sans elle nulle direction possible, nulle fortune à espérer. (Orig. Homil. VIII, in divers.)
"Le laboureur demande à la terre sa nourriture, la nourriture des riches et des rois. Pour l'obtenir, il lui faut une charrue. La charrue ne peut ouvrir le sein de la terre si elle n'est armée de son couteau; et la charrue armée du couteau forme la croix." (S. Maxim. Taur., ap. S. Ambr., t. III, ser. 56, etc.)
"Que nous montrent chez les Romains les cantabra et le siparia des étendards, sinon la croix ?
"Les uns et les autres sont des lances dorées surmontées d'un bois, placé horizontalement, d'où pend un voile d'or et de pourpre.
Les aigles aux ailes déployées placées au haut des lances et les autres insignes militaires, toujours terminés par deux ailes étendues, rappellent invariablement le signe de la croix.
"Monuments des victoires remportées, les trophées forment la croix. La religion des Romains est toute guerrière; elle adore les étendards; elle jure par les étendards; elle les préfère à tous les dieux : et tous ses étendards sont des croix : omnes illi imaginum suggestus insignes monilia crucium sunt." (Tertull. Apolog. XVI.) Aussi, lorsqu'il voulut perpétuer le souvenir de la croix par laquelle il avait été vaincu, Constantin n'eut point à changer l'étendard impérial, il se contenta d'y faire graver le chiffre du Christ, comme s'il lui importait seulement de nommer Celui de qui il avait eu la vision et non l'objet de cette vision." (Euseb. lib. IX Histor., 9.)
"Le ciel lui-même est disposé en forme de croix.
Que représente les quatre points cardinaux, sinon les quatre bras de la croix et l'universalité de sa vertu salutaire ? La création tout entière porte l'empreinte de la croix. Platon lui-même n'a-t-il pas écrit que la Puissance la plus voisine du premier Dieu s'est étendue sur le mine en forme de croix." (S. Maxim. Taur., apud S. Ambr., t. III, serm. 56 ; - S. Hier., in Marc, XI ; - Tertull., Apol., XVI; - Orig., Homil. VIII in divers.)
De là cette réponse péremptoire de Minucius Félix († en 250 à Rome) aux païens qui reprochaient aux chrétiens de faire le signe de la croix : "Est-ce que la croix n'est pas partout ? leur disait-il. Vos enseignes, vos drapeaux, les étendards de vos camps, vos trophées, que sont-ils, sinon des croix ornées et dorées ? Ne priez-vous pas comme nous, les bras étendus ? Dans cette attitude solennelle, n'employez-vous pas alors aux chrétiens adorateurs d'un Dieu unique, et qui ont le courage de confesser leur foi au milieu des tortures, en étendant leurs bras en croix ? Entre nous et votre peuple, quelle différence y a-t-il, lorsque les bras en croix, il dit : Grand Dieu, vrai Dieu, si Dieu le veut ? Est-ce le langage naturel du païen, ou la prière du chrétien ? Ainsi, ou le signe de la croix est le fondement de la raison naturelle, ou il sert de base à votre religion." (Octav.)
Le concept de la Trinité dans l'Ancien Testament
Dans les trois premiers versets de la Bible nous trouvons la définition même de la Trinité ; la Bible nous dit en effet qu’‘’AU COMMENCEMENT’’, lorsque ‘’Dieu créa le ciel et la terre’’ (Gn 1,1), ‘’le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux’’ (Gn 1,2). C’est l’Esprit de Dieu.
Et la Bible ajoute : ‘’Dieu dit : ‘Que la lumière soit.’ Et la lumière fut.’’ (Gn 1,3)
Il y a donc (1) Dieu, (2) l’Esprit de Dieu et (3) la Parole de Dieu.
L'homme est une lointaine image de Dieu, créée sur la terre pour imiter celle du Ciel.
L'homme est un corps, un esprit, une âme. "Dieu dit : 'Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance.'" (Gn, 1, 26)
"L'expression 'notre image' ne veut pas dire qu'il y a plusieurs dieux. Le 'notre' et un signe de majesté, et les théologiens catholiques y ont vu une anticipation de l'expression sainte Trinité. Dieu dit 'nôtre' parce qu'il y a trois Personnes qui créent ensemble. Cependant, puisqu'elles sont consubstantielles, Dieu est Un. La polémique est ainsi résolue par la Trinité, donc l'Intelligence du christianisme est nécessaire à la compréhension de la Genèse." (Alain PASCAL, L'Intelligence du Christianisme, tome 2 De la Révélation à l'apostasie, éditions du Verbe Haut 2023, p. 52.)
Saint Paul fait écho à cet homme fait à l'image de Dieu dans sa première lettre aux Corinthiens :
''ce qui est semé corps physique ressuscite corps spirituel ; car s’il existe un corps physique, il existe aussi un corps spirituel. L’Écriture dit : Le premier homme, Adam, devint un être vivant ; le dernier Adam – le Christ – est devenu l’être spirituel qui donne la vie. Ce qui vient d’abord, ce n’est pas le spirituel, mais le physique ; ensuite seulement vient le spirituel. Pétri d’argile, le premier homme vient de la terre ; le deuxième homme, lui, vient du ciel. Comme Adam est fait d’argile, ainsi les hommes sont faits d’argile ; comme le Christ est du ciel, ainsi les hommes seront du ciel. Et de même que nous aurons été à l’image de celui qui est fait d’argile, de même nous serons à l’image de celui qui vient du ciel.'' (1 Co 15,44-49)
Si le Christ, Verbe incarné est l'image du Père, l'homme a été créé à l'image du Christ. Ce thème central dans la pensée biblique et chez les Pères grecs est l'élément fondamental de l'anthropologie chrétienne franciscaine de S. Bonaventure. (Dictionnaire des saints et Grands témoins du christianisme, Sous la direction de Jean-Robert ARMOGATHE et André VAUCHEZ, CNRS Éditions, Paris 2019, p. 174.)
Retraçant l'image auguste de Dieu que l'homme porte en lui-même et le conjurant d'en faire l'objet continuel de son imitation, Bossuet expliquera :
"Cette Trinité, incréée, souveraine, toute-puissante, incompréhensible, afin de nous donner quelque idée de sa perfection infinie, a fait une Trinité créée sur la terre... Si vous voulez savoir qu'elle est cette Trinité créée dont je parle, rentrez en vous-mêmes, et vous la verrez; c'est votre âme..." (Sermon sur le mystère de la Sainte Trinité, t. IV, édit. 1846, in Mgr Jean-Joseph GAUME, Traité du Saint-Esprit, 1864, Rééd. Éditions Saint-Rémi, 2019, p. 364-365.)
Alors le Seigneur Dieu dit au serpent : « [...] Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : celle-ci te meurtrira la tête, et toi, tu lui meurtriras le talon. »
Dieu donne à la femme "une mission eschatologique. C'est dans la descendance de la femme que doit venir Celui qui écrasera la tête du Serpent" (Gn 3, 14-15). Or, ce rôle éminent ne peut être compris sans le christianisme, puisque Jésus naîtra de la Vierge Marie, qui est la 'nouvelle Ève'. Le christianisme valorise ainsi la femme. [...] La femme se sera 'Mère du Fils', c'est-à-dire 'Mère de Dieu', ce qui est annoncé dans la Genèse, mais ne s'accomplit qu'avec le Christ.
"Sans l'Incarnation, pas de Rédemption, [...] la femme ne rachèterait pas le péché originel. Mais par une femme, la Vierge Marie, femme réelle, le Féminin portera le Sauveur qui rachètera le Péché originel. (Alain PASCAL, L'Intelligence du Christianisme, tome 2 De la Révélation à l'apostasie, ibid., p. 58-59; 81.)
"[...] [L]a Genèse n'acquiert son sens qu'avec l'Incarnation." (Alain PASCAL, L'Intelligence du Christianisme, tome 2ibid. p. 81.),
Après la Chute, la chair est corrompue (l'humain devient mortel), l'âme aussi. Elle est déchue de son état primordial, la communion spirituelle avec Dieu. D'où la nécessité du Fils pour la Rédemption de l'humanité. Il descendra dans la condition humaine par la femme (Marie la nouvelle Ève et viendra restaurer l'état primordial, la communion avec Dieu, non plus seulement le Père, mais aussi le Fils et le Saint-Esprit. La Trinité est donc nécessaire à la compréhension de la Genèse, c'est ce qui fait l'intelligence supérieure du christianisme." (Alain PASCAL, L'Intelligence du Christianisme, tome 2 De la Révélation à l'apostasie, ibid., p. 65.)
Dieu" en hébreu אֱלֹהִים ('ēlohîm) est écrit au pluriel
De même, selon la spécialiste française de l'hébreu biblique, Danielle Ellul, le terme "Dieu" en hébreu אֱלֹהִים ('ēlohîm) est écrit au pluriel :
"Elohim dit : faisons l'homme à notre image, à notre ressemblance…"
"Elohim dit : Voici que l’homme est devenu comme l’un de nous…"
"Au Commencement, Dieu(x) créa le ciel et la terre."
"Dieu est le terme le plus usité pour désigner Dieu. Malgré sa forme pluriel (d'intensité ou de majesté) il est habituellement accompagné d'un verbe au singulier. (Le verbe est au pluriel quand le sujet désigne les anges ou les divinités païennes)." (Danielle ELLUL, Apprendre l'Hébreu biblique par les textes en 30 leçons, Cerf, 4e édition, Paris 2003, p. 57.)
Selon Saint Epiphane (310-403), évêque de Salamine né dans un village de Judée d'une famille juive d'agriculteurs et "profondément instruit des choses de sa nation", "les hommes éclairés parmi les hébreux enseignèrent de tout temps, et avec une entière certitude, la Trinité dans une unique essence divine" (Ad. haeres., lib. I, haer. 5.), moins clairement toutefois que les apôtres et les Pères.
"Un autre enfant d'Israël, non moins versé dans l'histoire religieuse de la synagogue, Paul. L. B. Drach (1791-1865) s'exprime ainsi :
"Dans les quatre Évangiles, on ne remarque pas plus la Révélation nouvelle de la sainte Trinité, point fondamental et pivot de toute la religion chrétienne, que celle de toute autre doctrine déjà enseignée dans la synagogue, lors de l'avènement du Christ : comme, par exemple, le péché originel, la création du monde sans matière préexistante et l'existence de Dieu.
"Quand Notre-Seigneur donne à ses disciples, qu'il avait choisis parmi les Juifs, la mission d'aller prêcher son saint Évangile aux peuples de la terre, il leur ordonne de les baptiser au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit." (Mt 28,19).
En effet, "quiconque est familiarisé avec ce qu'enseignaient les anciens docteurs de la synagogue, surtout ceux qui ont vécu avant la venue du Sauveur, sait que la Trinité en un Dieu unique était une vérité admise parmi eux depuis les temps les plus reculés." (Paul. L. B. Drach, De l'harmonie entre l'Eglise et la Synagogue, in Mgr Jean-Joseph GAUME, Traité du Saint-Esprit, 1864, Rééd. Éditions Saint-Rémi, 2019, p. 367.)
Le Dictionnaire universel de toutes les religions de François-Marie BERTRAND indique qu'« il entrait sans doute dans les desseins de la Providence que le dogme trinitaire ne fût pas exposé nettement dans l'Écriture, car il était à craindre qu'il ne favorisât le penchant des Israélites au polythéisme.
« [...] Cependant, lorsque l'on étudie avec attention le Talmud, les paraphrases chaldaïques, le Zohar, les anciens commentateurs de l'Ecriture sainte, on ne peut s'empêcher de conclure que le mystère de la Sainte Trinité faisait partie de l'enseignement isotérique de la Synagogue; très fréquemment ils interprètent en ce sens certains passages, qui autrement paraissent obscurs. Jonathan, fils d'Ouziel, qui florissait un peu avant la naissance du Christ, s'exprime ainsi sur ces paroles du Psaume II,7 : "Jéhovah m'a dit : Tu es mon Fils. ''Ces deux, Père et Fils, sont trois en union avec une troisième personne, et ces trois personnes ne forment qu'une substance, qu'une essence, qu'un Dieu."
Le trisagion d'Isaïe 6,3 mentionne le Dieu trois fois saint
''Ils se criaient l’un à l’autre : 'Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur de l’univers ! Toute la terre est remplie de sa gloire.''' (Is 6,3)
« [...] Un exemplaire fort ancien de ce targoun tomba entre les mains de Pierre Galatin, frère franciscain, inventeur au XVIe siècle du terme latinisé "Jéhovah". Celui-ci trouva dans ce targoun la paraphrase suivante du trisagion d'Isaïe, ch. VI, v. 3 : "Saint le Père, Saint le Fils, Saint l'Esprit-Saint !" Le même Galatin, à propos du tétragramme יהוה Jéhovah en cite des explications ou interprétations hébraïques en douze et quarante-deux lettres : la première se traduirait par ces paroles : Père, Fils et Esprit de sainteté; et la seconde par ces mots : Le Père est Dieu, le Fils est Dieu, l'Esprit de Sainteté est Dieu; cependant ce ne sont pas trois dieux, mais un Dieu unique.
Et Jésus, la Parole de Dieu, deuxième personne de la Trinité, avertit Jérusalem : ''Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, ... je vous le déclare : vous ne me verrez plus désormais jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !'' (Mt 23,37) C'est-à-dire que les Juifs ne le reverront plus jusqu'à ce qu'ils se convertissent au Dieu trine de la Bible.
« Le Galé-Razaya ou Révélateur des mystères, livre composé au IIe siècle par Juda le Saint (135-217), rédacteur de la Mischna (ou première partie du talmud qui recueille les constitutions et les traditions des magistrats et des docteurs juifs), nous offre ce passage remarquable :
"Traduction littérale : 'Considère que le nom tétragrammaton dénote, d'après son orthographe, un Dieu procréateur.
Or, il n'est pas de procréateur sans procréé, et il faut qu'il procède un amour du procréateur vers le procréé, de même que du procréé vers le procréateur; autrement, ils seraient séparés l'un de l'autre et formeraient deux essences distinctes, tandis qu'à la vérité le procréateur et le procréé, et l'amour, procédant de tous les deux, sont une seule essence; c'est pour cette raison que dans ce nom (tétragrammaton) est renfermé le nom des douze lettres qui forment les mots Père, Fils et Saint-Esprit; et sache que ce mystère est un des secrets du Très-Haut.
Il convient de le dérober aux yeux des hommes jusqu'à la venue du Messie, notre juste.
Je te l'ai révélé; mais le secret de Jéhovah est réservé pour ceux qui le craignent.'
Que l'on ne s'étonne pas de voir le mystère de la Très Sainte Trinité si clairement exprimé dans le livre d'un rabbin. ... Les pharisiens connaissent la réalité de toutes ces choses, mais les renvoient à un Messie futur et imaginaire..." (Paul L. B. Drach, De l'Harmonie entre l'Eglise et la Synagogue, tome 1, Paul Mellier éditeur, Paris 1844, lecture en PDF p. 199-201.)
Par ailleurs, « le livre Kozri dit : "La sagesse est trois en une. L'être divin est unique. La distinction des numérations que nous admettons en lui ne consiste que dans une certaine distinction dans la même essence."
« [...] On pourra à ce sujet consulter l'ouvrage de M. Drach, intitulé : "De l'Harmonie entre l'Église et la Synagogue'." ... » (François-Marie BERTRAND, Dictionnaire universel, historique et comparatif de toutes les religions du monde, 1851, Ateliers catholiques du Petit-Montrouge Paris, tome 4e, p. 938.)
Cet ouvrage de M. Drach, d'une inattaquable érudition démontre sans réplique qu'il n'est pas un principe de la morale, des dogmes et du culte catholique, qui ne se trouve implicitement ou formellement dans la loi mosaïque, jusque dans ses prescriptions cérémonielles.
Le christianisme n'est que la loi ancienne et primitive accomplie, complétée, spiritualisée, universalisée. (Dictionnaire des Apologistes involontaires, le Catholicisme triomphant par ses propres adversaires, M. C.-F. CHEVE, Abbé MIGNE Editeur, Ateliers Catholiques Rue d'Amboise, tome I, Paris 1853, p. 84.)
Dans De l'Harmonie entre l'Eglise et la Synagogue, tome 1, Paul Mellier éditeur, Paris 1844, lecture en PDF p. 201, Paul L.B. Drach ajoute : "Dans les extraits de Rabbi Juda, que nous avions faits forts jeunes, étant étudiant, nous regrettons de ne pas trouvé le passage mentionné par plusieurs savants, passage où le Galé-Razaya explique le nom (De Dieu) en quarante-deux lettres par les mots suivants qui se forment effectivement de nombre de lettres ... ; c'est-à-dire Dieu Père, Dieu Fils, Dieu Saint-Esprit. Trois en un, Un en trois."
Au Psaume 109 (110), 7, David écrit: "Oracle du Seigneur à mon seigneur : « Siège à ma droite, * et je ferai de tes ennemis le marchepied de ton trône. »" Et lorsque Jésus interroge les pharisiens qui se trouvaient réunis, il leur demande : « Quel est votre avis au sujet du Christ ? de qui est-il le fils ? » Ils lui répondent : « De David. » Jésus leur réplique : « Comment donc David, inspiré par l’Esprit, peut-il l’appeler “Seigneur”, en disant : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : “Siège à ma droite jusqu’à ce que j’aie placé tes ennemis sous tes pieds” ? Si donc David l’appelle Seigneur, comment peut-il être son fils ? Personne n’était capable de lui répondre un mot et, à partir de ce jour-là, nul n’osa plus l’interroger. » (Mt 22, 41-46)
Dieu apparaît à Abraham sous la forme de trois hommes, lorsqu'il lui annonce sa descendance (Gn 18,10), à savoir Isaac, image du christianisme futur ("Car Abraham doit devenir une nation grande et puissante, et toutes les nations de la terre doivent être bénies en lui." Gn 18,18). Et Abraham s'adresse à Dieu apparu sous la forme de trois hommes en disant "Mon Seigneur" au singulier. Saint Justin au IIe siècle avance que l'ange qui parle à Abraham pourrait être Jésus lui-même :
01 Aux chênes de Mambré, le Seigneur apparut à Abraham, qui était assis à l’entrée de la tente. C’était l’heure la plus chaude du jour.
02 Abraham leva les yeux, et il vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui. Dès qu’il les vit, il courut à leur rencontre depuis l’entrée de la tente et se prosterna jusqu’à terre.
03 Il dit : « Mon seigneur, si j’ai pu trouver grâce à tes yeux, ne passe pas sans t’arrêter près de ton serviteur.
04 Permettez que l’on vous apporte un peu d’eau, vous vous laverez les pieds, et vous vous étendrez sous cet arbre.
05 Je vais chercher de quoi manger, et vous reprendrez des forces avant d’aller plus loin, puisque vous êtes passés près de votre serviteur ! » Ils répondirent : « Fais comme tu l’as dit. »
06 Abraham se hâta d’aller trouver Sara dans sa tente, et il dit : « Prends vite trois grandes mesures de fleur de farine, pétris la pâte et fais des galettes. »
07 Puis Abraham courut au troupeau, il prit un veau gras et tendre, et le donna à un serviteur, qui se hâta de le préparer.
08 Il prit du fromage blanc, du lait, le veau que l’on avait apprêté, et les déposa devant eux ; il se tenait debout près d’eux, sous l’arbre, pendant qu’ils mangeaient.
09 Ils lui demandèrent : « Où est Sara, ta femme ? » Il répondit : « Elle est à l’intérieur de la tente. »
Paul L. B. Drach qui commente le chapitre 18 de la Genèse écrit : ''Le texte hébreu du chapitre 18 de la Genèse proclame continuellement, d'un bout à l'autre, la Trinité et l'unité de Dieu. [...] Quelques rabbins prétendent que ce sont tout simplement trois anges sous forme humaine, qui ont reçu l'hospitalité du patriarche. Outre que le texte dit positivement que Jéhova lui-même apparut à Abraham, il n'est pas fait mention d'anges une seule fois dans tout ce récit.
"[...] Abraham avait accompagné pendant un espace de chemin les hommes quand ils se retirèrent. ("Les hommes se levèrent pour partir et regardèrent du côté de Sodome. Abraham marchait avec eux pour les reconduire."Gn 18,16) Ce n'est que dans le chapitre suivant qu'il est parlé d'anges qui se transportèrent à Sodome. Les deux anges arrivèrent à Sodome, le soir. (Gn 19,1) Ces deux anges n'étaient donc pas les trois Personnes d'Abraham. Si donc le texte du chapitre 18,16 dit: Cum ergo surrexissent inde Viri, direxerunt oculos contra Sodomam (Quand les hommes se furent levés de là, ils tournèrent les yeux vers Sodome), il faut l'expliquer que le Seigneur décida d'y envoyer ces anges.'' (De l'Harmonie entre l'Eglise et la Synagogue, tome 1, Paul Mellier éditeur, Paris 1844, lecture en PDF p. 447-449 et 565-566)
Philon, membre d'une riche famille royale et peut-être sacerdotale d'Alexandrie (vers 15-10 avant J.-C. - vers 50 après J.-C.), a consacré ses volumineux écrits à la préservation des traditions juives concernant la Loi, les cinq premiers livres de la Bible, dans un cadre philosophique, en partant du principe que la meilleure philosophie grecque était inférieure à l'enseignement de Moïse. Parmi ces traditions, on trouve le commentaire suivant sur Genèse 18,2 : "Et [Abraham dans les plaines de Mamré] leva les yeux et regarda, et voici que trois hommes se tenaient près de lui.
"Lorsque ... l'âme est éclairée par Dieu comme en plein midi, .... elle perçoit alors une triple image d'un sujet, une image du Dieu vivant, et d'autres des deux autres, comme si elles étaient des ombres irradiées par lui."
Le mot ombre n'est pas proprement applicable à Dieu, mais c'est une façon de parler pour rester au plus près de la vérité. Ainsi :
"Celui qui est au milieu est le Père de l'Univers, qui, dans les écritures sacrées, est appelé par son nom propre, Je suis ce que je suis ; et les êtres de chaque côté sont ces puissances les plus anciennes qui sont toujours proches du Dieu vivant, dont l'une est appelée sa puissance créatrice, et l'autre sa puissance royale...."
La Trinité chez les Chrétiens
De l'Église judaïque, le signe de la croix est passé dans l'Église chrétienne
Les premiers fidèles, frappés de l'ancienne manière de bénir avec la figure de la croix, ont été facilement instruits par les apôtres de la signification mystérieuse de ce signe, et naturellement portés à le continuer, en y ajoutant les divines paroles qui en donnent l'explication.
Lire :
Le signe de la Croix, Salut du monde
C'est "depuis le IIe siècle, (que le) terme de Trinité (est) utilisé par les théologiens pour exprimer la réalité du Dieu unique, vivant en trois personnes, Père, Fils et Saint-Esprit." (Dominique Le Tourneau, Les Mots du christianisme, Bibliothèque de Culture religieuse, Fayard, La Flèche 2005, p. 629.)
Les grands théologiens chrétiens de l'époque pré-nicéenne particulièrement dignes de mérite, évoquant la sainte Trinité, sont Justin, Tertullien, Cyprien, Origène, Irénée.
L'un des premiers chrétiens à employer le terme de "Trinité" est Théophile d'Antioche, septième évêque de l'Église d'Antioche au IIe siècle, dans son ouvrage Autolycus, une apologie de la foi chrétienne qui a été conservée, où l'auteur s'adresse à un païen pour le moins sceptique, qui ne semble pas manifester la moindre sympathie pour les chrétiens et ce qu'il croit savoir d'eux.
Dans son éloquent plaidoyer présenté à l'empereur Antonin vers l'an 120, saint Justin s'exprime ainsi : "Nous honorons en esprit et en vérité le Père et le Fils et le Saint-Esprit." (Apolog., I, n° 6.)
Ce que Justin avait dit à Rome, quelques années plus tard, saint Irénée l'enseignait dans les Gaules. "Ceux, dit-il, qui secouent le joug de la loi et se laissent emporter à leurs convoitises, n'ayant aucun désir du Saint-Esprit, l'apôtre les appelle avec raison des hommes de chair." (Cité par S. Basile, en preuve de la divinité du Saint-Esprit. Lib. de Spir. sanct., c. XXIX, n° 72).
À la même époque, Athénagore d'Athènes (133-190) demandait : "N'est-il pas étrange qu'on nous appelle athées, nous qui prêchons Dieu le Père et Dieu le Fils et le Saint-Esprit ?" (Legat. pro christian, n° 12 et 24.)
Eusèbe de Palestine (265-340), pour s'encourager à parler, disait : "invoquons le Dieu des prophètes, auteur de la lumière, par notre Sauveur Jésus-Christ avec le Saint-Esprit." (Ap. Basil., ibid.) (Mgr Jean-Joseph GAUME, Traité du Saint-Esprit, 1864, Rééd. Éditions Saint-Rémi, 2019, p. 373-374.)
"Au IVe siècle, les conciles de Nicée (325) et de Constantinople (381) ont contribué à la formulation précise des concepts employés communément pour présenter la doctrine sur la Sainte Trinité : un Dieu unique, qui dans l'unité de sa divinité est Père, Fils et Esprit Saint." (Jean-Michel Garrigues, Père, Fils et Esprit Saint, Catéchèses de Jean-Paul II sur la Trinité, Éditions Parole et Silence, 2000, p. 53.)
Le concept de la Trinité dans les textes du Nouveau Testament
19 Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit,
Les Pères de l'Eglise et les théologiens observent que Jésus-Christ a dit au nom sans se servir du pluriel, afin de marquer l'unité de la nature divine.
Quand les évangélistes abordent le thème de la conversion des nations au nom de la sainte Trinité sans le mot, ils s'en emparent comme d'un point de doctrine déjà manifeste, admis dans la croyance de la loi ancienne.
"Le baptême de Jésus lui-même dans le Jourdain est le lieu d'une théophanie trinitaire, la manifestation subite de la transcendance divine, exprimée dans le langage de l'Ancien Testament. L'Esprit se révèle sous la forme d'une colombe qui descend sur Jésus pour montrer qu'il habite en lui. Le Père authentifie sa mission en déclarant : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé qui a toute ma faveur" (Mt 3, 17). Il s'agit d'une révélation du Père, du Fils et de l'Esprit et c'est au nom de cette Trinité, révélée au baptême de Jésus, que tout chrétien sera baptisé." (Bernard Sesboüé, Invitation à croire, Paris, Cerf, 2009, p. 71.)
I Jean 5,7 (Vulgate) Bible catholique Aelf
07 En effet, ils sont trois qui rendent témoignage,
08 l’Esprit, l’eau et le sang, et les trois n’en font qu’un.
Selon la Vulgate, I Jean 5,7 mentionne en fait :
7 Car ils sont trois qui rendent témoignage dans le ciel : le Père, le Verbe et l'Esprit-Saint; et ces trois sont une seule chose.
8 Et ils sont trois qui rendent témoignage sur la terre, l'esprit, l'eau et le sang : et ces trois sont une seule chose.
Comment expliquer l'omission de la mention "le Père, le Verbe et l'Esprit-Saint; et ces trois sont une seule chose" du verset 7, mention présente dans la Vulgate, mais enlevée dans les Bibles modernes ?
La Bible de Jérusalem explique dans une note e à propos du verset 7 de I Jean 5 que ''le texte des v. 7 est surchargé dans la Vulgate par une incise (ci-dessous entre parenthèses) absente des manuscrits grecs anciens, des vieilles versions et qui semble être une glose marginale introduite plus tard dans le texte : Car il y en a trois qui témoignent (dans le ciel : le Père, le Verbe et l'Esprit-Saint, et ces trois sont un).
L'Encyclopédie théologique, Dictionnaire de théologie de Nicolas Bergier, explique :
''Nous savons que l'authenticité du verset 7 est contestée, […] il ne se trouve point, disent-ils, dans le très grand nombre des anciens manuscrits; il a donc été ajouté dans les autres par des copistes téméraires. Mais il y a aussi des manuscrits non moins anciens dans lesquels il se trouve. On conçoit aisément que la ressemblance des premiers et des derniers mots du verset 7 avec ceux du verset 8 a pu donner lieu à des copistes peu attentifs de sauter le septième; mais qui aurait été l'écrivain assez hardi pour ajouter au texte de Saint Jean un verset qui n'y était pas ?
"Une preuve que la différence des manuscrits est venue d'une omission involontaire, et non d'une infidélité préméditée, est que, dans plusieurs, le verset 7 est ajouté à la marge, de la propre main du copiste.
"En second lieu, dans le verset 6, l'Apôtre a déjà fait mention de l'eau, du sang et de l'esprit qui rendent témoignage à Jésus-Christ : est-il probable qu'il ait répété tout de suite la même chose dans le verset 8, sans aucun intermédiaire ? L'ordre et la clarté du discours exigent absolument que le verset 7 (complet, celui de la Vulgate. Ndlr.) soit placé entre deux.
"Enfin, ceux qui soutiennent que le 7e verset est une fourrure, sont obligés de soutenir que ces mots du verset 8, sur la terre, ont encore été ajoutés au texte, parce qu'ils sont relatifs à ceux du verset précédent, dans le ciel. C'est pousser trop loin la témérité des conjonctures.
"Ce qu'il y a de certain, c'est qu'au IIIe siècle, près de cent ans avant le Concile de Nicée, Tertullien et saint Cyprien ont cité ces mots du verset 7, ces trois sont un, le premier, lib. Contre Praxéas ou sur la Trinité = Adversus Praxeam (rédigé en 213), c. 2 ; le second, lib. De Unitate Eccl., p. 196. Nous n'avons point de manuscrits qui datent d'aussi loin.
"Aussi les plus habiles critiques, soit catholiques, soit protestants, soutiennent l'authenticité de passage; dom Calmet (1672-1757) les a cités dans une dissertation sur ce sujet, Bible d'Avignon, tome XVI, p. 462. (Encyclopédie théologique, Dictionnaire de théologie Nicolas Bergier, Série de dictionnaires sur toutes les parties de la science religieuse, tome quatrième, J.-P. Migne éditeur, 1851, p. 883-884)
Ce verset était connu :
- chez Théophile d'Antioche, évêque d'Antioche, dans on ouvrage Autolycus, une apologie de la foi chrétienne qui a été conservée;
- en passant par Saint Justin au IIe siècle ("Nous honorons en esprit et en vérité le Père et le Fils et le Saint-Esprit". Apolog., I, 6);
- saint Irénée de Lyon ("Ceux qui secouent le joug de la loi et se laissent emporter à leurs convoitises, n'ayant aucun désir du Saint-Esprit, l'apôtre les appelle avec raison des hommes de chair", cité par S. Basile, en preuve de la divinité du Saint-Esprit, Lib. de Spir. Sanct. C., XXIX, n°72)
- ou encore Athénagore d'Athènes (133-190) qui demandait : "N'est-il pas étrange qu'on nous appelle athées, nous qui prêchons Dieu le Père et Dieu le Fils et le Saint-Esprit ?" Legat. pro christian, n° 12 et 24).
- Eusèbe de Palestine (265-340), qui pour s'encourager à parler, disait au IIIe s.: "invoquons le Dieu des prophètes, auteur de la lumière, par notre Sauveur Jésus-Christ avec le Saint-Esprit." (Ap. Basil., ibid, in Mgr Jean-Joseph GAUME, Traité du Saint-Esprit, 1864, Rééd. Éditions Saint-Rémi, 2019, p. 373-374).
- les conciles de Nicée (325) et Constantinople (381) au IVe siècle;
- le Concile de Carthage au Ve;
- saint Fulgence au Ve - VIe s.,
- et saint Thomas d'Aquin au XIIIe siècle qui cite le verset entier I Jean V, 7 de dans sa Somme théologique (Q. 30, a. 2).
Lire :
Bibles modernes : occultation d'un verset sur la sainte Trinité
Saint Paul salue ainsi les fidèles :
Que la grâce du Seigneur Jésus Christ (1)
l’amour de Dieu (2)
et la communion du Saint-Esprit (3)
soient avec vous tous.
Saint Pierre parle ainsi à ceux qui ont sont désignés d'avance par Dieu le Père (1)
et sanctifiés par l'Esprit (2),
"pour entrer dans l’obéissance et pour être purifiés par le sang de Jésus Christ" (le Fils) (3). (1 P 1,2)
Au rapport de S. Basile, le pape saint Clément, troisième successeur de S. Pierre, martyrisé vers l'an 100, avait coutume de faire cette prière : 'Vive Dieu et Notre-Seigneur Jésus-Christ et le Saint-Esprit!' (Apolog., I, n° 6).
De l'unité du Seigneur et de l'Esprit :
14 Mais leurs pensées se sont endurcies. Jusqu’à ce jour, en effet, le même voile demeure quand on lit l’Ancien Testament ; il n’est pas retiré car c’est dans le Christ qu’il disparaît ;
15 et aujourd’hui encore, quand les fils d’Israël lisent les livres de Moïse, un voile couvre leur cœur.
16 Quand on se convertit au Seigneur, le voile est enlevé.
17 Or, le Seigneur, c’est l’Esprit, et là où l’Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté.
09 Or, vous, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Celui qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas.
06 Et voici la preuve que vous êtes des fils : Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie « Abba ! », c’est-à-dire : Père !
19 car je sais que cela tournera à mon salut, grâce à votre prière et à l’assistance de l’Esprit de Jésus Christ.
11 Ils cherchaient quel temps et quelles circonstances voulait indiquer l’Esprit du Christ, présent en eux, quand il attestait par avance les souffrances du Christ et la gloire qui s’ensuivrait.
Arrivés en Mysie, ils essayèrent d’atteindre la Bithynie, mais l’Esprit de Jésus s’y opposa.
01 Celui qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu ; celui qui aime le Père qui a engendré aime aussi le Fils qui est né de lui.
02 Voici comment nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu : lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements.
03 Car tel est l’amour de Dieu : garder ses commandements ; et ses commandements ne sont pas un fardeau,
04 puisque tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Or la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi.
05 Qui donc est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ?
06 C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité.
07 En effet, ils sont trois qui rendent témoignage,
08 l’Esprit, l’eau et le sang, et les trois n’en font qu’un.
"L'Esprit est l'Esprit du Père et du Fils. Il est la communion du Père et du Fils. L'Esprit est possédé par le Père et par le Fils, mais différemment. Le Père le possède en le donnant, le Fils en le recevant et en partageant le pouvoir de l'envoyer dans le monde. Si le Père engendre dans l'Esprit et fait être le Fils, le Fils lui aussi, en aimant, provoque l'amour du Père qui l'engendre aussi dans cet amour. Dieu le Père révèle le Fils et se révèle lui-même en donnant le Fils au monde dans la Pâque. (François-Xavier DURRWELL, La Trinité, Le Père engendre le Fils dans l'Esprit, Cerf, Paris 2021, p. 24-25.)
De l'unité du Père et du Fils :
Un épisode de Jésus arrivant à Jérusalem avec ses disciples, avant sa Passion, révèle la divinité de Jésus qui s'approprie la puissance de Dieu de rassembler les enfants de Jérusalem; en employant le "je", il dit : "Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu !" (Mt 23, 37)
Ailleurs, Jésus s'approprie de nouveau une autre puissance qui n'appartient qu'à Dieu, celle de disposer de la vie :
"Ce que fait celui-ci (le Père), le Fils le fait pareillement. ... Comme le Père, en effet, relève les morts et les fait vivre, ainsi le Fils, lui aussi, fait vivre qui il veut." (Jn 5, 19-21).
Comme le Père dispose de la vie, ainsi le Fils en dispose aussi. (Jn 5, 26).
"Jésus se déclare pour vrai Dieu, pour Fils de Dieu, égal à Dieu. Il le prêche, il l'enseigne, il veut être reconnu pour tel. C'est ce qu'entendirent & comprirent bien les Juifs, comme nous le témoigne l'évangéliste Saint Jean (Dictionnaire philosophique de la religion, où l'on établit tous les points de la religion, attaqués par le incrédules, & où l'on répond à toutes leurs objections, Claude-François Nonnotte (1711-1793), Tome Quatrième, M.DCCLXXII (1772), p. 392-393)", par ce texte :
C’est pourquoi, de plus en plus, les Juifs cherchaient à le tuer, car non seulement il ne respectait pas le sabbat, mais encore il disait que Dieu était son propre Père, et il se faisait ainsi l’égal de Dieu. (Jn 5, 18)
Les paroles prophétiques du deuxième Psaume parlent du Fils qui est de la même substance que le Père, du Fils engendré par le Père dans le mystère ineffable de sa divinité, dans l'aujourd'hui éternel de la très sainte Trinité : Je proclame le décret du Seigneur ! + Il m'a dit : "Tu es mon fils ; moi, aujourd'hui, je t'ai engendré." (Ps 2,7 ).
Le Fils vit par le Père, d'abord parce qu'il a été engendré par lui. Il y a une relation étroite entre la paternité et la filiation, en vertu de la génération : "Tu es mon Fils ; moi, aujourd'hui je t'ai engendré" (He I, 5). De même une phrase semblable du livre de Samuel : « Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils », est un témoignage de l'Ancien Testament. (2 S 7,14)
Non pas créé, mais engendré éternellement par le Père, de façon spirituelle. Un peu comme notre esprit humain, dans la connaissance qu'il a de soi, produit une image de lui-même, une idée conçue ou concept, le Fils est le "concept" ou le Verbe intérieur de Dieu, son reflet éternel. (Jean-Michel Garrigues, Père, Fils et Esprit Saint, Catéchèses de Jean-Paul II sur la Trinité, Éditions Parole et Silence, 2000, p. 43-44.)
"Selon l'évangile de saint Jean, le Fils-Verbe était au commencement avec Dieu, et le Verbe était Dieu (Jn 1, 1-2). Nous avons le même concept dans l'enseignement apostolique. Le Fils est de la même nature que le Père parce qu'il est le Verbe de Dieu." (Jean-Michel Garrigues, Père, Fils et Esprit Saint, Catéchèses de Jean-Paul II sur la Trinité, Éditions Parole et Silence, 2000, p. 45-46.)
Jésus lui-même n'a cessé de révéler son propre mystère par toute une série de paroles inouïes et fortes, accompagnées de signes : "Avant qu'Abraham existât, Je suis" (Jn 8,58) ; "Qui m'a vu a vu le Père" (Jn 14 : 9) ; "le Père et moi, nous sommes UN." (Jn 10,30) ; "Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi" (Jn 14,11)
Jn 8, 14-16 "Jésus leur répondit : "Oui, moi, je me rends témoignage à moi-même, et pourtant mon témoignage est vrai, car je sais d’où je suis venu, et où je vais ; mais vous, vous ne savez ni d’où je viens, ni où je vais.
Vous, vous jugez de façon purement humaine. Moi, je ne juge personne.
Et, s’il m’arrive de juger, mon jugement est vrai parce que je ne suis pas seul : j’ai avec moi le Père, qui m’a envoyé.
I Jean 2 : 22-23 ... Celui-là est l’anti-Christ : il refuse à la fois le Père et le Fils ; quiconque refuse le Fils n'a pas non plus le père.
Jean 14 : 16-17 La Pentecôte ou envoi de l'Esprit-Saint sur les Apôtres :
16 Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous :
17 l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous.
Jean 15, 26 L'Esprit-Saint est envoyé par Jésus lui-même (lorsque le Fils sera remonté vers le Père) :
26 Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur.
Cela signifie que Jésus disposera de l'Esprit-Saint en vertu de sa filiation, et que l'Esprit qui procède du Père procède aussi de lui, en tant qu'il est le Fils. Jésus reconnaît implicitement que l'Esprit dont la source est dans le Père jaillit aussi du Fils éternel, puisque Jésus pourra le donner dans sa gloire, où il jouira pleinement du privilège filial.
Jésus suppose ainsi l'ordre trinitaire lorsque, encore plus explicite, il dit : "L'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom" (Jn 14,26). Le 'nom' exprime ce qu'il y a de plus profond dans la personne du Christ, sa qualité de Fils. La formule 'en mon nom' indique la parfaite communion entre le Père et le Fils dans la mission de l'Esprit : le Père est à l'origine de cette mission; le Fils enverra donc l'Esprit 'd'auprès du Père' (Jn 15,26); mais le Fils, lui aussi, est principe de cet envoi : c'est donc 'au nom du Fils', en vertu de son union avec le Fils, que le Père enverra l'Esprit; le Père et le Fils sont l'un et l'autre le principe de cette mission du Paraclet. Le Fils partage donc toute la gloire du Père, celle de posséder et celle d'émettre l'Esprit-Saint. (François-Xavier DURRWELL, La Trinité, Le Père engendre le Fils dans l'Esprit, Cerf, Paris 2021, p. 359.)
"Nous rejoignons ici des questions qui ont une importance clé dans l'enseignement de l'Église sur la Sainte Trinité. L'Esprit Saint est envoyé par le Père et par le Fils, après que le Fils, ayant accompli sa mission rédemptrice est rentré dans sa gloire (Jn 7,39), explique encore Jean-Michel Garrigues dans "Père, Fils et Esprit Saint, Catéchèses de Jean-Paul II sur la Trinité" (Éditions Parole et Silence, 2000, p. 56.)
"Dans l'Esprit qui est l'Amour, réside la source de tout don envers les créatures, qui trouve en Dieu sa source : le don de l'existence à travers la création, le don de la grâce à travers l'économie du salut." (Jean-Michel GARRIGUES, Père, Fils et Esprit Saint, Catéchèses de Jean-Paul II sur la Trinité, ibid., p. 63.)
L'amour signifie cela : vouloir le bien, adhérer au Bien. Le refus du mélange entre le bien et le mal, entre les volontés divines et les volontés du démon, la conformité de la volonté de l'homme avec la loi morale permettent de faire des actes béatifiants et de conduire l'homme au bonheur pour lequel il a été créé : Dieu.
"'Dieu est Amour' (1 Jn 4,8), dira Saint Jean. Il en est la plénitude et la source toujours jaillissante, pour le bien de ses créatures et spécialement pour le bonheur de l'homme." (Catéchèses de Jean-Paul II sur la Trinité, ibid., p. 88.)
"Finalement, Jésus est mort parce que, jusqu'à la fin, y compris devant le Sanhédrin, il a rendu témoignage à la vérité sur sa filiation divine. Il a ainsi affermi la foi de ses disciples, et la nôtre." (Jean-Michel Garrigues, Père, Fils et Esprit Saint, Catéchèses de Jean-Paul II sur la Trinité, Éditions Parole et Silence, 2000, p. 38.)
Une lettre du IIe siècle évoque la Trinité, sans le mot : l'an 169, les fidèles de Smyrne écrivent à ceux de Philadelphie l'admirable lettre dans laquelle ils racontent que saint Polycarpe, leur évêque et disciple de saint Jean, près de souffrir le martyre, a rendu gloire à Dieu en ces termes : 'Père de votre bien-aimé Fils Jésus-Christ, béni soit-il, Dieu des anges et des puissances, Dieu de toute créature, je vous loue, je vous bénis, je vous glorifie, par Jésus-Christ votre Fils bien-aimé, pontife éternel, par qui gloire à vous avec le Saint-Esprit, maintenant et aux siècles des siècles.' (Epist. Smyrn. Eccl. apud Baron., an 169.)
Scutum Fidei, bouclier ou écusson de la Trinité, illustration de la première partie du Symbole d'Athanase
Au Ve siècle, le symbole Quicumque, ou Symbole d'Athanase (298-373) proclame : "L'Esprit Saint n'est ni façonné, ni créé, ni engendré, mais il procède du Père et du Fils.'" (Jean-Michel Garrigues, Père, Fils et Esprit Saint, Catéchèses de Jean-Paul II sur la Trinité, Éditions Parole et Silence, 2000, p. 62.)
275. Si quelqu'un pense de façon juste à propos du Père et du Fils, mais ne pense pas de façon juste à propos de l'Esprit, il est hérétique. [...]
276. Si quelqu'un, en disant que le Père est Dieu, que son Fils est Dieu et que le Saint-Esprit est Dieu,
partage, et veut dire ainsi des dieux et non pas Dieu, à cause de l'unique divinité et puissance, que nous croyons et savons appartenir au Père, au Fils et au Saint-Esprit ;
s'il excepte le Fils ou l'Esprit Saint, en estimant que seul le Père doit être dit Dieu, et que c'est ainsi qu'il croit en un seul Dieu, il est hérétique en tous ces points. [...]
L'enseignement de l'Église sur la Sainte Trinité. Par S. Augustin (354 - 430) :
Tous les interprètes de nos livres sacrés, tant de l'Ancien Testament que du Nouveau que j'ai lus, et qui ont écrit sur la Trinité, le Dieu unique et véritable, se sont accordés à prouver par l'enseignement des Ecritures que le Père, le Fils et l'Esprit-Saint sont un en unité de nature, ou de substance, et parfaitement égaux entre eux. Ainsi ce ne sont pas trois dieux, mais un seul et même Dieu. Ainsi encore le Père a engendré le Fils, en sorte que le Fils n'est point le Père : et de même le Père n'est point le Fils, puisqu'il l'a engendré. Quant à l'Esprit-Saint, il n'est ni le Père, ni le Fils ; mais l'Esprit du Père et du Fils, égal au Père et au Fils, et complétant l'unité de la Trinité. C'est le Fils seul, et non la Trinité entière, qui est né de la vierge Marie, a été crucifié sous Ponce-Pilate, a été enseveli, est ressuscité le troisième jour et est monté au ciel. C'est également le Saint-Esprit seul qui, au baptême de Jésus-Christ, descendit sur lui en forme de colombe, qui après l'Ascension, et le jour de la Pentecôte, s'annonça par un grand bruit venant du ciel et pareil à un vent violent, et qui se partageant en langues de feu, se reposa sur chacun des apôtres (Mt III, 16 ; Ac II, 2-4). Enfin c'est le Père seul et non la Trinité entière qui se fit entendre soit au baptême de Jésus par Jean-Baptiste, soit sur la montagne en présence des trois disciples, lorsque cette parole fut prononcée « Vous êtes mon Fils». Et également ce fut la voix du Père qui retentit dans le temple, et qui dit : « Je l'ai glorifié, et je le glorifierai encore (Mc I, 11) ». Néanmoins comme le Père, le Fils et l'Esprit-Saint sont inséparables en unité de nature, toute action extérieure leur est commune. Telle est ma croyance, parce que telle est la foi catholique.
Comment trois personnes ne font-elles qu'un seul Dieu ?
Mais ici quelques-uns se troublent, quand on leur dit qu'il y a trois personnes en Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et que ces trois personnes ne sont pas trois dieux, mais un seul et même Dieu. Aussi demandent-elles comment on peut comprendre un tel langage, surtout si vous ajoutez que toute action extérieure est commune à la Trinité entière, et que néanmoins la voix du Père qui s'est fait entendre, n'est pas la voix du Fils, que l'Incarnation n'appartient qu'au Fils qui a pris une chair, qui a souffert, qui est ressuscité et qui est monté au ciel ; et que seul l'Esprit-Saint s'est montré sous la forme d'une colombe. Ces esprits curieux veulent donc comprendre comment la Trinité entière a pu parler par cette voix qui n'est que la voix du Père, comment encore cette même Trinité a créé la chair que le Fils seul a prise dans le sein d'une Vierge, et enfin comment cette colombe sous-laquelle se montra seul l'Esprit-Saint a été l'oeuvre de toute la Trinité. Car autrement, la Trinité n'agirait pas inséparablement, et le Père serait une chose, le Fils une autre, et l'Esprit-Saint une autre. Si au contraire certaines actions sont communes aux trois personnes, et certaines autres propres seulement à chacune d'elles, l'on ne peut plus dire que la Trinité agisse inséparablement. Ils se tourmentent encore pour savoir comment l'Esprit-Saint fait partie essentielle de la Trinité, puisqu'il n'est engendré ni du Père, ni du Fils, quoiqu'il soit l'Esprit du Père et du Fils.
Telles sont les questions dont quelques personnes me poursuivent à satiété. C'est pourquoi je vais essayer de leur répondre, autant que la grâce divine suppléera à mon impuissance, et en évitant de suivre les sentiers d'une jalouse et maligne critique (Sg VI, 25). Si je disais que jamais je ne me préoccupe de ces mystérieuses questions, je mentirais. J'avoue donc que j'y réfléchis souvent, parce que j'aime en toutes choses à découvrir la vérité, et d'un autre côté la charité me presse de communiquer à mes frères le résultat de mes réflexions. Ce n'est point que j'aie atteint le terme, ou que je sois déjà parfait, car si l'apôtre saint Paul n'osait se rendre ce témoignage, pourrais-je le faire, moi qui suis si éloigné de lui ? «Mais oubliant, selon ma faiblesse, ce qui est derrière moi, et m'avançant « vers ce qui est devant moi, je m'efforce d'atteindre le but pour remporter le prix de la céleste vocation (Ph III, 12.14) ». Quelle distance ai-je donc parcourue dans cette route? à quel point suis-je arrivé ? et quel espace me reste-t-il encore à franchir? voilà les questions auxquelles on désire une réponse nette et précise. Puis-je la refuser à ceux qui la sollicitent, et dont la charité me rend l'humble serviteur ? Mais je prie aussi le Seigneur de faire qu'en voulant instruire mes frères, je ne néglige point ma propre perfection , et qu'en répondant à leurs questions, je trouve moi-même la solution de tous mes doutes. J'entreprends donc ce traité par l'ordre et avec le secours du Seigneur notre Dieu, et je me propose bien moins d'y soutenir d'un ton magistral des vérités déjà connues, que d'approfondir ces mêmes vérités en les examinant avec une religieuse piété.
Consubstantialité des trois personnes
Quelques-uns ont dit que Notre-Seigneur Jésus-Christ n'était pas Dieu, ou qu'il n'était pas vrai Dieu, ou qu'il n'était pas avec le Père un seul et même Dieu, ou qu'il n'était pas réellement immortel parce qu'il était sujet au changement. Mais il suffit pour les réfuter de leur opposer les témoignages évidents et unanimes de nos saintes Ecritures. Ainsi saint Jean nous dit « qu'au commencement était le « Verbe, que le Verbe était avec Dieu, et que le Verbe était Dieu ». Or l'on ne peut nier que nous ne reconnaissions en ce Verbe qui est Dieu, le Fils unique de Dieu, celui dont le même Evangéliste dit ensuite, « qu'il s'est fait chair, et qu'il a habité parmi nous ». Ce qui arriva lorsque par l'incarnation le Fils de Dieu naquit dans le temps de la vierge Marie. Observons aussi que dans ce passage, saint Jean ne déclare pas seulement que le Verbe est Dieu, mais encore qu'il affirme sa consubstantialité avec le Père. Car après avoir dit « que le Verbe était Dieu », il ajoute « qu'au commencement il était avec Dieu, que toutes choses ont été faites par lui, et que rien de ce qui a été fait n'a été fait sans lui » (Jn I, 14, 2.3). Or, quand l'Evangéliste dit que tout a été fait par le Verbe, il entend évidemment parler de tout ce qui a été créé; et nous en tirons cette rigoureuse conséquence que le Verbe lui-même n'a pas été fait par Celui qui a fait toutes choses. Mais s'il n'a pas été fait, il n'est donc pas créature, et s'il n'est pas créature, il est donc de la même substance ou nature que le Père. Et en effet, tout ce qui existe est créature, s'il n'est Dieu; et tout ce qui n'est pas créature, est Dieu, De plus, si le Fils n'est pas consubstantiel au Père, il a donc été créé; mais s'il a été créé, tout n'a donc pas été fait par lui, et cependant l'Evangéliste nous assure que tout a été fait par lui. Concluons donc et que le Fils est de la même substance ou nature que le Père, et que non-seulement il est Dieu, mais le vrai Dieu. C'est ce que saint Jean nous atteste expressément dans sa première épître: « Nous savons, dit-il, que le Fils de Dieu est venu, et qu'il nous a donné l'intelligence, afin que nous connaissions le vrai Dieu, et que nous vivions en son vrai « Fils qui est Jésus-Christ. C'est lui qui est le vrai Dieu et la vie éternelle (I Jn V, 20) ».
Nous pouvons également affirmer que l'apôtre saint Paul parlait de la Trinité entière, et non du Père exclusivement, lorsqu'il disait «que Dieu seul possède l'immortalité (I Tm VI, 16) ». Et, en effet, l'Etre éternel ne saurait être soumis ni au changement, ni à la mortalité; et par conséquent, dès là que le Fils de Dieu « est la vie éternelle », on ne doit point le séparer du Père quand on dit que celui-ci « possède seul l'immortalité ». C'est aussi parce que l'homme entre en participation de cette vie éternelle, qu'il devient lui-même immortel. Mais il y a une distance infinie entre celui qui est par essence la vie éternelle, et l'homme qui n'est immortel qu'accidentellement, et parce qu'il participe à cette vie. Bien plus, ce serait une erreur d'entendre séparément du Fils et à l'exclusion du Père, ces autres paroles du même apôtre : « Il le fera paraître en son temps, Celui qui est souverainement heureux, le seul puissant, le Roi des rois, et le Seigneur des seigneurs, qui seul possède l'immortalité ». Nous voyons, en effet, que le Fils lui-même parlant au nom de la Sagesse, car « il est la Sagesse de Dieu (I Co I, 24) », ne se sépare point du Père, quand il dit : « Seul, j'ai parcouru le cercle des cieux (Si XXIV, 8) ». A plus forte raison, il n'est point nécessaire de rapporter exclusivement au Père et en dehors du Fils, ce mot de l'Apôtre : « Qui seul possède l'immortalité ». D'ailleurs, l'ensemble du passage s'y oppose. « Je vous commande, dit saint Paul à Timothée, d'observer les préceptes que je vous donne, vous conservant sans tache et sans reproche jusqu'à l'avènement de Notre-Seigneur Jésus-Christ que doit faire paraître, en son temps, Celui qui est souverainement heureux, le seul puissant, le Roi des rois, et le Seigneur des seigneurs; qui seul possède l'immortalité, qui habite une lumière inaccessible, qu'aucun homme n'a pu ni ne peut voir, et à qui est l'honneur et la gloire aux siècles des siècles. « Amen (I Tm VI, 14.15.16) ». Remarquez bien que dans ce passage l'Apôtre ne désigne personnellement ni le Père, ni le Fils, ni l'Esprit-Saint, et qu'il caractérise le seul vrai Dieu, c'est-à-dire la Trinité tout entière par ces mots : « Celui qui est souverainement heureux, le seul puissant, le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs ».
Mais peut-être vous troublez-vous, parce que vous saisissez difficilement ce mot de l'Apôtre : « Qu'aucun homme n'a pu, ni ne peut voir ». Rassurez-vous : il s'agit ici de la divinité de Jésus-Christ; et en effet, les Juifs qui ne pouvaient voir en lui le Dieu, ne laissèrent pas de crucifier l'homme qu'ils voyaient. C'est qu'un oeil mortel ne saurait contempler l'essence divine, et qu'elle n'est aperçue que de l'homme qui s'est élevé au-dessus de l'humanité. Nous avons donc raison de rapporter à la sainte Trinité ces paroles « Le Dieu souverainement heureux et seul puissant, qui fera paraître en son temps Notre-Seigneur Jésus-Christ ». D'ailleurs, si l'Apôtre dit ici que ce Dieu « possède seul l'immortalité », le psalmiste n'avait-il pas dit, « que seul il opère des prodiges ? (Ps LXXI, 18) ». Et maintenant je demanderai à mes adversaires de qui ils entendent cette parole. Du Père seul ? Mais alors comment sera-t-elle véritable cette affirmation du Fils: «Tout ce que le Père fait, le Fils le fait également ? » De tous les miracles ? Le plus grand est certainement la résurrection d'un mort. Eh bien! « Comme le Père, dit Jésus-Christ, ressuscite les morts et les vivifie, ainsi le Fils vivifie ceux qu'il veut (Jn V, 19.21)». Comment donc le Père opèrerait-il seul des prodiges ? et comment pourrait-on expliquer autrement ces paroles qu'en les rapportant non au Père seul, ni au Fils, mais au seul vrai Dieu, c'est-à-dire au Père, au Fils et au Saint-Esprit ?
L'apôtre saint Paul nous dit encore: « Il n'y a pour nous qu'un seul Dieu, le Père d'où procèdent toutes choses, et qui nous a faits pour lui; et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui toutes choses ont été faites, et nous par lui ». Or, je le demande, l'apôtre, comme l'évangéliste, n'affirme-t-il pas « que toutes choses ont été faites par le Verbe ? » Et dans cet autre passage, n'est-ce pas aussi ce même Verbe qu'il désigne évidemment ? « Tout est de lui, tout est par lui, tout est en lui. A lui soit la gloire aux siècles des siècles. Amen (Rm XI,36) ». Veut-on, au contraire, reconnaître ici la distinction des personnes, et rapporter au Père ces mots: «Tout est de lui » ; au Fils, ceux-ci : « Tout est par lui » ; et au Saint-Esprit, ces autres : «Tout est en lui ? ». Il devient manifeste que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont un seul Dieu, puisque l'Apôtre attribue à chacune des trois personnes cette même et unique doxologie : « Honneur et gloire aux siècles des siècles. Amen ». Et en effet, si nous reprenons ce passage de plus haut, nous verrons que l'Apôtre ne dit pas « O profondeur des richesses de la sagesse et de la science », du Père, ou du Fils, ou du Saint-Esprit, mais simplement, « de la sagesse et de la science de Dieu! Que ses jugements, ajoute-t-il, sont incompréhensibles, et ses voies impénétrables ! car qui connaît les desseins de Dieu, ou qui est entré dans le secret de ses conseils ? ou qui lui a donné le premier pour en attendre la récompense ? car tout est de lui, tout est par lui, tout est en lui. A lui la gloire aux siècles des siècles. Amen (Rm XI, 33-36) ». Mais si vous ne rapportez ces paroles qu'au Père, en soutenant que seul il a fait toutes choses, comme l'Apôtre l'affirme ici, je vous demanderai de les concilier et avec ce passage de l'épître aux Corinthiens, où, parlant du Fils, saint Paul dit : « Nous n'avons qu'un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui toutes choses ont été faites », et avec ce témoignage de l'évangéliste saint Jean : « Toutes choses ont été faites par le Verbe (I Co III, 6 ; Jn I, 2) ». Et, en effet, supposons que certaines choses aient été faites par le Père, et d'autres par le Fils, il faudrait en conclure que ni l'un ni l'autre n'ont fait toutes choses. Admettez-vous, au contraire, que toutes choses ont été faites ensemble par le Père et par le Fils, vous en déduirez l'égalité du Père et du Fils, et la simultanéité des opérations du Père et du Fils. Pressons encore cet argument. Si le Père a fait le Fils qui lui-même n'a pas fait le Père, il n'est plus vrai que le Fils ait fait toutes choses. Et cependant tout a été fait par le Fils donc il n'a pas été fait lui-même ; autrement il n'aurait pas fait avec le Père tout ce qui a été fait. Au reste, le mot lui-même se rencontre sous la plume de l'Apôtre; car dans l'épître aux Philippiens, il dit nettement « que le Verbe ayant la nature de Dieu, n'a point cru que ce fût pour lui une usurpation de s'égaler à Dieu (Ph II, 6) ». Ici saint Paul donne expressément au Père le nom de Dieu, ainsi que dans cet autre passage : «Dieu est le Chef de Jésus-Christ (I Co, XI, 3) ».
Quant au Saint-Esprit, ceux qui avant moi ont écrit sur ces matières, ont également réuni d'abondants témoignages pour prouver qu'il est Dieu et non créature. Mais s'il n'est pas créature, il est non-seulement Dieu dans le même sens que quelques hommes sont appelés dieux (Ps LXXXI, 6) ; mais il est réellement le vrai Dieu. D'où je conclus qu'il est entièrement égal au Père et au Fils, consubstantiel au Père et au Fils, coéternel avec eux, et complétant l'unité de la nature dans la trinité des personnes. D'ailleurs, le texte des saintes Ecritures qui atteste le plus évidemment que le Saint-Esprit n'est pas créature, est ce passage de l'épître aux Romains, où l'Apôtre nous ordonne de servir non la créature, mais le Créateur (Rm I, 24). Et ici saint Paul n'entend pas nous prescrire ce service que la charité nous recommande envers tous nos frères, et que les Grecs nomment culte de dulie; mais il veut que ce soit ce culte qui n'est dû qu'à Dieu seul, et que les Grecs appellent culte de latrie. Aussi regardons-nous comme idolâtres tous ceux qui rendent aux idoles ce culte de latrie, car c'est à ce culte que se rapporte ce précepte du Décalogue: «Vous adorerez le Seigneur votre Dieu, et vous ne servirez que lui seul (Dt VI, 13) ». Au reste, le texte grec lève ici toute difficulté, car il porte expressément: « Et vous lui rendrez le culte de latrie ».
Or, si nous ne pouvons rendre à une créature ce culte de latrie, parce que le Décalogue nous dit : « Vous adorerez le Seigneur, votre Dieu, et vous ne servirez que lui seul », et si l'Apôtre condamne ceux qui ont servi la créature plutôt que le Créateur», nous sommes en droit de conclure que le Saint-Esprit n'est pas une créature, puisque tous les chrétiens l'adorent et le servent. Et en effet, saint Paul dit « que nous ne sommes point soumis à la circoncision, parce que nous servons l'Esprit de Dieu », c'est-à-dire, selon le terme grec, que nous lui rendons le culte de latrie (Ph III, 3). Telle est la leçon que donnent tous ou presque tous les manuscrits grecs, et qui se trouve également dans plusieurs exemplaires latins. Quelques-uns cependant portent : nous servons Dieu en esprit, au lieu de lire : nous servons l'Esprit de Dieu. C'est pourquoi, sans me préoccuper de prouver à mes adversaires l'authenticité d'un texte dont ils récusent la valeur, je leur demanderai s'ils ont jamais rencontré la plus légère variante dans ce passage de la première épître aux Corinthiens : « Ne savez-vous pas que vos corps sont le temple du Saint-Esprit, que vous avez reçu de Dieu? » Mais ne serait-ce point un blasphème et un sacrilège que d'oser dire que le chrétien, membre de Jésus-Christ, est le temple d'une créature inférieure à Jésus-Christ ? Or, l'Apôtre nous affirme, dans un autre endroit : « que nos corps sont les membres de Jésus-Christ ». Si donc ces mêmes corps, membres de Jésus-Christ, sont également les temples de l'Esprit-Saint, celui-ci ne saurait être créature. Et, en effet, dès là que notre corps devient le temple de l'Esprit-Saint, nous devons rendre à cet Esprit le culte qui n'est dû qu'à Dieu, et que les Grecs nomment culte de latrie. Aussi saint Paul a-t-il raison d'ajouter: « Glorifiez donc Dieu dans votre corps (I Co VI, 19.1.20).
La Sainte Trinité, miniature des Grandes Heures d'Anne de Bretagne illustrées par Jean Bourdichon, XVIe siècle. |
La Trinité chez Saint Bonaventure († 1274)
"Les deux degrés précédents nous ont conduits jusqu'en Dieu par ses vestiges, eux par lesquels il brille en toutes les créatures; [...] [C]'est dans le Saint (EX 26, 34-35), à savoir la partie antérieure du tabernacle, que nous devons nous efforcer de voir Dieu par le miroir où, à la façon d'un chandelier, la lumière de la vérité brille sur la face de notre esprit, en qui resplendit l'image de la bienheureuse Trinité (cf. Ps 4,7)
"Entre donc en toi-même et vois que ton esprit s'aime lui-même avec la plus grande ferveur, et qu'il ne pourrait s'aimer s'il ne se connaissait, qu'il ne se connaîtrait pas s'il ne souvenait de lui-même, car nous ne comprenons rien par l'intelligence qui ne soit présent auprès de notre mémoire. Et à partir de cela, remarque, non par l'œil de la chair, mais par l'œill de la raison, que ton âme a une triple puissance. Considère donc les opérations et dispositions de ces trois puissances, et tu pourras voir Dieu par toi comme par une image, ce qui est voir par un miroir et en énigme (1 Co 13,12.)" (Saint Bonaventure, Itinéraire de l'esprit jusqu'en Dieu, Vrin, Paris 2019, p. 83-85.)
...
La Sainte Trinité chez le Bienheureux Henri Suso († 1366)
"Écoute : un sage maître dit que Dieu, considéré selon sa divinité, est comme un très vaste cercle dont le centre est partout et la circonférence nulle part. Considère maintenant en imagination quelqu'un qui jette avec force une lourde pierre au milieu d'une eau tranquille; un cercle se forme dans l'eau et, par sa propre force, ce cercle en produit un autre, et celui-là un autre, et les cercles sont vastes et larges selon la puissance du premier jet; la puissance du jet pourrait être si grande qu'elle couvrirait toute l'eau. Vois sous l'image du premier cercle la puissance active de la nature divine dans le Père, qui est infinie; celle-ci, semblable à elle-même, engendre un autre cercle selon la personne, et c'est le Fils, et ces deux Personnes produisent la troisième, et c'est l'Esprit tout-puissant. Voilà ce que représentent les trois cercles : Père, Fils, Saint-Esprit."
La comparaison est très répandue au Moyen-Âge. On la trouve dans des recueils où elle est attribuée à Empédocle. Elle a été reprise par saint Thomas (De verit., q. 2 art. 3, ad 11) et par saint Bonaventure (Itinéraires, V. 8). (Source: La Vie, L III, dans Le Bienheureux Henri SUSO, Œuvres traduites par Jeanne ANCELET-HUSTACHE, Les Maîtres de la Spiritualité chrétienne, Textes et études, Aubier, Paris 1943, p. 252 et 268.)
"Cet Un unique a trop d'opérations et trop de diversité, ou bien comment se peut-il faire qu'il soit Un et absolument simple avec tant de multiplicité ?
[...] Tout cette multiplicité est sans fond et sa base une simple unité (mêmes expressions chez Eckhart). [...] J'appelle fond la source et l'origine qui produit les diffusions. [...] C'est la nature et l'essence de la divinité; et dans cet abîme sans fond, la Trinité des Personnes reflue dans son unité, et là, toute multiplicité est en quelque sorte supprimée. [...]
Qu'est-ce donc qui lui donne la première impulsion de son opération ? [...] C'est sa force et sa puissance. [...] C'est la nature divine dans le Père." (Le Livre de la Vérité II, in Le Bienheureux Henri SUSO, Œuvres traduites par Jeanne ANCELET-HUSTACHE, Les Maîtres de la Spiritualité chrétienne, Textes et études, Aubier, Paris 1943, p. 279.)
"La foi en la Trinité n'enlève rien à la vérité du Dieu unique : au contraire, elle en met en évidence la richesse, le contenu mystérieux, la vie intime." (Jean-Michel Garrigues, Père, Fils et Esprit Saint, Catéchèses de Jean-Paul II sur la Trinité, Éditions Parole et Silence, 2000, p. 68.)
"La Sainte Trinité des personnes divines, c'est l'article fondamental de toute notre foi chrétienne... Sur cet article de la Trinité est fondée l'Incarnation... sur cet article est fondée la mission du Saint-Esprit, et sur celle-ci toute notre justification [passage de l'état de péché à l'état de grâce]...." (Saint François de Sales, cité in Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, François-Xavier de Guibert, Paris 2013, p. 89.)
La Trinité nous a appris à penser la transcendance et la dialectique de l'un et du multiple, de l'individuel et du collectif, à partir de la grande synthèse permise par saint Augustin, puis saint Thomas d'Aquin entre l'héritage antique et le christianisme.
Ainsi, dans notre civilisation, "les rois voulaient unir en respectant les traditions et les particularités locales, sans user de violence. Ils cherchaient à supprimer de façon graduelle, et tout en les tolérant d'abord, les frontières administratives, financières, douanières, etc., qui séparaient les diverses provinces de France. Les révolutionnaires, sans comprendre que la variété est une forme de la liberté, et peut-être la plus essentielle pour chacun, s'orientaient vers une unité dans l'uniformité. Le niveau, emblème de la Maçonnerie, correspondait à leur projet principal". (Bernard FAY, La Grande révolution 1715-1815, Le Livre contemporain, Paris 1959, p. 244.)
Le mystère de la Trinité, trois personnes en une (Père, Fils et Saint-Esprit), l'unité dans la diversité, cet incompréhensible, a été pendant deux millénaires en Occident le modèle qui a imprégné notre mode de développement. Le mystère de la Trinité est l'antidote à l'unité dans l'uniformité, modèle jacobin hérité de 1789.
De même, dans le royaume du Christ, dans le christianisme, le développement personnel, le bonheur est individuel, il est laissé à notre libre arbitre, il dépend de nos choix personnels, de notre obéissance au commandements divins; il n'est pas garanti ici-bas sur terre et n'est pas obligatoire. Dans le projet jacobin maçonnique issu de 1789, au contraire, le bonheur est déclaré terrestre (marche vers le progrès); il est réalisé par des moyens humains et non plus divins, il est collectif et obligatoire. Holisme, marque de tous les gnosticismes et totalitarismes.
Le premier dimanche après la Pentecôte est institué pour honorer la Très Sainte Trinité
Dans l'Église primitive, aucun office ou jour spécial n'était attribué à la Sainte Trinité.
Lorsque au IVe siècle, l'hérésie arienne se répandit, les Pères préparèrent un office avec des cantiques, des répons, une préface et des hymnes, à réciter le dimanche.
Dans le Sacramentaire de Saint Grégoire le Grand (PL, LXXVIII, 116) il y a des prières et la Préface de la Trinité. Les Micrologies (PL, CLI, 1020), rédigées sous le pontificat de Grégoire VII (Nille, II, 460), appellent le dimanche après la Pentecôte un Dominique vacans, sans Office spécial, mais ajoutent qu'en certains endroits on récite l'Office de la Sainte Trinité composée par l'évêque Étienne de Liège (903-20). Par d'autres l'Office était dit le dimanche avant l'Avent. Alexandre II (1061-1073), et non III (Nilles, 1. c.), a refusé une pétition pour une fête spéciale au motif qu'une telle fête n'était pas d'usage dans l'Église romaine qui honorait quotidiennement la Sainte Trinité par le Gloria, Patri, etc., mais il n'en interdisait pas la célébration là où elle existait déjà.
Jean XXII (1316-1334) a ordonné la fête pour toute l'Église le premier dimanche après la Pentecôte. Un nouvel office avait été créé par le franciscain John Peckham, chanoine de Lyon , plus tard archevêque de Cantorbéry (mort en 1292). La fête classée double de seconde classe, mais fut élevée à la dignité de primaire de première classe, le 24 juillet 1911, par Pie X (Acta Ap. Sedis, III, 351). Les Grecs n'ont pas de fête spéciale. Comme c'est après la première grande Pentecôte que la doctrine de la Trinité a été proclamée au monde, la fête suit convenablement celle de la Pentecôte. (Encyclopédie catholique, New Advent)
PRATIQUE.
Écoutons donc l'avertissement de l'apôtre Paul : "Ne contristez pas l'Esprit Saint de Dieu, qui vous a marqués de son sceau pour le jour de la Rédemption. (Ep 4,30). Laissons nous conduire par Lui. Il nous guide sur la "voie" qu'est le Christ vers la rencontre béatifiante avec le Père.