« Je recommande à mon fils s’il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, [...] qu’il ne peut faire le bonheur des Peuples qu’en régnant suivant les Lois, mais en même temps qu’un Roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire, et qu’autrement étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile. » (Testament de Louis XVI)
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Sainte Rolende (sur une bannière de la jeunesse de Gerpinnes)
Rolende plutôt que Rolande car ce nom n’est pas le féminin de Roland, était la fille du roi des Lombards (Italie) Didier.
Elle était bonne, instruite et très belle et son père la donna en mariage au roi d’Ecosse alors qu'elle se destinait à être religieuse. Elle s'échappa de la surveillance des seigneurs qui l'emmenait en Ecosse et voulut rejoindre le monastère de Sainte Ursule pour se mettre sous la protection de l'archevêque de Cologne (Allemagne). Mais épuisée, elle se réfugia au château de Villers-Poterie sur l'actuelle commune de Gerpinnes en Belgique. Rolende y mourut et fut enterrée dans l'église qui lui est dédiée. Ce tombeau devint si célèbre par les miracles éclatants de tout genre qui s'y opérèrent qu'on y vit affluer une foule innombrable avide d'obtenir la délivrance, soit des infirmités corporelles, soit de l'aveuglement spirituel.
On disait que "du corps virginal de Rolende, suintait en grande abondance une huile sacrée dont l'onction guérissait les plaies".
Son corps fut transféré dans une châsse au XVIème s.
Saints de glace
Traditionnellement fêtés les 11, 12 et 13 mai de chaque année, ces saints sont invoqués par les agriculteurs pour éviter l'effet sur les cultures d'une baisse de la température qui s'observerait à cette période et qui peut amener du gel (phénomène de la lune rousse, période où, lors de nuits sans nuages, il y a des risques de gelées qui font roussir les jeunes pousses des plantes). Une fois cette période passée, le gel ne serait plus à craindre.
Ce sont S. Georges (23 avril), S. Marc (25 avril), saint Eutrope (30 avril), S. Philippe ou fête de la Sainte Croix (3 mai), S. Jean Porte Latine (6 mai), Saint Mamert (le 11 mai), Saint Pancrace (le 12 mai), Saint Servais (le 13 mai) et S. Yves (le 19 mai).
. Leurs noms ont des diminutifs en langue d'Oc : Jorget, Marquet, Tropet, Philippet, Crozet et Joanet.
La période des Saints cavaliers va généralement du 23 avril au 6 mai alors que la lune rousse va généralement du 5 avril au 6 mai.
A cette occasion les agriculteurs se retrouvaient et récitaient des prières au cours de processions paroissiales pour protéger les cultures durant ces jours critiques. Le patronage de ces saints ne se révélant pas toujours favorable, ils ont fini par incarner le retour du froid.
Le 11 mai, saint Mamert introduisait les trois jours des Rogations qui précédaient immédiatement le jeudi de l'Ascension. Lors de ces fêtes religieuses, les paysans se retrouvaient et récitaient, au cours de processions paroissiales, des prières pour protéger les cultures et les plantations et mettre fin aux calamités naturelles.
Dans certaines régions se rajoutent d'autres saints de glace, comme S. Boniface, célébré le 14 mai en Lorraine, Alsace ou encore en Ligurie (Italie du Nord), S. Yves, le 19 mai et Saint Bernardin, le 20 mai.
Le bon saint Boniface, entre en brisant la glace.
Dicton populaire
Dans les régions plus méridionales, les dernières gelées printanières ont lieu en avril, d'où les dictons d'autres saints météorologiques appelés déjà par Rabelais "saints gresleurs, geleurs et gasteurs de bourgeons".
Dans le Midi de la France, on invoque les Saints cavaliers ou Saints Chevaliers :
Le dicton "Marquet, Georget et Philippet sont trois casseurs de gobelets" signifie que la grêle ces jours–là est néfaste pour la vigne, donc aux gobelets de vin.
À Béziers, on craint plus particulièrement saint Georges (23 avril), saint Marc (25 avril) et saint Aphrodise (28 avril). Un dicton concerne deux d'entre eux : "Saint-Georges et Saint-Marc sont réputés saints grêleurs ou saints vendangeurs."
Dans les Landes, Marc, Vital (28 avril) et la sainte Croix sont appelés "les trois marchands de vin" car ils correspondent à une période critique pour la vigne.
Dans le Gard, les quatre cavaliers (correspondant au dicton dialectal "Jorget, Marquet, Croset e Tropet son de maissants garçonets") sont souvent confondus avec les saints de glace.
La plupart des calendriers mentionnent actuellement d'autres saints à fêter ou invoquer ces jours-là : Estelle, Achille et Rolande. Le changement date de 1960. L'Église décida alors de "remplacer" les saints associés aux inquiétudes agricoles (réminiscence de paganisme) par d'autres saints et saintes qui n'auraient aucun lien avec ces croyances populaires.
Dicton du jour :
Avant Saint-Servais, point d´été, après Saint-Servais, plus de gelée.
Nous le trouvons pèlerin à Jérusalem au tombeau du Christ et à Rome aux tombeaux des Apôtres. C'est dans la Ville éternelle qu'il reçut la grâce de la prédication apostolique.
De retour dans son pays, il fut un évêque très attentif aux pauvres, aux malades et aux étrangers.
Il administra son diocèse avec un grand soin pastoral.
À Larissa en Thessalie, au IVe siècle, saint Achille, surnommé le Thaumaturge, évêque, qui participa au premier Concile œcuménique de Nicée et, avec un zèle admirable signalé par toutes les vertus, évangélisa la population païenne.
Illustration: dans l'église de saint-Hilaire de Villefranche en Saintonge, un tableau représente Saint Eutrope bénissant Sainte Estelle.
Stella (étoile)honorée à Saintes (Poitou-Charentes) comme ayant subi le martyre au troisième siècle. Elle fut rendue célèbre grâce au poète Mistral (1830-1914).
Son nom était en fait Eustelle (du grec "eu"= beau, bien et "stello"= parer, orner). La forme latinisée Estelle a été donnée par Frédéric Mistral.
Gouverneur de la région de Saintes, son père était un Romain de naissance illustre; sa mère descendait d'une antique et puissante famille de druides. La curiosité de son esprit cultivé la plaça sur le chemin de saint Eutrope, premier évêque de la région. Après avoir entendu ses enseignements, elle demanda le baptême: elle fut baptisée par lui et consacrée à Dieu.
Comme Estelle se refusait à tous les prétendants et qu'elle s'obstinait dans sa Foi, son père la fit mettre à mort dans les arènes de Saintes.
Son corps fut enterré dans le tombeau même de saint Eutrope, à qui elle avait donné, peu de temps auparavant, la sépulture.
Le nom de sainte Eustelle était si populaire dans la région charentaise que les évêques de La Rochelle et Saintes la choisirent pour patronne de la jeunesse chrétienne.
Vitrail représentant Sainte Eustelle, basilique Saint-Eutrope de Saintes, Charente-Maritime
Sources : Les Jeunes Saintes, par l'Abbé J. Knell, 1896 / Notice sur Sainte Eustelle, vierge et martyre de l'église de Saintes, par M. l'Abbé Briand, 1837 / Le mystère de sainte Eustelle, drame en trois actes, par le chanoine honoraire L.-M. Dubois, imprimatur de 1922)
Sainte Solange, Patronne du Berry et des enfants, dans Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p. 179.
Jeune et jolie bergère près Bourges (Cher), fille d'un pauvre vigneron, Solange est d'humeur joyeuse. Solongia (ou Solange, comme on l'appelle maintenant) avait fait voeu de virginité dès son plus jeune âge. Un seigneur, la trouvant si belle, lui proposa de l'épouser. Refusant, celui-ci résolut de l'enlever mais ne put vaincre sa résistance et son voeu. Furieux, il lui trancha la tête d'un coup d'épée. La légende ajoute que la jeune fille, après avoir reçu debout le coup de la mort, ne perdit pas cette position, reçut sa propre tête dans ses mains et alla ainsi jusqu'à Saint-Martin-du-Cros où elle fut ensevelie dans le cimetière de cette église.
Sainte Solange avait voué à Dieu sa virginité et ce fut la cause de son martyre. Sainte Agnès, sainte Agathe, sainte Lucie, sainte Maria Goretti et des dizaines d'autres exemples de ces âmes d'élite qui vouèrent leur pureté au Christ, peuvent être citées... Un archevêque de Bourges l'appela la "Geneviève du Berry".
Solange naquit au bourg de Villemont à trois lieues environ de Bourges, au milieu du IXe siècle (peut-être en 858). Il ne reste plus rien aujourd'hui du hameau qui la vit naître.
Comme sainte Geneviève et plus tard sainte Bernadette, elle eut le soin d'un petit troupeau et sut rendre de précieux services aux populations au milieu desquelles elle vivait.
Rendue célèbre par sa beauté et ses vertus, elle excita la curiosité d'une jeune seigneur. Il devait s'agir de Bernard de la Gothie, comte de Bourges et d'Auvergne, fils de Bernard, comte de Poitiers et de Bélichilde, fille de Roricon, comte d'Anjou, et neveu de Gozelin, évêque de Paris qui, avec l'aide du fils de Robert le Fort, Eudes, défendit sa ville contre les Vikings. C'est l'opinion de la plupart des auteurs.
Le jeune comte est fou de rage. Il saisit Solange, remonta en selle et l'emporta au galop afin de l'enfermer au château de Brécy. Elle se débattit, arriva à s'enfuir, quand le cheval marqua un temps d'arrêt devant un ruisseau. Furieux, le fils du comte la poursuivit et la rattrapa. Jusqu'au dernier moment, elle invoqua Jésus et Marie, et supplia son bourreau de changer d'attitude. mais Bernard trancha la gorge de Solange en ce 10 mai 878. Une tradition rapporte que la jeune femme prit sa tête sous son bras et se rendit ainsi jusqu'à Saint-Martin-du-Crot, où elle est ensevelie.
Son culte est resté important en Berry depuis le moyen-âge jusqu'à notre époque. On exhuma les restes de la sainte «à cause des miracles qu'ils opéraient» (Guérin). D'abord recueillis dans une châsse en bois, ils furent ensuite placés dans une châsse en cuivre. La dernière translation eut lieu en 1511. En 1657, la ville de Bourges fit don d'une châsse d'argent pour y placer l'ancienne. Puis en 1793, pendant la Révolution, les reliques furent dispersées.
La croyance populaire attribue à la vierge de Villemont de nombreux miracles opérés par son intercession : aveugles qui recouvrent la vue, muets qui retrouvent la parole, sourds qui peuvent de nouveau entendre. Les malades «de toute espèce» guérissent, les possédés sont délivrés.
Les habitants de Bourges avaient recours à Sainte Solange "dans les calamités publiques".
On portait en procession, dans leurs murs, la châsse qui contenait les reliques de la sainte. "Le 31 mai 1637, Henri de Bourbon, prince de Condé, se rendit en pèlerinage à Sainte-Solange et voulut conduire lui-même, à la métropole, les saintes reliques que la population entière réclamait. Ce fut pour Bourges un jour de fête; on jonchait de fleurs les rues par lesquelles la châsse devait passer; le devant des maisons était tapissé; de toutes parts on n'entendait que de pieux cantiques." (Raynal)
Ces processions avaient lieu particulièrement dans les temps de sécheresse. Ainsi une chronique relate que le 6 mai 1635 (sous le règne de Louis XIII), pendant une sécheresse désolante, la procession qui amenait les précieuses reliques de la sainte arriva à la Place Gordaine, l'un des quartiers les plus commerçants de Bourges, où le peuple prononçait à haute voix les invocations : "Sainte Solange, priez pour nous, sainte Solange, donnez-nous de l'eau." Un protestant sceptique s'écria au milieu de la foule des fidèles : "A quoi bon cette procession ? Croit-on que les cataractes du ciel vont s'ouvrir parce que l'on promène cette châsse !" Le ciel lui donna tort, car la messe était à peine commencée dans l'église où s'était arrêtée la procession, qu'une pluie torrentielle vint attester l'efficacité de la protection de sainte Solange.
On a conservé le procès-verbal d'une autre procession, celle qui eut lieu, en 1730 sous le règne de Louis XV. Cette année-là, le Berry se trouvait désolé par une extrême sécheresse. "Le 10 mai, anniversaire de sa mort, le lundi de la Pentecôte, anniversaire de la translation de ses reliques et de la dédicace de son Eglise, une foule immense de pèlerins, de malades, de mères, tenant leurs enfants dans leurs bras, viennent invoquer son intercession et chercher autour de son église sinon la santé, au moins l'espérance. Sa châsse est portée processionnellement par des hommes revêtus d'aubes et couronnés de fleurs. Cette châsse en bois argenté, aujourd'hui vide des reliques de la Sainte, a remplacé une châsse en argent détruite pendant la Révolution et que la ville de Bourges avait offerte à la modeste église de village en 1657. Jadis, en effet, toutes les fois que régnaient de longues sécheresses, on apportait solennellement, à Bourges, les reliques de sainte Solange, et on a conservé la mémoire de plusieurs de ces processions que des pluies abondantes avaient suivies de bien près." (Raynal)
Au XIXème siècle (en 1874), une chapelle fut édifiée sur le lieu supposé de son martyre, à moins d'un kilomètre du village qui porte désormais son nom. Des membres de la communauté villageoise ainsi que des pèlerins, souvent nombreux, y portent toujours en procession la châsse qui contenait les reliques de la sainte, témoignage d'une religiosité populaire toujours vivace et qui a traversé les siècles.
***
Sources:
(1) Daniel Bonnin, Les Saints du Berry. Préface: Abbé Hervé Benoît, Edition A à Z Patrimoine éditions, Sury en Vaux 2006, p. 71-80; (2); (3) Le culte de sainte Solange en Berry; Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p. 178.
Saint Pacôme, dans Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p. 154
Saint Pacôme, Instituteur des Cénobites, naquit en 292 en Égypte, dans la Haute-Thébaïde, de parents idolâtres, comme une rose au milieu des épines. Ses parents l'élevèrent dans leurs superstitions.
À l'âge de vingt ans, il fut enrôlé de force dans les troupes impériales, quand l'hospitalité si charitable des moines chrétiens l'éclaira et fixa ses idées vers le christianisme et la vie religieuse.
À peine libéré du service militaire, il se fit instruire, reçut le baptême et se rendit dans un désert, où il pria un solitaire, nommé Palémon, de le prendre pour son disciple.
"Considérez, mon fils, dit le vieillard, que du pain et du sel font toute ma nourriture; l'usage du vin et de l'huile m'est inconnu. Je passe la moitié de la nuit à chanter des psaumes ou à méditer les Saintes Écritures; quelques fois il m'arrive de passer la nuit entière sans sommeil." Pacôme, étonné, mais non découragé, répondit qu'avec la grâce de Dieu, il pourrait mener ce genre de vie jusqu'à la mort. Il fut fidèle à sa parole.
Dès ce moment, il se livra généreusement à toutes les rudes pratiques de la vie érémitique.
Un jour qu'il était allé au désert de Tabenne, sur les bords du Nil, un Ange lui apporta du Ciel une règle et lui commanda, de la part de Dieu, d'élever là un monastère. C'était la première qui eût encore été écrite, et elle était digne d'un saint que Dieu avait rempli se son esprit de sagesse, et qu'il honorait du don de prophétie et de celui des miracles.
Dans sa Règle, le jeûne et le travail étaient proportionnés aux forces de chacun; on mangeait en commun et en silence; tous les instants étaient occupés; la loi du silence était rigoureuse; en allant d'un lieu à un autre, on devait méditer quelque passage de l'Écriture; on chantait des psaumes même pendant le travail.
Bientôt le monastère devint trop étroit, il fallut en bâtir six autres dans le voisinage. L'œuvre de Pacôme se développait d'une manière aussi merveilleuse que celle de S. Antoine, commencée vingt ans plus tôt.
L'obéissance était la vertu que Pacôme conseillait le plus à ses religieux; il punissait sévèrement les moindres infractions à cette vertu. Un jour, il avait commandé à un saint moine d'abattre un figuier couvert de fruits magnifiques, mais qui était pour les novices un sujet de tentation: "Comment, saint Père, lui dit celui-ci, vous voulez abattre ce figuier, qui suffit à lui tout seul à nourrir tout le couvent?" Pacôme n'insista pas; mais, le lendemain, le figuier se trouvait desséché: ainsi Dieu voulait montrer le mérite de la parfaite obéissance.
Le saint abbé semblait avoir toute puissance sur la nature: il marchait sur les serpents et foulait aux pieds les scorpions sans en recevoir aucun mal; lorsqu'il lui fallait traverser quelque bras du Nil pour la visite de ses monastères, les crocodiles se présentaient à lui et le passaient sur leur dos.
Sur le point de mourir, il vit son bon Ange près de lui.
Sources: (1) Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950;(2) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. 134.
Sainte Gisèle, Épouse de saint Étienne de Hongrie et mère de saint Émeric (+1060)
Sainte Gisèle étaient l'épouse du roi saint Étienne de Hongrie, un prince d'une grande bonté et qui, dit-on, était toujours d'humeur joyeuse. Elle participa avec lui à l'évangélisation de son pays.
Passau
À la mort du roi, elle fut chassée du royaume et se retira au monastère de Niederburg de sa Bavière natale, dans la ville de Passau, dont elle devint l'abbesse.
Originaire d'Espagne, il quitta le territoire des Sarrasins pour l'Empire carolingien. Il abandonna son nom de Galando pour prendre celui d'un de ses compatriotes, le poète chrétien du IVe siècle, Prudence. Comme lui, il fut un bon écrivain et un auteur fécond.
Chapelain de l'empereur Louis le Débonnaire, fils de Charlemagne, il publiera un recueil des plus beaux passages des Psaumes à l'intention de la deuxième femme de l'empereur. Cette anthologie sera, durant tout le Moyen Âge, le bréviaire des moines itinérants. Devenu évêque de Troyes, il publie un petit code de dogme et de morale, les "precepta" que tous ses prêtres devaient savoir par cœur.
S'étant placé au premier rang de l'épiscopat des Gaules, il défendit la doctrine augustinienne de la grâce, polémiquant avec l'orthodoxe Scot Erigène tout autant qu'avec les hérétiques.
Ce qui survit de nos jours encore, c'est sa "Chronique" des événements importants, où l'on trouve de nombreux détails sur les affaires ecclésiastiques, civiles et militaires.
Il fait une apparition dans la série a succès Vikings en tant que maître enlumineur d'Ecbert du Wessex.
À Troyes, en 861, saint Prudence, évêque, qui composa un abrégé du psautier pour les itinérants, sélectionna un certain nombre de textes de l'Écriture sainte pour les candidats au sacerdoce et restaura la discipline dans les monastères.
Originaire de Thuringe et devenue précocement veuve, elle quitta son pays et sa parenté pour rejoindre son frère qui était grand maître de l'Ordre Teutonique. Elle passa le reste de sa vie près de lui, à Kulmsee (aujourd'hui la ville polonaise de Chlemza) dans l'exercice des bonnes œuvres. Elle y fonda un hôpital et un monastère.
C'était un homme doux et pacifique qui servit l'Eglise comme prêtre durant de longues années. Evêque de Gaza en Palestine, il refusa de se cacher durant les persécutions de l'empereurDioclétien.
Parce qu'il refusait de renier sa foi, il fut soumis à de nombreuses tortures et envoyé dans les mines avec 40 autres chrétiens. Comme tous les condamnés aux mines, ilseurentun oeil arraché et un pied brûlé avec un fer rougi. Quand ils furent jugés "inutiles", en raison de leur état physique, on s'en "débarrassa" comme on le faisait pour tous les condamnés aux mines.
Libéré plus tard, il ne tarda pas à y retourner, poursuivi par les foudres du gouverneur de la province. Celui-ci obtint ensuite qu'il soit décapité.
Saint Philippe, Apôtre, dans Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 147.
S. Philippe était de Bethsaïde, en Galilée, patrie de S. Pierre et de S. André.
Le Sauveur, dès les premiers jours de sa vie publique, le rencontra et lui dit : "Suis-Moi !"
Saint Philippe chassant le démon (F. Lippi, 1457-1504)
Après la Pentecôte (fête de la descente du Saint-Esprit sur les Apôtres, cinquante jours aprèsPâques), il alla prêcher dans les immenses contrées de l'Asie supérieure (Turquie actuelle) ; il évangélisa longtemps les Scythes, puis les Galates, les Phrygiens, et c'est dans la ville d'Hiérapolis, en Phrygie qu'il confirma sa prédication par le témoignage de son sang.
Saint Philippe Apôtre, Georges de La Tour, 1624
Philippe rencontra un eunuque, haut fonctionnaire de Candace, reine d’Éthiopie, et administrateur de tous ses trésors, qui était venu à Jérusalem pour adorer, et qui lisait le prophète Isaïe. Philippe lui demanda : "Comprends-tu ce que tu lis ?" L'eunuque lui répondit : "Et comment le pourrais-je s’il n’y a personne pour me guider ? [...] Dis-moi, je te prie : de qui le prophète parle-t-il ?". Alors Philippe prit la parole et, à partir de ce passage de l’Écriture, il lui annonça la Bonne Nouvelle de Jésus. (Actes 8,27-35) Ceci montre que selon la sainte Bible elle-même, l'interprétation privée des Écritures doit se réaliser dans la tradition apostolique. "Car vous savez cette chose primordiale : pour aucune prophétie de l’Écriture il ne peut y avoir d’interprétation individuelle," (2 P 1,20)
Saint Philippe, La Dernière Cène, Détail, 1495-1497, Léonard de Vinci, Milan, Réfectoire du Couvent de Santa Maria delle Grazie, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 266-267.
Un jour que le peuple offrait de l'encens à un grosserpentqu'il regardait comme une de ses divinités principales, Philippe, saisi de compassion, se jette à terre et supplie Dieu de délivrer ces malheureux de la tyrannie du serpent infernal. L'affreuse bête expire aussitôt.
Le peuple se montrait disposé à accepter la doctrine d'un homme qui opérait de telles merveilles ; mais les magistrats et les pontifes s'emparèrent de l'Apôtre, le battirent de verges, le clouèrent à une croix et l'accablèrent de pierres. À sa mort, la terre trembla et plusieurs édifices s'écroulèrent.
Philipe fut martyrisé à Hiérapolis (Turquie actuelle), après avoir converti la femme du proconsul de la ville. Cette conversion a mis le proconsul en colère et il a fait crucifier Philippe la tête en bas.
Philippe a continué à prêcher pendant qu'il était crucifié jusqu'à sa mort.
Il mourut dans un âge fort avancé puisque S. Polycarpe eut quelque temps le bonheur de converser avec lui.
Dans un portrait peint par Dürer en 1516 et conservé aux offices de Florence, Philippe est représenté sous les traits d'un très vieil homme. C'est ainsi que celui qui fut un des premiers à suivre le Nazaréen est le plus communément représenté. Il serait en effet mort très âgé à Hiérapolis, en Phrygie, une région située dans l'actuelle Turquie. (4)
Saint Philippe Apôtre, Par Albrecht Dürer, 1516
Crucifixion de St Philippe, F. Lippi, Fresco Strozzi Chapel, Santa Maria Novella, Florence
***
Jacques "le Juste" ou Jacques le Frère du Seigneur, appelé aussi Jacques le Mineur pour le distinguer de Jacques le Majeur, frère de saint Jean, fut le premier évêque de Jérusalem (été 58) jusqu'à sa mort, exécuté en 62.
Il naît à Cana, en Galilée, d'Alphée et de Marie, soeur, c'est-à-dire proche parente de la sainte Vierge.
L'Apôtre Jacques le Mineur, 1250-1275, Maître de saint François, Washington, National Gallery of Art, dans Rosa GIORGI, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 268-269.
La tradition affirme qu'il ressemblait au Sauveur, et que les fidèles aimaient à regarder en lui une vivante image de leur Maître remonté dans le Ciel.
Jacques le Mineur eut un frère, Apôtre comme lui, nommé Jude, et ses deux autres frères, Joseph et Siméon, furent disciples de Jésus.
Saint Jacques était de la tribu de Juda et "frère de Jésus", c'est-à-dire cousin de Notre-Seigneur selon la chair. "Les évangiles et Paul (Ga 1, 18-19 ; 1 Co 9,5) appellent 'frères du Seigneur' ceux qui étaient en réalité ses cousins selon l'usage extensif du lien de fraternité dans le monde sémitique (Voir en particulier les système de parenté à Iamneia, ville de la côte palestinienne, d'après Inscriptions de Délos, n° 1208)" (5)
Dans le texte nazoréen, dit Protévangile de Jacques, attribué à Jacques de manière pseudépigraphique, et daté de la seconde moitié du IIe siècle, Jacques est le fils de Joseph issu d'un premier mariage. (6)
"Jacques, le 'frère de Jésus', exécuté en 62, faisait l'admiration des pharisiens par sa piété et son assiduité au temple." (7)
Il eut la faveur d'une apparition particulière du Ressuscité, après Pierre et les Douze (1 Co 15,7).
C'est chez lui que Pierre se rendit aussitôt après être miraculeusement sorti de prison, et Paul fit de même après sa conversion. (8)
L'Eglise, maison de David
Après la Pentecôte, quand les Apôtres se partagèrent l'évangélisation du monde, Jacques se fixa à Jérusalem, pour la conversion spéciale des Juifs. Son autorité était très grande dans l'Église primitive, et, au concile de Jérusalem, c'est lui qui, le premier après saint Pierre, prit la parole et déclara que les paroles de Pierre étaient en accord avec celles des prophètes concernant la reconstruction de la demeure de David (Actes 15,15-16, citant Amos 9,11). Cette maison de David est sans aucun doute l'Église du Christ - le Fils de David - et comprend à la fois des Juifs et des Gentils. Le Psaume 122 décrit cette Maison de David comme ayant des "trônes" "sièges pour le jugement" (Ps 122 - Bible catholique Crampon 1923) : "Jérusalem, bâtie comme une ville solidement attachée, vers laquelle montent les tribus, les tribus du Seigneur, comme il a été décidé pour Israël, pour rendre grâce au nom du Seigneur. C'est là qu'ont été placés les trônes du jugement, les trônes de la maison de David" (Ps. 122, 3-5). Les trônes sont associés à l'autorité de juger. Les tribus de toutes langues et de toutes nations viennent au Dieu d'Israël pour "rendre grâce". L'acte central du culte chrétien est le sacrifice de l'"Eucharistie", qui signifie "action de grâce". C'est l'"offrande pure" dont Malachie a prophétisé qu'elle serait offerte par les païens (Ml 1,11), parce qu'elle est l'offrande du Christ. Les nations "rendent grâce au Seigneur" grâce à l'offrande pure et à l'intercession du Messie.
Avant son ascension, Jésus promit aux apôtres qu'il serait avec eux jusqu'à son retour (Mt 28,20). Sa promesse s'étend à leurs successeurs qui siègent sur les trônes apostoliques de la Maison de David, les évêques. Apocalypse 20, versets 1 à 4 mentionne également ces "trônes" où s'assoient "des personnes à qui le pouvoir de juger fut donné" et décrit l'enchaînement de Satan par la croix et la résurrection du Christ, l'enchaînement de "l'homme fort" auquel Jésus a fait allusion pendant son ministère terrestre. Satan est lié afin que ses biens - les âmes asservies - puissent être pillés. Ce "jugement" fait référence à l'autorité de "lier et délier" que Jésus a conférée aux apôtres, en particulier à saint Pierre (Matthieu 16,19 ; Mt 18,18) Cette période des trônes dure "mille ans". Qu'il s'agisse d'un sens littéral ou d'une métaphore pour désigner un "temps long", il est évident qu'elle dépasse la durée de vie personnelle des apôtres.
Nous avons ici la réponse au mystère de la promesse du Christ de rester avec les Apôtres jusqu'à son retour, malgré leur mort au premier siècle : il reste avec leurs successeurs, les évêques, "ceux à qui le jugement a été confié", qui siègent sur les "trônes" de la Maison de David, dont le Christ a explicitement dit que les Apôtres eux-mêmes y siégeraient pendant les "mille ans", à partir de son Ascension. Le Christ a également promis à ces mêmes apôtres que le Saint-Esprit les guiderait dans toute la vérité (Jean 16,13). Cela doit logiquement inclure l'exercice du pouvoir de lier et de délier, puisque le Christ a promis que de tels jugements seraient soutenus par le ciel (Mt 16,19 ; 18,18). Il s'agit là de la base biblique de ce que l'on appelle la succession apostolique.
"Se référant à Eusèbe, qui écrit que Pierre, Jacques le Majeur (frère de Jean) et Jean ne se réservèrent pas la direction de l'église locale de Jérusalem, mais choisirent Jacques le Juste (le frère du Seigneur) comme évêque (episcopos), le R.P. Daniélou dans son Histoire Ecclésiastique (II, 1, 4) suggère que Jacques le Juste ait été à la fois une sorte de président du collège local des presbytres et d'héritier des pouvoirs apostoliques (naturellement en ce qui concerne l'église locale de Jérusalem)." (9)
Les conversions nombreuses et éclatantes opérées par son ministère lui suscitèrent des ennemis parmi les judéens.
Jacques serait mort après l'an 60, en des circonstances incertaines parce que ne provenant que de sources apocryphes. Toutefois, Clément d'Alexandrie (150-215), un auteur de la fin du IIe siècle, mentionne qu'il a été élu premier évêque de Jérusalem et est mort martyr, battu à mort après avoir été jeté du haut du pinacle du temple (Histoire ecclésiastique 2, 1, 2-3) (10)
C'est en 62 que le grand prêtre Anne (Ananus), fils de celui du pontificat duquel Jésus avait été crucifié, se croyant assez fort pour briser la jeune Église, le fit arrêter, et le déféra au Sanhédrin.
Sa mise à mort provoqua le renvoi d'Hanan ben Hanan, qui venait à peine d'être nommé.
Nous connaissons le détail du drame par Flavius Josèphe et le mémorialiste et historien chrétien Hégésippe, qui écrivait au milieu du IIe siècle. Jacques "fut non seulement attaqué par les scribes et les pharisiens, mais aussi par d'autres groupes judéens". (11)
La persécution de 62 eut un caractère collectif.
Jacques ne fut pas condamné personnellement, puisque son groupe fut exécuté avec lui - c'est la première exécution collective de chrétiens. (Antiquités judaïques, XX, 9,1 (200).)
L'année 62, celle de la mort de Jacques, est marquée incontestablement par le début des tensions entre Juifs. La condamnation du groupe de Jacques illustre l'explosion du sectarisme et le replis des groupes légalistes et conservateurs du Temple. (12) Jacques devient le symbole de l'affrontement entre Judéens pharisiens et Judéens chrétiens, après l'avoir été de l'affrontement entre chrétiens d'origine judéenne et chrétiens d'origine grecque. (13)
Outre l'exécution de Jacques le Mineur, conséquence de l'influence exercée par la communauté chrétienne d'origine judéenne auprès de l'ensemble des Judéens, l'histoire de la communauté chrétienne de Jérusalem a été marquée par deux autres martyres : en 33, la lapidation d'Étienne, et en 43-44 la mise à mort de Jacques le Majeur. (14)
Les princes des Juifs (Sadducéens) firent monter Jacques sur la terrasse du temple de Jérusalem et lui dirent : "Juste, nous avons confiance en toi ; parle et dis-nous la vérité sur Jésus !"
Le saint Apôtre s'écria : "Pourquoi m'interrogez-vous sur le Christ ? Il siège dans les Cieux à la droite de la Majesté divine, et un jour Il reviendra sur les nuées du Ciel." La foule approuvait ces paroles ; mais les chefs, jaloux, précipitèrent le vieillard du haut du haut du temple où le démon avait naguère tenté Jésus. Comme il n'était pas mort, on se mit à le lapider, puis en dépit de quelques protestations généreuses, un foulon l'acheva à grands coups de sa lourde masse. Exécution illégale, qui valut à Anne d'être déposé du souverain pontificat (15), c'est-à-dire de sa charge de Grand prêtre par le nouveau procurateur romain entré en fonction.
Brisé dans sa chute, il mourut l'an 62 en priant pour ses bourreaux : "Seigneur, pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font."
Les judéens qui l'ont lapidé n'ont pu empêcher le peuple de l'enterrer sur place et de lui ériger un monument.
"L'exécution des deux Jacques, à l'instigation du Sanhédrin qui refusait tout messianisme, n'empêcha pas la communauté de rester sur place jusqu'en 66, sans participer aux mouvements qui agitèrent la population à partir de 60, en prélude à la guerre contre Rome." (16)
La Communion de l'apôtre Jacques le Mineur, Niccolo Bambini 1720
Nous avons de S. Jacques le Mineur une Épître qui a le titre de Catholique ou Universelle, parce qu'elle ne fut point adressée à une église particulière, mais à tout le corps des Juifs convertis qui étaient dispersés dans les différentes parties de l'univers.
On le représente en tunique et pallium, parfois avec une canne.
Il est invoqué contre les souffrances des agonisants.
Le nom Jacques vient de l'araméen et signifie "adepte de Dieu".
Saint Jacques le Mineur 1620 - Georges de La Tour
PRATIQUE. Pardonnez à vos ennemis, priez pour vos persécuteurs.
Sources:
(1) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. 121 ; (2) ; (3) ; (4) Christine BARRELY, Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 146 ; (5) Marie-Françoise BASLEZ, Bible et Histoire, Judaïsme, hellénisme, chritianisme, Folio Histoire, Saint-Amand 2003, p. 160 ; (6) Pierre MARAVAL, Simon Claude MIMOUNI, Le Christianisme, des Origines à Constantin, Nouvelle Clio, l'Histoire et ses problèmes, PUF, Clamecy 2018; p. 168 ; (7) Marie-Françoise BASLEZ, Comment notre monde est devenu chrétien, CLD Éditions, Points Histoire, Lonrai 2015, p. 32 ; (8) Rosa GIORGI, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 268-269 ; (9) DANIEL-ROPS, Histoire de l'Église du Christ, tome II Les Apôtres et les Martyrs, Librairie Arthème Fayard, Paris 1965, p. 22 ; (10) Pierre MARAVAL, Simon Claude MIMOUNI, Le Christianisme, des Origines à Constantin, ibid., p. 170 ; (11) Pierre MARAVAL, Simon Claude MIMOUNI, Le Christianisme, des Origines à Constantin, ibid., p. 169 ; (12) Marie-Françoise Baslez, Bible et Histoire, Judaïsme, hellénisme, chritianisme, Folio Histoire, Saint-Amand 2003, p. 264-268 ; (13) Pierre MARAVAL, Simon Claude MIMOUNI, Le Christianisme, des Origines à Constantin, ibid., p. 173 ; (14) Pierre MARAVAL, Simon Claude MIMOUNI, Le Christianisme, des Origines à Constantin, ibid., p. 171 ; (15) DANIEL-ROPS, Histoire de l'Église du Christ, ibid., p. 46 ; (16) Marie-Françoise BASLEZ, Comment notre monde est devenu chrétien, ibid., p. 32.
Nul ne contribua davantage à la défaite de l'arianisme; il n'écrivit, ne souffrit, ne vécut que pour défendre la divinité du Christ.
Petit de taille, prodigieusement intelligent, nourri de culture grecque, Athanase n'était encore que diacre lorsqu'il accompagna l'évêque d'Alexandrie au concile de Nicée en 325. Il y contribua à la condamnation de son compatriote Arius et à la formulation des dogmes de l'Incarnation et de la Sainte Trinité.
Devenu lui-même évêque d'Alexandrie en 328, il fut, dès lors et pour toujours, en butte à la persécution des ariens, semi-ariens et anti-nicéens de tout genre qui pullulaient en Égypte et dans l'Église entière. Ces ariens étaient soutenus par les empereurs qui rêvaient d'une formule plus souple que celle de Nicée, d'une solution de compromis susceptible de rallier tous les chrétiens et de rendre la paix à l'empire. C'est ce qui explique que sur les quarante-cinq années de son épiscopat, saint Athanase en passa dix-sept en exil: deux années à Trèves, sept années à Rome, le reste dans les cavernes des déserts de l'Égypte. Il fut même accusé d'avoir assassiné l'évêque Arsène d'Ypsélé. Il ne dut la reconnaissance de son innocence qu'au fait qu'Arsène revint en plein jour et se montra vivant aux accusateurs de saint Athanase.
Dans une lettre à propos des Ariens, Athanase écrit :
"Que Dieu vous console ! Ce qui vous attriste aussi, c’est que les autres ont occupé les églises par violence tandis que vous, pendant ce temps, vous êtes dehors.
C’est un fait, ils ont les locaux : mais vous avez la foi apostolique. Eux, ils peuvent occuper nos églises, mais ils sont hors de la vraie Foi catholique.
Réfléchissez. Qu’est ce qui est le plus important : le lieu ou la Foi ? La vraie foi, c’est évident. Dans cette lutte, qui a perdu, qui a gagné, celui qui garde le lieu ou celui qui garde la foi ?
Le lieu, c’est vrai, est bon quand on y prêche la foi apostolique ; il est saint si tout s’y passe saintement.
Mais c’est vous qui êtes heureux, vous qui restez dans l’Église par votre foi, vous qui tenez fermement aux fondements de la foi qui vous est parvenue de la sainte Tradition apostolique et si, à maintes reprises, une jalousie exécrable a voulu l’ébranler, elle n’y a pas réussi.
C’est ceux qui s’en sont détachés dans la crise présente. Personne, jamais, ne prévaudra sur notre foi, frères bien aimés.
Et nous croyons que Dieu nous rendra un jour nos églises. Ainsi donc, plus ils s’acharnent à occuper les lieux de culte, plus ils se séparent de l’Église. Ils prétendent représenter l’Église; en réalité, ils s’en expulsent eux-mêmes et s’égarent.
Les catholiques fidèles à Dieu dans la sainte Tradition, même s’ils sont réduits à une poignée, voilà ceux qui sont la vraie Église de Jésus-Christ."S (Saint Athanase, Lettre de l’évêque d’Alexandrie à son troupeau, in Coll. Selecta SS. Eccl. Patrum, Caillau et Guillou, vol. 32, pp. 411-412
Son œuvre théologique est considérable. Ses œuvres ont été publiées aux éditions du Cerf.
Mémoire de saint Athanase, évêque et docteur de l'Église. Homme très éminent en sainteté et en doctrine, placé sur le siège d'Alexandrie, il défendit la foi orthodoxe avec une vigueur intrépide, depuis le temps de Constantin jusqu'à celui de Valens, contre les empereurs, les gouverneurs de province, contre un nombre infini d'évêques ariens, qui lui tendirent toutes sortes de pièges et le forcèrent plusieurs fois à l'exil ; enfin, après bien des combats et des triomphes qu'il remporta par sa patience, il rentra dans son Église et s'endormit dans la paix du Christ la quarante-neuvième année de son épiscopat, en 373.
Martyrologe romain
Athanase a été sans aucun doute l'un des Pères de l'Église antique les plus importants et les plus vénérés... Nous avons de nombreux motifs de gratitude envers Athanase. Sa vie, comme celle d'Antoine et d'innombrables autres saints, nous montre que "celui qui va vers Dieu ne s'éloigne pas des hommes, mais qu'il se rend au contraire proche d'eux" (Saint Athanase - audience du 20 juin 2007 - Benoît XVI)
Car il a été fait homme pour que nous puissions devenir Dieu ; et Il s'est manifesté par un corps afin que nous puissions recevoir l'idée du Père invisible ; et il a enduré l'insolence des hommes afin que nous puissions hériter de l'immortalité.
Saint Athanase (297-373), Sur l'Incarnation, 54
Si le Fils est roi, sa mère doit nécessairement être considérée et intitulée reine.
Saint Athanase, cité par S. Alphonse
Si le monde est contre la Vérité,
je serai alors contre le monde.
Joseph "fils de David" (Mt 1,20) descendait en droite ligne des plus grands rois de Juda, et des plus illustres d'entre les anciens patriarches; mais il tirait sa principale gloire de ses vertus, surtout de son humilité et des fonctions sublimes qu'il eut à remplir auprès du Sauveur du monde et auprès de la sainte Vierge Marie, son auguste Mère.
Saint Jérôme assure que saint Joseph a toujours été vierge. Le Ciel avait présidé à un mariage qui entrait dans l'accomplissement de ses desseins. Marie, en devenant mère miraculeusement, n'avait plus rien à craindre de la calomnie pour son honneur. Elle trouvait de plus dans Joseph un aide qui partageait avec elle le soin de pourvoir à la subsistance de son fils, un compagnon qui l'assistait dans ses voyages, un consolateur qui lui adoucissait le sentiment de ses peines.
Quelle ne dut pas être la pureté et la sainteté de celui que le ciel avait choisi pour être le gardien de la plus pure et et de la plus sainte des vierges ! L'Evangile fait son éloge en disant que c'était un homme juste, c'est-à-dire éminemment saint, orné de toutes les vertus. (1)
Saint Joseph, Lourdes
Un ange apparut en songe à Joseph pour lui annoncer le grand mystère qui venait de s'accomplir en Marie, son épouse: par l'opération du Saint-Esprit, le Verbe s'est incarné dans le sein de cette Vierge des vierges. C'est le Messie annoncé par les Patriarches, c'est Jésus qui racheta le monde de l'esclavage du péché.
L'ange apparut de nouveau à Joseph en songe et lui dit : "Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr." (Mt 2:13)
Hérode envoya tuer tous les enfants jusqu’à l’âge de deux ans à Bethléem et dans toute la région.
L'ange du Seigneur apparut de nouveau à Joseph et lui dit: "Prends l'Enfant et sa mère et retourne dans la terre d'Israël. Ceux qui cherchaient à faire périr l'Enfant sont morts". (Mt 2:22-23) Il revit Nazareth, retrouva sa sainte maison, y amena l'Enfant Jésus, et y demeura avec lui dans la paix.
La présence de Jésus dans l'atelier de Nazareth enseigna à saint Joseph le prix des heures pénibles, et le dur labeur accepté comme une réparation pour le mépris de l'homme des lois de Dieu, a acquis grâce au Christ, une valeur rédemptrice. Artisan avec Dieu créateur, frère de travail de Jésus-Ouvrier, associé avec Lui au rachat du monde, saint Joseph n'attirera jamais trop les regards et la prière de notre siècle.
C'est pourquoi l'Église, s'inspirant de la Tradition qui baptisa autrefois quantité de fêtes païennes pour les doter d'un contenu chrétien tout nouveau plaça la fête civile du travail sous le puissant patronage de saint Joseph. Ouvrier toute sa vie, qui mieux que lui rendit grâces à Dieu le Père en son labeur de chaque jour ? C'est ce modeste artisan que Dieu choisit pour veiller sur l'enfance du Verbe incarné venu sauver le monde par l'humilité de la croix. (2)
On peut raconter le mystère de l'Annonciation, celui de la Nativité du Sauveur, les premières humiliations du Dieu fait Homme? Ses trente ans de vie cachée et tous ce qu'ils contiennent de lumières pour ceux qui les méditent, sans faire apparaître Joseph. Il est comme l'ombre de Jésus, le voile de la virginité de Marie, il est inséparable de cette "Trinité de la terre", visible image de la Trinité du Ciel. Tous les saints reconnaissent Joseph pour le premier d'entre eux, pour le plus semblable, pour le plus uni au Coeur de Jésus, après Marie. (3)
Au XIII° siècle déjà, le roi de Castille, Alphonse X le Sage, avait déjà associé dans un de ses chants la beauté de Marie et celle du mois de mai ; au siècle suivant, le bienheureux dominicain Henri Suso avait, durant l'époque des fleurs, l'habitude de tresser des couronnes pour les offrir, au premier jour de mai, à la Vierge.
En 1549, un bénédictin, Seidl, avait publié un livre intitulé "Le mois de mai spirituel", alors que saint Philippe Néri exhortait déjà les jeunes gens à manifester un culte particulier à Marie pendant le moi de mai où il réunissait les enfants autour de l'autel de la Sainte Vierge pour lui offrir, avec les fleurs du printemps.
Un peu plus tard, les jésuites recommandaient que, la veille du premier mai, dans chaque appartement, on dressât un autel à Marie, orné de fleurs et de lumières, devant quoi, chaque jour du mois, la famille se réunirait pour réciter quelques prières en l'honneur de la Sainte-Vierge avant de tirer au sort un billet qui indiquerait la vertu à pratiquer le lendemain.
Cette dévotion mariale s'est perpétuée de part le monde jusqu'à aujourd'hui. (4)
La fête de saint Joseph, travailleur, a été fixée au 1er mai par le pape Pie XII en 1955.
Le monde du travail prend une conscience grandissante de son importance et c'est le rôle de l'Église de lui enseigner toute sa dignité. Cette fête de saint Joseph est une triple fête patronale : fête de l'Église, fête de la famille et du foyer, fête du travail.
PRATIQUE. Exercez-vous, à l'exemple de saint Joseph, à vivre d'une vie intérieure.
Sources: (1) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. 78 ; (2); (3), La Dévotion à Saint-Joseph, Mois de Saint Joseph, consécration et prières, Parvis, Hauteville 2004, p. 25-26, 28; (4)
Le champenois Robert de Molesme, entré à 15 ans chez les bénédictins de Moutier-la-Celle dans l'Aube, est très vite remarqué. A peine son noviciat terminé, il fut nommé prieur. Les bénédictins de Tonnerre ayant voulu l'avoir comme Père Abbé, il accepta, mais ces moines qui sont allés le quérir, ne veulent pas de la réforme austère qu’il préconise. Les ayant trouvés très relâchés et surtout peu réformables, il prit congé d'eux et revint à Moutier.
Non loin de là vivent sept ermites ; après de multiples péripéties, il accepte de devenir leur supérieur et les installe dans des huttes dans la forêt de Molesme, près de Laignes, en Côte d'Or. Leur genre de vie, fait de solitude et de silence, impressionne les voisins. Chacun s’ingénia à aider ces moines vertueux. Mais l’abondance des donations tourne la tête à bien des religieux qui ne voient plus le besoin de travailler, ni de tant d’austérités. Les recrues et les dons affluent, les huttes disparaissent, un monastère se construisit. Incapable de restaurer la discipline, Robert les quitte, triste, mais les dons cessèrent en même temps.
Les moines sont décontenancés. Robert ne revenant pas, on en réfère au Pape. Robert est sommé de reprendre sa place. Il revient, mais les bons sentiments des frères ne durent qu’un an. Robert s’en va définitivement avec six de ses moines. Avec, saint Aubry et saint Etienne Harding,vénérant la Vierge Marie, il s’installe à Cîteaux, se promettant de vivre la Règle de saint Benoît dans toute sa pureté et sa rigueur.
Les trois fondateurs de Citeaux : Robert, Aubry et Etienne Harding. Cette peinture commémore et décrit la fondation en 1098, montrant les trois fondateurs vénérant la Vierge Marie
Ainsi naquit l'Ordre cistercien en 1098. Mais les moines de Molesme ne s’en tiennent pas là. Une deuxième fois, le pape est consulté. Celui-ci lui intime l'ordre de reprendre la tête de son monastère. Il obéit et revient, après 14 mois, dans son abbaye, confiant Cîteaux à un frère très observant. Il a la consolation de voir ses moines revenus à de meilleures dispositions.
Il gouvernera pendant 9 mois, jusqu’en 1110. Il mourut ainsi en paix.
Deux ans après sa mort, saint Bernard (1090-1153) entre à Cîteaux à qui l'Ordre cistercien devra son considérable développement : "Plus j’avance dans la connaissance de mon 'moi', plus je m’approche de la connaissance de Dieu", dira Saint Bernard.
L'art cistercien est en accord avec leur spiritualité : il doit être une aide pour le cheminement intérieur des moines. En 1134, lors d'une réunion du Chapitre général de l'ordre, Bernard de Clairvaux qui est au sommet de son influence, recommande la simplicité dans toutes les expressions de l'art (Cf. Jean-François Leroux-Dhuys, Art cistercien, architecture cistercienne, Histoire et Images médiévales n°12 (thématique), Les cisterciens, février-mars-avril 2008, p. 37).
Dès lors, les cisterciens vont développer un art dépouillé et souvent monochrome.
Du XIe au XIIIe siècle une véritable révolution industrielle s'opère dans l'Occident médiéval. Elle est portée par la monétarisation croissante de l'économie depuis l'introduction du denier d'argent par les carolingiens au VIIIe siècle, qui permet l'introduction de millions de producteurs et de consommateurs dans le circuit commercial.
Pour augmenter encore cette productivité les paysans investissent dans des équipements qui l’améliorent, fournissant des charrues, construisant des moulins à eau en remplacement des meules à bras, des pressoirs à huile ou à vin en remplacement du foulage. Ce phénomène est attesté par la multiplication des moulins, des routes, des marchés et des ateliers de frappe de monnaie dans tout l’Occident dès le IXe siècle.
Les abbayes sont souvent le fer de lance de cette révolution économique
Les progrès se transmettent entre abbayes par le biais de manuscrits ou par le déplacement de moines. Les frères convers, dont une partie vit en dehors de l'abbaye dans les "granges", participent à la diffusion des améliorations techniques auprès des populations locales : les cisterciens sont des vecteurs de première importance dans la révolution industrielle du Moyen-Âge.
Si les Cisterciens savent innover, ils utilisent aussi parfois des techniques très anciennes. De nombreuses églises cisterciennes bénéficient d'une excellente acoustique qui n'est pas due au hasard : plusieurs (comme Melleray, Loc-Dieu, Orval...) utilisent la technique des vases acoustiques décrite par Vitruve, ingénieur romain du 1er siècle av. J.-C. ; des études contemporaines ont démontré que ces vases, répartis dans les murs et les voûtes, amplifient le son dans la gamme de fréquences de la voix des moines ; et d'autres procédés réduisent l'écho. (Source)
Tertiaire dominicaine et mystique italienne qui a exercé une grande influence dans l'Église catholique, Sainte Catherine naît à Sienne en 1347, avec le désir très tôt de se consacrer à Dieu, contre la volonté de ses parents.
Dès l'âge le plus tendre, elle fit le voeu de virginité, et ne montrait de goût que pour la prière et la mortification. Ses parents, qui voulaient la marier, s'y prirent de toutes les manières pour rompre sa résolution, la contrariant dans ses exercices de piété, et la chargeant des soins les plus pénibles du ménage. Bien que vertueux, ils se firent longtemps ses persécuteurs et entravèrent, autant qu'il leur fut possible sa vocation religieuse. Soumise et obéissante, Catherine sut se créer une solitude intérieure, où elle trouvait toujours son Bien-Aimé, dont rien ne pouvait l'empêcher de jouir.
Sainte Catherine de Sienne (1347-1380), patronne de l’Italie, co-patronne de l'Europe
Enfin, les préventions cessèrent, et on lui permit d'entrer dans le tiers ordre de S. Dominique.
Très vite marquée par des phénomènes mystiques comme les stigmates et le mariage mystique, elle se fait connaître.
Ce fut alors que ses austérités n'ont plus de bornes et qu'elle s'élève à cette sublime contemplation dont on voit la preuve dans ses écrits, et mieux encore au milieu des vertus héroïques qu'elle pratiqua.
Elle accompagne l'aumônier des dominicains auprès du pape à Avignon, en tant qu'ambassadrice de Florence, ville alors en guerre contre le pape.
Son influence sur Grégoire XI (1371-1378), dernier pape français, joue un rôle avéré dans la décision du pontife de quitter Avignon pour Rome. Elle est ensuite envoyée par celui-ci négocier la paix avec Florence. Grégoire XI étant mort et la paix conclue, elle retourne à Sienne. Lors d'extases mystiques, elle dicte ses conversations avec Dieu, constituant sa principale œuvre, Le Dialogue. La richesse théologique de ces écrits et la doctrine qu'ils décrivent sont reconnus au point que l'Église catholique, a proclamé Catherine docteur de l'Église.
Ste Catherine de Sienne, Dialogues
"Quand un exorciste ne parvenait pas à libérer une personne, il l'envoyait à sainte Catherine de Sienne, pas parce qu'elle était exorciste, encore moins parce qu'elle était prêtre, mais parce qu'elle était sainte. Parce que la condition sine qua non de la réussite d'un exorcisme est la foi.
[...] la foi de celui qui prie, et de la foi de celui qui reçoit la prière."
(Gabriele AMORTH, J'ai rencontré Satan, Le Combat du plus célèbre exorciste, Entretiens avec Slawomir Sznurkowski, Traduti de l'italien par Quentin Petit, EdN, Vendôme 2016 , p. 142; 149.)
Sainte Catherine de Sienne exorcisant une femme possédée, Girolamo di Benvenuto, 1500-10, musée d'art de Denver
"Lorsque sainte Catherine de Sienne disait : 'Au nom de Marie, va-t-en !', elle le faisait avec foi, et c'est cela qui rendait sa parole efficace." (Gabriele Amorth, ibid., p. 197.)
Sainte Catherine obtient du Christ la libération de sa sœur Palmerina de son pacte avec le diable avant de mourir, Girolamo di Benvenuto (1470-1524), Cambridge (Ma), Fogg Art Museum
Sa charité pour les pauvres, sa patience dans les calomnies dont on payait ses services, son ardeur et son talent pour la conversion des pécheurs, son zèle pour la paix de l'Église et des États, en firent la gloire de son ordre, l'ornement de son pays et la merveille de son siècle. Catherine, toujours supérieure à sa réputation par son humilité, préférait la couronne d'épines du Sauveur à tout le reste.
Dans une de ses apparitions, le Sauveur ôta le cœur de la poitrine de sa servante et mit le Sien à sa place. Une autre fois, elle reçut les stigmates du divin Crucifié.
Souvent, au moment de la Communion, l'Hostie s'échappait des mains du prêtre pour voler vers la bouche de Catherine. La vie entière de Catherine fut un miracle.
Dieu permit qu'elle exerçât une immense influence sur son époque, et qu'elle contribuât pour beaucoup à la cessation du grand schisme d'Occident (crise qui divisa l'Église pendant 39 ans de 1378 à 1417.)
Elle écrit au pape en Avignon, une lettre brûlante où elle le pressait de revenir à Rome. Elle alla même le chercher : son influence sur Grégoire XI (Pape de 1371 à 1378) joua un rôle avéré dans la décision du pontife de quitter Avignon (Cf. Papes en Avignon de 1309 à 1377) pour Rome et favorisa le retour du Saint-Siège dans la ville éternelle (le ).Le pape reçut d’abord son confesseur, le bienheureux Raymond de Capoue, puis la dominicaine qui arriva le 18 juin 1376. Elle venait tout simplement lui demander d’organiser une croisade contre les infidèles et de faire la paix avec Florence. Catherine fut envoyée par Grégoire XI négocier la paix avec Florence.
À la mort de Grégoire XI le 25 mars 1378, Catherine soutient Urbain VI (1378-1389), qui ne fut pas accepté par les cardinaux français, et qui élurent un autre pape, Clément VII. Celui-ci revint s'installer en Avignon, tandis qu'Urbain VI restait à Rome. Catherine déploya alors des trésors d'activité et de diplomatie pour rassembler l'Église autour d'Urbain VI. Elle envoya parallèlement de nombreuses lettres aux princes et cardinaux, pour promouvoir l'obéissance au pape Urbain VI et défendre ce qu'elle nommait le "vaisseau de l'Église". Une laïque sans instruction de Sienne corrigea publiquement le grand saint Vincent Ferrier, OP, qui avait dit à tort (mais sincèrement) à tout le monde d'obéir à Clément VII installé en Avignon, sauf qu'il était un antipape et elle exhorta à l'obéissance et à la prière pour Urbain VI, le vrai pape à Rome. Probablement que les catholiques de son époque lui dirent de rester dans sa voie et de reconnaître Clément VII !
Sainte Catherine de Sienne portant sur son voile la couronne d'épines, tenant un crucifix et une fleur de lys
Elle voyagea inlassablement comme médiatrice dans le nord de l'Italie et le sud de la France. Pourtant cette activité débordante n'était pas le tout de Catherine. Ce n'était que la face apparente d'une intense vie mystique, avec des extases durant lesquelles ses disciples copiaient les prières qui s'échappaient de ses lèvres.
Cette sainte nous a laissé des ouvrages qui paraîtront précieux à quiconque estime le langage de la vraie piété. Ce sont six traités en forme de dialogues, un discours sur l'Annonciation de la très-sainte Vierge, et trois cent soixante-quatre lettres qui portent l'empreinte de son génie supérieur.
Son "Dialogue" sur la Divine Providence, qui est un des classiques de la langue italienne, retrace ces entretiens enflammés avec le Christ. Ils auraient été composés en cinq jours d'extase, du 9 au 14 octobre 1378.
La doctrine du pont : Catherine de Sienne et le "libre arbitre"
Dans cet ouvrage Le Dialogue, Catherine développe un traité de christologie à travers ce qui est appelé la "doctrine du pont". Ce traité se veut une démonstration de la place centrale du Christ dans le rôle de médiateur entre l'homme et Dieu.
Au cours d'une image qu'elle développe, Catherine décrit l'importance du Christ comme un pont qui permet de traverser un fleuve où tout le monde se noie. Ce fleuve empêche d'accéder à l'autre rive, celle qui est décrite alors comme le paradis, le lieu de l'union à Dieu. Le pont qui permet de traverser ce fleuve est le Christ, avec trois marches. Ces trois marches représentent les trois étapes de la vie chrétienne, mais aussi les principales plaies du Christ en croix : les pieds sont les premières marches du pont, mais ils représentent le désir de Dieu qui conduit l'âme à vouloir connaître et mieux aimer Dieu. La deuxième marche du pont est le cœur du Christ, lieu de l'union à Dieu et de la connaissance de soi et de Dieu. La dernière marche est la bouche du Christ, symbole de l'union à Dieu et de la paix intérieure. Le pont n'est accessible qu'à travers la connaissance de soi, la pratique des vertus, mais aussi la miséricorde de Dieu.
La pratique de la connaissance de soi et des vertus est le seul moyen de passer le pont. Ceux qui ne suivent pas cette voie sont alors emportés par les flots des divers désirs désordonnés comme l'avarice, la concupiscence charnelle, l'orgueil, l'injustice et le mensonge qui conduisent à l'enfer. Le libre arbitre a une place primordiale dans cette doctrine du pont. Pour Catherine, l'homme étant libre et à l'image de Dieu, c'est par sa volonté et le désir de Dieu que l'homme peut Le choisir ou non en succombant aux tentations :
"Personne ne peut avoir peur d'aucune bataille, d'aucun assaut du démon, parce que j'ai fait de tous des forts. Je leur ai donné une volonté intrépide, en trempant dans le sang de mon Fils. Cette volonté, ni démon, ni aucune puissance créée ne peut l'ébranler. Elle est à vous, uniquement à vous, c'est Moi qui vous l'ai donnée avec le libre arbitre.
"C'est donc à vous qu'il appartient d'en disposer, par votre libre arbitre, et de la retenir ou de lui lâcher la bride suivant ce qu'il vous plait.
"La volonté, voilà l'arme que vous livrez vous même aux mains du démon : elle est vraiment le couteau avec lequel il vous frappe, avec lequel il vous tue. Mais si l'homme ne livre pas au démon ce glaive de la volonté, je veux dire s'il ne consent pas aux tentations, à ses provocations, jamais aucune tentation ne pourra le blesser et le rendre coupable de péché : elle le fortifiera au contraire lui faisant comprendre que c'est par amour que je vous laisse tenter, pour vous faire aimer et pratiquer la vertu." (Le Dialogue, chapitre XIII (43)
Dieu la favorisa, pendant sa vie, de la connaissance des choses cachées.
Les peines qu'elle se donna pour le bien de l'Église la conduisirent au tombeau à l'âge de trentre-trois ans, le 29 avril 1380.
La dévotion autour de Catherine de Sienne se développe rapidement après sa mort.
Elle est canonisée en 1461, déclarée sainte patronne de Rome en 1866, et de l'Italie par Pie XII en 1939.
Elle est la protectrice officielle de l'Italie, comme saint François d'Assise en est le protecteur; les deux saints ont été consacrés dans la fonction avec motu proprio de Pie XII le 18 juin 1939.
Le 4 octobre 1970 elle est proclamée docteur de l'Église en même temps queSte Thérèse d’Avila (1515-1582) par Paul VI (titre que l’Église d’Angleterre lui reconnaît aussi), et co-patronne de l'Europe par Jean-Paul II en 1999, avec Ste Brigitte de Suède (1302-1373) et Ste Thérèse-Bénédicte de la Croix (1891-1942) :
"Sainte Catherine entra avec un regard sûr et des paroles de feu dans le vif des problèmes sociaux et politiques qui ont déchiré l'Europe de son époque." (Jean Paul II, Lettre apostolique Spes aedificandi, 02/10/1999)
Sainte-Catherine de Sienne est la patronne des infirmières.
Elle est aussi la sainte protectrice des journalistes, des médias, et de tous les métiers de la communication, en raison de son œuvre épistolaire en faveur de la papauté.
Elle est invoquée par les personnes qui craignent de subir un échec.
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Sources :
(1) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. 120; (2), (3), (4), (5) ; (6) Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p. 38.
Au IIe siècle, mariée à S. Vital, personnage consulaire, Valérie mourut martyre à Ravenne alors que son mari périssait martyr lui-aussi à Milan (Italie) (1)
Vital était un militaire né à Milan, père de S. Gervais et de S. Protais, martyrs. Il fut condamné à mort pour sa religion par le juge de Ravenne, brûlé vif après avoir été étendu sur le chevalet, et avoir souffert divers autres genres de tortures.
On lit dans ses Actes, que Valérie, sa femme, retournant de Ravenne à Milan, fut mise à mort par une troupe de paysans auxquels elle refusa de se joindre dans la célébration d'une fête impie et licencieuse. (2)
Mosaïque de San Vitale
Sources:
(1), (2) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. 118.
L'histoire de Zita se déroule dans l'Italie du XIIIe siècle.
Zita était une petite vendeuse de légumes qui s'en allait au marché de Lucques (Toscane, Italie) pour ses parents. Sa mère, pauvre, mais vertueuse, l'éleva dans la crainte du Seigneur, et eut la consolation de voir ses bonnes instructions porter de précieux fruits.
Zite parlait peu, travaillait avec assiduité, et tenait son âme dans un recueillement perpétuel.
À douze ans, elle fut placée dans une famille comme servante, et ne la quitta plus.
Pour ne pas déranger son service, elle se levait plus tôt afin d'aller entendre la sainte messe, jeûnait pour donner aux pauvres une part de sa nourriture, supportait avec patience et sourire les jalousies des autres domestiques qui parfois même la dénonçaient avec calomnie. Dieu permit qu'on traita sa modestie de stupidité, et son exactitude à ses devoirs fut regardée comme le fruit d'un orgueil secret. Sous le coup de préventions si injustes, qu'on imagine ce que cette sainte fille eut à souffrir. Mais sa patience triompha de la malice et des péjugés. Ses maîtres devinrent plus équitables: leur jalousie se transforma en admiration, et ils lui confièrent le maniement de leurs affaires, qu'elle géra avec une grande sagesse. (1)
Un soir de Noël, Zita se rend à la messe de minuit. Son maître, le signore Fatinelli, lui prête son manteau, mais lui enjoint aussitôt de bien le rapporter. Il sait que Zita a l'habitude de se dépouiller de tout pour donner aux pauvres. Arrivant à l'église, elle aperçoit un mendiant grelottant à qui elle confie le précieux vêtement juste le temps de l'office. À la sortie, l'homme a disparu. Au retour, la colère du maître est immédiate. Mais voilà que le mendiant apparaît avec le manteau, sourit, le tend à Zita et, tel un éclair, disparaît. (2)
Les anges se chargeaient de faire cuire son pain pendant qu’elle était en extase, de lui rendre le manteau qu'elle avait prêté à un pauvre, et de lui ouvrir la porte des églises !
Un jour, pendant une de ses ferventes oraisons, le temps s'écoula de telle sorte qu'au moment où elle quittait l’église, le soleil déjà haut au-dessus de l'horizon lui rappela qu'elle avait dépassé l'heure où elle devait faire un ouvrage indispensable : c’était la préparation (ou la fourniture) du pain nécessaire à toute la maison. Elle se hâta de gagner le logis, se reprochant intérieurement la négligence de son devoir : quand elle arriva, elle trouva toute la pâte préparée et le feu allumé. Elle était convaincue qu'une autre servante, désireuse de lui épargner une réprimande, avait voulu faire sa besogne en son absence, mais quand elle tenta de trouver à qui adresser ses remerciements, personne ne sut ce qu'elle voulait dire, car personne n'avait songé à lui rendre ce service. Dans la simplicité de son cœur, elle en conclut que Dieu avait accordé cette faveur à sa servante qui avait tout oublié pour lui.
Une nuit de Noël, qu'il faisait extrêmement froid, Zite se disposait à se rendre à Matines. Son maître lui dit : « Comment cours-tu à l'église par un temps si froid, que nous pouvons à peine nous en défendre ici avec tous nos vêtements ? Toi surtout, épuisée par le jeûne, vêtue si pauvrement, et qui vas s'asseoir sur un pavé de marbre ? » Entrée dans l'église, elle aperçut un pauvre demi-nu, qui murmurait tout bas, et qui grelottait de froid ; émue de compassion, Zita s'approcha et lui dit : « Qu'avez-vous, mon frère, etde quoi vous plaignez-vous ? » Lui, la regardant d'un visage placide, tendit la main et toucha le manteau en question. Aussitôt Zita l'ôta de ses paules, en revêtit le pauvre et lui dit : « Tenez cette pelisse, mon frère, jusqu'à la fin de l'office, et vous me la rendrez; n'allez nulle part, car je vous mènerai à la maison et vous chaufferai près du feu. » Cela dit, elle alla se mettre à l'endroit où elle priait d'ordinaire. Après l'office, et quand tout le monde fut sorti, elle chercha le pauvre partout, au dedans et au dehors de l’église, mais ne le trouva nulle part. Elle se disait en elle-même : « Où peut-il être allé ? Je crains que quelqu'un ne lui ait pris le manteau, et que, de honte, il n'ose se présenter à mes yeux. Il paraissait assez honnête, et je ne crois pas qu'il ait voulu attraper le manteau et s'enfuir. » C'est ainsi qu’elle excusait pieusement le pauvre. Mais enfin, ne l'ayant pu trouver, elle revenait un peu honteuse, espérant toujours néanmoins que Dieu apaiserait son maître, ou inspirerait au pauvre de rapporter le manteau. Quand elle fut de retour à la maison, le maître lui dit des paroles très-dures, lui fit de vifs reproches. Elle ne répondit rien, mais, lui recommandant d'espérer, elle lui raconta comment la chose s'était passée. Il entrevit bien comment la chose s'était passée, mais ne laissa pas de murmurer jusqu'au dîner. A la troisième heure, voilà sur l'escalier de la maison un pauvre qui charmait tous les spectateurs par sa bonne mine, et qui, portant le manteau dans ses bras, le rendit à Zita, en la remerciant du bien qu'elle lui avait fait. Le maître voyait et entendait le pauvre. Il commençait, ainsi que Zita, à lui adresser la parole, lorsqu'il disparut comme un éclair, laissant dans leurs cœurs une joie inconnue et ineffable, qui les ravit longtemps d'admiration. On a cru que ce vieillard était un ange; c'est pourquoi la porte de l’église où elle rencontra le pauvre au manteau a été depuis appelée la porte de l'Ange.
Chaque vendredi elle allait en pèlerinage à San-Angelo in Monte, à deux lieues de Lucques ; un jour qu'elle avait été retenue par les travaux de la maison plus que d'ordinaire, elle fut surprise par la nuit. Un cavalier qui suivait le même chemin lui prédit qu'elle périrait dans les précipices si elle continuait à marcher au milieu des ténèbres ; mais quand il arriva, il fut bien saisi de trouver à la porte de l'église celle qu'il croyait avoir laissé loin derrière lui.
Sainte Zita avait un grand amour pour sainte Marie-Madeleine et pour saint Jean l'Evangéliste ; une veille de fête de la première, elle voulut aller faire brûler un cierge devant son autel dans une église assez éloignée de Lucques. Elle arriva tard et trouva les portes fermées ; elle alluma son cierge, se mit à genoux et s'endormit. La nuit, un orage terrible s'éleva, la pluie tomba par torrents, et la Sainte reposait ; quand elle se réveilla, les rues étaient couvertes d'eau, mais elle n'avait pas même été touchée par une goutte de pluie, et son cierge brûlait encore. Les portes alors s'ouvrirent devant elle, et quand le curé arriva pour dire la messe, il trouva la Sainte en prières dans cette église qui n'avait pas été ouverte depuis la veille au soir. (3)
Zite mourut à l'âge de soixante ans le 27 avril 1278, pleine des mérites qu'elle avait puisés dans le recueillement, la mortification, et un saint et fréquent usage des sacrements.
Sa sainteté fut reconnue après sa mort tant étaient grandes les faveurs que le petit peuple obtenait en lui demandant son intercession.
Les miracles se multiplièrent tant à son tombeau que, quatre ans après sa mort, l'évêque de Lucques permit de lui rendre un culte public qui se répandit rapidement en Italie, en Espagne, en Angleterre et dans toute l'Europe. Il y eut par trois fois, en 1446, en 1581 et en 1652, ouverture de son cercueil où le corps fut trouvé parfaitement intact, dans un état de parfaite conservation. Il est enchâssé et gardé avec beaucoup de respect dans l'église Saint-Fridien. Zite a été canonisée par lnnocent XII en 1696. Elle est la patronne de Lucques ; les servantes et les femmes de charge l'invoquent comme leur spéciale protectrice. De la chaumière du mont Sagrati, qui avait abrité le berceau de l'humble Sainte, on a fait une chapelle qui lui est dédiée. D'autres églises lui sont consacrées à Gênes et à Milan.
On donne pour attributs à sainte Zite un trousseau de clefs suspendu à sa ceinture et une cruche : les clefs rappellent qu'elle fut investie de la confiance de ses maîtres, et la cruche, le miracle qu'elle fit de changer l'eau en vin au bénéfice des pauvres. On montre encore à Lucques le puits où elle prit de l'eau pour faire ce miracle. On l'a aussi représentée debout devant les portes de la ville, et la sainte Vierge venant lui ouvrir le guichet. La miséricordieuse Marie dut rendre ce service à sa servante un soir que celle-ci s'était attardée à ses bonnes œuvres. Une vieille gravure allemande la représente sous les traits d'une jeune fille accorte, revêtant le vieillard de la pelisse de son maître.
Sainte-Zita est la patronne des employés de maison, garçons de café, des serveurs, des maîtres d’hôtels et des hôtesses. On lui demande d’intervenir pour retrouver des clés perdues. (4)
Alida épousa Bindo Bellanti, un noble de Sienne dont la bonté était aussi grande que la piété, et fut toute sa vie une épouse exemplaire. À la mort de celui-ci, alors qu'elle avait 30 ans, malgré les nombreux prétendants qui la sollicitèrent, elle resta veuve et entra dans le tiers ordre des Umiliati pour y soigner les malades jusqu'à sa mort.
Les biens qui lui restaient furent distribués aux pauvres, et sa dépouille mortelle repose dans l'église San Tommaso à Sienne.
Saint Marc, dans Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011
Saint Marc était probablement de la race d'Aaron; il était né en Galilée. Il semble avoir fait partie du groupe des soixante-douze disciples du Sauveur; mais il nous apparaît surtout dans l'histoire comme le compagnon fidèle de l'apostolat de saint Pierre avec Barnabé à Chypre et en Asie Mineure.
S. Irénée de Lyon écrivait vers 180 : "Marc, le disciple et l'interprète de Pierre, nous transmit lui aussi par écrit ce que prêchait Pierre". (Adversus Haereses, III Prologue).
C'est sous l'inspiration du chef des Apôtres et à la demande des chrétiens de Rome qui désiraient avoir par écrit ce que saint Pierre leur avait enseigné de vive voix, qu'il écrivit l'Évangile qui porte son nom. L'Evangile de Marc est le plus ancien. Des fragments de cet Évangile retrouvés à Qumran prouvent qu'il est antérieur à 68, voire à l'an 41 selon certains historiens.
"L'Évangile selon marc est situé autour des années 60 après l'avoir été autour des années 70, mais il pourrait bien être des années 50", observe Simon Claude Mimouni dans "Le judaïsme ancien et les origines de christianisme" (Bayard 2018, p. 21).
"L'Évangile selon Jean est situé autour des années 90, mais à cause de son caractère mystique et de certaines caractéristiques relevant de la topographie et de la chronologie il pourrait bien être des années 60.
"L'Évangile selon Luc + les Actes des Apôtres sont situés de manière habituelle dans les années 80, mais ils pourraient bien être aussi des années 60." (4)
Origène et S. Jérôme prétendent que c'est lui que le chef des Apôtres appelle son fils.
Marc reçut de saint Pierre la mission spéciale d'évangéliser Alexandrie, qui était après Rome la ville la plus célèbre de l'univers, l'Égypte et d'autres provinces africaines.
Cela se passe probablement en 45. Eusèbe, HE 2,16,1 évoque l'évangélisation d'Alexandrie par Marc d'après une tradition fixée à la fin du IIe siècle. Ac 15,36-39 : "Paul dit à Barnabé : 'Retournons donc visiter les frères en chacune des villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur, pour voir où ils en sont.' Barnabé voulait emmener aussi Jean appelé Marc. [...] Barnabé emmena Marc et s’embarqua pour Chypre." Les relations en Chypre et Alexandrie sont faciles. (5) Il s'y forma en peu de temps une église fort nombreuse et si fervente que ses nouveaux fidèles, à l'exemple de ceux de Jérusalem, ne faisaient qu'un coeur et qu'une âme. Les païens endurcis s'en alarmèrent, et résolurent la mort du saint évangéliste et cherchèrent tous les moyens de s'emparer de lui. Marc forma un clergé sûr et vraiment apostolique, puis échappa aux pièges de ses ennemis en allant porter ailleurs la Croix de Jésus-Christ. Quelques années plus tard, il eut la consolation de retrouver l'Église d'Alexandrie de plus en plus florissante.
La nouvelle extension que prit la foi par sa présence, les conversions nombreuses provoquées par ses miracles, renouvelèrent la rage des païens. Il fut saisi et traîné, une corde au cou, en criant qu'il fallait mener ce boeuf à Bucoles (Alexandrie), qui étaitun lieu près de la mer, plein de rochers et de précipices. Le saint fut traîné pendant tout le jour. La terre et les pierres furent teintes de son sang, et l'on voyait partout des lambeaux de sa chair. Tandis qu'on le traitait si cruellement, il remerciait Dieu de ce qu'Il l'avait trouvé digne de souffrir. Le soir, après ce long et douloureux supplice, on le jeta en prison, où il fut consolé la nuit venue, par l'apparition d'un ange qui le fortifia pour le combat décisif, et par l'apparition du Sauveur Lui-même.
Le lendemain matin, Marc fut tiré de prison; on lui mit une seconde fois la corde au cou, on le renversa et on le traîna en poussant des hurlements furieux. La victime, pendant cette épreuve douloureuse, remerciait Dieu et implorait Sa miséricorde. Enfin broyé par les rochers où se heurtaient ses membres sanglants, il expira en disant: "Seigneur, je remets mon âme entre Vos mains."
Ses reliques furentconservéesdans une petite chapelle du petit port de pêche de Bucoles proche d'Alexandrie où il avait souffert le martyre.
Ildevintle saint patron deVeniseavec son lion comme symbole de la ville. Marc était venu évangéliser la région par bateau et avait fait naufrage dans la lagune qui allait donner naissance en 452 à Venise.
(1) Abbé L. JAUD, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950 ; (2) Les saints du jour; (3) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. 115 ; (4) Simon Claude MIMOUNI, Le Judaïsme ancien et les origines du christianisme, Bayard, Italie 2018, P 21 ; (5) Wikipedia(source à prendre avec prudence) ; (6) Marie-Françoise BASLEZ, Saint Paul, Fayard, Saint Amand-Montrond 1991, p. 138 ; (7) Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011.
Fidèle, de son nom civil Marc Roy, né le 1er octobre 1577 à Sigmaringen, petite ville d'Allemagne voisine de la Suisse, est mort assassiné martyr pour la foi à Seewis im Prättigau (Suisse) le 24 avril 1622.
Son éducation fut soignée, même brillante, et ses vertus étaient si appréciées de ses condisciples, qu'ils l'appelaient le Philosophe chrétien. Dès lors il s'approchait souvent des sacrements, visitait et soignait les malades dans les hôpitaux et passait des heures entières au pied des autels, dans une intime conversation avec Jésus-Christ.
Il exerça plusieurs années la profession d'avocat à Colmar, en Alsace, et s'y fit remarquer par sa loyauté, sa haine du mensonge et la sagesse de ses plaidoyers ; il mérita le surnom d'Avocat des pauvres.
Bientôt pourtant la Lumière divine lui fit comprendre qu'il était difficile d'être en même temps riche avocat et bon chrétien : aussi il quitta sans hésiter le monde, où il eût fait bonne figure, pour se retirer chez les Capucins de Fribourg; il y prit l'habit en 1612, à l'âge de trente-cinq ans.
Devenu prêtre capucin et éminent prédicateur, il obtint de nombreuses conversions auprès des calvinistes des Grisons. L'animosité que cela entraina fit qu'il fut assassiné.
Ses premières années de vie religieuse furent difficiles, il éprouva de profonds doutes, et fut victime de violentes tentations. Son guide spirituel l'aida à voir clair en lui et le rassura. Dès lors, il vendit tous ses biens, et retrouva la paix. Il disait : "J'ai rendu les biens de la terre, et Dieu me donne en retour le royaume du Ciel."
Il choisissait les meubles les plus humbles, les habits les plus usés, il s'infligeait de pénibles mortifications, et vivait les temps de pénitence en ne mangeant que du pain, de l'eau et quelques fruits. "Quel malheur, disait-il, si je combattais mollement sous ce Chef couronné d'épines !"
Il mit tout son zèle dans sa mission, sa vie sainte et austère était un témoignage éloquent, et fit de nombreuses conversions.
Toutefois, il fut trahi, et fut poignardé par un groupe d'hommes qui contestaient son enseignement. Il mourut à Seewis im Prättigau, en 1622.
Béatifié le 24 mars 1729 par le Pape Benoît XIII il fut canonisé une vingtaine d'années plus tard (29 juin 1746) par le Pape Benoît XIV. Liturgiquement il est commémoré le 24 avril.
Citation de saint Fidèle :
"Ô foi catholique, comme tu es ferme, comme tu es inébranlable, bien enracinée, bien fondée sur la pierre solide! Le ciel et la terre disparaîtront, mais tu ne pourras jamais disparaître. Dès le commencement, le monde entier t'a contredite, mais tu as triomphé de tous par ta grande puissance. La victoire qui a vaincu le monde, c'est notre foi. Elle a fait plier des rois très puissants sous le joug du Christ, elle a conduit les peuples à obéir au Christ."
Saint Fidèle avec Saint Joseph de Leonessa par Tiepolo
Georges de Lydda naît vers 275/280 à Mazaca, en Cappadoce (Turquie), dans une famille relativement aisée. Son père, Gérontius, noble d’Arménie, vint en Cappadoce servir dans l'armée romaine. Son éducation fut toute chrétienne.
À l'âge de dix-sept ans, il embrassa la profession des armes comme son père, et bientôt sa beauté, sa distinction, son courage, l'élevèrent à la dignité de tribun militaire (commandant) dans la garde impériale.
La légende du dragon
Dans l'histoire de S. Georges il n'y a ni dragons ni princesses.
Georges combattit une bande de pillards dirigée par un homme qui terrorisait la région de Lydda (Lod, dans l'état actuel d'Israël). Le nom de cet homme, Nahfr, en égyptien voulait dire le "serpent", le "dragon" : la région appela l'armée romaine à l'aide. Le pays était obligé de lui fournir chaque jour deux moutons. Un jour que le pays de Lydda n'eut plus de moutons, l'homme réclama un enfant chaque jour en sacrifice. Une jeune fille de quatorze ans fut offerte. C'est alors que Georges décida de mettre fin à cette terreur. Chevauchant son cheval, armé de sa lance, il tua la bête et délivra la région de ce monstre.
La légende Jacques de Voragine au XIIIe siècle a spiritualisé cette histoire, qui a sans doute un fondement réel. Le plus ancien récit connu de l'épisode complet du dragon est un texte en géorgien du XIe siècle.
De ses origines orientales, il a été introduit dans la tradition chrétienne occidentale, peut-être par les Croisades.
La légende est devenue un symbole de la victoire de la foi contre le malin.
Le monde de la chevalerie médiévale en a fait l'incarnation de ses propres idéaux.
De retour à Nicomédie, Georges rendit visite aux chrétiens emprisonnés. Dioclétien ayant rallumé la persécution contre les chrétiens, l'indignation de Georges éclata en face même du tyran, devant lequel il exalta la grandeur du Dieu véritable et confondit l'impuissance des fausses divinités. Sa noble audace lui mérita le reproche d'ingratitude et des menaces de mort.
Dioclétien (empereur 284-305) lui enjoignit de cesser ses actions pro-chrétiennes et de reprendre son service. Il refusa et quitta le palais, en détruisant une tablette sur laquelle figurait l'édit obligeant au culte d'Apollon. Arrêté pour cet acte, il fut soumis à de nombreux supplices, mais il survit miraculeusement, provoquant de nombreuses conversions, notamment celle de l'épouse de Dioclétien, une princesse perse nommée Alexandra, et deux autres consuls d'Orient, Anatole et Protole, ainsi que celle du gardien de la prison où il fut interné.
Georges profita de ses derniers jours de liberté pour distribuer ses biens aux pauvres et affranchir ses esclaves. Ainsi préparé aux combats du Christ, le tribun aborde l'empereur lui-même et plaide devant lui la cause des chrétiens.
"Jeune homme, lui répond Dioclétien, songe à ton avenir!
- "Je suis chrétien, dit Georges, je n'ambitionne ni ne regrette rien dans ce monde; rien ne saurait ébranler ma foi." Il est alors battu de verges, puis il subit l'affreux supplice de la roue,on le met dans l'intérieur d'une roue armée de tous côtés de pointes d'acier, afin de le déchirer en mille pièces : au sortir de ce supplice, il est entièrement guéri.Un ange descendit du Ciel pour guérir ses blessures.
Quelques jours après, le martyr reparaît plein de vie en présence de l'empereur, qui le croyait mort; il lui reproche de nouveau sa cruauté et l'engage à reconnaître le vrai Dieu. Trois jours il est abandonné sur un lit de chaux vive; on lui met ensuite des chaussures de fer rougies au feu, on lui fait avaler un poison très violent, on lui passe les pieds dans des entraves, on l'étend sur le pavé, on lui roule sur la poitrine une énorme pierre; On le suspend à un poteau pour l'éventrer à coups de lance.
Georges, par la grâce de Dieu, subit toutes ces épreuves sans en ressentir aucun mal; plusieurs païens même se convertissent à la vue de tant de merveilles. Reconduit de nouveau dans sa prison, l'athlète invincible de la foi vit en songe Jésus-Christ descendre vers lui:
"Georges, lui dit-Il en lui présentant une couronne de pierres précieuses, voilà la récompense que Je te réserve au Ciel; ne crains rien, Je combattrai avec toi demain, et tu remporteras sur le démon une victoire définitive."
Le jour suivant, Dioclétien tâcha d'ébranler le martyr par des flatteries:
"Conduisez-moi devant vos dieux," dit Georges. On l'y conduit, croyant qu'il va enfin sacrifier.
Parvenu devant la statue d'Apollon, Georges fait le signe de la Croix et dit: "Veux-tu que je te fasse des sacrifices comme à Dieu?"
La voix du démon répond: "Je ne suis pas Dieu; il n'y a de Dieu que Celui que tu prêches." Et en même temps la statue tombe en poussière. Le peuple s'enfuit épouvanté, et l'empereur vaincu, humilié et furieux, fait trancher la tête au martyr, un vendredi 23 avril 303, à l'âge de 22 ans.
Des chrétiens recueillent sa dépouille pour l'enterrer à Lydda, dans une église qui lui est dédiée, là où il avait vaincu "le dragon".
En Israël, où son tombeau est vénéré à Lydda (Lod). Chrétiens d'Orient et Musulmans affirment qu’il s'y trouve encore, dans la crypte, sous l’autel.
Le culte de saint Georges est attesté dès le IVe siècle en Palestine. Des églises lui sont dédiées, ainsi qu'un monastère à Jérusalem et un autre à Jericho.
En Égypte, il patronne une quarantaine d'églises et trois monastères ; à Constantinople, Constantin devenu empereur en 324, fait élever une église à sa mémoire; saint Georges devient un des protecteurs des milices de Byzance ; En Grèce se construisent des sanctuaires à Mytilène, à Bizana, à Thessalonique et Athènes, tandis qu’à Chypre, on compte plus de soixante églises.
En Italie son culte arrive par la Sicile, Naples et Ravenne où il est attesté dès le VIe siècle, ainsi qu’à Ferrare.
Dans le royaume des Francs, sous l'influence de Clotilde, Clovis (466 - roi de 481 à 511) fait élever un monastère en son honneur.
Il semble que le culte de saint Georges fut établi à Rome sous Léon II (682) avec l'église des saints Sébastien et Georges.
Son culte fleurit au IXe siècle, probablement grâce aussi aux croisades et ne faiblira plus au cours du Moyen Âge. Il devient le saint patron de l'ordre du Temple, de l'ordre Teutonique, de l'ordre de la Jarretière...
Des textes laïcs évoquant le martyre du saint furent écrits aux Xe et XIe siècles, comme le Georgslied, un poème vernaculaire relatant la passion du saint ou "la Légende dorée" au XIIIe.
Le culte de saint Georges est très fort en Angleterre où au moins six rois portent son nom. La "Croix de Saint Georges" fut le drapeau officiel de l'Angleterre de 1277 à la création du Royaume-Uni en 1707.
En 1970, l'Église a réduit le culte de saint Georges de "fête" à mémoire facultative", car nous manquons de renseignements sur sa vie. Mais la dévotion des fidèles est restée très forte.
Saint Georges terrassant le dragon, Paolo Uccello, 1470
Saint Georges combattant le dragon, Eugène Delacroix, 1847, musée du Louvre
Saint Georges est vénéré : en Géorgie, dont il est le saint patron ; en Éthiopie, dont il est également le saint patron ("patron céleste de l’Éthiopie") ; en Bourgogne, dont il est le saint protecteur ; en Angleterre, où il remplaça Édouard le Confesseur en tant que saint national lors de la fondation de l’ordre de la Jarretière par Édouard III en 1348. Le drapeau anglais porte d'ailleurs la croix de saint Georges ; en Navarre, où son nom était scandé lors des batailles, notamment par les troupes du roi Charles II ; en Israël, où son tombeau est vénéré à Lydda (Lod) ; chez les scouts dont il est le saint patron ; chez les Grecs, qui lui ont conféré la qualité de Grand-Martyr (mégalomartyr) ; en Arménie, où un monastère dans la ville de Moughni est supposé avoir quelques reliques du saint ; à Beyrouth, dont il est le patron, avec un monastère remontant au IVe siècle ; en Russie, qui l'a adopté comme principal emblème de ses armoiries et où le premier des ordres militaires porte son nom (voir ordre de Saint-Georges) ; au cours de la Seconde Guerre mondiale, une division de l’Armée rouge, constituée sous le patronage de l’Église orthodoxe, porta le nom de Saint-Georges ; en Bulgarie où il est le saint patron de l’armée bulgare ; à Moscou, Gênes, Venise et Barcelone, dont il est un des saints patrons ; en Espagne, il est aussi le saint patron de l’Aragon et la Catalogne, dont il est le saint patron et où la principale décoration, la creu de Sant Jordi ou croix de saint Georges porte son nom, bien qu'il soit aussi vénéré comme saint patron par quelques villes espagnoles importantes dans d’autres régions autonomes du pays, telles que Alcoy ou Cáceres ; en Serbie, Balkans, par les communautés Slaves du Sud comme les Serbes de Croatie, de Bosnie, du Monténégro et les Macédoniens (Đurđevdan), Serbe (Sveti Georgije ou Djurdjic) fêté le 16 novembre en référence à saint Georges de Lyidie et chez les Rroms (Hıdırellez), il est fêté le 6 mai et marque le début du printemps ; en Allemagne où il est le saint patron de la cité de Fribourg-en-Brisgau ; en Suisse où il est le saint patron de la commune de Chermignon ; Dans les troupes blindées de l'armée suisse, qui ont pour devise : "Par saint Georges, vive la cavalerie !" ; au Brésil et plus particulièrement à Rio de Janeiro où il est très apprécié et où la journée du 23 avril lui est dédiée ; dans toute la chrétienté, en tant que patron des chevaliers ; par les frères de l’ordre du Temple dont il était le saint patron et protecteur ; par les membres de l’ordre Teutonique, dont il est le saint patron ; ainsi qu’au Portugal où il est préféré à saint Jacques ; en Lituanie, où il est vénéré comme "deuxième patron" après saint Casimir ; en Belgique, saint patron des gendarmes à cheval et de la cavalerie ; dans l’arme blindée et cavalerie française, qui a pour devise : "Et par saint Georges… !" ; en Camargue, il est le patron de la Confrérie des gardians ; Il est représenté sur la bannière des Dauphins de Viennois, dont le cri de guerre était "Saint Georges et Dalphiné", et aussi sur la croix de Georges, la médaille la plus haute pour la bravoure des civils dans le Royaume-Uni ; Il est le saint patron des plumassiers.
Ordre impérial (russe) et militaire de Saint-Georges, institué par Catherine II de Russie en 1769 pour récompenser officiers et soldats. Supprimé par Lénine, en 1918, il fut réinstauré en 1994 par Boris Eltsine sous le nom d’ordre de Saint-Georges (Орден Святого Георгия). Il comporte quatre classes et ses couleurs distinctives sont l’orange rayé de trois bandes noires.
Ordre impérial (russe) et militaire de Saint-Georges, Croix de Saint-Georges de 3e classe
Sources : (1), (2) Mgr Paul Guérin, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Editions D.F.T., Saint-Etienne 2003, p. 247 ; (3) Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 68.
Alexandre, d'origine grecque, natif de Lugdunum, et Épipode, sont deux jeunes hommes nés au milieu du IIe siècle et habitant Lyon. Amis, ayant suivi les mêmes études et professant tous deux la religion chrétienne, ils échappent à la persécution contre les chrétiens de 177 sous Marc-Aurèle Antonin (161-180), pendant laquelle périssent entre autres sainte Blandine et l'évêque Pothin, en se cachant à l'extérieur de la ville dans la maison d'une veuve chrétienne prénommée Lucie, dans le faubourg de Vaise. Il y restent quelques mois mais, dénoncés, ils sont arrêtés alors qu'ils tentent de s'enfuir. Lors de l'arrestation, Épipode aurait perdu un soulier que la veuve conserva. Jetés en prison puis interrogés et torturés par le gouverneur romain, ils refusent d'abjurer leur foi et sont condamnés à mort.
Épipode est décapité alors qu'Alexandre est crucifié deux jours plus tard. Selon les martyrologes d'Adon et de Florus, 34 autres chrétiens sont exécutés avec eux.
Après leur mort, d'autres chrétiens récupèrent secrètement les corps d'Épipode et d'Alexandre et les cachèrent dans une petite grotte non loin de Lyon. Dès la fin de l'Antiquité, des récits de miracles prêtent à ces deux saints des guérisons qui font de la grotte un lieu de pèlerinage.
Probablement vers la fin de l'Antiquité, lorsque le christianisme est autorisé, les corps de ces deux saints sont transférés à côté du corps de saint Irénée.
L'évêque de Lyon Patient construit à cet emplacement l'église Saint-Irénée au Ve siècle. Les trois corps sont enterrés dans la crypte de cette basilique.
Grégoire de Tours dans ses Sept livres des miracles évoque ces trois tombeaux, en situant Épipode et Alexandre de part et d'autre d'Irénée. Il écrit également que "la poussière de leurs tombeaux, si on la recueille avec soin, soulage aussitôt ceux qui souffrent".
Les corps sont détruits en grande partie, lors de l'occupation de la ville par les protestants en 1562. Il n'en resta que quelques ossements d'Épipode, perdus lors de la Révolution, et la main gauche d'Alexandre.
Saint Épipode est fêté le 22 avril par les églises catholique et orthodoxe, et Saint Alexandre le 24 avril.
Les deux sont fêtés ensemble le 22 avril dans le diocèse de Lyon.
La passion d'Épipode et Alexandre a été écrite dans les Actes des saints Épipode et Alexandre, rédigés au Ve siècle par un auteur anonyme. Le récit, attribué par le passé à l'évêque de Lyon Eucher, est plus probablement l'œuvre de Fauste de Riez (462-485).
Les deux martyrs sont également cités dans le Martyrologe hiéronymien et dans ceux d'Adon de Vienne et de Florus de Lyon.
À Lyon, en 178, saint Alexandre, martyr. Deux jours après la passion de son ami saint Épipode, il fut retiré de sa prison, déchiré sur tout le corps et enfin attaché en croix, où il rendit l'esprit.
Martyrologe romain (2)
Saint Alexandre expire en invoquant le saint Nom de Jésus.
Pensée spirituelle d’Alexandre à son juge :
"Apprends donc que les âmes, auxquelles tu crois donner la mort, prennent leur essor vers le ciel où un royaume les attend."
Courte prière d’après les paroles d’Alexandre mourant :
"Dieu que j’adore, Tout-Puissant et Eternel, donne-moi la force de te confesser jusqu’au dernier soupir." (3)
À Lyon, en 178, saint Épipode, qui, après les combats glorieux des quarante-huit martyrs, l'année précédente, fut arrêté avec son ami très cher Alexandre, torturé sur le chevalet et eut enfin la tête tranchée, terminant ainsi son martyre.(4)
Réplique d'Épipode au juge qui tentait de vaincre sa résolution :
"La vie que tu me proposes est pour moi une éternelle mort; et la mort dont tu me menaces est un passage à une Vie qui ne finira jamais !
Lorsque nous périssons par vos ordres, vos tourments nous font passer du temps à l'éternité, des misères d'une vie mortelle au Bonheur d'une Vie qui n'est plus sujette à la mort." (5)
Parole de Saint Epipode au moment de sa condamnation :
"Je confesse que le Christ est Dieu avec le Père et le Saint-Esprit. Il est juste que je lui rende mon âme, à lui mon créateur et mon sauveur. Ainsi la vie ne m’est pas ôtée, elle est transformée en une vie meilleure. Peu importe la faiblesse du corps, par laquelle il se dissout finalement, du moment que mon âme, transportée aux cieux, soit rendue à son créateur." (6)
La fête de Pâques se célèbre dans l'Église chrétienne en mémoire de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ
"Inaugurées dans la nuit de Pâques, les fêtes de la Résurrection vont se prolonger pendant quarante jours. Elles se complèteront par les fêtes de l’Ascension et de la Pentecôte, couronnement des mystères du Christ et rayonnement de sa vie sur la nôtre par l’envoi du Saint-Esprit.
Le Temps pascal est le temps de la vie nouvelle. Celle du Sauveur d’abord, à jamais vivant d’une vie qui n’appartient plus à la terre, et qu’un jour nous partagerons au ciel avec lui. La nôtre ensuite ; du Christ à nous, il y a plus que la certitude de le rejoindre ; arrachés par lui au pouvoir de Satan, nous lui appartenons comme sa conquête et nous participons à sa vie." (Dom G. Lefebvre, Dimanche de Pâques, Textes avec commentaire de Dom Guéranger, dans l’Année liturgique )
D’après les Évangiles, c’est le jour de la fête juive de Pâque, commémorant la délivrance de l'esclavage en Égypte (Ex 12,1,28), qu’eut lieu la résurrection du Sauveur.
Dès la pointe du jour, de pieuses femmes vinrent au sépulcre, avec des aromates pour achever l'embaumement. Pendant cet intervalle, il se fit un grand tremblement de terre aux environs du tombeau. Le Sauveur en sortit vivant, glorieux et triomphant, et un ange descendit du ciel, renversa la pierre qui fermait le sépulcre et s'assit dessus. Les gardes demeurèrent d'abord comme morts, puis ils prirent la fuite et allèrent rapporter aux princes des prêtres ce qu'ils avaient vu. Ceux-ci leur donnèrent de l'argent pour dire qu'on était venu enlever le corps pendant qu'ils dormaient.
Les apparitions de Jésus ressuscité continuèrent; on le vit, on le toucha; on mangea et conversa avec lui. Les plus incrédules se rendirent; la conviction était portée à son comble.
La mort de Jésus, sa résurrection, et le don du Saint-Esprit à Pentecôte, cinquante jour après Pâques, sont le déploiement du même mystère, le mystère pascal ou temps pascal. Saint Pierre le dit longuement à la foule à Jérusalem le jour de la Pentecôte (Ac 2:23-33). Cela reflète la relation entre les fêtes de la Pâque juive et le Chavouot/Pentecôte, qui commémore l'alliance que Dieu fait avec Israël.
L'histoire d'Israël, elle-même, est porteuse d'un dynamisme messianique qui la dépasse, puisque le peuple ancien porte déjà en lui de façon embryonnaire les noms mêmes qui seront ceux du Ressuscité : Christ, fils, serviteur. Ce dynamisme s'accomplit dans la Pâque, qui est un mystère d'attraction de tout, même l'ancienne Alliance dans son entièreté, de ses Écritures et de son peuple. L'Église plonge donc ses racines en Israël, lequel à son tour est enraciné dans le Christ pascal. (François-Xavier DURRWELL, La Trinité, Le Père engendre le Fils dans l'Esprit, Cerf, Paris 2021, p. 14).
Aujourd'hui on se prépare à cette grande fête par le jeûne solennel de quarante jours, que nous appelons le carême. Les plus anciens monuments nous attestent que cette solennité est de même date que la naissance du christianisme, qu'elle a été établie du temps des apôtres. Dès les premiers siècles, la fête de Pâques a été regardée comme la plus grande et la plus auguste fête de notre religion, avant Noël; le moment qui explique et résume l'Écriture.
C'est avec la Résurrection du Seigneur que prend toute sa valeur la mission de Jésus. La fête de Pâques renfermait les huit jours que nous nommons la Semaine sainte, et l'octave entière du jour de la Résurrection; on y administrait solennellement le baptême aux catéchumènes; les fidèles y participaient aux saints mystères avec plus d'assiduité et de ferveur que dans les autres temps de l'année; on y faisait d'abondantes aumônes : la coutume s'introduisit d'y affranchir les esclaves; plusieurs empereurs ordonnèrent de rendre à cette occasion la liberté aux prisonniers détenus pour dettes ou pour des crimes qui n'intéressaient point l'ordre public.
La fixation de la date de Pâques a été réalisée par S. Léon le Grand qui intervint dans la querelle qui avait repris au Ve siècle concernant la date de la fête de Pâques. Le concile de Nicée (325) avait mis fin aux anciennes controverses en condamnant définitivement les quartodecimans qui voulaient célébrer Pâques avec les Juifs le 14 Nisan, et en fixant cette fête au dimanche qui suit la pleine lune de mars. Alexandrie avait été chargée de la notification de cette décision. Mais au milieu du Ve siècle, on mit en doute de-ci de-là l'exactitude des calculs alexandrins. S. Léon trancha en faveur des décisions prises et des calculs faits à Alexandrie, par "souci de l'unité qu'il importe avant tout de conserver." (Source: Daniel-Rops, Histoire de l'Eglise du Christ, tome III L'Eglise des temps barbares, Librairie Arthème Fayard, Editions Bernard Grasset, Paris 1965, p. 91.)
De nos jours, la plupart des Églises chrétiennes célèbrent Pâques à une date indépendante du calendrier juif selon les prescriptions du Concile de Nicée et de S. Léon au Ve siècle. Seules quelques cultes évangélistes schismatiques suivent le calendrier juif : "Église de Dieu du Septième Jour", "Baptistes du Septième Jour", "Témoins de Jéhovah", "Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours."
"Le dimanche, où, de par la tradition apostolique, est célébré le mystère pascal, doit être observé dans l’Église tout entière comme le principal jour de fête de précepte." (CEC 2177)
Après la fête du dimanche du Pâques, les employeurs donnaient traditionnellement un jour de repos. Cette coutume civile a été conservée sous Napoléon et par la République.
La Résurrection du Christ est le grand miracle devant lequel l'incrédulité est forcée de s'avouer vaincue
Les ennemis de Jésus-Christ ayant voulu le faire passer pour un imposteur, les mesures mêmes qu'ils avaient prises pour dévoiler sa prétendue imposture ne devaient servir, en rendant impossible l'enlèvement de son corps, qu'à les confondre eux-mêmes, et à donner une force irrésistible à cette preuve capitale de Sa divinité.
Après la Résurrection, beaucoup des Juifs qui se sont convertis l'ont fait en méditant les prophéties juives du Messie devant mourir au combat pour son peuple. "Et après soixante-deux semaines, le Christ sera mis à mort" (Dn 9,26). (Cf. Robert EISENMAN, défenseur de la thèse du Messie mourant à la guerre in Michael WISE, Martin ABEGG, Edward COOK,Les Manuscrits de la mer Morte, Perrin 2003, page 361. Le fragment 5 de 4Qumran 285,11Q14 décrit l’exécution d’un messie.)
"Car il s'est dépouillé lui-même jusqu'à la mort, et il a été compté avec les pécheurs, alors qu'il portait le péché des multitudes et qu'il intercédait pour les pécheurs" (Is 53 ,5-12). Jésus n'a donc pas immédiatement annoncé à ses disciples qu'il était le Christ et qu'il serait mis à mort, car il devait accomplir sa mission. Le Messie devait d'abord mourir et ressusciter le 3e jour, conformément aux Écritures (Osée 6, 2). Jésus défendit même à ses disciples de dire à personne qu'il était le Christ. "Alors, il ordonna aux disciples de ne dire à personne que c'était lui Christ. À partir de ce moment, Jésus commença à montrer à ses disciples qu'il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter." (Mt 16, 20-21.) Leur disant cela, les disciples ne comprenaient pas. Et en effet, beaucoup n'ont compris la messianité de Jésus et n'ont cru en Lui qu'après la Résurrection.
C'est la semence de la Résurrection en nous qui nous fait reconnaître la vraie nature de Jésus-Dieu
Marie-Madeleine, d'abord, crut à un enlèvement du corps de Jésus, les disciples d'Emmaüs (Luc 24, 22-24), les apôtres (Luc 24, 11) n'ont d'abord pas cru en sa résurrection ni n'ont reconnu immédiatement le Christ Ressuscité parce qu'il leur manquait cette semence de la Résurrection. (Jésus le dit dans Le Livre du Ciel de Luisa Piccarreta).
"Leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître" nous dit Luc 24,16 au sujet des disciples d'Emmaüs. En effet, cela ne correspondait pas à ce qu’ils attendaient. À la veille même de l’Ascension du Christ, les Actes nous disent qu’ils ont demandé à Jésus s’il allait "restaurer la royauté en Israël" (Ac 1, 6). Ils restaient encore accrochés à un messianisme immédiatement triomphant. Jésus était 'ressuscité d’entre les morts" (Jn 20, 9), sans que la Résurrection finale et son triomphe eschatologique soient arrivés. Il apparaît donc de manière non glorieuse, tout ordinaire : Marie-Madeleine le prend pour le jardinier, les disciples d’Emmaüs pour un voyageur et les apôtres qui pêchent dans le lac de Galilée voient la silhouette d’un inconnu sur le rivage.
Jésus apparaissait et disparaissait. Si au moins il était resté tout le temps avec eux, mais sa présence était intermittente. On dit d’habitude qu’il est passé à travers les portes ou les murs du Cénacle ("Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : La paix soit avec vous !". Jn 20,19). Mais, non, cela voudrait dire qu’il venait de l’autre côté de la porte ; pas plus qu’il n’a eu à rattraper les disciples d’Emmaüs sur le chemin. Jésus était là dans toute sa réalité ; et puis il n’était plus là. Car Jésus n’est pas revenu comme Lazare à la vie de ce monde. Jésus ressuscité n’appartient plus à notre monde, c’est notre monde qui lui appartient. Lui, dans son humanité ressuscitée, appartient au monde à venir dont il est "les prémices" (1 Co 15, 20.23).
Il n’est plus soumis aux lois de la pesanteur, ni à celles de la distance ou du temps ; il n’ y a plus pour lui de barrières infranchissables. (Christ est vivant.fr)
Cela lui donne la possibilité de se rendre réellement présent partout où il veut dans notre monde, sans être contenu par aucun de ces lieux. Non pas qu’il soit partout, il est ailleurs. C’est très exactement ainsi qu’il se donne à nous dans le sacrement de l’eucharistie quand il se rend présent sur tous les autels et dans tous les tabernacles sans être contenu par aucun. La présence du Christ ressuscité continue parmi nous, de manière très réelle même si voilée par les signes du pain et du vin, dans le sacrement de l’eucharistie. Jésus a donc dû apporter sans cesse aux apôtres la solidité de la paix que donne la foi. (Toulouse Dominicains)
Les disciples d'Emmaüs sont découragés, ils ont perdu l'espérance, ils continuent le mouvement de dispersion provoqué par la crucifixion de Jésus. Celui-ci les rejoint inopinément, mais ne révèle pas son identité : il entre dans leur tristesse et la transforme progressivement en joie, en leur donnant une leçon sur les Écritures qui rend leur cœur tout brûlant. Ce sont eux qui le reconnaissent à la fraction du pain, un geste particulièrement familier à Jésus, celui qui l'évoque tout entier. Thomas, également, n'a compris la messianité divine de Jésus et n'a cru qu'après la Résurrection. "Alors Thomas lui dit : Mon Seigneur et mon Dieu ! (Jean 20, 28). Jésus ne le corrige pas pour cette assimilation de Sa personne à Dieu. Jésus au contraire lui répond : Heureux celui qui croit sans voir. Jésus n'est pas reconnu comme tel par la simple perception sensorielle, mais bien par les yeux de la foi, par une expérience spirituelle, une rencontre et grâce à des paroles qui expliquent le sens des Écritures.
Après la Résurrection, Jésus est resté sur terre pendant quarante jours au cours desquels il est apparu plusieurs fois à ses disciples dans son corps glorieux avant son Ascension au Ciel. Combien de fois ? ? Nous ne le savons pas précisément, car comme il est dit dans l’Évangile de Jean : "Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre." (Jn 20, 30) (Aleteia.org)
La Résurrection est la pierre angulaire que les Écritures attribuent au projet du Salut.
Une loi du devenir dans la mort et la Résurrection du Christ
Les œuvres du Christ ne reculent pas, mais elles progressent.
La Résurrection est l'effusion de la plénitude de l'Esprit-Saint dans cet homme, Jésus, offert sur la Croix à son Père. (François-Xavier DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 5-6.)
La mort et la résurrection signifiaient pour le Christ lui-même, la fin d'une vie "selon la chair" et l'entrée dans la vie de l'Esprit; la Rédemption est accomplie dans le Christ; elle fut pour Lui un drame personnel. Et les hommes sont sauvés non par distribution des mérites du Christ mais par communion avec lui. (F.-X. DURRWELL, Jésus Fils de Dieu dans l'Esprit Saint, Desclée, Paris 1977, p. 39, n. 1, cité in F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 6).
La Pâque du Christ est le mysterium princeps à partir duquel doit être repensé le mystère de l'Église, des sacrements, de l'homme et de son agir responsable. La Résurrection constitue l'événement sommet et terminal du Salut. Elle n'est pas l'anticipation de l'eschatologie (discours sur la fin du monde ou fin des temps), mais l'eschatologie elle-même. (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p.7; 9-10).
Dieu s'est fait chair (Jn 1,14. "Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité.")
"Celui qui est le roi de gloire", "le Seigneur vaillant des combats" (Ps 23,7-8) est venu "sans armes, sans la force car il ne prétend pas conquérir, pour ainsi dire, de l'extérieur, mais entend plutôt être écouté de l'homme dans sa liberté." (Benoît XVI, Audience générale de la Catéchèse du mercredi 23 décembre 2009).
"Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir; son nom est proclamé : Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince de la Paix (Prophétie d'Isaïe 9,5 qui parle d'un Messie Dieu-Fort). "Il vient lui-même et va vous sauver. Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie", annonce encore Isaïe 35,4. Il a pris sur Lui nos infirmités, nos maladies, nos iniquités (Isaïe 53, 3-6). Dans cet échange, Dieu Père n'est pas exactement le même que lorsqu'il est Dieu Fils dans son humanité, qui lui-même n'est pas le même que Dieu-Père avant qu'il ne soit retourné à Dieu Père dans son Corps glorieux (ressuscité).
Les apparitions du Ressuscité aux disciples expriment une communication inattendue entre un corps glorieux et des corps non ressuscités. Les disciples ne l'ont pas immédiatement reconnu. Si l'on a bien réalisé le caractère étrange de la manifestation d'un corps glorieux à des hommes restés dans les conditions de notre monde, cela apparaît très cohérent (La Croix).
L'incarnation, la mort et la résurrection ont prétention salvifique. Il y a un aspect profond qui garantit aux trois mystères unité et salut.
La vérité de l'incarnation du Verbe impose la nécessité d'une soumission terrestre à la loi du devenir. Cette loi exige que le mystère de la filiation s'incarne dans toute l'existence terrestre jusqu'au moment sommet de la vie représenté par la mort.
Dans la Pâque de Jésus s'accomplit le mystère de l'incarnation parce que dans la mort, comme moment synthétique et sommet de la vie, le Fils de Dieu fait homme accueille du Père qui le ressuscite le don de sa propre filiation. C'est précisément ce mystère de la filiation qui garantit unité et pouvoir salvifique à l'incarnation, mort et résurrection de Jésus. (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 8-9).
Le Christ glorieux apparaît avec ses plaies.La Résurrection ne dépasse pas la mort du Christ; elle ne la renie pas. Au contraire : elle la glorifie, l'éternise, la transfigure, la transforme en son contraire, de sorte que, de fin de vie, elle soit inversée en plénitude vie toujours naissante. (François-Xavier DURRWELL, La Trinité, Le Père engendre le Fils dans l'Esprit, Cerf, Paris 2021, p. 8-9; 11; 75)
Saint Paul explique ainsi cette loi du devenir :
"Il s’agit pour moi de connaître le Christ, d’éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa passion, en devenant semblable à lui dans sa mort, avec l’espoir de parvenir à la résurrection d’entre les morts. ... Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus." (Ph 3, 10-14)
C'est dans le Ressuscité et son mystère pascal, et non dans une action reportée ou prolongée à partir de lui, que les croyants ressusciteront. Leur corps sera incorruptible, fort, glorieux et spirituel (Voir 1 Co 15,42-44).
"La logique même du péché est vaincue sur son propre terrain; nous sommes libérés de la mort spirituelle par la mort éminemment sainte du Christ. (Quodlibet II, q. 1, a. 2, c). ... 'Le Fils de Dieu n'est pas venu détruire la souffrance, écrit Claudel, mais pour souffrir avec nous. Il n'est pas venu pour détruire la croix, mais pour s'étendre dessus.' (P. CLAUDEL, Les Invités à l'attention). Il a ainsi atteint le mal en sa racine même, triomphant de la souffrance par la souffrance." Le Christ vivifie de l'intérieur la souffrance humaine. ... Le chrétien n'est pas isolé dans sa souffrance, un autre est là qui ne le laisse jamais seul : telle est la consolation (con-solation) que le Christ apporte au malade à travers le sacrement de l'onction.
"... Les mots du pape Benoît XVI prennent alors tout leur relief : '... L'hommene porte plus seul son épreuve, mais il est conformé au Christ qui s'offre au Père, en tant que membre souffrant du Christ, il participe, en lui, à l'enfantement de la nouvelle création.' (Benoît XVI, Le Sourire de Marie, Homélie à Lourdes du 15 septembre 2008, DC n° 2409 (2008), p. 867-870).
"La mort est le préalable de la glorieuse venue du Fils de l'homme, elle caractérise la messianité de Jésus (Mt 16, 13-23).
Le partage du destin de mort sera, pour les disciples, la condition de leur accès au Royaume (Mc 10,39), leurs relations au Royaume étant celles mêmes qui les unissent à Jésus.
Saint Paul professe que l'homme meurt à la chair de péché - trouve donc la rémission des péchés - et ressuscite à la vie 'dans le Christ' (Rm 6,11; 8, 1 et suiv.; 1 Co 15,22; Col 2,11.) C'est là que nous atteint la rédemption (Rm 3,24; 1 Co 1,30; Col 1,14), que nous acquérons le Salut (cf. 2 Tm 2,10); là est le lieu où se communique la justice de Dieu (2 Co 5,21 ; Ga 2,17). Or c'est toujours d'une communion au Christ de gloire que nous parle la formule 'dans le Christ'.
Plusieurs textes baptismaux parlent d'une communion au Christ en sa mort : 'baptisés dans le Christ Jésus, c'est dans sa mort que nous avons été baptisés. Nous avons été ensevelis avec lui par le baptême en la mort... Notre vieil homme a été crucifié avec lui.' (Rm 6, 3-6). Du haut de la gloire, descendent sur tous les hommes les effets de la mort. La mort et la résurrection constituent le point central du programme de Jésus. Le sens de la mort est dans la gloire du Règne, qu'elle inaugure. (François-Xavier DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 49, 55,57,62,65.)
La Résurrection est à part entière et dans le sens le plus réel du terme une génération filiale. Dieu a ressuscité Jésus. Ainsi est-il écrit dans les Psaumes : Tu es mon fils, moi-même aujourd'hui je t'ai engendré. (Ac 13, 33). La communauté primitive déclare le Christ constitué pleinement Fils par la résurrection (voir Rm 1,4). Bien que le titre de Fils puisse être considéré en un sens messianique, il exprime aussi l'intimité avec Dieu et l'appartenance à Lui, plus qu'un pouvoir et une mission. Dans la mort, Jésus est ressuscité dans l'Esprit du Père, ou encore il est engendré par Lui. (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 11).
L'homme a un visage christique, sa vie est une vie dans la mort, où ce qui est mort dans le Christ est mort aussi en lui (le péché in primis). Il appartient à une humanité nouvelle, il est réellement fils de Dieu. Engendré dans l'acte même d'engendrement du Christ, il perd les traits serviles et assume la ressemblance avec le Père (voir Col 3,9 s.)
Sa morale n'est pas celle d'un perfectionnisme dans l'observance d'une loi, ni celle d'une initiative personnelle, aussi consciencieuse qu'elle soit. C'est plutôt une morale communionnelle, une morale du consentement et par là de l'accueil de l'action formatrice de l'Esprit de Dieu qui l'engendre continuellement dans la chair, en un passage continu en lequel s'achèvera l'appel à la pleine communion avec le Fils.
L'agir croyant aura donc toujours la forme de la Pâque, de la conversion, du passage, de la communion, de la réponse accueillante et libre d'une action d'engendrement...; exactement comme le Fils accueille le dont du salut rédempteur dans la mort. (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 15-16).
"Notre Seigneur Jésus, crucifié pour nous, est le fondement de notre espérance, & c'est de lui, & par lui, que nous devons attendre la justice & le bonheur, qui sont les deux grands objets de l'espérance chrétienne. Ceux qui ne sont pas éclairés par la foi, ou qui ne suivent pas la lumière, séparent ces deux choses, en désirant le bonheur, sans désirer la justice, qui est le seul moyen d'y parvenir. Mais ces deux choses sont inséparablement unies. Sans la justice véritable, on sera toujours malheureux : & avec elle, on ne peut l'être. ''L'affliction et le désespoir, dit S. Paul, accableront tout homme qui fait le mal. [...] Et au contraire, l'honneur, la gloire, & la paix seront le partage de tout homme qui fait le bien.'' (Rom 2,2) La loi éternelle l'ordonne ainsi."
De quelque côté que l'homme se tourne, s'il cherche hors de Dieu la paix & le bonheur, il ne trouvera qu'affliction et misère. Plus l'homme cherchera dans des biens étrangers celui qu'il n'a pas, plus il augmentera son indigence, en augmentant son agitation. Hors du Seigneur, il n'y a qu'une vaine apparence de félicité, qui cache aux imprudents un vide affreux & une réelle misère.
"En nous disant que c'est par les souffrances que le chef & le prince du salut a été consommé & perfectionné, S. Paul aux Hébreux nous enseigne que c'est aussi par les souffrances que le mérite des saints devient plein & parfait. (Héb 10, 12-14 ; Lc 24,46) [...] Il nous dit dès le commencement de sa prédication, que "quiconque ne portait pas sa croix, & ne le suivait pas, n'était pas digne de lui, & qu'il ne pouvait pas être son disciple. (Lc 14,27). [...] Nous ne pouvons vivre avec Jésus-Christ qu'en mourant avec lui. Nous ne pouvons partager sa gloire, qu'en partageant ses souffrances.
[...] Entre les souffrances, [...] il faut faire usage de toutes, en commençant par celles que Dieu lui-même a imposées à l'homme, & qui font partie de la pénitence générale à laquelle il l'a condamné en le chassant du paradis terrestre; en se cachant de lui; en l'obligeant à un continuel combat contre la concupiscence, dont les branches & les racines sont inépuisables; en l'exerçant par les infirmités du corps, qui s'augmentent avec l'âge; en le tenant toujours exposé au danger de la mort; en l'assujettissant à une suite d'événements dont il n'est pas le maître; en lui faisant un devoir du travail; en l'environnant de besoins; de servitudes; de nécessités qui se succèdent [...]; en le soumettant à des maîtres qui ne dépendent pas de son choix. [...] "Car celui qui voudra sauver son âme (sa vie) la perdra; et celui qui la perdra pour l'amour de moi, la sauvera." (Mc 8,35) Il faut donc que du côté du cœur & de l'amour, un tel sacrifice soit réel et sérieux. [...] Les occasions où le sacrifice réel & extérieur est exigé, sont rares. Mais celles où il faut du courage pour être fidèle à son devoir & à sa conscience, sont plus fréquentes." (Abbé Jacques-Joseph DUGUET, Explication du Mystère de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ suivant la Concorde, volume 1, éd. Jacques Estienne et François Babuty, Paris 1728, rééd. Lightning Source Milton Keynes UK, p. 150; 285-286; 340; 343; 364; 368.)
"La force que Jésus-Christ communique à ceux qui souffrent pour lui, élève l'âme au-dessus de toutes passions capables de l'affaiblir. Elle la prépare aux plus grands combats par le mépris des délices, du repos, des espérances du siècle; par l'amour de la pauvreté, de l'obscurité, de la prière; et par le détachement de tout ce qu'on aimait légitimement.. [...] Cette force, est une force spirituelle, qui guérit l'âme, qui l'élève au-dessus des passions capables de l'amollir, qui l'attache à des devoirs d'une manière ferme & confiante. Cette force est celle de la charité, c'est-à-dire de l'amour de la justice & de la sainteté, qui surmonte les douleurs, après avoir vaincu la volupté, & qui se rend maîtresse de la crainte & du sentiment des maux les plus pressants, après avoir triomphé de tous les désirs & de tous les attraits de la cupidité.
"La première victoire n'est pas celle que l'on remporte par la patience, & le premier ennemi qu'on a à combattre, n'est pas la douleur. Il faut te préparer à ce combat par la haine des délices; par l'amour de la pauvreté; par une vie humble; & cachée autant qu'il est possible dans une salutaire obscurité; par la fuite du siècle; par le mépris de la fausse gloire & de ses vaines promesses; par la miséricordes envers les pauvres; par une vie sérieuse remplie de devoirs & de saintes actions; par une prière assidue & fervente; C'est par où il faut commencer. Car on sera toujours faible, si l'on aime quelque chose que le monde puisse nous ôter. [...] On cédera enfin à des persécutions, si l'on n'est pas au-dessus de ses promesses, & de ses manières séduisantes & flatteuses.
"Il n'est pas nécessaire que l'on tienne à beaucoup de choses, ni qu'on ait de grandes espérances pour être affaibli par une occasion importante & décisive. Il suffit qu'on s'aime soi-même, qu'on aime son repos, sa liberté, son obscurité même, où l'on est tranquille; & où l'on espérait d'être à l'abri. Il suffit de tenir à la vie, à sa santé, à ses livres, à ses amis, à son emploi, souvent juste & nécessaire. Il suffit de désirer de ne pas déplaire & de n'être pas désapprouvé; de vouloir conserver la paix avec tout le monde, de craindre d'être singulier; & de s'engager dans un combat, dont la durée et la fin sont incertaines. Il suffit de retenir dans son cœur quelque attachement qui donne prise au monde ou à l'ennemi de notre salut, & qui lui serve comme le premier anneau de la chaîne qu'il nous prépare.
"[...] Le moyen unique pour résister à toutes les tentations, est de croître tous les jours dans l'amour de Jésus-Christ, de s'y affermir, de s'y enraciner, & de demander par une prière continuelle, qu'il nous rende supérieurs à tout autre amour, à toute autre crainte, & à toute autre espérance." (Abbé Jacques-Joseph DUGUET, Explication du Mystère de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Chris, ibid., p. 98-99; 338)
L'agir salvifique dans le cadre trinitaire
La dimension filiale déployée dans la Pâque est salvifique. Jésus meurt à l'heure de la prière, il meurt en priant. À l'heure de son élévation sur la Croix, tout son être devient prière et, dans la prière, accueille le don engendrant du Père qui l'exauce dans la Résurrection (voir He 5, 7-9). Et c'est l'Esprit qui déclenche cette supplication filiale du Christ qui, dans la mort, est sauvé par son Père.
L'initiative vient du Père et de son action engendrante, et non de l'homme-Dieu Jésus. Si le Père sauve en engendrant, le Fils sauve en consentant. Dans le salut, l'Esprit personnalise le Père et le Fils qui deviennent dans la Pâque ce qu'ils sont dans l'éternité. Le salut est une réalité de communion, avant que d'être une expiation des péchés. (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 20).
"Béni soit Dieu , Père de notre Seigneur Jésus-Christ!" (1 P 1,3; 2Co 1,3; 11-31; Ep 1,3; 1 Co 1,4; Ph 1,3 ; Col 1,3). Saint Paul unit "l'action de grâce rendue à Dieu, Père de notre Seigneur Jésus-Christ" et le souhait que soient données aux fidèles "grâce et paix de par Dieu, notre Père. (Col 1,2; Rm 1,7; 1 Co 1,3; 2 Co 2,2; Phm 3) Paul appelle Dieu ''notre Père" dans des contextes où il parle du Christ et situe ainsi les fidèles dans la relation de Jésus avec son Père. Dieu est aussi pour les fidèles le Dieu-Père. (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 387-388).
"Quiconque se joint au Christ dans le mystère de sa pâque, le Père le 'ressuscite ensemble avec' le Christ, l'engendre en Lui, le 'fait asseoir dans les cieux en Christ Jésus'. (Ep 2,6; Ph 3,20) Il en fait une "pierre vivante" dans la construction de la maison spirituelle (1 P 2,5). Et au-delà de la multitude humaine, le ciel étend sa grâce sur la création entière, pour qu'elle "ait part à la glorieuse liberté des enfants de Dieu" (Rm 8,21), car elle est filiale tout entière, créée en Christ er vers lui (cf. Col 1,16).
Le centre de la communion (avec Dieu) est donc ce Fils en son engendrement, c'est-à-dire le Fils dans l'Esprit qui est amour.' (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 463-464). Le Christ est l'alpha et l'omega de la création (Ap 21,6).
La gloire qui exalte Jésus auprès de Dieu, non seulement le donne comme tête à l'Église (Ep 1,22), mais elle l'établit seigneur de l'univers (Ph 2,11). Le Christ est, en toutes choses, "principe (Col 1,18), "prémices de l'activité (de Dieu), prélude à ses œuvres" (Cf. Pr 8,22; Si 24,9, textes concernant la sagesse de Dieu en laquelle la foi chrétienne a reconnu le Christ) : la création entière est fondée sur lui. Car Dieu, en créant, étend sur tous les êtres l'amour qui engendre le Fils, les englobant dans l'unique mystère. Saint Paul affirme ainsi la seigneurie universelle du Christ, dont la puissance s'exerce jusqu'à la racine des choses (Col 1,12-20). (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 465.)
L'engendrement du Fils qui est à l'origine de la création (Ap 3,14; Col 1, 16) en est aussi l'avenir : "Tout est créé vers lui". 1 Col, verset 16 : on traduit d'ordinaire "Tout est créé pour lui", mais la préposition grecque eis dit plus que en faveur, elle exprime un mouvement vers le Christ. C'est de même que les fidèles sont baptisés dans (eis)le Christ et dans sa mort (Rm 6,3), baptisés à (eis) un seul corps (1 Co 12,13), non seulement en faveur du Christ, mais dans un mouvement vers Lui. Le monde naît dans un mouvement qui le porte vers le Fils en son éternelle naissance. (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 470)
Dans la Résurrection, le Père est le don. Le Fils accepte ce don dans sa mort.
Dans la Pâque, le Fils se révèle et se donne comme celui qui accueille le Père dans la mort, tandis que le Père se révèle et se donne dans la résurrection comme celui qui engendre le Fils.
La mort filiale constitue le lieu où la mort humaine devient le contraire d'elle-même : de fin de vie, elle établit son véritable commencement, de destructrice elle devient créatrice, de solitaire elle se transforme en lieu de pleine communion avec le Fils.
À l'intérieur du mystère trinitaire lui-même, il y a donc une priorité de la résurrection sur la mort, parce que le don a priorité sur l'attente accueillante.
Le mystère pascal est un évènement salvifique qui accomplit un véritable devenir dans la vie de Dieu, puisque en Jésus, Dieu est devenu pour nous ce qu'il est dans son mystère éternel : le Père du Fils unique.
Le devenir divin s'inscrit dans le devenir plus grand et éternel qui est dynamisme continuel d'un Père qui engendre le Fils, dans le mouvement agapique de l'Esprit.
La différence essentielle entre le Fils et les fils réside dans le fait que si le Christ est engendré par une action du Père sans médiation, les chrétiens, eux, deviennent fils par l'indispensable médiation du Fils pleinement incarné dans le mystère pascal.
Le Père constitue la véritable origine de tout mystère présent dans l'Église. De l'Apôtre, par exemple, il participe à la même action par laquelle le Père ressuscite le Christ dans la multitude des hommes. Ou même de l'Eucharistie : c'est le Père, en effet, qui, en engendrant le Fils, fait de lui le Seigneur de la table et, en même temps, le pain et la coupe. (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 27-28).
Grâce au Fils, nous pouvons certainement affirmer que le Père est le principe de tout dynamisme ad intra et ad extra. Il réalise tout le mouvement salvifique dans et en vue du Fils. Le Père apparaît comme le générateur, celui qui dans le mouvement agapique trinitaire se donne pleinement : s'abandonnant dans le don du Fils, il ne peut se perdre parce que c'est précisément dans ce don qui consiste sa personne.
Le mystère pascal reste unique et la tentation du théologien est de vouloir tout dire à la fois, tentation qui ne peut être réalisée en raison des richesses infinies que ce mystère projette sur le monde. (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 31-32).
Une leçon de prière du Fils au Père
Dans la mort du Christ et de ses fidèles, l'Esprit joue le rôle qui est le sien dans le mystère trinitaire. Il est l'amour en lequel le Fils naît de son Père et se porte vers lui. Pour le Christ et son fidèle, la mort est la naissance de plénitude; elle est le mouvement vertigineux qui les porte hors de ce monde vers Dieu. [Ignace d'Antioche (Rom, 2,2, SC 10, 128) a trouvé cette formule : "Mourir hors du monde vers Dieu."). Le Christ partage avec son fidèle son propre mourir : deux dans une seule mort, ils sont unis dans une inconcevable unité. ... La promesse de Jésus trouve son accomplissement : "En ce jour (de leur Pâque commune), vous saurez que vous êtes en moi et moi en vous." (Jn 14,20). Mourir dans la communion est l'acte d'amour absolu et la racine du bonheur éternel. Cette mort est la forme de la présence totale de l'Esprit en Jésus et son fidèle. (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 341.)
Prier ne consiste pas à informer Dieu de nos besoins : "Votre Père sait ce dont vous avez besoin" (Mt 6, 8-32) Ni à fléchir Dieu et à le rendre bon, car il est le Père essentiel. La prière ne devance pas l'action de Dieu pour la mettre en mouvement, elle reconnaît Dieu en sa paternité, consent à elle, se laisse engendrer par elle. S'il est vrai que la prière est une montée vers Dieu, on peut dire aussi qu'elle est une montée de l'homme vers sa naissance. L'homme qui prie se laisser lover vers sa propre origine où le Père engendre son Fils; c'est ainsi qu'il monte vers Dieu.
Telle a été la prière pascale de Jésus. En sa mort glorifiante, il n'a pas informé son Dieu et Père, il ne l'a pas fléchi à la bonté, il n'a pas modifié ses desseins : il s'est soumis, il a consenti, et son Père l'a amené à la plénitude de la naissance filiale.
L'homme qui prie est, du fait de la prière, saisi dans "la rédemption qui est en Christ Jésus".
Crucifix de Saint-Damien (XIIe s.)
Le salut du monde est dans la communion à cette mort filiale.
En Jésus-Christ, Dieu sauve les hommes en sauvant leur mort, en la transformant en naissance. Dieu n'exempte pas l'homme de mourir : il le sauve en établissant la mort dans sa vérité filiale que "l'envie du diable" veut dénaturer.
En leur leur permettant de mourir dans l'éternelle naissance du Fils, Dieu amène les hommes au terme de leur création.
La mort si mystérieuse, inconnue tant qu'on n'en a pas fait l'expérience, le chrétien la connaît, ... il fait en lui-même l'expérience de sa propre mort, bien avant l'échéance finale et peut reconnaître en elle la grâce ultime en laquelle se réalisera son éternelle naissance. En effet, c'est en mourant avec le Christ que le chrétien devient enfant de Dieu : "Nous tous qui avons été baptisés, c'est dans sa mort que nous avons été baptisés... nous sommes morts avec le Christ." (Rm 6, 3-8); Col 2,11; cf. 2 Co 5,14). Dans l'eucharistie, plus encore réellement que dans le baptême, le chrétien vit d'avance la mort qui l'attend. "Chaque fois que nous mangeons ce pain et buvons à cette coupe c'est la mort du seigneur que nous annonçons" (1 Co 11,26) et aussi la nôtre. Cette communion de mort avec le Christ se vit aussi (tous les jours) en dehors de la célébration des sacrements. Paul se sait "crucifié avec le Christ" (Ga 2,19).
En toute rencontre du Christ en sa pâque, le fidèle meurt avec lui, jusqu'au jour de la rencontre définitive, dans une entière communion de mort. C'est pourquoi mort et résurrection sont éternellement inséparables." (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 561; 572-576.)
Joyeuses et saintes Fêtes de Pâques à tous !
Pourquoi le ruban de l'œuf de Pâques et le lapin ?
La signification du ruban de l'œuf de Pâques est en rapport avec la résurrection de notre Seigneur bien aimé au tombeau.
Que nous dévoile la Sainte bible :
"On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l'a déposé."
Pierre partit donc avec l'autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l'autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s'aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n'entre pas.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat,
ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.
C'est alors qu'entra l'autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.
Il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus. Non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.
Entourer le visage d'un mort était une pratique funéraire ancestrale. Cela signifie que les bandelettes mortuaires qui entouraient la tête de notre Seigneur bien aimé étaient comme à leur origine intacte et encore roulées à leur place.
Essayez de sortir un œuf roulé de larges bandelettes bien serré sur ses 4 cotés avec un nœud au-dessus de la tête sans casser l'œuf, ni défaire le nœud, cela est bien impossible et révèle le caractère miraculeux de la résurrection.
Une résurrection bien différentes de celle de Lazare qui enleva lui-même ses bandelettes. C'est en voyant ce prodige que Pierre et Jean crurent.
Quelle est la signification du lapin de Pâques ?
Le jour de Pâques correspond au premier dimanche qui suit (ou tombe en même temps que) le jour de la première pleine lune après l'équinoxe de printemps.
Le lapin blanc est un symbole qui exprime la pleine lune. Lorsque la lune est pleine vous verrez avec un peu d'imagination un lapin sur ses deux pattes. Le blanc est un symbole féminin lunaire associé au métal argent, son contraire est le jaune un symbole solaire masculin associé à l'or.
En fait, ce n'est pas un lapin, mais une lapine, car elle est représentée avec plusieurs petits lapins, cela suggère une mère avec ses enfants.
Les veilles gravures de Pâques, représentaient un œuf avec un large ruban blanc dentelé avec un nœud au dessus et une lapine blanche entourée de ses petits.
C'est bien une femme (Marie-Madeleine) qui alla au tombeau et qui fut la première a témoigné de la résurrection. C'est elle qui annonça la première la résurrection, c'est une analogie au lapin blanc qui dévoile le secret caché aux enfants (de Dieu) la résurrection de notre Seigneur bien aimé et qui nous apportent la joie (de la Pâques).
Trouver un œuf de Pâques dans le jardin est aussi une expression cachée de trouver notre Dieu ressuscité et de se réjouir de sa présence au jardin du Paradis comme un de ses enfants. (GloriaTv)
Pourquoi colorons-nous les œufs pour Pâques?
Dans le christianisme, l'œuf de Pâques représente le Saint-Sépulcre dans lequel la vie éternelle était cachée. Selon la légende, la pierre qui enfermait le tombeau de Jésus-Christ ressemblait au contour d'un œuf. Sous la coquille d’œuf se trouve une nouvelle vie. Par conséquent, pour les chrétiens, l'œuf de Pâques est un rappel de la Résurrection de Jésus-Christ, du salut et de la vie éternelle. Le rouge, l'œuf le plus souvent coloré, signifie la souffrance et le sang du Christ.
Il existe plusieurs versions de la raison pour laquelle nous teignons les œufs pour Pâques. Une légende raconte que Marie-Madeleine, vénérée par l'Église comme sainte pour les apôtres, est venue avec un sermon auprès de l'empereur romain Tibère (14-37). Selon l'ancienne coutume, des cadeaux ont été offerts à l'empereur, et Madeleine a offert un œuf avec les mots: "Le Christ est ressuscité !" L'empereur a répondu qu'il était blanc, pas rouge, comme un œuf, donc les morts ne se sont pas relevés. À ce moment, l'œuf dans sa main est devenu rouge. (Gloria Tv)
Iconographie.
Noli me tangere, Fra Angelico, 1440-1441.
La Résurrection du Christ, Matthias Grünewald, retable d'Issenheim, 1515
La nuit de Pâques peut être célébrée soit en début soit en fin de nuit. Mais si l’on considère que toute la fête repose sur la symbolique du passage des ténèbres à la lumière, il apparaît que si une célébration organisée le soir, après le coucher du soleil, a certes des côtés pratiques, une célébration placée au lever du jour correspondrait mieux à l’essence même de cette liturgie. Ainsi la liturgie de Pâques débuterait dans l’obscurité : l’Église bénit le feu pascal, la lumière est transportée dans l’église et partagée entre les fidèles, et l’on chante l’ « Exultet », la louange solennelle de la lumière pascale.
De tout temps l’Église a comparé la Résurrection du Christ avec le soleil levant.
Qu’on pense à la façon dont Matthias Grünewald a représenté la Resurrection du Christ au XVIe siècle sur son retable d’Issenheim : Jésus-Christ y apparaît comme un soleil personnifié illuminé de l’intérieur. Et pourtant, le corps de Jésus porte les stigmates de sa Passion, preuve qu’il ne s’agit pas ici d’une transfiguration ésotérique, mais d’une réelle transformation, au cours de laquelle la personnalité et l’histoire individuelle restent intactes. Le Crucifié et le Ressuscité sont tout un.
Angelus Silesius a repris cette même symbolique dans ces vers qui sont parvenus jusqu’à nous et qui sont chantés aussi bien dans la liturgie catholique que dans le culte protestant en Allemagne: « Morgenstern der finstern Nacht, der die Welt voll Freuden macht, Jesu mein, komm herein, leucht in meines Herzens Schrein. (…) Du erleuchtest alles gar, was jetzt ist und kommt und war; voller Pracht wird die Nacht, weil dein Glanz sie angelacht. » « Sainte étoile du matin, qui illumine la nuit et remplit la terre de sa joie, mon Jésus, viens en moi, illumine le secret de mon cœur. (…) Tu illumines tout ce qui est, tout ce qui vient et tout ce qui était. Grandiose est la nuit que ton sourire illumine. »
C’est pour toutes ces raisons que, déjà dans l’Église primitive, les fidèles se tournaient vers l’Est lors de la célébration de la sainte messe. Les prêtres et les fidèles se trouvaient ainsi dans une orientation commune au cours de leur prière : ils faisaient face au Christ ressuscité, symbolisé par le soleil levant.
Dans les églises orthodoxes on a conservé cette attitude mais dans la plupart des églises catholiques et protestantes, l’orientation de la prière a été malheureusement abandonnée pour mettre l’accent davantage sur la communion du prêtre avec l’assemblée. Au départ, beaucoup d’églises avaient pourtant été construites en orientant l’abside vers l’Est.
Dans l’Église catholique, la célébration « ad orientem » a disparue de facto depuis la réforme liturgique : mais cette liquidation ne repose sur aucune norme liturgique. Il importe de repréciser les choses : la célébration de la messe n’est pas un face à face prêtre/communauté. Le Cardinal Ratzinger, futur pape Benoît XVI, écrivait déjà dans ses livres consacrés à la liturgie que le célébrant devrait à tout le moins se tourner vers une grande croix pour célébrer la messe, créant ainsi une sorte d’orient virtuel pour pallier la perte d’une orientation physique réelle.
Au cours de l’été 2016, le cardinal Sarah, Préfet de la Congrégation pour le Culte divin, a encouragé prêtres et fidèles à reprendre l’habitude de se tourner ensemble dans la même direction pour prier. Il a même clairement demandé que tous les prêtres reviennent à la célébration de la messe « ad orientem ». Malheureusement, le pape François n’a donné aucune suite à cette demande.
La liturgie catholique a ainsi perdu son orientation. Qui, parmi les chrétiens, connaît encore de nos jours la symbolique du soleil levant ? Mgr Georg Alois Oblinger, Recteur de Marienfried (diocèse d’Augsbourg). Source: Kathnet (Trad. MH/APL) / Pro Liturgia Actualité du dimanche de Pâques 21 avril 2019.
Résurrection du Jésus, par Noël Coypel (1700)
Jésus retourne des Enfers, par Kocheliov (1900)
Résurrection de Jésus, Hans Memling.
La Résurrection du Christ, par Raphaël, v. 1501
Matin de Pâques (M. Denis, 1870-1943)
Musique.
Gaudii Paschalis (A. Scandello, 1517-1580)
Dialogo per la Pescua (H. Schültz, 1535-1672)
J.S. Bach (1685-1750)
Les thèmes de cette ouverture sont en grande partie extraits de la liturgie orthodoxe russe, basés plus exactement sur une collection d'anciens cantiques disparates, souvent anonymes, appelés Obikhod et adoptés comme chants liturgiques officiels à la Cour Impériale des Romanov.
PRATIQUE. Un jour, un prêtre, un moine dit : "Tu sais pourquoi les couvents ont des cloîtres, qui sont fermés et sans sortie ? C'est parce que la seule sortie c'est vers le haut."
"Et si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui." (Rm 6,8)
Si vous êtes ressuscité avec Jésus-Christ, cherchez les choses du ciel.
***
Sources :
(1) Encyclopédie théologique Nicolas BERGIER 1718-1790, publié par M. l'abbé Migne, Ateliers catholiques au Petit-Montrouge, tome III, Paris 1850-1851, p. 1262; (2) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. XVIII; (3) Missel du Dimanche 2018, Nouvelle Traduction liturgique, Année B, Bayard Éditions, Lonrai 2017, p. 337; (4) François-Xavier DURRWELL, La Trinité, Le Père engendre le Fils dans l'Esprit, Cerf, Paris 2021.
En ce jour, l'Église se prépare à célébrer au lever de l'aurore, la glorieuse résurrection du Sauveur.C'est le "Grand et saint Sabbat".
Le corps de Notre Seigneur Jésus-Christ, détaché de la croix, le soir du vendredi, jour de sa mort, fut embaumé et enseveli par quelques-uns de ses disciples.Ce corps, toujours uni à la Divinité dans le tombeau, ainsi que son âme, qui descendit aux limbes pour y visiter celles des justes et leur annoncer leur entrée prochaine dans le ciel, est le sujet que l'Eglise propose aujourd'hui à notre adoration.
''Il est descendu aux enfers''. Chaque fois que nous récitons le Credo des Apôtres, nous prononçons ces mots. Mais qu'est-ce qu'ils signifient ? Examinons ce que les Pères de l'Église disent à propos de la "descente aux enfers".
En tant que chrétiens, nous considérons la résurrection du Christ le dimanche de Pâques comme le triomphe de Jésus. Mais en réalité, son triomphe commence le Vendredi saint, quelques instants après sa mort sur la Croix.
Ce n'est pas le dimanche de Pâques que Satan a découvert que Dieu utiliserait la mort de son Fils pour sauver l'humanité - c'est le Vendredi saint. De nombreux Pères de l'Église ont écrit sur ce qu'il est convenu d'appeler "la descente aux enfers".
Dans le livre III, 23.2 et le livre IV, 27.2 de l'ouvrage Contre les hérésies, saint Irénée enseigne que le Christ est descendu dans les "parties inférieures de la terre" (en référence à Éphésiens 4.9) pour offrir le salut aux justes morts avant sa venue. Irénée souligne que la mort et la descente du Christ étaient nécessaires pour atteindre ceux qui se trouvaient dans le séjour des morts, garantissant qu'aucune partie de l'humanité n'était laissée sans rédemption. Le Christ a délivré de la captivité de la mort les patriarches, les prophètes ainsi les fidèles (par exemple Adam, Abraham, David). Il écrit que le Christ "a prêché aux esprits en prison" (1 Pierre 3:19) les amenant dans son royaume, accomplissant la promesse de salut de Dieu à travers tous les âges (Contre les hérésies IV, 33.1). La descente du Christ est une victoire sur les puissances de la mort et de Satan. Le Christ entre dans le séjour des morts non pas en tant que victime, mais en tant que conquérant, liant "l'homme fort" (Satan) et libérant ceux qui sont retenus captifs (Contre les hérésies III, 18.6).
Dans son 𝘋𝘪𝘢𝘭𝘰𝘨𝘶𝘦 avec 𝘛𝘳𝘺𝘱𝘩𝘰n vers 150, saint Justin Martyr écrit : "Le Seigneur Dieu s'est souvenu de son peuple d'Israël qui gisait dans ses tombes, et il est descendu pour lui annoncer son propre salut." Justin Martyr a à l'esprit le Psaume 16:10 ("Tu n'abandonneras pas mon âme au séjour des morts") et il utilise cette descente pour affirmer que le christianisme accomplit les Écritures juives. Il relie les actions du Christ dans l'Hadès aux prophéties sur la seigneurie universelle du Messie.
Saint Cyrille de Jérusalem, évêque et théologien du IVe siècle, a parlé du déchirement de l'enfer dans ses conférences catéchétiques, décrivant la descente du Christ dans le séjour des morts comme un acte triomphal où, après sa crucifixion, le Christ est entré dans le monde souterrain pour libérer les âmes justes qui y étaient retenues prisonnières. Cyrille souligne que le Christ, à la fois Dieu et homme, a brisé les portes de l'Hadès, vaincu la mort et libéré les âmes des justes. Il affirme que le Christ est "descendu dans les régions souterraines" pour "racheter" les justes, notant que le séjour des morts a été "frappé de terreur" par sa présence.
Dans sa Summa Theologiae III, saint Thomas d'Aquin explique que la descente du Christ avait pour but de libérer les saints pères qui étaient retenus en enfer en raison du péché originel, qui les empêchait d'entrer immédiatement au paradis jusqu'au sacrifice rédempteur du Christ. Le Christ n'est pas descendu en enfer pour souffrir, mais pour vaincre et libérer. Et l'Aquinate a précisé que le Christ n'est pas descendu dans l'enfer des damnés pour les délivrer, mais spécifiquement dans le lieu où sont détenus les justes.
Clément d'Alexandrie (150-215) suggère que le Christ, après sa mort, a prêché aux âmes du séjour des morts, y compris aux Juifs justes et potentiellement aux païens qui vivaient selon la raison (logos). Il interprète 1 Pierre 3:19-20, qui parle du Christ prêchant aux "esprits en captivité", comme une preuve que le Christ est descendu aux enfers pour offrir le salut à ceux qui sont morts avant sa venue. Clément postule que la descente du Christ a offert une chance de salut même aux païens vertueux qui ont suivi le Logos divin dans leur vie - des personnages comme Platon, Aristote, etc. Bien qu'il s'agisse d'une spéculation et non d'un enseignement officiel, c'est un point intéressant à méditer.
Ainsi, alors que l'Église retient son souffle en ce Samedi saint solennel, nous nous souvenons de la souffrance de la Vierge et des apôtres en ce jour, mais nous savons aussi que le Christ proclamait déjà sa victoire et dévastait Satan et les chiens de l'enfer en ce jour.
La descente du Christ n'est pas un acte passif, mais un acte triomphal, où il brise les portes du Hadès et libère les justes. Ceci affirme qu'aucun domaine - ni la terre, ni les enfers - n'échappe à l'autorité du Christ. "Je suis celui qui vit, et qui était mort ; et voici que je vis aux siècles des siècles'', Amen, et j'ai les clefs de l'enfer et de la mort.
Cf. CATHOLIC FREQUENCY https://x.com/CatholicFQ/status/191358773225058758
Cette célébration festive commence par la bénédiction dufeu nouveau, auquel est allumé le Cierge pascal. ''Lumière du Christ ! Nous rendons grâce à Dieu !''
Elle place dans son sanctuaire un grand cierge, portant, pour symboles des plaies glorieuses du corps de Jésus-Christ vivant, cinq grands encens, et chante ensuite les oracles des saints Prophètes qui annoncèrent son triomphe sur la mort et sur l'enfer.
Un chantre chante d'abord l'''Exultet'', grand chant de joie.
Puis, l'histoire du Salut est récapitulée, depuis la Création jusqu'à la Résurrection, en passant par la sortie d'Egypte, les prophètes, etc., au cours d'une grande liturgie de la Parole. On relit tout ce que Dieu a fait pour les Hommes à la lumière de la Résurrection de Jésus-Christ. Ceci amène à chanter la gloire de Dieu, en faisant sonner les cloches à toute volée. L'évangile est acclamé en chantant Alléluia (ce qui n'avait pas été fait pendant tout le carême).
Pendant la nuit du samedi saint au dimanche de Pâques, on fête la Résurrection du Christ lors de laVigile pascale.
L'Eglise bénit aujourd'hui les fonds baptismaux et confère solennellement le baptême aux catéchumènes, en versant sur eux, au nom des trois personnes divines, les eaux vivifiantes qui, par l'institution de Jésus-Christ, et en vertu de ses mérites, nous régénèrent comme enfants de Dieu, en gravant sur nos âmes le sceau indélébile de notre adoption.
PRATIQUE. N'oublions pas en ce jour de remercier le Seigneur de la grâce qu'il nous a faite en nous recevant pour ses enfants, dans le saint baptême.
"Le terme Exultet correspond au premier mot du chant liturgique qui, du haut de la Chaire, a été chanté par le diacre lors de la cérémonie de la nuit du samedi Saint. Le texte et la mélodie des Exultet ont été transcrits à plusieurs reprises entre le Xe et le XIVe siècle sur des rouleaux formés de plusieurs feuilles de parchemin cousues ensemble. L'origine de cette pratique est attestée presque exclusivement dans le contexte méridional et se trouve peut-être dans le soi-disant libelli, petits livrets composés d'un ou plusieurs quaternions destinés à la célébration de certaines festivités ou d'actions particulières de Rites liturgiques (le rite de l'investiture sacerdotale, l'onction des malades et d'autres). Ils étaient très communs au Moyen-Âge et constituaient des artefacts extrêmement simples et modestement précieux. Par conséquent, dans les célébrations les plus importantes, ils ont parfois été remplacés par des spécimens assemblés dans la forme la plus noble de rouleau. L'adoption de ce type de livre insolite à des fins liturgiques rappelait en fait les formes de l'ancien papyrus. Toutefois, il a probablement été suggéré dans le sud aussi par la connaissance des rites de l'église gréco-orientale. Ce dernier envisageait l'utilisation de rouleaux de manuscrits, appelés Kontakia, peut-être déjà au Ve-VIème siècle et en tout cas certainement au VIIIe-IXe siècle. Leurs connaissances ont dû avoir lieu dans le domaine de Bénévent-Cassino. [...] C'est en fait dans la région Bénévent (Italie) qu'apparaissent les premiers spécimens de rouleaux de Exultet. Comme un genre créé ad hoc, le Exultet ne se conforme pas à un type déjà existant d'illustration, mais est le résultat d'une véritable invention iconographique élaborée autour du 10e siècle. Pour cette raison les décorations ne suivent pas un modèle prédéfini, mais composent un cycle variable qui fournit l'illustration de différents sujets. Elles sont essentiellement attribuables à trois domaines thématiques liés au texte et à la liturgie pascale: l'histoire sacrée, les cérémonies liturgiques-le spectacle le plus récurrent le diacre qui reçoit le rouleau de l'évêque, allume la bougie Pascale, ou prie De la chaire-et les portraits de contemporains. Différentes solutions sont également proposées pour la traduction visuelle du même concept. Par exemple, l'allégorie de la terre, Tellus, appelée à célébrer la résurrection, peut être dépeinte comme une femme richement habillée, ou comme une figure, ou comme le Christ trône avec des animaux; La figure de Mater Ecclesia est parfois indiquée par la communauté des fidèles rassemblés autour de l'évêque, d'autres fois par une figure de femme, ou par d'autres variantes. Les scènes bibliques sont nombreuses et tirées principalement du Nouveau Testament. L'exception est quelques thèmes, tels que le salut du premier-né juif, le péché originel, le passage de la mer rouge, qui sont inspirés par les pièces de la Genèse et de l'exode contenues dans l'ancien testament. Une des images récurrentes est celle introduite dans le Apium de Lamy, la louange des abeilles. Il suit plusieurs variantes dictées par les orientations spécifiques des illuminateurs: elle suppose parfois un caractère fortement symbolique ou décoratif; D'autres fois, il est basé sur la narration animée et montre les essaims qui volent à travers les champs et les paysans qui recueillent le miel et la cire. Le Exultet a pris fin avec les commémorations liturgiques, souvent accompagnées du portrait solennel et stéréotypé des figures politiques et religieuses évoquées."
L'Ange ouvre le sépulcre
La Résurrection – Irma Martin. Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? Il n'est pas ici, il est ressuscité. Lc 24, 5-6
Sources: (1) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. XVII ;(2)
C’était déjà environ la sixième heure (c’est-à-dire : midi) ;
l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure,
car le soleil s’était caché.
Le rideau du Sanctuaire se déchira par le milieu.
Alors, Jésus poussa un grand cri :
"Père, entre tes mains je remets mon esprit."
Et après avoir dit cela, il expira.
Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien.
En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié.
Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : par ses blessures, nous sommes guéris.
Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait son propre chemin. Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous.
Le Vendredi saint est le jour de la célébration liturgique du mystère de la Passion, de la mort sur la Croix et de la mise du Christ au tombeau.
C'est un jour de jeûne et d'abstinence, à l'instar du Mercredi des Cendres qui, quarante jours plus tôt, ouvre le temps du Carême.
Le Vendredi saint est marqué encore davantage par le deuil et le recueillement.
"Il s’agit pour moi de connaître le Christ, d’éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa passion, en devenant semblable à lui dans sa mort, avec l’espoir de parvenir à la résurrection d’entre les morts. ... Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus." (Ph 3, 10-14)
Le Vendredi saint est marqué par une liturgie particulière (vénération de la croix, communion eucharistique mais pas de célébration du sacrifice de la messe ce jour-là). Le moment culminant de la journée, dans son silence recueilli, est celui de la Crucifixion (entre 12h et 15h) et le moment même où le Christ expira, à 15 heures.
Chez les Romains, le crucifiement était un supplice infamant réservé aux criminels, ce qui indique que les charges retenues contre Jésus devaient être très sérieuses : « agitateur dangereusement arrogant », criminel politique, il fut probablement accusé de créer de graves troubles à l'ordre public, « ce qui correspondrait à l'idée d'une prétention messianique royale, qu'elle soit de son fait ou de celui de ses disciples » (Larry W. Hurtado, Le Seigneur Jésus Christ: la dévotion envers Jésus aux premiers temps du Christianisme, Éditions du Cerf, 2009, p. 69-70.)
C'est spécialement ce jour que se fait la dévotion du Chemin de croix. Cette procession est particulièrement solennelle dans les lieux mêmes où elle eut lieu il y a près de 2000 ans, à Jérusalem, le long de la Via Dolorosa (Chemin de la souffrance, à Jérusalem) puis dans la basilique du Saint-Sépulcre, où se trouvent le rocher du Golgotha et le Tombeau du Christ. A Rome, le Chemin de Croix est traditionnellement célébré au Colisée, durant le soir du Vendredi saint.
Par référence au jour du Vendredi saint, tout au long de l'année et spécialement durant le Carême, les vendredis sont un jour de pénitence, en principe d'abstinence de viande. On y dit les mystères douloureux du Rosaire.
Ce mystère ineffable, prédit si souvent et si clairement dans les siècles qui le précédèrent (prophéties messianiques) est le triomphe complet de la justice divine et le chef d'oeuvre le plus glorieux de la miséricorde infinie. Il fut opéré par la charité sans bornes du Verbe incarné, qui, selon les décrets divins, voulut de toute éternité s'anéantir, souffrir et mourir dans la plénitude des temps, pour réconcilier le ciel et la terre (1), suite à la première désobéissance ou Péché originel.
D’après les Évangiles synoptiques, sur la route du Golgotha, les soldats obligent un passant, Simon de Cyrène, à porter la croix de Jésus. Luc ajoute que les femmes disciples suivaient Jésus et pleuraient sur son destin (Sainte Véronique, Sainte Marie-Madeleine, et la Vierge Marie).
Les quatre Évangiles canoniques mentionnent un titulus - pancarte qui porte une inscription laconique - déclarant, sur un ton moqueur, "Jésus roi des Juifs", "Iesvs Nazarenvs, Rex Ivdæorvm" (le futur acronyme INRI).
L’Évangile selon Jean dit que l'inscription avait été rédigée et placée par Pilate, en hébreu, en latin et en grec (Jn 19:19-20).
Jean mentionne la "lance" qu'un des soldats utilisa pour percer le côté du Christ "et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau" (Jn 19:34)
Les Évangiles canoniques disent que deux criminels sont crucifiés avec Jésus. Tandis que l'un l'insulte, l'autre le respecte et lui demande : "Souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton règne". En raison de la réponse de Jésus dans cet évangile : "aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis", on le considère comme un saint, en l’appelant 'le bon larron". On considère ainsi que dès le jour de la mort, l'âme est jugée pour aller soit au Purgatoire (ou au paradis directement si l'âme est en état de grâce), soit en enfer.
Vendredi Saint, on voile les crucifix ce jour-là jusqu'à la veillée pascale (Samedi Saint au soir)
Liturgie : Le vendredi saint est le seul jour de l'année où on ne célèbre pas d'Eucharistie. La communion est distribuée aux fidèles au cours d'une célébration qui dégage une ambiance particulière : l'église est sombre, les autels sont dépouillés de leurs nappes, les statues et images sont voilées. Il n'y a pas de sonnerie de cloche, de jeu d'orgues, et les chants sont absents, ou très peu nombreux. La célébration commence et finit en silence. On lit l'évangile de la Passion. Il n'y a pas de prière eucharistique mais une grande prière universelle.
C'est le jour de la célébration de la Croix : la croix est amenée en procession puis proposée à la vénération des fidèles. Dans certains pays, comme l'Espagne, il y a d'importantes processions dans les rues des villes.
La dernière messe célébrée était celle du soir du Jeudi saint, correspondant à son institution au Cénacle, et la prochaine sera celle de la Vigile pascale, le soir du Samedisaint. (2)
Historicité
Selon le Digeste, code de droit romain, "le crime commis contre le peuple romain ou contre sa sécurité est un crime de lèse-majesté (maiestatis crimen)". Jésus, provincial juif condamné pour sédition, tombe ainsi sous le coup de la Lex Iulia maiestatis (it) qui établit pour ce crime de rébellion envers l'autorité impériale, la crucifixion. [Pierre Maraval, Simon Claude Mimouni, Le christianisme des origines à Constantin, Presses Universitaires de France, 2006, p. 87.]
L'historicité de la crucifixion ne fait plus aucun doute pour la majorité des chercheurs, qui y voient des critères d'authenticité (critère d'embarras ecclésiastique, d'attestation multiple, de cohérence) [Jacques Giri, Les nouvelles hypothèses sur les origines du christianisme, éditions Karthala, 2011, p. 182; John Paul Meier, How do we decide what comes from Jesus, in The Historical Jesus in Recent Research, James D. G. Dunn et Scot McKnight, 2006, p. 126–136 ]
L'évangéliste Jean évoque le cloutage des mains au moment de la crucifixion en rapportant la remarque de S. Thomas "si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas !" (Jn 20:25).
Les autres évangélistes ne mentionne pas le procédé de la crucifixion chez les Romains. Mais la recherche contemporaine qui s'appuie sur les sources documentaires relatant les crucifiements à l'époque romaine, sur le contexte historique (les crucifiements en masse privilégiaient les cordes mais il n'était pas rare pour des exécutions singulières d'utiliser des clous) et les découvertes archéologiques confirment la pratique de la crucifixion chez les Romains.
En 1938, des recherches archéologiques près de Jérusalem, à Giv’at mivtar, ont démontré que les crucifiés contemporains du Christ étaient exécutés sur une croix. (Les Dossiers de l'Archéologie n°10 page 107. Article du professeur N. Haas de l'Université Hébraïque de Jérusalem.) Les crucifiés avaient les bras étendus à l’horizontale.
Dans les documents latins de l'époque romaine, le mot "crux" est mentionné, et ces sources antiques évoquent la poutre transversale sur les épaules attachée aux bras sous le terme de patibulum(partie transversale de la croix destinée au crucifiement). Le poteau vertical était appelé stipes, qui était généralement fixé de manière permanente dans la terre à l’emplacement de l’exécution.
Saint Irénée, évêque de Lyon et Martyr (120-202 ap.J.-C.) dans Contre les hérésies, cote II, 24,4, daté d'entre 175 et 189 ap. J.-C., explique que la croix a cinq extrémités ; sur la cinquième se repose le crucifié : "La structure de la croix présente cinq extrémités, deux en longueur, deux en largeur, une cinquième sur laquelle s’appuie le crucifié." (Irénée de Lyon, Contre les hérésies, Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur, Sagesses chrétiennes, Cerf, Paris 2007, p. 225.)
Iconographie
La Crucifixion de Jésus a donné lieu à différentes représentationsà travers les âges :
Dans la "Maison du Bicentenaire" à Herculanum, citéromaine qui fut détruite par l'éruption du Vésuve en l'an 79 apr. J.-C., une croix a été découverte en 1938 par les archéologues, qui donne sur le decumanus maximus, prestigieux immeuble d'un bloc d'habitations ayant des sols à mosaïques, des cloisons fastueusement décorés avec peintures, l'atrium avec toit à compluvium et un jardin avec portique. Dans l'un des côtés d'un somptueux tablinum décoré avec des peintures à sujet mythologique, on remarque une singulière grille en bois avec ouverture à soufflet. Dans l'une des modestes pièces du premier étage, on trouve un réduit, probablement le logement d’un esclave, où une croix a été gravée dans le plâtre d'une paroi. Selon l'interprétation la plus répandue, il s'agirait de l'un des témoignages les plus anciens de la religion chrétienne.Sources 1, 2
À Pompéi, d’autres symboles chrétiens ont été relevés, dont dans la Maison dite de Pansa :
Une des plus anciennes représentation de la Crucifixion et de Croix chrétienne est le graffiti d'Alexamenos, dessin injurieux réalisé entre le IIe et le IIIe siècle sur un mur de Rome (colline Palatin), au moment des persécutions.
Graffito d'Alexamenos. La légende signifie "d'Alexamenos rend un culte à son Dieu". Michael Gough, dans La Grèce et Rome (éd. Imprimerie des arts et manufactures, 1974, direction Marcel Brion, p. 364), suppose que Alexamenos était sans doute un esclave, que ses compagnons raillaient parce qu'il était chrétien. Daniel-Rops explique qu'Alexamenos fut un "page impérial" caricaturé par ses camarades. Le jeune chrétien d'alors n'avait guère à attendre que l'ironie et l'outrage. (DANIEL-ROPS, Histoire de l'Eglise du Christ, tome II Les Apôtres et les Martyrs, Librairie Arthème Fayard, Paris 1965, p. 175)
Enluminure de l’Évangéliaire syriaque de Rabula (586)
La Crucifixion, Bartolomeo Bulgarini, v. 1330 Hermitage, Saint Petersbourg
La Crucifixion, style byzantin du XIIIe siècle, monastère Sainte-Catherine du Sinaï
Giovanni Previtali, historien de l'art, crédite Giotto de l'innovation du Christ en croix avec trois clous et le suppedaneum, la planchette de bois chevillée sur laquelle les crucifiés pouvaient appuyer leurs pieds.
Le Portement de Croix par Raphaël
Giotto, La Crucifixion, 1320-1325
La Crucifixion- Le Pérugin (Pietro Perugino) - 1482
Sources: (1) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. XVI. (2) L'Evangile au quotidien (3) Vendredi Saint (4) Crucifixion
Le Jeudi saint est un des jours les plus importants de la Semaine sainte : il correspond à la commémoration de la dernière Cène (au Cénacle) suivie de la nuit d'agonie du Christ au Jardin des Oliviers (Gethsémani).
Simon Ushakov, La Dernière Cène, École de Moscou, 1685
Le Jeudi saint est un jour de fête, qui commémore l'institution de l'Eucharistie par Jésus lors du repas pascal au Cénacle la veille de sa mort, – le "sacrifice unique" () de la Nouvelle Alliance préfiguré tout au long de l'Ancienne Alliance et prophétisé dans des endroits comme Malachie 1,11 –; Et le sacerdoce qui l'offrirait, les Apôtres et leurs successeurs, c'est-à-dire l'institution de l'ordination des prêtres.
Tout prêtre, chaque jour, se tenait debout dans le Lieu saint pour le service liturgique, et il offrait à maintes reprises les mêmes sacrifices, qui ne peuvent jamais enlever les péchés.
Jésus Christ, au contraire, après avoir offert pour les péchés un UNIQUE SACRIFICE, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu.
Jésus réunit autour de lui ses chers apôtres, sans en excepter même celui qui devait le trahir, pour célébrer avec eux la dernière cène judaïque, à laquelle allait succéder le sacrifice de sa chair et de son sang, sous les symboles eucharistiques.
Il établit dans le même temps le sacerdoce de son église, ordonne à ses apôtres de n'offrir qu'à Dieu seul l'oblation d'un prix infini, dont il allait être volontairement l'hostie sanglante sur la croix, mais qui jusqu'à la fin des temps, serait offerte d'une manière non sanglante, toujours aussi glorieuse à Dieu que salutaire aux hommes, dans tous les sanctuaires du monde catholique.
Jésus-Christ daigna laver lui-même les pieds de ses apôtres, après leur avoir déjà dit :
"Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et je demeure en lui... Je suis le pain descendu des cieux; celui qui mange de ce pain vivra éternellement.. Ceci est mon corps... Voilà la coupe de mon sang... Prenez et mangez... et faites-le toujours en mémoire de moi." (1)
La messe et les prêtres trouvent en ce jour leur origine et la profondeur de leur mystère.
Pendant la célébration de ce jour, on lit l'évangile du lavement des pieds, et le célébrant refait le geste de Jésus en lavant les pieds de quelques personnes de l'assemblée.
Cette messe est la dernière qui soit célébrée avant la "Veillée pascale" du Samedi saint (veille dePâques).
Après le repas pascal, Jésus et ses apôtres se sont retirés àGethsémanipour y bivouaquer, comme à l'habitude. Cette nuit fut cependant pour le Christ une nuit de prière et d'agonie - au cours de laquelle le Christ accepta le "calice" de sa Passion.
La célébration liturgique du Jeudi saint se termine par une procession, pendant laquelle la réserve eucharistique (les hosties consacrées) est amenée dans un endroit spécialement aménagé, le reposoir. Une veillée y est souvent organisée, et les fidèles peuvent s'y recueillir et adorer le Christ dans une nuit de veille.
Le triduum pascal est un ensemble de trois jours (en latin triduum) qui marquent l'aboutissement de la Semaine Sainte et le sommet de l'année liturgique : c'est la célébration du mystère de Pâques, avec : - la mort et la mise au tombeau de Jésus-Christ (leVendredi saint), - la descente du Christ aux Enfers durant le "Grand sabbat" du Samedi saint, - la nouvelle de la Résurrection, nouvelle Pâque, durant la nuit du samedi au dimanche (Vigile pascale), où surgit la lumière de Pâques, l'alléluia du Dimanche de Pâques, avec les messes de l'aube et du jour.
Le triduum pascal est l'articulation entre les quarante jours de préparation pénitentielle du Carême et les cinquante jours du temps pascal jusqu'à laPentecôte(dont quarante jours jusqu'à l'Ascension).
C'est au pape Pie XII que l'on doit la restauration de la liturgie du triduum pascal dans son ancienne grandeur et à des heures et dans une atmosphère correspondant à celles du mystère, dans la liturgie latine (notamment, la vigile pascale), dans le même esprit qui avait été gardé dans les liturgies orientales.
"C'est le pieux roi Robert qui, aux lointains alentours de l'an mil, institua l'usage par les Roys de France de laver les pieds des pauvres le Jeudi Saint de chaque année et de célébrer la Cène en leur honneur. Cette coutume qui courbait devant des malheureux la Majesté Royale, avait été pratiquée déjà par les Empereurs Grecs de Byzance, et c'est de là qu'elle était venue d'Europe.
"Le nombre des pauvres amenés au palais pour cette cérémonie fut d'abord illimité. Il se réduisit par la suite et au début du XVIIème siècle, Henri IV régnant, il avait été définitivement fixé à treize garçons ou fillettes, ce nombre symbolisant Jésus-Christ et les douze Apôtres.
"Si le roy était empêché, le Dauphin le remplaçait...
"Une cérémonie se déroula jusqu'à la Révolution, également dans les grands appartements de la Reine. Elle aussi y servait les petits pauvres, assistée par les Princesses de la Famille Royale et par des Duchesses qui lui tendaient les plats." (Extrait tiré du livre de Paul Gruyer, Quand les Roys de France lavaient les pieds des pauvres).
L'hymne Pange lingua gloriosi écrite par S. Thomas d'Aquin (1225-1274) est chantée le Jeudi saint lors de la translation du Saint-Sacrement au reposoir. La dernière séquence Tantum ergo est chantée à tous les saluts du Saint-Sacrement. L'hymne atteste la croyance catholique en la présence réelle du corps et du sang du Christ dans les espèces consacrées.
La Cène, Philippe de Champagne
Sources:
(1) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. XV ; (2) L'Évangile au Quotidien.
Sainte Rolende (sur une bannière de la jeunesse de Gerpinnes)
Rolende plutôt que Rolande car ce nom n’est pas le féminin de Roland, était la fille du roi des Lombards (Italie) Didier. Elle était bonne, instruite et très belle et son père la donna en mariage...
Nous le trouvons pèlerin à Jérusalem au tombeau du Christ et à Rome aux tombeaux des Apôtres. C'est dans la Ville éternelle qu'il reçut la grâce de la prédication apostolique. De retour dans son pays, il fut un évêque très attentif aux pauvres, aux malades...
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