Personne ne peut jamais exceller dans les grandes choses si ce n'est d'abord dans les petites.
Grand missionnaire jésuite en Extrême-Orient, François-Xavier naquit en 1506 dans une famille noble de Navarre (Pays Basque). Il était originaire d'une vieille famille de Basse-Navarre, Jaxu près de Saint-Jean-Pied-de-Port, une terre ravagée par la guerre. Coincée entre les puissances impériales croissantes de Castille-Aragon (Espagne) et de la France, la Navarre a rarement connu la paix pendant l'enfance de François.
En tant que membre de la noblesse, François était censé mener une vie de guerrier aux côtés de son père et de ses frères. Mais à l’âge de 10 ans, sa vie prend un premier tournant dramatique et tragique. Son père est mort, son royaume de Navarre a été vaincu par l'Espagne, ses frères ont été emprisonnés et sa maison d'enfance, le château de la maison de Javier (Xavier), a été presque entièrement détruite.
Avec la famille de Francis déshonorée et presque anéantie, ses perspectives d'un avenir radieux semblaient sombres. Mais Dieu avait encore des projets incroyables pour le jeune François.
Dans l'espoir de reconstruire l'héritage familial, François fut envoyé en 1525 au centre de théologie et d'études européennes, l'Université de Paris.
Après de brillantes études au collège Sainte-Barbe, à Paris, il enseigna la philosophie avec un succès qui, en lui attirant les applaudissements, développa l'orgueil dans son cœur.
Ignace de Loyola, converti, étant venu à Paris pour perfectionner ses études et cherchant à recruter des compagnons pour jeter les bases de la Compagnie de Jésus, s'éprit d'amitié et d'admiration pour ce jeune homme.
François fut d'abord repoussé par les idées d'Ignace de dévotion radicale à Dieu. Mais Ignace lui rappelait les paroles de Jésus dans la Bible : « "Car à quoi sert à un homme de gagner le monde entier et de perdre son âme ?" (Mt 16,26).
Le 15 août 1534, sept jeunes gens, parmi lesquels Ignace et Xavier, prononcèrent leurs vœux dans une chapelle souterraine de l'église de Montmartre. La "Compagnie de Jésus" était fondée.
Sceau de la Compagnie de Jésus, ou christogramme, IHS, représente les trois premières lettres de IHΣOYΣ, « Jésus » en grec, ultérieurement réinterprété comme "Ièsous hèmôn sôter", "Iesus Hominis Salvator" ("Jesus Sauveur de l'homme"). |
Quelques années plus tard, Xavier, devenu prêtre était prêt pour sa mission.
Le pape Léon III a demandé aux jésuites nouvellement fondés d'envoyer des missionnaires dans les colonies portugaises en Inde. Bien que François n'était pas censé y aller à l'origine, l'un des jésuites affectés à la mission tomba malade et François se porta volontaire à sa place. Par cet acte courageux de confiance, Dieu utiliserait François pour transformer l’ensemble du continent asiatique.
François partit pour l'Inde en 1541, le jour de son 35e anniversaire. Voyager par mer à cette époque était extrêmement dangereux et inconfortable, et ceux qui osaient le faire risquaient la maladie sans aucune garantie d’arriver un jour à destination. François a dû faire tout le tour de l'Afrique, passer le cap de Bonne-Espérance, presque jusqu'au fond du globe, pour traverser l'océan Indien et arriver à Goa, sur la Côte sud-ouest de l'Inde.
À son arrivée en Inde en 1542, François fut immédiatement confronté à d’innombrables défis pour apporter la parole de Dieu aux habitants de cette région nouvelle et étrangère. Pendant sept ans, François a prêché dans les rues et sur les places publiques, travaillant sans relâche à travers l'Inde et les îles de l'Asie-Pacifique, luttant contre la persécution des seigneurs de la guerre et parfois même des autorités portugaises censées l'aider.
Cette mission finie, une autre l'appelait ; l'ambition du salut des âmes était insatiable dans son cœur. Il rencontra l'ignorance des langues, l'absence de livres en langues indigènes, les persécutions, la défiance et la rivalité des ministres païens.
Dieu lui donna le don des langues, le pouvoir d'opérer des miracles sans nombre.
Dès son vivant, on rapporte des faits surprenants, comme des guérisons, des prophéties, des sauvetages inespérés.
Il évangélisa, en onze années, cinquante-deux royaumes et baptisa une multitude incalculable.
Alors qu'il était à Cochin (Inde), il constate : "Thomas (Apôtre) se livra avec ardeur à la prédication et convertit à la foi un monde innombrable. Dans l'Inde supérieure, il se rendit célèbre par un grand nombre de miracles", et "dans les environs, il y a beaucoup de chrétiens qui remontent au temps de saint Thomas; ils vivent dans plus de soixante villages."
Tandis qu'il est à Amboine, dans les Moluques (Indonésie), à l'est du détroit de Malacca et sur les franges du monde chinois, François-Xavier poursuit son témoignage : "J'ai rencontré à Malacca un commerçant qui revenait d'une contrée au commerce fort actif, appelé Chine. Ce commerçant m'a dit qu'un Chinois très honorable qui venait de la cour du roi lui avait posé beaucoup de questions. ... Le Chinois répondit qu'en son pays ... nombreux sont ceux qui disent que l'apôtre saint Thomas est allé jusqu'en Chine et qu'il y a fait beaucoup de Chrétiens; que l'Eglise de Grèce (église nestorienne de Mésopotamie. Ndt.) y envoyait des évêques pour instruire et pour baptiser les Chrétiens que saint Thomas et ses disciples avaient convertis dans ces contrées. (Cf : Pierre PERRIER, Xavier WALTER, Thomas fonde l'Église en Chine (65-68 ap. J.-C.), Asie Éditions du Jubilé, Mercuès 2008, p. 153-154)
Après avoir converti des dizaines de milliers de personnes et semé les graines d’une Église chrétienne renouvelée et durable en Inde, François entendit des histoires sur une nation insulaire enchanteresse connue sous le nom de "Japon". Son cœur était enflammé par le désir d’apporter l’Évangile au Japon.
Après s'être assuré que les fidèles en Inde seraient correctement pris en charge, François a mis le cap sur cette nouvelle terre mystérieuse, devenant ainsi le premier à apporter la foi chrétienne au Japon, à l'autre bout du monde de sa maison de Navarre.
Son plus beau et son plus difficile triomphe fut la conquête du Japon.
Au Japon, François et ses compagnons voyageaient très loin, souvent à pied et avec presque aucune ressource.
Il est alors autorisé à utiliser un temple bouddhique abandonné, où il prêche pendant plusieurs mois. Des documents historiques indiquent qu’il réussit à convertir plus de 500 Japonais en un semestre jusqu’en mars 1551.
Une nouvelle visite à Hirado le mois suivant laisse à penser à la construction d’une nouvelle église. Plus de 500 Japonais se convertissent en six mois jusqu’en mars 1551.
En dix-sept mois de présence au Japon, François Xavier estimait près de douze mille conversions.(5)
Ses contacts avec les autorités civiles et religieuses au Japon lui font comprendre l'importance de l'influence de la Chine dans le domaine philosophico-religieux. Progressivement, il est persuadé que, pour convertir l'Orient, il faut commencer par la Chine. En novembre 1551, il confie sa décision à ses compagnons jésuites et commence à préparer ce voyage.
Avant de s'y rendre, il rejoint l'Inde via Malacca.
De retour en Inde, il embarque pour la Chine en avril 1552 à bord du Santa Cruz.
Début septembre 1552, l’équipage arrive à l’île de Sancian, au large des côtes chinoises à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Macao. L’accueil des quelques Portugais présents lui est favorable et on lui aménage hutte et petite chapelle.
Il aspirait à convertir la Chine, pour rentrer en Europe par les pays du Nord, quand Dieu appela au repos cet incomparable conquérant des âmes, qu'on a justement surnommé l'apôtre des Indes et du Japon.
Le 21 novembre, à l’issue d’une messe, François Xavier défaille, il est conduit sur le Santa Cruz, puis après une saignée est ramené sur l’île. Il y décède le 3 décembre 1552 à l'âge de 46 ans.
Après sa mort en 1552, l'incorruption du corps de François-Xavier devient un fait reconnu.
Sa dépouille est exhumée à huit reprises entre 1553 et 1932. [...] Les "apparences d'un homme vivant" plusieurs dizaines d'années après sa mort... Il n'en fallait pas davantage pour "prouver" la sainteté de François-Xavier aux yeux du monde. (6)
En 1555, les documents recensent déjà neuf miracles obtenus part sa prière.
François Xavier est canonisé le 12 mars 1622, en même temps qu'Ignace de Loyola et Thérèse d'Avila, par le pape Grégoire XV.
Pie XI le fait saint patron de toutes les missions catholiques en 1927.
Il est aussi le saint patron des joueurs de pelote basque. Son secrétaire ayant noté qu'il prononça ses dernières paroles "en langue maternelle navarraise", c'est-à-dire en basque, sa fête (le 3 décembre) est aussi celle de l'euskara, la langue basque.
Marc-Antoine Charpentier a composé un In honorem Sancti Xaverii canticum, (Cantique en l'honneur de Saint Xavier), catalogué H 355, pour chœur, soli, flûtes, cordes, et basse continue.
Une église, puis une cathédrale Saint François Xavier existe depuis 1908 au centre de la ville de Kagoshima, Japon, au sud de la grande ile méridionale de Kyushu, où François Xavier débarqua pour la première fois en août 1549. A la suite de destructions, elle a été réparée en 1949, puis reconstruite en 1999 avec une architecture moderne à l'occasion du 450 ème anniversaire de l'arrivée de François Xavier au Japon.
Aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands missionnaires de l'Église, saint François Xavier a prouvé qu'une vie vécue dans une confiance totale en Dieu peut transformer tout un continent et le monde entier.
Citations
"D’abord et avant tout, soyez attentif à vous-mêmes et à vos relations avec Dieu et à votre conscience car c’est de celles-ci que dépend votre pouvoir d’être utile à votre prochain. N’oubliez pas de faire un examen particulier de conscience au moins une fois par jour si vous ne pouvez le faire deux fois. Souciez-vous et occupez-vous de votre propre conscience plus que de celle de qui que ce soit d’autre, car celui qui ne désire pas être bon et saint lui-même, comment peut-il rendre les autres tels ?"
Lettre de Saint François Xavier à un Jésuite parmi ses confrères, écrite de Goa en Mars 1549.
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Sources : (1) ; (2) ; (3) Litanies de Saint-François-Xavier ; (4) Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 64-65; (5) La mission japonaise de François Xavier par Jean Lacouture (estimation du nombre de convertis), revue suisse Choisir de novembre 2002; (6) Patrick SBALCHIERO, Enquête sur les miracles dans l'Église catholique, Artège, Paris 2019, p. 160-162; (7); (8)
Bse Inès Takeya, martyre (+ 1626)