Cette video a interpellé Tatiana Ventôse sur son contenu et les incohérences de Jean-Luc Mélenchon qui trahissent la défense d'intérêts qui ne sont pas ceux des Français. Le député de la "France Insoumise" parle de ce ras-le-bol qui est présent dans la société française aujourd'hui, "du fait de pas mal de scandales", explique Tatiana Ventôse, "du fait qu'on voit toujours qu'il n'y a pas beaucoup de députés à l'Assemblée nationale, qui votent des lois qui se préoccupent plus de leurs intérêts à eux, que du nôtre, alors que c'est quand même leur job en tant que représentants". En décembre dernier par exemple, les députés ont décidé de se voter un remboursement de 1200 euros pour se "louer (à Paris) un logement dont le loyer sera pris en charge par le budget de l’Assemblée Nationale", alors que les députés touchent déja 7000 euros d'indemnités plus 5000 euros de frais. "La pilule ne passe pas auprès de l’opinion publique, qui reproche aux députés de multiplier les dépenses inutiles aux frais de la princesse. Les propos d’une députée LREM, qui s’est lamentée de devoir "manger pas mal de pâtes" avec un salaire de 5000 euros par mois, n’aident d’ailleurs pas à enterrer la polémique." (Sud-Ouest).
Extrait:
"Sans arrêt vous entendez, ou vous pouvez être traité de planqué. Je me plains de ce genre de phrases qui sont dures et qui disent 'il y en a assez de ces gens qui sont payés grassement", explique Jean-Luc Mélenchon.
Dans cette déclaration de Mélenchon, il y a deux idées. La première est l'idée selon laquelle les députés sont "grassement payés", et cette idée ne serait pas fondée. Et Jean-Luc Mélenchon va prendre la défense de ces pauvres députés injustement accusés de ne rien faire, face à la vindicte populaire.
"Cette ambiance, poursuit Jean-Luc Mélenchon, pour ceux qui connaissent l'histoire et les évènements qui ont pu agiter les pays dans le passé, c'est toujours à un moment bien particulier."
Cette référence aux années trente, avec la montée des ligues d'extrême-droite, de l'antiparlementarisme et qui s'est finie comme on sait avec Pétain, Hitler et compagnie. Et du coup, aujourd'hui ce climat malsain rappelle cela et si l'on continue comme ça il v a y avoir Hitler", décrypte Tatiana Ventôse. "Cela est un argument qui est très souvent utilisé pour disqualifier des adversaires politiques, à peu près tout le monde sur l'échiquier politique, mettre un signe égal entre eux et les années trente ou les nazis. C'est un peu le point Godwin de la politique. C'est utilisé tout le temps pour que l'argument de la personne en face soit disqualifié d'office, du fait de son association aux nazis. C'est utilisé d'une manière trop facile et malhonnête dans la plupart des cas, mais il faut admettre que cela fait son petit effet. Toute l'argumentation qui suit de Jean-Luc Mélenchon est basée là-dessus, sur le fait que c'est mal et malsain, et qu'il ne faut surtout pas toucher aux députés" :
"Les riches, les puissants, eux vous n'entendez pas parlé d'eux, du fait qu'on les engraisse du matin au soir," explique Jean-Luc Mélenchon. On ne vous dit pas qui est le vrai ennemi alors qu'en fait les députés sont justes des martyres, ironise Tatiana Ventôse.
Non. Chez la plupart des gens qui critiquent les députés parce qu'ils sont payés à ne rien faire, il y a beaucoup de gens qui sont conscients que les gros patrons des multinationales ne sont pas exactement les gentils dans l'affaire non plus. Et en outre, ce qui est reproché aux députés dans ce 'climat malsain' du moment, c'est leurs accointances avec ce monde-là, c'est leurs amitiés avec le monde de la finance, avec le monde des banques, avec le monde des multinationales et des lobbys. C'est justement le manque de séparation entre ces deux mondes là qui pose problème. C'est quand même les députés qui votent des lois qui les favorisent.
"Il y a un focus toujours sur les parlementaires et souvent après les fonctionnaires."
Déjà les députés ne sont pas des fonctionnaires. Les fonctionnaires n'ont rien à voir avec ce monde-là, c'est des gens qui font tourner le pays, c'est tout.
"C'est-à-dire une espèce de haine de l'État et de la démocratie", dit Jean-Luc Mélenchon.
Cela mélange tout : on passe du climat malsain anti-députés à la 'haine de la démocratie' ! C'est quoi qui te permet de faire le saut de l'un à l'autre?, demande Tatiana Ventôse ! Parce que c'est éloigné quand même les deux. C'est quand même pas parce que tu te dis 'ho, il y a jamais personnes à l'Assemblée nationale', quand tu zappes sur LCP, que tu veux tous les éliminer et mettre un dictateur à la place. Il y a un entre-deux.
"Je veux lancer une alerte. Attention, il y a une ambiance, un climat antiparlementaire qui est toujours dangereux en démocratie".
Jean-Luc Mélenchon confirme encore que qui que ce soit qui critiquerait les parlementaires, d'une manière ou d'une autre, font le jeu des antidémocrates.
"Et puis vous avez cette bouillie-là nauséabonde d'attaques incessantes".
Je trouve l'utilisation de ces mots très limite parce qu'il qualifie de bouillie nauséabonde, c'est quand même le ressenti de beaucoup de gens dans ce pays, de ce peuple dont Jean-Luc Mélenchon se réclame quand même souvent... Il y a quand même un moment où certaines personnes sont plus responsables de la façon dont fonctionne le système que d'autres ! Et les gens qui sont les plus responsables, ce sont quand même les gens qui votent les lois pour le définir ce système, et pour faire en sorte que s'augmenter d'un smic par mois pour se payer un appart à Paris en plus de 12000 euros par mois, c'est normal ! Eux, ils n'en sont pas victimes de ce système, ils savent en profiter. Si tu décides de critiquer un système et les gens qui le représentent, et profitent de ce système, les représentants, cela va avec. Il y a quand même un fait où on les accuse et où on ne peut pas dire qu'on les accuse injustement, parce que les faits sont là pour le prouver, c'est qu'il n'y a pas grand monde à l'Assemblée nationale. Quand il y a 50 personnes sur 577 il n'y en a pas 527 qui sont en train de plancher ailleurs... Les députés qui sont en commissions, cela reste quand même anecdotique par rapport au nombre de ceux qui devraient être à l'Assemblée nationale. En outre, quand on prend le résultat des votes, et que sur un groupe parlementaire de 300, il y en a quarante qui ont voté, cela ne veut pas dire que les autres sont en commission, cela veut simplement dire qu'ils ne font rien ! Et l'autre excuse consistant à dire que les députés sont dans leur circonscription quatre jours par semaine et doivent être trois jours à l'assemblée nationale, du mardi au jeudi, c'est pareil que pour les commissions : c'est assez anecdotique. Sinon pourquoi lorsque tu allumes LCP le mercredi, c'est-à-dire le jour où ils sont censés être là, il n'y a toujours personne dans l'Hémicycle ? Il y a des gens qui ne viennent jamais à l'Assemblée nationale. Alors ils restent sûrement dans leurs circonscriptions, mais ils ne viennent pas. Mais Mélenchon va nous dire qu'il faut les comprendre !
"C'est une organisation chaotique du travail. Et pourquoi? Parce qu'ils arrêtent pas de bourrer le calendrier parlementaire et les exigences qui pèsent sur un député sont de plus en plus folles.", explique Jean-Luc Mélenchon.
Là il est en train de se plaindre ! Le mec découvre la réalité du travail. Enfin le travail..., dans un contexte où tu as 7000 boules par mois, pas d'obligation de présence non plus, ça va, tu n'est pas non plus poussé dans le grand bain en mode tu vas à des rendez-vous Pôle Emploi, tu fais des entretiens d'embauche et ensuite tu portes des cartons toute la journée ! Ca va quand même !
L'organisation chaotique du travail où ton emploi du temps change tout le temps, où tes managers font n'importe quoi, où l'on te donne des taches contradictoires où on te demande de faire plusieurs trucs en même temps, cela, la majorité des gens le vivent tous les jours au boulot. Les heures sup, le fait de devoir faire encore plus de taches, accomplir encore plus d'objectifs avec moins de moyens et avec moins de gens, c'est pareil, c'est tous les jours. Et c'est pas Mélenchon qui va nous expliquer ce que c'est les exigences de plus en plus folles du travail. Mais alors lui qui se pose comme représentant du peuple, son boulot c'est justement de parler de ces conditions-là qui pèsent sur nous, sur nous tous, pas de défendre son bout de gras en mode 'je fais la CGT députés'. C'est quand même ahurissant d'entendre cela ! Oui, oui, être représentant du peuple cela demande du boulot. Le mec découvre cela après cinquante ans de carrière, à 65 ans, à l'âge de la retraite normalement. Je pense que cela en dit long sur le type de vie qu'il mène effectivement !
Alors entendre cela dans la bouche de quelqu'un qui est là pour gagner du pognon et qui l'assume, à la limite ce ne serait pas étonnant, mais dans la bouche de quelqu'un qui prétend plus que juste être là pour s'assurer une petite place au soleil, je trouve cela vraiment gênant. Je pense que s'il y a des gens qui ont voté Mélenchon c'est pour qu'il parle de leurs conditions à eux, pas pour qu'il puisse monter un syndicat avec les députés de gauche !
"Et vous avez un type qui aggrave tout et qui est le président de l'Assemblée. Depuis son balcon c'est lui qui jette le plus de pierres, en disant nous allons appliquer tels règlements, avec telles amendes. Alors cela, des amendes, ça plaît aux gens qui disent que les députés foutent rien. Cela n'est pas vrai, on passe notre journée à courir partout."
Alors là, cela pose un problème : il a le même argument que Claire O'Petit, la députée "En Marche" qui avait dit que si on venait pleurer pour cinq euros d'APL [1], mais qu'est-ce qu'on allait faire de notre vie, et qui est classée comme avant-dernière personne en terme de présence au parlement... C'est-à-dire qu'elle y vient vraiment pas souvent... Il n'y a qu'une personne sur les 577 qui vient moins qu'elle à l'Assemblée nationale ! "Quand vous avez un président de l'Assemblée nationale qui n'arrête pas d'aller dans les medias, en disant que les députés ne travaillent pas, et qu'il veut leur enlever jusqu'à 4000 et quelques euros, c'est inadmissible, c'est une faute politique extrêmement grave", avait lancé Claire O'Petit mardi 6 février dans le salon des quatre colonnes de l'Assemblée nationale. [2] [3]
"Parce que c'est une campagne qu'ils sont en train de mener", précise Jean-Luc Mélenchon dans sa video. Quand l'autre, le président Macron va surgir et dire 'je vous propose par referendum de supprimer deux cents députés', vous allez avoir plein de gens qui vont dire : oui, 200 fainéants de moins !".
Alors voilà : c'est un plan pour discréditer tous les députés auprès de nous les gens et qu'on accepte plus facilement la diminution du nombre de députés dans le pays. On n'a pas eu besoin d'un plan de com gouvernemental. Qu'il y a plein de députés payés à rien faire, on le sait déjà avant ! Il n'y avait pas besoin de François de Rugy.
[...] Qu'est-ce qu'il (Jean-Luc Mélenchon) a-t-il besoin d'aller défendre Claire O'Petit et du même coup, cautionner les pires dérives que le système actuel rend possible? C'est juste absurde.
"Alors les gens, regardez bien, ne croyez pas tout ce qu'on vous raconte. Essayez de comprendre le genre de vie qu'on mène!", demande Jean-Luc Mélenchon.
Pardon ? Que nous, on doive faire preuve d'empathie et faire l'effort de comprendre la dure vie d'un député qui découvre à 60 balais c'est quoi travailler ?, ironise Tatiana Ventôse. Non, vous êtes 577, on est 65 millions, c'est vous qui êtes censés avoir de l'empathie pour nous, pas l'inverse !
"Les gens, vraiment, il y a un problème avec la démocratie dans ce pays", pleurniche Jean-Luc Mélenchon.
Oui, c'est cela qu'on essaye de dire quand on critique ce que font les députés !, résume Tatiana Ventôse. Et qu'il y a un gros problème avec la démocratie !
"La solution, elle est par le haut, c'est de faire une constituante et de tout remettre à plat", ajoute Mélenchon.
Oui. Il faut tout remettre à plat. Et pour tout remettre à plat, il faut commencer par accepter que les problèmes sont là et les regarder en face pour les résoudre. Critiquer l'action des députés, c'est constructif, parce que cela permet de pointer du doigt les défaillances d'un système qui sont devenues une norme.
Que Claire O'Petit puisse tout à fait légalement venir en commissions que deux fois en six mois, c'est un problème. Et ce qui serait dangereux pour la démocratie ce serait de ne pas le dire. Ce qui est grave c'est quand tu nies que les problèmes existent, c'est quand tu refuses de les voir, cela met en danger la démocratie et même la cohésion nationale. Donc s'il faut chercher une solution à la mauvaise image des députés, à la mauvaise ambiance dont les pauvres petits sont victimes, au lieu de regarder le doigt des gens qui montrent le problème, on pourrait peut-être regarder le problème. Et peut-être voir que le problème tient à ce que font les députés parce que le système les y autorise...
C'est marrant parce qu'aux dernières élections présidentielles, il y avait un mec qui parlait de 'dégagisme' (sic) et du sentiment partout dans la population, cette colère qui monte et qui dit 'Il y en a marre des parasites de cette société'. Et cette colère finit par tous les faire dégager, tous les mettre dehors. Et ce mec-là avait même écrit des bouquins là-dessus, dont un qui s'appelait "Qu'ils s'en aillent tous!" Il s'appelait Jean-Luc Mélenchon...
Alors au lieu de mettre les problèmes sous le tapis, comme ils font depuis quarante ans en disant si vous parlez de tel sujet, genre les problèmes de comportement de nos députés, alors vous êtes proto-fascistes, antidémocrates, complotistes, machin, en se plaignant au passage que c'est super dur leur life, qu'on comprend pas ce que c'est que d'avoir la vie difficile et que quand même, c'est trop pas vrai qu'ils ne foutent rien ! Mais c'est drôle parce que c'est à peu près ce que font les politiques depuis... après le moment où je suis née ! C'est toujours la faute des gens qui ne comprennent pas. C'est jamais la faute à eux, ni leurs actions à eux qui causent problème.
Tout remettre à plat, cela implique de poser les vraies questions et entre autres les questions qui fâchent et entre autres les questions qui fâchent Mélenchon. Et non, je vous vois venir, je ne parle pas du Venezuela !"