Ambroise, né en 339 à Augusta Treverorum dans l'Empire romain (aujourd'hui Trèves), fils d'un préfet des Gaules et d'Occident, était gouverneur de Milan.
Sa grand-tante, la belle Aurelia Sotheris, vierge chrétienne, fut suppliciée le 10 février 305, flagellée puis décapitée sur la Via Appia.
Baptisé à 35 ans, Ambroise devint prêtre et évêque par acclamation (à la demande de la foule) ; il combattit avec succès l'arianisme, et fut l'inventeur de nombreuses reliques de saints.
Afin de pouvoir poursuivre leur cursus honorum, beaucoup d'hommes de l'aristocratie romaine, quoique chrétiens de cœur, repoussaient leur baptême jusqu'à leur vieillesse. Ils considéraient que le sacrement laverait les fautes qu'ils auraient dû commettre dans l'exercice des magistratures. Cette attitude perdurera longtemps après la conversion de l'empire puisque dans les années 350 le père de saint Ambroise, préfet du prétoire d'Occident, mourra sans avoir été baptisé en dépit de sa réelle ferveur. Ses deux fils, qui commencèrent par suivre à leur tour la carrière administrative, en avaient fait autant. Ambroise fut baptisé en catastrophe, à trente-cinq ans, puis aussitôt ordonné prêtre et sacré évêque de Milan, ce qui d'ailleurs, n'était pas une procédure canoniquement valable et autorisée.
Ambroise a une conception de l'État originale pour l'époque
C'est en effet aux idées républicaines qu'il fait appel, n'hésitant pas à mobiliser le peuple contre le pouvoir impérial, comme il le fait pour éviter l'installation d'un prêtre arien à Milan.
Il a aussi une haute conception de l'Église et pour lui, l'empereur n'est qu'un chrétien parmi d'autres. Aussi oblige-t-il Théodose Ier à une expiation publique pour avoir massacré le peuple de Thessalonique.
Le fait le plus célèbre : le châtiment qu'il osa imposer à l'empereur Théodose Ier
En 390, la population de Thessalonique en Grèce se révolta contre l'impôt et tua le gouverneur, ainsi que plusieurs magistrats. L'empereur chrétien Thédodose Ier fit alors massacrer autour de 7 000 personnes qu'il avait fait rassembler dans l'hippodrome. Ce prince, dont les mains étaient encore souillées du sang versé au massacre de Thessalonique, se présenta alors au seuil du temple. Ambroise était là, menaçant de l'excommunier : "Arrêtez, lui dit-il ; imitateur de David dans son crime, imitez-le dans sa pénitence." Théodose, craignant cette dernière peine, accepta la pénitence publique et resta pendant huit jours à la porte de l'église (Seignobos, Histoire de la civilisation ancienne, Masson et Cie éditeurs, 1900, vol. 1, p. 343), marquant ainsi la subordination du pouvoir temporel au pouvoir spirituel.
Le fléau des ariens
L'évêque de Milan, Auxence, qui était arien, venait de mourir. Les évêques de la province, le clergé, les fidèles, assemblés pour élire son successeur, ne pouvaient s'entendre. La lutte électorale était vive entre catholiques et hérétiques ariens (négateurs de l'unité du Père et du Fils et donc de la Trinité). Le peuple, réuni à l'église, semblait prêt à faire une sédition pour obtenir un évêque, dont il était privé depuis vingt ans par la faute des ariens; le magistrat Ambroise, gouverneur de la Province, accourut, se rendit à l'église pour calmer la foule ; mais voici qu'un enfant l'interrompit et cria : "Ambroise évêque !" C'était la voix du Ciel ; celle du peuple y répondit, et le temple retentit de ce cri répété avec enthousiasme : "Ambroise évêque ! Ambroise évêque !" La multitude saisit ce mot avec enthousiasme; tous, ariens et catholiques, répétaient ce mot. Ambroise protesta ; il objecta qu'il n'était que catéchumène, il se fraya un passage à travers la foule et s'esquiva en son palais ; mais la foule le suivit, déjoua tous ses stratagèmes et répéta cent fois le même cri. Il s'enfuit à cheval pendant la nuit, mais il perdit son chemin, et à son grand étonnement se retrouva le matin à son point de départ (374).
Ambroise fut le fléau des ariens, et le vaillant défenseur de la vraie foi. Dans plusieurs conciles, il confondit Priscillien, Jovinien et d'autres hérétiques.
Il défendit courageusement le christianisme contre les païens et le préfet Symmaque.
À la fin du IVe siècle, sous Théodose, le gouvernement de l'Empire était en effet toujours assumé par des païens : avec le sénateur païen Symmaque, Préfet (384), puis consul (391), et son collège Prétextat, "tout le Sénat tenait encore pour le paganisme"; Les Vestales habitaient toujours le "Temple de la Mère des dieux"... Ambroise, dut combattre pour s'opposer aux initiatives de Symmaque en faveur du culte païen; dans la polémique qui s'ensuivit, il nota que les païens devaient être satisfaits de voir les places publiques, les portiques et les bains toujours remplis des statures de leurs dieux...
Parmi toutes ses vertus, l'énergie, une fermeté tout apostolique, semble avoir été la principale. Un jour on vint lui apporter un ordre injuste signé par l'empereur Valentinien : "Allez dire à votre maître, répondit Ambroise, qu'un évêque ne livrera jamais le temple de Dieu."
Bientôt il apprit que les hérétiques ariens, soutenus par l'autorité, allaient s'emparer de deux basiliques : "Allez, s'écria Ambroise du haut de la chaire sacrée, dire aux violateurs des temples saints que l'évêque de Milan excommunie tous ceux qui prendront part au sacrilège."
Saint Ambroise fut un grand évêque, un savant docteur, un orateur éloquent. Il a l'éloquence de Cicéron et enthousiasme son auditoire.
Parmi les saints qu'il priait et affectionnait, Ambroise vouait une grande dévotion à saint Laurent. À Milan, pour récupérer les reliques des martyrs, il se fia aux inspirations divines, qui lui permirent à plusieurs reprises d'inventer des reliques, terme qui ne signifie pas qu'il les a supposées mais qu'il les a découvertes... Il retrouva ainsi Celse et Nazaire, Vital et Agricola, Gervais et Protais, qui avaient été martyrisés à la fin du IIIe siècle.
Ambroise consacra une partie de son traité De virginibus à sainte Agnès de Rome, Vierge et Martyre (304) dont il raconta la vie en s'appuyant sur des témoignages de témoins oculaires du procès, encore vivants et très âgés à la fin du IVe siècle.
Avec sainte Monique, il travailla efficacement à la conversion du grand saint Augustin.
Augustin écrira plus tard : "Ma mère ... a pleuré pour moi plus que les mères n'ont l'habitude de pleurer pour la mort corporelle de leurs enfants."
Augustin rappelle ce que saint Ambroise a dit à sainte Monique : "Femme, l'enfant de tant de larmes ne périra jamais."
On lui doit doit quelques hymnes appelée précisément "ambroisiennes". Il organisa la liturgie de son diocèse, qui est restée sous son nom jusqu'à ce jour (rite ambrosien).
C'est lui qui, d'après la tradition, a le premier réglé la forme du chant ecclésiastique (cantus ambrosianus, seu firmus). Ce n'est qu'à la fin du IVe siècle que saint Ambroise imposa, pour parler de l'assemblée dominicale (dominicum), le mot missa, messe.
Dans sa charité sans bornes, il ne craignit pas de vendre les vases sacrés de l'Église pour le rachat des captifs. Il mourut la veille de Pâques, en 397.
Tout ce qui est vrai est à nous.
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Sources
(1) L'Evangile au Quotidien ; (2) Anne BERNET, Les Chrétiens dans l'Empire romain, des persécutions à la conversion Ier - IVe siècle, Perrin, Mesnil-sur-l'Estrée 2003, p. 298, 372, 442, 453, 461, 464 ; (3) Wikipedia ; (4) Mgr Paul Guérin, Vie des saints pour tous les jours de l'année, Editions D.F.T., Saint-Etienne 2003, p. 753-754 ; (5) Fernand COMTE, Dictionnaire de la Civilisation chrétienne, Larousse In Extenso, Manchecourt 1999, p. 184-185; (6)