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Christ Roi

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14 février 2025 5 14 /02 /février /2025 08:20

Les Wisigoths sont arrivés dans la province romaine d'Hispanie au début du Ve siècle, remplaçant la domination romaine décadente. Tolède était la capitale du royaume.

Wisigoths en Espagne au VIe siècle

Wisigoths en Espagne au VIe siècle

En 710 après la mort de Wittiza, les nobles s'opposent à la transmission héréditaire de la couronne et élisent Rodrigo comme roi. Agila n'accepte pas les élections, et déclenche une guerre civile dans laquelle les nobles demandent l'aide des musulmans.

 

En l'an 711, profitant de la désunion des Wisigoths, le général musulman Tariq Ibn Ziyad  débarque avec une armée d'Arabes et de Berbères à Algésiras. Il affronte le roi Rodrigo dans les environs de la rivière Guadalete (Cadix, Andalousie) où il obtient une victoire écrasante. Les Arabes conquièrent toute la péninsule ibérique, à l'exception du Royaume des Asturies au Nord. On dit que Rodrigue fut trahi par Oppas, évêque de Séville, son frère Sisberto et d'autres partisans de Witiza. Don Rodrigo mourut dans la bataille et certains historiens indiquent que Pélage (Pelayo) était son cousin et chef de la garde personnelle du roi.

Cf. https://x.com/HumbleFlow/status/1889411112837210537/photo/1

Cf. https://x.com/HumbleFlow/status/1889411112837210537/photo/1

La conquête semble totale. Le roi wisigoth, Rodéric, est tué au combat. La noblesse restante s'enfuit ou se soumet. Mais dans les montagnes escarpées des Asturies, un homme refusa de se rendre : Pelayo. 

 

Il rassembla un petit groupe de guerriers, déterminés à résister.

Le gouverneur omeyyade d'al-Andalus, Al-Qama, ne voyait en Pelayo qu'une simple nuisance.

Le gouverneur omeyyade d'al-Andalus, Al-Qama, ne voyait en Pelayo qu'une simple nuisance.

Pélage avait moins de 300 hommes. Mais il avait quelque chose de plus puissant que le nombre : le terrain et la conviction que Dieu était de son côté.

Pélage le Conquérant (Pelayo), roi des Asturies. Début de la Reconquista

Pelayo était un noble wisigoth, fils du duc Favila — Faffila —. 

En raison d'intrigues au sein de la noblesse wisigoth, le roi Wittiza (701-710) complota pour assassiner son père. Pelayo fuit vers les Asturies, où il avait des amis ou de la famille.

Plus tard, ne se sentant pas en sécurité dans la péninsule, il se rendit en pèlerinage à Jérusalem. Il y resta jusqu'à la mort de Witiza et l'intronisation de Rodrigo (710-711), dont il était un partisan. Avec lui, il occupa le poste de comte d'espatarios ou de garde du roi et, à ce titre, il combattit à la bataille de Guadalete en avril ou mai de l'année 711. Après la bataille, il se réfugia à Tolède et, lorsque la ville tomba (714), tandis que d'autres s'enfuyaient en France, il retourna dans les Asturies, en gardant le trésor du roi wisigoth.

http://reyesmedievales.esy.es/asturiaspelayo.htm

http://reyesmedievales.esy.es/asturiaspelayo.htm

Pelayo occupait la fonction de spatien, garde personnelle du dernier roi wisigoth Don Rodrigo.

Cependant ce fait ait été remis en question par certains historiens, surtout après la publication des travaux d'Abilio Barbero et de Marcelo Vigil sur le sujet : il serait paradoxal que les Astures, qui s'étaient rebellés contre la domination gothique au temps du roi Wamba, d'accepter comme chef de la nouvelle lutte contre les musulmans un aristocrate ennemi, appartenant à un peuple qui, vingt ans auparavant seulement, avait soumis les Asturies. D'autre part, même les régions les plus romanisées, comme la Bétique et le Tarraconense opposèrent une sérieuse résistance à l'effondrement du royaume wisigoth, et la majeure partie de l'aristocratie wisigothe, représentée par des comtes comme Teodomiro ou Cassio, accepta la nouvelle domination Omeyyade en échange du maintien de son statut. Même la veuve de Rodrigo, Egilona, ​​​​a été prise comme épouse par l'un des chefs des envahisseurs, Abd al-Aziz, premier vali d'Al-Andalus. Les premières chroniques asturiennes, comme l'Albeldense, n'incluent pas la généalogie de Pelayo, bien qu'elles le déclarent fils du duc Faffila, d'ascendance gothique. Les premiers documents qui retracent un supposé arbre généalogique de Pelayo qui ferait de lui un descendant de Chindasvinto (comme l'Estoria générale d'Espagne écrite par le roi Alphonse X le Sage) datent de cinq siècles après les événements. En ce sens, l'idéologie néo-gothique qui a imprégné les règnes des rois des Asturies Alphonse II et Alphonse III a progressivement déformé les origines du royaume des Asturies : elle aurait visé à relier les origines du royaume des Asturies à l'État wisigoth, afin de légitimer les aspirations impériales des rois de León et de Castille. 

 

En fait, l'anthroponyme Pelayo n'est pas germanique (comme le sont tous les noms des rois wisigoths), mais dérive plutôt du grec Perugius  (marin en latin, un nom commun dans le nord-ouest de l'Hispanie à son époque), ce qui indiquerait une origine hispano-romaine du personnage. De plus, ce prénom était largement utilisé par les habitants du nord-ouest de l’Hispanie. Enfin, la transmission du pouvoir au sein de la monarchie asturienne se faisait selon des règles d'origine celtique, résidus d'une structure matriarcale antérieure : ainsi, l'épouse transmettait souvent les droits héréditaires à son mari, comme dans le cas des rois Alfonso I et Silo, qui accédèrent au pouvoir grâce à leurs épouses Ermesinda et Adosinda, toutes deux issues de la famille de Pelayo. Ce n'est que plus tard, à partir de Ramiro Ier des Asturies (842-850), que la succession en ligne patrilinéaire s'est définitivement imposée.(1)

 

Les historiens récents supposent que Pelayo était d'origine gothique avec de fortes racines familiales parmi les Asturiens, étant connu par les clans qui habitaient ces montagnes. 

Il y a ceux qui supposent que le duc Favila (père de D. Pelayo) appartenait à la lignée des rois Recesvinto et Chindasvinto, et qu'il possédait le duché de Cantabrie et les terres asturiennes, où Pelayo aurait vécu, en effet les chroniques attribuent des possessions de Pelayo à Siero et Piloña.
Pour cette raison, il est très probable qu'après la défaite de la bataille de Guadalete, au lieu de fuir à Narbonne (France) comme la majorité, il a fui vers les Asturies où il avait vécu et avait des parents, des amis...
Et Pelayo fut proclamé roi. (2)

 

Les premières incursions arabes dans le nord furent celles de Muza entre les années 712 et 714.

Ils entrèrent dans les Asturies par le port de Tarna, remontèrent le fleuve Nalón et prirent Lucus Asturum (Santa María de Lugo de Llanera) puis Gijón, où ils laissèrent la charge au gouverneur Munuza.

Les familles dominantes du reste des villes asturiennes capitulèrent et probablement aussi la famille Pelayo.

 

En 718, une première révolte dirigée par Pelayo eut lieu (apparemment parce que Munuza avait épousé de force sa sœur Adosinda), qui échoua. Pelayo a été arrêté et envoyé à Cordoue. Cependant, il parvient à s'échapper et à retourner dans les Asturies, où il mène un deuxième soulèvement et se réfugie dans les montagnes de Covadonga et Cangas, où la résistance se poursuit.

Il est objectivement inconcevable que, malgré sa nette infériorité, le Royaume des Asturies ait réussi à survivre.

José Javier Esparza, La grande aventure du royaume des Asturies, 2009

En 719, les Omeyyades envahirent la Septimanie, province de Narbonne, et commencèrent à attaquer l'Aquitaine franque.

 

 

En 721, ils assiégeaient Toulouse, l'un des bastions les plus redoutables de la Gaule. Mais cela se termina dans un désastre pour eux. Après trois mois d'attaques mauresques peu concluantes, le duc Othon (Eudes) d'Aquitaine défia les musulmans dans une attaque hardie et annihila leur force dans la bataille de Toulouse qui suivit.

 

La défaite contraint Al-Kalbi, le nouveau gouverneur d'Al-Andalous de trouver un moyen de remontrer le moral de ses troupes. Il décida que réprimer la rébellion dans les Asturies permettrait d'atténuer la défaite de Toulouse.

 

Les forces omeyyades dirigées par les commandants Al-Qama et Munuza entrèrent sur les terres montagneuses des Asturies au début de l'été 722.

 

Année 722, Pelayo, noble wisigoth né en Cantabrie, premier roi des Asturies, chef des rebelles asturiens, rassemble une armée.

 

Pelayo au courant de l'importance des effectifs musulmans évita la bataille rangée. Il établit la bataille à Covadonga (722), un lieu stratégique dans les montagnes des Picos de Europa, à l'entrée d'une vallée étroite près de Covadonga.

 

L'armée musulmane partit de Gijon, sous le commandement d'Al Qama, avec l'ordre de réprimer la résistance des Asturies.

 

Quand Al-Qama arriva dans la région, il envoya un émissaire à Pélage, réclamant sa reddition. Pélage refusa.

 

Al-Qama, bien que probablement conscient de la probabilité d'une embuscade fit marcher ses meilleurs hommes dans la vallée étroite. L'étroitesse du col devait empêcher les forces musulmanes d'utiliser leur supériorité numérique.

 

Le gouverneur omeyyade d'al-Andalus, Al-Qama

 

Al-Qama commandait entre 1000 et 3000 soldats. Pelayo commandait 300 asturiens et wisigoths.

 

Pelayo tira parti du terrain montagneux et plaça ses hommes en positions élevées pour tendre une embuscade. Les asturiens lancèrent des pierres, des flèches et d'autres projectiles depuis les hauteurs, surprenant et désorganisant les musulmans. 

 

Le reste de l'armée de Pélage cachée dans des grottes voisines attendit que le moment soit venu pour frapper dans une attaque brutale les envahisseurs.

 

Les musulmans tentèrent de se réorganiser et de contre-attaquer, mais le terrain difficile limita leurs mouvements.

 

Al-Qama ordonna une retraite mais l'indiscipline et l'incapacité à manoeuvrer dans la vallée étroite permirent à Pélage de massacrer la majorité des envahisseurs. Seule une poignée réussit à s'en tirer.

 

Al-Qama mourut au combat.

 

 

Le désordre s'intensifia parmi les troupes en retraite. Selon certains rapports, une poignée de survivants ont fui vers le sud, avant d'être avalés par une avalanche, ce qui a été considéré par la suite comme une intervention divine.

 

Le nombre exact de pertes est inconnu, mais on sait que ce n'était pas un bon jour pour les musulmans.

 

D'après certains chroniqueurs comme Al-maqquari, seuls dix hommes survécurent du groupe initial de Pelayo (3) (4).

 

La nouvelle de la victoire se répandit.

 

Pelayo consolida le contrôle sur les Asturies et se déclara chef d'un territoire indépendant. Il est élu roi des Asturies, fondant ainsi le premier royaume chrétien d'Espagne.

 

Covadonga encouragea d'autres peuples chrétiens du nord à résister à la domination musulmane. Et le royaume des Asturies devint un refuge sûr pour tous les chrétiens d'Al-Andalus cherchant protection.

 

Basilique de Covadonga

Basilique de Covadonga

Au cours des siècles suivants, les Asturies se sont étendues, inspirant de nouveaux royaumes chrétiens - Léon, Castille et Aragon - à se joindre à la lutte.

 

La Reconquista chrétienne commençait dans la péninsule

 

La résistance de Pélage préserva l'indépendance chrétienne en Ibérie et est considérée comme le premier acte d'un combat multiséculaire qui est devenu la Reconquista, la "reconquête" de l'Espagne. 

https://www.esferalibros.com/libros/don-pelayo/

https://www.esferalibros.com/libros/don-pelayo/

Basilique de Covadonga (1877-1901), aux alentours de laquelle, disent les chroniques, chrétiens et musulmans se sont battus en grand nombre. Cf. https://www.senderismoenasturias.es/reino.htm

Basilique de Covadonga (1877-1901), aux alentours de laquelle, disent les chroniques, chrétiens et musulmans se sont battus en grand nombre. Cf. https://www.senderismoenasturias.es/reino.htm

Les chroniques disent qu'après la défaite de Covadonga, Munuza s'enfuit avec ses forces, probablement par crainte que les habitants de Gijón ne se joignent à la révolte, ou par crainte que les troupes asturiennes qui avaient vaincu ses propres troupes ne lui donnent accès à la ville. Cependant, de nombreux villageois cantabres prirent les armes et attaquèrent les troupes restantes des Omeyyades venues en renfort, leur infligeant de lourdes pertes et rendant leur retraite longue et délicate au sein de ce labyrinthe de montagnes. Ils couvrirent près de 50 km à pied durant deux jours et deux nuits, sans cesse en butte aux embuscades. Après avoir abandonné la ville, Munuza tenta de quitter les Asturies par le port de La Mesa, tandis que les troupes victorieuses de Covadonga effectuaient des marches forcées pour lui couper la fuite vers le plateau, Munuza et ses troupes furent de nouveau vaincus et Munuza finit par trouver la mort près du village de Olalíes (Sainte Eulalie), l'actuelle Conseil de Santo Adriano. 

 

Lorsque la nouvelle de la prise de Gijón se répandit dans les pays musulmans, de nombreux chrétiens rejoignirent l'armée de Pelayo.

 

Ce sera le gendre de Pelayo, Alfonse I, fils de Pierre de Cantabrie, qui laissera des traces historiques des batailles de Pelage, notamment avec les conquêtes de la Galice en 740 et de León en 754.

Le premier drapeau des Asturies. Les Asturies adoptent la Croix comme bannière et la religion marque la différence entre l'Espagne maure de 711 et l'Espagne chrétienne qui résiste à l'invasion. Cf. https://www.senderismoenasturias.es/reibander.htm

Le premier drapeau des Asturies. Les Asturies adoptent la Croix comme bannière et la religion marque la différence entre l'Espagne maure de 711 et l'Espagne chrétienne qui résiste à l'invasion. Cf. https://www.senderismoenasturias.es/reibander.htm

Il est à noter que les musulmans étaient plus intéressés à s'étendre à travers la France, et à avancer vers le centre de l'Europe jusqu'aux batailles de Toulouse et de Tours où Charles Martel stoppa leur course vers le centre de l'Europe, qu'à dégager l'arrière des petits royaumes hostiles qui étaient isolés avant l’avancée musulmane.

Pélage le Conquérant (Pelayo), roi des Asturies. Début de la Reconquista

Le roi Pelayo mourut à Cangas de Onís, où il avait sa cour, en 737. Après sa mort, son corps fut enterré dans l'église de Santa Eulalia de Abamia , située dans la ville asturienne d'Abamia, où son épouse, la reine Gaudiosa, avait été enterrée auparavant. Dans l'église, du côté de l'Épître, on conserve encore aujourd'hui le tombeau vide qui contenait les restes du roi, et en face, le tombeau qui contenait les restes de l'épouse de Don Pelayo. Le chroniqueur Ambrosio de Morales rapporte dans son œuvre qu'Alphonse X le Sage, roi de Castille et de León, ordonna que les restes du roi Pelayo et ceux de son épouse soient transférés dans la Sainte Grotte de Covadonga.

 

Dans une cavité naturelle de la Santa Cueva de Covadonga, et insérée dans un monticule de pierre, reposent actuellement les restes du roi Don Pelayo, ceux de son épouse et ceux d'Ermesinda, la sœur du roi. L'inscription suivante est gravée sur le tombeau :

 

ICI REPOSE LE SEIGNEUR ROI DON PELAIO, ÉLU L'AN 716 QUI DANS CE BASSIN MIRACULEUX A COMMENCÉ LA RESTAURATION DE L'ESPAGNE BANNIE PAR LES MAURES ;

IL EST DÉCÉDÉ EN 737 ET ACCOMPAGNE SS MÈRE ET SŒUR

En Syrie, en 1995, on a parlé de Pelayo, "un âne non civilisé venu des montagnes qui a vaincu les musulmans". C’est un exemple de l’importance accordée à l’événement et de la manière dont il a été perçu au sein du monde musulman.

Royaumes hispaniques, lors de la découverte du tombeau de Santiago Apóstol (année 814). Cf. https://www.senderismoenasturias.es/reino.htm

Royaumes hispaniques, lors de la découverte du tombeau de Santiago Apóstol (année 814). Cf. https://www.senderismoenasturias.es/reino.htm

Douze rois asturiens succédèrent au roi Pelayo, pendant deux siècles, au cours desquels le Royaume connut des problèmes, mais parvint à étendre son territoire, dans toute la bande cantabrique et plus au sud, jusqu'à atteindre les fleuves Duero et Mondego à la fin du règne d'Alphonse III le "Grand", en 910. 

Arbre généalogique des rois du royaume des Asturies , où manque le dernier roi Alphonse III, asturien de bout en bout, bien qu'il ait finalement déplacé la cour à León, pour des raisons d'État.

Arbre généalogique des rois du royaume des Asturies , où manque le dernier roi Alphonse III, asturien de bout en bout, bien qu'il ait finalement déplacé la cour à León, pour des raisons d'État.

La légende raconte qu'après la bataille de Covadonga, Pelayo reçut une croix en bois avec laquelle il remporterait la victoire sur les envahisseurs musulmans grâce à l'intervention divine. 


Cette croix était jalousement gardée par les descendants de Pelayo, d'abord dans l' église de Santa Cruz de Cangas de Onís et plus tard dans la Sainte Chambre d'Oviedo, étant "la croix de la Victoire" , recouverte d'or et de pierres précieuses et offerte au cathédrale d'Oviedo, par le roi Alphonse III et son épouse Jimena en 908.

Sous Alphonse Ier le Catholique (739-756), la monarchie asturienne se consolide, profitant d'un moment de crise parmi les ennemis islamiques, auxquels furent confrontés les Berbères d'Afrique du Nord (que les musulmans traitaient comme les autres, bien qu'ayant combattu à leurs côtés) et les Baladís d'origine arabe orientale, les Maures se battant entre eux, ce qui les amena à abandonner le Nord.

 

Une colonisation de la Galice, de León et de la Castille du Nord la Vieja (Bardulia) commence, qui prend comme symbole ou signe d'identité du royaume la Croix Chrétienne ou Croix de la Victoire, qui unit les territoires du nord.

 

Alphonse créa un désert stratégique ou défensif entre le Royaume des Asturies et le Royaume musulman du sud "Champs Gothiques" (une zone de la Vieille Castille), en évitant les attaques surprises, pour cela il pilla et dévasta une vaste zone entre les deux royaumes, tuant les musulmans et amenant les Mozarabes chrétiens de ces terres vers le nord, qui furent repeuplées, il restaura les anciennes forteresses du nord dans des zones stratégiques, comme Pajares, La Mesa , La. Bureba (Burgos), La Rioja, etc.

 

Il fit la guerre aux Sarrasins accompagné de son frère Fruela Pérez, élargissant ainsi le territoire. Il ordonna la construction du premier sanctuaire dans la grotte de Covadonga et du monastère de San Pedro de Villanueva, sur le versant de la montagne où mourut Favila, ses conquêtes s'étendant de la côte cantabrique jusqu'au sud du fleuve Duero.

 

Il dépeupla les terres conquises sur le plateau castillan, pour établir un "désert stratégique" et emmena ses habitants vers le nord, incorporant Liébana, Trasmiera, Vardulias et la zone côtière de Galice dans son royaume. (5)

Alphonse II "Le Chaste" (791-842), dernier descendant direct de Pelayo qui occupa le trône du royaume des Asturies, vécut jusqu'en 842, soit 83 ans; c'est l'un des règnes les plus longs de l'histoire de l'Espagne, ce qui lui permet de réaliser un programme politique, consolidant et organisant à la fois le royaume et l'Eglise, créant le siège métropolitain d'Oviedo, avec ADAULFO, premier évêque d'Oviedo, une évocation du modèle de la ville royale de Tolède, d'une conception urbaine, avec des églises et des palais, des thermes, la construction de murs de protection pour la population et des symboles de la ville comme des palais, bureaux administratifs, etc.

 

Il construisit des temples (à Compostelle la première église sur laquelle se trouve la cathédrale actuelle, à Oviedo San Salvador avec de la pierre et de la chaux ; basilique de San Tirso... etc.), des ouvrages admirables. Dans la première moitié du IXe siècle, il fit construire dans son palais une chapelle qui devint plus tard la Chambre Sainte (patrimoine mondial) lorsque les reliques de Jérusalem y furent déposées, améliorées et embellies au XIIe siècle.

 

C'est une époque qui coïncide avec la découverte du tombeau de l'apôtre Saint-Jacques, près d'Iria Flavia en 810.

 

Il fit face aux attaques musulmanes les plus dures, gardant les frontières intactes.

Pélage le Conquérant (Pelayo), roi des Asturies. Début de la Reconquista

En 825, il écrasa deux armées de musulmans sur les terres galiciennes, consolidant son royaume et, se sentant en sécurité, il commença la recherche du tombeau de l'Apôtre, qu'il soit réel ou non, ce fait cache une manœuvre politique qui renforce le royaume et l'indépendance religieuse (Compostelle) face à l'église mozarabe de Tolède.


Il échangea des ambassadeurs avec Charlemagne et se maria tardivement, grandement influencé par lui. Dans la mémoire historique du Royaume, le panthéon des rois d'Oviedo est l'un des plus anciens d'Occident...

 

Sous Alphonse II, la croix devient un "symbole et une image du pouvoir royal".

 

Alphonse II chercha une alliance avec l'empereur franc Charlemagne, pour unir leurs forces contre l'ennemi musulman commun.

 

En 795, après la victoire d'Alphonse II à Lutos sur le général arabe Abs al-Malik ben Mugait et son armée, eut lieu la première rencontre documentée entre les envoyés de Charlemagne (742-814) et Alphonse II, dont on parle dans "La Vie de Louis le Pieux", écrit en 840, par un auteur connu sous le nom de "l'Astronome", après avoir offert des cadeaux et un pacte d'amitié.

 

Alphonse II favorisa la construction de monuments préromans et de pièces d'orfèvrerie, etc. Certains d'entre eux sont conservés :

San Julián de los Prados ou Santullano à Oviedo. Site du patrimoine mondial
L'église de San Tirso à Oviedo, à côté de la cathédrale.
L'église de Santa María de Bendones.
Église de San Pedro de Nora (Las Regueras).
Chambre Sainte d'Oviedo. Site du patrimoine mondial
L'Arche Sainte
La Croix des Anges. En 808, Alphonse II fit don de la Croix de Los Angeles à l'église de San Salvador d'Oviedo, conservée dans la Sainte Chambre (site du patrimoine mondial).

 

L'épitaphe qu'Alphonse II avait gravée dit : "Celui qui a tout fait en paix, reposait en paix". Il est censé faire référence à votre paix intérieure...

Alphonse III "le Grand" (866-910)

fut l'un des rois les plus importants de l'histoire de l'Espagne, le dernier roi des Asturies, où reposent ses restes. 
Il promeut le faste culturel, avec la publication d'études historiographiques, encouragée par la cour. Le cycle des chroniques asturiennes d'Alphonse III comprend trois pièces :

  • La Chronique d'Albeldense
  • La Chronique prophétique
  • Et la Chronique d'Alphonse III dans ses deux versions :. le Rotense et l'annonce Sebastianum.

Il épousa la Navarraise Jimena et combattit à de nombreuses reprises contre les musulmans, remportant de nombreuses batailles.
Pendant son règne, l'idée de la reconquête de l'ancien royaume wisigoth de Tolède, détruit par l'invasion musulmane, fut formulée comme un programme politique, un projet qui fut maintenu pendant des siècles jusqu'à la récupération totale de tout le territoire espagnol.

En 908, Alphonse III fit don de la Croix de la Victoire, réalisée dans le château de Gauzón, à l'église de San Salvador d'Oviedo. À l'intérieur, sont conservés les restes de la croix que Pelayo portait à Covadonga.

En 1492, le dernier bastion musulman en Espagne, Grenade, tombera aux mains du roi Ferdinand et de la reine Isabelle.

Pélage le Conquérant (Pelayo), roi des Asturies. Début de la Reconquista

Aujourd'hui, Covadonga est un symbole de résistance et de foi.  

Pélage le Conquérant (Pelayo), roi des Asturies. Début de la Reconquista

Si Pelayo avait échoué, l’Espagne serait-elle redevenue chrétienne ? L’Europe serait-elle restée la même ? (6)

Pélage le Conquérant (Pelayo), roi des Asturies. Début de la Reconquista

***

Sources

 

(1) Harold S. WHITMORE, Légendes de guerre, Les 100 batailles qui ont changé l 'histoire

https://www.tiktok.com/@legendesdeguerre/photo/7432237249753894177?is_from_webapp=1

(2) https://www.senderismoenasturias.es/reipelayo.htm

(3) Teresa GARULO, « Notas sobre muyun en al-Andalus. El capítulo VII del Nafh al-tib de al-Maqqari [archive] », Madrid, Complutense University of Madrid, 

Maria Dolores RODRÍGUEZ GÓMEZ et Antonio PELÁEZ ROVIRA BÁRBARA BOLOIX GALLARDO, "Saber y poder en al-Andalus Ibn al-Jatib (s. XIV)", Ediciones El Almendro Biblioteca Viva de al-Andalus – Fundación Paradigma Córdoba, Córdoba,‎ 

https://x.com/HumbleFlow/status/1889411334233612686

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24 janvier 2025 5 24 /01 /janvier /2025 00:00
Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 62.

Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 62.

Rien n'est plus fort que la douceur ; rien n'est plus doux que la vraie force.

St François de Sales

François de Sales naquit au château de Sales, en Savoie, en 1567. Issu d’une vieille famille aristocratique du duché de Savoie, il choisit le chemin de la foi. Consacrant sa vie à Dieu, il renonça à tous ses titres de noblesse. Le futur saint était l'aîné de six frères et sœurs.

 

Lors de son baptême, il reçut le prénom de "François" en vénération pour François d'Assise.

 

Après ses premières années d'études, on l'envoya au collège des jésuites à Paris.

 

François aimait aller prier devant l'image de Notre-Dame de Bonne-Délivrance, dans l'église aujourd'hui détruite de Saint-Étienne des Grès à Paris; ce fut là qu'il fit voeu de chasteté, et qu'il recouvra miraculeusement la paix de son âme, troublée par une horrible tentation de désespoir. En souvenir sera érigée en 1692 une chapelle Saint-François-de-Sales dans cette église (l'une des plus anciennes églises de Paris, fondée par Saint Denis, qui, malheureusement, sera détruite par les vandales révolutionnaires en 1792).

 

Après avoir fait son droit à Padoue, François embrassa l'état ecclésiastique. [1]

Saint François de Sales, évêque et Docteur de l'Eglise (+1622) Nommer ce saint, c'est personnifier la vertu de douceur ; il fut le saint aimable par excellence et, sous ce rapport particulièrement, le parfait imitateur de Celui qui a dit : "Apprenez de Moi que Je suis doux et humble de cœur." [2]

 

"Écartant le rigorisme desséchant d'une certaine Église, ce grand maître fut, comme d'aucuns l'ont dit, le 'saint de la douceur de Dieu', indulgent à l'égard de la faiblesse humaine, en un temps où le Dieu des chrétiens était encore le Dieu de l'Ancien Testament." [3]

 

Jeune homme, il mena la vie des anges. Prêtre, il se montra digne émule des plus grands apôtres, par ses travaux et par les innombrables conversions qu'il opéra parmi les protestants. Évêque, il fut le rempart de la foi, le père de son peuple, le docteur de la piété chrétienne, un Pontife incomparable. 

 

"On disait communément, écrit sainte Jeanne de Chantal, qu'il n'y avait pas de meilleur moyen de gagner sa faveur que de lui faire du mal, et que c'était la seule vengeance qu'il sût exercer." -- "Il avait un cœur tout à fait innocent, dit la même sainte ; jamais il ne fit aucun acte par malice ou amertume de cœur. Jamais on n'a vu un cœur si doux, si humble, si débonnaire, si gracieux et si affable qu'était le sien."

 

Les armes de François de Sales étaient celles de l'amour. C'est d'ailleurs l'une de ses devises : 

 

Rien par force, tout par amour.

François de Sales incarna de façon exemplaire, au cours d'une existence souvent harassante, les plus hautes vertus évangéliques au point d'être appelé le Docteur de l'amour. [4]
 

 

Reconstituons le contexte historique quelques années avant la prise de fonction de François. Berne, en Suisse, qui s'était déclaré pour la Réforme en 1528, dépêcha plusieurs "évangélistes" à Genève en 1530 (tels que Ami Perrin, Malbuisson, Clauder Roger et surtout Farel). La religieuse Jeanne de Jussie, du couvent de Sainte-Claire, relata ainsi les troubles qui secouèrent Genève à partir de l'arrivée des troupes et des "évangélistes" bernois : "Et le jour de Monsieur Saint François (d'Assise), un mardi [1530], à dix heures du matin, arrivèrent à Morges les fourriers des Suisses pour prendre logis pour l'armée. Le mercredi, jeudi et vendredi, arrivèrent les troupes des deux cantons de Berne et Fribourg, audit Morges, et firent de grands maux... ils commencèrent à piller, dérober, à fourrager les pauvres gens, et ne laissèrent blé, vin, chair ni meubles par les maisons et châteaux des nobles, et puis brûlèrent tout, qui ne fut pas petite perte... Non contents encore, ces hérétiques rompirent la sacristie et toutes les armoires... et prirent tous les ornements qu'ils trouvèrent et emportèrent tout avec l'horloge du couvent, toutes les couvertures et linges des frères, tellement qu'il ne resta chose aucune... Et tous les prêtres [catholiques] qu'ils trouvaient portant longue robe la leur ôtaient, les dépouillaient et battaient, à toutes les images qu'ils trouvaient tant en plate peinture (fresque) qu'en tableaux, ils leurs crevaient les yeux avec la pointe de leurs piques et épées, et crachaient contre... ils brûlèrent tous les livres, tant de la chanterie qu'autres..."

 

"Le lundi, environ midi [1530], l'armée entra dedans Genève, poursuit soeur Jeanne de Jussie; ils menaient dix-neuf grosses pièces d'artillerie... Les luthériens se firent ouvrir l'église cathédrale Saint-Pierre. Le prédicateur Guillaume Farel se mit en chaire et prêchait en langue allemande. Ses auditeurs sautaient par-dessus les autels comme chèvres et bêtes brutes... Ces chiens abattirent l'autel de l'Oratoire et mirent en pièces la verrière où était en peinture l'image de monsieur Saint Antoine... Ils rompirent aussi une belle croix de pierre... et au couvent des Augustins rompirent plusieurs belles images, et au couvent des Jacobins rompirent de belles croix de pierre...

 

Au mois d'août 1532, les hérétiques firent descendre les cloches du prieuré de Saint-Victor, et puis abattre jusqu'au fondement tout le monastère. En ce même mois, le jour de la Décollation de Saint Jean Baptiste, ils abattirent une petite et fort jolie église de Saint Laurent, et fut aussi abattue l'église de Madame Sainte Marguerite... 

 

L'an 1534,... la veille de Pentecôte, à dix heures de nuit, les hérétiques [luthériens] coupèrent les têtes à six images [statues] devant la porte des Cordeliers, puis les jetèrent dans les puits de Sainte-Claire. Le jour de la Saint-Denis fut découverte [le toit démonté] l'église paroissiale de Saint-Léger hors la ville, et puis entièrement rasée et abattue, et tous les autels rompus et mis en pièces. [5]

 

(En 1535) Expulsion des soeurs de Sainte-Claire. Le dimanche dans les octaves de la Visitation vinrent les syndics [réformés]... Le syndic ordonna à la mère abbesse d'ouvrir les portes (les Soeurs de Ste Claire ou Clarisses appartenaient à un ordre cloîtré). [L]es soeurs s'étant assemblées, Farel les harangua, ... vantant le mariage, la liberté. La mère abbesse l'arrêta mais fut expulsée. Le jour de monsieur saint Barthélémy, vinrent grandes compagnies tous en armes et bien embâtonnées [bien armés] et de toutes sortes d'armes.... ils vinrent heurter à la grande porte du couvent Sainte-Claire. La porte une fois ouverte, le chef de la troupe ordonna aux soeurs 'de par messieurs de la ville que plus ne dites aucun office, haut ni lus, et de ne plus ouïr la messe'. Il fut convenu entre la mère abbesse et le syndic que les soeurs quitteraient le couvent sans rien emporter... Le syndic promit de les conduire à la porte de la ville, sous bonne garde. La sortie se fit alors tant bien que mal, car plusieurs des soeurs étaient âgées et malades. ... Parties de Genève à cinq heures du matin, elles arrivèrent à Saint-Julien en fin de journée, où elles purent prendre du repos, avant de rejoindre Annecy, où le duc de Savoie leur avait fait préparer un couvent.

 

Le 5 août [1535], il (Farel) prêcha à Saint-Dominique et le 8 à Saint-Pierre. Après chacun de ses prêches, la foule de ses partisans abattit les statues et les croix, renversa les autels et les tabernacles, brûla les reliques et jeta les cendres au vent. [6]

Pierre de la Baume, le dernier évêque résidant avait quitté Genève le 1er octobre 1535, après que les syndics eurent publié un décret (le 27 août) par lequel ils ordonnaient 'que tous les citoyens et habitants eussent à embrasser la religion protestante, abolissant entièrement et absolument celle de la catholique'".

 

La théocratie genevoise

"Le 3 avril 1536, il fut donné un mois aux prêtres catholiques pour qu'ils se convertissent et, en attendant, il leur fut interdit de 'se mêler de dire la messe, de baptiser, confesser, épouser [marier]'. Le 5 avril, pareille défense fut faite aux chanoines. Enfin, le 21 mai 1536, 'le peuple réuni en Conseil général, adhérait unanimement à la Réforme religieuse'. En juin 1536, le Conseil abolit la célébration des fêtes, à l'exception du dimanche. Genève était une ville protestante".[7] La ville, dont l'évêque a été chassé, est devenue une république.

 

Le 2 novembre 1536, le bailli de Lausanne, jugeant que les réformés l'avaient emporté, se mit à la tête d'une troupe d'archers et fit le tour des paroisses du lausannois, 'parcourant les campagnes, rasant les chapelles, renversant les autels et abattant les croix... aux cris de 'À bas les papistes'". [8]

 

Appelé à Genève en 1536, Calvin en fut banni deux ans après, mais il y fut rappelé en 1540. Il exercera alors l'influence la plus absolue, faisant reconnaître comme loi d'État un formulaire réglant les principaux articles de foi. "De lourdes amendes punirent les catholiques qui restaient chez eux au lieu d'aller au prêche; harassés, traqués, les fidèles se lassèrent, beaucoup se soumirent pour avoir la paix. La Réforme, assez vite, régna en maître dans le Chablais." [9]

 

Fondateur de la théocratie genevoise, Calvin forge toute la future démocratie européenne. Du fer antique : l'Ancien Testament - la Loi, il forge une nouvelle Jérusalem terrestre. Calvin confond simplement la nouvelle Sion avec l'ancien Sinaï. Il ne voit pas ou ne veut pas voir la loi nouvelle de l'Évangile par rapport à l'Ancien Testament, à la Loi. "La fin de la loi est le Christ", dit l'apôtre Paul (Rom 10:4); "La fin du Christ, c'est la Loi", aurait pu dire Calvin.

"Composé de pasteurs et de laïcs (les "Anciens"), un consistoire est notamment chargé de la surveillance de la vie privée des citoyens. Jeux, spectacles, bals, chansons et tavernes sont interdits, toute infraction morale (adultère, violence, impiété) étant considérée comme un crime." [10]

 

"La profession de foi de 1536 doit être jurée par les habitants. [...] Pour Luther, la volonté humaine ne pouvait que faire le mal, pour Calvin, elle ne veut que le mal et sa responsabilité est entière.

[...] Dieu prédestine au salut (Traité de la prédestination, 1552).

Calvin fait exiler ses contradicteurs, l'humaniste Castellion, en 1544, le pasteur Bolsec, qui rejetait la prédestination, en 1551." [11]

 

Le 12 novembre 1537, le Conseil ordonne à tous ceux qui avaient refusé de jurer la Réformation [accepter le formulaire] de quitter la ville.

 

"Calvin inféode l'Église à l'État" : "Les seigneurs sont des dieux. Le peuple est Satan". Il "fait de l'État le serviteur et l'instrument de l'Église. À Genève il proscrit les jeux et le théâtre, impose l'assistance aux sermons, détermine les prénoms permis, règle la coupe des habits. [...] Les huguenots (de l'allemand eidgenosse, lié par serment), les huguenots de religion se transforment en huguenots d'État. [...] [L]'Église calviniste devient une coalition d'idées et d'intérêts, un parti et une armée." [12]

 

"Tous doivent prêter serment au nouveau Credo; ceux qui y manqueraient seront chassés de la ville; car, [...] l'Église, 'Cité de Dieu', et l'État, 'Cité des hommes', dans l'action, ne font qu'un, aux yeux de Calvin. Être ou ne pas être dans l'Église signifie être ou ne pas être dans l'État. Les dizenniers, ou hommes du guet, font irruption dans les maisons et traînent le peuple, par groupe de dix, à la prestation de serment.

"Plusieurs Eidgnots firent remarquer, en se gaussant, que Farel et Calvin 'qui étaient venus pour faire triompher le libre examen [la liberté de conscience] l'étouffaient à la première manifestation de dissidence'. Quelques-uns d'entre eux allèrent jusqu'à se moquer des 'deux papes qui étaient apparus pour ressusciter la lettre et qui l'emprisonnaient après la lutte de Lausanne.' Très vite ces propos se répandirent dans Genève, et firent rire, le peuple ne tarda pas à appeler leurs auteurs des libertins (car ils défendaient la liberté de penser), et le surnom leur resta ; injure qui devait bientôt se propager et dont on allait flétrir tout individu qui jouerait aux dés, qui n'aurait point éteint sa lumière après le signal du couvre-feu, qui boirait pendant les offices, danserait le dimanche, critiquerait les actes du syndic, ou garderait une image [pieuse] au logis.' (J.M. Aulin)." [13]

 

Après la théocratie de l'Ancien Testament, ici, à Genève, se manifeste à nouveau non pas un homme sacré, mais un peuple sacré; le but de l'État et de l'Église devient non plus la sainteté individuelle, mais la sainteté commune. 'Vous êtes un genre élu, une sainteté royale, un peuple saint.' (I P 2:9), dit Calvin aux Genevois. La ville grouille de limiers, dénommés 'Gardiens', dont l'oeil, tel 'l'oeil qui voit tout', pénètre partout (Ordonnances Ecclésiastiques de 1541). On ne juge pas seulement les actes, mais aussi les pensées et les sentiments. Toute tentative, même la plus secrète, de s'élever contre le 'Règne de Dieu', est soumise, en tant que 'trahison envers l'État', aux plus féroces châtiments de la loi: au fer et au feu. Tout le peuple genevois deviendra une sorte de Prisonnier de Chillon, et la Théocratie de Calvin - une ténébreuse prison souterraine dans l'azurée lumière du Léman." [14]

 

Calvin va plus loin que Luther : le salut est offert aux uns, refusé aux autres (Traité sur la Prédestination, 1552). En outre, la volonté humaine est totalement corrompue et l'homme ne peut sortir de cette corruption par aucune oeuvre. Seule la foi peut le sauver. "Ainsi, ... du plus profond pessimisme, le calvinisme débouche sur un certain orgueil, celui d'appartenir à une élite, d'être une sorte de nouveau peuple élu, donc d'être investi d'une mission de régénération du monde.

[...] La marque calviniste, même si elle déborde le milieu protestant, est présente dans la manie moderne de tout remettre en question, dans l'interventionnisme moralisateur à propos de tout, [...] dans ce besoin de décerner des bons et des mauvais points aux quatre coins du monde, dans ces discours politiques qui prennent souvent le ton du prêche. [...] Les conformismes qui pullulent aujourd'hui, dont celui du 'politiquement correct', voire du 'sexuellement correct', ne sont pas étrangers à l'influence protestante dans les milieux de la politique ou de l'édition", résume A. Richardt. [15] 

 

De 1541 à 1546 seulement, 76 citoyens sont bannis, et 58 genevois sont envoyés au bûcher par Calvin. [16] Ce qui fait quasiment une personne de la ville envoyée au bûcher tous les mois en cinq ans.

 

Les prisons étaient pleines de délinquants. Aimé Richardt, donne des "exemples de la tyrannie mesquine qu'exerçaient les ministres protestants" à Genève. "C'est ainsi que, en date du 20 mai 1537, nous trouvons : 'Une épouse étant sortie dimanche dernier avec les cheveux plus abattus [plus tombant sur les épaules] qu'il ne se doit faire, ce qui est un mauvais exemple et contraire à ce qu'on évangélise, on fait mettre en prison la maîtresse, les dames qui l'ont menée et celle qui l'a coiffée.'

 

Un autre jour, on saisit à un pauvre diable un jeu de cartes. 'Que va-t-on faire du coupable? Le mettre en prison?' La peine eût été trop douce aux yeux de Calvin. On le condamna donc à être exposé au pilori, son jeu de cartes autour du cou."

[...] Les rieurs ne manquèrent pas de protester... L'un demandait 'où le Saint-Esprit avait marqué dans l'Écriture la forme des coiffures des femmes?'. ... Un autre voulait savoir si la barbe de bouc que portait Farel ressemblait à celle d'Aaron !" [17]

 

Dmitri Mèrejkovski donne d'autres exemples de cette tyrannie : 

- un marchand fort connu, fut condamné à mort pour fornication; il monta sur l'échafaud en remerciant Dieu de ce qu'il allait être exécuté "suivant les lois sévères, mais impartiales de sa patrie";

- Le libertin athée Jacques Gruet fut le premier à être décapité le 26 juillet 1547, après avoir été torturé matin et soir, pendant un long mois, du 28 juin au 25 juillet. Sa tête fut clouée au pilori sur le Champel pendant de longs jours. La flamme des bûchers s'éleva.

Lors de la peste de 1543 à Genève, on brûla quinze sorcières; les sorciers, on les châtiait avec 'une plus grande sévérité' : après des tortures inouïes, on les écartelait ! Plusieurs s'étranglaient dans leur cachot pour échapper à la question.

On brûla également le médecin et ses deux aides de l'hôpital des pestiférés. Le 'Règne de Dieu' à Genève équivalut au règne du diable à Munster.

[...] En novembre 1545, les pasteurs de Genève faisant jeter au feu une de leurs fournées de sorcières, Calvin requit les Conseils de la ville, de 'commander aux officiers de la dicte terre de faire légitime inquisition contre telles hérégies, afin de extyrper telle rasse de la dicte terre.'" [18]

 

En 1555. Deux bateliers, les frères Comparet furent soumis à la question et condamnés à mort. "Je suis certainement persuadé que ce n'est pas sans un spécial jugement de Dieu qu'ils ont tous deux subi, en dehors du verdict des juges, un long tourment sous la main du bourreau" (le fer ayant glissé sur leurs vertèbres). Après l'exécution, les corps des deux frères, suivant la sentence, furent écartelés et l'une des quatre parties de chaque corps, fut clouée au pilori, devant la porte Cornavin, afin que quiconque pénétrait dans la ville sût ce qu'il en coûtait de ne pas se soumettre à la parole de Dieu ou à celle de Calvin.

 

Le 15 septembre 1555, sur le Champel, fut mis à mort ce même Berthelier qui, trois ans auparavant, presque à la veille de l'affaire Servet, avait causé un soulèvement des plus dangereux pour Calvin. Debout au pied de la chaire où prêchait Calvin, des indicateurs observaient la manière dont les gens l'écoutaient.

 

Deux personnes furent arrêtées parce qu'elles sourirent quand quelqu'un tomba, endormi, de son banc; deux autres, parce qu'elles avaient prisé.

 

On jeta en prison celui qui avait dit : "Il ne faut pas croire que l'Église soient pendue à la ceinture de maître Calvin!" On faillit brûler une vieille femme comme sorcière parce qu'elle avait regardé Calvin trop fixement.

 

Calvin est le maître à penser de la cité. "Je vous défends d'obéir au pape, répète-t-il, mais je veux que vous obéissiez à Calvin."

 

Une jeune femme fut condamnée à l'exil perpétuel parce qu'elle avait prononcé en sortant de l'Église : "Il nous suffit bien ce que Jésus-Christ a prêché !" 

 

Deux enfants, qui avaient mangé pour deux florins de gâteaux sur le parvis de l'église, furent fouettés des verges. On était jeté en prison pour la lecture de Amadis; pour le port de chaussures à la mode et de manches à gigots; pour trop bien tresser la chevelure, ce dont Dieu se trouvait 'grandement offensé'; pour un coup d'oeil de travers; pour avoir dansé ou avoir simplement regardé d'autres le faire. Plusieurs personnes qui avaient ri pendant un de ses prêches (de Calvin) furent jetées en prison.." [19] 

 

Le 3 juin 1555. "Ami Perrin fut condamné (ainsi que ceux des libertins qui s'étaient enfuis avec lui, Philibert Berthelier, Michalet, Vernat) par contumace, à avoir 'le poing du bras droit duquel il a intenté aux bâtons syndicaux coupé.' Il sera ensuite décapité puis 'la tête et le dit poing seront cloués au gibet et les corps mis en quatre quartiers (Annales Calviniani, O.C., 21, p. 608)."

 

"Les deux Comparet [...] qui, après avoir eu les têtes décapitées, furent mis en quartiers et les quartiers pendus chacun à une potence, aux quatre coins des franchises de la ville, et la tête d'un chacun d'eux avec l'un des quartiers. [...] L'on ne fit que couper les têtes à (François-Daniel) Berthelier et au Bastard [Claude Genève] sans les écarteler; la tête de Berthelier et son corps demeurèrent au gibet, aussi fut le corps du Bastard, mais sa tête fut clouée à un chevron sur la muraille du Mollard." [20]

 

L'épisode le plus connu de ces dérèglements meurtriers est celui de Michel Servet. Ce médecin aragonais professait publiquement que Dieu n'était pas trinitaire. Ignorant le ressort intime du régime de la ville-église, il eut l'audace d'en discuter avec le maître qui l'envoya brûler en 1555.

 

En 1594, le jeune François de Sales s'écriera :

C'est par la charité qu'il faut ébranler les murs de Genève, par la charité qu'il faut la recouvrer... il faut [les] renverser par des prières ardentes et livrer l'assaut par la charité fraternelle. [21]

Saint François de Sales, évêque et Docteur de l'Église († 1622)

Et dans son Introduction à la vie dévôte (III 23), en 1608, il dira : "Qui a gagné le cœur de l’homme a gagné tout l’homme."

Et "Bénis les coeurs tendres, car ils ne se briseront jamais."

"La mesure de l'amour est l'amour sans mesure."

 "L'amour ne nous trouvant pas égaux, il nous égale ; ne nous trouvant pas unis, il nous unit." (Traité sur l'amour de Dieu, 1616) 

 

Luther et Calvin "demandent" une Réforme extérieure. Saint François de Sales et l'Église catholique répondent par une Réforme intérieure.

En 1602, n'ayant rien dit dans ses sermons contre le calvinisme, François écrira encore : "Voyez-vous, ce sermon-là [sur le Dernier jugement] qui ne fut point fait contre l'hérésie respirait néanmoins contre l'hérésie, car Dieu me donna lors cet esprit en faveur des âmes. Depuis, j'ai toujours dit que qui prêche avec amour prêche assez contre les hérétiques, quoiqu'il ne dise un seul mot de dispute contre eux![22]

 

Le règlement de vie intérieure et de vie extérieure

 

En 1591, il avait rédigé sur les conseils de son confesseur, un 'règlement de vie intérieure et de vie extérieure', dont il observera l'esprit jusqu'à sa mort. Ce règlement est divisé en quatre parties:

l'exercice de préparation, qui consiste à "se prescrire au début de chaque journée l'acte mêlé de réflexions et de prières". François le jugeait indispensable, écrivant : "la prescription est comme un fourrier [préparateur] à toutes nos actions... Je la préférerais toujours à toute autre chose ..."

Fixer les exercices de piété qui doivent ponctuer la journée d'un étudiant chrétien en commençant la journée par une action de grâce "avec ces paroles du Psalmiste royal, David : Dès l'aube, vous serez le sujet de ma méditation."

Le repos spirituel ou l'"exercice du sommeil". "Comme le corps a besoin de prendre son sommeil pour délasser et soulager ses membres travaillés [fatigués], de même est-il nécessaire que l'âme ait quelque temps pour sommeiller et se reposer entre les chastes bras de son céleste Époux, afin de restaurer par ce moyen les forces et la vigueur de ses puissances spirituelles...."

Règles pour les conversations et rencontres. Cette dernière partie du règlement de vie intérieure cherche "à établir la liaison entre la vie du monde et la perfection chrétienne." C'est un thème que François reprendra dans son Introduction à la Vie dévôte (1608), l'une des œuvres majeures de la littérature Chrétienne. François établit la manière dont il entend régler ses relations avec ses semblables : "Je ne mépriserai jamais ni ne montrerai signe de fuir totalement la rencontre de quelque personne que ce soit... Surtout je serai soigneux de ne mordre, piquer, de me moquer d'aucun... J'honorerai particulièrement chacun, j'observerai la modestie, je parlerai peu et bon..." [23]

 

 

Charité en actes et bonnes oeuves : La foi mise en application

 

Saint François de Sales mettait en application ce qu'il prêchait. Évêque, il recommandera, une fois pour toutes, à ses domestiques, de prendre garde à ne renvoyer aucune personne qui demandait à lui parler... "Il recevait toujours chacun avec un visage doux et gracieux... quand ceux de sa maison, pour le détourner de tant recevoir, lui parlaient des rusticités et des insipidités d'autrui, il répliquait : et nous, que sommes-nous? Mgr de Sales recevra en cachettes les pauvres honteux, et nourrira beaucoup de personnes qui n'osaient mendier leur pain (Ier Procès, t. II et t. III, art. 46 et 27).

 

Ces activités charitables terminées; François prenait plaisir à se promener dans sa ville, s'arrêtant ça et là pour donner quelques pièces aux pauvres. Il s'arrêtait pour visiter les malades et des infirmes, puis se rendait à l'hôpital, où il donnait sa bénédiction aux plus proches de l'agonie. Après cela, il allait à la cathédrale pour y entendre des confessions, et s'en revenait paisiblement à sa maison. Encore quelques audiences, quelques lettres, et c'est enfin le recueillement du soir, suivi d'une légère collation, dont il s'abstenait le vendredi et le samedi. Puis François de Sales disait son chapelet à la Vierge Marie, "ne se couchant jamais, fût-il onze heures, minuit, qu'il n'eût satisfait à cette obligation à laquelle il employait une heure de temps" (1er Procès, t. II, art. 33) [24]

 

Le mercredi 14 septembre 1594, en la fête de l'Exaltation de la Sainte Croix, accompagné de son cousin Louis de Sales, François se mit en route pour la forteresse des Allinges, où il avait l'intention de s'installer dans un premier temps. Partout la route était "bordée de débris de calvaires épars dans les haies; des potences élevées à la place des croix; l'église de Boringe, l'église d'Avully démolies de fond en comble, l'église de Bons, transformée en un temple calviniste; l'église de Saint-Didier, celle de Fessy, celle de Lully, abandonnées, les portes grandes ouvertes, les voûtes crevées.. Les autels renversés, tous les presbytères en ruines. Plus un son de cloche nulle part... Et les gens du pays qui voyaient passer ces deux voyageurs en soutane, harassés, couverts de poussière, leur jetaient des regards de haine..." [25] Très vite, devant l'ampleur de la tâche, les deux cousins se partagèrent le travail : Louis évangélisera, avec la colline d'Allinges, les paroisses qui l'avoisinent... François concentrera ses efforts sur Thonon, centre de l'erreur. [26] 

Resté seul, il décida de prêcher presque tous les jours de la semaine, développant les vérités rejetées par les hérétiques, telles que l'origine divine de l'Église catholique, la réalité de l'Eucharistie et de la Messe. Peu à peu son auditoire s'accrut pour atteindre une douzaine, tous anciens catholiques devenus calvinistes par la force des choses.

La réaction des autorités réformées ne se fit pas attendre. Les principaux de Thonon [les chefs calvinistes] ayant assemblé leur conseil, se sont jurés que ni eux ni le peuple n'assisteraient jamais aux prédications catholiques... Loin de se décourager, François proposa de "rétablir la célébration du Saint Sacrifice [la Messe] le plus tôt qu'il pourra, afin que l'homme ennemi voie que, par ses artifices, il nous donne du courage au lieu de nous l'enlever." [27]

La besogne est rude, "les gens ont peur, le prêtre papiste est à l'index, et l'oeil de Genève surveille tout." [28]

 

 

Le 8 janvier 1595, François fut attaqué par un homme qui s'"est promis de le tuer et de porter sa tête à Genève"; miraculeusement, le mousquet de l'assassin fit long feu et l'homme s'enfuit.

Une autre atteinte se produisit un soir de février 1595. Accompagné de trois autres personnes, François remontait paisiblement vers la forteresse des Allinges lorsque deux hommes surgirent d'un buisson, et s'avancèrent vers lui, l'épée à la main. Sans perdre son sang-froid, le pieux missionnaire alla à eux et leur parla. Stupéfaits, les assaillants lui dirent qu'on les avait payés pour le tuer..., puis ils s'enfuirent. [29]

 

En juin 1595, l'abjuration de Poncet fit enrager les calvinistes, qui, selon Favre, étaient allés jusqu'à prétendre que "le prêtre papiste était un magicien qui veillait la nuit pour pratiquer des sortilèges sur la personne du converti". Les choses s'envenimèrent très vite, au point qu'un huguenot affirma par serment public avoir vu François au sabbat, dont il portait la marque, et dans les assemblées nocturnes des sorciers. Ce bruit courut tellement qu'on ne parlait que de tuer et de brûler les papistes... [30]

Dans le même temps, François inaugure une série de prédications sur l'Eucharistie, s'attaquant de front aux thèses des protestants (Luther rejetait la Transsubstantiation, n'admettant qu'une consubstantiation; Zwingli n'admettait qu'une présence figurative, et Calvin niait toute présence du Christ dans l'hostie).

En décembre 1595, le petit troupeau dépasse largement la centaine ! Mgr Trochu écrit : "Il y avait maintenant [à la fin 1595], dans la partie protestante de Chablais, environ 300 catholiques, dont 200 avaient été gagnés, un par un, en l'espace de quinze mois".[31]

"Le Chablais comptait 15 catholiques à Thonon en 1594. Ils sont plus de 25 000 en 1600." [32]

 

Cette situation déplaisait fort aux syndics [conseillers municipaux] de Thonon. Constatant que les tentatives de harassement du missionnaire (jets de pierre, insultes, accusations de sorcellerie...) avaient échoué, ils décidèrent de se tourner vers le pasteur calviniste Viret, en lui demandant de convaincre François d'erreurs doctrinales au cours d'une dispute publique. Viret occupait le poste de ministre à Thonon depuis plus de sept ans, "pour les gens du peuple, il était réputé grand savant, et il se drapait habilement dans cette légende"....  Viret battit le rappel des ministres du Chablais et du pays de Vaud, les appelant à son aide. Ils tombèrent d'accord pour proposer à François une conférence publique pensant que se sentant seul contre tous, il refuserait le combat. François accepta la rencontre. Cette réunion eut lieu en présence d'Antoine de Saint-Michel, seigneur d'Avully, président du consistoire de Thonon, mais les pasteurs ne parvinrent pas à une entente. Il y eut "autant d'opinions que de têtes" [33]

 

Au jour et au lieu fixés, il y eut une foule... toute la ville de Thonon s'assembla. La foule attendit, puis commença à s'agiter; François, paisible, souriant, attendit aussi... Tout à coup, un homme, un seul, apparut : c'était Viret qui, confus, tint au peuple le discours suivant : "Mes collègues de Chablais et de Vaud, tout comme moi, étaient véritablement prêts à la dispute, mais après avoir mûrement considéré [réfléchi], ils ne jugent pas à propos de commencer une chose de si grandes importance sans le consentement et expresse permission de Son Altesse [le duc de Savoie], de peur que cette entreprise n'apporte plutôt du dommage que du profit, autant à un parti qu'à l'autre". Ébahie par cette dérobade, la foule hua le malheureux pasteur, pendant que François et plusieurs de ses amis riaient à gorge déployée ! Puis, le missionnaire restant seul maître du terrain, "prit en témoin tous les assistants qu'il ne tenait pas à lui que la dispute ne se fît".

 

Conséquence directe de la dérobade de Viret ? ....Un évènement de la plus haute importance se produisit le 19 février 1596. Ce jour-là, en l'église de Thonon, Antoine de Saint-Michel, seigneur d'Avully, issu d'une vieille famille genevoise, président du Consistoire réformé, "un des plus savants et opiniâtres calvinistes de la province", confesse publiquement la foi catholique ! Il abjura le 26 août à Turin, en présence du nonce. Mis au courant, le pape Clément VIII lui adressa le 20 septembre un bref personnel de félicitations. [34]

 

En décembre 1596, François prit l'audacieuse décision de célébrer les trois messes de Noël dans l'église saint Hippolyte de Thonon, qui était devenue un temple protestant, et où François n'avait obtenu que le droit de prêcher. "Sonner la messe à Saint-Hippolyte après soixante ans de silence ! François savait que ce serait frapper un grand coup. La messe, symbole du papisme, la messe que Luther et Calvin ont rejetée, la messe dans leur temple, ce serait pour les protestants [de Thonon] le suprême scandale. Les syndics, en effet, se récrièrent; des bagarres éclatèrent, mais François tint bon... et mit lui-même "la main à la pâte" pour "parer l'église le mieux qui lui fût possible d'images, de tapis, de cierges, et de lampes". Les Visitandines ajoutent qu'"il fut trois jours et trois nuits sans dormir et presque sans manger". Et c'est ainsi, qu'au coeur de la Thonon protestante, François de Sales "à la minuit de la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, célébra le très saint sacrifice de la messe." [35] En janvier 1597, François reçut du duc de Savoie, Charles-Emmanuel, l'autorisation de dire les messes en public, et rétablit par conséquent la messe à Thonon.

Le 9 avril 1597, le successeur de Calvin à Genève (1564), le protestant Théodore de Bèze accepta de rencontrer saint François de Sales, qui s'était réfugié à Annecy. Lors de son entrevue avec lui, François lui posa trois questions :

 

La première question

 

Après les amabilités d’usage, François, avec un sens aigu de l’essentiel, pose une question très courte

Monsieur, peut-on faire son salut en l’Église romaine ?

Bèze voit tout de suite la difficulté : si l’Église catholique assure le salut de ses fidèles, pourquoi s’en séparer ? Il suffisait de l’améliorer par le dedans, comme avaient déjà fait tous les saints réformateurs depuis des siècles (saint Grégoire VII, saint François d’Assise, saint Dominique, sainte Catherine de Sienne, etc.) et comme avait aussi fait le concile de Trente. Mais si le salut est impossible dans l’Église romaine, quelle autre société religieuse a donc donné le Christ aux hommes et assuré leur salut, avant le protestantisme ? Théodore de Bèze demande à se retirer pour réfléchir. Après une longue réflexion, il revient pour répondre : "Vous m’avez demandé si l’on pouvait faire son salut dans l’Église romaine. Certes je vous réponds affirmativement ; il est ainsi sans doute, et on ne peut nier avec vérité qu’elle ne soit la Mère-Église." [36]

 

Les pasteurs calvinistes Rotan et Morlas avaient été obligés de faire la même réponse au roi Henri IV, qui leur avait posé la même question, quatre ans plus tôt.

 

Deuxième question

 

Nouvelle question de François de Sales :

Puisqu’il en est ainsi et que le salut éternel est en l’Église romaine, pourquoi avez-vous planté cette prétendue Réforme, prenons l’exemple en France, avec tant de guerres, de saccagements, de ruines, d’embrasements, de séditions, de rapines, de meurtres, de destructions de temples et autres maux, qui sont innombrables ?

Réponse de Théodore de Bèze, après un long silence : "Je ne veux point nier que vous ne fassiez votre salut en votre religion. Mais il y a ce malheur que vous embrouillez les âmes de trop de cérémonies et difficultés ; car vous dites que les bonnes œuvres sont nécessaires au salut, qui toutefois ne sont que de bienséance. D’où arrivent plusieurs maux : les peuples, croyant à cette nécessité des bonnes œuvres par vos prédications et ne le faisant pas, ils se damnent misérablement parce qu’ils contreviennent à leur conscience. C’est pourquoi, afin de remédier à ces maux, nous avons tâché d’établir notre religion, en laquelle le chemin du ciel est rendu facile aux fidèles, ayant jeté ce fondement que la foi sauve sans les œuvres, que les bonnes œuvres ne sont point de la nécessité du salut, mais seulement, comme je vous ai déjà dit, de bienséance."

 

Conclusion et troisième question

 

François réplique alors :

Vous ne prenez pas garde qu’en rejetant les bonnes œuvres, vous tombez en des labyrinthes desquels vous aurez peine de sortir ! Pouvez-vous ignorer la raison pour laquelle Notre-Seigneur Jésus-Christ, en l’évangile de saint Matthieu, enseignant à ses Apôtres ce qu’il voulait qu’ils crussent du dernier Jugement, ne fait point de mention des péchés commis, mais dit tant seulement qu’il condamnera les mauvais parce qu’ils n’auront pas fait les bonnes œuvres. Voici ces paroles : « Allez, maudits, au feu éternel, qui est préparé au diable et à ses anges ; car j’ai eu faim, et vous ne m’avez point donné à manger… » Et le reste. (Mt 25:42-43) 

Voyez-vous que pour avoir manqué aux bonnes œuvres s’ensuit la damnation éternelle. Si elles n’étaient que de bienséance, comme vous dites, pensez-vous que ceux qui ne les auraient pas faites fussent punis d’une peine si rigoureuse ?

Quant à moi j’attends votre solution à cette difficulté, ou bien que vous soyez d’un même sentiment avec moi.

Théodore de Bèze ne put rien répondre. [37] 

Bèze se tut pendant un moment, puis "il se laissa aller à proférer des paroles indignes d'un philosophe" (on ignore ce que furent ces paroles indignes), précise Aimé Richardt. [38]

Intolérant, ce protestant fit une honteuse apologie du supplice de Michel Servet (un hérétique qui après avoir écrit en 1531 un livre "Des erreurs dans la doctrine de la Trinité", où il niait la consubstantialité du Fils au Père, fut condamné à être brûlé vif avec son livre, au lieu de Champel, le 27 octobre 1553). Or, dans un traité écrit à l'occasion du supplice de Servet, un certain Martin Bellius, avait en effet prôné la tolérance envers les hérétiques. Contre ce livre qu'il appelait un 'blasphème', Bèze écrivit une réfutation qu'il intitula Anti-Bellius. Il commença par réclamer du duc de Wurtemberg, auquel était dédié la dissertation de Bellius, une punition exemplaire de l'auteur. Puis il fit la théorie de l'extermination de tous les hérétiques : '... vaut mieux avoir un tyran, voire bien cruel, que d'avoir une licence telle que chacun fasse à sa fantaisie.'" [39] L'étonnant est qu'aussi bien Farel, qui conduisit Servet au bûcher, que Calvin avaient été eux-mêmes accusés de la même erreur une vingtaine d'années auparavant... En 1903, sur le Champel sera érigé un "monument expiatoire" au lieu même où fut brûlé Servet, avec l'inscription : "Fils respectueux et reconnaissants de Calvin... mais condamnant une erreur qui fut celle de son siècle... nous avons élevé ce monument expiatoire."[40] Ce qui veut dire que Servet fut brûlé "par erreur".

Relatant son entrevue avec Théodore de Bèze au pape Clément VIII, François lui écrivit : " Enfin [à la fin de notre entretien] je me retirai après avoir tenté tous les moyens de lui arracher l'aveu de sa pensée... alors je compris que je venais d'aborder un coeur de pierre, jusqu'ici inébranlable... je veux dire un coeur vieilli dans le mal." [41]

Devançant le rigorisme janséniste qui n'était pas encore paru, François de Sales conseilla une religieuse, la mère abbesse Angélique, qu'il rencontra le 5 avril 1619 et avec laquelle il entretint une correspondance nourrie. Il s'efforça souvent de tempérer les ardeurs de celle-ci, écrivant par exemple : "Manger peu, travailler beaucoup, avoir beaucoup de tracas d'esprit et refuser le dormir au corps, c'est vouloir tirer beaucoup de service d'un cheval qui est efflanqué, et sans le faire repaître... Ne vous chargez pas trop de veille et d'austérité..." Ou bien encore : "L'humilité, la simplicité de coeur... et la soumission d'esprit sont les solides fondements de la vie religieuse..., j'aimerais mieux que les cloîtres fussent remplis de tous les vices que du péché d'orgueil et de vanité..." Hélas, s'écrie l'abbé Fuzet, à la douce et riante figure de François de Sales... va succéder le sombre Saint-Cyran (ami de Jansénius, "d'extérieur humble et de coeur orgueilleux", écrit Aimé Richardt, il défendit le jansénisme), qui imposera à Angélique "une direction de crainte et de tremblement, une théologie de terreur, et un mysticisme obscur et exubérant". [42]

Le Saint patron des journalistes et des écrivains

 

On a dit, écrit Mgr Trochu, "si saint Paul revenait de nos jours, il se ferait journaliste. Or, c'est François de Sales qui, le premier en date, va le devenir. Il inaugure l'apostolat par la presse."

Il semble que cette vocation lui a été inspirée par Charles de Charmoisy [43] qui lui aurait conseillé de rédiger des articles destinés à remplacer les sermons, puis de les faire distribuer dans les foyers hérétiques. Ainsi, au lieu de prêcher pour une poignée de catholiques, il toucherait des centaines, voire des milliers de lecteurs. Convaincu, François se mit à la tâche: le 25 janvier 1595 parut une Épître à Messieurs de Thonon. Il réunira ces écrits dans un voulume qui sera publié sous le titre Controverses. Il fit imprimer ses écrits, comme le décrivent les Visitandines (Année sainte, manuscrit, p. 7) : "Chaque semaine, ce bon pasteur [François] envoya à Chambéry pour imprimer une nouvelle feuille qu'il faisait distribuer ensuite dans les maisons de Thonon et dans celles de la compagnie". Son ami, le sénateur Favre, s'occupait de la correction et de l'édition, ainsi que de l'expédition de ces feuilles volantes. Ces périodiques sont considérés aujourd'hui comme les premiers journaux catholiques au monde. 

Parmi ces Controverses, on trouve cette mise en garde aux Réformés : "Premièrement, Messieurs, vos devanciers et vous aussi, avez fait une faute inexcusable quand vous prêtates l'oreille à ceux qui s'étaient séparés de l'Église." (tels Luther, Zwingli, Calvin...)

"Vous dites que le peuple dévôt vous a appelés, mais quel peuple ? Car ou il était catholique, ou il ne l'était pas : s'il était catholique, comment vous eût-il appelés et envoyés prêcher ce qu'il ne croyait pas ?.... Quand Luther commença, qui l'appela ? Il n'y avait encore point de peuple qui pensait aux opinions qu'il a soutenues...."

Il s'en prend ensuite à ces pasteurs qui prétendent que chacun peut lire et interpréter les Écritures. "Mais ne serait-ce pas tout brouiller de permettre à chacun de dire ce que bon lui semblerait ? Il se faut ranger à l'Écriture, en laquelle on ne retrouvera jamais que les peuples aient pouvoir de se donner des pasteurs et prédicateurs."  [44]

Saint François de Sales, évêque et Docteur de l'Église († 1622)

Le résultat est là. Et quand en 1598, l'évêque vient examiner la tâche accomplie, il constate que la quasi-totalité des Chablaisiens ont réintégré la bergerie catholique. François a alors trente-deux ans. Sa mission du Chablais l'a rendu célèbre. [45]

 

Le 8 décembre 1602, François de Sales est ordonné évêque de Genève à Thorens par Mgr Vespasien Gribaldi, archevêque émérite de Vienne, et métropolitain de Genève. Nouvel évêque, il décide d'instituer le catéchisme afin de diffuser, de faire connaître et comprendre la foi catholique aux croyants de son diocèse. Ses fidèles l’appellent "l'aimable Christ de Genève". [46] Dans la petite ville qu'est alors Annecy - puisque Genève est aux mains de Théodore de Bèze -, il vit modestement, à la façon d'un moine plus que d'un dignitaire.

En 1603, François recommandait : "Dieu seul soit votre repos et consolation!" (Lettre à Mademoiselle de Soulfour, 16 janvier 1603: Œuvres complètes, XII, p. 163, cité in Lettre du pape Jean-Paul II, pour les 400 ans de l’ordination épiscopale de saint François de Sales, 23 novembre 2002).

En 1606, dans la querelle sur la prédestination "entre le molinisme (jésuites qui attaquaient la prédestination comme entachée de protestantisme), qui semble faire la part trop grande à l'homme, et le thomisme (dominicains qui ripostèrent en attaquant les jésuites de pélagianisme), qui centre tout sur Dieu, ... il suffisait, comme le dira Bossuet, 'de tenir les deux bouts de la chaîne", ce qu'avait conseillé de faire saint François de Sales [47], qui "fut consulté par Rome (vers la fin de 1606). Hélas, sa réponse est perdue. Charles-Auguste de Sales nous en donne une idée en écrivant : 'Il répondit son sentiment de la même façon qu'il l'a traité en son livre Traité de l'Amour de Dieu (L III, chap. V) :

Dieu a voulu premièrement, d'une vraie volonté, qu'encore après le péché d'Adam, tous les hommes fussent sauvés; mais en une façon et par des moyens convenables à la condition de leur nature douée du libre arbitre [liberté]; c'est-à-dire, il voulut le salut de tous ceux qui voudraient contribuer par leur consentement aux grâces et faveurs qu'il leur préparait, offrirait et départirait à cette intention. Or, entre ces faveurs, il voulut que la vocation [l'appel à la foi et à la vie chrétienne] fût la première et qu'elle fût tellement [assortie] à notre liberté que nous la puissions accepter ou rejeter à notre gré. [48]

C'est au cours de l'année 1608 que l'évêque de Genève, François de Sales, âgé de 41 ans et prêtre depuis 15 ans, écrivit son œuvre la plus connue, l'Introduction à la vie dévote. Pour François de Sales et ses contemporains, la dévotion désignait, grosso modo, ce que nous appelons aujourd'hui la vie spirituelle, considérée dans sa réalisation la plus authentique, et la plus fervente.

 

Saint Thomas d'Aquin définit la dévotion comme "un acte de la vertu de religion, dont le propre est de relier l'homme à Dieu."

 

Sa doctrine spirituelle est simple : 1. viser à plaire à Dieu et non aux hommes. - 2. Rien par contrainte, tout par amour. - 3. Ne rien demander, ne rien refuser. - 4.  Aller de l'intérieur à l'extérieur. - 5. Aller "tout bellement". 6. Avec douce diligence. 7. Ne penser qu'à aujourd'hui. 8. Recommencer chaque jour. 9. Profiter de toutes les occasions. - 10. Se guérir de ses imperfections. - 11. Vivre paisiblement. 12. Vivre joyeux. 13. Vivre en esprit de liberté.

 

Les éditions du Cerf ont publié en 2019 une très utile "Introduction à la vie dévote, mise en français contemporain", Collection Spiritualité LeXio. On trouvera le texte original de l'Introduction à la vie dévote dans Saint François de Sales, Oeuvres, Paris, Galimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1969, avec l'orthographe modernisée.

 

 

Le langage et le style utilisés étaient très simples pour l'époque, sans citations latines ni grecques, permettant une lecture beaucoup plus large que les traités spirituels qui existaient alors. L'ouvrage était destiné à des laïcs ne se destinant pas à la vie religieuse, et avait pour principal but de montrer qu'il était possible de mener une vie sainte tout en vivant dans le monde. Les vies des saints, et particulièrement de ceux qui ont vécu dans le monde, sont souvent prises comme exemple. Ce livre eut très vite un énorme succès : il fut réimprimé plus de quarante fois du vivant de François de Sales ; le roi de France Henri IV lui-même le lut et la reine Marie de Médicis en offrit un exemplaire "orné de diamants", au roi d'Angleterre.

 

Comment expliquer l'énorme succès que connut l'Introduction à la Vie dévôte (plusieurs centaines d'éditions) ?

 

"[L]'austérité de tels textes tels que le Combat spirituel ou l'Imitation de Jésus-Christ, [...] réservaient 'l'amour de Dieu à une élite contemplative' (André Ravier). Tout autre était cette Introduction à la Vie dévote que Vaugelas appellera 'le livre nécessaire', le livre en qui les gens qui vivent en la presse du monde reconnaîtront leur livre, parce qu'il a 'rendu la dévotion sociable'." [49] 

 

Il ose dire qu'on peut être chrétien sans être austère ni faire des oraisons prolongées, qu'on peut atteindre la perfection sans être du clergé mais en pratiquant son devoir d'état et en acceptant sa condition de vie qu'on soit "soldat, artisan, prince ou simplement marié'. Il répond à l'inquiétude qui habite tout chrétien de son temps : "Que notre âme soit en clarté, en ténèbres, en goût, en dégoût, il faut pourtant qu'à jamais la pointe de notre coeur qui est notre boussole, tende à l'amour de Dieu". [50] Le jeune Louis XIII se nourrira de la spiritualité de la Vie dévote de François de Sales qu'il se fera lire. [51]

 

Lorsque en 1607, François exposa ainsi la situation de son diocèse au pape Clément VIII, il écrivit : "Il y a douze ans, dans soixante-quatre paroisses voisines de Genève [les paroisses du Chablais] et pour ainsi parler, sous ses murs, l'hérésie occupait les chaires [les églises], elle avait tout envahi; à la religion catholique, il ne restait [rien]. Or, aujourd'hui, dans la même région, l'Église étend de toutes parts ses rameaux, avec des poussées si vigoureuses que l'hérésie n'y a plus de place. Jadis on avait peine à convoquer cent catholiques entre toutes les paroisses réunies : aujourd'hui on n'y verrait pas cent hérétiques....'" [52] 

 

"Il convertit, dit-on, plus de soixante-douze mille hérétiques, dont un assez grand nombre appartenaient aux classes élevées." [53]

 

 

"Ravissements, visions, lectures des âmes, parfums mystérieux, le saint vit des phénomènes incroyables. ses pénitents qui viennent à lui, il affirme voir 'clairement dans leur coeur comme au travers d'un cristal.' Il obtient la guérison de Jeanne de Chantal par la prière adressée à saint Charles Borromée (+1584) qu'il aime tant." [54]

 

 

Le dimanche 6 juin 1610, François de Sales fonde à Annecy avec Ste Jeanne de Chantal l’Ordre de la Visitation de Sainte-Marie, ordre monastique féminin de droit pontifical, initialement établi dans une modeste "maison de la Galerie". La cave de cet immeuble, conservée, a été aménagée en oratoire et de nombreux pèlerins viennent aujourd'hui encore visiter le berceau de cet ordre, dont les membres sont couramment appelées les "visitandines". En souvenir du jour où la Vierge Marie, enceinte du Christ s'en alla aider sa cousine Élisabeth âgée et enceinte de Jean-Baptiste, les religieuses auraient pour tâche principale de visiter les malades et les pauvres et de les réconforter.

En 1616, François publie le "Traité de l'Amour de Dieu". Son idée était d'écrire un livre sur la manière d'aimer Dieu dans l'observation des Dix commandements, en révélant aux âmes, "clairement et simplement les beaux secrets de l'amour de Dieu". [55] Cette publication sera suivie de l'édition post-mortem de ses Entretiens spirituels, en 1629.

L'aube de l'amour

Ô Jésus ! Que c'est un plaisir délicieux de voir l'amour céleste, qui est le soleil des vertus, quand petit à petit, par des progrès qui insensiblement se rendent sensibles, il va déployant sa clarté sur une âme, et ne cesse point qu'il ne l'ait toute couverte de la splendeur de sa présence, lui donnant enfin la parfaite beauté de son jour ! Ô que cette aube est gaie, belle, aimable et agréable ! Mais pourtant il est vrai que, ou l'aube n'est pas jour, ou si elle est jour, c'est plutôt l'enfance du jour que le jour même. Et de même, sans doute, ces mouvements d'amour, qui précèdent l'acte de la foi, requis à notre justification, ou ils ne sont pas amour à proprement parler, ou ils sont un amour commençant et imparfait, ce sont les premiers bourgeons verdoyants, que l'âme

aint François de Sales, Traité de l'Amour de Dieu, II, 13

Le démon vaincu par le missionnaire du Chablais

 

"[S]i nous en croyons les biographes, il (S. François) délivra plus de quatre cents démoniaques du pouvoir de Satan. (Abbé Édouard, Un nouveau docteur de l'Église, saint François de Sales, Paris, Éd. Jules Vic, 1878, p. 43.) [56] 

 

"Dans son Traité de l'Amour de Dieu, François rapporte le terrible aveu que fit le démon : 'Je suis ce malheureux privé d'amour.'

 

"[...] 'Seul le diable est incapable d'amour!', écrit S. François (Traité de l'Amour de Dieu, VI, 14). [...] N'avez-vous pas remarqué l'air triste et patibulaire qu'affichent ceux qui s'adonnent à la violence et à la haine ?

"[...] Saint François nous a fait remarquer [...] que les démons sont pris d'effroi au contact du crucifix et à l'énonciation du nom de Jésus. [...] La croix est l'instrument de notre rédemption, l'emblème de la victoire du Christ, le don de la vraie vie; en fait, elle est tout ce que les démons ne pourront jamais aimer et posséder." [57]

 

"À certaines mauvaises langues qui accusaient le saint évêque d'accomplir des miracles avec ostentation, il donna cette réponse : "Ces bonnes gens n'ont-ils pas pris garde que la femme a dit son Pater et que Dieu l'a exaucée, la délivrant d'un si grand mal, afin qu'elle ne fût plus induite en tentation par le démon qui la possédait ? Si nous avions soin de le dire (le Notre Père) selon l'esprit et l'intention de Jésus-Christ, nous y trouverions le remède de tous nos maux. Et même, ajouta-t-il en souriant [pour répondre à ses détracteurs], je trouve le remède à ces attaques, en disant : 'Seigneur, pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.'"

 

"[...] Le Notre Père est une vraie prière d'exorcisme: ce sont les paroles mêmes de Jésus, paroles de libération, de l'unique Libérateur et Sauveur du monde. Il ne suffit pas de la réciter machinalement; mais il faut croire de toutes ses forces en la puissance libératrice de la prière de Jésus ! 

 

"[...] Souvent, un Pater prié avec foi se révèle bien plus efficace que de nombreuses et longues prières de délivrance !" [58]

 

Terrassé par un attaque d'apoplexie, Saint François de Sales mourut à Lyon le 28 décembre 1622, le jour des saints Innocents. Avant sa mort, il eut la joie de voir douze monastère de la Visitation se crééer et prospérer : Lyon, en 1615; Moulins, en 1616; Grenoble et Bourges, en 1618; Paris, en 1619; Montferrand, Nevers et Orléans, en 1620; Dijon, Bellay et Saint-Étienne en 1622. [59]

 

Alité, malade, quelques heures avant sa mort, saint François de Sales reçut la visite du vicaire général de Lyon, Ménard, qui l'interrogea alors : "Eh ! Monseigneur, que pensez-vous de la foi catholique ? Ne seriez-vous point huguenot ?... Oh ! Oh ! répondit François, Dieu m'en garde !" Puis, un religieux lui demanda : "Eh ! quoi, Monseigneur, vous voulez donc laisser vos filles de la Visitation orphelines ?" François lui répondit : "Celui qui a commencé, parfera, parfera, parfera [y pourvoiera]. [60] Alors qu'on le portait sur son lit, Mgr de Sales dit : Il se fait fait tard et le jour baisse... Jésus Maria !" Son agonie dura deux heures, sans qu'il prononce d'autres paroles et il rendit l'âme sur les huit heures du soir. Il était âgé de cinquante-cinq ans, quatre mois et sept jours, et était évêque-prince de Genève depuis vingt ans et vingt jours."

 

Le 24 janvier 1623, ses restes ont été transportés à Annecy et portés à la vénération des fidèles dans la basilique de la Visitation où l'on signale des guérisons miraculeuses; par la suite, le docteur de l'Église fut enterré dans l'édifice sacré qui porte son nom dans le centre-ville. Son coeur est toujours incorrompu, il est vénéré à Trévise dans le Monastère de la Visitation. [61]

 

"Selon de très nombreux témoignages il semble que saint François de Sales ait accompli plus de miracles après sa mort que durant sa vie terrestre. On a relevé, en effet, une telle profusion de miracles survenus devant son tombeau, qu'il n'a jamais été possible de tous les connaître ni de les comptabiliser !" [62]

 

Un premier miracle

 

Le vendredi 28 avril 1623, une fillette de huit ans (Françoise-Angélique de la Pesse) qui tentait de cueillir des fleurs sur une rive du Thieu (affluent du Lac d'Annecy), glissa et tomba dans l'eau, le courant l'emporta. Un certain Jean-Louis Daurillac, après plusieurs plongées, finit par remonter le petit corps et le déposa sur la rive. Un seul cri s'éleva alors des spectateurs atterrés : "Elle est morte ! ". Seule la mère invoqua François de Sales : Sa fille ! ... Il lui rendra sa fille !... Étant resté près de trois heures dans le fond de la rivière, le pauvre petit corps est froid. Un docteur (le docteur Grandis) l'examine et déclare que la fillette est morte. Il la recouvre d'un drap. Or, alors que des amies de la mère éplorée soulèvent ce drap pour dire un dernier adieu à Françoise-Angélique, l'enfant ouvre les yeux et joint les mains. "J'ai bien dormi", dit-elle. Miracle ! Miracle ! , s'écrient les dames; à ces cris, Mme de la Pesse accourt, enlace sa fille en éclatant en sanglots, alors que l'enfant s'étonne "que dans la maison on rie et pleure à la fois". Bientôt, a écrit la mère de Chaugy, les miracles que le Tout-Puissant opérait par l'intercession de son serviteur furent "si fréquents qu'on avait peine d'en tenir le compte". [63]

 

François disait : 

Je fais le signe puissant de la croix. Par ce signe puissant j'enchaîne le démon, je disperse toute terreur.

Le procès en béatification de François de Sales est ouvert par le Saint-Siège dès 1626. Il est déclaré bienheureux en 1661, saint en 1665, et est fêté le 24 janvier. 

Il est élevé à la dignité de Docteur de l'Église par le pape Pie IX, en 1877. 

 

À l'occasion du 400e anniversaire de la naissance de S. François de Sales, dans sa lettre Sabaudiae Gemma, Paul VI affirma que S. François de Sales fut "l'une des plus grandes figures de l'Église et de l'Histoire", "le protecteur des journalistes et des publicistes parce qu'il rédigea lui-même une première publication périodique. Nous pouvons qualifier d''œcuménique' ce saint qui écrivit les controverses afin de raisonner clairement et aimablement avec les calvinistes de son temps. Il fut un maître de spiritualité qui enseigna la perfection chrétienne pour tous les états de vie. Il fut sous ces aspects un précurseur du IIe concile œcuménique du Vatican. Ses grands idéaux sont toujours d'actualité." (Lettre apostolique Sabaudiae Gemma, 29 janvier 1967). 

 

À l’occasion des 400 ans de l’ordination épiscopale de saint François de Sales, Jean-Paul II rappela que "celui que le roi Henri IV appelait de manière élogieuse 'le phénix des Évêques', parce que, disait-il, 'c’est un oiseau rare sur la terre', après avoir renoncé aux fastes de Paris et aux propositions du roi de lui donner un siège épiscopal de renom, devint le pasteur et l’évangélisateur inlassable de sa terre savoyarde, qu’il aimait par-dessus tout, car, avouait-il, 'je suis Savoyard de toutes façons, de naissance et d’obligation'. 

 

Docteur de l’amour divin, François de Sales n’eut de cesse que les fidèles accueillent l’amour de Dieu, pour en vivre en plénitude, tournant leur cœur vers Dieu et s’unissant à Lui (cf. Traité de l’amour de Dieu: Œuvres complètes, IV, p. 40 ss). C’est ainsi que, sous sa conduite, de nombreux chrétiens marchèrent dans la voie de la sainteté; il leur montra que tous sont appelés à vivre une intense vie spirituelle, quelles que soient leur situation et leur profession, car "l’Église est un jardin diapré de fleurs infinies, il y en faut donc de diverses grandeurs, de diverses couleurs, de diverses odeurs, et, en somme, de différentes perfections. Que toutes ont leur prix, leur grâce et leur émail, et toutes, en l’assemblage de leurs variétés, font une très agréable perfection de beauté" (Traité de l’amour de Dieu: Œuvres complètes, IV, p. 111).

La perfection consiste à être conforme au Fils de Dieu, en se laissant conduire par l’Esprit Saint, dans une parfaite obéissance (cf. Traité de l’amour de Dieu: Œuvres complètes, XI, 15, V, pp. 291 ss): "Le parfait abandon entre les mains du Père céleste et la parfaite indifférence en ce qui regarde la divine volonté sont la quintessence de la vie spirituelle […]. Tout le retard dans notre perfection provient seulement du manque d’abandon, et il est sûrement vrai qu’il convient de commencer, de continuer et d’achever la vie spirituelle à partir de là, à l’imitation du Sauveur qui a réalisé cela avec une extraordinaire perfection, au début, durant et à la fin de sa vie" (Sermon pour le Vendredi Saint, 1622: Œuvres complètes, X, p. 389)."

Dans cette lettre, Jean-Paul II invitait "les pasteurs et les fidèles à se laisser enseigner par son exemple et par ses écrits, qui demeurent d'une grande actualité". (Zenit.org)

Vierge à l'Enfant avec saint François de Sales, Carlo Maratta, 1691, Forli, Pinacoteca Civica, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 57.

Vierge à l'Enfant avec saint François de Sales, Carlo Maratta, 1691, Forli, Pinacoteca Civica, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 57.

Citons quelques paroles de François lui-même :

 

"Soyez, disait-il, le plus doux que vous pourrez, et souvenez-vous que l'on prend plus de mouches avec une cuillerée de miel qu'avec cent barils de vinaigre. S'il faut donner en quelque excès, que ce soit du côté de la douceur."

 

"Je le veux tant aimer, ce cher prochain, je le veux tant aimer ! Il a plu à Dieu de faire ainsi mon cœur ! Oh ! Quand est-ce que nous serons tout détrempés en douceur et en charité !"

 

"Ayons toujours les yeux sur Jésus crucifié ; marchons à son service avec confiance, simplicité et sagesse. Il sera le protecteur de notre réputation, et s'il permet qu'elle nous soit enlevée, ce sera pour que nous jouissions de sa sainte humilité."

 

"Comme le dit le Docteur angélique, le meilleur moyen pour aimer Dieu, c'est de connaître ses bienfaits. (...) Si nous nous rappelons ce que nous avons fait lorsque Dieu n'était pas avec nous, nous devrons bien reconnaître que ce que nous faisons quand il est avec nous ne vient pas de nous."

 

"Ne cherchez pas à vouloir opposer la vertu contraire à la tentation que vous éprouvez, car ce serait encore discuter avec elle. Dirigez plutôt votre coeur vers Jésus-Christ, et dans un élan d'amour embrassez ses pieds sacrés. C'est le meilleur moyen de vaincre l'ennemi, aussi bien dans les grandes que dans les petites tentations."

 

"L'un des meilleurs usages que nous puissions faire de la douceur, c'est de l'appliquer à nous-mêmes, en ne nous étonnant jamais de nos imperfections. (....) Il faut pourtant nous garder de toute aigreur, de tout dépit, de toute colère. Il en est beaucoup qui pour s'être trop énervés, s'énervent encore d'avoir été énervés, ont du dépit d'en avoir eu, sont en colère de l'avoir été. Par là ils tiennent leurs coeurs dans un mécontentement permanent. (...) Ainsi lorsque notre coeur aura commis quelque faute, reprenons-le avec douceur et patience, avec plus de compassion que de passion, en l'encourageant à se réformer. Le repentir qu'il en concevra sera bien plus profond."

 

"Il nous faut garder une continuelle et inaltérable égalité de coeur."

 

"Pour recevoir la grâce de Dieu en nos coeurs, il faut qu'ils soient vides de notre propre gloire. (...) Ainsi l'humilité repousse Satan. Elle nous fait garder les grâces et les dons du Saint-Esprit. C'est la raison pour laquelle Notre-Seigneur, Sa Mère et tous les saints, entre toutes les vertus morales, ont aimé et honoré l'humilité plus que toutes les autres."

 

"Ne vous permettez jamais de vous mettre en colère ; n'ouvrez jamais la porte de votre cœur à cette passion sous quelque prétexte que ce soit."

 

"On fait toujours assez vite ce qu'on fait bien. Les bourdons font toujours plus de bruit et sont plus pressés que les abeilles, mais ils ne font que de la cire et pas de miel ; de même ceux qui se pressent avec une inquiétude ardente et une sollicitude bruyante, ne font jamais ni beaucoup ni bien."

 

 

PRATIQUE. Soyez doux : un zèle amer ne produit que du mal. 

 

Soyez en paix.

N’attendez pas avec peur les changements de la vie ;
regardez-les plutôt avec l'espoir qu'à mesure qu'ils se présenteront,
Dieu, à qui vous appartenez, vous guidera en toute sécurité à travers toutes choses ; et quand vous ne pourrez pas le supporter, Dieu vous portera dans ses bras.
Ne craignez pas ce qui peut arriver demain ; le même Père compréhensif qui prend soin de vous aujourd’hui prendra soin de vous alors et chaque jour.
Soit il vous protégera de la souffrance, soit il vous donnera une force sans faille pour la supporter. Soyez en paix et mettez de côté toutes pensées et imaginations anxieuses.

St François De Sales

Sources :

(1) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. 29 ; (2) L'Evangile au quotidien ; (3) Jean-Christian PETITFILS, Louis XIII, Perrin, Lonrai 2008, p. 264 ; (4) Wikipedia ; (5) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, François-Xavier de Guibert, Paris 2013, p. 18-21 ; (6) Aimé RICHARDT, Calvin, François-Xavier de Guibert, Clamecy 2009, p. 76-78 ; (7) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 15 et 21 ; (8) RUCHAT, t. VI, p. 334 ; (9) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 76 ; (10) Jean SÉVILLIA, Historiquement correct, Pour en finir avec le passé unique, Perrin, Saint-Amand-Montrond 2003, p. 104 ; (11) Bartolomé BENNASSAR, Jean JACQUART, Le XVIe siècle, Armand Colin Poche, Paris 2013, p. 154-158 ; (12) Pierre GAXOTTE, de l'Académie française, Histoire des Français, Flammarion, Saint-Amand, 1972, p. 374; 377 ; (13) Aimé RICHARDT, Calvin, ibid., p. 91 ; (14) Dimitri MEREJKOVSKI, Calvin, Traduit du russe par Constantin Andronikoff, Nrf, Gallimard, Paris 1942, p. 19; 91-92; 113; 117- 118; 124-125 ; (15) Aimé RICHARDT, Calvin, ibid., p. 8; 223-234 ; (16) Yves-Marie ADELINE, Histoire mondial edes idées politiques, Ellipses, Paris 2007, p. 254 ; (17) Aimé RICHARDT, Calvin, ibid., p. 102-103 ; (18) Jean DUMONT, L'Église au risque de l'histoire, préface de Pierre CHAUNU de l'Institut, Éditions de Paris, 2002, p. 579 ; (19) Dimitri MEREJKOVSKI, Calvin, ibid, p.  118;157-158; 167; 176 ; (20) Aimé RICHARDT, Calvin, ibid., p. 180-181 ; (21) François ANGELIER, Saint François de Sales, Pygmalion, Paris, 1997, p. 100, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 23 ; (22) Oeuvres, t. VII, p. 73, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 131 ; (23) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 52-53 ; (24) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 206 ; (25) Cité in Charles-Auguste DE SALES, Histoire du Bienheureux François de Sales, Lyon 1634, p. 81, cité in Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 79 ; (26) Mgr TROCHU, Saint François de Sales, Lyon, 1955, p. 324, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 82 ; (27) Cité par André RAVIER, François de Sales, Nouvelle Cité, 2009, p. 77 ; (28) Mgr TROCHU, ibid., p. 333 ; (29) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 84 ; (30) Cité par Mgr TROCHU, Vie de Saint François de Salesibid., p. 372, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 90 ; (31) Mgr TROCHU, ibib, p. 393, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 92 ; (32) Samuel Pruvot, Nos Ancêtres les Saints, Petite histoire de la France missionnaire, Cerf, Paris 2017, p. 90-91 ; (33) Dom Jean de Saint-François, La Vie du bienheureux Messire François de Sales, 1624, p. 90, cité in, Aimé RICHARDT, ibid., p. 95 ; (34) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 95 ; (35) Charles-Auguste de SALES, ibid., p. 128, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 99 ; (36) Selon Aimé Richardt, qui rapporte cette discussion (p. 101-102), "on connaît l'essentiel des propos échangés par les deux hommes grâce surtout aux relations de Charles-Auguste de SALES, ibid., p. 130-134 ; (37) d'après Mgr Francis TROCHU, Vie de Saint François de Sales, t. 1, p. 462-465, Dominicains d'Avrillé ; (38) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 102 ; (39) Jean GUIRAUD, Histoire partiale, Histoire vraie, tome II, Moyen-Âge, Renaissance, Réfome, Quatrième édition, Gabriel Beauchesnes & Cie Éditeurs, Paris 1912 ; (40) Dimitri MEREJKOVSKI, Calvin, ibid., p. 153-154 ; (41) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 103 ; (42) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 215-216 ; (43) Mgr PICARD, La Mission de Saint François de Sales en Chablay, p. 86, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., 85 ; (44) Les Controverses, édition d'Annecy, p. 21-27, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 87 ; (45) DANIEL-ROPS, Histoire de l'Eglise du Christ, tome VI, La Réforme catholique, Librairie Arthème Fayard, Éditions Bernard Grasset, Paris 1965, p. 357-358 ; (46) Marguerite & Roger Isnard, Nouvel almanach du Comté de Nice, Serre Éditeur, 2006, p. 31 ; (47) DANIEL-ROPS, Histoire de l'Eglise du Christ, tome VI, ibid., p. 324 ; (48) S. François de Sales, cité par André RAVIER, op. cit., p. 183, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 175 ; (49) Mère de CHAUGY, 2e Procès, t. IV, p. 791, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 186 ; (50) Des Premiers Martyrs à nos jours, Saints et Saintes de France, Hatier, Renens, 1988, p. 79 ; (51) Jean-Christian PETITFILS, ibib., p. 150 ; (52) Oeuvres, op. cit., t. XIII, p. 237, cité in, A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 143 ; (53) Mgr Paul GUERIN, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Editions D.F.T., Argenté-sur-Plessis 2003p. 61 ; (54) Patrick SBALCHIERO, Enquête sur les miracles dans l'Eglise catholique, Artège, Paris 2019, p. 261 ; (55) Mgr TROCHU, op. cit., t. II, p. 471, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 197 ; (56) Abbé EDOUARD, cité dans Gilles JEANGUENIN, Saint François de Sales, Son Combat contre le démon, Éditions de l'Émmanuel, Dijon 2009, p. 36 ; (57) Gilles JEANGUENIN, Saint François de Sales, Son Combat contre le démon, ibid.,, p. 22-23 ; (58) Gilles JEANGUENIN, Saint François de Sales, Son Combat contre le démon, ibid., p. 100-101; et 113 ; (59) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 196 ; (60) Charles-Auguste de SALES, op. cit., p. 576, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 231 ; (61) Un évêque modèle : Saint François de Sales, Corrispondenza Romana ; (62) Gilles JEANGUENIN, Saint François de Sales, Son Combat contre le démon, ibid., p. 102 ; (63) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 234.

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20 janvier 2025 1 20 /01 /janvier /2025 10:20

La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, pétrie des meilleurs sentiments philosophiques, achèvera d'immoler les libertés et franchises concrètes de l'Ancien Régime sur l'autel d'une Liberté théorique, d'une Égalité formelle et d'une Fraternité abstraite.

Philippe DELORME, Préface de Jean TULARD de l'Institut, Contre-Histoire de France, Ni romance, ni repentance, Via Romana, Le Chesnay 2024, p. 214

Cf. https://x.com/ActLegitimiste/status/1880925309681488039/photo/2

Cf. https://x.com/ActLegitimiste/status/1880925309681488039/photo/2

C'est l'histoire de l'une des plus grandes injustices que la France ait connues, l'histoire d'un Roi qui ne voulait que le bonheur de son peuple.

 

A peine sacré, il abolit la torture et fait relâcher des milliers de prisonniers. Louis XVI rend visite aux pauvres, et fait rénover les hôpitaux. Soucieux de la justice et des peuples, Louis XVI vole au secours de l'Amérique pour lui donner la liberté.

 

Père de famille exemplaire, il enseigne à son fils qu'un Roi se doit de penser uniquement au bonheur de son peuple. Mais la guerre a coûté plus de deux milliards de livres, les caisses sont vides. Louis XVI convoque les Etats généraux pour réaliser l'égalité fiscale. La Bastille est prise, les quelques gardes infirmes sont massacrés, le gouverneur est décapité, premiers signes d'une tyrannie totalitaire et pour Louis XVI une destinée de saint martyr. Louis XVI ne reverra jamais plus Versailles. Il ne reverra plus jamais sa femme car il sera assassiné à l'aide d'un procès truqué.

Il est mort le 21 janvier 1793. Son fils sera battu à mort au nom de la "liberté" et des droits de l'homme, sa femme Marie-Antoinette sera guillotinée.

 

Chaque année les Français honorent sa mémoire afin que sa mort n'ait pas été inutile.

Chaque année au mois de janvier, les royalistes français rendent hommage au roi Louis XVI.

 

Les réformes de Louis XVI

 

Louis XVI décida de soulager son peuple en le dispensant du "droit de joyeux avènement", impôt perçu à chaque changement de règne.

 

Louis XVI créa le corps des pompiers. Il autorisa l'installation de pompes à feu, pour approvisionner Paris en eau de manière régulière.

 

Louis XVI créa un mont-de-piété à Paris pour décourager l'usure, et venir en aide aux petites gens.

 

Louis XVI aida l'oeuvre de l'Abbé de l'Epée, pour l'éducation des "Sourds-muets sans fortune", auxquels il fit enseigner un langage par signes de son invention. Le roi lui versa une pension de 6000 livres sur sa propre cassette, contre l'avis de l'archevêché qui soupçonnait cet homme de jansénisme.

 

Louis XVI dota l'oeuvre de Valentin Hauÿ pour les aveugles.

 

Louis XVI donna aux femmes mariées et aux mineurs de toucher eux-mêmes leurs pensions sans demander l'autorisation de leur mari ou tuteur.

 

Louis XVI ordonna aux hôpitaux militaires de traiter les blessés ennemis "comme les propres sujets du roi", 90 ans avant la première convention de Genève.

 

Par l'Édit du 8 août 1779, Louis XVI fit abolir le droit de servage, le droit de suite et la mainmorte (c'est-à-dire la ''servitude personnelle et réelle'' sur les domaines royaux de France. (Louis Firmin Julien Laferrière, Histoire du droit français, Joubert, 1837), servage qui dans la pratique n'existait plus dans la majorité des terres depuis trois siècles. [1] L'esclavage ayant été aboli par l'édit de 1315 de Louis X le Hutin au XIVe siècle [2], et le servage ayant disparu depuis la fin de la Guerre de Cent Ans (1453) l'"abolition des privilèges" lors de la célèbre nuit du 4 août 1789 n'a donc eu aucun effet sur l'abolition du servage. L'édit de 1779 considère ''bien moins ces affranchissements comme une aliénation, que comme un retour au droit naturel''...

 

Louis XVI ordonna l'abolition de la question préparatoire et préalable (torture).

 

Louis XVI accorda le premier le droit de vote aux femmes dans le cadre de l'élection des députés de l'Assemblée aux États-généraux.

 

Louis XVI permit aux femmes d'accéder à toutes les maîtrises.

 

Louis XVI finança tous les aménagements de l'Hôtel-Dieu pour que chaque malade ait son propre lit individuel.

 

Louis XVI employa le premier l'expression justice sociale.

 

Louis XVI fonda un hôpital pour les enfants atteints de maladies contagieuses, aujourd'hui nommé Hôpital des Enfants-Malades.

 

Louis XVI créa le musée des Sciences et Techniques, futur centre national des Arts et Métiers.

 

Louis XVI fonda l'école des Mines.

 

Louis XVI finança sur ses propres fonds les expériences d'aérostation des frères Montgolfier.

 

Louis XVI finança également les expériences de Jouffroy d'Abbans pour l'adaptation de la machine à vapeur à la navigation.

 

Louis XVI exempta les Juifs du péage corporel et autres droits humiliants, fit construire les synagogues de Nancy et de Lunéville et permit aux Juifs l'accès à toutes les maîtrises dans tout le ressort du parlement de Nancy.

 

Louis XVI accorda des pensions de retraite à tous ceux qui exerçaient une profession maritime.

 

Louis XVI demanda l'établissement annuel de la balance du commerce.

 

Louis XVI accorda l'état-civil aux protestants et aux juifs (édit de Versailles, 1787). Il autorise les constructions des synagogues de Nancy & Lunéville. A Lunéville, le décor de la façade sculpté au ciseau de Thouvenot manifeste l’expression de la reconnaissance envers le roi : couronne et fleurs de lys. Ces symboles "furent martelés à la Révolution". La généreuse guirlande de pampres de vigne et la couronne partiellement martelée sont interprétées comme le symbole du peuple juif et de la Loi transmise par Dieu à Moïse. (Les synagogues de Phalsbourg, Carpentras et Cavaillon furent construites au XVIIIe siècle, avant celle de Lunéville.)

 

Louis XVI ressuscitant 144 corporations se justifia ainsi devant Turgot : "En faisant cette création nous voulons donner aux ouvriers les moyens de défense, nous voulons qu'ils puissent jouir en commun, de leur intelligence qui est le bien le plus précieux de l'homme." 

 

La condition paysanne et ouvrière sous l’Ancien Régime, bien que marquée par certaines contraintes, était globalement plus stable que celle des classes populaires sous la République où dans les villes, les ouvriers  étaient soumis à des conditions de travail inhumaines :

  • Journées de 12 à 16 heures...

  • Logements insalubres dans des taudis urbains

  • Suppression des corporations : aucune protection sociale pour un siècle

 

Durant la Révolution, en 1791, la bourgeoisie d'affaire voltairienne supprima les corporations au nom du libéralisme. C'est le début de la misère sociale qui culminera tout au long du XIXe siècle. 

 

14 juillet 1789 : La Révolution dite "française"Louis XVI tenta une réforme fiscale d'égalité de tous devant l'impôt...

 

[Cf. La Subvention territoriale (1786), réforme d'égalité voulue par la monarchie refusée par les parlementaires depuis un siècle... 

le "dixième" en 1710 ... 

le "vingtième" en 1750 ... 

Source: Jean-Louis Harouel, La pré-Révolution 1788-1789 in Les révolutions françaises, Sous la Direction de Frédéric Bluche et Stéphane Rials, Fayard, Mesnil-sur-l'Estrée 1989].

 

 

"La Révolution aura fait reculer la législation sociale de trois quarts de siècle" ! René Sédillot), installé le règne sans frein de la bourgeoisie capitaliste (sous couvert de "liberté et d'égalité". ... La liberté de l'enrichissement par l'égalité dans la pauvreté.... Cf. L'impasse des droits de l'homme), la naissance du prolétariat.

 

Louis XVI était devenu un obstacle aux projets de la bourgeoisie capitaliste, qui le fit donc assassiner le 21 janvier 1793, sur l'actuelle Place de la Concorde à Paris.

 

La mort du Roi, c'est : un procès inique truqué qui déshonore la justice, la rupture avec 1300 ans d'histoire de France, le point de départ de tous les totalitarismes

 

(Cf. "La première logique totalitaire apparaît sous la Révolution française". Stéphane Courtois).

Je meurs innocent de tous les crimes qu'on m'impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort; je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe pas sur la France.

Louis XVI

 

21 janvier 1793 : C'est l'histoire de l'une des plus grandes injustices que la France ait connues

Notes

 

[1] "Les caractères de l'ancienne servitude ont progressivement disparu (sous l'Ancien Régime). Il ne reste plus guère, en quelques régions, que des sujets soumis à la mainmorte." C'est-à-dire des gens qui ne peuvent transmettre leurs biens à d'autres qu'à leurs enfants. La mainmorte décline aux XVIIe et XVIIIe siècle, mais reste en certaines régions (Bourgogne) une arme aux mains du seigneur. (Guy CABOURDIN, Georges VIARD, Lexique historique de la France d'Ancien Régime, Armand Collin, 3e éd., Paris 1998, p. 303 et p. 206.)

[2] "Lorsque paraît l'édit de Louis X (1315), l'esclavage proprement dit a en fait disparu. Sous le règne des rois mérovingiens déjà, cette pratique n'avait plus guère de défenseurs, pour des raisons à la fois économiques et religieuses." (Catherine MALABOU, Il n'y a pas eu de Révolution, Réflexion sur la propriété privée, le pouvoir et la condition servile en France, Bibliothèque Rivages, Éditions Payot & Rivages, Paris 2024, p. 230.)

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15 janvier 2025 3 15 /01 /janvier /2025 00:00
Saint Rémi, archevêque de Reims, Apôtre des Francs (438-533)

Né vers 436 à Laon dans l'actuel département département de l'Aisne (Hauts-de-France), forteresse imprenable construite par les Romains et ancien promontoire sacré des druides (Laudunum ou Lugdunum, provenant du dieu Lau ou Lug, divinité celtique du Vème siècle avant J.C), Rémi illustre l'église des Gaules par son savoir, son éloquence, sa sainteté et ses miracles.

 

L'histoire de sainte Clotilde nous a appris comment le roi des Francs, Clovis, son époux, se tourna vers le Dieu des chrétiens à la bataille de Tolbiac, et remporta la victoire. Ce fut saint Rémi, né en 438 à Cerny-en-Laonnois, près de Laon, du comte Émile de Laon (Emilius) et de sainte Céline (Célinie), dans la bonne société gallo-romaine, qui acheva d'instruire le prince.

 

Selon la tradition, ce qui rendait les parents de Rémi surtout recommandables, c'était leur zèle pour la pratique des vertus chrétiennes. Ils furent très attentifs au choix de ceux qu'ils chargèrent de l'éducation de leur fils; aussi Dieu bénit leurs soins, et, dès l'âge de vingt-deux ans, Rémi s'était acquis une telle réputation de science et de vertu, qu'on crut pouvoir passer par-dessus les règles ordinaires en l'élevant - malgré sa jeunesse - sur le siège de Reims, à vingt-deux ans. Un épiscopat de soixante-dix ans, et une suite non interrompue de grandes actions ont rendu son nom célèbre ! Évêque de Reims, Rémi géra avec application son diocèse, mettant en application ce qu'il prêchait dès 486 à Clovis, secourant les pauvres et les pèlerins, protégeant les veuves, nourrissant les orphelins, rachetant les captifs, affranchissant de nombreux esclaves, et jouant un rôle de médiateur auprès des barbares.

 

Par exemple, dans la célèbre lettre qu'il adresse à Clovis en 482, lors de l'accession au pouvoir du roi à la mort de son père Childéric, Rémi recommande : 

Une grande nouvelle est venue jusqu'à nous : vous avez hérité du gouvernement de la Belgique seconde. Rien d'étonnant à ce que tu sois à tes débuts ce que tes parents ont toujours été. À ce poste dominant, et si élevé, où t'a porté ton mérite et ton active humilité. Tu dois avant tout veiller à ce que le Seigneur ne te retire pas sa faveur.

[...] Soulage les habitants de ta province, réconforte les affligés, veille sur les veuves, nourris les orphelins - fais mieux, instruis-les -.

[...] Que ton Palais reste ouvert à tous, pour que personne ne s'afflige d'être tenu à l'écart. Tu détiens de ton père quelque richesses : tu t'en serviras pour délivrer les captifs et les délier du joug de la servitude. Que celui qui paraît devant vous ne se sente pas étranger.

M.C. ISAÏA, Rémi de Reims, Mémoire d'un saint, histoire d'une église, Cerf, Paris 2010, p. 777.

L'histoire du retour des vases sacrés (vases de Soissons), sans doute des vases de Reims, qui avaient été volés puis rendus à Rémi, témoigne des bonnes relations qui existaient entre lui et le roi Clovis.

Saint Rémi, archevêque de Reims, Apôtre des Francs (438-533)

Le baptême de Clovis

 

La nuit avant son baptême, Rémi alla chercher le roi, la reine et leur suite dans le palais; il les conduisit à l'église, où il leur fit un éloquent discours sur les grands mystères de la religion chrétienne et la vanité des faux dieux. Le Saint prédit à Clovis et à Clotilde les grandeurs futures des rois de France, s'ils restaient fidèles à Dieu et à l'Église. (Cf. Testament de S. Remi)

Saint Rémi, archevêque de Reims, Apôtre des Francs (438-533)

Quand fut venu le moment du baptême le 25 décembre 496, avec 3.000 de ses guerriers francs, Rémi dit au roi :

 

"Courbe la tête, fier Sicambre ; adore ce que tu as brûlé, et brûle ce que tu as adoré."

 

 

Au moment de faire l'onction du Saint Chrême, le pontife, s'apercevant que l'huile manquait, leva les yeux au Ciel et pria Dieu d'y pourvoir. Tout à coup, un ange descendit d'en haut, portant une fiole pleine d'un baume miraculeux ; le saint prélat la prit, et fit l'onction sur le front du prince. Cette fiole, appelée dans l'histoire la "sainte Ampoule", exista jusqu'en 1793, époque où elle fut brisée par les révolutionnaires.

Saint Rémi, archevêque de Reims, Apôtre des Francs (438-533)

Outre l'onction du baptême, saint Rémi avait conféré au roi Clovis l'onction royale. Deux sœurs du roi, trois mille seigneurs, une foule de soldats, de femmes et d'enfants furent baptisés le même jour.  

 

Rémi envoya ce message à Clovis :

Secourez les malheureux, protégez les veuves, nourrisez les orphelins... Que votre tribunal reste ouvert à tous et que personne n'en sorte triste ! Toutes les richesses de vos ancêtres, vous les emploierez à la libération des captifs et au rachat des esclaves. Admis en votre palais, que nul ne s'y sente étranger ! Plaisantez avec les jeunes, délibérez avec les vieillards !

Missel du Dimanche 2019, Nouvelle traduction liturgique, Année C, Artège Bayard, Lonrai 2018, p. 157-158.

Le saint évêque aurait rendu la vue à deux aveugles, conjuré d'un seul geste de sa main un incendie allumé par les démons et qui menaçait d'embraser toute la ville de Reims.

 

Sa sollicitude allait aux plus humbles créatures de Dieu, tels ces moineaux qui venaient familièrement picorer dans sa main les miettes de son repas.

Saint Rémi, archevêque de Reims, Apôtre des Francs (438-533)

Saint Rémi s'éteignit, âgé de quatre-vingt-seize ans, l'an 533. La basilique rémoise où il fut enseveli passa dès le milieu du VIe siècle sous son vocable. Dès lors Rémi fut vénéré comme principal patron de la ville de Reims : en 546, les habitants, pour écarter une épidémie de peste venant de Germanie, avaient porté en procession la pièce de tissu (palla) recouvrant le tombeau du saint évêque. Sa réputation de thaumaturge assura le développement de son culte  dans les régions voisines, en Lorraine, où le village natal de Jeanne d'Arc porte son nom (Domrémy), et en Alsace (Eschau), mais aussi en Provence (Saint-Rémi-de-Provence) et dans les régions alpestres du Trentin, du Tyrol et de la Bavière. Une première Vie de Saint Rémi fut rédigée peu après sa mort. Avant que cette biographie primitive disparût - ce qui advint très tôt -, Grégoire de Tours put s'en inspirer dans les chapitres de son Histoire des Francs.

 

Il est l'un des cinq patrons catholiques de France, avec S. Martin, S. Denis, Ste Jeanne d'Arc et Ste Thérèse de Lisieux.


Dans le diocèse de Reims, il est fêté le 1er octobre conformément à une tradition locale qui remonte à la fin du VIe siècle.

Tombeau de Saint Remi dans la basilique Saint Remi à Reims (Marne - Champagne-Ardennes)

Tombeau de Saint Remi dans la basilique Saint Remi à Reims (Marne - Champagne-Ardennes)

En mémoire du baptême de Clovis, les évêques de Reims ont été depuis en possession d'un droit de sacrer les rois de France.

Sources : (1) (2), (3) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. 276; (4) Dictionnaire des saints et Grands témoins du christianisme, Sous la direction de Jean-Robert ARMOGATHE et André VAUCHEZ, CNRS Éditions, Paris 2019, p. 1022-1026.

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29 décembre 2024 7 29 /12 /décembre /2024 17:07
Le 2 octobre 1789 les Révolutionnaires légalisent le prêt à intérêt. Le 25 avril 1794 la Convention déclare l'argent être une marchandise comme les autres et que l'on peut donc la louer. (Cf. Marion SIGAUT)

Le 2 octobre 1789 les Révolutionnaires légalisent le prêt à intérêt. Le 25 avril 1794 la Convention déclare l'argent être une marchandise comme les autres et que l'on peut donc la louer. (Cf. Marion SIGAUT)

La condition paysanne sous l’Ancien Régime, bien que marquée par certaines contraintes, était globalement plus stable et souvent moins oppressive fiscalement que celle des classes populaires sous la République.

 

Contrairement aux idées reçues véhiculées par la propagande révolutionnaire, les paysans sous la monarchie bénéficiaient de protections sociales, économiques et culturelles qu’ils ont largement perdues après 1789. Regardons les faits et comparons.

 

Une fiscalité moins écrasante sous la monarchie

 

L’un des principaux arguments révolutionnaires était que les paysans étaient écrasés par les impôts sous la monarchie. Or, la réalité est tout autre :

 

Impôts sous l’Ancien Régime : Les paysans payaient principalement deux taxes

 

La taille royale, un impôt direct, dont beaucoup étaient exemptés (notamment les habitants de certaines provinces privilégiées ou les petits propriétaires).

 

La dîme, qui n’était pas un impôt étatique mais une redevance religieuse souvent réinvestie localement dans l’entretien des églises et le soutien aux plus pauvres.

 

Ces impôts représentaient en moyenne 8 à 10 % du revenu paysan (source : *Goubert, Pierre. L’Ancien Régime).

 

Fiscalité sous la République : Après 1789, la monarchie est remplacée par un État centralisé. Les révolutions et les guerres napoléoniennes entraînent une explosion des dépenses publiques.

 

Pour y faire face :

 

L’État républicain introduit de nouveaux impôts, comme la contribution foncière, bien plus lourds.

 

Les taxes indirectes (notamment sur le sel et les produits de base) augmentent fortement, touchant directement les classes populaires.

 

Résultat : sous la République, la pression fiscale sur les paysans et ouvriers représente 20 à 30 % de leurs revenus (source : *Lefebvre, Georges. La Révolution française).

 

Lire aussi :

 

Des impôts (aujourd'hui) dix fois supérieurs à ce qu'ils étaient avant 1789 !

Sous Louis XVI, "les taxes représentent moins de 10% du travail des gens" (Sud Radio - Eric Anceau, Histoire mondiale des Impôts)

 

La destruction des protections communautaires

 

Sous l’Ancien Régime, les paysans bénéficiaient de droits coutumiers qui assuraient une certaine sécurité :

 

Les terres communes : Les paysans pouvaient utiliser des terres collectives pour faire paître leurs animaux, ramasser du bois ou cultiver.

 

Ces terres disparaissent en grande partie après la Révolution, souvent accaparées par les bourgeois enrichis (source : *Marx, Karl. Les Luttes de classes en France).

 

Si les révolutionnaires ont caricaturé les seigneurs comme des oppresseurs, leur rôle était en réalité plus complexe. Ils étaient responsables de l’entretien des infrastructures locales (moulins, ponts, routes) et jouaient un rôle judiciaire et protecteur.

 

Avec l’abolition des droits féodaux, les paysans se retrouvent livrés à eux-mêmes, sans les ressources ni les protections nécessaires pour faire face aux crises économiques.

 

La conscription : un nouveau fardeau républicain

 

Sous la monarchie, les paysans étaient rarement impliqués dans les guerres : les armées royales étaient principalement composées de professionnels ou de mercenaires.

 

Avec la République et Napoléon, la conscription devient obligatoire, arrachant des millions de paysans à leurs terres pour participer à des guerres incessantes.

 

Entre 1793 et 1815, près de 2,6 millions de Français sont enrôlés de force, laissant derrière eux des champs non cultivés et des familles ruinées (source : *Bell, David A. The First Total War).

 

La misère ouvrière sous la République

 

La République, avec l’industrialisation, pousse de nombreux paysans à l’exode rural. Dans les villes, ils deviennent ouvriers, soumis à des conditions de travail inhumaines :

 

  • Journées de 12 à 16 heures

  • Logements insalubres dans des taudis urbains.

  • Aucune protection sociale.

 

En comparaison, sous l’Ancien Régime, la vie rurale offrait une certaine autonomie : même un paysan pauvre disposait souvent de son propre lopin de terre, assurant une subsistance minimale.

[Le décret d'Allarde du  mars 1791 supprimant les droits des corporations et la loi Le Chapelier, loi liberticide du 14 juin 1791 supprimant les corporations (syndicats d'Ancien Régime) qualifiés de "corps intermédiaires" à supprimer, est imprégnée de Jean-Jacques Rousseau et du libéralisme, Elle interdit, pour quasiment la totalité du siècle suivant, toute manifestation, toute grève et toute constitution de syndicats. La loi va provoquer une aggravation importante des inégalités et l’isolement définitif d’un ouvrier rendu - par la loi - incapable de défendre ses droits.

 

D’emblée, apparaît l’esprit de la loi qui est celui de "table rase", propre aux révolutionnaires français...]

La condition paysanne et ouvrière sous l’Ancien Régime

La propagande révolutionnaire : un écran de fumée

 

L’idée que la République aurait libéré les paysans repose largement sur des mensonges :

 

Les terres confisquées au clergé et à la noblesse : Loin d’être redistribuées aux paysans, ces terres ont été vendues aux enchères et accaparées par une nouvelle élite bourgeoise.

 

Les paysans, trop pauvres pour acheter, ont souvent perdu l’accès aux ressources dont ils dépendaient,

 

La montée des inégalités : La Révolution et la République ont favorisé l’émergence d’un capitalisme sauvage, accentuant les inégalités entre une bourgeoisie enrichie et des masses paysannes appauvries.

 

Sous l’Ancien Régime, malgré certaines contraintes, les paysans jouissaient d’une fiscalité plus légère, d’un accès aux ressources communes et d’une stabilité communautaire.

 

Avec la République, non seulement ces avantages ont disparu, mais de nouvelles formes d’exploitation (fiscale, militaire, économique) ont émergé, plongeant une grande partie des classes populaires dans une misère accrue.

 

Loin d’avoir libéré les paysans, la République a surtout remplacé une noblesse déchue par une bourgeoisie avide, tout en augmentant le poids de l’État sur les épaules des plus démunis.

 

Une vérité que l’histoire officielle peine encore à reconnaître.

 

Source: Royaliste de France

https://x.com/royaliste_Fr/status/1872944333890204103

***

Lire aussi :

 

La république a menti

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14 décembre 2024 6 14 /12 /décembre /2024 13:13
La Rus' de Kiev (IXe-Xe siècle) : aux origines de la Russie

La Rus' de Kiev: aux origines de la Russie

 

La Rus' de Kiev est fondée au IXe siècle par des marchands scandinaves appelés les Varègues. Elle connaît son apogée au XIe siècle après sa christianisation depuis Byzance avant de connaître un rapide déclin.

 

"La Rus’ de Kiev est à la fois aux origines de la Russie, de la Biélorussie et de l’Ukraine actuelles, autrement dit de l'ensemble du monde russe...

 

Tout commence vers le milieu du VIIIe siècle : des marchands scandinaves appelés les Varègues commencent à ouvrir des routes commerciales à travers le continent par voie fluviale, ce qui dynamise considérablement le secteur. Cet essor commercial se renforce encore à partir de l’an 843, lorsque l’empire byzantin met fin à ses querelles iconoclastes : le regain de vitalité de Byzance entraîne une explosion des flux sur la route du Dniepr. Les Varègues vendent notamment des fourrures et des esclaves razziés sur place en échange de métaux précieux. Ils fondent des établissements permanents en pays slave, notamment celui de Novgorod. En 862, le Varègue Riourik est proclamé prince de Novgorod et il impose son autorité sur toutes les agglomérations slaves voisines : c’est ce qui pose les bases d’un 1er état qu’on appelle la Rus’.

 

Oleg le Sage lui succède en 879 et poursuit cette politique d’expansion en s’emparant de Kiev, principal pôle économique de tout le secteur.

 

Il en fait aussitôt sa capitale et fonde ainsi la Rus’ de Kiev qui s’étend à cheval sur la Russie, la Biélorussie et l’Ukraine actuels.

 

En 907, il lance une vaste expédition et pille les villes côtières de l’empire byzantin; L’empereur doit alors se résigner à accorder aux Russes le libre commerce avec Constantinople.

 

Ça nécessite toutefois d’obtenir le droit de passage auprès des Khazars, un peuple turc qui contrôle la basse vallée du Dniepr. C’est un rival puissant, mais qui doit faire face à l’arrivée d’autres Turcs venus d’Asie Centrale, les Petchenègues. Finalement, le grand prince Sviatoslav profite de l’affaiblissement du khanat khazar pour lui donner le coup de grâce en l’an 964. Galvanisé par ses victoires, il s’attaque ensuite à l’empire bulgare, écrase tout sur son passage, et arrive en vue de sa capitale Preslav. Mais cet essor rapide de la Rus’ inquiète ses voisins : l’alliance des Bulgares et des Byzantins finit par repousser l’attaque des Rus’. Par ailleurs, les Petchenègues se montrent encore plus hostiles que les anciens Khazars et la Rus’ ne parvient pas à contrôler l’accès à la Mer Noire. Elle reporte alors ses efforts vers l’est et vers l’ouest, notamment sous le règne du grand prince Vladimir de Kiev (Vladimir le Grand ou Saint Vladimir) qui prend les rênes du pays en 980.

 

Vladimir Ier (980-1015), Grand-prince de Novgorod puis de Kiev

La menace commune des Petchenègues finit par resserrer les liens avec Byzance : en l’an 988, Vladimir accepte de se faire baptiser, ce qui va considérablement accélérer la christianisation des Rus’. Il faut noter qu’à cette époque, l’élite varègue a déjà largement fusionné avec la population slave locale jusqu’à former un peuple russe homogène.

 

La christianisation du pays entraîne une vague de constructions religieuses, surtout à Kiev, et le développement d’un art raffiné d’inspiration byzantine qui trouve son plein accomplissement sous le règne de Iaroslav le Sage, fils de Vladimir le Grand. C’est lui également qui fait édicter le tout premier code juridique slave.

 

Enfin il poursuit les campagnes militaires et remporte une victoire décisive contre les Petchenègues en 1037, ce qui les repousse vers l’empire byzantin qui est alors affaibli par des difficultés dynastiques. Les Rus’ en profitent pour attaquer Constantinople en 1043, mais ils sont repoussés, notamment à cause de l’utilisation du feu grégeois.

 

Lorsqu’Iziaslav succède à Iaroslav en 1054, la Rus’ est à son apogée territorial.

Mais ce sont à nouveau des Turcs venus d’Asie centrale, les Coumans, qui vont tout remettre en cause. En 1068, ils remportent une victoire contre les Rus’ et ravagent tout le sud du pays. Ça affaiblit considérablement l’autorité du grand-prince de Kiev et la Rus’ sombre dans des conflits internes.

 

En 1097, les différentes principautés de la Rus’ deviennent largement autonomes, ce qui n’empêche pas les conflits de se poursuivre. Le grand-prince de Kiev finit par perdre sa 1ère place, ce qui marque la fin de l’unité du pays.

 

Finalement, lorsque les Mongols débarquent en l’an 1236, ils trouvent une région en piteux état. Renforcés par des guerriers turcophones appelés les Tatars, ils ravagent tout le pays, rasent les villes, et éradiquent près de la moitié de la population.

 

En 1243, leur chef Batu s’installe à Saraï sur la Volga et fonde la Horde d’Or qui se détache rapidement du reste de l’empire mongol. Les Russes vont rester tributaires de la Horde d’Or pendant plusieurs décennies, jusqu’à ce qu’un nouvel espoir apparaisse du côté ouest.

 

En effet, les Baltes viennent de créer le grand duché de Lituanie en réaction à l’expansion de l’ordre teutonique. Face aux exactions des Mongols, la principauté de Polotsk (Biélorussie actuelle) appelle les Lituaniens à l’aide et accepte d’être rattachée au grand-duché en 1307.

 

La Lituanie continue ensuite son expansion vers le sud en combinant la guerre et la diplomatie, tant et si bien qu’en 1377, elle contrôle une grande partie de l’ancienne Rus’ de Kiev.

 

Peu après en 1388, la dynastie des Jagellons entraîne l’union de ce grand-duché avec la Pologne voisine.

 

Il ne reste alors plus que les principautés du nord-est qui demeurent à l’écart de cette expansion, notamment celle de Moscou qui parvient à se détacher de l’influence de la Horde d’Or sans pour autant tomber dans l’orbite de la Lituanie.

 

C’est cette ancienne périphérie de la Rus’ de Kiev qui va devenir le nouveau cœur de la Russie : c’est là que démarre l’histoire de la Russie moderne, qui méritera une autre vidéo à part entière. »

 

Cf. https://gloria.tv/share/xYnP2iyuHmWo2GFPf3Jg3pbdf

 

L'Ukraine et la Biélorussie actuelles sont des créations soviétiques artificielles créées par Staline qui aux alentours des années 1920 , était commissaire aux nationalités.

Le 24 juillet 2013, à l'occasion du 1025e anniversaire de la christianisation de l'ancienne Russie, le Patriarche de Moscou et de toutes les Russies Cyrille célébra une liturgie dans la cathédrale du Christ-Sauveur en mémoire de sainte Olga de Kiev, grand-mère de saint Vladimir de Kiev, premier grand-prince chrétien et évangélisateur de la Russie. 

 

La conversion de la Russie est devenue la date de la fête nationale russe sous le nom de "jour du baptême de la Russie", le 28 juillet, correspondant au jour du baptême de Vladimir de Kiev (956-1015).

La Rus' de Kiev (IXe-Xe siècle) : aux origines de la Russie

Le 25 août 2023, le Pape François demanda aux jeunes catholiques russes de ne pas oublier leur "héritage" : "Vous êtes les héritiers de la grande Russie - celle des saints, des rois, de Pierre le Grand, de Catherine II, le grand Empire russe, cultivé, avec tant de culture et d'humanité. Vous êtes les héritiers de la grande Mère Russie".

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24 novembre 2024 7 24 /11 /novembre /2024 01:00

Si les enseignements de l'Eglise pouvaient pénétrer, comme nous l'avons décrit, les profondeurs de la conscience des hommes, qu'ils soient gouvernants ou sujets, tous finiraient par être si conscients de leurs devoirs personnels et civiques, de leurs responsabilités mutuelles, qu'en peu de temps "le Christ serait tout et en tous." ( Col 3, 11)

Encyclique du pape Pie XI, Ubi Arcano 43 du 23 décembre 1922

L'encyclique Urbi Arcano Dei Concilio du Pape Pie XI était d'une certaine manière le document programmatique du pontificat et qui consacre quelques points au règne de Jésus-Christ et à la paix du Christ dans le royaume du Christ comme remède fondamental à la paix universelle altérée par les conflits mondiaux, les discordes internes, la lutte des classes et la lutte des partis politiques, la ruine de la famille, les dégâts spirituels de la société moderne. 

 

Le Pape voyait déjà alors que l'éloignement de Dieu dans la société, dans la famille et dans l'éducation étaient les principales causes de tous ces maux de l'époque et il déclarait explicitement les slogans et les programmes de Saint Pie X (Instaurare omnia in Christo) et de Benoît XV (restauration de la paix). De cette manière, le programme de Pie XI serait de réaliser la paix du Christ dans le royaume du Christ (pax Christi in regno Christi).

Si les hommes venaient à reconnaître l'autorité royale du Christ dans leur vie privée et dans leur vie publique, des bienfaits incroyables - une juste liberté, l'ordre et la tranquillité, la concorde et la paix -- se répandraient infailliblement sur la société tout entière.

Encyclique du pape Pie XI, Quas Primas n° 14 du 11 décembre 1925

Solennité du Christ Roi de l'univers

Source Video : Gloria.tv

 

La fête du Christ Roi a été instituée en 1925 par le Pape Pie XI, avec l'encyclique "Quas Primas". Le Pape déclara qu'avec cette fête "c'est désormais à notre tour de pourvoir aux nécessités des temps présents, d'apporter un remède efficace à la peste qui a corrompu la société humaine, le laïcisme."

 

Pie XI faisait précéder la Toussaint par la fête du Christ Roi afin de montrer que la foi catholique vécue dans la Cité devait emprunter les chemins de sanctification suivis par les saints. Durant ces années au Mexique les "Cristeros" persécutés par le gouvernement franc-maçon se battaient pour la liberté religieuse et mouraient en criant "Viva Cristo Rey" ("Vive le Christ Roi").

 

Aujourd'hui, l'Église fête la solennité du Christ Roi le dernier dimanche de l'année liturgique pour montrer que le Christ est le "commencement et la fin" (Ap 1,8), le Maître du temps et de l'Histoire. Cette fête est la conséquence liturgique de la conception théologique scotiste du XIVe siècle (ordre franciscain) reconnaissant au Christ une place suréminente dans l'œuvre de la Création et de la Rédemption. Celui que S. Jean dans l'Apocalypse appelle "l'Alpha et l'Oméga, le Principe et la Fin" (Ap 1,8), est la cause, le chef et l'achèvement de toute la Création spirituelle et sensible.

 

Vous avez sans doute entendu dire que "tous les chemins viennent à Rome", il est tout aussi vrai de dire que tous les chemins viennent de Rome !

 

L'Eglise catholique romaine a bâti la civilisation occidentale

 

La charité publique, les "Lumières" avec leurs déclarations de droits elles-mêmes, les droits de l'homme au Moyen-Age sous l'action de l'Eglise et du clergé, les droits des femmes inventés au "Moyen-Age (et détruits avec la Renaissance et la modernité) étaient des concepts inconnus dans l'antiquité. Le libre marché (théorisé par des scolastiques de l'école de Salamanque, 16e siècle), la" laïcité", n'eurent pas pu naître sans le christianisme. (Cf. Dr. Thomas Ernest Woods, How the Catholic Church Built Western Civilization, 2005.)

 

Cette civilisation était-elle parfaite ? Non, loin de là. (Le monde avec des institutions parfaites n'existe pas...) Mais à bien des égards, elle dépassait tout ce qui avait été vu jusque-là, non seulement par ses réalisations effectives, mais aussi par ses idées et sa vision du monde - ce à quoi elle aspirait.

Soyez attentifs, vous qui êtes mon peuple ; et vous, les nations, prêtez-moi l’oreille ! Car de moi sortira la loi, mon droit sera la lumière des peuples ! Soudain, je rendrai proche ma justice, mon salut va paraître, et mon bras gouvernera les peuples.

Livre d'Isaïe 51, 4-5

Solennité du Christ Roi de l'univers

Le sceptre royal n’échappera pas à Juda, ni le bâton de commandement, à sa descendance, jusqu’à ce que vienne celui à qui le pouvoir appartient, à qui les peuples obéiront.

Genèse 49,10

Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles ; par son bras très saint, par sa main puissante, il s'est assuré la victoire.

Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations ;

il s'est rappelé sa fidélité, son amour, en faveur de la maison d'Israël ; la terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu.

… il vient pour gouverner la terre, pour gouverner le monde avec justice et les peuples avec droiture.

Psaume 97

Car Dieu est roi de toute la terre ; chantez un cantique de louange.

Dieu règne sur les nations, il siège sur son trône saint.

Psaume 47, Bible Catholique Crampon 1923

Je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme.

... Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et les gens de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite.

Daniel 7, 13-14

"Daniel, prédisant la constitution par le Dieu du ciel d'un royaume qui ne sera jamais renversé... et qui durera éternellement ; et, peu après, il ajoute: Je regardais durant une vision nocturne, et voilà que, sur les nuées du ciel, quelqu'un s'avançait semblable au Fils de l'homme; il parvint jusqu'auprès de l'Ancien des jours et on le présenta devant lui. Et celui-ci lui donna la puissance, l'honneur et la royauté; tous les peuples, de toutes races et de toutes langues, le serviront; sa puissance est une puissance éternelle, qui ne lui sera pas retirée, et son royaume sera incorruptible,'' écrit Pie XI dans Quas Primas, § 6)

Un royaume spirituel, et non matériel

 

Mgr Louis-Édouard Pie (1815-1880), évêque de Poitiers, cardinal et prélat antilibéral du XIXe siècle, a expliqué la doctrine intégrale de la Royauté de Jésus-Christ.

 

La parole du Christ "Mon Royaume n'est pas de ce monde" (Jn 18,36) est souvent interprétée d'une manière erronée par les libéraux qui vivent comme si le royaume de Dieu ne devait déjà pas s'exercer sur cette terre. Cette parole de Jésus à Pilate indique simplement que la royauté du Christ vient d'en haut, et non de ce monde. Son pouvoir tire son origine du Ciel et non d'ici-bas. Elle va avec 'Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi si tu ne l’avais reçu D’EN haut' (Jn 19,11).

Saint Paul précise : "comme le Christ est du ciel, ainsi les hommes seront du ciel" (1 Co 15,48). 

La royauté du Christ s'exerce sur toutes les réalités d'ici-bas, tout ayant été fait "en" lui, "par" lui et "pour" lui (Colossiens 1,16). "Il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin." (Lc 1,33) "Car en lui habite corporellement toute la Plénitude de la Divinité" (Colossiens 2,9). 

 

Jésus se déclare Roi devant Pilate en disant : "Tu l’as dit, je suis roi. C'est pour cela que je suis né et c'est pour cela que je suis venu au monde…" (Jn 18, 37). Cette déclaration a tellement impressionné Pilate que, après la crucifixion de Jésus, il a ordonné qu'un écriteau soit placé sur la croix au-dessus de sa tête avec l'inscription : "Iesus Nazarenus Rex Iudaeorum'' (INRI), qui signifie "Jésus le Nazaréen, roi des Juifs" (Jn 19, 19).

'’Comment le Christ régnera dans le monde ? D’abord, en régnant en chacun de nous. Et comment le fera-t-il ? En régnant en chacunes de nos actions, de nos pensées, chacun de nos désirs.’’

'’Comment le Christ régnera dans le monde ? D’abord, en régnant en chacun de nous. Et comment le fera-t-il ? En régnant en chacunes de nos actions, de nos pensées, chacun de nos désirs.’’

Le royaume messianique est à la fois présent et futur. Il est les deux à la fois. L'Église est le royaume du Christ déjà présent.

 

"Qu'il ne puisse s'agir seulement d'une communauté future d'ordre eschatologique, c'est ce qu'il est aisé de conclure de la parabole de l'ivraie, où le champ qui nous est décrit (le monde) contient simultanément de l'ivraie et du bon grain : 'en enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé en même temps. Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ; et, au temps de la moisson (la fin du monde), je dirai aux moissonneurs : Enlevez d’abord l’ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, ramassez-le pour le rentrer dans mon grenier” (Mt 13,24-30); d'autres paraboles comme celle du filet (Mt 13, 47-48), des talents (Mt 25- 14-30), des dix vierges (Mt 25, 1-13), du grain de sénevé dans sa croissance (Mt 13,32).

 

"Toute cette prédication du Christ était en continuité avec celle des prophètes (de l'AT) qui annonçaient aussi un royaume social. Elle reprend leurs termes et leur comparaisons. (Le pasteur et le troupeau de Mich 2,12; Ezech 34; la vigne de Is 5, 1-17; 27, 1-5; la parabole du cèdre dans Ezechiel 17,23, qui a des traits communs avec celle du grain de sénevé de Matthieu 13, 32.

 

"(...) La communauté chrétienne (...) [à] l'opposé de la 'Jérusalem actuelle', terrestre et nationale, (...) est la 'Jérusalem d'en-haut' (1 Co 10, 18), céleste et spirituelle (Ga 4, 25-26). (Joseph Lecler, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, 1955, rééd Albin Michel, Paris, 1994, p. 54.)

 

"Depuis le Christ, il y a donc désormais sur terre – ce qui ne s'était jamais vu auparavant, ni chez les Juifs, ni chez les païens – deux ordres de souveraineté : une souveraineté temporelle autonome, avec ses lois, sa police, son droit de contrainte physique sur les malfaiteurs sociaux; et une souveraineté spirituelle autonome, ordonnée au salut des hommes, avec ses lois et sa discipline, mais pourvue seulement de moyens spirituels." (Joseph Lecler, L'Église et la souveraineté de l'État, Paris, 1946, p. 20.)

 

"Royaume ... déjà présent sur cette terre", mais dans le mystère - le Concile Vatican II le rappelle dans la constitution pastorale "Gaudium et spes" (n°39) - il parviendra à sa pleine perfection à la fin des temps avec la venue du Seigneur, Juge suprême et Roi, pour juger les vivants et les morts (Mt 25, 31 ss).

 

Le Christ a maintes fois décrit l'Église comme un royaume de Dieu visible et social. Les paraboles le comparent à un champ ensemencé (Mt 13,24); à une vigne pour la culture de laquelle le père de famille loue les ouvriers (Mt 20, 1-2; 21, 33-35); à un troupeau dont il est le pasteur (Jn 10); à un grain de sénevé qui devient un arbuste (Mt 13, 32); à un plan de vigne dont il est le cep et les disciples les rameaux (Jn 15, 1-8); à une famille où sous la direction du maître travaillent de nombreux serviteurs (Mt 25, 14-30; 24, 45-51); à une exploitation agricole qu'administre un intendant (Lc 16, 1-8.)

 

Si l'Église était fondamentalement "invisible", alors les chrétiens ne sauraient rien de leur religion depuis l'époque des apôtres. L'expression "pas de ce monde" ne signifie donc pas que le royaume du Christ est invisible. Cela signifie qu'il est établi et soutenu par Dieu comme aucun royaume terrestre ne l'est. Dieu n'a fait aucune des promesses qu'il a faites à son Église à quelqu'un d'autre ou quelque chose d'autre.

 

Si vous regardez les prophéties de l'Ancien Testament sur le royaume messianique, vous voyez encore qu'elles parlent de rois qui viennent dans le royaume et apportent leurs trésors.

 

Dieu dit à Moïse : "c’est le Seigneur qui est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre ; il n’y en a pas d’autre." (Dt 4,39)  Jésus dit de lui-même : "Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre." (Mt 28,18). 

Cela inclut les pouvoirs temporels qui détiennent l'épée au nom de la justice terrestre (Rom. 13), ainsi que la prêtrise, qui détient les clés afin d'enseigner avec autorité aux nations à observer tout ce que le Christ a ordonné, à savoir les dogmes de la foi et la loi morale (le premier et le deuxième grand commandement). Les rois, les princes, les présidents, les premiers ministres, etc., qui reconnaissent la foi catholique, en tant que laïcs, placés sous l'autorité spirituelle du sacerdoce catholique, sont chargés du bien commun temporel de la communauté. Et en ce qui concerne le dogme et la morale, ils sont sous l'autorité des prêtres de Dieu.

 

Le fait que le Royaume du Christ ne soit pas de ce monde signifie simplement ce qui suit :

(1) Il est établi par Dieu grâce à un sacrifice de soi, par amour de la part de Dieu incarné, plutôt que (comme la plupart des autres royaumes) par le sacrifice d'autrui par haine de la part d'hommes violents ;

(2) Il durera éternellement, contrairement aux royaumes fondés par les hommes ; et

(3) Il persistera et triomphera même lorsque ses affaires temporelles subiront une catastrophe, comme l'Église l'a fait à de nombreuses reprises, et le fera particulièrement sous le règne de l'Antichrist.

 

 

C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom,

afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers,

et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.

Philippiens 2,9-11

Nous ignorons simplement le temps de l’achèvement de la terre et de l’humanité et il ne nous appartient pas de le connaître (Ac 1,7); mais, nous l’avons appris, Dieu nous prépare une nouvelle terre où régnera la justice (2 Co 5, 2 ; 2 P 3, 13) et dont la béatitude comblera et dépassera tous les désirs de paix qui montent au cœur de l’homme (1 Co 2, 9 ; Ap 21, 4-5). Alors, la mort vaincue, les fils de Dieu ressusciteront dans le Christ, et ce qui fut semé dans la faiblesse et la corruption revêtira l’incorruptibilité (1 Co 15, 42.53). La charité et ses œuvres demeureront (1 Co 13, 8 ; 3, 14) et toute cette création que Dieu a faite pour l’homme sera délivrée de l’esclavage de la vanité. L’attente de la nouvelle terre, loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller : le corps de la nouvelle famille humaine y grandit, qui offre déjà quelque ébauche du siècle à venir. C’est pourquoi, s’il faut soigneusement distinguer le progrès terrestre de la croissance du règne du Christ, ce progrès a cependant beaucoup d’importance pour le Royaume de Dieu, dans la mesure où il peut contribuer à une meilleure organisation de la société humaine. (Gs 39)

 

 

Il s'agit d'un royaume d'amour, un royaume spirituel, et non matériel, pour ceux qui sont nés de l'eau et de l'esprit. (Jn 3,5), sont devenus des créatures nouvelles (Ga 6,15) et qui persévèrent ici-bas dans la communion avec Dieu jusqu'à sa mort (Mc 13,13), naissance  à la vraie vie, à la vie de Dieu (Jn 14, 1-3) Un Royaume où "tous les hommes sont appelés à faire partie du peuple de Dieu" (CEC n°831).

 

Le Seigneur est doux et humble de cœur, et que Son règne social ne s'impose pas par la force, mais par "l'esprit". 

 

Lorsque le chrétien reconnaît le Christ "roi", cela signifie qu'il reconnaît au Christ la royauté sur lui-même, c'est-à-dire qu'il ne garde rien pour lui mais donne tout au Christ. 

 

"Le Royaume de Jésus est avant tout un royaume spirituel qui s'établit par la puissance divine et non par la force matérielle des armes. [Ainsi, lorsque Jésus est livré par Judas et arrêté à la demande du grand prêtre Caïphe, "l’un de ceux qui étaient avec Jésus, portant la main à son épée, la tira, frappa le serviteur du grand prêtre, et lui trancha l’oreille. Alors Jésus lui dit : 'Rentre ton épée, car tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée. Crois-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père ? Il mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d’anges'" (Mt 26: 51-53). "Les armes de notre combat ne sont pas charnelles" (2 Co 10,4); nous ne combattons pas avec les moyens de la chair (2 Co 10,3). La panoplie du chrétien ne comporte aucune armure, aucun équipement matériel. Les Chrétiens ont bien un glaive, mais c'est le casque du salut et le glaive de l'Esprit (Ep 6,17)] Mais il ne résulte aucunement de ces enseignements, que le Christ ne veuille pas régner socialement, c'est-à-dire imposer ses lois aux souverains et aux nations." (La Royauté sociale de N.S. Jésus-Christ, d'après le Cardinal Pie, P. Théotime de Saint-Just, O.M.C., Lecteur émérite en théologie, Editions Saint-Rémi, p. 30.) 

Une prophétie tirée du livre du prophète Isaïe dans l'Ancien Testament, précise par exemple : "Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu qui a toute ma faveur. J’ai fait reposer sur lui mon esprit ; aux nations, il proclamera le droit." La prophétie d'Isaïe poursuit à propos du Messie : "Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, il ne fera pas entendre sa voix au-dehors. Il ne brisera pas le roseau qui fléchit, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit, il proclamera le droit en vérité. Il ne faiblira pas, il ne fléchira pas, jusqu’à ce qu’il établisse le droit sur la terre, et que les îles lointaines aspirent à recevoir ses lois. Ainsi parle Dieu, le Seigneur, qui crée les cieux et les déploie, qui affermit la terre et ce qu’elle produit ; il donne le souffle au peuple qui l’habite, et l’esprit à ceux qui la parcourent." (Is 42, 1-5.

 

Au XVIe siècle, contre ceux qui avait imposé la religion protestante par la force à Genève en 1535-1536 et en avait chassé l'évêque catholique, saint François de Sales dont la devise était, "Rien par force, tout par amour", dit en 1594 : "C'est par la charité qu'il faut ébranler les murs de Genève, par la charité qu'il faut la recouvrer... il faut [les] renverser par des prières ardentes et livrer l'assaut par la charité fraternelle". 

 

 

"Ne voyons surtout pas dans le règne social du Christ une confusion du temporel et du spirituel. Le monde antique, païen ou juif, opère cette confusion, et l'empereur Constantin conservera une vision païenne du pouvoir où le Prince Souverain Pontife intervient dans les affaires religieuses (césarisme). De très bonne heure, c'est l'Occident pourtant qui admit la dualité des pouvoirs temporel (séculier) et spirituel (religieux) : "Duo quippe sunt potestates", en effet il y a deux pouvoirs, écrit le pape Gélase Ier à l'empereur Anastase au Ve siècle en 494 pour le réprimander de cette tendance des empereurs à vouloir dire la doctrine et décider pour l'Église.

 

"Saint Augustin au Ve siècle distingue "les deux cités" (temporel et spirituel). La "réforme grégorienne" au XIe siècle corrigera ce défaut de l'empiètement des rois et des empereurs (Voir un peu plus bas). C'est le Christ qui distingue le temporel du spirituel : 'Rendez à César ce qui appartient à César' (Mc 12,17; Mt 22,21, Lc 20,25).

Mais si Jésus affirme sa royauté spirituelle, le monde, lui, n'a pas droit à l'indifférence religieuse : "Je suis la lumière du monde" (Jn 8,12) (Gérard BEDEL, Le Cardinal Pie, Un défenseur des droits de Dieu, Clovis Diffusion, Suresnes 2015, p. 61). En Lituanie, en 2009, la laïcité n'empêche pas la Royauté sociale du Christ. Simplement, la distinction ne veut pas dire séparation. Rendre à César ce qui est à César ne dispense pas César de rendre à Dieu ce qui est à Dieu.

Il y a une "saine laïcité" (Pie XII) et selon S. Jean-Paul II une "saine collaboration" (Mémoire et identité, Le testament politique et spirituel du pape, Flammarion 2005, p.145-146)

 

"Dire que Jésus-Christ est le Dieu des individus, et n'est pas le Dieu des sociétés, c'est dire qu'il n'est pas Dieu, dire que le christianisme est la loi de l'homme individuel et n'est pas la loi de l'homme collectif, c'est finalement dire que Christ n'est pas divin..., dire que l'Église est juge de la morale privée et n'a rien à voir avec la morale publique, c'est dire finalement qu'elle n'est pas divine." (Cardinal Pie).

En substituant la philosophie à la religion, le profane au Sacré, la thèse libérale moderne prétend fonder un contrat social indépendant de toute société extérieure à l'État. Dans ce système, tout vient de l'État et tout revient à l'État. Mais cette thèse qui prétend que l'État doit être purement laïque est une exagération de la parole du Christ et aboutit à rendre tout à César. "C'est-à-dire encore que, sous prétexte d'échapper à la théocratie imaginaire de l'Église, il faut acclamer une autre théocratie aussi absolue qu'elle est illégitime, la théocratie de César, chef et arbitre de la religion, oracle suprême de la doctrine et du droit..." (Cardinal Pie, Homélie sur le Panégyrique de saint Emilien, Nantes, 8 novembre 1859, III, p. 511-518 cité in Gérard Bedel, Le Cardinal Pie, ibid., p. 65-66.) Le pape Pie IX (1846-1878), a ainsi pu légitimement dénoncer un défaut majeur de l'État moderne, en ce qu'il se proclame "origine et source de tout droit", qui prétend jouir "d'un droit qui n'est circonscrit par aucune limite." (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je, 4e édition, Paris 2018, p. 91.) 

 

La royauté de Jésus n'a rien à voir avec nos images habituelles des rois.

 

L'Évangile (Mt 21,1 - 9, Mc 11,1 - 10, Lc 19, 28 - 40) raconte qu'à proximité de la fête de la Pâque juive, Jésus décida de faire une entrée solennelle à Jérusalem (Rameaux). Il organisa son entrée en envoyant deux disciples chercher un ânon. Il entra à Jérusalem sur une monture pour se manifester publiquement comme le Messie que les juifs attendaient. C'est une monture modeste comme l'avait annoncé le prophète pour montrer le caractère humble et pacifique de son règne.

 

"Il est le Roi des cœurs, à cause de son inconcevable charité qui surpasse toute compréhension humaine (Eph 3:19) et à cause de sa douceur et de sa bonté qui attirent à lui tous les cœurs: car dans tout le genre humain il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais personne pour être aimé comme le Christ Jésus." (Quas Primas 4) 

 

Sur la Croix, alors que deux malfaiteurs étaient crucifiés avec lui, le peuple restait là à observer, les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : "Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu !" Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, en disant :"Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même !" Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : "Celui-ci est le roi des Juifs." L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : "N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi !" Mais l’autre lui fit de vifs reproches : "Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal." Et il disait : "Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume." Jésus lui déclara : "Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis." (Lc 23,35-40)

 

"Il est venu tout réconcilier, faisant la paix par le sang de sa croix (Col. 1:20); C’est lui, le Christ, qui est notre paix ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui séparait, le mur de la haine ; il a supprimé les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu les uns et les autres par le moyen de la croix; en sa personne il a tué la haine (Ephésiens 2,14-16).

Matthieu 8:23-27,Marc 4:35-41,Luc 8:22-25, Matthieu 14,24-33

Matthieu 8:23-27,Marc 4:35-41,Luc 8:22-25, Matthieu 14,24-33

Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude.

Évangile selon Saint Matthieu 20:28

 

"Que le plus grand parmi vous se comporte comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert... Moi je suis au milieu de vous comme le serviteur." (Lc 22,26-27; Matthieu 20:26-27); maître de toutes créatures, il a donné lui-même l'exemple de l'humilité et a fait de l'humilité, jointe au précepte de la charité, sa loi principale; il a dit encore: Mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. (Mt 11,30)" (Quas Primas 15). 

 

Il n'existe de salut en aucun autre; aucun autre nom ici-bas n'a été donné aux hommes qu'il leur faille invoquer pour être sauvés (Ac 4:12).

 

De la lignée de David, choisi par Dieu et marqué par l'onction royale, Il est le pasteur et le roi qui refait l'unité du peuple. Ce royaume, Saint Paul en parle non pas comme d'un monde étranger, d'un au-delà, mais comme une réalité déjà présente dans laquelle nous sommes déjà introduits par le Christ et avec lui. Jésus a tout réconcilié par le sang de sa croix. Ce royaume est déjà commencé, malgré les violences et les ténèbres qui enserrent notre monde. (Col. 1, 13-20)

 

Prétendre que le Christ ne doit pas régner sur les sociétés revient à dire que le Christ serait mort en vain sur la Croix et que ses lois n'auraient pas à être suivies par les souverains et les nations. "Dire que Jésus-Christ est le Dieu des individus et des familles, et n'est pas le Dieu des peuples et des sociétés, c'est dire qu'il n'est pas Dieu. Dire que le christianisme est la loi de l'homme individuel et n'est pas la loi de l'homme collectif, c'est dire que le christianisme n'est pas divin. [...] C'est le droit de Dieu de commander aux états comme aux individus. Ce n'est pas pour autre chose que N.-S. est venu sur la terre." (La Royauté sociale de N.S. Jésus-Christ, d'après le Cardinal Pie, P. Théotime de Saint-Just, ibid., p. 43-44; 73).

 

Devant Pilate lui demandant s'il était roi, Jésus répondit : "Tu l'as dit, je suis roi. Si je suis né et si je suis venu dans le monde, c'est pour rendre témoignage à la vérité; quiconque est de la vérité, écoute ma voix." (Jn, 18:37).

 

Le titulus crucis, titre de la Croix que Pilate fit placer au-dessus de la tête du Christ lors de sa crucifixion est "Iesvs Nazarenvs, Rex Ivdæorvm" (INRI), traduit par "Jésus de Nazareth, roi des Judéens", ou "Jésus de Nazareth, Roi des Juifs" (Jn 19, 19). L'inscription était en trois langues, en hébreu, en grec et en latin (Jn 19,20).

 

Le grand moyen de promouvoir ce règne, c'est la prière qui vivifie l'action et obtient du Ciel le succès que nos seuls efforts ne sauraient procurer. (La Royauté sociale de N.S. Jésus-Christ, d'après le Cardinal Pie, P. Théotime de Saint-Just, ibid., p. 86.)

 

Se manifestant aux Onze pendant qu'ils étaient à table, Jésus ressuscité leur dit : "Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création." (Mc 16,15). En montant au Ciel, lors de son Ascension, Jésus adressa encore ces paroles explicites à ses disciples : "Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre", leur commandant : "Allez donc: de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps." (Mt 28:18-19). "Garder" ce qu'Il a prescrit, "tout pouvoir" lui ayant été donné, "au ciel et sur la terre", sont les termes qu'emploie Jésus. Il y a un devoir d'évangéliser les nations sur la terre, c'est-à-dire d'apprendre aux nations, et à leurs souverains, à "garder" les enseignements du Christ. 

A Lui seul soit le gouvernement

 

La louange et la joie

 

Jusqu'à l'accomplissement des temps. Amen !

 

Les jours meilleurs arrivent !

 

Les bons temps arrivent !

 

Par le rachat du Sang du Christ !

 

Maintien dans la joie

 

Félicitations !

 

Et bonne fortune !

 

La Paix du Christ vient

 

Le Règne du Chrits arrive

 

Rendons grâce à Dieu. Amen.

 

La Grande guerre prouve la vanité de l'optimisme des "Lumières". Cherchant à rétablir la distinction des deux pouvoirs temporel et spirituel, opposant une "laïcité saine" à la "laïcité anticléricale", et constatant l'échec du système libéral moderne, cet athéisme public où tout vient de César et revient à César, et où une modernité crée des rapports sociaux injustes, méprise l'autorité spirituelle et conduit au "suicide de l'Europe civilisée" via des idées politiques autoritaires ou totalitaires, suite au conflit mondial de 1914, le pape Pie XI (1922-1939) instaure en 1925 la fête et la théologie du Christ-Roi comme remède. 

21. Les Etats, à leur tour, apprendront par la célébration annuelle de cette fête que les gouvernants et les magistrats ont l'obligation, aussi bien que les particuliers, de rendre au Christ un culte public et d'obéir à ses lois. Les chefs de la société civile se rappelleront, de leur côté, le dernier jugement, où le Christ accusera ceux qui l'ont expulsé de la vie publique, mais aussi ceux qui l'ont dédaigneusement mis de côté ou ignoré, et punira de pareils outrages par les châtiments les plus terribles."

(
Pie XI, Lettre encyclique Quas Primas instituant la fête du Christ-Roi, § 21., 1925)


La Royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ (Cardinal Pie)
 
P. THEOTIME DE SAINT JUST O.M.C.
LECTEUR EMERITE EN THEOLOGIE
LA ROYAUTÉ SOCIALE DE N. S. JESUS-CHRIST D’APRÈS LE CARDINAL PIE

 

Image du Christ, Roi des Nations; extrait de la magnifique tenture de l'Apocalyspe exposée au chateau d'Angers, rescapée des destructions de la Révolution dite française.(Merci aux divers responsables qui ont permis la mise en valeur de ce trésor)
Image du Christ, Roi des Nations; extrait de la magnifique tenture de l'Apocalyspe exposée au chateau d'Angers, rescapée des destructions de la Révolution dite française.(Merci aux divers responsables qui ont permis la mise en valeur de ce trésor)

 

{Editions de Chiré BP 1 86190 Chiré en Montreuil 05 49 51 83 04 /
Editions Sainte jeanne d'Arc les Guillots 18260 Villegenon 02 48 73 74 22 }


«JESUS-CHRIST EST LA PIERRE ANGULAIRE DE TOUT L'EDIFICE SOCIAL. LUI DE MOINS, TOUT S'EBRANLE, TOUT SE DIVISE, TOUT PERIT...»

«METTEZ DONC AU CŒUR DE NOS CONTEMPORAINS, AU COEUR DE NOS HOMMES PUBLICS, CETTE CONVICTION PROFONDE QU'ILS NE POURRONT RIEN POUR LE RAFFERMISSEMENT DE LA PATRIE ET DE SES LIBERTES, TANT QU'ILS NE LUI DONNERONT PAS POUR BASE LA PIERRE QUI A ETE POSEE PAR LA MAIN DIVINE : PETRA AUTEM ERAT CHRISTUS ».

«JESUS-CHRIST, C'EST LA PIERRE ANGULAIRE DE NOTRE PAYS, LA RECAPITULATION DE NOTRE PAYS, LE SOMMAIRE DE NOTRE HISTOIRE, JESUS-CHRIST, C'EST TOUT NOTRE AVENIR... » (CARDINAL PIE : ŒUVRES , V, 333 ; VIII, 54 ; X, 493).

"Les Pères de l'Église élaborent un 'hellénisme chrétien' qui est un véritable miracle de l'histoire humaine', comme le dit le cardinal Daniélou (L'Église des premiers temps, Seuil, 1985, p. 137). La formule est excellente.

 

"L'hellénisme chrétien à l'origine de la civilisation occidentale aurait pu avec le temps inscrire l'histoire dans le dessein de Dieu, sans la Révolution évidemment, c'est-à-dire sans la Renaissance, donc sans les ésotéristes chrétiens, et surtout sans le mouvement ésotérique qui va transmettre la pensée hellénistique aux initiés de la Renaissance et de la Révolution, ces deux défaites de l'Occident chrétien.

 

"[...] Saint Augustin a latinisé la culture grecque, ce qui permet à l'augustinisme d'atteindre à l'universel." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 116; 233)

 

On a pu reprocher les empiétements de l'Église sur le pouvoir temporel des rois. Ceux-ci ont une explication historique simple : des empereurs de la Rome tardive ont prétendu intervenir dans la vie de la jeune Église chrétienne en nommant les évêques, en imposant des papes, en convoquant des conciles, en légiférant en matière de discipline ecclésiastique, en intervenant dans les débats doctrinaux. 

Les rois capétiens, les rois d'Angleterre, les empereurs du Saint empire romain germanique furent ainsi nombreux à intervenir dans la vie de l'Église, en désignant des évêques, légiférant en matière de discipline ecclésiastique. (Source: Dictionnaire du Moyen-Âge, sous la direction de Claude Gauvard, Alain de Libera, Michel Zink, Quadrige, Puf, 2002, p. 242).

 

Or, l'Église est seule maîtresse de sa morale et de son dogme (Cf. Saint Athanase, Saint Ambroise, Saint Jean Chrysostome, Saint Augustin). 

 

L'idée (venant de sectes protestantes) selon laquelle l'empereur Constantin (310-337) et les empereurs suivants auraient modifié la foi chrétienne dans un sens "païen" est facilement réfutable si vous lisez simplement les Pères de l'Église de cette époque. Ils luttaient constamment pour la foi catholique contre la pression impériale et la persécution. Et ils ont gagné :

 

"Après la conversion de l'Empire, (...) dès Constantin (...) l''évêque du dehors' (l'empereur) qui convoquait les conciles, s'engagea résolument dans les querelles religieuses. (...) Cette politique religieuse des empereurs allait peser lourdement sur les destinées de la chrétienté. (...) Dan son Histoire des Ariens, Athanase reproduit (...) la réponse de ses collègues occidentaux (Hilaire de Poitiers, Osius) à l'empereur, lors du concile de Milan (355). S'adressant au Pères, Constance (337-361) les pressait de signer la déposition du patriarche d'Alexandrie, champion de l'orthodoxie nicéenne (catholique).

 

"(...) 'Ils (les Pères) remontrèrent à l'empereur, écrit Athanase, que l'autorité n'était pas à lui, que Dieu la lui avait donnée... Ils lui conseillèrent de ne pas introduire la confusion dans les choses ecclésiastiques, de ne pas introduire le pouvoir civil dans la constitution de l'Eglise.'

 

"(...) Osius de Cordoue, écrivait dans le même sens, et avec plus de vigueur (356) : 'Il nous est ordonné de rendre à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Il ne nous est pas permis de nous attribuer l'autorité impériale. Vous n'avez aussi aucun pouvoir dans le ministère des saints choses.' (Historia arianorum 40)

 

"(...) Gélase (492-496) s'inquiétait fort de l'action impériale en faveur de l'hérésie monophysite. (...) Dans le De anathematis vinculo (494) il montre pourquoi le pouvoir royal a perdu ses attributions religieuses depuis l'avènement du Christ :

 

"Avant l'avènement du Christ, (...) il y eut des hommes qui furent réellement prêtres et rois tout ensemble, tel Melchisédech, comme nous le raconte l'histoire sainte. Le diable en a fait autant avec les siens, lui qui s'efforce de revendiquer tyranniquement pour lui les honneurs dus au seul Dieu : c'est ainsi que les empereurs païens ont été appelés également grands pontifes. Mais depuis qu'a paru le véritable prêtre et roi, l'empereur ne s'est plus attribué désormais le titre de pontife et le prêtre n'a plus revendiqué la dignité royale.

 

"Ainsi (...) depuis l'Incarnation, seul le Christ peut être prêtre et roi. (...) Il explique pourquoi le Christ a séparé ces deux dignités et établi le dualisme du temporel et du spirituel : (...) le pouvoir  spirituel se tient éloigné des embûches du monde et, combattant pour Dieu, ne s'immisce pas dans les affaires du siècle, tandis qu'à son tour le pouvoir séculier se garde bien de prendre la direction des affaires divines. À rester ainsi modestement à sa place, chaque puissance évite de s'enorgueillir en accaparant pour elle toute l'autorité et elle acquiert une compétence plus grande dans les fonctions qui lui sont propres'."

 

(Source: Joseph LECLER, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, 1955, rééd. Albin Michel, Paris 1994, p. 77-81.)

 

Au IXe siècle, l'évêque Jean d'Orléans , poète à la Cour de Charlemagne, écrit: 

 

''Tous les hommes fidèles doivent savoir que l’Église universelle est le Corps du Christ ; que son Chef n'est autre que Christ ; que deux pouvoirs régnant s'y distinguent : à savoir, celui des prêtres et celui des rois ; et aussi que le pouvoir des prêtres est d'autant plus excellent que ce sont eux qui doivent rendre compte à Dieu même des rois.'' (Jean d'Orléans, évêque, Le métier de roi, ch. 1, v. 800 ap. J.-C.)

 

« Les siècles de la féodalité, longtemps définis comme des siècles de fer', correspondent en réalité au moment du "décollage" européen ». (Jean-Louis BIGET, Préface dans Florian MAZEL, 888-1180 Féodalités, Histoire de France, sous la direction de Joël Cornette, Folio, Gallimard, Trebaseleghe, Italie 2019, p. 10.) 

L'essor de l'Europe s'écrit en termes de christianisme et de monarchie, la décadence de l'Europe en termes de républicanisme, de progressisme et d'impiété.

Erik von Kuehnelt-Leddihn

Solennité du Christ Roi de l'univers

Voici donc comment l'Église s'est dégagée de l'ingérence et de l'influence des empereurs et des rois, ce qui a permis le développement inédit dans l'histoire d'une civilisation originale, distinguant le temporel du spirituel, le laïque du religieux, la civilisation occidentale.

 

Dans les sociétés païennes antiques, "ignorant des raisons de sa présence en ce monde, l'homme subissait totalement un destin qui lui était imposé par la volonté divine. Cette volonté s'exprimant au travers des prêtres (païens) qui étaient chargés de la servir, le pouvoir clérical (païen) était sans limite et pesait considérablement sur la direction de la cité jusqu'à se confondre avec elle. Pharaon, roi, dictateur ou tyran, les dirigeants antiques portaient en eux une partie de la vie divine. Ils étaient moitié fils de dieux ou de déesses, divinisés de leur vivant, tant on était convaincu que le pouvoir, même politique, échappait à la volonté de l'homme qui n'avait aucune prise sur sa destinée. L'État était une communauté religieuse, le roi un pontife, le magistrat un prêtre, la loi une formule sainte." (Fustel de Coulanges, La cité antique, Hachette 1967, p. 457).

Cette confusion totale du politique et du religieux, l'Empire romain, par l'intermédiaire d'Octave Auguste, le premier empereur, la portera à son sommet, en réalisant la fusion du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel en sa personne.

"César, à cette époque, était le grand pontife, le chef et le principal organe de la religion romaine; il était le gardien et l'interprète des croyances, il tenait dans ses mains le culte et le dogme. Sa personne même était sacrée et divine" (Fustel de Coulanges, Ibid., p. 461.).

 

Or, "le christianisme n'est pas intégré au système étatique. Il ne s'accommode pas d'un mode politique, il en dénonce les travers et les injustices. Selon Jacques Ellul, même, ''le message du christ est forcément subversif à l'égard de tous les ordres sociaux, politiques, économiques, moraux et religieux.''

 

Le christianisme introduit une distinction inédite entre religion et politique. L'évêque Ossius de Cordoue (257-359) est de ceux qui veulent tenir l'État à distance dans les questions doctrinales  : 'Ne vous mêlez pas des affaires religieuses et ne donnez pas d'ordres à ce sujet : [...] Dieu a mis la royauté dans vos mains et nous a chargés des affaires de son Église.' [...] Les pouvoirs politiques et religieux doivent donc collaborer, bien qu'ils soient distincts." (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je ?, 4e édition, Paris 2018, p. 22.)

 

Distinction (les "deux cités" de Saint Augustin) et coordination (des deux pouvoirs) est la double vérité sur laquelle s'appuie l'Église depuis Saint Augustin (Cf. Jacques CHEVALIER, De saint Augustin à saint Thomas d'Aquin: Histoire de la pensée, Préface de Serge-Thomas Bonino, Collection Philosophie européenne dirigée par Henri Hude, Editions Universitaires, vol. 3, 1992, p. 70.)

 

"Augustin conçut son ouvrage La Cité de Dieu, achevé vers 426, comme une démonstration de la compatibilité entre l'Empire et la foi. Il n'y a qu'une seule cité de Dieu, mais elle offre deux faces, l'une est terrestre, l'autre céleste, la seconde se révélant au fur et à mesure que la première s'efface. La cité de Dieu est à la fois l'Église réalisée, le ciel à venir et la communauté terrestre avec sa législation, gouvernée par le Christ. Mais cette conception mystique de l'Église laissait une liberté d'intervention concrète au profit des pouvoirs séculiers. [...] Le pape cherchait à préserver la liberté de l'Église romaine face aux empiétements impériaux, tout en reconnaissant la légitimité de l'autorité temporelle." (L'Église en procès, La Réponse des historiens, sous la direction de Jean Sévillia, Tallandier, Le Figaro, Paris 2019, p. 73.)

 

Une tradition impériale de convocation des conciles d'évêques initiée par Constantin à Nicée en 325, Théodose Ier à Constantinople en 381, Théodose II à Constantinople en 449, poursuivie en Occident par certains rois de France, comme Clovis le 10 juillet 511 à Orléans, Clotaire II à Paris en 614, Pépin le Bref à Compiègne en 757, Charlemagne à Tours et Mayence en 813, Philippe le Bel en 1312 au concile de Vienne..., en Orient par les empereurs byzantins, comme Justinien II en 692 au concile in Trullo, le IIe concile de Nicée en 787, et les empereurs germaniques, comme Frédéric Barberousse au concile de Pavie en 1160, et Sigismond au concile de Constance en 1414), voyait les conciles de l'Église convoqués par les rois

L’Église catholique romaine est la seule Église qui n’est ni une Église nationale, ni une Église d’État, ni une secte fondée par un homme ; c'est la seule Église au monde qui maintient et affirme le principe de l'unité sociale universelle contre l'égoïsme individuel et le particularisme national ; c'est la seule Église qui maintient et affirme la liberté du pouvoir spirituel contre l'absolutisme de l'État ; en un mot, c’est la seule église contre laquelle les portes de l’Hadès n’ont pas prévalu.

Vladimir Soloviev,"L'Église russe et la papauté" (1889)

 

Grégoire VII, Pape

 

Mille ans après sa fondation par le Seigneur à la Pentecôte, où saint Pierre prit la parole, la papauté est devenue presque malgré elle, de manière accidentelle, un pouvoir impliqué dans les querelles de ce monde (Les disciples du Christ ne sont pas DU monde, mais ils sont DANS le monde. Jn 17,14-18). Outre, le choix des évêques ou la convocation des conciles, "l'empereur germanique passait par-dessus le peuple romain et les notables pour nommer directement les papes

 

Le pape Saint Grégoire VII, l'un des plus grands Papes, fut au XIe siècle l'homme providentiel qui combattit tous les grands abus de cette époque. Sa "réforme grégorienne" régla les empiétements des empereurs d'Allemagne, c'est-à-dire un pouvoir politique trop envahissant, la vente des dignités ecclésiastiques (simonie), la contagion des mauvaises moeurs du clergé et dans le peuple. 

 

En 1122, le compromis du concordat de Worms, le premier de l'histoire, régla le problème: désormais, l'évêque serait élu librement par le clergé en présence de l'empereur ou de son représentant. En France, des procédures analogues furent mises en place pour l'élection des évêques.

L'Église n'a jamais enseigné la confusion des deux pouvoirs, ni l'absorption du temporel par le spirituel (théocratie), ni l'absorption du spirituel par le temporel (césarisme, gallicanisme, églises nationales), parce que ce sont des erreurs régulièrement condamnées par le Saint-Siège.

On adressait déjà cet absurde reproche (d'absorption du temporel) au pape Boniface VIII, qui, dans sa Bulle Unam, sanctam, définit contre les légistes courtisans de Philippe le Bel, déjà gallicans, la subordination (qui n'est pas absorption) de la puissance temporelle à la puissance spirituelle. "Il enseigne, disait-on, que le pape peut disposer des couronnes selon son bon plaisir..." - "Il y a quarante ans que j'étudie le doit, répondait le saint Pontife dans le Consistoire de 1303, et je sais apparemment qu'il y a deux puissances... Comment peut-on croire qu'une telle folie me soit venue à l'esprit?" (Boniface VIII, cité dans Mgr Gaume, Le dogme de l'infaillibilité.)

 

En réaction aux empiétements des pouvoirs temporels, la papauté au "Moyen-Âge" a cherché à affirmer "sa liberté tout en ouvrant la porte à une autonomie du politique, de la société, qui se serait développée grâce à cette séparation." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 17.)

"La réforme grégorienne va [...] en fait bien au-delà de la simple 'liberté' ou de la volonté de dégager les Églises des jeux politiques et de la corruption. La papauté grégorienne, veut rompre avec l'association organique des empereurs avec leurs évêques. Ce faisant, la réforme grégorienne commence à poser en des termes nouveaux la question des rapports entre pouvoir laïc et pouvoir religieux. Elle amorce à terme une forme de séparation avec les pouvoirs politiques et une laïcisation de ces derniers." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 135, 146-150.) "La réforme grégorienne fut une révolution qui agita l'Église durant un siècle et remit totalement en causes ses rapports avec le système politique. [...] Ainsi, bien avant la séparation de 1905, le principe de l'autonomie des pouvoirs séculier et spirituel était acquis, et ce en raison de l'insistance de la papauté." (L'Église en procès, La Réponse des historiens, sous la direction de Jean SÉVILLIA, Tallandier, Le Figaro, Paris 2019, p. 80.)

 

Les ordres monastiques de Cluny (Xe siècle) puis de Citeaux (Cisterciens) diffusent les principes de la réforme du clergé et d'obéissance à l'Église romaine. (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je, 4e édition, Paris 2018, p. 48.)

 

"(En Occident) Pour l'essentiel, c'est aux moines que l'on doit la transmission de l'héritage antique. [...] Le monachisme s'est répandu en Occident dès le IVe siècle, après que saint Martin a fondé le premier monastère d'Occident à Ligugé." (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, ibid., p. 37.)

Mais avant les moines, les philosophes et apologistes chrétiens (Justin, Clément d'Alexandrie, Origène) ont, eux aussi, contribué à amarrer l'héritage antique des progrès de la raison des philosophes grecs au christianisme, permettant une nouvelle civilisation "à condition de rejeter les rituels des initiés. La religion chrétienne est une digue qui protège la rationalité du dogme", à condition, également, de rejeter cet archaïsme du monisme de l'Être de l'Antiquité païenne, qui confondant le Créateur et les créatures, a pu donner lieu à des interprétations mythologiques régressives, ésotérico-magiques, irrationnelles et marchandes. (Lire Alain PASCAL sur ce sujet dans La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris, p. 139-140; 145-150.)

 

Au IIe siècle à Alexandrie, Clément enseigne de 190 à 202 dans le Didascalé (école philosophique chrétienne, sur le modèle des écoles d'Athènes) que Dieu donne à l'esprit humain les moyens de parvenir à la vérité. Élève de Clément, Origène († 254) assume dans le christianisme l'héritage de la rhétorique et de la philosophie antiques, en intégrant la philosophie platonicienne dans la théologie chrétienne.  (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, ibid., p. 23-24.)

 

"La science et la philosophie grecque n'ont jamais quitté les monastères en Occident. Les œuvres philosophiques de l'Antiquité étaient connues dans les monastères occidentaux, car la culture grecque était présente dans la synthèse augustinienne et la langue grecque restait pratiquée." (Alain PASCAL, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. des Cimes, 2e éd. revue et commentée, Paris 2015, p. 72.)

 

Le premier humanisme est chrétien. "Il consiste à faire revivre les humanités anciennes pour les christianiser et ne date pas du XVe siècle car il a été constant pendant les temps féodaux (avec les moines augustiniens, Alcuin (735-804), Gerbert (945-1003), le pape de l'an mil, Pétrarque (1304-1374) sous certains aspects, et bien sûr Nicolas V (1397-1455)" (Alain PASCAL, Les Sources occultes de la philosophie moderne, De la Gnose à la théosophie, tome 1 de la La Conspiration des philosophes, éd. des Cimes, Paris 2017, p. 106.) Surnommé le "pape humaniste", Nicolas V (1447-1455) a connu à Florence, dans l'entourage de Cosme de Médicis, Leonardo Bruni, Niccolo Niccoli et Ambrogio Traversari. Parvenu au trône de saint Pierre, il réalise l'un de ses projets en fondant la Bibliothèque vaticane.

 

"C'est du moyen-âge que sortent directement les doctrines philosophiques et scientifiques sous lesquelles on prétend l'accabler [...]. Il faut donc reléguer dans le domaines des légendes l'histoire d'une 'Renaissance' de la pensée succédant à des siècles de sommeil, d'obscurité et d'erreur..." (Étienne GILSON, La philosophie au Moyen-Âge, p. 761)

 

L'Europe a dominé le monde dès l'époque dite 'obscure' du "Moyen-Âge". L'explication première réside dans la foi des Européens en la raison, dans l'engagement manifeste de l'Église sur la voie d'une théologie rationnelle débarrassée des rituels magiques antiques (scolastique XIe-XIVe siècle), qui a rendu possibles les progrès... Et ce pourquoi les "initiés" de tous les temps l'ont haïe et l'ont combattue, car elle mettait fin à leur commerce et leur domination sur le monde.

 

"En différenciant l'Être de Dieu et l'Être du monde, elle (la scolastique) a offert un fondement métaphysique à la raison et à la liberté. [...] En étant une personne, [...] l'homme n'agit pas par nécessité ou contingence (comme tout ce qui est uniquement interne au cosmos), il est libre et responsable (y compris du Mal, c'est la sanction de la liberté).

[...] La philosophie moderne est stupide – c'est le mot – quand elle dit  que l'homme est rationnel parce qu'il a rejeté Dieu et qu'elle prône une liberté individuelle parce que la raison humaine ne peut venir que de Dieu et que la liberté est impossible à l'individu, puisqu'il est interne au cosmos. Pour preuve, l'homme moderne ne comprend plus rien, il est fou, et de moins en moins libre (il n'y a que les victimes du communisme qui s'en aperçoivent...) [...] Le monisme métaphysique est donc la cause de l'échec moderne. [...] En  régressant à avant la scolastique, la philosophie moderne ne peut pas être nouvelle, elle est nécessairement régressive. [...] Et pour cause, elle régresse à la gnose et à la kabbale.

 

 

"La scolastique est un immense progrès parce qu'elle a sanctifié la philosophie ancienne (qui aspirait à libérer l'homme des croyances irrationnelles des relations cosmiques antiques en accordant à l'humain la faculté rationnelle et la liberté individuelle, mais avait échoué car elle avait persisté dans le monisme de l'Être, parce que c'était la seule conception de l'époque, ou parce que les premiers philosophes, s'ils avaient peut-être eu l'échos de la Genèse [...] n'en avaient pas compris la métaphysique) en la refondant sur le dualisme métaphysique" (Un Dieu créateur et un monde créé non confondus dans l'Un antique)." (Alain PASCAL, Les Sources occultes de la philosophie moderne, De la Gnose à la théosophie, tome 1 de La Conspiration des philosophes, éd. des Cimes, Paris 2017, p. 109-111.)

 

Ainsi, au XVIIe siècle, le cardinal Richelieu, énumérant "les principes dont le gouvernement, remis en sa bonne forme, doit s'inspirer", explique que puisque "'l'homme est souverainement raisonnable, il doit souverainement faire régner sa raison [...], l'autorité contraint à l'obéissance, mais la raison y persuade.' Cette croyance en la souveraineté de la raison est contraire à la doctrine protestante. Selon Luther, le péché originel a absolument corrompu la raison et l'a rendue totalement impuissante. Selon S. Thomas d'Aquin et la majorité des scolastiques, le péché originel a seulement affaibli la raison, mais l'a laissée capable d'atteindre le vrai et le bien. Pour les catholiques et pour Richelieu, la raison reste notre meilleur instrument." (Roland MOUSNIER, L'Homme rouge ou la vie du cardinal Richelieu, Bouquins, Robert Laffont, Paris 1992, p. 752.)

 

"En Occident, sept disciplines sont étudiées dans les monastères. Ce sont les arts libéraux. La grammaire, la rhétorique et la dialectique constituent le 'Trivium', les trois premières 'voies'. À leur suite, l'arithmétique, la musique, la géométrie et l'astronomie constituent les autre 'voies' des arts mathématiques, le 'Quadrivium'. On peut trouver une ébauche des arts libéraux dans Saint Augustin, mais leur origine est antérieure au christianisme et absolument païenne. Leur première énonciation aux Temps féodaux est due à un écrivain latin du Ve siècle, Capella (360? - 428?), qui [...] condense les arts libéraux dans une 'sorte d'encyclopédie', dont le tire est Le Satyricon ou Les Noces de Mercure et de la philologie... Selon Bréhier (La philosophie du Moyen-Âge, Albin Michel, 1949), les arts libéraux ont été 'christianisés' au VIe siècle par Cassiodore (né v. 468).

"[...] Cassiodore écrit v. 540 les manuels des arts libéraux que les moines vont utiliser pendant plusieurs siècles." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 254-255.)

 

Entre le Ve siècle et le IXe siècle, Boèce (480-524), philosophe romain chrétien contemporain de Clovis, répand les œuvres d'Aristote en Occident. Son travail a été la source antique principale de la philosophie médiévale avant le XIIIe siècle. Son traité Logica vetus (logique ancienne) comprend entre autres ses traductions latines de l'Organon (Analytiques I et II), des Catégories, des Topiques, et De l'Interprétation d'Aristote, qu'il a transmis en Occident avant que soient connus les commentaires d'Averroès, philosophe andalou (1126-1198) au XIIIe siècle.

 

"La période n'est pas celle de 'l'infélicité des Goths', le long tunnel d'ignorance déploré par Rabelais et les humanistes. La convergence culturelle des élites 'barbares' et des élites gallo-romaines a permis leur fusion rapide. Au Ve et VIe siècles, aucune régression ne se discerne dans la culture des laïcs ni dans l'usage de l'écrit.

 

Geneviève BÜHRER-THIERRY, Charles MERIAUX le disent clairement :

 

"[...] Monastères et églises jouent un rôle positif dans la conservation des œuvres antiques.

 

"[...] La période du Ve au IXe siècle ne correspond donc nullement au degré zéro de la culture. Tout au contraire, elle assume un rôle primordial dans la transmission d'une grande part de la littérature latine à l'Occident des temps futurs.

 

"[...] À bien y regarder, on est donc amené à reconsidérer l'idée d'un déclin de cette noblesse sénatoriale dans la Gaule du Ve siècle en raison de l'hégémonie des chefs barbares. En vérité, la plupart des grandes familles ont maintenu leur position, entretenu un style de vie antique et participé à la transmission de la culture écrite." (Geneviève BÜHRER-THIERRY, Charles MERIAUX, La France avant la France 481-888, Histoire de France, Sous la direction de Joël Cornette, Folio Histoire, 2019, p. 19 et 40.)

 

"À partir du VIe siècle, les monastères occidentaux appliquent la Règle de S. Benoît (v. 440-547), le fondateur du monastère du Mont Cassin, proclamé récemment par l'Église 'Père de l'Europe et Patron de l'Occident, titres mérités. [...] La Règle bénédictine, rédigée en latin, s'inspire de celle de S. Basile, Père de l'Église et défenseur de Nicée, et accroît la lumière augustinienne. La Règle bénédictine oblige les moines à la fois au travail manuel et à la lecture. Par elle, les moines deviennent ainsi des artistes – ils ornent les Écritures des plus belles enluminures É, des constructeurs et des érudits. Cette maîtrise des arts et cette permanence de la culture ne permettent pas (là encore) d'accuser d''obscurantisme' les monastères bénédictins." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 256.)

 

"Dès les premiers temps, les Pères de l'Église ont enseigné que la raison était le don suprême de Dieu et le moyen d'accroître progressivement leur compréhension des Écritures et de la Révélation. En conséquence, le christianisme s'est trouvé orienté vers l'avenir, tandis que les autres grandes religions affirmaient la supériorité du passé. 

"... Comme l'enseigne Tertullien au IIe siècle : 'La raison est une chose qui vient de Dieu, pour autant qu'il n'y a rien que Dieu, qui a fait toute chose, n'ait pas fourni, disposé, ordonné par la raison, rien qu'il n'ait voulu comme devant être appréhendé et compris par la raison.' (De la Repentance, ch. I). Dans le même état d'esprit, Clément d'Alexandrie énonçait au IIe siècle une mise en garde : 'Ne croyez pas que nous disons que ces choses sont reçues seulement par la foi, mais aussi qu'elles doivent être affirmées par la raison. Car en vérité il n'est pas avisé de confier ces choses à la simple foi sans la raison, étant donné qu'assurément la vérité ne peut exister sans raison.' (Les reconnaissances de Clément : Livre II, ch. 69). (Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 7, 22-23.)

 

Saint Augustin ne faisait qu'exprimer l'opinion générale lorsqu'il soutenait que la raison était indispensable à la foi  :  'Veuille le Ciel que Dieu ne haïsse pas en nous ce par quoi il nous a faits supérieurs aux animaux ! Veuille le Ciel que nous ne croyions pas de telle façon que nous n'acceptions pas ou ne cherchions pas de raisons, puisque nous ne pourrions même pas croire si nous ne possédions pas d'âmes rationnelles.' Saint Augustin reconnaissait que 'la foi doit précéder la raison et purifier le cœur et le rendre propre à recevoir et endurer la grande lumière de la raison'. Puis il ajoutait que, bien qu'il soit nécessaire 'que la foi précède la raison dans certains domaines de grande conséquence qui ne peuvent pas encore être compris, assurément la minuscule portion de raison qui nous persuade de ceci doit précéder la foi.' (In David C. Lindberg et Ronald L. Numbers, Gods and Nature : Historical Essays on the Encounter Between Christianity ans Science, Berkeley University of California Press, 1986, 27-28.) Les théologiens scolastiques avaient bien davantage foi dans la raison que la plupart des philosophes ne sont prêts à en avoir aujourd'hui. (R. W. Southern, Medieval Humanisme and Other Studies, Harper Torchbooks, New Yord, 1970, 49). (Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 23.)

 

"Les moines augustiniens continuent d'étudier les philosophes grecs, Claudien Mamert en fournit la première preuve. Le latin est la langue occidentale, mais dire que la culture grecque reviendra en Occident avec la 'Renaissance italienne' est un mensonge. [...] Dire que les moines en Occident ignorent la culture grecque est un des mensonges historiques qui sert d'alibi à la Franc-Maçonnerie pour opposer à un imaginaire 'obscurantiste' des monastères la pseudo-'science' de la Renaissance." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 232.)

 

"Autre clerc lumineux, le pape Saint Grégoire le Grand (v. 540-606). [...] On peut dire qu'à leur manière Saint Benoît et Saint Grégoire perpétuent l'union de la raison et du cœur de l'augustinisme. Ils sont fidèles à la tradition de l'Occident chrétien, pour lequel le Vrai, idéal de la raison, est une valeur au même titre que le Beau, idéal du cœur. Le Vrai et le Beau véhiculent le Bien. Un chrétien de la tradition aime la Vérité et la Beauté qui rapprochent de Dieu, redoute le mensonge et la laideur qui sont des attributs du diable, usurpateur du vrai et du beau.

 

"[...] On peut dire qu'à partir du VIe siècle, par l'augustinisme, la Règle bénédictine et la réforme grégorienne, la lumière éclaire les monastère d'Occident, refuges de la culture et des arts en cette période de chaos due aux invasions." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 256-257.)

 

La culture, selon Charlemagne, devait s'écouler en aval d'une classe de lettrés religieux et éduqués à la cour, la classe intellectuelle. Il s'agissait d'une approche rigoureusement descendante où l'exemple venant d'en haut, la cour devait montrer l'exemple.

 

"La lumière de la tradition chrétienne éclaire la Renaissance carolingienne

"Alcuin (735-804) dirige l'École du palais à Aix-la-Chapelle et celle de Tours. Sous son autorité, des écoles sont fondées dans toute l'Europe. [...] Alcuin [...] reste un augustinien. [...] L'École du Palais copie les manuscrits des auteurs latins, qui, par les monastères atteindront les grands classiques français. Alcuin inscrit pour plusieurs siècles la culture de l'Occident dans la catholicité. Les Germains découvrent la culture antique grâce aux chrétiens. Cette culture est christianisée et transmise par les moines aux poètes et littérateurs futurs. La littérature des Temps féodaux est même si riche de culture antique qu'il est mensonger de parler de Renaissance littéraire au XVe siècle.

"[...] La Renaissance carolingienne réussit la réconciliation de l'Orient et de l'Occident dans une admirable synthèse qui s'inscrit dans la suite de l'augustinisme (développement chrétien de Platon, nécessité de la grâce pour le salut, conciliation entre foi et raison, connaissance naturelle de Dieu, négativité du mal). Elle est [...] comme l'augustinisme, un magnifique fruit de la Raison occidentale. [...]  Elle éclaire le passé grec par la Lumière de la tradition chrétienne, l'augustinisme." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, tome2, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. Cimes, 2e éd. revue et augmentée, Paris 2015, p. 97.)

Au Xe siècle, le savant Gerbert d'Aurillac (950-1003), Pape sous le nom de Sylvestre II. "Ses préoccupations sont celles d'un humaniste, il achète à grand prix des livres dans tous les pays", écrit Émile Bréhier, dans La Philosophie au Moyen-Âge (Albin Michel, 1949, p. 79), c'est-à-dire qu'il étudie les humanités anciennes et se préoccupe du sort des humains (il ne peut pas être Humaniste au sens du XVIe siècle, qui substitue l'Homme à Dieu)... En même temps que Gerbert et en relation avec lui, un autre moine savant, Abbon (945-1004) travaille "à la restauration des sciences", précise Béhier (p. 81).

"L'Occident chrétien  va connaître un apogée intellectuel à partir du XIe siècle. (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, tome2, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. Cimes, 2e éd. revue et augmentée, Paris 2015, p. 120-121.)

 

Du début du XIe siècle à la fin du XIIe siècle, la scolastique primitive débute avec la figure d'Anselme de Cantorbéry (1033-1109) et l'école de Chartres. Les œuvres d'Aristote marquées par l'influence de Platon sont copiées par Jacques de Venise († 1147) et traduites du grec au latin par Albert le Grand (1193-1206), maître dominicain de Thomas d'Aquin, qui les introduit dans les universités, en même temps que les traités scientifiques grecs.

 

Saint Thomas d'Aquin formule l'aristotélisme chrétien en appliquant à la théologie les méthodes et les exigences du raisonnement philosophique. L'engagement chrétien en faveur de la raison culmine avec sa Somme théologique, publiée à Paris à la fin du XIIIe siècle. Il avançait que dans la mesure où l'entendement des humains n'est pas suffisant pour percevoir directement l'essence des choses, il leur est nécessaire de cheminer vers la connaissance pas à pas, au moyen de la raison. Il prônait ainsi l'utilisation de la philosophie, particulièrement des principes de la logique, dans une tentative d'élaboration de la théologie. 

Alexandre de Hales (1180-1245) surnommé le "Docteur irréfragable", Robert Grossetête (1175-1253) à Lincoln, un des représentants de la Première Renaissance, et Roger Bacon (1214-1294) à Oxford (Angleterre), surnommés le "Docteur admirable", davantage portés vers l'expérience que vers la spéculation pure, identifient quelques erreurs commises par Aristote à propos des phénomènes naturels, ce qui ne les empêche nullement de reconnaître l'importance de la philosophie d'Aristote. 

La scolastique tardive du XIVe siècle est représentée par la figure de Jean Duns Scot (1266-1308), à Oxford, Paris et Cologne, le "docteur subtil" qui donne une priorité à la volonté (d'où l'étiquette de "volontarisme") devant les autres facultés comme l'intelligence intellectualiste ou la charité.

Les apports du christianisme

 

Imparfaite, mais néanmoins grande, la civilisation de la chrétienté formée par l’Église catholique est une civilisation dont nous pouvons et devons être fiers. Aucune n’a produit autant de fruits dans tous les domaines de la vie.

Les œuvres du Christ ne reculent pas, mais elles progressent.

Saint Bonaventure

 

 

La Raison première se trouve en Dieu



Et "le Christ Verbe incarné offre à l'humanité la connaissance rationnelle."



Dieu ouvre en effet avec son Incarnation une ère nouvelle qui met fin à l'Antiquité, où la métaphysique ancienne – les cultes du cosmos –  était partout moniste, alors que celle du christianisme est dualiste (dualisme de l'être : 1- Dieu Créateur et 2 - les créatures, qui ne sont pas une seule et même chose. Dieu et ses créatures ne doivent pas être confondus = hérésie panthéiste).



"L'Incarnation est ainsi le plus grand événement de l'Histoire sur le plan religieux, mais également philosophique et politique."



(Cf. Alain Pascal, Pour une révision totale de l'Histoire, Faire table rase de la table rase, Les Éditions du Verbe haut, La Courneuve 2024, p. 65-73)

 

‘’(Le christianisme) leva sur le monde, avec l’étendard du Calvaire, le vrai drapeau de la réforme.

 

"Il attaqua l’orgueil par l’humilité, il attaqua la cupidité (passion immodérée de la richesse) par la pauvreté, il attaqua le sensualisme par la mortification, il opposa à la concupiscence qui précipitait toutes les décadences la sainteté qui allait susciter tous les Progrès…

 

Et … le monde se trouva replacé sur cette route royale où depuis deux mille ans il remonte avec Jésus-Christ.

 

... Le christianisme a réformé et fait progresser le monde parce qu'il a attaqué résolument la concupiscence (Concupiscentia carnis, concupiscence de la chair ou sensualisme, péché originel, l'âme qui s'incline sous l'empire du corps, la prépondérance désordonnée de la vie des sens sur la vie de l'esprit) : au contraire, toutes les réformes qui reculent devant elle, réforme religieuse, politique ou sociale, échouent fatalement, et conduisent aux décadences sous le drapeau du Progrès. ... (En effet), ... ce qu'il y a de plus effrayant dans ... ces tendances de notre temps, c'est d'entendre vanter comme élément et principe de Progrès, ce mal profond (le sensualisme) qui dévore le Progrès.’’ (Joseph FELIX, Le Progrès par le christianisme 1857, Conférences de Notre-Dame de Paris, Forgotten Books, p. 87-88; 103; 145.)

 

"Le christianisme irrigue toutes les constructions sociales, il est le modèle d’explication des sociétés, des cultures et du système de pensée occidental dans ses structures conceptuelles. Il se présente comme la constituante essentielle de l’histoire des civilisations et des hommes. Cette assertion, indéniable aujourd’hui et scientifiquement acquise..." (Bénédicte Sère, Histoire générale du christianisme. Volume I : Des origines au xve siècle, dir. Jean-Robert Armogathe, Pascal Montaubin, Michel-Yves Perrin, Revue de l’histoire des religions [En ligne], 1 | 2012, mis en ligne le 04 avril 2012. URL : http://journals.openedition.org/rhr/7840 )

 

Tout ce qui caractérise l'Europe est dû au christianisme

 

Dans le christianisme se trouve une première proposition d'universalité qui est unique dans l'histoire, l'homme trouve un une liberté individuelle ; alors que jusque sa destinée était collective, son destin devient individuel avec le Sermon sur la montagne.

 

"Le catholicisme est ... la plus tolérante de toutes les religions, puisque la seule qui ne différencie pas le statut du croyant et du non-croyant.

 

"(...) Sans l'Incarnation de Jésus, ni la reconnaissance d'une destinée personnelle, ni la liberté accordée à tous les hommes égaux devant Dieu, ni la domination rationnelle de l'homme sur la nature ne sont concevables. 

 

"Berdiaev (1874-1948) a démontré que, par la suite de l'Incarnation christique, toute la part traditionnellement magique de la nature était abolie, ce qui permettait l'étude scientifique de la nature, par démystifcation. Ce n'est pas (...)  le cas du judaïsme (ni de l'islam qui prône et vit une théocratie, la soumission du temporel au spirituel). Le judaïsme  envisage toujours un destin collectif, il n'y a pas de destin individuel; le judaïsme n'accorde pas non plus le même statut au juif et au goy, et ne s'est pas clairement départi de l'ancienne cosmologie (...), notamment dans son ésotérisme kabbalistique.

 

"Incidences politiques évidentes : la Démocratie est d'origine chrétienne, (...)

 

"Comme dans le christianisme pour lequel chaque homme est égal devant Dieu, dans la Démocratie chaque citoyen est égal devant la loi (qu'il ne le soit pas dans les faits n'est pas du domaine religieux)." (Alain PASCAL, La Trahison des initiés, 3e édition revue et corrigée, éd. Cimes, Paris 2013, p. 221; 229.)

 

Avec le Sermon sur la Montagne, le concept de Personne naît, en tant qu'individu avec une dignité et des droits inhérents, qui était inconnu dans les temps anciens de métaphysique moniste (les cultes du cosmos) et au destin collectif. 

 

Du christianisme naît l'idée que tous les individus sont créés égaux devant Dieu, reflétant la croyance en la dignité de chaque personne ("persona significat illud quod est perfectissimum in tota natura, scilicet subsistens in rationali natura").

 

Le royaume messianique est à la fois présent et futur. Il est les deux à la fois. Et l'Église, corps du Christ, est le royaume du Christ déjà présent.

 

La communauté chrétienne à l'opposé de la Jérusalem actuelle, terrestre et nationale, est la Jérusalem d'en-haut (1 Co 10, 18), céleste et spirituelle (Ga 4, 25-26). (Joseph Lecler, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, 1955, rééd Albin Michel, Paris, 1994, p. 54.)

 

Le christianisme, en mettant l'accent sur le salut individuel et la rédemption à travers l'histoire, établit une nouvelle conception du temps, considérant l'histoire comme un récit avec un but, qui atteindra son point culminant lorsque Dieu jugera l'humanité et établira la Cité de Dieu [Saint Augustin] comme la demeure éternelle des justes.

 

Le Sermon sur la Montagne est en fait une dialectique entre Jésus et Moïse, même si celui-ci n'est jamais cité.

 

Jésus est venu pour accomplir la loi mosaïque. Il a souligné son union parfaite avec la volonté divine, et se conforme pleinement à la loi —a abrogé certaines traditions non bibliques, corrigé certaines interprétations erronées, mais n'a pas abrogé les mandats légaux de la loi mosaïque. Jésus comprend la vraie nature de la loi comme la loi de Dieu: la loi n'est pas en elle-même Dieu, ni Dieu la loi. Il sait que la vraie nature de la loi réside dans sa connexion à Dieu, et il défend publiquement l'autorité divine de la loi soulignant que Dieu est le donneur et le Seigneur de la loi; que ce n'est qu'en communion avec Dieu que la loi est pleinement accomplie. Et ainsi il fut crucifié; non sans avoir d'abord alerté ceux qui voulaient l'écouter de l'instrumentation de Dieu (son remplacement par la loi), et du danger de tomber dans la tentation antinomique.

 

Nous savons, avec Niebuhr (1892-1971), que la morale est insoluble avec les institutions, mais qu'elle est réalisable par l'individu.

 

Le Sermon sur la Montagne n'est intelligible qu'à la lumière du principe de l'amour gratuit.

 

Matthieu souligne que l'amour a plus de poids que les rites et les légalismes :

 

"Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que ... vous avez négligé ce qui est le plus important dans la Loi : la justice, la miséricorde et la fidélité.

 

Voilà ce qu’il fallait pratiquer sans négliger le reste." Matthieu 23,23

 

L'amour n'est pas sentimental, il s'agit de faire le bien.

 

Les termes religieux utilisés par l'évangéliste, Mishpatm, Jesed, Emeth (מִשְׁפָּט. חֶסֶד,אֱמֶת), montrent que Jésus ne prescrit pas une morale de règles et d'obligations qui doivent être strictement respectées pour atteindre le salut ; ni une éthique ascétique pour les saints ou les ermites, mais une justice universelle pour établir une nouvelle humanité unie dans le Christ, qui inclut les païens (Ephésiens 2:11-22; Colossiens 3:11; Actes 10:34-35), une anthropologie transcendantale, dans laquelle l'Homme vit pour être, au-delà de son existence.

 

Le Jésus du Sermon sur la Montagne est véritablement Dieu et véritablement humain, sans confusion possible, ni division des deux natures. Et c'est pourquoi, Dieu n'est pas un substantif à définir, mais un Verbe à vivre [Matthieu 20, 1-16]. Jésus ne parle pas de sentiments, mais de nos relations personnelles avec les malheureux et les différents, avec qui Jésus s'identifie, parce que ce sont ces relations qui révèlent qui nous sommes vraiment.

 

Les enseignements du Sermon contiennent ainsi le rejet implicite de la notion d'un peuple élu associé à une religion tribale qui exige la supériorité et l'exceptionnalisme du collectif, car cette vision limitée et exclusive empêche de comprendre le sacré incarné dans le Messie universel. (Cf. https://posmodernia.com/el-mito-de-la-tradicion-judeocristiana/ )

 

Ainsi, concrètement, "aucune nation, aucune démocratie ne peut écrire sa propre histoire sans reconnaître à la France une dette ou une influence directe," a pu écrire Théodore ZELDIN, dans "Histoire des passions françaises, 1848-1945" (tome 5, Points Histoire, Paris-Mesnil 1981, p. 446.) à propos de la France, Fille aînée de l'Eglise.

 

Le self-government rural ou la "démocratie" et des élections à la pluralité des voix dans chaque village était un usage courant sous l'"Ancien Régime". (Frantz FUNCK-BRENTANO, La Société sous l'Ancien Régime, Flammarion, Lagny 1934, p. 33-35.)

 

"Les rois du vieux temps laissaient se gouverner leurs sujets à l'abri de leur autorité souveraine. [...] Dallington va jusqu'à définir la France sous le gouvernement de ses princes, 'une vaste démocratie'." (Frantz FUNCK-BRENTANO, L'Ancien Régime, Les Grandes études Historiques, Librairie Arthème Fayard, Paris 1926, p. 525-526.)

 

Le parlement local était élu par la population locale. Chaque grande ville élisait ses dirigeants, désignés parfois sous le terme d'échevin. (Pierre GAXOTTE, La Révolution française, Nouvelle édition établie par Jean Tulard, Éditions Complexe, Bruxelles 1988, p. 9-10.) Mais, "dans certaines provinces, les sujets du roi pouvait naître, vivre et mourir sans avoir directement affaire à l’Etat." (Michel ANTOINE, Louis XV, Fayard, 1989).

 

Sous "l'Ancien Régime", "le principe des libertés nationales était posé dans cette maxime fondamentale de l'Etat français : Lex fit consensu populi et constitutione regis. "Consentement de la nation et décret du prince", voilà l'antique formule du pouvoir législatif en France, depuis l'établissement de la monarchie." (Mgr FREPPELLa Révolution française, Autour du centenaire de 1789, Paris: A. Roger et F. Chernoviz, 1889, p. 33.)

 

"L'enseignement était obligatoire et gratuit. [...] Au cours de son livre L'École sous la Révolution, V. Pierre constate qu'il y avait en 1789 des écoles dans chaque paroisse 'et presque dans chaque hameau'." (Frantz-FUNCK-BRENTANO, La Société sous l'Ancien Régime, Flammarion, Lagny 1934, pp. 50-51.)

Solennité du Christ Roi de l'univers

La liberté et l'égalité : des valeurs chrétiennes  dévoyées par la Démocratie moderne.

 

"Dans le régime démocratique, [...] (e)n théorie, le nouveau citoyen se voit reconnaître un pouvoir de contribuer à la formation des décisions. [...] Mais en réalité, il a moins de prise sur la décision qu'il n'en a jamais eu (Voir Patrice Gueniffey, Le Nombre et la raison, La Révolution française et les élections, éd. de l'EHESS, Paris 1993, p. 208-213). En effet, la participation démocratique [...], constitue une double fiction dont l'effet est de transférer le pouvoir théoriquement possédé par les individus à une oligarchie composée de professionnels de la politique. Cette oligarchie trie les problèmes et définit les termes dans lesquels ils peuvent être résolus, médiation indispensable pour transmuer la poussière des volontés individuelles en 'volonté collective'." (Patrice Gueniffey, La Politique de la Terreur, Essai sur la violence révolutionnaireFayard 2000, réed. Tel Gallimard, Mesnil-sur-l'Estrée 2003, p. 206-210.)

 

"Aujourd'hui, le citoyen se croit libre, mais cette liberté est encadrée les anti-modernes n'ont pas le droit à la parole – et surtout verbale. Le citoyen est soumis à l'tat. C'était d'ailleurs le but du Contrat social de Rousseau." (Alain PASCAL, Pour une Révision totale de l'histoire, Faire table rase de la table rase, Essais antimodernes et contre-révolutionnaires tome 1, Editions du Verbe Haut, La Courneuve 2024, p. 24.)

 

"L'État de nos jours est plus directif que sous l'Ancien Régime. [...] La plus libérale des démocraties actuelles est bien plus absolue que la monarchie dite 'absolue'... En effet, l’autorité étatique y est beaucoup plus à même d’imposer sa volonté." (Jean-Louis Harouel, L’esprit des institutions d’Ancien Régime, Le miracle capétien, Perrin, 1987).

 

"Les théoriciens chrétiens proposaient depuis longtemps des théories sur la nature de l'égalité et sur les droits de l'individu. Le travail ultérieur de théoriciens politiques 'laïques' tels que John Locke a été explicitement fondé sur des axiomes égalitaires posés par les penseurs religieux." (Jeremy Waldron, God, Locke, and Equality, Cambridge University Press, 2002, cité in Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 11). 

 

"Beaucoup expriment également de l'admiration pour les œuvres de John Locke au XVIIe siècle comme étant une source majeure de la théorie démocratique moderne, apparemment sans se rendre compte le moins du monde que Locke fonda explicitement toute sa thèse sur les doctrines chrétiennes concernant l'égalité morale." (Jeremy Waldron, ibid.cité in Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, ibid., p. 119.)

 

 

Ainsi, ‘’le christianisme n'est pas seulement une foi, c'est une foi qui a baptisé une civilisation : celle de la dignité des hommes, de la liberté, de la responsabilité, de l'égalité.

 

Détruisez le christianisme et vous aurez détruit cette civilisation.

 

"Reléguez la foi chrétienne au rôle d'un récit et vous aurez perdu notre fondement. Et notre identité aussi : car si les autres vous frappent parce que vous êtes juif et chrétien et que vous ne donnez aucun poids à cet être, alors les autres sont quelqu'un et vous n'êtes personne, n'ayant rien à défendre. C'est la leçon ... que j'ai tirée de la tragédie du 11 septembre et que j'ai renforcée lors de mes rencontres avec Ratzinger. Il avait de la lucidité et du courage,’’ a pu expliqué le sénateur libéral italien, philosophe et universitaire, Marcello Pera, qui avait rencontré à plusieurs reprises Benoît XVI.

 

Rappelons les progrès scientifiques et moraux dus au christianisme.

 

Le christianisme est directement responsable des percées intellectuelles, politiques, scientifiques et économiques les plus significatives du dernier millénaire; la théologie chrétienne en est la source même. "Les autres grandes religions ont mis l'accent sur le mystère, l'obéissance, l'introspection ou la répétition. Seul le christianisme s'est ouvert à la logique et à la pensée déductive comme moyens d'accès aux lumières, à la liberté et au progrès. Au Ve siècle déjà, saint Augustin célébrait le progrès théologique et "l'invention exubérante". Les valeurs qui nous sont les plus chères aujourd'hui - le progrès scientifique, le règne de la démocratie, la liberté des échanges et de la circulation des hommes et des idées - doivent largement leur universalité au christianisme vu comme une tradition grandiose dont nous sommes tous les héritiers", écrit Rodney STARK dans son ouvrage "Le triomphe de la raison : pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, traduction de Gérard Hocmard, Paris, Presses de la Renaissance, 2007.) 

 

"Non seulement la science et la religion étaient compatibles, mais elles étaient inséparables : l'essor de la science a été le fait de penseurs chrétiens profondément religieux. (Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 30.) 

 

Ceux qui participèrent aux grands progrès des XVI et XVIIe siècles, Newton, Kepler, et Galilée ont perçu leurs travaux comme étant 'au service' de la théologie. Ils considéraient la Création elle-même comme un livre qu'il fallait lire et comprendre. (David Lyle Jeffrey, By Things Seen : Reference and Recognition in Medieval Tought, Ottawa Université of Ottawa Press, 1979, 14). René Descartes justifiait sa recherche des 'lois' naturelles par le fait que de telles lois doivent nécessairement exister puisque Dieu est parfait et qu''il agit de manière aussi constante et immuable que possible', à la rare exception des miracles. (Œuvres, Livre VIII, ch. 61.)

La fin des sacrifices humains

Le grand problème de ces religions (primitives) – qui sont dites cosmiques – tient à ce que l'ordre du Cosmos nécessite un sacrifice, lequel est humain et souvent de jeunes filles vierges, avis aux 'féministes'.

[...] Quand Dieu arrête le bras d'Abraham, il épargne un être humain pour lui substituer un animal "bouc émissaire". C'est l'un des plus grands apports du judaïsme. Puis Dieu scelle la seconde Alliance : Il sacrifie son Fils unique pour sauver l'humanité entière. C'est le Sacrifice [...] qui abolit définitivement le sacrifice humain, ce pourquoi le Sacré de la Bible est le Sacré avec un grand S. Avis aux sociologues intelligents, s'il y en a...

Alain PASCAL, Pour une Révision totale de l'histoire, Faire table rase de la table rase, Essais antimodernes et contre-révolutionnaires tome 1, Editions du Verbe Haut, La Courneuve 2024, p. 38

Dans la mythologie nordique du Chant d’Hyndla, le guerrier Ottar (lointain descendant de Sigurd), probablement lié aux Berserkers des sagas, offrait des sacrifices humains à la déesse Freyja.

Mais au VIIe siècle, les sacrifices humains en Europe étaient encore pratiqués dans certaines régions païennes 

- comme la Frise où les enfants étaient "noyés dans la mer par la marée montante afin d'apaiser la colère des dieux" (Geneviève BÜHRER-THIERRY, Charles MERIAUX, La France avant la France 471-888, Histoire de France, Sous la direction de Joël Cornette, Folio Histoire, 2019, p. 276).

- En Suède où les habitants de l'île de Gotland sacrifiaient leurs enfants, en Norvège où on jetait les enfants sur des lances, en Islande où des êtres humains étaient jetés dans des fosses sacrificielles (blotgrafar, des puits à offrandes); en Suède encore à Uppsala où tous les neuf ans, des hommes étaient sacrifiés pendus dans un bois près du temple, ou noyés dans une source (Stéphane COVIAUX, La fin du Monde Viking, Passés Composés, Paris 2019, p. 158)

- au Danemark au Xe siècle, où l'archéologie témoigne de l'existence de sites dédiés aux sacrifices rituels, y compris humains, à Tisso, près de la grande halle, ou à Trelleborg.

Ces sacrifices humains réalisés dans l'espoir de se concilier les dieux Odin, Thor et Freya, parce que leur sang avait davantage de prix, avaient disparu au XIIIe siècle dans la "Chrétienté", et au XVIe siècle dans le monde, en Amérique latine. "Ils ne cesseront définitivement qu'une fois le christianisme bien implanté." (Jean RENAUD, Les vikings, vérités et légendes, Perrin, 2019, p. 294-302.)

 

L'infanticide et l'exposition des enfants. L'anthropologue Laila Williamson note que "l'infanticide a été pratiqué sur tous les continents et par des gens de tous niveaux de complexité culturelle, des chasseurs-cueilleurs aux grandes civilisations, y compris nos propres ancêtres. Plutôt que d'être une exception, il a donc été la règle. (Laila Williamson, Infanticide: an anthropological analysis, in Kohl, Marvin (ed.). Infanticide and the Value of Life, NY: Prometheus Books, 1978, pp. 61–75.)

Une méthode d'infanticide fréquente dans l'Europe et l'Asie anciennes consistait simplement à abandonner le nourrisson , le laissant mourir par exposition (c'est-à-dire par Hypothermie, faim, soif ou attaque animale). [John Eastburn Boswell, "Exposition et oblation: l'abandon des enfants et la famille antique et médiévale". Revue historique américaine, 1984.]

Les Grecs historiques considéraient la pratique du sacrifice des adultes et des enfants comme barbare [26], cependant, l'exposition des nouveau-nés était largement pratiquée dans la Grèce antique , elle était même préconisée par Aristote dans le cas de la déformation congénitale - "Quant à l'exposition des enfants, qu'il y ait une loi interdisant à un enfant déformé de vivre. » [PM Dunn, "Aristotle (384–322 bc): philosopher and scientist of ancient Greece, 2006] En Grèce, la décision d'exposer un enfant appartenait généralement au père, bien qu'à Sparte, la décision ait été prise par un groupe d'anciens.

Cette pratique était également répandue dans la Rome antique. Selon la mythologie, Romulus et Remus , deux fils jumeaux du dieu de la guerre Mars, ont survécu au quasi-infanticide après avoir été jetés dans le Tibre. Selon le mythe, ils ont été élevés par des loups et ont ensuite fondé la ville de Rome.

Philon a été le premier philosophe à se prononcer contre. [The Special Laws. Cambridge: Harvard University Press. III, XX.117, Volume VII, pp. 118, 551, 549.] Une lettre d'un citoyen romain à sa sœur ou à une femme enceinte de son mari [Greg Woolf (2007). Ancient civilizations: the illustrated guide to belief, mythology, and art. Barnes & Noble. p. 386.], datant du 1er av. J.-C., montre la nature décontractée avec laquelle l'infanticide était souvent considéré.

Dans certaines périodes de l'histoire romaine, il était traditionnel qu'un nouveau-né soit amené au pater familias , le patriarche de la famille, qui déciderait alors si l'enfant devait être gardé et élevé, ou laissé mourir par exposition. [John Crossan, The Essential Jesus: Original Sayings and Earliest Images, p. 151, Castle, 1994, 1998] Les Douze Tables de droit romain l'ont obligé à mettre à mort un enfant visiblement déformé. Les pratiques concurrentes d' esclavage et d'infanticide ont contribué au «bruit de fond» des crises de la République.

L'infanticide est devenu une infraction capitale en droit romain en 374 après JC , mais les contrevenants étaient rarement, sinon jamais, poursuivis. [Samuel X. Radbill, 1974, "A history of child abuse and infanticide", in Steinmetz, Suzanne K. and Murray A. Straus (ed.). Violence in the Family. NY: Dodd, Mead & Co, pp. 173–179.]

La première maison d'enfant trouvé en Europe a été établie à Milan en 787 en raison du nombre élevé d'infanticides et de naissances hors mariage. L' hôpital du Saint-Esprit à Rome a été fondé par le pape Innocent III parce que les femmes jetaient leurs enfants dans le Tibre. [Richard Trexler, (1973). "Infanticide in Florence: new sources and first results". History of Childhood Quarterly. 1: 99.]

Contrairement à d'autres régions européennes, au Moyen Âge, la mère allemande avait le droit d'exposer le nouveau-né. [C.W. Westrup (1944). Introduction to Roman Law. London: Oxford University Press. p. 249.]

Au Haut Moyen Âge, l'abandon d'enfants non désirés a finalement éclipsé l'infanticide. Les enfants non désirés étaient laissés à la porte de l'église ou de l'abbaye, et le clergé était supposé prendre soin de leur éducation. Cette pratique a donné naissance aux premiers orphelinats. (Josiah Cox Russell, 1958, Late Ancient and Medieval Population, pp. 13-17.]

Le judaïsme interdisait l'infanticide. Tacite a enregistré que les Juifs "considèrent comme un crime de tuer tout enfant né tard". [Tacitus (1931). The Histories. London: William Heinemann. Volume II, 183.] Josephus , dont les travaux donnent un aperçu important du judaïsme du 1er siècle, a écrit que Dieu "interdit aux femmes de provoquer l'avortement de ce qui est engendré, ou de le détruire par la suite". [Josephus (1976). The Works of Flavius Josephus, "Against Apion". Cambridge: Harvard University Press. pp. II.25, p. 597.]

Dans les tribus païennes germaniques, John Boswell écrit que les enfants indésirables étaient exposés, généralement dans la forêt. "C'était la coutume des païens [teutoniques], que s'ils voulaient tuer un fils ou une fille, ils seraient tués avant d'avoir reçu de la nourriture." [Boswell, John (1988). The Kindness of Strangers. NY: Vintage Books.] Habituellement, les enfants nés hors mariage étaient disposés de cette façon.

Dans son Temps préhistoriques très influent, John Lubbock a décrit des os brûlés indiquant la pratique du sacrifice d'enfants dans la Grande-Bretagne païenne. [John Lubbock (1865). Pre-historic Times, as Illustrated by Ancient Remains, and the Manners and Customs of Modern Savages. London: Williams and Norgate. p. 176.]

Le dernier canto, Marjatan poika (Fils de Marjatta) de l'épopée nationale finlandaise Kalevala décrit un infanticide supposé. Väinämöinen ordonne que l'enfant bâtard de Marjatta se noie dans le marais.

Le Íslendingabók , une source principale pour la première histoire de l'Islande , raconte que lors de la conversion de l'Islande au christianisme en 1000, il a été prévu - afin de rendre la transition plus agréable pour les païens - que "les anciennes lois autorisant l'exposition des nouveau-nés resterait en vigueur". Cependant, cette disposition - comme d'autres concessions faites à l'époque aux païens - fut abolie quelques années plus tard.

Ce sont les principes chrétiens sur lesquels la civilisation occidentale a été fondée qui ont d'abord interdit, puis empêché pendant si longtemps et pendant tant de siècles le meurtre d'enfants. 

 

"Le christianisme a libéré les femmes." (Jacques Le Goff).

 

"Le christianisme est la religion qui valorise le plus le féminin, car la femme [...] y est l'égale de l'homme pour le salut. Il n'y a plus 'ni homme, ni femme', écrit Saint Paul (Ga 3,28).

 

Quelle est la plus grande créature de tous les temps ? Une femme.

La Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu, la Très Sainte Mère de Dieu, occupe la plus haute place d'honneur parmi tous les êtres créés. Elle est au-dessus de tous les anges et de tous les saints. Comme le dit l'Ange Gabriel, la saluant, elle est "Comblée-de-grâce" (Luc 1,28). Elle est la nouvelle Ève, sans laquelle il n'y aurait pas de salut pour l'humanité, "une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles" (Apocalypse 12,1).

 

Aucune autre religion au monde ne donne à la femme une place dans un rôle aussi élevé

 

Une femme a donné naissance au Sauveur du monde. Quelle autre religion égale cet honneur ?

 

Le mariage chrétien honore à la fois l’homme et la femme.

 

Dans un monde païen où les femmes étaient souvent une propriété, le christianisme déclarait :

"Vous, les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : il a aimé l’Église, il s’est livré lui-même pour elle" - Éphésiens 5, 25

 

C'est cela l'amour sacrificiel. Placer le bien de l'épouse au-dessus de soi-même, comme le Christ l'a fait pour nous. Le mariage est devenu un chemin mutuel vers la sainteté, et non une exploitation. Il est devenu une voie de sanctification mutuelle.

 

Jusqu'à la conversion de Clovis, "le statut juridique de la femme mérovingienne est des moins enviable. Perpétuelle mineure, réputée faible par nature, celle-ci vit sous la protection d'un tuteur - ou mainbour -, d'abord son père, puis son mari." (Philippe DELORME, Préface de Jean TULARD de l'Institut, Contre-Histoire de France, Ni romance, ni repentance, Via Romana, Le Chesnay 2024, p. 60.)

 

D'innombrables femmes chrétiennes ont changé et façonné la société pour le mieux.

 

Isabelle la Catholique, reine de Castille, a mis fin à la Reconquista.

 

Les prières de sainte Monique ont converti saint Augustin.

 

Sainte Macrine la Jeune a façonné l'esprit de ses frères, les saints Basile et Grégoire de Nysse.

 

"Par rapport au passé, le christianisme offre [...] une nouvelle dignité à la femme par un mariage qui met fin à la polygamie orientale et lui accorde le droit à l'amour. La femme n'est plus un objet de plaisir." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, tome 2, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. Cimes, 2e éd. revue et augmentée, Paris 2015, p. 213.)

 

Le consentement dans le mariage est une révolution introduite avec l'institution du mariage chrétien qui revenait sur la pratique du mariage forcé hérité du droit romain où la femme romaine est une mineure, sous la coupe du pater familias, père de famille, puis du mari. Voici quelques lignes de Jacques Le Goff sur ce sujet :

 

À l'instar des nombreuses saintes qui furent persécuter et martyres pour avoir exercé leur liberté de consentement, comme sainte Thècle au Ier siècle, sainte Agathe au IIIe siècle, ou encore sainte Agnès au début du IVe siècle, "voyez [...] la réflexion qu'a menée l'Église sur [...] le mariage, afin d'aboutir à cette institution typiquement chrétienne formalisée par le IVe siècle concile de Latran en 1215, [...] un acte qui ne peut avoir lieu qu'avec l'accord plein et entier des deux adultes concernés (consentement). [...] Le mariage est impossible sans l'accord [...] de l'épouse : la femme ne peut pas être mariée contre son gré, elle doit avoir dit oui. (Michel SOT, La Genèse du mariage chrétien, L'Histoire n°63, pp. 60-65).

 

"[...] C'est une de mes idées favorites, confortée par le progrès des études historiques : le Moyen-Âge, [...] a été aussi et surtout un moment décisif dans la modernisation de l'Occident." (Jacques LE GOFF, L'histoire n° 245, cité dans La Véritable Histoire des Femmes, De l'Antiquité à nos Jours, Présenté par Yannick RIPA, L'Histoire, Nouveau Monde Éditions, Paris 2019, pp. 67-82.)

 

"À l'ère moderne, les découvertes scientifiques, l'essor du commerce [...] auraient achevé d'installer en Occident un mouvement de liberté et de progrès, à opposer à la stagnation des autres mondes, islamique, chinois, indien." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 15.)

 

Le christianisme a permis le "décollage européen" au "Moyen-Âge", le progrès économique, le progrès scientifique, technologique et matériel, et le progrès moral, dans la mesure où la papauté a travaillé à l'autonomie des pouvoirs temporel et spirituel ("réforme grégorienne" au XIe siècle), ce qui n'existe dans aucune autre ère de civilisation. (CfJean-Louis HAROUEL, Le Vrai génie du christianisme, Laïcité, Liberté, Développement, éditions Jean-Cyrille Godefroy, Clamecy 2012 ; Rodney STARK, Faux témoignages, Pour en finir avec les préjugés anticatholiques, Salvator, Paris 2019.)

 

"L'une des incantations républicaines consiste à faire croire que la République a apporté l'égalité entre les citoyens. ... [J]e ne suis pas certain que les inégalités aient été plus criantes sous Louis XVI que sous notre république. Précisément parce que l'institution de la noblesse, cet ordre prestigieux auquel toute famille désireuse de se hisser dans la société rêvait d'accéder, empêchait par là même qu'elles continuent à s'enrichir interminablement (il était interdit à la noblesse de s'enrichir; l'honneur interdisait à la noblesse de sortir du rôle qui lui était dévolu, la noblesse pouvait se perdre par déchéance à la suite d'une condamnation infamante, ou par dérogeance, lorsqu'un noble était convaincu d'avoir exercé un métier roturier ou un trafic quelconque). Un Bill Gates était inimaginable à l'époque, ces fortunes qui dépassent la richesse de nombreuses nations n'existaient pas. [...] Rien de plus politique que d'arrêter, par un moyen aussi puissant que volontaire, par le motif de l'honneur, l'accroissement immodéré des richesses dans les mêmes mains. Ainsi l'institution de la noblesse empêchait-elle la constitution de fortunes insensées, aberrantes, outrancières, et ce n'est pas le moindre paradoxe que de voir dans l'ancienne monarchie un monde mieux armé pour prévenir ces aberrations. [...] Malgré l'évidence..., on continue de nous représenter la société sous l'Ancien Régime comme monde inégalitaire. Il l'était, sans aucun doute. Comme toute société. Il n'existe pas de société égalitaire. La société communiste, qui s'est imposée au prix d'une terreur jamais vue dans l'histoire, n'a pas réussi le pari de l'égalité, au contraire: elle a connu un éventail des revenus plus large que nos sociétés d'Europe occidentale. Il est d'ailleurs amusant de constater que la gauche, et plus généralement la république, aggrave, toujours les inégalités plutôt qu'elles ne les réduit. Par exemple, sous le septennat de Valery Giscard d'Estaing, l'éventail des revenus était moins large que sous son successeur François Mittérand. ... Aujourd'hui, ... [l]a moitié du patrimoine national (50%) est détenue par 10% des ménages. Et 40% des Français n'ont aucun patrimoine. 40% des Français sans patrimoine: ce chiffre était le même en 1800, au lendemain de la Révolution." (Yves-Marie ADELINE, Le Royalisme en question (1792-2002), Perspectives pour le XXIe siècle, Préface de Vladimir Volkoff, Postface de Jean Raspail, L'Âge d'Homme - Editions de Paris, Libres Mobiles, 2e édition corrigée, Paris 2002, p. 96-97). 

Au Ve siècle, avec nos premiers rois de France, la tradition royale était, sur les conseils de saint Rémi, qui baptisa Clovis, de soulager les habitants du pays, de réconforter les affligés, de veiller sur les veuves, de nourrir les orphelins (M.C. ISAÏA, Rémi de Reims, Mémoire d'un saint, histoire d'une église, Cerf, Paris 2010, p. 777), et pour ceux que la Providence avait particulièrement dotés de donner le plus largement possible aux pauvres. À l'instar de l'amour du prochain, la charité publique, commandée par la foi, et librement consentie, n'était pas (encore...) imposée par l'État. "Protège les Pauvres, ils te protégeront", tel était l'enseignement de Philippe Auguste à Saint-Louis.

 

La charité publique. C'est surtout sous la direction des évêques, protecteurs des faibles et des malheureux, que se développa le mouvement charitable; ils créèrent les Hôtels-Dieu que l'on retrouve à l'ombre de toutes les cathédrales. Dans la plupart des pays d'Europe, les maladreries étaient sous la juridiction directe des évêques. La dîme servait à alimenter la charité paroissiale, pendant plus de 1200 ans, le budget de l'Église fut en même temps celui de l'assistance et de la charité publiques. (Jean GUIRAUD, Histoire partiale histoire vraie, tome III, L'Ancien Régime, 5° édition, Gabriel Beauchesne & Cie Editeurs, Paris 1914, p. 210.)  

 

"Les principes consolants et la morale bienfaisante du christianisme, ses doctrines démocratiques et libérales, devaient concilier aux prêtres qui les enseignaient le respect et l’amour des peuples ; l’organisation de l’Église, sa hiérarchie, sa discipline, la tenue de ses conciles généraux et particuliers, la richesse de ses revenus et de ses aumônes, lui assuraient un ascendant considérable dans la société." Ainsi s’exprime l’historien Benjamin GUÉRARD, dans sa préface du Cartulaire de l’église Notre-Dame de Paris, publié en 1850. Guérard était loin d’être un "clérical" ; mais ses recherches et sa science approfondie du Moyen Age, étudié par lui aux sources, l’ont amené à tracer du rôle de l’Église dans la civilisation française et dans la conquête des droits et des libertés des citoyens un tableau d’une grande largeur de vues d’un grand intérêt. Le clergé n’eut une si grande influence sur les masses comme sur les individus que parce qu’il se montra d’abord et resta populaire dans la meilleure et la plus sympathique acception de ce mot, tant profané depuis, écrit Charles BARTHÉLEMY dans Erreurs et mensonges historiques ; c’est dans l’Église et par les actes du clergé, non moins que par sa voix, que furent promulgués et mis en pratique les grands principes de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.

 

Croix et Calvaire du Cher

L’asile, d’après la loi de l’empereur Théodose le Jeune (23 mars 431), comprenait non seulement l’intérieur du temple, mais encore toute l’enceinte du lieu sacré, dans laquelle étaient situés les maisons, les galeries, les bains, les jardins et les cours qui en dépendaient.

 

Le droit d’asile dans les églises fut confirmé par les rois des Francs et par les conciles.

 

Ceux qui se réfugiaient dans les asiles étaient placés sous la protection de l’évêque, devenu pour ainsi dire responsable des violences qui leur seraient faites. Les voleurs, les adultères, les homicides même n’en pouvaient être extraits, et ne devaient être remis aux personnes qui les poursuivaient qu’après que celles-ci avaient juré sur l’Évangile qu’elles ne leur feraient subir ni la mort, ni aucune mutilation. L’esclave réfugié n’était rendu à son maître qu’autant que celui-ci faisait serment de lui pardonner.

 

Les revenus ecclésiastiques étaient divisés en quatre parts. La première seule appartenait à l’évêque, la seconde était pour son clergé, la troisième pour les pauvres de l’Église, et la quatrième pour l’entretien des édifices consacrés au culte.

 

"Partout la part du pauvre était réservée dans les revenus ecclésiastiques, et lorsqu’elle ne suffisait pas, elle devait être accrue des autres fonds dont le clergé avait la disposition. Nourrir tous les indigents et secourir tous les malheureux, telle était la mission de l’Église, qui, pour la remplir, dut quelquefois se dépouiller de ses biens et mettre en gage jusqu’aux objets les plus précieux du culte", explique Guérard. Une des plus belles œuvres, à cette époque ; une des plus méritoires et qui atteste le mieux de sa charité, c’est celle du rachat des captifs. Les sommes que le clergé y consacrait, d’après l’injonction expresse des conciles, étaient souvent très considérables ; il lui était même permis, pour satisfaire à cette obligation, de mettre en gage jusqu’aux vases sacrés des églises.

Aussi, dans ces siècles de fer, où les populations étaient emmenées captives comme des troupeaux à la suite des armées et partagées comme un butin entre les soldats, on voit les évêques épuiser leurs trésors pour les délivrer des liens de l’esclavage.

Saint Épiphane, évêque de Pavie, délivre, en 494, dans les Gaules, par ses instances auprès du roi Gondebaud ou à prix d’argent, plus de six mille Italiens que les Bourguignons retenaient en captivité.

Le prêtre saint Eptade, originaire d’Autun, rachète plusieurs milliers d’Italiens et de Gaulois emmenés pareillement en esclavage par les Bourguignons, et ensuite une foule de captifs que les Francs de l’armée de Clovis avaient faits dans leur guerre contre les Visigoths.

En 510, saint Césaire, évêque d’Arles, distribue des vêtements et des vivres à une immense multitude de prisonniers francs et gaulois tombés au pouvoir des Goths, et les rachète ensuite avec le trésor de son église, que son prédécesseur Éonius avait amassé. Puis, ayant reçu de Théodoric, roi des Ostrogoths, trois cents sous d’or avec un plat d’argent du poids d’environ soixante livres, il vend le plat, achète la liberté des captifs dispersés dans l’Italie, et leur procure des chevaux ou des chars pour les ramener dans leurs foyers.

Dans le siècle suivant, saint Éloi rachetait les prisonniers saxons et les affranchissait devant le roi.

 

La fin de l'esclavage. Lors de la chute de Rome (476), l'esclavage était répandu partout en Europe; à la "Renaissance", il avait disparu partout en Europe. Le règne du Christ, le premier, a permis l'abolition de l'esclavage, bien avant que les États modernes ne portent de nouvelles législations d'abolition.

 

Benjamin Guérard nous révèle encore que "[...] l’Église, [...] en prenant à sa charge et pour ainsi dire chez elle les veuves, les orphelins et généralement tous les malheureux, ne pouvait manquer de les avoir dans sa dépendance ; mais ce qui devait surtout lui gagner le cœur de ses nombreux sujets, c’est qu’au lieu d’être humiliée ou embarrassée de leur cortège, elle s’en faisait honneur et proclamait que les pauvres étaient ses trésors. D'où l'expression médiévale "Nos Seigneurs les pauvres".

 

"Elle (l’Église) couvrait aussi de sa protection les affranchis, et frappait d’excommunication le seigneur et le magistrat qui opprimaient l’homme faible ou sans défense. Lorsque des veuves ou des orphelins étaient appelés en justice, l’évêque ou son délégué les assistait à la cour du comte et empêchait qu’on ne leur fît aucun tort. L’archidiacre ou le prévôt des églises devait visiter tous les dimanches les prisonniers et subvenir à leurs besoins avec le trésor de la maison épiscopale. Aux trois grandes fêtes de l’année, savoir : à Noël, à Pâques et à la Pentecôte, les évêques faisaient ouvrir les prisons aux malheureux qu’elles renfermaient.

 

"Ne perdons pas de vue que les institutions qui, dans les temps modernes, et principalement de nos jours, ont agité les peuples, les touchaient alors fort médiocrement et leur étaient non seulement indifférentes, mais encore incommodes, onéreuses, antipathiques. On préférait de beaucoup l’assemblée des fidèles à celle des scabins (échevins, magistrats) ou des hommes d’armes ; on fuyait les plaids et les champs de mars ou de mai pour accourir aux temples ; on était bien plus puni d’être privé dans l’église de son rang, de la participation aux offrandes, aux eulogies, à la communion, que du droit de porter les armes et de juger ; en un mot, on tenait bien plus à l’exercice de ses droits religieux qu’à celui de ses droits politiques, parce que l’État religieux était bien supérieur à l’état politique, et que, hors de l’Église, tous les devoirs et tous les droits de l’homme étaient à peu près méconnus", écrit l’historien Guérard.

 

Reprenant en 1877 ces propos de Guérard, Charles Barthélemy estime : "[...] où M. Guérard nous semble avoir le mieux compris et proclamé le grand rôle de l’Église dans la revendication des droits de l’homme, c’est dans cette page que lui a été dictée le spectacle des utopies dangereuses de 1848 :

 

"Ce qu’aucun gouvernement ne ferait aujourd’hui qu’en courant le risque de bouleverser la société, l’Église le faisait tous les jours dans le Moyen Age, sans la compromettre, et même en la rendant plus tranquille et plus stable. Quelle monarchie, quelle république pourrait, par exemple, proclamer impunément ce dangereux droit au travail qui paraît menacer notre civilisation ? Eh bien, l’Église osait plus encore. Des deux grandes classes dans lesquelles la population fut de tout temps divisée, savoir, les riches et les pauvres, l’Église ne craignait pas de se charger de la dernière. Elle mettait dans son lot tous ceux qui n’avaient rien, et s’inquiétant peu pour elle de leur nombre ni de leur exigence, elle leur disait que ses biens étaient à eux ; elle les installait chez elle ; elle s’obligeait à les nourrir et réglait leur part, sans craindre qu’ils n’en fussent bientôt plus contents et qu’ils ne voulussent à la fin tout avoir. Effectivement, malgré le danger de tels principes, le clergé sut rester riche au milieu de ces misérables et faire respecter par eux ses richesses et son autorité... Ce qui favorisait le plus le respect de l’Église, ce qui constituait véritablement sa force, c’était la foi de ses peuples ; et cet article de sa constitution : Beati qui lugent [Heureux ceux qui pleurent], ne les consolait pas moins que sa charité."

 

De son côté, l’historien et géographe Théophile-Sébastien LAVALLÉE (1804-1867) écrit dans son Histoire des Français : "La monarchie de l’Église fut le commencement de la liberté ; elle n’avait rien d’étroit et de personnel ; elle fut le plus beau triomphe de l’intelligence sur la matière, et eut la plus grande influence sur la révolution plébéienne qui enfanta les communes et les républiques du Moyen Age."

 

Puis (Barthélemy ) de citer un autre souverain, le roi saint Louis prodiguant quelques recommandations à son fils appelé à régner : "Cher fils, s’il advient que tu viennes à régner, pourvois que tu sois juste ; et si quelque querelle, mue entre riche et pauvre, vient devant toi, soutiens plus le pauvre que le riche, et quand tu entendras la vérité, ce fais-leur droit. Surtout, garde les bonnes villes et les coutumes de ton royaume dans l’état et la franchise où tes devanciers les ont gardées, et tiens-les en faveur et amour. »

 

Charles Barthélemy, regrettant d’avoir dû brossé trop rapidement un tableau des 'droits de l’homme au Moyen Age' (dans Erreurs et mensonges historiques, tome 8) conclut en citant le "publiciste et peu clérical" mais éminent historien, journaliste et homme politique Louis Blanc, député sous la IIIe République, s’exprimant ainsi au sujet des corporations d’ouvriers au Moyen Age : "La fraternité fut l’origine des communautés de marchands et d’artisans. Une passion qui n’est plus aujourd'hui dans les mœurs et dans les choses publiques rapprochait alors les conditions et les hommes : c’est la charité. L’Église était le centre de tout ; et quand la cloche de Notre-Dame sonnait l’Angelus, les métiers cessaient de battre. Le législateur chrétien avait défendu aux taverniers de jamais hausser le prix des gros vins, comme une boisson du menu peuple ; et les marchands n’avaient qu’après tous les autres habitants la permission d’acheter des vivres sur le marché, afin que le pauvre pût avoir sa part à meilleur prix. C’est ainsi que l’esprit de charité avait pénétré au fond de cette société naïve qui voyait saint Louis venir s’asseoir à côté d’Etienne Boileau, quand le prévôt des marchands rendait la justice." (Source: Droits de l’homme au Moyen Age, ou de l’action sociale du clergé. France pittoresque)

Aujourd'hui, selon un article du Figaro du 21/01/2014, "près de la moitié des richesses mondiales est détenue par 1% de la population". En 1789, la liberté & l'égalité ont été proclamées ensemble. "La démocratie fondée sur la conviction que le corps politique est le produit des volontés de chacun, et portant jusqu'à l'incandescence l'idée d'une création de l'homme par lui-même, est vouée à étendre sans cesse les droits des individus. Elle contraint les hommes à vivre dans un monde d'individus inégaux, alors même qu'elle a posé en principe leur égalité. Elle se condamne donc à rendre sans cesse moins tolérable l'écart entre les promesses [...], les espérances qu'elle suscite et les accomplissements qu'elle offre." (Préface de Mona OZOUF dans François Furet, La Révolution française, Quarto Gallimard, Malesherbes 2007, p. XXI.) Dans ce système, dit de "progrès", l'égalité des uns présuppose l'inégalité économique et sociale des autres; la charité publique et l'amour du prochain sont imposés par l'État. Une belle réussite du marché, mais une impasse totale pour les principes de 1789.

 

Le dualisme créé par la papauté depuis le Ve siècle (lettre de 494 de Gélase Ier à l'empereur Anastase) et amélioré par Grégoire VII (réforme grégorienne) ne sera fondamentalement remis en question que treize siècles plus tard, sous les "Lumières" et le "despotisme éclairé" de souverains comme l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche (1740-1780) et l'empereur Joseph II (1741-1790) - "joséphisme" - où les évêques seront désormais nommés sans contrôle du pape, la carte des diocèses et des paroisses modifiée par décret, les séminaristes placés sous tutelle de l'État (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je, 4e édition, Paris 2018, p. 85), et par les révolutionnaires français qui imposeront la "constitution civile du clergé" du 12 juillet 1790 sans aucune concertation avec la papauté. "Les religieux deviendront des fonctionnaires de l'État" et "les évêques seront consacrés sans intervention du pape." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 337-338.) La "nation" déclarée souveraine s'arroge le droit d'intervenir seule dans l'organisation du culte. 

 

En 1905, la loi dite de "séparation de l'Église et de l'État", mise en oeuvre par l'obédience maçonnique du "Grand Orient" dit "de France", consacrera non le règne de la laïcité, mais le règne de César en réactualisant le monisme antique de confusion des deux pouvoirs, le temporel (républicain) et le religieux (franc-maçonnique). Et bien vite après César, le règne du marché... 

"Après sa naissance en Angleterre en 1717, la franc-maçonnerie a essaimé très rapidement, dans les trente ou quarante années, dans toute l'Europe; en France, on trouve une première Loge anglo-saxonne 'Amitié et Fraternité' à Dunkerque. La première 'Grande Loge française' est créée en 1738." (Serge ABAD-GALLARDO, conférence L'incompatibilité d'être franc-maçon et catholique, du 18 septembre 2018.) 

Les pouvoirs laïcs ont leur autonomie, de la même manière que le corps a son autonomie par rapport à l'âme; mais c'est quand même l'âme qui doit fournir ses règles de comportement au corps et le contrôler. En ce sens, le règne du Christ ne propose pas une théocratie : ni le pape ni l'Église ne prétend se substituer aux pouvoirs laïcs.

À ce titre, après un siècle de laïcisme où un même personnel politique temporel et spirituel dicte la loi d'une manière opaque, une nouvelle loi de séparation de la franc-maçonnerie et de l'État est urgente, pour consacrer une "saine et légitime laïcité" telle que définie par Pie XII (le terme a été expliqué par Jean-Paul II, dans Mémoire et identité, Le testament politique et spirituel du pape, Flammarion, Mayenne 2005, p. 145-146.)

Et le signe de la Croix, lui-même, pourrait (re)devenir ce symbole du salut qu'il a toujours été partout et à toutes les époques, le symbole même d'une histoire et d'une laïcité sainement comprises !

 

La nouveauté du Concile Vatican II en question :

 

Thomas Tanase, dans son Histoire de la papauté, écrit :

Paradoxalement au XXe siècle, c'est la papauté elle-même qui reviendra sur mille ans de maturité de la réforme grégorienne, avec "un concile très occidental, dont le tempo sera donné par un épiscopat nord-européen, pour ne pas dire carolingien", [...] qui "voit arriver à maturité [...] la nouvelle théologie très critique envers l'incapacité du monde curial romain à se rendre compte des défis posés par l'areligiosité du monde contemporain".

Ce concile "adopte le 21 novembre 1964 la constitution Lumen gentium, qui pose les principes fondamentaux de ce que sera l'enseignement du concile."

Après la Révolution française, face à des institutions qui avaient découronné le Christ, l'Église avait cherché à conserver une légitime autonomie, particulièrement sous les pontificats de Léon XII (1823-1829), Pie VIII (1829-1830), Grégoire XVI (1831-1846) et Pie IX (1846-1878). Mais à  partir du pontificat de Léon XIII (1878-1903), elle a commencé à demander aux catholiques de s'engager dans les institutions modernes et à voter pour peser de tout leur poids dans les institutions afin de faire modifier les lois de laïcisation (encyclique Au milieu des sollicitudes, 1892, doctrine qualifiée à l'époque de "ralliement" à la république.) 

Le concile Vatican II, cherchant à s'ouvrir au monde, consacre l'engagement des laïcs dans la vie politique et les institutions modernes. Mais l'engagement des laïcs doit, aussi, se réaliser dans la vie de l'Église elle-même, "[c]omme tous ses fidèles ont été régénérés par le Saint-Esprit, ils sont tous appelés à un 'sacerdoce commun'

"En d'autres termes, écrit Thomas Tanase, cette constitution [Lumen gentium] cherche à revenir sur la séparation entre clercs et laïcs progressivement montée en puissance depuis la réforme grégorienne, pour affirmer au contraire la participation de tous dans un rapport d'égalité à la vie de l'Église.[LG tend à confondre la fonction sacerdotale du prêtre avec le ''sacerdoce commun'' des laïcs (LG 10) ''participants à leur manière de la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ'' (LG 31), dans un rapport d'égalité à la vie de l'Église (LG 34). La Constitution Sacrosanctum Concilium 14 déclare également : ''La Mère Église désire beaucoup que tous les fidèles soient amenés à cette participation pleine, consciente et active aux célébrations liturgiques, qui est demandée par la nature de la liturgie elle-même et qui, en vertu de son baptême, est un droit et un devoir pour le peuple chrétien, 'race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple racheté'". 

En conséquence, n'importe quel laïc aux idées subversives sur les sujets moraux comme la famille, le mariage, le divorce, la contraception, l'avortement, et d'autres sujets, peut entrer dans une paroisse et la démolir de l'intérieur, à la demande même de l'Église.

"L’égalité de conditions entre clercs et fidèles, ne s’avère-t-elle pas piégée ? demande Marguerite Champeaux-Rousselot qui fait remarquer que dans les évangiles, ''Jésus ne s’est pas présenté comme prêtre, n’a pas cherché à former des prêtres ni des prêtresses ni à nommer prêtres ou prêtresses ses disciples rapprochés. (…) L’Évangile appelle chacun et chacune à être toujours plus fils et fille de leur Père, Dieu. C’est un… titre !' Ce titre fait de chaque baptisé le frère de tous les autres, il permet l’exercice de fonctions différentes sans en sacer-dotaliser (sacraliser) aucune.''] 

 

"[...] La constitution Gaudium et spes, qui définit la place de l'Eglise dans le monde, [...] reprend les principes de Pacem in terris. [...] Tout sur terre doit être ordonné à l'homme comme à son centre et à son sommet.''

"[...] L'encyclique Populorum progressio de 1967 complétera Gaudium et spes, avec ... un idéal ecclésial fait désormais d'engagements, de mobilisations et de participation de tous." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté, ibid., p. 422- 431.)

 

L'engagement politique n'est pas la panacée, ni ce qu'on demande en priorité à l'Église.

Et une question demeure. En confondant clercs et laïcs ("la participation des laïcs au sacerdoce commun et au culte" de LG 34) en associant étroitement au temporel tous les croyants à la vie politique (LG 36), en liant désormais plus étroitement le sort des chrétiens à celui des empires, en demandant que les laïcs s'engagent résolument pour un modèle global et universel qui sert de base au nouvel ordre international, bien plus, en revenant sur mille ans de fine distinction des clercs et des laïcs, comment le laïque peut-il désormais respecter un ordre spirituel s'il est lui-même clerc et laïque ?

 

Le désintérêt des croyants dans la pratique religieuse vient sans doute de cette désacralisation de la fonction sacerdotale, ce relâchement dans la distinction des deux sphères temporelle et spirituelle, tant au plan religieux qu'au plan politique.

 

Dans First Things, le 27 octobre 2023 , le cardinal Müller a déclaré que "L'Église n'est pas une démocratie". "Nous sommes confrontés à un programme mondialiste d'un monde sans Dieu, dans lequel une élite au pouvoir se proclame créatrice d'un monde nouveau et souveraine des masses privées de leurs droits. Ce programme et cette élite ne peuvent être contrés par une "église sans Christ", qui abandonne la Parole de Dieu dans l'Écriture et la Tradition comme principe directeur de l'action, de la pensée et de la prière chrétiennes (Dei Verbum).

Bien que le pape ait maintenant accordé le 'droit de vote' à certains laïcs lors du Synode sur la synodalité (2023), ni eux ni les évêques ne sont en mesure de 'voter' sur la foi.

Dans un État qui se consacre uniquement au bien commun temporel de tous ses citoyens et qui est régi par une constitution démocratique, le peuple est appelé à juste titre le souverain. Dans l'Église, qui est fondée par Dieu pour le salut éternel de l'humanité, c'est Dieu lui-même qui est le souverain.

Formulé théologiquement : Le Fils incarné de Dieu, le Bon Berger qui donne sa vie pour le troupeau de Dieu, est le chef de toute l'Église. Il guide et gouverne par l'intermédiaire des bergers et des enseignants qu'il a choisis. Cela ne se fait pas, comme en politique, par des hommes exerçant un pouvoir sur les hommes, mais par la prédication de la Parole et les sacrements que le Christ a confié à ses apôtres et à leurs successeurs pour qu'ils les administrent (2 Co 5.18-20).

Le fait que l'Église ne soit pas et ne puisse pas devenir une démocratie n'est pas le résultat d'une mentalité autocratique persistante. Il est dû au fait que l'Église n'est pas du tout un État ou une organisation créée par l'homme.

L'essence de l'Église ne peut être saisie par les catégories sociologiques de la raison naturelle, mais seulement à la lumière de la foi que l'Esprit Saint opère en nous.

L'Église, en tant que communauté de foi, d'espérance et de charité, doit son existence à la volonté salvatrice de Dieu, qui appelle les hommes et en fait son peuple, au milieu duquel il habite lui-même (Col. 2:9). La souveraineté de Dieu repose sur sa toute-puissance et son amour, qu'il offre sans avoir à craindre ses créatures comme concurrentes (contrairement au mythe païen de Prométhée).''

 

Le plus grand service que l'Église puisse rendre à la civilisation à l'heure actuelle est de garder son héritage intact et de ne pas permettre que son témoignage soit obscurci comme instrument des pouvoirs et de la politique laïques.

Christopher Dawson, Au-delà de la politique, 1939

Solennité du Christ Roi de l'univers
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16 novembre 2024 6 16 /11 /novembre /2024 22:03
Nuit du 16 novembre 1793, début des noyades de Nantes ordonnées par le républicain Carrier

Nuit du 16 novembre 1793, début des noyades de Nantes ordonnées par le républicain Carrier.

 

90 prêtres sont désignés pour tester l’efficacité du processus d’extermination.

 

Puis 4800 hommes, femmes, enfants, vieillards catholiques sont noyés dans la "baignoire nationale".

 

Montjoie Saint Denis

Le virus aristocratique et sacerdotal circule encore dans les veines de bien des hommes ; ce sont des contagieux qu'il faut séparer de la foule, de peur que [leur] mal ne devienne épidémique.

J.-B. Leclerc à la Convention, 18 décembre 1792 : Arch. Parlem., 1ère série, t. 55, p. 145, col.1.

Il ne doit entrer dans sa composition (la République) que des éléments PURS... Dans ses premiers moments de fermentation elle a déjà vomi […] le clergé et la noblesse, il lui reste encore à se purger des égoïstes, des lâches, des traîtres et des fripons.

Fouché aux habitants de la Nièvre, 10 octobre 1793 : Arch. Parlem., 1ère série, t. 76, p. 686, col. 1.

Les noyades de Nantes dureront jusqu’en 01/1794.

 

Les cadavres seront si nombreux que la Loire n’arrivera pas à les charrier.

 

Le typhus apparaîtra avec les pourrissements. La convention se félicitera de ce "torrent révolutionnaire."

Nuit du 16 novembre 1793, début des noyades de Nantes ordonnées par le républicain Carrier

Au cœur de l’un des épisodes les plus sombres de la Révolution française, les tristement célèbres "baptêmes républicains" orchestrés par Jean-Baptiste Carrier à Nantes demeurent une plaie ouverte dans l’Histoire de la France. En quelques mois, ces noyades de masse transforment la Loire, symbole de vie et de commerce, en un fleuve de mort et de désespoir. Souvent égarées de la mémoire collective, ces noyades apportait une alternative plus rapide que la guillotine …

 

Le principe est simple : les prisonniers sont ligotés, chargés sur des gabares, et précipités dans la Loire. Ces noyades méthodiques permettent d’exécuter des centaines d’hommes et de femmes sans procès, sans frais, et dans le plus grand secret.

Une « technique » inaugurée sur les prêtres réfractaires
La première noyade a lieu dans la nuit du 16 au 17 novembre 1793. Quatre-vingt-dix prêtres réfractaires, entassés sur un bateau nommé La Gloire, sont embarqués sous prétexte d’être transférés vers une nouvelle prison. Dépouillés de leurs biens et de leurs vêtements, ils sont enfermés à fond de cale, liés deux par deux. Quand le bateau commence à sombrer dans les eaux froides de la Loire, les cris d’horreur des victimes percent le silence de la nuit, avant de s’éteindre à jamais.

Cet épisode marque le début d’une pratique qui se poursuivra jusqu’en février 1794, faisant entre 1 800 et 4 800 victimes selon les estimations. Hommes, femmes, enfants – personne n’est épargné.

 

Cf. Pierre d’Herbais. https://mayenneaujourdhui.com/2024/11/16/16-novembre-1793-jean-baptiste-carrier-et-les-baptemes-republicains/

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16 novembre 2024 6 16 /11 /novembre /2024 16:07
Historien : La devise des Croisés "Deus vult" (Dieu le veut) est un mythe

L'exclamation est attribuée au pape Urbain II comme un appel à la croisade en 1095 - mais du point de vue d'un historien allemand, ce n'est qu'une légende.

 

Bonn, 16 novembre 2024 (KAP/KNA) "Deus vult" ou "Dieu le veut" est une inscription tatouée qui orne le bras du futur secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth [Un protestant filmé disant vouloir reconstruire le 3e temple... Il soutient l'expansion territoriale d'Israël et, lors d'un discours en 2018 à l'hôtel King David de Jérusalem, il exprime son souhait de voir un jour la reconstruction du temple de Salomon sur l'esplanade des Mosquées, où se trouve actuellement la mosquée al-Aqsa. Le problème serait alors qu'il ne veuille pas partir en Croisade en Terre sainte pour le christianisme mais pour le judaïsmeNdlr.]

 

L'exclamation est attribuée au pape Urbain II comme un appel à la croisade en 1095.

 

Cependant, du point de vue de l’historien allemand Georg Strack, il ne s’agit là que d’une légende. "Urbain II n’a jamais utilisé cette citation dans les textes que lui ou son bureau a écrits", a déclaré Strack à l’agence de presse catholique (kath.ch).

 

L'exclamation n'est citée que dans une seule chronique, celle de Robert le Moine, écrite une dizaine d'années après l'appel à la croisade lancé par le pape lors du synode de Clermont, en France, explique Strack. L'auteur savait par une autre chronique que les croisés du nord de la France utilisaient "Deus vult" comme cri de guerre ou symbole d'identification entre eux. "Robert a voulu présenter la croisade comme un projet divin et papal, c'est pourquoi il a affirmé qu'Urbain II avait entendu le cri de guerre 'Deus vult' à Clermont et l'avait approuvé."

 

Reçue seulement des siècles plus tard,

 

Du point de vue de l'historien, cela est peu plausible ; Même les contemporains médiévaux de Robert auraient accordé peu de confiance au chroniqueur. Ce n'est qu'au XVe siècle parmi les humanistes que la rhétorique du moine reçut à nouveau une attention favorable. "Ils ont trouvé la chronique de Robert plausible et c'est pourquoi le cri de guerre 'Deus vult' a été très fréquemment cité à partir de ce moment-là, et les autres rapports sur l'appel d'UrbaIn depuis Clermont ont été vite oubliés", a déclaré Strack.

 

L'exclamation n'a pas d'origine papale. Si elle est encore utilisée aujourd'hui, c'est, selon l'historien, par les cercles d'extrême droite pour jeter un pont vers les Croisades. Il y a un lien entre le fait qu’à l’époque comme aujourd’hui, elle était principalement dirigée contre les musulmans. "Contrairement à aujourd'hui, l'appel n'avait aucune connotation raciste car le concept de 'race' au sens moderne du terme n'existait pas. Il s'agissait de différences religieuses", souligne Strack.

 

Et la note guerrière ne convient que dans une mesure limitée. Le pape Urbain se souciait de réformer l'Église et de construire la paix. "C'est pourquoi il a également organisé une aide militaire aux chrétiens de l'Est, exposés aux attaques des Seldjoukides musulmans dans l'actuelle Turquie", explique l'historien. La soi-disant indulgence de croisade, c'est-à-dire la rémission papale de tous les péchés, n'aurait probablement été reçue que par ceux qui sont morts pendant la croisade, ce qui rappelle plutôt le modèle du martyre chrétien. "Cela ne me semble pas avoir grand-chose à voir avec les idées de suprématie blanche", déclare Strack.

 

Hegseth a également un tatouage sur la poitrine avec une grande croix entourée de quatre plus petites. Le symbole, également connu sous le nom de "Croix de Jérusalem", est à l’origine attribué aux croisés. Cette représentation se retrouve également aujourd'hui dans des contextes plus inoffensifs, comme sur le drapeau de la Géorgie.

https://x.com/Sachinettiyil/status/1857589401272070495

https://x.com/Sachinettiyil/status/1857589401272070495

Source : https://www.kathpress.at/goto/meldung/2424435/historiker-kreuzfahrermotto-deus-vult-ist-ein-mythos

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4 novembre 2024 1 04 /11 /novembre /2024 08:07
La très joyeuse, plaisante et récréative histoire du gentil seigneur de Bayard

Le Loyal serviteur (Jacques de Mailles)

La vie de Pierre Terrail de Bayard (1475-1524), narrée par l’un de ses compagnons d’armes, Jacques de Mailles, dans La très joyeuse, plaisante et récréative histoire du gentil seigneur de Bayart, est à redécouvrir…

 

 

Son nom figure au panthéon des plus grands de notre histoire et claque à nos oreilles autant qu’il émeut notre sensibilité : Pierre Terrail, fils d’Aymon seigneur de Bayard et lui-même connu sous le nom du chevalier Bayard, est mort il y a exactement 500 ans.

 

 

Ses exploits chroniqués par un « Loyal Serviteur »

Rares sont les militaires dont la postérité aura permis de les maintenir dans la connaissance publique et populaire aussi longtemps ; rares aussi sont les héros qui peuvent, par la simple évocation de leur nom, convoquer aussi efficacement le souvenir d’autant de vertus. Il était connu de son vivant pour être, par excellence, l’homme de toutes les qualités : pieux dans sa foi, fidèle dans son allégeance, brave dans son métier, le chevalier Bayard sans peur et sans reproche appartient à la véritable élite dont un pays peut s’enorgueillir : celle qui se tient droit dans ses devoirs, ne s’en écarte jamais y compris s’il faut le payer de sa vie. La France, notamment son armée, a longtemps entretenu le souvenir du grand militaire et si tant de générations de soldats et d’officiers ont pu si souvent empêcher que la France ne cède sous la pression des forces hostiles qui s’exerçaient à ses frontières, c’est en grande partie parce que l’ombre de Bayard planait par-dessus nos guerriers et faisait retomber sur eux un peu de l’exemple du grand homme.

 

 

Notre immense chance est qu’il y avait dans l’entourage personnel du chevalier Bayard un homme lettré qui, l’ayant accompagné sur les champs de bataille et dans sa vie quotidienne, a pu en écrire la chronique. Cette chronique, écrite par un contemporain qui le suivait au plus près, constitue la source primaire par excellence sur la vie et les actes de Pierre Terrail. Quelques fois réédité jusqu’au siècle dernier, ce livre fondamental revient aujourd’hui pour le cinquième centenaire de la mort du militaire. Son titre est à lui seul une promesse épique : La très joyeuse, plaisante et récréative histoire du gentil seigneur de Bayart, par Jacques de Mailles qui en son temps s’était signalé par le simple sobriquet de Loyal Serviteur.

 

 

Un texte incontournable

Le style du chroniqueur appartient évidemment autant au champ biographique qu’hagiographique comme cela était habituel en ce temps. Les historiens modernes ont depuis relevé quelques exagérations dans le texte du Loyal Serviteur mais celui-ci reste, notamment grâce à sa magnifique plume et au fait que l’auteur a personnellement connu et suivi le personnage dont il fait la chronique, le texte incontournable sur la vie de Bayard, celui dans lequel on se plonge autant pour se renseigner sur la vie du héros que pour s’injecter de l’énergie dans le sang. Les scènes de vie choisies pour tisser la chronique sont très souvent à la faveur du chevalier mais il est acquis aux yeux de l’historiographie que le Loyal Serviteur n’a pas « inventé » un personnage en ce que sens que son récit correspond à ce que nous savons effectivement du tempérament du chevalier, de sa bravoure au combat et d’un ensemble de vertus qui le singularisaient notablement dès son vivant.

 

 

La très joyeuse, plaisante et récréative histoire du gentil seigneur de Bayart ne rend pas seulement justice au seigneur en question : elle fait aussi honneur à l’exercice même de la chronique ainsi qu’à la langue littéraire, épique et aventureuse telle que les plus grands auteurs ont su la manier pour sublimer leur sujet. Chaque page transporte le lecteur dans un monde encore largement médiéval et il n’est pas rare qu’au détour d’un paragraphe, après nous être ému pour un haut fait, nous refermions le livre un peu chagrinés à l’idée que ces temps héroïques ne soient plus et qu’il nous faille maintenant composer avec toutes les lâchetés de notre malheureuse et bien décevante époque…

 

 

La réédition par La délégation des siècles de La très joyeuse, plaisante et récréative histoire du gentil seigneur de Bayart est presque la seule contribution du monde éditorial français au souvenir pourtant nécessaire d’un grand modèle que très exactement cinq siècles séparent de nous.

 

 

Source: https://www.ladelegationdessiecles.fr/chevalier-bayard

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24 octobre 2024 4 24 /10 /octobre /2024 00:00
Saint Florentin, moine (VIIe siècle)

Au VIIe siècle, Saint Florentin, fils d'un Roi d'Écosse qui avait traversé les mers on ne sait comment, gardait humblement les porcs tout en multipliant miracles et guérisons à Bonnet (Lorraine).[1]

Selon sa légende, il aurait traversé la mer sur une croix. [2]

Dès le Moyen-Âge, ce village était devenu un lieu de pèlerinage très fréquenté et recommandé en cas de troubles mentaux: passer sous le gisant de Saint Florentin qui se trouve à l'intérieur de l'Église était et reste encore, parait-il très efficace!

L'ancien village a été abandonné par ses habitants qui l'ont rebâti là où il est actuellement, autour de la sépulture du saint.

Il avait souhaité être enterré sur la colline qui dominait son village.

Vingt-et-une des peintures murales de l'Église racontent cette vie légendaire.

Sources : 1, 2

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10 octobre 2024 4 10 /10 /octobre /2024 15:21

Le Temple de Jérusalem, sa destruction et sa reconstruction. Don Curzio Nitoglia à Cinzia Notaro.

9 octobre 2024 Publié par Marco Tosatti 

 

Marco Tosatti

 

Chers amis et ennemis du Stilum Curiae, Cinzia Notaro a interviewé Don Curzio Nitoglia, que nous remercions, sur un sujet d'une grande actualité, à savoir les tensions et les courants qui évoluent dans le judaïsme autour du thème de la reconstruction du Temple.

Bonne lecture et diffusion.

 

§§§

 

Q. La destruction du Temple de Jérusalem est-elle une figure de la guerre mondiale occulte actuelle ?

 

R. La tentative actuelle de reconstruction du Temple est de notoriété publique. Les adorateurs du Temple souhaitent construire le troisième Temple au centre de l'Esplanade des Mosquées.

 

Q. Qui sont ces adorateurs du Temple ?

 

R. Ils font partie d'une secte religieuse juive d'extrême droite issue de l'Irgoun et du Betar dont l'objectif est la reconstruction du Temple à l'emplacement où se dressait le Saint des Saints pour hâter la venue du Messie.

 

Q. Pour les Juifs orthodoxes, le Temple descendra-t-il du ciel avec la venue du Messie ? 

 

R. Certainement, et quiconque prétendrait (comme le sionisme du XVIIIe siècle) le reconstruire par des moyens humains commettrait une sorte de violence contre les plans de Dieu. Pour l'instant, deux écoles talmudiques situées près du Mur des Lamentations enseignent à deux cents étudiants les subtilités du service du Temple. D’autres groupes recherchent les lignées juives de prêtres juifs, les seuls capables d’accomplir les sacrifices.

 

Q. Des préparatifs sont-ils en cours pour renouveler les sacrifices de l’Ancienne Alliance ?

 

R. Comme si l'événement était imminent. Le Grand Rabbinat est à la tête de ces préparatifs. Les "adorateurs du Temple" ne sont donc pas quelques extrémistes isolés, car on entend déjà parler de l'identification génétique des prêtres de l'Ancienne Alliance, les seuls à pouvoir offrir le rite. En avril, une vache rousse a été sacrifiée à Jérusalem par les ultra-orthodoxes pour hâter la venue du Messie.

 

D. Pour les catholiques, la seconde venue du Messie coïncide avec la fin du monde...

 

A. Le messianisme juif cherche à hâter les deux, c’est pourquoi l’atlantisme juif/américaniste provoque continuellement la Russie au point de déclencher une guerre atomique universelle qui détruirait le monde.

 

Q. Y a-t-il également des raisons politiques, économiques ou idéologiques derrière cela ?

 

R. Oui, mais la raison prédominante, même si elle est occulte et souterraine, est théologique. Si vous ne lisez pas ce qui se passe à la lumière de la théologie, vous ne comprendrez pas comment on peut oser autant sans friser la pure folie.

 

Q. Quel plan Netanyahu met-il en œuvre ?

 

R. Il a détruit toute la bande de Gaza (35 km de long et 7/9 km de large) en la bombardant continuellement nuit et jour pendant huit mois, en larguant l'équivalent quantitatif (non atomique) de ce qui a été largué sur Hiroshima. L'illusion de la toute-puissance - qui a abruti l'esprit des Sanhédrites en l'an 66 de notre ère, puis du faux "Messie" Simon Bar Kokhba en 132, les poussant à défier Rome en pensant gagner parce qu'ils étaient sûrs que "Dieu était avec eux" - a maintenant complètement abruti l'esprit de Netanyahou, qui fait face à une sorte de guerre civile interne à l'Etat d'Israël et qui, de surcroît, s'est engagé dans une guerre que les bombes ne peuvent pas gagner à elles seules.

 

D. Pourquoi ?

 

A. Le peuple palestinien est habitué à résister à ces génocides depuis environ 75 ans et ne s'est pas adouci comme la plupart des jeunes israéliens qui se consacrent aux rave parties, et aussi parce que maintenant la Palestine n'est pas laissée seule, comme elle l'a été depuis 1948 jusqu'à aujourd'hui., mais elle a aussi à ses côtés (de manière voisine) l’Iran, le Liban, les Houthis et la Russie.

 

Q. L’État d’Israël sera-t-il anéanti ?

 

R. Voyons le contexte : en 66 après JC., les Zélotes ont provoqué Rome. Vers le milieu de mai 66, la tour Antonia, près du temple de Jérusalem, fut attaquée par les Zélotes et le peuple juif, qui passèrent au fil de l'épée la garnison romaine qui y était stationnée. Le général Vespasien, en octobre de la même année, prend le commandement de la guerre contre les Juifs, mais le 1er juillet 69, il est nommé empereur et laisse le poste de commandement de Jérusalem à son fils Titus (voir FLAVIO GIUSEPPE, La Guerra Judaica, lib. ., IV, par. 3, n). Toujours en 66, les Zélotes-Sicaires s'emparèrent de la forteresse de Massada, tuant la garnison romaine qui y était présente. En 69, Simon Bar-Giora était devenue très puissant à Massada, avec quarante mille hommes armés.

 

Q. Donc le pharisaïsme avait dégénéré en zélotisme ?

 

R. Ce zèlotisme était organisé dans le banditisme des Sicaires (voir FLAVIO GIUSEPPE, La Guerra Giudaica, lib. IV, par. 9, n. 10). Titus arriva à Jérusalem au printemps 70, donna l'ordre de construire des remblais et commença l'assaut contre le troisième mur, ou mur extérieur de la ville de Jérusalem, qui tomba après cinquante jours de combats acharnés. Ce fut donc au tour du deuxième mur qui tomba au bout de cinq jours, de sorte que les Romains pénétrèrent dans la ville basse, mais après quatre jours les Romains durent se retirer, attaqués par les Juifs. Titus fit alors construire une muraille et creuser un fossé autour de la ville (comme Jésus l'avait prédit, cf. Luc, 19, 43), long d'environ 6 km. Les soldats romains ne mirent que 3 jours pour cette construction (voir FLAVIUS JOSEPH, The Jewish War, lib., V, par. 12, n. 1 et suivants.). Yakov M. Rabkin, professeur au Département d'histoire de l'Université de Montréal, a écrit un livre intéressant intitulé : "Une menace intérieure".

 

Q. Historiquement, pouvez-vous faire mention de l’opposition juive au sionisme ?

 

R. Si l’on prend en compte ce qui se passe actuellement en Palestine, avec le risque que la guerre israélienne s’étende au Liban, à l’Iran et à la Russie, comment peut-on blâmer le professeur Rabkin ? En effet, il nous montre la gravité des enjeux pour le peuple juif, et cela est encore plus vrai aujourd'hui (2024), alors que l'État sioniste cherche à imposer son hégémonie politique et militaire également au Liban, à la Syrie, à l'Iran et, par conséquent, à la Russie. Si l'on considère - également à la lumière de la tradition juive elle-même - le risque de la concentration de millions de Juifs en un seul lieu, les événements tragiques d'aujourd'hui nous font constater que les prédictions les plus sérieuses semblent se réaliser, car l'État d'Israël est véritablement devenu "le Juif parmi les nations" et le pays le plus dangereux pour un Juif.

 

Q. Pourquoi l’État d’Israël et avec lui le monde entier est-il en danger ?

 

R. Selon de nombreux penseurs Haredim, "la Shoah et l'État d'Israël ne constituent pas du tout des événements antithétiques (destruction et reconstruction), mais plutôt un processus continu : l'éruption finale des forces du mal [...]". La tradition juive considère comme risquée toute concentration de Juifs dans un même lieu.

 

Q. Que pouvons-nous dire de la situation historique tragique que nous vivons au regard de l'observation faite par les Haredim ?

 

R. Au chapitre VII de son livre, Rabkin poursuit et explore ce même thème : "L'État d'Israël est en danger […]. Ce qui était présenté comme un refuge, voire le refuge par excellence, allait devenir le lieu le plus dangereux pour les Juifs. De plus en plus d'Israéliens se sentent pris dans un 'piège sanglant' [...]. Et le nombre de ceux qui expriment des doutes sur la survie d'un État d'Israël créé au Moyen-Orient, dans cette 'zone dangereuse' [...] augmente. Les théoriciens de l'antisionisme rabbinique soutiennent [...] que la Shoah n'est que le début d'un long processus de destruction, que l'existence de l'État d'Israël ne fait qu'aggraver [...]. Concentrer [neuf, ndlr] millions de Juifs dans un endroit aussi dangereux confine à la folie suicidaire. La période Maccabées a orienté les Juifs vers une interprétation incorrecte du Messie, ce qui est affirmé dans la littérature apocryphe et rabbinique [...]. L’opposition entre la Révélation mise en œuvre par le Christ et l’interprétation juive dominante est on ne peut plus frappante ; elle fut fatale à Israël, qui resta en dehors du salut éternel" […].

 

Q. Les Israélites auraient-ils pris les idées mythologiques (de l’Apocalyptisme apocryphe) et les auraient-elles appliquées à leur nation ?

 

A. Le bouleversement cosmique aurait ruiné les païens, alors qu'il aurait donné à Israël le bonheur terrestre définitif (F. Spadafora, Enciclopedia Cattolica, Cité du Vatican, 1952, VIII vol., coll. 847-848, entrée "Messie"). Cette idée malsaine a conduit à l'actuel défi lancé par Israël au monde entier, avec le risque d'incendier la planète entière par l'arme nucléaire. Or, le vrai Messie, Jésus-Christ, est avant tout le Roi spirituel de tous les hommes et non d'une seule Nation et ne peut donc manquer d'être haï, combattu et mis à mort par les "faux prophètes" ou "voyants" de l'Église juive. L'Apocalyptisme de 170 avant JC. C. avait commencé à corrompre la foi du véritable Israël dans un sens de domination millénariste, temporelle, mondialiste et universelle. C'est le drame d'Israël : avoir majoritairement suivi une fausse conception d'un Messie cosmique, militant et temporel (qui est un homme pur voire une collectivité : Israël lui-même, "Maître de ce monde") et avoir rejeté, sauf "un petit reste", le vrai Messie, Sauveur de tous les hommes, dont l'Empire est universel, définitif, spirituel et surtout s'étendant jusqu'à l'au-delà, même si son royaume commence déjà dans ce monde, même imparfaitement. Sa mort sur la Croix est le seul sacrifice parfait et sans défaut "l'oblatio munda" (Mal. I, 11).

Car du levant au couchant du soleil, mon nom est grand parmi les nations. En tout lieu, on brûle de l’encens pour mon nom et on présente une offrande pure, car mon nom est grand parmi les nations, – dit le Seigneur de l’univers.

Malachie 1,11

Q. Pour les prophètes de l’Ancien Testament, qui est le Messie ?

 

R. C'est une personne. Pour les voyants de l’apocalyptisme apocryphe ainsi que du sionisme d’aujourd’hui, c’est une communauté, à savoir le peuple d’Israël, qui parviendra à la prospérité nationale et à la domination sur toutes les autres nations. En outre, un Messie mort et ressuscité, un messianisme accompli en Jésus-Christ, était la nouvelle foi que les Apôtres devaient prêcher au monde entier, à commencer par les Juifs. Mais pour eux, un Messie mis sur la croix était un "scandale", tandis que pour les païens, c'était une "folie" (I Cor. I, 23) […]. L'opposition que cette prédication a rencontrée parmi la majorité de la nation juive a sa première racine dans la conception différente qui s'était formée du messianisme [...], alors que le monde romain acceptait le Messie répudié par les Juifs [...]. La première conséquence de la venue du Messie consisterait, selon le sionisme, dans le retour des Juifs, numériquement accrus en Palestine et la reconstruction de Jérusalem et du Temple (A. Vaccari, Enciclopedia Italiana, Rome, Treccani, II éd. , 1951, vol. XXII, p. 957, entrée "Messianisme").

 

(Dans l'Ancien Testament Esaïe annonce la venue du Christ, en aucun cas la domination matérielle du "Machia'h" de la synagogue rebelle.Ndlr.)

Le Temple de Jérusalem, sa destruction et sa reconstruction. Don Curzio Nitoglia à Cinzia Notaro

Q. Quand est né l'"Apocalyptisme" ?

 

A. Dans l'époque post-maccabéique, où l'hellénisme païen triomphe en Israël, a opprimé et profané le Temple (168-164 av. J.-C.) sous Antiochus Épiphane (175 – 164 av. J.-C.), la conquête de la Judée par Rome avec Pompée (64 av. J.-C.) et la destruction du Temple par Titus (70 après J.-C.) et lors de la Judée sous Hadrien (135 après J.-C.), l'espoir de la reconstruction nationale juive s’éclaire de plus en plus, sous la direction des "faux prophètes" prédits par Jésus (Mt 24,24).

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30 septembre 2024 1 30 /09 /septembre /2024 13:02
Les nations peuvent-elles être baptisées ?

par Peter J. Leithart

27 septembre 2024

 

Les nations doivent-elles être baptisées ? Jésus le pensait.

 

Les dernières paroles de Jésus dans l’Évangile de Matthieu sont : "Allez donc, faites des disciples parmi les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit." C’est ce qu’a fait Paul, pour qui l’exode était le baptême d’Israël : "Nos pères ont été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer" (1 Co 10, 2).

 

Durant le premier millénaire de l’histoire de l’Église, les baptêmes nationaux étaient courants. Lorsque Clovis, le premier roi des Francs, fut baptisé en 508 apr. J.-C. , son royaume devint catholique. De nombreux Francs suivirent leur chef jusqu’aux fonts baptismaux, les évêques devinrent son administration de fait, et le paganisme fut supprimé.

 

Empire carolingien

 

Lorsque Charlemagne conquit la Saxe au IXe siècle et l’intégra à son royaume franc, il exigea que les Saxons soient baptisés.

 

Le prince Vladimir fut accompagné lors du baptême par nombre de ses sujets, lors d’un événement connu sous le nom de "baptême des Rus". Les dirigeants déterminaient la religion de leur peuple, de sorte que la conversion de la tête incluait la conversion du corps.

 

Aujourd’hui, nos instincts démocratiques font que beaucoup de gens reculent devant l’idée que des nations puissent être baptisées et converties en tant que nations. Étant donné l’ordre politique de l’Europe du haut Moyen Âge, les baptêmes nationaux explicites étaient tout à fait appropriés. Mais en 2024, même les chrétiens dont l’imagination politique est étroitement démocratique doivent tenir compte des paroles obstinées de Jésus : "Allez donc, faites des disciples des nations, et baptisez-les…" Que devons-nous en penser ?

 

Pensez à une nation où la majorité ou une grande majorité des citoyens sont baptisés, où la loi, les coutumes et la culture ont été imprégnées de l’Évangile et des normes chrétiennes. Pensez, par exemple, à l’Amérique du XIXe siècle. On pourrait dire qu’elle est une nation chrétienne. À quoi bon dire qu’elle est "baptisée" ?

 

Comme l'a soutenu le missionnaire presbytérien Wes Baker, le baptême est lié à la fois à l'identité et à la vocation. Lorsque Jésus est baptisé, la voix du Père confirme son identité de Fils bien-aimé, et Jésus est simultanément chargé de son œuvre messianique, en combattant d'abord Satan dans le désert. Parce que le baptême incorpore les baptisés dans l'unique baptême de Jésus, nos baptêmes ont la même double signification que celui de Jésus. Nous sommes fils dans le Fils, bien-aimés dans le Bien-aimé, et aussi envoyés dans l'Envoyé.

 

Ces deux facettes du baptême sont indissociables. La vocation est inhérente à l’identité.

 

Être en Christ, c’est être envoyé par le Christ. Nos vocations définissent les contours de l’être humain unique que nous sommes, donnent un sens à notre vie et nous propulsent ainsi vers l’avenir. Par le baptême, cet avenir est intégré dans l’avenir du royaume de Dieu.

 

Le baptême entre en conflit avec la modernité séculière, qui est fondée sur la séparation entre identité et fin. La science moderne retire la fin du monde naturel. La philosophie moderne retire le but de la nature humaine et le déplace dans le domaine de la volonté. Les seuls buts qui me définissent sont ceux que je choisis. Cela semble libérateur, mais c’est le contraire. Détachée d’une vocation donnée, l’identité s’effondre.

 

Nous ne savons pas qui nous sommes si nous ne savons pas où nous allons et pourquoi, et nous ne connaissons la voie à suivre que lorsque nous sommes appelés par un avenir non choisi. En conférant identité et direction, le baptême guérit la fracture de la modernité séculière, réintégrant qui je suis avec ce que je fais.

 

Une nation baptisée partage ces dimensions du baptême du Christ. Israël était le premier-né de Yahweh, mais pas son seul fils. Comme le prophétise le Psaume 87 (86), Israël espérait que Rahab, Babylone, la Philistie, Tyr et l’Éthiopie les rejoindraient un jour dans la maison de Yahweh en tant qu’enfants nés de Sion : "Chacun est né là-bas". L’Église mère réalise cet espoir en donnant une nouvelle naissance aux nations sur les fonts baptismaux. En baptisant les nations, l’Église leur confère également un nouveau but, en les incorporant à la mission messianique de Jésus. Une nation baptisée est appelée à consacrer ses dons et ses capacités uniques au service de Dieu. Une nation baptisée ne s’appartient plus, ne peut plus rechercher uniquement ses propres intérêts. Une nation baptisée dit à la fois "Nous appartenons à Dieu" et "Nous existons pour témoigner et faire progresser le royaume de Jésus le Christ." La mission de l’Église est d’incorporer les nations à la mission de Jésus en les baptisant dans le corps du Christ.

 

Le baptême n’est pas une simple approbation de l’identité nationale. Au contraire. Le baptême est la mort (Romains 6.1-7). Comme le déluge et la mer Rouge, le baptême efface les vieux moi et les vieux mondes. On peut avoir l’impression que c’est une perte totale, mais en fait, ce que nous héritons d’Adam est ce qui nous empêche d’être pleinement nous-mêmes. L’homme nouveau qui sort des fonts baptismaux est plus parfaitement son moi unique que le vieil homme qui y est entré. Il en va de même pour les nations. Les nations baptisées meurent à leurs anciennes formes et identités, à leurs ordres et à leurs intérêts, mais c’est seulement pour qu’elles puissent réaliser leur vocation particulière.

 

Les Francs sont devenus plus lumineusement francs après que Clovis se soit plongé dans l’eau.

 

La Rus’ est devenue la civilisation éblouissante qu’est la Russie seulement après avoir traversé la mort et la résurrection du baptême national.

 

Peu d'églises croient cela aujourd'hui.

 

Peu d'entre elles croient qu'il est possible pour les nations d'être baptisées, de devenir enfants de Sion ou de servir la mission de Jésus.

 

Pour le dire plus prosaïquement, peu d'églises croient que c'est leur devoir de façonner l'objectif et la vocation d'une nation. Est-il étonnant que les nations soient en colère et errent ?

 

Peter J. Leithart est président de l'Institut Theopolis.

 

Cf. https://www.firstthings.com/web-exclusives/2024/09/can-nations-be-baptized

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26 août 2024 1 26 /08 /août /2024 19:51
Sainte-Chapelle, XIIIe siècle

Sainte-Chapelle, XIIIe siècle

Vous voulez connaître la signification et l'histoire de la fleur de lys ? Symbole de l'héraldique française, mais surtout de la royauté, il est fréquent de la voir sur les armoiries médiévales et les palais nobles. Voici un bref résumé.

Ce symbole a commencé à être utilisé à partir du XIIe siècle par les rois de France. On le retrouve non seulement sur les drapeaux et emblèmes représentant les monarques, mais aussi sur l'architecture elle-même afin que le bâtiment soit identifié et associé à une famille.

 

Il a une longue histoire derrière lui, mais aujourd'hui, il est toujours utilisé pour la décoration, et son dessin est apprécié pour embellir les intérieurs. C'est l'une des quatre figures les plus populaires de l'héraldique, avec la croix, l'aigle et le lion.

La conversion de Clovis, les fleurs de lys, l'origine de notre histoire

Clovis recevant la fleur de lys - XVe siècle, Bedford Book of Hours, 1423, illustrant la légende du Roi Clovis recevant les fleurs de lys de son épouse sainte Clotilde

Au XIVe siècle, l'armorial français montre Clovis arborant des fleurs de lys.

Lorsque Clovis se bat contre son ennemi et le tue près de la tour Montjoie, celui-ci confesse la Trinité et fonde l'abbaye de Joyenval qui accueille alors le bouclier comme relique.

Signification et histoire de la fleur de lys

Lors de la bataille de Tolbiac contre les AlamansClovis fit le voeu de se convertir s'il emportait la bataille. À l'occasion de cette bataille, les fleurs de lys, symbole de pureté virginale, lui furent données par son épouse Clotilde à qui un ermite de la forêt de Marly avait remit un bouclier où figurait trois fleurs de lys, en référence à la Sainte Trinité (Père, Fils, et Saint-Esprit). L'ermite affirma l'avoir reçu d'un ange pour que le roi s'en serve durant la bataille à la place de ses armes ornées de trois croissants ou de trois crapauds. Selon l'ermite, ce bouclier devait lui assurer la victoire. (Légende du Roi Clovis recevant les fleurs de lys de son épouse sainte Clotilde, 1423)

 

Lire: La conversion de Clovis, les fleurs de lys, l'origine de notre histoire

Il faut remonter à l'Antiquité pour constater que cet emblème était déjà présent dans le monde romain tardif et byzantin. Pline et les Pères de l'Église considèrent le lys comme un symbole de la royauté. On le retrouve dans les mosaïques.

 

Au début du christianisme, dans les sceptres, les diadèmes et les trônes en tant qu'élément décoratif. Les royaumes romains barbares ainsi que les Wisigoths et les Lombards l'ont utilisé dans leurs églises, par exemple San Salvador à Tolède.

 

Le roi Louis VII de France (1137-1180) de la dynastie des Capétiens, fut le premier souverain français à l'intégrer dans ses armoiries, sous la forme d'un champ de fleurs de lys sur fond bleu ;

Dès lors, elle est considérée comme l'emblème par excellence des rois de France. Au XIVe siècle, elle fait partie des armoiries de la dynastie des Valois, cette fois sous la forme de trois fleurs de lys d'or sur fond bleu.

 

À partir du XIVe siècle, elle apparaît également comme emblème de la maison de Lancastre, branche cadette de la dynastie Plantagenêt, pour souligner ses prétentions au trône de France. Les armoiries de la maison de Lancaster comprennent trois fleurs de lys et trois léopards passants.

 

Lire : Les Plantagenêt et l'influence française en Angleterre

 

À la Renaissance, dans la seconde moitié du XVe siècle, la fleur de lis est prise comme symbole de leurs bonnes actions (armes de Florence)

 

 

Au XVIe siècle, elle fait partie des armoiries de la dynastie des Bourbons, sous la forme d'un champ de fleurs de lis d'or sur fond blanc.

 

La fleur de lys symbolise l'arbre de vie, la perfection, la lumière, la résurrection et la grâce du Dieu qui éclaire. La croix de Saint-Jacques, symbole de l'ordre de Saint-Jacques, la porte sur trois de ses pointes : aux deux extrémités de la ligne horizontale et au sommet de la ligne verticale, vers l’extrémité inférieure, une épée est tirée. L'ordre militaire de Saint-Jacques a été créé au XIIe siècle pour défendre les pèlerins qui se rendaient sur la tombe de l'apôtre Saint-Jacques de Compostelle, qui se distinguaient par leur comportement. L'ordre militaire de Saint-Jacques a été créé au XIIe siècle pour défendre les pèlerins qui se rendaient sur la tombe de l'apôtre Saint-Jacques à Saint-Jacques-de-Compostelle et qui se distinguaient par le fait qu'ils présentaient les caractéristiques suivantes. Le lis de couleur rouge figure sur leurs robes et leurs armoiries.

 

L'Église catholique utilise la fleur de lys comme symbole marial (Vierge Marie) et c'est l'un des attributs de saint Joseph, sur le bâton duquel, selon la légende, un ou trois lys auraient fleuri, et à l'occasion, il est également utilisé comme représentation de la Sainte Trinité, en raison de ses trois pétales. (1)

 

La fleur de lys devient rapidement le symbole de la monarchie française de par son rapport avec la Vierge Marie, en référence à la pureté, à l’innocence et à la virginité, la Vierge étant la Sainte protectrice des Rois, et médiatrice entre Dieu et les hommes; mais également comme figure d’abandon à la volonté de Dieu, c’est-à-dire à la providence, qui pourvoit aux besoins de ses élus. Ce symbole indique donc la soumission du Souverain à une autorité divine qui lui permettra d’exercer son règne sans qu’il oublie de qui il tient son pouvoir. (2)

On a remarqué que la plupart des autres maisons royales ou impériales de l'Europe avaient pour emblèmes des aigles, des lions, des léopards, toutes sortes d'animaux carnassiers. La France avait choisi trois modestes fleurs. Saint Louis a été la pureté des lys.
Jacques Bainville

Histoire de France

Signification et histoire de la fleur de lys

Sources

 

(1) Ana Poveda, x.com/trastamara_ana/status/1483059233868427268

(2) https://allianceroyale.fr/sous-le-regard-du-symbole-2-la-fleur-de-lys/

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4 août 2024 7 04 /08 /août /2024 20:49

Que ce soit au sujet du suffrage universel, du vote des femmes, de l'égalité fiscale, de la défense des travailleurs, les républicains sont restés restés plus longtemps hostiles à l'égalité que les royalistes.

"La République proclame, dans sa devise, son attachement à l'égalité, mais elle est très longtemps restée hostile au suffrage universel. Banni par la Constitution de l'an III (la première des constitutions républicaines appliquées - celle de 1793 était restée, du fait de la guerre, dans les limbes - réservait la citoyenneté à ceux qui payaient une contribution directe), il ne fut institué en 1848 sous la IIe République que pour qu'une loi électorale radie deux ans plus tard deux tiers des électeurs ("les vrais républicains redoutent la multitude, la vile multitude, qui a perdu toutes les républiques", avait statué Thiers). Rétabli par le prince-président après le coup d'État du 2 décembre, il fut amendé le 27 juillet 1872 par les pères fondateurs de la IIIe république qui en exclurent "les hommes sous les drapeaux", qu'il s'agisse de militaires de carrière ou de conscrits effectuant leur service militaire. Ultras et légitimistes n'avaient cessé au contraire de s'en réclamer tout au long du XIXe siècle. Jusqu'au comte de Chambord dans son Manifeste.

"Quant au vote des femmes, il avait été rejeté par les républicains par crainte de l'influence néfaste du clergé sur le sexe faible : ''Non, la femme n'est pas égale de l'homme, proclamait en 1881 l'éditorialiste de La République maçonnique, non, il n'y a égalité ni morale ni physique entre ces deux êtres. (…) A l'homme l'action extérieure, à lui la lutte de la vie et de la tribune. (…) A la femme l'action lente, douce et persévérante du foyer.''

Infatigable contempteur du régime républicain, Charles Maurras avait observé au contraire en 1910 : ''Quoi de plus arbitraire que d'exclure les femmes ? On dit que c'est injuste... Ce n'est pas injuste, c'est idiot !''

Horresco referens : l'accès des femmes au droit de vote apparut pour la première fois dans le droit français dans le projet de Constitution publié le 30 janvier 1944, par le Maréchal Pétain !" (Extrait de Ce qu'est la République, par Michel de JAEGHERE, in Le Figaro Histoire, août-septembre 2024, n° 75 Alexandre le Grand, l'empire impossible, p 4-5.)

 

De même, c'est la droite légitimiste et traditionaliste qui la première prend la défense des travailleurs, bien avant les socialistes ou les communistes.

C'est chez les monarchistes légitimistes que se manifeste la première réaction contre le traitement inhumain que la ploutocratie (bourgeoisie d'affaires) impose aux ouvriers. Avant l'utilisation de la question sociale par Karl Marx, c'est la droite légitimiste et traditionaliste qui la première, prend la défense des travailleurs. 

"Bonald (1754-1840) est le premier à se préoccuper de la misère ouvrière, consécutive au triomphe de la bourgeoisie et des nouvelles méthodes de travail, permettant l'exploitation des ouvriers depuis la destruction des barrières corporatistes. Ainsi est-il ... le précurseur des doctrinaires sociaux de droite du XIXe siècle, comme Le Play et La Tour du Pin" (Yves-Marie Adeline, Histoire mondiale des Idées politiques, Ellipses, Paris 2007, p. 349).

La "contestation (des marxistes) rencontrait celle des aristocrates catholiques qui avaient (vicomte Alban de Villeneuve-Bargemont et vicomte Armand de Melun) dénoncé les premiers l'exploitation manufacturière et fait voter les premières lois sociales. 

Dès 1841, c'est Alban de Villeneuve-Bargemont qui fait voter la loi règlementant le travail des enfants, réclamée aussi par le comte de Montalembert, autre grand aristocrate catholique. C'est Villeneuve-Bargemont qui pose le premier, devant la Chambre française, le problème ouvrier dans toute son ampleur (22 décembre 1840). Alors que l'ide de la lutte des classes n'est lancée qu'en 1843 par Flora Tristan, dans sa Lutte ouvrière.

En 1850 et 1851, c'est le catholique vicomte Armand de Melun qui fait voter le premier grand train de lois sociales : logements insalubres, caisse de retraite, délit d'usure, assistance judiciaire, assistance hospitalière, contrats d'apprentissage. En 1852, c'est le même qui rédige le décret légalisant et développant le grand mouvement mutualiste." (Jean Dumont, L'Eglise au risque de l'histoire, préface de Pierre Chaunu de l'Institut, Editions de Paris, Ulis 2002, p. 115-116). 

Villeneuve-Bargemont dénonce "l'état de dépendance et d'abandon dans lequel la société livre les ouvriers aux chefs et entrepreneurs de manufactures... la facilité illimitée laissée à des capitalistes spéculateurs de réunir autour d'eux des populations entières pour en employer les bras suivant leur intérêt, pour en disposer, en quelque sorte, à discrétion, sans qu'aucune garantie d'existence, d'avenir, d'amélioration morale ou physique soit donnée de leur part, ni à la population, ni à la société qui doit les protéger".

"Voyez par exemple, la fameuse Lettre sur les ouvriers, de M. le Comte de Chambord (Henri d'Artois). Elle date du 20 avril 1865, ... c'est la réplique d'un contemporain de Karl Marx. M. le Comte de Chambord rappelait d'abord que la royauté avait toujours été "la patronne des classes ouvrières".

"Les établissements de Saint Louis, rappelait-il, les règlements des métiers, le système des corporations, en sont les preuves manifestes. ... Louis XVI, un de nos rois qui ont le plus aimé le peuple, avait porté ses vues sur les améliorations nécessaires; mais les économistes qu'il consulta servirent mal ses paternelles intentions, et tous leurs plans échouèrent. L'Assemblée constituante ne se contenta pas, ainsi que l'avaient demandé les cahiers, de donner plus de liberté à l'industrie, au commerce et au travail; elle renversa toutes les barrières, et au lieu de dégager les associations des entraves qui les gênaient, elle prohiba jusqu'au droit de réunion et à la faculté de concert et d'entente" (Jacques Ploncard d'Assac, Les idées qui tuent, Société de philosophie politique, Lisbonne 1971, p. 97). 

"Cette identification de la vraie droite à la justice sociale sera étouffée par la droite des affaires, opportuniste, qui se battra farouchement pour empêcher, à chaque occasion historique, la conjonction des traditionalistes et du peuple. On l'a vu en 1875 lorsqu'elle a refusé la restauration corporative du Comte de Chambord et en 1944, la même tentative corporative de la Révolution nationale. Il faut tout de même que cela soit sû" (Jacques Ploncard d'Assac, Les jeunes ont droit à la vérité, Société de philosophie politique, Lisbonne 1970, p. 107-108.)

Henri d'Artois, duc de Bordeaux

Monsieur de duc de Bordeaux, Henri V, Comte de Chambord

 

"... Ainsi, voilà plus d'un siècle, le Comte de Chambord parle comme un syndicaliste moderne, et le fait que cela surprenne montre à quel point la 'droite des affaires', les orléanistes, ont perverti la doctrine sociale de la vraie droite que Léon XIII ne fera que démarquer dans l'encyclique Rerum novarum. L'antériorité appartient au Comte de Chambord. C'est un fait." (Jacques Ploncard d'Assac, ibid., p. 98).

"Dès 1865, M. le Comte de Chambord montre le chemin à suivre : 'Quant aux remèdes, dit-il, voici ceux que les principes et l'expérience paraissent indiquer. "A l'individualisme, opposer l'association; à la concurrence effrénée le contre-poids de la défense commune; au privilège industriel la constitution volontaire et réglée des corporations libres.' Personne ne peut nier que toute la question sociale soit contenue et résolue dans ces trois lignes : On ne dira jamais mieux." (Comte de Chambord cité in Jacques Ploncard d'Assac, Les idées qui tuent, Société de philosophie politique, Lisbonne 1971, p. 101-102).

"La Tour du Pin, qui a du coup d'oeil, voit l'édifice à construire, trouve le nom : l'Ordre social-chrétien, le thème : "Aux doctrines subversives, aux enseignements funestes, il faut opposer les saintes leçons de l'Evangile; au matérialisme, les notions de sacrifice; à l'esprit cosmopolite, l'idée de Patrie; à la négation athée, l'affirmation catholique...'" (Jacques Ploncard d'Assac, ibid., p. 124).

"La vraie contre-révolution, écrit M. Dimier, ne vas pas sans un programme social, par la raison que le Révolution a fait état de méconnaître la catégorie des rapports économiques... Le syndicalisme, l'organisation du travail sont d'accord avec tous les principes de l'ordre, contraires à la Révolution.

"... C'est un des artifices les plus monstrueux de la propagande que d'avoir dressé les travailleurs contre la vraie droite, leur alliée naturelle, car, seule, elle préconise l'établissement d'un ordre social basé sur les lois naturelles, mais 'la Révolution dont ils éprouvent le mal, a façonné leur intelligence à ne maudire que ses ennemis'.

"On sait que Proudhon a été souvent revendiqué, comme un des maîtres de la pensée contrerévolutionnaire... Cela n'est étonnant qu'en apparence. Si l'on veut bien considérer que le socialisme - je ne dis pas le marxisme, qui est tout autre chose - traduit la révolte spontanée des prolétaires contre la société démo-capitaliste instaurée par les hommes de 1789, les choses deviennent plus claires.

Ce qui fait la nocivité du marxisme, c'est l'esprit de lutte des classes, destructeur de toute communauté nationale. Le socialisme n'est pas lié nécessairement à l'idée de lutte des classes et c'est précisément ce qui nous permet de revendiquer bien des pages de Proudhon comme authentiquement contre-révolutionnaire.

Voyez par exemple ce qu'il dit du véritable contrat social qu'il oppose aux sophismes de J.-J. Rousseau :

"... Le contrat social doit embrasser l'universalité des citoyens, de leurs intérêts et de leurs rapports. Si un seul homme était exclu du contrat, si un seul des intérêts sur lesquels les membres de la nation, êtres intelligents, industrieux, sensibles sont appelés à traiter, étaient omis, le contrat serait plus ou moins relatif et spécial; il ne serait pas social.

"Le contrat social doit augmenter pour chaque citoyen le bien-être et la liberté. S'il s'y glissait des conditions léonines, si une partie des citoyens se trouvait, en vertu du contrat, subalternisée, exploitée par l'autre, ce ne serait plus un contrat, ce serait une fraude contre laquelle la résiliation pourrait être à toute heure et de plein droit invoquée."

"Et Proudhon, s'en prenant directement à J.-J. Rousseau écrit :

"Rousseau définit ainsi le contrat social : 'Trouver une forme d'association qui défende et protège, de toute la force commune, la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun s'unissant à tous, n'obéisse, qu'à lui-même, et reste aussi libre qu'auparavant'.

"Oui, ce sont bien là des conditions du pacte social, quant à la protection et à la défense des biens et des personnes. mais, quant au mode d'acquisition et de transmission des biens, quant au travail, à l'échange, à la valeur et au prix des produits, à l'éducation, à cette foule de rapports qui, bon gré, mal gré, constituent l'homme en société perpétuelle avec ses semblables, Rousseau ne dit mot, sa théorie est de la plus parfaite insignifiance..."

"La Révolution a défait l'ancien ordre social. Elle n'a rien reconstitué et n'a songé à défendre que les biens de ceux qui l'avait faite. Alors, en face d'eux s'est levée la classe des oubliés. Il y a là une conséquence trop néfaste et trop évidente pour que l'école contrerévolutionnaire ne s'en soit pas emparée comme d'un argument irrésistible contre les Principes de 1789. Proudhon nous rejoint, ou nous rejoignons Proudhon, comme on voudra. 

"... Et Proudhon de conclure sur Rousseau en ces termes : 'Jamais homme n'avait réuni à un tel degré l'orgueil de l'esprit, la sécheresse de l'âme, la bassesse des inclinations, la dépravation des habitudes, l'ingratitude de coeur; jamais l'éloquence des passions, l'ostentation de la sensibilité, l'effronterie du paradoxe, n'excitèrent une telle fièvre d'engouement... Disons pour finir, qu'à la honte du XVIIIe siècle et du nôtre, le Contrat social de Rousseau, chef d'oeuvre de jonglerie oratoire, a été admiré, porté aux nues, regardé comme la table des libertés publiques; que Constituante, Girondins, Jacobins, Cordeliers le prirent tous pour oracle. Qu'il a servi de texte à la constitution de 1793, déclarée absurde par ses propres auteurs..., et que c'est encore de ce livre que s'inspirent aujourd'hui les plus zélés réformateurs de la science politique et sociale. Le cadavre de l'auteur que le peuple trainera à Montfaucon le jour où il aura compris le sens de ces mots, Liberté, Justice, Morale, Raison, Société, Ordre, repose glorieux et vénéré sous les catacombes du Panthéon, où n'entrera jamais un de ces honnêtes travailleurs qui nourrissent de leur sang leur pauvre famille, tandis que les profonds génies qu'on expose à leur adoration, envoient dans leur rage lubrique, leurs bâtards à l'hôpital". Comment ne pas comprendre que l'Ecole contrerévolutionnaire se réclame, aussi, du socialiste national Proudhon ?" (Jacques Ploncard d'AssacLes Idées qui tuent, Société de philosophie politique, Lisbonne 1971, p. 39-40).

"Il y a dans ces années 1860 trois courants qui s'affrontent : l'individualisme libéral ploutocratique ("droite" orléaniste), le socialisme marxiste et le corporatisme traditionaliste. Avec des fortunes variées, ces trois courants vont continuer d'exister dans les cent années qui suivent. On verra les deux premiers s'allier contre le troisième dans lequel ils ont reconnu leur commun ennemi et cette collusion seule désigne le corporatisme comme la solution vraie, exacte, correcte du problème économico-social. ...

"L'Encyclopédie soviétique rappelle justement que Marx et Engels admettaient parfaitement la 'collaboration des communistes avec les démocrates petits bourgeois dans le cadre d'une même organisation', pourvu qu'ils n'oublient pas que 'la Révolution démocratique bourgeoise n'est qu'une étape indispensable de la lutte et non le but final'. Alors que le Comte de Chambord cherche sincèrement à améliorer le sort des classes ouvrières en les organisant, en les protégeant contre l'arbitraire patronal, en faisant de l'Etat l'arbitre des intérêts divergents, Karl Marx, lui, entend exploiter les contradictions internes du système capitaliste... pour faire la Révolution et installer son parti au pouvoir..." (Jacques Ploncard d'AssacLes idées qui tuent, Société de philosophie politique, Lisbonne 1971, p. 101-104).

"Ces notes sont importantes pour l'histoire des idées. Elles confirment que la question sociale ... n'avait pas échappé à la droite légitimiste ..., mais que, seule, elle insistait sur cette question et, qu'en définitive elle manqua le pouvoir par la conjugaison de la gauche républicaine et de la 'droite' orléaniste, celle des affaires..." (Jacques Ploncard d'Assac, ibid., p. 131.)

Au XXe siècle, Même chose que pour l'égalité fiscale des Français devant l'impôt, qu'il s'agisse des "congés payés", de la "liberté syndicale", des Caisses de maladie, des Caisses de retraites et de secours mutuelles, de la participation, de la loi des huit heures, du minimum salarial, du minimum vieillesse, la gauche n’a rien inventé : elle recopia ces lois sociales des royalistes des années 1840 et des propositions de lois qu'ils firent depuis la Révolution de 1789 que les républicains refusèrent pendant un siècle aux ouvriers...

 

"La Révolution a défait l'ancien ordre social. Elle n'a rien reconstitué et n'a songé à défendre que les biens de ceux qui l'avait faite", écrivit Proudhon à propos du XIXe siècle. Au XXIe siècle, les héritiers macronistes de la Révolution de 1789 "ont un rapport purement utilitariste et prédateur aux choses; Ils viennent, ils se servent, ils cassent, ils repartent. C'est typiquement un BDE d'école de commerce qui fait une soirée : ils viennent, ils cassent tout, ils s'en vont en disant qu'ils ne sont pas responsables. Ils font cela avec l'hôpital, l'école, la police, avec l'Etat de manière générale, avec le langage politique, avec la démocratie. On a élu des gens d'une médiocrité morale et intellectuelle stupéfiante", comme l'a parfaitement résumé l'historien Johann Chapoutot.

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19 juin 2024 3 19 /06 /juin /2024 19:11

Amazing Grace est l'un des cantiques chrétiens les plus célèbres dans le monde anglophone. Le thème de ce cantique évoque la rémission des péchés par la foi en Dieu et le salut par la grâce (d'où le titre, qui peut se traduire en français par "Grâce merveilleuse", Grâce confondante, Incroyable pardon, Grâce infinie, Incroyable grâce.)

Le 10 mai 1748, un drame se déroule en haute mer au large de l'Irlande - Deux jours plus tard, le marchand d'esclaves John Newton se convertit et écrit bien des années plus tard une chanson qui émeut encore les gens -.

 

Par Roland Noé


Tout le monde connaît la merveilleuse chanson "Amazing Grace", mais beaucoup connaissent à peine le contexte de la chanson. L'histoire de la chanson commence en 1748. Le 10 mai, l'Anglais John Newton, un marchand d'esclaves, est pris en mer lors d'une violente tempête au large de l'Irlande. Newton, qui avait alors 22 ans, était mort de peur et craignait pour sa vie. Au milieu du bateau et dans la tempête, il s'est mis à genoux, s'est converti et a promis à Jésus qu'il voulait changer de vie. L'expert britannique de Newton, Steve Turner, a déclaré dans son livre "L'histoire de la chanson la plus aimée d'Amérique : Amazing Grace" que Newton avait décidé de vivre "comme si l'Évangile était vrai".

 

Le temps s'est calmé au bout de deux jours, le bateau a pu repartir et le marchand d'esclaves a renoncé à son travail. Newton a commencé une nouvelle vie en tant que capitaine de port. En 1764, il décide de devenir prêtre anglican et entreprend une campagne contre l'esclavage. En 1773, il commença à traiter son expérience de conversion de 1748 et écrivit la chanson "Amazing Grace". Quelques années plus tard, l’Angleterre interdit l’esclavage en 1807, l’année même de la mort de John Newton.

 

Cependant, on ne sait pas quelle était la mélodie originale de la chanson.

 

La version musicale actuelle de 1835 vient des États-Unis du recueil de cantiques "The Souther Harmony". Plus tard, la chanson a même dominé les charts britanniques et a été chantée encore et encore depuis.

Amazing Grace

 

Grâce merveilleuse, comme ce son est doux
Qui a sauvé un misérable comme moi.
Autrefois, j'étais perdu, mais maintenant je suis retrouvé.
J'était aveugle, mais maintenant je vois.

C'est la grâce qui a appris à mon cœur à ressentir
et la grâce à soulager mes peurs.
Comme cette grâce m'est apparue précieuse
à l'heure où j'ai cru pour la première fois.

À travers de nombreux dangers, des labeurs et des pièges,
nous avons déjà été.

C'est la grâce qui nous a amenés en sécurité jusqu'ici
et la grâce nous ramènera à la maison.

Quand nous sommes là depuis dix mille ans,
brillant comme le soleil,
nous n'avons pas moins de jours pour chanter les louanges de Dieu
qu'au début.

Grâce merveilleuse, comme ce son est doux
Qui a sauvé un misérable comme moi.
Autrefois, j'étais perdu, mais maintenant je suis retrouvé.
J'était aveugle, mais maintenant je vois

Source: Kath.net

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19 juin 2024 3 19 /06 /juin /2024 06:05

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Nous avons tous appris à l'école républicaine que lors de sa fuite manquée à Varennes les 20 et 21 juin 1791 le roi se fit arrêter, ce qui entraina sa chute, mais ce que l'histoire officielle ne dit pas c'est que cette fuite fut plusieurs fois tramée par les Anglo-Genevois "pour obtenir sa destitution". Pierre Douat évoque cinq tentatives pour faire fuir le roi dans son livre "Histoire secrète de la Révolution française" (Amazon, Brétigny-sur-Orge 2022) dont voici quelques extraits :

(p. 25) ‘’Le but final des genevois était de provoquer la fuite du roi à l’étranger pour obtenir sa destitution, exactement comme c’était arrivé en Angleterre à Jacques II, qui en fuyant en France avait perdu tous ses droits à la couronne.

 

[…] La régence aurait été confiée au duc d’Orléans, réputé très anglophile, et Mirabeau aurait obtenu un ministère.

 

À partir de 1789, ce fut Du Roveray qui écrivit les discours de Mirabeau, tant et si bien que ce dernier l’appela ‘son maître en révolution’.

 

Du Roveray avait été pris en flagrant délit et dénoncé publiquement comme ‘pensionné du roi d’Angleterre’, en pleine assemblée nationale, alors qu’il transmettait des notes à Mirabeau à la tribune. [SOULAVIE V 5 p. 301 ; DUMONT p. 57-58.]

 

Pellenc servait d’informateur aux genevois, et Lord Elgin, espion de Pitt, les conseillait [Olivier BLANC, La Corruption sous la Terreur, R. Laffont, Paris 1992, p. 74 ; DE LA MARLE p. 59, 205 ; Etienne DUMONT, Souvenirs sur Mirabeau et sur les deux premières assemblées législatives, Meline, Bruxelles 1832, p. 73-74, 96, 102, 106, 172-173 ; Michael DUREY, William Wickham, master spy : The Secret war against the french revolution, Taylor, New Yord 2009, p. 35-36 ; Elizabeth SPARROW, Secret Services : British agents in France 1792-1815, The Boydell Press, Woodbridge 1999, p. 37-51.].

 

Le même stratagème qu’à la Bastille fut utilisé dans les campagnes où l’on souleva les paysans en répandant le bruit que des bandes armées payées par les seigneurs, allaient brûler les récoltes. ["Grande peur"]

 

Les villageois une fois rassemblés, ne voyant rien venir, assaillirent à leur tour les châteaux pour exiger l’abolition des droits féodaux. … Sous prétexte de contenir ces paysans, la même ‘garde nationale’ fut crée dans les provinces, ce qui était le véritable but de l’opération [Ces rassemblements populaires organisés de façon concertée dans tout le pays sont très bien décrits dans les mémoires de la marquise de la Tour du Pin (p. 194-195.)]

 

À la fin du mois de septembre (1789), un nouveau complot fut organisé. Pour obliger le roi à fuir, il fut décidé de l’attaquer directement dans son château à Versailles. [CHATELET I, p. 19-20, 91, 215-216.]

 

Malgré l'abondance des grains en Angleterre, la chambre des Communes refusa d'autoriser l'exportation des blés à Paris où régnait déjà la disette.

 

En France, les blés destinés à la capitale furent accaparés par la banque Turnbull & Forbes. [Emile DARD, Le général Choderlos de Laclos, Perrin, Paris 1905, p. 190; Olivier BLANC, La corruption sous la Terreur, Paris, Robert Laffont, coll. Les hommes et l'histoire, 1992, p. 84.]

 

On fit courir le bruit qu'une émeute se préparait... Mirabeau ne cessait de répéter à son ami le comte de La mark que 'le roi et la reine allaient périr et que la populace allait battre leurs cadavres', sachant très bien que ces propos seraient rapportés à la Cour. [Mirabeau, Correspondance, p. 112]

 

Un associé de Mirabeau nommé Gorsas, publia un pamphlet mensonger accusant les gardes du roi d'avoir piétiné la cocarde tricolore lors d'un banquet. [PELTIER, Domine salvum fac regem, p. 39 ; Mirabeau, Vie publique, p. 31]

 

Mirabeau prit la parole à l'Assemblée, et accusa la reine d'être personnellement responsable de cette 'orgie sacrilège'. [CHATELET I, p. 242-243, 265, II, p. 11; 11; Etienne DUMONT, Souvenirs sur Mirabeau et sur les deux premières assemblées législatives, Meline Bruxelles, 1832, p. 141]

 

[…] Clavière et Du Roveray furent aperçus en train de chauffer la foule et de distribuer de l’argent [CHATELET I p. 148 ; HAVARD, p. 48-49]

 

On paya des émeutiers pour les inciter à aller ‘assassiner la reine et les gardes royaux’. [CHATELET I, p. 133, 166, 174, 224]

 

Le 5 octobre (1789), Stanislas Maillard, toujours lui, conduisit la foule affamée à Versailles [CHATELET I, p. 60, 99, 113, 114, 133, 134.]

 

Les portes du château furent forcées, deux gardes royaux furent décapités, et leurs têtes promenées sur des piques. La foule envahissait les appartements royaux, mais le roi ne prenant toujours pas la fuite, La Fayette fut obligé d’intervenir avec sa ‘garde nationale’. La reine fut sauvée de justesse, et pour calmer le peuple, elle fut reconduite à Paris sous bonne garde avec la famille royale. Le duc d’Orléans essaya de se dégager de l’affaire [Etienne DUMONT, Souvenirs sur Mirabeau et sur les deux premières assemblées législatives, Meline Bruxelles, 1832, p. 139 ; CHATELET p. 91]. Mais, rendu responsable de tout, il fut aussitôt exilé à Londres. Louis XVI apprit plus tard par l’ambassadeur d’Espagne, que c’était l’ambassade d’Angleterre qui avait financé l’émeute.

 

[…] Le complot anglo-genevois fut publiquement dénoncé dans le pamphlet du journaliste Peltier, ‘Domine salvum fac regem’, puis dans le journal royaliste ‘Les Actes des Apôtres’ : les noms de Mirabeau et de ses complices genevois y étaient cités. [Pour la dénonciation du complot anglo-genevois, voir GOODWIN, p. 105.)]

 

[…] Enfin, Reibaz, autre complice de Clavière, fit introduire l’assignat, monnaie de papier virtuelle, qui assurera la ruine de notre économie.

 

[…] Ainsi se clôtura ce qu’on pourrait appeler la première révolution, qui consacrait l’avènement d’une nouvelle noblesse, celle de l’argent.’’ (Pierre DOUAT, Histoire secrète de la Révolution française, Amazon, Brétigny-sur-Orge 2022, p. 33.)

 

[...] Mais le plan de William Pitt n’était pas encore totalement accompli. Désireux d’en finir avec Louis XVI, il finança sa fuite à l’étranger pour mieux le compromettre [À la note 49 Pierre Douat précise que : "le projet de provoquer la fuite du roi à l'étranger n'était pas nouveau : on sait qu'une première tentative avait eu lieu lors de la prise de la Bastille.

 

Clavière et Du Roveray avaient organisé avec Mirabeau une deuxième émeute à destination de Versailles le 31 août 1789, mais qui fut dispersée dans Paris par la Garde nationale. Le meneur était un certain marquis de Saint Hurugue, arrivé récemment de Londres, qui sera réutilisé plus tard par les agents de Pitt (CHATELET I, p. 91; DUMONT, p. 139; DARD p. 185).

 

Une troisième émeute plus sanglante eut lieu le 5 octobre 1789. Le but était d'obliger le roi à fuir et d'offrir la régence au duc d'Orléans. Gorsas, complice de Clavière, publia un pamphlet mensonger accusant les gardes du roi d'avoir piétiné la cocarde tricolore. Mirabeau accusa la reine d'être à l'origine de cette profanation (PELTIER, Domine, p. 39; MIRABEAU, Vie publique, p. 31; CHATELET I, p. 242-243, 265, II, p. 11; DUMONT, p. 141) Pour créer les attroupements, les blés en provenance de Londres furent accaparés (BLANC, La Corruption p. 84; DARR, p. 190, 226; STAEL 126, 134, 136, 142, CHATELET I, p. 15-16, 41, 68, 235, 258). Du Roveray et Clavière furent aperçus distribuant de l'argent aux émeutiers (CHATELET I, p. 148, HAVARD, p. 48-49). Mirabeau fut aperçu en train de soudoyer les troupes royales, puis on le vit côtoyer les émeutiers  (MALOUET; MARICOURT, p. 174,175.) On incita les femmes à aller égorger la reine, et de l'argent fut distribué (CHATELET I, p. 19; MARCOURT p. 145] Les principaux meneurs furent Stanislas Maillard, Nicolas Renier, Buirette Verrières et Fournier l'Américain, tous agents de Clavière (CHATELET I, p. 60, 99, 113, 134, 137, 138, 207; L. BLANC, Histoire V, 6, p. 416; FOURNIER p. 27-35; THIERS p. 265; BOUCHARY, p. 98; CHATELET I p. 13-17, 60; Olivier BLANC, La Corruption p. 11-12, 61; DESMOULINS, Histoire p. 9-18; DE LA MARLE p. 649-650.) Ici aussi Louis XVI ne prit pas la fuite, et le duc d'Orléans fut accusé et dut s'exiler à Londres. Le roi apprit de l'ambassadeur d'Espagne que Dorset, ambassadeur britannique, avait financé cette émeute. Louis XVI protesta officiellement, et Dorset reconnut avoir reçu cet argent de négociants anglais et l'avoir distribué à des négociants français. Il prétendit 'ignorer l'emploi qu'on avait pu en faire', et fut remplacé peu après, ce qui est presque un aveu de culpabilité (MARICOURT p. 174-175.)

 

La menace ayant échoué, on essaya la persuasion. Mirabeau, l'homme de Clavière, proposa au roi d'organiser sa fuite vers la frontière pour reprendre le pouvoir, mais Louis XVI s'y refusa (DUMONT p. 162-169).

 

Une nouvelle tentative (la 4e) fut organisée lors de la conspiration des chevaliers du poignard : Dossonville, espion avéré de l'Angleterre, chercha à emmener le roi avec quelques dizaines de partisans, pendant que Santerre, agent de Clavière, faisait diversion à Vincennes pour distraire La Fayette et sa Garde nationale; mais Louis XVI refusa à nouveau de partir (Elizabeth SPARROW, Secret, p. 63, 132-134; THIERS p. 265; Olivier BLANC, Les hommes, p. 125). La cinquième tentative fut la bonne"]

 

(5e tentative) :

 

"De Fersen, ambassadeur de Suède, réussit à convaincre la reine de fuir. L’opération avait été financée par Quintin Craufurd, agent secret de Lord Malmesburry, nouvel ambassadeur d’Angleterre. Craufurd n'hésita pas à utiliser sa propre maîtresse Mrs Sullivan pour manipuler de Fersen qui devint son amant. L’opération fut un succès : le roi fut arrêté à Varennes, ramené de force à Paris, et les parisiens ne tardèrent pas à demander sa destitution. [Elizabeth SPARROW, Secret Services : British agents in France 1792-1815, The Boydell Press, Woodbridge 1999, p. 36 ; Jacques DE LAUNAY, Histoire de la Diplomatie secrète 1789-1914, La Rencontre, 1965, p. 115-119 ; Encyclopedia Britannica 11th ed. Vol 7, SI. 6, Q. Crawfurd ; Voir aussi Etienne DUMONT, Souvenirs sur Mirabeau et sur les deux premières assemblées législatives, Meline Bruxelles, 1832, p. 239.]

 

La fuite à l’étranger était un piège. Ce fut l’évènement qui abattit définitivement la monarchie : le roi fut désormais suspect de ‘trahison’. [1]

Alain Pascal évoque également ce sujet

 

"Quand enfin Louis XVI se décide à partir, il est trop tard et c'est probablement un piège. Pas tendu par Fersen, si enamouré de la reine qu'il organise l'expédition pour la sauver des 'bons sauvages', mais par les loges. Si le roi fuit, on l'accusera de rejoindre les émigrés, donc d'être vendu à l'étranger.

 

"Le roi... est trahi par La Fayette. C'est lui qui passe l'information. Il est dans la confidence, il alerte ses 'frères' et le Roi ne va pas loin. 

 

"[...] Et les deux représentants de l'Assemblée qui ont été prévenus et ramènent le Roi captif à Paris sont Pétion et Barnave. Toujours les mêmes...

 

"L'affaire de Varennes provoque un séisme politique - le peuple est abasourdi quand il apprend que le roi a voulu fuir et a été arrêté - et les adversaires de la monarchie vont retourner l'opinion contre lui. Le peuple qui aimait encore le Roi lui devient hostile.

 

"Les journaux le présentent comme un traître et l'on sait qui tient les journaux (les francs-maçons dont Marat, Brissot, Hébert, etc., qui répercutent les mots d'ordre. Ndlr.)

 

"Or le retournement de la foule est un sacrificiel connu. Il avait précédé le Sacrifice du Christ, et il va permettre de sacrifier le Roi."  [2]

 

SOURCES

 

[1] Pierre DOUAT, Histoire secrète de la Révolution française, Amazon, Brétigny-sur-Orge 2022, p. 25, 28, 35-36, 119-121.

[2] Alain PASCAL, La Révolution des Illuminés, Les Droits de l'Homme contre Dieu, Cimes, Paris 2023, p. 355-356.

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4 juin 2024 2 04 /06 /juin /2024 21:53

Si l'on fait le décompte des siècles sous lesquels l'Hexagone a vécu sous le régime politique de la monarchie, nous dépassons allègrement les deux millénaires, écrivions-nous en 2015 dans l'article "Nos ancêtres les Gaulois - La Gaule, les origines de la France". Une étude de l'Institut Max Planck d'anthropologie évolutionniste publiée le 3 juin sur Science Daily rapporte que la génétique confirme que les Celtes vivaient dans des monarchies :

 

 

Nos ancêtres les Gaulois - La Gaule, les origines de la France

Parenté et ascendance des Celtes du Bade-Wurtemberg, Allemagne

 

Les analyses génétiques des tumulus celtiques datant de 500 avant notre ère révèlent des relations étroites et fournissent de nouvelles informations sur les structures de pouvoir des premières élites celtiques.

Date:

3 juin 2024

Source:

Institut Max Planck d'anthropologie évolutionniste

Résumé:

La culture celtique de l'âge du fer préromain en Europe occidentale et centrale a laissé jusqu'à nos jours de nombreuses traces, notamment sous la forme d'énormes tumulus et d'objets archéologiques spectaculaires. Malgré ce riche héritage, une grande partie de cette civilisation nous reste cachée.

Dans le cadre d'une collaboration entre l'Office national pour la préservation des monuments historiques du Bade-Wurtemberg et l'Institut Max Planck d'anthropologie évolutive (MPI-EVA) de Leipzig, les génomes d'individus celtiques de plusieurs tumulus ont été reconstruits pour la première fois.

Les tumulus d'Eberdingen-Hochdorf et d'Asperg-Grafenbühl, connus sous le nom de Fürstengräber, comptent parmi les sépultures les plus riches de la préhistoire allemande, avec des trouvailles en or et des récipients en bronze élaborés. Une nouvelle analyse génétique vient de révéler que les deux princes, enterrés à environ 10 kilomètres l'un de l'autre, étaient biologiquement étroitement liés. "On soupçonne depuis longtemps que les deux princes des tumulus d'Eberdingen-Hochdorf et d'Asperg 'Grafenbühl' étaient liés", explique Dirk Krausse, de l'Office national pour la préservation des monuments historiques, "mais ce n'est que maintenant que cette hypothèse a été confirmée. par les nouvelles analyses."

Pour les analyses actuelles, les dents et les os du crâne de l'oreille interne ont été échantillonnés au MPI-EVA en utilisant les méthodes les plus récentes, et l'ADN restant a été séquencé pour reconstruire les génomes d'un total de 31 individus. Les deux sépultures centrales se distinguent du reste du groupe par leur relation étroite.

Deux princes étroitement liés

Après avoir établi une relation génétique entre les deux individus, l’équipe a examiné toutes les connexions possibles, telles que les frères, demi-frères et sœurs, grand-père et petit-fils, ainsi que l’oncle et le neveu. "Sur la base des dates de décès assez précises, des estimations d'âge au décès et de la similitude génétique des deux princes, un seul scénario est remis en question en tant qu'oncle et neveu, plus précisément : la sœur du prince Hochdorf était la mère du prince Asperg. ", explique Stephan Schiffels de MPI-EVA.

"Ce résultat montre que le pouvoir politique dans cette société a très probablement été hérité par succession biologique, comparable à une dynastie", explique Joscha Gretzinger du MPI-EVA. Ceci est également étayé par des preuves de relations entre d'autres individus des deux monticules, ainsi que du monticule de Magdalenenberg, beaucoup plus éloigné, construit environ 100 ans plus tôt. Gretzinger ajoute : "Dans l'ensemble, nous semblons avoir affaire à un vaste réseau parmi les Celtes du Bade-Wurtemberg, dans lequel le pouvoir politique était soutenu par la parenté biologique."

Mais quel était le lien entre les Celtes et les autres habitants de l’Europe de l’âge du fer au-delà du Bade-Wurtemberg ? Une analyse détaillée des origines génétiques de ce groupe révèle une origine génétique plus susceptible de se trouver dans la France actuelle, mais qui était alors répandue dans tout le sud de l'Allemagne. De plus, plusieurs individus présentent une origine génétique italienne, ce qui correspond également bien aux objets trouvés dans les tombes, dont beaucoup présentent des styles méditerranéens.

L’étude constitue donc une pièce importante du puzzle dans notre compréhension de l’histoire européenne au Moyen et à la fin de l’Âge du Fer, qui, contrairement à la période romaine et aux autres périodes du haut Moyen Âge, peut difficilement faire l’objet de recherches à partir de sources écrites.

Source: https://www.sciencedaily.com/releases/2024/06/240603114237.htm

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19 mars 2024 2 19 /03 /mars /2024 16:22

''[P]our le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : “Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez.”


… Il dit enfin à l’homme : ''Parce que tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé le fruit de l’arbre que je t’avais interdit de manger : maudit soit le sol à cause de toi ! C’est dans la peine que tu en tireras ta nourriture, tous les jours de ta vie. … C’est à la sueur de ton visage que tu gagneras ton pain, jusqu’à ce que tu retournes à la terre dont tu proviens ; car tu es poussière, et à la poussière tu retourneras.''

… Alors le Seigneur Dieu le renvoya du jardin d’Éden, pour qu’il travaille la terre d’où il avait été tiré.

Genèse 3

La conséquence de cette désobéissance au commandement divin fut la Chute d'Adam et Eve, leur renvoi du jardin d'Eden et l'entrée dans le monde de la souffrance et de la mort, le contraire du mythe moderne de la "liberté" à l'état de nature. D'un côté le modèle du développement humain intégral recevant la grâce, celle du Rédempteur de l'homme (le Christ), de l'autre côté, le modèle inventé sans preuve du retour au Jardin d'Eden et d'un état de nature de liberté et d'égalité (l'homme-dieu sans la grâce divine). Ce débat anthropologique n'est jamais abordé nulle part, y compris dans le clergé, qui hélas, lui aussi, est largement sous influence du mythe moderne. Les "dissidents" ou "résistants" sont des petits dissidents ou des petits résistants, mais c'est ce qui leur permet d'être parfois invités dans certains medias, parce qu'ils ne remettent jamais en question le système lui-même dans ses racines profondes. Il s'agit toujours de la liberté du prisonnier de débattre mais uniquement dans le cadre des limites du débat fixé par les Philosophes des XVIIe et XVIIIe siècle, celui de l'État moderne garant des "droits"... Un auteur qui réfléchirait en-dehors des limites de cette prison n'est bien évidemment jamais invité dans les médias dits d'information. Il est temps donc pour tous les amoureux de la vérité, de déconstruire le récit.

Il dit enfin à l’homme : « Parce que tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé le fruit de l’arbre que je t’avais interdit de manger : maudit soit le sol à cause de toi ! C’est dans la peine que tu en tireras ta nourriture, tous les jours de ta vie. De lui-même, il te donnera épines et chardons, mais tu auras ta nourriture en cultivant les champs. C’est à la sueur de ton visage que tu gagneras ton pain.

(...) Alors le Seigneur Dieu le renvoya du jardin d’Éden, pour qu’il travaille la terre d’où il avait été tiré.
Il expulsa l’homme, et il posta, à l’orient du jardin d’Éden, les Kéroubim, armés d’un glaive fulgurant, pour garder l’accès de l’arbre de vie.

Genèse 3,17-24

La fiction diabolique anti-christique fondant la démocratie moderne, et son antidote

Depuis la Chute, dès le début de l'humanité, l'homme est en quête de nourriture, il doit lutter pour se nourrir et il n'a aucun droit sur un autre.

Par nature, l’homme n’a pas de pouvoir sur l’homme.

Saint Augustin

[C]hez S. Thomas, pas d'"état de nature" temporel; dès les origines (...), il existait entre les hommes des rapports d'assujétissements et de domination (Ia ques. 96, art. 3 et 4.) L'homme est naturellement social et même "politique", disait Aristote. Donc le contraire du mythe hobbien, lequel était défini par ce caractère, que tous les hommes y eussent été libres. (...) Les "droits de l'homme", raffinés par Locke, continueront au travers de toute la science politique moderne à tenir un rôle fondateur. Pas de "droits de l'homme" chez S. Thomas.

(...) Décidément, aucune des pièces de la Politique moderne, je ne l'ai trouvée chez S. Thomas : ni l'état souverain ni les droits de l'homme.

Michel Villey, La théologie de Thomas d'Aquin et la formation de l'État moderne", p. 34-39; 45

Charles Péguy (1873-1914) disait ’’tout commence en mystique et finit en politique. (...) L’intérêt, la question, l’essentiel est que dans chaque ordre, dans chaque système la mystique ne soit point dévorée par la politique à laquelle elle a donné naissance...’’ (Extrait de Notre Jeunesse de Charles Péguy, 1910).

 

"Les philosophes qui passent pour être les fondateurs du système politique moderne, – Grotius, Hobbes, Locke ou Pufendorf – étaient des chrétiens, (...) tous avaient commis quelque ouvrage de théologie...", écrit Michel Villey dans son article, intitulé "La théologie de Thomas d'Aquin et la formation de l'État moderne", Actes de la table ronde de Rome (12-14 novembre 1987, Publications de l'École Française de Rome  Année 1991, p. 32).

 

La vieille lubie maçonnique de "République universelle" est toujours bien vivace. Cf. https://twitter.com/SD_0101/status/1770529442135216247/photo/1

Et depuis la fondation de l'État moderne et sa vision, idéaliste et utopiste, à établir la paix sur terre en réglant le problème de la guerre par un moyen matériel, un moyen terrestre, via la constitution d'un État civil (entendez un État antichrétien, celui de Thomas Hobbes), système repris et synthétisé par la république des Lumières, tout commence en politique par une politique mensongère établie sans preuve, l'état de nature libre et égal. Ce système politique a besoin de symbolique et de mysticisme pour s'établir, il propose donc un messianisme au travers du mythe de l'âge d'or à redécouvrir (Fénelon, chevalier de Ramsay), comme si il n'y avait pas eu la Chute originelle. Il est au fondement de la liberté de notre socle politique (John Locke, Jean-Jacques Rousseau), du retour à un paradis perdu, un état à réintégrer (du Rose-Croix John Milton) et toutes les réintégrations au cosmos qui nous sont assénées partout aujourd'hui, le nouvel Eden ou "république universelle" à construire (des francs-maçons "chevalier", dit de Ramsay ou Anacharsis Cloots). C'est un projet politique religieux antichrétien et antichristique. Il faut le dire puisque ce système politique nie l'Incarnation et la Rédemption nécessaire au monde depuis la Chute. Autrement dit, nous avons là la mise en place d'un satanisme politique sans le dire. Projet collectiviste parce que relevant d'une métaphysique et d'une politique de confusion moniste (Dieu et les créatures sont confondues en un seul Être) et non une métaphysique dualiste comme dans le christianisme où il y a un Créateur d'un côté et la création de l'autre (dualisme qui respecte les différences, les cultures, les pays et les nations comme des créatures divines mais non confondues à lui). Projet de la franc-maçonnerie universaliste depuis le XVIIIe siècle, avec sa grande paix mondiale, le "bonheur" pour tous, le "Grand Tout" uniformisateur (niant les différences), le "gouvernement mondial" ou "Nouvel ordre mondial" censé régler tous les problèmes de l'humanité d'un coup de baguette magique... Projet totalitaire.

 

Il faudrait alors (au conditionnel) inverser la phrase de Péguy et dire que depuis la Renaissance et les temps modernes, la Grande inversion (l'homme à la place de Dieu) et la création de l'État moderne "laïque", ce Leviathan..., tout commence en politique et tout finit en religion. Mais nous avons écrit au conditionnel, car en réalité que tout commence en politique, il n'en est rien comme nous allons le voir. Il y a toujours un symbolisme, un mysticisme, y compris dans le mythe de l'état laïque moderne du Léviathan

Quand Adam et Eve ont mangé le fruit [défendu] en Eden, ils ont quitté la structure de l’autorité de Dieu et sont entrés dans la structure du pouvoir de Satan. Dès lors, chacun d’entre nous a été recruté pour cette guerre spirituelle.

Père Chad Ripperger, théologien, docteur en philosophie et psychologue Les exorcistes recensent une augmentation de l’activité diabolique | ZENIT - FrancaisLes exorcistes recensent une augmentation de l’activité diabolique | ZENIT - Francais

Contrairement à ce qu'a pu dire Charles Maurras ("Politique d'abord"), nous ne sommes en effet pas d'abord plongés dans des querelles d'ordre politique (républicains contre royalistes par exemple). Le politique ici est secondaire puisque tout est politique à la base... Et c'est le religieux qui devrait redevenir premier. Car en premier nous avons la Chute, l'Incarnation et la Rédemption. L'abandon du mystique (religieux), concrètement, est une erreur qui n'explique pas la progression du mal moral dans nos sociétés et qui ne voit pas la nécessité de la Rédemption. Le péché est pourtant une réalité de la vie morale. Le péché détruit la grâce divine en nos âmes, notre liberté intérieure régresse à cause du péché et nous tombons dans l'esclavage de la matière. Inversement, l'homme qui recherche et reçoit la grâce voit sa liberté intérieure progresser et celle du monde aussi, par ricochets. Demandons et nous recevrons... (Mt 7,1), dit le Christ. 

 

Or, « pour les modernes, l'État est voué à former une démocratie ; initiale chez Hobbes, et durable pour ses successeurs.

 

« Quel peuple aujourd'hui ne se dit démocrate ? Puisque l'État naît des libertés initiales des individus, par le biais du contrat social.

 

« (…) Le peuple entendu comme ensemble de particuliers, revendique la ''souveraineté''.

 

« Rien de tel dans la Somme de St Thomas. C'est spontanément, par nature, pour le service des biens communs, que poussent les communautés politiques. Et surgissent des régimes divers. (…) [L]a meilleure des constitutions ne souffre pas au-dessus d'elle un ''souverain''. Dès le commencement de son traité, Aristote blâme cette confusion où versent les barbares : ils ne savent pas encore discerner entre le dominus (qui dans la famille commande aux esclaves) et le gouvernement d'une cité. La cité ne reconnaît pas de maître. S. Thomas nomme le titulaire de l'autorité politique ''ille qui curam habet communicatis'' (celui qui se soucie de ceux qui partagent. Ia IIae, 9°, 3, etc.) La Politique est moins l'étude de ces pouvoirs, qui sont devenus la hantise des politologues, ni de leurs prétendus fondements, que d'offices, de fonctions.

 

« (…) Chez Aristote et dans la Somme, quelle mauvaise surprise de trouver toute différente des finalités du gouvernement : son office n'est pas de maximer la somme de nos plaisirs (comme dans les démocraties contemporainesNdlr.) et de nous pourvoir d'allocations. L'économie, la production et le contrôle de la consommation relèvent de la famille, et n'entrent pas (sinon à titre subsidiaire) dans le bien commun politique.

 

« Inexistence de l'État. (...)

« (...) Hobbes, qui d'ailleurs ne fait du terme qu'un usage parcimonieux, au frontispice de son Leviathan [nom d'un animal marin révolté dans la Bible dans Jb 3,8; Jb 40, 25-32; Is 27, 1; Ps 74,14 ; Ps 104,26 ; être maléfique associé au chaos primitif et objet de destruction pour tout ce qui est vivant, autrement dit le diable. Ndlr.], le représente sous la figure d'une personnage colossal, investi d'une force écrasante, "Dieu mortel" occupant le rôle qu'avait tenu Jahweh pour les Juifs.

 

« L'État moderne est l'héritage - quand même il prétend constituer une "démocratie" - dans un monde sécularisé, de l'ancienne monarchie sacrale. Ses racines sont théologiques. [tout commence en religion aussi avec l'État "laïque" moderne qui prétendait révoquer le religieux et convoquer le politique d'abord...]

 

« À l'exemple des anciens monarques qui se proclamaient de droit divin, représentants de Dieu sur la terre, il impose sa loi, il nous commande. (...) Sans doute n'est-il plus à l'instar d'un monarque, une personne physique. Mais les juristes le qualifient de "Personne morale" fictive. L'État moderne, lequel s'écrit avec un grand E – alors que dans l'usage ancien, là où il n'était encore question que de statum rei Romanae (l'état de l'empire romain), de la plus ou moins bonne situation de la république romaine, il se contentait d'une minuscule - constitue un sujet distinct, un Personnage rajouté au monde des êtres naturels par l'artifice des contractants (ou des philosophes modernes... Ndlr.) Un être en soi, quasi-substance créée par les Hommes.

 

« Ni Aristote ni S. Thomas ne connaissent l'État. Leur science porte sur autre choses : les communautés politiques. 

 

« (...) La communauté ne forme pas un être en soi : son unité est seulement une "unité d'ordre", écrit S. Thomas (in Eth. 5 Ia IIae 47, 3) (...) Pour Aristote et S. Thomas les communautés sont réelles, mais sans constituer de quasi substances. La science politique ne connaît qu'une seule espèce de substances, les individus. (...) et tout individu se trouve entrer avec d'autres en relation. (..) La communauté n'est pas chose extérieure aux individus, mais comme une partie d'eux-mêmes. (...) Elles conduisent à cette conséquence (...) : la négation du principe, si cher aux modernes, de la souveraineté. Ce n'est pas l'existence d'un souverain, mais les biens communs poursuivis ensemble qui font un groupe politique. » Que s'en suivra-t-il ?

 

« Limites du pouvoir

 

« (...) Alors que l'État selon la science politique moderne, est la seule puissance opposée aux individus, Puissance unique qui les écrase, les communautés sont plurielles - superposées les unes aux autres et mutuellement concurrentes. (...) Communautés apolitiques et même supra-politiques. » (Michel Villey,  "La théologie de Thomas d'Aquin et la formation de   moderne", ibid., p. 39-42.)

 

Comprendre que le naturalisme du régime politique moderne est une théorie fictive aux racines théologiques fausses, dangereuses pour la liberté, autrement dit une impasse – une théorie politique qui ne peut conduire qu'à un renversement de la société est d’autant plus important que lorsque en lisant Saint Thomas d'Aquin, nous comprenons que "toute loi (...) est ordonnée au salut commun des hommes, et c'est seulement dans cette mesure qu'elle acquiert force et raison de loi ; dans la mesure, au contraire, où elle y manque, elle perd de sa force d'obligation..." (Somme Théologique, Ia IIae, Question 96, Article 6 Concliusion). 

 

"Aussi toute loi portée par les hommes n'a raison de loi que dans la mesure où elle dérive de la loi de nature. Si elle dévie en quelque point de la loi naturelle, ce n'est plus alors une loi, mais une corruption de la loi." (Somme théologique, Ia IIae, Question 95 La loi humaine, article 2 L'origine de la loi humaine.)

 

Ainsi, « sur un plan théologique, la république est illégitime car pécheresse, mais aussi illégale, car la loi ne mérite d’être appelé ainsi que si elle réalise le Bien commun. Ce n’est pas le cas.(…) Un catholique a non seulement le droit, mais le devoir de "désobéissance civile". » (Alain Pascal)

 

De même ‘’la science politique doit être ordonnée à la fin suprême des hommes, c'est-à-dire à la recherche et à la conquête de la suprême béatitude, "la fin ultime d’une multitude rassemblée en société" étant de "de vivre selon la vertu", mener "une vie bonne", en vue de la paix et de la tranquillité de la multitude. (De RegnoDu royaume, écrit au Roi de Chypre, 1266, Editions Louis Vivès, 1857).

 

C'est ce que remarque écrit Alexis Haupt Philosophie sur X : "Message au Christ. (...) Au fond, tu le sais mieux que moiil ne faut pas laisser le prince de ce monde sans surveillance ici-bas. Il faut le surveiller comme le lait sur le feu. Hélas, il est laissé seul et sans garde-fou depuis trop longtemps sur terre. Il lui faut un contre-pouvoir. Et au vu de tout ce qu'il se passe sur terre actuellement, ce contre-pouvoir, c'est toi : l'amour, la conscience, la vérité, la justice.

 

Pour qu'advienne la liberté authentique, celle de l'homme intérieur et celle du monde à l'extérieur, dans la communauté politique, le Christ doit régner dans la Paternité du Père Dieu premier servi disait Ste Jeanne d'Arc –, tout commence en religion jusque dans nos lois humaines qui doivent respecter la loi éternelle, dite naturelle. (ques 94, 2 La loi naturelle, pris à Cicéron et Aristote)

 

Une constitution affirmant l'état de liberté hypothétique de l'homme par nature nie par conséquent la nature humaine, nie la Chute et la nécessité de la Rédemption, c'est-à-dire la conquête de la liberté qui n'est pas une donnée de la nature mais un effort sur soi en s'identifiant au Christ Rédempteur. Il est curieux que nos évêques ne rappellent jamais cette réalité anthropologique pourtant essentielle ! La vertu naturelle (sans la grâce) en effet, ne peut parvenir à conduire harmonieusement l'humanité à sa fin (dans tous les domaines), sans recevoir la grâce. 

 

"Les rois sont soumis aux prêtres en tout ce qui touche au salut des âmes. L'autorité religieuse domine ainsi la société sans l'absorber comme la grâce domine la nature sans la détruire,’’ écrit Mgr H. Delassus dans La Mission posthume de la Bienheureuse Jeanne d’Arc, Le Règne social de Notre-Seigneur Jésus-Christ (1921, rééd. ESR.)

 

Or, depuis les temps modernes il s'est agi d'un autre programme, d'un autre récit que celui de la Bible. Différent, négateur même du plan divin, il écarte ce contre-pouvoir spirituel pour ne plus laisser place qu'à la domination brute et matérielle de l'état soit disant garant de la "liberté" et l'"égalité". Régime de l'homme face à l'homme sans contre-pouvoir spirituel.

 

Un ouvrage destiné aux étudiants d'histoire du droit constitutionnel suggère que dans la théologie catholique, "la soumission au pouvoir institué est apparue (...) comme fondamentalement conservatrice en ce sens que, quel que soit le pouvoir en place, elle interdit de le mettre en question par les moyens violents qui seraient seuls propres à le renverser" (sic) (p. 14). Nous venons de voir que c'est faux avec S. Thomas. La société traditionnelle construit un homme libre, soumis qu'à Dieu, et il est difficile aux détenteurs du pouvoir de le contrôler. Il faut donc le faire adhérer au mythe d'un État protecteur des "droits" pour qu'adhérant à cette mystification il soit plus aisément contrôlable. La "soumission" supposée de la société chrétienne au pouvoir institué est présentée comme négative et devant être dépassée par un autre modèle qui serait plus efficace et qui permettrait de renverser les pouvoirs par la violence (en dehors de tout contrôle spirituel donc). Nous avons là le socle moderne de la Révolution par la violence. Et c'est ce modèle que l'on nous présente comme le summum de la pensée et de la raison.  Cette matrice de la violence en politique sera soutenue par tout un courant philosophique qui deviendra dominant et fera naître l'État non plus de la volonté divine et de la grâce, mais de politiques machiavéliques et "d'un contrat conclu entre des volontés humaines", écrit Bernard CHANTEBOUT dans son introduction à son "Droit constitutionnel et Science politique" (1982, rééd. Armand Colin, Paris 1991, p. 14). Quel progrès !... Un pactum décorrélé de pouvoir spirituel, comme si la nature, elle-même, n'était pas soumise à la grâce; comme si Dieu n'existait pas, c'est bien pratique lorsqu'on entend bâtir la société immorale de la loi du plus fort. Dans l'échange on garantissait à l'homme le "bonheur"... Mais qui peut encore croire à cette farce ? Apparemment encore beaucoup de personnes !

 

Ainsi, l’Essai sur le gouvernement civil de John Locke (1690) « répondait aux partisans des Stuarts qui accusaient d’usurpation la dynastie nouvelle ; (…) c’est une véritable théorie politique, qui à la grâce oppose la souveraineté de la nation, et établit les bases du gouvernement ‘libre et représentatif’... » (Dictionnaire encyclopédique d'histoire, de biographie, de mythologie et de géographie, par Louis Grégoire, Garnier Frères éditeurs, Paris 1871, p. 1218.) Naissance d'une caste ploutocratique.

 

Et « l’ouvrage de Locke ‘Du Gouvernement civil’ (1690) a beaucoup servi à J.-J. Rousseau pour son Contrat social et ses Lettres ou Pensées sur l’éducation n’ont pas été non plus inutiles au philosophe de Genève dans son Emile.‘’ (Dictionnaire historique des hommes qui se sont fait un nom par leur génie, leurs talents, leurs vertus, leurs erreurs ou leurs crimes. » (F.-X. de Feller 1735-1802, tome quatre, Outhenin-Chalandre Editeur 1838, p. 158.)

 

Or, « le politique de Locke (Cf. Sa dernière œuvre ''Le christianisme raisonnable'', 1695, est une tentative de rapprochement entre le naturalisme et ce qu'il considère le christianisme primitif, mais imaginaire, puisque le christianisme primitif des protestants est celui de la pseudo église de Jean, et des imposteurs qui prétendent lui succéder...) dissimule un naturalisme qu'il tient des Rose-Croix, ce pourquoi il aura tant d'admirateurs parmi les littérateurs-philosophes francs-maçons du XVIIIe siècle. » (Alain Pascal, Le Siècle des Rose-Croix, Pascal contre Descartes, La Conspiration des philosophes, **, éd. Cimes, Paris 2018, p. 411-412; 419.)  

 

C'est que « la philosophie moderne entend (...) le rationalisme dans un sens tout à fait différent (du sens de S. Thomas et de la loi naturelle dérivée de la loi éternelle Ndlr.). Le moderne a foi dans une raison qui est ''la connaissance naturelle en tant qu'elle s'oppose à la connaissance révélée.'' C'est la bonne définition du philosophe Lalande. En effet, le naturalisme philosophique s'entend tel une 'connaissance naturelle', c'est-à-dire interne à un Naturalisme, affirmation - sans preuves - qu'il n'y a pas de surnaturel, ni donc de Raison divine supérieure à la raison humaine.» (Alain Pascal, Les sources occultes de la philosophie moderne, De la Gnose à  la théosophie, La Conspiration des philosophes *, éd. Cimes, Paris 2017, p. 29.) 

 

« En philosophie (..) le naturalisme (...) nie l'existence d'un (...) surnaturel qui serait la cause de l'Être. (...) La philosophie maçonnique est fondée sur la gnose naturaliste. (...) Le Grand Architecte de l'Univers ou l'Être suprême sont internes à l'Être, et donc le spiritualisme des loges est un naturalisme. (...) Athéisme, matérialisme, panthéisme et spiritualisme sont tous des monismes sur le plan métaphysique parce qu'ils nient la transcendance.'' (Alain Pascal, La Trahison des initiés, 3è édition, éd. Cimes, Paris 2013, p. 196.)

 

« Dans son étude sur les sociétés secrètes (Puf 1952), Serge Hutin (que l'on ne saurait taxer d'anti-maçonnisme...) écrit (...) que, dans le passage (des loges opératives. Ndlr.) au spéculatif, "ce furent surtout les Rose-Croix anglais qui jouèrent un rôle décisif : vers 1650 les disciples de Robert Fludd (1574-1637) étaient puissamment organisés à Londres. L'un de ceux-ci, l'alchimiste Elias Ashmole (1617-1692) avait été admis comme 'maçon accepté'" (p.63). Or, selon Hutin, c'est lui qui organise "dans le local des Maçons" une société secrète, l''invisible collège', dans le but de 'bâtir la Maison de Salomon, temple idéal des sciences' (sic)., ce que sera la Royal Society. Le Temple de Salomon désignant les Rose-Croix.

 

« (...) Roland Edighoffer (1923-2017), professeur à l'université Paris III (Sorbonne nouvelle), "spécialiste de l'hermétisme et du rosicrucianisme", écrit dans "Les Rose-Croix" (Puf 1982) (...) (p. 82) qu'Ashmole constitue à Londres en 1646 "une société dans laquelle les initiés s'occupaient des secrets de la nature et devaient bâtir spirituellement le Temple de Salomon". Confirmation du naturalisme et de la référence au Temple de Salomon de la légende Rose-Croix. » (Alain PASCAL, Le Siècle des Rose-Croix, Pascal contre Descartes, La Conspiration des philosophes, tome 2, éd. Cimes, Paris 2018, p. 357.)

 

« Le GADLU (Grand Architecte de l'Univers) n'est pas le Dieu trinitaire. La "religion" maçonnique n'est donc pas la Religion révélée... Le GADLU (...) n'est pas le Dieu chrétien, il est le Diable, puisque "le porteur de Lumière" des Rose-Croix. C'est le summum de l'inversion. (...)  La Maçonnerie s'inscrit donc dans la mythique tradition primordiale hermétique. Ce n'est pas du tout anodin, puisque nous sommes là à l'origine directe (et peu contestée) de la philosophie des Droits de l'homme."

 

« Autrement dit, les quatre vieilles loges de Londres qui n'avaient plus d'opératives que le nom ont servies de coquilles vides pour abriter les Rose-Croix et les maçons spéculatifs anti-catholiques (puisque tel est le sens caché du mot free mason, libre), lesquels se sont réunis en 1717 en une Grande Loge de Londres, puis ont adopté des Constitutions dont le but était de faire passer les mentalités une philosophie moderne qui semble tolérante, réconciliatrice, etc., mais est tout le contraire, puisqu'elle est gnostique et kabbalistique, donc ancienne et intolérante à l'égard du catholicisme. »  (Alain Pascal, Le Siècle des Ténèbres, la Conspiration des Philosophes, ***, éd. Cimes, Paris 2019, p. 220-221; 225)

 

« Les francs-maçons sont les nouveaux ouvriers du Grand Architecte Hiram. Dans la Bible, Salomon, fils de David, a recours à Hiram, le roi de Tyr, ville phénicienne aux croyances idolâtres, pour construire le Temple de Jérusalem. (...) Les Rose-Croix reprennent cet épisode en créant une légende du Grand Architecte Hiram, (...) car les francs-maçons ont fait d'Hiram l'ancêtre de leur Grand Architecte de l'Univers - un personnage central de l'initiation maçonnique -, alors que, pour les Rose-Croix, Hiram est un Fils de Caïn, c'est-à-dire un représentant de l'esprit de Lucifer. Le grand ancêtre maçonnique n'est donc pas le roi de Tyr, mais un des noms secrets du Diable. Selon les Rose-Croix, Salomon n'est pas capable de construire le Temple, parce qu'il est de la race de Seth, ce pourquoi il doit faire appel au constructeur Hiram Abiff qui, lui, est de la race de Caïn et donc a "le pouvoir et le signe" qui lui donnent l'autorité des ouvriers.  » (Alain Pascal, Les Sources occultes de la Philosophie moderne, De la Gnose à la théosophie, La Conspiration des Philosophes *, éd. Cimes, Paris 2017, Hiram est p. 257-258.)

 

« Les Francs-maçons se nomment eux-mêmes "Fils de la Veuve" (Cf. Voir l'ouvrage de Jean-Claude Lozac'hmeur, "Fils de la veuve"... pour comprendre d'où vient cette expression). Dans la Genèse, l'humanité se perpétue sur terre après la Chute. Adam et Ève enfantent Abel et Caïn, puis, après le meurtre d'Abel par Caïn, Seth. La légende Rose-Croix est très différente, Ève est créée la première et elle est séduite avant l'existence d'Adam par un esprit luciférien, Samaël, qui, s'unissant à elle, lui engendre Caïn. Caïn est donc l'aîné d'Abel, et il n'est plus fils d'Adam, mais du Diable ; il n'est donc pas un fils d'homme, mais "semi-divin", écrit Max Heindel (1865-1919) dans Franc-maçonnerie et catholicisme, éd. Maison rosicrucienne, (qui dévoile quel est son camp, car il devrait dire semi-diabolique).

 

« Si le diable envoie Samaël féconder Ève, c'est parce qu'il faut "libérer l'esprit captif de la lumière". Par Samaël, Caïn hérite du Feu de Lucifer, dont il est le Fils spirituel. Quand Jéhovah chasse Samaël du Paradis, Ève et Caïn sont abandonnés sur terre, où Caïn devient le premier "Fils de la veuve", la Veuve du Diable ! Jéhovah crée alors, et alors seulement, Adam - qui n'a donc pas connu le paradis -, et qui est un simple être humain. Adam s'unit à son tour à Ève, laquelle enfante Abel, qui est donc un simple enfant d'humain, c'est-à-dire inférieur à Caïn. (...) (Alors que) le premier "Fils de la Veuve" (Caïn) possède le secret de la "science", l'alchimie, mais aussi la "sagesse", qui n'est pas de Dieu, mais du serpent. La "théosophie" Rose-Croix est donc décidément diabolique.

 

« (...) Et (...) les descendants d'Hiram sont, comme leur ancêtre Caïn, des Fils de la Veuve... » (Alain Pascal, Les Sources occultes de la Philosophie moderne, De la Gnose à la théosophie, La Conspiration des Philosophes *, éd. Cimes, Paris 2017, Hiram est p. 255-256.)

 

« En 1884, dans l'encyclique Humanum genus, le pape Léon XIII dénonçait cette ''guerre faite à Dieu et à son Eglise.'' (...) Le pape prévient donc le XXe siècle de ce qui va arriver. En effet, par le naturalisme, les francs-maçons ''frayent le chemin à d'autres sectaires plus nombreux et plus audacieux, qui se tiennent prêts à tirer de ces faux principes des conclusions plus détestables.'' Le pape vise les socialistes : ''La secte des francs-maçons n'a pas le droit de se dire étrangère à leurs attentats puisqu'elle favorise leurs desseins et que, sur le terrain des principes, elle est entièrement d'accord.'' Aussi conclut-il : ''Arrachez à la Franc-Maçonnerie le masque dont elle se couvre et faites-la voir telle qu'elle est, une société retournée dont le but est d'exercer une suzeraineté occulte sur la société reconnue» (Alain Pascal, La Trahison des initiés, ibid., p. 93-94.)

 

À l'opposé du naturalisme matérialiste hédoniste maçonnique, dans l'Évangile selon S. Jean 12, 23-26 Jésus annonce symboliquement sa mission: sa mort et sa résurrection, sa Gloire prochaine et la Rédemption de l'Humanité en sa personne, à son imitation : "L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera."

 

" Car le Christ, lui aussi, a souffert pour les péchés, une seule fois, lui, le juste, pour les injustes, afin de vous introduire devant Dieu ; il a été mis à mort dans la chair, mais vivifié dans l’Esprit. (Premier Épître de Saint Pierre — Chapitre 3, 18

 

Dans le fourre-tout disponible sur internet, tous les sites qui évoquent ce mouvement du XVIIe siècle, à l'origine du naturalisme antichristique des loges franc-maçonniques, n'évoquent jamais le lien entre rosicrucisme et satanisme, mais le site "Vigi-Sectes", qui se définit comme "Association chrétienne internationale d'information sur les sectes et les mouvements religieux", en produit une bonne synthèse :

 

L’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix

Si, pour se renseigner sur la Rose-Croix, on va visiter des sites rosicruciens, on est convié à adhérer au mouvement A.M.O.R.C. : “Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix”.

On nous explique que cette organisation remonte à la plus haute antiquité égyptienne ; qu’elle est en mesure de faire connaître une sagesse précieuse, communiquée jadis par des “maîtres” et transmise de génération en génération par des initiés. Parente de la Franc-Maçonnerie, la Rose-Croix serait plus ancienne que cette dernière. L’emblème de l’ordre est une croix portant en son centre une rose rouge.

« Les Rose-Croix usurpent la référence au cœur chrétien, puisqu'ils placent la Rose ésotérique au centre de la Croix, ce qui est un blasphème, l'éviction du Coeur du Christ par le Féminin oriental. » (Alain Pascal, Le Siècle des Ténèbres, la Conspiration des Philosophes, ***, éd. Cimes, Paris 2019, p. 89)

 

« La légende Rose-Croix est une Cosmogénèse (un processus de création interne au Cosmos), (...) une négation de la Genèse. Le dieu des Rose-Croix n'est pas Dieu, leur ''Christ'' n'est pas le Christ. (...) Un chrétien ne doit pas avoir peur des symboles, mais doit se méfier des symbolistes (surtout contemporains, car leur principale activité semble de retourner les symboles chrétien en leur contraire...) » (Cf. Alain PASCAL, Le Siècle des Rose-Croix, Pascal contre Descartes, La Conspiration des philosophes tome 2, éd. Cimes, Paris 2018, p.45)

 

« La Création y résulte (...) d'un affrontement entre les forces du Bien et du Mal, dialectique qui est typiquement manichéenne (donc gnostique).» (Alain Pascal, Les Sources occultes de la Philosophie moderne, De la Gnose à la théosophie, La Conspiration des Philosophes *, éd. Cimes, Paris 2017, p. 248.)

 

« Le symbole était celui du Roman de la Rose (pré-théosophique), il est repris dans les Manifestes Rose-Croix et il sous-tend leur théosophie, qui est une pré-philosophie.» (Alain Pascal, Le Siècle des Ténèbres, la Conspiration des Philosophes, ***, éd. Cimes, Paris 2019, p. 89.)

 

« La Rose des rosicruciens est la même que celle du Roman de la Rose, c'est-à-dire la ''Rosée céleste'' de l'islam. Pour Mahomet, l'homme est créé à partir d'un caillot de sang et les ismaélites en ont fait une ''rosée céleste'' (Cf. Islam et Kabbale, p. 47); La Rose des alchimistes est aussi une ''osée'' qui viendrait du ciel - John Dee emploiera l'expression ''rosée du ciel'', ce pourquoi Yates écrit qu'il faut ''reconsidérer l'ancienne théorie qui soutient que le mot 'rosicrucien' n'est pas dérivé de Rose et de Croix, mais de Ros (rosée) et de Crux, et que sa signification alchimique est liée à la rosée qui était un (supposé) solvant de l'or, et à la croix qui représentait la lumière'' (p. 68). Yates ne dit pas que les Rose-Croix tiennent cet ésotérisme de l'islam, cependant confirme l'héritage de Dante et du Roman de la Rose. (...) Or, Dante et Meung tenaient cet ésotérisme de l'islam.» (Alain PASCAL, Le Siècle des Rose-Croix, Pascal contre Descartes, La Conspiration des philosophes tome 2, éd. Cimes, Paris 2018, p.45-46.)

 

« [L]a religion du cœur des Rose-Croix va avoir d'immenses répercussions en Allemagne. Dans l'Europe entière, les sectes rosicruciennes étaient en contact, les loges maçonniques le seront aussi, et elles utiliseront des mouvements littéraires à des fins politiques. Ce n'est pas un hasard. C'est un complot.. » (Alain Pascal, Le Siècle des Ténèbres, la Conspiration des Philosophes, ***, éd. Cimes, Paris 2019, p. 98)

 

Il existe des “loges rosicruciennes” dans la plupart des pays du monde, de nombreuses publications rosicruciennes, et une “Université Rose-Croix Internationale”. Il est recommandé de fréquenter une loge ; mais pour un débutant, une bonne partie de la formation peut être assurée par correspondance, en-dehors de tout regroupement. L’organisation se présente comme un mouvement fraternel et philosophique, mais non religieux. La page d’accueil du site www.rose-croix.org comporte cette devise :

Connais-toi toi même, et tu connaîtras l’univers et les dieux

Le rosicrucianisme implique toute une série d’initiations occultes ; selon ses propres termes, il propose “un art de vivre pour le cœur et l’esprit”, et promet à ses adeptes la connaissance des lois de l’univers et de la nature. Il leur promet aussi la pleine compréhension du sens de l’existence, l’éveil de leur créativité et de tout leur potentiel humain.

Parmi les “membres illustres” qui auraient appartenu au mouvement, on trouve Pythagore, Platon, Aristote, Thomas d’Aquin, Copernic, Descartes, Leibnitz, Swedenborg, Balzac… Jésus, qualifié de “grand penseur”, figure aussi parmi ces “membres illustres”. Les rosicruciens précisent toutefois qu’il ne faut pas le confondre avec “le Christ”, qui est pour eux “un être extrêmement évolué qui s’est incarné plusieurs fois et a connu plusieurs existences terrestres différentes”. Ce faux “Jésus” n’est ni Dieu, ni Fils unique de Dieu ; il est un simple philosophe, qui prend place à côté de Mahomet, de Bouddha, de Lao-Tseu, et de Moïse. Cette doctrine n’a rien de nouveau ; elle existait déjà au premier siècle.

Pour mettre les chrétiens en garde, l’apôtre Jean écrivait alors:

« Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Celui-là est l’antichrist, qui nie le Père et le Fils. Quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père. » (1 Jean 2:22-23).

Le rosicrucianisme est pour une petite élite, pour des “initiés”. Le salut biblique est pour tous ceux qui s’approchent avec foi de Jésus le Messie, le Fils unique de Dieu, l’Agneau de Dieu, le Ressuscité qui a reçu de Dieu l’autorité suprême. Le salut biblique est pour tous ceux qui se reconnaissent pécheurs et se confient en Jésus seul pour être sauvés.

Le rosicrucianisme enseigne que les êtres humains doivent passer par un grand nombre d’incarnations sur la terre pour parvenir enfin à être “absorbés en Dieu”. Ils parlent d’une “illumination”, d’une “fusion à jamais consciente dans le tout cosmique”. (sic) 

La Bible, elle, nous enseigne :

« il est réservé aux hommes de mourir une seule fois, après quoi vient le jugement » (Hébreux 9:27).

Le salut, d’après les rosicruciens, s’obtient par nos propres efforts, par un long travail pour se purifier soi-même de ses tendances mauvaises, afin d’atteindre si possible des “états supérieurs de la conscience”, puis “l’illumination suprême”. La Bible nous enseigne qu’il est illusoire et vain d’essayer d’améliorer nous-mêmes notre vieille nature ; la solution de Dieu est de nous appeler à nous repentir, de nous identifier à son Fils mort et ressuscité, et de faire de nous, par la foi, « une nouvelle création » en Christ.

La Parole de Dieu précise bien :

« Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. » (Ephésiens 2:8-9).

 

(…)

 

Jean 3: 5 :

 

« Si un homme ne naît d’eau et d’esprit, il ne peut pas entrer dans le Royaume de Dieu ».

 

Pour un rosicrucien, il ne s’agit pas de mourir à nous-mêmes pour avoir part à une vie nouvelle et éternelle, la Vie de Résurrection de Jésus-Christ. Il s’agit simplement “d’éveiller les vertus de l’âme humaine : humilité, générosité, tolérance.” Le rosicrucien ne voit aucunement la nécessité d’un Sauveur pour racheter l’homme et pour le remplir du Saint Esprit : le sacrifice par lequel Jésus a expié nos péchés n’a, dans ce système, aucune place, aucune raison d’être.

 

Or la Bible nous enseigne :

 

« Il n’y a pas de juste, même pas un seul ” (Romains 3:10).

 

« Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est dans le Christ Jésus. C’est lui que Dieu a destiné comme moyen d’expiation pour ceux qui auraient foi en son sang, afin de montrer sa justice. » (Romains 3:23-25).

 

Le rosicrucianisme enseigne qu’il est possible, dans certains cas, de communiquer avec des êtres chers qui sont décédés, “à condition de nous élever vers eux, et de ne pas les faire descendre vers nous”. Ce ne serait plus, alors, du spiritisme !

 

La Bible dit clairement :

 

« Qu’on ne trouve chez toi… personne qui consulte ceux qui évoquent les esprits, personne qui interroge les morts. En effet, quiconque se livre à ces pratiques est en horreur à l’Eternel. » (Deutéronome 18:11-12).

 

Les rosicruciens voient dans la Bible un livre estimable, mais ils ne lui attribuent aucune autorité particulière. Elle a pour eux sa place à côté du “Livre des Morts” égyptien et des autres “grands textes sacrés de l’humanité”. Le dieu des rosicruciens est partout, il fait partie de tout, il est “la Beauté incrée”, “l’Intelligence Universelle”, le “Grand Architecte”, mais il n’est pas possible de le connaître. Le Dieu de la Bible, Lui, Se donne à connaître, par Sa Parole écrite, et par Son Fils Unique, la Parole Vivante.

 

Pour les rosicruciens, il n’y a ni paradis, ni enfer, ni Satan. Leur philosophie, disent-ils, “intègre les principes fondamentaux du yoga”. Il est important pour eux de cultiver “la pensée positive”, car “la pensée est vibratoire et agit sur l’environnement”. Il s’agit, chaque jour, de diriger des pensées positives vers le monde entier afin de “neutraliser les influences négatives” qu’on y rencontre.

 

Cette philosophie-là est totalement incompatible avec l’Évangile du salut en Jésus-Christ, que l’apôtre Pierre résume ainsi :

 

« Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour le pardon de vos péchés : et vous recevrez le don du Saint-Esprit ». (Actes 2:38).

 

La philosophie rosicrucienne recommande l’astrologie, pratique que le Dieu vivant condamne sans appel. (Voir à ce sujet Deutéronome 17:2-7 et Esaïe 47:13-15 cités à la fin de cet article). Les rosicruciens pratiquent la “projection astrale”, c’est-à-dire la sortie du corps en esprit, ils cultivent la “perception extra-sensorielle”, la transmission de pensée, l’hypnotisme, l’alchimie, et bien d’autres techniques occultes. Sans exception aucune, la Parole de Dieu appelle ces choses : “des abominations”.

 

Certains rosicruciens voudraient conserver l’appellation de “chrétiens” ; mais il suffit d’être un tant soit peu renseigné sur la philosophie et les pratiques rosicruciennes pour comprendre qu’entre foi chrétienne biblique et rosicrucianisme, il y a incompatibilité totale. Il est absolument impossible d’être rosicrucien et chrétien en même temps. De plus, aucun vrai chrétien ne se laissera éblouir par cette prétendue “sagesse” rosicrucienne.

 

Il sait bien qu’à moins de se repentir et de croire à l’Évangile, ceux qu’elle a séduits s’en vont vers

 

« une ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force » (2 Thessaloniciens 1:9).

 

Un vrai chrétien ne sera ni séduit, ni impressionné par ce système philosophique ! En effet, la Bible lui révèle dès maintenant la splendeur éternelle du Fils Unique de Dieu, le Christ des Écritures, le Messie d’Israël, « en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » (Col 2,3). S’il est vrai qu’aujourd’hui nous ne connaissons qu’imparfaitement, nous Le verrons un jour face à face, et nous connaîtrons comme nous avons été connus (1 Corinthiens 13:12). Quelle espérance bienheureuse !

Le Discours sur la Servitude intellectuelle, De la soumission intellectuelle au déni de tyrannied'Alexis Haupt, décrit bien encore ce nouveau système :

 

"Les personnes soumises intellectuellement s’en prendront toujours à celles qui remettent en question la doxa de l’époque après y avoir identifié des failles. Elles les traiteront de fous, d’esprits dérangés. Pourquoi cela ? Eh bien parce que ces personnes souveraines intellectuellement leur tendent un miroir qui leur montre deux choses. D’abord, ce qu’elles sont : des personnes timides et soumises intellectuellement. Ensuite, ce qu’elles sont incapables de faire : remettre en question le récit de l’autorité et en soutenir les failles du regard. Regarder dans ce miroir les incommode, elles s’en prennent donc tout naturellement à ceux qui sont capables de faire preuve de ce qu’elles sont quant à elles incapables : d’audace intellectuelle."

Ce que les adeptes du naturalisme rosicrucien ne voient pas c'est que la faiblesse apparente de celui qui met son orgueil dans le dieu mort sur une croix et ressuscité est ce qui fait sa force et sa vie éternelle. Le Christ offre le véritable contre-pouvoir, celui de l'homme intérieur, par la pénitence, l'amour, la conscience, la vérité et la justice qui obtiennent bien plus que l'usage de la force brute.

Le règne du magique, de la folie, de l'irrationnel,... Et de la barbarie, malheureusement, sont des traits caractéristiques des démocraties contemporaines. 

 

Comme le dit le docteur Guillaume Barucq, sur X, "Il y a 4 ans, toutes les plages étaient fermées de façon autoritaire.

 

" Considéré de tout temps comme un espace de santé grâce à la pureté de son air, on se demande encore comment le bord de mer a pu être interdit de manière prolongée.

 

On se demande également comment dans les espaces purs de nos montagnes les randonneurs ont pu être traqués! 

La fiction diabolique anti-christique fondant la démocratie moderne, et son antidote
La fiction diabolique anti-christique fondant la démocratie moderne, et son antidote

Sophiste nominaliste matérialiste et épicurien, le théoricien de l'''État'' moderne, Hobbes écrit : ‘’Il n’y a point  de différence entre le juste et l’injustice." Celle qui se trouve entre le vice et la vertu ne prend sa source que dans les lois que les hommes ont faites ; et avant ces lois, un homme n’était obligé à aucun devoir à l‘égard d’un autre homme. (...) Quant aux principes qu’il a établis dans ses ouvrages, ils sont affreux. (…) [T]ous ses principes se rapportent à une idée principale, la ‘’doctrine de la force‘’; toute la philosophie de Hobbes est employée à légitimer la ‘’force‘’, à la diviniser, à justifier tout par la force : (…) selon lui (…) ‘’la justice n’est que la puissance, la loi n’est que la volonté du plus fort, le devoir que l’obéissance du plus faible‘’, etc. Ces (…) maximes ont été consignées dans 42 ouvrages dont on peut voir la liste complète dans les Dictionnaires de Chauffepié et de Chalmers. Les principaux sont : Elementa philosophica seu politica de Cive, Amsterdam en 1649. L’auteur donne trop à l’autorité du monarque. Il en fait un despote. (…) Il y suppose tous les hommes méchants, non-seulement par un penchant d’origine vers le mal. (…) L’auteur était plus grand sophiste que grand philosophe. On peut le regarder comme le précurseur de Spinosa.’’ (Dictionnaire historique des hommes qui se sont fait un nom, F.-X. de Feller 1735-1802, tome trois, Outhenin-Chalandre Editeur, 1838, p. 546.). Locke, Rousseau, Kant, et les socialistes suivirent ses traces. Ils ont adopté la trame du mythe de l'état de nature, à travers leur "contrat social" et l'État moderne. "Elle survit en notre inconscient", écrit Michel Villey dans son article "La théologie de Thomas d'Aquin et la formation de l'État moderne", Actes de la table ronde de Rome (12-14 novembre 1987,ibid., p. 38). Or, nous ne trouvons dans la Somme de S. Thomas d'Aquin aucune des pièces de ce système mais son antithèse...

 

En effet, « (Somme théologiqueIa IIae ques. 104 et 108 : de la loi divine révélée ne saurait s'induire une politique qui fût spécifiquement ''chrétienne''... Ni de la loi ancienne mosaïque édictant pour le peuple juif des préceptes dits ''judiciaux'', mais qui ont cessé d'être en vigueur : parce que l'avènement du Christ eut cet effet de les abroger (ques. 104). Ni de la 'loi nouvelle' ou évangélique : sa mission est autre. Elle concerne la vie 'intérieure'. Dieu laisse le soin d'organiser ces institutions temporelles à notre raison naturelle (ques. 108). C'est mieux ainsi, pour que les règles du droit et de la politique soient communes à tous les hommes. Il convenait qu'elles fussent désacralisées.

 

« Par conséquent, en ces matières, brisant avec la tradition de l'''augustinisme politique'', la théologie de la Somme va procéder des philosophes et juristes païens. D'Aristote, qui (…) fut parmi les philosophes grecs le politologue par excellence. (...) Cela seul est un évènement : rien de moins que l'acte de naissance en Europe de la science politique. Dégagée de la morale, elle y retrouve son autonomie. (...) Il ne s'agit plus d'une pastorale coulant de la Parole divine, mais d'une science d'observation.

 

« (...) Il (S. Thomas) exclut qu'une science politique doive être tirée de l'Ecriture sainte. Et l'expérience (vu les messianismes dans l'histoire. Ndlr.) lui donne raison ; elle a montré que la Politique tire argument de l'Écriture tant pour l'anarchisme, le socialisme, le conservatisme, le fascisme, que pour la ''démocratie chrétienne''. (...) La politique est laissée "à l'arbitre de l'homme", ecrit Michel Villey, dans La théologie de Thomas d'Aquin et la formation de l'État moderne" (ibid., p. 34-37.)

 

« (…) Or il est faux que S. Thomas ait part à son invention (la science politique de l'État moderne) ; elle fut l'œuvre de ses adversaires. (…) Eclosion des œuvres de Scot – et l'on trouve déjà chez Duns Scott le schéma du contrat social – de Guillaume d'Occam, nominaliste, fondateur de la Via Moderna. Avec ces deux auteurs émerge le moderne individualisme. (…) Le scotisme et le nominalisme domineront les facultés de théologie du Bas Moyen Âge. Et la Seconde Scolastique, bien qu'elle affectât de restaurer l'enseignement de S. Thomas, n'a pas échappé à leur influence. Nous ne sommes pas sans en porter encore aujourd'hui les stigmates. De l'avis de nombreux politologues la charpente du nouveau système ne se dessine nulle part plus clairement que chez Thomas Hobbes, lequel entreprit de détruire la Politique d'Aristote. (…) Nominaliste ayant appris la logique d'Occam, il est aussi féru d'Euclide et du mot geometricus : le trait le plus original (car lui veut être original) de son œuvre fut de fonder la Politique sur des axiomes ; alors que S. Thomas, excluant que le droit et la politique puissent être traités sur ce mode, pratiquait l'ancienne méthode, aujourd'hui morte, de la quaestio (Cf. Michel Villey, Questions de saint Thomas sur la politique et le droit, Paris, 1987)

 

« (…) Inexistence chez S. Thomas des droits naturels de l'individu. Qui pour Hobbes sont le Fondement. Il part de l'hypothèse de l'état de nature. Thème qui me paraît procéder de sources surtout théologique, puisque la Genèse évoque un état d'innocence.

 

(...) Mais chez S. Thomas, pas d'"état de nature" temporel; dès les origines (...), il existait entre les hommes des rapports d'assujétissements et de domination (Ia ques. 96, art. 3 et 4.) L'homme est naturellement social et même "politique", disait Aristote. Donc le contraire du mythe hobbien, lequel était défini par ce caractère, que tous les hommes y eussent été libres. D'une liberté que Hobbes qualifie - au Leviathan chapitre XIV, chapitre charnière - "le droit naturel de chaque homme" (each man). Les "droits de l'homme", raffinés par Locke, continueront au travers de toute la science politique moderne à tenir un rôle fondateur. Pas de "droits de l'homme" chez S. Thomas. » (Michel Villey, La théologie de Thomas d'Aquin et la formation de l'État moderne", p. 34-39.)

 

Au XVIIe siècle, une controverse illustre le propos de S. Thomas selon lequel "de la loi divine révélée ne saurait s'induire une politique qui fût spécifiquement chrétienne'' : Jacques Ier qui voyait dans le roi l'élu direct de la divinité, et affirmant son "droit divin" avait institué un serment d'allégeance, auquel le cardinal Bellarmin, défenseur de l'opinion traditionnelle, avec les jésuites Persons, Suarez, s'opposa, car il soutenait l'origine populaire du pouvoir royal. (Cf. Joseph Lecler, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, 1955, rééd. Albin Michel, Paris 1994, p. 747.)

 

Dans la Somme de S. Thomas, « [p]uisqu'aucune loi ne mérite son nom qu'à la condition d'être juste, ce qui voulait dire participer de la loi éternelle, la loi civile ne signifiait pas ce fait scientifique rigide qui procède de la volonté des pouvoirs publics. Elle procédait aussi de la recherche effectuée par les philosophes, de l'ordre prévu par Dieu sur sa création. J'en conclurais que la Somme défend les libertés individuelles. Non la liberté des modernes, cette indépendance radicale de l'homme séparé de ''l'état de nature'', dont nos droits de l'homme sont la nostalgie. Comme il n'a jamais existé d'autonome totale de l'homme, en quoi consiste la liberté ? À ne point dépendre tout entier de la communauté politique : "l'individu n'y est ordonné que par une partie de son être" (Ia IIae, 21, 4 ad. 3.) Être libre consiste à jouer de la multitude des ensembles auxquels tous les hommes appartiennent. Mais pour la reconnaître (la liberté) il fallait la vision encyclopédique que s'était donné sur le monde l'auteur de la Somme : elle fait défaut aux spécialistes des sciences politiques modernes. 

 

« Décidément, aucune des pièces de la Politique moderne, je ne l'ai trouvée chez S. Thomas : ni l'état souverain ni les droits de l'homme.

 

« (...) L'œuvre de S. Thomas (...) peut servir d'antidote à la science politique moderne. (...) Quant aux droits de l'homme, si nous les prenions à la lettre, ils entraîneraient la destruction de la communauté politique (Cf. Michel Villey, Le droit et les droits de l'homme, Paris, 1983), de l'État lui-même.

 

« Notre littérature politique, déchirée entre ces deux excès incompatibles, l'infinité du pouvoir souverain et l'infinité des droits de l'homme, se condamne à l'incohérence.

 

« Saint Thomas vous offre un remède aux impasses de la théorie politique moderne. (…) Ce remède a toujours servi. (…) Car sans doute la théologie de saint Thomas fut condamnée dès la fin du XIIIe siècle, puis dénaturée par les maîtres de la Seconde Scolastique. N'empêche que le texte de la Somme a toujours gardé des lecteurs. L'enseignement de la philosophie ancienne ne s'est pas arrêté en 1637, quand parut le Discours de la Méthode. L'Europe moderne s'est nourrie de la Politique d'Aristote : Montesquieu, Spinoza, Hegel. Et plus encore une quantité d'obscurs professeurs, plus ou moins tombés dans l'oubli, parce que l'historiographie a choisi de les ignorer. (…) Ainsi les ''droits de l'homme'' ? Historiquement ils sont sortis du mythe hobbien et rousseauiste de l'état de nature : ''Les hommes sont égaux et libres''. Ceci reste inscrit dans le texte de nos Déclarations. (…) Mais que veut-on dire par ces mots ? Ne nous flattons pas de l'illusion qu'il s'agisse de droits effectifs. Qu'en pensent les chômeurs ? Est-ce qu'ils jouissent du prétendu ''droit au travail'', et les moribonds du ''droit à la vie'' ? Ou (…) est-ce que vous avez vraiment le droit de vous fabriquer votre morale et vos croyances ''métaphysiques'', sans que le gouvernement s'en même ? Croyez-vous que le Ministère de l'éducation nationale, le Ministère de la culture, et l'école laïque, et la télévision d'Etat, s'abstiennent d'édicter une morale ? Pas la même qu'au temps de S. Thomas. Nous sont prêchés le culte de l'homme, la Religion de la Démocratie, et l'usage des préservatifs : ce qui plaît au vulgaire. Nous avons seulement sacrifié le rapport de la loi civile à l'ordre de la création. L'État n'a pas cessé de punir. Non l'idôlatrie, l'adultère, l'usure. Mais nos prisons sont plus remplies que ne l'était la Bastille. Il y a beaucoup d'hypocrisie dans le libéralisme moderne.

 

« Quant au verbiage dont on nous berce (…) sur les droits de l'homme, il trahit la réalité. Aux droits dont nous jouissons en fait – celui des malades aux prestations de la Sécurité sociale, de certains chômeurs à toucher le minimum vital, ou des citoyens à voter dans un isoloir – manque l'infinité propre aux ''droits de l'homme''. Ce sont des droits circonstanciés, calculés aussi en fonction de l'intérêt des autres, subordonnés au Bien commun ; tels que les définit la doctrine d'Aristote et de S. Thomas (Cf. Michel Villey, Le droit et les droits de l'homme, Paris, 1983).

 

« (…) Qu'est l'État moderne ? (…) Ainsi que l'écrit Georges Burdeau, personne n'a jamais vu l'État, ''idée'' confuse dont on s'épuise à chercher la définition. Existent aujourd'hui comme en Grèce, des communautés politiques. Le mot État est malléable. La littérature de l'Ancien Régime par exemple Corneille, La Fontaine, Molière, Beaumarchais – s'en servait le plus volontiers à la manière du Digeste (D. I. 1,3 ad statum Rei romanae) pour signifier le bien commun, l'intérêt de la communauté. Et Hobbes lui-même, qui s'est voulu démolisseur de la tradition, n'échappait pas à son emprise : il use du terme de Commonwealth. En fait, jusqu'au XVIIIe siècle, ce furent les classiques qui occupèrent le rôle principal dans l'éducation de l'Europe. Et nos institutions réelles ne sont pas sans porter la marque de leur influence. Oui, la Politique d'Aristote, réexhumée par S. Thomas, est une des sources de la science de l'Etat moderne tel qu'il est. » (Michel Villey, La théologie de Thomas d'Aquin et la formation de l'État moderne", p. 45.)

 

Dans l'Antiquité, le sophisme de la loi du plus fort fut celui de l'immoraliste Calliclès contre Socrate ("Si le plus fort domine le moins fort et s'il est supérieur à lui, c'est là le signe que c'est juste...")C'est ce système qui fonde les régimes totalitaires modernes et contemporains niant les exigences de justice et de liberté individuelles supérieures à tout droit conventionnel (Décalogue, ou Déclaration universelle des droits de l’homme) dont on a vu que l'État Leviathan se moque pourvu que loi soit celle du plus fort. L'argument de Hobbes se retourne contre lui-même. En voulant justifier le droit d'esclavage, il justifie à son insu le droit de révolte / rébellion qui n'est pas un droit puisque si dans un cas précis je me rebelle contre le plus fort et que je le vaincs, le plus fort n'aurait aucun droit sur moi puisque j'aurais réussi à le battre. Le ''droit'' n'a, ainsi, rien à voir avec la force. Supposons par exemple qu'on ait le ''droit'' d'exterminer les vaincus après l'armistice, faire des esclaves, cela serait prolonger l'état de guerre. Ce serait postuler implicitement que le vaincu a lui aussi le droit de recourir à la violence (force) contre le vainqueur. En voulant justifier le droit d'esclavage, on justifie à son insu le droit de révolte / rébellion. Supposons encore qu'on est le droit d'imposer des injections dites vaccinales aux citoyens qui n'en veulent pas, cela revient à supprimer les déclarations de droits et la liberté à la base de ces déclarations. Cela serait supposerait que l'injecté aurait le droit lui aussi d'user de la force contre les injecteurs... De même, si la force fait le droit (hypothèse), si on parvient impunément (sans être puni) à échapper à cette force, alors c'est que dans ce cas précis, on s'est montré le plus fort, donc (d'après l'hypothèse) c'est qu'on a le droit de vaincre cette force, d'où l'absurdité d'un droit qui se retourne en son contraire... Donc l'expression ''la force fait le droit'' ne veut rien dire; le mot droit n'ajoutant rien au concept de force, n'a rien à voir avec la force. Or, dans l'État moderne, la fin (politique) justifiant les moyens, c'est la force du plus fort (machiavélisme). Dans la doctrine catholique, au contraire, la fin ne justifie pas l'emploi de moyens mauvais...

 

La thèse nouvelle de l'''État'', censée être le summum de ce que peut produire la pensée politique, ignore encore simplement la doctrine chrétienne médiévale qui permet le renversement du tyran lorsque celui-ci a gouverné "non au bien commun de la multitude", mais à son "bien privé", lorsqu'il a empêché "les biens spirituels de la multitude", lorsqu'il s'est opposé "à ce qu’aucun pacte d’amitié ne s’affermisse" entre les sujets..., lorsqu'il a semé la discorde entre les sujets...; ou encore lorsqu'il a régné "par la crainte"... (De RegnoDu royaume, écrit au Roi de Chypre, 1266, Editions Louis Vivès, 1857.)

 

« Le genre humain constitue une communauté. On a fait gloire à Vitoria d'en avoir été l'inventeur. Mais il s'agit d'une notion familière aux Stoïciens, déjà présente chez Aristote ; plus présente encore à l'esprit de l'auteur de la Somme, parce qu'elle évoque le thème chrétien du royaume des cieux. Dieu qui la gouverne est aussi notre suprême ''bien commun'' (Ia IIae 103, 9 ad. 2 – IIa Iiae 152, 4 ad. 3, etc.) Voilà, direz-vous qui relève de la théologie. Mais ce morceau de théologie – pas exclusivement chrétienne – concerne aussi la Politique.

 

« Car retournons au traité de la Loi humaine (Ia Iiae ques. 95), où se trouve le noyau de l'enseignement de S. Thomas sur la Politique. On l'interprète à contre-sens, coupé de son contexte. La Somme avait auparavant présenté la Loi éternelle, terme repris à S. augustin, mais pas du tout ignoré en Grèce ni à Rome (Aristote-Sophocle-Cicéron). Qu'est cette Loi ? ''La Raison de Dieu'' gouvernant l'Univers – la communauté englobante du monde (ques. 93). Bien sûr, la formule de cette Loi demeure inaccessible à l'homme, les pensées de Dieu n'étant pas les nôtres. Mais une connaissance indirecte, et très incomplète peut en être acquise, ''par ses effets'', si l'on observe le spectacle de la création. Aux philosophes ou plus tard aux jurisconsultes incombe la tâche de déchiffrer l'ordre de la nature, et de couvrir les principes les plus généraux de la loi dite naturelle (94,2 – pris à la fois à Cicéron et Aristote).

« Or, tout droit dépend de cet ordre. C'est ensuite seulement que la Somme vient traiter de la ''Loi humaine'', pour la dire d'abord ''dérivée'' de la loi naturelle (Ia Iiae ques. 95,2 L'Origine de la loi humaine. ). À l'intérieur de chaque cité, l'œuvre du législateur consiste à définir, mettre en formule, accommoder aux circonstances les implications de la loi naturelle – et inventer les moyens de la mettre en œuvre, constituant le ''droit positif'' (ibid.) Ce n'étaient pas là des paroles vaines. Il en résultait l'exclusion de notre ''positivisme juridique''. S. Thomas invitera à tenir pour nulles les lois injustes et les citoyens à enfreindre au besoin les ordres du pouvoir. Lex esse non videtur quae justa non fuerit (Il ne semble pas y avoir de loi qui n'ait pas été juste) (Ia IIae qu. 95 art. 4II IIae De judicio art 5.) Il est resté fidèle aux thèses philosophiques grecques sur la résistance aux tyrans (Ia IIae 5 et 6 ad IIa IIae, De seditione, 2 et 3.) 

 

« (...) La loi civile ne signifiait pas ce fait scientifique rigide, qui procède de la volonté des pouvoirs publics. Elle procédait aussi de la recherche effectuée par les philosophes, de l'ordre prévu par Dieu sur sa création. » (Michel Villey, La théologie de Thomas d'Aquin et la formation de l'État moderne", p. 44-45.)

 

Pour S. Thomas d'Aquin, face à un pouvoir injuste (non conforme à la loi naturelle dérivée de la loi éternelle), la capacité insurrectionnelle est toujours présente quand un tel gouvernement opprime la multitude. "Le renversement" (du régime tyrannique) "n'est pas une sédition, car c'est le tyran qui est séditieux et nuit au peuple (IIa IIae q. 42, art. 2, s.3). Seulement, pour Saint Thomas, le tyrannicide par un individu n'est pas moral. Il réserve cette possibilité à "l'autorité publique" : "Si l’excès de la tyrannie devenait intolérable, quelques-uns ont cru qu’il reviendrait au courage des hommes qui s’en sentent la force de tuer le tyran et de s’exposer à des périls mortels pour la libération du peuple. […] Mais cela n’est pas conforme à la doctrine des Apôtres (I Pet. ii, 18). […] Ce serait en effet dangereux pour le peuple et ses chefs si des hommes, par leur action privée (privata præsumptione) entreprenaient de tuer les gouvernants, fussent-ils des tyrans. […] Si chacun pouvait, à son gré, attenter à la vie d’un roi, il y aurait plus de danger à sacrifier un roi qu’il n’y aurait d’avantage dans la mort d’un tyran. On voit donc mieux que contre la malfaisance des tyrans, ce n’est pas par les entreprises de quelques particuliers qu’il faut procéder, mais par l’autorité publique" (De Regimine principum, I, 6).

 

Voici comment l'on peut résumer l'antidote :

Dieu, étant la cause première et la fin dernière de l’homme et de l’univers, la société est un moyen naturel pour l’homme d’atteindre sa fin et le pouvoir dans la société venant de Dieu, il est ordonné à lui. Le pouvoir se fonde avec le consentement implicite ou explicite de la société. Aucune constitution politique ne s’impose. Le pouvoir séculier et le pouvoir ecclésiastique sont distincts. L’État a pour fin le bien commun temporel, l’Église a pour fin le salut des âmes. L’État s’ordonne à l’Eglise dans la mesure où la fin temporelle s’ordonne à la fin éternelle. (Abbé Bernard Roland-Gosselin - La doctrine politique de saint Thomas d'Aquin, 1928).

 

Saint Thomas d'Aquin prend soin de préciser qu'avant la constitution de la société, un seul homme ne pouvait pas, par lui-même, "s’assurer les moyens nécessaires à la vie." Il est donc dans la nature de l’homme qu’il vive en société."  (De RegnoDu royaume, écrit au Roi de Chypre, 1266, Editions Louis Vivès, 1857, p. 4.

 

"Toute loi (...) est ordonnée au salut commun des hommes, et c'est seulement dans cette mesure qu'elle acquiert force et raison de loi ; dans la mesure, au contraire, où elle y manque, elle perd de sa force d'obligation." (Somme Théologique, Ia IIae, Question 96, Article 6).

 

"Aussi toute loi portée par les hommes n'a raison de loi que dans la mesure où elle dérive de la loi de nature. Si elle dévie en quelque point de la loi naturelle, ce n'est plus alors une loi, mais une corruption de la loi." (Somme théologique, Ia IIae, Question 95 La loi humaine, article 2 L'origine de la loi humaine.)

 

"La densité politique de la pensée de l'Aquinate" a permis à l'Église catholique d'"adopter plusieurs de ses thèses révolutionnaires, sur la tyrannie, l'ignorance invincible, la prévalence de la conscience sur les lois", explique le journaliste et écrivain Frei Betto.

 

Ne pouvant pas compter sur la fidélité, le tyran règne par la crainte. S’il n’y a pas excès de tyrannie, il est plus utile de tolérer pour un temps une tyrannie modérée, que d’être impliqué, en s’opposant au tyran, dans des dangers multiples, qui sont plus graves que la tyrannie elle-même. Il peut en effet arriver que ceux qui luttent contre le tyran ne puissent l’emporter sur lui, et qu’ainsi provoqué, le tyran sévisse avec plus de violence encore. Que si quelqu’un peut avoir le dessus contre le tyran, il s’ensuit souvent de très graves dissensions dans le peuple, soit pendant l’insurrection contre le tyran, soit qu’après son renversement, la multitude se sépare en factions à propos de l’organisation du gouvernement. La multitude peut se défaire du roi ; mais selon quelle procédure ?  Une fois établi cette nuance de supporter le tyran pour cause de fidélité à l’évangile, pour Saint Thomas, "c’est l’autorité publique qui doit supprimer le tyran. [I]l semble que contre la cruauté des tyrans il vaut mieux agir par l’autorité publique que par la propre initiative privée de quelques-uns. » (Saint Thomas d’Aquin)

 

Or, la thèse nouvelle de l'''État'' contractuel prétend fonder un contrat social tout vient de l'État et tout revient à l'État. N'est-ce pas le propre de la tyrannie ? N'est-ce pas une exagération de la parole du Christ qui aboutit à rendre tout à César, et qui ignore la distinction opérée par le christianisme entre deux souverainetés autonomes, également légitimes, et non réductibles à une seule (une souveraineté temporelle autonome et une souveraineté spirituelle autonome) ? Cette distinction avait été faite par le christianisme seul. Seule elle a permis dans l'histoire de créer un chemin au respect des consciences personnelles et donc un développement de l'individu en dehors de tout cadre étatique terrestre ou national... L'Antiquité païenne ou juive ne connaissait pas cette distinction : une seule souveraineté englobait le temporel et le spirituel... Une telle distinction des souverainetés" dans le christianisme mettait fin aux pouvoirs coercitifs du prince dans le domaine religieux, pouvoir que paradoxalement les temps modernes ressuscitent ... pour le donner ... au prince... c'est-à-dire à l'État.

L'Eglise antique, de façon naturelle, a prié pour les empereurs et pour les responsables politiques, en considérant cela comme son devoir (cf. 1 Tm 2, 2); mais, tandis qu'elle priait pour les empereurs, elle a en revanche refusé de les adorer, et, à travers cela, a rejeté clairement la religion d'Etat. Les martyrs de l'Eglise primitive sont morts pour leur foi dans le Dieu qui s'était révélé en Jésus Christ, et précisément ainsi, sont morts également pour la liberté de conscience et pour la liberté de professer sa foi, - une profession qui ne peut être imposée par aucun Etat, mais qui ne peut en revanche être adoptée que par la grâce de Dieu, dans la liberté de la conscience.

Discours du pape Benoît XVI à la curie romaine à l'occasion de la présentation des vœux de Noël, Jeudi 22 décembre 2005

Pour parer à cette erreur de l'État moderne Léviathan où n'existe aucune distinction du temporel et du spirituel, le pape Léon XIII, dans la Lettre encyclique Libertas (1888) écrit :  "c'est absolument dans la loi éternelle de Dieu qu'il faut chercher la règle et la loi de la liberté, non seulement pour les individus, mais aussi pour les sociétés humaines. Dans une société d'hommes, la liberté ne consiste pas à faire tout ce qui nous plaît : ce serait dans l'État une confusion extrême, un trouble qui aboutirait à l'oppression ; la liberté consiste en ce que, par le secours des lois civiles, nous puissions plus aisément vivre selon les prescriptions de la loi éternelle. Pour ceux qui gouvernent, la liberté n'est pas le pouvoir de commander au hasard et suivant leur bon plaisir: ce serait un désordre non moins grave et souverainement pernicieux pour l'Etat ; mais la force des lois humaines consiste en ce qu'on les regarde comme une dérivation de la loi éternelle et qu'il n'est aucune de leurs prescriptions qui n'y soit contenue, comme dans le principe de tout droit. (...) Supposons donc une prescription d'un pouvoir quelconque qui serait en désaccord avec les principes de la droite raison et avec les intérêts du bien public ; elle n'aurait aucune force de loi, parce que ce ne serait pas une règle de justice et qu'elle écarterait les hommes du bien pour lequel la société a été formée. (...) Le pouvoir légitime vient de Dieu, et celui qui résiste au pouvoir, résiste à l'ordre établi de Dieu; c'est ainsi que l'obéissance acquiert une merveilleuse noblesse, puisqu'elle ne s'incline que devant la plus juste et la plus haute des autorités. Mais, dès que le droit de commander fait défaut, ou que le commandement est contraire à la raison, à la loi éternelle, à l'autorité de Dieu, alors il est légitime de désobéir, nous voulons dire aux hommes, afin d'obéir à Dieu. Ainsi, les voies à la tyrannie se trouvant fermées, le pouvoir ne rapportera pas tout à soi; ainsi sont sauvegardés les droits de chaque citoyen, ceux de la société domestique, ceux de tous les membres de la nation ; et tous enfin participent à la vraie liberté, celle qui consiste, comme nous l'avons démontré, en ce que chacun puisse vivre selon les lois et selon la droite raison".

« L'Eglise refuse à la fois le capitalisme et le socialisme parce que les deux aliènent la liberté de la personne. Car l'être humain ne doit sa liberté qu'à Dieu affirmée par le dogme chrétien. S'il se soumet à la philosophie maçonnique, capitaliste ou socialiste, l'individu perd sa dignité et sa liberté parce que dans cette philosophie "les principes fondamentaux et les lois sont empruntés au naturalisme." Sans rapport avec la transcendance, "surnaturel", il n'y a jamais eu de liberté individuelle dans l'histoire », résume bien Alain Pascal dans La Trahison des initiés (3e édition revue et corrigée, éd. Cimes, Paris 2013, p. 93).

 

Pourtant, malgré tous ces avertissements, pour les tenants de la théorie moderne de l'État, ce n'est plus dans la loi éternelle de Dieu qu'il faille chercher la règle et la loi de la liberté mais dans l'homme (fait Dieu...) et la "théorie contractuelle du pouvoir"...

 

« Tandis que le peuple s'époumone au travail ou se rue sur le drapeau rouge qu'on lui agite, les dompteurs le plument. » (Alain Pascal dans La Trahison des initiés, 3e édition revue et corrigée, éd. Cimes, Paris 2013, p. 94).

 

L'"état de nature" des "philosophes", où l'homme serait heureux, libre et égal est un naturalisme religieux antichrétien et irrationnel, où malgré son prétendu bonheur initial, l'homme déciderait, par ingéniosité ou par utilité pratique, d'abandonner une partie de sa liberté naturelle pour faire un "contrat" avec l'État chargé de le protéger. Cette théorie est absurde et incohérence : si l'homme est libre et égal à l'état de nature, pour quelle raison chercherait-il à faire un pacte avec le Léviathan pour le protéger ?

 

La constitutionalisation de cette fiction dans le droit moderne est une autre incohérence : on n'écrit pas ce qui est naturel et logique mais on écrit "ce qui n'est pas naturel et a besoin de cet écrit pour exister..." (J.M. POTIN, Liberté, Egalité Fraternité, in Le Livre noir de la Révolution française, Cerf, Condé-sur-Noireau 2008, p. 421.)

 

« La loi écrite ne donne pas au droit naturel son autorité et par conséquent ne peut ni diminuer, ni supprimer cette autorité, car la volonté de l'homme ne peut pas changer la nature. C'est pourquoi, si la loi écrite contient quelque prescription contraire au droit naturel, elle est injuste et ne peut obliger... » (S. Thomas, Somme théologique, Secunda secundae, IIa IIae, Deuxième partie, II, ques. 60 art. 5)

 

"L’État a pour fin le bien commun temporel, l’Église a pour fin le salut des âmes. L’État s’ordonne à l’Eglise dans la mesure où la fin temporelle s’ordonne à la fin éternelle." (Abbé Bernard Roland-Gosselin - La doctrine politique de saint Thomas d'Aquin, 1928).

 

Les dits "droits naturels et imprescriptibles de l'homme" dans la déclaration de 1789 ne sont là que comme caution à la farce.

 

« Une société secrète révolutionnaire détournant la Démocratie.  (...) Il est établi que la Maçonnerie s'est servie de la Démocratie dans l'intérêt de quelques-uns. On peut en effet parler de ploutocratie, gouvernement par les riches ou d'oligarchie, gouvernement par quelques familles puissantes, pour le XIXe siècle; la Maçonnerie y est bourgeoise et capitaliste; elle a évincé l'ancienne noblesse et substitué son pouvoir économique à l'autorité royale. » (Alain Pascal, La Trahison des initiés, 3e édition revue et corrigée, éd. Cimes, Paris 2013, p. 166.)

 

Lire : 1789 : Une aristocratie en chasse une autre, naissance de la bourgeoisie d'affaires et de l'Argent-Roi, la ploutocratie

 

« Au XIXe siècle, la vogue de l'occultisme a été relancée par Alphonse Louis Constant, pseudonyme d'Éliphas Lévi (1810-1875), a repris les œuvres de Rosenkreutz, Jacob Boehme, Swedenborg et Louis Claude Saint Martin (1743-1803), dit le Philosophe inconnu. Ces noms ne disent pas grand chose au profane, ce sont ceux des principaux adeptes de la théosophie, illuminisme moderne. Le successeur de Lévi est le Dr d'Encausse (1865-1916) plus connu sous le pseudonyme de Papus (...). En Angleterre, la magie théosophique a réuni dans l'Ordre de la Golden Dawn, entre autres Yeats et Aleister Crowley. En Allemagne, les Maçons du groupe Thulé. Nous ne connaissons pas exactement leurs liens avec la Société théosophique de Mme Blavatsky, avec la Fabian Society et Mme Bessant, mais nous n'ignorons pas que les philosophes et encyclopédistes Rose-Croix et les Illuminés du XVIIIe siècle se trouvent à l'origine du marxisme et de la révolution socialiste, et pour les dernières nommées, théosophie, martinisme, Golden Dawn, Thulé, derrière le Pacte Synarchique d'Empire, tentative d'exploitation du national-socialisme, idéologie d'origine rosicrucienne. Les sociétés secrètes qui se disent Rose-Croix ne sont donc pas uniquement des inspiratrices littéraires!

 

« (...) Pour le folklore, l'AMORC, Ancien et Mystique Ordre Rosicrucien, fondé au début du XXe siècle en Amérique, et ses diverses sectes contemporaines exploitant la crédulité d'ignares éblouis par les vieux relents de magie égyptienne.

 

« (...) Le monde, laïque et tolérant, par essence anti-catholique, a été fondé sur des modèles philosophiques issus d'une fiction littéraire, et (...) son sort est entre les mains des initiés aux diverses sociétés secrètes adeptes de la même philosophie. » (Alain Pascal, La Trahison des initiés, 3e édition revue et corrigée, éd. Cimes, Paris 2013, p. 205-207.)

 

Les élucubrations sur l'origine "contractuelle" de l'État cherchent manifestement à justifier des points de vue politiques matériels arrêtés a priori, un pouvoir en réalité "en désaccord avec les principes de la droite raison et avec les intérêts du bien public. N'existera en somme plus qu'une seule souveraineté, celle de l'État civil moderne, entendez anti-chrétien.

 

C'est sans doute là l'évènement le plus significatif et le plus néfaste de ces trois derniers siècles en raison des conséquences que ces fictions mensongères ont pu entraîner dans nos vies et continuent d'entraîner dans la vie de chacun.

 

Nous pouvons et devons considérer l'irrationnel qui se trouve au cœur de ces concepts pensés comme des hypothèses méthodologiques simplement utiles (mais incohérentes), hypothèses devenues la grammaire de nos constitutions modernes. Ne sont-elles pas en elles-mêmes des punitions pour les péchés du peuple qui, selon S. Thomas d'Aquin, appellent des régimes tyranniques ? Comme il est dit dans le Livre de Job (XXX IV, 30): "Dieu fait régner l’homme hypocrite à cause des péchés du peuple..." (De RegnoDu royaume, écrit au Roi de Chypre, 1266, Editions Louis Vivès, 1857, p. 24.)

 

Avec l'utopie liberticide, où tous les débordements de violence de la part de ceux qui s'érigent en représentants du "contrat" sont permis, nous vivons donc en pleine idéologie, en plein mensonge. Bref, le règne du diable.

 

Et tous les "opposants", les "dissidents" nageront en sens inverse tant qu'ils n'auront pas compris cette donnée fondamentale. Le système jacobin de 1789 – la "Révolution"  en fournit le prêt-à-penser politico-"philosophique" type. Il s'agit d'une Pensée unique, en dehors de laquelle n'existe aucune liberté. Ce politique, théorisé au XVIIe siècle, est celui des trois derniers siècles. C'est le Politique naturaliste des loges maçonniques en dehors duquel il n'existe pas de "citoyenneté" et permet toutes les entorses aux "droits"...

 

La conséquence sociale en est aujourd'hui une uniformité idéologique sur toute la planète, une plongée dans le matérialisme le plus sinistre et le plus brutal, où l'industrie Pharma a pu faire passer des lois liberticides.

 

La pensée déviante est criminalisée, le "complotisme" fonctionnant aujourd'hui pour le régime politique moderne comme fonctionnait l'hérésie aux temps médiévaux...

 

« A compter de la Révolution française, (...) au plus tard à la chute du tsar de Russie, on aurait pu penser à un arrêt des oppressions dont on rendait les anciens régimes responsables, et à la fin de la violence politique puisque la mise en place de la Démocratie devait tout résoudre et que le nouveau régime devait assumer la liberté, la justice, la paix. Il n'en a rien été. (...) Les Temps modernes se caractérisent au contraire par la plus forte montée d'irrationnel (l'irrationnel a été revendiqué par le fascisme. Il sous-tend l'écologie [à la fois progressiste et réactionnaire!), est sous-jacent à la démagogie socialiste (faux rationalisme dont on a la preuve de l'échec), et marque aussi le religieux (retour du magique...) et le philosophique (l'absurde)] et la violence de l'histoire: les révolutions, l'émergence des systèmes politiques les plus oppressifs (le communisme, le fascisme), enfin et surtout par une série de génocides sans précédent. La guerre a été permanente, la liberté politique une exception, sinon un leurre. (...) Deux cent millions de morts pour le seul XXe siècle, la plupart dans les pays communistes avec la complicité silencieuse des médias occidentaux; des milliards de miséreux en errance, déracinés et mourants de faim; de nouvelles formes d'esclavage, à savoir la colonisation, l'immigration, l'exploitation par le capital, l'exploitation par l'État... Partout l'oppression et la violence sont le fait des armées, des États ou de l'argent. Le rapport du peuple au pou voir a empiré. » (Alain Pascal, La Trahison des initiés, 3e édition revue et corrigée, éd. Cimes, Paris 2013, p. 171.)

 

En germe, nous avons le totalitarisme moderne où les libertés d'expression et de conscience sont abolies. 

 

Durant l'épisode Covid, il n'y avait soudainement plus de "liberté" pour les personnes récalcitrantes au récit officiel : café-assis-ou-debout, plages dynamiques, repas limités à 6 personnes (pas à 5, ni 7 mais 6), grands-parents laissés en cuisine pour le repas de Noël, fermeture des rayons sous-vêtements et jouets pour enfants mais clubs échangistes laissés ouverts, injections vaccinales "sûres et efficaces"..., etc. : pas de liberté en dehors des limites et des règles du jeu fixées par les "représentants", qui ne sont plus de bons pasteurs mais des loups déguisés en moutons. 

 

Gnose kabbaliste, le naturalisme opère ici comme une magie ; c'est littéralement un monisme métaphysique où la Création est confondue avec le Créateur, où le politique et le spirituel (d'ordre messianique) sont mélangés (il s'agit de revenir à un Paradis perdu...) Une utopie mortifère. C'est le grand mélange, la grande confusion, la grande inversion aussi ... qui, depuis deux mille ans, vise à éradiquer le christianisme, seul espace permettant la liberté de l'individu en lui substituant la "philosophie des droits de l'homme", nouvelle table de la Loi. Dieu renversé, l'homme mis à sa place. Comment s'étonner des conséquences ?

 

Cette magie diabolique ​​est basée sur trois mensonges :

- le mythe de l'âge d'or, le Bon sauvage

- la fiction de l'état de nature libre et égal et la thèse fausse et intéressée de l'origine contractuelle du pouvoir

- et l'idée de tolérance sortie tout droit de la philosophie de Locke. (Cf. Jean de VIGUERIE, Histoire et Dictionnaire du temps des Lumières 1715-1789, Bouquins Robert Laffont, Paris 1995, p. 120-125).

I - Le mythe de l'Âge d'Or dans l'état de nature

Pour les initiés, la Révolution est une ré-volution. C'est un retour à la religion cosmique supplantée par le christianisme, mais revenue avec la Renaissance plaçant l'homme et non plus Dieu au centre de l'univers, et qui sous-tend la philosophie moderne imposée par les loges, y compris la plus récente (nous vivons son aboutissement avec l'imposition du New Age et de l'écologie par les mondialistes). (Cf. Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, Vers la Révolution maçonnique en France, La Conspiration des philosophes, 3e tome, éd. Cimes, Paris 2019, p. 131, 132).

 

Une conséquence du Mythe du Bon Sauvage est le relativisme religieux. (Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, p. 134).

 

La droite et la gauche dans ce système ne sont là que comme leurres, eux-mêmes inscrits dans le mensonge naturaliste et la prison jacobine. Tout autre système, comme celui du christianisme, est banni.

 

Tous les Etats modernes occidentaux sont fondés sur une image inversée du Jardin d'Eden qui fonde la "Démocratie" moderne et le "libéralisme". Et cette image inversée est diabolique : Dieu y est le mal des gnostiques et des "théosophes"; il est responsable du mal et a déchu l'homme qui est accusé à tort du péché originel. L"état de nature", état soit-disant "libéral" fonde les "droits" contre le Dieu de la tradition biblique. (Cf. Alain PASCAL, qui aborde ce sujet dans "Le Siècle des Ténèbres, Vers la Révolution maçonnique en France, La Conspiration des philosophes", 3e tome, éd. Cimes, Paris 2019, p. 104.)

 

John Locke (1632-1704)

En Angleterre, John Locke est le philosophe du libéralisme politique anglo-saxon.

 

Il s'imprégna de l'esprit du nominalisme de Guillaume d'Ockam et quand il lit Descartes, il devient un fervent partisan de sa méthode. Élève de Boyle, John Locke est proche des Rose-Croix, voire l'un d'eux dès l'Université (il est probable qu'à Oxford il ait connu la 'médecine' des disciples de Paracelse et le Rose-Croix Ashmole a créé à Oxford un musée). Officiellement aussi c'est en tant que médecin que Locke a rencontré lord Ashley, comte de Shaftesbury, qui fait de lui son homme de confiance. Boyle, Ashmole, tous sont des initiés. Locke est calviniste, donc un ennemi du catholicisme. Quand les Stuarts reprennent le pouvoir avec Charles II (1660-1688), Locke, encore jeune (il a 28 ans) accepte la restauration Stuart, car il veut faire carrière. Il adhère ensuite au parti "libéral" whig, comme son protecteur Shaftesbury (1621-1683), qui, opportuniste servit successivement Cromwell et les puritains puis Charles II, dont il est le "conseiller", avant de le trahir et de rejoindre le parti whig. 

 

Bernard Chantebout_Droit constitutionnel et Science politique, 10e édition, Armand Colin, Paris 1991, p. 14

 

Les libéraux sont hostiles aux Stuarts, parce que bien que Charles II soit tolérant (il promulgue une Déclaration d'indulgence en 1672), il impose en 1673 l'Acte du Test qui confirme l'anglicanisme comme religion officielle, et cela est insupportable aux puritains, aux calvinistes et aux libéraux (si on peut les différencier), qui sont (ou plutôt se disent) des libres-penseurs. Après le mort de Shaftesbury en 1683, Locke part en Hollande où il vit cinq années jusqu'en 1688, où il "fit connaissance de deux membres influents de la secte des Remontrants" (THONNARD, p. 562), nom donné par les Hollandais aux Arminiens, les calvinistes libéraux (en opposition avec des calvinistes rigoristes). Nul ne sait si Locke est devenu arminien (secte qui érigeait la "tolérance" en véritable dogme), mais il est très proche de cette secte calviniste, et qui est l'une de celles qui seront réunies par la Grande Loge de Londres en 1717.

 

En Hollande, Locke est présenté (on ne sait par qui) à Guillaume d'Orange. Celui-ci est l'héritier d'une dynastie hostile au catholicisme (et que Descartes a servi en la personne du duc de Nassau), car il va se faire le héros du calvinisme dans sa guerre acharnée contre le catholicisme et Louis XIV. Il forme contre Louis XIV une coalition dont les Stuart ne font pas partie, puisque sous Jacques II (1685-1688), l'Angleterre est l'alliée de la France contre la Hollande. Locke trahit Jacques II en adoptant la cause orangiste. Il approuve ainsi la montée d'un prince demi-hollandais sur le trône d'Angleterre, grâce à la "Révolution" de 1688, la première de toutes, et déjà un complot de forces occultes anti-catholiques. (Elle est "libérale", donc de gauche, bien qu'au service de l'Argent (le parti Whig est la première gauche historique, indiquons-le aux naïfs qui croient encore que la gauche s'oppose à l'Argent.) Cette prise de pouvoir de l'Argent s'insère dans le complot Rose-Croix en Europe, puisqu'elle a été réalisée avec l'aide (et au bénéfice) des calvinistes et des sectes rosicruciennes (dont les libéraux, qui sont à l'époque quasiment une secte). Par la Révolution, "le protestantisme et le libéralisme whigs l'ont emporté sur le catholicisme à la Bossuet", écrit Jean-Jacques Chevalier dans Les grandes oeuvres politiques de Machiavel à nos jours (Armand Colin, 1968, p. 87.) N'est-ce pas pour ces raisons que l'histoire officielle dit cette Révolution "glorieuse" ?

 

Il y a peu de preuves des rapports entre les libéraux et les sociétés secrètes Rose-Croix, sauf un document de 1676, qui explique comment un club whig "la Cabale au Ruban Vert" dînait avec la Fraternité de la Rose-Croix, les adeptes hermétistes et les Maçons acceptés, tous ayant en commun leur "invisibilité". (Frances Yates, La Lumière des Rose-Croix, Celt, 1978, p. 247 in Alain PASCAL, Le Siècle des Rose-Croix, Pascal contre Descartes, La Conspiration des Philosophes, 2e tome, éd. Cimes, Paris 2018, p. 397-401.)

 

Comme Hobbes, Locke part d'un État de nature, mais différent de l'enfer de Hobbes, car un Paradis perdu. Pour Locke, l'État de nature "est un état de parfaite liberté et aussi un état d'égalité" (CHEVALIER, Les Grandes Oeuvres politiques de Machiavel à nos jours, Armand Colin, 1968, p. 90.), lequel n'entraînerait pas la guerre de tous contre tous car il existerait un "contrat originel", qui serait le fait d'une "raison originelle" ! Locke nage en pleine utopie (on ne voit pas sur quelle base du réel il se base), mais sa théorie fumeuse a un avenir certain. L'affirmation rousseauiste, révolutionnaire et "droits de l'hommesque" que les hommes naissent libres et égaux.

 

Locke justifie le droit de propriété privée puisque grâce à elle, l'homme respecte naturellement la propriété de l'autre. Mais ce paradis a été perdu à cause de la société et il suffit de restituer à l'individu ses droits naturels pour rendre la société meilleure : Rousseau et les droits de l'homme sont en prémisses. Nulle part et en aucun lieu l'homme ne respecte la propriété de l'autre, sauf s'il y est contraint par une autorité supérieure ou par la peur de l'autre.

 

Partout l'homme se caractérise par son avidité sans limites. 

 

Dans une video YT, "Réponses aux grandes questions sur le loup", Jean-Michel Bertrand, cinéaste animalier, auteur et réalisateur du film "Vivre avec les loups", explique que "l'humain est le premier pilleur de la nature, le seul être capable de détruire et d'aller au-delà de ses besoins."

 

Mais alors que le gouvernement absolu (au sens de sans liens avec les puissants, les lobbys), permet précisément de défendre la propriété individuelle contre les grands, Locke tire de son utopie une conclusion politique, à savoir que "de là suit que le gouvernement absolu ne saurait être légitime". Si les individus sont naturellement libres et égaux, ils ont des droits antérieurement à la société. Ce qui - pratique - permet (au nom de ces "droits") toutes les violences politiques, tous les contrôles et toutes les dominations, tous les enrichissements au profit des puissants. Cette théorie a un aspect positif - une aspiration à la liberté et une dénonciation de l'oppression -, mais elle est fondée sur une pure utopie, dont les conséquences seront gravissimes, la Révolution, mais aussi le socialisme. (Cf. Alain PASCAL, Le Siècle des Rose-Croix, Pascal contre Descartes, La Conspiration des Philosophes, 2e tome, éd. Cimes, Paris 2018, p. 405-407.)

 

Fénelon (1651-1715)

En France, l'idée de l'âge d'or est commune à beaucoup d'auteurs, mais ce sont principalement Fénelon (1651-1715) et le chevalier de Ramsay (1693-1743), franc-maçon anglais (dans ses Voyages de Cyrus) qui l'ont lancée.

 

Ce mythe était païen (doctrine de Zoroastre, l'ancienne théologie égyptienne, l'orphisme, le pythagorisme).

 

Ramsay le mélange avec un messianisme qui n'a de chrétien que le nom. "Ramsay est le prophète d'un nouveau messianisme ... : "un jour le paradis terrestre reviendra." (in Jean de VIGUERIE, ibid., p. 121.)

 

"Pendant le siècle d'or, fait dire Ramsay à Pythagore, les habitants de la terre vivaient dans une innocence parfaite." Et dans la bouche d'un prêtre de l'ancienne Égypte, il met les paroles suivantes : "... La mort, la maladie, les crimes n'osaient approcher de ces lieux fortunés. ... Les hommes vivaient alors sans discorde, sans ambition, sans faste, dans une simplicité parfaite. ... L'état primitif de l'homme était bien différent de ce qu'il est aujourd'hui. ... Tout était soumis à l'ordre immuable de la raison; chacun portait la loi dans son coeur, et toutes les nations de l'univers n'étaient qu'une république de sages." (Voyage de Cyrus)

 

"Ni son paradis terrestre ni son retour du Messie ne paraissent ... orthodoxes. Son paradis terrestre ressemble peu à celui de la Bible, car il y fait habiter non un seul homme et une seule femme, mais l'humanité tout entière. ... Le Messie reviendra dans sa gloire pour détruire le mal physique et renouveler la face de la terre. ... Un jour le paradis terrestre reviendra." (Jean de VIGUERIE, ibid., p. 121). Un retour du messie sans la justice qui va avec dans le Nouveau Testament n'est pas chrétien. 

 

 

Chevalier de Ramsay (1693-1743)

Dans son Discours de 1736, Ramsay dit : "Tous les Grands Maîtres en Allemagne, en Angleterre, en Italie et ailleurs exhortent tous les Savants et tous les Artisans de la Confraternité de s'unir pour fournir les matériaux d'un Dictionnaire Universel des Arts libéraux et des Sciences utiles, la théologie et la politique seules exceptés (...) Par là on réunira les lumières de toutes les Nations dans un seul ouvrage." Les majuscules sont de l'auteur (texte reproduit par Marcy dans son Histoire du Grand Orient, p. 371) et le lecteur notera l'emploi du mot "lumières", non pas les connaissances scientifiques mais maçonniques.

 

Dans son Discours, Ramsay fait l'éloge de l'Angleterre et pour l'avenir, se tourne vers la France, la nation qui "deviendra le centre de l'Ordre" (ordre avec une majuscule.) Donc soit il y a un Ordre, soit des "Supérieurs inconnus", soit une "religion" commune. Voire les trois à la fois.

 

C'est ce que va réaliser l'Encyclopédie en France, après l'Angleterre et sur le "modèle anglais". Car Ramsay ajoute : "On a déjà commencé l'ouvrage à Londres.

Page de titre de la première édition du Zohar, Mantoue, 1558

 

Effectivement, au début du XVIIe siècle, l'anglais Francis Bacon (1561-1626) avait classifié les sciences en les opposant au christianisme (Bacon inversa la démarche de la scolastique en substituant l'expérimentation humaine à la Révélation divine, ce qu'il traduit sur le plan méthodologique par le recours à l'induction et non à la déduction. Il ne déduisait plus en fonction de la Vérité révélée, c'est-à-dire à  partir du Haut, mais il induisait à partir du bas, à partir de l'Homme.) Père du sensualisme, il fondait toute connaissance sur l'expérience (THONNARD, Précis d'Histoire de la Philosophie, Desclée 1937, p. 278.) Il n'y a plus de critère rationnel du Réel, car aucun sensualisme ne peut prétendre à l'objectivité : il est obligatoirement subjectiviste. Le sensualisme est le prototype de l'erreur épistémologique, car sans critère objectif du rationnel, ni du réel. Et les conséquences sont gigantesques, puisque HobbesLocke, Newton, l'école "écossaise" du XVIIIe siècle, jusqu'à Marx et ses successeurs (liste non exhaustive) seront les continuateurs de Bacon.

 

Bacon est un drôle de "rationaliste", car il se dit indépendant de toute religion (surtout du christianisme...), et il est secrètement panthéiste. En procédant à ses expériences "scientifiques", il prétend faire "la chasse de Pan", guidé par une sorte de "flair" scientifique (ce sont ses termes), investigation de la Nature qui précède l'induction. Une théosophie - pénétration de la Nature déifiée par des sciences occultes - précède sa méthode. Bacon se défie des idoles, mais Pan est une idole. Le panthéisme est son culte et la pansophie est une théosophie. Il n'y a rien de rationnel dans tout cela. C'est la démarche d'un théosophe, pas d'un scientifique.

 

Au XVIIe siècle, "de Bacon, le matérialisme parvient à travers Hobbes jusqu'à Locke." (Georges Politzer, La Philosophie et les Mythes, éd. Sociales, 1969, p. 101.)  (Alain PASCAL, Le Siècle des Rose-Croix, Pascal contre Descartes, La Conspiration des Philosophes, 2e tome, éd. Cimes, Paris 2018, p. 117-127)

 

C'était une transposition sur la science du péché originel, et cette révolution épistémologique correspond aussi à la prétention kabbalistique, déjà reprise par la théosophie, que Bacon transforma en "méthode" avant Descartes. Or Bacon est Rose-Croix, un héritier de la 'Renaissance' et le père du sensualisme de Locke. La "République" de Bacon doit être placée sous l'égide d'une société secrète qui s'appelle ... la "Maison de Salomon", nouveau temple de Salomon que les Rose-Croix veulent édifier (c'est écrit dans leur légende). L'historien maçonnique Mellor, citant la Nouvelle Atlantide de Bacon, dit qu'une "Maison de Salomon" y étant le lieu de séjour d'une fraternité de philosophes, certains auteurs ont vu dans "la société en question un sénat rosicrucien, destiné à se muer en 1717 en la Grande Loge d'Angleterre" (Alex MELLOR, Dictionnaire de la franc-maçonnerie et des francs-maçons, Belfond 2005, p. 197.) La société se propose (déjà) de faire le "bonheur" des hommes en leur révélant les secrets de la nature." (BAYARD, La Spiritualité de la Rose-Croix, Dualpha, 2003, p. 98.) 

 

L'Encyclopédie fait l'éloge de la "Renaissance" dont elle invente et vulgarise le mythe. Nous sommes toujours dans la filiation rosicrucienne. C'est pour cela que les idées de l'Encyclopédie sont d'esprit rosicrucien : la notion cartésienne de la raison (celle de l'homme en-dehors de la Révélation et de la raison divine) y est appliquée à tous problèmes et l'autorité et la tradition y sont rejetées au nom du progrès.

 

D'origine rosicrucienne et maçonnique, l'Encylopédie s'inscrit dans la guerre des initiés orientaux contre l'Occident chrétien. C'est pour cela qu'elle va faire revivre les croyances archaïques du Talmud et du Zohar (lit. "Splendeur" ou "Radiance", œuvre fondamentale au XIIIe siècle de la littérature kabbalistique), c'est-à-dire l'ésotérisme antichrétien et anti-occidental. 

 

Le lien entre Maçonnerie, Encyclopédie et Lumières est donc établi. (Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, Vers la Révolution maçonnique en France, La Conspiration des philosophes, 3e tome, éd. Cimes, Paris 2019, p. 363-364.)

 

Un autre tenant de l'âge d'or et du contrat en France est Jean-Jacques Rousseau.

 

"L"homme est né libre, et partout il est dans les fers" (Du Contrat social). En lisant Rousseau, on croit lire du Diderot, et au-delà du Locke. Pour ce philosophe rosicrucien, l''état de nature' était idyllique et il fallait restituer à l'homme ses droits naturels pour rendre la société meilleure. Les droits de l'homme étaient ainsi en prémisses dans Locke.

Au XVIe siècle, l'idée d'un état de liberté naturelle que l'homme aurait perdu pour tomber en servitude était déjà dans le Discours de la servitude volontaire de La Boétie, l'ami initiatique de Montaigne (Alain Pascal, Le Siècle de la Folie, p. 557). Dès son premier Discours sur les Sciences et les arts (1749), Rousseau affirme que l'homme est bon par nature et que la société et la civilisation le corrompent et l'éloignent de son bonheur primitif (Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, 1755). Cette affirmation est aussi utopique que celle de Locke. Le Discours sur l'origine de l'inégalité publié en 1755 confirme et amplifie la thèse plus qu'in certaine du précédent Discours. 

 

Si l'auteur du Discours sur les sciences n'a pas étudié les sciences (ce qui le rend particulièrement incompétent pour en discourir!), ni la philosophie anglaise (ni Locke, ni Hobbes auquel il doit toutefois encore plus), il a puisé ses idées dans les livres de littérature venus d'Angleterre et par Diderot. Il y découvre les mythes de l'Éternel retour et du Paradis perdu (de John Milton) qui précèdent celui du Bon sauvage. Ces trois mythes fournissent le fond ésotérique de la croyance qu'en détruisant la société et le dogme chrétiens, l'homme redécouvrirait un paradis primordial... La philosophie de Rousseau n'est pas nouvelle. Car, si le mythe de l'Éternel retour est païen (on le trouve dans Platon et Aristote), celui du Paradis perdu et le fameux mythe du Bon sauvage sont rosicruciens, car dérivant du concept de l'"État de nature" des philosophes cartésiens anglais du XVIIe siècle, Hobbes, Locke, Daniel Defoe, l'auteur de Robinson Crusoé, qui écrira en 1726 une Histoire politique du diable, puis en 1727 un essai sur l'occultisme, le Système de magie). L'état de nature et le Bon sauvage s'accordent parfaitement au naturalisme des loges (des deux voies).

 

Contre Hobbes, qui décrit l’état de nature comme un état de guerre, Rousseau, comme Locke, fait de l’état pré-civilisationnel une époque de paix et défend le mythe mensonger du bon sauvage, être pur face à l’homme civilisé perverti. Il s'extasie sur le bonheur supposé de l'homme primitif, en décrivant sa position comme isolée, alors que l'homme primitif vivait en clan ou en tribu, et pas dans un paradis car il était souvent un esclave, confronté à la violence entre les clans et les tribus en quête de nourriture. Les sauvages des sociétés primitives peuvent être heureux, mais ils ne sont pas libres (ils vivent en tribu), ni bons (ils sont violents).

 

Dès les temps primitifs (et tout au long de l'Antiquité), les hommes ont réduit d'autres humains en esclavage ou les ont sacrifié pour éteindre la violence - c'est le sacrificiel archaïque décrit par René Girard. La civilisation chrétienne est la Civilisation avec un grand C, parce qu'elle a mis fin au sacrifice d'êtres humains. Ne serait-ce que sur ce plan du sacrificiel, la Civilisation chrétienne représente un immense progrès pour l'humanité, vis-à-vis des temps primitifs, mais aussi d'autres civilisations, n'en déplaise aux Rose-Croix (et à leurs héritiers maçons), mais également l'antiquité païenne qui était esclavagiste et sanguinaire, n'en déplaise aux "renaissants" et aux néo-païens modernes.

 

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Et si le XVIIIe siècle n'avait pas la connaissance que nous avons désormais des temps primitifs, il avait reçu le témoignage des Espagnols sur la sauvagerie des Indiens lors de la conquête de l'Amérique.

 

"Pour Rousseau, l'homme primitif est heureux parce qu'il vit comme un animal et le civilisé est malheureux parce que la vie sociale a créé la pensée - d'où le fameux : 'l'homme qui médite est un animal dépravé' -, mais rien n'est plus faux. Jamais l'homme n'a été un animal sans pensée (sauf peut-être l'homme moderne...) et, dès les temps primitifs, l'homme a été confronté à la société et a dû penser pour assurer sa sécurité, notamment en endiguant la violence. (...) Son utopie du Bon sauvage va provoquer un retour à des temps archaïques." (Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, Vers la Révolution maçonnique en France, La Conspiration des philosophes, 3e tome, éd. Cimes, Paris 2019, p. 485). Autrement dit, les temps modernes font renaître la violence la plus primitive.

 

La finalité de la résurgence de ces mythes est d'opposer l'"État de nature" des rosicruciens au dogme chrétien du péché originel et de la Chute. (Cf. Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, p. 476-477.)

 

"Le problème est que si un littérateur peut écrire n'importe quoi sans qu'un historien puisse le critiquer, Rousseau n'écrit pas un roman, mais une thèse, et pas n'importe laquelle, puisqu'on y trouve l'origine de l'affirmation de la Déclaration des droits de l'homme, selon laquelle tous les hommes naîtraient libres et égaux. Un égalitarisme entre les hommes étant une fiction, il n'est pas étonnant que la dite Déclaration ait entraîné un politique utopique, la Démocratie, et, les choses étant ce qu'elles sont, que ce régime soit dirigé par des forces occultes." (Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, p. 487.)

 

En discourant sur l'inégalité, Rousseau appelle à une société égalitariste (appel qui sera bientôt entendu par Weishaupt, le fondateur des Illuminés de Bavière). Il n'innove pas puisque les Ébionites, les Cathares, les Anabaptistes et autres sectes gnostiques ou protestantes avaient prôné un communisme de biens. La collectivisation de la propriété a été réalisée par ses héritiers socialistes, ce qui n'a pas mis fin aux inégalités sociales (un ouvrier enviait toujours la mercedes d'un apparatchik du Parti Communiste...) et encore moins à l'oppression politique... 

La recherche est celle du "paradis perdu du Rose-Croix (John) Milton(1608-1674) (Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, p. 316.) "Le poète John Milton est ... engagé en politique du même côté que le philosophe cartésien Hobbes dans le camp anti-catholique. Son Paradis perdu (1667) anticipe l'Etat de nature idyllique de Locke, paradis républicain (et cromwellien) perdu pour le rosicrucien Milton après le retour des Stuart..., dont le poème est ésotérique, puisque Milton croit en l'Éternel retour à un Eden peu chrétien, la République dirigée par la Maison de Salomon, le paradis des Rose-Croix... Où Milton parle sans cesse du Diable et lui montre la plus grande sympathie... Ainsi tous les rosicruciens se rejoignent. Léviathan est l'Etat idéal du 'poète' Milton et des 'frères ennemis' cartésiens Hobbes et Locke. Certains historiens présentent Milton comme un auteur chrétien, cependant il rejette la doctrine de la Trinité, à laquelle il préfère l'hérésie d'Arius, et n'admet pas la Création ex nihilo, à partir du néant: le monde de la matière comme le monde de l'esprit est une émanation éternelle de la substance divine (DURANT, Tome XXIII, p. 434.) Cette hérésie le rapproche du panthéisme de Spinoza et de Boehme. Hobbes, Locke et Newton : tous sont rosicruciens. (Alain PASCAL, Le Siècle des Rose-Croix, Pascal contre Descartes, La Conspiration des Philosophes, 2e tome, éd. Cimes, Paris 2018, p. 418-419.) 

L'égalité en Christ chez S. Clément d'Alexandrie est la vertu qui pousse à l'"équité" et à la "justice" et non un état hypothétique de la nature humaine. 

 

« Tout ce que Moïse a dit sur la justice, Pythagore l'a résumé dans cette maxime symbolique :

 

''Ne saute point par-dessus la balance ;''

 

ce qui signifie : Aie soin de ne pas transgresser la loi de l'équité qui doit régner dans tous les partages, et sois fidèle aux réclamations de la justice.

 

''Qui unit les amis aux amis, les cités aux cités, les combattants aux combattants ? La justice. L'égalité est la loi naturelle des hommes. Le plus et le moins sont toujours en lutte ouverte ; de là sont nés les premiers ferments de la haine.''

 

Voilà pourquoi le Seigneur nous dit :

 

''Prenez mon joug, car il est doux et léger.''

 

Voit-il ses disciples se disputer entre eux les premières places, il leur recommande la simplicité et l'égalité, en les avertissant

 

''qu'il leur faut devenir comme de petits enfants.''

 

L'apôtre va se rapprocher du maitre :

 

''En Jésus-Christ, il n'y a plus d'esclave ou d'homme libre, de Grec ou de Juif; car l'homme que le Christ a créé en nous est nouveau, »

 

ennemi des querelles, exempt d'avarice, observateur d'une juste égalité, parce que

 

''l'envie, les rivalités et les soucis sont exclus du chœur des élus.'' » (S. Clément d'Alexandrie, Stromates, chapitre 5)

Le mythe de la liberté et de l'égalité dans l'état de nature

 

"Ce mythe est lié à l'État de nature des philosophes anglais. Les hommes y sont censés y vivre en parfaite égalité. Rousseau reprendra cette fantasmagorie." (Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, Vers la Révolution maçonnique en France, La Conspiration des philosophes, 3e tome, éd. Cimes, Paris 2019, p. 316.)

 

D'Aguesseau_(1668-1751), Magistrat parlementaire gallican janséniste

L'idée d'égalité entre les hommes est soutenue par deux grands jurisconsultes, Jean Domat (mort en 1696) et Henri-François d'Aguesseau, son disciple, dans l'Essai sur l'état des personnes, celui-ci écrit que : "tous les hommes sont sortis égaux des mains de la nature, également libres, également nobles, tous enfants d'un même père et membre d'un même corps." Avec Voltaire l'égalité devient une idée à la mode.

 

Une telle pensée est profondément révolutionnaire. Elle est absolument contraire à la pensée traditionnelle et à l'opinion qui avait prévalu jusqu'alors. Le principe généralement admis avait toujours été non l'égalité, mais l'inégalité", affirme Jean de Viguerie (ibid., p. 122.) "L'explication la plus plausible est la transformation de l'anthropologie sous l'influence de la philosophie cartésienne. ("Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée. ... cela témoigne que la puissance de bien juger, et distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes." Discours de la Méthode).

 

Pour la philosophie traditionnelle (au contraire), l'âme ne se réduisait pas à la raison. Elle était beaucoup plus que la raison, elle était, selon l'expression scolastique, la 'forme' du corps, se trouvant étroitement associée à lui dans un 'composé substantiel'. Chaque forme était unique, chaque composé unique, chaque homme unique. On pouvait alors à la rigueur parler de similitude, mais parler d'égalité était absurde. La philosophie est très différente : l'âme y est réduite à la raison; elle n'y est rien d'autre que la res cogitans. Or, la raison étant chez tous les hommes, tous ayant la même raison, ils sont égaux. Dans la pensée traditionnelle, la nature humaine n'était qu'une norme, une règle posée par le Créateur, et à laquelle chacun devait se plier pour accomplir sa vocation propre. Elle était la même pour tous, mais elle n'était pas notre condition, chaque homme ayant sa condition, sa vocation propre (selon le bon ou le mauvais usage de son libre arbitre). Chez S. Thomas d'Aquin par exemple, la dignité de l'homme est subordonnée à l'élévation "de l'être vers les réalités divines" (Somme théologique, IIea-IIe, q. 175, a. 1 ad 2). Si l'homme est capax Dei, capable de connaître et d'aimer Dieu (S. Augustin, De Trinitate, XIV, 811), le péché l'en empêche. La dignité peut donc se perdre. C'est ce qu'exprime précisément le texte de l'offertoire (Dieu qui avez donné une dignité à la substance humaine de manière admirable et l'avez reformée de manière plus admirable encore...) : si Dieu a restauré, formé à nouveau (reformasti) la dignité de la "substance humaine", c'est parce qu'elle avait été perdue par le péché.

 

"Toutefois, mentionne Jean de Viguerie, il est permis de penser que cette idée n'aurait jamais pris de force et qu'elle n'aurait même jamais été exprimée sans le concours d'une pensée religieuse. Cette pensée religieuse est celle du jansénisme. Ce sont les jansénistes du XVIIe siècle qui, les premiers, ont parlé de l'égalité de nature. Et parmi eux, principalement Pascal et Nicole (Cf. Jean de VIGUERIE, ibid., p. 122.)

 

Pour Jean de Viguerie, d'Aguesseau, qui fait carrière au Parlement et devient chancelier sous la Régence Orléans, il est "le premier idéologue accédant au pouvoir." (p. 60)

 

"C'est ainsi que naît le projet de l'Encyclopédie, projet qui est autorisé en 1746 par le chancelier d'Aguesseau." (Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, Vers la Révolution maçonnique en France, La Conspiration des philosophes, 3e tome, éd. Cimes, Paris 2019, p. 365.)

 

Le Ligou écrit (art. "Encyclopédie") : " L'Encyclopédie est-elle d'origine maçonnique ? Oui (...) L'Encyclopédie a-t-elle été soutenue par la Franc-maçonnerie ? Il est sûr que maints souscripteurs furent Francs-Maçons, il est sûr que la diffusion fut assurée par les loges et surtout par les chambres littéraires para-maçonniques (...). L'Encyclopédie fut-elle le support de l'idéologie et de synthèse du message des Lumières : oui, car elle fut œuvre de propagande et de combat." (Sic)

 

"En tout cas, l'Encyclopédie est très œcuménique. (...) La seule religion qui manque, c'est le catholicisme !" (A. PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, p. 366-368.)

 

Diderot reprend tous les poncifs des ennemis héréditaires de la tradition chrétienne, et, comme les Rose-Croix avant lui, les masque sous un faux rationalisme en leur donnant une apparence scientifique sous laquelle il n'arrive pas à dissimuler la haine qu'il partage avec les Illuminés. Diderot ressemble beaucoup à un Rose-Croix. Il écrit dans l'Encyclopédie : ''l'homme est le terme unique d'où il faut partir et auquel il faut tout ramener." L'affirmation est Humaniste, mais ne dit pas de qui l'homme a pris la place. Diderot précise : "la pensée qu'il n'y a point de Dieu n'a jamais effrayé personne." Ainsi, comme les Rose-Croix (et comme le Serpent de la Genèse), Diderot veut libérer l'Homme de Dieu, et il met en doute son existence, ce que l'Encyclopédie ne fait pas pour ne pas choquer.

 

Diderot dévoile la vérité de l'Encyclopédie, qui n'est pas un ouvrage scientifique, car un fatras d'erreurs, de mensonges et de préjugés, qui n'aurait dû avoir aucun succès.

 

Exemples :

 

l'invention de "et pourtant, elle tourne" lors du procès Galilée, alors que celui-ci n'a jamais prononcé cette phrase. C'est une invention des Encyclopédistes dans la mesure où ce n'est pas parce qu'il affirmait que la Terre tournait autour du soleil que Galilée a été poursuivi, mais pour son entêtement dans ses hérésies et dans son attaque contre l'Écriture sainte. Il défend la thèse de Copernic (1473-1543), moine catholique (thèse défendue dès 1510), mais n'a pas le mérite d'en prouver la pertinence, puisque Kepler a déjà partiellement démontré en 1609 (dans son Astronomie nouvelle) que la terre tourne autour du Soleil. Or Galilée ne fit nul cas de cette découverte. (Dominique TASSOT, La Bible au risque de la Science, éd. F-X de Guibert, 1997, p. 38.) Comme d'autres, Galilée "s'était déclaré copernicien, mais lui non plus n'avait pas lu le livre de Copernic." (id.). Il n'a rien inventé. Il n'est pas poursuivi par l'Inquisition, comme on le lit parfois, Rome lui demande simplement en 1610 de cesser de professer le nouveau système tant qu'il n'aura pas totalement été démontré. En 1633, il est condamné, ni au bûcher ni à la prison, mais à abjurer ses hérésies naturalistes dans la ligne de l'hérésie empiriste d'Ockham, et non pas le système de Copernic, car ce système est, à cette date, admis comme hypothèse scientifique par la papauté. Pour Galilée, "l'autorité de la science l'emporte sur celle de l'Écriture car l'Écriture est, au fond, moins divine que la nature" (TASSOT, p. 51). C'était prétendre donner un fondement scientifique à la divinisation de la nature, hérésie panthéiste. Galilée n'est pas l'héritier de Copernic mais de Paracelse, Bruno, Campanella et autres Rose-Croix.  Dans l'incessante litanie anti-catholique, l'invention de la 'Terre qui tourne' tient une grande part, alors que Galilée n'a jamais prononcé cette phrase. Cette découverte scientifique a été l'hypothèse d'un chanoine catholique (Copernic) et l'Église ne s'est pas opposé à la discussion scientifique, mais a attendu les preuves, et surtout a interdit qu'on en tire des conséquences religieuses, ce que Galilée a fait et ce pourquoi il a été condamné." (Alain PASCAL, Le Siècle des Rose-Croix, Pascal contre Descartes, La Conspiration des Philosophes, 2e tome, éd. Cimes, Paris 2018, p. 157.) "L'Église a toujours protégé la science. (...) Elle interdit qu'on élabore à partir de la découverte de Copernic un nouveau système religieux, un héliocentrisme religieux, assemblage de croyances cosmiques panthéistes (comme celui des adeptes du soleil égyptien où la vraie lumière ne viendrait plus de Dieu mais ... du soleil, le dieu égyptien qui avait "éclairé" Philon). Et elle a parfaitement raison. (Cf. Alain PASCAL, Le Siècle des Rose-Croix, p. 139-158.)

 

- Le mythe de la croyance en l'œuf cosmique, exemple de l'archaïsme de l'Encyclopédie, ce mythe est d'origine égyptienne. Il a été repris par les gnostiques et les initiés de la Renaissance, notamment dans la symbolique du cercle de Léonard de Vinci et de l'Île d'Utopie de Thomas More.

Ce mythe décrit le processus de création à partir d'un œuf primitif (ou primordial) qui contiendrait tout en puissance. La science n'a jamais prouvé l'existence d'un tel œuf. 

La réponse chrétienne est qu'il y a un Dieu Créateur de la vie, affirmation dogmatique mais qui demeure une hypothèse scientifique vraisemblable. Et de plus en plus : on sait désormais que l'œuf contient des messages génétiques, donc des informations, lesquelles, loin de prouver la non-existence d'un Dieu Créateur, font de plus en plus réfléchir sur le rapport entre la merveilleuse programmation de l'évolution de la matière et l'existence nécessaire d'un "programmateur", terme que les théologiens pourraient reprendre à des fins apologétiques.

(Cf. Voir notamment les études de Claude TRESMONTANT et de Dominique TASSOT. 

Voir aussi cet article de Science et Vie, intitulé "Existence de Dieu : les mathématiques ont enfin la réponse", publié le 5 avril 2023 : 

"Après quinze siècles de recherches menées par les plus grands penseurs, les mathématiques et l'informatique ont parlé : selon les règles de la logique, l'existence de Dieu est nécessaire ! (...) Christoph Benzmüller est le premier à pouvoir l’affirmer avec certitude : « Dieu, dans sa définition la plus répandue en métaphysique, existe nécessairement. On ne peut penser un monde dans lequel il n’existerait pas. » Cette assurance, ce chercheur de l’université de Berlin la tire des mathématiques, et de leur cœur même, la logique. Mieux : il la fonde sur la capacité de l’informatique à valider sans erreur possible les démonstrations. Parachevant des siècles de réflexions métaphysiques, son logiciel a vérifié la justesse de l’argument ontologique selon lequel l’existence de Dieu est nécessaire à tout système de pensée logique. Et l’ordinateur a parlé : « L’énoncé ‘Dieu existe’ est une proposition vraie au sens logique et mathématique."

‘’Cette démonstration prouve l’existence logico-mathématique d’une entité abstraite. (…) Le théorème n’affirme pas que Dieu existe réellement. Juste qu’il est irrationnel de dire qu’il n’existe pas. Ce qui, en soi, est déjà renversant…’’ (Sic)

Cf. https://www.science-et-vie.com/article-magazine/existence-de-dieu-les-mathematiques-ont-enfin-la-reponse

 

Car s'il n'y a pas de Dieu créateur, l'Être est nécessairement Un et éternel (monisme de l'Être où tout est Dieu et éternel). Deux croyances incompatibles avec le christianisme, et dont d'Holbach a dévoilé la source kabbalistique... Ce qui est une régression rationnelle dangereuse puisque la métaphysique du christianisme est dès lors la seule à offrir à l'homme une liberté possible, et une raison. Alors que "pour Diderot, l'individu n'existe pas, car "il n'y a qu'un seul grand individu, c'est LE TOUT...  L'individu se fond dans l'Être Un. L'affirmation n'est pas nouvelle : une telle phrase aurait pu être signée par Plotin, Rabelais, Hobbes, Leibniz, etc." (Cf. Alain Pascal, Le Siècle des Ténèbres, ibid., p. 377; 397-399.)

 

Il se peut qu'une troisième influence ait joué, celle de l'économisme, cette mentalité nouvelle très répandue selon laquelle la multiplication des échanges commerciaux doit faire le bonheur de l'espèce humaine. Or la relation qui fonde le commerce est une relation égalitaire, contrairement à l'ancienne relation féodale établie sur le don mutuel (et la confiance en la parole donnée). La relation commerciale était égalitaire parce qu'elle ne comportait pas de don. ... Et Montesquieu d'écrire : "Le commerce est la profession des gens égaux..." (Jean de VIGUERIE, ibid., p. 123.)

 

À l'appui des arguments en faveur de la tolérance des sectes protestantes lors de la "Réforme", on a utilisé au XVIe siècle, ce que nous pouvons appeler l'argument "économique". Dans les Pays-Bas, soit au début des troubles, soit après la formation des Provinces-Unies, quelques apologistes ont réclamé la tolérance des divers cultes pour des raisons commerciales. La liberté de commerce exigeait (...) que des interdits religieux ne vinssent pas troubler à tout moment l'activité des marchands et des artisans. En France et en Angleterre, des considérations du même genre ont été proposées. (Cf. Joseph Lecler, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, 1955, rééd. Albin Michel, Paris 1994, p. 825.)

 

"Pendant la Révolution, les rois ont été replacés par les philosophes sur les jeux de cartes. (...) Certains sont des littérateurs, d'autres des économistes, ce qui ne saurait surprendre dès lors que la littérature et la philosophie anti-chrétiennes sont dépendantes de l'argent.

 

"En France, l'argent vient à l'époque d'Angleterre et les littérateurs-philosophes trouvent dans les loges créées par les Anglais les relations nécessaires à leur gloire et à leurs ressources. Outre le modèle maçonnique, le 'modèle anglais' est en quelque sorte une monnaie rendue aux pourvoyeurs de fonds. La philosophie des 'Lumières' est indissociable de l'argent.

 

"En Angleterre, Locke avait fait l'éloge du libéralisme politique, les décadents lockiens vont élaborer les théories du libéralisme économique. Cela nous concerne, puisque Locke est adulé en France et que la Révolution y substituera le pouvoir économique au politique. ... Les décadents lockiens (Berkeley, Hume et Smith), les principaux Encyclopédistes et philosophes des 'Lumières' sont initiés dans les loges. Tous sont amis au-delà des frontières, tous ennemis de la France catholique.

 

Au XIXe siècle, "avec Hume (1711-1776) et Smith (1723-1790), la philosophie lockienne va se placer au service de l'argent." (Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, ibid.p.  337; 340; 347) Comme chez Locke, le philosophie de Hume vise à justifier le "libéralisme, qui est le politique au service de l'argent. ... Clairement (avec Adam Smith) un mode d'exploitation de l'homme par le capital. (Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, p. 347.) Et une nouvelle utopie : n'est-il pas irréaliste d'assurer comme le fait Adam Smith dans La Richesse des Nations (1776) que la loi de l'offre et de la demande réalisera spontanément l'organisation de la Société ?

 

Adam Smith n'aime ni l'État ni l'impôt qu'il exige modéré, cependant le résultat du libéralisme sera finalement l'exploitation de l'homme par l'État (en plus du capital), ce qui provoquera une incommensurable augmentation de l'impôt par rapport à la monarchie" (Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, p. 351-352.)

 

Lire

 

Sous Louis XVI, "les taxes représentent moins de 10% du travail des gens" (Sud Radio - Eric Anceau, Histoire mondiale des Impôts)

Des impôts dix fois supérieurs à ce qu'ils étaient avant 1789 !

 

Nous ne vivons pas dans une économie libérale, comme le répètent journellement les médias, mais dans un système qui allie l'exploitation par l'Argent et par l'État. (ce qu'avait prédit Berdiaev dès les années 1920).

Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, p. 352

"La science économique moderne est illusoire ... parce que ses fondateurs sont des héritiers des philosophes cartésiens, dont l'épistémologie ne respecte pas la métaphysique (dualiste) du christianisme. C'est pour cela que la science économique moderne est une utopie (et un échec).

 

"Car le monisme est la métaphysique du libéralisme, puisque ses fondateurs, John Locke, David Hume et Adam Smith sont monistes en tant qu'idéalistes et naturalistes. (La connaissance du réel étant liée au dualisme métaphysique, la science économique moderne ne peut pas le dominer parce qu'elle est fondée sur la métaphysique moniste de philosophes matérialistes dont la connaissance est illusoire.)" (Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, p. 353.)

II - La thèse fausse et intéressée de l'origine contractuelle du pouvoir

Hobbes (1588-1679), théoricien du despotisme démocratique, dans Le Leviathan (nom du diable... dans le Livre d'Isaïe 27) paru en 1651, expliquera qu'avant l'apparition du pouvoir politique, les hommes vivaient dans un état de nature, caractérisé par la pire des anarchies, chacun cherchant à opprimer les autres et à les dépouiller. Pour sortir de cette situation, ils ont conclu entre eux un contrat qui instituait un État garant de l'ordre, le Géant, ou Léviathan, état civil (entendez non chrétien), dont la figure est celle de Cromwell (grand massacreur de catholiques et probablement initié); despotisme que Voltaire voudra "éclairé" ! Le despotisme éclairé devient le pouvoir arbitraire de ceux qui ont été "illuminé" des lumières du diable

 

De "la populace" qui "a besoin du plus grand frein", Voltaire distinguera spontanément, pouvant se passer d'une religion, "une société de philosophes au-dessus du peuple" (déja le cas des "humanistes" florentins autour de Cosme de Médicis, dictateur et marchand d'esclaves). L'aspect caché de l'humanisme des Lumières masque un mépris de l'humain (Xavier MARTIN, Voltaire méconnu, DMM, 2006, p. 17.) Si bien que "le but des droits de l'homme" dans ce système, n'est pas la liberté, mais la soumission du peuple. L'homme qui aura des droits est l'Initié, lequel pourra dominer le vulgaire. Car l'ancêtre des Droits de l'homme pense qu'"au peuple sot et barbare, il faut un joug, un aiguillon et du foin" (sic), appel qui sera entendu par quelques despotes (Cf. Frédéric II de Prusse dit "le Grand" ou "l'Unique", un "Géant", roi de Prusse (1740-1786), franc-maçon initié en 1738 avant même son avènement en 1740, malade hystérique, infantile et capricieux sous la coupe de ses frères, dépeceur de la Pologne catholique ; Catherine II de Russie, usurpatrice d'origine allemande, qui après avoir épousé Pierre III le contraint à abdiquer, prend sa place et le fait probablement assassiner, entourée d'une cour de francs-maçons et d'illuminés ; et quelques démocrates), tous éclairés, c'est-à-dire francs-maçons ou "illuminés" (ou les deux). En faisant de Frédéric II le modèle du despote éclairé, Voltaire invente un mythe dont les conséquences seront terribles, puisque la Prusse jouera le rôle que l'on sait dans l'histoire du nationalisme allemand (et les loges, le rôle que l'on ne sait pas). Le but étant de déchristianiser la société, c'est en Prusse que naît le laïcisme avec Lessing (1729-1781, Diderot allemand et disciple du kabbaliste Spinoza). C'est dans cette Prusse laïciste que naîtra le nationalisme allemand moderne, fruit de la politique maçonnique dite des nationalités (né après que le révolutionnaire franc-maçon Napoléon ait détruit le Saint-Empire romain germanique), nationalisme qui sera antisémite, mais aussi anti-chrétien, et pour tout dire, diabolique. (Cf. Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, p. 438-443.)

 

Chez John Locke, "l'homme pris comme universel se voit reconnaître des droits naturels qui dérivent eux-mêmes de "lois naturelles" précédant la formation de tout groupe social. C'est pour justifier la Révolution (protestante) qui vient de chasser Jacques II (roi catholique) du trône d'Angleterre que Locke publie en 1690 ses deux traités sur le gouvernement civil.

 

Locke renverse le raisonnement de Hobbes (mais garde l'état de nature hypothétique) : "les hommes dans l'état de nature étaient relativement heureux et ils n'ont voulu instituer l'État que pour accéder à un bonheur plus complet. (...) Le contrat qu'ils ont voulu à cette fin a été passé par chacun d'eux avec le futur monarque, à charge pour celui-ci de respecter les libertés et la propriété de ses sujets. La violation du Pacte par le prince dispense ses sujets de lui obéir." (Cf. B. Chantebout, ibid., p. 14.) 

 

Le politique de Locke dissimule un naturalisme qu'il tient des Rose-Croix. À l'individualisme autoritaire de Hobbes, Locke oppose l'individualisme libéral, mais c'est toujours l'individualisme de la Renaissance : l'individu y est affirmé supérieur à Dieu. Le libéralisme annonce la Révolution (y compris socialiste) et l'utopie de la république mondiale (mondialisme). Tout vient de la métaphysique moniste sur laquelle est fondée l'utopie démocratique, liée aux croyances cachées des philosophes cartésiens., les mêmes que celles des 'Humanistes de la Renaissance, un refus de Dieu qui fait d'eux des naturalistes. Le monde moderne est construit sur leurs chimères. Locke rend le politique indépendant du divin, donc poursuit le politique du Diable de Hobbes.

 

"Locke est le 'frère ennemi' de Hobbes et s'inscrit aussi dans l'axe Londres-Amsterdam." (Alain PASCAL, Le Siècle des Rose-Croix, Pascal contre Descartes, La Conspiration des Philosophes, 2e tome, éd. Cimes, Paris 2018, p. 411.)

 

La conséquence de ce primat de l'individu est que la société n'est plus qu'un moyen et un artifice du fait de sa création par une convention. Le "contrat" pourra légitimer tous les totalitarismes dès lors que "l'homme" est l'auteur du nouveau régime...

 

"Pour l'anglais Burke (au contraire), un des premiers objets de la société civile est que personne ne puisse être juge de sa propre personne. ... La force d'un individu n'est pas en soi suffisante pour qu'il puisse l'exercer seul. C'est pourquoi le droit à la sûreté ou celui de faire justice appartient à la société." (Dictionnaire des Droits de l’Homme, Sous la direction de Joël Andriantsimbazovina, Hélène Gaudin, Jean-Pierre Marguénaud, Stéphane Rials, Frédéric Sudre, Quadrige / Puf, Paris 2008, p. 614.)

 

Reprenant Locke, Montesquieu croit en un état de nature idyllique et qu'il y a une justice naturelle de l'homme primitif (utopie qui est aussi celle de Rousseau). Rien n'est plus irréaliste !

 

Chez Rousseau aussi dans son Contrat social en 1762, les hommes dans l'état de nature sont initialement heureux et libres; mais par suite du développement de l'inégalité, ... les individus ... se sont résolus à conclure, chacun avec tous les autres, un pacte par lequel ils s'engagent ... à se conformer à la 'volonté générale'...  

 

Ces raisonnements sur l'origine contractuelle de l'Etat cherchent surtout à justifier les points de vue politiques arrêtés a priori, reconnaît Bernard CHANTEBOUT (ibid., p. 15.), et dans le cas de l'Angleterre à justifier en réalité le nouveau régime protestant, anti catholique, issu de la Révolution de 1688. Leurs auteurs sont parfaitement conscients que le contrat social ou le pacte de sujétion n'a en réalité jamais eu de réalité historique et ne peut intervenir qu'à titre d'hypothèse logique pour fonder leurs démonstrations.

 

On postule qu'à l'origine les hommes étaient libres, ce qui est faux historiquement. Et que la création de l'État procède de la libre volonté des hommes est une pure invention.

 

L'Académicien Emile Faguet (1847-1916), auteur d'un "Le libéralisme" (1903) explique que l'homme n'a pas de droit (à sa naissance). L'enfant qui naît n'apporte pas de droits, mais seulement des besoins qu'on satisfait. Il récuse l'idée d'un contrat initial qui aurait fondé la société, tout comme l'idée de droits naturels.

 

L'homme est un "être engagé dans la société par sa nature même et ne vivant que par elle"; il est par nature un être social qui ne dispose d'aucun droit personnel avant le premier contrat qu'il signe : 

 

'''L’homme est né libre, et partout il est dans les fers.' Cet axiome, qui est à peu près aussi juste que le serait celui-ci : 'Le mouton est né carnivore et partout il mange de l’herbe', est, comme on sait, la première ligne du Contrat social, ouvrage destiné à prouver que l’homme est né libre, à montrer qu’il ne l’est nulle part, à assurer qu’il doit le redevenir et à organiser une société où il serait plus opprimé qu’en Turquie.

 

"(...) Je ne partirai point du tout du même principe; Pour moi l’homme est né en société, puisqu’on ne l’a jamais vu autrement qu’en société, pareillement aux fourmis et aux abeilles, et, comme né en société, il est né esclave, ou, tout au moins, très obéissant.

 

"Si haut qu’on remonte, on trouve des sociétés où un homme commande et où tous les autres obéissent, ce qui est, du reste, absolument nécessaire pour les besoins du défrichement, de la guerre contre les fauves et de la guerre contre les autres hommes.

 

"(...) Donc l’homme est né esclave, et le despotisme est la forme naturelle des sociétés humaines.''

 

(Émile FAGUET, Le Libéralisme, Société française d’Imprimerie et de Librairie, Paris 1903)

 

Emile Faguet tempère son propos par les devoirs, la charité et la considération qui incombent aux êtres humains afin de secourir le nouveau-né, de l'élever et de lui faire une place dans la société. Mais les devoirs ne sont pas des corrélats des droits, et c'est au nom de l'humanité qu'ils sont censés s'imposer aux êtres humains." (Dictionnaire des Droits de l’Homme, ibid., p. 616.)

James C. Scott, professeur émérite de science politique et d’anthropologie à l’université de Yale, auteur de Homo Domesticus, Une histoire profonde des premiers États (La Découverte, Poche, Paris 2021) démystifie le rôle progressiste attribué aux premiers États, ces ‘’formidables Leviathan'' vantés par l' histoire officielle. Il y a ‘’quelque chose de radicalement erroné dans la séquence historique telle qu’on la narre traditionnellement", écrit-il.

 

"Ce que nous savons au contraire aujourd’hui, c’est que les embryons d’État ont émergé en exploitant le module néolithique fondé sur les céréales et la main d’œuvre agricole comme base de contrôle et d’appropriation. (p. 47;49) ... Et "l’esclavage … était répandu chez les peuples américains autochtones avides de main-d’œuvre. Diverses formes de servitude étaient … connues au Moyen-Orient avant l’apparition des premiers États." Exit l'égalité de nature. … On ne saurait non plus "surévaluer la centralité de la servitudedans le développement de l’État." ... "Tous les premiers états d’Asie du sud-est étaient des États esclavagistes." (p. 188) 

 

L'auteur avance même que ‘’l’État est à l’origine un racket de protection mis en œuvre par une bande de voleurs qui l’a emporté sur les autres...’’ (p. 164) Le mythe de l'État Léviathan "protecteur" vole en éclat. 

 

‘’En fin de compte, les hommes font allégeance à l’individu ou au groupe d’individus qui ont les moyens ou l’audace de s’emparer du butin, des réserves de pain, des richesses, pour les redistribuer au peuple.’’ (D.H. LAWRENCE, préface au Grand Inquisiteur de Fiodor Dostroïevski, cité in James C. Scott, ibid., p.147.) 

 

L'auteur restitue ainsi toute la profondeur et l'extension universelle des dynamiques indissociablement écologiques et anthropologiques qui se sont déployées au cours des dix millénaires ayant précédé notre ère. "Cette fresque omnivore et iconoclaste révolutionne nos connaissances sur l'évolution de l'humanité et sur ce que Rousseau appelait " l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes."

 

‘’L’État d’Uruk est bien en place depuis 3200 ans av. J.-C. … ‘ère de la haute civilisation’ au Proche-Orient, … période pendant laquelle ‘il ne fait pas de doute que la Babylonie était le siège des entités politiques, économiques et sociales les plus complexes. (Hans J. NISSEN, The Early History of the Ancient Near East, 9000-2000 BC, Chicago, University of Chicago Press, 1988, p. 127.)

Et ‘’ce n’est pas un hasard si l’acte fondateur emblématique de l’instauration d’une entité politique sumérienne fut la construction des murailles de la ville. … Uruk a anticipé la forme-État qui allait être reproduite dans toute la Basse Mésopotamie par une vingtaine d’autres cités-États concurrentes de taille et de puissance similaires. … Vers la moitié du troisième millénaire, des villes importantes telles que Kish, Nippur, Isin, Lagash, Eridu et Ur... Et dans ces cités-États, "il existe de nombreux indices de l’existence de conflits armés fréquents entre entités politiques rivales en Basse Mésopotamie. ...Une armée victorieuse engrangeait butin et tribut. … La guerre, c’était l’incendie des récoltes, le pillage des greniers, la confiscation du bétail et des biens domestiques. (p. 154-155.)

 

Quand les murailles élevées contre le vol et le pillage engendrent l’État

 

‘’Le discours civilisationnel des États archaïques laissait souvent entendre, quand il ne l’affirmait pas expressément, que certains primitifs par chance ou par ingéniosité, avaient réussi à domestiquer les plantes et les animaux et à fonder des communautés sédentaires puis des villes et des États. Autrement dit, ils avaient abandonné leur mode de vie primitif en faveur de l’État et de la civilisation. … Nos connaissances historiques nous permettent désormais d’affirmer que ce récit est radicalement faux.

 

"[U]ne fois les États créés, il existait généralement autant de raisons de les fuir que de s’y intégrer. (…) Une fois établi, l’État engendrait aussi bien des défections que de l’assimilation. (…) Bon nombre – surtout les prisonniers et les esclaves – s’installaient dans les régions périphériques et adoptaient d’autres modes de subsistance. Ils devenaient de ce fait des barbares volontaires.

 

"(…) Le phénomène du primitivisme secondaire, (…) le ‘devenir barbare’ de groupes ‘civilisés’ fut bien plus fréquent que ne le suggère les grands récits civilisationnels. … Le retour à la barbarie pouvait fort bien être vécu comme un net progrès en terme de sécurité, de nutrition et d’ordre social. Devenir barbares, c’était souvent chercher à améliorer son sort. (Ce processus a été analysé en détail par de nombreux anthropologues – dont Pierre CLASTRES, ‘La Société contre l’État’, est sans doute le plus connu.)" (John C. Scott, in Homo Domesticus, Une histoire profonde des premiers États, La Découverte, Poche, Paris 2021, p. 259-261.)

 

‘’La présence de ressources fixes, concentrées, convoitées et vulnérables au pillage engendrait de toute évidence une puissante incitation à les défendre. … Dans l’épopée de Gilgamesh, le roi fondateur érige des murailles autour de la ville afin de protéger son peuple.’’ (p. 171)

 

En Chine, "la Grande Muraille … a été érigée tout autant dans le but de confiner les paysans contribuables à l’intérieur de l’Empire que dans celui de maintenir les barbares (nomades) à l’extérieur.

 

… Un spécialiste de la question soutient que ces murs … servaient soit à contenir des populations mobiles fuyant le contrôle de l’État, soit à se défendre contre des populations expulsées de force (Anne PORTER, Mobile Pastoralism and the formation of Near Eastern Civilization, Cambridge University Press, 2012, p. 324).

Quoiqu’il en soit, les murailles ‘’visaient à définir les limites du contrôle politique."

Et "l'exode des sujets de l’État antique était une réelle préoccupation des autorités.’’ (p. 171-172.)

 

En effet, ‘'la paysannerie … ne produisait pas automatiquement un excédent susceptible d’être approprié par les élites, mais … il fallait l’y contraindre. … Ce n’était que par le biais d’une forme ou d’une autre de travail forcé – corvées, réquisitions de céréales ou d’autres produits, servitudes pour dette, servage, asservissement collectif ou paiement d’un tribut, ainsi que diverses formes d’esclavage –, que pouvait se constituer un tel excédent’’ (p. 185-186.)

 

‘’LÉtat n’a pas inventé l’esclavage et la servitude ; ceux-ci sont observables dans un nombre considérable de société pré-étatiques...’’ (p. 211) Là encore nulle part on ne constate d'égalité de nature à la naissance parmi les nomades "primitifs" ni qu'il y ait dans ces groupes un bonheur inégalé de liberté.   

 

"On connaît la fameuse question de Moses FINLEY : ‘La civilisation grecque était-elle fondée sur le travail des esclaves ?’ (Economie et société en Grèce ancienne, 1953, rééd. La Découverte / Poche, Paris 2007), à laquelle il répondait par un ‘oui’ retentissant et bien documenté.

 

‘’Comme le signale M. I. FINLEY : ‘Le monde d’avant les Grecs, le monde des Sumériens, des Babyloniens, des Égyptiens et des Assyriens, était, en un sens très profond, un monde sans hommes libres.’ (p. 188-190.)

 

De même, ‘’l’État n’a pas plus inventé la guerre qu’il n’a inventé l’esclavage, mais il a considérablement renforcé ces institutions en en faisant des rouages essentiels de son fonctionnement...’’ (p. 233.)

 

Les premiers États n'ont donc pas "libéré" l'homme de l'esclavage des sociétés pré-étatiques

Dans les sociétés pré-étatiques, dans un état de nature pré-étatique, nulle part l'homme naît "libre et égal". 

Les groupes pré-étatiques ne sont pas exempts de coercition, de violence, de conflit, ni d’esclavage.

Parmi les philosophes de l'Etat moderne, Hegel (1770-1831) critique le mythe de l’état de nature : il aborde la question de l'état de nature dans le deuxième chapitre de "la Raison dans l'histoire", où il critique ceux qui prétendent que dans cet état hypothétique, l'homme serait libre, et que c'est dans l’État qu'il viendrait restreindre sa liberté originaire. Hegel critique ‘’cette idée de l'état de nature, [qui] est une des formes nébuleuses comme en produit la théorie, une fiction’' (Georg Willhelm Friedrich Hegel, La raison dans l'histoire introduction à la philosophie de l'histoire, Pocket, 2012).

 

Hegel soutient que, de manière primaire, sans la médiation de l'éducation, les hommes sont violents et injustes ; l'instinct naturel ne trouve pas de bornes et peut se déchaîner. Ainsi, si la nature fait périr parfois les hommes par des cataclysmes imprévus et des maladies redoutables, l’homme souffre davantage de l’homme que de la nature. Les guerres, les massacres, l’asservissement et les exploitations des hommes, sont légions dans l’histoire. 

 

Mais si pour Hegel, les premières civilisations ont conçu la liberté comme celle d'un seul homme, le tyran (c'est l'âge du despotisme oriental), apparaît ensuite la culture gréco-romaine, aristocratique : quelques hommes sont libres. Avec le christianisme surgit la conscience que tout homme est libre en son for intérieur. Cependant, cette liberté formelle n'implique pas l'abolition du servage et des privilèges. Et ce ne serait qu'avec l'institution de l'État de droit que la liberté deviendrait enfin effective. Ce texte apparaît comme une justification a posteriori de l'impérialisme occidental, et comme un monument d'européano-centrisme. (Cf. Babelio, La Raison dans l'histoire)

Pour Étienne de la Boetie (1530 - 1563), par conditionnement le peuple ("Nous sommes donc nés libres et avec affection de défendre cette franchise.") se complairait, hélas, dans une attitude passive, une posture victimaire. Il aime donc être infantilisé et, d'une manière générale, tous les artifices qui lui permettent de masquer sa propre responsabilité. Chez La Boétie, en effet, le peuple n'est pas une entité faible qui doit être plainte d'être sous le joug d'un pouvoir fort, tyrannique, mais le premier coupable de ses maux.  Cf. https://twitter.com/Stephane_Poli/status/1764380940422217834?t=OIcwI_Tt_1jy8Ed0qA1mHw&s=09

 

Un point de vue original sur la thèse de La Boétie consiste à renverser son raisonnement : le doux bercement du peuple dans le conte pour enfants du peuple libre et de l'homme né libre, lui ôte psychologiquement toute idée de défense ou de conquête de cette liberté, l'infantilise et le deresponsabilise.

Pour Jean-William Lapierre dans ‘’Essai sur le fondement du pouvoir politique’’ (Publication de la faculté d’Aix-en-Provence 1968), ‘’le pouvoir politique est la fonction sociale qui consiste à prendre des décisions pour l’ensemble de la société globale (ou société civile) et à en assurer l’exécution par l’autorité souveraine et la suprématie de la puissance publique’’ (p. 81), ‘’ ce qui rend possible aux sociétés humaines de durer à travers l’histoire, de se transformer sans se dissoudre, de s’ouvrir et de s’élargir sans éclater, de se restructurer et se déstructurer sans se désintégrer’’ (p. 643), la relation politique commandement/obéissance (p. 44) implique une idéologie de la légitimité, l’homme étant habité d’un désir inapaisable, sans limite, il a des besoins toujours nouveaux et pour satisfaire ceux-ci, il est capable de se donner les moyens adéquats, il est capable de désirer toujours plus et toujours autre chose. D’où la présence du pouvoir politique comme mode de régulation nécessaire.

 

Or, la doctrine du catholicisme offre précisément des limites psychologiques et religieuses au désir inapaisable de l'homme en lui présentant, comme un bien en vue de son salut - une liberté à acquérir - des méthodes pour vivre une vie bien disciplinée. En le soumettant au respect spirituel des commandements, l'Église permet au pouvoir institué, à mesure que l'homme s'auto-discipline, de diminuer sa violence étatique. Ceci n'arrange pas les tenants du "contrat" et autres totalitaires avides de pouvoir, de domination et de contrôle (qui sont aussi les caractéristiques propres du diable...). Les "philosophies" modernes excitent le désir en offrant des déclarations de droits matérialistes où l'on ne voit pas très bien où s'arrête l'avidité, ni ce qui pourrait l'arrêter. Hormis un corpus législatif toujours plus envahissant dans nos sociétés, le système du pouvoir y est inadapté, parce que ignorant de la nature humaine. Le fait d'empiler des milliers de codes législatifs les uns sur les autres ne changera pas cette réalité ni la nature humaine. 

 

"Armée pareillement de l'idée de sa souveraineté, la multitude se laissera facilement aller à la sédition et aux troubles, et le frein du devoir et de la conscience n'existant plus, il ne reste plus rien que la force, la force qui est bien faible à elle seule pour contenir les passions populaires", écrit en 1888 Léon XIII dans "Libertas".

 

Cette inadaptation du politique moderne à réguler le désir de l'homme pose la question de sa légitimité d'autant plus que ses tenants n'arrêtent pas de donner des leçons de morale à la terre entière, cherchent à l'imposer partout, alors même que le système naturaliste lui-même (la Démocratie moderne) dévie en démagogie, dictature, ploutocratie, oligarchie et totalitarisme et que la société sombre dans la violence la plus primitive. Un tel système n'est pas un bienfait mais une malédiction.

 

Tocqueville (1805-1859) évoquant le XIIIème siècle, l'âge d'or de la France, avait bien vu le problème et y avait apporté la seule solution efficace : 

 

 

«Dans les siècles de foi on place le but final de la vie après la vie. Les hommes de ces temps-là s'accoutument à réprimer mille petits désirs passagers pour mieux arriver à satisfaire ce grand et permanent désir qui les tourmentent; lorsqu'ils veulent s'occuper des choses de la terre, ces habitudes se retrouvent. Ils fixent volontiers à leurs actions d'ici-bas un but général et certain, vers lequel tous leurs efforts se dirigent. Ils ont des desseins arrêtés qu'ils ne se lassent point de poursuivre. Ceci explique pourquoi les peuples religieux ont souvent accompli des choses si durables.

 

Il se trouvait qu'en s'occupant de l'autre monde, ils avaient rencontré le grand secret de réussir en celui-ci.»

 

(Tocqueville, cité dans Mgr H. Delassus, La Mission posthume de la Bienheureuse Jeanne d’Arc, Le Règne social de Notre-Seigneur-Jésus-Christ, 1921, ESR - Deus Regnat )

 

Lorsque les révolutionnaires ont fait 'du passé table rase', c'est-à-dire ont rompu avec la tradition européenne du christianisme, ils espéraient "libérer" l'humanité des oppressions et lui épargner les violences. Le système politique moderne, la démocratie, devait assurer la liberté, la justice et la paix.

(...) Or il n'en a rien été. (...) Dans les faits, la démocratie n'a jamais existé. Elle n'est qu'un système sordide d'exploitation par le capital, par l'État, désormais par les deux réunis.

(...) Les temps modernes sont les plus violents de l'histoire de l'humanité. Jamais il n'y a eu autant de morts, dans l'absolu et même en proportion des êtres vivants.

(...) La civilisation retourne à la barbarie. Parce que les fondements philosophiques sont coupés du sacré.

Alain PASCAL, La Trahison des initiés, 3e édition revue et corrigée, éd ; des Cimes, Paris 2013, p. 287-290.

III - La troisième idée des littérateurs-philosophes : la tolérance sauf pour les catholiques

La troisième idée semble indépendante des deux premières, mais ne l'est pas, car il y a un obstacle à ce retour idyllique (de l'Âge d'or): le catholicisme. 

 

Tel Hobbes avec Cromwell, John Locke justifie son choix par ses oeuvres. En 1690, il publie Essai sur le gouvernement civil - (sic) titre qui rappelle l'État civil de Hobbes (dont il n'est pas totalement l'adversaire) -, essai qui fait de lui le théoricien toujours adulé du "libéralisme". Un gouvernement "civil" veut dire un gouvernement non chrétien, plus précisément un gouvernement anti-catholique, donc un gouvernement en apparence tolérant, mais en réalité intolérant puisque excluant toute religion qui se prétendrait la Vérité (comme le catholicisme), ce qu'exigeait aussi le "Leviathan" de Hobbes.

 

Déjà "au temps de la Réforme (au XVIe siècle), les luthériens et les calvinistes chercheront à supprimer le culte catholique, sous prétexte que la messe est une idolâtrie. En Angleterre au XVIIe siècle, le puritain (Rose-Croix) John Milton(1608-1674) (avec son Paradis perdu), et d'autres avec lui, chercheront encore par ce même grief la persécution des catholiques." (Cf. Joseph Lecler, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, 1955, rééd Albin Michel, Paris, 1994, p. 44.)

 

Les faits eux-mêmes se chargent donc de contredire le récit officiel.

 

Les calvinistes en Angleterre, comme aux Pays-Bas, excluent le catholicisme de la tolérance. Aux Pays-Bas, les Orange avaient poursuivi les catholiques, et accessoirement les avaient spoliés de leurs biens, églises et monastères... La même intolérance intéressée s'est abattu sur l'Angleterre.

 

Au temps de la "grande rénovation", il faut écarter le catholicisme de la tolérance.

 

Locke le pensait déjà, Voltaire le fera.

 

Et entre les deux, Montesquieu sert de trait d'union.

 

Avec l'Esprit des Lois, le 'droit naturel' (lisez naturaliste) est substitué au droit divin, donc un politique profane à un Sacré – c'est le plus grand bouleversement de l'Histoire –, avec Voltaire, le matérialisme et le naturalisme inhérent au déisme maçonnique écartent le Dieu chrétien du politique.

 

C'est la Révolution et avec elle l'apostasie. Le diable prend le pouvoir et va se rengorger de sang humain. C'est sur le plan métaphysique ... le retour du monisme et l'éviction subséquente des rois chrétiens.  Montesquieu n'est pas le pire, mais il ouvre la voie aux pires, aux Encyclopédistes, à Diderot, Voltaire et Rousseau.

 

Montesquieu représente les milieux parlementaires qui voulant s'émanciper du roi, prétendent représenter la nation alors qu'ils ne représentent que leurs propres intérêts. Il fait partie des nobles qui sont le jouet des loges contre la monarchie française. Il fréquente dès les années 1720 les "milieux anglo-maçonniques de Bordeaux" (Ligou, art. "Montesquieu"), puis à partir de 1722 le club de l'Entresol à Paris, club proche des loges, une "antichambre humaniste", antichambre maçonnique. Il se rend à Londres pour s'y faire initier en 1730. Il est initié dans une loge anglaise, la Horn Tavern de Westminster, loge hanovrienne et anti-française, puis il devient le représentant de la Grande Loge de Londres en France. En récompense, il est coopté la même année 1730 à la Royal Society. En 1732, il crée la Loge anglaise de Bordeaux, et en 1735, assiste à l'initiation du comte de Saint-Florentin, le secrétaire d'État de Louis XV (qui devient un agent de l'Angleterre), en présence de Désaguliers (qui a succédé à Newton comme maître d'oeuvre Rose-Croix). Montesquieu est un espion anglais.

 

Montesquieu est le grand héritier de la philosophie politique de Locke en France, dont sa haine du droit divin, donc de Dieu. L'histoire a fourni la preuve que rien de ce qu'il a écrit ne s'est réalisé, sinon à l'envers, puisque le politique profane a été le pire de l'Histoire. Montesquieu n'a pas le génie (du mal) de son prédécesseur. Il est admiratif d'un "modèle anglais" qui fait le malheur du peuple en Angleterre. Il ne change pas d'avis après sa visite de l'Angleterre, il a persisté dans l'utopie malgré les réalités anglaises. Louis Jugnet écrit : "Montesquieu ... n'aperçut rien des iniquités sociales alors plus frappantes pourtant qu'en France, et de beaucoup." (Doctrines philosophiques et systèmes politiques, Chiré 2013, p. 74)

 

Et s'il a fréquenté des maçons Rose-Croix, comme c'est probable, il est leur complice. Car à Londres, dans cette ville "libérale", le peuple est miséreux et brimé et les catholiques sont mis à mort. Jean-Jacques Chevalier lui reproche d'être "fermé à la métaphysique et à la théologie", mais aussi "mal à l'aise sur le terrain tout abstrait du fondement de la société et du droit." (.J.-J. Chevalier, Les Grandes Oeuvres politiques de Machiavel à nos jours, Armand Colin, 1968, p. 107.)

 

Dans l'Esprit des Lois, Montesquieu élabore un  projet de Constitution pour la France, cependant ce n'est pas la France qui l'intéresse, c'est le monde. Il appelle à une République, qui renversera la monarchie, puis deviendra mondiale. Ce maçon hanovrien répond ainsi au souhait du "jacobite" Ramsay. Montesquieu n'a que faire de la France, il est cosmopolite. Pour lui, il ne s'agit pas seulement de "libérer" la France de la monarchie, mais de construire un gouvernement mondial. C'est la transcription en droit constitutionnel des Constitutions d'Anderson mais aussi du Discours de Ramsay. Et puisque la liberté individuelle ne peut venir que de Dieu, la Constitution de la République particulière puis mondiale sera égalitariste : pour Montesquieu, la diversité est un désordre (héritage de Hobbes). Il cherche un ordre qu'il dit "nouveau" et qui se substituerait à l'Ordre de Dieu (le créateur de la diversité). Montesquieu recherche l'Esprit des lois, Esprit avec une majuscule, qui n'est pas celui de Dieu, mais celui des initiés aux cultes du Cosmos. L'Église ne s'y est pas trompée, puisque l'Esprit des lois a été mis à l'index.

 

Montesquieu se dit conservateur, cependant met en cause l'ordre social chrétien. Il nie un droit divin qui fait du roi le protecteur de la liberté (et non son adversaire), et sans le droit divin, le politique appelle logiquement un despotisme. C'est la dérive inéluctable de l'individualisme de la Renaissance. Il se dit monarchiste et il entend fonder la liberté en limitant le pouvoir royal, mais il y a une limite à la limitation, ne pas mettre en cause la sacralité du pouvoir royal.

 

Quand Montesquieu meurt, son éloge est fait par l'Encyclopédiste d'Alembert qui dit que Montesquieu a rempli ses devoirs envers "l'Être éternel". L'Histoire de la littérature française (Bordas 1972) précise : "qui n'était pas nécessairement le Dieu des Chrétiens" (p. 323). C'est l'Être Suprême, le Grand Architecte de la "Nature éternelle" vénérée par les initiés. Et d'Alembert le savait.

 

N'ayant aucune idée de métaphysique, Montesquieu établit des rapports entre des vérités qu'il pense relatives et en conclut que "l'esprit de modération doit être celui du législateur; le bien politique comme le bien moral se trouve toujours entre deux limites." C'est une illusion. Erasme l'a transmise à ceux qui se disent modérés et s'étonnent des drames qu'ils provoquent à ne pas choisir entre la Vérité et les erreurs. Non, les religions ne sont ni égales ni relatives ..., et par suite, la raison Humaniste n'est pas apte à construire le politique, car il y faut un fondement métaphysique, le dualisme de l'Être. Combien de massacres encore avant que les législateurs modernes comprennent que seul l'Esprit de Vérité peut produire une loi juste ?

 

Conclusion logique d'Alain PASCAL :

 

''Avec Montesquieu, les Temps modernes sont annoncés. Dieu est expulsé du politique, qui tombe entre les mains du Prince de ce monde, ce qui explique l'effroyable échec de la Révolution moderne, la montée de la folie et de l'irrationnel, la violence sanguinaire, et la soumission de l'Humanité au despotisme cosmopolite des forces occultes. Telle est la sanction (juste) de l'apostasie. L'échec moderne est religieux(Cf. Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, Vers la Révolution maçonnique en France, La Conspiration des philosophes, 3e tome, éd. Cimes, Paris 2019, p. 316-332.)

 

Et désormais, la dégénérescence menace l'humanité entière; les conditions sont réunies pour que le monde explose.

 

Lire aussi :

 

Le vide nihiliste et la civilisation destructrice sont le leg de l'hérésie moderne.

Conclusion

 

Le Réel est violent, la vie est une lutte, la liberté se conquière.

Depuis les jours de Jean-Baptiste jusqu'à présent, le royaume des cieux est emporté de force, et les violents s'en emparent.

Evangile selon S. Matthieu 11, 12 6 - Bible Catholique Crampon 1923

La civilisation retourne à la barbarie, parce que les fondements philosophiques sont coupés du sacré, qui est le seul et vrai Réel à respecter, si l'on peut dire !

 

"Rappelons, puisque les livres d'histoire ne le font plus, qu'il existe DEUX conceptions de la vie en société, et non pas une (le soit disant "état de nature"). La première conception, dite 'sacrée' ordonne l'espace et les rapports humains avec la Tradition; la seconde, dite 'profane' fonde ses règles sur des 'Idées'. Philosophiquement parlant l'idéalisme pose le primat de la pensée sur son objet, c'est-à-dire le Réel ("je pense donc je suis" de Descartes : comme si des êtres humains qui ne pensaient pas n'étaient pas !) ; la scolastique médiévale pose le primat du Réel sur la pensée.

 

L'existence de Dieu est une certitude, désormais affirmée par la scienceet "il est irrationnel de dire qu'il n'existe pas!" (Cf. L'article de Science et vie "Existence de Dieu : les mathématiques ont enfin la réponse", publié le 5 avril 2023 : "Après quinze siècles de recherches menées par les plus grands penseurs, les mathématiques et l'informatique ont parlé : selon les règles de la logique, l'existence de Dieu est nécessaire".) De nouveau le "Crois pour comprendre" de S. Augustin passe en premier dans la méthode de la connaissance, y compris en science, et le "comprends pour croire" revient en second.

 

De même, plus une société est profane, plus elle est violente. Les sociologues commencent à l'admettre aussi. Les théologiens le savent depuis longtemps !

 

(...) Les temps modernes se caractérisent par la plus forte montée d'irrationnel et de violence dans l'histoire. (...) Tant que l'Homme croira à l'imposture moderniste, rien n'arrêtera la violence née de l'utopie éternellement, inévitablement démentie." (Alain PASCAL, La Trahison des initiés, 3e édition revue et corrigée, éd ; des Cimes, Paris 2013, p. 288.290.)

 

Sur la fiction, les fantasmagories et les élucubrations des "Lumières" fictives du XVIIIe siècle, le meilleur moyen de préparer le retour d'un régime politique réaliste est donc de réaffirmer la Vérité divine, la théorie traditionnelle de l'origine du pouvoir qui se trouve en Dieu et en Sa Révélation, et non dans les "Idées" (car depuis la Chute originelle, l'homme n'est ni heureux ni libre ni égal par nature). Le contrat est un conte pour enfants. Personne n'a donné son accord pour être dirigé par qui que ce soit ni dans une monarchie ni dans une république. 

 

Il faut donc sortir de la matrice inversée des mensonges historiques et religieux libéraux, accepter la réalité sur la nature humaine déchue et la grâce divine de la Rédemption en Christ. 

 

Après trois siècles d'observation du Réel, en effet, la seule question qui mérite d'être posée est celle-ci : Devenus intolérants au nom de la tolérance, corrompus au nom de la morale, irrationnels au nom de la raison, fanatiques au nom du laïcisme, nos états modernes sont-ils légitimes ?

 

Alain Pascal répond parfaitement :

L'échec moderne est religieux, il faut que quelques contemporains en prennent conscience pour que la Vérité survive et revive.

Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, Vers la Révolution maçonnique en France, La Conspiration des philosophes, 3e tome, éd. Cimes, Paris 2019, p. 332.)

La Bible nous enseigne qu’il est illusoire et vain d’essayer d’améliorer nous-mêmes notre vieille nature (Cf. Ephésiens 2:8-9); la solution de Dieu est de nous appeler à nous repentir, de nous identifier à son Fils mort et ressuscité, et de faire de nous, par la foi, "une nouvelle création" en Christ.

Jésus répondit : « Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. »

Jean 3,5

Car "tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est dans le Christ Jésus. C’est lui que Dieu a destiné comme moyen d’expiation pour ceux qui auraient foi en son sang, afin de montrer sa justice." (Romains 3:23-25).

Le rempart de la censure est (...) illusoire. (...) Les interdits n'ont jamais endigué les débordements : seule une réflexion consciente le peut. C'est en vain que les forces occultes cachent à nos contemporains la vérité; leur imposture va apparaître au grand jour.

Alain PASCAL, La Trahison des initiés, 3e édition revue et corrigée, éd ; des Cimes, Paris 2013, p. 288

La fiction diabolique anti-christique fondant la démocratie moderne, et son antidote

Cf. Voir :

 

- Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, Vers la Révolution maçonnique en France, La Conspiration des philosophes, 3e tome, éd. Cimes, Paris 2019, p. 104

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8 février 2024 4 08 /02 /février /2024 10:53
Pourquoi Maurice Barrès a-t-il préparé les jeunes gens à crever dans les tranchées ?
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24 janvier 2024 3 24 /01 /janvier /2024 20:37

On peut dire que de même qu'existe un suffrage étroitement autorisé et contrôlé pour coller au "contrat social" (en dehors duquel toute liste ne serait pas autorisée et donc la liberté du suffrage n'existe pas), il existe pareillement une opposition contrôlée (et donc la liberté syndicale ou d'association est une fiction), dont la psychoclinicienne Ariane Bilheran fait une remarquable analyse :

L'opposition contrôlée ou "le syndicat jaune"

 

La mise en place de la dystopie covidienne a entraîné de profondes ruptures au sein de nos sociétés. 

 

Des groupes se sont formés pour résister au règne de l’absurde et à la dictature sanitaire, de nouveaux médias ont émergé, et aussi, bien entendu, des leaders d’opinion et des figures charismatiques. Croira-t-on que le pouvoir qui a mis en place un système aussi inique et abusif soit resté les bras croisés face à cette contestation? Les récents remous qui agitent la sphère de l’opposition témoignent au contraire d’un travail de sape et de subversion efficace, qui doit être étudié en soi comme l’une des composantes de la dérive totalitaire en cours. Voici donc un aperçu des stratégies et des procédés.

 

Lorsqu’un pouvoir enclenche une guerre contre sa population, pour faire passer en force des mesures impopulaires et/ou divers projets tyranniques, il sait qu’une frange politisée (au sens de l’engagement politique au sens noble), certes minime mais solide, risque de réagir. Il anticipe et canalise donc cette colère en fabriquant « sa » résistance, produit de la même ingénierie et de la même ardeur avec lesquelles il s’emploie à manipuler la population. Notons que les mêmes méthodes sont appliquées dans les entreprises, lors de la création du « syndicat jaune » dont la fonction sera d’être au service, non pas des travailleurs, mais des patrons.

 
 

Ainsi, comment un pouvoir anticipe-t-il une résistance et la contrôle de l’intérieur jusqu’à la neutraliser puis la dissoudre ? Il est d’usage de parler d’opposition contrôlée (que j’appellerai ici « syndicat jaune ») mais encore faut-il revenir sur les techniques employées.

 
 
 

Cette opposition de façade est créée « dès le départ ». Ce point est essentiel. Elle a plusieurs fonctions. Tout d’abord, orienter et concentrer le plus possible les mécontentements à un seul endroit, tenu par ce même pouvoir derrière le ou les chefs du syndicat jaune. Cette agglomération permettra ensuite de diriger ces colères vers des revendications qui ne sont pas dangereuses pour le pouvoir et d’engager sur des actions non périlleuses, qui détournent l’attention de celles qui le sont. Par exemple, le syndicat jaune se battra pour l’heure de pause ou le menu du repas à la cantine, plutôt que contre le plan de licenciement. Les sujets qui fâchent sont occultés et l’attention est détournée. Enfin, il s’agit de cartographier les opposants, ceci afin d’obtenir l’intégralité des noms, et identifier les plus problématiques parmi eux, tant en force et dangerosité qu’en puissance de caractère et intégrité, dans l’intention de les neutraliser à terme.

 

 

Profilage

 
 

Qui sont les acteurs de cette «résistance autorisée» au service du pouvoir? Il y a en première ligne les acteurs conscients, les espions et les chefs du syndicat jaune. Ces derniers sont des agents recrutés, choisis, préalablement formés, scrupuleusement entraînés, redoutablement conseillés, et évidemment, grassement rémunérés. Commençons par les chefs visibles, qui sont diablement intelligents, cultivés, et ont donc tous les talents pour remplir cette mission.

 
 
 

Leur profil doit paraître irréprochable: aptitude à se dévouer à la cause de la résistance, image destinée à attirer une forte sympathie, voire une idolâtrie qui permettra de créer une nouvelle secte, dans le but d’évincer, avec l’aide des fanatiques envoûtés, les autres leaders intègres une fois que le mot d’ordre en sera donné, ou encore de créer une illusion telle que, lorsque les faits et gestes des leaders du syndicat jaune commenceront à être révélés, personne ne puisse y croire.

 
 
 
Les deux stratégies
 
 
 

Une stratégie de communication sera mise en place pour que la population identifie aisément quels sont les chefs qu’il convient de suivre. Par exemple, ils peuvent être propulsés dans certains médias du pouvoir comme était des leaders de la résistance, avec deux techniques. La première sera le passage très médiatisé dans un organe de communication du pouvoir, néanmoins présenté à la masse comme un média d’opposition, ce qui ne résistera pas à l’analyse des soutiens financiers: qui paie l’orchestre paie la musique.

 
 
 

La deuxième consiste à médiatiser les chefs infiltrés comme des leaders infréquentables, par exemple, avec des articles à charge, une visibilité à la télévision, etc. et même, à faire croire à des représailles sur eux (censure, convocations, etc.). Le film avec ses acteurs, son scénario et ses péripéties doit être, surtout, parfaitement crédible. L’essentiel est que l’ensemble soit amplement médiatisé et que les agents puissent être facilement et rapidement identifiés comme les nouveaux chefs de la résistance. En couvrant ces deux aspects, on est assez certain d’attirer la majorité des mécontents: ceux qui croient ce que les médias officiels leur disent, et ceux qui ne les croient plus mais croient encore aux médias officiels ou aux médias désormais intronisés dans cette résistance manipulée. Ce constat du mode de propulsion des chefs du syndicat jaune est aussi valable pour les médias et groupes (associations, etc.) qui vont remplir le rôle de pseudo-opposants au pouvoir, et être investis de cette mission.

 

Pendant ce temps, et dans la réalité, les véritables opposants (chefs, porte-parole, groupes et médias) sont l’objet d’une savante stratégie d’invisibilisation et de censure, que ce soit dans les médias officiels du pouvoir ou dans les médias apparents de l’opposition au pouvoir. À une nuance près: si l’on a besoin de se servir de leur image pour une caution d’intégrité ou de crédibilité, ils peuvent être instrumentalisés un certain temps. On les effacera de l’échiquier plus tard, lorsque cet «argument d’autorité» n’aura plus d’intérêt.

 
 

 

Cf. Source et suite : https://www.arianebilheran.com/post/l-opposition-contr%C3%B4l%C3%A9e-ou-le-syndicat-jaune-antipresse-425

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11 janvier 2024 4 11 /01 /janvier /2024 19:50

De Joshua Charles, ancien protestant converti :

Les écrits des Pères de l'Église regorgent d'histoires de rencontres démoniaques.

 

Parfois, il s'agit de prêtres catholiques qui combattent directement les anciens "dieux". D'autres fois, ce sont des reliques de saints qui les angoissent. D'autres fois, il s'agit de découvertes sanglantes de corps et de sacrifices dans des labyrinthes situés sous des temples païens, découverts à l'occasion de la conversion de certains lieux à la foi catholique.

 

Je commencerai bientôt à partager certaines de ces histoires, avec toutes les citations afin que vous puissiez les lire vous-même. Elles sont fascinantes et souvent inspirantes.

 

En passant, une grande partie de ce que je pensais être "païen" en tant que protestant – des choses comme les reliques et la vénération des saints – étaient en fait des choses que les païens détestaient, qui ont fait tomber le paganisme et qui étaient vitales dans la lutte CONTRE le démoniaque. C'était très choquant. Non seulement j’avais fait partie de la mauvaise "équipe", pour ainsi dire. Mais j’ai rejeté certains des outils les plus puissants que le Christ nous a donnés pour combattre les démons – tout en croyant que je le faisais en son nom !

 

Louez Dieu pour sa délivrance de mes erreurs.

 

Pourquoi vais-je partager davantage de ces histoires ? Parce que les gens se posent des questions légitimes sur le phénomène OVNI, son rapport avec le démoniaque, etc.

 

Comme je l'ai déjà dit à maintes reprises, je crois que tout cela est probablement lié au fait que celui qui restreint cesse de restreindre (2 Thess. 2), que l'homme fort revient avec plus de démons (Évangiles), que Satan est délié (Apoc. 20), etc. Nous y reviendrons plus tard. Il s'agit d'un vaste sujet qui demande beaucoup de temps pour être déballé, mais je pense qu'il donne un sens remarquable à l'Écriture, à la tradition et à une grande partie de l'histoire.

 

En bref, les anciens "dieux" païens sont réels : ce sont des démons, des anges qui ont rejoint Lucifer dans sa rébellion contre Dieu. Ce sont de véritables entités spirituelles qui cherchent à entraîner avec elles autant d’âmes que possible en enfer. Ils savent que tel est leur destin, et la misère aime la compagnie.

 

Avant l’arrivée du Messie, la grande majorité de l’humanité les adorait, sans savoir ce qu’il en était. Puis le Fils de Dieu s'est incarné, a fondé l'Église catholique et a supplanté les vieux mystères païens par les mystères catholiques (sacrements). L'Église du Christ a reçu un pouvoir sur les démoniaques d'une manière nouvelle et sans précédent. Ils n’ont pas été totalement vaincus – cela reste leur condamnation définitive à l’enfer au Jour du Jugement. Mais ils étaient très retenus. Alors que beaucoup les adorent depuis le premier siècle, le témoignage du Christ, le message de l’Évangile et la puissance de ses sacrements se sont désormais étendus pratiquement aux quatre coins du monde. Le monde est donc désormais sans excuse.

 

Mais maintenant, la retenue qui retenait le démoniaque s’affaiblit. Ce processus se déroule sans doute depuis des siècles, mais il semble s’être vraiment accéléré au cours du siècle dernier – et encore plus au cours des dernières années. Je crois que beaucoup de gens le ressentent intuitivement. D'où leurs questions.

 

Ce sujet est très profond. Je ne prétends pas le comprendre complètement. Je ne pense certainement pas que les gens devraient interagir avec, étudier ou se laisser prendre à la myriade de tromperies qui semblent se préparer à propos de ces entités.

 

Au contraire, je pense qu'il est tout à fait possible que le temps soit compté. Même si le temps du monde n'est pas court, notre propre temps est souvent plus court que nous ne le pensons. Les gens doivent rentrer chez eux dans l’Église catholique, se joindre au bon combat pour sa foi et son honneur, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, et se rendre compte que lorsque le flot du châtiment terrestre final de Dieu viendra, elle sera la seule arche de salut contre l’assaut.

 

"Et vous savez ce qui le retient maintenant afin qu'il puisse être révélé en son temps. Car le mystère de l’iniquité est déjà à l’œuvre ; seul celui qui le retient maintenant le fera jusqu'à ce qu'il soit hors du chemin…. La venue de l'injuste par l'activité de Satan se fera avec toute puissance et avec de prétendus signes et prodiges, et avec toute mauvaise tromperie pour ceux qui vont périr parce qu’ils ont refusé d’aimer la vérité et ainsi d’être sauvés. C’est pourquoi Dieu envoie sur eux une puissance d'égarement…" (2 Thess. 2,11)

 

 

Les écrits des Pères de l'Église regorgent d'histoires de rencontres démoniaques, incluant des prêtres catholiques combattant directement les anciens "dieux"
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11 janvier 2024 4 11 /01 /janvier /2024 19:42

Le marxisme est en fin de compte une idéologie
contre la famille.

Mgr Athanasius Schneider

https://english.katholisch.de/artikel/50230-pope-marxists-and-christians-have-a-common-mission

https://english.katholisch.de/artikel/50230-pope-marxists-and-christians-have-a-common-mission

Les marxiste et les chrétiens ont une mission commune, contre la corruption et pour faire respecter l'état de droit, a déclaré François. 

 

Cf. https://english.katholisch.de/artikel/50230-pope-marxists-and-christians-have-a-common-mission

https://twitter.com/EdwardPentin/status/1745223034175140104?t=3j-GZ2_7f7kbA5mMAfUesA&s=19

Commentaire du blog Christ Roi.

 

Pendant plus d'un siècle et demi, dix papes successifs ont nié que le catholicisme, d'une part, et le marxisme ou les doctrines apparentées, d'autre part, puissent avoir une "mission commune" :

 

"L'indicible doctrine du communisme, comme on l'appelle, [est] une doctrine très opposée à la loi naturelle elle-même" (Pie IX, Qui Pluribus)

 

"Il n'y a rien de commun entre la démocratie sociale et la démocratie chrétienne. Elles diffèrent l'une de l'autre autant que la secte du socialisme diffère de la profession du christianisme" (Léon XIII, Graves de Communi Re).

 

"L'audace et la frivolité des hommes qui se disent catholiques et qui rêvent de remodeler la société... et d'établir sur la terre, au-delà de l'Eglise catholique, "le règne de l'amour et de la justice"... Simple construction verbale et chimérique où l'on verra briller pêle-mêle, dans une séduisante confusion, les mots Liberté, Justice, Fraternité, Amour, Egalité, exaltation humaine, le tout reposant sur une dignité humaine mal comprise... Oui, on peut vraiment dire que le Sillon [mouvement fondé en 1898 par Marc Sangnier, visant à rapprocher le catholicisme et la république], les yeux fixés sur une chimère, entraîne le socialisme dans son sillage..." (Pie X, Notre Charge Apostolique)

 

“Nous n'avons pas l'intention de répéter ici les arguments qui exposent clairement les erreurs du socialisme et des doctrines similaires. Notre prédécesseur, Léon XIII, l'a fait très sagement dans des encycliques vraiment mémorables ; et vous, Vénérables Frères, vous veillerez avec le plus grand soin à ce que ces graves préceptes ne soient jamais oubliés." (Benedict XV, Ad Beatissimi Apostolorum)

 

“Le socialisme, s'il reste vraiment socialiste, même après avoir cédé à la vérité et à la justice sur les points que nous avons mentionnés, ne peut être concilié avec les enseignements de l'Église catholique parce que sa conception de la société elle-même est tout à fait étrangère à la vérité chrétienne... Socialisme religieux, socialisme chrétien, sont des termes contradictoires ; personne ne peut être à la fois un bon catholique et un vrai socialiste” (Pius XI, Quadragesimo Anno)

 

“Le communisme est intrinsèquement mauvais et aucun de ceux qui veulent sauver la civilisation chrétienne ne peut collaborer avec lui dans quelque entreprise que ce soit” (Pie XI, Divini Redemptoris)

 

“L'Église a condamné les différentes formes de socialisme marxiste ; elle les condamne encore aujourd'hui, car c'est son droit et son devoir permanents de préserver les hommes des arguments fallacieux et de l'influence subversive qui mettent en péril leur salut éternel.” (Pie XII, Evangelii Praecones)

 

"Le pape Pie XI a encore souligné l'opposition fondamentale entre le communisme et le christianisme, et a précisé qu'aucun catholique ne pouvait souscrire à un socialisme même modéré." (Jean XXIII, Mater et Magistra).

 

"Trop souvent, les chrétiens attirés par le socialisme tendent à l'idéaliser en des termes qui, en dehors de toute autre chose, sont très généraux : volonté de justice, de solidarité et d'égalité. Ils refusent de reconnaître les limites des mouvements socialistes historiques, qui restent conditionnés par les idéologies dont ils sont issus." (Paul VI, Octogesima Adveniens).

 

"L'erreur fondamentale du socialisme est de nature anthropologique... Le désir sincère d'être du côté des opprimés et de ne pas être coupé du cours de l'histoire a conduit de nombreux croyants à rechercher de diverses manières un compromis impossible entre le marxisme et le christianisme." (Jean-Paul II, Centesimus Annus).

 

"Une objection a été soulevée à l'encontre de l'activité caritative de l'Eglise, développée ensuite avec une insistance particulière par le marxisme : les pauvres, dit-on, n'ont pas besoin de charité mais de justice... Le marxisme a vu dans la révolution mondiale et ses préliminaires la panacée pour le problème social... L'activité caritative chrétienne doit être indépendante des partis et des idéologies. Elle n'est pas un moyen de changer le monde idéologiquement, et elle n'est pas au service de stratagèmes mondains... [Le marxisme] est vraiment une philosophie inhumaine. Les personnes du présent sont sacrifiées au moloch de l'avenir" (Benoît XVI, Deus Caritas Est)

Source

https://twitter.com/FeserEdward/status/1745362327569146318?t=UUOMehijri_WJkUdI_8EhA&s=19

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6 janvier 2024 6 06 /01 /janvier /2024 18:07

Il s’agit d’un commentaire très inspirant et éclairant de la part du Père de l’Église, saint Jean Chrysostome. Il compare et oppose le mode de vie païen, considéré comme "décontracté", avec le mode de vie catholique, considéré comme un "programme d’austérité".

 

Combien peu d’entre nous voient la Foi de cette façon ! C’est pourtant ce qui a converti le monde.

 

La foi catholique, lorsqu’elle est fidèlement enseignée et vécue, attire ceux qui recherchent véritablement la vérité. Pour ce faire, il ne propose pas le chemin large des platitudes tièdes, mais le chemin étroit de la Croix.

 

"Pourquoi est-ce que je dis qu’il [le Christ] a réussi à faire cela ? Il a réussi à persuader tant de nations d’hommes de poursuivre la vraie doctrine, non seulement en ce qui concerne la vie présente mais aussi la vie au-delà.

 

"Il réussit à convaincre ces hommes de démolir leurs lois ancestrales, d'arracher leurs anciennes coutumes, aussi anciennes et profondément enracinées, et de planter à leur place d'autres voies, qui les conduisirent de la vie facile à son propre programme d'austérité.

 

"Et il y est parvenu alors que le monde entier lui faisait la guerre, qu'on se moquait de lui et qu'on le forçait à endurer la mort la plus honteuse de la croix."

 

Saint Jean Chrysostome, "Démonstration contre les païens" (Ch. 1, § 8)

 

Art : Johann Evangelist Holzer, « Victoire du christianisme sur le paganisme » (1739)

 

Joshua Charles

***

Ils nous parlaient du progrès, de la paix perpétuelle, du confort définitif pour toute l'humanité. Mais, la vie sur cette planète, ce n'est pas çà.

La vie ne peut être tranquille et confortable depuis la naissance jusqu'à la mort - ou bien elle ressemblerait à la mort.

Pierre Drieu la Rochelle, Les Chiens de paille

« Aimez votre femme plus que votre propre vie. Ne soyez jamais en désaccord, mais soyez vrai. Préférez sa compagnie à la maison. Estimez-la et admirez-la publiquement, conseillez-la patiemment. Priez ensemble ; si votre mariage est ainsi, votre perfection rivalisera avec celle des moines les plus saints.

S. Jean Chrysostome

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30 décembre 2023 6 30 /12 /décembre /2023 07:43

J'ai commencé à lire il y a quelques mois un Père de l'Église moins connu, saint Nicétas de Remesiana, un évêque qui vivait en Dacie. Il vécut au milieu des années 300 et mourut en 414. Je lisais son « Explication du Credo », et encore une fois, comme tous les autres Pères de l'Église que j'ai lus à ce sujet, il est très clair sur le fait que le terme « catholique » – tant dans le credo qu'ailleurs – n'est PAS un terme généralisé pour tous ceux qui prétendent être chrétiens ou « faire confiance en Jésus » (quoi que cela signifie), mais uniquement ceux qui croient à la foi catholique et font partie de l’Église catholique (une foi, un culte, un gouvernement).

 

Ceux qui prétendaient être « chrétiens », a-t-il dit, mais ne croyaient pas à la foi catholique ou n’appartenaient pas à la communion catholique visible, n’étaient pas inclus dans « l’Église catholique » du credo.

 

En tant que protestant, j'étais très confus par notre utilisation occasionnelle et entièrement interne du terme « catholique » si/quand nous prononcions le credo.

 

Lorsque je demandais pourquoi nous utilisions ce terme – puisque nous ne faisions clairement pas partie de l’Église catholique – l’explication constante que j’ai reçue était précisément ce que les Pères REJETENT à maintes reprises dans leurs explications du credo.

 

Quand vous lisez les anciens chrétiens, vous voyez que le terme « catholique » n’a JAMAIS été utilisé comme le prétendent de nombreux protestants. C’est l’un des faits qui ont tant contribué à me convertir à la foi catholique.

 

Les tentatives protestantes de redéfinir le sens du mot « catholique » n’étaient pas nouvelles, mais elles avaient également été utilisées par d’anciens hérétiques.

 

Les explications cohérentes des Pères sur le terme « catholique » ne pouvaient s'appliquer qu'à une société visible et universelle avec une foi, un culte et un gouvernement communs.

 

Nous n’avions rien de tel en tant que protestants.

 

En effet, j’ai constamment vu (et je continue de voir) pratiquement toutes les théologies protestantes tenter de justifier une définition de « l’Église » qui est autre chose qu’une société visible et universelle avec une foi, un culte et un gouvernement communs.

 

C'est le contraire de ce qu'enseignaient les Pères.

 

Voici ce que dit saint Nicétas dans son ouvrage « Expliquer le Credo » (§10) :

 

« Après la confession de la Sainte Trinité, vous professez votre foi en la Sainte Église catholique.

L'Église est simplement la communauté de tous les saints. Tous ceux qui depuis le commencement du monde ont été, sont ou seront justifiés – qu'il s'agisse de patriarches, comme Abraham, Isaac et Jacob, ou de prophètes, d'apôtres ou de martyrs, ou de tout autre – constituent une seule Église, parce qu'ils sont sanctifiés par une seule foi et un seul mode de vie, marqués par un seul Esprit, transformés en un seul corps dont le chef, comme on nous le dit, est Christ...

Vous devez donc croire que dans cette Église unique vous êtes rassemblés dans la communion des saints.

Vous devez savoir qu’elle est la seule Église catholique établie dans le monde entier, et avec elle vous devez rester en communion inébranlable.

Il existe en effet d'autres soi-disant « églises » avec lesquelles vous ne pouvez avoir aucune communion : par exemple celles des Manichéens, des Cataphrygiens, des Marcionites et d'autres hérétiques et schismatiques. Ces « églises » ont cessé d’être saintes, parce qu’elles ont été trompées par les doctrines du Diable, les incitant à croire et à se comporter différemment de ce que le Christ a commandé et de la tradition des Apôtres»

Joshua Charles

https://x.com/JoshuaTCharles/status/1740870873085808926?s=20

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