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24 octobre 2025 5 24 /10 /octobre /2025 00:00
Saint Florentin, moine (VIIe siècle)

Au VIIe siècle, Saint Florentin, fils d'un Roi d'Écosse qui avait traversé les mers on ne sait comment, gardait humblement les porcs tout en multipliant miracles et guérisons à Bonnet (Lorraine).[1]

Selon sa légende, il aurait traversé la mer sur une croix. [2]

Dès le Moyen-Âge, ce village était devenu un lieu de pèlerinage très fréquenté et recommandé en cas de troubles mentaux: passer sous le gisant de Saint Florentin qui se trouve à l'intérieur de l'Église était et reste encore, parait-il très efficace!

L'ancien village a été abandonné par ses habitants qui l'ont rebâti là où il est actuellement, autour de la sépulture du saint.

Il avait souhaité être enterré sur la colline qui dominait son village.

Vingt-et-une des peintures murales de l'Église racontent cette vie légendaire.

Sources : 1, 2

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18 octobre 2025 6 18 /10 /octobre /2025 20:54

Lors d'une réunion avec la "Consultation nationale anti-usure" d'Italie, Léon XIV s'en est pris aux usuriers qui ont un "impact dévastateur sur la vie de tant d'individus et de familles"

 

"Les prophètes, en effet, dénonçaient l’usure, ainsi que l’exploitation et toute forme d’injustice envers les pauvres"

 

"C'est un péché grave, parfois très grave, car il ne peut se réduire à une simple comptabilité ; l'usure peut provoquer des crises dans les familles, elle peut user l'esprit et le cœur au point de conduire à considérer le suicide comme la seule issue."

 

"Ce qui semble être une aide au départ devient en réalité un tourment à long terme"

 

"Cela se produit également à l'échelle des pays du monde entier. Malheureusement, les systèmes financiers usuraires peuvent mettre à genoux des populations entières."(1)

 

Le pape Léon XIV condamne l'usure comme un péché grave qui asservit les pauvres et corrompt le cœur humain, il appelle à un engagement renouvelé en faveur de la justice et de la miséricorde et loue les efforts de l'Église contre l'usure comme un signe d'espoir dans l'année jubilaire.

 

Le pape Léon XIV a dénoncé la pratique de l’usure comme un "péché grave" qui détruit des vies, des familles et des sociétés, la qualifiant de "corruption du cœur humain" qui exploite les personnes vulnérables et porte atteinte à la dignité humaine.

 

S'adressant samedi aux membres du Conseil national italien anti-usure, le pape les a remerciés pour leurs trente années d'engagement en faveur des victimes de l'usure et de la promotion de pratiques économiques éthiques.

 

Il a averti que l'usure, tant au niveau individuel que mondial, "demeure une blessure douloureuse et ancienne" qui continue d'affecter les pauvres et les marginalisés.

 

L’usure n’est pas seulement une question de comptabilité

 

"Le phénomène de l'usure", a déclaré le pape, "témoigne de la corruption du cœur humain." Citant le prophète Isaïe, il a rappelé que l'Écriture condamne l'exploitation et appelle les croyants à "briser les chaînes de l'injustice et à libérer les opprimés".

 

"Comme elle est loin de Dieu", s’est exclamé le Pape, "l’attitude de ceux qui écrasent les gens jusqu’à les réduire en esclavage ! L’usure n’est pas seulement une question de comptabilité : c’est un péché grave qui peut détruire des familles, consumer les esprits et les cœurs, et même conduire au désespoir ou au suicide."

 

Il a averti que l'usure se présente souvent sous le couvert d'une aide offerte aux personnes en difficulté économique, mais se révèle rapidement "un fardeau étouffant". Les conséquences, a-t-il ajouté, pèsent particulièrement sur "les personnes déjà fragiles, comme les victimes de dépendance au jeu ou les familles confrontées à des urgences médicales ou financières".

 

Des peuples entiers peuvent être réduits en esclavage

 

Le pape Léon XIV a étendu son avertissement au-delà des cas individuels, condamnant "les systèmes financiers usuraires qui peuvent mettre des peuples entiers à genoux".

 

Lire : John Perkins, confessions d'un corrupteur de nations

 

Citant le Catéchisme de l'Église catholique, il a rappelé à ses auditeurs que "ceux qui, dans le commerce, se livrent à des pratiques usuraires et mercantiles qui causent la faim et la mort parmi leurs frères en humanité". De tels actes, a-t-il dit, créent des "structures de péché" et comportent une "grave responsabilité".

 

Il a posé une question pertinente : "Les moins fortunés ne sont-ils pas des êtres humains ? Les faibles ne partagent-ils pas notre dignité ? Ceux qui naissent avec moins d'opportunités ont-ils moins de valeur en tant qu'êtres humains, sont-ils simplement destinés à survivre ?"

 

"Notre réponse à ces questions", a affirmé le Pape, "détermine la valeur de nos sociétés et donc notre avenir. Soit nous reconquérons notre dignité morale et spirituelle, soit nous tombons dans un puits d’immondices" (Dilexi te, 95)

 

Une mission enracinée dans la miséricorde

 

Remerciant le Conseil anti-usure pour son service continu, le pape Léon XIV a décrit son travail comme un "signe d’espoir" en cette Année Sainte, pleinement aligné sur l’esprit du Jubilé de la Miséricorde.

 

En réfléchissant au récit évangélique de Zachée, le pape a déclaré que la conversion, comme celle du publicain, est possible lorsqu'on rencontre l'amour gratuit du Christ. "Quand le profit devient notre objectif", a-t-il dit, "d'autres perdent la face et deviennent des objets d'exploitation. Et à la fin, nous aussi, nous nous perdons nous-mêmes et notre âme."

 

"La conversion de ceux qui commettent l’usure", a-t-il ajouté, "est aussi importante que notre proximité avec ceux qui en souffrent."

 

En conclusion de son discours, Léon XIV a encouragé ceux qui sont engagés dans la lutte contre l'usure à persévérer avec courage et unité, soutenus par les pasteurs de l'Église et inspirés par l'Évangile.(2)

 

Sources:

(1) Catholic Arena ; Pope Respecter

(2) Catholic News Agency

Il y a eu beaucoup de révolutionnaires dans l'histoire, mais aucun n'a eu la force de la révolution apportée par Jésus, une révolution (...) qui change en profondeur le coeur de l'homme. ... Dans l'histoire, les révolutions ont changé les systèmes politiques, économiques, mais aucune n'a vraiment modifié le coeur de l'homme.

Pape François, Congrès ecclésial du diocèse de Rome, 17 juin 2013

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12 octobre 2025 7 12 /10 /octobre /2025 07:00
Esclavage: Isabelle la catholique interdit strictement l’esclavage

L'histoire de l'Espagne qu'ils tentent de cacher et de déformer

 

Les Archives générales des Indes contiennent un document publié à Grenade le 16 septembre 1501, essentiel à la compréhension de la politique d'Isabelle la Catholique au 16e siècle à l'égard du Nouveau Monde, rédigé par son secrétaire Gaspar de Gricio, dans lequel sont rassemblés quelques principes très avancés pour l'époque.

Dans ces instructions royales, le frère Nicolás de Ovando, commandeur de Lares et commandeur majeur de l'ordre d'Alcántara, fut désigné pour gouverner Hispaniola, l'actuelle République dominicaine et Haïti, avec des ordres très précis : les Indiens devaient être traités comme des hommes libres, instruits dans la foi chrétienne et jamais réduits en esclavage, confirmant ainsi qu'ils étaient des vassaux et des sujets libres de la Couronne de CastilleIsabelle interdisait strictement l’esclavage et ajoutait que tous ceux qui avaient été injustement réduits en esclavage devaient être libérés.

En 1537, une bulle papale [Veritas ipsa de Paul III] réaffirme le statut libre des Indiens et en 1542, Charles Ier promulgue les Nouvelles Lois des Indes, qui, en bref, confirment la nécessité de respecter les droits de la population indigène.

Ce document renverse la légende noire, un mantra que le monde anglo-saxon a inventé sur notre histoire, créant un récit qui n’est pas vrai.

Le 12 octobre 1492, deux mondes fusionnent en un seul, marquant l’origine du métissage et d’une politique d’intégration unique dans le monde colonial.

 

Joyeuse Journée du patrimoine hispanique !

Vive l’héritage hispanique !

 

Ana Mª Poveda, Professeur en histoire de l'Art.

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29 août 2025 5 29 /08 /août /2025 07:05
Le mythe de l'intolérance de l'Église dans les traductions de la Bible au 16e siècle

Au XVIe siècle, grâce à l'invention de l'imprimerie, la Bible en latin a été traduite en langues vernaculaires, et on tend à associer le protestantisme à la liberté d'expression plutôt qu'à la censure. Or, les protestants ont censuré des traductions et ont mis à mort des hérétiques.

Le mythe de l'Église catholique autoritaire et interdisant "l'accès à la Bible du peuple" tandis que les protestantisme aurait été en ce domaine un havre de tolérance, de "liberté d'expression, de conscience et de religion" (les prétendues "valeurs protestantes") ne résiste pas à l'examen historique.

Ce mythe propage l'idée que la méchante Église catholique voulait avoir le monopole de la traduction biblique en vernaculaire (c'est-à-dire le fait de traduire les Écritures dans des langues populaires, par exemples les traduire en français, en anglais, en allemand, etc.), dans un but d'asseoir son autorité forcément despotique et d'empêcher des traductions d'apparaître. Cette désinformation auprès de très nombreuses personnes devait être débunkée. Cela a été fait tout récemment par Fidelis & Verax, dont nous reproduisons ici l'argumentation rigoureuse :

 

Extraits:

 

« Notre ami laisse entendre que l'Église romaine aurait renforcé son despotisme concernant les traductions vernaculaires lorsque la Réforme est apparue. Et Luther, lui, ange descendu tout droit du ciel, encourageait les gens à lire la Bible.

 

Mais quelle est la réalité ?

 

La réalité, la voici :

 

L'archiviste et paléographe Anne Alonzo nous dit (dans Bibliothèque de l'école des Chartes, Librairie Droz Paris 2006) : 

 

'Si la censure catholique a déjà donné lieu à bien des travaux, la recherche sur la censure protestante n'en est qu'à ses débuts, pour des raisons pratiques (la diversité des églises réformées explique la dispersion et l'hétérogénéité des sources) et idéologiques (on tend à associer le protestantisme à la liberté d'expression plutôt qu'à la censure).

 

Or, comme chez leurs adversaires catholiques, les protestants ont cherché à se protéger des idées dissidentes et subversives sur les plans religieux et confessionnels, politique et moral.'

 

Donc, ils (les protestants) prétendaient détenir (aussi) la vérité, et parce qu'ils détenaient la vérité, il fallait faire taire ce qu'ils considéraient être des hérésies et des hérétiques...

 

Et la Bible, et des écrits théologiques n'ont pas échapper à cette censure protestante.

 

Par exemples: 

-le milieu protestant de Bâle, par complaisance éditoriale envers Robert Estienne, a empêché la publication de la traduction de la Bible de Théodore de Bèze, et a empêché Nicolas Barbier de faire imprimer cette Bible de Théodore de Bèze à Bâle, et a donc fait en sorte que la Bible de Théodore de Bèze soit une exclusivité genevoise. Or les protestants de Bâle attendaient ce retour de services de la part des protestants de Genève. Donc, Bâle a censuré la traduction de Théodore de Bèze.

-Le réformateur Andreas Osiander (mort en 1552) a fait censurer la Bible. Il l'a carrément interdite. Et notamment La Traduction des Prophètes (1528) en allemand, par les Anabaptistes Ludwig Haetzer et Hans Denck dans la ville de Nüremberg.

-L'imprimeur Hans Ergo, dans la même ville de Nüremberg, a été condamné à mort en 1527 à Leipzig, pour avoir publié des écrits anabaptistes. 

-En 1587, le calviniste David Pareus avait décidé de rééditer la Bible de Luther, quelle fut la réaction à cette réédition ? La réimpression fut livrée au bourreau par Jakob Andreae (1528-1590), important théologien luthérien allemand. "Jakob Andreae qualifia cette édition de faux commis au préjudice du docteur Luther, de crime démoniaque que l'autorité chrétienne aurait dû faire punir par le bourreau, tandis que la Bible falsifiée devait être livrée aux flammes..."

 

En somme, comme nous le dit Ingeborg Jostock dans La censure négociée, Le Contrôle du livre à Genève 1560-1625, Travaux d'Humanisme et Renaissance, Droz 2007, je cite : 

 

'L'un des spécialistes de l'Inquisition catholique, Paul Grendler, souligne à juste titre que, dès leur accès au pouvoir, les protestants ont procédé à la suppression de publications catholiques ou dissidentes et à l'établissement d'une censure préalable:

-à Zurich, un comité de censure prend ses fonctions en 1523,

-Strasbourg suit en 1524

-et l'Electeur Jean de Saxe interdit en 1528 sous l'instigation de Luther et de Melanchton toutes les publications zwingliennes et anabaptistes.

-Avant 1540, toutes les villes protestantes de l'Empire et de la Suisse ont mis en place une censure préalable...'

 

L'historien Albert Labarre, de continuer dans Histoire du Livre (Que Sais-je?), je cite: 

 

'Comme en pays catholique, le contrôle de l'édition s'organisa rapidement dans les régions protestantes. On n'avait pas le droit d'imprimer à Genève sans la permission du Grand Conseil et les infracteurs étaient punis; il y eut des emprisonnements, même des exécutions capitales comme celle de l'imprimeur Nicolas Duchesne, en 1557.'

 

L'historien Albert Labarre évoque la censure, "des emprisonnements", et "des exécutions capitales" en pays protestants, "comme celle de l'imprimeur Nicolas Duchesne, en 1557". Albert LABARRE, Histoire du Livre, PUF, Que Sais-je ?, Vendôme 2001, p. 75

 

... Comme le dit le sociologue Vilfredo Pareto (dans The Mind and Society, "L'Esprit et la Société") : 

 

"La vie à Genève sous Calvin était beaucoup moins libre, régie par des considérations ultra expérimentales beaucoup plus poussées que la vie à Rome ne l'avait jamais été sous la domination des Papes.

 

"Et dans l'ensemble, le protestantisme était beaucoup plus étroit d'esprit et beaucoup plus oppressant que ne l'avait été l'Église catholique dans des pays où la Réforme protestante avait pris le pas sur le catholicisme; tandis que le catholicisme, sous l'impact de l'attaque est devenu moins tolérant, moins indulgent, plus agressif [D'où la réaction du concile de Trente. Ndlr.].

 

"En un mot, à l'époque de Léon X et avant le jour de Luther, Rome jouissait d'une liberté de pensée et de parole qui disparut complètement dans les pays protestants, et donc aussi dans les pays catholiques.

 

"Les protestants eux-mêmes soulignent que leur Réforme avait tendance à stimuler l'"esprit religieux'."

 

CONCLUSION

 

N'est pas plus aveugle que celui qui veut retirer la paille dans l'œil de son frère alors que lui-même a deux poutres dans ses deux yeux. »

 

(Fin de citation)

Source: Fidelis & Verax 

@fidelisverax

La "libération" de la Sainte Ecriture : comment un mythe se déconstruit [vidéo 1/2]

♬ son original - ⚜️ Fidelis & Verax ⚜️

Note du blog Christ-Roi

 

"L’Église catholique a caché la Bible !", entend-on souvent avec la variante de l'interdiction. La vérité est que personne ne connaîtrait la Bible sans les moines catholiques médiévaux qui la copièrent en latin et en grec à la main (dans les scriptoria), garantissant ainsi sa préservation pour les générations futures. Ce qui permit les traductions vernaculaires au 16e siècle.

Le mythe de l'intolérance de l'Église dans les traductions de la Bible au 16e siècle
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29 juillet 2025 2 29 /07 /juillet /2025 14:47

A tous ces Péruviens (et non Péruviens) qui se laissent "méprendre" par la légende noire anti-espagnole, célébrant des "indépendances" qui, au final, sont devenues des "servitudes", nous recommandons la lecture de cet excellent et rigoureux écrit de Mar Mounier, qui décrit bien la farce maçonnique qui, (après le 14 juillet 1789 en France) opéra partout dans le monde, comme en Colombie (événements de San Juan de Pasto, Noël 1822), en Bolivie, au Pérou ou en Argentine, où ils ont mis les maçons Bolivar et San Martin, qui utilisèrent des tactiques de terreur génocidaires pour atteindre leurs objectifs, sur un piédestal. La même histoire, le même narratif opéra pour le Mexique, où l'on peut quasiment dire que c'est du copier-coller.

Une description impeccable des faits, un éclairage sur l'histoire biaisée, déformée et partielle que l'on nous a enseignée à l'école.

Les "indépendances" sud-américaines en regard de la légende noire anti-espagnole

PÉROU : "INDÉPENDANCE" ?

 

Il est indéniable qu'à l'aube du XIXe siècle, le Pérou ne souhaitait pas fracturer le corps politique de la monarchie hispanique, dont il était un élément essentiel, non pas comme un appendice, mais comme un membre vital, le cœur de l'Amérique hispanique. Sous la Couronne espagnole, dont la structure reflétait une harmonie juridique, culturelle et philosophique, la vice-royauté brillait comme un organe indispensable du Grand Empire. Cependant, la volonté de ses habitants fut violée par des forces extérieures et des trahisons internes, orchestrées par des agents qui, sous couvert de liberté, imposèrent une sécession qui constitua sans aucun doute une mutilation de l'âme collective du Pérou.

 

Ce n'est pas le peuple péruvien qui a décidé de rompre les liens avec l'empire qu'il avait formé. Ici, les chaînes n'ont pas été "brisées", mais un morceau de corps a été démembré. Ceci est confirmé par les procès-verbaux des conseils municipaux de Lima, Trujillo et Arequipa, entre 1812 et 1821, qui révèlent une loyauté envers la Couronne, défendant l'unité du royaume avec l'empire face aux turbulences napoléoniennes et aux idées des Lumières de l'époque. Par exemple, selon les archives municipales, lors du Conseil municipal ouvert de Lima en 1814, les gouvernants ont exprimé une "loyauté indéfectible" au roi Ferdinand VII (1808/ 1814-1833) rejetant tout mouvement susceptible de fracturer la souveraineté espagnole (Archives municipales de Lima, 1814). L'historienne péruvienne Scarlett O'Phelan (2001) renforce cette réalité : "Le Pérou, loin de rechercher la rupture, est resté un bastion royaliste, avec une société ancrée dans la tradition monarchique" (p. 245). La réalité historique montre que les voix monarchistes ont été réduites au silence par des personnages comme José de San Martín (1778-1850), dont l’arrivée au Pérou faisait partie d’une stratégie élaborée depuis d’autres mers, envoyée par les ennemis de l’Espagne.

 

San Martín, animé d'un zèle révolutionnaire et au service d'un programme maçonnique, proclama l'"indépendance" à Lima en 1821, procédant au démembrement. Ses décrets, comme celui du 8 juillet, ne reflètent aucun consensus populaire, mais plutôt une imposition autoritaire visant à consolider l'ordre révolutionnaire des ennemis de la Couronne. Dans le "Bando de la Independencia", San Martín força les Péruviens à accepter la rupture comme un fait accompli, sans processus délibératif impliquant son gouvernement, les élites créoles ou le peuple. Cet acte, loin d'être une "libération", est décrit dans les chroniques contemporaines comme une manœuvre révolutionnaire ayant convaincu une élite interne traîtresse, dont certains membres, selon le Conseil municipal de Cuzco de 1820, avaient juré fidélité au roi des mois plus tôt.

 

La Loge Lautarina*, bras armé de la révolution en Amérique latine, joua un rôle décisif dans cette rupture. Fondée en 1812 à Buenos Aires par des francs-maçons liés à la Grande Loge d'Angleterre; elle adopta le nom de "Lautarina" après la bataille de Lautaro (1813), où les révolutionnaires vainquirent les royalistes, faisant de ce terme l'emblème de sa détermination implacable et sanglante. Composée de militaires et de marchands anglo-chiliens, financée par des fonds et des armes de la Couronne britannique, la Lautarina opérait avec une ferveur révolutionnaire impitoyable. Des documents de l'époque, tels que les mémoires de Frère Diego de Ocaña et la correspondance entre San Martín et O'Higgins, publiés à la Bibliothèque nationale du Pérou, décrivent ses méthodes : financement d'escadrons exécutant les royalistes sans procès, application de la "loi de la fuite" pour exécuter les prisonniers, incendie des archives paroissiales et destruction des biens appartenant aux fidèles de la Couronne. Le surnom de "Lautarina" était synonyme de cruauté, car ceux qui tombaient sous son joug ne pouvaient espérer ni jugement ni pitié, consolidant ainsi un règne de terreur. Et la terreur a toujours été la marque distinctive d'un processus révolutionnaire. Il suffit de penser à la mère de tous les révolutionnaires des temps modernes : la Révolution française.

 

Par conséquent, "célébrer" une "indépendance" qui fut en réalité une amputation revient à perpétuer la blessure. Le Pérou a été arraché à sa matrice historique, non par autodétermination, mais par des traîtres internes et des "libérateurs" qui, sous des agendas étrangers, ont fragmenté son identité et dilué son essence. Leurs noms, gravés sur les places et les avenues, contrastent avec le gène collectif de l'ADN péruvien. Cette dualité définit aujourd’hui le Pérou, royaume essentiel de la Couronne (espagnole), dont la mutilation du corps politique hispanique a marqué ses 204 dernières années d’histoire. Le Pérou est souverain non pas par la chimère révolutionnaire, mais par la sève d'une souveraineté divine qui coule dans ses veines, accordée dans le cadre d'un empire générateur. Aujourd’hui, il vit dans l’orphelinat, dépouillé de sa structure mystique par une tromperie imposée par la révolution, qui a accusé l’Espagne d’exploitation, de manque d’amour et d’abandon. Le rêve révolutionnaire a brisé son âme, laissant le royaume vulnérable à l'héritage de Lautarino qui continue de nourrir sa blessure ouverte. Car un fait indélébile demeure : tout ce qu'il y a de beau et de sublime architecturalement au Pérou (cathédrales, monastères, hôpitaux et saints de la vice-royauté), son merveilleux mélange hispano-américain, reflète son essence : noble, catholique, monarchique, hispanique.

 

Lorsque les Péruviens, séduits par un faux récit de "liberté", célèbrent à Madrid, cœur de la monarchie, une "indépendance" qui n'était en réalité qu'un enlèvement, ils crient leur douleur, convaincus que l'Espagne non seulement ne les a jamais aimés comme les siens, mais les a aussi utilisés et abandonnés. Et ce récit déchire, brise, divise. Cela arrive aux Péruviens qui ignorent leur histoire. Ce qu'un Péruvien conscient de ses origines devrait proclamer à Madrid, c'est : "Espagne, nous sommes ici parce que nous sommes un, parce qu'ensemble nous avons bâti un empire où le soleil ne se couchait jamais, et nous rejetons le récit cruel qui nous a arrachés à toi." Ce 28 juillet, le Pérou doit s'écrier avec noblesse et humilité : "Telle est notre essence : un royaume catholique et monarchique, qui doit guérir de ses blessures et se relever de sa mutilation, car son cœur renferme la noblesse et la grandeur que ses ennemis n'ont pas détruites en 204 ans !"

 

Auteur : Mar Mounier

 

La loge "Lautarina" - une "loge née des idées des Lumières" (sic) associée à l'"Orde des Chevaliers rationnels" (sic) et impliquée dans l’organisation des révolutions dites "libérales" de l’Amérique du Sud- doit son nom à Lautaro, un chef et stratège militaire araucanien qui s'est illustré pendant la guerre des Araucos (XVIe siècle) et qui a également trahi et tué le véritable père de la patrie chilienne, Pedro de Valdivia.. Pedro de Valdivia a en effet élevé le jeune Lautaro parmi ses propres enfants, dès son enfance. Lui enseignant le maniement de l'épée et les secrets du champ de bataille, il le nourrit avec la même affection et le même soin qu'un héritier. Le moment venu, Lautaro échangea la protection de son père contre son propre fer de lance. Il convoqua les guerriers mapuches, fit prisonnier traîtreusement son père adoptif et lui infligea une mort lente, calculée et sanglante : on lui creva les yeux, coupa la langue, versa de l'or liquide dans sa bouche et son œsophage pour le brûler vif, tandis que d'autres lui arrachaient la peau avec des coquillages tout en avalant sa chair – tout cela alors que Don Pedro était encore vivant. Son corps fut ensuite déchiqueté et sa tête tranchée comme trophée. Cette trahison et ce sadisme sont restés gravés dans la mémoire hispanique. C'est pourquoi la franc-maçonnerie révolutionnaire, qui avait besoin d'un symbole de rupture absolue, adopta le nom de Lautaro dans sa loge chargée de trahir la mère adoptive, l'Espagne, en Amérique espagnole : dans le jeune Mapuche sanguinaire, elle voyait se refléter la même cruauté et la même haine qu'elle célébrait contre l'autorité légitime, et c'est ce nom aussi qui consommait le symbole de la même rébellion du père de la franc-maçonnerie, Lucifer, qui ne supporte pas l'homme en tant que fils adoptif de Dieu. José Toribio Medina (1852-1930) dans Los cronistas de Chile (1878) a compilé des témoignages sur le sadisme de Lautaro à l'égard de son père adoptif et souligné la cruauté du châtiment infligé à Valdivia, entre autres auteurs.

 

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Références

 

- Archives municipales de Lima. (1814). Procès-verbal du Conseil public de Lima, 1814 [Manuscrit] . Tomo 1814. Archives générales de la nation du Pérou, Lima, Pérou.

 

- Archives régionales de Cuzco. (1820). Actes du conseil municipal de Cuzco, 1820 [Manuscrit]. Archives générales de la nation du Pérou, Cuzco, Pérou.

 

- Ocaña, D. de. Mémoriaux [Manuscrit]. Archives archiépiscopales de Lima, Collection de mémoriaux ecclésiastiques, Lima, Pérou.

 

- O'Phelan Godoy, S. (2001). Le Pérou au XVIIIe siècle : l’ère des Bourbons. Lima, Pérou : Université pontificale catholique du Pérou.

 

- San Martín, J. de. (1821). Déclaration d'indépendance, 8 juillet 1821. Gazette du gouvernement de Lima. Bibliothèque nationale du Pérou, Collection de documents historiques, Lima, Pérou.

 

- San Martín, J. de., & O'Higgins, B. (1812-1821). Documents des archives de San Martín [Correspondance]. Bibliothèque nationale du Pérou, Fonds de documents historiques, Section de l'Indépendance, Lima, Pérou.

 

Image d’illustration : Rex_Hispaniarum. IG, "Roi des Espagnes"

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Statue de José San Martín à Londres, d'où vient généralement la horde de traîtres internes et "libérateurs"

Statue de José San Martín à Londres, d'où vient généralement la horde de traîtres internes et "libérateurs"

Add. Les conseils municipaux, et non les généraux "royalistes", ont servi de thermomètre. Cela peut être prouvé :

– Lima, 15 avril 1814 : 24 des 27 conseillers créoles signent une loyauté "indéfectible" au roi.

– Arequipa, 1812 : 19 des 21 membres créoles rejettent le "Buenos Aires Board". – Cuzco, mai 1820 : le conseil (composé entièrement de créoles) vote à l’unanimité la suspension de toutes les contributions à l’armée "patriotique". Source : Procès-verbaux municipaux, volumes 1812-1821 (AGN-Lima). L'armée royaliste était teintée de créoles.

– Colonel José de la Riva Agüero (créole de Lima), ministre vice-royal de la guerre.

– Le brigadier José Bernardo de Tagle y Portocarrero (créole), commandant de la place de Trujillo.

– Le général Pío de Tristán (créole d'Arequipeño), chef des forces du sud. Source : "Officiers de la Marine royale au Pérou", Archives générales des Indes, section de Lima, dossier 1558. "La Méfiance" est un récit de propagande "patriotique" et maçonnique. Le vice-roi Abascal nomma des Créoles à des postes clés parce que les Espagnols combattaient Napoléon en Espagne. Le décret royal du 24-V-1810 ordonnait explicitement "d’employer des Américains loyaux" pendant l’invasion de la péninsule. Source : Cedulario Indiano, vol. IV, p. 312. Conclusion : c’était la norme, et non l’exception. La majorité des cadres royaux étaient créoles ; prétendre qu’il n’y avait pas de royalistes créoles est aussi faux que de prétendre que l’indépendance était un plébiscite. Commençons à nous éclairer et cessons de répéter des bêtises. 

Mar Mounier

Portrait de Ferdinand VII d'Espagne, par Vicente López. La vice-royauté du Pérou et la vice-royauté de la Nouvelle Espagne étaient les plus riches d'Amérique. Personne ne voulait l'indépendance. Aujourd'hui, la culture hispanique du Pérou, brille à nouveau devant le monde.

Portrait de Ferdinand VII d'Espagne, par Vicente López. La vice-royauté du Pérou et la vice-royauté de la Nouvelle Espagne étaient les plus riches d'Amérique. Personne ne voulait l'indépendance. Aujourd'hui, la culture hispanique du Pérou, brille à nouveau devant le monde.

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14 juillet 2025 1 14 /07 /juillet /2025 11:22

De Jonathan Sturel sur X :

 

Le 14-juillet est, pour un nationaliste authentique, plutôt un jour d'obsèques nationales que de fête nationale.

 

On attend d'une fête nationale célébrée annuellement qu'elle nous rappelle un événement national grandiose, fondateur, épique, natif ; or l'épisode révolutionnaire, s'il a sans doute été grisant à vivre et porteur d'espoirs sincères chez les esprits les plus naïfs ou les plus romantiques, n'en a pas moins semé les graines mortelles qui n'ont pas manqué de donner ensuite des récoltes empoisonnées qui jusqu'à aujourd'hui nous rongent et nous tuent à feu doux.

 

La Révolution a-t-elle été entièrement mauvaise ? Sans doute pas et il était urgent, nécessaire, moral même de rétablir certains équilibres, de rénover certaines dignités et d'en finir avec d'évidents abus. Mais l'école de pensée contre-révolutionnaire nous l'enseigne : la plupart de ces améliorations étaient possibles sans en passer pour autant par une révolution aussi furieusement iconoclaste, sanguinaire et nihiliste. Ce qu'a fait cette Révolution, c'est raser complètement la maison commune au prétexte qu'un robinet fuyait dans la salle de bain.

 

Dans mes jeunes années, les festivités du 14-juillet me faisaient plaisir car la profusion des drapeaux tricolores me donnait à croire qu'on fêtait réellement la France. La lecture, ensuite, de Maurras, de Bonald, de Le Play, de Bourget, de Montesquiou, m'a réveillé et arraché des griffes de ce doux rêve reposant mais trompeur.

 

Pour un Français ayant fréquenté l'école de la République dans les années 80 et 90, il est très difficile, pour ne pas dire quasiment impossible de s'extraire de cette caverne de Platon. En sortir tout de même, au prix d'un douloureux et pourtant nécessaire effort intellectuel, s'apparente à une deuxième naissance politique. Une renaissance qui, en vous rapprochant de la Vérité partagée par si peu de gens, vous éloigne de la masse des rêveurs, des endormis, des otages.

 

Je me console en me disant que la plupart de nos contemporains célèbrent le 14-juillet non pour ce qu'il est, à savoir un jour de deuil, mais pour ce qu'ils pensent qu'il est, en l'occurrence un jour de fête nationale. Ils se trompent mais d'une erreur de bonne foi. À nous de faire le travail nécessaire pour les sortir de la caverne républicaine mensongère, à nous de leur faire prendre conscience que ce qu'ils prennent pour un feu vivifiant est en réalité un incendie meurtrier.

 

Vive la France !

Fin de citation

***

Rappelons que le "sang impur" de la Marseillaise révolutionnaire, c'est celui des catholiques, un ignoble appel à la tuerie d'autres Français opposants à la "Révolution", les "traîtres" du couplet 2 (nobles et prêtres réfractaires et plus généralement tout opposant déclaré hors la loi par la "loi des suspects") car refusant la guerre contre l'Europe déclenchée par la première république pour asseoir la "République".[Mallett du Pan, Considérations sur la nature de la Révolution, 1793, réed. Editions du Trident, Paris 2007, p. 75 ; Patrice Gueniffey, Histoires de la Révolution et de l'Empire, Tempus Perrin 2011, p. 176 et 670]

En 1789, selon le mot de Camille Desmoulins, il n’y avait pas dix républicains avoués en France.

Jacques Bainville, Histoire de France

L'agent anglais né à Genève Jacques-Antoine DU ROVERAY (1747-1814) écrivait les discours de Mirabeau... Il fut pris en flagrant délit et dénoncé publiquement comme ‘pensionné du roi d’Angleterre’, en pleine assemblée nationale, alors qu’il transmettait des notes à Mirabeau à la tribune. [Giraud de SOULAVIE, Mémoires historiques et politiques du règne de Louis XVI, V 5 p. 301 ; Etienne DUMONT, Souvenirs sur Mirabeau et sur les deux premières assemblées législatives, Meline Bruxelles, 1832, p. 57-58.]

 

Afin de créer la panique, on fit croire à tous que le gouvernement allait proclamer la banqueroute. Toute la bourgeoisie créancière de l'état paniquée, fit bloc derrière l'assemblée, prête à tout renverser pour éviter la faillite. De l'argent fut distribué pour soudoyer l'armée royale. Mirabeau chargea son secrétaire, Camille Desmoulins, d'appeler le peuple aux armes en lui disant de croire que Louis XVI allait réprimer la révolte dans le sang. [CHATELET I, p. 16; Emile DARD, Le Général Chardelos de Laclos, Perrin, Paris 1905, p. 177; Noëlle DESTREMEAU, Trois journées pour détruire la monarchie, Nel, 1968, p. 19; MATTHIEZ, Les Grandes journées de la Constituante, p. 10-11]

 

Le banquier et spéculateur Étienne CLAVIERE (1735-1793) et Du Roveray furent aperçus en train de chauffer la foule et de distribuer de l’argent...[Procédure criminelle instruite au CHATELET de Paris: sur la dénonciation des faits arrivés à Versailles dans la journée du 6 octobre 1789, Assemblée nationale, Paris 1790, I p. 148 ; Oscar HAVARD, Histoire de la Révolution dans les Ports de guerre, Livre II, Nouvelle Librairie Nationale, Paris 1913, p. 48-49]

 

La disette régnait à Paris. Afin de créer des attroupements populaires, le Premier ministre britannique William Pitt fit bloquer les approvisionnements de farine en provenance de Londres. 20 000 sacs de farine commandés par Necker pour Paris furent bloqués à Londres par William Pitt. [Mirabeau, Courrier, p. 28-30; Jeremy BLACK, British Foreign policy in an Age of Revolutions, 1783-1793, Cambridge University Press, 1994, p. 336-338] Le prix du pain atteignit des sommets...

 

Pendant ce temps, l'astuce pour Clavière consistait à repérer des actions surévaluées, et à financer des pamphlets écrits par des journalistes dans le besoin, tels Mirabeau et Brissot (qu'il fit sortir de prison). Ces pamphlets avaient pour but d'influencer le marché à la baisse: les critiques les plus véhémentes étaient proférées dans le double but d'acheter ces actions à bas prix, et de décrédibiliser le gouvernement. Clavière agissait de façon concertée avec deux autres baissiers, l'anglais Panchaud, et le hollandais Cazenove. Mirabeau fut entraîné dans les spéculations de Clavière qu'il appelait son 'maître en finances'...

 

Devenu spéculateur sur les malheurs publics, Clavière partageait les intérêts de l'Angleterre. Presque tout ce qu'il fit pendant son ministère, fut dirigé contre les intérêts français.[Robert Choate DARNTON, Trends in radical propaganda on the Eve of the French Revolution, 1782-1788, 1964, p. 54; Richard WHATMORE et James LIVESEY, Etienne Clavière et Jacques-Pierre Brissot et la fondation intellectuelle de la politique des Girondins, Annales historiques de la Révolution française, , N° 321, juillet 2000, p. 1-26; BOUCHARY p. 43-80; Guillaume FAY, p. 136; SOULAVIE, T. 18 p. 444.]

 

Stanislas Maillard, Nicolas Renier, Buirette Verrières et Fournier l'Américain étaient tous des agents de Clavière.[CHATELET I, p. 60, 99, 113, 134, 137, 138, 207; L. BLANC, Histoire V, 6, p. 416; FOURNIER p. 27-35; THIERS p. 265; BOUCHARY, p. 98; CHATELET I p. 13-17, 60; Olivier BLANC, La Corruption p. 11-12, 61; DESMOULINS, Histoire p. 9-18; DE LA MARLE p. 649-650.]

 

PELLENC servait d’informateur aux genevois, et Lord Elgin, espion de Pitt, les conseillait...[Olivier BLANC, La Corruption sous la Terreur, R. Laffont, Paris 1992, p. 74 ; DE LA MARLE p. 59, 205 ; Etienne DUMONT, Souvenirs sur Mirabeau et sur les deux premières assemblées législatives, Meline, Bruxelles 1832, p. 73-74, 96, 102, 106, 172-173 ; Michael DUREY, William Wickham, master spy : The Secret war against the french revolution, Taylor, New Yord 2009, p. 35-36 ; Elizabeth SPARROW, Secret Services : British agents in France 1792-1815, The Boydell Press, Woodbridge 1999, p. 37-51.].

 

La prise de la Bastille

 

Stanislas Maillard, l'agent de Clavière, entraîna des bande affamées des faubourgs jusqu'à la prison de la Bastille... Parmi les émeutiers, on retrouve cinq agents de Clavière: son agent de change Stanislas Maillard, qui eut le rôle principal, reçut l'acte de reddition de la Bastille et obtint la garde du gouverneur. Les quatre autres étaient Legendre, Santerre et son beau-frère Panis, accompagné de son ami Sergent. [THIERS, p. 265; BLANC, Les hommes, p. 16, 231]

 

Du Roveray, complice de Clavière, suggéra à Mirabeau la création de la 'garde nationale'.[Hugues MARQUIS, Des Suisses au service de l'Angleterre, Annales  historiques de la Révolution française, 1999, n°1, p. 183-187; Etienne DUMONT, Souvenirs sur Mirabeau et sur les deux premières assemblées législatives, Meline, Bruxelles 1832, p. 93].

 

Les 60 000 "électeurs de Paris" constituèrent cette milice bourgeoise. Les banquiers Perrégaux, Boscary, Delessert, Prévoteau et Coindre s'y engagèrent avec leur personnel.[Albert MATHIEZ, La Révolution française, 26 juillet 1789]

 

On paya des émeutiers pour les inciter à aller ‘assassiner la reine et les gardes royaux’...[CHATELET I, p. 133, 166, 174, 224]

 

Lire :

Le complot anglo-genevois et la fuite (provoquée) du roi à Varennes (1791)

Première révolution de couleur de l'Histoire, la Révolution dite "française" a été "menée par une minorité de fanatiques pour le plus grand malheur du peuple français."[Stanislas Berton]

Le 14-juillet, jour de deuil et d'obsèques nationales

Add. "Je ne fêterai pas votre révolution." 

Poème de Pierre d’ANGLES

 

Je ne fêterai pas votre révolution.

On ne célèbre pas le vol, le viol, le crime.

Mais je prendrai le deuil de vos pauvres victimes.

Elles seules ont droit à ma vénération.

 

Je ne fêterai pas l’espérance trahie

Du peuple demandant l’arbitrage royal

Jusqu’alors rendu juste, équitable et loyal

Mais au nom d’une foi par votre orgueil haïe.

 

Je ne célèbrerai pas votre intolérance.

Ni vos sacrilèges, ni vos profanations.

Ni les grands mots ronflants de vos proclamations

Prônant la liberté dont vous priviez la France.

 

Je ne fêterai pas l’infâme Cordelier

Faisant assassiner, par sa triste colonne,

En l’Eglise du Luc, près de six cents personnes

Dont cent cinquante enfants réunis pour prier.

 

On ne pardonne pas les Oradours-sur-Glane

Et vous seriez fondés d’en tarer les nazis

Si vous n’aviez, chez nous, fait pire aussi

Vous êtes précurseurs, Messieurs, et non profanes.

 

Quand vous jetiez aux fours, par vous chauffés à blanc,

Les mères, les enfants, les vieillards, les mystiques,

Vous disiez faire le pain de la République…

Mais Amey, mieux qu’Hitler, les y jetait vivants !

 

Car c’est bien cet Amey, de sinistre mémoire,

L’un de vos généraux prétendu glorieux,

Qui fut l’instigateur de ce supplice odieux…

Vous avez, aussi vous, eu vos fours crématoires.

 

Et Turreau trouvait tant de plaisir à ces jeux

Qu’il faisait ajouter, quand manquaient les dévotes,

Et malgré tous leurs cris, les femmes patriotes…

Votre fraternité les unissait au feu.

 

Je ne fêterai pas vos tanneries humaines

Dont votre chirurgien, Pecquel, fut l’écorcheur,

Ni son ami Langlois, de Meudon, le tanneur…

Ni votre grand Saint-Just disant qu’en ce domaine

 

Peau d’homme vaut bien mieux que celle du chamois

Que celle de la femme plus souple et plus fine…

Vous étiez sans culottes, alors ça se devine

Vous vous en fîtes faire en peau de villageois.

 

Quand vous abominez les gardiens sataniques

De l’affreux Buchenvald écorchant de leur peau

Nos morts, les laissant nus en leurs chairs en lambeaux

Avez-vous des remords ou restez-vous cyniques ?

 

Je ne fêterai pas les enterrés vivants

Dans les puits de Clisson et ceux de mon bocage

Ni du fameux Carrier les célèbres mariages

Voulus républicains mais surtout révoltants.

 

Attachant l’un à l’autre, une fille et son père,

Une mère et son fils, un prêtre et une sœur,

Et nus, bien entendu, pour que leurs massacreurs

Aient, humiliant leur mort, à rire et se distraire.

 

Quand, en les entassant dans barques à sabords

On les faisait sombrer dans les eaux de la Loire.

Et le fleuve royal garde encore leur mémoire,

Il apparaît plus triste à l’approche du port.

 

Je ne fêterai pas, non plus, la guillotine,

Ce symbole attitré de la révolution.

Ce moyen fraternel d’abreuver nos sillons,

Comme vous le chantez d’un sang que moi j’estime.

 

Je ne chanterai pas votre révolution.

Elle a fait trop couler de sang, de pleurs, de larmes.

De notre vieux royaume elle a rompu le charme

Et fait perdre, au pays, sa noble vocation.

 

Vous avez tout brûlé, chez nous, châteaux, chaumières,

Etables et clochers. Vous traîniez les enfers

Pour faire du bocage un immense désert

Sans une âme qui vive et sans pierre sur pierre…

 

Vous n’aviez pas pensé que tout le sang versé

Au terroir de l’amour serait semence vive.

Il germe en attendant nos prochaines métives ;

Il fleurira, demain, épi de liberté.

 

La liberté de croire en un Dieu qui pardonne.

En un ordre qui met, au sommet, le devoir

Le courage et la foi. Qui veut que le pouvoir

Ne dépende jamais du nombre et de la somme…

 

Aujourd’hui nous pouvons vous juger à vos faits.

Votre révolution a incendié notre terre.

Elle a porté, partout, la misère et la guerre,

Quand le monde a jamais plus désiré la paix…

 

Je ne peux pas fêter votre révolution.

On ne célèbre pas le vol, le viol, le crime.

Je porterai le deuil de toutes ses victimes.

Elles seules ont droit à ma vénération.

 

Pierre d’ANGLES Janvier 1989

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13 juillet 2025 7 13 /07 /juillet /2025 11:00
"Le christianisme est un plagiat de mythes anciens" (athéisme)

L'athée déclare : "Le christianisme est un plagiat de mythes anciens".

 

Jésus est-il une copie d'Horus et le monothéisme a-t-il été "plagié" sur le zoroastrisme ?

 

C'est un mensonge et c'est facilement réfutable.

 

Prenons les choses point par point.

 

"Avant Yahvé, il y avait Ahura Mazda"

 

Vrai, mais alors quoi ?

 

Le zoroastrisme n'est pas un pur monothéisme. C'est un système dualiste : Ahura Mazda lutte contre Angra Mainyu, le principe du mal.

 

Très différent du Dieu unique, omnipotent et souverain que nous connaissons.

 

"Il n'y a aucune source égyptienne ancienne qui dit que :

 

-Horus est né d'une vierge

 

-Il a eu 12 disciples

 

-Il a été crucifié

 

-Il est ressuscité le troisième jour

 

Je suis sûr que l'athée a avalé tout le pseudo-documentaire appelé Zeitgeist, et ne connaît AUCUNE histoire ou égyptologie sérieuse.

 

Et si les similitudes étaient vraies ?

 

Elles ne prouveraient pas non plus le plagiat.

 

Le christianisme n’est pas issu de religions païennes et n’est pas non plus un mélange de mythologies anciennes.

 

Il est né dans un contexte spécifique, avec des racines profondes, et se fonde sur des prophéties accomplies dans un personnage historique : Jésus de Nazareth.

 

Il ne s’agit pas d’une copie, mais de l’accomplissement d’une promesse très attendue.

 

''La religion ne sert qu’à contrôler''

 

Encore un slogan vide (et marxiste).

 

La religion, en particulier le catholicisme, a donné naissance aux universités, aux hôpitaux, aux orphelinats, à l’idée de dignité humaine et à la charité publique.

 

Il y avait un contrôle partout, avec ou sans religion.

 

Mais réduire la foi à un simple ''pouvoir'' revient à passer à côté de l’essentiel.

 

''La vérité n’a pas besoin de foi''

 

Une très belle phrase… mais naïve, et vide.

 

La science fonctionne aussi avec la foi : La foi que l’univers est compréhensible, en logique, dans les sens, dans les mathématiques…

 

[L'Etat "laïc" fonctionne aussi avec la foi : les "valeurs républicaines", le "culte de la Raison", "culte de l'être suprême" sous la Révolution, la "laïcité, religion de la république" selon Vincent Peillon, ex-ministre de l'éducation nationale en 2013. Ndlr.]

"Le christianisme est un plagiat de mythes anciens" (athéisme)

La foi chrétienne ne s'oppose pas à la raison. Elle l'élève.

 

La vérité n'a pas besoin d'être imposée. Seulement de lumière.

 

Source : https://x.com/realCarola2Hope/status/1944226132997681372

L’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.

Évangile selon S. Matthieu 5,15

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12 juillet 2025 6 12 /07 /juillet /2025 13:00

La Révolution "française" a été une attaque franc-maçonnique contre la France et l'Église.

 

Elle a été le point culminant du soi-disant siècle des Lumières, qui était, en réalité, le début du véritable âge des ténèbres.

La Révolution française était bien plus sinistre que vous ne le pensez.

 

Dans une frénésie de purger tous les aspects de la vie chrétienne, ils ont même changé le calendrier et les UNITÉS DE TEMPS.

 

Des journées de 10 heures, des heures de 100 minutes, des minutes de 100 secondes.

 

Puis ils ont créé une nouvelle religion - le Culte de la Raison...

La Révolution française était bien plus obscurantiste que vous ne le pensez

De 1793 à 1795, la France a imposé le "temps métrique" : 10 heures dans une journée, 100 minutes dans une heure, etc.

 

Dans leur volonté de refaire la société, les révolutionnaires considèrent qu'il s'agit là d'une étape essentielle pour devenir réellement "rationnel".

La Révolution française était bien plus obscurantiste que vous ne le pensez

Les autorités ont créé de nouvelles horloges pour que les gens s'adaptent aux nouvelles unités et ont vérifié que les nouvelles heures/dates figuraient sur tous les documents publics.

 

Les semaines comptent désormais 10 jours : 9 jours de travail et 1 jour de repos, prolongeant la semaine de travail pour la "productivité". Le septième jour (jour de présence à l’église) était un jour de travail ordinaire, ce qui faisait perdre aux gens le souvenir de ce jour.

 

Il s'agissait d'éliminer toute influence du christianisme, jusqu'au calendrier grégorien, adopté au 16e siècle et toujours en vigueur.

 

Tous les saints et les fêtes religieuses furent abolis, et tous les mois ont été renommés (par exemple, décembre est devenu Nivôse, du latin "enneigé").

La Révolution française était bien plus obscurantiste que vous ne le pensez

Le 25 décembre est réattribué à l'anniversaire d'Isaac Newton au lieu de celui du Christ.

 

Le temps est réinitialisé - l'année de fondation de la République, 1792, devient l'année officielle 1. 

 

Ce n'est pas seulement la haine du christianisme, mais de toute influence traditionnelle sur la société.

 

L'homme est intrinsèquement bon (comme l'avait dit Rousseau), et il suffit de le libérer des traditions qui l'enchaînent...

Combat devant l'Hôtel de Ville le 28 juillet 1830

Combat devant l'Hôtel de Ville le 28 juillet 1830

La déchristianisation s'est étendue aux églises et aux espaces publics. Les révolutionnaires parisiens ont brisé les vitraux rayonnants de la Sainte-Chapelle et ont refait de Notre-Dame un temple de la Raison.

La Révolution française était bien plus obscurantiste que vous ne le pensez

Ils sont même allés dans les cimetières et les ont dépouillés de leurs croix.

 

Un commandant jacobin a décrété que les portes des cimetières ne devaient porter qu'une seule inscription: "La mort est un sommeil éternel."

Et à partir de 1790, tout membre du clergé qui ne prêtait pas avant tout serment de loyauté à l'État était réputé être "un traître". 30 000 membres du clergé furent exécutés ou exilés sous la Terreur.

 

Lire : "Qu'un sang impur abreuve nos sillons"

La Révolution française était bien plus obscurantiste que vous ne le pensez

Alors, que fait-on après avoir éliminé de la société tous les aspects de la vie chrétienne ?

 

On invente une nouvelle religion pour la remplacer...

La Révolution française était bien plus obscurantiste que vous ne le pensez

Le culte de la raison était le culte athée créé pour combler le vide.

La Révolution française était bien plus obscurantiste que vous ne le pensez

Ils pensaient que l’homme pouvait être perfectionné par la Raison, qu’ils vénéraient dans les clubs — tout en se rappelant qu’ils n’adoraient pas, mais respectaient des abstractions.

La Révolution française était bien plus obscurantiste que vous ne le pensez

Ces représentations se déroulaient avec de vraies femmes au lieu de statues, se faisant passer pour des figures (habillées de manière provocante) et représentant la Raison.

 

Mais les festivités devinrent si dépravées qu'elles provoquèrent une rupture parmi les révolutionnaires, et Robespierre décida d'y mettre fin.

La Révolution française était bien plus obscurantiste que vous ne le pensez

Robespierre le remplaça par le Culte de l'Être suprême, cette fois un culte déiste.

 

Il a ordonné d'énormes festivals en l'honneur du nouveau dieu et a défilé comme son "émissaire" — les observateurs savaient que les défilés étaient en réalité consacrés à lui...

La Révolution française était bien plus obscurantiste que vous ne le pensez

Tout cela - le nouveau calendrier et les cultes - a été interdit par Napoléon lorsqu'il a pris le pouvoir.

 

Même en tant qu'empereur, il a su que les États avaient besoin de la crainte de Dieu plutôt que des cultes de l'homme, et il a rétabli l'Église catholique à sa place.

La Révolution française était bien plus obscurantiste que vous ne le pensez

Source :

The Culturist

via https://x.com/IMPERATORAUS/status/1943919281495830766

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2 juillet 2025 3 02 /07 /juillet /2025 06:37

En 1519, une poignée de chrétiens débarquent sur les côtes du Mexique.

 

Au premier rang, Hernán Cortés. Derrière, les navires sont brûlés.

 

Il n'y a pas de retour en arrière possible. C'était tout ou rien.

 

La conquête de l'empire aztèque

La conquête de l'empire aztèque

L'Empire aztèque était vaste, brutal et redouté. En son cœur se trouvait Tenochtitlán, une cité resplendissante bâtie sur un lac, abritant d'imposantes pyramides et des autels ensanglantés.

 

Chaque année, des dizaines de milliers de personnes étaient sacrifiées pour apaiser les "dieux", le cœur arraché alors qu'il battait encore.

La conquête de l'empire aztèque

Pour les Aztèques, la guerre était sacrée. Les captifs étaient une monnaie d'échange. Et le soleil exigeait du sang pour continuer à se lever.

 

C'était un royaume de terreur, enveloppé d'or et de rituels.

 

Mais en 1519, le cycle du sang était sur le point d'être arrêté, non seulement par la force, mais par la foi, la providence et l’audace.

La conquête de l'empire aztèque

Cortés est arrivé avec seulement 500 Espagnols environ, quelques chevaux et un zèle ardent.

 

Il connaissait les probabilités. Il prit donc une décision fatidique :

Il a brûlé les navires.

 

Son message était clair : pas de retraite, pas de reddition.

 

Ils vaincraient ou mourraient.

La conquête de l'empire aztèque

En progressant vers l'intérieur des terres, Cortés rencontra des peuples autochtones longtemps opprimés par les Aztèques. Nombre d'entre eux le rejoignirent avec joie.

 

Parmi eux se trouvaient les féroces Tlaxcalans, ennemis acharnés de Tenochtitlán.

 

De quelques dizaines, les forces chrétiennes sont passées à des milliers.

 

L’Évangile ne s’est pas répandu uniquement par la poudre à canon, mais par la promesse du vrai Dieu.

La conquête de l'empire aztèque

Lorsque Cortés arriva à Tenochtitlán, l'empereur Montezuma l'accueillit dans la ville.

 

Les Aztèques étaient à la fois fascinés et craintifs.

 

Une prophétie annonçait le retour du dieu Quetzalcoatl. Certains pensaient que les Espagnols étaient peut-être des divinités.

 

Mais le temps des illusions allait bientôt prendre fin.

La conquête de l'empire aztèque

En entrant dans la capitale aztèque, les Espagnols furent choqués :

 

"C’était une belle ville, mais elle empestait la mort."

"Les marches du temple étaient rouges de sang."

 

Cortés a ordonné que les idoles soient enlevées.

Un frère franciscain a élevé la Croix au sommet des temples.

La conquête de l'empire aztèque

Cortés s'empara de Montezuma et le garda en otage dans son propre palais.

 

L'alliance fragile s'est brisée lorsque les forces espagnoles ont massacré des nobles aztèques lors d'un festival.

 

Le peuple se souleva. Montezuma mourut, lapidé par ses propres sujets. Les rues étaient inondées de sang.

 

Les Espagnols ont fui la ville dans le chaos pendant la Noche Triste ("Nuit Triste"), perdant la moitié de leurs hommes.

 

Mais Cortés n’a pas abandonné.

 

Il s'est regroupé, a reconstruit ses forces et est revenu avec des milliers d'alliés autochtones.

 

Cette fois, la guerre ne s’arrêterait pas aux portes.

En 1521, après des mois de siège, de famine et de batailles acharnées, Tenochtitlán tombe.

 

Les pyramides étaient tachées de sang neuf, mais le règne du sacrifice humain était terminé.

 

La Croix a été dressée là où se dressaient autrefois les idoles. L'Évangile a résonné là où résonnaient autrefois les tambours.

 

Ce n’était pas seulement une conquête militaire. C’était la chute d’un empire construit sur la mort et le début d’un autre construit sur l’espoir.

 

L’Église a commencé à baptiser des milliers de personnes.

Un monde nouveau est né, douloureusement, mais providentiellement.

La conquête de l'empire aztèque

Cortés n'était pas un saint. Mais il comprenait sa place dans l'histoire. Il n'était pas venu uniquement pour la gloire : il a amené des prêtres, a fait la catéchèse et a baptisé des milliers de personnes.

 

Dans ses lettres au roi Charles Quint, il écrit : "Ces gens seront sauvés, car maintenant ils connaissent le vrai Dieu."

 

Il n’a pas conquis des terres seul, il a conquis des âmes.

La conquête de l'empire aztèque

Moins de 10 ans après la chute, Notre-Dame est apparue à un indigène converti : Saint Juan Diego.

 

C'était Notre-Dame de Guadalupe, et son manteau portait les cieux et l'espoir d'un peuple nouvellement libéré.

 

La foi catholique s’épanouit et son apparition conduisit à la conversion de près de 8 millions d’indigènes.

La conquête de l'empire aztèque

La chute de l’Empire aztèque n’était pas seulement la fin d’un régime politique.

 

C'était le baptême d'un continent.

La Croix élevée au-dessus des autels païens. La victoire de la civilisation sur le sacrifice humain.

 

Là où se dressaient autrefois des idoles de pierre, se dressent aujourd'hui des églises.

La conquête de l'empire aztèque

Aujourd’hui, beaucoup l’accusent d’être un conquérant brutal.

Mais ils oublient que pour parvenir à la paix, il faut souvent se battre pour y parvenir.

 

Faisant écho à la devise des templiers :

"Non nobis, Domine, non nobis, sed Nomini Tuo da gloriam." "Pas à nous, Seigneur, pas à nous, mais à Ton Nom, rends gloire."

La conquête de l'empire aztèque

Cf. Trad West

https://x.com/trad_west_/status/1940098555840274627

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17 juin 2025 2 17 /06 /juin /2025 09:00
L’Église catholique n’a pas cautionné la chasse aux sorcières

L’image de l’Église brûlant des milliers de sorcières est profondément ancrée dans l’imaginaire populaire. Mais la vérité est bien plus complexe. En fait, l’Église catholique n’a pas cautionné la chasse aux sorcières.

 

Commençons d’abord par définir la chronologie.

 

La plupart des chasses aux sorcières à grande échelle ont eu lieu dans l’Europe moderne, entre le XVe et le XVIIe siècle, et non au Moyen Âge.

 

Elles ont atteint leur apogée pendant la Réforme protestante et étaient souvent impulsées par les autorités locales plutôt que par l'Église.

 

L’Église catholique était en fait sceptique à l’égard de la sorcellerie.

 

Le Canon Episcopi (également capitulum Episcopi), un document du droit canonique médiéval du Xe siècle, affirmait que les femmes qui prétendaient voler avec des esprits ou jeter des sorts étaient trompées par le diable, ne pratiquant pas de véritable magie.

 

En d’autres termes, les sorcières n’étaient pas réelles.

 

Cet enseignement reflétait la croyance plus large de l’Église : la magie n’avait pas de véritable pouvoir propre.

 

Ce qui semblait surnaturel était soit une fraude, une illusion, soit l’œuvre de démons.

 

Le vrai pouvoir appartenait à Dieu seul.

 

En conséquence, les tribunaux de l’Église médiévale étaient prudents face aux accusations de sorcellerie.

 

La politique générale consistait à corriger et à instruire les prétendues sorcières, et non à les exécuter.

 

L’objectif était la réforme spirituelle, pas la punition.

 

 

L’Église catholique n’a pas cautionné la chasse aux sorcières

Les dirigeants laïcs étaient une autre affaire.

 

À la fin du Moyen Âge, la peur de la sorcellerie et de la peste a conduit les tribunaux locaux ainsi que les villes à poursuivre les sorcières avec une violence croissante.

 

Les procès de sorcières étaient souvent menés par les autorités civiles ou par des foules non organisées dans les régions précisément où l'Église avait perdu son influence.

L’Église catholique n’a pas cautionné la chasse aux sorcières

C’est dans ce climat de panique locale et de fragmentation religieuse que se déroulèrent les chasses aux sorcières et les procès.

 

Les tribunaux laïcs et les foules violentes sont responsables de la mort d'hommes et de femmes accusés de sorcellerie.

L’Église catholique n’a pas cautionné la chasse aux sorcières

L'Inquisition, souvent accusée d'être à l'origine des procès de sorcières, était en réalité plus restreinte et plus juste que les tribunaux civils.

 

En fait, les inquisiteurs rejetaient fréquemment les affaires en raison du manque de preuves ou par crainte de superstitions et de fausses accusations.

 

Au cours de plusieurs siècles, l’Inquisition espagnole a condamné à mort entre 3 000 et 5 000 personnes. Au total, environ 1 à 5% des personnes poursuivies ont finalement été condamnées à mort.

 

Dans la seule Suisse protestante, on estime que 6 000 sorcières présumées ont été exécutées.

Le tristement célèbre traité Malleus Maleficarum, publié en 1487 par deux frères dominicains, a alimenté l'hystérie autour des sorcières.

 

Mais il n’a jamais été officiellement adopté par l’Église.

 

En fait, il a même été condamné par l’Inquisition.

L’Église a toujours enseigné que les humains ont le libre arbitre et la dignité, même s’ils tombent dans le péché ou la tromperie.

 

Bien que le diable soit réel, la réponse appropriée n'est pas la panique ou la justice populaire, mais la repentance, la vérité et les sacrements.

 

L’Église catholique s’est opposée aux bûchers de sorcières bien avant qu’ils ne deviennent courants.

 

Dès 1080, le pape Grégoire VII, pape de la Réforme grégorienne, interdit l’exécution des femmes accusées d’avoir provoqué des tempêtes ou de mauvaises récoltes. Grégoire a découvert que de tels événements ne pouvaient être causés (permis) que par Dieu.

 

L’histoire de la chasse aux sorcières est tragique, mais souvent mal comprise.

 

Ce qui est régulièrement utilisé pour discréditer l’Église catholique n’a pas grand-chose à voir avec elle.

 

La plupart des chasses aux sorcières étaient menées par les autorités locales, des foules en colère ou des protestants, et non par le clergé catholique.

Cf. https://x.com/Templarpilled/status/1934364189524672550

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11 avril 2025 5 11 /04 /avril /2025 20:23
Les centurions

Les centurions étaient l'incarnation de la vertu romaine et de la puissance militaire.

 

Leur force, leur discipline et leur loyauté ont forgé le plus grand empire de l'histoire.

Les centurions étaient des officiers romains uniques qui commandaient des centuries de quatre-vingts à cent légionnaires.

 

Ils étaient chargés de diriger et d'inspirer leurs soldats, de maintenir les formations, de prendre des décisions tactiques et de maintenir la discipline sur le champ de bataille.

 

Dans son De Re Militari, Vegetius explique que "le centurion est choisi pour sa taille, sa force et sa dextérité à lancer ses armes à projectiles et pour son habileté à utiliser son épée et son bouclier ; en bref, pour son expertise dans tous les exercices".

Vegetius ajoute que le centurion était la source de la force de la légion romaine, et l'incarnation des attributs que les Romains célébraient chez leurs soldats.

 

Pour être promu à ce poste illustre, le centurion devait "être vigilant, tempérant, actif et plus prompt à exécuter les ordres qu'il reçoit qu'à parler, rigoureux dans l'exercice et le maintien d'une bonne discipline parmi ses soldats".

 

Le portrait du centurion dressé par Végèce met en évidence le rôle essentiel que le leadership exemplaire, les prouesses physiques et la discipline inébranlable ont joué dans le succès de l'armée romaine, en reflétant les valeurs qui définissaient la culture martiale romaine.

Les centurions

Au combat, les centurions sont chargés de veiller à ce que leurs légionnaires restent en formation et exécutent efficacement les tactiques. Cet objectif ne pouvait être atteint que grâce à un entraînement rigoureux et à l'endurcissement des recrues.

 

Végèce souligne l'importance d'un entraînement rigoureux comme source de succès militaire. Il explique que "la victoire à la guerre ne dépend pas entièrement du nombre ou du simple courage ; seules l'habileté et la discipline peuvent l'assurer".

 

Nous constatons que les Romains n'ont dû la conquête du monde qu'à un entraînement militaire continu, à l'observation exacte de la discipline dans leurs camps et à la culture inlassable des autres arts de la guerre".

 

Végèce explique que les centurions étaient nécessaires pour inculquer aux recrues les normes légionnaires, déclarant que "peu d'hommes naissent courageux, mais beaucoup le deviennent grâce aux soins et à la force de la discipline".

 

Ce système d'entraînement permettait à la légion romaine de rester une force de combat redoutable et cohérente, et à tous les légionnaires de reconnaître les normes requises pour la victoire.

Les centurions sont chargés d'appliquer la loi martiale, de veiller à l'obéissance de leurs soldats et d'administrer les peines et les châtiments corporels.

 

Dans ses Histoires, Denys d'Halicarnasse explique que les officiers romains avaient le pouvoir d'exécuter les lâches ou les soldats qui négligeaient leurs devoirs militaires. Il écrit que "la loi a donné aux commandants l'autorité de mettre à mort sans procès tous ceux qui sont désobéissants ou qui désertent leurs étendards".

 

Dans les cas extrêmes, les centurions administraient la punition des soldats battus à mort, voire la décimation. Dans ses Histoires, Polybe explique que la décimation était un châtiment réservé aux soldats coupables de lâcheté ou d'insubordination. Il précise qu'"une cohorte choisie pour être châtiée par décimation était divisée en groupes de dix ; chaque groupe tirait au sort, et le soldat sur lequel tombait le sort était exécuté par ses neuf camarades."

 

L'application par le centurion de punitions collectives sévères était jugée nécessaire pour maintenir une discipline stricte, l'unité et la responsabilité personnelle.

 

Cela a permis aux légionnaires romains de craindre davantage la mort aux mains de leurs propres officiers, qui représentait le plus grand déshonneur, que la mort sur le champ de bataille aux mains de leurs ennemis.

 

Dans son Commentaire sur la guerre des Gaules, Jules César souligne l'importance de centurions courageux, à savoir Lucius Vorenus et Titus Pullo, qui ont inspiré l'armée romaine vers la victoire. Lors d'une bataille contre les Nervii (l'une des tribus belges les plus puissantes du nord de la Gaule) en 54 avant J.-C., César raconte : "Pullo et Vorenus ont fait preuve d'un courage extrême. Lorsque le combat fut le plus acharné devant les fortifications, Pullo sortit des rangs et se jeta au plus fort de l'ennemi."

Les centurions

En outre, Jules César a raconté l'exemple édifiant du centurion Marcus Petreius, qui s'est sacrifié pour la sécurité de ses soldats.

 

Caesar raconte que "lorsque ses hommes ont tenté de l'aider à battre en retraite, Petreius a répondu "C'est en vain que vous vous efforcez de me procurer la sécurité, puisque le sang et les forces m'abandonnent maintenant, alors laissez ceci, pendant que vous en avez l'occasion, et battez en retraite jusqu'à la légion". C'est ainsi qu'il tomba au combat quelques instants plus tard, sauvant ses hommes par sa propre mort."

La bravoure des centurions - connus pour jeter les étendards romains par-dessus les murs ennemis afin de forcer les cohortes à avancer - a inspiré des légions entières à se battre pour leur gloire personnelle et celle de l'Empire romain.

Enfin, l'Évangile de Matthieu met en lumière la vertu naturelle des centurions romains. Il raconte qu'à Capharnaüm, Jésus-Christ a accepté la demande d'un centurion de guérir son serviteur souffrant.

 

Au lieu de diriger Jésus-Christ vers son serviteur, le centurion lui dit : "Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit ; dis seulement un mot, et mon serviteur sera guéri. Car moi aussi je suis un homme soumis à l’autorité, ayant sous moi des soldats ; et je dis à l'un : Va, et il va, et à un autre : Viens, et il vient, et à mon serviteur : Fais ceci, et il le fait."

 

En entendant cela, Jésus-Christ s'est émerveillé et a dit : "Amen, je vous le dis, je n'ai pas trouvé une si grande foi en Israël."

 

Les Évangiles soulignent le rôle unique des centurions en tant que témoins de la divinité de Jésus-Christ et, en fin de compte, de l'introduction du christianisme dans l'Empire romain.

Les centurions étaient la source de la puissance militaire romaine, servant de chefs au sein des légions et responsables du maintien de la discipline, de l’entraînement et du moral de leurs soldats.



Au-delà de leurs devoirs militaires, ils étaient d’une importance fondamentale en tant que symboles de la vertu et de l’autorité romaines dans tout l’empire.

Les centurions

Cf. https://x.com/IMPERATORAUS/status/1910524925108248960

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5 avril 2025 6 05 /04 /avril /2025 12:54

Pour répondre à cette question nous devons d'abord comprendre les dix raisons interconnectées qui ont conduit au déclin et à la chute du plus grand empire de l’histoire : l’Empire romain.

 

L'expansion rapide sans assimilation efficace des peuples conquis a largement contribué au déclin et à la chute de l'Empire romain, qui s'est efforcé d'intégrer des populations diverses, ce qui conduisit à une fragmentation politique et à des divisions culturelles croissantes.

Dans ses Res Gestae, Ammien Marcellin (330-395) souligne la fragmentation de la cohésion sociale en écrivant : "L'empire fut envahi par des peuples qui n'avaient pas été romanisés, et ce manque d'unité entraîna des troubles civils et une vulnérabilité aux menaces extérieures."

 

L'édit de Caracalla dit "Constitution Antonine" de 212, imitant Alexandre qui avait mis sur un même pied d’égalité Orientaux et Occidentaux, accorde la civitas romana (citoyenneté romaine) à tous les hommes libres de l'empire sans distinction d’origine, Romains, Italiens, Provinciaux, germains, tous achevaient de se confondre dans l’égalité des droits. Le but visait surtout à généraliser la perception des lourds impôts dus par les citoyens romains. À ce syncrétisme politique se superposa un syncrétisme religieux avec le développement de cultes orientaux et du culte de la divinité unique.

 

Mercenaires gaulois recrutés dans l'armée romaine

 

L'affaiblissement des légions romaines par le recours à des mercenaires étrangers (Gaulois, Germains, Goths) a largement contribué au déclin et à la chute de l'Empire romain, car la nécessité de disposer d'une armée plus nombreuse a conduit à recruter des soldats qui manquaient de loyauté envers Rome.

Ce passage de la légion traditionnelle aux mercenaires sapa la loyauté, l'efficacité et la cohésion militaires, rendant les frontières davantage vulnérables aux invasions barbares. Combiné aux luttes économiques et à l'instabilité politique, cela rendit finalement Rome incapable de défendre ses vastes territoires et précipita son effondrement.

 

Rome passa des fœdus (traités d'alliance) avec des peuples étrangers, qui prirent le statut de cité alliée (cīvitās fœderāta) ou de "peuple fédéré". Mais l'incapacité à assimiler les tribus barbares entraîna une instabilité interne, certaines tribus établissant des entités semi-autonomes au sein des territoires romains, ce qui affaiblit encore davantage le contrôle de Rome en raison de ressources militaires trop importantes et de défenses frontalières faibles. 

L'augmentation exponentielle de l'esclavage et du chômage des citoyens a fortement contribué au déclin et à la chute de l'Empire romain. Cette dynamique engendra une instabilité économique et des troubles sociaux, l'afflux d'esclaves déplaçant les travailleurs libres et entraînant une pauvreté généralisée.

Dans son Histoire romaine, Dion Cassius (163-235) observe les troubles sociaux causés par l'esclavage et le chômage, en écrivant : "La plèbe, exclue de tout emploi par le nombre considérable d'esclaves, tomba dans l'oisiveté, la pauvreté et le vice."

Cette évolution affaiblit également la base économique et la puissance militaire de l'empire, en réduisant le nombre de citoyens capables de servir dans l'armée, tout en érodant les valeurs romaines traditionnelles et en grevant les ressources, ce qui finit par miner la cohésion sociale et la résistance aux menaces extérieures.

La lourdeur des impôts et l'inflation ont largement contribué au déclin et à la chute de l'Empire romain. Ce phénomène a été amplifié par l'avilissement de la monnaie initié par Néron, qui conduisit à une inflation galopante.

Dans son ouvrage Sur l'ambassade auprès de Gaius, Philon d'Alexandrie (20 av. J.-C. - 45 ap. J.-C.) commente la situation financière désastreuse de l'empire en écrivant : "En effet, lorsqu'il faut payer des impôts, les percepteurs n'ont pas honte de recourir à la violence et à l'extorsion, et ils n'ont aucun respect pour les lois ou pour la justice."

Cette fiscalité oppressive, combinée aux pressions inflationnistes, a affaibli les fondements économiques de l'empire, érodé la confiance du public et rendu Rome vulnérable aux menaces extérieures et à l'instabilité interne en dépouillant les familles romaines de leur richesse et de leur dignité.

La corruption gouvernementale et l'instabilité politique ont largement contribué au déclin et à la chute de l'Empire romain, car la corruption endémique, le détournement de fonds et le népotisme ont érodé la confiance du public et affaibli la gouvernance.

Dans ses Annales, Tacite (58-120) décrit l'état de la corruption et de l'instabilité politiques en écrivant : "C'était l'époque où les esclaves de chacun étaient corrompus, où la maison de chaque riche était dans un état d'anarchie."

L'ingérence de la garde prétorienne dans la succession impériale, combinée à des structures de pouvoir régionales contestant l'autorité centrale, a créé une incertitude constante et des divisions internes qui rendirent Rome vulnérable aux menaces extérieures.

 



Dans sa Vie de Sulla, Plutarque (44-125) révèle la descente des Romains dans l'efféminement, en écrivant : "Les Romains, qui avaient été autrefois invincibles à la guerre, étaient maintenant amollis par le luxe et l'indolence, et n'étaient plus capables de supporter les épreuves de la guerre. Ils devinrent ainsi la proie de leurs ennemis, enhardis par leur faiblesse."

 


 

L'effondrement de la population dû à la baisse des taux de natalité et aux maladies contribua en outre, de manière significative, au déclin et à la chute de l'Empire romain, en particulier à la suite de la peste dévastatrice sous les Antonins (96-192) qui, selon les estimations, tua 15 % de la population.

Dans ses Anecdotes, Procope (500-565) observe l'effondrement de la population romaine et écrit : "Ainsi l'empire, qui avait été construit par la vertu, fut détruit par le vice. En effet, le peuple s'était tellement corrompu qu'il ne se souciait plus de son propre bien-être ni de celui de ses enfants. Ils étaient non seulement indifférents à leur propre sécurité, mais aussi à celle de l'État."

Cette crise démographique, amplifiée par les pratiques contraceptives, entraîna une pénurie de main-d'œuvre et une instabilité économique qui finirent par compromettre la puissance militaire de l'Empire romain et sa capacité à défendre ses territoires.

 



L'importance accordée au divertissement, notamment par le biais de spectacles tels que les courses de chars et les jeux de gladiateurs, contribua au déclin et à la chute de l'Empire romain en détournant l'attention du peuple des questions sociales et politiques urgentes.

Dans ses Satires, Juvénal (fin 1er s.  - début 2e s.) résume ce déclin moral en écrivant : "Le peuple a renoncé à ses devoirs. Tout se retient et n'espère plus que deux choses : du pain et des jeux." Ce phénomène, souvent appelé "pain et cirque", consistait à fournir des prestations sociales et des divertissements extravagants pour apaiser les masses, favorisant ainsi une culture de la dépendance et de l'apathie parmi les citoyens.

En investissant davantage de ressources dans ces spectacles pour gagner en popularité, les empereurs négligeaient les besoins essentiels en matière de gouvernance et d'armée, ce qui a affaibli les structures de l'État et accru sa vulnérabilité face aux menaces extérieures.

Les invasions barbares ont largement contribué au déclin et à la chute de l'Empire romain. Ces invasions ont déstabilisé le pouvoir et l'autorité des gouvernements provinciaux et ont entraîné un pillage et un chaos généralisés.

Dans ses Res GestaeAmmien Marcellin (330-395) souligne les effets dévastateurs des invasions barbares continues, en écrivant : "Les Goths et d'autres tribus ont franchi nos frontières. Ils ont dévasté nos terres par le feu et l'épée, et réduit nos villes en cendres."

À mesure que les défenses de l'empire s'affaiblissaient, des groupes barbares s'installaient sur le territoire romain, épuisant les ressources, perturbant le commerce, érodant la confiance dans les dirigeants et fragmentant finalement l'Empire romain d'Occident en royaumes barbares émergents.

 

 

Enfin, l'abandon des vertus romaines traditionnelles a conduit au déclin et à la chute de l'Empire romain, l'expansion et la richesse ayant érodé les valeurs de discipline, de devoir et de responsabilité civique qui définissaient autrefois la société romaine - connue sous le nom de Mos Maiorum.

Dans son AgricolaTacite (58-120) décrit les effets de l'abandon de la vertu romaine traditionnelle, en écrivant : "Pas à pas, ils ont été conduits à des choses qui prédisposent au vice, le salon, le bain, le banquet élégant. Tout cela, dans leur ignorance, ils l'appelaient civilisation, alors que ce n'était qu'une partie de leur servitude."

 



En abandonnant les vertus romaines traditionnelles qui ont fait la grandeur des Romains, la famille et la légion ont été affaiblies, ce qui a finalement conduit à l'effondrement de l'empire tout entier.

 

 

Le déclin et la chute de l'Empire romain constituent une mise en garde pour la civilisation occidentale.

Une fois que l'Occident abandonne les vertus et les traditions qui ont fait sa grandeur, l'effondrement est inévitable, car l'effondrement moral précède toujours l'effondrement civilisationnel.

 


Cf. https://x.com/IMPERATORAUS/status/1908266486038487245

La civilisation occidentale est-elle au bord de l’effondrement ?

***

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31 mars 2025 1 31 /03 /mars /2025 19:59

Du philosophe et poète russe Vladimir Soloviev (1853-1900) :

 

"Aucune argumentation ne peut venir à bout de l'évidence qu'en dehors de Rome, il n'existe que des églises nationales comme l'église arménienne ou grecque, des églises d'état comme la russe ou l'anglicane, ou encore des sectes fondées par des individus comme les luthériens, les calvinistes, les irvingites, et ainsi de suite.

 

L'Église catholique romaine est la seule église qui ne soit ni une église nationale, ni une église d'État, ni une secte fondée par un homme ; c'est la seule église au monde qui maintienne et affirme le principe de l'unité sociale universelle contre l'égoïsme individuel et le particularisme national ; c'est la seule église qui maintienne et affirme la liberté du pouvoir spirituel contre l'absolutisme de l'État ; en un mot, c'est la seule église contre laquelle les portes de l'Hadès n'ont pas prévalu."

 

Vladimir Soloviev, "L'Église russe et la papauté" (1889)

 

Vladimir Soloviev : L'Église catholique romaine est la seule église qui ne soit ni une église nationale, ni une église d'État, ni une secte fondée par un homme

Cf. https://x.com/JoshuaTCharles/status/1906780191739052137

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14 février 2025 5 14 /02 /février /2025 08:20

Les Wisigoths sont arrivés dans la province romaine d'Hispanie au début du Ve siècle, remplaçant la domination romaine décadente. Tolède était la capitale du royaume.

Wisigoths en Espagne au VIe siècle

Wisigoths en Espagne au VIe siècle

En 710 après la mort de Wittiza, les nobles s'opposent à la transmission héréditaire de la couronne et élisent Rodrigo comme roi. Agila n'accepte pas les élections, et déclenche une guerre civile dans laquelle les nobles demandent l'aide des musulmans.

 

En l'an 711, profitant de la désunion des Wisigoths, le général musulman Tariq Ibn Ziyad  débarque avec une armée d'Arabes et de Berbères à Algésiras. Il affronte le roi Rodrigo dans les environs de la rivière Guadalete (Cadix, Andalousie) où il obtient une victoire écrasante. Les Arabes conquièrent toute la péninsule ibérique, à l'exception du Royaume des Asturies au Nord. On dit que Rodrigue fut trahi par Oppas, évêque de Séville, son frère Sisberto et d'autres partisans de Witiza. Don Rodrigo mourut dans la bataille et certains historiens indiquent que Pélage (Pelayo) était son cousin et chef de la garde personnelle du roi.

Cf. https://x.com/HumbleFlow/status/1889411112837210537/photo/1

Cf. https://x.com/HumbleFlow/status/1889411112837210537/photo/1

La conquête semble totale. Le roi wisigoth, Rodéric, est tué au combat. La noblesse restante s'enfuit ou se soumet. Mais dans les montagnes escarpées des Asturies, un homme refusa de se rendre : Pelayo. 

 

Il rassembla un petit groupe de guerriers, déterminés à résister.

Le gouverneur omeyyade d'al-Andalus, Al-Qama, ne voyait en Pelayo qu'une simple nuisance.

Le gouverneur omeyyade d'al-Andalus, Al-Qama, ne voyait en Pelayo qu'une simple nuisance.

Pélage avait moins de 300 hommes. Mais il avait quelque chose de plus puissant que le nombre : le terrain et la conviction que Dieu était de son côté.

Pélage le Conquérant (Pelayo), roi des Asturies. Début de la Reconquista

Pelayo était un noble wisigoth, fils du duc Favila — Faffila —. 

En raison d'intrigues au sein de la noblesse wisigoth, le roi Wittiza (701-710) complota pour assassiner son père. Pelayo fuit vers les Asturies, où il avait des amis ou de la famille.

Plus tard, ne se sentant pas en sécurité dans la péninsule, il se rendit en pèlerinage à Jérusalem. Il y resta jusqu'à la mort de Witiza et l'intronisation de Rodrigo (710-711), dont il était un partisan. Avec lui, il occupa le poste de comte d'espatarios ou de garde du roi et, à ce titre, il combattit à la bataille de Guadalete en avril ou mai de l'année 711. Après la bataille, il se réfugia à Tolède et, lorsque la ville tomba (714), tandis que d'autres s'enfuyaient en France, il retourna dans les Asturies, en gardant le trésor du roi wisigoth.

http://reyesmedievales.esy.es/asturiaspelayo.htm

http://reyesmedievales.esy.es/asturiaspelayo.htm

Pelayo occupait la fonction de spatien, garde personnelle du dernier roi wisigoth Don Rodrigo.

Cependant ce fait ait été remis en question par certains historiens, surtout après la publication des travaux d'Abilio Barbero et de Marcelo Vigil sur le sujet : il serait paradoxal que les Astures, qui s'étaient rebellés contre la domination gothique au temps du roi Wamba, d'accepter comme chef de la nouvelle lutte contre les musulmans un aristocrate ennemi, appartenant à un peuple qui, vingt ans auparavant seulement, avait soumis les Asturies. D'autre part, même les régions les plus romanisées, comme la Bétique et le Tarraconense opposèrent une sérieuse résistance à l'effondrement du royaume wisigoth, et la majeure partie de l'aristocratie wisigothe, représentée par des comtes comme Teodomiro ou Cassio, accepta la nouvelle domination Omeyyade en échange du maintien de son statut. Même la veuve de Rodrigo, Egilona, ​​​​a été prise comme épouse par l'un des chefs des envahisseurs, Abd al-Aziz, premier vali d'Al-Andalus. Les premières chroniques asturiennes, comme l'Albeldense, n'incluent pas la généalogie de Pelayo, bien qu'elles le déclarent fils du duc Faffila, d'ascendance gothique. Les premiers documents qui retracent un supposé arbre généalogique de Pelayo qui ferait de lui un descendant de Chindasvinto (comme l'Estoria générale d'Espagne écrite par le roi Alphonse X le Sage) datent de cinq siècles après les événements. En ce sens, l'idéologie néo-gothique qui a imprégné les règnes des rois des Asturies Alphonse II et Alphonse III a progressivement déformé les origines du royaume des Asturies : elle aurait visé à relier les origines du royaume des Asturies à l'État wisigoth, afin de légitimer les aspirations impériales des rois de León et de Castille. 

 

En fait, l'anthroponyme Pelayo n'est pas germanique (comme le sont tous les noms des rois wisigoths), mais dérive plutôt du grec Perugius  (marin en latin, un nom commun dans le nord-ouest de l'Hispanie à son époque), ce qui indiquerait une origine hispano-romaine du personnage. De plus, ce prénom était largement utilisé par les habitants du nord-ouest de l’Hispanie. Enfin, la transmission du pouvoir au sein de la monarchie asturienne se faisait selon des règles d'origine celtique, résidus d'une structure matriarcale antérieure : ainsi, l'épouse transmettait souvent les droits héréditaires à son mari, comme dans le cas des rois Alfonso I et Silo, qui accédèrent au pouvoir grâce à leurs épouses Ermesinda et Adosinda, toutes deux issues de la famille de Pelayo. Ce n'est que plus tard, à partir de Ramiro Ier des Asturies (842-850), que la succession en ligne patrilinéaire s'est définitivement imposée.(1)

 

Les historiens récents supposent que Pelayo était d'origine gothique avec de fortes racines familiales parmi les Asturiens, étant connu par les clans qui habitaient ces montagnes. 

Il y a ceux qui supposent que le duc Favila (père de D. Pelayo) appartenait à la lignée des rois Recesvinto et Chindasvinto, et qu'il possédait le duché de Cantabrie et les terres asturiennes, où Pelayo aurait vécu, en effet les chroniques attribuent des possessions de Pelayo à Siero et Piloña.
Pour cette raison, il est très probable qu'après la défaite de la bataille de Guadalete, au lieu de fuir à Narbonne (France) comme la majorité, il a fui vers les Asturies où il avait vécu et avait des parents, des amis...
Et Pelayo fut proclamé roi. (2)

 

Les premières incursions arabes dans le nord furent celles de Muza entre les années 712 et 714.

Ils entrèrent dans les Asturies par le port de Tarna, remontèrent le fleuve Nalón et prirent Lucus Asturum (Santa María de Lugo de Llanera) puis Gijón, où ils laissèrent la charge au gouverneur Munuza.

Les familles dominantes du reste des villes asturiennes capitulèrent et probablement aussi la famille Pelayo.

 

En 718, une première révolte dirigée par Pelayo eut lieu (apparemment parce que Munuza avait épousé de force sa sœur Adosinda), qui échoua. Pelayo a été arrêté et envoyé à Cordoue. Cependant, il parvient à s'échapper et à retourner dans les Asturies, où il mène un deuxième soulèvement et se réfugie dans les montagnes de Covadonga et Cangas, où la résistance se poursuit.

Il est objectivement inconcevable que, malgré sa nette infériorité, le Royaume des Asturies ait réussi à survivre.

José Javier Esparza, La grande aventure du royaume des Asturies, 2009

En 719, les Omeyyades envahirent la Septimanie, province de Narbonne, et commencèrent à attaquer l'Aquitaine franque.

 

 

En 721, ils assiégeaient Toulouse, l'un des bastions les plus redoutables de la Gaule. Mais cela se termina dans un désastre pour eux. Après trois mois d'attaques mauresques peu concluantes, le duc Othon (Eudes) d'Aquitaine défia les musulmans dans une attaque hardie et annihila leur force dans la bataille de Toulouse qui suivit.

 

La défaite contraint Al-Kalbi, le nouveau gouverneur d'Al-Andalous de trouver un moyen de remontrer le moral de ses troupes. Il décida que réprimer la rébellion dans les Asturies permettrait d'atténuer la défaite de Toulouse.

 

Les forces omeyyades dirigées par les commandants Al-Qama et Munuza entrèrent sur les terres montagneuses des Asturies au début de l'été 722.

 

Année 722, Pelayo, noble wisigoth né en Cantabrie, premier roi des Asturies, chef des rebelles asturiens, rassemble une armée.

 

Pelayo au courant de l'importance des effectifs musulmans évita la bataille rangée. Il établit la bataille à Covadonga (722), un lieu stratégique dans les montagnes des Picos de Europa, à l'entrée d'une vallée étroite près de Covadonga.

 

L'armée musulmane partit de Gijon, sous le commandement d'Al Qama, avec l'ordre de réprimer la résistance des Asturies.

 

Quand Al-Qama arriva dans la région, il envoya un émissaire à Pélage, réclamant sa reddition. Pélage refusa.

 

Al-Qama, bien que probablement conscient de la probabilité d'une embuscade fit marcher ses meilleurs hommes dans la vallée étroite. L'étroitesse du col devait empêcher les forces musulmanes d'utiliser leur supériorité numérique.

 

Le gouverneur omeyyade d'al-Andalus, Al-Qama

 

Al-Qama commandait entre 1000 et 3000 soldats. Pelayo commandait 300 asturiens et wisigoths.

 

Pelayo tira parti du terrain montagneux et plaça ses hommes en positions élevées pour tendre une embuscade. Les asturiens lancèrent des pierres, des flèches et d'autres projectiles depuis les hauteurs, surprenant et désorganisant les musulmans. 

 

Le reste de l'armée de Pélage cachée dans des grottes voisines attendit que le moment soit venu pour frapper dans une attaque brutale les envahisseurs.

 

Les musulmans tentèrent de se réorganiser et de contre-attaquer, mais le terrain difficile limita leurs mouvements.

 

Al-Qama ordonna une retraite mais l'indiscipline et l'incapacité à manoeuvrer dans la vallée étroite permirent à Pélage de massacrer la majorité des envahisseurs. Seule une poignée réussit à s'en tirer.

 

Al-Qama mourut au combat.

 

 

Le désordre s'intensifia parmi les troupes en retraite. Selon certains rapports, une poignée de survivants ont fui vers le sud, avant d'être avalés par une avalanche, ce qui a été considéré par la suite comme une intervention divine.

 

Le nombre exact de pertes est inconnu, mais on sait que ce n'était pas un bon jour pour les musulmans.

 

D'après certains chroniqueurs comme Al-maqquari, seuls dix hommes survécurent du groupe initial de Pelayo (3) (4).

 

La nouvelle de la victoire se répandit.

 

Pelayo consolida le contrôle sur les Asturies et se déclara chef d'un territoire indépendant. Il est élu roi des Asturies, fondant ainsi le premier royaume chrétien d'Espagne.

 

Covadonga encouragea d'autres peuples chrétiens du nord à résister à la domination musulmane. Et le royaume des Asturies devint un refuge sûr pour tous les chrétiens d'Al-Andalus cherchant protection.

 

Basilique de Covadonga

Basilique de Covadonga

Au cours des siècles suivants, les Asturies se sont étendues, inspirant de nouveaux royaumes chrétiens - Léon, Castille et Aragon - à se joindre à la lutte.

 

La Reconquista chrétienne commençait dans la péninsule

 

La résistance de Pélage préserva l'indépendance chrétienne en Ibérie et est considérée comme le premier acte d'un combat multiséculaire qui est devenu la Reconquista, la "reconquête" de l'Espagne. 

https://www.esferalibros.com/libros/don-pelayo/

https://www.esferalibros.com/libros/don-pelayo/

Basilique de Covadonga (1877-1901), aux alentours de laquelle, disent les chroniques, chrétiens et musulmans se sont battus en grand nombre. Cf. https://www.senderismoenasturias.es/reino.htm

Basilique de Covadonga (1877-1901), aux alentours de laquelle, disent les chroniques, chrétiens et musulmans se sont battus en grand nombre. Cf. https://www.senderismoenasturias.es/reino.htm

Les chroniques disent qu'après la défaite de Covadonga, Munuza s'enfuit avec ses forces, probablement par crainte que les habitants de Gijón ne se joignent à la révolte, ou par crainte que les troupes asturiennes qui avaient vaincu ses propres troupes ne lui donnent accès à la ville. Cependant, de nombreux villageois cantabres prirent les armes et attaquèrent les troupes restantes des Omeyyades venues en renfort, leur infligeant de lourdes pertes et rendant leur retraite longue et délicate au sein de ce labyrinthe de montagnes. Ils couvrirent près de 50 km à pied durant deux jours et deux nuits, sans cesse en butte aux embuscades. Après avoir abandonné la ville, Munuza tenta de quitter les Asturies par le port de La Mesa, tandis que les troupes victorieuses de Covadonga effectuaient des marches forcées pour lui couper la fuite vers le plateau, Munuza et ses troupes furent de nouveau vaincus et Munuza finit par trouver la mort près du village de Olalíes (Sainte Eulalie), l'actuelle Conseil de Santo Adriano. 

 

Lorsque la nouvelle de la prise de Gijón se répandit dans les pays musulmans, de nombreux chrétiens rejoignirent l'armée de Pelayo.

 

Ce sera le gendre de Pelayo, Alfonse I, fils de Pierre de Cantabrie, qui laissera des traces historiques des batailles de Pelage, notamment avec les conquêtes de la Galice en 740 et de León en 754.

Le premier drapeau des Asturies. Les Asturies adoptent la Croix comme bannière et la religion marque la différence entre l'Espagne maure de 711 et l'Espagne chrétienne qui résiste à l'invasion. Cf. https://www.senderismoenasturias.es/reibander.htm

Le premier drapeau des Asturies. Les Asturies adoptent la Croix comme bannière et la religion marque la différence entre l'Espagne maure de 711 et l'Espagne chrétienne qui résiste à l'invasion. Cf. https://www.senderismoenasturias.es/reibander.htm

Il est à noter que les musulmans étaient plus intéressés à s'étendre à travers la France, et à avancer vers le centre de l'Europe jusqu'aux batailles de Toulouse et de Tours où Charles Martel stoppa leur course vers le centre de l'Europe, qu'à dégager l'arrière des petits royaumes hostiles qui étaient isolés avant l’avancée musulmane.

Pélage le Conquérant (Pelayo), roi des Asturies. Début de la Reconquista

Le roi Pelayo mourut à Cangas de Onís, où il avait sa cour, en 737. Après sa mort, son corps fut enterré dans l'église de Santa Eulalia de Abamia , située dans la ville asturienne d'Abamia, où son épouse, la reine Gaudiosa, avait été enterrée auparavant. Dans l'église, du côté de l'Épître, on conserve encore aujourd'hui le tombeau vide qui contenait les restes du roi, et en face, le tombeau qui contenait les restes de l'épouse de Don Pelayo. Le chroniqueur Ambrosio de Morales rapporte dans son œuvre qu'Alphonse X le Sage, roi de Castille et de León, ordonna que les restes du roi Pelayo et ceux de son épouse soient transférés dans la Sainte Grotte de Covadonga.

 

Dans une cavité naturelle de la Santa Cueva de Covadonga, et insérée dans un monticule de pierre, reposent actuellement les restes du roi Don Pelayo, ceux de son épouse et ceux d'Ermesinda, la sœur du roi. L'inscription suivante est gravée sur le tombeau :

 

ICI REPOSE LE SEIGNEUR ROI DON PELAIO, ÉLU L'AN 716 QUI DANS CE BASSIN MIRACULEUX A COMMENCÉ LA RESTAURATION DE L'ESPAGNE BANNIE PAR LES MAURES ;

IL EST DÉCÉDÉ EN 737 ET ACCOMPAGNE SS MÈRE ET SŒUR

En Syrie, en 1995, on a parlé de Pelayo, "un âne non civilisé venu des montagnes qui a vaincu les musulmans". C’est un exemple de l’importance accordée à l’événement et de la manière dont il a été perçu au sein du monde musulman.

Royaumes hispaniques, lors de la découverte du tombeau de Santiago Apóstol (année 814). Cf. https://www.senderismoenasturias.es/reino.htm

Royaumes hispaniques, lors de la découverte du tombeau de Santiago Apóstol (année 814). Cf. https://www.senderismoenasturias.es/reino.htm

Douze rois asturiens succédèrent au roi Pelayo, pendant deux siècles, au cours desquels le Royaume connut des problèmes, mais parvint à étendre son territoire, dans toute la bande cantabrique et plus au sud, jusqu'à atteindre les fleuves Duero et Mondego à la fin du règne d'Alphonse III le "Grand", en 910. 

Arbre généalogique des rois du royaume des Asturies , où manque le dernier roi Alphonse III, asturien de bout en bout, bien qu'il ait finalement déplacé la cour à León, pour des raisons d'État.

Arbre généalogique des rois du royaume des Asturies , où manque le dernier roi Alphonse III, asturien de bout en bout, bien qu'il ait finalement déplacé la cour à León, pour des raisons d'État.

La légende raconte qu'après la bataille de Covadonga, Pelayo reçut une croix en bois avec laquelle il remporterait la victoire sur les envahisseurs musulmans grâce à l'intervention divine. 


Cette croix était jalousement gardée par les descendants de Pelayo, d'abord dans l' église de Santa Cruz de Cangas de Onís et plus tard dans la Sainte Chambre d'Oviedo, étant "la croix de la Victoire" , recouverte d'or et de pierres précieuses et offerte au cathédrale d'Oviedo, par le roi Alphonse III et son épouse Jimena en 908.

Sous Alphonse Ier le Catholique (739-756), la monarchie asturienne se consolide, profitant d'un moment de crise parmi les ennemis islamiques, auxquels furent confrontés les Berbères d'Afrique du Nord (que les musulmans traitaient comme les autres, bien qu'ayant combattu à leurs côtés) et les Baladís d'origine arabe orientale, les Maures se battant entre eux, ce qui les amena à abandonner le Nord.

 

Une colonisation de la Galice, de León et de la Castille du Nord la Vieja (Bardulia) commence, qui prend comme symbole ou signe d'identité du royaume la Croix Chrétienne ou Croix de la Victoire, qui unit les territoires du nord.

 

Alphonse créa un désert stratégique ou défensif entre le Royaume des Asturies et le Royaume musulman du sud "Champs Gothiques" (une zone de la Vieille Castille), en évitant les attaques surprises, pour cela il pilla et dévasta une vaste zone entre les deux royaumes, tuant les musulmans et amenant les Mozarabes chrétiens de ces terres vers le nord, qui furent repeuplées, il restaura les anciennes forteresses du nord dans des zones stratégiques, comme Pajares, La Mesa , La. Bureba (Burgos), La Rioja, etc.

 

Il fit la guerre aux Sarrasins accompagné de son frère Fruela Pérez, élargissant ainsi le territoire. Il ordonna la construction du premier sanctuaire dans la grotte de Covadonga et du monastère de San Pedro de Villanueva, sur le versant de la montagne où mourut Favila, ses conquêtes s'étendant de la côte cantabrique jusqu'au sud du fleuve Duero.

 

Il dépeupla les terres conquises sur le plateau castillan, pour établir un "désert stratégique" et emmena ses habitants vers le nord, incorporant Liébana, Trasmiera, Vardulias et la zone côtière de Galice dans son royaume. (5)

Alphonse II "Le Chaste" (791-842), dernier descendant direct de Pelayo qui occupa le trône du royaume des Asturies, vécut jusqu'en 842, soit 83 ans; c'est l'un des règnes les plus longs de l'histoire de l'Espagne, ce qui lui permet de réaliser un programme politique, consolidant et organisant à la fois le royaume et l'Eglise, créant le siège métropolitain d'Oviedo, avec ADAULFO, premier évêque d'Oviedo, une évocation du modèle de la ville royale de Tolède, d'une conception urbaine, avec des églises et des palais, des thermes, la construction de murs de protection pour la population et des symboles de la ville comme des palais, bureaux administratifs, etc.

 

Il construisit des temples (à Compostelle la première église sur laquelle se trouve la cathédrale actuelle, à Oviedo San Salvador avec de la pierre et de la chaux ; basilique de San Tirso... etc.), des ouvrages admirables. Dans la première moitié du IXe siècle, il fit construire dans son palais une chapelle qui devint plus tard la Chambre Sainte (patrimoine mondial) lorsque les reliques de Jérusalem y furent déposées, améliorées et embellies au XIIe siècle.

 

C'est une époque qui coïncide avec la découverte du tombeau de l'apôtre Saint-Jacques, près d'Iria Flavia en 810.

 

Il fit face aux attaques musulmanes les plus dures, gardant les frontières intactes.

Pélage le Conquérant (Pelayo), roi des Asturies. Début de la Reconquista

En 825, il écrasa deux armées de musulmans sur les terres galiciennes, consolidant son royaume et, se sentant en sécurité, il commença la recherche du tombeau de l'Apôtre, qu'il soit réel ou non, ce fait cache une manœuvre politique qui renforce le royaume et l'indépendance religieuse (Compostelle) face à l'église mozarabe de Tolède.


Il échangea des ambassadeurs avec Charlemagne et se maria tardivement, grandement influencé par lui. Dans la mémoire historique du Royaume, le panthéon des rois d'Oviedo est l'un des plus anciens d'Occident...

 

Sous Alphonse II, la croix devient un "symbole et une image du pouvoir royal".

 

Alphonse II chercha une alliance avec l'empereur franc Charlemagne, pour unir leurs forces contre l'ennemi musulman commun. En 795, après sa victoire à Lutos sur le général arabe Abs al-Malik ben Mugait et son armée, eut lieu la première rencontre documentée entre les envoyés de Charlemagne (742-814) et Alphonse II, dont on parle dans "La Vie de Louis le Pieux", écrit en 840, par un auteur connu sous le nom de "l'Astronome", après avoir offert des cadeaux et un pacte d'amitié.

 

Alphonse II favorisa la construction de monuments préromans et de pièces d'orfèvrerie, etc. Certains d'entre eux sont conservés :

San Julián de los Prados ou Santullano à Oviedo. Site du patrimoine mondial
L'église de San Tirso à Oviedo, à côté de la cathédrale.
L'église de Santa María de Bendones.
Église de San Pedro de Nora (Las Regueras).
Chambre Sainte d'Oviedo. Site du patrimoine mondial
L'Arche Sainte
La Croix des Anges. En 808, Alphonse II fit don de la Croix de Los Angeles à l'église de San Salvador d'Oviedo, conservée dans la Sainte Chambre (site du patrimoine mondial).

 

L'épitaphe qu'Alphonse II avait gravée dit : "Celui qui a tout fait en paix, reposait en paix". Il est censé faire référence à votre paix intérieure...

Sous Ramire Ier, Roi des Asturies (842-850), lors de la bataille de Clavijo en 844 les forces chrétiennes contre les Maures d'Al-Andalus, au bord de la défaite, Ramiro pria la nuit. Et dans son sommeil, il eut une vision. Saint Jacques le Majeur lui apparut. L'un des douze apôtres, martyrisé à Jérusalem, évangélisateur de l'Hispanie, enterré à Compostelle. Il dit : "Sortez demain. Le Seigneur vous accordera la victoire. Je descendrai du ciel pour combattre à vos côtés."

 

 

Pélage le Conquérant (Pelayo), roi des Asturies. Début de la Reconquista

Le lendemain, alors que la bataille commençait, les Maures se précipitèrent en avant. Mais ensuite ils se sont arrêtés. Car au-dessus du champ de bataille chevauchait un chevalier céleste, dans une armure blanche brillante, sur un cheval blanc, avec une épée de feu. Saint Jacques était venu. 

Il chargea dans la bataille, les hommes criant :  "Santiago ! Santiago ! Santiago !", perçant les rangs ennemis. ralliant les chrétiens, terrifiant les Maures.  Ce qui aurait dû être un massacre devint un miracle. Les envahisseurs fuirent.  L'Hispanie était sauvée.

Il chargea dans la bataille, les hommes criant : "Santiago ! Santiago ! Santiago !", perçant les rangs ennemis. ralliant les chrétiens, terrifiant les Maures. Ce qui aurait dû être un massacre devint un miracle. Les envahisseurs fuirent. L'Hispanie était sauvée.

Mais dès 776, on trouvait déjà cette idée que St Jacques devait défendre les chrétiens contre les musulmans dans les Commentaires de l'Apocalypse de Beatus, un personnage influent de la cour des Asturies.

Alphonse III "le Grand" (866-910)

fut l'un des rois les plus importants de l'histoire de l'Espagne, le dernier roi des Asturies, où reposent ses restes. 
Il promeut le faste culturel, avec la publication d'études historiographiques, encouragée par la cour. Le cycle des chroniques asturiennes d'Alphonse III comprend trois pièces :

  • La Chronique d'Albeldense
  • La Chronique prophétique
  • Et la Chronique d'Alphonse III dans ses deux versions :. le Rotense et l'annonce Sebastianum.

Il épousa la Navarraise Jimena et combattit à de nombreuses reprises contre les musulmans, remportant de nombreuses batailles.
Pendant son règne, l'idée de la reconquête de l'ancien royaume wisigoth de Tolède, détruit par l'invasion musulmane, fut formulée comme un programme politique, un projet qui fut maintenu pendant des siècles jusqu'à la récupération totale de tout le territoire espagnol.

En 908, Alphonse III fit don de la Croix de la Victoire, réalisée dans le château de Gauzón, à l'église de San Salvador d'Oviedo. À l'intérieur, sont conservés les restes de la croix que Pelayo portait à Covadonga.

En 1492, le dernier bastion musulman en Espagne, Grenade, tombera aux mains du roi Ferdinand et de la reine Isabelle.

Pélage le Conquérant (Pelayo), roi des Asturies. Début de la Reconquista

Aujourd'hui, Covadonga est un symbole de résistance et de foi.  

Pélage le Conquérant (Pelayo), roi des Asturies. Début de la Reconquista

Si Pelayo avait échoué, l’Espagne serait-elle redevenue chrétienne ? L’Europe serait-elle restée la même ? (6)

Pélage le Conquérant (Pelayo), roi des Asturies. Début de la Reconquista

***

Sources

 

(1) Harold S. WHITMORE, Légendes de guerre, Les 100 batailles qui ont changé l 'histoire

https://www.tiktok.com/@legendesdeguerre/photo/7432237249753894177?is_from_webapp=1

(2) https://www.senderismoenasturias.es/reipelayo.htm

(3) Teresa GARULO, « Notas sobre muyun en al-Andalus. El capítulo VII del Nafh al-tib de al-Maqqari [archive] », Madrid, Complutense University of Madrid, 

Maria Dolores RODRÍGUEZ GÓMEZ et Antonio PELÁEZ ROVIRA BÁRBARA BOLOIX GALLARDO, "Saber y poder en al-Andalus Ibn al-Jatib (s. XIV)", Ediciones El Almendro Biblioteca Viva de al-Andalus – Fundación Paradigma Córdoba, Córdoba,‎ 

https://x.com/HumbleFlow/status/1889411334233612686

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24 janvier 2025 5 24 /01 /janvier /2025 00:00
Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 62.

Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 62.

Rien n'est plus fort que la douceur ; rien n'est plus doux que la vraie force.

St François de Sales

François de Sales naquit au château de Sales, en Savoie, en 1567. Issu d’une vieille famille aristocratique du duché de Savoie, il choisit le chemin de la foi. Consacrant sa vie à Dieu, il renonça à tous ses titres de noblesse. Le futur saint était l'aîné de six frères et sœurs.

 

Lors de son baptême, il reçut le prénom de "François" en vénération pour François d'Assise.

 

Après ses premières années d'études, on l'envoya au collège des jésuites à Paris.

 

François aimait aller prier devant l'image de Notre-Dame de Bonne-Délivrance, dans l'église aujourd'hui détruite de Saint-Étienne des Grès à Paris; ce fut là qu'il fit voeu de chasteté, et qu'il recouvra miraculeusement la paix de son âme, troublée par une horrible tentation de désespoir. En souvenir sera érigée en 1692 une chapelle Saint-François-de-Sales dans cette église (l'une des plus anciennes églises de Paris, fondée par Saint Denis, qui, malheureusement, sera détruite par les vandales révolutionnaires en 1792).

 

Après avoir fait son droit à Padoue, François embrassa l'état ecclésiastique. [1]

Saint François de Sales, évêque et Docteur de l'Eglise (+1622) Nommer ce saint, c'est personnifier la vertu de douceur ; il fut le saint aimable par excellence et, sous ce rapport particulièrement, le parfait imitateur de Celui qui a dit : "Apprenez de Moi que Je suis doux et humble de cœur." [2]

 

"Écartant le rigorisme desséchant d'une certaine Église, ce grand maître fut, comme d'aucuns l'ont dit, le 'saint de la douceur de Dieu', indulgent à l'égard de la faiblesse humaine, en un temps où le Dieu des chrétiens était encore le Dieu de l'Ancien Testament." [3]

 

Jeune homme, il mena la vie des anges. Prêtre, il se montra digne émule des plus grands apôtres, par ses travaux et par les innombrables conversions qu'il opéra parmi les protestants. Évêque, il fut le rempart de la foi, le père de son peuple, le docteur de la piété chrétienne, un Pontife incomparable. 

 

"On disait communément, écrit sainte Jeanne de Chantal, qu'il n'y avait pas de meilleur moyen de gagner sa faveur que de lui faire du mal, et que c'était la seule vengeance qu'il sût exercer." -- "Il avait un cœur tout à fait innocent, dit la même sainte ; jamais il ne fit aucun acte par malice ou amertume de cœur. Jamais on n'a vu un cœur si doux, si humble, si débonnaire, si gracieux et si affable qu'était le sien."

 

Les armes de François de Sales étaient celles de l'amour. C'est d'ailleurs l'une de ses devises : 

 

Rien par force, tout par amour.

François de Sales incarna de façon exemplaire, au cours d'une existence souvent harassante, les plus hautes vertus évangéliques au point d'être appelé le Docteur de l'amour. [4]
 

 

Reconstituons le contexte historique quelques années avant la prise de fonction de François. Berne, en Suisse, qui s'était déclaré pour la Réforme en 1528, dépêcha plusieurs "évangélistes" à Genève en 1530 (tels que Ami Perrin, Malbuisson, Clauder Roger et surtout Farel). La religieuse Jeanne de Jussie, du couvent de Sainte-Claire, relata ainsi les troubles qui secouèrent Genève à partir de l'arrivée des troupes et des "évangélistes" bernois : "Et le jour de Monsieur Saint François (d'Assise), un mardi [1530], à dix heures du matin, arrivèrent à Morges les fourriers des Suisses pour prendre logis pour l'armée. Le mercredi, jeudi et vendredi, arrivèrent les troupes des deux cantons de Berne et Fribourg, audit Morges, et firent de grands maux... ils commencèrent à piller, dérober, à fourrager les pauvres gens, et ne laissèrent blé, vin, chair ni meubles par les maisons et châteaux des nobles, et puis brûlèrent tout, qui ne fut pas petite perte... Non contents encore, ces hérétiques rompirent la sacristie et toutes les armoires... et prirent tous les ornements qu'ils trouvèrent et emportèrent tout avec l'horloge du couvent, toutes les couvertures et linges des frères, tellement qu'il ne resta chose aucune... Et tous les prêtres [catholiques] qu'ils trouvaient portant longue robe la leur ôtaient, les dépouillaient et battaient, à toutes les images qu'ils trouvaient tant en plate peinture (fresque) qu'en tableaux, ils leurs crevaient les yeux avec la pointe de leurs piques et épées, et crachaient contre... ils brûlèrent tous les livres, tant de la chanterie qu'autres..."

 

"Le lundi, environ midi [1530], l'armée entra dedans Genève, poursuit soeur Jeanne de Jussie; ils menaient dix-neuf grosses pièces d'artillerie... Les luthériens se firent ouvrir l'église cathédrale Saint-Pierre. Le prédicateur Guillaume Farel se mit en chaire et prêchait en langue allemande. Ses auditeurs sautaient par-dessus les autels comme chèvres et bêtes brutes... Ces chiens abattirent l'autel de l'Oratoire et mirent en pièces la verrière où était en peinture l'image de monsieur Saint Antoine... Ils rompirent aussi une belle croix de pierre... et au couvent des Augustins rompirent plusieurs belles images, et au couvent des Jacobins rompirent de belles croix de pierre...

 

Au mois d'août 1532, les hérétiques firent descendre les cloches du prieuré de Saint-Victor, et puis abattre jusqu'au fondement tout le monastère. En ce même mois, le jour de la Décollation de Saint Jean Baptiste, ils abattirent une petite et fort jolie église de Saint Laurent, et fut aussi abattue l'église de Madame Sainte Marguerite... 

 

L'an 1534,... la veille de Pentecôte, à dix heures de nuit, les hérétiques [luthériens] coupèrent les têtes à six images [statues] devant la porte des Cordeliers, puis les jetèrent dans les puits de Sainte-Claire. Le jour de la Saint-Denis fut découverte [le toit démonté] l'église paroissiale de Saint-Léger hors la ville, et puis entièrement rasée et abattue, et tous les autels rompus et mis en pièces. [5]

 

(En 1535) Expulsion des soeurs de Sainte-Claire. Le dimanche dans les octaves de la Visitation vinrent les syndics [réformés]... Le syndic ordonna à la mère abbesse d'ouvrir les portes (les Soeurs de Ste Claire ou Clarisses appartenaient à un ordre cloîtré). [L]es soeurs s'étant assemblées, Farel les harangua, ... vantant le mariage, la liberté. La mère abbesse l'arrêta mais fut expulsée. Le jour de monsieur saint Barthélémy, vinrent grandes compagnies tous en armes et bien embâtonnées [bien armés] et de toutes sortes d'armes.... ils vinrent heurter à la grande porte du couvent Sainte-Claire. La porte une fois ouverte, le chef de la troupe ordonna aux soeurs 'de par messieurs de la ville que plus ne dites aucun office, haut ni lus, et de ne plus ouïr la messe'. Il fut convenu entre la mère abbesse et le syndic que les soeurs quitteraient le couvent sans rien emporter... Le syndic promit de les conduire à la porte de la ville, sous bonne garde. La sortie se fit alors tant bien que mal, car plusieurs des soeurs étaient âgées et malades. ... Parties de Genève à cinq heures du matin, elles arrivèrent à Saint-Julien en fin de journée, où elles purent prendre du repos, avant de rejoindre Annecy, où le duc de Savoie leur avait fait préparer un couvent.

 

Le 5 août [1535], il (Farel) prêcha à Saint-Dominique et le 8 à Saint-Pierre. Après chacun de ses prêches, la foule de ses partisans abattit les statues et les croix, renversa les autels et les tabernacles, brûla les reliques et jeta les cendres au vent. [6]

Pierre de la Baume, le dernier évêque résidant avait quitté Genève le 1er octobre 1535, après que les syndics eurent publié un décret (le 27 août) par lequel ils ordonnaient 'que tous les citoyens et habitants eussent à embrasser la religion protestante, abolissant entièrement et absolument celle de la catholique'".

 

La théocratie genevoise

"Le 3 avril 1536, il fut donné un mois aux prêtres catholiques pour qu'ils se convertissent et, en attendant, il leur fut interdit de 'se mêler de dire la messe, de baptiser, confesser, épouser [marier]'. Le 5 avril, pareille défense fut faite aux chanoines. Enfin, le 21 mai 1536, 'le peuple réuni en Conseil général, adhérait unanimement à la Réforme religieuse'. En juin 1536, le Conseil abolit la célébration des fêtes, à l'exception du dimanche. Genève était une ville protestante".[7] La ville, dont l'évêque a été chassé, est devenue une république.

 

Le 2 novembre 1536, le bailli de Lausanne, jugeant que les réformés l'avaient emporté, se mit à la tête d'une troupe d'archers et fit le tour des paroisses du lausannois, 'parcourant les campagnes, rasant les chapelles, renversant les autels et abattant les croix... aux cris de 'À bas les papistes'". [8]

 

Appelé à Genève en 1536, Calvin en fut banni deux ans après, mais il y fut rappelé en 1540. Il exercera alors l'influence la plus absolue, faisant reconnaître comme loi d'État un formulaire réglant les principaux articles de foi. "De lourdes amendes punirent les catholiques qui restaient chez eux au lieu d'aller au prêche; harassés, traqués, les fidèles se lassèrent, beaucoup se soumirent pour avoir la paix. La Réforme, assez vite, régna en maître dans le Chablais." [9]

 

Fondateur de la théocratie genevoise, Calvin forge toute la future démocratie européenne. Du fer antique : l'Ancien Testament - la Loi, il forge une nouvelle Jérusalem terrestre. Calvin confond simplement la nouvelle Sion avec l'ancien Sinaï. Il ne voit pas ou ne veut pas voir la loi nouvelle de l'Évangile par rapport à l'Ancien Testament, à la Loi. "La fin de la loi est le Christ", dit l'apôtre Paul (Rom 10:4); "La fin du Christ, c'est la Loi", aurait pu dire Calvin.

"Composé de pasteurs et de laïcs (les "Anciens"), un consistoire est notamment chargé de la surveillance de la vie privée des citoyens. Jeux, spectacles, bals, chansons et tavernes sont interdits, toute infraction morale (adultère, violence, impiété) étant considérée comme un crime." [10]

 

"La profession de foi de 1536 doit être jurée par les habitants. [...] Pour Luther, la volonté humaine ne pouvait que faire le mal, pour Calvin, elle ne veut que le mal et sa responsabilité est entière.

[...] Dieu prédestine au salut (Traité de la prédestination, 1552).

Calvin fait exiler ses contradicteurs, l'humaniste Castellion, en 1544, le pasteur Bolsec, qui rejetait la prédestination, en 1551." [11]

 

Le 12 novembre 1537, le Conseil ordonne à tous ceux qui avaient refusé de jurer la Réformation [accepter le formulaire] de quitter la ville.

 

"Calvin inféode l'Église à l'État" : "Les seigneurs sont des dieux. Le peuple est Satan". Il "fait de l'État le serviteur et l'instrument de l'Église. À Genève il proscrit les jeux et le théâtre, impose l'assistance aux sermons, détermine les prénoms permis, règle la coupe des habits. [...] Les huguenots (de l'allemand eidgenosse, lié par serment), les huguenots de religion se transforment en huguenots d'État. [...] [L]'Église calviniste devient une coalition d'idées et d'intérêts, un parti et une armée." [12]

 

"Tous doivent prêter serment au nouveau Credo; ceux qui y manqueraient seront chassés de la ville; car, [...] l'Église, 'Cité de Dieu', et l'État, 'Cité des hommes', dans l'action, ne font qu'un, aux yeux de Calvin. Être ou ne pas être dans l'Église signifie être ou ne pas être dans l'État. Les dizenniers, ou hommes du guet, font irruption dans les maisons et traînent le peuple, par groupe de dix, à la prestation de serment.

"Plusieurs Eidgnots firent remarquer, en se gaussant, que Farel et Calvin 'qui étaient venus pour faire triompher le libre examen [la liberté de conscience] l'étouffaient à la première manifestation de dissidence'. Quelques-uns d'entre eux allèrent jusqu'à se moquer des 'deux papes qui étaient apparus pour ressusciter la lettre et qui l'emprisonnaient après la lutte de Lausanne.' Très vite ces propos se répandirent dans Genève, et firent rire, le peuple ne tarda pas à appeler leurs auteurs des libertins (car ils défendaient la liberté de penser), et le surnom leur resta ; injure qui devait bientôt se propager et dont on allait flétrir tout individu qui jouerait aux dés, qui n'aurait point éteint sa lumière après le signal du couvre-feu, qui boirait pendant les offices, danserait le dimanche, critiquerait les actes du syndic, ou garderait une image [pieuse] au logis.' (J.M. Aulin)." [13]

 

Après la théocratie de l'Ancien Testament, ici, à Genève, se manifeste à nouveau non pas un homme sacré, mais un peuple sacré; le but de l'État et de l'Église devient non plus la sainteté individuelle, mais la sainteté commune. 'Vous êtes un genre élu, une sainteté royale, un peuple saint.' (I P 2:9), dit Calvin aux Genevois. La ville grouille de limiers, dénommés 'Gardiens', dont l'oeil, tel 'l'oeil qui voit tout', pénètre partout (Ordonnances Ecclésiastiques de 1541). On ne juge pas seulement les actes, mais aussi les pensées et les sentiments. Toute tentative, même la plus secrète, de s'élever contre le 'Règne de Dieu', est soumise, en tant que 'trahison envers l'État', aux plus féroces châtiments de la loi: au fer et au feu. Tout le peuple genevois deviendra une sorte de Prisonnier de Chillon, et la Théocratie de Calvin - une ténébreuse prison souterraine dans l'azurée lumière du Léman." [14]

 

Calvin va plus loin que Luther : le salut est offert aux uns, refusé aux autres (Traité sur la Prédestination, 1552). En outre, la volonté humaine est totalement corrompue et l'homme ne peut sortir de cette corruption par aucune oeuvre. Seule la foi peut le sauver. "Ainsi, ... du plus profond pessimisme, le calvinisme débouche sur un certain orgueil, celui d'appartenir à une élite, d'être une sorte de nouveau peuple élu, donc d'être investi d'une mission de régénération du monde.

[...] La marque calviniste, même si elle déborde le milieu protestant, est présente dans la manie moderne de tout remettre en question, dans l'interventionnisme moralisateur à propos de tout, [...] dans ce besoin de décerner des bons et des mauvais points aux quatre coins du monde, dans ces discours politiques qui prennent souvent le ton du prêche. [...] Les conformismes qui pullulent aujourd'hui, dont celui du 'politiquement correct', voire du 'sexuellement correct', ne sont pas étrangers à l'influence protestante dans les milieux de la politique ou de l'édition", résume A. Richardt. [15] 

 

De 1541 à 1546 seulement, 76 citoyens sont bannis, et 58 genevois sont envoyés au bûcher par Calvin. [16] Ce qui fait quasiment une personne de la ville envoyée au bûcher tous les mois en cinq ans.

 

Les prisons étaient pleines de délinquants. Aimé Richardt, donne des "exemples de la tyrannie mesquine qu'exerçaient les ministres protestants" à Genève. "C'est ainsi que, en date du 20 mai 1537, nous trouvons : 'Une épouse étant sortie dimanche dernier avec les cheveux plus abattus [plus tombant sur les épaules] qu'il ne se doit faire, ce qui est un mauvais exemple et contraire à ce qu'on évangélise, on fait mettre en prison la maîtresse, les dames qui l'ont menée et celle qui l'a coiffée.'

 

Un autre jour, on saisit à un pauvre diable un jeu de cartes. 'Que va-t-on faire du coupable? Le mettre en prison?' La peine eût été trop douce aux yeux de Calvin. On le condamna donc à être exposé au pilori, son jeu de cartes autour du cou."

[...] Les rieurs ne manquèrent pas de protester... L'un demandait 'où le Saint-Esprit avait marqué dans l'Écriture la forme des coiffures des femmes?'. ... Un autre voulait savoir si la barbe de bouc que portait Farel ressemblait à celle d'Aaron !" [17]

 

Dmitri Mèrejkovski donne d'autres exemples de cette tyrannie : 

- un marchand fort connu, fut condamné à mort pour fornication; il monta sur l'échafaud en remerciant Dieu de ce qu'il allait être exécuté "suivant les lois sévères, mais impartiales de sa patrie";

- Le libertin athée Jacques Gruet fut le premier à être décapité le 26 juillet 1547, après avoir été torturé matin et soir, pendant un long mois, du 28 juin au 25 juillet. Sa tête fut clouée au pilori sur le Champel pendant de longs jours. La flamme des bûchers s'éleva.

Lors de la peste de 1543 à Genève, on brûla quinze sorcières; les sorciers, on les châtiait avec 'une plus grande sévérité' : après des tortures inouïes, on les écartelait ! Plusieurs s'étranglaient dans leur cachot pour échapper à la question.

On brûla également le médecin et ses deux aides de l'hôpital des pestiférés. Le 'Règne de Dieu' à Genève équivalut au règne du diable à Munster.

[...] En novembre 1545, les pasteurs de Genève faisant jeter au feu une de leurs fournées de sorcières, Calvin requit les Conseils de la ville, de 'commander aux officiers de la dicte terre de faire légitime inquisition contre telles hérégies, afin de extyrper telle rasse de la dicte terre.'" [18]

 

En 1555. Deux bateliers, les frères Comparet furent soumis à la question et condamnés à mort. "Je suis certainement persuadé que ce n'est pas sans un spécial jugement de Dieu qu'ils ont tous deux subi, en dehors du verdict des juges, un long tourment sous la main du bourreau" (le fer ayant glissé sur leurs vertèbres). Après l'exécution, les corps des deux frères, suivant la sentence, furent écartelés et l'une des quatre parties de chaque corps, fut clouée au pilori, devant la porte Cornavin, afin que quiconque pénétrait dans la ville sût ce qu'il en coûtait de ne pas se soumettre à la parole de Dieu ou à celle de Calvin.

 

Le 15 septembre 1555, sur le Champel, fut mis à mort ce même Berthelier qui, trois ans auparavant, presque à la veille de l'affaire Servet, avait causé un soulèvement des plus dangereux pour Calvin. Debout au pied de la chaire où prêchait Calvin, des indicateurs observaient la manière dont les gens l'écoutaient.

 

Deux personnes furent arrêtées parce qu'elles sourirent quand quelqu'un tomba, endormi, de son banc; deux autres, parce qu'elles avaient prisé.

 

On jeta en prison celui qui avait dit : "Il ne faut pas croire que l'Église soient pendue à la ceinture de maître Calvin!" On faillit brûler une vieille femme comme sorcière parce qu'elle avait regardé Calvin trop fixement.

 

Calvin est le maître à penser de la cité. "Je vous défends d'obéir au pape, répète-t-il, mais je veux que vous obéissiez à Calvin."

 

Une jeune femme fut condamnée à l'exil perpétuel parce qu'elle avait prononcé en sortant de l'Église : "Il nous suffit bien ce que Jésus-Christ a prêché !" 

 

Deux enfants, qui avaient mangé pour deux florins de gâteaux sur le parvis de l'église, furent fouettés des verges. On était jeté en prison pour la lecture de Amadis; pour le port de chaussures à la mode et de manches à gigots; pour trop bien tresser la chevelure, ce dont Dieu se trouvait 'grandement offensé'; pour un coup d'oeil de travers; pour avoir dansé ou avoir simplement regardé d'autres le faire. Plusieurs personnes qui avaient ri pendant un de ses prêches (de Calvin) furent jetées en prison.." [19] 

 

Le 3 juin 1555. "Ami Perrin fut condamné (ainsi que ceux des libertins qui s'étaient enfuis avec lui, Philibert Berthelier, Michalet, Vernat) par contumace, à avoir 'le poing du bras droit duquel il a intenté aux bâtons syndicaux coupé.' Il sera ensuite décapité puis 'la tête et le dit poing seront cloués au gibet et les corps mis en quatre quartiers (Annales Calviniani, O.C., 21, p. 608)."

 

"Les deux Comparet [...] qui, après avoir eu les têtes décapitées, furent mis en quartiers et les quartiers pendus chacun à une potence, aux quatre coins des franchises de la ville, et la tête d'un chacun d'eux avec l'un des quartiers. [...] L'on ne fit que couper les têtes à (François-Daniel) Berthelier et au Bastard [Claude Genève] sans les écarteler; la tête de Berthelier et son corps demeurèrent au gibet, aussi fut le corps du Bastard, mais sa tête fut clouée à un chevron sur la muraille du Mollard." [20]

 

L'épisode le plus connu de ces dérèglements meurtriers est celui de Michel Servet. Ce médecin aragonais professait publiquement que Dieu n'était pas trinitaire. Ignorant le ressort intime du régime de la ville-église, il eut l'audace d'en discuter avec le maître qui l'envoya brûler en 1555.

 

En 1594, le jeune François de Sales s'écriera :

C'est par la charité qu'il faut ébranler les murs de Genève, par la charité qu'il faut la recouvrer... il faut [les] renverser par des prières ardentes et livrer l'assaut par la charité fraternelle. [21]

Saint François de Sales, évêque et Docteur de l'Église († 1622)

Et dans son Introduction à la vie dévôte (III 23), en 1608, il dira : "Qui a gagné le cœur de l’homme a gagné tout l’homme."

Et "Bénis les coeurs tendres, car ils ne se briseront jamais."

"La mesure de l'amour est l'amour sans mesure."

 "L'amour ne nous trouvant pas égaux, il nous égale ; ne nous trouvant pas unis, il nous unit." (Traité sur l'amour de Dieu, 1616) 

 

Luther et Calvin "demandent" une Réforme extérieure. Saint François de Sales et l'Église catholique répondent par une Réforme intérieure.

En 1602, n'ayant rien dit dans ses sermons contre le calvinisme, François écrira encore : "Voyez-vous, ce sermon-là [sur le Dernier jugement] qui ne fut point fait contre l'hérésie respirait néanmoins contre l'hérésie, car Dieu me donna lors cet esprit en faveur des âmes. Depuis, j'ai toujours dit que qui prêche avec amour prêche assez contre les hérétiques, quoiqu'il ne dise un seul mot de dispute contre eux![22]

 

Le règlement de vie intérieure et de vie extérieure

 

En 1591, il avait rédigé sur les conseils de son confesseur, un 'règlement de vie intérieure et de vie extérieure', dont il observera l'esprit jusqu'à sa mort. Ce règlement est divisé en quatre parties:

l'exercice de préparation, qui consiste à "se prescrire au début de chaque journée l'acte mêlé de réflexions et de prières". François le jugeait indispensable, écrivant : "la prescription est comme un fourrier [préparateur] à toutes nos actions... Je la préférerais toujours à toute autre chose ..."

Fixer les exercices de piété qui doivent ponctuer la journée d'un étudiant chrétien en commençant la journée par une action de grâce "avec ces paroles du Psalmiste royal, David : Dès l'aube, vous serez le sujet de ma méditation."

Le repos spirituel ou l'"exercice du sommeil". "Comme le corps a besoin de prendre son sommeil pour délasser et soulager ses membres travaillés [fatigués], de même est-il nécessaire que l'âme ait quelque temps pour sommeiller et se reposer entre les chastes bras de son céleste Époux, afin de restaurer par ce moyen les forces et la vigueur de ses puissances spirituelles...."

Règles pour les conversations et rencontres. Cette dernière partie du règlement de vie intérieure cherche "à établir la liaison entre la vie du monde et la perfection chrétienne." C'est un thème que François reprendra dans son Introduction à la Vie dévôte (1608), l'une des œuvres majeures de la littérature Chrétienne. François établit la manière dont il entend régler ses relations avec ses semblables : "Je ne mépriserai jamais ni ne montrerai signe de fuir totalement la rencontre de quelque personne que ce soit... Surtout je serai soigneux de ne mordre, piquer, de me moquer d'aucun... J'honorerai particulièrement chacun, j'observerai la modestie, je parlerai peu et bon..." [23]

 

 

Charité en actes et bonnes oeuves : La foi mise en application

 

Saint François de Sales mettait en application ce qu'il prêchait. Évêque, il recommandera, une fois pour toutes, à ses domestiques, de prendre garde à ne renvoyer aucune personne qui demandait à lui parler... "Il recevait toujours chacun avec un visage doux et gracieux... quand ceux de sa maison, pour le détourner de tant recevoir, lui parlaient des rusticités et des insipidités d'autrui, il répliquait : et nous, que sommes-nous? Mgr de Sales recevra en cachettes les pauvres honteux, et nourrira beaucoup de personnes qui n'osaient mendier leur pain (Ier Procès, t. II et t. III, art. 46 et 27).

 

Ces activités charitables terminées; François prenait plaisir à se promener dans sa ville, s'arrêtant ça et là pour donner quelques pièces aux pauvres. Il s'arrêtait pour visiter les malades et des infirmes, puis se rendait à l'hôpital, où il donnait sa bénédiction aux plus proches de l'agonie. Après cela, il allait à la cathédrale pour y entendre des confessions, et s'en revenait paisiblement à sa maison. Encore quelques audiences, quelques lettres, et c'est enfin le recueillement du soir, suivi d'une légère collation, dont il s'abstenait le vendredi et le samedi. Puis François de Sales disait son chapelet à la Vierge Marie, "ne se couchant jamais, fût-il onze heures, minuit, qu'il n'eût satisfait à cette obligation à laquelle il employait une heure de temps" (1er Procès, t. II, art. 33) [24]

 

Le mercredi 14 septembre 1594, en la fête de l'Exaltation de la Sainte Croix, accompagné de son cousin Louis de Sales, François se mit en route pour la forteresse des Allinges, où il avait l'intention de s'installer dans un premier temps. Partout la route était "bordée de débris de calvaires épars dans les haies; des potences élevées à la place des croix; l'église de Boringe, l'église d'Avully démolies de fond en comble, l'église de Bons, transformée en un temple calviniste; l'église de Saint-Didier, celle de Fessy, celle de Lully, abandonnées, les portes grandes ouvertes, les voûtes crevées.. Les autels renversés, tous les presbytères en ruines. Plus un son de cloche nulle part... Et les gens du pays qui voyaient passer ces deux voyageurs en soutane, harassés, couverts de poussière, leur jetaient des regards de haine..." [25] Très vite, devant l'ampleur de la tâche, les deux cousins se partagèrent le travail : Louis évangélisera, avec la colline d'Allinges, les paroisses qui l'avoisinent... François concentrera ses efforts sur Thonon, centre de l'erreur. [26] 

Resté seul, il décida de prêcher presque tous les jours de la semaine, développant les vérités rejetées par les hérétiques, telles que l'origine divine de l'Église catholique, la réalité de l'Eucharistie et de la Messe. Peu à peu son auditoire s'accrut pour atteindre une douzaine, tous anciens catholiques devenus calvinistes par la force des choses.

La réaction des autorités réformées ne se fit pas attendre. Les principaux de Thonon [les chefs calvinistes] ayant assemblé leur conseil, se sont jurés que ni eux ni le peuple n'assisteraient jamais aux prédications catholiques... Loin de se décourager, François proposa de "rétablir la célébration du Saint Sacrifice [la Messe] le plus tôt qu'il pourra, afin que l'homme ennemi voie que, par ses artifices, il nous donne du courage au lieu de nous l'enlever." [27]

La besogne est rude, "les gens ont peur, le prêtre papiste est à l'index, et l'oeil de Genève surveille tout." [28]

 

 

Le 8 janvier 1595, François fut attaqué par un homme qui s'"est promis de le tuer et de porter sa tête à Genève"; miraculeusement, le mousquet de l'assassin fit long feu et l'homme s'enfuit.

Une autre atteinte se produisit un soir de février 1595. Accompagné de trois autres personnes, François remontait paisiblement vers la forteresse des Allinges lorsque deux hommes surgirent d'un buisson, et s'avancèrent vers lui, l'épée à la main. Sans perdre son sang-froid, le pieux missionnaire alla à eux et leur parla. Stupéfaits, les assaillants lui dirent qu'on les avait payés pour le tuer..., puis ils s'enfuirent. [29]

 

En juin 1595, l'abjuration de Poncet fit enrager les calvinistes, qui, selon Favre, étaient allés jusqu'à prétendre que "le prêtre papiste était un magicien qui veillait la nuit pour pratiquer des sortilèges sur la personne du converti". Les choses s'envenimèrent très vite, au point qu'un huguenot affirma par serment public avoir vu François au sabbat, dont il portait la marque, et dans les assemblées nocturnes des sorciers. Ce bruit courut tellement qu'on ne parlait que de tuer et de brûler les papistes... [30]

Dans le même temps, François inaugure une série de prédications sur l'Eucharistie, s'attaquant de front aux thèses des protestants (Luther rejetait la Transsubstantiation, n'admettant qu'une consubstantiation; Zwingli n'admettait qu'une présence figurative, et Calvin niait toute présence du Christ dans l'hostie).

En décembre 1595, le petit troupeau dépasse largement la centaine ! Mgr Trochu écrit : "Il y avait maintenant [à la fin 1595], dans la partie protestante de Chablais, environ 300 catholiques, dont 200 avaient été gagnés, un par un, en l'espace de quinze mois".[31]

"Le Chablais comptait 15 catholiques à Thonon en 1594. Ils sont plus de 25 000 en 1600." [32]

 

Cette situation déplaisait fort aux syndics [conseillers municipaux] de Thonon. Constatant que les tentatives de harassement du missionnaire (jets de pierre, insultes, accusations de sorcellerie...) avaient échoué, ils décidèrent de se tourner vers le pasteur calviniste Viret, en lui demandant de convaincre François d'erreurs doctrinales au cours d'une dispute publique. Viret occupait le poste de ministre à Thonon depuis plus de sept ans, "pour les gens du peuple, il était réputé grand savant, et il se drapait habilement dans cette légende"....  Viret battit le rappel des ministres du Chablais et du pays de Vaud, les appelant à son aide. Ils tombèrent d'accord pour proposer à François une conférence publique pensant que se sentant seul contre tous, il refuserait le combat. François accepta la rencontre. Cette réunion eut lieu en présence d'Antoine de Saint-Michel, seigneur d'Avully, président du consistoire de Thonon, mais les pasteurs ne parvinrent pas à une entente. Il y eut "autant d'opinions que de têtes" [33]

 

Au jour et au lieu fixés, il y eut une foule... toute la ville de Thonon s'assembla. La foule attendit, puis commença à s'agiter; François, paisible, souriant, attendit aussi... Tout à coup, un homme, un seul, apparut : c'était Viret qui, confus, tint au peuple le discours suivant : "Mes collègues de Chablais et de Vaud, tout comme moi, étaient véritablement prêts à la dispute, mais après avoir mûrement considéré [réfléchi], ils ne jugent pas à propos de commencer une chose de si grandes importance sans le consentement et expresse permission de Son Altesse [le duc de Savoie], de peur que cette entreprise n'apporte plutôt du dommage que du profit, autant à un parti qu'à l'autre". Ébahie par cette dérobade, la foule hua le malheureux pasteur, pendant que François et plusieurs de ses amis riaient à gorge déployée ! Puis, le missionnaire restant seul maître du terrain, "prit en témoin tous les assistants qu'il ne tenait pas à lui que la dispute ne se fît".

 

Conséquence directe de la dérobade de Viret ? ....Un évènement de la plus haute importance se produisit le 19 février 1596. Ce jour-là, en l'église de Thonon, Antoine de Saint-Michel, seigneur d'Avully, issu d'une vieille famille genevoise, président du Consistoire réformé, "un des plus savants et opiniâtres calvinistes de la province", confesse publiquement la foi catholique ! Il abjura le 26 août à Turin, en présence du nonce. Mis au courant, le pape Clément VIII lui adressa le 20 septembre un bref personnel de félicitations. [34]

 

En décembre 1596, François prit l'audacieuse décision de célébrer les trois messes de Noël dans l'église saint Hippolyte de Thonon, qui était devenue un temple protestant, et où François n'avait obtenu que le droit de prêcher. "Sonner la messe à Saint-Hippolyte après soixante ans de silence ! François savait que ce serait frapper un grand coup. La messe, symbole du papisme, la messe que Luther et Calvin ont rejetée, la messe dans leur temple, ce serait pour les protestants [de Thonon] le suprême scandale. Les syndics, en effet, se récrièrent; des bagarres éclatèrent, mais François tint bon... et mit lui-même "la main à la pâte" pour "parer l'église le mieux qui lui fût possible d'images, de tapis, de cierges, et de lampes". Les Visitandines ajoutent qu'"il fut trois jours et trois nuits sans dormir et presque sans manger". Et c'est ainsi, qu'au coeur de la Thonon protestante, François de Sales "à la minuit de la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, célébra le très saint sacrifice de la messe." [35] En janvier 1597, François reçut du duc de Savoie, Charles-Emmanuel, l'autorisation de dire les messes en public, et rétablit par conséquent la messe à Thonon.

Le 9 avril 1597, le successeur de Calvin à Genève (1564), le protestant Théodore de Bèze accepta de rencontrer saint François de Sales, qui s'était réfugié à Annecy. Lors de son entrevue avec lui, François lui posa trois questions :

 

La première question

 

Après les amabilités d’usage, François, avec un sens aigu de l’essentiel, pose une question très courte

Monsieur, peut-on faire son salut en l’Église romaine ?

Bèze voit tout de suite la difficulté : si l’Église catholique assure le salut de ses fidèles, pourquoi s’en séparer ? Il suffisait de l’améliorer par le dedans, comme avaient déjà fait tous les saints réformateurs depuis des siècles (saint Grégoire VII, saint François d’Assise, saint Dominique, sainte Catherine de Sienne, etc.) et comme avait aussi fait le concile de Trente. Mais si le salut est impossible dans l’Église romaine, quelle autre société religieuse a donc donné le Christ aux hommes et assuré leur salut, avant le protestantisme ? Théodore de Bèze demande à se retirer pour réfléchir. Après une longue réflexion, il revient pour répondre : "Vous m’avez demandé si l’on pouvait faire son salut dans l’Église romaine. Certes je vous réponds affirmativement ; il est ainsi sans doute, et on ne peut nier avec vérité qu’elle ne soit la Mère-Église." [36]

 

Les pasteurs calvinistes Rotan et Morlas avaient été obligés de faire la même réponse au roi Henri IV, qui leur avait posé la même question, quatre ans plus tôt.

 

Deuxième question

 

Nouvelle question de François de Sales :

Puisqu’il en est ainsi et que le salut éternel est en l’Église romaine, pourquoi avez-vous planté cette prétendue Réforme, prenons l’exemple en France, avec tant de guerres, de saccagements, de ruines, d’embrasements, de séditions, de rapines, de meurtres, de destructions de temples et autres maux, qui sont innombrables ?

Réponse de Théodore de Bèze, après un long silence : "Je ne veux point nier que vous ne fassiez votre salut en votre religion. Mais il y a ce malheur que vous embrouillez les âmes de trop de cérémonies et difficultés ; car vous dites que les bonnes œuvres sont nécessaires au salut, qui toutefois ne sont que de bienséance. D’où arrivent plusieurs maux : les peuples, croyant à cette nécessité des bonnes œuvres par vos prédications et ne le faisant pas, ils se damnent misérablement parce qu’ils contreviennent à leur conscience. C’est pourquoi, afin de remédier à ces maux, nous avons tâché d’établir notre religion, en laquelle le chemin du ciel est rendu facile aux fidèles, ayant jeté ce fondement que la foi sauve sans les œuvres, que les bonnes œuvres ne sont point de la nécessité du salut, mais seulement, comme je vous ai déjà dit, de bienséance."

 

Conclusion et troisième question

 

François réplique alors :

Vous ne prenez pas garde qu’en rejetant les bonnes œuvres, vous tombez en des labyrinthes desquels vous aurez peine de sortir ! Pouvez-vous ignorer la raison pour laquelle Notre-Seigneur Jésus-Christ, en l’évangile de saint Matthieu, enseignant à ses Apôtres ce qu’il voulait qu’ils crussent du dernier Jugement, ne fait point de mention des péchés commis, mais dit tant seulement qu’il condamnera les mauvais parce qu’ils n’auront pas fait les bonnes œuvres. Voici ces paroles : « Allez, maudits, au feu éternel, qui est préparé au diable et à ses anges ; car j’ai eu faim, et vous ne m’avez point donné à manger… » Et le reste. (Mt 25:42-43) 

Voyez-vous que pour avoir manqué aux bonnes œuvres s’ensuit la damnation éternelle. Si elles n’étaient que de bienséance, comme vous dites, pensez-vous que ceux qui ne les auraient pas faites fussent punis d’une peine si rigoureuse ?

Quant à moi j’attends votre solution à cette difficulté, ou bien que vous soyez d’un même sentiment avec moi.

Théodore de Bèze ne put rien répondre. [37] 

Bèze se tut pendant un moment, puis "il se laissa aller à proférer des paroles indignes d'un philosophe" (on ignore ce que furent ces paroles indignes), précise Aimé Richardt. [38]

Intolérant, ce protestant fit une honteuse apologie du supplice de Michel Servet (un hérétique qui après avoir écrit en 1531 un livre "Des erreurs dans la doctrine de la Trinité", où il niait la consubstantialité du Fils au Père, fut condamné à être brûlé vif avec son livre, au lieu de Champel, le 27 octobre 1553). Or, dans un traité écrit à l'occasion du supplice de Servet, un certain Martin Bellius, avait en effet prôné la tolérance envers les hérétiques. Contre ce livre qu'il appelait un 'blasphème', Bèze écrivit une réfutation qu'il intitula Anti-Bellius. Il commença par réclamer du duc de Wurtemberg, auquel était dédié la dissertation de Bellius, une punition exemplaire de l'auteur. Puis il fit la théorie de l'extermination de tous les hérétiques : '... vaut mieux avoir un tyran, voire bien cruel, que d'avoir une licence telle que chacun fasse à sa fantaisie.'" [39] L'étonnant est qu'aussi bien Farel, qui conduisit Servet au bûcher, que Calvin avaient été eux-mêmes accusés de la même erreur une vingtaine d'années auparavant... En 1903, sur le Champel sera érigé un "monument expiatoire" au lieu même où fut brûlé Servet, avec l'inscription : "Fils respectueux et reconnaissants de Calvin... mais condamnant une erreur qui fut celle de son siècle... nous avons élevé ce monument expiatoire."[40] Ce qui veut dire que Servet fut brûlé "par erreur".

Relatant son entrevue avec Théodore de Bèze au pape Clément VIII, François lui écrivit : " Enfin [à la fin de notre entretien] je me retirai après avoir tenté tous les moyens de lui arracher l'aveu de sa pensée... alors je compris que je venais d'aborder un coeur de pierre, jusqu'ici inébranlable... je veux dire un coeur vieilli dans le mal." [41]

Devançant le rigorisme janséniste qui n'était pas encore paru, François de Sales conseilla une religieuse, la mère abbesse Angélique, qu'il rencontra le 5 avril 1619 et avec laquelle il entretint une correspondance nourrie. Il s'efforça souvent de tempérer les ardeurs de celle-ci, écrivant par exemple : "Manger peu, travailler beaucoup, avoir beaucoup de tracas d'esprit et refuser le dormir au corps, c'est vouloir tirer beaucoup de service d'un cheval qui est efflanqué, et sans le faire repaître... Ne vous chargez pas trop de veille et d'austérité..." Ou bien encore : "L'humilité, la simplicité de coeur... et la soumission d'esprit sont les solides fondements de la vie religieuse..., j'aimerais mieux que les cloîtres fussent remplis de tous les vices que du péché d'orgueil et de vanité..." Hélas, s'écrie l'abbé Fuzet, à la douce et riante figure de François de Sales... va succéder le sombre Saint-Cyran (ami de Jansénius, "d'extérieur humble et de coeur orgueilleux", écrit Aimé Richardt, il défendit le jansénisme), qui imposera à Angélique "une direction de crainte et de tremblement, une théologie de terreur, et un mysticisme obscur et exubérant". [42]

Le Saint patron des journalistes et des écrivains

 

On a dit, écrit Mgr Trochu, "si saint Paul revenait de nos jours, il se ferait journaliste. Or, c'est François de Sales qui, le premier en date, va le devenir. Il inaugure l'apostolat par la presse."

Il semble que cette vocation lui a été inspirée par Charles de Charmoisy [43] qui lui aurait conseillé de rédiger des articles destinés à remplacer les sermons, puis de les faire distribuer dans les foyers hérétiques. Ainsi, au lieu de prêcher pour une poignée de catholiques, il toucherait des centaines, voire des milliers de lecteurs. Convaincu, François se mit à la tâche: le 25 janvier 1595 parut une Épître à Messieurs de Thonon. Il réunira ces écrits dans un voulume qui sera publié sous le titre Controverses. Il fit imprimer ses écrits, comme le décrivent les Visitandines (Année sainte, manuscrit, p. 7) : "Chaque semaine, ce bon pasteur [François] envoya à Chambéry pour imprimer une nouvelle feuille qu'il faisait distribuer ensuite dans les maisons de Thonon et dans celles de la compagnie". Son ami, le sénateur Favre, s'occupait de la correction et de l'édition, ainsi que de l'expédition de ces feuilles volantes. Ces périodiques sont considérés aujourd'hui comme les premiers journaux catholiques au monde. 

Parmi ces Controverses, on trouve cette mise en garde aux Réformés : "Premièrement, Messieurs, vos devanciers et vous aussi, avez fait une faute inexcusable quand vous prêtates l'oreille à ceux qui s'étaient séparés de l'Église." (tels Luther, Zwingli, Calvin...)

"Vous dites que le peuple dévôt vous a appelés, mais quel peuple ? Car ou il était catholique, ou il ne l'était pas : s'il était catholique, comment vous eût-il appelés et envoyés prêcher ce qu'il ne croyait pas ?.... Quand Luther commença, qui l'appela ? Il n'y avait encore point de peuple qui pensait aux opinions qu'il a soutenues...."

Il s'en prend ensuite à ces pasteurs qui prétendent que chacun peut lire et interpréter les Écritures. "Mais ne serait-ce pas tout brouiller de permettre à chacun de dire ce que bon lui semblerait ? Il se faut ranger à l'Écriture, en laquelle on ne retrouvera jamais que les peuples aient pouvoir de se donner des pasteurs et prédicateurs."  [44]

Saint François de Sales, évêque et Docteur de l'Église († 1622)

Le résultat est là. Et quand en 1598, l'évêque vient examiner la tâche accomplie, il constate que la quasi-totalité des Chablaisiens ont réintégré la bergerie catholique. François a alors trente-deux ans. Sa mission du Chablais l'a rendu célèbre. [45]

 

Le 8 décembre 1602, François de Sales est ordonné évêque de Genève à Thorens par Mgr Vespasien Gribaldi, archevêque émérite de Vienne, et métropolitain de Genève. Nouvel évêque, il décide d'instituer le catéchisme afin de diffuser, de faire connaître et comprendre la foi catholique aux croyants de son diocèse. Ses fidèles l’appellent "l'aimable Christ de Genève". [46] Dans la petite ville qu'est alors Annecy - puisque Genève est aux mains de Théodore de Bèze -, il vit modestement, à la façon d'un moine plus que d'un dignitaire.

En 1603, François recommandait : "Dieu seul soit votre repos et consolation!" (Lettre à Mademoiselle de Soulfour, 16 janvier 1603: Œuvres complètes, XII, p. 163, cité in Lettre du pape Jean-Paul II, pour les 400 ans de l’ordination épiscopale de saint François de Sales, 23 novembre 2002).

En 1606, dans la querelle sur la prédestination "entre le molinisme (jésuites qui attaquaient la prédestination comme entachée de protestantisme), qui semble faire la part trop grande à l'homme, et le thomisme (dominicains qui ripostèrent en attaquant les jésuites de pélagianisme), qui centre tout sur Dieu, ... il suffisait, comme le dira Bossuet, 'de tenir les deux bouts de la chaîne", ce qu'avait conseillé de faire saint François de Sales [47], qui "fut consulté par Rome (vers la fin de 1606). Hélas, sa réponse est perdue. Charles-Auguste de Sales nous en donne une idée en écrivant : 'Il répondit son sentiment de la même façon qu'il l'a traité en son livre Traité de l'Amour de Dieu (L III, chap. V) :

Dieu a voulu premièrement, d'une vraie volonté, qu'encore après le péché d'Adam, tous les hommes fussent sauvés; mais en une façon et par des moyens convenables à la condition de leur nature douée du libre arbitre [liberté]; c'est-à-dire, il voulut le salut de tous ceux qui voudraient contribuer par leur consentement aux grâces et faveurs qu'il leur préparait, offrirait et départirait à cette intention. Or, entre ces faveurs, il voulut que la vocation [l'appel à la foi et à la vie chrétienne] fût la première et qu'elle fût tellement [assortie] à notre liberté que nous la puissions accepter ou rejeter à notre gré. [48]

C'est au cours de l'année 1608 que l'évêque de Genève, François de Sales, âgé de 41 ans et prêtre depuis 15 ans, écrivit son œuvre la plus connue, l'Introduction à la vie dévote. Pour François de Sales et ses contemporains, la dévotion désignait, grosso modo, ce que nous appelons aujourd'hui la vie spirituelle, considérée dans sa réalisation la plus authentique, et la plus fervente.

 

Saint Thomas d'Aquin définit la dévotion comme "un acte de la vertu de religion, dont le propre est de relier l'homme à Dieu."

 

Sa doctrine spirituelle est simple : 1. viser à plaire à Dieu et non aux hommes. - 2. Rien par contrainte, tout par amour. - 3. Ne rien demander, ne rien refuser. - 4.  Aller de l'intérieur à l'extérieur. - 5. Aller "tout bellement". 6. Avec douce diligence. 7. Ne penser qu'à aujourd'hui. 8. Recommencer chaque jour. 9. Profiter de toutes les occasions. - 10. Se guérir de ses imperfections. - 11. Vivre paisiblement. 12. Vivre joyeux. 13. Vivre en esprit de liberté.

 

Les éditions du Cerf ont publié en 2019 une très utile "Introduction à la vie dévote, mise en français contemporain", Collection Spiritualité LeXio. On trouvera le texte original de l'Introduction à la vie dévote dans Saint François de Sales, Oeuvres, Paris, Galimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1969, avec l'orthographe modernisée.

 

 

Le langage et le style utilisés étaient très simples pour l'époque, sans citations latines ni grecques, permettant une lecture beaucoup plus large que les traités spirituels qui existaient alors. L'ouvrage était destiné à des laïcs ne se destinant pas à la vie religieuse, et avait pour principal but de montrer qu'il était possible de mener une vie sainte tout en vivant dans le monde. Les vies des saints, et particulièrement de ceux qui ont vécu dans le monde, sont souvent prises comme exemple. Ce livre eut très vite un énorme succès : il fut réimprimé plus de quarante fois du vivant de François de Sales ; le roi de France Henri IV lui-même le lut et la reine Marie de Médicis en offrit un exemplaire "orné de diamants", au roi d'Angleterre.

 

Comment expliquer l'énorme succès que connut l'Introduction à la Vie dévôte (plusieurs centaines d'éditions) ?

 

"[L]'austérité de tels textes tels que le Combat spirituel ou l'Imitation de Jésus-Christ, [...] réservaient 'l'amour de Dieu à une élite contemplative' (André Ravier). Tout autre était cette Introduction à la Vie dévote que Vaugelas appellera 'le livre nécessaire', le livre en qui les gens qui vivent en la presse du monde reconnaîtront leur livre, parce qu'il a 'rendu la dévotion sociable'." [49] 

 

Il ose dire qu'on peut être chrétien sans être austère ni faire des oraisons prolongées, qu'on peut atteindre la perfection sans être du clergé mais en pratiquant son devoir d'état et en acceptant sa condition de vie qu'on soit "soldat, artisan, prince ou simplement marié'. Il répond à l'inquiétude qui habite tout chrétien de son temps : "Que notre âme soit en clarté, en ténèbres, en goût, en dégoût, il faut pourtant qu'à jamais la pointe de notre coeur qui est notre boussole, tende à l'amour de Dieu". [50] Le jeune Louis XIII se nourrira de la spiritualité de la Vie dévote de François de Sales qu'il se fera lire. [51]

 

Lorsque en 1607, François exposa ainsi la situation de son diocèse au pape Clément VIII, il écrivit : "Il y a douze ans, dans soixante-quatre paroisses voisines de Genève [les paroisses du Chablais] et pour ainsi parler, sous ses murs, l'hérésie occupait les chaires [les églises], elle avait tout envahi; à la religion catholique, il ne restait [rien]. Or, aujourd'hui, dans la même région, l'Église étend de toutes parts ses rameaux, avec des poussées si vigoureuses que l'hérésie n'y a plus de place. Jadis on avait peine à convoquer cent catholiques entre toutes les paroisses réunies : aujourd'hui on n'y verrait pas cent hérétiques....'" [52] 

 

"Il convertit, dit-on, plus de soixante-douze mille hérétiques, dont un assez grand nombre appartenaient aux classes élevées." [53]

 

 

"Ravissements, visions, lectures des âmes, parfums mystérieux, le saint vit des phénomènes incroyables. ses pénitents qui viennent à lui, il affirme voir 'clairement dans leur coeur comme au travers d'un cristal.' Il obtient la guérison de Jeanne de Chantal par la prière adressée à saint Charles Borromée (+1584) qu'il aime tant." [54]

 

 

Le dimanche 6 juin 1610, François de Sales fonde à Annecy avec Ste Jeanne de Chantal l’Ordre de la Visitation de Sainte-Marie, ordre monastique féminin de droit pontifical, initialement établi dans une modeste "maison de la Galerie". La cave de cet immeuble, conservée, a été aménagée en oratoire et de nombreux pèlerins viennent aujourd'hui encore visiter le berceau de cet ordre, dont les membres sont couramment appelées les "visitandines". En souvenir du jour où la Vierge Marie, enceinte du Christ s'en alla aider sa cousine Élisabeth âgée et enceinte de Jean-Baptiste, les religieuses auraient pour tâche principale de visiter les malades et les pauvres et de les réconforter.

En 1616, François publie le "Traité de l'Amour de Dieu". Son idée était d'écrire un livre sur la manière d'aimer Dieu dans l'observation des Dix commandements, en révélant aux âmes, "clairement et simplement les beaux secrets de l'amour de Dieu". [55] Cette publication sera suivie de l'édition post-mortem de ses Entretiens spirituels, en 1629.

L'aube de l'amour

Ô Jésus ! Que c'est un plaisir délicieux de voir l'amour céleste, qui est le soleil des vertus, quand petit à petit, par des progrès qui insensiblement se rendent sensibles, il va déployant sa clarté sur une âme, et ne cesse point qu'il ne l'ait toute couverte de la splendeur de sa présence, lui donnant enfin la parfaite beauté de son jour ! Ô que cette aube est gaie, belle, aimable et agréable ! Mais pourtant il est vrai que, ou l'aube n'est pas jour, ou si elle est jour, c'est plutôt l'enfance du jour que le jour même. Et de même, sans doute, ces mouvements d'amour, qui précèdent l'acte de la foi, requis à notre justification, ou ils ne sont pas amour à proprement parler, ou ils sont un amour commençant et imparfait, ce sont les premiers bourgeons verdoyants, que l'âme

aint François de Sales, Traité de l'Amour de Dieu, II, 13

Le démon vaincu par le missionnaire du Chablais

 

"[S]i nous en croyons les biographes, il (S. François) délivra plus de quatre cents démoniaques du pouvoir de Satan. (Abbé Édouard, Un nouveau docteur de l'Église, saint François de Sales, Paris, Éd. Jules Vic, 1878, p. 43.) [56] 

 

"Dans son Traité de l'Amour de Dieu, François rapporte le terrible aveu que fit le démon : 'Je suis ce malheureux privé d'amour.'

 

"[...] 'Seul le diable est incapable d'amour!', écrit S. François (Traité de l'Amour de Dieu, VI, 14). [...] N'avez-vous pas remarqué l'air triste et patibulaire qu'affichent ceux qui s'adonnent à la violence et à la haine ?

"[...] Saint François nous a fait remarquer [...] que les démons sont pris d'effroi au contact du crucifix et à l'énonciation du nom de Jésus. [...] La croix est l'instrument de notre rédemption, l'emblème de la victoire du Christ, le don de la vraie vie; en fait, elle est tout ce que les démons ne pourront jamais aimer et posséder." [57]

 

"À certaines mauvaises langues qui accusaient le saint évêque d'accomplir des miracles avec ostentation, il donna cette réponse : "Ces bonnes gens n'ont-ils pas pris garde que la femme a dit son Pater et que Dieu l'a exaucée, la délivrant d'un si grand mal, afin qu'elle ne fût plus induite en tentation par le démon qui la possédait ? Si nous avions soin de le dire (le Notre Père) selon l'esprit et l'intention de Jésus-Christ, nous y trouverions le remède de tous nos maux. Et même, ajouta-t-il en souriant [pour répondre à ses détracteurs], je trouve le remède à ces attaques, en disant : 'Seigneur, pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.'"

 

"[...] Le Notre Père est une vraie prière d'exorcisme: ce sont les paroles mêmes de Jésus, paroles de libération, de l'unique Libérateur et Sauveur du monde. Il ne suffit pas de la réciter machinalement; mais il faut croire de toutes ses forces en la puissance libératrice de la prière de Jésus ! 

 

"[...] Souvent, un Pater prié avec foi se révèle bien plus efficace que de nombreuses et longues prières de délivrance !" [58]

 

Terrassé par un attaque d'apoplexie, Saint François de Sales mourut à Lyon le 28 décembre 1622, le jour des saints Innocents. Avant sa mort, il eut la joie de voir douze monastère de la Visitation se crééer et prospérer : Lyon, en 1615; Moulins, en 1616; Grenoble et Bourges, en 1618; Paris, en 1619; Montferrand, Nevers et Orléans, en 1620; Dijon, Bellay et Saint-Étienne en 1622. [59]

 

Alité, malade, quelques heures avant sa mort, saint François de Sales reçut la visite du vicaire général de Lyon, Ménard, qui l'interrogea alors : "Eh ! Monseigneur, que pensez-vous de la foi catholique ? Ne seriez-vous point huguenot ?... Oh ! Oh ! répondit François, Dieu m'en garde !" Puis, un religieux lui demanda : "Eh ! quoi, Monseigneur, vous voulez donc laisser vos filles de la Visitation orphelines ?" François lui répondit : "Celui qui a commencé, parfera, parfera, parfera [y pourvoiera]. [60] Alors qu'on le portait sur son lit, Mgr de Sales dit : Il se fait fait tard et le jour baisse... Jésus Maria !" Son agonie dura deux heures, sans qu'il prononce d'autres paroles et il rendit l'âme sur les huit heures du soir. Il était âgé de cinquante-cinq ans, quatre mois et sept jours, et était évêque-prince de Genève depuis vingt ans et vingt jours."

 

Le 24 janvier 1623, ses restes ont été transportés à Annecy et portés à la vénération des fidèles dans la basilique de la Visitation où l'on signale des guérisons miraculeuses; par la suite, le docteur de l'Église fut enterré dans l'édifice sacré qui porte son nom dans le centre-ville. Son coeur est toujours incorrompu, il est vénéré à Trévise dans le Monastère de la Visitation. [61]

 

"Selon de très nombreux témoignages il semble que saint François de Sales ait accompli plus de miracles après sa mort que durant sa vie terrestre. On a relevé, en effet, une telle profusion de miracles survenus devant son tombeau, qu'il n'a jamais été possible de tous les connaître ni de les comptabiliser !" [62]

 

Un premier miracle

 

Le vendredi 28 avril 1623, une fillette de huit ans (Françoise-Angélique de la Pesse) qui tentait de cueillir des fleurs sur une rive du Thieu (affluent du Lac d'Annecy), glissa et tomba dans l'eau, le courant l'emporta. Un certain Jean-Louis Daurillac, après plusieurs plongées, finit par remonter le petit corps et le déposa sur la rive. Un seul cri s'éleva alors des spectateurs atterrés : "Elle est morte ! ". Seule la mère invoqua François de Sales : Sa fille ! ... Il lui rendra sa fille !... Étant resté près de trois heures dans le fond de la rivière, le pauvre petit corps est froid. Un docteur (le docteur Grandis) l'examine et déclare que la fillette est morte. Il la recouvre d'un drap. Or, alors que des amies de la mère éplorée soulèvent ce drap pour dire un dernier adieu à Françoise-Angélique, l'enfant ouvre les yeux et joint les mains. "J'ai bien dormi", dit-elle. Miracle ! Miracle ! , s'écrient les dames; à ces cris, Mme de la Pesse accourt, enlace sa fille en éclatant en sanglots, alors que l'enfant s'étonne "que dans la maison on rie et pleure à la fois". Bientôt, a écrit la mère de Chaugy, les miracles que le Tout-Puissant opérait par l'intercession de son serviteur furent "si fréquents qu'on avait peine d'en tenir le compte". [63]

 

François disait : 

Je fais le signe puissant de la croix. Par ce signe puissant j'enchaîne le démon, je disperse toute terreur.

Le procès en béatification de François de Sales est ouvert par le Saint-Siège dès 1626. Il est déclaré bienheureux en 1661, saint en 1665, et est fêté le 24 janvier. 

Il est élevé à la dignité de Docteur de l'Église par le pape Pie IX, en 1877. 

 

À l'occasion du 400e anniversaire de la naissance de S. François de Sales, dans sa lettre Sabaudiae Gemma, Paul VI affirma que S. François de Sales fut "l'une des plus grandes figures de l'Église et de l'Histoire", "le protecteur des journalistes et des publicistes parce qu'il rédigea lui-même une première publication périodique. Nous pouvons qualifier d''œcuménique' ce saint qui écrivit les controverses afin de raisonner clairement et aimablement avec les calvinistes de son temps. Il fut un maître de spiritualité qui enseigna la perfection chrétienne pour tous les états de vie. Il fut sous ces aspects un précurseur du IIe concile œcuménique du Vatican. Ses grands idéaux sont toujours d'actualité." (Lettre apostolique Sabaudiae Gemma, 29 janvier 1967). 

 

À l’occasion des 400 ans de l’ordination épiscopale de saint François de Sales, Jean-Paul II rappela que "celui que le roi Henri IV appelait de manière élogieuse 'le phénix des Évêques', parce que, disait-il, 'c’est un oiseau rare sur la terre', après avoir renoncé aux fastes de Paris et aux propositions du roi de lui donner un siège épiscopal de renom, devint le pasteur et l’évangélisateur inlassable de sa terre savoyarde, qu’il aimait par-dessus tout, car, avouait-il, 'je suis Savoyard de toutes façons, de naissance et d’obligation'. 

 

Docteur de l’amour divin, François de Sales n’eut de cesse que les fidèles accueillent l’amour de Dieu, pour en vivre en plénitude, tournant leur cœur vers Dieu et s’unissant à Lui (cf. Traité de l’amour de Dieu: Œuvres complètes, IV, p. 40 ss). C’est ainsi que, sous sa conduite, de nombreux chrétiens marchèrent dans la voie de la sainteté; il leur montra que tous sont appelés à vivre une intense vie spirituelle, quelles que soient leur situation et leur profession, car "l’Église est un jardin diapré de fleurs infinies, il y en faut donc de diverses grandeurs, de diverses couleurs, de diverses odeurs, et, en somme, de différentes perfections. Que toutes ont leur prix, leur grâce et leur émail, et toutes, en l’assemblage de leurs variétés, font une très agréable perfection de beauté" (Traité de l’amour de Dieu: Œuvres complètes, IV, p. 111).

La perfection consiste à être conforme au Fils de Dieu, en se laissant conduire par l’Esprit Saint, dans une parfaite obéissance (cf. Traité de l’amour de Dieu: Œuvres complètes, XI, 15, V, pp. 291 ss): "Le parfait abandon entre les mains du Père céleste et la parfaite indifférence en ce qui regarde la divine volonté sont la quintessence de la vie spirituelle […]. Tout le retard dans notre perfection provient seulement du manque d’abandon, et il est sûrement vrai qu’il convient de commencer, de continuer et d’achever la vie spirituelle à partir de là, à l’imitation du Sauveur qui a réalisé cela avec une extraordinaire perfection, au début, durant et à la fin de sa vie" (Sermon pour le Vendredi Saint, 1622: Œuvres complètes, X, p. 389)."

Dans cette lettre, Jean-Paul II invitait "les pasteurs et les fidèles à se laisser enseigner par son exemple et par ses écrits, qui demeurent d'une grande actualité". (Zenit.org)

Vierge à l'Enfant avec saint François de Sales, Carlo Maratta, 1691, Forli, Pinacoteca Civica, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 57.

Vierge à l'Enfant avec saint François de Sales, Carlo Maratta, 1691, Forli, Pinacoteca Civica, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 57.

Citons quelques paroles de François lui-même :

 

"Soyez, disait-il, le plus doux que vous pourrez, et souvenez-vous que l'on prend plus de mouches avec une cuillerée de miel qu'avec cent barils de vinaigre. S'il faut donner en quelque excès, que ce soit du côté de la douceur."

 

"Je le veux tant aimer, ce cher prochain, je le veux tant aimer ! Il a plu à Dieu de faire ainsi mon cœur ! Oh ! Quand est-ce que nous serons tout détrempés en douceur et en charité !"

 

"Ayons toujours les yeux sur Jésus crucifié ; marchons à son service avec confiance, simplicité et sagesse. Il sera le protecteur de notre réputation, et s'il permet qu'elle nous soit enlevée, ce sera pour que nous jouissions de sa sainte humilité."

 

"Comme le dit le Docteur angélique, le meilleur moyen pour aimer Dieu, c'est de connaître ses bienfaits. (...) Si nous nous rappelons ce que nous avons fait lorsque Dieu n'était pas avec nous, nous devrons bien reconnaître que ce que nous faisons quand il est avec nous ne vient pas de nous."

 

"Ne cherchez pas à vouloir opposer la vertu contraire à la tentation que vous éprouvez, car ce serait encore discuter avec elle. Dirigez plutôt votre coeur vers Jésus-Christ, et dans un élan d'amour embrassez ses pieds sacrés. C'est le meilleur moyen de vaincre l'ennemi, aussi bien dans les grandes que dans les petites tentations."

 

"L'un des meilleurs usages que nous puissions faire de la douceur, c'est de l'appliquer à nous-mêmes, en ne nous étonnant jamais de nos imperfections. (....) Il faut pourtant nous garder de toute aigreur, de tout dépit, de toute colère. Il en est beaucoup qui pour s'être trop énervés, s'énervent encore d'avoir été énervés, ont du dépit d'en avoir eu, sont en colère de l'avoir été. Par là ils tiennent leurs coeurs dans un mécontentement permanent. (...) Ainsi lorsque notre coeur aura commis quelque faute, reprenons-le avec douceur et patience, avec plus de compassion que de passion, en l'encourageant à se réformer. Le repentir qu'il en concevra sera bien plus profond."

 

"Il nous faut garder une continuelle et inaltérable égalité de coeur."

 

"Pour recevoir la grâce de Dieu en nos coeurs, il faut qu'ils soient vides de notre propre gloire. (...) Ainsi l'humilité repousse Satan. Elle nous fait garder les grâces et les dons du Saint-Esprit. C'est la raison pour laquelle Notre-Seigneur, Sa Mère et tous les saints, entre toutes les vertus morales, ont aimé et honoré l'humilité plus que toutes les autres."

 

"Ne vous permettez jamais de vous mettre en colère ; n'ouvrez jamais la porte de votre cœur à cette passion sous quelque prétexte que ce soit."

 

"On fait toujours assez vite ce qu'on fait bien. Les bourdons font toujours plus de bruit et sont plus pressés que les abeilles, mais ils ne font que de la cire et pas de miel ; de même ceux qui se pressent avec une inquiétude ardente et une sollicitude bruyante, ne font jamais ni beaucoup ni bien."

 

 

PRATIQUE. Soyez doux : un zèle amer ne produit que du mal. 

 

Soyez en paix.

N’attendez pas avec peur les changements de la vie ;
regardez-les plutôt avec l'espoir qu'à mesure qu'ils se présenteront,
Dieu, à qui vous appartenez, vous guidera en toute sécurité à travers toutes choses ; et quand vous ne pourrez pas le supporter, Dieu vous portera dans ses bras.
Ne craignez pas ce qui peut arriver demain ; le même Père compréhensif qui prend soin de vous aujourd’hui prendra soin de vous alors et chaque jour.
Soit il vous protégera de la souffrance, soit il vous donnera une force sans faille pour la supporter. Soyez en paix et mettez de côté toutes pensées et imaginations anxieuses.

St François De Sales

Sources :

(1) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. 29 ; (2) L'Evangile au quotidien ; (3) Jean-Christian PETITFILS, Louis XIII, Perrin, Lonrai 2008, p. 264 ; (4) Wikipedia ; (5) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, François-Xavier de Guibert, Paris 2013, p. 18-21 ; (6) Aimé RICHARDT, Calvin, François-Xavier de Guibert, Clamecy 2009, p. 76-78 ; (7) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 15 et 21 ; (8) RUCHAT, t. VI, p. 334 ; (9) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 76 ; (10) Jean SÉVILLIA, Historiquement correct, Pour en finir avec le passé unique, Perrin, Saint-Amand-Montrond 2003, p. 104 ; (11) Bartolomé BENNASSAR, Jean JACQUART, Le XVIe siècle, Armand Colin Poche, Paris 2013, p. 154-158 ; (12) Pierre GAXOTTE, de l'Académie française, Histoire des Français, Flammarion, Saint-Amand, 1972, p. 374; 377 ; (13) Aimé RICHARDT, Calvin, ibid., p. 91 ; (14) Dimitri MEREJKOVSKI, Calvin, Traduit du russe par Constantin Andronikoff, Nrf, Gallimard, Paris 1942, p. 19; 91-92; 113; 117- 118; 124-125 ; (15) Aimé RICHARDT, Calvin, ibid., p. 8; 223-234 ; (16) Yves-Marie ADELINE, Histoire mondial edes idées politiques, Ellipses, Paris 2007, p. 254 ; (17) Aimé RICHARDT, Calvin, ibid., p. 102-103 ; (18) Jean DUMONT, L'Église au risque de l'histoire, préface de Pierre CHAUNU de l'Institut, Éditions de Paris, 2002, p. 579 ; (19) Dimitri MEREJKOVSKI, Calvin, ibid, p.  118;157-158; 167; 176 ; (20) Aimé RICHARDT, Calvin, ibid., p. 180-181 ; (21) François ANGELIER, Saint François de Sales, Pygmalion, Paris, 1997, p. 100, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 23 ; (22) Oeuvres, t. VII, p. 73, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 131 ; (23) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 52-53 ; (24) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 206 ; (25) Cité in Charles-Auguste DE SALES, Histoire du Bienheureux François de Sales, Lyon 1634, p. 81, cité in Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 79 ; (26) Mgr TROCHU, Saint François de Sales, Lyon, 1955, p. 324, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 82 ; (27) Cité par André RAVIER, François de Sales, Nouvelle Cité, 2009, p. 77 ; (28) Mgr TROCHU, ibid., p. 333 ; (29) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 84 ; (30) Cité par Mgr TROCHU, Vie de Saint François de Salesibid., p. 372, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 90 ; (31) Mgr TROCHU, ibib, p. 393, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 92 ; (32) Samuel Pruvot, Nos Ancêtres les Saints, Petite histoire de la France missionnaire, Cerf, Paris 2017, p. 90-91 ; (33) Dom Jean de Saint-François, La Vie du bienheureux Messire François de Sales, 1624, p. 90, cité in, Aimé RICHARDT, ibid., p. 95 ; (34) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 95 ; (35) Charles-Auguste de SALES, ibid., p. 128, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 99 ; (36) Selon Aimé Richardt, qui rapporte cette discussion (p. 101-102), "on connaît l'essentiel des propos échangés par les deux hommes grâce surtout aux relations de Charles-Auguste de SALES, ibid., p. 130-134 ; (37) d'après Mgr Francis TROCHU, Vie de Saint François de Sales, t. 1, p. 462-465, Dominicains d'Avrillé ; (38) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 102 ; (39) Jean GUIRAUD, Histoire partiale, Histoire vraie, tome II, Moyen-Âge, Renaissance, Réfome, Quatrième édition, Gabriel Beauchesnes & Cie Éditeurs, Paris 1912 ; (40) Dimitri MEREJKOVSKI, Calvin, ibid., p. 153-154 ; (41) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 103 ; (42) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 215-216 ; (43) Mgr PICARD, La Mission de Saint François de Sales en Chablay, p. 86, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., 85 ; (44) Les Controverses, édition d'Annecy, p. 21-27, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 87 ; (45) DANIEL-ROPS, Histoire de l'Eglise du Christ, tome VI, La Réforme catholique, Librairie Arthème Fayard, Éditions Bernard Grasset, Paris 1965, p. 357-358 ; (46) Marguerite & Roger Isnard, Nouvel almanach du Comté de Nice, Serre Éditeur, 2006, p. 31 ; (47) DANIEL-ROPS, Histoire de l'Eglise du Christ, tome VI, ibid., p. 324 ; (48) S. François de Sales, cité par André RAVIER, op. cit., p. 183, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 175 ; (49) Mère de CHAUGY, 2e Procès, t. IV, p. 791, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 186 ; (50) Des Premiers Martyrs à nos jours, Saints et Saintes de France, Hatier, Renens, 1988, p. 79 ; (51) Jean-Christian PETITFILS, ibib., p. 150 ; (52) Oeuvres, op. cit., t. XIII, p. 237, cité in, A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 143 ; (53) Mgr Paul GUERIN, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Editions D.F.T., Argenté-sur-Plessis 2003p. 61 ; (54) Patrick SBALCHIERO, Enquête sur les miracles dans l'Eglise catholique, Artège, Paris 2019, p. 261 ; (55) Mgr TROCHU, op. cit., t. II, p. 471, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 197 ; (56) Abbé EDOUARD, cité dans Gilles JEANGUENIN, Saint François de Sales, Son Combat contre le démon, Éditions de l'Émmanuel, Dijon 2009, p. 36 ; (57) Gilles JEANGUENIN, Saint François de Sales, Son Combat contre le démon, ibid.,, p. 22-23 ; (58) Gilles JEANGUENIN, Saint François de Sales, Son Combat contre le démon, ibid., p. 100-101; et 113 ; (59) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 196 ; (60) Charles-Auguste de SALES, op. cit., p. 576, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 231 ; (61) Un évêque modèle : Saint François de Sales, Corrispondenza Romana ; (62) Gilles JEANGUENIN, Saint François de Sales, Son Combat contre le démon, ibid., p. 102 ; (63) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 234.

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20 janvier 2025 1 20 /01 /janvier /2025 10:20

La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, pétrie des meilleurs sentiments philosophiques, achèvera d'immoler les libertés et franchises concrètes de l'Ancien Régime sur l'autel d'une Liberté théorique, d'une Égalité formelle et d'une Fraternité abstraite.

Philippe DELORME, Préface de Jean TULARD de l'Institut, Contre-Histoire de France, Ni romance, ni repentance, Via Romana, Le Chesnay 2024, p. 214

Cf. https://x.com/ActLegitimiste/status/1880925309681488039/photo/2

Cf. https://x.com/ActLegitimiste/status/1880925309681488039/photo/2

C'est l'histoire de l'une des plus grandes injustices que la France ait connues, l'histoire d'un Roi qui ne voulait que le bonheur de son peuple.

 

A peine sacré, il abolit la torture et fait relâcher des milliers de prisonniers. Louis XVI rend visite aux pauvres, et fait rénover les hôpitaux. Soucieux de la justice et des peuples, Louis XVI vole au secours de l'Amérique pour lui donner la liberté.

 

Père de famille exemplaire, il enseigne à son fils qu'un Roi se doit de penser uniquement au bonheur de son peuple. Mais la guerre a coûté plus de deux milliards de livres, les caisses sont vides. Louis XVI convoque les Etats généraux pour réaliser l'égalité fiscale. La Bastille est prise, les quelques gardes infirmes sont massacrés, le gouverneur est décapité, premiers signes d'une tyrannie totalitaire et pour Louis XVI une destinée de saint martyr. Louis XVI ne reverra jamais plus Versailles. Il ne reverra plus jamais sa femme car il sera assassiné à l'aide d'un procès truqué.

Il est mort le 21 janvier 1793. Son fils sera battu à mort au nom de la "liberté" et des droits de l'homme, sa femme Marie-Antoinette sera guillotinée.

 

Chaque année les Français honorent sa mémoire afin que sa mort n'ait pas été inutile.

Chaque année au mois de janvier, les royalistes français rendent hommage au roi Louis XVI.

 

Les réformes de Louis XVI

 

Louis XVI décida de soulager son peuple en le dispensant du "droit de joyeux avènement", impôt perçu à chaque changement de règne.

 

Louis XVI créa le corps des pompiers. Il autorisa l'installation de pompes à feu, pour approvisionner Paris en eau de manière régulière.

 

Louis XVI créa un mont-de-piété à Paris pour décourager l'usure, et venir en aide aux petites gens.

 

Louis XVI aida l'oeuvre de l'Abbé de l'Epée, pour l'éducation des "Sourds-muets sans fortune", auxquels il fit enseigner un langage par signes de son invention. Le roi lui versa une pension de 6000 livres sur sa propre cassette, contre l'avis de l'archevêché qui soupçonnait cet homme de jansénisme.

 

Louis XVI dota l'oeuvre de Valentin Hauÿ pour les aveugles.

 

Louis XVI donna aux femmes mariées et aux mineurs de toucher eux-mêmes leurs pensions sans demander l'autorisation de leur mari ou tuteur.

 

Louis XVI ordonna aux hôpitaux militaires de traiter les blessés ennemis "comme les propres sujets du roi", 90 ans avant la première convention de Genève.

 

Par l'Édit du 8 août 1779, Louis XVI fit abolir le droit de servage, le droit de suite et la mainmorte (c'est-à-dire la ''servitude personnelle et réelle'' sur les domaines royaux de France. (Louis Firmin Julien Laferrière, Histoire du droit français, Joubert, 1837), servage qui dans la pratique n'existait plus dans la majorité des terres depuis trois siècles. [1] L'esclavage ayant été aboli par l'édit de 1315 de Louis X le Hutin au XIVe siècle [2], et le servage ayant disparu depuis la fin de la Guerre de Cent Ans (1453) l'"abolition des privilèges" lors de la célèbre nuit du 4 août 1789 n'a donc eu aucun effet sur l'abolition du servage. L'édit de 1779 considère ''bien moins ces affranchissements comme une aliénation, que comme un retour au droit naturel''...

 

Louis XVI ordonna l'abolition de la question préparatoire et préalable (torture).

 

Louis XVI accorda le premier le droit de vote aux femmes dans le cadre de l'élection des députés de l'Assemblée aux États-généraux.

 

Louis XVI permit aux femmes d'accéder à toutes les maîtrises.

 

Louis XVI finança tous les aménagements de l'Hôtel-Dieu pour que chaque malade ait son propre lit individuel.

 

Louis XVI employa le premier l'expression justice sociale.

 

Louis XVI fonda un hôpital pour les enfants atteints de maladies contagieuses, aujourd'hui nommé Hôpital des Enfants-Malades.

 

Louis XVI créa le musée des Sciences et Techniques, futur centre national des Arts et Métiers.

 

Louis XVI fonda l'école des Mines.

 

Louis XVI finança sur ses propres fonds les expériences d'aérostation des frères Montgolfier.

 

Louis XVI finança également les expériences de Jouffroy d'Abbans pour l'adaptation de la machine à vapeur à la navigation.

 

Louis XVI exempta les Juifs du péage corporel et autres droits humiliants, fit construire les synagogues de Nancy et de Lunéville et permit aux Juifs l'accès à toutes les maîtrises dans tout le ressort du parlement de Nancy.

 

Louis XVI accorda des pensions de retraite à tous ceux qui exerçaient une profession maritime.

 

Louis XVI demanda l'établissement annuel de la balance du commerce.

 

Louis XVI accorda l'état-civil aux protestants et aux juifs (édit de Versailles, 1787). Il autorise les constructions des synagogues de Nancy & Lunéville. A Lunéville, le décor de la façade sculpté au ciseau de Thouvenot manifeste l’expression de la reconnaissance envers le roi : couronne et fleurs de lys. Ces symboles "furent martelés à la Révolution". La généreuse guirlande de pampres de vigne et la couronne partiellement martelée sont interprétées comme le symbole du peuple juif et de la Loi transmise par Dieu à Moïse. (Les synagogues de Phalsbourg, Carpentras et Cavaillon furent construites au XVIIIe siècle, avant celle de Lunéville.)

 

Louis XVI ressuscitant 144 corporations se justifia ainsi devant Turgot : "En faisant cette création nous voulons donner aux ouvriers les moyens de défense, nous voulons qu'ils puissent jouir en commun, de leur intelligence qui est le bien le plus précieux de l'homme." 

 

La condition paysanne et ouvrière sous l’Ancien Régime, bien que marquée par certaines contraintes, était globalement plus stable que celle des classes populaires sous la République où dans les villes, les ouvriers  étaient soumis à des conditions de travail inhumaines :

  • Journées de 12 à 16 heures...

  • Logements insalubres dans des taudis urbains

  • Suppression des corporations : aucune protection sociale pour un siècle

 

Durant la Révolution, en 1791, la bourgeoisie d'affaire voltairienne supprima les corporations au nom du libéralisme. C'est le début de la misère sociale qui culminera tout au long du XIXe siècle. 

 

14 juillet 1789 : La Révolution dite "française"Louis XVI tenta une réforme fiscale d'égalité de tous devant l'impôt...

 

[Cf. La Subvention territoriale (1786), réforme d'égalité voulue par la monarchie refusée par les parlementaires depuis un siècle... 

le "dixième" en 1710 ... 

le "vingtième" en 1750 ... 

Source: Jean-Louis Harouel, La pré-Révolution 1788-1789 in Les révolutions françaises, Sous la Direction de Frédéric Bluche et Stéphane Rials, Fayard, Mesnil-sur-l'Estrée 1989].

 

 

"La Révolution aura fait reculer la législation sociale de trois quarts de siècle" ! René Sédillot), installé le règne sans frein de la bourgeoisie capitaliste (sous couvert de "liberté et d'égalité". ... La liberté de l'enrichissement par l'égalité dans la pauvreté.... Cf. L'impasse des droits de l'homme), la naissance du prolétariat.

 

Louis XVI était devenu un obstacle aux projets de la bourgeoisie capitaliste, qui le fit donc assassiner le 21 janvier 1793, sur l'actuelle Place de la Concorde à Paris.

 

La mort du Roi, c'est : un procès inique truqué qui déshonore la justice, la rupture avec 1300 ans d'histoire de France, le point de départ de tous les totalitarismes

 

(Cf. "La première logique totalitaire apparaît sous la Révolution française". Stéphane Courtois).

Je meurs innocent de tous les crimes qu'on m'impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort; je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe pas sur la France.

Louis XVI

 

21 janvier 1793 : C'est l'histoire de l'une des plus grandes injustices que la France ait connues

Notes

 

[1] "Les caractères de l'ancienne servitude ont progressivement disparu (sous l'Ancien Régime). Il ne reste plus guère, en quelques régions, que des sujets soumis à la mainmorte." C'est-à-dire des gens qui ne peuvent transmettre leurs biens à d'autres qu'à leurs enfants. La mainmorte décline aux XVIIe et XVIIIe siècle, mais reste en certaines régions (Bourgogne) une arme aux mains du seigneur. (Guy CABOURDIN, Georges VIARD, Lexique historique de la France d'Ancien Régime, Armand Collin, 3e éd., Paris 1998, p. 303 et p. 206.)

[2] "Lorsque paraît l'édit de Louis X (1315), l'esclavage proprement dit a en fait disparu. Sous le règne des rois mérovingiens déjà, cette pratique n'avait plus guère de défenseurs, pour des raisons à la fois économiques et religieuses." (Catherine MALABOU, Il n'y a pas eu de Révolution, Réflexion sur la propriété privée, le pouvoir et la condition servile en France, Bibliothèque Rivages, Éditions Payot & Rivages, Paris 2024, p. 230.)

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15 janvier 2025 3 15 /01 /janvier /2025 00:00
Saint Rémi, archevêque de Reims, Apôtre des Francs (438-533)

Né vers 436 à Laon dans l'actuel département département de l'Aisne (Hauts-de-France), forteresse imprenable construite par les Romains et ancien promontoire sacré des druides (Laudunum ou Lugdunum, provenant du dieu Lau ou Lug, divinité celtique du Vème siècle avant J.C), Rémi illustre l'église des Gaules par son savoir, son éloquence, sa sainteté et ses miracles.

 

L'histoire de sainte Clotilde nous a appris comment le roi des Francs, Clovis, son époux, se tourna vers le Dieu des chrétiens à la bataille de Tolbiac, et remporta la victoire. Ce fut saint Rémi, né en 438 à Cerny-en-Laonnois, près de Laon, du comte Émile de Laon (Emilius) et de sainte Céline (Célinie), dans la bonne société gallo-romaine, qui acheva d'instruire le prince.

 

Selon la tradition, ce qui rendait les parents de Rémi surtout recommandables, c'était leur zèle pour la pratique des vertus chrétiennes. Ils furent très attentifs au choix de ceux qu'ils chargèrent de l'éducation de leur fils; aussi Dieu bénit leurs soins, et, dès l'âge de vingt-deux ans, Rémi s'était acquis une telle réputation de science et de vertu, qu'on crut pouvoir passer par-dessus les règles ordinaires en l'élevant - malgré sa jeunesse - sur le siège de Reims, à vingt-deux ans. Un épiscopat de soixante-dix ans, et une suite non interrompue de grandes actions ont rendu son nom célèbre ! Évêque de Reims, Rémi géra avec application son diocèse, mettant en application ce qu'il prêchait dès 486 à Clovis, secourant les pauvres et les pèlerins, protégeant les veuves, nourrissant les orphelins, rachetant les captifs, affranchissant de nombreux esclaves, et jouant un rôle de médiateur auprès des barbares.

 

Par exemple, dans la célèbre lettre qu'il adresse à Clovis en 482, lors de l'accession au pouvoir du roi à la mort de son père Childéric, Rémi recommande : 

Une grande nouvelle est venue jusqu'à nous : vous avez hérité du gouvernement de la Belgique seconde. Rien d'étonnant à ce que tu sois à tes débuts ce que tes parents ont toujours été. À ce poste dominant, et si élevé, où t'a porté ton mérite et ton active humilité. Tu dois avant tout veiller à ce que le Seigneur ne te retire pas sa faveur.

[...] Soulage les habitants de ta province, réconforte les affligés, veille sur les veuves, nourris les orphelins - fais mieux, instruis-les -.

[...] Que ton Palais reste ouvert à tous, pour que personne ne s'afflige d'être tenu à l'écart. Tu détiens de ton père quelque richesses : tu t'en serviras pour délivrer les captifs et les délier du joug de la servitude. Que celui qui paraît devant vous ne se sente pas étranger.

M.C. ISAÏA, Rémi de Reims, Mémoire d'un saint, histoire d'une église, Cerf, Paris 2010, p. 777.

L'histoire du retour des vases sacrés (vases de Soissons), sans doute des vases de Reims, qui avaient été volés puis rendus à Rémi, témoigne des bonnes relations qui existaient entre lui et le roi Clovis.

Saint Rémi, archevêque de Reims, Apôtre des Francs (438-533)

Le baptême de Clovis

 

La nuit avant son baptême, Rémi alla chercher le roi, la reine et leur suite dans le palais; il les conduisit à l'église, où il leur fit un éloquent discours sur les grands mystères de la religion chrétienne et la vanité des faux dieux. Le Saint prédit à Clovis et à Clotilde les grandeurs futures des rois de France, s'ils restaient fidèles à Dieu et à l'Église. (Cf. Testament de S. Remi)

Saint Rémi, archevêque de Reims, Apôtre des Francs (438-533)

Quand fut venu le moment du baptême le 25 décembre 496, avec 3.000 de ses guerriers francs, Rémi dit au roi :

 

"Courbe la tête, fier Sicambre ; adore ce que tu as brûlé, et brûle ce que tu as adoré."

 

 

Au moment de faire l'onction du Saint Chrême, le pontife, s'apercevant que l'huile manquait, leva les yeux au Ciel et pria Dieu d'y pourvoir. Tout à coup, un ange descendit d'en haut, portant une fiole pleine d'un baume miraculeux ; le saint prélat la prit, et fit l'onction sur le front du prince. Cette fiole, appelée dans l'histoire la "sainte Ampoule", exista jusqu'en 1793, époque où elle fut brisée par les révolutionnaires.

Saint Rémi, archevêque de Reims, Apôtre des Francs (438-533)

Outre l'onction du baptême, saint Rémi avait conféré au roi Clovis l'onction royale. Deux sœurs du roi, trois mille seigneurs, une foule de soldats, de femmes et d'enfants furent baptisés le même jour.  

 

Rémi envoya ce message à Clovis :

Secourez les malheureux, protégez les veuves, nourrisez les orphelins... Que votre tribunal reste ouvert à tous et que personne n'en sorte triste ! Toutes les richesses de vos ancêtres, vous les emploierez à la libération des captifs et au rachat des esclaves. Admis en votre palais, que nul ne s'y sente étranger ! Plaisantez avec les jeunes, délibérez avec les vieillards !

Missel du Dimanche 2019, Nouvelle traduction liturgique, Année C, Artège Bayard, Lonrai 2018, p. 157-158.

Le saint évêque aurait rendu la vue à deux aveugles, conjuré d'un seul geste de sa main un incendie allumé par les démons et qui menaçait d'embraser toute la ville de Reims.

 

Sa sollicitude allait aux plus humbles créatures de Dieu, tels ces moineaux qui venaient familièrement picorer dans sa main les miettes de son repas.

Saint Rémi, archevêque de Reims, Apôtre des Francs (438-533)

Saint Rémi s'éteignit, âgé de quatre-vingt-seize ans, l'an 533. La basilique rémoise où il fut enseveli passa dès le milieu du VIe siècle sous son vocable. Dès lors Rémi fut vénéré comme principal patron de la ville de Reims : en 546, les habitants, pour écarter une épidémie de peste venant de Germanie, avaient porté en procession la pièce de tissu (palla) recouvrant le tombeau du saint évêque. Sa réputation de thaumaturge assura le développement de son culte  dans les régions voisines, en Lorraine, où le village natal de Jeanne d'Arc porte son nom (Domrémy), et en Alsace (Eschau), mais aussi en Provence (Saint-Rémi-de-Provence) et dans les régions alpestres du Trentin, du Tyrol et de la Bavière. Une première Vie de Saint Rémi fut rédigée peu après sa mort. Avant que cette biographie primitive disparût - ce qui advint très tôt -, Grégoire de Tours put s'en inspirer dans les chapitres de son Histoire des Francs.

 

Il est l'un des cinq patrons catholiques de France, avec S. Martin, S. Denis, Ste Jeanne d'Arc et Ste Thérèse de Lisieux.


Dans le diocèse de Reims, il est fêté le 1er octobre conformément à une tradition locale qui remonte à la fin du VIe siècle.

Tombeau de Saint Remi dans la basilique Saint Remi à Reims (Marne - Champagne-Ardennes)

Tombeau de Saint Remi dans la basilique Saint Remi à Reims (Marne - Champagne-Ardennes)

En mémoire du baptême de Clovis, les évêques de Reims ont été depuis en possession d'un droit de sacrer les rois de France.

Sources : (1) (2), (3) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. 276; (4) Dictionnaire des saints et Grands témoins du christianisme, Sous la direction de Jean-Robert ARMOGATHE et André VAUCHEZ, CNRS Éditions, Paris 2019, p. 1022-1026.

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29 décembre 2024 7 29 /12 /décembre /2024 17:07
Le 2 octobre 1789 les Révolutionnaires légalisent le prêt à intérêt. Le 25 avril 1794 la Convention déclare l'argent être une marchandise comme les autres et que l'on peut donc la louer. (Cf. Marion SIGAUT)

Le 2 octobre 1789 les Révolutionnaires légalisent le prêt à intérêt. Le 25 avril 1794 la Convention déclare l'argent être une marchandise comme les autres et que l'on peut donc la louer. (Cf. Marion SIGAUT)

La condition paysanne sous l’Ancien Régime, bien que marquée par certaines contraintes, était globalement plus stable et souvent moins oppressive fiscalement que celle des classes populaires sous la République.

 

Contrairement aux idées reçues véhiculées par la propagande révolutionnaire, les paysans sous la monarchie bénéficiaient de protections sociales, économiques et culturelles qu’ils ont largement perdues après 1789. Regardons les faits et comparons.

 

Une fiscalité moins écrasante sous la monarchie

 

L’un des principaux arguments révolutionnaires était que les paysans étaient écrasés par les impôts sous la monarchie. Or, la réalité est tout autre :

 

Impôts sous l’Ancien Régime : Les paysans payaient principalement deux taxes

 

La taille royale, un impôt direct, dont beaucoup étaient exemptés (notamment les habitants de certaines provinces privilégiées ou les petits propriétaires).

 

La dîme, qui n’était pas un impôt étatique mais une redevance religieuse souvent réinvestie localement dans l’entretien des églises et le soutien aux plus pauvres.

 

Ces impôts représentaient en moyenne 8 à 10 % du revenu paysan (source : *Goubert, Pierre. L’Ancien Régime).

 

Fiscalité sous la République : Après 1789, la monarchie est remplacée par un État centralisé. Les révolutions et les guerres napoléoniennes entraînent une explosion des dépenses publiques.

 

Pour y faire face :

 

L’État républicain introduit de nouveaux impôts, comme la contribution foncière, bien plus lourds.

 

Les taxes indirectes (notamment sur le sel et les produits de base) augmentent fortement, touchant directement les classes populaires.

 

Résultat : sous la République, la pression fiscale sur les paysans et ouvriers représente 20 à 30 % de leurs revenus (source : *Lefebvre, Georges. La Révolution française).

 

Lire aussi :

 

Des impôts (aujourd'hui) dix fois supérieurs à ce qu'ils étaient avant 1789 !

Sous Louis XVI, "les taxes représentent moins de 10% du travail des gens" (Sud Radio - Eric Anceau, Histoire mondiale des Impôts)

 

La destruction des protections communautaires

 

Sous l’Ancien Régime, les paysans bénéficiaient de droits coutumiers qui assuraient une certaine sécurité :

 

Les terres communes : Les paysans pouvaient utiliser des terres collectives pour faire paître leurs animaux, ramasser du bois ou cultiver.

 

Ces terres disparaissent en grande partie après la Révolution, souvent accaparées par les bourgeois enrichis (source : *Marx, Karl. Les Luttes de classes en France).

 

Si les révolutionnaires ont caricaturé les seigneurs comme des oppresseurs, leur rôle était en réalité plus complexe. Ils étaient responsables de l’entretien des infrastructures locales (moulins, ponts, routes) et jouaient un rôle judiciaire et protecteur.

 

Avec l’abolition des droits féodaux, les paysans se retrouvent livrés à eux-mêmes, sans les ressources ni les protections nécessaires pour faire face aux crises économiques.

 

La conscription : un nouveau fardeau républicain

 

Sous la monarchie, les paysans étaient rarement impliqués dans les guerres : les armées royales étaient principalement composées de professionnels ou de mercenaires.

 

Avec la République et Napoléon, la conscription devient obligatoire, arrachant des millions de paysans à leurs terres pour participer à des guerres incessantes.

 

Entre 1793 et 1815, près de 2,6 millions de Français sont enrôlés de force, laissant derrière eux des champs non cultivés et des familles ruinées (source : *Bell, David A. The First Total War).

 

La misère ouvrière sous la République

 

La République, avec l’industrialisation, pousse de nombreux paysans à l’exode rural. Dans les villes, ils deviennent ouvriers, soumis à des conditions de travail inhumaines :

 

  • Journées de 12 à 16 heures

  • Logements insalubres dans des taudis urbains.

  • Aucune protection sociale.

 

En comparaison, sous l’Ancien Régime, la vie rurale offrait une certaine autonomie : même un paysan pauvre disposait souvent de son propre lopin de terre, assurant une subsistance minimale.

[Le décret d'Allarde du  mars 1791 supprimant les droits des corporations et la loi Le Chapelier, loi liberticide du 14 juin 1791 supprimant les corporations (syndicats d'Ancien Régime) qualifiés de "corps intermédiaires" à supprimer, est imprégnée de Jean-Jacques Rousseau et du libéralisme, Elle interdit, pour quasiment la totalité du siècle suivant, toute manifestation, toute grève et toute constitution de syndicats. La loi va provoquer une aggravation importante des inégalités et l’isolement définitif d’un ouvrier rendu - par la loi - incapable de défendre ses droits.

 

D’emblée, apparaît l’esprit de la loi qui est celui de "table rase", propre aux révolutionnaires français...]

La condition paysanne et ouvrière sous l’Ancien Régime

La propagande révolutionnaire : un écran de fumée

 

L’idée que la République aurait libéré les paysans repose largement sur des mensonges :

 

Les terres confisquées au clergé et à la noblesse : Loin d’être redistribuées aux paysans, ces terres ont été vendues aux enchères et accaparées par une nouvelle élite bourgeoise.

 

Les paysans, trop pauvres pour acheter, ont souvent perdu l’accès aux ressources dont ils dépendaient,

 

La montée des inégalités : La Révolution et la République ont favorisé l’émergence d’un capitalisme sauvage, accentuant les inégalités entre une bourgeoisie enrichie et des masses paysannes appauvries.

 

Sous l’Ancien Régime, malgré certaines contraintes, les paysans jouissaient d’une fiscalité plus légère, d’un accès aux ressources communes et d’une stabilité communautaire.

 

Avec la République, non seulement ces avantages ont disparu, mais de nouvelles formes d’exploitation (fiscale, militaire, économique) ont émergé, plongeant une grande partie des classes populaires dans une misère accrue.

 

Loin d’avoir libéré les paysans, la République a surtout remplacé une noblesse déchue par une bourgeoisie avide, tout en augmentant le poids de l’État sur les épaules des plus démunis.

 

Une vérité que l’histoire officielle peine encore à reconnaître.

 

Source: Royaliste de France

https://x.com/royaliste_Fr/status/1872944333890204103

***

Lire aussi :

 

La république a menti

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14 décembre 2024 6 14 /12 /décembre /2024 13:13
La Rus' de Kiev (IXe-Xe siècle) : aux origines de la Russie

La Rus' de Kiev: aux origines de la Russie

 

La Rus' de Kiev est fondée au IXe siècle par des marchands scandinaves appelés les Varègues. Elle connaît son apogée au XIe siècle après sa christianisation depuis Byzance avant de connaître un rapide déclin.

 

"La Rus’ de Kiev est à la fois aux origines de la Russie, de la Biélorussie et de l’Ukraine actuelles, autrement dit de l'ensemble du monde russe...

 

Tout commence vers le milieu du VIIIe siècle : des marchands scandinaves appelés les Varègues commencent à ouvrir des routes commerciales à travers le continent par voie fluviale, ce qui dynamise considérablement le secteur. Cet essor commercial se renforce encore à partir de l’an 843, lorsque l’empire byzantin met fin à ses querelles iconoclastes : le regain de vitalité de Byzance entraîne une explosion des flux sur la route du Dniepr. Les Varègues vendent notamment des fourrures et des esclaves razziés sur place en échange de métaux précieux. Ils fondent des établissements permanents en pays slave, notamment celui de Novgorod. En 862, le Varègue Riourik est proclamé prince de Novgorod et il impose son autorité sur toutes les agglomérations slaves voisines : c’est ce qui pose les bases d’un 1er état qu’on appelle la Rus’.

 

Oleg le Sage lui succède en 879 et poursuit cette politique d’expansion en s’emparant de Kiev, principal pôle économique de tout le secteur.

 

Il en fait aussitôt sa capitale et fonde ainsi la Rus’ de Kiev qui s’étend à cheval sur la Russie, la Biélorussie et l’Ukraine actuels.

 

En 907, il lance une vaste expédition et pille les villes côtières de l’empire byzantin; L’empereur doit alors se résigner à accorder aux Russes le libre commerce avec Constantinople.

 

Ça nécessite toutefois d’obtenir le droit de passage auprès des Khazars, un peuple turc qui contrôle la basse vallée du Dniepr. C’est un rival puissant, mais qui doit faire face à l’arrivée d’autres Turcs venus d’Asie Centrale, les Petchenègues. Finalement, le grand prince Sviatoslav profite de l’affaiblissement du khanat khazar pour lui donner le coup de grâce en l’an 964. Galvanisé par ses victoires, il s’attaque ensuite à l’empire bulgare, écrase tout sur son passage, et arrive en vue de sa capitale Preslav. Mais cet essor rapide de la Rus’ inquiète ses voisins : l’alliance des Bulgares et des Byzantins finit par repousser l’attaque des Rus’. Par ailleurs, les Petchenègues se montrent encore plus hostiles que les anciens Khazars et la Rus’ ne parvient pas à contrôler l’accès à la Mer Noire. Elle reporte alors ses efforts vers l’est et vers l’ouest, notamment sous le règne du grand prince Vladimir de Kiev (Vladimir le Grand ou Saint Vladimir) qui prend les rênes du pays en 980.

 

Vladimir Ier (980-1015), Grand-prince de Novgorod puis de Kiev

La menace commune des Petchenègues finit par resserrer les liens avec Byzance : en l’an 988, Vladimir accepte de se faire baptiser, ce qui va considérablement accélérer la christianisation des Rus’. Il faut noter qu’à cette époque, l’élite varègue a déjà largement fusionné avec la population slave locale jusqu’à former un peuple russe homogène.

 

La christianisation du pays entraîne une vague de constructions religieuses, surtout à Kiev, et le développement d’un art raffiné d’inspiration byzantine qui trouve son plein accomplissement sous le règne de Iaroslav le Sage, fils de Vladimir le Grand. C’est lui également qui fait édicter le tout premier code juridique slave.

 

Enfin il poursuit les campagnes militaires et remporte une victoire décisive contre les Petchenègues en 1037, ce qui les repousse vers l’empire byzantin qui est alors affaibli par des difficultés dynastiques. Les Rus’ en profitent pour attaquer Constantinople en 1043, mais ils sont repoussés, notamment à cause de l’utilisation du feu grégeois.

 

Lorsqu’Iziaslav succède à Iaroslav en 1054, la Rus’ est à son apogée territorial.

Mais ce sont à nouveau des Turcs venus d’Asie centrale, les Coumans, qui vont tout remettre en cause. En 1068, ils remportent une victoire contre les Rus’ et ravagent tout le sud du pays. Ça affaiblit considérablement l’autorité du grand-prince de Kiev et la Rus’ sombre dans des conflits internes.

 

En 1097, les différentes principautés de la Rus’ deviennent largement autonomes, ce qui n’empêche pas les conflits de se poursuivre. Le grand-prince de Kiev finit par perdre sa 1ère place, ce qui marque la fin de l’unité du pays.

 

Finalement, lorsque les Mongols débarquent en l’an 1236, ils trouvent une région en piteux état. Renforcés par des guerriers turcophones appelés les Tatars, ils ravagent tout le pays, rasent les villes, et éradiquent près de la moitié de la population.

 

En 1243, leur chef Batu s’installe à Saraï sur la Volga et fonde la Horde d’Or qui se détache rapidement du reste de l’empire mongol. Les Russes vont rester tributaires de la Horde d’Or pendant plusieurs décennies, jusqu’à ce qu’un nouvel espoir apparaisse du côté ouest.

 

En effet, les Baltes viennent de créer le grand duché de Lituanie en réaction à l’expansion de l’ordre teutonique. Face aux exactions des Mongols, la principauté de Polotsk (Biélorussie actuelle) appelle les Lituaniens à l’aide et accepte d’être rattachée au grand-duché en 1307.

 

La Lituanie continue ensuite son expansion vers le sud en combinant la guerre et la diplomatie, tant et si bien qu’en 1377, elle contrôle une grande partie de l’ancienne Rus’ de Kiev.

 

Peu après en 1388, la dynastie des Jagellons entraîne l’union de ce grand-duché avec la Pologne voisine.

 

Il ne reste alors plus que les principautés du nord-est qui demeurent à l’écart de cette expansion, notamment celle de Moscou qui parvient à se détacher de l’influence de la Horde d’Or sans pour autant tomber dans l’orbite de la Lituanie.

 

C’est cette ancienne périphérie de la Rus’ de Kiev qui va devenir le nouveau cœur de la Russie : c’est là que démarre l’histoire de la Russie moderne, qui méritera une autre vidéo à part entière. »

 

Cf. https://gloria.tv/share/xYnP2iyuHmWo2GFPf3Jg3pbdf

 

L'Ukraine et la Biélorussie actuelles sont des créations soviétiques artificielles créées par Staline qui aux alentours des années 1920 , était commissaire aux nationalités.

Le 24 juillet 2013, à l'occasion du 1025e anniversaire de la christianisation de l'ancienne Russie, le Patriarche de Moscou et de toutes les Russies Cyrille célébra une liturgie dans la cathédrale du Christ-Sauveur en mémoire de sainte Olga de Kiev, grand-mère de saint Vladimir de Kiev, premier grand-prince chrétien et évangélisateur de la Russie. 

 

La conversion de la Russie est devenue la date de la fête nationale russe sous le nom de "jour du baptême de la Russie", le 28 juillet, correspondant au jour du baptême de Vladimir de Kiev (956-1015).

La Rus' de Kiev (IXe-Xe siècle) : aux origines de la Russie

Le 25 août 2023, le Pape François demanda aux jeunes catholiques russes de ne pas oublier leur "héritage" : "Vous êtes les héritiers de la grande Russie - celle des saints, des rois, de Pierre le Grand, de Catherine II, le grand Empire russe, cultivé, avec tant de culture et d'humanité. Vous êtes les héritiers de la grande Mère Russie".

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24 novembre 2024 7 24 /11 /novembre /2024 01:00
Solennité du Christ Roi de l'univers

Si les enseignements de l'Eglise pouvaient pénétrer, comme nous l'avons décrit, les profondeurs de la conscience des hommes, qu'ils soient gouvernants ou sujets, tous finiraient par être si conscients de leurs devoirs personnels et civiques, de leurs responsabilités mutuelles, qu'en peu de temps "le Christ serait tout et en tous." ( Col 3, 11)

Encyclique du pape Pie XI, Ubi Arcano 43 du 23 décembre 1922

Le 23 novembre 2025, ce sera les 100 ans de la fête du Christ Roi. Elle n’est plus le dernier dimanche d’octobre, mais le dernier dimanche de l’année liturgique : elle devient ainsi comme le couronnement de l’année liturgique. Elle porte le titre de Solennité du Christ Roi de l’Univers.(Diocèse de Gap)

 

L'encyclique Urbi Arcano Dei Concilio du Pape Pie XI était d'une certaine manière le document programmatique du pontificat et qui consacre quelques points au règne de Jésus-Christ et à la paix du Christ dans le royaume du Christ comme remède fondamental à la paix universelle altérée par l'oubli et/ou la perte de la grâce, les conflits, les discordes internes, la lutte des classes et la lutte des partis politiques, la ruine de la famille, les dégâts spirituels de la société moderne relativiste. Jésus, fils de David, est venu apporter la paix. "Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né avant toute créature" (Col 1,15), "le "premier-né d’entre les morts" (Col 1,18) et "le premier-né d’une multitude de frères" (Rm 8,29), que sont tous les fidèles de Dieu, ceux qui se joindront à Jésus-Christ en tant que Ses frères et sœurs pour faire partie de cette famille divine lorsqu’ils ressusciteront à la vie spirituelle et immortelle. Nous sommes la postérité de Dieu : Nous sommes de sa descendance. (Ac 17,18). Dans l’hébreu ancien, le Psaume 82 apporte plus de lumière sur ce fait: au verset 6, Dieu parle des êtres humains comme étant "des dieux", assimilés ici aux "fils du Très-Haut" (Psaume 81 (82):6). Les descendants de Dieu sont des "dieux" comme Jésus le confirma en citant ce passage en Jean 10:34-36. Il a en tout la primauté, car il a voulu tout réconcilier en faisant la paix par le sang de la croix.

 

Le Pape voyait déjà alors que l'éloignement de Dieu dans la société, dans la famille et dans l'éducation étaient les principales causes de tous ces maux de l'époque et il déclarait explicitement les slogans et les programmes de Saint Pie X (Instaurare omnia in Christo) et de Benoît XV (restauration de la paix). De cette manière, le programme de Pie XI serait de réaliser la paix du Christ dans le royaume du Christ (pax Christi in regno Christi).

Si les hommes venaient à reconnaître l'autorité royale du Christ dans leur vie privée et dans leur vie publique, des bienfaits incroyables - une juste liberté, l'ordre et la tranquillité, la concorde et la paix -- se répandraient infailliblement sur la société tout entière.

Encyclique du pape Pie XI, Quas Primas n° 14 du 11 décembre 1925

Solennité du Christ Roi de l'univers

Source Video : Gloria.tv

 

La fête du Christ Roi a été instituée en 1925 par le Pape Pie XI, avec l'encyclique "Quas Primas". Le Pape déclara qu'avec cette fête "c'est désormais à notre tour de pourvoir aux nécessités des temps présents, d'apporter un remède efficace à la peste qui a corrompu la société humaine, le laïcisme."

 

Pie XI faisait précéder la Toussaint par la fête du Christ Roi afin de montrer que la foi catholique vécue dans la Cité devait emprunter les chemins de sanctification suivis par les saints. Durant ces années au Mexique les "Cristeros" persécutés par le gouvernement franc-maçon se battaient pour la liberté religieuse et mouraient en criant "Viva Cristo Rey" ("Vive le Christ Roi").

 

Aujourd'hui, l'Église fête la solennité du Christ Roi le dernier dimanche de l'année liturgique pour montrer que le Christ est le "commencement et la fin" (Ap 1,8), le Maître du temps et de l'Histoire. Cette fête est la conséquence liturgique de la conception théologique scotiste du XIVe siècle (ordre franciscain) reconnaissant au Christ une place suréminente dans l'œuvre de la Création et de la Rédemption. Celui que S. Jean dans l'Apocalypse appelle "l'Alpha et l'Oméga, le Principe et la Fin" (Ap 1,8), est la cause, le chef et l'achèvement de toute la Création spirituelle et sensible.

 

Vous avez sans doute entendu dire que "tous les chemins viennent à Rome", il est tout aussi vrai de dire que tous les chemins viennent de Rome !

 

L'Eglise catholique romaine a bâti la civilisation occidentale

 

La charité publique, les "Lumières" avec leurs déclarations de droits elles-mêmes, les droits de l'homme au Moyen-Age sous l'action de l'Eglise et du clergé, les droits des femmes inventés au "Moyen-Age (et détruits avec la Renaissance et la modernité) étaient des concepts inconnus dans l'antiquité. Le libre marché (théorisé par des scolastiques de l'école de Salamanque, 16e siècle), la" laïcité", n'eurent pas pu naître sans le christianisme. (Cf. Dr. Thomas Ernest Woods, How the Catholic Church Built Western Civilization, 2005.)

 

Cette civilisation était-elle parfaite ? Non, loin de là. Le monde avec des institutions parfaites n'existe pas... Mais à bien des égards, elle dépassait tout ce qui avait été vu jusque-là, non seulement par ses réalisations effectives, mais aussi par ses idées et sa vision du monde - ce à quoi elle aspirait.

Soyez attentifs, vous qui êtes mon peuple ; et vous, les nations, prêtez-moi l’oreille ! Car de moi sortira la loi, mon droit sera la lumière des peuples ! Soudain, je rendrai proche ma justice, mon salut va paraître, et mon bras gouvernera les peuples.

Livre d'Isaïe 51, 4-5

Solennité du Christ Roi de l'univers

Le sceptre royal n’échappera pas à Juda, ni le bâton de commandement, à sa descendance, jusqu’à ce que vienne celui à qui le pouvoir appartient, à qui les peuples obéiront.

Genèse 49,10

Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles ; par son bras très saint, par sa main puissante, il s'est assuré la victoire.

Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations ;

il s'est rappelé sa fidélité, son amour, en faveur de la maison d'Israël ; la terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu.

… il vient pour gouverner la terre, pour gouverner le monde avec justice et les peuples avec droiture.

Psaume 97

Car Dieu est roi de toute la terre ; chantez un cantique de louange.

Dieu règne sur les nations, il siège sur son trône saint.

Psaume 47, Bible Catholique Crampon 1923

Je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme.

... Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et les gens de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite.

Daniel 7, 13-14

"Daniel, prédisant la constitution par le Dieu du ciel d'un royaume qui ne sera jamais renversé... et qui durera éternellement (Dn 7,14); et, peu après, il ajoute: Je regardais durant une vision nocturne, et voilà que, sur les nuées du ciel, quelqu'un s'avançait semblable au Fils de l'homme; il parvint jusqu'auprès de l'Ancien des jours et on le présenta devant lui. Et celui-ci lui donna la puissance, l'honneur et la royauté; tous les peuples, de toutes races et de toutes langues, le serviront; sa puissance est une puissance éternelle, qui ne lui sera pas retirée, et son royaume sera incorruptible,'' écrit Pie XI dans Quas Primas, § 6)

Un royaume spirituel 

 

Mgr Louis-Édouard Pie (1815-1880), évêque de Poitiers, cardinal et prélat antilibéral du XIXe siècle, a expliqué la doctrine intégrale de la Royauté de Jésus-Christ.

 

La parole du Christ "Mon Royaume n'est pas de ce monde" (Jn 18,36) est souvent interprétée d'une manière erronée par les libéraux qui vivent comme si le royaume de Dieu ne devait déjà pas s'exercer sur cette terre. Cette parole de Jésus à Pilate indique simplement que la royauté du Christ vient d'en haut, et non de ce monde. Son pouvoir tire son origine du Ciel et non d'ici-bas. Elle va avec 'Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi si tu ne l’avais reçu D’EN haut' (Jn 19,11).

Saint Paul précise : "comme le Christ est du ciel, ainsi les hommes seront du ciel" (1 Co 15,48). 

La royauté du Christ s'exerce sur toutes les réalités, ici-bas comme au Ciel, tout ayant été fait "en" lui, "par" lui et "pour" lui (Colossiens 1,16). "Il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin." (Lc 1,33

 

"Car en lui habite corporellement toute la Plénitude de la Divinité"... (Colossiens 2,9)

 

Jésus se déclare Roi devant Pilate en disant : "Tu l’as dit, je suis roi. C'est pour cela que je suis né et c'est pour cela que je suis venu au monde…" (Jn 18, 37).

 

Cette déclaration impressionna tellement Pilate que, après la crucifixion de Jésus, il ordonna qu'un écriteau soit placé sur la croix au-dessus de sa tête avec cette inscription précise : "Iesus Nazarenus Rex Iudaeorum'' (INRI), "Jésus le Nazaréen, roi des Juifs" (Jn 19, 19).

 

La royauté de Jésus n'a rien à voir avec nos images habituelles des rois

 

L'Évangile (Mt 21,1 - 9, Mc 11,1 - 10, Lc 19, 28 - 40) raconte qu'à proximité de la fête de la Pâque juive, Jésus décida de faire une entrée solennelle à Jérusalem (Rameaux). Il organisa son entrée en envoyant deux disciples chercher un ânon. Il entra à Jérusalem sur une monture pour se manifester publiquement comme le Messie que les juifs attendaient. C'est une monture modeste comme l'avait annoncé le prophète pour montrer le caractère humble et pacifique de son règne.

 

"Il est le Roi des cœurs, à cause de son inconcevable charité qui surpasse toute compréhension humaine (Eph 3:19) et à cause de sa douceur et de sa bonté qui attirent à lui tous les cœurs: car dans tout le genre humain il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais personne pour être aimé comme le Christ Jésus." (Quas Primas 4)

 

Le Christ ne prône pas la révolte mais la réformation,  il ne cherche pas la Révolution politique, mais la conversion intérieure."Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé." (Jn 4,34) Jésus ne détruit ni n'annule rien, il accomplit.

 

Sur la Croix, alors que deux malfaiteurs étaient crucifiés avec lui, le peuple restait là à observer, les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : "Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu !" Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, en disant :"Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même !" Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : "Celui-ci est le roi des Juifs." L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : "N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi !" Mais l’autre lui fit de vifs reproches : "Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal." Et il disait : "Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume." Jésus lui déclara : "Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis." (Lc 23,35-40)

 

"Il est venu tout réconcilier, faisant la paix par le sang de sa croix (Col. 1:20); C’est lui, le Christ, qui est notre paix ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui séparait, le mur de la haine ; il a supprimé les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu les uns et les autres par le moyen de la croix; en sa personne il a tué la haine (Ephésiens 2,14-16).

 

Cor ad cor loquitur, le cœur parle au cœur". Jésus vient habiter dans nos cœurs. Son trône d'amour devient nos cœurs. Le règne social du Seigneur, doux et humble de cœur, ne s'impose pas par la force, mais par "l'esprit". Lorsque le chrétien reconnaît le Christ "Roi", cela signifie qu'il reconnaît au Christ la royauté, sur lui-même, et tout ce qu'il a : il ne garde rien pour lui mais lui donne tout.

 

"Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi." (Apocalypse 3,20)

 

"Jésus lui répondit : 'Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure.'" (Jean 14,23 )

 

Le Cardinal S. John Henry Newman que Léon XIV déclarera bientôt "Docteur de l'Église universelle" choisit la devise "Cor ad cor loquitur" ("Le cœur parle au cœur") comme expression de sa conversion dans son propre cœur, par le cœur de Dieu.

 

Il s'agit d'un royaume d'amour, un royaume spirituel, et non matériel, pour ceux qui sont nés de l'eau et de l'esprit. (Jn 3,5), sont devenus des créatures nouvelles (Ga 6,15) et qui persévèrent ici-bas dans la communion avec Dieu jusqu'à sa mort (Mc 13,13), naissance  à la vraie vie, à la vie de Dieu (Jn 14, 1-3) Un Royaume où "tous les hommes sont appelés à faire partie du peuple de Dieu" (CEC n°831).

 

"Le Royaume de Jésus est avant tout un royaume spirituel qui s'établit par la puissance divine et non par la force matérielle des armes. [Ainsi, lorsque Jésus est livré par Judas et arrêté à la demande du grand prêtre Caïphe, "l’un de ceux qui étaient avec Jésus, portant la main à son épée, la tira, frappa le serviteur du grand prêtre, et lui trancha l’oreille. Alors Jésus lui dit : 'Rentre ton épée, car tous ceux qui prennent l’épée (sans autorité ou mandat légitime. Ndlr.) périront par l’épée. Crois-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père ? Il mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d’anges'" (Mt 26: 51-53). "Les armes de notre combat ne sont pas charnelles" (2 Co 10,4) ; nous ne combattons pas avec les moyens de la chair (2 Co 10,3). La panoplie du chrétien ne comporte aucune armure, aucun équipement matériel. Les Chrétiens ont bien un glaive, mais c'est le casque du salut et le glaive de l'Esprit (Ep 6,17)] Mais il ne résulte aucunement de ces enseignements que le Christ ne veuille pas régner socialement, c'est-à-dire imposer ses lois aux souverains et aux nations." (La Royauté sociale de N.S. Jésus-Christ, d'après le Cardinal Pie, P. Théotime de Saint-Just, O.M.C., Lecteur émérite en théologie, Editions Saint-Rémi, p. 30), ni que le métier des armes soit interdit.

 

Une prophétie tirée du livre du prophète Isaïe dans l'Ancien Testament, précise par exemple : "Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu qui a toute ma faveur. J’ai fait reposer sur lui mon esprit ; aux nations, il proclamera le droit." La prophétie d'Isaïe poursuit au sujet du Messie : "Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, il ne fera pas entendre sa voix au-dehors. Il ne brisera pas le roseau qui fléchit, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit, il proclamera le droit en vérité. Il ne faiblira pas, il ne fléchira pas, jusqu’à ce qu’il établisse le droit sur la terre, et que les îles lointaines aspirent à recevoir ses lois. Ainsi parle Dieu, le Seigneur, qui crée les cieux et les déploie, qui affermit la terre et ce qu’elle produit ; il donne le souffle au peuple qui l’habite, et l’esprit à ceux qui la parcourent." (Is 42, 1-5.

 

Au XVIe siècle, contre ceux qui avait imposé la religion protestante par la force à Genève en 1535-1536 et en avait chassé l'évêque catholique, saint François de Sales dont la devise était, "Rien par force, tout par amour", dit, en 1594 : "C'est par la charité qu'il faut ébranler les murs de Genève, par la charité qu'il faut la recouvrer. Il faut [les] renverser par des prières ardentes et livrer l'assaut par la charité fraternelle." 

'’Comment le Christ régnera dans le monde ? D’abord, en régnant en chacun de nous. Et comment le fera-t-il ? En régnant en chacunes de nos actions, de nos pensées, chacun de nos désirs.’’

'’Comment le Christ régnera dans le monde ? D’abord, en régnant en chacun de nous. Et comment le fera-t-il ? En régnant en chacunes de nos actions, de nos pensées, chacun de nos désirs.’’

Le royaume messianique est à la fois présent et futur. Il est les deux à la fois. L'Église est le royaume du Christ déjà présent.

 

"Qu'il ne puisse s'agir seulement d'une communauté future d'ordre eschatologique, c'est ce qu'il est aisé de conclure de la parabole de l'ivraie, où le champ qui nous est décrit (le monde) contient simultanément de l'ivraie et du bon grain : 'en enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé en même temps. Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ; et, au temps de la moisson (la fin du monde), je dirai aux moissonneurs : Enlevez d’abord l’ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, ramassez-le pour le rentrer dans mon grenier” (Mt 13,24-30); d'autres paraboles comme celle du filet (Mt 13, 47-48), des talents (Mt 25- 14-30), des dix vierges (Mt 25, 1-13), du grain de sénevé dans sa croissance (Mt 13,32).

 

"Toute cette prédication du Christ était en continuité avec celle des prophètes (de l'AT) qui annonçaient aussi un royaume social. Elle reprend leurs termes et leur comparaisons. (Le pasteur et le troupeau de Mich 2,12; Ezech 34; la vigne de Is 5, 1-17; 27, 1-5; la parabole du cèdre dans Ezechiel 17,23, qui a des traits communs avec celle du grain de sénevé de Matthieu 13, 32.

 

"(...) La communauté chrétienne (...) [à] l'opposé de la 'Jérusalem actuelle', terrestre et nationale, (...) est la 'Jérusalem d'en-haut' (1 Co 10, 18), céleste et spirituelle (Ga 4, 25-26). (Joseph Lecler, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, 1955, rééd Albin Michel, Paris, 1994, p. 54.)

 

"Depuis le Christ, il y a donc désormais sur terre ce qui ne s'était jamais vu auparavant, ni chez les Juifs, ni chez les païens – deux ordres de souveraineté : une souveraineté temporelle autonome, avec ses lois, sa police, son droit de contrainte physique sur les malfaiteurs sociaux; et une souveraineté spirituelle autonome, ordonnée au salut des hommes, avec ses lois et sa discipline, mais pourvue seulement de moyens spirituels." (Joseph Lecler, L'Église et la souveraineté de l'État, Paris, 1946, p. 20.) Ce qui met fin à :

-l'holisme antique moniste (J. Largeault, Réductionnisme et holisme, Encyclopaedia universalis, 2000, vol. 19, p. 523-527) où l'univers est une seule réalité, le monde matériel et le monde spirituel sont liés (alors que le dualisme chrétien voient une séparation entre le monde matériel et le monde spirituel, Dieu le Créateur d'un côté et Sa création de l'autre),

-à l'histoire cyclique païenne,

-et libère l'homme de sa destinée passive et de son inclusion à un ordre cosmique prédéterminé. 

 

Ainsi, ''quand le christianisme a paru dans le monde, c'est la liberté, la liberté morale de l'homme qu'il a invoquée. Il le fallait bien, puisqu'il venait abolir les croyances [holistiques antiques. Ndlr.] anciennes, protégées par les pouvoirs établis. … il a fait appel à la conscience libre de l'homme [libre arbitre], et il a affirmé en principe cette liberté qu'en fait il pratiquait : 'Il faut plutôt obéir à Dieu qu'aux hommes', a dit Saint Pierre. (Ac 5,29)... 

 

"S'il y a quelque liberté dans le monde, si cette liberté qu'on nous oppose tant y occupe une si grande place, si elle est le grand caractère de la civilisation moderne, M. Guizot (1787-1874) [historien et homme d'État français, membre de l'Académie française] le sait très bien, il nous l'a lui-même éloquemment appris, c'est à nous, à nous seuls et à notre doctrine qu'on le doit.

 

"La vraie devise de cette liberté devrait être cette grande parole de ceux qui en furent les premiers martyrs : 'Il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes.' (Ac 5,29) Quand M. Guizot dit que le christianisme a commencé par invoquer et par mettre en jeu la liberté, il a bien raison ; mais la liberté par l'obéissance à Dieu, à Jésus-Christ et à Son Église... (Mt 16,18)'' (Auguste Nicolas - Du protestantisme et de toutes les hérésies dans leur rapport avec le socialisme, A. Vaton Libraire Editeur, Paris 1852, p. 69-73)

 

"Royaume ... déjà présent sur cette terre", mais dans le mystère - le Concile Vatican II le rappelle dans la constitution pastorale "Gaudium et spes" (n°39) - il parviendra à sa pleine perfection à la fin des temps avec la venue du Seigneur, Juge suprême et Roi, pour juger les vivants et les morts (Mt 25, 31 ss).

 

Le Christ a maintes fois décrit l'Église comme un royaume de Dieu visible et social. Les paraboles le comparent à un champ ensemencé (Mt 13,24); à une vigne pour la culture de laquelle le père de famille loue les ouvriers (Mt 20, 1-2; 21, 33-35); à un troupeau dont il est le pasteur (Jn 10); à un grain de sénevé qui devient un arbuste (Mt 13, 32); à un plan de vigne dont il est le cep et les disciples les rameaux (Jn 15, 1-8); à une famille où sous la direction du maître travaillent de nombreux serviteurs (Mt 25, 14-30; 24, 45-51); à une exploitation agricole qu'administre un intendant (Lc 16, 1-8.)

 

Si l'Église était fondamentalement "invisible", alors les chrétiens ne sauraient rien de leur religion depuis l'époque des apôtres. L'expression "pas de ce monde" ne signifie donc pas que le royaume du Christ est invisible. Cela signifie qu'il est établi et soutenu par Dieu comme aucun royaume terrestre ne l'est. Dieu n'a fait aucune des promesses qu'il a faites à son Église à quelqu'un d'autre ou quelque chose d'autre.

 

Si vous regardez les prophéties de l'Ancien Testament sur le royaume messianique, vous voyez encore qu'elles parlent de rois qui viennent dans le royaume et apportent leurs trésors.

 

Dieu dit à Moïse : "c’est le Seigneur qui est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre ; il n’y en a pas d’autre." (Dt 4,39)  Jésus dit de lui-même : "Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre." (Mt 28,18). 

Cela inclut les pouvoirs temporels qui détiennent l'épée au nom de la justice terrestre (Rom. 13), ainsi que la prêtrise, qui détient les clés afin d'enseigner avec autorité aux nations à observer tout ce que le Christ a ordonné, à savoir les dogmes de la foi et la loi morale (le premier et le deuxième grand commandement). Les rois, les princes, les présidents, les premiers ministres, etc., qui reconnaissent la foi catholique, en tant que laïcs, placés sous l'autorité spirituelle du sacerdoce catholique, sont chargés du bien commun temporel de la communauté. Et en ce qui concerne le dogme et la morale, ils sont sous l'autorité des prêtres de Dieu.

 

Le fait que le Royaume du Christ ne soit pas de ce monde signifie simplement ce qui suit :

(1) Il est établi par Dieu grâce à un sacrifice de soi, par amour de la part de Dieu incarné, plutôt que (comme la plupart des autres royaumes) par le sacrifice d'autrui par haine de la part d'hommes violents ;

(2) Il durera éternellement, contrairement aux royaumes fondés par les hommes ; et

(3) Il persistera et triomphera même lorsque ses affaires temporelles subiront une catastrophe, comme l'Église en a eu à de nombreuses reprises, et en aura particulièrement sous le règne de l'Antichrist.

 

 

Le Christ n'a pas besoin de permission humaine pour régner, car Il est Dieu. Les empires, les régimes politiques passent, Rome est tombée, Jérusalem a été détruite et le temple n'a jamais été reconstruit. Au lieu de cela, l’eucharistie, le corps du Christ  est devenu le nouveau temple (Jn 2,19-21), célébré chaque jour aux quatre coins du monde.

À l’heure actuelle, le Corps, le Sang, l'Âme et la Divinité du Messie peuvent être rencontrés sur chaque autel catholique de la planète. L'Eucharistie, telle que prophétisée par le prophète juif Malachie (1:11), a été offerte parmi les nations païennes comme sacrifice unique, final et ultime à Dieu il y a 2000 ans. Par la grâce de Dieu, reçue avec prééminence dans les sacrements, Dieu habite à présent dans nos cœurs, faisant d'eux de petits "temples" de Sa présence, des éléments constitutifs du Temple plus vaste, Son Église, dans laquelle Il demeure éternellement, promettant qu'il ne sera jamais vaincu par l'Enfer.

Et le jour viendra où tout genou flechira (Philippiens 2,10), pour reconnaître le Crucifié comme le Seigneur (Matthieu 23,39) qui avait été rejeté, avec pleurs et humiliations (Cf. Zacharie 12,10). Et alors "tout Israël sera sauvé" (Romains 11,26).

C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom,

afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers,

et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.

Philippiens 2,9-11

Nous ignorons simplement le temps de l’achèvement de la terre et de l’humanité et il ne nous appartient pas de le connaître (Ac 1,7); mais, nous l’avons appris, Dieu nous prépare une nouvelle terre où régnera la justice (2 Co 5, 2 ; 2 P 3, 13) et dont la béatitude comblera et dépassera tous les désirs de paix qui montent au cœur de l’homme (1 Co 2, 9 ; Ap 21, 4-5). Alors, la mort vaincue, les fils de Dieu ressusciteront dans le Christ, et ce qui fut semé dans la faiblesse et la corruption revêtira l’incorruptibilité (1 Co 15, 42.53). La charité et ses œuvres demeureront (1 Co 13, 8 ; 3, 14) et toute cette création que Dieu a faite pour l’homme sera délivrée de l’esclavage de la vanité. L’attente de la nouvelle terre, loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller : le corps de la nouvelle famille humaine y grandit, qui offre déjà quelque ébauche du siècle à venir. C’est pourquoi, s’il faut soigneusement distinguer le progrès terrestre de la croissance du règne du Christ, ce progrès a cependant beaucoup d’importance pour le Royaume de Dieu, dans la mesure où il peut contribuer à une meilleure organisation de la société humaine. (Gs 39)

 

 

 

Les apports du christianisme

 

Quelques contributions de l'Église au monde et au progrès terrestre :

 

Sans l'Eglise, pas de "Bible"

 

Jésus-Christ n'a rien écrit, il n'a pas laissé de bible. Ce qu'Il nous a laissé c'est l'Église, "colonne et fondement de la vérité" (1 Tm 3,15) et la tradition orale des apôtres reçue des enseignements de Jésus-Christ. Ni les apôtres ni les premiers chrétiens n'avaient de Bible (jusqu'au IVe siècle). À l’époque du Second Temple et à l’époque des Apôtres, il n’existait pas de canon unique universellement accepté des Écritures hébraïques – ce que nous appelons aujourd’hui l’Ancien Testament. Les pharisiens, les sadducéens et les esséniens avaient chacun des points de vue différents sur les livres considérés comme faisant autorité.  L’Église catholique est responsable du rassemblement et de la canonisation des livres de l’Ancien et du Nouveau Testament au IVe siècle. 

 

Sans l'Eglise, pas de "laïcité"

 

"Ne voyons surtout pas dans le règne social du Christ une confusion du temporel et du spirituel. Le monde antique, païen ou juif, opère cette confusion, et l'empereur Constantin conservera une vision païenne du pouvoir où le Prince Souverain Pontife intervient dans les affaires religieuses (césarisme). De très bonne heure, c'est l'Occident pourtant qui admit la dualité des pouvoirs temporel (séculier) et spirituel (religieux) : "Duo quippe sunt potestates", en effet il y a deux pouvoirs, écrit le pape Gélase Ier à l'empereur Anastase au Ve siècle en 494 pour le réprimander de cette tendance des empereurs à vouloir dire la doctrine et décider pour l'Église.

 

"Saint Augustin au Ve siècle distingue "les deux cités" (temporel et spirituel). La "réforme grégorienne" au XIe siècle corrigera ce défaut de l'empiètement des rois et des empereurs (Voir un peu plus bas). C'est le Christ qui distingue le temporel du spirituel : 'Rendez à César ce qui appartient à César' (Mc 12,17; Mt 22,21, Lc 20,25).

Mais si Jésus affirme sa royauté spirituelle, le monde, lui, n'a pas droit à l'indifférence religieuse : "Je suis la lumière du monde" (Jn 8,12) (Gérard BEDEL, Le Cardinal Pie, Un défenseur des droits de Dieu, Clovis Diffusion, Suresnes 2015, p. 61). En Lituanie, en 2009, la laïcité n'empêche pas la Royauté sociale du Christ. Simplement, la distinction ne veut pas dire séparation. Rendre à César ce qui est à César ne dispense pas César de rendre à Dieu ce qui est à Dieu.

Il y a une "saine laïcité" (Pie XII) et selon S. Jean-Paul II une "saine collaboration" (Mémoire et identité, Le testament politique et spirituel du pape, Flammarion 2005, p.145-146)

 

"Dire que Jésus-Christ est le Dieu des individus, et n'est pas le Dieu des sociétés, c'est dire qu'il n'est pas Dieu, dire que le christianisme est la loi de l'homme individuel et n'est pas la loi de l'homme collectif, c'est finalement dire que Christ n'est pas divin..., dire que l'Église est juge de la morale privée et n'a rien à voir avec la morale publique, c'est dire finalement qu'elle n'est pas divine." (Cardinal Pie).

En substituant la philosophie à la religion, le profane au Sacré, la thèse libérale moderne prétend fonder un contrat social indépendant de toute société extérieure à l'État. Dans ce système, tout vient de l'État et tout revient à l'État. Mais cette thèse qui prétend que l'État doit être purement laïque est une exagération de la parole du Christ et aboutit à rendre tout à César. "C'est-à-dire encore que, sous prétexte d'échapper à la théocratie imaginaire de l'Église, il faut acclamer une autre théocratie aussi absolue qu'elle est illégitime, la théocratie de César, chef et arbitre de la religion, oracle suprême de la doctrine et du droit..." (Cardinal Pie, Homélie sur le Panégyrique de saint Emilien, Nantes, 8 novembre 1859, III, p. 511-518 cité in Gérard Bedel, Le Cardinal Pie, ibid., p. 65-66.) Le pape Pie IX (1846-1878), a ainsi pu légitimement dénoncer un défaut majeur de l'État moderne, en ce qu'il se proclame "origine et source de tout droit", qui prétend jouir "d'un droit qui n'est circonscrit par aucune limite." (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je, 4e édition, Paris 2018, p. 91.) 

 

Matthieu 8:23-27,Marc 4:35-41,Luc 8:22-25, Matthieu 14,24-33

Matthieu 8:23-27,Marc 4:35-41,Luc 8:22-25, Matthieu 14,24-33

Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude.

Évangile selon Saint Matthieu 20:28

 

"Que le plus grand parmi vous se comporte comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert... Moi je suis au milieu de vous comme le serviteur." (Lc 22,26-27; Matthieu 20:26-27); maître de toutes créatures, il a donné lui-même l'exemple de l'humilité et a fait de l'humilité, jointe au précepte de la charité, sa loi principale; il a dit encore: Mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. (Mt 11,30)" (Quas Primas 15). 

 

Il n'existe de salut en aucun autre; aucun autre nom ici-bas n'a été donné aux hommes qu'il leur faille invoquer pour être sauvés (Ac 4:12).

 

De la lignée de David, choisi par Dieu et marqué par l'onction royale, Il est le pasteur et le roi qui refait l'unité du peuple. Ce royaume, Saint Paul en parle non pas comme d'un monde étranger, d'un au-delà, mais comme une réalité déjà présente dans laquelle nous sommes déjà introduits par le Christ et avec lui. Jésus a tout réconcilié par le sang de sa croix. Ce royaume est déjà commencé, malgré les violences et les ténèbres qui enserrent notre monde. (Col. 1, 13-20)

 

Prétendre que le Christ ne doit pas régner sur les sociétés revient à dire que le Christ serait mort en vain sur la Croix et que ses lois n'auraient pas à être suivies par les souverains et les nations. "Dire que Jésus-Christ est le Dieu des individus et des familles, et n'est pas le Dieu des peuples et des sociétés, c'est dire qu'il n'est pas Dieu. Dire que le christianisme est la loi de l'homme individuel et n'est pas la loi de l'homme collectif, c'est dire que le christianisme n'est pas divin. [...] C'est le droit de Dieu de commander aux états comme aux individus. Ce n'est pas pour autre chose que N.-S. est venu sur la terre." (La Royauté sociale de N.S. Jésus-Christ, d'après le Cardinal Pie, P. Théotime de Saint-Just, ibid., p. 43-44; 73).

 

Devant Pilate lui demandant s'il était roi, Jésus répondit : "Tu l'as dit, je suis roi. Si je suis né et si je suis venu dans le monde, c'est pour rendre témoignage à la vérité; quiconque est de la vérité, écoute ma voix." (Jn, 18:37).

 

Le titulus crucis, titre de la Croix que Pilate fit placer au-dessus de la tête du Christ lors de sa crucifixion est "Iesvs Nazarenvs, Rex Ivdæorvm" (INRI), traduit par "Jésus de Nazareth, roi des Judéens", ou "Jésus de Nazareth, Roi des Juifs" (Jn 19, 19). L'inscription était en trois langues, en hébreu, en grec et en latin (Jn 19,20).

 

Le grand moyen de promouvoir ce règne, c'est la prière qui vivifie l'action et obtient du Ciel le succès que nos seuls efforts ne sauraient procurer. (La Royauté sociale de N.S. Jésus-Christ, d'après le Cardinal Pie, P. Théotime de Saint-Just, ibid., p. 86.)

 

Se manifestant aux Onze pendant qu'ils étaient à table, Jésus ressuscité leur dit : "Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création." (Mc 16,15). En montant au Ciel, lors de son Ascension, Jésus adressa encore ces paroles explicites à ses disciples : "Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre", leur commandant : "Allez donc: de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps." (Mt 28:18-19). "Garder" ce qu'Il a prescrit, "tout pouvoir" lui ayant été donné, "au ciel et sur la terre", sont les termes qu'emploie Jésus. Il y a un devoir d'évangéliser les nations sur la terre, c'est-à-dire d'apprendre aux nations, et à leurs souverains, à "garder" les enseignements du Christ. 

A Lui seul soit le gouvernement

 

La louange et la joie

 

Jusqu'à l'accomplissement des temps. Amen !

 

Les jours meilleurs arrivent !

 

Les bons temps arrivent !

 

Par le rachat du Sang du Christ !

 

Maintien dans la joie

 

Félicitations !

 

Et bonne fortune !

 

La Paix du Christ vient

 

Le Règne du Chrits arrive

 

Rendons grâce à Dieu. Amen.

 

La Grande guerre prouve la vanité de l'optimisme des "Lumières". Cherchant à rétablir la distinction des deux pouvoirs temporel et spirituel, opposant une "laïcité saine" à la "laïcité anticléricale", et constatant l'échec du système libéral moderne, cet athéisme public où tout vient de César et revient à César, et où une modernité crée des rapports sociaux injustes, méprise l'autorité spirituelle et conduit au "suicide de l'Europe civilisée" via des idées politiques autoritaires ou totalitaires, suite au conflit mondial de 1914, le pape Pie XI (1922-1939) instaure en 1925 la fête et la théologie du Christ-Roi comme remède. 

21. Les Etats, à leur tour, apprendront par la célébration annuelle de cette fête que les gouvernants et les magistrats ont l'obligation, aussi bien que les particuliers, de rendre au Christ un culte public et d'obéir à ses lois. Les chefs de la société civile se rappelleront, de leur côté, le dernier jugement, où le Christ accusera ceux qui l'ont expulsé de la vie publique, mais aussi ceux qui l'ont dédaigneusement mis de côté ou ignoré, et punira de pareils outrages par les châtiments les plus terribles."

(
Pie XI, Lettre encyclique Quas Primas instituant la fête du Christ-Roi, § 21., 1925)


La Royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ (Cardinal Pie)
 
P. THEOTIME DE SAINT JUST O.M.C.
LECTEUR EMERITE EN THEOLOGIE
LA ROYAUTÉ SOCIALE DE N. S. JESUS-CHRIST D’APRÈS LE CARDINAL PIE

 

Image du Christ, Roi des Nations; extrait de la magnifique tenture de l'Apocalyspe exposée au chateau d'Angers, rescapée des destructions de la Révolution dite française.(Merci aux divers responsables qui ont permis la mise en valeur de ce trésor)
Image du Christ, Roi des Nations; extrait de la magnifique tenture de l'Apocalyspe exposée au chateau d'Angers, rescapée des destructions de la Révolution dite française.(Merci aux divers responsables qui ont permis la mise en valeur de ce trésor)

 

{Editions de Chiré BP 1 86190 Chiré en Montreuil 05 49 51 83 04 /
Editions Sainte jeanne d'Arc les Guillots 18260 Villegenon 02 48 73 74 22 }


«JESUS-CHRIST EST LA PIERRE ANGULAIRE DE TOUT L'EDIFICE SOCIAL. LUI DE MOINS, TOUT S'EBRANLE, TOUT SE DIVISE, TOUT PERIT...»

«METTEZ DONC AU CŒUR DE NOS CONTEMPORAINS, AU COEUR DE NOS HOMMES PUBLICS, CETTE CONVICTION PROFONDE QU'ILS NE POURRONT RIEN POUR LE RAFFERMISSEMENT DE LA PATRIE ET DE SES LIBERTES, TANT QU'ILS NE LUI DONNERONT PAS POUR BASE LA PIERRE QUI A ETE POSEE PAR LA MAIN DIVINE : PETRA AUTEM ERAT CHRISTUS ».

«JESUS-CHRIST, C'EST LA PIERRE ANGULAIRE DE NOTRE PAYS, LA RECAPITULATION DE NOTRE PAYS, LE SOMMAIRE DE NOTRE HISTOIRE, JESUS-CHRIST, C'EST TOUT NOTRE AVENIR... » (CARDINAL PIE : ŒUVRES , V, 333 ; VIII, 54 ; X, 493).

"Les Pères de l'Église élaborent un 'hellénisme chrétien' qui est un véritable miracle de l'histoire humaine', comme le dit le cardinal Daniélou (L'Église des premiers temps, Seuil, 1985, p. 137). La formule est excellente.

 

"L'hellénisme chrétien à l'origine de la civilisation occidentale aurait pu avec le temps inscrire l'histoire dans le dessein de Dieu, sans la Révolution évidemment, c'est-à-dire sans la Renaissance, donc sans les ésotéristes chrétiens, et surtout sans le mouvement ésotérique qui va transmettre la pensée hellénistique aux initiés de la Renaissance et de la Révolution, ces deux défaites de l'Occident chrétien.

 

"[...] Saint Augustin a latinisé la culture grecque, ce qui permet à l'augustinisme d'atteindre à l'universel." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 116; 233)

 

On a pu reprocher les empiétements de l'Église sur le pouvoir temporel des rois. Ceux-ci ont une explication historique simple : des empereurs de la Rome tardive ont prétendu intervenir dans la vie de la jeune Église chrétienne en nommant les évêques, en imposant des papes, en convoquant des conciles, en légiférant en matière de discipline ecclésiastique, en intervenant dans les débats doctrinaux. 

Les rois capétiens, les rois d'Angleterre, les empereurs du Saint empire romain germanique furent ainsi nombreux à intervenir dans la vie de l'Église, en désignant des évêques, légiférant en matière de discipline ecclésiastique. (Source: Dictionnaire du Moyen-Âge, sous la direction de Claude Gauvard, Alain de Libera, Michel Zink, Quadrige, Puf, 2002, p. 242).

 

Or, l'Église est seule maîtresse de sa morale et de son dogme (Cf. Saint Athanase, Saint Ambroise, Saint Jean Chrysostome, Saint Augustin). 

 

L'idée (venant de sectes protestantes) selon laquelle l'empereur Constantin (310-337) et les empereurs suivants auraient modifié la foi chrétienne dans un sens "païen" est facilement réfutable si vous lisez simplement les Pères de l'Église de cette époque. Ils luttaient constamment pour la foi catholique contre la pression impériale et la persécution. Et ils ont gagné :

 

"Après la conversion de l'Empire, (...) dès Constantin (...) l''évêque du dehors' (l'empereur) qui convoquait les conciles, s'engagea résolument dans les querelles religieuses. (...) Cette politique religieuse des empereurs allait peser lourdement sur les destinées de la chrétienté. (...) Dan son Histoire des Ariens, Athanase reproduit (...) la réponse de ses collègues occidentaux (Hilaire de Poitiers, Osius) à l'empereur, lors du concile de Milan (355). S'adressant au Pères, Constance (337-361) les pressait de signer la déposition du patriarche d'Alexandrie, champion de l'orthodoxie nicéenne (catholique).

 

"(...) 'Ils (les Pères) remontrèrent à l'empereur, écrit Athanase, que l'autorité n'était pas à lui, que Dieu la lui avait donnée... Ils lui conseillèrent de ne pas introduire la confusion dans les choses ecclésiastiques, de ne pas introduire le pouvoir civil dans la constitution de l'Eglise.'

 

"(...) Osius de Cordoue, écrivait dans le même sens, et avec plus de vigueur (356) : 'Il nous est ordonné de rendre à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Il ne nous est pas permis de nous attribuer l'autorité impériale. Vous n'avez aussi aucun pouvoir dans le ministère des saints choses.' (Historia arianorum 40)

 

"(...) Gélase (492-496) s'inquiétait fort de l'action impériale en faveur de l'hérésie monophysite. (...) Dans le De anathematis vinculo (494) il montre pourquoi le pouvoir royal a perdu ses attributions religieuses depuis l'avènement du Christ :

 

"Avant l'avènement du Christ, (...) il y eut des hommes qui furent réellement prêtres et rois tout ensemble, tel Melchisédech, comme nous le raconte l'histoire sainte. Le diable en a fait autant avec les siens, lui qui s'efforce de revendiquer tyranniquement pour lui les honneurs dus au seul Dieu : c'est ainsi que les empereurs païens ont été appelés également grands pontifes. Mais depuis qu'a paru le véritable prêtre et roi, l'empereur ne s'est plus attribué désormais le titre de pontife et le prêtre n'a plus revendiqué la dignité royale.

 

"Ainsi (...) depuis l'Incarnation, seul le Christ peut être prêtre et roi. (...) Il explique pourquoi le Christ a séparé ces deux dignités et établi le dualisme du temporel et du spirituel : (...) le pouvoir  spirituel se tient éloigné des embûches du monde et, combattant pour Dieu, ne s'immisce pas dans les affaires du siècle, tandis qu'à son tour le pouvoir séculier se garde bien de prendre la direction des affaires divines. À rester ainsi modestement à sa place, chaque puissance évite de s'enorgueillir en accaparant pour elle toute l'autorité et elle acquiert une compétence plus grande dans les fonctions qui lui sont propres'."

 

(Source: Joseph LECLER, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, 1955, rééd. Albin Michel, Paris 1994, p. 77-81.)

 

Au IXe siècle, l'évêque Jean d'Orléans , poète à la Cour de Charlemagne, écrit: 

 

''Tous les hommes fidèles doivent savoir que l’Église universelle est le Corps du Christ ; que son Chef n'est autre que Christ ; que deux pouvoirs régnant s'y distinguent : à savoir, celui des prêtres et celui des rois ; et aussi que le pouvoir des prêtres est d'autant plus excellent que ce sont eux qui doivent rendre compte à Dieu même des rois.'' (Jean d'Orléans, évêque, Le métier de roi, ch. 1, v. 800 ap. J.-C.)

 

« Les siècles de la féodalité, longtemps définis comme des siècles de fer', correspondent en réalité au moment du "décollage" européen ». (Jean-Louis BIGET, Préface dans Florian MAZEL, 888-1180 Féodalités, Histoire de France, sous la direction de Joël Cornette, Folio, Gallimard, Trebaseleghe, Italie 2019, p. 10.) 

L'essor de l'Europe s'écrit en termes de christianisme et de monarchie, la décadence de l'Europe en termes de républicanisme, de progressisme et d'impiété.

Erik von Kuehnelt-Leddihn

Solennité du Christ Roi de l'univers

Voici donc comment l'Église s'est dégagée de l'ingérence et de l'influence des empereurs et des rois, ce qui a permis le développement inédit dans l'histoire d'une civilisation originale, distinguant le temporel du spirituel, le laïque du religieux, la civilisation occidentale.

 

Dans les sociétés païennes antiques, "ignorant des raisons de sa présence en ce monde, l'homme subissait totalement un destin qui lui était imposé par la volonté divine. Cette volonté s'exprimant au travers des prêtres (païens) qui étaient chargés de la servir, le pouvoir clérical (païen) était sans limite et pesait considérablement sur la direction de la cité jusqu'à se confondre avec elle. Pharaon, roi, dictateur ou tyran, les dirigeants antiques portaient en eux une partie de la vie divine. Ils étaient moitié fils de dieux ou de déesses, divinisés de leur vivant, tant on était convaincu que le pouvoir, même politique, échappait à la volonté de l'homme qui n'avait aucune prise sur sa destinée. L'État était une communauté religieuse, le roi un pontife, le magistrat un prêtre, la loi une formule sainte." (Fustel de Coulanges, La cité antique, Hachette 1967, p. 457).

Cette confusion totale du politique et du religieux, l'Empire romain, par l'intermédiaire d'Octave Auguste, le premier empereur, la portera à son sommet, en réalisant la fusion du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel en sa personne.

"César, à cette époque, était le grand pontife, le chef et le principal organe de la religion romaine; il était le gardien et l'interprète des croyances, il tenait dans ses mains le culte et le dogme. Sa personne même était sacrée et divine" (Fustel de Coulanges, Ibid., p. 461.).

 

Or, "le christianisme n'est pas intégré au système étatique. Il ne s'accommode pas d'un mode politique, il en dénonce les travers et les injustices. Selon Jacques Ellul, même, ''le message du christ est forcément subversif à l'égard de tous les ordres sociaux, politiques, économiques, moraux et religieux.''

 

Le christianisme introduit une distinction inédite entre religion et politique. L'évêque Ossius de Cordoue (257-359) est de ceux qui veulent tenir l'État à distance dans les questions doctrinales  : 'Ne vous mêlez pas des affaires religieuses et ne donnez pas d'ordres à ce sujet : [...] Dieu a mis la royauté dans vos mains et nous a chargés des affaires de son Église.' [...] Les pouvoirs politiques et religieux doivent donc collaborer, bien qu'ils soient distincts." (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je ?, 4e édition, Paris 2018, p. 22.)

 

Distinction (les "deux cités" de Saint Augustin) et coordination (des deux pouvoirs) est la double vérité sur laquelle s'appuie l'Église depuis Saint Augustin (Cf. Jacques CHEVALIER, De saint Augustin à saint Thomas d'Aquin: Histoire de la pensée, Préface de Serge-Thomas Bonino, Collection Philosophie européenne dirigée par Henri Hude, Editions Universitaires, vol. 3, 1992, p. 70.)

 

"Augustin conçut son ouvrage La Cité de Dieu, achevé vers 426, comme une démonstration de la compatibilité entre l'Empire et la foi. Il n'y a qu'une seule cité de Dieu, mais elle offre deux faces, l'une est terrestre, l'autre céleste, la seconde se révélant au fur et à mesure que la première s'efface. La cité de Dieu est à la fois l'Église réalisée, le ciel à venir et la communauté terrestre avec sa législation, gouvernée par le Christ. Mais cette conception mystique de l'Église laissait une liberté d'intervention concrète au profit des pouvoirs séculiers. [...] Le pape cherchait à préserver la liberté de l'Église romaine face aux empiétements impériaux, tout en reconnaissant la légitimité de l'autorité temporelle." (L'Église en procès, La Réponse des historiens, sous la direction de Jean Sévillia, Tallandier, Le Figaro, Paris 2019, p. 73.)

 

Une tradition impériale de convocation des conciles d'évêques initiée par Constantin à Nicée en 325, Théodose Ier à Constantinople en 381, Théodose II à Constantinople en 449, poursuivie en Occident par certains rois de France, comme Clovis le 10 juillet 511 à Orléans, Clotaire II à Paris en 614, Pépin le Bref à Compiègne en 757, Charlemagne à Tours et Mayence en 813, Philippe le Bel en 1312 au concile de Vienne..., en Orient par les empereurs byzantins, comme Justinien II en 692 au concile in Trullo, le IIe concile de Nicée en 787, et les empereurs germaniques, comme Frédéric Barberousse au concile de Pavie en 1160, et Sigismond au concile de Constance en 1414), voyait les conciles de l'Église convoqués par les rois

L’Église catholique romaine est la seule Église qui n’est ni une Église nationale, ni une Église d’État, ni une secte fondée par un homme ; c'est la seule Église au monde qui maintient et affirme le principe de l'unité sociale universelle contre l'égoïsme individuel et le particularisme national ; c'est la seule Église qui maintient et affirme la liberté du pouvoir spirituel contre l'absolutisme de l'État ; en un mot, c’est la seule église contre laquelle les portes de l’Hadès n’ont pas prévalu.

Vladimir Soloviev,"L'Église russe et la papauté" (1889)

 

Grégoire VII, Pape

 

 

Mille ans après sa fondation par le Seigneur à la Pentecôte, où saint Pierre prit la parole, la papauté est devenue presque malgré elle, de manière accidentelle, un pouvoir impliqué dans les querelles de ce monde (Les disciples du Christ ne sont pas DU monde, mais ils sont DANS le monde. Jn 17,14-18). Outre, le choix des évêques ou la convocation des conciles, "l'empereur germanique passait par-dessus le peuple romain et les notables pour nommer directement les papes

 

Le pape Saint Grégoire VII, l'un des plus grands Papes, fut au XIe siècle l'homme providentiel qui combattit tous les grands abus de cette époque. Sa "réforme grégorienne" régla les empiétements des empereurs d'Allemagne, c'est-à-dire un pouvoir politique trop envahissant, la vente des dignités ecclésiastiques (simonie), la contagion des mauvaises moeurs du clergé et dans le peuple. 

 

En 1122, le compromis du concordat de Worms, le premier de l'histoire, régla le problème: désormais, l'évêque serait élu librement par le clergé en présence de l'empereur ou de son représentant. En France, des procédures analogues furent mises en place pour l'élection des évêques.

L'Église n'a jamais enseigné la confusion des deux pouvoirs, ni l'absorption du temporel par le spirituel (théocratie), ni l'absorption du spirituel par le temporel (césarisme, gallicanisme, églises nationales), parce que ce sont des erreurs régulièrement condamnées par le Saint-Siège.

On adressait déjà cet absurde reproche (d'absorption du temporel) au pape Boniface VIII, qui, dans sa Bulle Unam, sanctam, définit contre les légistes courtisans de Philippe le Bel, déjà gallicans, la subordination (qui n'est pas absorption) de la puissance temporelle à la puissance spirituelle. "Il enseigne, disait-on, que le pape peut disposer des couronnes selon son bon plaisir..." - "Il y a quarante ans que j'étudie le doit, répondait le saint Pontife dans le Consistoire de 1303, et je sais apparemment qu'il y a deux puissances... Comment peut-on croire qu'une telle folie me soit venue à l'esprit?" (Boniface VIII, cité dans Mgr Gaume, Le dogme de l'infaillibilité.)

 

En réaction aux empiétements des pouvoirs temporels, la papauté au "Moyen-Âge" a cherché à affirmer "sa liberté tout en ouvrant la porte à une autonomie du politique, de la société, qui se serait développée grâce à cette séparation." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 17.)

"La réforme grégorienne va [...] en fait bien au-delà de la simple 'liberté' ou de la volonté de dégager les Églises des jeux politiques et de la corruption. La papauté grégorienne, veut rompre avec l'association organique des empereurs avec leurs évêques. Ce faisant, la réforme grégorienne commence à poser en des termes nouveaux la question des rapports entre pouvoir laïc et pouvoir religieux. Elle amorce à terme une forme de séparation avec les pouvoirs politiques et une laïcisation de ces derniers." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 135, 146-150.) "La réforme grégorienne fut une révolution qui agita l'Église durant un siècle et remit totalement en causes ses rapports avec le système politique. [...] Ainsi, bien avant la séparation de 1905, le principe de l'autonomie des pouvoirs séculier et spirituel était acquis, et ce en raison de l'insistance de la papauté." (L'Église en procès, La Réponse des historiens, sous la direction de Jean SÉVILLIA, Tallandier, Le Figaro, Paris 2019, p. 80.)

 

Les ordres monastiques de Cluny (Xe siècle) puis de Citeaux (Cisterciens) diffusent les principes de la réforme du clergé et d'obéissance à l'Église romaine. (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je, 4e édition, Paris 2018, p. 48.)

 

Dans sa lettre encyclique Maximam Gravissimamque du 18 janvier 1924, adressée à l'épiscopat français au sujet des associations diocésaines, et bien que l'encyclique condamne la loi de séparation de 1905 comme injuste, Pie XI reconnaît que les conditions créées par cette loi ont donné lieu à un "spectacle magnifique" de ferveur, de générosité et de dévouement de la part du clergé et des fidèles (paragraphe 4). Pie XI y voit un point de départ pour une conquête pacifique d'une "pleine et entière liberté" pour l'Église (paragraphe 16), suggérant que la séparation, malgré ses difficultés, a permis une plus grande autonomie et vitalité spirituelle, libérée de certaines contraintes étatiques antérieures (en français, tel que dans le texte original) : "Dans les circonstances actuelles, il s'agit simplement d'appliquer un remède à des conditions qui contiennent les possibilités de maux encore plus grands que ceux qui existent actuellement. Nous avons toujours été et Nous sommes encore convaincus que, si le ciel Nous accorde la joie d’obtenir quelques résultats déterminés dans cette importante affaire, Nous et vous, aussi bien que le clergé et les fidèles de France, nous devons considérer ces résultats, d’une part, comme un acompte de cette pleine et entière liberté que l’Église doit posséder [...] ; d’autre part, comme un point de départ pour aller à la conquête légitime et pacifique d’une pleine et entière liberté pour l’Église."

 

Les premiers hôpitaux

 

À Dieu, qui est amour et charité, S. Basile le Grand (IVe siècle) rendit le puissant témoignage de la construction d’hospices pour les malheureux (cf. Lettres 94), telle une cité de la miséricorde, qui prit de lui le nom de "Basiliade" (cf. Sozomène, Histoire Ecclesiastique 6, 34), à l'origine des institutions hospitalières modernes d’accueil et soin des malades.

 

 

La charité publique. C'est surtout sous la direction des évêques, protecteurs des faibles et des malheureux, que se développa le mouvement charitable; ils créèrent les Hôtels-Dieu que l'on retrouve à l'ombre de toutes les cathédrales. Dans la plupart des pays d'Europe, les maladreries étaient sous la juridiction directe des évêques. La dîme servait à alimenter la charité paroissiale, pendant plus de 1200 ans, le budget de l'Église fut en même temps celui de l'assistance et de la charité publiques. (Jean GUIRAUD, Histoire partiale histoire vraie, tome III, L'Ancien Régime, 5° édition, Gabriel Beauchesne & Cie Editeurs, Paris 1914, p. 210.)  

 

 

"Les principes consolants et la morale bienfaisante du christianisme, ses doctrines démocratiques et libérales, devaient concilier aux prêtres qui les enseignaient le respect et l’amour des peuples ; l’organisation de l’Église, sa hiérarchie, sa discipline, la tenue de ses conciles généraux et particuliers, la richesse de ses revenus et de ses aumônes, lui assuraient un ascendant considérable dans la société." Ainsi s’exprime l’historien Benjamin GUÉRARD, dans sa préface du Cartulaire de l’église Notre-Dame de Paris, publié en 1850. Guérard était loin d’être un "clérical" ; mais ses recherches et sa science approfondie du Moyen Age, étudié par lui aux sources, l’ont amené à tracer du rôle de l’Église dans la civilisation française et dans la conquête des droits et des libertés des citoyens un tableau d’une grande largeur de vues d’un grand intérêt. Le clergé n’eut une si grande influence sur les masses comme sur les individus que parce qu’il se montra d’abord et resta populaire dans la meilleure et la plus sympathique acception de ce mot, tant profané depuis, écrit Charles BARTHÉLEMY dans Erreurs et mensonges historiques ; c’est dans l’Église et par les actes du clergé, non moins que par sa voix, que furent promulgués et mis en pratique les grands principes de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.

 

Croix et Calvaire du Cher

L’asile, d’après la loi de l’empereur Théodose le Jeune (23 mars 431), comprenait non seulement l’intérieur du temple, mais encore toute l’enceinte du lieu sacré, dans laquelle étaient situés les maisons, les galeries, les bains, les jardins et les cours qui en dépendaient.

 

Le droit d’asile dans les églises fut confirmé par les rois des Francs et par les conciles.

 

Ceux qui se réfugiaient dans les asiles étaient placés sous la protection de l’évêque, devenu pour ainsi dire responsable des violences qui leur seraient faites. Les voleurs, les adultères, les homicides même n’en pouvaient être extraits, et ne devaient être remis aux personnes qui les poursuivaient qu’après que celles-ci avaient juré sur l’Évangile qu’elles ne leur feraient subir ni la mort, ni aucune mutilation. L’esclave réfugié n’était rendu à son maître qu’autant que celui-ci faisait serment de lui pardonner.

 

Les revenus ecclésiastiques étaient divisés en quatre parts. La première seule appartenait à l’évêque, la seconde était pour son clergé, la troisième pour les pauvres de l’Église, et la quatrième pour l’entretien des édifices consacrés au culte.

 

"Partout la part du pauvre était réservée dans les revenus ecclésiastiques, et lorsqu’elle ne suffisait pas, elle devait être accrue des autres fonds dont le clergé avait la disposition. Nourrir tous les indigents et secourir tous les malheureux, telle était la mission de l’Église, qui, pour la remplir, dut quelquefois se dépouiller de ses biens et mettre en gage jusqu’aux objets les plus précieux du culte", explique Guérard. Une des plus belles œuvres, à cette époque ; une des plus méritoires et qui atteste le mieux de sa charité, c’est celle du rachat des captifs. Les sommes que le clergé y consacrait, d’après l’injonction expresse des conciles, étaient souvent très considérables ; il lui était même permis, pour satisfaire à cette obligation, de mettre en gage jusqu’aux vases sacrés des églises.

Aussi, dans ces siècles de fer, où les populations étaient emmenées captives comme des troupeaux à la suite des armées et partagées comme un butin entre les soldats, on voit les évêques épuiser leurs trésors pour les délivrer des liens de l’esclavage.

Saint Épiphane, évêque de Pavie, délivre, en 494, dans les Gaules, par ses instances auprès du roi Gondebaud ou à prix d’argent, plus de six mille Italiens que les Bourguignons retenaient en captivité.

Le prêtre saint Eptade, originaire d’Autun, rachète plusieurs milliers d’Italiens et de Gaulois emmenés pareillement en esclavage par les Bourguignons, et ensuite une foule de captifs que les Francs de l’armée de Clovis avaient faits dans leur guerre contre les Visigoths.

En 510, saint Césaire, évêque d’Arles, distribue des vêtements et des vivres à une immense multitude de prisonniers francs et gaulois tombés au pouvoir des Goths, et les rachète ensuite avec le trésor de son église, que son prédécesseur Éonius avait amassé. Puis, ayant reçu de Théodoric, roi des Ostrogoths, trois cents sous d’or avec un plat d’argent du poids d’environ soixante livres, il vend le plat, achète la liberté des captifs dispersés dans l’Italie, et leur procure des chevaux ou des chars pour les ramener dans leurs foyers.

Dans le siècle suivant, saint Éloi rachetait les prisonniers saxons et les affranchissait devant le roi.

La fin des sacrifices humains et des infanticides

Le grand problème de ces religions (primitives) – qui sont dites cosmiques – tient à ce que l'ordre du Cosmos nécessite un sacrifice, lequel est humain et souvent de jeunes filles vierges, avis aux 'féministes'.

[...] Quand Dieu arrête le bras d'Abraham, il épargne un être humain pour lui substituer un animal "bouc émissaire". C'est l'un des plus grands apports du judaïsme. Puis Dieu scelle la seconde Alliance : Il sacrifie son Fils unique pour sauver l'humanité entière. C'est le Sacrifice [...] qui abolit définitivement le sacrifice humain, ce pourquoi le Sacré de la Bible est le Sacré avec un grand S. Avis aux sociologues intelligents, s'il y en a...

Alain PASCAL, Pour une Révision totale de l'histoire, Faire table rase de la table rase, Essais antimodernes et contre-révolutionnaires tome 1, Editions du Verbe Haut, La Courneuve 2024, p. 38

Dans la mythologie nordique du Chant d’Hyndla, le guerrier Ottar (lointain descendant de Sigurd), probablement lié aux Berserkers des sagas, offrait des sacrifices humains à la déesse Freyja.

Mais au VIIe siècle, les sacrifices humains en Europe étaient encore pratiqués dans certaines régions païennes 

- comme la Frise où les enfants étaient "noyés dans la mer par la marée montante afin d'apaiser la colère des dieux" (Geneviève BÜHRER-THIERRY, Charles MERIAUX, La France avant la France 471-888, Histoire de France, Sous la direction de Joël Cornette, Folio Histoire, 2019, p. 276).

- En Suède où les habitants de l'île de Gotland sacrifiaient leurs enfants, en Norvège où on jetait les enfants sur des lances, en Islande où des êtres humains étaient jetés dans des fosses sacrificielles (blotgrafar, des puits à offrandes); en Suède encore à Uppsala où tous les neuf ans, des hommes étaient sacrifiés pendus dans un bois près du temple, ou noyés dans une source (Stéphane COVIAUX, La fin du Monde Viking, Passés Composés, Paris 2019, p. 158)

- au Danemark au Xe siècle, où l'archéologie témoigne de l'existence de sites dédiés aux sacrifices rituels, y compris humains, à Tisso, près de la grande halle, ou à Trelleborg.

Ces sacrifices humains réalisés dans l'espoir de se concilier les dieux Odin, Thor et Freya, parce que leur sang avait davantage de prix, avaient disparu au XIIIe siècle dans la "Chrétienté", et au XVIe siècle dans le monde, en Amérique latine. "Ils ne cesseront définitivement qu'une fois le christianisme bien implanté." (Jean RENAUD, Les vikings, vérités et légendes, Perrin, 2019, p. 294-302.)

 

L'anthropologue Laila Williamson note que "l'infanticide a été pratiqué sur tous les continents et par des gens de tous niveaux de complexité culturelle, des chasseurs-cueilleurs aux grandes civilisations, y compris nos propres ancêtres. Plutôt que d'être une exception, il a donc été la règle. (Laila Williamson, Infanticide: an anthropological analysis, in Kohl, Marvin (ed.). Infanticide and the Value of Life, NY: Prometheus Books, 1978, pp. 61–75.)

Une méthode d'infanticide fréquente dans l'Europe et l'Asie anciennes consistait simplement à abandonner le nourrisson , le laissant mourir par exposition (c'est-à-dire par Hypothermie, faim, soif ou attaque animale). [John Eastburn Boswell, "Exposition et oblation: l'abandon des enfants et la famille antique et médiévale". Revue historique américaine, 1984.]

Les Grecs historiques considéraient la pratique du sacrifice des adultes et des enfants comme barbare [26], cependant, l'exposition des nouveau-nés était largement pratiquée dans la Grèce antique , elle était même préconisée par Aristote dans le cas de la déformation congénitale - "Quant à l'exposition des enfants, qu'il y ait une loi interdisant à un enfant déformé de vivre. » [PM Dunn, "Aristotle (384–322 bc): philosopher and scientist of ancient Greece, 2006] En Grèce, la décision d'exposer un enfant appartenait généralement au père, bien qu'à Sparte, la décision ait été prise par un groupe d'anciens.

Cette pratique était également répandue dans la Rome antique. Selon la mythologie, Romulus et Remus , deux fils jumeaux du dieu de la guerre Mars, ont survécu au quasi-infanticide après avoir été jetés dans le Tibre. Selon le mythe, ils ont été élevés par des loups et ont ensuite fondé la ville de Rome.

Philon a été le premier philosophe à se prononcer contre. [The Special Laws. Cambridge: Harvard University Press. III, XX.117, Volume VII, pp. 118, 551, 549.] Une lettre d'un citoyen romain à sa sœur ou à une femme enceinte de son mari [Greg Woolf (2007). Ancient civilizations: the illustrated guide to belief, mythology, and art. Barnes & Noble. p. 386.], datant du 1er av. J.-C., montre la nature décontractée avec laquelle l'infanticide était souvent considéré.

Dans certaines périodes de l'histoire romaine, il était traditionnel qu'un nouveau-né soit amené au pater familias , le patriarche de la famille, qui déciderait alors si l'enfant devait être gardé et élevé, ou laissé mourir par exposition. [John Crossan, The Essential Jesus: Original Sayings and Earliest Images, p. 151, Castle, 1994, 1998] Les Douze Tables de droit romain l'ont obligé à mettre à mort un enfant visiblement déformé. Les pratiques concurrentes d' esclavage et d'infanticide ont contribué au «bruit de fond» des crises de la République.

L'infanticide est devenu une infraction capitale en droit romain en 374 après JC , mais les contrevenants étaient rarement, sinon jamais, poursuivis. [Samuel X. Radbill, 1974, "A history of child abuse and infanticide", in Steinmetz, Suzanne K. and Murray A. Straus (ed.). Violence in the Family. NY: Dodd, Mead & Co, pp. 173–179.]

La première maison d'enfant trouvé en Europe a été établie à Milan en 787 en raison du nombre élevé d'infanticides et de naissances hors mariage. L' hôpital du Saint-Esprit à Rome a été fondé par le pape Innocent III parce que les femmes jetaient leurs enfants dans le Tibre. [Richard Trexler, (1973). "Infanticide in Florence: new sources and first results". History of Childhood Quarterly. 1: 99.]

Contrairement à d'autres régions européennes, au Moyen Âge, la mère allemande avait le droit d'exposer le nouveau-né. [C.W. Westrup (1944). Introduction to Roman Law. London: Oxford University Press. p. 249.]

Au Haut Moyen Âge, l'abandon d'enfants non désirés a finalement éclipsé l'infanticide. Les enfants non désirés étaient laissés à la porte de l'église ou de l'abbaye, et le clergé était supposé prendre soin de leur éducation. Cette pratique a donné naissance aux premiers orphelinats. (Josiah Cox Russell, 1958, Late Ancient and Medieval Population, pp. 13-17.]

Le judaïsme interdisait l'infanticide. Tacite a enregistré que les Juifs "considèrent comme un crime de tuer tout enfant né tard". [Tacitus (1931). The Histories. London: William Heinemann. Volume II, 183.] Josephus , dont les travaux donnent un aperçu important du judaïsme du 1er siècle, a écrit que Dieu "interdit aux femmes de provoquer l'avortement de ce qui est engendré, ou de le détruire par la suite". [Josephus (1976). The Works of Flavius Josephus, "Against Apion". Cambridge: Harvard University Press. pp. II.25, p. 597.]

Dans les tribus païennes germaniques, John Boswell écrit que les enfants indésirables étaient exposés, généralement dans la forêt. "C'était la coutume des païens [teutoniques], que s'ils voulaient tuer un fils ou une fille, ils seraient tués avant d'avoir reçu de la nourriture." [Boswell, John (1988). The Kindness of Strangers. NY: Vintage Books.] Habituellement, les enfants nés hors mariage étaient disposés de cette façon.

Dans son Temps préhistoriques très influent, John Lubbock a décrit des os brûlés indiquant la pratique du sacrifice d'enfants dans la Grande-Bretagne païenne. [John Lubbock (1865). Pre-historic Times, as Illustrated by Ancient Remains, and the Manners and Customs of Modern Savages. London: Williams and Norgate. p. 176.]

Le dernier canto, Marjatan poika (Fils de Marjatta) de l'épopée nationale finlandaise Kalevala décrit un infanticide supposé. Väinämöinen ordonne que l'enfant bâtard de Marjatta se noie dans le marais.

Le Íslendingabók , une source principale pour la première histoire de l'Islande , raconte que lors de la conversion de l'Islande au christianisme en 1000, il a été prévu - afin de rendre la transition plus agréable pour les païens - que "les anciennes lois autorisant l'exposition des nouveau-nés resterait en vigueur". Cependant, cette disposition - comme d'autres concessions faites à l'époque aux païens - fut abolie quelques années plus tard.

Ce sont les principes chrétiens sur lesquels la civilisation occidentale a été fondée qui ont d'abord interdit, puis empêché pendant si longtemps et pendant tant de siècles le meurtre d'enfants. 

"Avec la diffusion de l'Evangile, disparaissait la première et la plus décisive des discriminations entre les sexes: le droit de vivre accordé aussi bien aux filles qu'aux garçons. Dès ce moment, la vision chrétienne de l'homme, le respect de la vie proclamé par la Bible, par l'Evangile, sont suffisamment entrés dans les mœurs pour que s'implante peu à peu le respect de la personne, qui pour les chrétiens s'étend à toute vie, même – et c'est presque paradoxal à l'époque – à celle de l'enfant né ou à naître. En effet, comme l'écrit l'un des derniers historiens de la question (Robert Etienne): "La juridiction antique est implacablement logique avec elle-même. Le droit à l'infanticide est un des attributs de la patria potestas. Un père peut refuser l'enfant que la mère vient de mettre au monde, à plus forte raison peut-on lui reconnaître des droits sur un embryon, embryon qui n'a aucune qualité juridique, n'est même pas considéré (p. 24) comme humain. Au contraire, pour les chrétiens, intervenir dans la génération à quelque moment que ce soit, c'est toucher à l'œuvre de Dieu. Et l'on comprend que saint Basile ait jugé que c'était une distinction 'tirée par les cheveux' de savoir si 'le fœtus est formé ou non' en cas d'avortement." (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 23-24).

 

La fin de l'esclavage. Lors de la chute de Rome (476), l'esclavage était répandu partout en Europe; à la "Renaissance", il avait disparu partout en Europe. Le règne du Christ, le premier, a permis l'abolition de l'esclavage, bien avant que les États modernes ne portent de nouvelles législations d'abolition.

 

Benjamin Guérard nous révèle encore que "[...] l’Église, [...] en prenant à sa charge et pour ainsi dire chez elle les veuves, les orphelins et généralement tous les malheureux, ne pouvait manquer de les avoir dans sa dépendance ; mais ce qui devait surtout lui gagner le cœur de ses nombreux sujets, c’est qu’au lieu d’être humiliée ou embarrassée de leur cortège, elle s’en faisait honneur et proclamait que les pauvres étaient ses trésors. D'où l'expression médiévale "Nos Seigneurs les pauvres".

 

"Elle (l’Église) couvrait aussi de sa protection les affranchis, et frappait d’excommunication le seigneur et le magistrat qui opprimaient l’homme faible ou sans défense. Lorsque des veuves ou des orphelins étaient appelés en justice, l’évêque ou son délégué les assistait à la cour du comte et empêchait qu’on ne leur fît aucun tort. L’archidiacre ou le prévôt des églises devait visiter tous les dimanches les prisonniers et subvenir à leurs besoins avec le trésor de la maison épiscopale. Aux trois grandes fêtes de l’année, savoir : à Noël, à Pâques et à la Pentecôte, les évêques faisaient ouvrir les prisons aux malheureux qu’elles renfermaient.

 

"Ne perdons pas de vue que les institutions qui, dans les temps modernes, et principalement de nos jours, ont agité les peuples, les touchaient alors fort médiocrement et leur étaient non seulement indifférentes, mais encore incommodes, onéreuses, antipathiques. On préférait de beaucoup l’assemblée des fidèles à celle des scabins (échevins, magistrats) ou des hommes d’armes ; on fuyait les plaids et les champs de mars ou de mai pour accourir aux temples ; on était bien plus puni d’être privé dans l’église de son rang, de la participation aux offrandes, aux eulogies, à la communion, que du droit de porter les armes et de juger ; en un mot, on tenait bien plus à l’exercice de ses droits religieux qu’à celui de ses droits politiques, parce que l’État religieux était bien supérieur à l’état politique, et que, hors de l’Église, tous les devoirs et tous les droits de l’homme étaient à peu près méconnus", écrit l’historien Guérard.

 

Reprenant en 1877 ces propos de Guérard, Charles Barthélemy estime :

 

"[...] où M. Guérard nous semble avoir le mieux compris et proclamé le grand rôle de l’Église dans la revendication des droits de l’homme, c’est dans cette page que lui a été dictée le spectacle des utopies dangereuses de 1848 :

 

"Ce qu’aucun gouvernement ne ferait aujourd’hui qu’en courant le risque de bouleverser la société, l’Église le faisait tous les jours dans le Moyen Age, sans la compromettre, et même en la rendant plus tranquille et plus stable.

Quelle monarchie, quelle république pourrait, par exemple, proclamer impunément ce dangereux droit au travail qui paraît menacer notre civilisation ? Eh bien, l’Église osait plus encore. Des deux grandes classes dans lesquelles la population fut de tout temps divisée, savoir, les riches et les pauvres, l’Église ne craignait pas de se charger de la dernière. Elle mettait dans son lot tous ceux qui n’avaient rien, et s’inquiétant peu pour elle de leur nombre ni de leur exigence, elle leur disait que ses biens étaient à eux ; elle les installait chez elle ; elle s’obligeait à les nourrir et réglait leur part, sans craindre qu’ils n’en fussent bientôt plus contents et qu’ils ne voulussent à la fin tout avoir. Effectivement, malgré le danger de tels principes, le clergé sut rester riche au milieu de ces misérables et faire respecter par eux ses richesses et son autorité... Ce qui favorisait le plus le respect de l’Église, ce qui constituait véritablement sa force, c’était la foi de ses peuples ; et cet article de sa constitution : Beati qui lugent [Heureux ceux qui pleurent], ne les consolait pas moins que sa charité."

 

De son côté, l’historien et géographe Théophile-Sébastien LAVALLÉE (1804-1867) écrit dans son Histoire des Français : "La monarchie de l’Église fut le commencement de la liberté ; elle n’avait rien d’étroit et de personnel ; elle fut le plus beau triomphe de l’intelligence sur la matière, et eut la plus grande influence sur la révolution plébéienne qui enfanta les communes et les républiques du Moyen Age."

 

Puis (Barthélemy ) de citer un autre souverain, le roi saint Louis prodiguant quelques recommandations à son fils appelé à régner :

"Cher fils, s’il advient que tu viennes à régner, pourvois que tu sois juste ; et si quelque querelle, mue entre riche et pauvre, vient devant toi, soutiens plus le pauvre que le riche, et quand tu entendras la vérité, ce fais-leur droit. Surtout, garde les bonnes villes et les coutumes de ton royaume dans l’état et la franchise où tes devanciers les ont gardées, et tiens-les en faveur et amour. »

 

Charles Barthélemy, regrettant d’avoir dû brossé trop rapidement un tableau des 'droits de l’homme au Moyen Age' (dans Erreurs et mensonges historiques, tome 8) conclut en citant le "publiciste et peu clérical" mais éminent historien, journaliste et homme politique Louis Blanc, député sous la IIIe République, s’exprimant ainsi au sujet des corporations d’ouvriers au Moyen Age : "La fraternité fut l’origine des communautés de marchands et d’artisans. Une passion qui n’est plus aujourd'hui dans les mœurs et dans les choses publiques rapprochait alors les conditions et les hommes : c’est la charité. L’Église était le centre de tout ; et quand la cloche de Notre-Dame sonnait l’Angelus, les métiers cessaient de battre. Le législateur chrétien avait défendu aux taverniers de jamais hausser le prix des gros vins, comme une boisson du menu peuple ; et les marchands n’avaient qu’après tous les autres habitants la permission d’acheter des vivres sur le marché, afin que le pauvre pût avoir sa part à meilleur prix. C’est ainsi que l’esprit de charité avait pénétré au fond de cette société naïve qui voyait saint Louis venir s’asseoir à côté d’Etienne Boileau, quand le prévôt des marchands rendait la justice." (Source: Droits de l’homme au Moyen Age, ou de l’action sociale du clergé. France pittoresque)

 

Aujourd'hui, selon un article du Figaro du 21/01/2014, "près de la moitié des richesses mondiales est détenue par 1% de la population"... En 1789, la liberté & l'égalité ont été proclamées ensemble. "La démocratie fondée sur la conviction que le corps politique est le produit des volontés de chacun, et portant jusqu'à l'incandescence l'idée d'une création de l'homme par lui-même, est vouée à étendre sans cesse les droits des individus. Elle contraint les hommes à vivre dans un monde d'individus inégaux, alors même qu'elle a posé en principe leur égalité. Elle se condamne donc à rendre sans cesse moins tolérable l'écart entre les promesses [...], les espérances qu'elle suscite et les accomplissements qu'elle offre." (Préface de Mona OZOUF dans François Furet, La Révolution française, Quarto Gallimard, Malesherbes 2007, p. XXI.) Dans ce système, dit de "progrès" aujourd'hui l'égalité des uns présuppose en réalité l'inégalité économique et sociale; la charité publique et l'amour du prochain sont imposés par l'État "libéral" révolutionnaire organisateur de l'inégalité économique. Il s'agit sans aucun doute d'une belle réussite du marché, mais d'une impasse pour les principes de 1789 qui ont chassé la Royauté sociale de Jésus-Christ.

 

La transmission de l'héritage antique

 

"(En Occident) Pour l'essentiel, c'est aux moines que l'on doit la transmission de l'héritage antique. [...] Le monachisme s'est répandu en Occident dès le IVe siècle, après que saint Martin a fondé le premier monastère d'Occident à Ligugé." (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, ibid., p. 37.)

Mais avant les moines, les philosophes et apologistes chrétiens (Justin, Clément d'Alexandrie, Origène) ont, eux aussi, contribué à amarrer l'héritage antique des progrès de la raison des philosophes grecs au christianisme, permettant une nouvelle civilisation "à condition de rejeter les rituels des initiés. La religion chrétienne est une digue qui protège la rationalité du dogme", à condition, également, de rejeter cet archaïsme du monisme de l'Être de l'Antiquité païenne, qui confondant le Créateur et les créatures, a pu donner lieu à des interprétations mythologiques régressives, ésotérico-magiques, irrationnelles et marchandes. (Lire Alain PASCAL sur ce sujet dans La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris, p. 139-140; 145-150.)

 

Au IIe siècle à Alexandrie, Clément enseigne de 190 à 202 dans le Didascalé (école philosophique chrétienne, sur le modèle des écoles d'Athènes) que Dieu donne à l'esprit humain les moyens de parvenir à la vérité. Élève de Clément, Origène († 254) assume dans le christianisme l'héritage de la rhétorique et de la philosophie antiques, en intégrant la philosophie platonicienne dans la théologie chrétienne.  (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, ibid., p. 23-24.)

 

"La science et la philosophie grecque n'ont jamais quitté les monastères en Occident. Les œuvres philosophiques de l'Antiquité étaient connues dans les monastères occidentaux, car la culture grecque était présente dans la synthèse augustinienne et la langue grecque restait pratiquée." (Alain PASCAL, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. des Cimes, 2e éd. revue et commentée, Paris 2015, p. 72.)

 

Le premier humanisme est chrétien. "Il consiste à faire revivre les humanités anciennes pour les christianiser et ne date pas du XVe siècle car il a été constant pendant les temps féodaux (avec les moines augustiniens, Alcuin (735-804), Gerbert (945-1003), le pape de l'an mil, Pétrarque (1304-1374) sous certains aspects, et bien sûr Nicolas V (1397-1455)" (Alain PASCAL, Les Sources occultes de la philosophie moderne, De la Gnose à la théosophie, tome 1 de la La Conspiration des philosophes, éd. des Cimes, Paris 2017, p. 106.) Surnommé le "pape humaniste", Nicolas V (1447-1455) a connu à Florence, dans l'entourage de Cosme de Médicis, Leonardo Bruni, Niccolo Niccoli et Ambrogio Traversari. Parvenu au trône de saint Pierre, il réalise l'un de ses projets en fondant la Bibliothèque vaticane.

 

"C'est du moyen-âge que sortent directement les doctrines philosophiques et scientifiques sous lesquelles on prétend l'accabler [...]. Il faut donc reléguer dans le domaines des légendes l'histoire d'une 'Renaissance' de la pensée succédant à des siècles de sommeil, d'obscurité et d'erreur..." (Étienne GILSON, La philosophie au Moyen-Âge, p. 761)

 

L'Europe a dominé le monde dès l'époque dite 'obscure' du "Moyen-Âge". L'explication première réside dans la foi des Européens en la raison, dans l'engagement manifeste de l'Église sur la voie d'une théologie rationnelle débarrassée des rituels magiques antiques (scolastique XIe-XIVe siècle), qui a rendu possibles les progrès... Et ce pourquoi les "initiés" de tous les temps l'ont haïe et l'ont combattue, car elle mettait fin à leur commerce et leur domination sur le monde.

 

"En différenciant l'Être de Dieu et l'Être du monde, elle (la scolastique) a offert un fondement métaphysique à la raison et à la liberté. [...] En étant une personne, [...] l'homme n'agit pas par nécessité ou contingence (comme tout ce qui est uniquement interne au cosmos), il est libre et responsable (y compris du Mal, c'est la sanction de la liberté).

[...] La philosophie moderne est stupide – c'est le mot – quand elle dit  que l'homme est rationnel parce qu'il a rejeté Dieu et qu'elle prône une liberté individuelle parce que la raison humaine ne peut venir que de Dieu et que la liberté est impossible à l'individu, puisqu'il est interne au cosmos. Pour preuve, l'homme moderne ne comprend plus rien, il est fou, et de moins en moins libre (il n'y a que les victimes du communisme qui s'en aperçoivent...) [...] Le monisme métaphysique est donc la cause de l'échec moderne. [...] En  régressant à avant la scolastique, la philosophie moderne ne peut pas être nouvelle, elle est nécessairement régressive. [...] Et pour cause, elle régresse à la gnose et à la kabbale.

 

 

"La scolastique est un immense progrès parce qu'elle a sanctifié la philosophie ancienne (qui aspirait à libérer l'homme des croyances irrationnelles des relations cosmiques antiques en accordant à l'humain la faculté rationnelle et la liberté individuelle, mais avait échoué car elle avait persisté dans le monisme de l'Être, parce que c'était la seule conception de l'époque, ou parce que les premiers philosophes, s'ils avaient peut-être eu l'échos de la Genèse [...] n'en avaient pas compris la métaphysique) en la refondant sur le dualisme métaphysique" (Un Dieu créateur et un monde créé non confondus dans l'Un antique)." (Alain PASCAL, Les Sources occultes de la philosophie moderne, De la Gnose à la théosophie, tome 1 de La Conspiration des philosophes, éd. des Cimes, Paris 2017, p. 109-111.)

 

Ainsi, au XVIIe siècle, le cardinal Richelieu, énumérant "les principes dont le gouvernement, remis en sa bonne forme, doit s'inspirer", explique que puisque "'l'homme est souverainement raisonnable, il doit souverainement faire régner sa raison [...], l'autorité contraint à l'obéissance, mais la raison y persuade.' Cette croyance en la souveraineté de la raison est contraire à la doctrine protestante. Selon Luther, le péché originel a absolument corrompu la raison et l'a rendue totalement impuissante. Selon S. Thomas d'Aquin et la majorité des scolastiques, le péché originel a seulement affaibli la raison, mais l'a laissée capable d'atteindre le vrai et le bien. Pour les catholiques et pour Richelieu, la raison reste notre meilleur instrument." (Roland MOUSNIER, L'Homme rouge ou la vie du cardinal Richelieu, Bouquins, Robert Laffont, Paris 1992, p. 752.)

 

"En Occident, sept disciplines sont étudiées dans les monastères. Ce sont les arts libéraux. La grammaire, la rhétorique et la dialectique constituent le 'Trivium', les trois premières 'voies'. À leur suite, l'arithmétique, la musique, la géométrie et l'astronomie constituent les autre 'voies' des arts mathématiques, le 'Quadrivium'. On peut trouver une ébauche des arts libéraux dans Saint Augustin, mais leur origine est antérieure au christianisme et absolument païenne. Leur première énonciation aux Temps féodaux est due à un écrivain latin du Ve siècle, Capella (360? - 428?), qui [...] condense les arts libéraux dans une 'sorte d'encyclopédie', dont le tire est Le Satyricon ou Les Noces de Mercure et de la philologie... Selon Bréhier (La philosophie du Moyen-Âge, Albin Michel, 1949), les arts libéraux ont été 'christianisés' au VIe siècle par Cassiodore (né v. 468).

"[...] Cassiodore écrit v. 540 les manuels des arts libéraux que les moines vont utiliser pendant plusieurs siècles." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 254-255.)

 

Entre le Ve siècle et le IXe siècle, Boèce (480-524), philosophe romain chrétien contemporain de Clovis, répand les œuvres d'Aristote en Occident. Son travail a été la source antique principale de la philosophie médiévale avant le XIIIe siècle. Son traité Logica vetus (logique ancienne) comprend entre autres ses traductions latines de l'Organon (Analytiques I et II), des Catégories, des Topiques, et De l'Interprétation d'Aristote, qu'il a transmis en Occident avant que soient connus les commentaires d'Averroès, philosophe andalou (1126-1198) au XIIIe siècle.

 

"La période n'est pas celle de 'l'infélicité des Goths', le long tunnel d'ignorance déploré par Rabelais et les humanistes. La convergence culturelle des élites 'barbares' et des élites gallo-romaines a permis leur fusion rapide. Au Ve et VIe siècles, aucune régression ne se discerne dans la culture des laïcs ni dans l'usage de l'écrit.

 

Geneviève BÜHRER-THIERRY, Charles MERIAUX le disent clairement :

 

"[...] Monastères et églises jouent un rôle positif dans la conservation des œuvres antiques.

 

"[...] La période du Ve au IXe siècle ne correspond donc nullement au degré zéro de la culture. Tout au contraire, elle assume un rôle primordial dans la transmission d'une grande part de la littérature latine à l'Occident des temps futurs.

 

"[...] À bien y regarder, on est donc amené à reconsidérer l'idée d'un déclin de cette noblesse sénatoriale dans la Gaule du Ve siècle en raison de l'hégémonie des chefs barbares. En vérité, la plupart des grandes familles ont maintenu leur position, entretenu un style de vie antique et participé à la transmission de la culture écrite." (Geneviève BÜHRER-THIERRY, Charles MERIAUX, La France avant la France 481-888, Histoire de France, Sous la direction de Joël Cornette, Folio Histoire, 2019, p. 19 et 40.)

 

"À partir du VIe siècle, les monastères occidentaux appliquent la Règle de S. Benoît (v. 440-547), le fondateur du monastère du Mont Cassin, proclamé récemment par l'Église 'Père de l'Europe et Patron de l'Occident, titres mérités. [...] La Règle bénédictine, rédigée en latin, s'inspire de celle de S. Basile, Père de l'Église et défenseur de Nicée, et accroît la lumière augustinienne. La Règle bénédictine oblige les moines à la fois au travail manuel et à la lecture. Par elle, les moines deviennent ainsi des artistes – ils ornent les Écritures des plus belles enluminures É, des constructeurs et des érudits. Cette maîtrise des arts et cette permanence de la culture ne permettent pas (là encore) d'accuser d''obscurantisme' les monastères bénédictins." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 256.)

 

"Dès les premiers temps, les Pères de l'Église ont enseigné que la raison était le don suprême de Dieu et le moyen d'accroître progressivement leur compréhension des Écritures et de la Révélation. En conséquence, le christianisme s'est trouvé orienté vers l'avenir, tandis que les autres grandes religions affirmaient la supériorité du passé. 

"... Comme l'enseigne Tertullien au IIe siècle : 'La raison est une chose qui vient de Dieu, pour autant qu'il n'y a rien que Dieu, qui a fait toute chose, n'ait pas fourni, disposé, ordonné par la raison, rien qu'il n'ait voulu comme devant être appréhendé et compris par la raison.' (De la Repentance, ch. I). Dans le même état d'esprit, Clément d'Alexandrie énonçait au IIe siècle une mise en garde : 'Ne croyez pas que nous disons que ces choses sont reçues seulement par la foi, mais aussi qu'elles doivent être affirmées par la raison. Car en vérité il n'est pas avisé de confier ces choses à la simple foi sans la raison, étant donné qu'assurément la vérité ne peut exister sans raison.' (Les reconnaissances de Clément : Livre II, ch. 69). (Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 7, 22-23.)

 

Saint Augustin ne faisait qu'exprimer l'opinion générale lorsqu'il soutenait que la raison était indispensable à la foi  :  'Veuille le Ciel que Dieu ne haïsse pas en nous ce par quoi il nous a faits supérieurs aux animaux ! Veuille le Ciel que nous ne croyions pas de telle façon que nous n'acceptions pas ou ne cherchions pas de raisons, puisque nous ne pourrions même pas croire si nous ne possédions pas d'âmes rationnelles.' Saint Augustin reconnaissait que 'la foi doit précéder la raison et purifier le cœur et le rendre propre à recevoir et endurer la grande lumière de la raison'. Puis il ajoutait que, bien qu'il soit nécessaire 'que la foi précède la raison dans certains domaines de grande conséquence qui ne peuvent pas encore être compris, assurément la minuscule portion de raison qui nous persuade de ceci doit précéder la foi.' (In David C. Lindberg et Ronald L. Numbers, Gods and Nature : Historical Essays on the Encounter Between Christianity ans Science, Berkeley University of California Press, 1986, 27-28.) Les théologiens scolastiques avaient bien davantage foi dans la raison que la plupart des philosophes ne sont prêts à en avoir aujourd'hui. (R. W. Southern, Medieval Humanisme and Other Studies, Harper Torchbooks, New Yord, 1970, 49). (Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 23.)

 

"Les moines augustiniens continuent d'étudier les philosophes grecs, Claudien Mamert en fournit la première preuve. Le latin est la langue occidentale, mais dire que la culture grecque reviendra en Occident avec la 'Renaissance italienne' est un mensonge. [...] Dire que les moines en Occident ignorent la culture grecque est un des mensonges historiques qui sert d'alibi à la Franc-Maçonnerie pour opposer à un imaginaire 'obscurantiste' des monastères la pseudo-'science' de la Renaissance." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 232.)

 

"Autre clerc lumineux, le pape Saint Grégoire le Grand (v. 540-606). [...] On peut dire qu'à leur manière Saint Benoît et Saint Grégoire perpétuent l'union de la raison et du cœur de l'augustinisme. Ils sont fidèles à la tradition de l'Occident chrétien, pour lequel le Vrai, idéal de la raison, est une valeur au même titre que le Beau, idéal du cœur. Le Vrai et le Beau véhiculent le Bien. Un chrétien de la tradition aime la Vérité et la Beauté qui rapprochent de Dieu, redoute le mensonge et la laideur qui sont des attributs du diable, usurpateur du vrai et du beau.

 

"[...] On peut dire qu'à partir du VIe siècle, par l'augustinisme, la Règle bénédictine et la réforme grégorienne, la lumière éclaire les monastère d'Occident, refuges de la culture et des arts en cette période de chaos due aux invasions." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 256-257.)

 

La culture, selon Charlemagne, devait s'écouler en aval d'une classe de lettrés religieux et éduqués à la cour, la classe intellectuelle. Il s'agissait d'une approche rigoureusement descendante où l'exemple venant d'en haut, la cour devait montrer l'exemple.

 

"La lumière de la tradition chrétienne éclaire la Renaissance carolingienne

"Alcuin (735-804) dirige l'École du palais à Aix-la-Chapelle et celle de Tours. Sous son autorité, des écoles sont fondées dans toute l'Europe. [...] Alcuin [...] reste un augustinien. [...] L'École du Palais copie les manuscrits des auteurs latins, qui, par les monastères atteindront les grands classiques français. Alcuin inscrit pour plusieurs siècles la culture de l'Occident dans la catholicité. Les Germains découvrent la culture antique grâce aux chrétiens. Cette culture est christianisée et transmise par les moines aux poètes et littérateurs futurs. La littérature des Temps féodaux est même si riche de culture antique qu'il est mensonger de parler de Renaissance littéraire au XVe siècle.

"[...] La Renaissance carolingienne réussit la réconciliation de l'Orient et de l'Occident dans une admirable synthèse qui s'inscrit dans la suite de l'augustinisme (développement chrétien de Platon, nécessité de la grâce pour le salut, conciliation entre foi et raison, connaissance naturelle de Dieu, négativité du mal). Elle est [...] comme l'augustinisme, un magnifique fruit de la Raison occidentale. [...]  Elle éclaire le passé grec par la Lumière de la tradition chrétienne, l'augustinisme." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, tome2, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. Cimes, 2e éd. revue et augmentée, Paris 2015, p. 97.)

Au Xe siècle, le savant Gerbert d'Aurillac (950-1003), Pape sous le nom de Sylvestre II. "Ses préoccupations sont celles d'un humaniste, il achète à grand prix des livres dans tous les pays", écrit Émile Bréhier, dans La Philosophie au Moyen-Âge (Albin Michel, 1949, p. 79), c'est-à-dire qu'il étudie les humanités anciennes et se préoccupe du sort des humains (il ne peut pas être Humaniste au sens du XVIe siècle, qui substitue l'Homme à Dieu)... En même temps que Gerbert et en relation avec lui, un autre moine savant, Abbon (945-1004) travaille "à la restauration des sciences", précise Béhier (p. 81).

"L'Occident chrétien  va connaître un apogée intellectuel à partir du XIe siècle. (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, tome2, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. Cimes, 2e éd. revue et augmentée, Paris 2015, p. 120-121.)

 

La création des premières universités européennes

 

Ces écoles, souvent liées aux cathédrales et aux monastères étaient dirigées par des évêques ou des religieux qui ont peu à peu évoluer pour devenir des centres d'études supérieures. Beaucoup d'universités, comme celles de Paris, milieu XIe siècle, de Bologne, fondée en 1088, ou d'Oxford, au XIIe siècle sont nées de cette dynamique.

Cours de théologie à la Sorbonne. Enluminure de la fin du XVe siècle, Bibliothèque de Troyes

 

 

Du début du XIe siècle à la fin du XIIe siècle, la scolastique primitive débute avec la figure d'Anselme de Cantorbéry (1033-1109) et l'école de Chartres.

 

Les œuvres d'Aristote marquées par l'influence de Platon sont copiées par Jacques de Venise († 1147) et traduites du grec au latin par Albert le Grand (1193-1206), maître dominicain de Thomas d'Aquin, qui les introduit dans les universités, en même temps que les traités scientifiques grecs.

 

Saint Thomas d'Aquin formule l'aristotélisme chrétien en appliquant à la théologie les méthodes et les exigences du raisonnement philosophique. L'engagement chrétien en faveur de la raison culmine avec sa Somme théologique, publiée à Paris à la fin du XIIIe siècle. Il avançait que dans la mesure où l'entendement des humains n'est pas suffisant pour percevoir directement l'essence des choses, il leur est nécessaire de cheminer vers la connaissance pas à pas, au moyen de la raison. Il prônait ainsi l'utilisation de la philosophie, particulièrement des principes de la logique, dans une tentative d'élaboration de la théologie. 

 

Alexandre de Hales (1180-1245) surnommé le "Docteur irréfragable", Robert Grossetête (1175-1253) à Lincoln, un des représentants de la Première Renaissance, et Roger Bacon (1214-1294) à Oxford (Angleterre), surnommés le "Docteur admirable", davantage portés vers l'expérience que vers la spéculation pure, identifient quelques erreurs commises par Aristote à propos des phénomènes naturels, ce qui ne les empêche nullement de reconnaître l'importance de la philosophie d'Aristote. 

 

La scolastique tardive du XIVe siècle est représentée par la figure de Jean Duns Scot (1266-1308), à Oxford, Paris et Cologne, le "docteur subtil" qui donne une priorité à la volonté (d'où l'étiquette de "volontarisme") devant les autres facultés comme l'intelligence intellectualiste ou la charité.

Imparfaite, mais néanmoins grande, la civilisation de la chrétienté formée par l’Église catholique est une civilisation dont nous pouvons et devons être fiers. Aucune n’a produit autant de fruits dans tous les domaines de la vie.

Les œuvres du Christ ne reculent pas, mais elles progressent.

Saint Bonaventure

 

 

La Raison première se trouve en Dieu



Et "le Christ Verbe incarné offre à l'humanité la connaissance rationnelle."



Dieu ouvre en effet avec son Incarnation une ère nouvelle qui met fin à l'Antiquité, où la métaphysique ancienne – les cultes du cosmos –  était partout moniste, alors que celle du christianisme est dualiste (dualisme de l'être : 1- Dieu Créateur et 2 - les créatures, qui ne sont pas une seule et même chose. Dieu et ses créatures ne doivent pas être confondus = hérésie panthéiste).



"L'Incarnation est ainsi le plus grand événement de l'Histoire sur le plan religieux, mais également philosophique et politique."



(Cf. Alain Pascal, Pour une révision totale de l'Histoire, Faire table rase de la table rase, Les Éditions du Verbe haut, La Courneuve 2024, p. 65-73)

 

‘’(Le christianisme) leva sur le monde, avec l’étendard du Calvaire, le vrai drapeau de la réforme.

 

"Il attaqua l’orgueil par l’humilité, il attaqua la cupidité (passion immodérée de la richesse) par la pauvreté, il attaqua le sensualisme par la mortification, il opposa à la concupiscence qui précipitait toutes les décadences la sainteté qui allait susciter tous les Progrès…

 

Et … le monde se trouva replacé sur cette route royale où depuis deux mille ans il remonte avec Jésus-Christ.

 

... Le christianisme a réformé et fait progresser le monde parce qu'il a attaqué résolument la concupiscence (Concupiscentia carnis, concupiscence de la chair ou sensualisme, péché originel, l'âme qui s'incline sous l'empire du corps, la prépondérance désordonnée de la vie des sens sur la vie de l'esprit) : au contraire, toutes les réformes qui reculent devant elle, réforme religieuse, politique ou sociale, échouent fatalement, et conduisent aux décadences sous le drapeau du Progrès. ... (En effet), ... ce qu'il y a de plus effrayant dans ... ces tendances de notre temps, c'est d'entendre vanter comme élément et principe de Progrès, ce mal profond (le sensualisme) qui dévore le Progrès.’’ (Joseph FELIX, Le Progrès par le christianisme 1857, Conférences de Notre-Dame de Paris, Forgotten Books, p. 87-88; 103; 145.)

 

"Le christianisme irrigue toutes les constructions sociales, il est le modèle d’explication des sociétés, des cultures et du système de pensée occidental dans ses structures conceptuelles. Il se présente comme la constituante essentielle de l’histoire des civilisations et des hommes. Cette assertion, indéniable aujourd’hui et scientifiquement acquise..." (Bénédicte Sère, Histoire générale du christianisme. Volume I : Des origines au xve siècle, dir. Jean-Robert Armogathe, Pascal Montaubin, Michel-Yves Perrin, Revue de l’histoire des religions [En ligne], 1 | 2012, mis en ligne le 04 avril 2012. URL : http://journals.openedition.org/rhr/7840 )

 

Tout ce qui caractérise l'Europe est dû au christianisme

 

Dans le christianisme se trouve une première proposition d'universalité qui est unique dans l'histoire, l'homme trouve un une liberté individuelle ; alors que jusque sa destinée était collective, son destin devient individuel avec le Sermon sur la montagne.

 

"Le catholicisme est ... la plus tolérante de toutes les religions, puisque la seule qui ne différencie pas le statut du croyant et du non-croyant.

 

"(...) Sans l'Incarnation de Jésus, ni la reconnaissance d'une destinée personnelle, ni la liberté accordée à tous les hommes égaux devant Dieu, ni la domination rationnelle de l'homme sur la nature ne sont concevables. 

 

"Berdiaev (1874-1948) a démontré que, par la suite de l'Incarnation christique, toute la part traditionnellement magique de la nature était abolie, ce qui permettait l'étude scientifique de la nature, par démystifcation. Ce n'est pas (...)  le cas du judaïsme (ni de l'islam qui prône et vit une théocratie, la soumission du temporel au spirituel). Le judaïsme  envisage toujours un destin collectif, il n'y a pas de destin individuel; le judaïsme n'accorde pas non plus le même statut au juif et au goy, et ne s'est pas clairement départi de l'ancienne cosmologie (...), notamment dans son ésotérisme kabbalistique.

 

"Incidences politiques évidentes : la Démocratie est d'origine chrétienne, (...)

 

"Comme dans le christianisme pour lequel chaque homme est égal devant Dieu, dans la Démocratie chaque citoyen est égal devant la loi (qu'il ne le soit pas dans les faits n'est pas du domaine religieux)." (Alain PASCAL, La Trahison des initiés, 3e édition revue et corrigée, éd. Cimes, Paris 2013, p. 221; 229.)

 

Avec le Sermon sur la Montagne, le concept de Personne naît, en tant qu'individu avec une dignité et des droits inhérents, qui était inconnu dans les temps anciens de métaphysique moniste (les cultes du cosmos) et au destin collectif. 

 

Du christianisme naît l'idée que tous les individus sont créés égaux devant Dieu, reflétant la croyance en la dignité de chaque personne ("persona significat illud quod est perfectissimum in tota natura, scilicet subsistens in rationali natura").

 

Le royaume messianique est à la fois présent et futur. Il est les deux à la fois. Et l'Église, corps du Christ, est le royaume du Christ déjà présent.

 

La communauté chrétienne à l'opposé de la Jérusalem actuelle, terrestre et nationale, est la Jérusalem d'en-haut (1 Co 10, 18), céleste et spirituelle (Ga 4, 25-26). (Joseph Lecler, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, 1955, rééd Albin Michel, Paris, 1994, p. 54.)

 

Le christianisme, en mettant l'accent sur le salut individuel et la rédemption à travers l'histoire, établit une nouvelle conception du temps, considérant l'histoire comme un récit avec un but, qui atteindra son point culminant lorsque Dieu jugera l'humanité et établira la Cité de Dieu [Saint Augustin] comme la demeure éternelle des justes.

 

Le Sermon sur la Montagne est en fait une dialectique entre Jésus et Moïse, même si celui-ci n'est jamais cité.

 

Jésus est venu pour accomplir la loi mosaïque. Il a souligné son union parfaite avec la volonté divine, et se conforme pleinement à la loi —a abrogé certaines traditions non bibliques, corrigé certaines interprétations erronées, mais n'a pas abrogé les mandats légaux de la loi mosaïque. Jésus comprend la vraie nature de la loi comme la loi de Dieu: la loi n'est pas en elle-même Dieu, ni Dieu la loi. Il sait que la vraie nature de la loi réside dans sa connexion à Dieu, et il défend publiquement l'autorité divine de la loi soulignant que Dieu est le donneur et le Seigneur de la loi; que ce n'est qu'en communion avec Dieu que la loi est pleinement accomplie. Et ainsi il fut crucifié; non sans avoir d'abord alerté ceux qui voulaient l'écouter de l'instrumentation de Dieu (son remplacement par la loi), et du danger de tomber dans la tentation antinomique.

 

Nous savons, avec Niebuhr (1892-1971), que la morale est insoluble avec les institutions, mais qu'elle est réalisable par l'individu.

 

Le Sermon sur la Montagne n'est intelligible qu'à la lumière du principe de l'amour gratuit.

 

Matthieu souligne que l'amour a plus de poids que les rites et les légalismes :

 

"Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que ... vous avez négligé ce qui est le plus important dans la Loi : la justice, la miséricorde et la fidélité.

 

Voilà ce qu’il fallait pratiquer sans négliger le reste." Matthieu 23,23

 

L'amour n'est pas sentimental, il s'agit de faire le bien.

 

Les termes religieux utilisés par l'évangéliste, Mishpatm, Jesed, Emeth (מִשְׁפָּט. חֶסֶד,אֱמֶת), montrent que Jésus ne prescrit pas une morale de règles et d'obligations qui doivent être strictement respectées pour atteindre le salut ; ni une éthique ascétique pour les saints ou les ermites, mais une justice universelle pour établir une nouvelle humanité unie dans le Christ, qui inclut les païens (Ephésiens 2:11-22; Colossiens 3:11; Actes 10:34-35), une anthropologie transcendantale, dans laquelle l'Homme vit pour être, au-delà de son existence.

 

Le Jésus du Sermon sur la Montagne est véritablement Dieu et véritablement humain, sans confusion possible, ni division des deux natures. Et c'est pourquoi, Dieu n'est pas un substantif à définir, mais un Verbe à vivre [Matthieu 20, 1-16]. Jésus ne parle pas de sentiments, mais de nos relations personnelles avec les malheureux et les différents, avec qui Jésus s'identifie, parce que ce sont ces relations qui révèlent qui nous sommes vraiment.

 

Les enseignements du Sermon contiennent ainsi le rejet implicite de la notion d'un peuple élu associé à une religion tribale qui exige la supériorité et l'exceptionnalisme du collectif, car cette vision limitée et exclusive empêche de comprendre le sacré incarné dans le Messie universel. (Cf. https://posmodernia.com/el-mito-de-la-tradicion-judeocristiana/ )

 

Ainsi, concrètement, "aucune nation, aucune démocratie ne peut écrire sa propre histoire sans reconnaître à la France une dette ou une influence directe," a pu écrire Théodore ZELDIN, dans "Histoire des passions françaises, 1848-1945" (tome 5, Points Histoire, Paris-Mesnil 1981, p. 446.) à propos de la France, Fille aînée de l'Eglise.

 

Le self-government rural ou la "démocratie" et des élections à la pluralité des voix dans chaque village était un usage courant sous l'"Ancien Régime". (Frantz FUNCK-BRENTANO, La Société sous l'Ancien Régime, Flammarion, Lagny 1934, p. 33-35.)

 

"Les rois du vieux temps laissaient se gouverner leurs sujets à l'abri de leur autorité souveraine. [...] Dallington va jusqu'à définir la France sous le gouvernement de ses princes, 'une vaste démocratie'." (Frantz FUNCK-BRENTANO, L'Ancien Régime, Les Grandes études Historiques, Librairie Arthème Fayard, Paris 1926, p. 525-526.)

 

Le parlement local était élu par la population locale. Chaque grande ville élisait ses dirigeants, désignés parfois sous le terme d'échevin. (Pierre GAXOTTE, La Révolution française, Nouvelle édition établie par Jean Tulard, Éditions Complexe, Bruxelles 1988, p. 9-10.) Mais, "dans certaines provinces, les sujets du roi pouvait naître, vivre et mourir sans avoir directement affaire à l’Etat." (Michel ANTOINE, Louis XV, Fayard, 1989).

 

Sous "l'Ancien Régime", "le principe des libertés nationales était posé dans cette maxime fondamentale de l'Etat français : Lex fit consensu populi et constitutione regis. "Consentement de la nation et décret du prince", voilà l'antique formule du pouvoir législatif en France, depuis l'établissement de la monarchie." (Mgr FREPPELLa Révolution française, Autour du centenaire de 1789, Paris: A. Roger et F. Chernoviz, 1889, p. 33.)

 

"L'enseignement était obligatoire et gratuit. [...] Au cours de son livre L'École sous la Révolution, V. Pierre constate qu'il y avait en 1789 des écoles dans chaque paroisse 'et presque dans chaque hameau'." (Frantz-FUNCK-BRENTANO, La Société sous l'Ancien Régime, Flammarion, Lagny 1934, pp. 50-51.)

Solennité du Christ Roi de l'univers

La liberté et l'égalité : des valeurs chrétiennes  dévoyées par la Démocratie moderne.

 

"Dans le régime démocratique, [...] (e)n théorie, le nouveau citoyen se voit reconnaître un pouvoir de contribuer à la formation des décisions. [...] Mais en réalité, il a moins de prise sur la décision qu'il n'en a jamais eu (Voir Patrice Gueniffey, Le Nombre et la raison, La Révolution française et les élections, éd. de l'EHESS, Paris 1993, p. 208-213). En effet, la participation démocratique [...], constitue une double fiction dont l'effet est de transférer le pouvoir théoriquement possédé par les individus à une oligarchie composée de professionnels de la politique. Cette oligarchie trie les problèmes et définit les termes dans lesquels ils peuvent être résolus, médiation indispensable pour transmuer la poussière des volontés individuelles en 'volonté collective'." (Patrice Gueniffey, La Politique de la Terreur, Essai sur la violence révolutionnaireFayard 2000, réed. Tel Gallimard, Mesnil-sur-l'Estrée 2003, p. 206-210.)

 

"Aujourd'hui, le citoyen se croit libre, mais cette liberté est encadrée les anti-modernes n'ont pas le droit à la parole – et surtout verbale. Le citoyen est soumis à l'tat. C'était d'ailleurs le but du Contrat social de Rousseau." (Alain PASCAL, Pour une Révision totale de l'histoire, Faire table rase de la table rase, Essais antimodernes et contre-révolutionnaires tome 1, Editions du Verbe Haut, La Courneuve 2024, p. 24.)

 

"L'État de nos jours est plus directif que sous l'Ancien Régime. [...] La plus libérale des démocraties actuelles est bien plus absolue que la monarchie dite 'absolue'... En effet, l’autorité étatique y est beaucoup plus à même d’imposer sa volonté." (Jean-Louis Harouel, L’esprit des institutions d’Ancien Régime, Le miracle capétien, Perrin, 1987).

 

"Les théoriciens chrétiens proposaient depuis longtemps des théories sur la nature de l'égalité et sur les droits de l'individu. Le travail ultérieur de théoriciens politiques 'laïques' tels que John Locke a été explicitement fondé sur des axiomes égalitaires posés par les penseurs religieux." (Jeremy Waldron, God, Locke, and Equality, Cambridge University Press, 2002, cité in Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 11). 

 

"Beaucoup expriment également de l'admiration pour les œuvres de John Locke au XVIIe siècle comme étant une source majeure de la théorie démocratique moderne, apparemment sans se rendre compte le moins du monde que Locke fonda explicitement toute sa thèse sur les doctrines chrétiennes concernant l'égalité morale." (Jeremy Waldron, ibid.cité in Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, ibid., p. 119.)

 

 

Ainsi, ‘’le christianisme n'est pas seulement une foi, c'est une foi qui a baptisé une civilisation : celle de la dignité des hommes, de la liberté, de la responsabilité, de l'égalité.

 

Détruisez le christianisme et vous aurez détruit cette civilisation.

 

"Reléguez la foi chrétienne au rôle d'un récit et vous aurez perdu notre fondement. Et notre identité aussi : car si les autres vous frappent parce que vous êtes juif et chrétien et que vous ne donnez aucun poids à cet être, alors les autres sont quelqu'un et vous n'êtes personne, n'ayant rien à défendre. C'est la leçon ... que j'ai tirée de la tragédie du 11 septembre et que j'ai renforcée lors de mes rencontres avec Ratzinger. Il avait de la lucidité et du courage,’’ a pu expliqué le sénateur libéral italien, philosophe et universitaire, Marcello Pera, qui avait rencontré à plusieurs reprises Benoît XVI.

 

Rappelons les progrès scientifiques et moraux dus au christianisme:

 

Le christianisme est directement responsable des percées intellectuelles, politiques, scientifiques et économiques les plus significatives du dernier millénaire; la théologie chrétienne en est la source même. "Les autres grandes religions ont mis l'accent sur le mystère, l'obéissance, l'introspection ou la répétition. Seul le christianisme s'est ouvert à la logique et à la pensée déductive comme moyens d'accès aux lumières, à la liberté et au progrès. Au Ve siècle déjà, saint Augustin célébrait le progrès théologique et "l'invention exubérante". Les valeurs qui nous sont les plus chères aujourd'hui - le progrès scientifique, le règne de la démocratie, la liberté des échanges et de la circulation des hommes et des idées - doivent largement leur universalité au christianisme vu comme une tradition grandiose dont nous sommes tous les héritiers", écrit Rodney STARK dans son ouvrage "Le triomphe de la raison : pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, traduction de Gérard Hocmard, Paris, Presses de la Renaissance, 2007.) 

 

"Non seulement la science et la religion étaient compatibles, mais elles étaient inséparables : l'essor de la science a été le fait de penseurs chrétiens profondément religieux. (Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 30.) 

 

Ceux qui participèrent aux grands progrès des XVI et XVIIe siècles, Newton, Kepler, et Galilée ont perçu leurs travaux comme étant 'au service' de la théologie. Ils considéraient la Création elle-même comme un livre qu'il fallait lire et comprendre. (David Lyle Jeffrey, By Things Seen : Reference and Recognition in Medieval Tought, Ottawa Université of Ottawa Press, 1979, 14). René Descartes justifiait sa recherche des 'lois' naturelles par le fait que de telles lois doivent nécessairement exister puisque Dieu est parfait et qu''il agit de manière aussi constante et immuable que possible', à la rare exception des miracles. (Œuvres, Livre VIII, ch. 61.)

"Le christianisme a libéré les femmes." (Jacques Le Goff).

 

"Le christianisme est la religion qui valorise le plus le féminin, car la femme [...] y est l'égale de l'homme pour le salut. Il n'y a plus 'ni homme, ni femme', écrit Saint Paul (Ga 3,28).

 

Quelle est la plus grande créature de tous les temps ? Une femme.

La Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu, la Très Sainte Mère de Dieu, occupe la plus haute place d'honneur parmi tous les êtres créés. Elle est au-dessus de tous les anges et de tous les saints. Comme le dit l'Ange Gabriel, la saluant, elle est "Comblée-de-grâce" (Luc 1,28). Elle est la nouvelle Ève, sans laquelle il n'y aurait pas de salut pour l'humanité, "une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles" (Apocalypse 12,1).

 

Aucune autre religion au monde ne donne à la femme une place dans un rôle aussi élevé

 

Une femme a donné naissance au Sauveur du monde. Quelle autre religion égale cet honneur ?

 

Le mariage chrétien honore à la fois l’homme et la femme.

 

Dans un monde païen où les femmes étaient souvent une propriété, le christianisme déclarait :

"Vous, les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : il a aimé l’Église, il s’est livré lui-même pour elle" - Éphésiens 5, 25

 

C'est cela l'amour sacrificiel. Placer le bien de l'épouse au-dessus de soi-même, comme le Christ l'a fait pour nous. Le mariage est devenu un chemin mutuel vers la sainteté, et non une exploitation. Il est devenu une voie de sanctification mutuelle.

 

Jusqu'à la conversion de Clovis, "le statut juridique de la femme mérovingienne est des moins enviable. Perpétuelle mineure, réputée faible par nature, celle-ci vit sous la protection d'un tuteur - ou mainbour -, d'abord son père, puis son mari." (Philippe DELORME, Préface de Jean TULARD de l'Institut, Contre-Histoire de France, Ni romance, ni repentance, Via Romana, Le Chesnay 2024, p. 60.)

 

D'innombrables femmes chrétiennes ont changé et façonné la société pour le mieux.

 

Isabelle la Catholique, reine de Castille, a mis fin à la Reconquista.

 

Les prières de sainte Monique ont converti saint Augustin.

 

Sainte Macrine la Jeune a façonné l'esprit de ses frères, les saints Basile et Grégoire de Nysse.

 

"Par rapport au passé, le christianisme offre [...] une nouvelle dignité à la femme par un mariage qui met fin à la polygamie orientale et lui accorde le droit à l'amour. La femme n'est plus un objet de plaisir." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, tome 2, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. Cimes, 2e éd. revue et augmentée, Paris 2015, p. 213.)

 

Le consentement dans le mariage est une révolution introduite avec l'institution du mariage chrétien qui revenait sur la pratique du mariage forcé hérité du droit romain où la femme romaine est une mineure, sous la coupe du pater familias, père de famille, puis du mari. Voici quelques lignes de Jacques Le Goff sur ce sujet :

 

À l'instar des nombreuses saintes qui furent persécuter et martyres pour avoir exercé leur liberté de consentement, comme sainte Thècle au Ier siècle, sainte Agathe au IIIe siècle, ou encore sainte Agnès au début du IVe siècle, "voyez [...] la réflexion qu'a menée l'Église sur [...] le mariage, afin d'aboutir à cette institution typiquement chrétienne formalisée par le IVe siècle concile de Latran en 1215, [...] un acte qui ne peut avoir lieu qu'avec l'accord plein et entier des deux adultes concernés (consentement). [...] Le mariage est impossible sans l'accord [...] de l'épouse : la femme ne peut pas être mariée contre son gré, elle doit avoir dit oui. (Michel SOT, La Genèse du mariage chrétien, L'Histoire n°63, pp. 60-65).

 

"[...] C'est une de mes idées favorites, confortée par le progrès des études historiques : le Moyen-Âge, [...] a été aussi et surtout un moment décisif dans la modernisation de l'Occident." (Jacques LE GOFF, L'histoire n° 245, cité dans La Véritable Histoire des Femmes, De l'Antiquité à nos Jours, Présenté par Yannick RIPA, L'Histoire, Nouveau Monde Éditions, Paris 2019, pp. 67-82.)

 

"À l'ère moderne, les découvertes scientifiques, l'essor du commerce [...] auraient achevé d'installer en Occident un mouvement de liberté et de progrès, à opposer à la stagnation des autres mondes, islamique, chinois, indien." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 15.)

 

Le christianisme a permis le "décollage européen" au "Moyen-Âge", le progrès économique, le progrès scientifique, technologique et matériel, et le progrès moral, dans la mesure où la papauté a travaillé à l'autonomie des pouvoirs temporel et spirituel ("réforme grégorienne" au XIe siècle), ce qui n'existe dans aucune autre ère de civilisation. (CfJean-Louis HAROUEL, Le Vrai génie du christianisme, Laïcité, Liberté, Développement, éditions Jean-Cyrille Godefroy, Clamecy 2012 ; Rodney STARK, Faux témoignages, Pour en finir avec les préjugés anticatholiques, Salvator, Paris 2019.)

 

"L'une des incantations républicaines consiste à faire croire que la République a apporté l'égalité entre les citoyens. ... [J]e ne suis pas certain que les inégalités aient été plus criantes sous Louis XVI que sous notre république. Précisément parce que l'institution de la noblesse, cet ordre prestigieux auquel toute famille désireuse de se hisser dans la société rêvait d'accéder, empêchait par là même qu'elles continuent à s'enrichir interminablement (il était interdit à la noblesse de s'enrichir; l'honneur interdisait à la noblesse de sortir du rôle qui lui était dévolu, la noblesse pouvait se perdre par déchéance à la suite d'une condamnation infamante, ou par dérogeance, lorsqu'un noble était convaincu d'avoir exercé un métier roturier ou un trafic quelconque). Un Bill Gates était inimaginable à l'époque, ces fortunes qui dépassent la richesse de nombreuses nations n'existaient pas. [...] Rien de plus politique que d'arrêter, par un moyen aussi puissant que volontaire, par le motif de l'honneur, l'accroissement immodéré des richesses dans les mêmes mains. Ainsi l'institution de la noblesse empêchait-elle la constitution de fortunes insensées, aberrantes, outrancières, et ce n'est pas le moindre paradoxe que de voir dans l'ancienne monarchie un monde mieux armé pour prévenir ces aberrations. [...] Malgré l'évidence..., on continue de nous représenter la société sous l'Ancien Régime comme monde inégalitaire. Il l'était, sans aucun doute. Comme toute société. Il n'existe pas de société égalitaire. La société communiste, qui s'est imposée au prix d'une terreur jamais vue dans l'histoire, n'a pas réussi le pari de l'égalité, au contraire: elle a connu un éventail des revenus plus large que nos sociétés d'Europe occidentale. Il est d'ailleurs amusant de constater que la gauche, et plus généralement la république, aggrave, toujours les inégalités plutôt qu'elles ne les réduit. Par exemple, sous le septennat de Valery Giscard d'Estaing, l'éventail des revenus était moins large que sous son successeur François Mittérand. ... Aujourd'hui, ... [l]a moitié du patrimoine national (50%) est détenue par 10% des ménages. Et 40% des Français n'ont aucun patrimoine. 40% des Français sans patrimoine: ce chiffre était le même en 1800, au lendemain de la Révolution." (Yves-Marie ADELINE, Le Royalisme en question (1792-2002), Perspectives pour le XXIe siècle, Préface de Vladimir Volkoff, Postface de Jean Raspail, L'Âge d'Homme - Editions de Paris, Libres Mobiles, 2e édition corrigée, Paris 2002, p. 96-97). 

Au Ve siècle, avec nos premiers rois de France, la tradition royale était, sur les conseils de saint Rémi, qui baptisa Clovis, de soulager les habitants du pays, de réconforter les affligés, de veiller sur les veuves, de nourrir les orphelins (M.C. ISAÏA, Rémi de Reims, Mémoire d'un saint, histoire d'une église, Cerf, Paris 2010, p. 777), et pour ceux que la Providence avait particulièrement dotés de donner le plus largement possible aux pauvres. À l'instar de l'amour du prochain, la charité publique, commandée par la foi, et librement consentie, n'était pas (encore...) imposée par l'État. "Protège les Pauvres, ils te protégeront", tel était l'enseignement de Philippe Auguste à Saint-Louis.

Conclusion

 

Le dualisme créé par la papauté depuis le Ve siècle (lettre de 494 de Gélase Ier à l'empereur Anastase) et amélioré par Grégoire VII (réforme grégorienne) ne sera fondamentalement remis en question que treize siècles plus tard, sous les "Lumières" et le "despotisme éclairé" de souverains comme l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche (1740-1780) et l'empereur Joseph II (1741-1790) - "joséphisme" - où les évêques seront désormais nommés sans contrôle du pape, la carte des diocèses et des paroisses modifiée par décret, les séminaristes placés sous tutelle de l'État (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je, 4e édition, Paris 2018, p. 85), et par les révolutionnaires français qui imposeront la "constitution civile du clergé" du 12 juillet 1790 sans aucune concertation avec la papauté. "Les religieux deviendront des fonctionnaires de l'État" et "les évêques seront consacrés sans intervention du pape." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 337-338.) La "nation" déclarée souveraine s'arroge le droit d'intervenir seule dans l'organisation du culte. C'est le contraire même et l'abolition de toute saine laïcité.

 

En 1905, la loi dite de "séparation de l'Église et de l'État", mise en oeuvre par l'obédience maçonnique du "Grand Orient" dit "de France", consacrera donc non le règne de la "laïcité", mais le règne de César, en réactualisant le monisme antique de confusion des deux pouvoirs, le temporel (républicain) et le religieux (franc-maçonnique).

 

Et bien vite après César ... le règne du marché... 

 

"Après sa naissance en Angleterre en 1717, la franc-maçonnerie a essaimé très rapidement, dans les trente ou quarante années, dans toute l'Europe; en France, on trouve une première Loge anglo-saxonne 'Amitié et Fraternité' à Dunkerque. La première 'Grande Loge française' est créée en 1738." (Serge ABAD-GALLARDO, conférence L'incompatibilité d'être franc-maçon et catholique, du 18 septembre 2018.) 

Les pouvoirs laïcs ont leur autonomie, de la même manière que le corps a son autonomie par rapport à l'âme; mais c'est quand même l'âme qui doit fournir ses règles de comportement au corps et le contrôler. En ce sens, le règne du Christ ne propose pas une théocratie : ni le pape ni l'Église ne prétend se substituer aux pouvoirs laïcs.

À ce titre, après un siècle de laïcisme où un même personnel politique temporel et spirituel dicte la loi d'une manière opaque, une nouvelle loi de séparation de la franc-maçonnerie et de l'État est urgente, pour consacrer une "saine et légitime laïcité" telle que définie par Pie XII (le terme a été expliqué par Jean-Paul II, dans Mémoire et identité, Le testament politique et spirituel du pape, Flammarion, Mayenne 2005, p. 145-146.)

Et le signe de la Croix, lui-même, pourrait (re)devenir ce symbole du salut qu'il a toujours été partout et à toutes les époques, le symbole même d'une histoire et d'une laïcité sainement comprises !

 

La nouveauté du Concile Vatican II en question ?

 

Thomas Tanase, dans son Histoire de la papauté, écrit :

Paradoxalement au XXe siècle, c'est la papauté elle-même qui reviendra sur mille ans de maturité de la réforme grégorienne, avec "un concile très occidental, dont le tempo sera donné par un épiscopat nord-européen, pour ne pas dire carolingien", [...] qui "voit arriver à maturité [...] la nouvelle théologie très critique envers l'incapacité du monde curial romain à se rendre compte des défis posés par l'areligiosité du monde contemporain".

 

Ce concile "adopte le 21 novembre 1964 la constitution Lumen gentium, qui pose les principes fondamentaux de ce que sera l'enseignement du concile."

 

Après la Révolution française, face à des institutions qui avaient découronné le Christ, l'Église avait cherché à conserver une légitime autonomie, particulièrement sous les pontificats de Léon XII (1823-1829), Pie VIII (1829-1830), Grégoire XVI (1831-1846) et Pie IX (1846-1878). Mais à  partir du pontificat de Léon XIII (1878-1903), elle a commencé à demander aux catholiques de s'engager dans les institutions modernes et à voter pour peser de tout leur poids dans les institutions afin de faire modifier les lois de laïcisation (encyclique Au milieu des sollicitudes, 1892, doctrine qualifiée à l'époque de "ralliement" à la république.) 

 

Le concile Vatican II, cherchant à s'ouvrir au monde, a consacré l'engagement des laïcs dans la vie politique et les institutions modernes.

 

Mais l'engagement des laïcs doit, aussi, se réaliser dans la vie de l'Église elle-même, "[c]omme tous ses fidèles ont été régénérés par le Saint-Esprit, ils sont tous appelés à un 'sacerdoce commun'.

 

"En d'autres termes, écrit Thomas Tanase, cette constitution [Lumen gentium] cherche à revenir sur la séparation entre clercs et laïcs progressivement montée en puissance depuis la réforme grégorienne, pour affirmer au contraire la participation de tous dans un rapport d'égalité à la vie de l'Église.[LG tendrait donc à confondre la fonction sacerdotale du prêtre avec le ''sacerdoce commun'' des laïcs (LG 10) ''participants à leur manière de la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ'' (LG 31), dans un rapport d'égalité à la vie de l'Église (LG 34).

La Constitution Sacrosanctum Concilium 14 déclare également : ''La Mère Église désire beaucoup que tous les fidèles soient amenés à cette participation pleine, consciente et active aux célébrations liturgiques, qui est demandée par la nature de la liturgie elle-même et qui, en vertu de son baptême, est un droit et un devoir pour le peuple chrétien, 'race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple racheté'". 

En conséquence, n'importe quel laïc aux idées subversives sur les sujets moraux comme la famille, le mariage, le divorce, la contraception, l'avortement, et d'autres sujets, peut entrer dans une paroisse et la démolir de l'intérieur, à la demande même de l'Église!

"L’égalité de conditions entre clercs et fidèles, ne s’avère-t-elle pas piégée ? demande Marguerite Champeaux-Rousselot qui fait remarquer que ... L’Évangile appelle chacun et chacune à être toujours plus fils et fille de leur Père, Dieu. C’est un… titre !' Ce titre fait de chaque baptisé le frère de tous les autres, il permet l’exercice de fonctions différentes sans en sacer-dotaliser (sacraliser) aucune...''] 

 

"[...] L'encyclique Populorum progressio de 1967 complétera Gaudium et spes, avec ... un idéal ecclésial fait désormais d'engagements, de mobilisations et de participation de tous." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté, ibid., p. 422- 431.)

 

L'engagement politique n'est pas la panacée, ni ce qu'on demande à l'Église.

 

Et une question demeure. En confondant clercs et laïcs ("la participation des laïcs au sacerdoce commun et au culte" de LG 34) en associant étroitement au temporel tous les croyants à la vie politique (LG 36), en liant désormais plus étroitement le sort des chrétiens à celui des empires, en demandant que les laïcs s'engagent résolument pour un modèle global et universel qui sert de base au nouvel ordre international, en revenant donc sur mille ans de fine distinction des clercs et des laïcs, comment le laïque peut-il désormais respecter un ordre spirituel s'il est lui-même clerc et laïque ?

 

Le désintérêt des croyants dans la pratique religieuse ne vient-il pas de cette désacralisation du sacré (la fonction sacerdotale) faite à la demande même de l'Église, de ce relâchement dans la distinction des deux sphères temporelle et spirituelle, tant au plan religieux qu'au plan politique ?

 

Dans First Things, le 27 octobre 2023 , le cardinal Müller a déclaré que "L'Église n'est pas une démocratie". "Nous sommes confrontés à un programme mondialiste d'un monde sans Dieu, dans lequel une élite au pouvoir se proclame créatrice d'un monde nouveau et souveraine des masses privées de leurs droits. Ce programme et cette élite ne peuvent être contrés par une "église sans Christ", qui abandonne la Parole de Dieu dans l'Écriture et la Tradition comme principe directeur de l'action, de la pensée et de la prière chrétiennes (Dei Verbum).

Bien que le pape ait maintenant accordé le 'droit de vote' à certains laïcs lors du Synode sur la synodalité (2023), ni eux ni les évêques ne sont en mesure de 'voter' sur la foi.

Dans un État qui se consacre uniquement au bien commun temporel de tous ses citoyens et qui est régi par une constitution démocratique, le peuple est appelé à juste titre le souverain. Dans l'Église, qui est fondée par Dieu pour le salut éternel de l'humanité, c'est Dieu lui-même qui est le souverain.

Formulé théologiquement : Le Fils incarné de Dieu, le Bon Berger qui donne sa vie pour le troupeau de Dieu, est le chef de toute l'Église. Il guide et gouverne par l'intermédiaire des bergers et des enseignants qu'il a choisis. Cela ne se fait pas, comme en politique, par des hommes exerçant un pouvoir sur les hommes, mais par la prédication de la Parole et les sacrements que le Christ a confié à ses apôtres et à leurs successeurs pour qu'ils les administrent (2 Co 5.18-20).

Le fait que l'Église ne soit pas et ne puisse pas devenir une démocratie n'est pas le résultat d'une mentalité autocratique persistante. Il est dû au fait que l'Église n'est pas du tout un État ou une organisation créée par l'homme.

L'essence de l'Église ne peut être saisie par les catégories sociologiques de la raison naturelle, mais seulement à la lumière de la foi que l'Esprit Saint opère en nous.

L'Église, en tant que communauté de foi, d'espérance et de charité, doit son existence à la volonté salvatrice de Dieu, qui appelle les hommes et en fait son peuple, au milieu duquel il habite lui-même (Col. 2:9). La souveraineté de Dieu repose sur sa toute-puissance et son amour, qu'il offre sans avoir à craindre ses créatures comme concurrentes (contrairement au mythe païen de Prométhée).''

 

Le plus grand service que l'Église puisse rendre à la civilisation à l'heure actuelle est de garder son héritage intact et de ne pas permettre que son témoignage soit obscurci comme instrument des pouvoirs et de la politique laïques.

Christopher Dawson, Au-delà de la politique, 1939

Solennité du Christ Roi de l'univers

Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume.

Luc 12,32

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16 novembre 2024 6 16 /11 /novembre /2024 22:03
Nuit du 16 novembre 1793, début des noyades de Nantes ordonnées par le républicain Carrier

Nuit du 16 novembre 1793, début des noyades de Nantes ordonnées par le républicain Carrier.

 

90 prêtres sont désignés pour tester l’efficacité du processus d’extermination.

 

Puis 4800 hommes, femmes, enfants, vieillards catholiques sont noyés dans la "baignoire nationale".

 

Montjoie Saint Denis

Le virus aristocratique et sacerdotal circule encore dans les veines de bien des hommes ; ce sont des contagieux qu'il faut séparer de la foule, de peur que [leur] mal ne devienne épidémique.

J.-B. Leclerc à la Convention, 18 décembre 1792 : Arch. Parlem., 1ère série, t. 55, p. 145, col.1.

Il ne doit entrer dans sa composition (la République) que des éléments PURS... Dans ses premiers moments de fermentation elle a déjà vomi […] le clergé et la noblesse, il lui reste encore à se purger des égoïstes, des lâches, des traîtres et des fripons.

Fouché aux habitants de la Nièvre, 10 octobre 1793 : Arch. Parlem., 1ère série, t. 76, p. 686, col. 1.

Les noyades de Nantes dureront jusqu’en 01/1794.

 

Les cadavres seront si nombreux que la Loire n’arrivera pas à les charrier.

 

Le typhus apparaîtra avec les pourrissements. La convention se félicitera de ce "torrent révolutionnaire."

Nuit du 16 novembre 1793, début des noyades de Nantes ordonnées par le républicain Carrier

Au cœur de l’un des épisodes les plus sombres de la Révolution française, les tristement célèbres "baptêmes républicains" orchestrés par Jean-Baptiste Carrier à Nantes demeurent une plaie ouverte dans l’Histoire de la France. En quelques mois, ces noyades de masse transforment la Loire, symbole de vie et de commerce, en un fleuve de mort et de désespoir. Souvent égarées de la mémoire collective, ces noyades apportait une alternative plus rapide que la guillotine …

 

Le principe est simple : les prisonniers sont ligotés, chargés sur des gabares, et précipités dans la Loire. Ces noyades méthodiques permettent d’exécuter des centaines d’hommes et de femmes sans procès, sans frais, et dans le plus grand secret.

Une « technique » inaugurée sur les prêtres réfractaires
La première noyade a lieu dans la nuit du 16 au 17 novembre 1793. Quatre-vingt-dix prêtres réfractaires, entassés sur un bateau nommé La Gloire, sont embarqués sous prétexte d’être transférés vers une nouvelle prison. Dépouillés de leurs biens et de leurs vêtements, ils sont enfermés à fond de cale, liés deux par deux. Quand le bateau commence à sombrer dans les eaux froides de la Loire, les cris d’horreur des victimes percent le silence de la nuit, avant de s’éteindre à jamais.

Cet épisode marque le début d’une pratique qui se poursuivra jusqu’en février 1794, faisant entre 1 800 et 4 800 victimes selon les estimations. Hommes, femmes, enfants – personne n’est épargné.

 

Cf. Pierre d’Herbais. https://mayenneaujourdhui.com/2024/11/16/16-novembre-1793-jean-baptiste-carrier-et-les-baptemes-republicains/

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16 novembre 2024 6 16 /11 /novembre /2024 16:07
Historien : La devise des Croisés "Deus vult" (Dieu le veut) est un mythe

L'exclamation est attribuée au pape Urbain II comme un appel à la croisade en 1095 - mais du point de vue d'un historien allemand, ce n'est qu'une légende.

 

Bonn, 16 novembre 2024 (KAP/KNA) "Deus vult" ou "Dieu le veut" est une inscription tatouée qui orne le bras du futur secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth [Un protestant filmé disant vouloir reconstruire le 3e temple... Il soutient l'expansion territoriale d'Israël et, lors d'un discours en 2018 à l'hôtel King David de Jérusalem, il exprime son souhait de voir un jour la reconstruction du temple de Salomon sur l'esplanade des Mosquées, où se trouve actuellement la mosquée al-Aqsa. Le problème serait alors qu'il ne veuille pas partir en Croisade en Terre sainte pour le christianisme mais pour le judaïsmeNdlr.]

 

L'exclamation est attribuée au pape Urbain II comme un appel à la croisade en 1095.

 

Cependant, du point de vue de l’historien allemand Georg Strack, il ne s’agit là que d’une légende. "Urbain II n’a jamais utilisé cette citation dans les textes que lui ou son bureau a écrits", a déclaré Strack à l’agence de presse catholique (kath.ch).

 

L'exclamation n'est citée que dans une seule chronique, celle de Robert le Moine, écrite une dizaine d'années après l'appel à la croisade lancé par le pape lors du synode de Clermont, en France, explique Strack. L'auteur savait par une autre chronique que les croisés du nord de la France utilisaient "Deus vult" comme cri de guerre ou symbole d'identification entre eux. "Robert a voulu présenter la croisade comme un projet divin et papal, c'est pourquoi il a affirmé qu'Urbain II avait entendu le cri de guerre 'Deus vult' à Clermont et l'avait approuvé."

 

Reçue seulement des siècles plus tard,

 

Du point de vue de l'historien, cela est peu plausible ; Même les contemporains médiévaux de Robert auraient accordé peu de confiance au chroniqueur. Ce n'est qu'au XVe siècle parmi les humanistes que la rhétorique du moine reçut à nouveau une attention favorable. "Ils ont trouvé la chronique de Robert plausible et c'est pourquoi le cri de guerre 'Deus vult' a été très fréquemment cité à partir de ce moment-là, et les autres rapports sur l'appel d'UrbaIn depuis Clermont ont été vite oubliés", a déclaré Strack.

 

L'exclamation n'a pas d'origine papale. Si elle est encore utilisée aujourd'hui, c'est, selon l'historien, par les cercles d'extrême droite pour jeter un pont vers les Croisades. Il y a un lien entre le fait qu’à l’époque comme aujourd’hui, elle était principalement dirigée contre les musulmans. "Contrairement à aujourd'hui, l'appel n'avait aucune connotation raciste car le concept de 'race' au sens moderne du terme n'existait pas. Il s'agissait de différences religieuses", souligne Strack.

 

Et la note guerrière ne convient que dans une mesure limitée. Le pape Urbain se souciait de réformer l'Église et de construire la paix. "C'est pourquoi il a également organisé une aide militaire aux chrétiens de l'Est, exposés aux attaques des Seldjoukides musulmans dans l'actuelle Turquie", explique l'historien. La soi-disant indulgence de croisade, c'est-à-dire la rémission papale de tous les péchés, n'aurait probablement été reçue que par ceux qui sont morts pendant la croisade, ce qui rappelle plutôt le modèle du martyre chrétien. "Cela ne me semble pas avoir grand-chose à voir avec les idées de suprématie blanche", déclare Strack.

 

Hegseth a également un tatouage sur la poitrine avec une grande croix entourée de quatre plus petites. Le symbole, également connu sous le nom de "Croix de Jérusalem", est à l’origine attribué aux croisés. Cette représentation se retrouve également aujourd'hui dans des contextes plus inoffensifs, comme sur le drapeau de la Géorgie.

https://x.com/Sachinettiyil/status/1857589401272070495

https://x.com/Sachinettiyil/status/1857589401272070495

Source : https://www.kathpress.at/goto/meldung/2424435/historiker-kreuzfahrermotto-deus-vult-ist-ein-mythos

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4 novembre 2024 1 04 /11 /novembre /2024 08:07
La très joyeuse, plaisante et récréative histoire du gentil seigneur de Bayard

Le Loyal serviteur (Jacques de Mailles)

La vie de Pierre Terrail de Bayard (1475-1524), narrée par l’un de ses compagnons d’armes, Jacques de Mailles, dans La très joyeuse, plaisante et récréative histoire du gentil seigneur de Bayart, est à redécouvrir…

 

 

Son nom figure au panthéon des plus grands de notre histoire et claque à nos oreilles autant qu’il émeut notre sensibilité : Pierre Terrail, fils d’Aymon seigneur de Bayard et lui-même connu sous le nom du chevalier Bayard, est mort il y a exactement 500 ans.

 

 

Ses exploits chroniqués par un « Loyal Serviteur »

Rares sont les militaires dont la postérité aura permis de les maintenir dans la connaissance publique et populaire aussi longtemps ; rares aussi sont les héros qui peuvent, par la simple évocation de leur nom, convoquer aussi efficacement le souvenir d’autant de vertus. Il était connu de son vivant pour être, par excellence, l’homme de toutes les qualités : pieux dans sa foi, fidèle dans son allégeance, brave dans son métier, le chevalier Bayard sans peur et sans reproche appartient à la véritable élite dont un pays peut s’enorgueillir : celle qui se tient droit dans ses devoirs, ne s’en écarte jamais y compris s’il faut le payer de sa vie. La France, notamment son armée, a longtemps entretenu le souvenir du grand militaire et si tant de générations de soldats et d’officiers ont pu si souvent empêcher que la France ne cède sous la pression des forces hostiles qui s’exerçaient à ses frontières, c’est en grande partie parce que l’ombre de Bayard planait par-dessus nos guerriers et faisait retomber sur eux un peu de l’exemple du grand homme.

 

 

Notre immense chance est qu’il y avait dans l’entourage personnel du chevalier Bayard un homme lettré qui, l’ayant accompagné sur les champs de bataille et dans sa vie quotidienne, a pu en écrire la chronique. Cette chronique, écrite par un contemporain qui le suivait au plus près, constitue la source primaire par excellence sur la vie et les actes de Pierre Terrail. Quelques fois réédité jusqu’au siècle dernier, ce livre fondamental revient aujourd’hui pour le cinquième centenaire de la mort du militaire. Son titre est à lui seul une promesse épique : La très joyeuse, plaisante et récréative histoire du gentil seigneur de Bayart, par Jacques de Mailles qui en son temps s’était signalé par le simple sobriquet de Loyal Serviteur.

 

 

Un texte incontournable

Le style du chroniqueur appartient évidemment autant au champ biographique qu’hagiographique comme cela était habituel en ce temps. Les historiens modernes ont depuis relevé quelques exagérations dans le texte du Loyal Serviteur mais celui-ci reste, notamment grâce à sa magnifique plume et au fait que l’auteur a personnellement connu et suivi le personnage dont il fait la chronique, le texte incontournable sur la vie de Bayard, celui dans lequel on se plonge autant pour se renseigner sur la vie du héros que pour s’injecter de l’énergie dans le sang. Les scènes de vie choisies pour tisser la chronique sont très souvent à la faveur du chevalier mais il est acquis aux yeux de l’historiographie que le Loyal Serviteur n’a pas « inventé » un personnage en ce que sens que son récit correspond à ce que nous savons effectivement du tempérament du chevalier, de sa bravoure au combat et d’un ensemble de vertus qui le singularisaient notablement dès son vivant.

 

 

La très joyeuse, plaisante et récréative histoire du gentil seigneur de Bayart ne rend pas seulement justice au seigneur en question : elle fait aussi honneur à l’exercice même de la chronique ainsi qu’à la langue littéraire, épique et aventureuse telle que les plus grands auteurs ont su la manier pour sublimer leur sujet. Chaque page transporte le lecteur dans un monde encore largement médiéval et il n’est pas rare qu’au détour d’un paragraphe, après nous être ému pour un haut fait, nous refermions le livre un peu chagrinés à l’idée que ces temps héroïques ne soient plus et qu’il nous faille maintenant composer avec toutes les lâchetés de notre malheureuse et bien décevante époque…

 

 

La réédition par La délégation des siècles de La très joyeuse, plaisante et récréative histoire du gentil seigneur de Bayart est presque la seule contribution du monde éditorial français au souvenir pourtant nécessaire d’un grand modèle que très exactement cinq siècles séparent de nous.

 

 

Source: https://www.ladelegationdessiecles.fr/chevalier-bayard

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10 octobre 2024 4 10 /10 /octobre /2024 15:21

Le Temple de Jérusalem, sa destruction et sa reconstruction. Don Curzio Nitoglia à Cinzia Notaro.

9 octobre 2024 Publié par Marco Tosatti 

 

Marco Tosatti

 

Chers amis et ennemis du Stilum Curiae, Cinzia Notaro a interviewé Don Curzio Nitoglia, que nous remercions, sur un sujet d'une grande actualité, à savoir les tensions et les courants qui évoluent dans le judaïsme autour du thème de la reconstruction du Temple.

Bonne lecture et diffusion.

 

§§§

 

Q. La destruction du Temple de Jérusalem est-elle une figure de la guerre mondiale occulte actuelle ?

 

R. La tentative actuelle de reconstruction du Temple est de notoriété publique. Les adorateurs du Temple souhaitent construire le troisième Temple au centre de l'Esplanade des Mosquées.

 

Q. Qui sont ces adorateurs du Temple ?

 

R. Ils font partie d'une secte religieuse juive d'extrême droite issue de l'Irgoun et du Betar dont l'objectif est la reconstruction du Temple à l'emplacement où se dressait le Saint des Saints pour hâter la venue du Messie.

 

Q. Pour les Juifs orthodoxes, le Temple descendra-t-il du ciel avec la venue du Messie ? 

 

R. Certainement, et quiconque prétendrait (comme le sionisme du XVIIIe siècle) le reconstruire par des moyens humains commettrait une sorte de violence contre les plans de Dieu. Pour l'instant, deux écoles talmudiques situées près du Mur des Lamentations enseignent à deux cents étudiants les subtilités du service du Temple. D’autres groupes recherchent les lignées juives de prêtres juifs, les seuls capables d’accomplir les sacrifices.

 

Q. Des préparatifs sont-ils en cours pour renouveler les sacrifices de l’Ancienne Alliance ?

 

R. Comme si l'événement était imminent. Le Grand Rabbinat est à la tête de ces préparatifs. Les "adorateurs du Temple" ne sont donc pas quelques extrémistes isolés, car on entend déjà parler de l'identification génétique des prêtres de l'Ancienne Alliance, les seuls à pouvoir offrir le rite. En avril, une vache rousse a été sacrifiée à Jérusalem par les ultra-orthodoxes pour hâter la venue du Messie.

 

D. Pour les catholiques, la seconde venue du Messie coïncide avec la fin du monde...

 

A. Le messianisme juif cherche à hâter les deux, c’est pourquoi l’atlantisme juif/américaniste provoque continuellement la Russie au point de déclencher une guerre atomique universelle qui détruirait le monde.

 

Q. Y a-t-il également des raisons politiques, économiques ou idéologiques derrière cela ?

 

R. Oui, mais la raison prédominante, même si elle est occulte et souterraine, est théologique. Si vous ne lisez pas ce qui se passe à la lumière de la théologie, vous ne comprendrez pas comment on peut oser autant sans friser la pure folie.

 

Q. Quel plan Netanyahu met-il en œuvre ?

 

R. Il a détruit toute la bande de Gaza (35 km de long et 7/9 km de large) en la bombardant continuellement nuit et jour pendant huit mois, en larguant l'équivalent quantitatif (non atomique) de ce qui a été largué sur Hiroshima. L'illusion de la toute-puissance - qui a abruti l'esprit des Sanhédrites en l'an 66 de notre ère, puis du faux "Messie" Simon Bar Kokhba en 132, les poussant à défier Rome en pensant gagner parce qu'ils étaient sûrs que "Dieu était avec eux" - a maintenant complètement abruti l'esprit de Netanyahou, qui fait face à une sorte de guerre civile interne à l'Etat d'Israël et qui, de surcroît, s'est engagé dans une guerre que les bombes ne peuvent pas gagner à elles seules.

 

D. Pourquoi ?

 

A. Le peuple palestinien est habitué à résister à ces génocides depuis environ 75 ans et ne s'est pas adouci comme la plupart des jeunes israéliens qui se consacrent aux rave parties, et aussi parce que maintenant la Palestine n'est pas laissée seule, comme elle l'a été depuis 1948 jusqu'à aujourd'hui., mais elle a aussi à ses côtés (de manière voisine) l’Iran, le Liban, les Houthis et la Russie.

 

Q. L’État d’Israël sera-t-il anéanti ?

 

R. Voyons le contexte : en 66 après JC., les Zélotes ont provoqué Rome. Vers le milieu de mai 66, la tour Antonia, près du temple de Jérusalem, fut attaquée par les Zélotes et le peuple juif, qui passèrent au fil de l'épée la garnison romaine qui y était stationnée. Le général Vespasien, en octobre de la même année, prend le commandement de la guerre contre les Juifs, mais le 1er juillet 69, il est nommé empereur et laisse le poste de commandement de Jérusalem à son fils Titus (voir FLAVIO GIUSEPPE, La Guerra Judaica, lib. ., IV, par. 3, n). Toujours en 66, les Zélotes-Sicaires s'emparèrent de la forteresse de Massada, tuant la garnison romaine qui y était présente. En 69, Simon Bar-Giora était devenue très puissant à Massada, avec quarante mille hommes armés.

 

Q. Donc le pharisaïsme avait dégénéré en zélotisme ?

 

R. Ce zèlotisme était organisé dans le banditisme des Sicaires (voir FLAVIO GIUSEPPE, La Guerra Giudaica, lib. IV, par. 9, n. 10). Titus arriva à Jérusalem au printemps 70, donna l'ordre de construire des remblais et commença l'assaut contre le troisième mur, ou mur extérieur de la ville de Jérusalem, qui tomba après cinquante jours de combats acharnés. Ce fut donc au tour du deuxième mur qui tomba au bout de cinq jours, de sorte que les Romains pénétrèrent dans la ville basse, mais après quatre jours les Romains durent se retirer, attaqués par les Juifs. Titus fit alors construire une muraille et creuser un fossé autour de la ville (comme Jésus l'avait prédit, cf. Luc, 19, 43), long d'environ 6 km. Les soldats romains ne mirent que 3 jours pour cette construction (voir FLAVIUS JOSEPH, The Jewish War, lib., V, par. 12, n. 1 et suivants.). Yakov M. Rabkin, professeur au Département d'histoire de l'Université de Montréal, a écrit un livre intéressant intitulé : "Une menace intérieure".

 

Q. Historiquement, pouvez-vous faire mention de l’opposition juive au sionisme ?

 

R. Si l’on prend en compte ce qui se passe actuellement en Palestine, avec le risque que la guerre israélienne s’étende au Liban, à l’Iran et à la Russie, comment peut-on blâmer le professeur Rabkin ? En effet, il nous montre la gravité des enjeux pour le peuple juif, et cela est encore plus vrai aujourd'hui (2024), alors que l'État sioniste cherche à imposer son hégémonie politique et militaire également au Liban, à la Syrie, à l'Iran et, par conséquent, à la Russie. Si l'on considère - également à la lumière de la tradition juive elle-même - le risque de la concentration de millions de Juifs en un seul lieu, les événements tragiques d'aujourd'hui nous font constater que les prédictions les plus sérieuses semblent se réaliser, car l'État d'Israël est véritablement devenu "le Juif parmi les nations" et le pays le plus dangereux pour un Juif.

 

Q. Pourquoi l’État d’Israël et avec lui le monde entier est-il en danger ?

 

R. Selon de nombreux penseurs Haredim, "la Shoah et l'État d'Israël ne constituent pas du tout des événements antithétiques (destruction et reconstruction), mais plutôt un processus continu : l'éruption finale des forces du mal [...]". La tradition juive considère comme risquée toute concentration de Juifs dans un même lieu.

 

Q. Que pouvons-nous dire de la situation historique tragique que nous vivons au regard de l'observation faite par les Haredim ?

 

R. Au chapitre VII de son livre, Rabkin poursuit et explore ce même thème : "L'État d'Israël est en danger […]. Ce qui était présenté comme un refuge, voire le refuge par excellence, allait devenir le lieu le plus dangereux pour les Juifs. De plus en plus d'Israéliens se sentent pris dans un 'piège sanglant' [...]. Et le nombre de ceux qui expriment des doutes sur la survie d'un État d'Israël créé au Moyen-Orient, dans cette 'zone dangereuse' [...] augmente. Les théoriciens de l'antisionisme rabbinique soutiennent [...] que la Shoah n'est que le début d'un long processus de destruction, que l'existence de l'État d'Israël ne fait qu'aggraver [...]. Concentrer [neuf, ndlr] millions de Juifs dans un endroit aussi dangereux confine à la folie suicidaire. La période Maccabées a orienté les Juifs vers une interprétation incorrecte du Messie, ce qui est affirmé dans la littérature apocryphe et rabbinique [...]. L’opposition entre la Révélation mise en œuvre par le Christ et l’interprétation juive dominante est on ne peut plus frappante ; elle fut fatale à Israël, qui resta en dehors du salut éternel" […].

 

Q. Les Israélites auraient-ils pris les idées mythologiques (de l’Apocalyptisme apocryphe) et les auraient-elles appliquées à leur nation ?

 

A. Le bouleversement cosmique aurait ruiné les païens, alors qu'il aurait donné à Israël le bonheur terrestre définitif (F. Spadafora, Enciclopedia Cattolica, Cité du Vatican, 1952, VIII vol., coll. 847-848, entrée "Messie"). Cette idée malsaine a conduit à l'actuel défi lancé par Israël au monde entier, avec le risque d'incendier la planète entière par l'arme nucléaire. Or, le vrai Messie, Jésus-Christ, est avant tout le Roi spirituel de tous les hommes et non d'une seule Nation et ne peut donc manquer d'être haï, combattu et mis à mort par les "faux prophètes" ou "voyants" de l'Église juive. L'Apocalyptisme de 170 avant JC. C. avait commencé à corrompre la foi du véritable Israël dans un sens de domination millénariste, temporelle, mondialiste et universelle. C'est le drame d'Israël : avoir majoritairement suivi une fausse conception d'un Messie cosmique, militant et temporel (qui est un homme pur voire une collectivité : Israël lui-même, "Maître de ce monde") et avoir rejeté, sauf "un petit reste", le vrai Messie, Sauveur de tous les hommes, dont l'Empire est universel, définitif, spirituel et surtout s'étendant jusqu'à l'au-delà, même si son royaume commence déjà dans ce monde, même imparfaitement. Sa mort sur la Croix est le seul sacrifice parfait et sans défaut "l'oblatio munda" (Mal. I, 11).

Car du levant au couchant du soleil, mon nom est grand parmi les nations. En tout lieu, on brûle de l’encens pour mon nom et on présente une offrande pure, car mon nom est grand parmi les nations, – dit le Seigneur de l’univers.

Malachie 1,11

Q. Pour les prophètes de l’Ancien Testament, qui est le Messie ?

 

R. C'est une personne. Pour les voyants de l’apocalyptisme apocryphe ainsi que du sionisme d’aujourd’hui, c’est une communauté, à savoir le peuple d’Israël, qui parviendra à la prospérité nationale et à la domination sur toutes les autres nations. En outre, un Messie mort et ressuscité, un messianisme accompli en Jésus-Christ, était la nouvelle foi que les Apôtres devaient prêcher au monde entier, à commencer par les Juifs. Mais pour eux, un Messie mis sur la croix était un "scandale", tandis que pour les païens, c'était une "folie" (I Cor. I, 23) […]. L'opposition que cette prédication a rencontrée parmi la majorité de la nation juive a sa première racine dans la conception différente qui s'était formée du messianisme [...], alors que le monde romain acceptait le Messie répudié par les Juifs [...]. La première conséquence de la venue du Messie consisterait, selon le sionisme, dans le retour des Juifs, numériquement accrus en Palestine et la reconstruction de Jérusalem et du Temple (A. Vaccari, Enciclopedia Italiana, Rome, Treccani, II éd. , 1951, vol. XXII, p. 957, entrée "Messianisme").

 

(Dans l'Ancien Testament Esaïe annonce la venue du Christ, en aucun cas la domination matérielle du "Machia'h" de la synagogue rebelle.Ndlr.)

Le Temple de Jérusalem, sa destruction et sa reconstruction. Don Curzio Nitoglia à Cinzia Notaro

Q. Quand est né l'"Apocalyptisme" ?

 

A. Dans l'époque post-maccabéique, où l'hellénisme païen triomphe en Israël, a opprimé et profané le Temple (168-164 av. J.-C.) sous Antiochus Épiphane (175 – 164 av. J.-C.), la conquête de la Judée par Rome avec Pompée (64 av. J.-C.) et la destruction du Temple par Titus (70 après J.-C.) et lors de la Judée sous Hadrien (135 après J.-C.), l'espoir de la reconstruction nationale juive s’éclaire de plus en plus, sous la direction des "faux prophètes" prédits par Jésus (Mt 24,24).

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30 septembre 2024 1 30 /09 /septembre /2024 13:02
Les nations peuvent-elles être baptisées ?

par Peter J. Leithart

27 septembre 2024

 

Les nations doivent-elles être baptisées ? Jésus le pensait.

 

Les dernières paroles de Jésus dans l’Évangile de Matthieu sont : "Allez donc, faites des disciples parmi les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit." C’est ce qu’a fait Paul, pour qui l’exode était le baptême d’Israël : "Nos pères ont été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer" (1 Co 10, 2).

 

Durant le premier millénaire de l’histoire de l’Église, les baptêmes nationaux étaient courants. Lorsque Clovis, le premier roi des Francs, fut baptisé en 508 apr. J.-C. , son royaume devint catholique. De nombreux Francs suivirent leur chef jusqu’aux fonts baptismaux, les évêques devinrent son administration de fait, et le paganisme fut supprimé.

 

Empire carolingien

 

Lorsque Charlemagne conquit la Saxe au IXe siècle et l’intégra à son royaume franc, il exigea que les Saxons soient baptisés.

 

Le prince Vladimir fut accompagné lors du baptême par nombre de ses sujets, lors d’un événement connu sous le nom de "baptême des Rus". Les dirigeants déterminaient la religion de leur peuple, de sorte que la conversion de la tête incluait la conversion du corps.

 

Aujourd’hui, nos instincts démocratiques font que beaucoup de gens reculent devant l’idée que des nations puissent être baptisées et converties en tant que nations. Étant donné l’ordre politique de l’Europe du haut Moyen Âge, les baptêmes nationaux explicites étaient tout à fait appropriés. Mais en 2024, même les chrétiens dont l’imagination politique est étroitement démocratique doivent tenir compte des paroles obstinées de Jésus : "Allez donc, faites des disciples des nations, et baptisez-les…" Que devons-nous en penser ?

 

Pensez à une nation où la majorité ou une grande majorité des citoyens sont baptisés, où la loi, les coutumes et la culture ont été imprégnées de l’Évangile et des normes chrétiennes. Pensez, par exemple, à l’Amérique du XIXe siècle. On pourrait dire qu’elle est une nation chrétienne. À quoi bon dire qu’elle est "baptisée" ?

 

Comme l'a soutenu le missionnaire presbytérien Wes Baker, le baptême est lié à la fois à l'identité et à la vocation. Lorsque Jésus est baptisé, la voix du Père confirme son identité de Fils bien-aimé, et Jésus est simultanément chargé de son œuvre messianique, en combattant d'abord Satan dans le désert. Parce que le baptême incorpore les baptisés dans l'unique baptême de Jésus, nos baptêmes ont la même double signification que celui de Jésus. Nous sommes fils dans le Fils, bien-aimés dans le Bien-aimé, et aussi envoyés dans l'Envoyé.

 

Ces deux facettes du baptême sont indissociables. La vocation est inhérente à l’identité.

 

Être en Christ, c’est être envoyé par le Christ. Nos vocations définissent les contours de l’être humain unique que nous sommes, donnent un sens à notre vie et nous propulsent ainsi vers l’avenir. Par le baptême, cet avenir est intégré dans l’avenir du royaume de Dieu.

 

Le baptême entre en conflit avec la modernité séculière, qui est fondée sur la séparation entre identité et fin. La science moderne retire la fin du monde naturel. La philosophie moderne retire le but de la nature humaine et le déplace dans le domaine de la volonté. Les seuls buts qui me définissent sont ceux que je choisis. Cela semble libérateur, mais c’est le contraire. Détachée d’une vocation donnée, l’identité s’effondre.

 

Nous ne savons pas qui nous sommes si nous ne savons pas où nous allons et pourquoi, et nous ne connaissons la voie à suivre que lorsque nous sommes appelés par un avenir non choisi. En conférant identité et direction, le baptême guérit la fracture de la modernité séculière, réintégrant qui je suis avec ce que je fais.

 

Une nation baptisée partage ces dimensions du baptême du Christ. Israël était le premier-né de Yahweh, mais pas son seul fils. Comme le prophétise le Psaume 87 (86), Israël espérait que Rahab, Babylone, la Philistie, Tyr et l’Éthiopie les rejoindraient un jour dans la maison de Yahweh en tant qu’enfants nés de Sion : "Chacun est né là-bas". L’Église mère réalise cet espoir en donnant une nouvelle naissance aux nations sur les fonts baptismaux. En baptisant les nations, l’Église leur confère également un nouveau but, en les incorporant à la mission messianique de Jésus. Une nation baptisée est appelée à consacrer ses dons et ses capacités uniques au service de Dieu. Une nation baptisée ne s’appartient plus, ne peut plus rechercher uniquement ses propres intérêts. Une nation baptisée dit à la fois "Nous appartenons à Dieu" et "Nous existons pour témoigner et faire progresser le royaume de Jésus le Christ." La mission de l’Église est d’incorporer les nations à la mission de Jésus en les baptisant dans le corps du Christ.

 

Le baptême n’est pas une simple approbation de l’identité nationale. Au contraire. Le baptême est la mort (Romains 6.1-7). Comme le déluge et la mer Rouge, le baptême efface les vieux moi et les vieux mondes. On peut avoir l’impression que c’est une perte totale, mais en fait, ce que nous héritons d’Adam est ce qui nous empêche d’être pleinement nous-mêmes. L’homme nouveau qui sort des fonts baptismaux est plus parfaitement son moi unique que le vieil homme qui y est entré. Il en va de même pour les nations. Les nations baptisées meurent à leurs anciennes formes et identités, à leurs ordres et à leurs intérêts, mais c’est seulement pour qu’elles puissent réaliser leur vocation particulière.

 

Les Francs sont devenus plus lumineusement francs après que Clovis se soit plongé dans l’eau.

 

La Rus’ est devenue la civilisation éblouissante qu’est la Russie seulement après avoir traversé la mort et la résurrection du baptême national.

 

Peu d'églises croient cela aujourd'hui.

 

Peu d'entre elles croient qu'il est possible pour les nations d'être baptisées, de devenir enfants de Sion ou de servir la mission de Jésus.

 

Pour le dire plus prosaïquement, peu d'églises croient que c'est leur devoir de façonner l'objectif et la vocation d'une nation. Est-il étonnant que les nations soient en colère et errent ?

 

Peter J. Leithart est président de l'Institut Theopolis.

 

Cf. https://www.firstthings.com/web-exclusives/2024/09/can-nations-be-baptized

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