Mise à jour le 10/02/2017
LES CLICHES émis par Lavisse dans ses manuels d'histoire de France ont la vie dure. Image tirée de la Revue Dossier pour la Science, « Gaulois, qui étais-tu ? », n° 61 Octobre-Décembre 2008, p. 18
Les druides ne vont point à la guerre et ne paient aucun des tributs imposés aux autres Gaulois ; ils sont exempts du service militaire et de toute espèce de charges. [...]
, Biblis Cnrs Editions, Paris 2016, p. 38; 69)
Jean-Louis BRUNAUX, Les Religions gauloises (Ve- Ier siècles av. J.-C.)
"S'ils n'ont guère écrit, ce n'était pas qu'ils en étaient intellectuellement incapables, ni qu'ils avaient rien à transmettre, mais qu'ils ne voulaient pas confier leur tradition à l'écriture pour des raisons qui ne manquaient pas de logique. [...] Bon nombre de nos belles légendes remontent jusqu'à ce vieux fonds celte de même qu'une bonne part de notre folklore : pèlerinages plus ou moins christianisés à des sources ou des pierres 'miraculeuses', fêtes équinoxiales ou solsticiales telles que feux de la Saint-Jean." (Claude STERCKX, La mythologie du Monde celtique, Poche Marabout, Allemagne 2014, p. 9-11.)
Les Gaulois avaient le souci de la justice. C'est rapporté par le géographe Strabon (60 av. J.-C. - 20 ap. J.-C.) : "Ils courent en masse aux armes; et cela sans dissimuler leurs projets, et sans y apporter la moindre circonspection. Cela fait qu'on peut aisément les vaincre en employant les ruses de la guerre. [...] La franchise et la simplicité de leur caractère font que chacun ressent les injustices qu'on fait à son voisin, et qu'elles excitent chez eux une telle indignation qu'ils se rassemblent promptement pour les venger." (Strabon, Géographie, liv. IV, ch. 4.)
est occupée par la guerre en Armorique et en Aquitaine. Les peuplades de l'Ouest s'étaient levées sous l'impulsiona de l'active et énergique nation des Vénètes (Vannes). Les Vénètes étaient les maîtres de la mer. Ils faisaient du commerce avec l'Angleterre avec leurs grands navires dont le vent enflait les voiles de cuir. César et son lieutenant Brutus réalisèrent une marine pour combattre les Vénètes. Il trouva des rameurs de Provence et des auxiliaires chez les Celtes aquitains de la Saintonge et de la Vendée dont une rivalité ancienne avait fait les concurrents des Vénètes. Le tromphe de César fut complet. On massacra beaucoup de monde. Tous les sénateurs du pays furent égorgés; ce qui restait de la population fut mis en vente comme du bétail. "Cette forte et laborieuse nation des Vénètes, conclut Camille Jullian, dont les origines et la puissance remontaient aux hommes des domens, la plus ancienne et la plus originale de toute la Gaule, s'effondra dans l'esclavage et dans la mort", et la vie, maintenue en Armorique, s'y éteignit jusqu'au Moyen Âge.
Mais ces hauts faits devaient être surpassés par César lui-même en son expédition contre les peuplades du Rhin (quatrième campagne, 55 av. J.-C.), le proconsul marcha contre les Usipiens et les Teuctères qu'il trouva rassemblés en une foule où les femmes et les enfants étaient en grand nombre. Les chefs de la nation s'adressèrent à lui en termes émouvants. César répondit en les convoquant et les principaux de leur peuple dans son camp. Conviés à cette entrevue, Usipiens et Teuctères s'y rendirent. César fit entourer par ses soldats les chefs et notables usipiens et teuctères qui s'étaient fiés à lui, il les fit ligoter, sourd à leurs observations et à leurs prières, tandis que le gros de son armée attaquait la masse de leurs compatriotes privés de leurs chefs, la plupart désarmés. Femmes et enfants furent égorgés. Ceux qui prirent la fuite se trouvèrent coïncés dans l'angle que formait le confluent de la Meuse et du Rhin, où la cavalerie romaine, lancée à leur pousuite, put les tuer à plaisir. César avait remporté la plus belle de ses victoires. Il en écrit lui-même avec orgueil : "Les Romains délivrés d'une guerre si redoutable, où ils avaient en tête 430 000 ennemis - Oh oh ! - rentrèrent dans leur camp sans aucune perte." A Rome, Plutarque rapporte qu'au Sénat, Caton d'utique parla avec véhémence, flétrissant l'infamie commise et proposant de livrer César à l'ennemi pour apaiser les dieux... Mais on lui rit au nez et les sénateurs décrètèrent des fêtes et des sacrifices en l'honneur de ce nouveau triomphe.
César compléta cette attaque contre les Germains par une attaque contre la Grande-Bretagne, foyer du druidisme dont les flammes animaient les Gaulois. Il prétexta les secours dont les Armoricains recevaient des Bretons. Il s'embarqua à hauteur de Boulogne, refoula les Bretons au-delà de la région de Londres, mais il était sans grande ardeur en un pays où il n'y avait rien à piller. Plutarque a soin de le noter. César n'y fit pas grand profit, dit-il., "car on ne savait rien prendre ni gagner qui eût valeur, sur des hommes pauvres et nécessiteux, de quoi la guerre n'eut pas telle issue que César espérait." Aussi remit à la voile pour la Gaule, après avoir reçu des Bretons - un bon billet à La Châtre - leur acte de soumission et de fidélité enforcée de serments solennels.
Nous sommes au temps de la grande curée. Non moins que la Gaule en Occident, les armées romaines se couvrent de gloire en orient. Suétone dit que César en Gaule "détruisait plus souvent les villages pour le pillage (ob praedam) qu'en punition de quelque tort." Il bourre les temples romains d'ex voto volés dans les sanctuaires gaulois pour se magnifier aux yeux des Romains.
Avec la cinquième campagne de César, marquée par la seconde guerre de Belgique (54 av. J.-C.), nous entrons dans la deuxième période de la guerre des Gaules, celle où les Gaulois, violentés depuis quatre ans, dupés, volés, égorgés ou vendus comme esclaves en un des plus répugnants spectacles qu'ait offerts l'histoire de l'humanité, commencent à s'unir, autant qu'il leur était possible à cette époque, pour la délivrance de leur pays.
Les Romains coupaient les récoltes sur pied, livraient les villages aux flammes, femmes et enfants étaient égorgés, des villiards périrent dans les plus affreux supplices.
César voulait s'emparer d'Ambiorix, roi des Eburons, qui infligea une cinglante défaite aux légions romaines en 54 av. J.-C., peut-être dans la vallée du Geer (rivière de Belgique et des Pays-Bas, affluent de la Meuse.) Servi par des partisans, par les espions, par les agents qu'il entretenait dans le pays, il organisa une chasse à l'homme, sauvage, minutieuse, savante. Ambiorix s'était entouré de quatre compagnons fidèles, énergiques, ardents et rapides comme lui. En quelques semaines il passa avec son héroïque escorte à l'état de figure légendaire. "Tout fut détruit, écrit Aulus Hirtius, par le meurtre, le feu et le vol (rapinis)."
Et tandis qu'Ambiorix courait toujours, César ramena ses soldats à Reims, parmi les Rèmes, ses fidèles amis (septembre 54 av. J.-C.) (Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, Livre VIII, 24,25.)
, voire quatre fois, comme le pays des Carnutes, la Beauce, les nombreuses villes prises d'assaut furent mises à sac, pillées, incendiées, la population égorgée ou réduite en esclavage, vendue comme du bétail. Le vol dans les temples et dans les demeures privées fut organanisé méthodiquement, avec une régularité digne de la grande administration romaine. Le proconsul des Gaules, certes, était un guerroyeur de génie,
"Mais les voleurs n'ont pas de place au Panthéon..."
Le vers est de Paul Déroulède.
Une apparition entre le deuxième et le troisième millénaire avant J.-C.
"Compte tenu de la continuité entre les cultures archéologiques qui se succèdent dans le domaine nord-alpin depuis l'âge du Bronze final et l'âge du Bronze moyen, divers auteurs ont cru pouvoir faire remonter l'apparition des Celtes au deuxième millénaire. Pour d'autres, on peut la chercher dans les phénomènes complexes qui touchent le domaine nord-alpin au Chalcolithique, au troisième millénaire [Brun 2006]" [L'Europe celtique à l'Âge du fer (VIIIe-Ier siècles), sous la direction de Olivier BUCHSENSCHUTZ, Nouvelle Clio, PUF, Mayenne 2015, p. 78.] Cet ouvrage confronte les sources classiques aux données les plus récentes de l'archéologie.
"Les Celtes de ces périodes ne paraissent pas attachés à un territoire. Ces princes, rois, roitelets, offrent de multiples points de comparaison avec les basileis du monde homérique (armes exceptionnelles, chars d'apparat et véhicules pour se déplacer sur leurs terres, banquets)." (L'Europe celtique à l'Âge du fer (VIIIe-Ier siècles), ibid., p. 282.)
homogénéité culturelle plus de 1500 ans auparavant. (Patrice BRUN, Princes et Princesses de la Celtique, Le premier Âge du fer en Europe, 850 – 450 av. J.-C., Collection des Hespérides, Editions Errance, Paris 1987, p. 15)
"Les premières mentions des 'Celtes' dans la littérature antique remontent à la fin du VIe siècle (Hécatée de Milet, Fragm. 53 à 58) et au Ve s. (Hérodote, Histoires). " (L'Europe celtique à l'Âge du fer (VIIIe-Ier siècles), sous la direction de Olivier BUCHSENSCHUTZ, ibid., p. 75.)
"Les menhirs seraient des piliers funéraires." (F. Funck-Brentano, Les Origines, ibid., p. 26.)
Les Celtes ont une origine d'Outre-Rhin. Plusieurs vagues vers l'Hexagone entre 1500 et 300 av. J.-C.
Les auteurs grecs anciens avaient des doutes sur l'origine antique des Gaulois. Selon Poseidonios d'Apamée, 'une partie de ce peuple était d'origine indigène mais que celle-ci s'était trouvée grossie de populations venant d'îles lointaines et de régions situées au-delà du Rhin, chassées de leur demeures par la fréquence des guerres et par les raz-de-marée'. L'auteur précise que ces théories étaient diffusées par les druides.
Une information que César a recueillie auprès des Rèmes donne le plus grand crédit à cette histoire druidique: il rapporte que
'la plupart des Belges étaient issus de chez les germains, qu'ils avaient franchi le Rhin autrefois.'
... Les druides conservaient la mémoire de ces faits remontant à plusieurs siècles." [9]
Frantz FUNCK-BENTANO
Le "IVe siècle (av. J.-C.) marque l'apogée de l'Empire celte
C'est le second âge du fer dont nous avons parlé. Les Celtes ont conquis la Grande-Bretagne; ils ont conquis l'Espagne, moins les côtes de la Méditerranée, la 'France' entière à l'exception du bassin du Rhône, le Nord de l'Italie : ils règnent sur l''Allemagne' entière en exceptant les contrées du nord; ... leur domination est assurée sur le Moyen et sur le Bas-Danube, sur une partie de la Hongrie; en Silésie actuelle, elle s'étend jusqu'à Liegnitz; en Roumanie jusqu'à Isakscha; en Russie jusque sur le Bas-Dniester : un empire plus grand que celui de Charlemagne et que celui de Napoléon; un empire qui va du détroit de Gibraltar à la Mer noire, au temps où Alexandre de Macédoine s'engageait dans la conquête de l'Asie (334 av. J.-C.) ... En 283, les gaulois apparaîtront en Grèce (conduits par Brennos ou Brennus Ndlr.), où ils pilleront le trésor de Delphes (278); ils fonderont un Empire en Thrace, un autre en Phrygie et, à l'ouest de la Phrygie, dans la région qui a conservé leur nom, la Galatie." [12]
"Certains groupes celtiques purent atteindre, si l'on en croit Théopompe de Chios (né vers 378 av. J.-C.), vers le milieu du IVe siècle, les régions illyriennes dans les Balkans. La consolidation du nouveau pouvoir celtique dans la cuvette capatique est reflétée par la tradition selon laquelle les Celtes établirent des relations diplomatiques avec Alexandre le Grand en 335, alors stationné sur le Bas Danube." (L'Europe celtique à l'Âge du fer (VIIIe-Ier siècles), sous la dir. De Olivier BUCHSENSCHUTZ, ibid., p. 206.)
"L'invasion de la Macédoine et de la Grèce ne représente qu'une partie du flot celtique, ... ce fut surtout hors de la Grèce que la poussée gauloise laissa des traces durables. D'autres bandes en effet envahirent la Thrace, où un royaume celtique, dit royaume de Tylis (v. 280 Ndlr.), qui devait subsister jusque vers la fin du siècle, occupa une grande partie de l'ancien domaine de Lysimaque, et surtout l'Asie mineure occidentale." (Edouard WILL) [13]
Les invasions celtiques (en Gaule) se sont arrêtées au IIIe siècle av. J.-C.
Sur la frontière Nord-Est les Germains font sentir leur poussée. Déjà ils ont fait refluer en Gaule les Celtes qui s'étaient établis sur la rive droite du Rhin; après quoi ils ont passé le fleuve et ont multiplié leurs établissements dans les vallées de la Somme, de l'Oise, de l'Aisne, de la Moselle, se mélangeant aux indigènes pour constituer au nord de la Seine et de la Marne ce peuple distinct des Celto-Ligures et que l'on appela les Belges. (F. Frantz-Funck-Brentano, Les Origines, ibid., p. 77.)
"Le plus grand changement, et de loin, tient à ce que la pression des Germains, qui se déplacent lentement vers le sud (surtout depuis 300) oblige les Celtes à abandonner entre 250 et 120 av. J.-C. tous leurs territoires situés au nord d'une ligne qui va du delta du Rhin à la forêt de Thuringe. Ce n'est seulement qu'à l'ouest de la Weser qu'ils se maintiennent plus longtemps. Par exemple, bon nombre de Celtes, surpris par l'invasion de Belges ont préféré s'en aller vers l'Angleterre actuelle, où nous trouvons leur trace dans le Sussex, le Wessex et le Kent. Inquiets de la poussée des Belgae, les Parisii ont également quitté pour une part importante les rives de la Seine pour aller s'installer dans le Yorkshire actuel où l'on retrouve leur nom. On place le départ des Séquanes de la Seine vers la France-Comté à la même époque." (
)La "Gaule" : une définition romaine
Le mot se trouve pour la première fois dans un traité de Caton, Les Origines (deuxième quart du IIe siècle av. J.-C.). De Gallus, Galli, est venu le nom de la Gaule et des Gaulois.
Pour les Anciens, les trois dénominations, Celtes, Galates, Gaulois, étaient synonymes. Auguste Longnon (1844-1911) estime qu'originairement elles devaient désigner trois rameaux de la même race.
Jules César a appelé les Celtes, Galli, "gaulois", dans sa "Guerre des Gaules" (58-52 av. J.-C.)
Tandis que les Ligures étaient petits avec des cheveux bruns, les Celtes étaient grands, blonds; ils avaient le teint rose et clair. Les Celtes aux têtes blondes, écrit Claudien, 'fiers de leur haute stature méprisaient la petite taille des Romains' (J. César).
Frantz Funck-Brentano dans son livre Les origines propose cette répartition en 1925 :
"Que s'il fallait, parmi les races diverses dont s'est formée la nation française, chercher un type prédominant, c'est sans aucun doute chez les Ligures qu'il se trouverait et chez les autochtones, en admettant que les Ligures aient été eux-mêmes des immigrants. ... L'alliage pourrait peut-être se chiffrer très approximativement de la manière suivante : Dans la formation de la nation française seraient entrés 50% d'autochtones, Ligures et Ibères, 20% de Celtes, 5% de Latins, 16% de Germains, en y comprenant l'élément gothique, 4% de Normands et 5% d'éléments divers : Grecs, Basques, Sémites, Syriens, Africains...
..La langue des Celtes, pareille au Ligure, avait des rapports étroits avec l'ombro-latin. Des dialectes néo-celtiques se parlent de nos jours encore en notre Bretagne bretonnante, en Irlande, en Pays de Galles, en Haute-Ecosse et dans l'Île de Man, mais ces idiomes n'ont plus que des rapports éloignés ave ce que l'épigraphie a conservé du celte primitif. [14]
"Galli et son dérivatif Gallia ne sont point des termes 'gaulois', mais des mots latins." [15]
l'histoire ancienne des villes italiennes, en particulier Rome depuis sa fondation jusqu'à la préture de Servius Sulpicius Galba).
Vercingétorix. Source image : http://www.e-stoire.net/article-camille-jullian-vercingetorix-_-chap-ix-p-7-101168682.html
Les Francs Gaulois chez les humanistes
Après avoir démontré la fausseté de l'origine troyenne des Francs, les humanistes des XV et XVIe siècles développèrent une thèse originale peu connue : les Germains et les Celtes n'étaient que des Gaulois. Les Francs redevenaient dans leur opinion les descendants de Barbares germaniques qui avaient détruit, avec l'Empire romain, la culture, les arts et la civilisation de l'Antiquité.
"Pendant les siècles qui précédèrent le mouvement humaniste, on ne parla guère des Gaulois. [...] Le mot Gaule resta d'usage courant, sans interruption depuis l'époque romaine. On l'employait surtout dans le domaine ecclésiastique, où il pouvait avoir un caractère officiel, par exemple à propos des conciles. Abbé de Saint-Denis et biographe du roi Louis VI, Suger parle au XIIe siècle de la Francia et du Regnum grancorum dans un contexte politique, mais de la Gallicana Ecclesia pour les questions ecclésiastiques.
"Les humanistes donnèrent une actualité toute nouvelle aux notions de 'Gaule' et de 'Germanie'. Elles perdirent leur coloration ecclésiastique. Ces mots (Gallia, Germania) servirent aux adeptes du latin classique pour exprimer les notions de 'France' et d''Allemagne'. Cette identification est donc l'oeuvre des humanistes.
"[...] Vers 1510-1513, Jean Lemaire des Belges, historiographe officiel et poète humaniste, se fondait encore sur l'origine troyenne des Francs pour faire des Français, dans ses Illustrations de Gaule et singularitez de Troye, les égaux des Romains.
"[...] Il y avait en fait un choix déchirant. Il fallait admettre ou bien une population gauloise supplantée par un peuple barbare (les Francs) ou bien l'existence de deux peuples au sein du royaume : les Gaulois vaincus et les Francs vainqueurs. Pour éviter ces deux éventualités, on lança une version palliative dont l'incroyable succès montre combien était ressentie la difficulté que nous venons de résumer: n'étant plus troyens, les Francs ne sont pas pour autant Germains. En vérité, ce sont des Gaulois qui ont quitté leur patrie, conquise par les Romains - ou avant même cette conquête -, selon quelques auteurs - et sont revenus triompher pour libérer leur pays de ces Romains. C'était là faire d'une pierre deux coups: venger l'humiliation de la défaite gauloise devant les Romains (sous Vercingétorix), éviter l'hypothèse de la soumission à l'envahisseur germanique, préserver l'unité de l'origine nationale - qui, pour la première fois est imaginée comme purement gauloise." (Histoire de France sous la Direction de Jean Favier, tome 1, Fayard, Evreux 1984, p. 34-37.)
"Les Francs ne seraient autres que des Gaulois qui, ayant fui la Gaule lors de la conquête romaine pour se réfugier en Franconie (région centrale d'Allemagne), seraient revenus quatre siècles plus tard pour la libérer des Romains." (Jean-Louis BRUNAUX, La Gaule, une Redécouverte, Histoire Documentation photographique, La Documentation française, mai - juin 2015, p. 5)
"C'est Jean Bodin (1529-1596), [...] qui l'exprime le mieux. Pour lui aussi, les Francs descendent des Germains mais, ajoute-t-il, les Germains, à leur tour, sont d'origine gauloise .[...] L'analyse de Bodin est poussée plus loin que celle de son inspirateur. Là où Beatus Rhenanus voyait des ressemblances qu'il interprétait en termes de parenté, Bodin s'appuie sur des faits historiques : la migration mythique des Celtes de Gaule conduite par Sigovèse est attestée, du temps de César, par la présence des Gaulois, les Volques Tectosages précisément, dans l'actuelle Bavière. [...] La démonstration [...] avait l'avantage de faire des francs, en quelque sorte, des non-étrangers, sans fragiliser la cohésion nationale : tout le peuple français était issu de ces Francs conquérants, eux-mêmes descendants de peuples gaulois plus anciens." (Jean-Louis BRUNAUX, Les Celtes, Histoire d'un mythe, Belin, Paris 2014 , p. 199.)
L'hypothèse des Humanistes des Francs Gaulois que l'on trouve chez les humanistes des XV et XVIe s., n'est pas complètement impossible si l'on se rappelle que les Proto-Celtes viennent d'une région
Source image : http://www.la-croix.com/Sciences-et-ethique/Sciences/La-carte-de-l-installation-des-Celtes-2016-08-07-1200780564
Dans cette hypothèse les Germains deviennent des Celtes. La Celtique (keltike en grec) est un espace géographique correspondant à peu près à la Gaule (Gallia en latin) et peuplé, selon les Grecs, de « barbares » – c’est-à-dire d’hommes ne parlant pas le grec – dont les Celtes et, parmi ces Celtes, les Gaulois.
"Tous les Celtes ne sont pas des Gaulois. C’est César qui, lors de la conquête des Gaules, décide de n’attaquer que les Celtes situés à l’ouest du Rhin, bien qu’il y en ait aussi à l’est, les Germains occupant le nord." (Les Celtes, Européens sans le savoir, Denis Sergent, le 07/08/2016 à 10h56 )
Ou même "nos ancêtres les gaulois..." Pourtant, sans doute devrions-nous dire encore aujourd'hui à l'instar de J. A. Dulaure, nous sommes "de race gauloise" !
Peu lui importait les Celtes peuplaient également toute la Germanie et l’arc nord-alpin.
La nation n'implique pas la présence de frontières.
"La royauté n'implique pas l'existence d'un royaume. La cité ne possède pas de territoire unifié mais des pagi, chacun irréductible. La cité est une structure souple pouvant absorber ou perdre un ou plusieurs pagi, accueillir de nouveaux peuples ou se séparer d'une part non négligeable de sa population (migrations)." (L'Europe celtique à l'Âge du fer (VIIIe-Ier siècles), sous la direction de Olivier BUCHSENSCHUTZ, Nouvelle Clio, PUF, Mayenne 2015, p. 282.)
« Les Celtes pratiquaient la colonisation de terres plus lointaines, déléguant à une partie de leur population, le soin de les conquérir en Italie, en Allemagne méridionale et en méditerranée orientale. » (Jean-Louis BRUNAUX, La Gaule, une Redécouverte, Histoire Documentation photographique, La Documentation française, mai - juin 2015, p. 09.)
Le Petit Larousse illustré 2007 ajoute le sens moderne de la nation héritée des Romains : c'est une "grande communauté humaine, le plus souvent installée sur un même territoire et qui possède une unité historique, linguistique, culturelle, économique plus ou moins forte."
La nation gauloise, bien qu'établie sur des territoires aux limites fluctuantes, répond à l'ensemble de ces définitions :
. une origine commune (Petit Robert), pas forcément installée sur un même territoire (sens ancien),
. qui possède une unité historique, linguistique, culturelle, économique" (sens moderne,
,. et même
Ou encore pourquoi ne dirions-nous pas, selon le même argument, que cette nation française n'existait pas non plus en 1789 du fait de la guerre civile, du génocide et de la Révolution qui fit deux millions de morts ?
Un centre politique commun : le "Conseil de toute la Gaule"
Outre un sanctuaire commun (voir plus bas), plus récemment, l'archéologue Jean-Louis BRUNAUX, a évoqué un "Conseil de toute la Gaule".
« Chaque année, écrit-il, un "Conseil de toute la Gaule" (Concilium totius Galliae) se réunissait et les élus de chacun des peuples y accordaient le principat (le leadership) à un peuple-patron. Cette assemblée, dont les pouvoirs paraissent avoir été limités, avait l'avantage de matérialiser un espace dont la nature était avant tout politique. » (Jean-Louis BRUNAUX, La Gaule, une Redécouverte, Histoire Documentation photographique, La Documentation française, mai - juin 2015, p. 07)
Une forme de fédéralisme
« Très tôt - au moins dès le IIIe siècle avant J.-C. -, les peuples prirent l'habitude de réunir leurs chefs et des délégués des différentes assemblées dans le "Conseil de toute la Gaule"... qui avait pour mission d'accorder à l'un d'entre eux ce que César nomme un "principat". ... En 52 avant J.-C., c'est lui qui décida la création d'une gigantesque armée confédérale. Mais le contrôle des accords, le respect des prérogatives de chaque population, l'arbitrage des conflits étaient délégués à une autre assemblée annuelle, celle des druides. » (Jean-Louis BRUNAUX, La Gaule, une Redécouverte, ibid.,, p. 11.)
... sous l'autorité d'un roi élu, chargé de fonctions exécutives :
« Ce pouvoir, le souverain le partage avec le sénat ou assemblée du peuple (publicum concilium des Cénomans), lequel se compose des représentants des clans et des hommes libres; le souverain est l'exécuteur des décisions du sénat / peuple. S'agissant des fonctions du roi, les sources sont peu explicites.
Chef militaire, le roi avait la faculté de convoquer l'assemblée et le conseil armée, prélude à toute opération belliqueuse. La royauté n'implique pas l'existence d'un royaume (frontières). La cité ne possède pas de territoire unifié mais des pagi, chacun irréductible. La cité est une structure souple pouvant absorber ou perdre un ou plusieurs pagi, accueillir de nouveaux peuples ou se séparer d'une par non négligeable de sa population (migrations). Les Celtes de ces périodes ne paraissent pas attachés à un territoire. ... Ces princes, rois, roitelets offrent de multiples points de comparaison avec les basileis du monde homérique.
Les modalités de désignation sont en revanche totalement inconnues. Si l'aval des grands était indispensable, une sanction plus populaire est vraisemblable [Brunaux 2004, 28-29]
L'épigraphie monétaire (Colbert de Beaulieu, Fischer 1998) confirme la survivance des anciennes charges avec l'identification d'un certain nombre de magistratures - Rex, Basileus, Vergobreto, Argantodan, Argantokomaterekos, Ulatus (Gruel 1989, 136) - jusqu'à la conquête romaine.
Quelques-uns de ces monnayages de cité sont identifiables par des légendes monétaires au nom du peuple (Volcae, Eburones), au nom du roi ou du vergobret. On a aussi quelques rares cas de mention de magistrats monétaires : arcantodan (Colbert de Beaulieu, Fischer 1998). » (L'Europe celtique à l'Âge du fer (VIIIe-Ier siècles), sous la dir. De Olivier BUCHSENSCHUTZ, ibid., p. 281-291)
L'importance et le souvenir de ce Conseil de toute la Gaule se révèlera encore en janvier 70 ap. J.-C. Alors que l'Empire des Gaules avait été proclamé par Classicus, Tutor et que Sabinus, autoproclamé "empereur des Gaulois" (Tacite, Histoires, IV, 67), vit certaines légions lui firent allégeance (69), le Congrès de Reims se prononça contre l'"empire gaulois", suite à un discours habile du général romain Cerialis qui, tel César, su instrumentaliser nos divisions, ainsi que la crainte de la domination germanique. (Tacite, Histoires, IV, 68-74.)
Histoire du Peuple français, Publiée sous la Direction de L.-H. Parias, Préface de Edouard Herriot de l'Académie française, Des Origines au moyen-Âge (Ier siècle av. J.-C. - 1380), par REGINE PERNOUD, Nouvelle Librairie de France, F. SANT'ANDREA, Paris 1951
Régine Pernoud précise que "l'étude des Celtes à l'époque de la Tène réserve une bonne surprise : il est impossible en effet de n'être pas frappé des traits de ressemblances évidents qui relient entre eux le peuple celte et le peuple français. Alors que dans d'autres pays le caractère de la population primitive a été complètement bouleversé par les invasions - c'est le cas par exemple pour la majeure partie de l'Angleterre (le pays de Galles excepté) après l'arrivée des Saxons - il semble que chez nous les apports successifs de populations aient à peine modifié le fond de notre race, tant nous pouvons nous reconnaître, reconnaître les Français d'aujourd'hui et plus encore ceux du Moyen Âge, dans les Celtes d'avant la conquête romaine", écrit-elle.
S'agissant des traits physiques, Régine Pernoud indique que "les auteurs antiques, du moins ceux qui comme Strabon, avaient assez voyagé pour connaître et des Celtes et des Germains, étaient surtout frappés par les différences physiques entre les deux races : 'Les Germains, dit-il, diffèrent quelque peu de la race celtique par une nature plus sauvage, une taille plus grande, une chevelure plus blonde. Ils s'en rapprochent par tout le reste, par l'aspect, les moeurs et les lois'.
Les inventions
Les Gaulois prenaient leur repas assis devant des tables basses, et non pas couchés comme les Latins. Ils ont inventé le matelas. Ils dormaient sur des matelas de laine, alors que les peuples du midi ne connaissaient que les paillasses (R. Pernoud, Histoire du peuple français, ibid., p. 36.)
la faux pour récolter le foin, invention qui se répandra peu à peu dans tous les pays européens, la charrue à roues, la herse.
Les voies de communication, les routes seront élargies, renforcées par les Romains; mais elles ne feront que suivre les longs chemins gaulois, traversant le pays, reliant leurs capitales. Ces chemins gaulois n'ont pas été appréciés à leur juste valeur. Ils seront assez larges et assez fermes pour permettre à César de faire circuler ses armées et leurs impedimenta. Fleuves et rivières étaient franchis sur des ponts de bois. Les rivières étaient activement utilisées. [28] (
de 450 av. J.-C. à 25 av. J.-C.) Aux premiers siècles av. J.-C., écrit-elle, quatre routes principales permettaient d'acheminer l'étaint des Îles britanniques nommées alors Îles Cassitérides, du nom grec de l'étain, jusqu'aux pays méditerranéens. (R. Pernoud,
Les arts et métiers
L'ingéniosité. César ne peut s'empêcher, notamment lors du siège de Bourges, de reconnaître cette supériorité des Gaulois sur le Romain :
'A l'exceptionnelle valeur de nos soldats, écrit-il, les Gaulois opposaient toutes sortes de moyens. C'est une race d'une extrême ingéniosité et ils ont de singulières aptitudes à imiter ce qu'ils voient faire. A l'aide de lacets, ils détournaient les coups de nos faux et quand ils les avaient bien serrées dans leurs noeuds, ils les tiraient avec des machines à l'intérieur des remparts; ils faisaient écrouler notre terrassement en creusant des sapes, d'autant plus savants dans cet art qu'il y a chez eux de grandes mines de fer et qu'ils connaissent et emploient tous les genres de galeries souterraines'.
Il n'est donc pas exagéré d'attribuer à notre ascendance celtique la réputation dont n'a cessé de jouir l'ouvrier de France, - réputé partout le plus habile , - et aussi cette spécialité que constitue chez nous l'artisanat, l'objet d'art, depuis la tapisserie française jusqu'à la mode et aux articles de Paris.
Un archéologue, Olivier BUCHSENSCHUTZ, dans la revue Dossier pour la Science, explique que les Gaulois étaient d'excellents forgerons. Ils ont créé la faux, un outil spécifiquement européen pour récolter le foin, des fourreaux métalliques pour protéger le tranchant des épées... [29]
En agriculture, tandis que les Romains ne connaissaient encore que l'araire au soc fixe, péniblement tiré par l'esclave, les Gaulois, eux, avaient inventé la charrue à roues avec avant-train indépendant et coutre mobile. Ils se servaient de la herse, que tous les peuples européens ont adopté peu à peu... Ils furent ainsi les premiers à mécaniser l'agriculture, et Pline parle avec étonnement de leurs machines à faucher avec lesquelles ils coupaient les foins en un temps incroyable pour les Romains. Ils se servaient même de moissoneuses à dents de fer fixées à une grande caisse évasée où retombaient les épis coupés. (R. Pernoud,
Régine pernoud explique que les épées gauloises étaient remarquablement trempées et conçues pour frapper de taille mesuraient plus d'un mètre de long. Leurs javelots avaient aussi la réputation d'être excellents. ... Les Gaulois savaient aussi fabriquer les piques et les arcs qui servaient à leurs fantassins.
...Ce sont eux qui ont inventé la cotte de mailles, qui allait devenir d'une usage général chez les guerriers et le demeurer jusqu'au XIVe siècle, époque où les lourdes armures compliquées commencent à remplacer la cotte de mailles de l'époque féodale.
Il faut leur rapporter l'invention de l'argenture et celle aussi de l'étamage dont les conséquences se sont fait sentir de tous temps, puisque c'est l'étamage du cuivre qui permet de l'utiliser dans les usages domestiques.
Ils prenaient leur repas assis devant des tables basses, et non pas couchés comme les Latins. En revanche, ce sont eux qui ont inventé cette précieuse pièce de mobilier qu'est le matelas. Ils dormaient sur des matelas de laine, alors que les peuples du Midi ne connaissaient que les paillasses.
La céramique est longtemps restée chez eux assez grossière, mais à l'époque de la conquête romaine on voit se développer le goût pour la poterie peinte.
Les Gaulois ont également pratiqué le tissage. ... Ils semble qu'ils aient poussé très loin l'industrie textile et en aient fait un art véritable. Les textiles découverts dans les sépultures aristocratiques de l'Europe celtique révèlent un haut degré technique atteint par les Celtes au cours du premier âge du fer (VIIIe-Ve siècle), où apparaît le métier vertical à quatre barres qui remplace le traditionnel métier à tisser vertical à deux barres hérité du Néolithique, le métier à tablettes, l'apparition de nouvelles sources de colorants, comme le kermès... A partir du IXe siècle avant notre ère, c'est grâce à cette évoluition du métier que les armures de tissage se diversifient. L'amure principale est le sergé, qui sert de base à d'autres armures dérivées, tels le chevron et le losange qui apparaissent au même moment. ... L'usage des textiles associés aux épées, apparu au début du IXe siècle avant notre ère, se perpétue tout au long du premier âge du fer. L'emballage des épées par tissu est indissociable des pratiques funéraires aristocratiques du premier âge du fer et se retrouve dans tous les types de sépultures d'Europe celtique. ... De nouvelles techniques, telle celle de la navette volante, où des fils de trame supplémentaires sont utilisés pour réaliser un motif au cours du tissage, sont observées à Hochdorf. ... En 1978, la découverte de la sépulture exceptionnellement bien conservée de Hochdorf, dans le Bade-Wurtemberg, en Allemagne du sud, a permis d'apprécier l'éventail des réalisations textiles au cours du VIe siècle avant notre ère. ... Les Celtes utilisaient des étoffes colorées avec des motifs géométriques (losanges, svastikas, etc.), à des fins vestimentaires et décoratives. De tels tissus ont été découverts da,s plusieurs sépultures princières. ... La plupart possèdent des traces de coloration bleue et rouge. [30]
Ils ont été les premiers, leur goût pour la couleur aidant, à fabriquer ces tissus que nous appelons écossais, précisément parce que l'usage s'en est conservé dans les régions demeurées en partie celtiques, et notamment en Ecosse. Ces larges plaids dont le goût est revenu sur le continent, ce sont en réalité les manteaux gaulois; César parle des manteaux tissés de couleurs diverses formant des carrés, sur lequels s'asseyaient les chefs et les nobles gaulois durant leurs conseils de guerre. Les rares tissus retrouvés dans les tombes gauloises attestent de leur fabrication.
... Il faut bien dire d'ailleurs qu'à côté du costume grec ou romain, le costume gaulois apparaît singulièrement adapté et pourrait être l'indice d'une civilisation beaucoup plus développée, si paradoxale que paraisse cette affirmation. Il est à la portée de n'importe quel primitif de se draper dans un tissu quelconque comme le faisaient les Grecs ou les Romains dans leurs toges. Alors que les Gaulois ont inventé toutes les pièces de vêtements caractéristiques de la civilisation occidentale: les braies ou pantalons - on les appelle encore brayes ou brayettes dans le Midi de la France - les justaucorps ou tuniques courtes fendues par devant et pourvues de manches et qui sont nos vestons actuels; enfin, les saies ou manteaux dans lequels ont peut se draper comme dans une pèlerine, ou que l'on agrafe sur la poitrine. ... Un empereur romain a même été surnommé Caracalla, qui était le nom de la blouse gauloise qu'il avait adoptée pour son usage personnel. C'est donc notre peuple qui, dans l'Antiquité a trouvé la meilleure façon de se vêtir, la plus adaptée aux besoins du corps, au point que leur vêtement est devenu celui de toute l'Europe.
D'autre part, les Gaulois étaient connus aussi parmi les peuples antiques pour être de parfaits cordonniers. Alors que la plupart des autres peuples ne connaissaient que la sandale, on leur doit l'invention du soulier montant ou galoche dont le nom atteste l'origine (c'étaient les 'chaussures gauloises' : gallicae). ... Et c'est à eux également que l'ensemble du monde civilisé doit cette invention inestimable: le savon. Les premiers, les Celtes ont connu la fabrication et l'usage du savon dont le nom même est d'origine gauloise (sapo). Ils le fabriquaient, si l'on en croit Pline, à l'aide d'une sorte de potasse extraite de la cendre végétale, et mélangée avec du suif. Encore un trait qui atteste l'extrême ingéniosité de notre race. Les Gaulois avaient d'ailleurs la réputation d'être extrêmement propres." [31]
'Le savon, dit Pline, inventé par les Gaulois aux cheveux rutilants.'" Les Gaulois "vendaient aux Romains le savon." [32]
"Les Gaulois sont propres sur eux, dit Ammien, soignant leurs longs cheveux, leurs longues moustaches, tombantes, la fraîcheur de leur teint. Ammien ajoute 'Vous ne trouverez pas chez eux, comme vous trouverez ailleurs, homme ou femme, pour pauvres qu'ils soient, en vêtements sales ou loqueteux !'"
"Le savon, une forme de dentifrice, des techniques avancées de tissage produisant des étoffes aux décors géométriques de différentes couleurs, l'émail sont d'autres innovations gauloises." (Jean-Louis BRUNAUX, La Gaule, une Redécouverte, Histoire Documentation photographique, La Documentation française, mai - juin 2015, p. 13.)
"Le dépôt fréquent dans les tombes de La Tène ancienne du rasoir et d'instruments de toilette, pincettes et scalptorium, puis, à partir de la Tène moyenne, de l'association de forces et de rasoirs, attestent l'importance des soins corporels." (Olivier BUCHSENSCHUTZ, L'Europe celtique à l'âge du Fer, VIIIe – Ier siècles, ibid., p., 234)
62.)
La religion gauloise était spécifique. Dans les religions préhistoriques européennes en effet, la religiosité reposait essentiellement sur la croyance en des forces naturelles et associait l'environnement à la divinité dans une forme de panthéisme. L'arbre y avait par exemple une place spéciale. Or, dans la religion gauloise, cette religiosité primitive a disparu peu à peu de nos contrées pour laisser place à des religiosités plus élaborées. Ainsi, à la fin du IVe siècle avant .-C., les ensembles architecturaux ont succédé aux lieux remarquables (montagnes, grottes, sources, arbres, etc.), même si ces derniers peuplaient encore les poèmes et les chants qui envahissaient encore la mémoire des Gaulois :
"Les arbres et les cultes purement naturistes ont disparu à l'époque de La Tène (450-25 aV. J.-C.). Seuls des noms divins associés aux rivières et aux montagnes ont survécu. Les arbres ne sont plus chez les Gaulois un objet de culte comme ils le sont encore à la même époque chez les Germains." (Jean-Louis BRUNAUX, Les Religions gauloises (Ve- Ier siècles av. J.-C.), Biblis Cnrs Editions, Paris 2016, p. 92-93.)
Sous l'oeil des archéologues, in Revue Dossier pour la Science, « Gaulois, qui étais-tu ? », n° 61 Octobre-Décembre 2008, p. 28.)
p. 169.)
Inscription gauloise en alphabet grec, de Vaison-la-Romaine. Dédicace d'un nemeton (enclos sacré) à la déesse Belisama, IIème siècle av. J.-C.
Régine Pernoud, Les Gaulois, 1957, Seuil, Collection Le Temps qui court, rééd. Editions du Seuil, Paris 1980, p. 36.
, Biblis Cnrs Editions, Paris 2016, p. 100-102; 110
Jean-Louis BRUNAUX, Les Religions gauloises (Ve- Ier siècles av. J.-C.)
"La doctrine druidique... était un agrégat de croyances religieuses souvent archaîques et irrationnelles voisinant avec des théories beaucoup plus développées sur la vie, la mort et l'univers. ... Les arbres ne sont plus chez les Gaulois un objet de culte comme ils le sont encore à la même époque chez les Germains." (Jean-Louis BRUNAUX, Les Religions gauloises (Ve- Ier siècles av. J.-C.), ibid., p. 93.)
"Ils portaient des sortes de toges blanches, garantes de la pureté de leur âme, ils suivaient l'enseignement d'un maître, tout au long d'une période d'une vingtaine d'années, ils proscrivaient l'écriture.
Les druides sont également des théologiens; Eux seuls connaissent la nature des dieux. (Jean-Louis BRUNAUX, La Gaule, une Redécouverte, Histoire Documentation photographique, La Documentation française, mai - juin 2015, p. 24.)
Jean-Louis BRUNAUX, La Gaule, une Redécouverte, ibid., p. 13
"Les druides sont entourés du plus grand respect. Ils statuent en effet sur presque tous les différents publics ou particuliers."
Jean-Louis BRUNAUX, La Gaule, une Redécouverte, ibid., p. 25
Le dieu à trois têtes, IIe siècle ap. J-C. On trouve cette image dans le livre de Régine Pernoud, "Les Gaulois", avec cette légende : "Le dieu à trois têtes. IIe siècle ap. J.-C. Beaucoup plus tardive que la pièce précédente, cette stèle de pierre monte trois têtes semblables, mais distinctes et non fondues en une seule. L'influence de la sculpture romaine est ici très nette, encore qu'il s'agisse d'une triade celtique, et que le dieu à trois têtes porte le torque bouleté. Trouvée à Condat-sur-Trincou (Dordogne). Musée d'Aquitaine, Bordeaux."(R. PERNOUD, Les Gaulois, Seuil, Collection Le Temps qui court, rééd. Editions du Seuil, Paris 1980, p. 43.)
Régine Pernoud, Les Gaulois, 1957, Seuil, Collection Le Temps qui court, rééd. Editions du Seuil, Paris 1980, p. 45.)
Quant à l'importance de la religion dans la vie quotidienne des Gaulois, nous avons le témoignage unanime des écrivains antiques qui considéraient les Celtes comme les gens les plus religieux qui soient; "peuple très adonné aux pratiques relgieuses", dit César, et Strabon de son côté indique que les Celtes se caractérisent par leur piété. (Régine Pernoud, Les Gaulois, 1957, ibid, p. 38.)
36-39)
Un centre religieux
Camille Jullian, historien du début du XXe siècle, auteur d'une monumentale Histoire de la Gaule, a été à la Gaule ce que Régine Pernoud a été au "Moyen Âge". Il a mis fin à un certain nombre de clichés sur les Gaulois barbares incultes civilisés par les Romains..., qui n'avaient aucune "unité", dont le sol était "mal cultivé", avec un territoire où l'on ne "voyait presque point de routes et pas de villes", "le contraire des Romains" (Cf. le Petit Lavisse d'Ernest Lavisse, dit l'"Institueur national", dont les "manuels Lavisse", manuels de la IIIe république, ont été constamment réédités jusqu'en 1950, et ont donc déformé de multiples générations de professeurs, d’instituteurs et d’élèves en leur inculquant des contre-vérités historiques).
L'archéologue Christian Goudineau explique par exemple, qu'après la parution du Vercingétorix de Camille Jullian (1901) "seuls les quelques inévitables illuminés de service écriront encore d'invraisemblables sornettes, mais leur nombre diminuera considérablement" (C. Goudineau, Le Dossier Vercingétorix, Babel, Lonrai 2009, p. 218.)
Jullian a "fait justice du cliché des demi-sauvages ne rêvant que d'en découdre". Il a insisté sur leur organisation, leurs institutions, leur vie publique, qu'il compare à celles des cités grecques d'avant l'âge classique. .
.. Non la Gaule n'était pas barbare, oui, c'était une patrie (ou en tout cas, elle était prête à le devenir).
Oui, Vercingétorix a pris la tête d'un 'parti national', auxquels se sont opposés de malheureux chefs, complices ou dupes du proconsul. Il a perdu, la tête haute, mais les germes de son entreprise démontreraient plus tard leur fécondité. Le premier 'résistant'." (Christian Goudineau) [33]
Des femmes juges
"Alors que leurs femmes, s'avançant au milieu des armes et prenant en main leurs querelles, furent pour eux des arbitres et des juges si exempts de reproches qu'il naquit de là entre tous, et de cité à cité, de maison à maison, une merveilleuse amitié." (Plutarque, Des vertus des femmes, VI, 6, cité in Jean-Louis BRUNAUX, La Gaule, une Redécouverte, Histoire Documentation photographique, La Documentation française, mai - juin 2015, p. 27.)
Un trait qui va distinguer la société qui s'élabore, c'est la place qu'y tiendra la vie de famille. Cela, c'est nouveau; les affections familiales étaient à peu de choses près absentes des lettres comme de la mentalité antiques. Ce qui s'explique d'autant mieux que, du point de vue juridique, la famille dans l'Antiquité classique n'existait pas: dans le droit romain, elle tient tout entière dans la personnalité du père de famille, le pater familias, qui exerce un droit de propriété sur les membres dont elle se compose, femme, enfants, esclaves, comme sur ses biens meubles et immeubles, avec une autorité pratiquement presque illimitée.
En Gaule, la famille paraît avoir eu dès les premiers temps une existence véritable. La femme tient sa place aux côtés de l'homme jusque dans les combats et les liens de parenté sont vivants comme ils le seront dans les sociétés barbares, germaniques ou nordiques.
Le premier écho de ces affections familiales dans la littérature, nous le trouvons chez le poète Ausone. ... Cette société du IVe siècle ap. J.-C., est imprégnée de christianisme; la vie de famille va s'en ressentir profondément, puisque la femme est considérée désormais comme l'égale de l'homme. [34]
La fidélité conjugale
"En dehors de leur réputation de beauté, de fécondité et de courage, les femmes de la Gaule ont souvent fourni aux moralistes du temps de remarquables exemples de fidélité conjugale", écrit Régine Pernoud.
"L'histoire en particulier de Sabinus et d'Eponine a été pour les générations antiques le modèle classique d'amour et du dévouement entre époux, et ce modèle n'était pas tiré d'un roman mais bien de la vie réelle: Eponine pendant neuf années partagea la vie sauvage de Sabinus recherché par les Romains pour rébellion et contraint de se cacher dans des cavernes dans lesquelles sa femme venait lui apporter de la nourriture; lorsqu'il fut découvert et condamné à mort, Eponine demande et obtint de mourir avec lui.
"Les archéologues sont frappés du très grand nombre de stèles funéraires élevées en Gaule par l'époux ou l'épouse survivant à son conjoint disparu, et dont les inscriptions sont conçues dans les termes les plus touchants."
Le poète gaulois bordelais, sans doute chrétien, Ausone (IVe siècle), dont le père médecin s'exprime encore plus facilement en gaulois qu'en latin, a consacré toute une série de poèmes aux membres de sa famille. L'un des plus émouvants portraits qu'il trace est celui d'Attusia Lucana Sabina, sa femme : "J'ai parlé d'êtres chers selon les modes pieux du chant funèbre. Mais c'est à présent un chagrin, une torture, une plaie toujours vive, que je dois rappeler : la mort de mon épouse. Noble depuis ses bisaïeux, illustre depuis l'origine du sénat, Sabina s'est illustrée plus encore par les mérites de sa vie. C'est bien jeune, dans les premières années, que j'ai gémi sur toi qui m'as été si tôt enlevée, et voici que, veuf depuis 36 ans, je te pleure encore. Je ne pouis cicatriser ni endormir ma douleur: elle se ravive toujours comme si elle était nouvelle. D'autres reçoivent du temps un soulagement à leurs peines : ma blessure, elle, s'aggrave chaque jour."
Au berceau de la royauté française, comme du temps de nos ancêtres les Gaulois,
le Roi franc était à l'origine élevé sur le Pavois.
C'était du souvenir de l'unité primitive que s'inspiraient les traditions ou les légendes indigènes. - Elles racontaient que la Celtique avait formé autrefois un seul royaume, et n'ayant qu'un souverain. Ce roi lui était donné par les hommes du Centre, les Bituriges: le chef qui commandait tous les Celtes siégeait au milieu même du pays. On conserva longtemps la mémoire d'un de ces rois, Ambigat.
« La royauté, souvent mentionnée par les auteurs antiques, reste méconnue (informations peu nombreuses, disparates et tardives). Les sources les plus anciennes ne sont pas antérieures au IIe s. (Polybe) et concernent en premier lieu la Cisalpine et la Galatie en Asie mineure. Polybe parle de hégoumenoi (II, 21, 4) pour désigner les chefs, de proestôtes (chefs), de basileis (rois). Tite-Live, un siècle plus tard, désigne les chefs par les vocables regulus (roitelet) (XXI, 29,6; XXIV, 42,8; XXV, 22,3/5; XXXIII, 36) et nobilis (imperatores nobiles, XXXI, 21,17).
La royauté, en recul dans la dernière période, reste mal connue. Le premier roi mentionné, Ambigat, renvoie à un passé mythique où un individu exerçait une souveraineté suprême sur l'ensemble de la Celtique (Tite-Live, V, 34).
La royauté celtique comportait différents degrés, comme en Irlande où il y avait toute une hiérarchie de rois échelonnés depuis celui de la tuath jusqu'au roi suprême de l'Irlande (Hubert 1932b, 232). [...] Chef militaire, le roi avait la faculté de convoquer l'assemblée et le conseil armé, prélude à toute opération belliqueuse. » (L'Europe celtique à l'Âge du fer (VIIIe-Ier siècles), sous la dir. De Olivier BUCHSENSCHUTZ, ibid., p. 281-282; 284; 291)
"Rien, dans ces sociétés d'autrefois, ne ressemblait à des sujets tremblant sous un maître, à un tyran gouvernant à sa guise. Le despotisme y était inconnu. Au-dessus du père de famille était le devoir familial ; au-dessus du roi de tribu était l'Esprit de la tribu. Les êtres passaient, familles et tribus restaient. Idée ou principe s'imposaient aux volontés individuelles. Ce qui commande véritablement à ces hommes, ce n'est pas un chef, c'est la loi, qui est la même pour tous, aussi bien pour le chef que pour les autres. Un souffle de liberté et d'égalité anime ces hommes. Rappelons-nous la manière indépendante dont les grecs d'Homère parlent à leur rois : c'est un dernier écho de la tradition primitive des Indos-Européens." (Camille Jullian, De la Gaule à la France, Nos Origines historiques, Librairie Hachette, Paris 1922, p. 91-92)
Frantz Funck-Brentano évoque la figure du roi myhtique Ambigat, "monarque patriarcal", "roi des Bituriges", "qui paraissent avoir été le peuple dominant". "On l'a nommé le Charlemagne des Celtes." Aux Bituriges serait due l'invention de l'étamage. (Frantz FUNCK-BENTANO, Les Origines, Librairie Hachette, 1925, p. 57)
, Biblis Cnrs Editions, Paris 2016, p. 62.
Jean-Louis BRUNAUX, Les Religions gauloises (Ve- Ier siècles av. J.-C.)Brennus (IVe siècle av. J.-C.) Buste de Brennos provenant de la figure de proue du cuirassé Brennus, Musée national de la Marine.
Brennus marcha sur Rome. L'affrontement entre les deux armées ennemies a lieu le 18 juillet -390 sur la rive gauche du Tibre, à l'endroit où se jette un modeste affluent, le ruisseau appelé Allia, (peut-être le Fosso Maestro, près de Marcigliana), qui donna son nom à la bataille (Bataille de l'Allia). L'armée romaine fut terrassée par l'armée gauloise, plus expérimentée et avide de vengeance. La défaite est si grave, que le 18 juillet (le Dies Alliensis) fut dès lors considéré comme un jour néfaste dans le calendrier romain. En proie à la famine, les assiégés finissent par négocier leur reddition contre rançon. La tradition rapporte que celle-ci est de 1000 livres d'or. Lors de la pesée de la rançon, les historiens rapporteront également que les Gaulois utilisent à cette occasion des poids truqués. Aux protestations romaines, Brennos répondra de manière éloquente en ajoutant son épée aux poids incriminés, se justifiant du droit des vainqueurs par la phrase « Vae Victis » (« Malheur aux vaincus »).
La prise même de Delphes sera, comme celle de Rome, sans lendemain; les Gaulois se retirent comme il s'étaient retirés après le sac de la Ville. Mais, par la suite, certains d'entre eux s'établiront au nord de la Macédoine, où ils fonderont la ville de Singidunum (ajourd'hui Belgrade); d'autres fondent en Thrace u nroyaume gaulois qui durera une centaine d'années; d'autres enfin s'établiront en Asie mineure (Turquie actuelle), aux confins de la Phrygie, et y organiseront le plus durable des établissements celtiques: l'Empire des galates dans lequel vont se perpétuer les peuples qui avaient pris part à l'expédition de Brennus: Tectosages, Trocmes et Tolitsoboï, qui chaque année envoient leurs délégués à une assemblée commune et possèdent un sanctuaire au nom bien celtique de Dunemeton. Ces Galates seront au début de l'ère chrétienne évangélisées par Saint Paul, et encore au IVe siècle à l'époque de Saint Jérôme, qui déclare que les Galates d'Asie Mineure emploient le même dialecte que les gaulois de la région de Trèves. Le parler celtique s'était conservé chez ce médecin qui fut le père du poète Ausone. [38]
Bituitos - Roi des Arvernes au IIème siècle avant J.-C. Fils du roi Luernos, il fut vaincu par les Romains en 121 avant J.-C., mettant fin à la domination des Arvernes sur les peuples de la Gaule. Athénée dans le Banquet des sophistes parle d'un poète qui avait reçu du roi Bituit une bourse pleine d'or et avait alors improvisé un poème célébrant le souverain et sa générosité. Strabon, Géographie, IV, 3: "Bituit, qui guerroya contre Maximus et Domitius, avait pour père, ce Luérius [Luernos] dont les richesses et le faste étaient si extraordinaires que, pour faire montre à ses amis de son opulence, il se promenait sur un char dans la campagne, en semant çà et là de la monnaie d'or et d'argent, que ramassaient les gens de sa suite." Camille Jullian résume ainsi l'impression produite sur les Grecs par le royaume arverne: "Le charme des vers, l'ivresse des repas, le foisonnement de l'or, les tumultes des grandes assemblées et par-dessus tout l'apothéose d'un héros vivant, voilà ce qu'étalait aux yeux des étrangers la royauté de Luern et de Bituit, et pour tout cela, cette monarchie arverne fut l'expression la plus complète de la vie et de l'humeur gauloises." Appien, Histoire Romaine, IV, 12 : "Sur le refus des Allobroges, ils envoyèrent une expédition commandée par Cneius Domitius. Au moment où le général quittait le territoire des Salyens, un ambassadeur de Bituit, roi des Allobroges [en réalité, des Arvernes], en somptueux équipage, vint au devant de lui : il était escorté de gardes richement vêtus et de chiens. Les barbares en ces contrées ont aussi une garde de chiens. Un poète suivait, qui dans une poésie barbare chantait le roi Bituit, puis les Allobroges, puis l'ambassadeur lui-même, leur naissance, leur courage et leurs richesses ; c'est même pour cela surtout que parmi les ambassadeurs ceux qui sont illustres emmènent avec eux des gens de cette sorte. Celui-ci demanda grâce pour les chefs des Salyens, mais sans rien obtenir." Il ne s'agit pas d'un simple topos littéraire : certains deniers romains frappés en commémoration de leur victoire figurent Bituit en compagnie d'un chien. A rapprocher, peut-être, du nombre particulièrement élevé de crânes de chiens et de restes de canidés sur le sanctuaire de Corent, contemporain des règnes de Luern et de Bituit, qui a conservé la trace de leurs fastueux festins dont Posidonios se fait l'écho. Florus, Histoire Romaine, III, 3: "On remarqua tout particulièrement dans le cortège triomphal leur roi Bituitus avec ses armes de diverses couleurs et son char d'argent, comme au jour du combat." Tite Live, Periochae, 61: "Le consul Q. Fabius Maximus, petit-fils de Paul Émile, remporte une victoire sur les Allobroges et sur Bituitus, roi des Arvernes. Cent vingt mille hommes de l'armée de Bituitus furent taillés en pièces. Lui-même, étant parti pour Rome afin de satisfaire aux ordres du sénat, fut retenu et mis en surveillance à Albe, parce que son retour en Gaule paraissait dangereux. On ordonne aussi par un décret de saisir son fils Congennetiacus, et de l'envoyer à Rome."Source : http://www.arbre-celtique.com/encyclopedie/bituitos-bituit-2150.htm
Le Sénat de Rome n'aimait point les grandes royautés: il y avait, entre elles et lui, incompatibilité d'ambitions. Les principaux obstacles à sa domination universelle lui vinrent des rois, Pyrrhus, Philippe, Antiochus, Persée, et en ce moment même Mithridate. Les aristocraties étaient moins dangereuses pour le Sénat : aucune n'avait des velléités conquérantes excessives. Ce fut sur elles que les chefs de Rome s'appuyèrent, aussi bien chez les peuplades gauloises qu'à Athènes ou à Capoue. ... Le régime aristocratique, çà et là, se substituait à la monarchie. (Camille Jullian, Vercingétorix, Editions mise à jour et préfacée par Paul-Marie Duval, Marabout Université, 1979, p. 43)
(Camille Jullian, De la Gaule à la France, Nos Origines historiques, Librairie Hachette, Paris 1922, p. 130)
Au IIe siècle av. J.-C., c'était donc au tour des Arvernes de prétendre à l'hégémonie de la Gaule. Mais les Eduens, pour faire pièce aux Arvernes, se rapprochèrent des Romains. Les Eduens avait, comme les Romains, un gouvernement aristocratique sous forme républicaine ; tandis que chez les Arvernes, sous la direction de leur roi, le célèbre
, prédominait l'élément populaire, le 'commun', comme dira le Moyen Âge.
Les Allobroges, alliés des Arvernes, accueillirent avec honneur les Salyens (Provençaux) fugitifs qui avaient été vaincus par les Romains dans une première campagne en 125 av. J.-C. par le consul Caius Sextius, vendit la plus grande partie de la population à l'encan, et fonda sur le territoire une colonie, 'les eaux de Sextius', Aquae Sextiae, Aix.
Comme les Eduens se déclaraient pour Rome, Bituit, alliés des Allobroges, ravagea leur territoire. En 122 av. J.-C., le consul Cnéius Domitius Ahénobarbus se mit en route avec une armée puissante où se trouvaient des éléphants. Il s'agissait d'épouvanter les Gaulois qui n'en avaient jamais vu. L'entrevue entre l'ambassadeur de Bituit et l'Ahénobarbus est demeurée céléèbre. Bituit fit les offres les pls conciliantes, mais l'Ahénobarbus ne voulut rien entendre. La bataille s'engagea au confluent de l'Isère et du Rhône. La tactique des Romains, la supériorité de leurs armement et leurs gros éléphants remportèrent la victoire (121 av. J.-C.) ; encore les historiens latins, 120 000 Gaulois auraient péri contre 15 (sic) Romains. Le noble chef arverne fut traîné à Rome et promené comme un bœuf gras dans le cortège triomphal. La plèbe romaine poussait des cris d'enthousiasme à la vue du prince gaulois en son armure resplendissante. Pour se donner la crertitude que la tentative de Bituit ne serait pas reprise, le sénat de Rome se fit livrer son fils Congentiat, par l'aristocratie arverne, et se crut désormais tranquille de ce côté.
[…] Un demi siècle plus tard, Celtill, chez les mêmes Arvernes, tenta à nouveau l'aventure. Il rétablit momentanément la suprématie de son peuple sur les peuples voisins. Le succès durable de son entreprise aurait pu amener l'unité de la Gaule et, par l'union, l'indépendance : Celtill fut renversé par la faction rivale, par les chefs des familles patriciennes. […] Il périt sur le bûcher ; mais sur les traces laissées par l'oeuvre du père marchera le fils, l'un des plus grands parmi les hommes : Vercingétorix. (Frantz FUNCK-BENTANO, Les Origines, Librairie Hachette, 1925, p. 78-83)
Ambiorix, roi des Eburons, peuple gaulois du nord de la Gaule qui infligea une cinglante défaite aux légions romaines en 54 av. J.-C.
Et ces chefs de tribus conservaient leur pouvoir dans le cadre plus étendu de la peuplade ou nation : magistrats locaux avec droits de police. La réunion en formait une assemblée délibérante, un conseil, où l'on discutait des intérêts communs et prenait les décisions utiles à la peuplade ou nation. Cette assemblée sera appelée par les Romains le sénat de la cité. Les sénats des cités gauloises sont composés des chefs de clans ou grandes familles, chef des 'gestes' qui formaient la tribu; la réunion de plusieurs tribus, le plus souvent au nombre de quatre ou de cinq formant la cité. En temps de guerre, chacun de ces sénateurs, de ces chefs de clan ou de geste, marchera à la tête des siens - tel encore le baron féodal au XIe siècle. Au cours des luttes pour l'indépendance, on verra les six cents sénateurs Nerviens mourir les armes à la main, chacun d'eux au milieu des siens : au dire de César, il n'en survécut que trois. C'est le tableau que nous offrira, vers le XIe siècle, la chanson de Guillaume d'Orange.
A la tête de ces peuplades ou nations, constituées chacune par la réunion de plusieurs tribus, elles-mêmes composées de la réunion de plusieurs familles, se trouve placé, dans l'origine tout au moins, un chef commun, un prince, un roi, de caractère familial, patriarcal, et de caractère religieux.
La monarchie unique disparut généralement en Gaule sur la fin du IIe siècle av. J.-C. Les familles s'étant progressivement hiérarchisées par les liens de la clientèle, les chefs des familles principales constituèrent une aristocratie qui se débarrassa de la royauté.
Toutefois, plusieurs des nations gauloises, après s'être dépouillées de leur constitution monarchique n'en remirent pas moins leur gouvernement entre les mains d'un magistrat suprême, mais un magistrat élu, pour une année ou deux ans, nommé le vergobret. Le vergobret disposait de l'autorité royale; mais il ne pouvait pas, en matière de politique extérieure, ou quand il s'agissait d'une déclaration de guerre, se passer du conseil de la nation, du sénat.
Le vergobret était magistrat suprême, avec droit de vie et de mort. Il était le chef des armées, mais à la manière de notre Président de la république : il ne paraissait pas aux armées en guerre, laissant aux généraux le soin de les diriger.
L'on vit renaître en Gaule l'autorité royale, mais avec un caractère tout différent de celui de la monarchie patriarcale et religieuse du premier âge; elle prit les caractères de la tyrannie; ou bien le peuple renforça l'autorité du vergobret, ce qui revint au même, ou bien il se donna, plus simplement encore, un chef qu'il suivait sans titre déterminé.
Comme en Grèce, le gouvernement de l'aristocratie représentait la liberté; le gouvernement populaire incarnait la tyrannie; et ce fut ce dernier gouvernement qui constituera le parti de l'indépendance, le parti national. [39]
Comme les Bituriges, les Arvernes se gouvernaient par une royauté élective assistée d'un sénat : magistrature à vie avec autorité souveraine; royauté élective qui, en fait, devenait souvent héréditaire. Le roi des Arvernes, Luern et son fils Bituit, qui, après la mort de son père, fut roi également, ont laissé dans l'histoire une courte page mais un vif éclat. Ils vécurent au IIe siècle. Leur autorité s'étendit sur la Gaule presque tout entière. Ils auraient commandé aux Belges eux-mêmes. [40]
Rien, dans ces sociétés d'autrefois, ne ressemblait à des sujets tremblant sous un maître, à un tyran gouvernant à sa guise. Le despotisme y était inconnu. Au-dessus du père de famille était le devoir familial; au-dessus du roi de tribu était l'Esprit de la tribu. Les êtres passaient, familles et tribus restaient. Idée ou principe s'imposaient aux volontés individuelles. Ce qui commande véritablement à des hommes, ce n'est pas un chef, c'est la loi, qui est la même pour tous, aussi bien pour le chef que pour les autres. Un souffle de liberté et d'égalité agite ces hommes", écrit Camille Jullian dans De la Gaule à la France, Nos origines historiques. [41]
Milieu du Ier siècle, il y avait par exemple :
Adiatuanos, roi des Sotiates
Commios, roi des Atrébates et des Morins
Dumnorix, prince éduen, frère du druide Diviciacos
Epanactos, prince arverne
Litaviccos, prince éduen
Luctérios, lieutenant cadurque de Vercingétorixqui qui sera le dernier à résister avec le sénon Drappès en 51
Sédullos, vergobret des Lémovices
Tasgetios, roi des Carnutes
et biensûr Vercingétorix, fils de Celtill, le roi des Arvernes, que la faction patricienne (le parti pro-romain), avait fait brûler sur un bûcher pour sa prétention à la royauté. Son fils, né entre 82 et 74 av. J.-C., avait grandi portant au coeur le désir de la vengeance." Il est possible que l'oncle de Vercingétorix, Gobannitio, ait contribué à la sentence : il allait devenir un des gardiens de cette autorité des grands que son frère Celtill avait tenté de renverser.
Amédée Thierry, dans L'histoire des Gaulois depuis les temps les plus reculés (1828), explique que "Vercingétorix sut de bonne heure effacer, par des vertus et des qualités brillantes, la défiance et la défaveur imprimées sur sa famille; sa grâce, son courage le rendirent l'idole du peuple. [...] Gergovie, cette fois, ouvrit ses portes; Gobanitio et ses partisans furent chassés."
La majorité des tribus gauloises et généralement toutes les cités armoricaines répondirent à l'appel de Vercingétorix. On organisa d'abord un conseil suprême. Le conseil lui remit d'une commune voix le commandement de la guerre.
'Vercingétorix' était un nom propre, c'était bien celui du héros : il signifiait en celte 'grand roi des guerriers', et ce nom, qui a retenti et ne cessera de retentir à travers les siècles, resplendissait déjà comme un drapeau, comme une fanfare. 'Il semblait fait, dit l'historien Florus, pour inspirer l'épouvante.' [42]
Une langue gauloise commune, comprise "du Rhin à la Garonne"
"César, dans son récit de la guerre, montre des gaulois qui, bien qu'appartenant à des peuples très divers, communiquent parfaitement entre eux.
... Le gaulois rassemblait un ensemble de parlers plus ou moins distincts, des dialectes en quelque sorte, mais compréhensibles, avec plus ou moins d'efforts, par toute la population s'étendant du Rhin à la Garonne.
Notre langue, et contrairement aux idées reçues, a conservé beaucoup de mots gaulois. Ce sont surtout des termes qui concernent la nature, les animaux, les pratiques agricoles et certains outils. La plupart d'entre eux, à cause de leur usage intensif, ont résisté au latin et ont pris place dans les parlers régionaux où ils peuvent encore figurer. Mais ils ne sont plus mentionnés aujourd'hui dans les dictionnaires.
Enfin, la syntaxe du français, bien plus éloignée qu'on le dit habituellement de celle du latin, doit probablement beaucoup à la langue gauloise, moins rigide et formaliste." (Jean-Louis BRUNAUX, La Gaule, une Redécouverte, Histoire Documentation photographique, La Documentation française, mai - juin 2015, p. 62.)
Vercintérorix, Alésia. Au pied de la statue élevée à Vercingétorix sur les hauteurs d'Alise-Sainte-Reine, on a gravé ces paroles de César : "Unie, la Gaule défierait le monde."
Vercingétorix. "Son nom avait été cité, dès le XVIe siècle, dans certaines généalogies qui faisaient remonter au Déluge les ancêtres des Rois de France."
Les peuples qui prirent part à la guerre pour l'indépendance
Il importe de préciser les peuples qui prirent part à la guerre pour l'indépendance et que nous pouvons nommer la guerre de Vercingétorix : les Carnutes (pays de Chartres et d'Orléans), qui en furent les promoteurs.
(Auvergne) et les
Si Vercingétorix "a réussi à grouper les Celtes sous ses ordres, c'est parce que, depuis quatre générations, ils étaient habitués à voir, dans les chefs de l'Auvergne, les maîtres naturels de la nation gauloise". (Camille JULLIAN) [43]
Se joignirent à eux sans retard :
. les Parisii (Parisiens). Selon César (53 av. J.-C.), leur ville principale (oppidum) aurait été l'Île de Lutetia. Quelques érudits ont trouvé dans la racine par le sens de 'bateau'. Ainsi les Parisiens auraient été nommés les bateliers. A cette époque, l'Ïle de la Cité était déjà un lieu saint où les dieux gaulois et ceux des Romains plus tard faisaient bon ménage, Esus et ses grues, Cernunos et ses cornes n'effarouchaient pas en leur temple Castor et Pollux, qui leur souriaient du haut de leur constellation. Sur la rive gauche, gravissant la pente du mont de Lutèce (colline Saint Geneviève), c'était une agglomération d'édifices de tous genres, édifices publics, qu'un quartier peuple; réserve faite pour les logis et les ateliers des céramistes qui avaient fait ressembler le sol de la butte à une écumoire. Sur cette rive gauche, le forum parisien qui occupait l'espace compris entre le boulevard du Palais et la rue de la Cité actuesl (en 1925. Ndlr.), le théâtre sur l'emplacement du lycée Saint-Louis et les arènes, où elles sont toujours. L'empereur Julien habitait au Palais de justice dont la transformation fera la demeure de nos vieux rois. Un marché couvrait l'emplacement de la rue Soufflot; enfin un grand bâtiment aux fortes voûtes et dont les restes subsistent au square Cluny, semble avoir été un lieu de réunion où les membres du Collège des nautes ou bateliers patriciens discouraient de leurs intérêts, organisaient leurs fêtes corporatives. Les nautes qui donneront à la ville de Paris son écusson, paraissent remonter à l'époque de l'indépendance.
Au IIIe siècle, le nom de Lutèce disparut, du moins du langage officiel et du parler populaire car les lettrés ne l'oublieront jamais. La ville prit le nom du peuple auquel elle avait toujours commandé, Parisii, d'où est venu notre mot Paris. Pareille chose se produisit dans quarante cités. Ainsi Avaricum est devenu Bituriges, Bourges; Augusta est devenue Treveri, Trèves; Bellovaques, Beauvais; Rèmes, Reims; Lémoviques, Limoges; Carnutes, Chartres.
On pourrait y ajouter les Senons, Sens. C'est ainsi que la plupart des noms de peuples gaulois ont survécu jusqu'à nos jours. "Où que vous viviez, vous avez plus d'une chance sur deux de vous rattacher à un toponyme gaulois..."
La Celtica, à la fin du Ier siècle av. J.-C., après la conquête romaine, avec la mention des diverses peuplades gauloises
celtique signifie "ancien" et vient du mot gaulois senos qui a donné sen en brittonique et hen en breton moderne, avec le même sens. Se nommer "les Anciens" était une façon d'affirmer l'antériorité, une sorte de primature. Leurs voisins les Rèmes s'appelant eux "les Premiers".
"Senon" en
. les Aulerques (Maine), ensemble de quatre peuples gaulois, dont trois sont voisins, établis entre la rive gauche de la Seine et la Loire.
. les Lémovices (Limoges), peuple gaulois provenant d'Europe centrale puis ayant migré dans l'actuelle région française du Limousin auquel ils ont donné leur nom ainsi qu'à la ville de Limoges.
. les Turons (Tours)
Bronze au bige frappé par les Turones. Date : 80-50 av. J.-C., Description revers : Bige lancé à droite, un guerrier debout, brandissant une lance de la main droite et tenant un bouclier de gauche, dans le char ; un pentagramme au-dessus de la roue du char ; légende sous la ligne d’exergue. Description avers : Tête de Vénus, diadémée à droite, légende devant le visage ; grènetis
Drachme “à la tête triangulaire frappé par les Cadurques. Date : IIe siècle av. J.-CDescription avers : Tête triangulaire à gauche ; le nez figuré par un triangle, avec un point cerclé en guise d'œil ; le tout dans un entourage de bâtonnets et arcs de cercles bouletés et liés ; un collier de perles à la base du cou et un fleuron devant le visage
La Gaule Belgique avait été décimée, ravagée par la guerre récente; elle était incessamment menacée par la pression germanique sur le Rhin : elle ne put se décider que tardivement et partiellement.
Les Bellovaques (Beauvaisis) se prononcèrent contre Rome mais ne voulurent pas suivre Vercingétorix. les Rèmes (Reims) et les Lingons (Langres) se déclarèrent pour les romains. 'Chez ces deux peuples, dit Jullian, la haine de l'indépendance était passée à l'état de vertu.'
Les Eduens ne cessèrent de balancer d'un parti à l'autre. Les Santons (Saintonge) se déclarèrent pour les Romains. Les Aquitains (Gascogne) demeurèrent neutres. La Narbonnaise enfin était à César et les Allobroges (Dauphiné) semblaient se résoudre à la suzeraineté romaine.
Frantz Funck-Brentano écrit :
"Vercingétorix fut donc loin d'avoir avec lui la Gaule entière, à peine en eut-il le tiers; généralement la partie correspondant au Nord-Ouest et au Centre, la Celtique proprement dite. Dans la partie même de la Gaule qui adhéra à la cause de l'indépendance, la faction aristocratique ne cessera de se montrer indifférente, voire hostile au jeune patricien salué par les éléments populaires de l'Auvergne; elle se montrera toujours prêtre à le trahir et le trahira souvent.
En dehors des Belges, des Armoricains et des Aquitains, et sans parler de la Narbonnaise, la Gaule s'était en effet divisée en deux grandes fédérations, dont l'une suivait les Arvernes (Auvergne) et l'autre les Eduens (Bourgogne); une division semblable, note Jullian, à celle qui avait partagé la Grèce entre Athènes et Sparte..., une division semblable à celle qui partagera la France des XIVe et XVe siècles entre Armagnacs et Bourguignons...; et dans chaque état la division se fragmentait à nouveau. Les cités qui suivaient la direction des Arvernes fournissaient des partisans aux Eduens et inversement.
Inversement à ce qui passa pendant la Guerre de Cent Ans, les
"Au pied de la statue élevée à Vercingétorix sur les hauteurs d'Alise-Sainte-Reine, on a gravé ces paroles de César : 'Unie la Gaule défierait le monde.'" [44]
"Notre patrie fût née plus tôt si Rome avait laissé la Gaule à ses rois et à la liberté" (Camille Jullian)
"La paix romaine nous a valu cinq siècles de veulerie plate, médicore, insignifiante, aux entiments incolores et rétrécis, à l'égoïsme stérile, cinq siècles d'imitation enfantine ou sénile, comme on voudra, d'où rien n'est sorti, d'où rien ne pouvait sortir.
... On répète que Rome a sauvé la Gaule des invasions germaniques, [46]
Ce n'est point vrai. Tant que les proconsuls du Sénat ne se sont point présentés au delà des Alpes pour affaiblir et diviser les peuples, la Gaule d'Ambigat et de Bituit n'eut rien à craindre des Barbares d'Outre-Rhin. C'est Rome, à la fin, qui nous a livrés à eux, par la sottise criminelle de ses discordes, par la puérilité de ses rêves pacifiques, l'impéritie de son service aux frontières.
Regardez, écrit Camille Jullian, dans quel état se trouvait le pays après trois siècles de règne latin : les villes détruites par les soldats ou les Germains, les champs en friche, la population réduite de plus de la moitié, partout la misère ou l'anarchie. Jamais la terre de France n'a été plus dévastée et plus malheureuse que sous les empereurs romains. [47]
Lors même que Rome était assiégée par Alaric en 410 ap. J.-C., elle était encore pleine de statues païennes, puisqu'on les dépouilla ou fondit pour financer la défense, vaine on le sait. Nulle part on ne vit de personnalité païenne défendre efficacement la société romaine contre les Barbares. Partout cette défense était assurée par les évêques qui seront ainsi les derniers représentants authentiques de la romanitas, de Saint Aignan à Orléans, à Saint Loup à Troyes, à Saint Sidoine Apollinaire en Auvergne, au pape Saint Léon à Rome.
Depuis Caracalla (début IIIe siècle) tous les sujets de l'empire sont citoyens romains; la carrière militaire en a perdu son principal avantage. Les empereurs essayèrent d'y remédier en rendant le métier militaire ... héréditaire et d'une hérédité que l'on ne pouvait récuser. Valentinien (365) décide que les fils de soldats seront soldats; mais la contrainte donne les résultats faciles à prévoir : les réfractaires recourent à tous les moyens pour échapper au service. Les recrues désertent. On doit les poursuivre, les traquer dans leurs repaires, rechercher et condamner ceux qui leur donnent asile... De jeunes gens se coupent le pouce de la main droite pour se mettre dans l'impossibilité de tenir une épée. [48]
empereurs gaulois qui se considéraient néanmoins comme les authentiques empereurs de tout l'Empire romain.
Ces énergies vont se montrer et agir à nouveau lorsque l'empire romain s'affaiblira à son tour.'
[51]
Une autre démonstration convaincra d'un seul coup d'oeil, tout esprit impartial. La comparaison de trois cartes : celle de l'extension territoriale du christianisme aux IIIe et IVe siècles, celle des invasions barbares, et celle de l'Empire romain chrétien d'Orient au VIe siècle. Ces cartes se trouvent aussi bien dans les Grands courants de Pirenne, dans la Méditerranée dirigée par Braudel, dans l'Histoire de l'Eglise par elle-même de Loew et Meslin, dans le Grand Larousse encyclopédique, etc.
On constate immédiatement, par la comparaison de ces cartes, que les invasions barbares ont pénétré l'Empire romain là où il n'était pas christianisé.
Les Francs par les bouches du Rhin; les Alamans, Suèves, Burgondes, Lombards par le Rhin moyen; les Vandales, Ostrogoths, Wisigoths et Alains par le Danube moyen. On constate aussi que les invasions barbares n'ont été bloquées qu'à l'Est, devant le Bosphore, l'Egée et l'Asie mineure, seule partie de l'Empire romain massivement chrétienne au IVe siècle.
On constate encore, revenant à l'ouest, que la seule contre-attaque victorieuse de l'Empire romain, contre les Barbares, celle débouchant d'Orient sous Justinien, au VIe siècle, rétablit la romanité seulement dans les zones de christianisme majoritaire. L'Italie y compris, la Vénétie d'Aquilée, la Tripolitaine, le Maghreb carthaginois et numide, l'Andalousie, et la portion du Rif qui lui fait face où, fait frappant, la romanité chrétienne, à Ceuta, subsistera exactement jusqu'à la conquête musulmane de l'Espagne. Ce cheminement de la reconquête romaine, atteignant des extrémités géographiques apparemment aberrantes (quelle distance de Ceuta à Constantinople!) est révélateur. Il répondait à un appel, était une croisade. A la fin de l'Empire, l'authentique et volontaire romanité est bien la romanité chrétienne.
La plus longue vie historique de la romanité est celle de sa partie toute chrétienne, l'Empire de Byzance, qui dure un millénaire de plus que celle de sa partie majoritairement païenne l'Empire d'Occident. Un Empire de Byzance profondément romain, jusque dans ce qui était a-chrétien, puisque nous lui devons la codification définitive du droit romain, cette essence a-chrétienne de Rome.
Que cet empire de Byzance fût de plus en plus grec tout en restant romain (les Ottomans appelaient les Byzantins les Roms), avec un sens du mystère, de la transcendance et de la joie eschatologique plus vivement présent que dans la chrétienté latine, très rationnelle, ne fait que renforcer encore la démonstration. La Grèce et Rome, ces deux colonnes de la tradition antique, peuplaient librement de leurs traditions particulières l'espace de la basilique chrétienne, leur commune demeure. [52]
A partir du IIIe siècle, les Francs firent leurs apparitions en Gaule. Ils se mélangèrent si bien aux indigènes qu'au IVe siècle, le mot Gaule a été remplacé par le mot Francia. La Table de Peutinger,
. Des populations pré-celtiques, Ibères et Ligures, peuples voisins des Celtes et à la langue voisine.
. Les Celtes sont originaires d'Outre-Rhin, d'une région comprise au nord avec la Baltique et les Alpes au sud, des régions du moyen Danube, de la Mer Noire au Rhin, arrivèrent dans l'Hexagone au long des siècles par vagues successives entre 1500 et 300 av. J.-C., sous la poussée d'autres peuples, les "Germains", eux-mêmes peuples voisins des Celtes.
. La Gaule est une civilisation millénaire jusqu'à l'arrivée de César en 58 av. J.-C.. Cette civilisation a parfaitement maîtrisé le fer (épée en fer pur,
), développé l'écriture, utilisé la monnaie, réalisé des inventions capitales pour le progrès de l'humanité : en agriculture (charrue à coutre, moisonneuse mécanique, grande faux, engrais), artisanat (épées en fer pur, fourreaux pour épées, verrerie, étamage, tissage, ), habillement (invention des souliers montants ou gallicae.., pantalon..), transports (attelages, le mot "char" est passé dans toutes les langues antiques vient du celtique)...les Français "pour l'Espagne ou pour la Pologne opprimées."
. Les Celtes avaient "le
. La nation gauloise a préexisté à l'entité politique. Bien que sans cohérence politique forte à partir du III-IIe siècle av. J-C., mais avec des frontières établies par le géographe grec Poseidonios d'Apamée dessinant déjà l'Hexagone (frontières de la France d'aujourd'hui,
Régine Pernoud, Les Gaulois, 1957, Seuil, Collection Le Temps qui court, rééd. Editions du Seuil, Paris 1980, p. 5.
[2]
[6] Plusieurs pages de
22, 23, 28 et 46.121.
[9]
Frantz FUNCK-BENTANO, Les Origines, ibid., p. 34.
[14]
31, 32, 33.[16]
[25]
[26] Histoire du Peuple français, Publiée sous la Direction de L.-H. Parias, Préface de Edouard Herriot de l'Académie française, Des Origines au moyen-Âge (Ier siècle av. J.-C. - 1380), par REGINE PERNOUD, Nouvelle Librairie de France, F. SANT'ANDREA, Paris 1951, p. 29.
[27]
[29]
[30]
[31]
F. Brentano, Les Origines, ibid., p. 65, 67.
[33]
[34]
[35]
Aelia Capitolina", dédiée à Jupiter Capitolin et interdite aux juifs. Ce fut alors la diaspora des juifs qui s'établiront un peu partout dans le monde.
..., pour les sources chrétiennes. Ben Koseba persécuta les judéo-chrétiens (juifs christianisant) comme de mauvais juifs (Cf. J. DANIELOU, Selon Dion Cassius, la révolte que ce pseudo "Messie" engagea prit des proportions considérables : "Les juifs du monde entier se soulevèrent et les rejoignirent et créèrent beaucoup d’ennuis aux Romains." Publius Marcellus, le gouverneur de Syrie, fit appel à la XXIIe légion d’Égypte, qui fut bientôt anéantie par les insurgés. Le théâtre des opérations se situa essentiellement en Judée. On n’a pas pu établir si Ben Koseba était parvenu à s’emparer de Jérusalem et à y rétablir le culte sacrificiel. Bar Kokhba, Nessi Israël ("prince d’Israël") frappa des monnaies à l’effigie du Temple, à la devise "An I de la liberté de Jérusalem", et Rabbi Aqiba, le chef spirituel révéré, le proclama "Roi-Messie". Selon les sources rabbiniques, l'empereur Hadrien en personne prit le commandement des troupes romaines et mena les opérations jusqu’à la chute de la cité forte de Bethar. En fait, rappelé de Bretagne, le général romain Julius Sévère vainquit les insurgés, qui se retranchèrent dans Béthar bientôt prise d’assaut. En 135, Bar Kochba, rabbi Akiba et leurs partisans (on parle de 500.000 hommes mais il s'agit sûrement d'une exagération) furent contraints à se retrancher dans la place forte de Bétar, près de Jérusalem, et y succombèrent après un très long siège. Le "Fils de l'Étoile" tomba lors de l'ultime combat, tandis que rabbi Akiba fut brûlé vif après avoir été longuement et horriblement torturé. Les pertes juives, considérables, s'élevaient à 580.000 morts, cinquante places fortes et 985 agglomérations juives détruites. Les Romains traquèrent les chefs spirituels afin d’interrompre la transmission de la Loi. L'empereur Hadrien édifia à la place de Jérusalem une cité grecque nommée "[38] Régine Pernoud, Les Gaulois, 1957, Seuil, Collection Le Temps qui court, rééd. Editions du Seuil, Paris 1980, p. 22 et 118.
[39]
59.
p. 91-92.
25
[44]
[45]
[47]
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