Vendredi 28 juin était annoncée en grande pompe la signature d'un traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay). Comment justifier un traité allant totalement contre "Make our Planet Great Again" ("Fabriquons à nouveau une grande planète", mot de Macron détournant le thème de campagne de Donald Trump, en 2018) ?
"La logique de ce traité est tout simplement archaïque, totalement déconnectée des enjeux économiques et environnementaux actuels", dénonce le Fil d'Actu.
L'accord de libre-échange entre le Mercosur et l'Union européenne est un projet d'accord de libre-échange en négociation depuis l'an 2000, suspendu en 2004 et dont les négociations ont repris en mai 2013, avant d'être conclue en 2019. ("L'Union européenne et le Mercosur signent un traité de libre-échange 'historique'", Les Echos, 28 juin 2019).
Ce traité à rebours de la vague de protectionnisme observée depuis deux ans, renouvelle les vieilles lunes libérales qui ont partout détruit l'environnement à l'échelle de la planète. Il devra être ratifié par les Etats-membres et par le parlement européen mais il suscite toutefois l'inquiétude des agriculteurs et des ONG européennes. Ce traité aura des impacts sur l'environnement, la santé, mais également l'avenir des agriculteurs français qui seuls doivent supporter le poids des normes de production environnementales, sans aucune compensation, livrés totalement à la concurrence déloyale des pays du Mercosur.
"Pour cause les critères de production au sein du Mercosur sont radicalement différents de ceux qui ont cours en Europe. Les élevages comptent des milliers de têtes de bétail, le salaires sont extrêmement bas, les fermes de véritables usines, et les animaux sont soumis à des traitements médicamenteux à base notamment d'hormones de croissances rigoureusement interdites sur le sol européen, et de soja. Le clownage y est également autorisé, sans parler des pesticides, dont les agriculteurs brésiliens sont les premiers consommateurs au monde. Le Brésil utilise par exemple près de 239 substances interdites en Europe, des pesticides classés toxiques pour la santé et l'environnement. Conséquence : la viande sud-américaine coûte beaucoup moins cher à produire que la viande européenne au détriment de la qualité.

"Mettre les éleveurs français en concurrence directe avec les éleveurs du Mercosur c'est les confronter à une concurrence intenable au regard des normes qu'ils sont censés respecter. Et à terme, cela pourrait finir par signer leur arrêt de mort.
"Les prix de vente des producteurs français pourraient chuter de 10%. 25 à 30000 emplois seraient directement menacés sur les 100000 que compte la filière.
"Accepter cette concurrence revient à cautionner un modèle de production intensive nécessitant une déforestation massive que l'UE prétend combattre ici même en multipliant les normes destinées à améliorer la qualité de la production agricole et à réduire son impact environnemental. Une incohérence absolue, que les agriculteurs français ne manquent pas de souligner.
La déforestation de l'Amazonie a augmenté de 80% en un an.
"Mais là n'est pas la seule interrogation quant à la logique ce traité, car à l'heure où les dirigeants européens prétendent tous lutter contre l'émission de dioxydes de carbone, quel sens y a-t-il à produire à l'autre bout du monde et à faire voyager par cargos ou par avions des marchandises pouvant être produites sur place, alors même que le transport de marchandises est un désastre environnemental et que tout le monde comprend la nécessité de revenir à des circuits de productions courts, comment justifier un traité allant totalement contre le 'Make our planet great again' ?"
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