« Je recommande à mon fils s’il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, [...] qu’il ne peut faire le bonheur des Peuples qu’en régnant suivant les Lois, mais en même temps qu’un Roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire, et qu’autrement étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile. » (Testament de Louis XVI)
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Les Wisigoths sont arrivés dans la province romaine d'Hispanie au début du Ve siècle, remplaçant la domination romaine décadente. Tolède était la capitale du royaume.
Wisigoths en Espagne au VIe siècle
En 710 après la mort de Wittiza, les nobles s'opposent à la transmission héréditaire de la couronne et élisent Rodrigo comme roi. Agila n'accepte pas les élections, et déclenche une guerre civile dans laquelle les nobles demandent l'aide des musulmans.
En l'an 711, profitant de la désunion des Wisigoths, le général musulman Tariq Ibn Ziyad débarque avec une armée d'Arabes et de Berbères à Algésiras. Il affronte le roi Rodrigo dans les environs de la rivière Guadalete (Cadix, Andalousie) où il obtient une victoire écrasante. Les Arabes conquièrent toute la péninsule ibérique, à l'exception du Royaume des Asturies au Nord. On dit que Rodrigue fut trahi par Oppas, évêque de Séville, son frère Sisberto et d'autres partisans de Witiza. Don Rodrigo mourut dans la bataille et certains historiens indiquent que Pélage (Pelayo) était son cousin et chef de la garde personnelle du roi.
La conquête semble totale. Le roi wisigoth, Rodéric, est tué au combat. La noblesse restante s'enfuit ou se soumet. Mais dans les montagnes escarpées des Asturies, un homme refusa de se rendre : Pelayo.
Il rassembla un petit groupe de guerriers, déterminés à résister.
Le gouverneur omeyyade d'al-Andalus, Al-Qama, ne voyait en Pelayo qu'une simple nuisance.
Pélage avait moins de 300 hommes. Mais il avait quelque chose de plus puissant que le nombre : le terrain et la conviction que Dieu était de son côté.
Pelayo était un noble wisigoth, fils du duc Favila — Faffila —.
En raison d'intrigues au sein de la noblesse wisigoth, le roi Wittiza (701-710) complota pour assassiner son père. Pelayo fuit vers les Asturies, où il avait des amis ou de la famille.
Plus tard, ne se sentant pas en sécurité dans la péninsule, il se rendit en pèlerinage à Jérusalem. Il y resta jusqu'à la mort de Witiza et l'intronisation de Rodrigo (710-711), dont il était un partisan. Avec lui, il occupa le poste de comte d'espatarios ou de garde du roi et, à ce titre, il combattit à la bataille de Guadalete en avril ou mai de l'année 711. Après la bataille, il se réfugia à Tolède et, lorsque la ville tomba (714), tandis que d'autres s'enfuyaient en France, il retourna dans les Asturies, en gardant le trésor du roi wisigoth.
http://reyesmedievales.esy.es/asturiaspelayo.htm
Pelayo occupait la fonction de spatien,garde personnelle du dernier roi wisigoth Don Rodrigo.
Cependant ce fait ait été remis en question par certains historiens, surtout après la publication des travaux d'Abilio Barbero et de Marcelo Vigil sur le sujet : il serait paradoxal que les Astures, qui s'étaient rebellés contre la domination gothique au temps du roi Wamba, d'accepter comme chef de la nouvelle lutte contre les musulmans un aristocrate ennemi, appartenant à un peuple qui, vingt ans auparavant seulement, avait soumis les Asturies. D'autre part, même les régions les plus romanisées, comme la Bétique et le Tarraconense opposèrent une sérieuse résistance à l'effondrement du royaume wisigoth, et la majeure partie de l'aristocratie wisigothe, représentée par des comtes comme Teodomiro ou Cassio, accepta la nouvelle domination Omeyyade en échange du maintien de son statut. Même la veuve de Rodrigo, Egilona, a été prise comme épouse par l'un des chefs des envahisseurs, Abd al-Aziz, premier vali d'Al-Andalus. Les premières chroniques asturiennes, comme l'Albeldense, n'incluent pas la généalogie de Pelayo, bien qu'elles le déclarent fils du duc Faffila, d'ascendance gothique. Les premiers documents qui retracent un supposé arbre généalogique de Pelayo qui ferait de lui un descendant de Chindasvinto (comme l'Estoria générale d'Espagne écrite par le roi Alphonse X le Sage) datent de cinq siècles après les événements. En ce sens, l'idéologie néo-gothique qui a imprégné les règnes des rois des Asturies Alphonse II et Alphonse III a progressivement déformé les origines du royaume des Asturies : elle aurait visé à relier les origines du royaume des Asturies à l'État wisigoth, afin de légitimer les aspirations impériales des rois de León et de Castille.
En fait, l'anthroponyme Pelayo n'est pas germanique (comme le sont tous les noms des rois wisigoths), mais dérive plutôt du grec Perugius (marin en latin, un nom commun dans le nord-ouest de l'Hispanie à son époque), ce qui indiquerait une origine hispano-romaine du personnage. De plus, ce prénom était largement utilisé par les habitants du nord-ouest de l’Hispanie. Enfin, la transmission du pouvoir au sein de la monarchie asturienne se faisait selon des règles d'origine celtique, résidus d'une structure matriarcale antérieure : ainsi, l'épouse transmettait souvent les droits héréditaires à son mari, comme dans le cas des rois Alfonso I et Silo, qui accédèrent au pouvoir grâce à leurs épouses Ermesinda et Adosinda, toutes deux issues de la famille de Pelayo. Ce n'est que plus tard, à partir de Ramiro Ier des Asturies (842-850), que la succession en ligne patrilinéaire s'est définitivement imposée.(1)
Les historiens récents supposent que Pelayo était d'origine gothique avec de fortes racines familiales parmi les Asturiens, étant connu par les clans qui habitaient ces montagnes.
Il y a ceux qui supposent que le duc Favila (père de D. Pelayo) appartenait à la lignée des rois Recesvinto et Chindasvinto, et qu'il possédait le duché de Cantabrie et les terres asturiennes, où Pelayo aurait vécu, en effet les chroniques attribuent des possessions de Pelayo à Siero et Piloña.
Pour cette raison, il est très probable qu'après la défaite de la bataille de Guadalete, au lieu de fuir à Narbonne (France) comme la majorité, il a fui vers les Asturies où il avait vécu et avait des parents, des amis...
Et Pelayo fut proclamé roi. (2)
Les premières incursions arabes dans le nord furent celles de Muza entre les années 712 et 714.
Ils entrèrent dans les Asturies par le port de Tarna, remontèrent le fleuve Nalón et prirent Lucus Asturum (Santa María de Lugo de Llanera) puis Gijón, où ils laissèrent la charge au gouverneur Munuza.
Les familles dominantes du reste des villes asturiennes capitulèrent et probablement aussi la famille Pelayo.
En 718, une première révolte dirigée par Pelayo eut lieu (apparemment parce que Munuza avait épousé de force sa sœur Adosinda), qui échoua. Pelayo a été arrêté et envoyé à Cordoue. Cependant, il parvient à s'échapper et à retourner dans les Asturies, où il mène un deuxième soulèvement et se réfugie dans les montagnes de Covadonga et Cangas, où la résistance se poursuit.
Il est objectivement inconcevable que, malgré sa nette infériorité, le Royaume des Asturies ait réussi à survivre.
En 719, les Omeyyades envahirent la Septimanie, province de Narbonne, et commencèrent à attaquer l'Aquitaine franque.
En 721, ils assiégeaient Toulouse, l'un des bastions les plus redoutables de la Gaule. Mais cela se termina dans un désastre pour eux. Après trois mois d'attaques mauresques peu concluantes, le duc Othon (Eudes) d'Aquitaine défia les musulmans dans une attaque hardie et annihila leur force dans la bataille de Toulouse qui suivit.
La défaite contraint Al-Kalbi, le nouveau gouverneur d'Al-Andalous de trouver un moyen de remontrer le moral de ses troupes. Il décida que réprimer la rébellion dans les Asturies permettrait d'atténuer la défaite de Toulouse.
Les forces omeyyades dirigées par les commandants Al-Qama et Munuza entrèrent sur les terres montagneuses des Asturies au début de l'été 722.
Année 722, Pelayo, noble wisigoth né en Cantabrie, premier roi des Asturies, chef des rebelles asturiens, rassemble une armée.
Pelayo au courant de l'importance des effectifs musulmans évita la bataille rangée. Il établit la bataille à Covadonga (722), un lieu stratégique dans les montagnes des Picos de Europa, à l'entrée d'une vallée étroite près de Covadonga.
L'armée musulmane partit de Gijon, sous le commandement d'Al Qama, avec l'ordre de réprimer la résistance des Asturies.
Quand Al-Qama arriva dans la région, il envoya un émissaire à Pélage, réclamant sa reddition. Pélage refusa.
Al-Qama, bien que probablement conscient de la probabilité d'une embuscade fit marcher ses meilleurs hommes dans la vallée étroite. L'étroitesse du col devait empêcher les forces musulmanes d'utiliser leur supériorité numérique.
Le gouverneur omeyyade d'al-Andalus, Al-Qama
Al-Qama commandait entre 1000 et 3000 soldats. Pelayo commandait 300 asturiens et wisigoths.
Pelayo tira parti du terrain montagneux et plaça ses hommes en positions élevées pour tendre une embuscade. Les asturiens lancèrent des pierres, des flèches et d'autres projectiles depuis les hauteurs, surprenant et désorganisant les musulmans.
Le reste de l'armée de Pélage cachée dans des grottes voisines attendit que le moment soit venu pour frapper dans une attaque brutale les envahisseurs.
Les musulmans tentèrent de se réorganiser et de contre-attaquer, mais le terrain difficile limita leurs mouvements.
Al-Qama ordonna une retraite mais l'indiscipline et l'incapacité à manoeuvrer dans la vallée étroite permirent à Pélage de massacrer la majorité des envahisseurs. Seule une poignée réussit à s'en tirer.
Al-Qama mourut au combat.
Le désordre s'intensifia parmi les troupes en retraite. Selon certains rapports, une poignée de survivants ont fui vers le sud, avant d'être avalés par une avalanche, ce qui a été considéré par la suite comme une intervention divine.
Le nombre exact de pertes est inconnu, mais on sait que ce n'était pas un bon jour pour les musulmans.
D'après certains chroniqueurs comme Al-maqquari, seuls dix hommes survécurent du groupe initial de Pelayo (3) (4).
La nouvelle de la victoire se répandit.
Pelayo consolida le contrôle sur les Asturies et se déclara chef d'un territoire indépendant. Il est élu roi des Asturies, fondant ainsi le premier royaume chrétien d'Espagne.
Covadonga encouragea d'autres peuples chrétiens du nord à résister à la domination musulmane. Et le royaume des Asturies devint un refuge sûr pour tous les chrétiens d'Al-Andalus cherchant protection.
Basilique de Covadonga
Au cours des siècles suivants, les Asturies se sont étendues, inspirant de nouveaux royaumes chrétiens - Léon, Castille et Aragon - à se joindre à la lutte.
La Reconquista chrétienne commençait dans la péninsule.
La résistance de Pélage préserva l'indépendance chrétienne en Ibérie et est considérée comme le premier acte d'un combat multiséculaire qui est devenu la Reconquista, la "reconquête" de l'Espagne.
https://www.esferalibros.com/libros/don-pelayo/
Basilique de Covadonga (1877-1901), aux alentours de laquelle, disent les chroniques, chrétiens et musulmans se sont battus en grand nombre. Cf. https://www.senderismoenasturias.es/reino.htm
Les chroniques disent qu'après la défaite de Covadonga, Munuza s'enfuit avec ses forces, probablement par crainte que les habitants de Gijón ne se joignent à la révolte, ou par crainte que les troupes asturiennes qui avaient vaincu ses propres troupes ne lui donnent accès à la ville. Cependant, de nombreux villageois cantabres prirent les armes et attaquèrent les troupes restantes des Omeyyades venues en renfort, leur infligeant de lourdes pertes et rendant leur retraite longue et délicate au sein de ce labyrinthe de montagnes. Ils couvrirent près de 50 km à pied durant deux jours et deux nuits, sans cesse en butte aux embuscades. Après avoir abandonné la ville, Munuza tenta de quitter les Asturies par le port de La Mesa, tandis que les troupes victorieuses de Covadonga effectuaient des marches forcées pour lui couper la fuite vers le plateau, Munuza et ses troupes furent de nouveau vaincus et Munuza finit par trouver la mort près du village de Olalíes (Sainte Eulalie), l'actuelle Conseil de Santo Adriano.
Lorsque la nouvelle de la prise de Gijón se répandit dans les pays musulmans, de nombreux chrétiens rejoignirent l'armée de Pelayo.
Ce sera le gendre de Pelayo, Alfonse I, fils de Pierre de Cantabrie, qui laissera des traces historiques des batailles de Pelage, notamment avec les conquêtes de la Galice en 740 et de León en 754.
Le premier drapeau des Asturies. Les Asturies adoptent la Croix comme bannière et la religion marque la différence entre l'Espagne maure de 711 et l'Espagne chrétienne qui résiste à l'invasion. Cf. https://www.senderismoenasturias.es/reibander.htm
Il est à noter que les musulmans étaient plus intéressés à s'étendre à travers la France, et à avancer vers le centre de l'Europe jusqu'aux batailles de Toulouse et de Tours où Charles Martel stoppa leur course vers le centre de l'Europe, qu'à dégager l'arrière des petits royaumes hostiles qui étaient isolés avant l’avancée musulmane.
Le roi Pelayo mourut à Cangas de Onís, où il avait sa cour, en 737. Après sa mort, son corps fut enterré dans l'église de Santa Eulalia de Abamia , située dans la ville asturienne d'Abamia, où son épouse, la reine Gaudiosa, avait été enterrée auparavant. Dans l'église, du côté de l'Épître, on conserve encore aujourd'hui le tombeau vide qui contenait les restes du roi, et en face, le tombeau qui contenait les restes de l'épouse de Don Pelayo. Le chroniqueur Ambrosio de Morales rapporte dans son œuvre qu'Alphonse X le Sage, roi de Castille et de León, ordonna que les restes du roi Pelayo et ceux de son épouse soient transférés dans la Sainte Grotte de Covadonga.
Dans une cavité naturelle de la Santa Cueva de Covadonga, et insérée dans un monticule de pierre, reposent actuellement les restes du roi Don Pelayo, ceux de son épouse et ceux d'Ermesinda, la sœur du roi. L'inscription suivante est gravée sur le tombeau :
ICI REPOSE LE SEIGNEUR ROI DON PELAIO, ÉLU L'AN 716 QUI DANS CE BASSIN MIRACULEUX A COMMENCÉ LA RESTAURATION DE L'ESPAGNE BANNIE PAR LES MAURES ;
IL EST DÉCÉDÉ EN 737 ET ACCOMPAGNE SS MÈRE ET SŒUR
En Syrie, en 1995, on a parlé de Pelayo, "un âne non civilisé venu des montagnes qui a vaincu les musulmans". C’est un exemple de l’importance accordée à l’événement et de la manière dont il a été perçu au sein du monde musulman.
Royaumes hispaniques, lors de la découverte du tombeau de Santiago Apóstol (année 814). Cf. https://www.senderismoenasturias.es/reino.htm
Douze rois asturiens succédèrent au roi Pelayo, pendant deux siècles, au cours desquels le Royaume connut des problèmes, mais parvint à étendre son territoire, dans toute la bande cantabrique et plus au sud, jusqu'à atteindre les fleuves Duero et Mondego à la fin du règne d'Alphonse III le "Grand", en 910.
Arbre généalogique des rois du royaume des Asturies , où manque le dernier roi Alphonse III, asturien de bout en bout, bien qu'il ait finalement déplacé la cour à León, pour des raisons d'État.
La légende raconte qu'après la bataille de Covadonga, Pelayo reçut une croix en bois avec laquelle il remporterait la victoire sur les envahisseurs musulmans grâce à l'intervention divine.
Cette croix était jalousement gardée par les descendants de Pelayo, d'abord dans l' église de Santa Cruz de Cangas de Onís et plus tard dans la Sainte Chambre d'Oviedo, étant "la croix de la Victoire" , recouverte d'or et de pierres précieuses et offerte au cathédrale d'Oviedo, par le roi Alphonse III et son épouse Jimena en 908.
Sous Alphonse Ier le Catholique (739-756), la monarchie asturienne se consolide, profitant d'un moment de crise parmi les ennemis islamiques, auxquels furent confrontés les Berbères d'Afrique du Nord (que les musulmans traitaient comme les autres, bien qu'ayant combattu à leurs côtés) et les Baladís d'origine arabe orientale, les Maures se battant entre eux, ce qui les amena à abandonner le Nord.
Une colonisation de la Galice, de León et de la Castille du Nord la Vieja (Bardulia) commence, qui prend comme symbole ou signe d'identité du royaume la Croix Chrétienne ou Croix de la Victoire, qui unit les territoires du nord.
Alphonse créa un désert stratégique ou défensif entre le Royaume des Asturies et le Royaume musulman du sud "Champs Gothiques" (une zone de la Vieille Castille), en évitant les attaques surprises, pour cela il pilla et dévasta une vaste zone entre les deux royaumes, tuant les musulmans et amenant les Mozarabes chrétiens de ces terres vers le nord, qui furent repeuplées, il restaura les anciennes forteresses du nord dans des zones stratégiques, comme Pajares, La Mesa , La. Bureba (Burgos), La Rioja, etc.
Il fit la guerre aux Sarrasins accompagné de son frère Fruela Pérez, élargissant ainsi le territoire. Il ordonna la construction du premier sanctuaire dans la grotte de Covadonga et du monastère de San Pedro de Villanueva, sur le versant de la montagne où mourut Favila, ses conquêtes s'étendant de la côte cantabrique jusqu'au sud du fleuve Duero.
Il dépeupla les terres conquises sur le plateau castillan, pour établir un "désert stratégique" et emmena ses habitants vers le nord, incorporant Liébana, Trasmiera, Vardulias et la zone côtière de Galice dans son royaume. (5)
Alphonse II "Le Chaste" (791-842), dernier descendant direct de Pelayo qui occupa le trône du royaume des Asturies, vécut jusqu'en 842, soit 83 ans; c'est l'un des règnes les plus longs de l'histoire de l'Espagne, ce qui lui permet de réaliser un programme politique, consolidant et organisant à la fois le royaume et l'Eglise, créant le siège métropolitain d'Oviedo, avec ADAULFO, premier évêque d'Oviedo, une évocation du modèle de la ville royale de Tolède, d'une conception urbaine, avec des églises et des palais, des thermes, la construction de murs de protection pour la population et des symboles de la ville comme des palais, bureaux administratifs, etc.
Il construisit des temples (à Compostelle la première église sur laquelle se trouve la cathédrale actuelle, à Oviedo San Salvador avec de la pierre et de la chaux ; basilique de San Tirso... etc.), des ouvrages admirables. Dans la première moitié du IXe siècle, il fit construire dans son palais une chapelle qui devint plus tard la Chambre Sainte (patrimoine mondial) lorsque les reliques de Jérusalem y furent déposées, améliorées et embellies au XIIe siècle.
Il fit face aux attaques musulmanes les plus dures, gardant les frontières intactes.
En 825, il écrasa deux armées de musulmans sur les terres galiciennes, consolidant son royaume et, se sentant en sécurité, il commença la recherche du tombeau de l'Apôtre, qu'il soit réel ou non, ce fait cache une manœuvre politique qui renforce le royaume et l'indépendance religieuse (Compostelle) face à l'église mozarabe de Tolède.
Il échangea des ambassadeurs avec Charlemagne et se maria tardivement, grandement influencé par lui. Dans la mémoire historique du Royaume, le panthéon des rois d'Oviedo est l'un des plus anciens d'Occident...
Sous Alphonse II, la croix devient un "symbole et une image du pouvoir royal".
Alphonse II chercha une alliance avec l'empereur franc Charlemagne, pour unir leurs forces contre l'ennemi musulman commun.
En 795, après la victoire d'Alphonse II à Lutos sur le général arabe Abs al-Malik ben Mugait et son armée, eut lieu la première rencontre documentée entre les envoyés de Charlemagne (742-814) et Alphonse II, dont on parle dans "La Vie de Louis le Pieux", écrit en 840, par un auteur connu sous le nom de "l'Astronome", après avoir offert des cadeaux et un pacte d'amitié.
San Julián de los Prados ou Santullano à Oviedo. Site du patrimoine mondial
L'église de San Tirso à Oviedo, à côté de la cathédrale.
L'église de Santa María de Bendones.
Église de San Pedro de Nora (Las Regueras).
Chambre Sainte d'Oviedo. Site du patrimoine mondial
L'Arche Sainte
La Croix des Anges. En 808, Alphonse II fit don de la Croix de Los Angeles à l'église de San Salvador d'Oviedo, conservée dans la Sainte Chambre (site du patrimoine mondial).
L'épitaphe qu'Alphonse II avait gravée dit : "Celui qui a tout fait en paix, reposait en paix". Il est censé faire référence à votre paix intérieure...
fut l'un des rois les plus importants de l'histoire de l'Espagne, le dernier roi des Asturies, où reposent ses restes.
Il promeut le faste culturel, avec la publication d'études historiographiques, encouragée par la cour. Le cycle des chroniques asturiennes d'Alphonse III comprend trois pièces :
La Chronique d'Albeldense
La Chronique prophétique
Et la Chronique d'Alphonse III dans ses deux versions :. le Rotense et l'annonce Sebastianum.
Il épousa la Navarraise Jimena et combattit à de nombreuses reprises contre les musulmans, remportant de nombreuses batailles.
Pendant son règne, l'idée de la reconquête de l'ancien royaume wisigoth de Tolède, détruit par l'invasion musulmane, fut formulée comme un programme politique, un projet qui fut maintenu pendant des siècles jusqu'à la récupération totale de tout le territoire espagnol.
Valentin était évêque de Terni, dans les monts Sabin (Italie) au IIIe siècle.
Décapité le 14 février 268en représailles des conversions au christianisme qu’il suscita suite à la guérison d’une jeune fille aveugle, S. Valentin doit à son nom, qui signifie santé et vigueur, le fait que les fiancés, les jeunes gens à marier, ceux qui craignent les atteintes de la peste, les personnes, enfin, qui sont sujettes à l’épilepsie et aux évanouissements sesont placés sous son patronage.
Valentin se signala par ses dons de thaumaturge. Il guérit une jeune fille et convertit toute sa famille. Victimes des persécutions antichrétiennes, ils subirent ensemble le martyre et furent inhumés à Rome.
La vertu de saint Valentin, prêtre, était si éclatante, et sa réputation si grande dans la ville de Rome, qu’elle vint à la connaissance de l’empereur Claude II, qui le fit arrêter, et, après l’avoir tenu deux jours en prison, chargé de fers, le fit amener devant son tribunal pour l’interroger. D’abord il lui dit, d’un ton de voix assez obligeant : « Pourquoi, Valentin, ne veux-tu pas jouir de notre amitié, et pourquoi veux-tu être ami de nos ennemis ? » Mais Valentin répondit généreusement : « Seigneur, si vous saviez le don de Dieu, vous seriez heureux et votre empire aussi ; vous rejetteriez le culte que vous rendez aux esprits immondes et à leurs idoles que vous adorez, et vous sauriez qu’il n’y a qu’un Dieu, qui a créé le ciel et la terre, et que Jésus-Christ est son Fils unique ».
Un des juges, prenant la parole, demanda au Martyr ce qu’il pensait des dieux Jupiter et Mercure. « Qu’ils ont été des misérables » répliqua Valentin, « et qu’ils ont passé toute leur vie dans les voluptés et les plaisirs du corps ». Là-dessus, celui qui l’avait interrogé s’écria que Valentin avait blasphémé contre les dieux et contre les gouverneurs de la république. Cependant le Saint entretenait l’empereur, qui l’écoutait volontiers et qui semblait avoir envie de se faire instruire de la vraie religion ; et il l’exhortait à faire pénitence pour le sang des chrétiens qu’il avait répandu, lui disant de croire en Jésus-Christ et de se faire baptiser, parce que ce serait pour lui un moyen de se sauver, d’accroître son empire et d’obtenir de grandes victoires contre ses ennemis.
L’empereur, commençant déjà à se laisser persuader, dit à ceux qui l’entouraient : « Écoutez la sainte doctrine que cet homme nous apprend ». Mais le préfet de la ville, nommé Calpurnius, s’écria aussitôt : « Voyez-vous comment il séduit notre prince ! Quitterons-nous la religion que nos pères nous ont enseignée ? »
Claude, craignant que ces paroles n’excitassent quelque trouble ou quelque sédition dans la ville, abandonna le Martyr au préfet, qui le mit à l’heure même entre les mains du juge Astérius, pour être examiné et châtié comme un sacrilège. Celui-ci fit d’abord conduire le prisonnier en sa maison. Lorsque Valentin y entra, il éleva son coeur au ciel, et pria Dieu qu’il lui plût d’éclairer ceux qui marchaient dans les ténèbres de la gentilité, en leur faisant connaître Jésus-Christ la vraie lumière du monde.
Astérius, qui entendait tout cela, dit à Valentin : « — J’admire beaucoup ta prudence ; mais comment peux-tu dire que Jésus-Christ est la vraie lumière ? » « — Il n’est pas seulement la vraie lumière, mais l’unique lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde », dit Valentin. « — Si cela est ainsi, dit Astérius, j’en ferai bientôt l’épreuve : j’ai ici une petite fille adoptive qui est aveugle depuis deux ans ; si tu peux la guérir et lui rendre la vue, je croirai que Jésus-Christ est la lumière et qu’il est Dieu, et je ferai tout ce que tu voudras ». La jeune fille fut donc amenée au Martyr, qui, lui mettant la main sur les yeux, fit cette prière : « Seigneur Jésus-Christ, qui êtes la vraie lumière, éclairez votre servante ».
À ces paroles, elle reçut aussitôt la vue, et Astérius et sa femme, se jetant aux pieds de leur bienfaiteur, le supplièrent, puisqu’ils avaient obtenu par sa faveur la connaissance de Jésus-Christ, de leur dire ce qu’ils devaient faire pour se sauver. Le Saint leur commanda de briser toutes les idoles qu’ils avaient, de jeûner trois jours, de pardonner à tous ceux qui les avaient offensés, et enfin de se faire baptiser, leur assurant que, par ce moyen, ils seraient sauvés. Astérius fit tout ce qui lui avait été commandé, délivra les chrétiens qu’il tenait prisonniers, et fut baptisé avec toute sa famille, qui était composée de quarante-six personnes. (1)
Toute la famille de Julia se convertit au christianisme pour honorer la mémoire de Valentin.
Sainte Lucile baptisée par saint Valentin, v. 1475, Jacopo Bassano, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 102-103.
L’empereur, averti de ce changement, craignit quelque sédition dans Rome, et, par raison d’État, il fit prendre Astérius et tous ceux qui avaient été baptisés, puis les fit mettre à mort par diverses sortes de tourments.
Pour Valentin, le père et le maître de ces bienheureux enfants et disciples, après avoir été longtemps en une étroite prison, il fut battu et brisé avec des bâtons noueux ; enfin, l’an 268, le 14 février, il fut décapité sur la voie Flaminienne, où, depuis, le pape Jean Ier fit bâtir une église sous son invocation près du Ponte-Mole (VIe siècle). Cette église ayant été ruinée, le pape Théodose en dédia une nouvelle, dont il ne reste plus de traces non plus. La porte appelée plus tard du Peuple portait anciennement le nom du saint Martyr. On garde la plus grande partie de ses reliques dans l’église de Sainte-Praxède. Les autres furent apportées en France, en l’église Saint-Pierre de Melun-sur-Seine, mais elles ne s’y trouvent plus aujourd’hui.
Saint Valentin est devenu le patron des amoureux à partir d'un proverbe du Moyen-Age : "A la saint Valentin, les oiseaux commencent à roucouler".(2)
Saint Valentin est nommé, avec la qualité d’illustre Martyr, dans le Sacramentaire de saint Grégoire, dans le Missel romain de Tomasi, dans les divers martyrologes et calendriers : les Anglais l’ont conservé dans le leur.
Attributs. Saint Valentin a été représenté :
1° tenant une épée et une palme, symboles de son martyre ; une crosse, symbole de la houlette du pasteur qui veille sur le troupeau.
2° guérissant la fille du juge Astérius. Cette circonstance de la guérison d’une jeune fille, et plus encore son nom de Valentin, qui signifie santé et vigueur, explique pourquoi les fiancés, les jeunes gens à marier, ceux qui craignent les atteintes de la peste, les personnes, enfin, qui sont sujettes à l’épilepsie et aux évanouissements se sont placés sous son patronage.
Plusieurs siècles après sa mort, Valentin fut canonisé en l’honneur de son sacrifice pour l’amour. La fête de la Saint-Valentin fut instituée pour contrer la Lupercalia, fête païenne donné le jour de la fertilité et dédiée à Lupercus, dieu des troupeaux et des bergers, et Junon, protectrice des femmes et du mariage romain. L’événement le plus marquant de ces réjouissances était la course des Luperques : des hommes mi-nus poursuivaient des femmes et les frappaient avec des lanières de peau de bouc, les coups reçus assurant fécondité et grossesse heureuse à celles-ci.
Une autre origine est attribuée aux festivités de la Saint-Valentin. On prétendait en effet que, sous certains climats, les oiseaux s’appariaient pour la belle saison prochaine, à la Saint-Valentin, comme il est reçu qu’en d’autres pays plus froids ils s’apparient à la Saint-Joseph. Prenant exemple sur eux, les hommes auraient trouvé ce jour propice à la déclaration amoureuse. Dans les anciens calendriers, à une époque où les devoirs de la vie civile se confondaient avec ceux de la vie religieuse, chaque jour y était marqué par un signe qui parlait immédiatement aux yeux des initiés.
C’est ainsi que la Saint-Valentin était marquée par un soleil dans la main du saint, ou par un gaufrier : un soleil, parce qu’il était censé reprendre sa force à cette époque, qui est à peu près celle des Quatre-Temps du printemps, et que les fleurs les plus précoces (amandiers, noisetiers, etc.) commencent à se montrer dans une partie de l’Europe ; un gaufrier, pour annoncer les réjouissances de Carnaval.
Il est dit que Julia planta près de la tombe de Valentin un amandier. L'arbre est depuis ce jour, un symbole de l'amour. Des reliques de Saint Valentin sont transférées en 1868 dans la collégiale Saint-Jean-Baptiste de Roquemaure.(3)
Pratique : Comme S. Valentin, plaçons l'amour de Dieu par dessus tout, par dessus l'amour de nous-même.
Saint Valentin s'agenouillant en supplication, par David Teniers III (1638-1685)
Sources: (1) La France pittoresque; (2)L'Evangile au quotidien; (3) Wikipedia; (4) Gloria.Tv ; (5) Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 102-103.
Une Italienne vivant en Australie souffrait d'un cancer. On ne pensait pas qu'elle survivrait. Elle se rendit avec son fils prier sur la tombe de Saint Charbel, mais l'église était fermée ce jour-là.
Elle s’apprêtait à partir lorsqu’un prêtre maronite s’est approché d’elle et lui a demandé si elle avait besoin de quelque chose. La femme lui a expliqué qu’elle avait un cancer et qu’elle était allée prier sur la tombe de Saint Charbel, mais que le monastère était fermé.
Elle ajouta qu'elle voulait recevoir la bénédiction d'un des prêtres présents. Le père lui dit qu'il la bénirait. Elle demanda à son fils de prendre des photos de la bénédiction.
Plus tard, alors qu'elle regardait les photos avec son amie libanaise, ils réalisèrent que le prêtre était Saint Charbel !
Ils se sont renseignés au monastère et ont été informés que personne vivant au monastère ne lui ressemblait.
Elle est retournée en Australie et les tests ont montré que son cancer avait disparu.
Face à une situation désespérée le roi de Juda Ézékias (VIIIe s. av. J.-C.) se tourna vers le prophète Isaïe. (2 Ch 32,20)
La nuit même, l’ange du Seigneur sortit et frappa cent quatre-vingt-cinq mille hommes dans le camp assyrien (2 R 19,35), délivrant ainsi Jérusalem d'une destruction imminente par le roi assyrien Sennachérib. Celui-ci rentra à Ninive où il mourut peu après, ses propres enfants le mettant à mort par l’épée. (2 Ch 32,21)
La nuit même, l’ange du Seigneur sortit et frappa cent quatre-vingt-cinq mille hommes dans le camp assyrien. Le matin, quand on se leva, ce n’était que des cadavres.
Alors le Seigneur envoya un ange qui anéantit tous les vaillants guerriers, les chefs et les officiers, dans le camp du roi d’Assour. Celui-ci retourna dans son pays, la honte au visage. Il entra dans la maison de son dieu, et quelques-uns de ses propres enfants le mirent à mort par l’épée.
L'ange détruisant l'armée de Sennacherib devant Jérusalem, gravure sur bois de Gustave Doré
***
On trouve le même récit d'anges venant en aidé au peuple de Dieu dans le IIe Livre des Maccabées où Héliodore est chassé du temple par trois anges envoyés par Dieu suite à la prière des Juifs de Jérusalem (II M 3,13-25).
De même le grand prêtre Onias et le prophète Jérémie apparurent également en songe intercédant pour Judas Maccabée et son armée. (2 M 15,11-14)
Béatrix (ou Béatrice) naquit au village d'Ornacieux en Isère, dans le Dauphiné. Elle entra à la Chartreuse de Parménie puis fonda la chartreuse d'Eymeux (Drôme) d'où elle gagna le ciel le 25 novembre 1303.
Son culte est confirmé en 1763 et elle est béatifiée par le Pape Pie IX le 15 avril 18692.
Le principal texte la concernant a été écrit au XIIIe siècle, par Marguerite d'Oingt, en Francoprovençal, sous le titre original : Li Via seiti Biatrix, virgina de Ornaciu (La Bienheureuse Béatrix d'Ornacieux, religieuse de Parménie).
Sa fête liturgique est fixée au 13 février par les chartreux et le 25 novembre dans le diocèse de Valence. [2]
"Née au château d'Ornacieux, près de la Côte-Saint-André vers 1260, Béatrix entre à l'âge de 13 ans à la chartreuse de Parménie, non loin de Tullins. En 1300, elle fonde le monastère d'Eymeux où elle connaît le plus extrême dénuement. Elle y meurt un 25 novembre, sans doute en 1303. Une chapelle y perpétue son souvenir. La vie de Béatrix a été écrite par une moniale chartreuse contemporaine de la bienheureuse, Marguerite d'Oingt et elle atteste son ardent amour pour Jésus crucifié."
(Bienheureuse Béatrix d'Ornacieux - diocèse de Valence 25 novembre)
Dans le Valentinois, entre 1303 et 1309, la bienheureuse Béatrice d'Ornacieux, vierge, qui, saisie d'un grand amour de la croix, vécut et mourut dans la plus grande pauvreté dans la Chartreuse d'Eymeu qu'elle avait fait construire (25 novembre).
Dans le Nouveau Testament, les seules personnes qui avaient l'autorité d'enseigner étaient les apôtres, ceux qu'ils avaient nommés (comme Timothée et Tite) et ceux qu'ils avaient également nommés. Il n'y a aucune indication dans l'Écriture qu'un chrétien est habilité à enseigner en dehors de cette ligne d'autorité.
Frères, au nom du Seigneur Jésus Christ, nous vous ordonnons d’éviter tout frère qui mène une vie désordonnée et ne suit pas la tradition que vous avez reçue de nous.
Le souci de la continuité de l'enseignement oral du Christ, le souci de garder le dépôt de la foi (1Tm 6,20 ; 2 Tm 1,14) et de le transmettre à d'autres générations (2Tm 2), la transmission de la charge ecclésiastique (office) par les apôtres eux-mêmes (Ac 1,20-24), le caractère collectif autant que solidaire des premières communautés chrétiennes (1 Th 4,6), le titre de "pasteurs", titre qui convient d'abord au Christ et que Jésus avait donné à Pierre (Jn 21,15-17), ainsi que la nécessité de l'interprétation de l'Écriture dans le sens de la tradition apostolique (2 P 1,16-20 ; Ac 8,27-35) sont autant de traits particuliers de l'Église primitive qui existent toujours.
La primauté papale au Ier siècle et la succession apostolique au Ier siècle
Le premier exemple de la doctrine de la succession apostolique se trouve dans le tout premier chapitre des Actes des Apôtres, lorsque le Prince des Apôtres, Pierre, appelle à un remplacement de Judas : "On en présenta deux : Joseph appelé Barsabbas, puis surnommé Justus, et Matthias. Ensuite, on fit cette prière : ''Toi, Seigneur, qui connais tous les cœurs, désigne lequel des deux tu as choisi pour qu’il prenne, dans le ministère apostolique, la place que Judas a désertée en allant à la place qui est désormais la sienne.'' On tira au sort entre eux, et le sort tomba sur Matthias, qui fut donc associé par suffrage aux onze Apôtres." (Ac 1:23-26)
Puis nous voyons Timothée et Tite partageant une célébration commune, les chers fils de saint Paul dans le sacerdoce et l'épiscopat, à qui il adressa les dites lettres pastorales traitant précisément de l'ordre de l'Église et de la vie chrétienne. Chez ces deux fils de Paul, nous voyons se matérialiser la doctrine de l'Église sur la succession apostolique.
Ce que tu m’as entendu dire en présence de nombreux témoins, confie-le à des hommes dignes de foi qui seront capables de l’enseigner aux autres, à leur tour.
Ce verset illustre une chaîne de transmission fiable où chaque génération reçoit, préserve et transmet ce qu'elle a reçu, sans rien ajouter ni retirer. C'est cette succession qui garantit que nous ne nous éloignons pas de la pleine vérité révélée par Jésus-Christ. Car sans un cadre établi et une autorité établie, il serait facile de dériver, de réinterpréter ou même de perdre des aspects essentiels de la foi chrétienne. La succession apostolique agit comme une boussole qui maintient l'Église ancrée dans la vérité de l'Évangile. Elle protège le dépôt de la foi contre les erreurs et les hérésies.
Par exemples, dans les premiers siècles du christianisme, ce sont les évêques en communion les uns avec les autres qui ont défendu des vérités fondamentales comme la divinité du Christ et la Trinité. Ces doctrines bien que considérées comme évidentes aujourd'hui, auraient pu disparaître sans la doctrine de la succession apostolique. En restant fidèle à cette chaîne de transmission, l'Église garantit que nous vivons et croyons selon la pleine vérité de Dieu et non selon les idées ou les modes d'une époque. Ainsi la succession apostolique n'est pas simplement une tradition ou une formalité, elle est la garantie que l'Église demeure comme Paul le dit dans 1 Timothée 3,15 "la colonne et le soutien de la vérité". Elle nous offre un accès sûr et authentique à l'enseignement du Christ. Un trésor que nous avons le devoir de préserver pour les générations futures.
La doctrine de la succession apostolique est ainsi définie dans le Catéchisme de l'Église catholique :
"L’Église est apostolique parce qu’elle est fondée sur les apôtres, et ceci en un triple sens :
– elle a été et demeure bâtie sur "le fondement des apôtres" (Ep 2, 20 ; Ap 21, 14), témoins choisis et envoyés en mission par le Christ lui-même (cf. Mt 28, 16-20 ; Ac 1, 8 ; 1 Co 9, 1 ; 15, 7-8 ; Ga 1, 1 ; etc.) ;
– elle garde et transmet, avec l’aide de l’Esprit qui habite en elle, l’enseignement (cf. Ac 2, 42), le bon dépôt, les saines paroles entendues des apôtres (cf. 2 Tm 1, 13-14) ;
– elle continue à être enseignée, sanctifiée et dirigée par les apôtres jusqu’au retour du Christ grâce à ceux qui leurs succèdent dans leur charge pastorale : le collège des évêques, "assisté par les prêtres, en union avec le successeur de Pierre, pasteur suprême de l’Église" (Catéchisme de l'Eglise Catholique, 857)
À ce stade, le Catéchisme cite la Préface I pour les Apôtres dans l'édition actuelle du Missale Romanum :
"Car toi, Pasteur éternel, n'abandonne pas ton troupeau, mais par l'intermédiaire des bienheureux Apôtres, veille sur lui et protège-le toujours, afin qu'il soit gouverné par ceux que tu as désignés comme bergers pour le conduire au nom de ton Fils."
Puis le texte reprend ici :
"Jésus est l’Envoyé du Père. Dès le début de son ministère, il "appela à lui ceux qu’il voulut, et il en institua Douze pour être avec lui et pour les envoyer prêcher" (Mc 3, 13-14). Dès lors, ils seront ses "envoyés" (ce que signifie le mot grec apostoloi). En eux continue sa propre mission : "Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie" (Jn 20, 21 ; cf. 13, 20 ; 17, 18). Leur ministère est donc la continuation de sa propre mission : "Qui vous accueille, M’accueille", dit-il aux Douze (Mt 10, 40 ; cf. Lc 10, 16).
859 Jésus les unit à sa mission reçue du Père : comme "le Fils ne peut rien faire de Lui-même" (Jn 5, 19. 30), mais reçoit tout du Père qui l’a envoyé, ainsi ceux que Jésus envoie ne peuvent rien faire sans Lui (cf. Jn 15, 5) de qui ils reçoivent le mandat de mission et le pouvoir de l’accomplir. Les apôtres du Christ savent donc qu’ils sont qualifiés par Dieu comme "ministres d’une alliance nouvelle" (2 Co 3, 6), "ministres de Dieu" (2 Co 6, 4), "en ambassade pour le Christ" (2 Co 5, 20), "serviteurs du Christ et dispensateurs des mystères de Dieu" (1 Co 4, 1).
860 Dans la charge des apôtres, il y a un aspect intransmissible : être les témoins choisis de la Résurrection du Seigneur et les fondements de l’Église. Mais il y a aussi un aspect permanent de leur charge.Le Christ leur a promis de rester avec eux jusqu’à la fin des temps (cf. Mt 28, 20). "La mission divine confiée par Jésus aux apôtres est destinée à durer jusqu’à la fin des siècles, étant donné que l’Évangile qu’ils doivent transmettre est pour l’Église principe de toute sa vie, pour toute la durée du temps. C’est pourquoi les apôtres prirent soin d’instituer (...) des successeurs" (LG 20).
Les évêques successeurs des apôtres
861 " Pour que la mission qui leur avait été confiée pût se continuer après leur mort, les apôtres donnèrent mandat, comme par testament, à leurs coopérateurs immédiats d’achever leur tâche et d’affermir l’œuvre commencée par eux, leur recommandant de prendre garde au troupeau dans lequel l’Esprit Saint les avait institués pour paître l’Église de Dieu. Ils instituèrent donc des hommes de ce genre, et disposèrent par la suite qu’après leur mort d’autres hommes éprouvés recueilleraient leur ministère." (LG 20 ; cf. Saint Clément de Rome, Ad Cor. 44, 3). [Voir ci-dessous "La succession apostolique au Ier siècle]
862 "De même que la charge confiée personnellement par le Seigneur à Pierre, le premier des apôtres, et destinée à être transmise à ses successeurs, constitue une charge permanente, permanente est également la charge confiée aux apôtres d’être les pasteurs de l’Église, charge dont l’ordre sacré des évêques doit assurer la pérennité". C’est pourquoi l’Église enseigne que "les évêques, en vertu de l’institution divine, succèdent aux apôtres, comme pasteurs de l’Église, en sorte que, qui les écoute, écoute le Christ, qui les rejette, rejette le Christ et celui qui a envoyé le Christ." (CEC 858-862)
La papauté est l'institution chrétienne qui désigne le pape comme successeur de l'apôtre Pierre, chargé de guider l'Église universelle. Elle repose sur l'autorité spirituelle confiée par Jésus-Christ à Pierre et à ses successeurs visant à préserver l'unité, la foi et la mission de l'Église. Dans Mathieu 16,18-19, Jésus déclare à Pierre : 'Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux.' Jésus utilise ici une image forte, celle des clés, symbole de pouvoir et d'autorité.
Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David : s’il ouvre, personne ne fermera ; s’il ferme, personne n’ouvrira.
Dans Isaïe 22,22 nous voyons qu'un intendant reçoit les clés de la maison royale de David, une mission de gouvernance spirituelle. Par conséquent, Pierre devient à son tour chef de la maison spirituelle du Christ Roi sur terre.
Dans Jean 21,15 à 17, après sa résurrection, Jésus réitère cette mission. Il demande trois fois 'Pierre, m'aimes-tu?', puis lui confie la tâche de paître ses brebis;
"Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : 'Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ?' Il lui répond : 'Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime.' Jésus lui dit : 'Sois le berger de mes agneaux.' Il lui dit une deuxième fois : 'Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ?' Il lui répond : 'Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime.' Jésus lui dit : 'Sois le pasteur de mes brebis.' Il lui dit, pour la troisième fois : 'Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ?' Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait : 'M’aimes-tu ?' Il lui répond : 'Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime.' Jésus lui dit : 'Sois le berger de mes brebis.'
Ce dialogue montre que Pierre reçoit la responsabilité de guider tout le Peuple de Dieu comme un berger principal. Les Actes des Apôtres illustrent aussi ce rôle unique : Pierre est celui qui déclare ouvertement la résurrection, qui prend la parole le jour de la Pentecôte et qui établit des directives claires pour l'Église naissante (Actes 1,15).
Saint Pierre prend la parole lors de la Pentecôte (Ac 1,15). L'Esprit Saint envoyé à la Pentecôte devient la force qui garantit que l'Eglise restera fidèle à la vérité divine malgré les épreuves et les siècles.
Par exemple, au concile de Jérusalem dans Actes 15, 4-11, Pierre intervient pour résoudre les premières grandes controverses doctrinales, confirmant sa position de guide spirituel :
À leur arrivée à Jérusalem, ils furent accueillis par l’Église, les Apôtres et les Anciens, et ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux.
Alors quelques membres du groupe des pharisiens qui étaient devenus croyants intervinrent pour dire qu’il fallait circoncire les païens et leur ordonner d’observer la loi de Moïse.
Les Apôtres et les Anciens se réunirent pour examiner cette affaire.
Comme cela provoquait une intense discussion, Pierre se leva et leur dit : "Frères, vous savez bien comment Dieu, dans les premiers temps, a manifesté son choix parmi vous : c’est par ma bouche que les païens ont entendu la parole de l’Évangile et sont venus à la foi.
Dieu, qui connaît les cœurs, leur a rendu témoignage en leur donnant l’Esprit Saint tout comme à nous ;
sans faire aucune distinction entre eux et nous, il a purifié leurs cœurs par la foi.
Maintenant, pourquoi donc mettez-vous Dieu à l’épreuve en plaçant sur la nuque des disciples un joug que nos pères et nous-mêmes n’avons pas eu la force de porter ?
Oui, nous le croyons, c’est par la grâce du Seigneur Jésus que nous sommes sauvés, de la même manière qu’eux."
Historiquement, les premiers chrétiens ont reconnu en Pierre le premier évêque de Rome.
Les Pères de l'Église, tels qu'Ignace d'Antioche ou Irénée de Lyon, ont affirmé que les successeurs de Pierre, les papes, portaient cette même responsabilité. Rome est devenue le centre de l'unité chrétienne non pas par hasard, mais parce qu'elle était le siège apostolique de Pierre.
Cette autorité ne diminue pas la place de Jésus-Christ qui est le fondement ultime de l'Église. Au contraire, la papauté agit comme un instrument choisi par Dieu pour garder la continuité et l'unité de l'Église visible. Aujourd'hui encore, à travers les siècles et malgré les défis, la papauté reste un signe d'unité pour plus d'un milliards de catholiques à travers le monde, fidèles à la mission confiée par Jésus-Christ à Pierre et à ses successeurs.
Le document Dominus Iesus, n° 16 et 17 signé en 2000 par le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le Card. Ratzinger, précise :
Les fidèles sont tenus de professer qu'il existe une continuité historique — fondée sur la succession apostolique [Conc. OEcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 20 ; cf. aussi S. Irénée, Adversus haereses, III, 3, 1--3 : SC 211, 20-44 ; S. Cyprien, Epist. 33, 1 : CCL 3 B, 164-165 ; S. Augustin, Contra adversarium legis et prophetarum, 1, 20, 39 : CCL 49, 70.] — entre l'Église instituée par le Christ et l'Église catholique : « C'est là l'unique Église du Christ [...] que notre sauveur, après sa résurrection, remit à Pierre pour qu'il en soit le pasteur (cf. Jn 21,17), qu'il lui confia, à lui et aux autres apôtres, pour la répandre et la diriger (cf. Mt 28,18ss.), et dont il a fait pour toujours la “colonne et le fondement de la vérité” (1 Tm 3,15). Cette Église comme société constituée et organisée en ce monde, c'est dans l'Église catholique qu'elle se trouve [subsistit in], gouvernée par le successeur de Pierre et les Évêques qui sont en communion avec lui ».54 Par l'expression subsistit in, le Concile Vatican II a voulu proclamer deux affirmations doctrinales : d'une part, que malgré les divisions entre chrétiens, l'Église du Christ continue à exister en plénitude dans la seule Église catholique ; d'autre part, « que des éléments nombreux de sanctification et de vérité subsistent hors de ses structures »,55 c'est-à-dire dans les Églises et Communautés ecclésiales qui ne sont pas encore en pleine communion avec l'Église catholique.56 Mais il faut affirmer de ces dernières que leur « force dérive de la plénitude de grâce et de vérité qui a été confiée à l'Église catholique ».[Conc. OEcum. Vat. II, Décr. Unitatis redintegratio, n. 3.]
17. Il existe donc une unique Église du Christ, qui subsiste dans l'Église catholique, gouvernée par le successeur de Pierre et les Évêques en communion avec lui.58 Les Églises qui, quoique sans communion parfaite avec l'Église catholique, lui restent cependant unies par des liens très étroits comme la succession apostolique et l'Eucharistie valide, sont de véritables Églises particulières.59 Par conséquent, l'Église du Christ est présente et agissante dans ces Églises, malgré l'absence de la pleine communion avec l'Église catholique, provoquée par leur non-acceptation de la doctrine catholique du Primat, que l'Évêque de Rome, d'une façon objective, possède et exerce sur toute l'Église conformément à la volonté divine.60
En revanche, les Communautés ecclésiales qui n'ont pas conservé l'épiscopat valide et la substance authentique et intégrale du mystère eucharistique,[Conc. OEcum. Vat. II, Décr. Unitatis redintegratio, n. 22.] ne sont pas des Églises au sens propre ; toutefois, les baptisés de ces Communautés sont incorporés au Christ par le baptême et se trouvent donc dans une certaine communion bien qu'imparfaite avec l'Église.62
L’Église considère ainsi que la succession apostolique est si essentielle qu’aucun organisme chrétien ne peut être qualifié d’"Église" sans elle. C’est pourquoi les documents de Vatican II (et tous les documents officiels depuis) s’abstiennent d’appeler "Église" toute communauté qui n’a pas le charisme de la succession apostolique, les désignant simplement comme des "communautés ecclésiales". En réalité, cela signifie que seules les orthodoxes orientaux peuvent être considérés comme de véritables Églises.
Les sources scripturaires de la primauté papale et de la succession apostolique sont nombreuses :
MATTHIEU 16:18-19
« Et moi, je te dis : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. »
LUC 22:31-32
« Simon, Simon, voici, Satan vous a réclamés, pour vous cribler comme le froment. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Et toi, quand tu seras revenu, affermis tes frères. »
JEAN 1:42
Jésus le regarda et dit : « Tu es donc Simon, fils de Jonas ? Tu seras appelé Céphas » (ce qui signifie Pierre).
Jean 21:15-17
Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon Pierre : « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu plus que ne m’aiment ceux-ci ? » Il lui répondit : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. » Il lui dit : « Pais mes brebis. » Il lui dit une seconde fois : « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ? » Il lui dit : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. » Il lui dit : « Pais mes brebis. » Il lui dit une troisième fois : « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ? » Pierre fut attristé de ce qu’il lui avait dit pour la troisième fois : « M’aimes-tu ? » Il lui répondit : « Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime. » Jésus lui dit : « Pais mes brebis. »
Actes 15:7
Pierre se leva et leur dit : Frères, vous savez que dès les premiers jours Dieu m’a choisi parmi vous, afin que par ma bouche les païens entendissent la parole de l’Évangile et qu’ils croient.
S. Pierre recommande aux "anciens en fonction" de paître "le troupeau de Dieu qui leur est confié et aux "jeunes gens" d'être "soumis aux anciens" (1 P. 5, 1-2). Il invente la succession apostolique lorsque Judas, mort, il propose "qu'un autre prenne sa charge" (Ac 1,20), de prier le Seigneur, qui connait tous les coeurs, afin qu'il désigne par tirage au sort celui qui prendra, "dans le ministère apostolique, la place que Judas a désertée en allant à la place qui est désormais la sienne". Et c'est Matthias qui est élu. (Ac 1, 24-26)
Dans Epitre aux Corinthiens 44, S. Clément de Rome, Pape qui a connu St Pierre et St Paul, écrit :
"Nos apôtres ... au sujet de la dignité de l'épiscopat ... instituèrent les ministres ... et posèrent ... la règle qu'à leurs morts d'autres hommes éprouvés succéderaient à leurs fonctions."
Epitre de S. Clément de Rome, Pape, aux Corinthiens 44
L’Église romaine est la "présidente de l’alliance divine" chez Saint Ignace d'Antioche (Ier siècle)
C'est à Ignace que l'on doit le mot grec "kajolik´ov", "catholicos" pour définir l'Eglise de Jésus-Christ (Cf. Encyclopédie Universalis).
Selon Ignace, une vénération spéciale entoure déjà l'église de Rome dès la fin du Ier siècle.
Dans sa "Lettre aux Tralliens" (§3) (vers 107 ap. J.-C.), Ignace écrit :
"Que tous révèrent les diacres comme Jésus-Christ, comme aussi l'évêque, qui est l'image du Père, et les Presbytres (les prêtres) comme le sénat de Dieu et comme l'assemblée des Apôtres: sans eux, on ne peut parler d'Église . (Les Pères Apostoliques, Texte intégral, Sagesses Chrétiennes, Cerf, Paris 2012, p.178.)
Dans sa Lettre aux Romains, il précise que :
"Cette Église préside dans la région des Romains". (Les Pères Apostoliques, Texte intégral, Sagesses Chrétiennes, Cerf, Paris 2012, p. 185.)
Présider dans la région des Romains est autre chose que présider sur la région. L'Église de Rome préside. Il est difficile de ne pas voir dans ce texte une allusion à une prééminence de l'Église de Rome sur les autres Églises.
Saint Ignace d'Antioche, Lettre aux Smyrniotes (§8) (v. 107) :
"Suivez tous l'évêque, comme Jésus-Christ suit son Père, et le presbyterium comme les Apôtres; quant aux diacres, respectez-les comme la loi de Dieu. Que personne ne fasse, en dehors de l'évêque, rien de ce qui regarde l'Église. Que cette eucharistie seule soit regardée comme légitime, qui se fait sous la présidence de l'évêque ou de celui qu'il en aura chargé.
Là où paraît l'évêque, que là soit la communauté, de même que là où le Christ Jésus, là est l'Église catholique. Il n'est pas permis en dehors de l'évêque ni de baptiser, ni de faire l'agape, mais tout ce qu'il approuve, cela est agréable à Dieu aussi. Ainsi, tout ce qui se fait sera sûr et légitime." (Les Pères Apostoliques, Texte intégral, Sagesses Chrétiennes, Cerf, Paris 2012, p.207-208)
"l’ensemble des croyants de tous les pays, doit demeurer en accord avec l’Église de Rome." (Adversus haereses, III, 2.)
"Au plan de la discipline et surtout de la foi, l’Église de Rome est un modèle pour les autres Églises ; on y vient de partout." (Saint Irénée de Lyon, Adversus haereses, III, 2.)
"3,2. L'Eglise très grande, très ancienne et connue de tous, que les deux très glorieux apôtres Pierre et Paul fondèrent et établirent à Rome; [...] la Tradition qu'elle tient des apôtres et la foi qu'elle annonce aux hommes sont parvenues jusqu'à nous par des successions d'évêques, nous confondrons tous ceux qui, de quelque manière que ce soit, ou par infatuation, ou par vaine gloire, ou par aveuglement et erreur doctrinale, constituent des groupements illégitimes: car avec cette Église, en raison de son origine plus excellente, doit nécessairement s'accorder toute Église, c'est-à-dire les fidèles de partout, – elle en qui toujours, au bénéfice de ces gens de partout, a été conservée la Tradition qui vient des apôtres.
Vers l'an 180, Irénée donne comme premiers successeurs de saint Pierre et saint Paul respectivement Lin, Anaclet, Clément (Contre les hérésies, III, 3,3), version que l'on retrouve chez Eusèbe de Césarée (Histoire ecclésiastique, III, 2,13-15,21).
3,3. Donc, après avoir fondé et édifié l'Église, les bienheureux apôtres remirent à Lin la charge de l'épiscopat; c'est de ce Lin que Paul fait mention dans les épîtres à Timothée (II Tim 4,21). Anaclet lui succède. Après lui, en troisième lieu à partir des apôtres, l'épiscopat échoit à Clément. Il avait vu les apôtres eux-mêmes et avait été en relations avec eux: leur prédication résonnait encore à ses oreilles et leur Tradition, était encore devant ses yeux. Il n'était d'ailleurs pas le seul, car il restait encore à cette époque beaucoup de gens qui avaient été instruits par les apôtres." (Saint Irénée de Lyon, Adversus haereses, III, 2.)
La primauté papale au IIIe siècle
Tertullien (+ 220) écrivit :
‘’Qu’est-ce qui a pu être caché à Pierre, ainsi appelé parce que l’ Église devait être bâtie sur lui ; à Pierre, qui avait reçu avec la clé du royaume des cieux, le pouvoir de lier de délier, tant dans les cieux que sur la terre ?’’ (Prescription contre les hérétiques XXII ; PL2,34).
Tertullien considérait même que le Christ avait confié le privilège de lier et de délier uniquement à la personne de Pierre. Chose qu’il rappela ailleurs.
Saint Cyprien de Carthage (+258) est plus mesuré. Il dit aussi que le Christ a bâti l’Église sur Pierre mais qu’il a autant d’autorité apostolique que les autres apôtres, à ceci près qu’il est le premier parmi eux et qu’il en est le responsable, parce qu’il y a un seul responsable dans l’Église. Ainsi, les autres bergers doivent rester attachés et d’accord avec l’unité de Pierre, sans quoi l’on ne peut pas être de l’Église.
Origène (v. 254) répétait aussi plusieurs fois que Pierre était celui sur qui était édifiée l’Église du Christ. (Commentaire sur S. Jean, Livre V,3, SC 120, p. 176-177).
Origène se repentit de ses erreurs auprès du pape Fabien (milieu des années 200)
Selon Rufin d’Aquilée (344/45-411) et saint Jérôme (vers 342-47-420), Origène (vers 185-vers 253), l’éminent théologien du IIIe siècle originaire d’Alexandrie, en Égypte, s’est repenti de diverses erreurs doctrinales auprès de saint pape Fabien, qui fut pape de 236 à 250.
Le repentir d'Origène pour certaines de ses doctrines auprès du pape Fabien fournit une preuve solide que, dès le milieu des années 200, même des personnalités éminentes de l'Orient savaient que le pape possédait une autorité supérieure en matière doctrinale. Nous le démontrerons :
- En fournissant un contexte historique à la repentance d'Origène ;
- puis en citant la partie pertinente de l'Apologie de Rufin ;
- puis en résumant les conclusions que nous croyons pouvoir raisonnablement déduire de cet événement.
Contexte historique
Origène d'Alexandrie fut l'un des théologiens chrétiens les plus importants du IIIe siècle, ayant été un membre éminent de la célèbre école catéchétique d'Alexandrie.
Bien qu'une grande partie de ce qu'il avait à dire était parfaitement orthodoxe, certains de ses enseignements furent controversés non seulement à son époque, mais des siècles plus tard. Beaucoup d'entre eux furent condamnés à plusieurs reprises par divers conciles.
Une telle controverse a surgi entre Rufin d'Aquilée, philosophe, historien et théologien, et saint Jérôme, qui s'engagèrent dans une longue dispute sur les doctrines d'Origène, la pertinence de traduire ses œuvres, etc.
L'excuse de Rufin
C'est dans ce contexte que dans son Apologie (Livre 1, §44) 1, Rufin affirmait à saint Jérôme — citant Jérôme lui-même comme source — qu'Origène s'était repenti de diverses erreurs doctrinales auprès du saint Pape Fabien (236-250) :
Origène lui-même s’est repenti de ces doctrines et a envoyé un écrit à Fabien, alors évêque de Rome. Et pourtant, après ce repentir, et cent cinquante ans après sa mort, vous le traînez devant le tribunal et vous demandez sa condamnation. Comment est-il possible que vous receviez le pardon, même si vous vous repentez, si celui qui s’est repenti auparavant d’avoir émis ces doctrines n’obtient pas le pardon ? Il a écrit exactement comme vous l’avez écrit : il s’est repenti comme vous vous êtes repenti. Vous devez donc, ou bien être tous deux absous de votre repentir, ou bien, si vous refusez le pardon à un pénitent (ce que je ne désire pas que vous fassiez), être tous deux également condamnés.
De cette brève allusion au repentir d'Origène, nous croyons pouvoir conclure ce qui suit :
En ce qui concerne Rufin et saint Jérôme, Origène s'était repenti de ses erreurs doctrinales auprès du pape Fabien ; Ce repentir d’Origène est la preuve que, dès le milieu des années 200 au moins, on savait que le pape possédait une autorité supérieure en matière doctrinale ; Cette conclusion est probable, car même si Origène s’était repenti auprès de son propre évêque à Alexandrie (ce que d’autres rapports historiques disent qu’il a également fait), un tel repentir serait, à lui seul, suffisant si tous les évêques possédaient exactement la même autorité en matière de doctrine ; Mais comme il s’est également repenti auprès d’un pape qui était très éloigné de lui, il est tout à fait logique de conclure que le pape possédait une sorte d’autorité supérieure en matière de doctrine.
Cf Philip Schaff et Henry Wace (dir.), Nicene and Post-Nicene Fathers, Second Series, Vol. 3 : Théodoret, Jérôme, Gennadius, Rufinus : Historical Writings, etc. (Peabody, MA : Hendrickson Publishers, 2012), 459.
‘’Pierre, prince des apôtres, a été pour nous comme une pierre solide sur laquelle la foi du Seigneur est appuyée comme sur un fondement, sur laquelle l’Église a été construite de toutes manières, ce fut surtout parce qu’il confessa le Christ fils du Dieu vivant qu’il entendit à son tour : sur cette pierre de foi solide j’édifierai mon Église.’’ (Haeres., 59)
‘’Pierre a le primat de la fonction apostolique.’’ (Commentaire de Matthieu 7,6 in Sources chrétiennes 254, p. 184-185). Il répète que Pierre ‘’devient alors la pierre d’assise sur laquelle l’Église est bâtie, et reçoit les clés du royaume des cieux.’’ (La Trinité, Livre VIIe, 20. PL 10, 172)
S. Ephrem le Syrien (+ 373) dit :
‘’si le Christ est la lumière saint Pierre est son chandelier.’’ (Sermon XI, Méquignon-Havard 1842, Enconium Petrum et Paulum) Et que le Christ a fait de lui la fondation de sa Sainte Église et qu’il l’a appelé Pierre parce qu’elle supportera toutes ces constructions. Et si quelqu’un cherchait à construire quelque chose de faux, c’est lui, le fondement, qui le condamnerait. Il dit aussi qu’il est ‘’la tête de la fontaine d’où découle tous les enseignements'' et qu’il est le "chef de ses disciples". Ce sera à travers lui qu’"il donnera à boire à tous les peuples". Il dit l’avoir "choisi comme premier-né de son institution" et qu’il lui a "donné toute autorité sur son trésor."
Saint Cyrile de Jérusalem (+386) l’identifie comme ‘’le prince des apôtres’’, ainsi que ‘’leur chef’’.
Saint Grégoire de Nysse (+394) dit aussi qu’il est le chef des apôtres et que l’Église est glorifiée avec lui parce qu’elle est établie avec lui. (seconde homélie sur S. Etienne, protomartyr, PG 46, col. 733-734.)
S. Ambroise (+397) dit qu’‘’en l’appelant Pierre, il l’a déclaré être la fondation de l’Église’’ (Traité de la foi, Livre IV, chapitre 5, PL 16, col 628.)
Dans les Actes du Concile d'Éphèse (431), il était aussi déclaré que Pierre était ''le prince et la tête des apôtres, le pilier de la foi et la fondation de l'Église catholique."
Un historien païen reconnaît « l’autorité supérieure de l’évêque de la Ville éternelle » (vers 355)
Cet « instantané papal » concerne la reconnaissance de « l’autorité supérieure de l’évêque de la Ville éternelle » par l’historien païen Ammien Marcellin, à propos d’un événement qui a eu lieu en 355.
Notre feuille de route est la suivante :
Notre thèse est que ce récit fournit une bonne preuve qu'au milieu du IVe siècle, l'autorité supérieure du pape était connue non seulement des historiens païens, mais aussi des empereurs romains favorables aux Ariens, comme Constance (qui est mentionné par Ammien). Nous le démontrerons en :
Fournir un contexte historique aux événements décrits ; puis
Citant le récit d'Ammianus Marcellinus ; alors
Résumant les conclusions que nous croyons pouvoir raisonnablement déduire de ce récit.
Contexte historique
Au lendemain du concile de Nicée en 325, la division doctrinale entre catholiques et ariens continua de diviser le monde romain. L'un des plus grands défenseurs de la définition de Nicée qui affirmait la divinité du Christ fut saint Athanase d'Alexandrie. Il fut la cible constante des complots ariens et fut exilé de son diocèse au moins cinq fois.
À l’époque de l’événement rapporté par Ammien Marcellin, saint Athanase avait été condamné par plusieurs conciles d’évêques orientaux, dont le synode de Tyr en 335 et le synode d’Antioche en 341. Le synode auquel il est fait référence ici est le synode de Milan en 355, qui devait à l’origine être un concile général comme celui de Nicée, car l’empereur Constance – qui était empereur de tout l’empire, et pas seulement de l’Occident – désirait obtenir une uniformité doctrinale dans tout l’empire. Après le synode, qui fut coopté par les ariens et condamna saint Athanase, Constance demanda au pape Libère d’approuver la sentence prononcée contre lui. Il refusa et, en réponse, l’empereur le bannit de Rome. L’historien de l’Église Sozomène mentionne également l’incident. 1 Saint Athanase discute également de cet incident et d’autres incidents liés à la persécution du pape Libère, et observe : « Ces hommes impies [les ariens] raisonnaient ainsi entre eux : « Si nous pouvons persuader Libère, nous vaincrons bientôt tous. » 2
Le récit d'Ammianus Marcellinus
Ammien Marcellin (vers 330-vers 390-400) était un historien romain païen du IVe siècle. Son ouvrage, Res gestae (« Choses faites »), fournit une anecdote intéressante sur les événements historiques susmentionnés qui jette un éclairage sur l’autorité papale (Livre 15, Ch. 7) 3 :
Sous le règne de Léonce, Libère, évêque chrétien, fut cité à comparaître devant le tribunal impérial. Il s’était opposé aux ordres de l’empereur et à la décision de la majorité de ses confrères sur une question que je vais aborder brièvement. Athanase, alors évêque d’Alexandrie, dont on disait qu’il avait des idées au-dessus de sa position et qu’il fouinait dans des affaires qui n’étaient pas de son ressort, avait été destitué de sa charge par une assemblée des fidèles de la même foi, réunie en synode. On prétendait qu’il était versé dans l’interprétation des oracles et du vol des oiseaux, et qu’il avait à plusieurs reprises prédit les événements futurs ; on lui reprochait aussi d’avoir d’autres pratiques contraires aux principes de la foi dont il était le gardien. Libère partageait les opinions de ses confrères, mais lorsque l’empereur lui ordonna de signer le décret destituant Athanase de sa charge sacerdotale, il refusa obstinément. Il déclara qu'il était parfaitement injuste de condamner un homme sans l'avoir vu et sans l'avoir entendu, et il défia ouvertement les vœux de l'empereur. Constance, qui était toujours hostile à Athanase, savait que la sentence avait été exécutée, mais il était extrêmement désireux de la faire confirmer par l'autorité supérieure de l'évêque de la Ville Éternelle. N'y parvint pas, et il réussit de justesse à faire déporter Libère à la faveur de la nuit . Ce fut une affaire très difficile à cause de la forte affection que lui portait le public.
De cette anecdote, nous pouvons discerner trois faits relatifs à l’autorité papale :
D'abord, Ammien, un païen, connaissait l'autorité supérieure du pape, et la rapporte sans avoir besoin de l'expliquer.
Deuxièmement, l'empereur Constance, allié des ariens, était lui aussi conscient de l'autorité supérieure du pape. D'où sa tentative de coopter le pape Libère à des fins ariennes.
Enfin, la référence d'Ammien à « l'autorité supérieure de l'évêque de la Ville éternelle » signifie que lui et Constance croyaient (ou du moins savaient que de nombreux chrétiens croyaient) que l'autorité papale était supérieure à celle d'au moins un synode d'évêques, qui dans ce cas comprenait – et fut finalement coopté par – des évêques d'Orient. Le comportement de Constance après le refus de Libère de condamner saint Athanase semble confirmer cela.
Saint Jérôme et la seule véritable Église construite sur le roc de Pierre et de ses successeurs à Rome (vers 376/377)
Cet « instantané papal » concerne les affirmations extraordinaires sur l’autorité papale faites par saint Jérôme dans une lettre écrite au saint pape Damase vers 376/77.
Notre feuille de route est la suivante :
Notre thèse est que la lettre de Jérôme fournit une preuve très solide d'une compréhension catholique de la papauté. Nous le démontrerons en :
En fournissant un bref contexte historique pour la lettre de saint Jérôme ; puis
Citant des sections pertinentes de sa lettre 15 au saint pape Damase ; puis
Montrant que ses affirmations explicites et ses hypothèses implicites témoignent d'une vision très élevée, et en effet catholique, de l'autorité papale ;
Résumant les conclusions que nous croyons pouvoir raisonnablement déduire de sa lettre.
Contexte historique
Saint Jérôme est né dans les années 340, dans la région de l'actuelle Croatie, et est décédé le 30 septembre 420 à Bethléem, en Terre Sainte. Bien qu'il ait vécu une grande partie de sa vie en Occident (principalement à Rome), il a passé les 40 dernières années de sa vie en Orient, mourant dans un monastère de Bethléem.
Il écrivit sa Lettre 15 au saint pape Damase vers l'an 376/77 depuis l'Orient, et posa au pape deux questions principales :
Tout d'abord, une question liée à ce qui fut plus tard connu sous le nom de schisme de Mélétios, à savoir, qui est le véritable évêque d'Antioche (parmi trois prétendants, dont un homme nommé Mélétios) ?
Deuxièmement, une question de théologie trinitaire : quelle est la terminologie correcte en ce qui concerne les « hypostases » en Dieu ? S’agit-il de trois ou d’une seule ?
Nous n’entrerons pas dans les détails du schisme mélétien, ni de la question théologique trinitaire soulevée par Jérôme. Mais il est important de reconnaître qu’il s’adresse au pape pour obtenir une réponse faisant autorité sur les deux questions – la première étant juridictionnelle, la seconde doctrinale. Cela est très significatif lorsqu’il s’agit de la question de l’autorité papale.
Lettre 15 de saint Jérôme au saint pape Damase (vers 376/377)
Nous passons maintenant à la lettre elle-même, que Jérôme ouvre en expliquant au Pape son besoin de conseils au milieu du chaos à l’Est (§1) :
Puisque l’Orient, déchiré par les querelles qui perdurent entre ses peuples, déchire peu à peu en lambeaux la tunique sans couture du Seigneur, « tissée de haut en bas » ( Jn 19,23 ), puisque les renards détruisent la vigne du Christ ( Ct 2,15 ), et puisque parmi les citernes crevassées qui ne retiennent pas l’eau, il est difficile de découvrir « la source scellée » et « le jardin clos » ( Ct 4,12 ), je crois qu’il est de mon devoir de consulter la chaire de Pierre et de me tourner vers une église dont la foi a été louée par Paul [ Rom 1,8 ]. Je demande la nourriture spirituelle à l’église d’où j’ai reçu le vêtement du Christ [baptême ; cf. Gal 3,27 ]. Le vaste espace de mer et de terre qui nous sépare ne peut me dissuader de rechercher « la perle de grand prix » ( Mt 13,46 ). «Où que soit le corps, là s’assembleront les aigles» ( Mt 24, 28 ). Les mauvais enfants ont dilapidé leur patrimoine; vous seuls conservez votre héritage intact. La terre fertile de Rome, quand elle reçoit la pure semence du Seigneur, porte du fruit au centuple; mais ici [à l’Est] le grain de semence est étouffé dans les sillons et il ne pousse que l’ivraie ou l’avoine [ Mt 13, 22-23 ]. A l’Ouest, le Soleil de justice [ Ml 4, 2 ] se lève déjà; à l’Est, Lucifer, tombé du ciel [ Lc 10, 18 ], a de nouveau placé son trône au-dessus des étoiles [ Es 14, 12 ]. «Vous êtes la lumière du monde» ( Mt 5, 14 ), «vous êtes le sel de la terre» ( Mt 5, 13 ), vous êtes «des vases d’or et d’argent». Ici sont des vases de bois ou de terre [ 2 Tim. 2:20 ], qui attendent la verge de fer [ Apoc. 2:27 ], et le feu éternel.
Le fait que Jérôme fasse appel au pape au sujet d’un conflit en Orient est en soi une indication de sa conviction que le pape détient une sorte de juridiction universelle. Notez que Jérôme croit clairement qu’en consultant le pape, il consulte « la chaire de Pierre », qu’il associe à la seule véritable Église et qu’il considère comme remarquable par sa fidélité (voir le témoignage chrétien ancien et unanime selon lequel saint Pierre a établi son trône apostolique à Rome ici ).
Jérôme continue (§2) :
Mais si ta grandeur m'effraie, ta bonté m'attire. Au prêtre j'exige la protection de la victime, au berger la protection due aux brebis.
En décrivant le pape comme un « berger » capable de protéger les brebis de l’Est, Jérôme reconnaît implicitement une certaine forme de juridiction universelle. Cela devient très clair dans ce qui suit :
Mes paroles s’adressent au successeur du pêcheur [saint Pierre], au disciple de la croix. Comme je ne suis d’autre chef que le Christ, ainsi je ne communie qu’avec votre béatitude, c’est-à-dire avec la chaire de Pierre. Car c’est là, je le sais, le roc sur lequel l’Église est bâtie [ Mt 16, 18 ] ! C’est là la maison où seule l’agneau pascal peut être mangé correctement [ Ex 12, 22 ]. C’est là l’arche de Noé, et celui qui ne s’y trouve pas périra quand le déluge prévaudra [ Gn 7, 23 ]… C’est pourquoi je suis ici les confesseurs égyptiens [catholiques expulsés par l’empereur Valens] qui partagent votre foi, et qui ancrent ma frêle embarcation à l’ombre de leurs grandes argosies [grands navires]. Je ne sais rien de Vitalis ; je rejette Mélétius ; je n’ai rien à voir avec Paulin [les prétendants rivaux au siège d’Antioche]. Qui ne rassemble pas avec vous disperse [ Mt 7, 23]. 12:30 ]; celui qui n’est pas de Christ est de l’Antéchrist.
Ces paroles se rapportent à la question juridictionnelle de Jérôme, à savoir : qui doit-il considérer comme faisant partie de l'Église parmi un groupe de prétendants rivaux au trône épiscopal d'Antioche ? Il croit que seul le pape peut lui fournir une réponse faisant autorité à cette question. Comme le montrent clairement le reste de ses paroles, Jérôme croit que la véritable Église est celle qui est en communion avec le successeur de Pierre, le rocher, à savoir le pape de Rome. Être en dehors de cette communion, c'est être en dehors de l'Église et du côté de l'Antéchrist.
Jérôme fournit ensuite plus de détails sur la controverse en question (§3) :
En ce moment, je suis désolé de le dire, ces ariens, les Campenses [le parti de Mélétius à Antioche, qui adorait hors de la ville], essaient d’extorquer à moi, chrétien romain, leur formule inouïe… Et cela aussi après la définition de Nicée et le décret d’Alexandrie [qui permettait d’interpréter trois hypostases de manière catholique, mais ne l’encourageait pas], auxquels l’Occident s’est rallié. Où sont, je voudrais savoir, les apôtres de ces doctrines ? Où est leur Paul, leur nouveau docteur des Gentils ?
Le reste du contexte indique que les hérétiques qui ont affronté Jérôme ont affirmé que les « trois hypostases » signifiaient que Dieu avait trois natures, plutôt qu’une nature en trois personnes, comme cela avait été enseigné à Nicée et dans d’autres conciles orthodoxes. Jérôme considère que de telles nouveautés sont offensantes pour « un chrétien romain », ce qu’il associe, comme nous l’avons vu, à la fidélité et à la pureté doctrinales. Le conflit tourne autour du langage ambigu que les hérétiques tentent d’utiliser contre lui.
Au milieu de cette controverse doctrinale, Jérôme passe à sa deuxième question, la question doctrinale, dans laquelle il fait appel au pape pour une clarification doctrinale, et fait à nouveau une affirmation remarquable qui indique une très haute vision de l'autorité papale (§4) :
Si vous le jugez bon, édictez un décret, et alors je n’hésiterai pas à parler des trois hypostases. Ordonnez un nouveau credo pour remplacer celui de Nicée ; et alors, que nous soyons ariens ou orthodoxes, une seule confession suffira pour nous tous… Ou bien, si vous jugez bon que je parle de trois hypostases, en expliquant ce que j’entends par elles, je suis prêt à m’y soumettre.
Jérôme affirme très explicitement que le pape a l'autorité de décréter un nouveau credo pour toute l'Église, et affirme qu'il se soumettrait à un tel décret. Un tel credo, émis par le pape seul, remplacerait même le credo de Nicée lui-même, comme il le déclare ouvertement. Cela contredit catégoriquement toute notion purement conciliaire de l'Église et de son autorité, et est bien plus proche de la définition de l'autorité papale promulguée par Vatican I.
Dans la conclusion de sa lettre, Jérôme implore une fois de plus le pape de clarifier non seulement la question doctrinale, mais aussi la question ecclésiale en question. Quelle doctrine doit-il croire et avec qui doit-il être en communion en Orient ? Il s'agit d'une question à laquelle, selon lui, seul le pape de Rome peut apporter une réponse (§5) :
Je vous prie donc de m’autoriser par lettre, par le Sauveur crucifié du monde et par la Trinité consubstantielle, à employer ou à refuser cette formule des trois hypostases. Je vous prie aussi de m’indiquer avec qui je dois communier à Antioche. Non, je l’espère, avec les Campenses ; car eux – et leurs alliés les hérétiques de Tarse [probablement des semi-ariens ou des Macédoniens, conduits par Silvain de Tarse] – ne désirent communier avec vous que pour prêcher avec plus d’autorité leur doctrine traditionnelle des trois hypostases.
Un dernier détail à noter à propos de la conclusion de Jérôme est le suivant : même les sectes hérétiques/schismatiques d’Orient ont reconnu que si elles obtenaient l’approbation papale, elles pourraient « prêcher avec une plus grande autorité ».
Conclusions
Nous croyons pouvoir tirer les conclusions suivantes de la lettre de saint Jérôme au saint pape Damase :
Jérôme croyait que la fonction papale avait été instituée directement par le Christ et représentait le « rocher » de saint Pierre dans la personne de ses successeurs.
En tant que tel, le pape de Rome, en tant que successeur direct de saint Pierre, détient la plus haute fonction dans l’Église.
Cette fonction confère au Pape une juridiction universelle sur l'Orient et l'Occident, et lui confère l'autorité de régler les questions doctrinales et ecclésiales, jusqu'à et y compris l'émission de nouveaux credos pour toute l'Église qui remplaceraient même ceux d'un concile œcuménique.
La communion avec le pape est donc essentielle pour faire partie de la seule véritable Église que le Christ a établie et qu'il a promis de protéger. Être en dehors de la communion du pape, c'est être en dehors de l'Église du Christ. Jérôme décrit la communion du pape comme le rocher sur lequel l'Église est construite ; comme l'arche de Noé qui résistera au déluge ; et comme la seule maison d'Israël dans laquelle l'agneau pascal (l'Eucharistie) peut être mangé à juste titre.
Même les sectes hérétiques/schismatiques d’Orient ont reconnu que l’approbation papale de leur enseignement leur conférait « une plus grande autorité ».
Enfin, bien que Jérôme n’affirme pas explicitement l’infaillibilité papale, une telle doctrine découlerait sans doute et nécessairement de sa croyance que la papauté est divinement établie, universelle et prééminente dans son autorité sur l’Église, et le rocher de l’Église qui ne sera jamais vaincu par l’Enfer.
‘’C’est sur le roc de cette foi confessée par S. Pierre que le Christ a bâti son Église (Cf. Mt 16,18) (S. Léon, Serm. 4,3 : PL 54, 151 ; 51,1 : PL 54, 309 B ; 62,2 : PL 350C-350A ; 83,3 : PL 54, 432A) Pierre avait confessé : ‘’Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant’’. Notre Seigneur lui répondit alors : ‘’Tu est Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les Portes de l’Hadès ne tiendrot pas contre elle’’ (Mt 16,18).
De la même façon Le Chist ‘’Pierre vivante’’ (1P 2,4) est fondement de l’Église car c’est bien parce que le Christ fait de Pierre une pierre de fondation qu’il peut être appelé fondement.
Tous les premiers chrétiens partageaient ces affirmations sans les juger contradictoires et c’est même en raison de son siège apostolique que Rome et ses évêques ont été considérés comme proéminents dans l’Église.
Le Christ assure à son Église bâtie sur Pierre la victoire sur les puissances de mort. Pierre en raison de la foi confessée en lui, demeurera le roc inébranlable de l’Église. Il aura mission de garder cette foi de toute défaillance et d’y affermir ses frères (Cf. Lc 22,32.)"
L’Église honore le 10 décembre la mémoire d’une de ses plus valeureuses martyres, qui courut au supplice pour témoigner du vrai Dieu. Défiant ses juges et ses bourreaux, elle résista à toutes les tortures avant de mourir ébouillantée, ensevelie dans la neige.
Il fait froid, ce début d’hiver 303 en Estrémadure. Pourtant, malgré la bise mordante, par ce matin glacial du 7 décembre, deux très jeunes filles, presque des enfants car elles n’ont pas encore treize ans, se hâtent sur la route de Mérida. L’une, Eulalie, prénom grec signifiant "Bien disante", est la fille unique d’un patricien de cette ville, Libère ; l’autre, Julia, une petite esclave élevée avec elle et devenue son inséparable. Depuis quelques semaines, la terreur règne à Mérida. En charge de l’empire d’Occident, Maximien, décidé à éradiquer le christianisme, a donné des ordres féroces pour identifier les chrétiens, les contraindre à renier leur foi, et mettre à mort, dans les pires tourments, afin d’impressionner les autres, ceux qui refusent d’abjurer.
Brûlant de témoigner
Un certain Datianus, haut magistrat, s’est vu confier l’organisation de tribunaux d’exception aux méthodes expéditives et il met du cœur à l’ouvrage. Telle est la raison pour laquelle Libère, chrétien, a voulu éloigner Eulalie et sa compagne de la ville. Il connaît sa fille, redoute son caractère exalté qui pourrait la pousser à des actes inconsidérés. Et puis, son unique enfant a voué sa virginité au Christ et proposer le mariage aux adolescentes suspectées d’être chrétiennes et de ne vouloir d’autre époux que leur Dieu est un moyen usuel pour les amener à confesser leur foi.
Depuis des semaines, Eulalie et Julia sont recluses dans une propriété campagnarde, loin de Mérida. Mais pas assez pour qu’elles ignorent ce qui s’y passe et brûlent de témoigner, elles aussi. Alors, la veille au soir, échappant à la surveillance des domestiques, elles se sont enfuies et ont repris le chemin de la ville. Comme poussée par une force intérieure, Eulalie dévore la route, Julia sur les talons, si pressée de la rejoindre qu’elle parvient à la dépasser dans leur émulation enfantine ; en doublant son amie, elle crie : "Tu as beau te hâter, j’arriverai avant toi !" Prophétie qui sera tôt réalisée.
Elle renverse les idoles
Lorsque les adolescentes arrivent à Mérida, Datianus siège à son tribunal, au forum, et auditionne les prévenus accusés de christianisme. Afin de les impressionner, il s’est entouré de bourreaux qui exhibent les instruments de supplice, assez terrifiants pour que beaucoup, saisis de panique, acceptent de sacrifier aux idoles dont les statues trônent sur un autel portatif. À cette vue, Eulalie est indignée et, s’avançant vers le magistrat, elle le défie, moquant les divinités muettes et aveugles, impuissantes, qu’il veut forcer à adorer. Provocante, elle ose les renverser, blasphème passible de mot, et déclare : "Il n’y a qu’un Dieu et j’ai assez vécu sur terre pour être pressée d’aller vivre dans le Ciel."
Embarrassé, car on l’a informée que l’insolente appartient à une grande famille de la région, touché, aussi, de sa beauté, son courage, son air enfantin, il tente de la raisonner, feignant de ne pas prendre ses actes au sérieux. Elle ne sait pas ce qu’elle fait, ni ce qu’elle risque mais Eulalie le détrompe, en des termes qui prouvent sa maturité. N’ayant plus le choix, et parce que la procédure le prévoie, pour donner une chance à l’accusée de se rétracter, avant de l’envoyer réfléchir une nuit en prison, Datianus ordonne de la flageller et, car il connaît la pudeur des chrétiennes, il ordonne que la jeune fille soit dévêtue avant d’être fouettée. Eulalie subit tout sans broncher. Dans l’espoir de la fléchir, et parce que l’on ne s’encombre pas d’une esclave, le juge ordonne de mettre Julia à mort sous ses yeux, réalisant la prophétie de la petite qui arrive, en effet, première au Ciel.
Le juge déploie les pires moyens
Le lendemain, Eulalie reste ferme dans la foi et Datianus passe aux choses sérieuses. La veille, elle a été battue de verges, maintenant, c’est à coups de flagrum, le fouet aux lanières terminées par des billes de plomb de la flagellation du Christ qu’elle est frappée. Son corps frêle est labouré de coups horribles mais elle dit : "Merci d’imprimer ainsi dans ma chair les blessures triomphales de mon Seigneur !" Décidé à venir à bout de cette gamine, le juge déploie les pires moyens. Il ordonne de l’ébouillanter lentement, puis de verser du plomb fondu sur ses plaies. C’est si atroce que les spectateurs détournent les yeux, bouleversés, ou pleurent.
Eulalie, quant à elle, en extase, paraît ne rien sentir et même, à la stupeur de ses tourmenteurs, ses blessures se referment tandis que, de son corps supplicié émane une lumière éblouissante. Comme s’il voulait dissiper l’effet produit sur la foule par ces prodiges, Datianus renchérit dans la violence, ordonne de brûler Eulalie à petit feu avec des torches ardentes qui consument sa chair jusqu’à l’os. La martyre, sans une plainte, lève les yeux vers le magistrat et lance : "Regarde-moi bien, juge cruel, car je te jure que tu me reverras un jour au tribunal suprême, moi pour y gagner le prix de mes souffrances, toi pour en répondre à jamais !"
Son corps martyr est intact
Datianus envoie alors Eulalie au bûcher. À peine y est-elle montée qu’elle expire doucement. Son cadavre nu et mutilé est abandonné aux bêtes mais Dieu ne permet pas que, même morte, sa chaste épouse soit profanée par des regards impurs. La neige se met à tomber en abondance, l’ensevelissant sous un linceul blanc. Quand il fondra, chacun constatera que le corps de la martyre ne conserve nulle trace des supplices infligés. La basilique bâtie sur son tombeau à Mérida a été, jusqu’aux invasions wisigothes puis arabes, l’un des premiers sanctuaires d’Espagne.
Eulalie est la patronne de Barcelone, de Bordeaux et de Montpellier.
Certains historiens déclarent désormais que sainte Eulalie de Barcelone et sainte Eulalie de Mérida sont en réalité une seule et même personne. En revanche, le Cantilène de sainte Eulalie est bien attribué à Eulalie de Mérida, jeune fille espagnole qui a dénoncé la barbarie romaine à l’encontre des chrétiens.
Différence entre sainte Eulalie de Mérida et sainte Eulalie de Barcelone
Sainte Eulalie de Mérida est fêtée le 10 décembre.
Sainte Eulalie de Barcelone est célébrée le 12 février.
Les deux jeunes filles sont nées la même année, ont la même enfance, et donc la même histoire. Elles ont toutes deux dénoncé les agissements des romains envers les chrétiens. C’est ce qui cause leur perte.
Les deux histoires racontent qu’une colombe s’est échappée de leurs bouches au moment de leur dernier souffle, ce qui atteste de leur sainteté et de leur pureté. Elles sont mortes la même année, toutes les deux en Espagne, mais dans des régions différentes.(3)
En 250, l'empereur Dèce décide de rendre obligatoire le culte impérial. Les chrétiens seront condamnés s'ils refusent de se convertir.
Saturnin, prêtre, avec ses quatre enfants : Saturnin le jeune et Félix, tous deux lecteurs, Marie, vierge consacrée, et le petit Hilarion. Le sénateur Dativus, Félix ; un autre Félix, Émérite et Ampelius, lecteurs. Rogatien, Quintus, Maximien ou Maxime, Telica ou Tazelita, un autre Rogatien, Rogatus, Janvier, Cassien, Victorien, Vincent, Cécilien, Restitute, Prima, Éve, encore un autre Rogatien, Givalius, Rogatus, Pomponia, Secunde, Januaria, Saturnine, Martin, Clautus, Félix le jeune, Marguerite, Major, Honorata, Regiola, Victorin, Peluse, Fauste, Dacien, Matrone, Cécile, Victoire, vierge de Carthage, Berectina, Secunde, Matrone, Januaria. (Martyrologe Romain)
L'an 304, lorsque l'empereur Dioclétien interdit aux chrétiens, sous peine de mort, de posséder les Écritures, de se réunir le dimanche pour célébrer l'Eucharistie et de construire des lieux pour leurs assemblées.
À Abitène, une petite ville située dans la province romaine d'Afrique proconsulaire (actuelle Tunisie), 49 chrétiens furent surpris un dimanche alors que, réunis dans la maison d'Octave Félix, ils célébraient l'Eucharistie, bravant ainsi les interdictions impériales. Arrêtés à Abitène, ils furent conduits à Carthage pour être interrogés par le Proconsul Anulinus. La réponse, parmi d'autres, qu'un certain Eméritus donna au Proconsul qui lui demandait pourquoi ils avaient transgressé l'ordre sévère de l'empereur, est significative. Il répondit : "Sine dominico non possumus" : sans nous réunir en assemblée le dimanche pour célébrer l'Eucharistie, nous ne pouvons pas vivre. Les forces nous manqueraient pour affronter les difficultés quotidiennes et ne pas succomber.
Après d'atroces tortures, ces 49 martyrs d'Abitène furent mis à mort. Ils confirmèrent ainsi leur foi, à travers l'effusion de leur sang. Ils moururent, mais ils vainquirent : nous les rappelons à présent dans la gloire du Christ ressuscité.
Les martyrs d'Abitène représentent une expérience sur laquelle nous, chrétiens du XXI siècle, devons réfléchir. Pour nous non plus, il n'est pas facile de vivre en chrétiens, même s'il n'y a pas ces interdictions de l'empereur. Mais, d'un point de vue spirituel, le monde dans lequel nous nous trouvons, souvent marqué par une consommation effrénée, par l'indifférence religieuse, par un sécularisme fermé à la transcendance, peut apparaître comme un désert aussi aride que celui "grand et redoutable" (Dt 8, 15) dont nous a parlé la première lecture, tirée du Livre du Deutéronome.
"Comment pourrions-nous vivre sans Lui ?". Nous entendons retentir dans ces paroles de saint Ignace l'affirmation des martyrs d'Abitène : "Sine dominico non possumus".
PRATIQUE. Retrouvons aujourd'hui nous aussi la conscience de l'importance décisive de la Célébration dominicale et sachons tirer de la participation à l'Eucharistie l'élan nécessaire pour un nouvel engagement dans l'annonce au monde du Christ "notre paix" (Ep 2, 14).
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Sources : (1) Homélie du Pape Benoît XVI à Bari pour la Clôture du XXIVe Congrès Eucharistique Italien, Dimanche 29 mai 2005, L'Evangile au quotidien; (2) wikipedia; (3) Nominis; (4) Reflexion chrétienne
Le 11 février 1858, près du village pyrénéen de Lourdes, une jeune femme serait apparue à Bernadette Soubirous, dans une grotte appelée Massabielle.
Selon ses dires, la petite bergère assista dans les semaines qui suivirent à plusieurs apparitions du même type.
Au cours de l'une d'elles, la Dame lui confia (en gascon) : Que soy era immaculada councepciou ("Je suis l'Immaculée Conception"), c'est-à-dire épargnée par le péché originel dès sa conception à la différence des autres humains depuis Adam et Ève.
La bergère rapporta ces mots à son curé sans savoir que le pape Pie IX avait proclamé quatre ans plus tôt le dogme de l'Immaculée Conception à propos de Marie, la mère du Christ. (1)
Proclamée Immaculée dans sa Conception le 8 décembre 1854, Marie apparut quatre ans plus tard, en 1858, à dix-huit reprises, du 11 février au 16 juillet, à une petite fille de Lourdes.
L'enfant, ignorante et candide, s'appelait Bernadette. La Vierge paraissait dans une grotte sauvage, la grotte de Massabielle. Son visage était gracieux et vermeil ; elle était enveloppée dans les plis d'un long voile blanc ; une ceinture bleue flottait autour d'elle ; sur chacun de ses pieds brillait une rose épanouie. L'enfant regarda longtemps, elle prit son chapelet et le récita pieusement. L'apparition lui demanda de revenir. (2)
La seizième fois, le 25 mars 1858, Bernadette supplia la vision de se faire connaître. Alors, l'être mystérieux, joignant les mains devant sa poitrine, et revêtant une majesté toute divine, disparut en disant : "Que soy era immaculada councepciou" ("Je suis l'Immaculée Conception").
À partir de cette époque, la ville de Lourdes devenait immortelle. Des foules immenses viennent, selon le désir exprimé par l'apparition, saluer la Vierge Immaculée dans sa grotte bénie et dans les splendides sanctuaires érigés à sa demande et en son honneur, sur le flanc de la montagne. De nombreux et éclatants miracles ont récompensé et récompensent toujours la foi des pieux pèlerins ; et chaque jour ce grand mouvement catholique va croissant ; c'est par centaines de milliers, chaque année, que les dévots de Marie affluent, à Lourdes, de toutes les parties du monde.
Notre-Dame de Lourdes, Image pieuse populaire, XIXe siècle, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 95.
La mémoire de ces apparitions a été inscrite au calendrier romain en 1907.
Mémoire de Notre-Dame de Lourdes. En 1858, trois ans après la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception, une toute jeune fille, sainte Bernadette Soubirous, contempla à plusieurs reprises la Vierge Marie dans la grotte de Massabielle au bord du Gave, près de Lourdes, devenue dès lors un lieu vénéré par des foules innombrables de fidèles. (3)
La piété catholique a multiplié les histoires et les notices de Notre-Dame de Lourdes ; mille et mille cantiques de toutes langues ont été chantés au pied de la grotte bénie ; partout, en France et dans toutes les parties du monde, se sont multipliées les représentations de la grotte de Lourdes et de sa basilique, les images et les statues de la Vierge Immaculée. Les féeriques processions aux flambeaux, les merveilleuses illuminations, les grandioses manifestations qui s'y renouvellent souvent, ont fait de Lourdes comme un coin du Paradis.
Notre-Dame de Lourdes, Virgilio Tojett 1877
Sources : 1; 2; 3; 4; Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011.
Au temps où Padoue était aux mains d’Ezzelino, un tyran féroce et prompt au meurtre, Arnaud Cataneo, abbé du monastère de Sainte Sabine, dut se réfugier dans une grotte voisine pour échapper à une mort certaine. Quand l’empereur Frédéric II vint délivrer la ville, Arnaud l’accueillit joyeusement. Mais quand Ezzelino reprit le contrôle de la région, le bienheureux Arnaud fut arrêté, jeté dans un infect cachot où il mourut après huit années de souffrances et d’isolement. [1]
Quand Arnaud Cataneo, issu d'une grande famille de noblesse ancienne et aisée de Padoue (Vénétie, Italie), devient moine bénédictin de l'abbaye Sainte-Justine de Padoue et en est élu abbé deux ans plus tard, en 1209, à l'âge de 24 ans, la région connait d'importantes luttes de pouvoir entre guelfes et gibelins (Welf opposés à la maison de Hohenstaufen). Arnaud Cataneo s'oppose au tyran Ezzelino III da Romano, seigneur gibelin de Padoue, Vérone, Vicence et Brescia (surnommé le Féroce, remarqué par sa cruauté, qualifié de monomaniaque de la terreur, et de fils du diable), excommunié à deux reprises par le pape Innocent IV. L'opposition d'Arnaud Cataneo et son influence spirituelle contrarient Ezzelino III qui le fit condamner à mort. Il se réfugia alors dans une grotte voisine, d'où il ressortit en 1238 lorsque l'empereur germanique Frédéric II délivra la ville. Mais Ezzelino reprit le contrôle de la région ; il fit arrêter Cataneo en 1246, et le fit enfermer dans un cachot de sa forteresse d'Asolo, en Vénétie, nourri au pain et à l'eau [2], où il mourut le 10 février 1255, après huit années de martyre, de persécution, de souffrances et d’isolement. [3]Au moment de sa mort, deux flambeaux ardents auraient été vus descendre du ciel et resplendir sur le château.
Tombe de S. Arnaud à la basilique Sainte-Justine de Padou
Depuis le 14 mars 1562, son corps repose dans un autel baroque d'une des chapelles de la basilique Sainte-Justine de Padoue.
Béatifié par l'Église catholique, Arnaud est fêté les 10 février et 14 mars dans le martyrologe catholique (date de la translation de son corps en 1562.) [4]
Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 23.
Sainte Apolline (ou Apollonie) était d'Alexandrie ; au milieu de la corruption générale, elle y passait pour un modèle de vertu et de modestie chrétienne. Cette héroïque jeune fille ne se contenta pas de consacrer au Seigneur ses premières années, sa jeunesse et son existence entière, elle voulut encore lui offrir le sacrifice de sa vie.
L'an 248, une persécution sanglante éclata dans la cité ; la fureur des païens contre les chrétiens ne connut point de bornes. On pilla les maisons et on exerça contre les personnes les plus horribles violences. Apolline, déjà avancée en âge, loin de prendre la fuite, demeura toujours à Alexandrie, sans craindre la perte de ses biens ni de sa vie, heureuse, au contraire, d'attendre l'occasion de couronner ses vertus par un glorieux martyre.
Un jour, elle fut arrêtée ; les bourreaux se jetèrent sur elle, la frappèrent si rudement avec des cailloux, qu'ils lui rompirent les mâchoires et lui brisèrent les dents ; puis, l'ayant entraînée hors de la ville, ils allumèrent un grand feu, résolus de l'y jeter, si elle ne renonçait pas à Jésus-Christ. La Sainte demanda quelques moments comme pour réfléchir à ce qu'elle devait faire.
Les païens espérèrent un instant qu'elle allait reculer devant l'horrible supplice du feu. Mais Apolline, profitant de cet instant de liberté, s'échappa de leurs mains, et poussée par l'ardeur de l'amour divin qui embrasait son cœur, elle s'élança elle-même impétueusement dans le feu, au grand étonnement de ses bourreaux stupéfaits de voir une fille plus hardie et plus prompte à souffrir la mort qu'eux-mêmes à la lui faire endurer.
Son corps fut bientôt dévoré par les flammes, et son âme généreuse et pure s'envola dans les Cieux, l'an 249 de Notre-Seigneur, le 9 février. L'exemple étonnant de sainte Apolline serait répréhensible si elle avait obéi à la précipitation de la nature ; mais l'Église, en l'admettant au nombre des martyrs, nous oblige à croire qu'elle obéit à l'impulsion de l'Esprit divin.
Sainte Apolline a toujours été regardée par la dévotion populaire comme secourable contre le mal de dents, sans doute à cause du premier supplice qu'elle avait enduré.(1)
C'est S. Denis d'Alexandrie, qui raconte dans une lettre à son ami Fabien, évêque d'Antioche, comment elle fut prise par les païens au cours d'une émeute. (2)
Sources : (1) L'Evangile au quotidien; (2) Nominis ;(3) Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 22-23.
À Paris, en 1871, la bienheureuse Marie de la Providence (Eugénie Smet), vierge, qui fonda la Congrégation des Auxiliatrices du Purgatoire, dans une totale confiance en la Providence. Martyrologe romain (1)
Née à Lille où elle voulut fonder un Institut religieux destiné à se dévouer en priorité aux Âmes du Purgatoire, « Sœur Marie de la Providence » orienta ses religieuses vers toutes les tâches qui pouvaient répondre aux besoins multiples des plus défavorisés. Elle mourut à Paris en 1881.
Eugénie SMET a choisi comme nom de religieuse Marie de la Providence, nom qui exprime bien le visage de Dieu auquel elle croit et sur qui elle fonde sa vie.Née d’une famille enracinée dans une longue tradition de foi, Eugénie est à la fois une femme de continuité et de rupture dans l’Église de son temps.
Elle reconnaît très tôt que Dieu intervient dans son histoire personnelle et la comble de bienfaits, se révélant ainsi comme Providence. La relation d’Eugénie à Dieu est une relation de confiance et d’abandon total, fondée sur la certitude, acquise par l’expérience, que Dieu lui est fidèle. Toute sa vie, elle lira les événements qui surviennnent comme des signes que Dieu lui donne pour lui faire connaître sa volonté.Animée d’une foi qui déplace les montagnes et d’un amour de la vie communicatif, elle attend tout de Dieu et désire en retour tout lui donner. Elle s’y emploie par de multiples activités, mais aucune ne répond à ce qu’elle cherche : aider tous les hommes, quels qu’ils soient, à rencontrer Dieu.
Quelle bonté de Dieu envers l'Église… envers les malades pauvres et les pécheurs qui trouvent, dans ses membres, des servantes et des apôtres… envers les pauvres en inclinant vers eux le cœur des riches par l'intermédiaire de ce petit institut qui se pose comme un trait d’union entre les deux pointes extrêmes de l'échelle sociale.
Bienheureuse Marie de la Providence
Pourtant un chemin va s’ouvrir : grâce à la mystérieuse solidarité qui unit les vivants et les morts, Eugénie découvre en 1853 qu’il est possible de se mettre, d’un même mouvement, au service des « plus délaissés de ce monde et de l’autre ». En 1855 le curé d’Ars la confirme dans sa mission. Elle fonde alors les Auxiliatrices du Purgatoire, pour une mission universelle : « aider à tout bien quel qu’il soit » ; « aller des profondeurs du Purgatoire jusqu’aux dernières limites de la terre ». L'institut a pour tâche principale de permettre à tous les hommes, vivants et morts, de faire l’expérience de la rencontre de Dieu comme expérience de l’amour. Bientôt, en 1859, l'Institut reçoit comme un don de Dieu ce qui lui permet de prendre réellement corps : l’insertion dans une grande tradition spirituelle, celle dont saint Ignace de Loyola fut l’initiateur (les Règles et les Constitutions de la Compagnie de Jésus).
Elle exprime sa foi à travers la piété de son temps. Or le XIXe siècle est une époque fortement marquée par la dévotion aux âmes du Purgatoire. Cette dévotion s’exprime souvent par une insistance sur la nécessité de souffrir et d’expier en ce monde, pour abréger les souffrances après la mort. Eugénie découvre très jeune une telle dévotion, mais elle la transforme de l’intérieur, en reconnaissant le mystère du Purgatoire comme celui d’une expérience radicale de l’amour. (2)
Marie de la Providence meurt à Paris le 7 février 1871, à l’âge de 45 ans. Elle est béatifiée par Pie XII en 1957.
"Que la charité envers les âmes souffrantes s’unisse intimement chez Eugénie Smet à l’apostolat le plus concret, le plus actif, le plus universel, voilà sans aucun doute un trait saillant de sa physionomie spirituelle et le cachet particulier que Dieu voulut lui donner". Pie XII
Martyrologe Romain : À Arras, en 540, saint Vaast (Gaston), évêque. Prêtre de Toul, il catéchisa le roi Clovis après sa victoire de Tolbiac en 496. Il fut envoyé par saint Remi comme évêque à Arras, où il restaura cette Église ruinée après l’invasion d’Attila, la gouverna pendant une quarantaine d’années et poursuivit l'œuvre d’évangélisation des peuples encore païens de la région.
En 496, Clovis, roi des francs, ayant battu les Alamans à Tolbiac, avait promis de se faire baptiser au Dieu de Clotilde. Regagnant la Champagne, Clovis fait étape à Toul. Il demande à St Ours (Urse) un prêtre pour lui apprendre à connaître Dieu en vue de son baptême. L’évêque désigne Vaast. Ainsi le saint part et évangélisera le roi jusqu'à son baptême, 3 ans plus tard; Il lui parle longtemps de la Sainte Trinité remise en cause par les ariens. Au cours du voyage, il rend la vue à un aveugle à Rilly-aux-Oies, près de Rethel. Il est là lorsque Clovis descend dans la fosse du baptistaire. Il a peut-être aidé à baptiser son armée... De nombreuses questions restent en suspens.
La Légende dorée rapporte que peu de temps après son ordination en tant qu'évêque d'Arras, il trouva une église envahie par les ronces et où habitait un loup (ou un ours selon les versions) ; il ordonna à l'animal de partir et de ne jamais revenir, et c'est ce qui arriva.
À 86 ans, le 6 Février 539 ou 540, Dieu le rappela après une quarantaine d'années d'épiscopat. Il fut inhumé à Arras, dans la cathédrale.
La Légende dorée de Jacques de Voragine raconte que l'imminence de sa mort lui fut signifiée par une colonne de feu qui s'abattit sur sa maison.
Thaumaturge: maladie des yeux, handicapés, retard à marcher.
Déjà deux de ces quatre illustres Vierges dont le souvenir est associé aux mérites de l'Agneau, dans la célébration du Sacrifice, ont passé devant nous dans leur marche triomphale sur le Cycle de la sainte Église ; la troisième se lève aujourd'hui sur nous, comme un astre aux plus doux rayons. Après saintes Lucie et Agnès, sainte Agathe vient nous consoler par sa gracieuse visite. La quatrième, l'immortelle Cécile, se lèvera en son temps, lorsque l'année inclinant à sa fin, le ciel de l'Église paraîtra tout à coup resplendissant de la plus magnifique constellation.
Deux villes de Sicile, Palerme et Catane, se disputent l'honneur d'avoir donné naissance à sainte Agathe ; ce qui est certain, c'est qu'elle fut martyrisée à Catane, sous l'empereur Dèce.
Dénoncée au préteur Quintianus, comme chrétienne, Agathe lui fut amenée. La beauté de la jeune fille le séduisit ; il conçut pour elle une passion criminelle et crut venir à bout de son dessein en la remettant aux mains d'une femme débauchée, nommée Aphrodisia. Aphrodisia employa son art et son artifice afin de séduire Agathe, sans pouvoir y réussir ; et après un mois de tentatives, elle s'en fut trouver le préfet pour lui annoncer l'inutilité de ses efforts.
Le juge alors fit comparaître la servante du Seigneur devant son tribunal.
"Qui es-tu?
- Je suis noble et d'une illustre famille, toute ma parenté le fait assez connaître.
- N'as-tu pas honte, lui dit-il, étant d'une naissance illustre, de mener la vie basse et servile des chrétiens ?
- L'humilité de la servitude chrétienne vaut mieux que tous les trésors et tout l'orgueil des rois. - Pourquoi donc suis-tu la chétive condition des chrétiens ?
- Parce que la véritable noblesse s'acquiert avec Jésus-Christ dont je me dis la servante.
- Quoi donc ! sommes-nous dégradés de noblesse pour mépriser ton Crucifié ?
- Oui, tu perds la véritable liberté en te faisant esclave du démon jusqu'au point d'adorer des pierres pour lui faire honneur."
Afin d'apprendre à la jeune fille à mieux parler, Quintianus la fit frapper sur la joue et commanda qu'on la conduisit en prison, lui disant qu'elle eût à se préparer à renier Jésus-Christ ou à mourir dans les tourments.
Le lendemain, le juge essaya de gagner Agathe par des promesses, mais il la trouva inébranlable, et ses réponses excitèrent tellement la rage du persécuteur, que, sur son ordre, on arracha un sein à la Sainte. Elle dit à Quintianus : "N'as-tu pas honte, ô cruel tyran, de me faire souffrir de cette façon, toi qui as sucé ta première nourriture du sein d'une femme ?" Quand elle fut rentrée dans la prison où le préfet avait défendu de lui rien donner, saint Pierre lui apparut et la guérit au nom du Sauveur ; la Sainte s'écria : "Je vous rends grâces, ô mon Seigneur Jésus-Christ, de ce qu'il vous a plu de m'envoyer votre Apôtre afin de guérir mes plaies et de me rendre ce que le bourreau m'avait arraché," et la prison fut remplie d'une si éclatante lumière que les gardiens s'enfuirent épouvantés, laissant les portes ouvertes.
Les autres prisonniers conseillaient à Agathe de prendre la fuite, mais elle répondit : "Dieu me garde de quitter le champ de bataille et de m'enfuir en voyant une si belle occasion de remporter la victoire sur mes ennemis."
Quatre jours après, Agathe fut ramenée devant le juge qui, la voyant saine et sauve, fut rempli d'étonnement ; sa rage n'en devint que plus grande. Par son ordre, on roula la Sainte sur des têtes de pots cassés et sur des charbons, en même temps que l'on perçait son corps de pointes aiguës. Pendant ce supplice, un tremblement de terre survint, et les principaux ministres de la cruauté de Quintianus furent écrasés. La ville, épouvantée, vit là un châtiment du Ciel et le persécuteur, craignant qu'on ne lui enlevât sa victime, se hâta de la renvoyer en prison. Quand elle y fut rentrée, Agathe dit : "Ouvrez, Seigneur, les bras de votre miséricorde, et recevez mon esprit qui désire vous posséder avec tous les transports d'amour dont il est capable", et en achevant ces mots elle expira (254).
Catane au pied de l'Etna
Aussitôt que la nouvelle de cette mort se fut répandue, toute la ville accourut pour honorer les restes de sainte Agathe, et au moment où on voulut la mettre dans le tombeau, cent Anges, sous la figure de jeunes hommes, apparurent, et au front d'Agathe inscrivirent ces mots : "C'est une âme sainte ; elle a rendu un honneur volontaire à Dieu et elle est la rédemption de sa patrie." Quintianus, de son côté, était parti pour se mettre en possession des biens de la servante de Dieu, mais au passage d'une rivière, un cheval le mordit au visage et un autre, à coups de pieds, le précipita dans l'eau où il se noya.
La dévotion à sainte Agathe ne tarda pas de se répandre partout, mais nulle part elle ne fut plus honorée qu'à Catane.
Plusieurs fois sa protection a sauvé cette ville des éruptions de l'Etna, et pour cela il suffisait aux habitants de donner, comme barrière aux torrents de lave qui descendaient de la montagne, un objet qui avait touché le corps de la Sainte.
On invoque sainte Agathe contre les séismes et les incendies.
Sources :1,2; Calendrier perpétuel, Les saints en 365 jours, Chêne
La fête de ce jour a un double objet, célébrer la Purification de Marie et la Présentation de Jésus au Temple selon la loi de Moïse (Luc 2, 22). Cette loi fixait le temps où les mères devaient se présenter avec leurs nouveau-nés devant les autels, et elle exigeait une offrande pour le rachat des enfants mâles. Ni Marie, toute pure dans sa maternité, ni Jésus, Fils de Dieu, n'étaient obligés à cette cérémonie ; cependant par humilité, et pour donner aux hommes un éclatant exemple d'obéissance aux lois divines, Marie, accompagnée de Joseph et portant Jésus en ses bras, se rendit au Temple de Jérusalem.
Siméon, aveugle et âgé, saisit l'Enfant dans ses bras et dit : "Seigneur, à présent tu peux laisser aller ton serviteur en paix, car mes yeux ont vu ton Salut..." Sa foi et son coeur lui révélèrent qu'il tenait la Lumière venue éclairer les nations, le Sauveur. Plein de reconnaissance, il chanta le "Nunc dimittis", ce cantique qui est repris tous les jours à l'Office des Complies.
Nunc dimittis servum tuum, Domine,
secundum verbum tuum in pace.
Quia viderunt oculi mei salutare tuum,
quod parasti ante facies omnium populorum,
lumen ad revelationem gentium
et gloriam plebis tuae Israel.
La fête chrétienne qui nous conserve le souvenir de cette cérémonie est fêtée le 2 février, quarante jours après Noël. Elle remonte au pape Gélase Ier en 492 qui offrait des crêpes aux pèlerins à Rome, en organisant des processions aux "chandelles" (d'où son nom).
Répandue en occident au VIe siècle, elle s'est appelée "fête des lumières", Jésus étant, selon le cantique de Siméon, la "lumière venue pour éclairer les nations", puis fête de la Purification. (3)
Au VIIe siècle, saint Sophrone, évêque de Jérusalem († 638 ou 639) dit : "Accueillons cette lumière glorieuse et éternelle. Allons à la rencontre du Christ, nous tous qui honorons et vénérons son mystère avec tant de ferveur, avançons vers lui dans l'enthousiasme. Que tous sans exception participent à cette rencontre, que tous sans exception y portent leurs lumières. Si nos cierges procurent un tel éclat, c'est d'abord pour montrer la splendeur divine de celui qui vient, qui fait resplendir l'univers et l'inonde d'une lumière éternelle en repoussant les ténèbres mauvaises; c'est aussi et surtout pour manifester avec quelle splendeur de notre âme, nous-mêmes devons aller à la rencontre du Christ. De même, en effet, que la Mère de Dieu, la Vierge très pure, a porté dans ses bras la véritable lumière à la rencontre de ceux qui gisaient dans les ténèbres; de même nous, illuminés par ses rayons et tenant en mains une lumière visible pour tous, hâtons-nous vers celui qui est vraiment la lumière. C'est évident: puisque "la lumière est venue dans le monde"(Jn 3, 19) et l'a illuminé alors qu'il baignait dans les ténèbres, puisque "le Soleil levant qui vient d'en haut nous a visités" (Lc 1, 78), ce mystère est le nôtre. C'est pour cela que nous avançons en tenant des cierges, c'est pour cela que nous accourons en portant des lumières, afin de signifier la lumière qui a brillé pour nous, mais aussi afin d'évoquer la splendeur que cette lumière nous donnera. Courons donc ensemble, allons tous à la rencontre de Dieu. Cette lumière véritable, "qui éclaire tout homme venant en ce monde." » (Jn 1, 9), voici qu'elle vient. Soyons-en tous illuminés, mes frères, soyons-en tous resplendissants." (S. Sophrone, Homélie, Discours 3, sur la fête des Lumières 6.7; texte grec: PG 87-3, 3291-3293)
Passée dans le langage populaire, cette fête porte le nom de la Chandeleur, la fête des chandelles, festa candelarum, à cause de la procession qui se fait ce jour-là dans nos églises avec des cierges bénis allumés, qui symbolisent la lumière, la pureté et éloignent du mal. La forme ronde et la couleur des crêpes rappellent le disque solaire et le retour vers la lumière en ce début du mois de février où les jours rallongent.
Cette fête est également accompagnée de superstitions. Si les paysans ne faisaient pas de crêpes à la Chandeleur, le blé serait mauvais l’année suivante. Pour être assuré que la récolte sera bonne et les finances prospères, ils se devaient de retourner la première crêpe en la jetant en l’air de la main droite en tenant un Louis d’or dans la main gauche, en veillant à ce qu’elle retombe parfaitement dans la poêle. La crêpe était ensuite déposée en haut d’une armoire. (4)
Les cierges symbolisent Notre-Seigneur Jésus-Christ, Lumière du monde ; la procession représente le passage de la sainte Famille dans le Temple et la rencontre des deux vieillards Siméon et Anne.
Saint Anselme, développant ce mystère, nous dit qu'il y a trois choses à considérer dans le cierge : la cire, la mèche et la flamme. La cire, ouvrage de l'abeille virginale, est la chair du Christ ; la mèche, qui est intérieure, est son âme ; la flamme, qui brille en la partie supérieure est sa divinité.
La procession de la Chandeleur nous apparaît comme la marche du peuple chrétien à la lumière du Christ, figuré par les cierges que porte le clergé, la portion choisie de l'Église, comme Jésus même était porté entre les bras de Marie, entre ceux du saint vieillard Siméon et du pontife qui L'offrit au Seigneur.
Les cierges de la Chandeleur sont bénis avec une solennité toute particulière et avec l'emploi des prières les plus touchantes. Conservés dans la maison des chrétiens, ils sont un gage de la protection divine. Il est dans l'esprit de l'Église d'allumer les cierges de la Chandeleur pour repousser les esprits de ténèbres, dans les dangers corporels et spirituels, au lit des mourants, pour éloigner d'eux l'ennemi des hommes, qui fait alors son suprême effort afin d'arracher les âmes à Dieu. C'est bien alors surtout, en effet, que l'homme a besoin du recours du Rédempteur, vraie lumière des âmes, pour illuminer les derniers instants de sa vie.
Présentation du seigneur, 1342, Ambrogio Lorenzetti, Florence, offices
Les orthodoxes nomment cette fête la Sainte Rencontre. (5)
Sources:
(1); (2) Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.L'Evangile au quotidien ; (3) Pascal-Raphaël Ambrogi, Dictionnaire culturel du Christianisme, Le sens chrétien des mots, Honoré Champion Editions, Paris 2021, p. 762 ; (4) ; (5) Dominique Le Tourneau, Les Mots du christianisme, Bibliothèque de Culture religieuse, Fayard, La Flèche 2005, p. 125
Sainte Martine naquit à Rome de parents illustres. Son père avait été trois fois consul et s'était distingué par une foi vive et une charité ardente. Après sa mort, Martine vendit ses biens et consacra l'argent à des œuvres de miséricorde.
L'empereur Alexandre (222-235) régnait et persécutait les chrétiens
Des gens occupés à rechercher les serviteurs de Jésus-Christ trouvèrent sainte Martine en prières dans une église et l'arrêtèrent. Comme elle ne fit aucune difficulté de les suivre, ils crurent avoir fait une conquête ; mais, conduite à l'empereur, elle refusa de sacrifier aux idoles ; celui-ci ne l'en fit pas moins conduire au temple d'Apollon. En y entrant, Martine, s'armant du signe de la Croix, pria Jésus-Christ, et à l'instant il se fit un effroyable tremblement de terre qui renversa une partie du temple et brisa l'idole. L'empereur, irrité, commanda qu'on frappât la vierge à coups de poings et qu'on l'écorchât avec des ongles de fer; Martine souffrit avec une telle patience que les bourreaux, lassés, furent remplacés par d'autres qu'une lumière divine renversa et convertit.
Conduite de nouveau devant l'empereur, Martine refusa pour la seconde fois de sacrifier aux idoles; Alexandre la fit attacher à quatre pieux et fouetter si cruellement et si longtemps que les bourreaux s'arrêtèrent de fatigue. Martine fut reconduite en prison, et on versa dans ses plaies de l'huile bouillante ; mais des Anges vinrent la fortifier et la consoler. Le lendemain, la vierge fut conduite au temple de Diane que le démon quitta aussitôt avec des hurlements horribles, en même temps la foudre renversait et brûlait une partie du temple avec ses prêtres.
L'empereur, effrayé, laissa Martine aux mains du président Justin qui la fit si cruellement déchirer avec des peignes de fer, qu'il la crut morte; mais s'apercevant qu'il se trompait: "Martine, lui dit-il, ne veux-tu pas sacrifier aux dieux et te préserver des supplices qui te sont préparés ?– J'ai mon Seigneur Jésus-Christ qui me fortifie, et je ne sacrifierai pas à vos démons." Le président, furieux, commanda de la reconduire en prison.
L'empereur, informé de ce qui s'était passé, ordonna que Martine fût menée dans l'amphithéâtre afin d'y être exposée aux bêtes; mais un lion, qu'on lâcha pour la dévorer, vint se coucher à ses pieds et lécha ses plaies; mais comme on le ramenait à son antre, il se jeta sur un conseiller d´Alexandre et le dévora.
Ramenée en sa prison, Martine fut encore une fois conduite au temple de Diane, et comme elle refusait toujours de sacrifier, on déchira de nouveau son pauvre corps. "Martine, lui dit un des bourreaux, reconnais Diane pour déesse, et tu seras délivrée. – Je suis chrétienne et je confesse Jésus-Christ."
Sur ces paroles, on la jeta dans un grand feu préparé à l'avance, mais le vent et la pluie, qui survinrent à l'instant, dispersèrent le bûcher et brûlèrent les spectateurs. On retint la Sainte trois jours durant dans le temple, après toutefois qu'on lui eût fait couper les cheveux. L'empereur la croyait magicienne et s'imaginait que sa force résidait dans sa chevelure.
Elle fut tout ce temps sans rien prendre, chantant continuellement les louanges de Dieu. Ne sachant plus que faire, Alexandre lui fit couper la tête. Le corps de Martine demeura plusieurs jours exposé sur la place publique, défendu par deux aigles qui restèrent jusqu'au moment où un nommé Ritorius put lui donner une honorable sépulture.
Église Saint-Luc et Sainte-Martine à Rome
Sainte Martine et Sainte Agnès devant la Vierge par El Greco
Sources: (1) P. Giry, Vie des Saints, p. 62-64; (2) Wikipedia ; (3) Sanctoral
Né en Angleterre, Gildas alla à l'école avec les futurs saints Pol et Samson. Ordonnéprêtre, il partit aussitôt en mission en Irlande, évangélisée un siècle plus tôt par saint Patrick, en Angleterre et en Bretagne.
Saint Gildas réforma et fonda plusieurs monastères.
Peu de temps avant sa mort, il se retira sur l'île d'Houat (Morbihan) où il mourut. L'abbaye de Rhuys a conservé son tombeau et développé son culte... Saint Gildas est connu sous les formes bretonnes Sant Veltas ou sant Gueltas.
Son surnom lui vient des nombreuses études philosophiques qu'il fit dans sa jeunesse.
Toutes les personnes qui mettaient alors en garde leurs prochains devant les effets secondaires graves des dits "vaccins" Covid étaient traitées de "complotistes", roulées dans la boue. Quatre ans après, rétropédalage complet du mediavers le 27 janvier 2025, le Daily Mail publie à notre connaissance pour la première fois un article faisant le lien entre injections covid et maladies cardiaques avec ce titre : "Les scientifiques appellent à davantage de recherches sur les effets secondaires du vaccin Covid en raison d'une une augmentation inexpliquée des maladies cardiaques" !!
Une "augmentation inexpliquée". Sans blague. Bonne lecture...
Daily Mail
27 janvier 2025
Les experts canadiens appellent à plus de recherches sur les dommages cardiaques liés aux vaccins Covid.
Ils craignent que l'ampleur du problème reste "sous-documenté" parce qu'ils disent que les études ont été trop minces et n'ont pas examiné le risque de ces blessures des mois et des années après avoir reçu l'injection.
Dans de rares cas, il a été démontré que les photos de l'ARNm provoquent la myocardite, l'inflammation du muscle cardiaque et la péricardite, l'inflammation de la muqueuse en forme de sac entourant le cœur.
Une étude majeure de 2021 en Israël a mis le taux à un sur 50 000. D'autres études ont atteint des estimations très différentes.
Mais les chercheurs de la Colombie-Britannique avertissent que ces études ont été incohérentes dans la façon dont elles ont classé la myocardite et la péricardite "post vaccinnale", en utilisant des délais différents pour définir si les conditions étaient directement liées aux injections.
(...)
Les données du CDC montrent que la myocardite post vaccinale et la péricardite sont deux des quelques effets secondaires bien établis de la vaccination covid, bien que l'agence ne fournisse pas un certain nombre de cas.
Dans la myocardite, on pense que le système immunitaire peut enregistrer l'ARNm dans les vaccins comme une menace, ce qui a conduit le système immunitaire à s'attaquer et à provoquer une inflammation du myocarde, le muscle du cœur.
Ce même mécanisme a été lié à la péricardite, ce qui entraîne une inflammation du péricarde, la poche entourant le cœur.
"En plaçant la raison, non pas la raison instrumentale ou scientifique d'aujourd'hui, mais la raison ouverte à la transcendance et à Dieu, il la voit d'une certaine manière comme un infini présent dans toute créature rationnelle appelée à chercher du sens", explique André Luiz Boccato, dominicain et professeur à l'Université catholique pontificale de São Paulo.
Son importance est telle qu'après lui, il est devenu habituel d'appeler "thomisme" tout type de relecture dans laquelle nous revenons à Thomas pour répondre à des problèmes circonstanciels d'autres moments historiques.
La scolastique - qui consiste à réconcilier la foi chrétienne avec la pensée rationnelle - était la méthode critique qui prévalait dans les universités européennes médiévales, en particulier dans la dernière phase de la période médiévale.
Selon le théologien et philosophe, la principale contribution de Thomas d'Aquin à la pensée est "la place centrale qu'il a donnée à la raison, en tant que scrutateur de la réalité, au lieu de la croyance et d'une conception dualiste de la foi".
"Il a su distinguer la capacité humaine à connaître la réalité dans son essence, sans la détacher de la vision chrétienne fondée sur la création et la foi."
"Il a distingué l'ordre naturel, la philosophie, de l'ordre surnaturel, la théologie, mais en les unissant et non en les séparant. Aujourd'hui, nous vivons dans une culture de séparations et de divisions, de radicalisation et de négation de la différence. Thomas a imprimé un esprit dialectique à la théologie du Moyen Âge, se présentant comme un grand maître du dialogue et de l'inclusion de la différence".
Né dans une noble famille napolitaine, élevé à l'abbaye bénédictine du Mont-Cassin, Thomas choisit cependant, à 19 ans, d'entrer chez les Frères Prêcheurs. Ce n'est guère du goût de sa famille, qui le fait enlever et enfermer. L'ordre dominicain est un ordre mendiant, fondé quelques années plus tôt, et il n'avait pas bonne presse dans l'aristocratie.
Au bout d'un an, Thomas peut enfin suivre sa vocation. On l'envoie à Paris pour y suivre les cours de la bouillonnante Université. Il a comme professeur saint Albert le Grand. Pour ce dernier, il faut faire confiance à la raison et à l'intelligence de l'homme pour chercher Dieu. Le philosophe le plus approprié à cette recherche est Aristote. Saint Thomas retient la leçon.
Lors de ses études, ses camarades l'appellent le "bœuf muet" en raison de sa corpulence, de sa discrétion, de son humilité qui pouvait passer pour de la timidité et de son goût pour la réflexion solitaire. Son maître Albert le Grand, apprenant que ses camarades le nommaient ainsi, déclara : "lorsque le bœuf mugira, il fera trembler l’Occident ! ". La postérité considérable de son jeune étudiant lui donna raison.
Pour rétablir l'homme, abaissé par le péché, dans les hauteurs de la gloire divine, le Verbe du Père éternel, bien que contenant tout dans son immensité, a voulu se faire petit. Il l'a fait non pas en renonçant à sa grandeur, mais en prenant sur lui notre petitesse.
S. Thomas d'Aquin, "Compendium de théologie" (vers 1272)
Devenu professeur, il s'attelle à un gigantesque travail pour la mettre en œuvre. Connaissant très bien Aristote et ses commentateurs, mais aussi la Bible et la tradition patristique chrétienne, il élabore une pensée originale, qu'il expose dans de multiples ouvrages, dont le plus connu est la "Somme Théologique" (1266-1273). Dans cette œuvre composée de trois parties, Thomas rassemble toutes les connaissance utiles au salut de façon ordonnée. Il concilie les acquis de la pensée aristotélicienne et les exigences de la foi chrétienne, raison et foi, nature et grâce. L'intérêt pour la culture grecque ne disparut cependant jamais, il ne fit même que croître. Dès la fin du VIe siècle, Grégoire, évêque d'Agrigente, multiplie les références à Aristote dans les dix livres de ses Commentaires sur l'Ecclésiaste.
Jacques de Venise rédige des gloses sur les œuvres d'Aristote qu'il est le premier à traduire directement du grec en latin avant 1127. Ce clerc italien, qui vécut à Constantinople travailla au Mont-Saint-Michel." (Sylvain Gougenheim, Aristote au Mont Saint-Michel, Seuil, Paris 2008, p. 28; 67.)
Thomas situe en Dieu les racines du droit naturel : toute la nature, avec l'ordre qu'elle renferme, est un fruit de la bonté de Dieu. La connaissance du droit se tire de l'observation de la nature, l'ordre naturel lui-même procède du Dieu-Amour. Ainsi, les sources profanes et païennes, issues de la raison naturelle observant le monde naturel, ne sont nullement à mépriser pour la connaissance du droit.
Son autorité est telle qu'en naît une école philosophique : le thomisme (affirmation fondamentale de l'Être comme réalité universelle), qui reste pendant plusieurs siècles la doctrine sur laquelle se fond la pensée européenne.
Oublié à l'époque moderne (la plupart des écoles de théologie depuis le XIXe siècle adoptèrent pour manuel d'études les Sentences de Pierre Lombard, dont les franciscains Duns Scot et Occam suivaient l'ordre de préférence à Saint Thomas), le thomisme réapparaît au début du XXe siècle à travers le néo-thomisme suite à l'initiative de Léon XIII, en 1879, dans Æterni Patris"sur la restauration dans les écoles catholiques de la philosophie chrétienne selon l'esprit du docteur angélique", mais redevient marginal suite au Concile Vatican II, bien que le DécretOptatam Totius (n° 16)sur la formation des prêtres, demande qu'on le prenne pour maître ("Pour mettre en lumière, autant qu’il est possible, les mystères du salut, ils apprendront à les pénétrer plus à fond, et à en percevoir la cohérence, par un travail spéculatif, avec saint Thomas pour maître").
C'est le commentaire de la Somme théologique de Cajetan qu'en 1879, Léon XIII ordonna de lire, joint à la Somme. Aujourd'hui, la philosophie contemporaine, par son retour à l'étude des philosophes médiévaux, prend de plus en plus en compte l'influence de Thomas d'Aquin.
L'exorciste romain don Amorth reconnaissait en 2016 en saint Thomas "le plus grand théologien chrétien." (Gabriele Amorth, avec Stefano Stimamiglio, Le Démon ne peut rien contre la miséricorde de Dieu, Téqui, Paris 2016.)
Alors qu'au XIIIe siècle en Europe, l'environnement est entièrement chrétien, que l'existence de Dieu repose sur la foi et que Thomas d'Aquin s'adresse à des théologiens, il reprend les preuves aristotéliciennes de l'existence de Dieu (Summa contra Gentiles I, 13, et S. Th., I, q. 2) selon 5 voies (Quinquae viae) :
1. par le Premier moteur (Argumentum ex motu) : les choses sont constamment en mouvement, or il est nécessaire qu'il y ait une cause motrice à tout mouvement. Afin de ne pas remonter d'une cause motrice à une autre, il faut reconnaître l'existence d'un « Premier moteur non mû », c'est Dieu.
2. par la causalité efficiente (Argumentum ex ratione causae efficientis) : nous observons un enchaînement de causes à effet dans la nature, or il est impossible de remonter de causes à causes à l'infini ; il faut nécessairement une cause première : c'est Dieu.
3. par la contingence (en) (Argumentum ex contingentia) : il y a dans l'univers des choses nécessaires qui n'ont pas en elles-mêmes le fondement de leur nécessité. Il faut donc un Être par Lui-même nécessaire qui est Dieu.
4. par les degrés des êtres (en) (Argumentum ex gradu) : preuve reprise de Platon, qui a remarqué qu'il y a des perfections dans les choses (bien, beau, amour, etc.) mais à des degrés différents. Or il faut nécessairement qu'il y ait un Être qui possède ces perfections à un degré maximum, puisque dans la nature toutes les perfections sont limitées.
5. par l'ordre du monde (Argumentum ex fine) : on observe un ordre dans la nature, l'œil est ordonné à la vue, le poumon à la respiration, etc. Or à tout ordre il faut une intelligence qui le commande. Cette Intelligence ordinatrice est celle de Dieu.
Thomas d'Aquin soutient que la foi chrétienne n'est ni incompatible, ni contradictoire avec un exercice de la raison conforme à ses principes (Michel Nodé-Langlois, Le vocabulaire de saint Thomas d'Aquin, Ellipses, Paris, 1999, p. 60).
Les vérités de la foi et celles de la raison peuvent être intégrées dans un système synthétique harmonieux, sans se contredire. "La foi et la raison ne peuvent se contredire car elles émanent toutes deux de Dieu."
Le respect de l'ordre rationnel, c'est-à-dire le respect de l'ordre de la Raison créé et voulu par Dieu (ordre transcendant à l'homme) pour permettre à l'homme de connaître la vérité est le principe de base de la connaissance.
Malheureusement, ce principe a été corrompu par la philosophie moderne dite "rationaliste" pour qui le respect de l'ordre de la Raison créé par Dieu n'est plus le principe de base, mais l'ordre de la raison créé par l'homme. En conséquence, sont arrivées les utopies irrationnelles (car n'étant plus la raison divine) et leurs millions de morts.
Thomas d'Aquin ne cherche pas tant à prouver l'existence de Dieu qu'à trouver les conditions de possibilité qu'a l'homme pour remonter à Dieu par les forces de sa raison. C'est pourquoi il ne propose pas de "preuves" au sens moderne et juridique, mais des "voies".
Thomas d'Aquin écarte la position de Platon pour qui les idées sont des substances totalement séparées des corps sensibles.
"Le fait de connaître ces substances séparées ne nous permettrait pas de juger des choses sensibles" (Somme théologique, Ire partie, qu. 84, article 2 )
L'intelligence connaît par les sens, mais selon le mode propre de l'intelligence : universellement, immatériellement et nécessairement : "Disons donc que l’âme connaît les corps au moyen de l’intelligence, d’une connaissance immatérielle, universelle et nécessaire."
Il faut aussi écarter la position de Démocrite pour qui les sens et l'intelligence étaient exactement la même chose. Seul Aristote avait une position intermédiaire satisfaisante. C'est sur ce dernier que Thomas d'Aquin s'inspire afin de développer une théorie de la connaissance réaliste.
Deux franciscains de marque, en revanche, Alexandre de Hales (1180-1245) et Robert Grosseteste (1175-1253), même s'ils employaient certains concepts aristotéliciens, rejetaient la science païenne et invoquaient un retour au Tout indistinct, qui représentaient pour eux la tradition platonicienne et augustinienne.
Thomas d'Aquin, en suivant l'Éthique à Nicomaque d'Aristote, développe une morale finaliste, c'est-à-dire que tous les actes humains sont effectués en vue d'une fin, et toutes les fins en vue d'une fin suprême.
La partie morale est extrêmement importante en volume dans toute l'œuvre de Thomas d'Aquin. Les actes moraux vont en effet permettre à l'homme de remonter jusqu'à Dieu.
Thomas d'Aquin place le bien suprême de la vie morale naturelle, dans ce qu'il appelle le bonheur, et le bien suprême de la vie surnaturelle dans la béatitude, c'est-à-dire la connaissance de Dieu. C'est la fin de tous les hommes : "l'homme et les autres créatures raisonnables [les anges] atteignent leur fin ultime par la connaissance et l'amour de Dieu" (Somme théologique, Ia, IIae, qu. 1, art. 8)
Thomas subordonne la dignité de l'homme à l'élévation "de l'être vers les réalités divines" (Somme théologique, IIea-IIe, q. 175, a. 1 ad 2). Si l'homme est capax Dei, capable de connaître et d'aimer Dieu (S. Augustin, De Trinitate, XIV, 811), le péché l'en empêche. La dignité peut donc se perdre. C'est ce qu'exprime précisément le texte de l'offertoire (Dieu qui avez donné une dignité à la substance humaine de manière admirable et l'avez reformée de manière plus admirable encore...) : si Dieu a restauré, formé à nouveau (reformasti) la dignité de la "substance humaine", c'est parce qu'elle avait été perdue par le péché.
L'homme a donc une dignité s'il est uni à Dieu, il la perd s'il s'en éloigne.
"En péchant, l'homme déchoit de la dignité de sa nature" (Quodlibet 5, q. 1, a. 2c).
"Par le péché l'homme s'écarte de l'ordre prescrit par la raison; c'est pourquoi il déchoit dela dignité humaine qui consiste à naître libre et à exister pour soi; il tombe ainsi dans la servitude qui est celle des bêtes..." (Somme théologique, IIa-IIae, q. 64, a. 2 ad 3).
Dans la théologie traditionnelle, la dignité de l'homme consiste donc à vivre en chrétien, elle se perd par le péché. (Maxence HECQUARD, Les fondements philosophiques de la démocratie moderne, 3e édition, Pierre-Guillaume de Roux, Préface de Pierre MAGNARD, Paris 2016, p. 357).
Les principes de la politique thomiste sont catholiques, c’est-à-dire valables pour tous les temps et pour tous les lieux. Ils se résument en ces propositions :
1) Dieu est cause première et fin dernière de l’homme et de l’univers.
2) La société est un moyen naturel pour l’homme d’atteindre sa fin.
Elle n’a pas seulement valeur de jouissance, elle a valeur de perfection.
3) Le pouvoir vient de Dieu. Il se fonde avec le consentement implicite ou explicite de la société.
Aucune constitution politique ne s’impose.
4) Le pouvoir séculier et le pouvoir ecclésiastique sont distincts.
L’Etat a pour fin le bien commun temporel, l’Eglise a pour fin le salut des âmes.
L’Etat s’ordonne à l’Eglise dans la mesure où la fin temporelle s’ordonne à la fin éternelle. (Abbé Bernard Roland-Gosselin - La doctrine politique de saint Thomas d'Aquin, 1928).
Dieu laisse aux hommes le soin d'aménager concrètement l'exercice du pouvoir. Cette doctrine prône la soumission au pouvoir temporel institué, venant de Dieu. Mais pour Saint Thomas, le renversement du tyran reste toujours possible, lorsque celui-ci a gouverné "non au bien commun de la multitude", mais à son "bien privé", a empêché "les biens spirituels de la multitude", s'est opposé "à ce qu’aucun pacte d’amitié ne s’affermisse" entre les sujets..., a semé la discorde entre les sujets...; ou encore a régné "par la crainte"... Il n’appartient toutefois pas à une initiative personnelle de pouvoir tuer le tyran. Cela n’est pas conforme à l’enseignement des Apôtres. C’est l’autorité publique qui doit supprimer le tyran. Et "il ne faut pas penser qu’une telle multitude agisse avec infidélité en destituant le tyran, même si elle s’était auparavant soumise à lui pour toujours, parce que lui même, en ne se comportant pas fidèlement dans le gouvernement de la multitude, comme l’exige le devoir d’un roi, a mérité que ses sujets ne conservassent pas leurs engagements envers lui. Ainsi les Romains chassèrent de la royauté Tarquin le Superbe, qu’ils avaient pris pour roi, à cause de la tyrannie que lui et ses fils faisaient peser. (...) Probablement (...), selon l’opinion de beaucoup, on n’agirait pas contrairement à la fidélité, en s’opposant d’une manière ou d’une autre à l’iniquité du tyran." (De Regno, Du royaume, écrit au Roi de Chypre, 1266, Editions Louis Vivès, 1857.)
(1) "Toute loi (...) est ordonnée au salut commun des hommes, et c'est seulement dans cette mesure qu'elle acquiert force et raison de loi ; dans la mesure, au contraire, où elle y manque, elle perd de sa force d'obligation." (Somme Théologique, Ia IIae, Question 96, Article 6).
(3) Et "puisque la tyrannie n’est pas moins fréquente, au contraire, sous le gouvernement de plusieurs que sous celui d’un seul, il s’en suit, qu’il est simplement meilleur de vivre sous un Roi que de vivre en république."
De même S. Thomas consacre aussi une question de sa Somme théologique à prouver que la guerre peut être juste (2a 2ae, q. 40) si certaines conditions sont remplies (une intention droite, une cause juste, être le seul moyen, un espoir raisonnable de victoire, des moyens non intrinsèquement mauvais, des moyens proportionnés à la cause défendue).
Au XVIe siècle, S. Ignace de Loyola (1491-1556) choisira Thomas d'Aquin comme docteur officiel de son ordre et l'édition des œuvres de S. Thomas, commentée parCajetancomme textes de référence pour l'éducation religieuse des jésuites.
À l'Université de Salamanque en Espagne, les jésuites adoptent Saint Thomas de préférence à Pierre Lombard.
La contre-réforme catholique du Concile de Trente en 1545 provoque un retour au travail de Thomas d'Aquin, afin de lutter contre les thèses de Luther, qui récusa en théologie l'usage de la raison sans la révélation et de la philosophie antique non chrétienne.
L'école de Salamanque, avec des commentateurs tels que Francisco Suarez, ou le cardinal Cajetan, qui commentera la Somme théologique et qui tentera de ramener Luther à la foi catholique avec des arguments thomistes, propulsera Thomas d'Aquin au-devant de la scène intellectuelle. C'est grâce à Cajetan que la parole de Thomas arrivera au Concile de Trente, qui s'en inspirera largement.
Bien que la scolastique franciscaine survive avec des chaires de "scotisme", c'est la tradition de Saint Thomas qui va l'emporter, et de là, dans l'enseignement du monde clérical catholique.
Le champ d'étude du diable chez Saint Thomas ‘’demeure extrêmement mesuré et représente seulement 1% de sa théologie.
Ce chiffre ridicule nous invite à ne jamais majorer l'importance du diable dans la vie spirituelle comme dans les études spéculatives.
Saint Thomas consacre aux assauts du démon rarement plus de 5 % d’une œuvre.
(Dans De spiritualis creaturis de 1267-1268), Saint Thomas n’y nomme le diable qu’en passant, simplement pour s’assurer si cet ange est purement spirituel ou s’il a un corps aérien. Les mots Satan ou diable y sont totalement absents.
L’Aquinate ne s’intéresse en ce traité qu’aux bons anges, même si certains de ses développements sur ces substances spirituelles peuvent concerner indifféremment les bons ou les mauvais esprits. Est-ce parce qu’il développa ailleurs, durant cette même période, sa propre démonologie, c’est-à-dire dans Summa theologica, I, q. 114, ou dans le Questiones disputatæ de potentia q. 6, qu’il ne le fit pas ici . Nous pensons plutôt que la vraie raison est celle-ci : ce grand mystique aimait ce qui est aimable, la beauté des anges et non la laideur des démons.’’ (Père Jean-Baptiste GOLFIER, Tactiques du diable et délivrances, Dieu fait-il concourir les démons au salut des hommes ?, éd. Artège-Lethielleux, 2018, p. 154-156.)
Dans la lignée de l'évangéliste saint Jean, de saint Paul et des Pères de l'Église, la pensée de Thomas d'Aquin est d'une orientation nettement contemplative et elle est tout aussi profondément spirituelle que doctrinale. On peut même dire qu'elle est d'autant plus spirituelle qu'elle est plus rigoureusement doctrinale. (Jean-Pierre TORRELL, Saint Thomas D'aquin, Maître Spirituel - Initiation 2, Editions Universitaires de Fribourg, 2003)
Le 6 décembre 1273, alors qu'il résidait à Naples (1272-1274), un de ses confrères affirma l'avoir vu en lévitation devant le Crucifix qui lui disait : "Tu as bien écrit de moi, Thomas, que désires-tu comme récompense ?", Thomas d'Aquin aurait alors répondu : "Seigneur rien d'autre que toi". (Guillaume de Tocco, Ystoria sancti Thome, chap. 34). Malgré cette apparition, et alors que Thomas d'Aquin était en train de travailler sur le sacrement de pénitence, il laissa volontairement inachevée sa Somme de théologie.
"En vérité mon fils, je ne puis plus écrire. Tout ce que j'ai écrit et enseigné me semble un brin de paille auprès de ce que j'ai vu et de ce qui m'a été dévoilé. Désormais j'espère de la bonté de mon Dieu que la fin de ma vie suivra de près la fin de mes travaux", dit Thomas à frère Reginald.
Et effectivement, Thomas n'écrivit plus rien après le 6 décembre 1273 jusqu'à sa mort trois mois plus tard le 7 mars 1274. On raconte qu'il voulut mettre au feu tout ce qu'il avait écrit.
Thomas meurt sur la route qui le conduisait au Concile de Lyon, le 7 mars 1274, dans l'abbaye cistercienne de Fossanuova.
Je vous reçois, ô salut de mon âme. C'est par amour de vous que j'ai étudié, veillé des nuits entières et que je me suis épuisé ; c'est vous que j'ai prêché et enseigné.
Il est canonisé en 1323, cinquante ans plus tard. On célèbre sa mémoire au jour anniversaire du transfert de son corps au couvent des dominicains de Toulouse, les Jacobins, en 1369.
En 1567, Pie V proclame Thomas Docteur de l'Église et fait publier la première édition complète et imprimée des oeuvres de S. Thomas.
Il est le Saint Patron de l'Enseignement Catholique.
Dans toute son oeuvre ne se trouve qu'une erreur : sa doctrine selon laquelle certains hommes (dont les enfants morts sans baptême) étaient séparés de Dieu à jamais parce qu'ils n'avaient pas reçu la prédication de l'Évangile. Le Concile Vatican II le contredit : "Puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal". (GS n° 22, 5).
Le Triomphe de Saint Thomas, 1323, Lippo Memmi, Francesco Traini, Pise, Santa Caterina, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 65.
Prions saint Thomas d'Aquin, dont tant l'Église et le monde, que la théologie et la philosophie ont plus que jamais besoin de la sagesse et de l'intercession.
"Nous disons maintenant à tous ceux qui désirent la vérité : Allez vers Thomas." (Pape Pie XI)
Sources: (1); (2); (3); (4) Docteur angélique; (5) F. FICARRA, Les Dominicains, éd. de Vecchi, Paris 2005; (6) Jean-Pierre TORRELL, Saint Thomas D'aquin, Maître Spirituel - Initiation 2, Editions Universitaires de Fribourg, 2003; (7) Michel VILLEY, La Formation de la pensée juridique moderne, Texte établi, révisé et présenté par Stéphane RIALS, Quadrige PUF, Mercuès 2006, p. 329-330.
Sainte Angèle Merici naît à Desonzano en 1474, dans la région lombarde en Italie, sur le lac de Garde. Ses parents, profondément chrétiens, désirent que leurs enfants trouvent leur bonheur dans la gloire de Dieu. Pour réaliser cet idéal, ils font un vrai sanctuaire de la maison paternelle où chacun travaille sous le regard de Dieu et récite la prière en commun. Une lecture dans un livre de piété, ou dans la Vie des Saints, termine la journée.
A ces pieuses pratiques, Angèle ajoute les rigueurs de la pénitence. Elle voue sa virginité au Seigneur à l'âge de neuf ans et renonce le jour même à toute parure.
La réputation de sainteté d'Angèle Merici se répand jusque dans la ville de Brescia (Italie).
Les Patengoli, riche famille et grands bienfaiteurs des oeuvres pies, habitent la cité de Brescia. En 1516, ayant perdu coup sur coup leurs deux fils, ils invitent Angèle à venir habiter avec eux pour les consoler dans leur peine. A partir de ce moment, sainte Angèle se fixe à Brescia, édifiant la ville par ses vertus. Chaque jour, on la voit en compagnie de jeunes filles de son âge, rassembler les fillettes et leur enseigner la doctrine chrétienne, visiter les pauvres et les malades, instruire les grandes personnes qui viennent, en foule, écouter leurs conférences. Ces pieuses filles s'ingénient à rechercher les pécheurs jusque dans leur lieu de travail.
Suivant une pratique très usitée à cette époque, Angèle entreprend plusieurs pèlerinages. Un jour qu'elle se rend à Jérusalem avec un groupe de pèlerins, une mystérieuse cécité se déclare dans la ville de Candie, l'affligeant tout le reste du parcours, pour ne cesser qu'à son retour exactement au même endroit où elle avait perdu l'usage de la vue. Dans cette pénible circonstance, elle a une vision comme un symbole du renoncement qui doit être à la base de tous ses projets (Cf. "La prière d'abandon de Sainte Angèle Merici").
Elle prit d'abord l'habit du Tiers-Ordre de saint François et réunit des jeunes filles pour les former aux oeuvres de charité.
On vient voir Angèle de loin pour écouter ses conseils. Elle réconforte, apaise et réconcilie. Des clercs viennent même la consulter.
En 1525, au cours de l’année sainte, elle rencontre à Rome le pape Clément VII qui, instruit des vertus et des miracles d'Angèle, lui demande de rester à Rome. Elle refuse. Le pape s’incline. De retour à Brescia, elle continue son apostolat. Mais le temps passe et le désir de réaliser sa vocation la presse de passer à l’action.
Le souvenir de la merveilleuse vision demeurait toujours au fond de son coeur. Un jour, Angèle réunit douze jeunes filles qui désiraient tendre à la vie parfaite. Elle leur proposa de mener une vie retirée dans leurs demeures et les rassemblaient fréquemment pour les former à la pratique des vertus chrétiennes. En 1533, ce noviciat achevé, sainte Angèle Merici leur révéla son plan, leur démontrant que l'ignorance religieuse était la cause des ravages exercés par le protestantisme et que la fondation d'une société de religieuses d'une forme nouvelle pour l'époque, unissant la vie contemplative à l'instruction des enfants, constituerait un remède efficace à l'état déplorable qui régnait dans l'Église.
Afin de mieux atteindre toutes les âmes dans le besoin, Angèle implanta les bases d'un Ordre sans clôture. A une époque où il était d'usage de tenir les religieuses à l'écart du monde dans un monastère, consacrées à la vie contemplative, dans les desseins de Dieu, la congrégation des Ursulines devait rayonner à travers le monde par l'éducation des jeunes filles, le soin aux malades et les nécessiteux dans les maisons qui seraient appelées couvents des Ursulines. Le 25 novembre 1535, à Brescia, les premières religieuses du nouvel institut prononcèrent les trois vœux traditionnels de pauvreté, chasteté et obéissance, ajoutant celui de se consacrer à l'enseignement. Les sœurs d'Angèle parcouraient les prisons et les hôpitaux, recherchaient les pauvres pour les instruire et rompaient généreusement leur pain avec eux.
Envoyée réconforter une personne qui a perdu son mari et ses fils à la guerre et qui entre dans une grave dépression, Angèle reste deux ans auprès d’elle puis s’installe à Brescia où sa renommée de sagesse et de sainteté grandit.
Remontant le cours du mal jusqu'à sa source, Angèle Merici pensait qu'on ne pouvait réformer les mœurs que par la famille, laquelle dépendait surtout de la mère. Elle réalisait que la mauvaise éducation des jeunes filles provenait de la carence de mères chrétiennes.
Angèle plaça sa congrégation sous le patronage de sainte Ursule, princesse bretonne des Cornouailles du Ve siècle qui, pour fuir son prétendant, fit un pèlerinage de trois ans. Capturée par les Huns à son retour, elle refusa d'épouser leur chef Uldin (ou son petit-fils Attila ?), et d'abjurer sa foi. Les Huns, qui assiégeaient la ville de Cologne, la massacrèrent, criblée de flèches, ainsi que ses suivantes vierges. Sainte Ursule est invoquée en temps de guerre pour obtenir une bonne mort, un bon mariage, mais aussi comme protectrice des jeunes filles.
Dieu avait gratifié Angèle des dons éminents de science infuse et de prophétie. Elle parlait latin sans l'avoir étudié, expliquait les passages les plus difficiles des Livres Saints et traitait les questions théologiques avec une si admirable fermeté et précision, que les plus doctes personnages recouraient volontiers à ses lumières. Ses dernières années furent marquées par de fréquentes extases.
Le 25 novembre 1535, 28 jeunes filles décident de se donner à Dieu. Pas de vœu public. Pas de règle. Le simple don de soi dans l’accompagnement de chacun. C’est le concile de Trente qui transforme cette Compagnie en ordre religieux cloîtré et lui précise sa mission d’éducation. Mais la spiritualité d’accueil et la pédagogie d’accompagnement d’Angèle bousculeront les ordres et les statuts et donneront naissance à une postérité foisonnante.
Sainte Angèle Merici mourut le 28 janvier 1540. Pendant trois nuits, toute la ville de Brescia contempla une lumière extraordinaire au-dessus de la chapelle où reposait le corps de la Sainte qui s'est conservé intact de toute corruption.
Aujourd’hui, Angèle a de nombreuses filles à travers le monde qui vivent de différentes façons : Ordre religieux, monastères autonomes, Unions, Fédérations, Institut séculier. Des laïcs, depuis quelques décennies, ont fait le choix, de vivre du charisme d’Angèle Merici. Ils s’appellent "Associés" et demandent aux Ursulines de leur transmettre la spiritualité méricienne, afin de vivre l’Évangile à la manière d’Angèle.
Le 26 janvier, l'Église catholique célèbre la fête de deux figures importantes du christianisme primitif : Saints Timothée et Tite. L’Eglise en Occident les unit comme disciples très chers de saint Paul qui leur confie la charge épiscopale dans l’Eglise naissante.
Le fait que Timothée et Tite partagent une célébration commune – et suivent celle de la conversion de Paul – prend tout son sens puisqu'ils étaient les chers fils de saint Paul dans le sacerdoce et l'épiscopat, à qui il adressa les dites lettres pastorales du Nouveau Testament, traitant précisément de l'ordre de l'Église et de la vie chrétienne. Chez ces deux fils de Paul, nous voyons se matérialiser la doctrine de l'Église sur la succession apostolique.
Timothée, que Paul appelle "son vrai fils dans la foi" est né en Asie mineure d’un père grec et d’une mère juive.
Converti lors de la première mission de saint Paul, il devient son disciple et son collaborateur fidèle.
Pour le faire accepter des juifs et des judéo-chrétiens, Paul le fait circoncire (Ac 16,3). Timothée partagera la première captivité de Paul qui, lors de sa seconde captivité, le réclamera encore.(1) Timothée est influencé par les mouvements baptistes, ainsi Paul lui reproche de « ne boire que de l'eau » et lui conseille de boire un peu de vin.(2)
Selon l’Histoire ecclésiastique postérieure d’Eusèbe de Césarée, Timothée fut le premier évêque d’Ephèse où il rencontre l'apôtre Saint Jean.
C'est dans cette ville qu'il est mort martyr, tué par des exaltés le frappant à coup de massues et de pierres parce qu'il voulait les dissuader de s'adonner à une fête licencieuse en l'honneur d'une divinité païenne.
Son corps a été enterré avec celui de saint Jean, à Ephèse, avant qu’on ne le transporte à Constantinople en 356, en l'église des Saints-Apôtres.
Certaines de ses reliques se trouvent depuis 1239 en Italie dans la cathédrale de Termoli dans le Molise, en provenance de Constantinople.(3) C'est à l'occasion de travaux de restauration en 1945, qu'elles ont été redécouvertes et mises à l'honneur.(4)
Son nom, en grec (timao et theos), signifie “celui qui honore Dieu”. (5)
Tite est un Grec converti, mais non circoncis.
Grec, Tite est païen.
À la suite de riches études en philosophie, lettres et poésie, il est préoccupé par les sciences et mène une vie vertueuse. Il reçoit l’intuition de lire les enseignements bibliques. Mais ce n’est qu’un an plus tard qu’il est frappé d’étonnement en lisant le chapitre 47 du Livre d’Isaïe. Il en fait part à son oncle qui lui propose d’aller sur place à Jérusalem, et c’est ainsi qu’il est témoin des différents événements de Jésus. L’ayant remarqué, Jésus le choisit pour faire partie du groupe des soixante-dix disciples dans la continuité des Douze.
Témoin de l’effusion de l’Esprit Saint à la Pentecôte où il découvre que les apôtres s’expriment dans des langues différentes, Tite, à la fois impressionné et stimulé, se dispose dès lors à traduire pour aider à conduire; et c’est ainsi qu’il va s’accomplir pour une part auprès de Paul. Il se convertit avec l’apôtre Paul qui le baptise et devient son directeur spirituel.
Une tradition, en partie soutenue par l’Église orthodoxe, dit que Tite est né en Crète d’une illustre famille, peut-être même descendante du roi Minos, son oncle étant lui-même le gouverneur des lieux.(6)
C’est un diplomate habile à qui Paul confie des missions délicates, tout en lui demandant d’être ferme et catégorique. L’Apôtre s’oppose en effet fermement à la circoncision du chrétien d’Antioche, et Tite devient ainsi le symbole vivant de la valeur universelle du Christianisme, sans distinction ni de nationalité, race, et culture.
Il participe au concile de Jérusalem qui définit certaines modalités d’admission à la communauté chrétienne, notamment la circoncision que n’a pas connue Tite (Ga 2:3). La foi seule est-elle suffisante ou faut-il toujours pratiquer les observances de la Loi judaïque ? Pierre et Paul défendent que le salut n’en dépend plus pour permettre au plus grand nombre de rejoindre l’assemblée des nouveaux convertis.
Il ramènera la paix dans la communauté de Corinthe et premier évêque de la Crète, il organisera les communautés naissantes de cette île.
Lorsque l’apôtre se voit emmené à Rome pour y être jugé, Tite n’hésite pas à le rejoindre pour l’aider. Après la mort de Paul en martyr, il retourne en Crète en s’efforçant de soutenir la communauté des baptisés et d’éclairer les païens sur leurs pratiques et croyances idolâtriques. À la suite de prédications et de prières répétées, il amène de plus en plus de gens à croire au Christ. On dit même qu’un nouveau temple dédié à Zeus ne fut pas achevé et qu’il finit par s’effondrer.
La tradition nous dit qu’il meurt évêque de Cnossos, en Crète.
Selon la tradition, Paul écrit deux lettres à Timothée et à Tite. Ce sont les seules lettres du Nouveau Testament adressées non pas à des communautés mais à des individus. L’Apôtre, désormais âgé, se laisse aller à des annotations riches d’affection envers ces deux disciples, satisfait d’avoir mis en leurs mains l’annonce de l’Evangile. Selon Benoît XVI, Timothée et Tite "nous enseignent a servir l’Evangile avec générosité, en sachant que cela est aussi un service à l’Eglise".
Selon la tradition, Tite rend son âme à Dieu à l’âge de quatre-vingt-quatorze ans, vers l’an 105, en tant qu'évêque basé à Gortyne (au sud de Cnossos) alors capitale romaine de l’île.
Son corps est inhumé dans la cathédrale de Gortyne, jusqu’à la destruction de la ville par les musulmans en 823. On ne retrouva malheureusement que sa tête qui fût transportée à Venise où elle fût déposée dans l’église de Saint-Marc.
Prends ta part de souffrances, en bon soldat du Christ Jésus. Dans le métier des armes, personne ne s’encombre des affaires de la vie civile s’il veut donner satisfaction à qui l’a engagé. De même l’athlète ne reçoit la couronne que s’il a lutté selon les règles. Comprends ce que cela veut dire. D’ailleurs le Seigneur te le fera comprendre.
L’intercession des saints (au Ciel ou vivants sur terre) consiste à demander aux saints de prier pour nous et de soutenir nos prière devant Dieu.
Les saints sont des hommes et des femmes qui ont vécu dans la foi et la charité, et qui sont maintenant au ciel, auprès de Dieu.
Ils sont nos frères et sœurs dans le Christ, et font partie de l’Église, qui est le corps du Christ. Nous pouvons leur demander de prier pour nous et de soutenir nos prières devant Dieu. C’est ce qu’on appelle l’intercession des saints.
La Bible enseigne en effet que nous sommes tous unis en Christ, que nous soyons sur terre ou déjà auprès de lui.
Rm 12,5 ... nous qui sommes plusieurs, nous sommes un seul corps dans le Christ, et membres les uns des autres.
Les saints vivants peuvent intercéder les uns pour les autres
''J’encourage, avant tout, à faire des demandes, des prières, des intercessions et des actions de grâce pour tous les hommes,
pour les chefs d’État et tous ceux qui exercent l’autorité, afin que nous puissions mener notre vie dans la tranquillité et le calme, en toute piété et dignité.
Cette prière est bonne et agréable à Dieu notre Sauveur,'' (1 Tm 2,3)
La Vierge Marie intercède auprès du Seigneur lors des Noces de Cana
Jn 2,1-11 Le troisième jour, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là.
Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples.
Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : "Ils n’ont pas de vin."
[...] Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres).
Jésus dit à ceux qui servaient : "Remplissez d’eau les jarres." Et ils les remplirent jusqu’au bord.
Il leur dit : "Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas." Ils lui en portèrent.
Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau.
Il est bon d’intercéder pour son prochain
La Bible nous encourage à prier les uns pour les autres, et c’est cela que l’on nomme ''intercéder'' pour autrui:
Jc 5:16 "Confessez donc vos péchés les uns aux autres, et priez les uns pour les autres afin d’être guéris. La supplication du juste agit avec beaucoup de force."
Ap 8,3 "Un autre ange vint se placer près de l’autel ; il portait un encensoir d’or ; il lui fut donné quantité de parfums pour les offrir, avec les prières de tous les saints, sur l’autel d’or qui est devant le Trône."
Ac 8,24 "Priez vous-mêmes pour moi le Seigneur, afin que rien ne m’arrive"
Jr 42:2 "et dirent au prophète Jérémie : 'Laisse-toi toucher par notre supplication ! Intercède pour nous auprès du Seigneur ton Dieu"
Né 1:6 "Ecoute la prière que ton serviteur t’adresse en ce moment, jour et nuit, pour tes serviteurs les enfants d’Israël, en confessant les péchés des enfants d’Israël."
De même, une prière faite par quelqu’un de saint a plus de valeur aux yeux de Dieu:
Jb 42:8 "Maintenant, prenez sept taureaux et sept béliers, allez trouver mon serviteur Job. Offrez un holocauste en votre faveur, et Job mon serviteur intercédera pour vous. Uniquement par égard pour lui, je ne vous infligerai pas l’infamie méritée pour n’avoir pas parlé de moi avec justesse, comme l’a fait mon serviteur Job."
On comprend clairement que la prière de Job, intercédant pour ses frères, est exaucée en vertu de sa droiture personnelle. L’intercession a donc plus d’efficacité que s’ils avaient prié Dieu directement.
Les Saints au ciel peuvent aussi prier pour nous
Les Saints morts vont bien au ciel, et ont la vie éternelle. Ils ne vont plus au séjour des morts où Jésus y a libéré les âmes des justes:
Jr 15,1 "Le Seigneur me dit : Même si Moïse et Samuel se tenaient devant moi, je n’aurais pas d’égard pour ce peuple. Renvoie-les loin de moi."
Hébreux 12,1 "Ainsi donc, nous aussi, entourés de cette immense nuée de témoins, et débarrassés de tout ce qui nous alourdit – en particulier du péché qui nous entrave si bien –, courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée
2 Co 1,11 avec l’aide que vous nous apportez en priant pour nous ; ainsi, par l’intervention d’un grand nombre de personnes, la grâce que nous aurons reçue sera pour beaucoup de gens une occasion de rendre grâce à notre sujet.
Jn 11,25-26 "Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais."
Jn 3,18 "Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu."
1 P 3,18-19 "Car le Christ, lui aussi, a souffert pour les péchés, une seule fois, lui, le juste, pour les injustes, afin de vous introduire devant Dieu ; il a été mis à mort dans la chair, mais vivifié dans l’Esprit.C’est en lui qu’il est parti proclamer son message aux esprits qui étaient en captivité."
1 P 4,6 "C’est pour cela que l’Évangile a été annoncé aussi aux morts, afin que, jugés selon les hommes dans la chair, ils vivent selon Dieu dans l’Esprit." [Le «jugement» quant à la chair désigne la mort physique, la phrase structurant clairement une antithèse]
1 Th 3,13 "qu’ainsi il affermisse vos cœurs, les rendant irréprochables en sainteté devant Dieu notre Père, lors de la venue de notre Seigneur Jésus avec tous les saints." (+ Za 14:5)
A la fin Jésus reviendra accompagné de tous les saints: ils ne l’attendent donc pas au séjour des morts. On peut aussi ajouter l’épisode de la transfiguration (Mt 17) qui montre Moïse et Elie en discussion avec Jésus, et non pas comme "endormis" dans le shéol.
Révolte des Maccabées
Ainsi, ces Saints au ciel vivent et sont actifs; ils nous entendent et peuvent transmettre nos prières à Dieu.
''Il (Judas Maccabée) leur raconta en outre un songe digne de foi, une sorte de vision qui les réjouit tous.
Voici ce qu’il avait vu : Onias, jadis grand prêtre, cet homme noble et bon, modeste dans son abord et doux de caractère, distingué dans son langage et adonné dès l’enfance à tout ce qui concerne la vertu, étendait les mains etpriait pour toute la communauté des Juifs. [faisant et anticipant ainsi le signe de la Croix, Salut du monde]
Ensuite apparut de la même manière un homme remarquable par ses cheveux blancs et par sa dignité, dont le maintien était admirable et tout empreint de majesté.
Prenant la parole, Onias disait : 'Cet homme est l’ami de ses frères, celui qui prie beaucoup pour le peuple et pour la Ville sainte, Jérémie, le prophète de Dieu.'
De la main droite, Jérémie tendit à Judas une épée d’or. En la lui donnant, il s’exprima ainsi :
' Reçois cette épée sainte que Dieu te donne. Par elle, tu briseras tes adversaires.'
Ce très beau discours de Judas eut le pouvoir d’inciter à la vertu et de donner aux jeunes une âme virile.''
La Fête de la Dédicace, fête de la Lumière ou fête des Maccabées, la Ḥānukkāh (en hébreu : "inauguration" ou "dédicace") est la fête juive qui commémore la Nouvelle Dédicace (en ~ 165) du second Temple de Jérusalem, trois ans après sa profanation par Antiochus IV Épiphane (175-164 av. J.-C.) roi grec de Syrie (issu de la dynastie séleucide des diadoques, successeurs d'Alexandre le Grand). La révolte maccabéenne qui vit la victoire des Juifs et permit la fête de la Dédicace est relatée dans les deux livres des Maccabées qui font partie du canon de la Bible catholique :
Alors Judas et ses frères déclarèrent : "Voilà nos ennemis écrasés, montons purifier le Lieu saint et en faire la dédicace."
Toute l’armée se rassembla, et ils montèrent à la montagne de Sion.
Là, ils virent le sanctuaire dévasté, l’autel profané, les portes complètement brûlées. Dans les parvis, la végétation avait poussé comme dans un bois ou sur une montagne, et les salles des prêtres étaient détruites.
Ils déchirèrent leurs tuniques, se frappèrent la poitrine, répandirent de la cendre sur leur tête
et tombèrent, la face contre terre. Au signal donné par les trompettes, ils poussèrent des cris vers le Ciel.
Alors, Judas donna l’ordre à quelques hommes de combattre les occupants de la citadelle, pendant la purification du Lieu saint.
Il choisit des prêtres irréprochables et très attachés à la Loi.
Ceux-ci purifièrent le Lieu saint et emportèrent les pierres souillées dans un endroit impur.
Ils se demandèrent ce qu’il fallait faire de l’autel des holocaustes, qui avait été profané.
Ils eurent la bonne idée de le démolir, pour écarter tout reproche, du fait que les païens l’avaient souillé. Ils démolirent donc l’autel,
et transportèrent les pierres sur la montagne de la Demeure, dans un endroit approprié, en attendant la venue d’un prophète qui se prononcerait à leur sujet.
Conformément à la Loi, ils prirent des pierres non taillées et bâtirent un autel nouveau, sur le modèle du précédent.
Ils restaurèrent aussi le Lieu saint et l’intérieur de la Demeure ; ils sanctifièrent les parvis.
Ils introduisirent au cœur du sanctuaire les nouveaux ustensiles sacrés qu’ils avaient fabriqués, le chandelier, l’autel des parfums et la table des offrandes.
Ils firent brûler de l’encens sur l’autel et allumèrent les lampes du chandelier, qui illuminèrent le sanctuaire.
Ils placèrent les pains de l’offrande sur la table et tendirent les rideaux. Ils achevèrent ainsi tous les travaux qu’ils avaient entrepris.
Le vingt-cinquième jour du neuvième mois, c’est-à-dire le mois de Kisléou, en l’année 148, de grand matin,
les prêtres offrirent le sacrifice prescrit par la Loi sur le nouvel autel qu’ils avaient construit.
On fit la dédicace de l’autel au chant des hymnes, au son des cithares, des harpes et des cymbales. C’était juste l’anniversaire du jour où les païens l’avaient profané.
Le peuple entier se prosterna la face contre terre pour adorer, puis ils bénirent le Ciel qui avait fait aboutir leur effort.
Pendant huit jours, ils célébrèrent la dédicace de l’autel, en offrant, dans l’allégresse, des holocaustes, des sacrifices de communion et d’action de grâce.
Ils ornèrent la façade du Temple de couronnes d’or et de boucliers, ils en restaurèrent les entrées et les salles et y replacèrent des portes.
Il y eut une grande allégresse dans le peuple, et l’humiliation infligée par les païens fut effacée.
Judas Maccabée décida, avec ses frères et toute l’assemblée d’Israël, que l’anniversaire de la dédicace de l’autel serait célébré pendant huit jours chaque année à cette date, dans la joie et l’allégresse."
Le deuxième Livre des Maccabées rapporte un évènement qui se déroula auparavant, sous la grande prêtrise d'Onias(II 3 M 1). L'épisode d'Héliodore chassé du temple par trois anges envoyés par Dieu, sur la prière des Juifs de Jérusalem, est relaté en II M 3,13-25 :
Heliodore chassé du temple par trois anges (II M 3), tableau de Raphael
Les habitants de la Ville sainte jouissaient d’une paix totale ; on y observait au mieux les lois, grâce à la piété du grand prêtre Onias et à sa haine du mal.
À cette époque, les rois eux-mêmes en vinrent à honorer le Lieu saint et à rehausser la gloire du Temple par les dons les plus magnifiques.
Séleucos (187-175) roi d’Asie, couvrait lui-même de ses revenus personnels toutes les dépenses exigées par la liturgie des sacrifices.
Or, un certain Simon, de la tribu de Bilga, qui avait été nommé administrateur du Temple, se trouva en désaccord avec le grand prêtre, au sujet de la surveillance des marchés de la ville. [...] Le roi désigna Héliodore, qui était à la tête de ses affaires. Il l’envoya avec l’ordre de procéder à l’enlèvement des richesses indiquées.
[...] Héliodore, en raison des ordres qu’il avait reçus du roi, soutenait absolument que ces richesses devaient être confisquées au profit du trésor royal.
Au jour fixé par lui, il entra pour dresser l’inventaire de ces richesses. Grande fut l’angoisse qui se répandit alors dans toute la ville.
Les prêtres, prosternés devant l’autel en habits sacerdotaux, invoquaient le Ciel, lui qui avait institué la loi sur les dépôts, pour qu’il garde intacts les biens de ceux qui les avaient mis en dépôt.
Heliodore chassé du temple par trois anges (II M 3). Détail du tableau de Raphael montrant le Grand Prêtre Onias priant
À voir l’aspect du grand prêtre, on ne pouvait manquer d’être profondément blessé, tant son apparence et l’altération de son teint trahissaient l’angoisse de son âme.
La frayeur dont cet homme était envahi et le tremblement de son corps manifestaient clairement à ceux qui le regardaient la souffrance intime de son cœur.
Devant la profanation qui menaçait le Lieu saint, les gens se précipitaient en foule hors des maisons où ils se trouvaient, pour s’unir dans une supplication commune.
Les femmes, enveloppées d’une toile à sac serrée au-dessous de la poitrine, se répandaient dans les rues. Quant aux jeunes filles, habituellement retenues à l’intérieur, les unes couraient vers les portails, d’autres sur les murailles, d’autres encore se penchaient aux fenêtres.
Toutes faisaient monter leur imploration, les mains tendues vers le Ciel.
C’était pitié de voir la confusion de cette foule prostrée, et l’extrême angoisse dans laquelle attendait le grand prêtre.
Tandis qu’on invoquait le Seigneur tout-puissant pour qu’il garde intacts, en toute sécurité, les dépôts de ceux qui les avaient confiés au Temple,
Héliodore, lui, exécutait ce qui avait été décidé.
Mais à l’endroit précis où il se trouvait déjà, avec ses gardes, près de la salle du trésor, le Souverain des esprits célestes et de toute autorité se manifesta avec un tel éclat que tous ceux qui avaient eu l’audace d’entrer, frappés par la force de Dieu, défaillirent d’épouvante.
Héliodore chassé du temple, Par Raphaël. Détail du tableau montrant le cavalier angélique chassant Héliodore
Un cheval leur apparut, monté par un redoutable cavalier et orné d’un harnachement somptueux. S’élançant avec impétuosité, il projetait les sabots antérieurs vers Héliodore. L’homme qui le chevauchait paraissait avoir une armure d’or.
En même temps lui apparurent deux autres jeunes gens, d’une force extraordinaire, éclatants de beauté et magnifiquement vêtus. Se plaçant de part et d’autre d’Héliodore, ils le flagellaient sans relâche, lui portant une grêle de coups.
Subitement, Héliodore fut terrassé et environné d’épaisses ténèbres ; on le ramassa pour le mettre sur une civière.
Cet homme, qui venait de pénétrer dans la salle du trésor avec une escorte nombreuse et toute sa garde, n’était plus d’aucun secours à lui-même ; on l’emporta, en reconnaissant ouvertement le pouvoir de Dieu.
Lui, par l’action de la force divine, gisait sans voix, privé de tout espoir de salut ;
les autres bénissaient le Seigneur qui avait grandement glorifié son Lieu saint.
Cet épisode d'Héliodore chassé du temple est une preuve que les saints au Ciel entendent nos prières et les portent pour nous à Dieu.
Hé 12:1 ''Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoin.''
Ap 5:8 ''[…] les vingt-quatre vieillards se prosternèrent devant l’agneau, tenant chacun une harpe et des coupes d’or remplies de parfums, qui sont les prières des saints.'' (+ Ap 8:3 ; 6:9-10)
Les vieillards (qui représentent des hommes) sont décrits en train d’apporter les «prières des saints» à Dieu. C’est exactement ce qui se passe quand un Saint prononce une prière à la place de son prochain: il intercède. Or, ces hommes (non pas anges dont ils sont dissociés) sont au ciel avec Dieu: les Saints au ciel intercèdent donc bien pour nous !