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Christ Roi

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13 juin 2024 4 13 /06 /juin /2024 00:00
Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 20.

Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 20.

Religieux de l'ordre des frères mineurs franciscains, Saint Antoine (1195-1231) naît de son vrai nom Fernando Martins de Bulhoes n'est pas né à Padoue mais à Lisbonne en 1195, de la famille glorieuse de Godefroy de Bouillon, premier roi de Jérusalem, dont une branche s'était implantée en Portugal.

Si son oncle Godefroy de Bouillon a été la fleur de la chevalerie, lui, est la fleur de l'Ordre Séraphique et un des plus beaux joyaux de la Jérusalem céleste.

Sa mère portait le beau nom que devait illustrer la Vierge du Carmel, et les mêmes vertus ont orné ces deux grandes âmes (le corps de Dona Teresa repose dans la chapelle dédiée à son fils à l'église Saint-Vincent près de Lisbonne. Sur la tombe de cette glorieuse et heureuse mère sont gravées ces simples paroles : Ici repose la mère de Saint Antoine : Hic jacet mater sancti Antonii.)

"À peine sorti du berceau, ses délices étaient de courir aux autels de Jésus et de Marie dans l'église cathédrale de Lisbonne. C'est là qu'on le trouvait toujours en adoration devant le tabernacle, ou à genoux aux pieds de Marie, chantant un hymne d'amour à la Vierge Immaculée. C'était l'hymne que chantait sa pieuse mère : "Ô gloriosa Domina ! Ô glorieuse Souveraine !" Il la chantait le jour, il la chantait la nuit. Elle le consolait dans ses tristesses et le fortifiait dans ses combats. Elle faisait le charme de sa solitude et, dans les grands travaux et les grandes luttes de l'apostolat, elle faisait son triomphe.

O Gloriosa Domina (Ô Glorieuse Dame) composée au VIe s. par Saint Venance Fortunat (530-609), Évêque de Poitiers et auteur de nombreuses Hymnes Catholiques.

L'amour de Dieu chez S. Antoine

 

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu "de tout ton cœur". Tout : tu ne peux garder pour toi aucune partie de toi. Il veut l'offrande de tout toi-même. Il t'a racheté tout entier de tout Lui-même pour te posséder Lui seul, toi tout entier. Tu aimeras donc le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur. Ne va pas comme Ananie et Saphire, garder pour toi une partie de toi-même; car alors, comme eux, tu périras tout entier. Aime donc totalement et non en partie. Car Dieu n'a pas de parties; Il est tout entier partout. Il ne veut pas de partage en ton être, Lui qui est tout entier en son Être. (Ivan GOBRYMystiques Franciscains, Éditions Artège, Perpignan 2013, p. 40-41.)

O Gloriosa Domina, Jordi Savall – Hespèrion XXI & La Capella Reial De Catalunya

Enfant, il va à l'école épiscopale et se fait remarquer par une intelligence vive. 

"Dès l'âge de cinq ans, il se consacre au Seigneur, et triomphe de Satan. Ce fut son premier miracle. Pris à la gorge par lui, il trace le signe de la croix, sur la marche de l'autel où il priait, et le marbre s'amollissant en garde miraculeusement l'empreinte." (Père Marie-Antoine de Lavaur, Les Grandes Gloires de Saint Antoine de Padoue, Éditions du Pech, Toulouse 2016, pp. 14-15.) Le Père Valentin Strappazzon retrace ainsi ce miracle : "Pendant le service de l'autel, le démon surgit devant lui en même temps que son esprit était assailli par de fortes tentations : il traça alors un signe de croix sur la marche de l'autel, le diable s'enfuit et la croix resta gravée sur le marbre." (Valentin STRAPPAZZON, Saint Antoine de Padoue, Docteur de l'Église et prédicateur populaire, Pierre Téqui éditeur, Paris 2002.)

Un jour d'été, son père lui avait confié la garde d'un champ de blé contre les bandes d'oiseaux qui traînaient dans les parages, mais c'était l'heure de la prière. Il enferma alors les moineaux dans une masure à ciel ouvert, leur défendit de s'envoler et se rendit à la cathédrale... À son retour, les oiseaux étaient toujours là, sagement à leur place, et le champ de blé intact. (Père Valentin STRAPPAZZON, Saint Antoine de Padoue, Docteur de l'Église et prédicateur populaire, Pierre Téqui éditeur, Paris 2002, p. 8.)

À quinze ans, il entre chez les frères augustiniens du monastère de Saint-Vincent de Fora qui se trouvait alors en dehors de la ville, à Graça, une des sept collines de Lisbonne. Il y reste deux ans. En 1212, il continue ses études théologiques au monastère augustinien de la Sainte-Croix à Coimbra (Portugal).

Un jour qu'il était retenu à l'infirmerie du couvent par les devoirs de sa charge, il eut, au moment de l'élévation de la Messe, un ardent désir de voir le Sauveur, et il se mit à genoux: Ô merveille! Les murs de l'église s'entr'ouvrent et lui laissent voir l'autel, où il adore ravi, la sainte Victime.

Les actes en disent plus que les mots. Que vos paroles enseignent, que vos actes parlent.

Saint Antoine de Padoue, 10 citations inspirantes de saint Antoine, Aleteia

Cependant Antoine était appelé de Dieu à devenir disciple de S. François. "D'après plusieurs historiens, il aurait, dans une de ses extases, vu Saint François lui-même venant lui annoncer, de la part de Dieu, qu'il l'avait choisi pour devenir son fils." (Père Marie-Antoine de Lavaur, Les Grandes Gloires de Saint Antoine de Padoue, Éditions du pech, Toulouse 2016, pp. 15-16.)

 

Il sentit le premier appel à la vue de ces cinq religieux franciscains, Bérard de Carbio, Otton, Pierre de Saint-Géminien, Adjute et Accurse s'embarquant pour les missions d'Afrique en 1219 et qui s'étaient arrêtés dans son monastère de Coimbra. L'appel devint définitif, quand, quelques mois plus tard, les reliques de ces cinq religieux (devenus martyrs de la foi décapités au Maroc par le calife almohade Yusuf al-Mustansir le 16 janvier 1220, après avoir été fouettés à mort) furent ramenées providentiellement à son monastère. Fernando Martins de Bulhoes, qui vient d'être oint prêtre, assiste à la cérémonie funéraire des cinq franciscains. Le jeune homme sent "dans son coeur" qu'il doit impérativement suivre l'exemple des frères martyrisés. Il exprime le voeu de rejoindre l'Ordre et il est accueilli à Olivais (un ermitage des environs de Coimbra) où quelques frères franciscains arrivés au Portugal vers 1217 ou 1218, avaient reçu de la reine Urraque la jouissance d'une chapelle. Il change de nom et prend celui d'Antoine. Il décide de partir lui aussi pour le Maroc mais, malade, il doit rebrousser chemin. Il débarque alors en Sicile, arrive à Assise et participe au chapitre de 1221, où il réussit à se faire mépriser et compter pour rien. Là, il va s'ensevelir à Monte-Paolo, petit couvent perdu dans les montagnes de l'Italie, à dix milles de Forli, sur les pentes de l'Apennin. Là il découvrit une grotte sauvage, cachée dans un massif de sapins, fermée aux vains bruits de la terre, taillée dans le roc, avec une de ces échappées sur l'azur du ciel qui plaisent tant aux contemplatifs. Elle était occupée par un de ses frères en religion, qui consentit à la lui céder. Il y passait une partie de ses journées, depuis les matines jusqu'à la conférence du soir. Un peu de pain, un verre d'eau fraîche, voilà toute sa nourriture. Il matait sa chair pour la soumettre à l'esprit, durement, sans pitié pour frère l'âne (expression par laquelle S. François désignait le corps). "Ses lèvres bleuies et ses joues creusées par le jeûne témoignaient de la rigueur de la lutte. Ses genoux fléchissaient sous le poids du corps, et souvent, au dire d'un témoin oculaire, il lui fallait le bras d'un Frère pour ne pas tomber en chemin." (Legenda prima, p. I, c. VI - Cf. J. RIGAUD, c. IV, et la Legenda secunda, c. II.) Il passa près d'une année dans cette Thébaïde, au milieu d'effrayantes austérités, dont les anges seuls furent témoins. (Léopold de Chérancé, Saint Antoine de Padoue, 1906.)

 

Un jour, Marie fait entendre sa voix : "Mon fils, dit-elle, ne parle pas. Dieu demande encore de toi ce nouveau sacrifice. Tais-toi, mon fils, tais-toi." Et il se tait. On le croira incapable de parler, on le traitera d'imbécile, d'idiot. Il le sait, il l'accepte, il le veut. Mais, pendant que les hommes le rejettent, le méprisent, Dieu dit à ses anges : Regardez, contemplez, admirez. Et les anges regardent, contemplent, admirent, et le silence de notre géant d'humilité se changeant en immortelle louange, ils portent cent louange jusqu'au trône de Dieu, silentium laus, la louange du silence." (Père Marie-Antoine de Lavaur, Les Grandes Gloires de Saint Antoine de Padoue, Le Saint de Toulouse, Éditions du pech, Toulouse 2016, p. 44.)

 

Dans sa cellule de 4 m sur 2,50 m, se trouvent une table, une chaise et une planche en guise de lit. Comme la douleur l'empêche de dormir, Frère Antoine passe une partie de ses nuits à lire et à méditer les Écritures.

Saint Antoine de Padoue, Confesseur

Saint Antoine de Padoue, Confesseur

Langue bénie, assez, assez de silence. Dieu le veut, il faut parler. Il se rend en mission dans les régions du sud de la France où ses premiers miracles lui assurent une grande renommée.

Placé à la cuisine d'un couvent, il est un jour appelé par son supérieur pour prêcher, sans préparation à la communauté. "Poussé par le devoir d'obéissance, Antoine se mit à parler: ce furent d'abord des paroles simples, puis des arguments bien enchaînés, clairs, convaincants, extraits de l'Écriture, des Pères de l'Église, riches en symboles et en images; bref, un discours dans les règles de l'art, dans un langage adapté à tous, pétri de foi et d'esprit d'oraison, comme le voulait François. Une véritable révélation... Les Frères n'en revenaient pas ! 'Ils le savaient capable de laver la vaisselle, mais non d'exposer les arcanes de la Sainte Écriture.'" (Père Valentin STRAPPAZZON, Saint Antoine de Padoue, Docteur de l'Église et prédicateur populaire, Pierre Téqui éditeur, Paris 2002, p. 14-15.)

Dès lors il occupe les grandes charges de l'Ordre, il évangélise les villes et les campagnes, enseigne dans les universités de Montpellier, Toulouse, Bologne et Padoue.

 

Dans un concile où il y avait "des Grecs et des Latins, des Français et des Teutons, des Slaves et des Anglais et bien d'autres de différentes langues et d'idiomes variés", le frère Antoine, devant le pape, rend la parole de Dieu tellement douce, que tous ces gens "l'entendent très limpidement, clairement et le comprennent distinctement" ! Puis ils s'émerveillent : "Comment se fait-il que nous entendons tous parler par lui notre langue maternelle?"

Le pape Grégoire IX lui-même s'exclame : "C'est vraiment lui l'arche de l'Alliance et la bibliothèque des écritures divines !"

 

Sa méthode est plus pastorale que doctrinale. Ce qui ne veut pas dire qu'Antoine ne soit qu'un moraliste et non un homme de doctrine.


Ses prédications rencontrent un succès important, favorisant la conversion de nombreux hérétiques. Il fonde un monastère à Brive, où il fait de nombreuses conversions. Il est d'ailleurs, comme Vincent Ferrier et Torquemada, surnommé le "marteau des hérétiques".

 

Antoine fut parmi les premiers maîtres de théologie des frères mineurs franciscains, sinon le premier. Avec la bénédiction de S. François, qui, reconnaissant les vertus de S. Antoine, lui envoya une brève lettre qui commençait par ces paroles : 'Il me plaît que tu enseignes la théologie aux frères', il commença son enseignement à Bologne. 

 

Son amour des pauvres est resté dans la mémoire populaire et est à la base de la dévotion dont il est l'objet.

 

Il posa les bases de la théologie franciscaine qui, cultivée par d'autres éminentes figures de penseurs, devait connaître son apogée avec S. Bonaventure de Bagnoregio et le bienheureux Duns Scot" (Benoît XVI, Audience générale du 10 février 2010).

 

Se fondant sur l'unité de la nature humaine et celle du baptême qui rend tous les hommes également enfants de Dieu, il proclame une fraternité non pas révolutionnaire, mais génératrice de justice et de charité.

 

En 1226, il est custode de Limoges et en 1227, après la mort de S. François, il est provincial d'Italie du Nord, tout en continuant ses prêches et ses controverses avec les Albigeois.

 

En 1228-1229, on le trouve au couvent dit de Mater Domini (Sainte-Marie) à Padoue. C'est alors qu'il commence à rédiger ses Sermons pour les dimanches, après avoir prêché dans la marche de Trévise.

 

En 1230, au chapitre, il renonce à sa charge de ministre provincial. Il fut envoyé à Rome où il fut un conseiller de Grégoire IX dans le problème de la validité du Testament de S. François.

 

En 1231, il est envoyé à Padoue où il poursuit ses prêches durant le Carême mais il meurt d'épuisement à 36 ans le vendredi 13 juin suivant à Arcelle, près de Padoue, peu après avoir chanté l'hymne mariale O Gloriosa Domina.

 

Les miracles constatés aussitôt après la mort d'Antoine seront retenus pour sa canonisation l'année suivante, à Spolète, le 30 mai 1232, par Grégoire IX. On lut à cette occasion une liste de 44 miracles qui lui étaient officiellement attribués.

Son apostolat a duré moins de 10 ans, mais le rayonnement de ses paroles et de ses actes a eu une portée internationale jusqu'à nos jours.

 

Dans la première Vie du saint rédigée par le Frère Julien de Spire vers 1235, on évoque les grâces susceptibles d'être confiées à son intercession, entre autres un secours providentiel dans les cas de danger mortel, d'erreur, de calamités naturelles, de maladie, d'emprisonnement, d'indigence, et même de perte d'objet.

 

Le Pape Pie XII le déclara docteur de l'Église le 16 janvier 1946, avec la qualification  de "Docteur évangélique". Ce titre se fonde sur son activité de prédicateur et sur les recueils de ses sermons.

 

Sa méthode est plus pastorale que doctrinale. Se fondant sur l'unité de la nature humaine et celle du baptême qui rend tous les hommes également enfants de Dieu, il proclame une fraternité non pas révolutionnaire, mais génératrice de justice et de charité.

 

Dans sa prédication Antoine correspond au mouvement apostolique de saint Dominique et de saint François autant qu'aux décisions du IVe concile du Latran et aux directives d'Innocent III. On peut regretter que sa mort l'ait empêché d'achever son oeuvre. 

 

Commençant son manuel de prédication au dimanche de la Septuagésime, où débutait au bréviaire la lecture continue de la Bible, il aurait voulu, dans les aléas du cadre liturgique en exposer toute la sainte Écriture, pour en livrer le contenu complet sur la foi et les mœurs. Du moins nous offre-t-il un type de prédication populaire à la fois biblique, liturgique et patristique, qui inaugure les grands thèmes de la future influence franciscaine, de saint Bonaventure ou de Duns Scot.

 

Il est le Saint Patron du Portugal, des marins, des naufragés et des prisonniers.

 

Lisez ces mots écrits en lettres d'or dans la chapelle de son tombeau : "VENEZ À MOI, VOUS TOUS QUI TRAVAILLEZ ET QUI SOUFFREZ, VENEZ, JE VOUS SOULAGERAI." [...] Et depuis plus de six siècles, tous les travailleurs, tous les malheureux qui ont importé le doux, le bien-aimé Saint, ont été soulagés et consolés. (Père Marie-Antoine de Lavaur, Les Grandes Gloires de Saint Antoine de Padoue, Éditions du Pech, Toulouse 2016, p.  65.)

 

Les représentations de S. Antoine de Padoue sont assez rares, mais elles deviennent très courantes à partir du XIVe siècle. Le culte de S. Antoine se répandit surtout aux XVe et XVIe siècles. Il devint le saint national du Portugal, et les explorateurs le firent connaître au monde entier. Il est ainsi le Patron des marins, des naufragés et des prisonniers.

 

Parmi les innombrables miracles de ce grand thaumaturge, remarquons ceux qui suivent:

 

Parmi les prodiges survenus à Saint Antoine, il y a les visions du Christ, soit sous l'aspect d'un enfant, soit de Jésus adulte. La Vierge - Notre-Dame du Bon-Secours - lui apparaît également.

Antoine est célèbre par l'apparition de l'Enfant Jésus, qui vint un jour Se mettre entre ses bras. D'où les nombreuses représentations de S. Antoine portant l'Enfant Jésus. Le prodige eut lieu dans la maison d'un bourgeois de Châteauneuf-la-Forêt, en Haute-Vienne, à 35 km de Limoges.

"Pendant que saint Antoine de Padoue parcourait la France, semant, à chacun de ses pas, de nouveaux prodiges, convertissant les pécheurs, confondant les hérétiques, répandant partout les lumières, la bénédiction et la paix, il reçoit un jour l'hospitalité dans une pieuse famille d'une famille de France (plusieurs historiens nomment Limoges). Son hôte lui choisit la chambre la plus séparée et la plus tranquille, afin, dit son historien, que rien ne puisse troubler ses contemplations. Le Saint apôtre se croyant, dans sa chambre, aussi loin des mortels que lorsqu'il priait dans les grottes profondes, se met à pousser vers le ciel des gémissements ineffables et adresse à Marie la prière qui lui ouvre toujours les cieux et fait descendre dans ses bras le Bien-Aimé de son cœur : "Mère bien-aimée, portez-moi votre Divin Enfant!" Et marie lui porte le divin Enfant. Pendant qu'il le presse sur son cœur, son hôte, qu'il croyait depuis longtemps endormi, mais qui veille encore, s'approche de sa chambre. De la fenêtre qui domine la porte, il voit sortir des rayons de lumière. Étonné, il monte sans bruit jusqu'à la fenêtre, et voit - ô merveille ! - le Saint environné d'anges et tenant dans ses bras un enfant ravissant, debout sur le Livre des Saintes Écritures. L'hôte, ravi lui-même, ne peut contenir sa joie. Il se retire cependant sans bruit. Mais Antoine de Padoue, averti par le divin Enfant, l'appela après son extase et lui fit promettre de la part de Dieu, de ne jamais révéler ce secret tant qu'il serait en vie.

L'hôte a été fidèle à son serment, et l'historien ajoute: "Mais dès qu'il a appris la mort du Père très saint, il s'est empressé, en poussant des cris de joie et en versant des larmes de bonheur, de révéler le grand miracle." (Père Marie-Antoine de Lavaur, Les Grandes Gloires de Saint Antoine de Padoue, Éditions du Pech, Toulouse 2016, pp. 59-60.)

Saint Antoine de Padoue (1195-1231), docteur de l'Église

Un jour, tandis qu'il soignait un frère malade qui poussait des cris affreux ou des éclats de rire nerveux plus effrayants encore, l'idée lui vint que le malheureux devait être sous la puissance du démon, et, en effet, il le délivra du démon en le couvrant de son manteau.

Saint Antoine, église de Ciboure

Saint Antoine, église de Ciboure

S. Antoine est connu dans le monde comme le Saint qui aide à retrouver les objets perdus. Des objets de la vie quotidienne aux documents importants, avec la même foi.

 

L'idée d'invoquer le Saint pour retrouver les objets perdus vient du fait qu'un jour un novice qui lui avait subtilisé ses commentaires sur les Psaumes (psautier) se sentit obligé de les lui rendre. 

 

Le Père Strappazzon retrace ainsi l'événement : Après deux années d'apostolat en Romagne, ... Antoine fut appelé à exercer le ministère de la prédication et de l'enseignement dans le Midi de la France, face, là encore et surtout, à l'hérésie cathare, et la première étape fut Montpellier (Languedoc). C'est dans cette ville que la tradition situe l'épisode qui serait à l'origine du privilège dont jouit saint Antoine de faire retrouver les objets perdus. Un novice s'était enfui du couvent emportant le psautier dont le saint se servait pour la prière et ses cours : poussé par le diable lui-même, le novice dut rebrousser chemin et restituer l'objet volé. (Père Valentin STRAPPAZZON, Saint Antoine de Padoue, Docteur de l'Église et prédicateur populaire, Pierre Téqui éditeur, Paris 2002, p. 16.

 

 

La prière qui suit invoque l'aide de S. Antoine dans la recherche de ce qui a disparu :

 

Glorieux S. Antoine, tu as exercé le divin pouvoir de retrouver ce qui était perdu. Aide-moi à retrouver la Grâce de Dieu, et rends-moi dévoué au service de Dieu et de la vertu. Fais-moi retrouver ce que j'ai perdu et montre-moi ainsi la présence de ta bonté.

(Notre Père, Je vous Salue Marie, Gloire à Dieu)

Saint Antoine de Padoue (1195-1231), docteur de l'Église

Le Miracle de la Mule

Antoine parcourut la France méridionale pour combattre les cathares. Il y reçoit le surnom de "marteau des hérétiques", tant sa prédication avait été efficace.

On n'est pas sûr de la date à laquelle Antoine fut envoyé en France, mais on peut pencher pour fin 1224-début 1225.

Il fait adorer le saint Sacrement par une jument. Prodige que le Saint accomplit à Toulouse, et que l'on désigne ordinairement sous le nom de Miracle de la Mule. Un hérétique osa un jour discuter avec notre grand saint sur des points les plus importants de la religion, mais bientôt à court d'arguments, il déclara : 'Je possède une mule, je vais pendant trois jours la priver de nourriture. Dans trois jours, soyez ici avec une hostie consacrée; moi de mon côté j'amènerai ma mule et je lui offrirai à manger. Si, dédaignant le foin que je lui présenterai, elle se tourne vers vous, je reconnaîtrais la supériorité de votre religion.' Le Saint accepte la proposition.

Au jour convenu, Antoine, après avoir célébré la Messe et prié Dieu, accourt au rendez-vous, l'ostensoir sacré à la main. La mule arrivait au-devant d'elle : 'Au nom de ton Créateur, que je porte dans les mains, lui dit-il, je t'ordonne de l'adorer avec humilité, afin que les hérétiques voient avec confusion que les animaux eux-mêmes sont forcés de reconnaître la divinité de celui que le prêtre immole tous les jours à l'autel'.

Aussitôt la mule, quittant son conducteur, se prosterne à terre, et, plaçant sa tête sur les pieds d'Antoine, reste immobile dans cette position.

Miracle de la Mule - Luca Giordano - San Antonio de Padua y la mula que adora la Eucaristía

Miracle de la Mule - Luca Giordano - San Antonio de Padua y la mula que adora la Eucaristía

Le miracle des poissons

Il allait, écrit l'Assidua, de villes en villages, châteaux et campagnes, semant partout la parole de vie, réfutant les hérétiques et évacuant l'erreur, s'adaptant aussi bien aux humbles qu'aux enfants

C'est à Rimini que la tradition situe le 'sermon aux poissons', maintes fois célébré par l'art, et prodige amenant la conversion.

Quand S. Antoine prêchait, les hérétiques cathares ne l'écoutaient pas. Un jour, il leur dit alors qu'il allait s'adresser à des créatures plus simples et plus spontanées que le Bon Dieu a créées. Prêchant sur le bord de la mer, S. Antoine vit venir une multitude de poissons pour l'entendre, et donner une leçon aux hérétiques qui se bouchaient les oreilles : les poissons ne partirent qu'après s'être inclinés sous sa bénédiction.

Prédication de S. Antoine aux poissons

Prédication de S. Antoine aux poissons

Venez, venez tous, s'écrie-t-il. Vous êtes plus dignes que ce peuple d'entendre la parole de votre Créateur." Les poissons, grands et petits, accourent à l'instant, se rangent en amphithéâtre devant lui et levant leur tête sur l'eau, l'écoutent avec ravissement. Tous tenaient la tête hors de l'eau, attentifs, en grande paix, grand calme et en ordre. Aux paroles d'Antoine, ils ouvraient la bouche et inclinaient la tête, et par ces signes de respect, à leur manière, ils louaient Dieu. À cette vue, les hérétiques, le cœur touché de componction, se jetèrent tous aux pieds d'Antoine pour entendre ses paroles et retrouver le chemin de la vérité et de l'Église. (Père Valentin STRAPPAZZON, Saint Antoine de Padoue, Docteur de l'Église et prédicateur populaire, Pierre Téqui éditeur, Paris 2002, p. 15.)

 

Comme chez S. François, les prédications de S. Antoine aux animaux invitent ces créatures du Seigneur à louer leur Créateur.

 

C'est ici une position inverse de celles des cathares, où les créatures avaient été créées par un démiurge, c'est-à-dire un dieu malveillant qui aurait fait tomber les âmes et les esprits dans la matière... En cela, la louange de la Création est en elle-même une prédication anti-cathare, qui veut signifier l'unicité de Dieu comme Créateur et Père de tous les êtres.

Les brigands pénitents

 

"Jean Rigaud a recueilli ce témoignage de conversion d'une bande de brigands, fruit de la prédication d'Antoine et exemple des pratiques pénitentielles de l'époque.

'J'étais brigand de métier dans une bade de douze voleurs, raconte l'un d'eux, et malheur au voyageur qui passait près des montagnes où nous nous tenions cachés. Mais, un jour parvient à nos oreilles l'écho des sermons d'Antoine et nous décidâmes d'aller l'écouter. Ses paroles de feu touchèrent nos coeurs et nous tous éprouvâmes du remords pour nos crimes. A l'issue du sermon, nous fûmes nous confesser, il nous écouta, nous imposa à chacun une pénitence salutaire et nous fit promettre de ne plus retourner à nos anciens péchés. Certains trahirent leur promesse, mais la plpart y furent fidèles et reposent à présent dans la paix de Dieu. Quant à moi, je fis douze fouis le pèlerinage à Rome en pénitence de mes fautes...'." (Père Valentin STRAPPAZZON, Saint Antoine de Padoue, Docteur de l'Église et prédicateur populaire, Pierre Téqui éditeur, Paris 2002, p. 18.)

Afficher l'image d'origine S. Antoine rend S. François présent "pour les yeux corporels"

 

En 1224, Jean de Florence, ministre des Franciscains pour la Provence, avait réuni un chapitre à Arles. Frère Antoine s'y rend et en profite pour faire un commentaire de l'Évangile de Jean, plus exactement, des versets où celui-ci parle de l'arrivée du Christ, chargé de sa croix, sur le Golgotha et de l'ordre de Pilate d'inscrire sur la croix "Jésus de Nazareth, roi des Juifs". Le frère Monaldo, prêtre "éclatant par sa renommée et plus encore par sa vie" (Thomas de Celano), "homme simple et que l'ornement de nombreuses vertus faisait resplendir" (Julien de Spire), fait partie de l'assistance. Pendant qu'il écoute les paroles "bénies" de S. Antoine, "le frère Monaldo regarde vers la porte de la maison où les frères étaient tous ensemble réunis, et là il voit, de ses yeux corporels, le bienheureux François élevé dans les airs, mains tendues comme s'il était en croix et bénissait les frères !"

 

Pour lui, les distances n'existent pas. Il mesure la terre du regard. (Habaquq 3,6) Pendant qu'il prêche à Padoue, il voit à Lisbonne son père enchaîné devant des juges qui vont le condamner à mort quoique innocent. Il s'y transporte avec la rapidité de l'éclair. Un meurtre ayant été commis près de sa demeure paternelle, on y avait jeté le cadavre. Antoine de Padoue ressuscite le mort, et celui-ci désigne lui-même devant les juges le véritable assassin. Son père, reconnu innocent, est délivré.

À la même heure, Antoine, de retour à Padoue, se rendait à l'office où la cloche appelait les religieux (don de bilocation ou d'ubiquité).

À Limoges même aurait eu lieu un miracle de bilocation. Il fonde en cette ville un couvent sur un terrain donné par l'abbaye de Saint-Martial où il avait prêché.

 

Le Bref de Saint-Antoine

 

Une femme du Portugal, en butte aux vexations du démon, ne savait plus où donner de la tête. Même qu’un jour son mari la traita de possédée du démon. N’y tenant plus, elle décida de mettre fin à ses jours, en se jetant dans le fleuve. En cours de route, elle passe devant l’église des Franciscains et s’y arrête pour une dernière prière. C’était un 13 juin. Pendant sa prière, elle s’endort, et soudain Antoine lui apparaît, un papier à la main :

"Prends ce billet et il te délivrera". Or, le billet portait cette citation de l’Apocalypse : (version originale en latin)

"Ecce Crucem Domini! (Voici la croix du Seigneur!)

Fugite partes adversae! (Fuyez, puissances ennemies!)

Vicit Leo de tribu Juda, (Voici que le lion de la tribu de Juda a vaincu,)

Radix David! (le rejeton de David,)

(il ouvrira le Livre aux sept sceaux" Ap 5,5). 

À son réveil, toute surprise de se retrouver avec un billet en main, elle reprend confiance et retourne chez elle complètement guérie. On ne sait comment ce parchemin parvint jusqu’au roi du Portugal qui en facilita grandement la diffusion. C’était une formule brève - d’où le mot BREF - mais efficace entre les mains de tous ceux et celles qui croient. Cette dévotion au Bref de saint Antoine est encore très populaire de nos jours et la plupart des gens qui en ont un le portent sur eux. (Ermitage de Saint-Antoine de Lac-Bouchette)

Le pape franciscain Sixte V fit graver cette prière – connue comme étant la devise de Saint Antoine – sur le socle de l’obélisque qu’il fit ériger sur la place Saint-Pierre à Rome.

Cette courte prière ressemble à un petit exorcisme. Nous aussi nous pouvons la dire – en latin ou en français – pour nous aider à surmonter les tentations de toutes sortes. (Aleteia)

Extraite de l'Apocalypse (5,5), qui l'emprunte elle-même à la Genèse (49,9) et à Isaïe (11, 1-10), elle rappelle la victoire du Christ sur Satan, et les miracles accomplis par saint Antoine pour libérer du démon et des tentations.

Commentant ce même passage, Saint Antoine écrit : "Le Christ, le lion de la tribu de Juda, est monté sur la croix pour chasser le démon, après avoir pris possession de sa maison et détruit tous ses biens." (Père Valentin STRAPPAZZON, Saint Antoine de Padoue, Docteur de l'Église et prédicateur populaire, Pierre Téqui éditeur, Paris 2002, p. 42.)

 

La plupart des églises comptent aujourd'hui une statue de lui. Il est généralement représenté comme un homme chétif, vêtu de la bure sombre franciscaine nouée par une cordelière à trois nœuds serrée à la ceinture, les pieds nus, et la tête rasée ne conserve que la couronne monacale. C'est ainsi qu'il nous prêche la mortification des sens, le mépris de la mollesse et des plaisirs, le détachement des choses de la terre, l'oubli de soi-même et le dédain pour tout ce qui est passager, futile et vain.

 

Il rappelait souvent au nom de l'Évangile :

 

"Celui qui ne partage pas, alors qu'il a le nécessaire, c'est un voleur".

 

Et encore :

 

"Ô riches, prenez pour amis... les pauvres, accueillez-les dans vos maisons : ce seront eux, les pauvres, qui vous accueilleront par la suite dans les tabernacles éternels, où résident la beauté de la paix, la confiance de la sécurité, et le calme opulent de l'éternelle satiété".



Afficher l'image d'origine Après leur mort, S. François et S. Antoine apparaissent ensemble  dans les visions de certains miraculés. C'est ainsi qu'un jeune frère, la veille du jour où il voulait quitter l'Ordre, voit un long cortège de gens habillés "de précieux ornements diaprés" et dont le visage, les mains et tout ce que l'on voyait de leur corps "rayonnait de manière plus resplendissante que le soleil"; deux surtout "plus nobles que les autres marchaient entourés d'une si grand clarté qu'ils provoquaient chez ceux qui les regardaient une stupeur étonnante". Il voudrait connaître leur identité. Une voix lui répond qu'ils sont S. François et S. Antoine et que le cortège est celui des frères mineurs qui conduisent ce dernier, mort récemment, "vers la gloire du Royaume éternel."

 


Saint Antoine de Padoue ne doit pas être confondu avec saint Antoine l'Ermite, ou Antoine d'Egypte, au IVe siècle, considéré comme le fondateur de l'érémitisme chrétien.

 

S. Antoine a composé un cycle de Sermons pour le dimanche, un autre consacré aux saints, proposant ainsi un parcours spirituel tellement riche que Pie XII le proclama en 1946 Docteur de l'Eglise, en lui attribuant le titre de Docteur évangélique car ses sermons reprenaient toute "la fraîcheur et la beauté de l'Évangile". (Benoît XVI, Audience générale du 10 février 2010).


Sur les hauteurs du Col d'Osquich, frontière historique entre les provinces de Basse-Navarre et de Soule (Pays Basque) au sud de Mauléon (Pyrénées-Atlantiques), se trouve la "Chapelle St Antoine" (706 m) dédiée à la paix. Les pèlerinages ont lieu le 13 juin, fête de St-Antoine de Padoue, le 2e dimanche de juillet, le dimanche après le 15 août.

 





S. Antoine est avant tout un auteur moral et ascétique. On pourrait composer tout un livre d'ascétique au moyen de ses sermons. Combattant surtout l'orgueil, la luxure, l'avarice avec une liberté sainte, il n'oublie personne, pas même les prélats.

Fuyez la sensualité; fuyez l'orgueil, parce qu'elle est la mère de la sensualité, de la luxure et de tous les autres vices. Soyez saints ! Soyez fidèles ! Aimez le Seigneur comme je L'aimais, lui donnant votre oui et ne regardant plus jamais en arrière.

Saint Antoine de Padoue, Le plus invoqué parmi les saints et le plus présent dans notre vie, Prières, Neuvaines et Litanies, Editions Lanore, Paris 2014, p. 9

Le Christ Pontife. Enseignement de Saint Antoine

 

Le Christ est le Pontife des biens futurs. Pontife (en latin pontifex) signifie 'qui établit un pont'. Deux rives se font face : la mort et l'immortalité. Entre elles coule le fleuve de nos péchés et de nos misères. Selon Isaïe (59,2), toutes ces fautes creusent une séparation entre Dieu et nous. En conséquence, Il nous cache Sa Face et ne souhaite plus nous entendre. C'est alors que  le Christ vient et se fait lui-même le pont de notre salut.' (Sermon du Dimanche de la Passion, in  Bernard-Marie, o.f.s., Saint Antoine de Padoue, Neuvaine pour la protection des distraits et des affligés, Salvator, Paris 2011, p. 25.)

 

S. Antoine insiste sur l'esprit d'oraison (la prière du coeur). Il vante une vie dont le soin principal est la vie de prière, qu'il proclame supérieure sur la vie active. La meilleure est la vie mixte, apostolique dérivant de la plénitude de la contemplation. L'intimité de l'Évangile doit se vivre en actes. Il rappelait :

 

"Que les paroles se taisent et que les actions parlent... Le Seigneur a maudit le figuier où il n'a pas trouvé de fruits mais seulement des feuilles."

 

"Dans cet enseignement de S. Antoine sur la prière, nous saisissons l'un des traits spécifiques de la théologie franciscaine, dont il a été l'initiateur, c'est-à-dire le rôle assigné à l'amour divin, qui entre dans la sphère affectueuse, de la volonté, du coeur et qui est également la source d'où jaillit une connaissance spirituelle, qui dépasse toute connaissance. En effet, lorsque nous aimons, nous connaissons.

 

Antoine écrit encore :

 

'La charité est l'âme de la foi, elle la rend vivante; sans amour, la foi meurt.'

 

(Sermones, Dominicales et Festivi, II, Messaggero, Padoue 1979, p. 37, in Benoît XVI, Audience générale du 10 février 2010 cité dans Saint Antoine de Padoue, Le plus invoqué parmi les saints et le plus présent dans notre vie, Prières, Neuvaines et Litanies, Editions Lanore, Paris 2014, p. 102.)

 

[....] Seule une âme qui prit peut accomplir des progrès dans la vie spirituelle: tel est l'objet privilégié de la prédication de S. Antoine. [...] Pour cette raison, Antoine invite à plusieurs reprises les fidèles à penser à la véritable richesse, celle du coeur, qui rend bons et miséricordieux, fait accumuler des trésors dans le Ciel." (Benoît XVI, Audience générale du 10 février 2010).

 

Les écrits de S. Antoine révèlent une tendre dévotion à l'humanité du Christ, considéré non comme un roi de gloire mais humilié par amour pour nous; il parle souvent de l'Eucharistie et des dispositions requises pour la bien recevoir; il recommande surtout la dévotion à la Passion du Sauveur; il est aussi un des précurseurs de la dévotion au Sacré-Coeur.

 

Enfin, S. Antoine recommande instamment la dévotion à la Très Sainte Vierge; et l'on peut dire que ses sermons nous donnent une vraie théologie mariale.

Prière pour la guérison des malades. Pour nos intentions personnelles

 

Saint Antoine, j'ai recours à vous dans ma détresse; je viens implorer votre secours et votre protection, votre conseil et votre consolation. Ô consolateur plein de commisération, vous venez si puissamment au secours de ceux que l'épreuve fait gémir. Je viens donc à vous dans ma pauvreté et ma misère, avec une confiance toute filiale, afin d'obtenir du Dieu puissant et miséricordieux la grâce que je sollicite en toute humilité.

(Ici l'on désigne la grâce que l'on veut obtenir.)

Bon Saint Antoine, il est vrai, je suis indigne de votre commisération, car trop souvent j'ai offensé votre Dieu et le mien. Cependant je mets ma confiance en vous, le bienfaiteur de tant d'hommes éprouvés par la douleur.

J'ai le ferme espoir que vous ne refuserez pas votre aide paternelle à votre indigne enfant.

Daignez donc intercéder pour moi auprès de Dieu jusqu'au jour où ma demande sera agréée.

Ainsi soit-il.

Grégoire IX (Pape 1227-1241), l'affirme dans la Bulle de sa canonisation en le proclamant "le grand Thaumaturge de l'Église universelle." Un historien contemporain, témoin des merveilles qui s'accomplissaient à son tombeau. [...] Le plus grand de ses miracles n'a-t-il pas été le triomphe sur lui-même, sa passion pour la souffrance et l'humiliation ? Être oublié, méprisé, foulé aux pieds, voilà ses délices. [...] Il va chercher la dernière place au milieu des fils de François, ces héroïques mendiants de Jésus. Ayant ainsi partagé toutes les humiliations de Jésus, faut-il s'étonner qu'il partage tous ses triomphes? [...] Aussi a-t-il mérité d'être appelé lui-même par le pape Grégoire IX 'l'Arche du Testament et le Docteur excellent de la sainte Église'. (Père Marie-Antoine de Lavaur, Les Grandes Gloires de Saint Antoine de Padoue, Éditions du Pech, Toulouse 2016, pp. 52-53, 63.)

 

"La bulle de canonisation promulguée le 3 juin 1232 évoque la figure du 'confesseur qui illustre l'Église par ses miracles.' [...] Cette bulle retient quarante-sept miracles survenus à la prière du saint.

 

De nouveau, au XXe siècle, Pie XI le définit 'grand thaumaturge', en raison des prodiges accomplis par son intercession (1931). (Père Valentin STRAPPAZZON, Saint Antoine de Padoue, Docteur de l'Église et prédicateur populaire, Pierre Téqui éditeur, Paris 2002, p. 6.)

 

"La lettre apostolique de Pie XII datée du 16 janvier 1946 déclarant saint Antoine de Padoue Docteur de l'Église mentionne aussi 'l'insigne renommée de ses miracles.'" (Patrick SBALCHIERO, Enquête sur les miracles dans l'Église catholique, Artège, Paris 2019, p. 245.)

 

Principaux attributs : la bure franciscaine, l'Enfant-Jésus, une mule, des poissons, un cœur enflammé, un lys, symbole d'innocence et de pureté, et le livre de l'Évangile sont les attributs iconographiques les plus fréquents.

 

"Antoine" est un nom d'origine latine qui signifie "inestimable".

La Vision de St Antoine, 1629

La Vision de St Antoine, 1629

***

Sources:

 

(1) Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950. Les saints du jour
(2) Site officiel de Saint Antoine de Padoue

(3) Dictionnaire des saints et Grands témoins du christianisme, Sous la direction de Jean-Robert ARMOGATHE et André VAUCHEZ, CNRS Éditions, Paris 2019, pp. 76-81.

(4) Père Marie-Antoine de Lavaur, Les Grandes Gloires de Saint Antoine de Padoue, Le Saint de Toulouse, Éditions du Pech, Toulouse 2016

(5) Virgil TANASE, Saint François d'Assise, Gallimard Folio Biographies, Malesherbes 2015, p. 211-217

(6) Saint Antoine de Padoue, Le plus invoqué parmi les saints et le plus présent dans notre vie, Prières, Neuvaines et Litanies, Editions Lanore, Paris 2014

(7) Bernard-Marie, o.f.s., Saint Antoine de Padoue, Neuvaine pour la protection des distraits et des affligés, Salvator, Paris 2011

(8) Père Valentin STRAPPAZZON, Saint Antoine de Padoue, Docteur de l'Église et prédicateur populaire, Pierre Téqui éditeur, Paris 2002.

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12 juin 2024 3 12 /06 /juin /2024 00:00
Bienheureux Guy Vignotelli, prêtre o.f.m. († v. 1245)

Originaire d'Espagne, Guy Vignotelli, un seigneur de condition très modeste, mais très hospitalier, reçut chez lui S. François et ses compagnons. Plusieurs jours plus tard, alors qu'il vit S. François prier, il voulut devenir son disciple et vivre davantage encore la pauvreté.

 

Entré dans l'ordre des Frères mineurs franciscains en 1211, il se retira dans une grotte près de Cortone (Italie) et prêcha la pénitence aux populations voisines. Il mena une vie de jeûnes, de pauvreté et d’humilité.

 

À Cortone en Toscane, vers 1245, le bienheureux Guy, prêtre. Disciple de saint François, il mena une vie de jeûnes, de pauvreté et d'humilité.

Martyrologe romain

Saint Guy de Cortone

Sources: 1, 2, 3, 4

 

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11 juin 2024 2 11 /06 /juin /2024 00:00
Saint Barnabé, apôtre (1er s.)

Saint Barnabé est qualifié du nom d'Apôtre, quoiqu'il ne fût pas du nombre des douze que Jésus avait choisis ; on lui a donné ce titre glorieux parce que le Saint-Esprit l'avait appelé d'une manière toute spéciale et qu'il eut une grande part, de concert avec les Apôtres, dans l'établissement du christianisme. 

Il était Juif, de la tribu de Lévi, et natif de l'île de Chypre ; son nom de Joseph lui fut changé par les Apôtres contre celui de Barnabé, qui signifie fils de consolation ou d'encouragement (Ac 4:36). C'est de lui dont parlent les Actes des Apôtres qui évoquent celui qui vend son champ et en apporte la somme aux Apôtres (Ac. 4:36-37). Il avait été ami d'enfance de saint Paul et a peut-être été, comme Paul, disciple de Gamaliel à Tarse. Après l'étonnante conversion de cet Apôtre, Barnabé présenta Paul à Pierre, le chef de l'Église de Jérusalem, qui se méfiait encore de son ancien persécuteur (Ac. 9:27).

Envoyé à Antioche de Syrie, capitale de la Syrie et troisième ville de l'empire (la ville antique fondée par Séleucos Ier, successeur d'Alexandre le Grand en Syrie), il vit tant de bien à faire, qu'il appela Paul à son secours, ce dernier se trouvant alors à Tarse où celui-ci s'était retiré. Il passa une année entière avec lui, se consacrant à l'évangélisation de cette ville importante, dans l'Église de laquelle Barnabé était connu comme prophète et docteur (Ac 13, 1) et où la foi prenait de grands accroissementsAinsi, au moment des premières conversions des païens, Barnabé a compris qu'il s'agissait de l'heure de Saul. En ce moment important, il a comme restitué Paul à l'Église; il lui a donné, en ce sens, l'Apôtre des nations

En réalité, il s'agit d'un voyage missionnaire de Barnabé, qui était le véritable responsable, et auquel Paul se joignit comme collaborateur, touchant les régions de Chypre et de l'Anatolie du centre et du sud (dans l'actuelle Turquie), et se rendant dans les villes d'Attalia, Pergé en Pamphylie (Ac 13:13), Antioche de Pisidie, Iconium (Konya), Derbe, qui entendirent leur parole éloquente, furent témoins de leurs miracles et, sous leurs pas, la foi se répandit avec une rapidité prodigieuse. À Lystre en Lycaonie (Ac 13, 14), ils furent pris pour des dieux : Barnabé fut pris pour Zeus et Paul pour Hermès. Belle indication qui nous permet de deviner la stature physique de ces apôtres: Barnabé devait être de stature imposante, Hermès (Paul) paraissant plus petit à ses côtés !  

Saint Barnabé soignant les pauvres, par Véronèse, Musée des beaux-arts de Rouen

Saint Barnabé soignant les pauvres, par Véronèse, Musée des beaux-arts de Rouen

Barnabé se rendit ensuite avec Paul au Concile de Jérusalem (49 ap. J.-C.), où, après un examen approfondi de la question, les Apôtres et les Anciens décidèrent de séparer la pratique de la circoncision de l'identité chrétienne (Ac 15, 1-35). C'est ainsi qu'ils ont rendu officiellement possible l'Église des païens, une Église sans circoncision: nous sommes les fils d'Abraham simplement par notre foi dans le Christ.

Barnabé et Paul eurent ensuite un litige, au début du deuxième voyage missionnaire, car Barnabé était de l'idée de prendre Marc (Jean surnommé "Marc" ou "Jean-Marc")  comme compagnon, alors que Paul ne voulait pas, ce jeune homme les ayant quittés au cours du précédent voyage (Ac 13, 13; 15, 36-40). Ils se séparèrent donc et formèrent deux équipes. Paul et Silas partirent pour la Lycaonie, tandis que Barnabé et Marc s'en allèrent évangéliser Chypre (Ac 15:36-40).

Entre les saints, il existe donc aussi des contrastes, des discordes, des controverses. Et cela m'apparaît très réconfortant, écrit Benoît XVI dans l'Audience générale du 31 janvier 2007, car nous voyons que les saints ne sont pas "tombés du ciel". Ce sont des hommes comme nous, également avec des problèmes compliqués. La sainteté ne consiste pas à ne jamais s'être trompé, à n'avoir jamais péché. La sainteté croît dans la capacité de conversion, de repentir, de disponibilité à recommencer, et surtout dans la capacité de réconciliation et de pardon. Ainsi Paul, qui avait été plutôt sec et amer à l'égard de Marc, se retrouve ensuite avec lui. Dans les dernières Lettres de saint Paul, à Philémon et dans la deuxième à Timothée, c'est précisément Marc qui apparaît comme "mon collaborateur". Ce n'est donc pas le fait de ne jamais se tromper, mais la capacité de réconciliation et de pardon qui nous rend saint. Et nous pouvons tous apprendre ce chemin de sainteté.

Quoi qu'il en soit, Barnabé, avec Jean-Marc, repartit vers Chypre (Ac 15, 39) autour de l'année 49. On perd ses traces à partir de ce moment-là. Tertullien lui attribue la Lettres aux Hébreux, ce qui ne manque pas de vraisemblance car, appartenant à la tribu de Lévi, Barnabé pouvait éprouver de l'intérêt pour le thème du sacerdoce. (2)

Selon des traditions plus tardives et moins sûres, Barnabé se serait rendu dans l'île de Chypre d'où il était originaire pour l'évangéliser. (3) Il serait mort martyrisé près de Salamine, lapidé (4) et brûlé (5) vers l'an 60, par des juifs excités et jaloux des conversions qu'il suscitait. (6)

 

Sources: (1); (2) Benoît XVI, Audience générale du 31 janvier 2007 3 ; (4) Alexandre de Chypre, Laudatio Barnabae, 539-541, éd. Peter Van Deun, CCSG 26, p. 105-106 ; (5) Actes de Barnabé, 23, trad. Enrico Norelli, dans Écrit Apocryphes Chrétiens t.2, Gallimard, 2005, p. 641, le texte n'est pas clair pour savoir si le corps a été brûlé une fois mort ou encore vivant; (6) Missel du Dimanche 2018, Nouvelle Traduction liturgique, Année B, Bayard Éditions, Lonrai 2017, p. 481

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10 juin 2024 1 10 /06 /juin /2024 00:00
Saint Landry, Évêque de Paris († 656)

Évêque de Paris, saint Landry n'eut de cesse d'aider les plus démunis. Lors des famines, il vendait tous ses biens jusqu'aux objets liturgiques pour acheter un peu de pain et le redistribuer.

Parce que les maladies faisaient de nombreux morts et se transformaient souvent en épidémies, il eut l'idée de regrouper tous les malades pour mieux les soigner et ne pas contaminer le reste de la population : le premier hôtel-Dieu était créé.

Il semble avoir été avant son épiscopat fonctionnaire à la chancellerie du roi Clovis II (639-657).

Selon le Martyrologue romain : "Pour venir en aide aux miséreux lors d'une famine, il vendit, rapporte-t-on, les vases sacrés et construisit un hospice près de la cathédrale."  

 

Sources : 1, 2, 3, 4Missel des dimanches 2022, Année C, Nouvelle traduction du Missel romain, p. 485.

 

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9 juin 2024 7 09 /06 /juin /2024 00:00
Bienheureuse Diane d'Andalo, moniale († 1236)

Diane d'Andalo (1201-1236) est une moniale dominicaine, fondatrice d'un couvent de Dominicaines en Italie et Bienheureuse de l'Église catholique.

 

Elle est fêtée le 10 juin ou localement le 9 juin. (1)

 

Le martyrologe romain la fête le 10 juin. (2)

 

Martyrologe Romain : À Bologne en Émilie, l’an 1236, la bienheureuse Diane d’Andalo, vierge, qui dut surmonter tous les empêchements que mettait sa famille, avant de consacrer, entre les mains même de saint Dominique, sa volonté de vivre dans le cloître, et d’entrer au monastère de Sainte-Agnès, qu’elle avait elle-même fondé. (3)

 

Un chroniqueur contemporain disait d'elle : "Attirée par l'Esprit-Saint, elle avait commencé à mépriser les pompes et les vanités du monde, et à rechercher de plus en plus les entretiens spirituels des Frères Prêcheurs."

 

En 1221, Diane, qui connaissait et révérait déjà profondément saint Dominique, lui demanda de l'aider à fonder une maison de moniales, sur le modèle de Notre-Dame de Prouille, qu'il avait déjà fondé. Celui-ci réfléchit et pria longuement avant de déclarer à sa communauté : "Mes frères, il nous faut bâtir à tout prix un monastère de Sœurs, lors même que nous devrions interrompre la construction de notre propre couvent." Comme il devait quitter Bologne dans les jours suivants, il confia cette charge à quatre Pères dominicains : frère Paul de Hongrie, frère Guala depuis évêque de Brescia, frère Ventura de Vérone, et frère Rodolphe de Faenza. Malgré de nombreuses difficultés, luttant contre les réticences toujours violentes de sa famille, mais avec l'appui de Jourdain de Saxe, Diane fonda, le 13 mai 1223, le couvent des Dominicaines de Sainte Agnès à Bologne. Elle en fut la supérieure jusqu'à sa mort, à trente-cinq ans, le 10 juin 1236.

Sources: 123, 4  

 

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8 juin 2024 6 08 /06 /juin /2024 00:00
Le Cœur immaculé de Marie, image du xixe siècle.

Le Cœur immaculé de Marie, image du xixe siècle.

Le lendemain de la fête du Sacré-Cœur, l’Église célèbre la fête du Cœur Immaculé de Marie. Elle a l’intuition profonde de l’union des deux Cœurs. Ainsi nous pouvons comprendre que pour pouvoir entrer dans le Cœur de Jésus, rien de tel que d’entrer par la porte du Cœur de Marie. Le Cœur de l’humble Marie reconnaît la grandeur de Dieu (mon âme exalte le Seigneur), se rend tout disponible pour accomplir la volonté du Père (voici la servante du Seigneur), garde en mémoire toutes les paroles de Jésus et les événements qui lui sont racontés ; le Cœur de Marie vibre comme celui de Jésus, bat désormais (après sa naissance) au même rythme que celui de son Fils, s’ouvre à sa nouvelle mission de Mère universelle à la Croix, souffre de ce dont souffre Jésus et se réjouit de ce qui lui apporte de la joie.

 

Ce Cœur a été préparé pour être une demeure digne d’accueillir le Fils unique du Père qui prendrait chair de sa chair : il est le Chef d’œuvre de la Trinité. Père, Fils et Esprit Saint ont coopéré pour faire de ce Cœur un cœur humain parfait et parfaitement accordé à Dieu et à la mission que Dieu confierait à Marie. Dans ce Cœur, Dieu trouve sa joie et sa gloire et il redonne espérance à l’humanité alourdie et blessée par le péché.

 

Contempler le Cœur Immaculé de Marie c’est voir l’humanité en son état de perfection, et d’une perfection inégalable. La doctrine de l’Immaculée Conception décrit cette magnifique annonce : Voici le Cœur d’une créature humaine qui rend gloire à Dieu et ne lui procure aucune peine.(1)

 

Cette dévotion est fondée sur la théologie mariale de saint Bernard de Clairvaux, ainsi que sur les écrits de docteurs de l'Église tels que saint Anselme de Cantorbéry. Après l'apparition de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus par les révélations privées reçues par sainte Gertrude, sainte Mechtilde et notamment sainte Marguerite-Marie Alacoque au XVIIe siècle, cette dévotion fut progressivement assimilée à Marie, qui ne forme qu'un seul cœur avec celui de Jésus selon saint François de Sales.

La dévotion au Cœur de Marie va apparaître lentement chez les fidèles catholiques, notamment grâce à l'expansion de la dévotion mariale à partir du XVIIe siècle, avant de prendre une plus grande influence par la promotion qu'en fit notamment saint Jean Eudes, et dans une moindre mesure par saint Louis-Marie Grignion de Montfort, au XVIIe siècle. (2)

 

Le 27 novembre 1830, la Vierge Marie aurait demandé, au cours d'une apparition à sainte Catherine Labouré, de faire frapper une médaille avec les Cœurs de Jésus et de Marie. Il devait être marqué sur le contour cette petite prière : "Ô Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous" (prémices du dogme de l'Immaculée conception, qui ne sera proclamée par le pape Pie IX qu'en 1854.)

 

C'est notamment à partir des apparitions de Fátima que la dévotion du Cœur immaculé de Marie va connaître une grande impulsion à travers le monde catholique. Au cours de ces apparitions, la Vierge aurait elle-même appelé à cette dévotion. Le 13 juin 1917, elle aurait dit aux bergers : "[Jésus] veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. À qui embrassera cette dévotion, je promets le salut ; ces âmes seront chéries de Dieu, comme des fleurs placées par moi pour orner son trône."

Fête du Cœur Immaculé de Marie

La fête liturgique

 

Pie VII accorde une "fête du Cœur Très Pur de Marie" à quelques églises, le dimanche de l'octave de l'Assomption, puis Pie IX renouvelle cette autorisation. Elle est finalement inscrite dans le calendrier liturgique universel en 1942 par Pie XII, et fixée au 22 août, jour octave de l'Assomption. Lors des réformes liturgiques de Paul VI en 1969 la fête du Cœur immaculé de Marie est transférée au samedi de la troisième semaine après la Pentecôte, soit le lendemain de la solennité du Sacré-Cœur de Jésus, tandis que la fête de Marie-Reine passe du 31 mai au 22 août.

 

Après avoir généralisé la fête du Cœur immaculé de Marie en 1942, le pape Pie XII institue une autre fête en 1954, celle de Marie-Reine, afin que chaque année "on renouvelle la consécration du genre humain au Cœur Immaculé de la Bienheureuse Vierge Marie". Le monde est consacré au Cœur Immaculé de Marie par Pie XII, puis par le pape Jean-Paul II et enfin par le pape François le 13 octobre 2013, dans le cadre de l'année de la foi.

 

Après avoir généralisé la fête du Cœur immaculé de Marie en 1942, Pie XII institue une autre fête en 1954, celle de Marie-Reine, afin que chaque année "on renouvelle la consécration du genre humain au Cœur Immaculé de la Bienheureuse Vierge Marie" (Pie XII, Ad Cœli Reginam § 34). Le monde est consacré au Cœur Immaculé de Marie par Pie XII, puis par le pape Jean-Paul II et enfin par le pape François le 13 octobre 2013, dans le cadre de l'année de la foi.

Le couronnement de la Vierge, Jean Fouquet, XVe siècle

Le couronnement de la Vierge, Jean Fouquet, XVe siècle

Sources: (1) EtoileNotreDame; (2) wikipedia

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8 juin 2024 6 08 /06 /juin /2024 00:00
Saint Médard de Noyon, évêque († 560)

Saint Médard, l'un des plus célèbres pontifes de l'Église de France au VIème siècle, naquit vers l'an 457, à Salency, en Picardie, de parents profondément chrétiens. Dieu les bénit en leur donnant pour fils deux futurs saints évêques, Médard et Gildard.

La jeunesse de Médard fut remarquable par sa grande compassion pour les pauvres et les malheureux; il s'assujettissait à des jeûnes rigoureux, afin de leur distribuer sa nourriture. Un jour, il rencontra un mendiant aveugle qui était presque nu; il se dépouilla de son habit pour l'en revêtir; et comme on lui demandait ce qu'il en avait fait, il dut répondre qu'il l'avait donné à un pauvre aveugle dont la misère l'avait touché. 

Un autre jour, son père, revenant de la campagne avec un grand nombre de chevaux, le chargea de les conduire dans un pré et de les y garder en attendant l'arrivée de ses domestiques. Tout à coup Médard aperçut un villageois chargé de harnais qu'il portait à grand-peine: "Eh! mon ami, lui dit l'enfant, pourquoi vous chargez-vous d'un si pesant fardeau? -- C'est, répondit le paysan, que mon cheval vient de périr par accident; j'emporte ses harnais, mais sans espoir de pouvoir acquérir un autre cheval." L'enfant, ému de compassion, prit un des chevaux confiés à sa garde et le força de l'emmener. Le Ciel témoigna par un prodige combien cet acte de charité Lui était agréable; car, après que Médard eu rendu compte à son père de son action, on trouva le nombre des chevaux complet.

De plus, tous les gens de la maison virent un aigle couvrir Médard de ses ailes pendant une grosse pluie qui était tout à coup survenue. La vie de l'étudiant et du prêtre répondit à de si admirables commencements; toutes les oeuvres de zèle auxquelles peut se livrer un ministre des âmes lui étaient connues et familières.

Saint Médard de Noyon, évêque († 560)

En 530, il fut élu évêque et sacré par saint Rémi. La dignité épiscopale ne lui fit rien retrancher de ses pénitences. On vit ce saint vieillard, à l'âge de soixante-douze ans, parcourir les villages, les bourgs et les hameaux, prêchant, consolant son peuple, administrant les sacrements avec un zèle infatigable. Il étendit le règne de la foi en quelques parties de son diocèse demeurées païennes; et, par ses travaux comme par ses miracles, il eut la douce joie de sauver un grand nombre d'âmes.

 

C'est de sa main que la reine Radegonde reçut le voile de religieuse.

Enfin Médard, âgé de quatre-vingt-sept ans, plus chargé encore de vertus et de mérites que d'années, rendit son âme au Créateur, en l'an 545.

Sources : (1) ; (2) ; (3) ; (4) Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p. 144.

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7 juin 2024 5 07 /06 /juin /2024 00:00
Saint Gilbert de Neuffontaines († 1152)

Né en Auvergne, il est très tôt envoyé à la cour du roi Louis VI le Gros.

Il participa à la seconde croisade prêchée par saint Bernard à Vézelay, et s'y battit vaillamment, même s'il ressentit très vite le besoin de servir son Dieu d'une manière moins meurtrière.

A son retour en France, il donna une partie de son immense fortune aux pauvres et construisit un monastère. Il arriva à convaincre sa femme et sa fille d'entrer en religion comme lui souhaitait le faire. Il entra dans l'Ordre des Prémontrés de Saint Norbert.

Fidèle au charisme de saint Norbert, il construisit un hôpital qui devint rapidement célèbre par les miracles que Gilbert y accomplissait.

Il fut ensuite envoyé dans l'Allier pour être le supérieur de l'abbaye de Neuffontaines. Celle-ci prit son nom quelques temps après sa mort.

Pénitent et charitable, il attira une foule de malades et de pécheurs, désireux de soulager leurs maux physiques et spirituels. On lui amenait de tous côtés des enfants gravement malades. Il leur imposait les mains et les rendait guéris à leurs parents. Epuisé par la pénitence et le labeur, il mourut le 5 juin 1152. Selon ses vœux, on l’enterra dans le cimetière des pauvres de l’abbaye. Comme saint Gilbert bénéficiait d’une grande dévotion populaire et à la suite de nombreux miracles, Jean Lepaige, procureur de l‘Ordre, encouragea la recherche des restes mortels du fondateur. Les ossements furent retrouvés le 26 octobre 1645. La fête de saint Gilbert rappelle la date de cette translation. En 1791, pendant le tumulte de la Révolution française, les reliques furent transférées dans l’église Sint-Didier, pour les mettre à l’abri. On ne les a jamais retrouvées. Le pape Benoît XIII reconnut son culte le 22 janvier/8 mars 1728.

 

Sources : 1, 2, 3

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7 juin 2024 5 07 /06 /juin /2024 00:00
Solennité du Sacré-Coeur de Jésus

La fête du Sacré-Coeur est célébrée le 3e vendredi après la Pentecôte. 

Le Christ révèle à sainte Marguerite-Marie, le 27 décembre 1673, à Paray le Monial (Saône-et-Loire): "Mon divin Coeur est si passionné d'amour pour les hommes, et pour toi en particulier que, ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu'il les répande par ton moyen, et qu'il se manifeste à eux pour les enrichir de ses précieux trésors que je te découvre..."
 
Solennité du Sacré-Coeur de Jésus
En juin 1675, il s'adresse à elle en ces termes : 
"Voilà ce Coeur qui a tant aimé les hommes, qu'il n'a rien épargné, jusqu'à s'épuiser et se consommer, pour leur témoigner son amour.
Je te demande que le premier vendredi d'après l'octave du Saint-Sacrement soit dédié à une fête particulière pour honorer mon Coeur, en communiant ce jour là, et en lui faisant réparation d'honneur par une amende honorable, pour réparer les indignités qu'il a reçues pendant le temps qu'il a été exposé sur les autels.
Je te promets aussi que mon Coeur se dilatera, pour répandre avec abondance les influences de son divin amour sur ceux qui lui rendront cet honneur, et qui procureront qu'il lui soit rendu.... 
 
Fait savoir au fils ainé de mon Sacré-Coeur (le roi Louis XIV) que, comme sa naissance temporelle a été obtenue par la dévotion aux mérites de ma sainte enfance, de même il obtiendra sa naissance de gloire éternelle par sa consécration à mon Coeur adorable. Mon Coeur veut régner dans son palais, être peint sur ses étendards et gravé dans ses armes pour les rendre victorieuses de tous ses ennemis et de tous ceux de la sainte Eglise.
Mon Père veut se servir du roi pour l'exécution de son dessein, qui est la construction d'un édifice public où serait placé le tableau de mon Coeur pour y recevoir les hommages de toute la France". [Ndlr. Louis XIV ne fit jamais appliquer cette demande. Ni Louis XV ni Louis XVI...]
 
 
Il faudra attendre 1870 : la guerre éclate entre la France et l'Allemagne ; la défaite militaire française ne tarde pas, suivie de l'occupation d'une partie du pays par les troupes allemandes. Alexandre Legentil, député sous Louis-Philippe, et son beau-frère, Hubert Rohault de Fleury , font vœu de construire une église consacrée au Cœur du Christ, en réparation et pénitence pour les fautes commises par les Français : "Pour faire amende honorable de nos péchés et obtenir de l'infinie miséricorde du Sacré-Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ le pardon de nos fautes, ainsi que les secours extraordinaires qui peuvent seuls délivrer le Souverain Pontife de sa captivité et faire cesser les malheurs de la France, nous promettons de contribuer à l'érection, à Paris, d'un sanctuaire dédié au Sacré-Cœur de Jésus." [Ce sera la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, dite du Voeu national, dont la construction fut décrétée par une loi d'"utilité publique" votée par l'Assemblée nationale de la IIIe République le 24 juillet 1873, par 382 voix sur 734 (Jacques Benoist, Le Sacré-Coeur de Montmartre de 1870 à nos jours, Les Editions ouvrières, 1992). La première pierre est posée le 16 juin 1875. L'intérieur de la nef sera inauguré en 1891, le campanile (clocher) ne sera terminé qu'en 1912. La basilique n'est achevée qu'en 1914 et consacrée en 1919, après la fin de la Première Guerre mondiale].  
     
Pendant la première guerre mondiale.
En 1917, la République a interdit la consécration individuelle des soldats au Sacré Cœur et le port du Sacré Cœur. 
 
 Mais les officiers sur le terrain laissaient circuler les images, fanions et drapeaux du Sacré-Coeur. Sujet tabou, aux archives souvent muettes..., aux détracteurs de tous bords dont les partis minimisent ou taisent les faits, l'histoire du Sacré-Coeur durant la Première Guerre mondiale constitue l'apothéose et la pérennité du Sacré-Coeur.
Plus de douze millions de drapeaux et fanions français ornés du Sacré Cœur de Jésus furent portés par les soldats et les régiments.  Les généraux français ne peuvent évoquer leurs convictions, même dans les communiqués, contrairement aux chefs étrangers. Le Kronprinz à Verdun appelle "l'aide de Dieu", le Gott mit uns, Pershing témoigne de la "confiance en Dieu". 
 
Le général Foch, commandant le 20° corps d'armée de Nancy, consacre malgré tout les armées françaises et alliées au Sacré-Coeur le 16 juillet 1918... Il sera vainqueur et l’armistice est signé le 11 novembre 1918 à 11 heures, en la fête de Saint-Martin, Apôtre des Gaules ! Il n’est pas inutile de savoir que "Martin" est un nom qui vient de "mars", Dieu Romain de la guerre.
(Source : Alain Denizot, Le Sacré-Coeur et la Grande Guerre, Nouvelles Editions Latines, Paris 1994, p. 135). Cf. Quelques précisions sur le Sacré-Coeur ("Faits de Loublande")
 
Dans une lettre aux pèlerins de Paray, en 1999, Jean Paul II "invite tous les fidèles à poursuivre avec piété leur dévotion au culte du Sacré-Coeur de Jésus, en l'adaptant à notre temps, pour qu'ils ne cessent d'accueillir ses insondables richesses, qu'ils y répondent avec joie en aimant Dieu et leurs frères, trouvant ainsi la paix, entrant dans une démarche de réconciliation et affermissant leur espérance de vivre un jour en plénitude auprès de Dieu, dans la compagnie de tous les saints."
 
On sait aujourd'hui - deux sources l'attestent  (celle du curé de Bonbon, l'abbé Paul Noyer, celle du P. Perroy le 17 novembre 1918) -, que Notre Seigneur a fait les douze promesses suivantes à sainte Marguerite Marie à Paray afin d’encourager la vraie dévotion au Sacré Cœur de Jésus qui est également la dévotion au Saint Sacrement.
Ces promesses sont octroyées sur ceux qui sont prêts à passer une heure avec Jésus dans le Saint Sacrement régulièrement. 
 1. Je leur donnerai toutes les grâces nécessaires dans leur état.
 2. Je mettrai la paix dans leur famille.
 3. Je les consolerai dans toutes leurs peines.
 4. Je serai leur refuge assuré pendant la vie et surtout à la mort.
 5. Je répandrai d’abondantes bénédictions sur toutes leurs entreprises.
 6. Les pécheurs trouveront dans mon Cœur la source et l’océan infini de la miséricorde.
 7. Les âmes tièdes deviendront ferventes.
 8. Les âmes ferventes s’élèveront à une grande perfection.
 9. Je bénirai les maisons où l’image de mon Cœur sera exposée et honorée.
 10. Je donnerai aux prêtres le talent de toucher les cœurs les plus endurcis.
 11. Les personnes qui propageront cette dévotion auront leur nom écrit dans mon Cœur, et il n’en sera jamais effacé.
 12. Je te promets, dans l’excès de la miséricorde de mon Cœur, que mon amour tout puissant accordera à tous ceux qui communieront les premiers vendredis, neuf fois de suite, la grâce de la pénitence finale, qu’ils ne mourront point dans ma disgrâce, ni sans recevoir les sacrements, et que mon Cœur se rendra leur asile assuré à cette heure dernière.

Jesus-J-ai-Confiance-en-vous---Christ-misericordieux.jpg

 

L’histoire de  cette icône est liée à une vision du Christ Miséricordieux que sœur Faustine a eue le 22 février 1931. Au cours de cette vision, le Christ lui a commandé de peindre une image avec une inscription au bas :
« Jésus, j'ai confiance en Vous »

 

Solennité du Sacré-Coeur de Jésus
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6 juin 2024 4 06 /06 /juin /2024 00:00
Saint Norbert, archevêque de Magdebourg (1080-1134)

Né en 1080, près de Cologne (Allemagne), Norbert fut engagé dès son jeune âge dans la cléricature; mais il fréquentait plus la cour que l'Église et reculait devant les Ordres sacrés, afin de suivre la voie des plaisirs. 

Il avait déjà trente-trois ans, quand, traversant à cheval une belle prairie, accompagné d'un seul serviteur, il fut assailli par une soudaine et horrible tempête. La scène de saint Paul sur le chemin de Damas se renouvela; car Norbert entendit une voix céleste lui dire: "Pourquoi me fuis-tu? Je te destinais à édifier mon Église, et tu scandalises mon peuple." En même temps, la foudre éclate et le renverse par terre, où il demeure évanoui pendant une heure entière. Quand il eut recouvré ses sens, il dit à Dieu: "Seigneur, que demandez-vous de moi?" Et la réponse à sa question lui fit comprendre qu'il devait quitter le monde et vivre dans la pénitence. 

La conversion fut immédiate et complète, et bientôt l'on put voir, non sans étonnement, le brillant gentilhomme échanger ses riches vêtements contre la bure du moine. Il se prépara pendant quarante jours, dans un monastère, à offrir pour la première fois le Saint Sacrifice de la Messe. 

Norbert obtint du Pape les pouvoirs de missionnaire apostolique et commença à prêcher la pénitence. Ses œuvres étaient plus éloquentes encore que sa prédication: il marchait nu-pieds, même en plein hiver, au milieu de la neige, n'avait pour vêtement qu'un rude cilice en forme de tunique et un manteau de pénitent; il observait perpétuellement le carême selon la rigueur des premiers siècles, et y ajoutait de ne manger presque point de poisson et de ne boire du vin que très rarement: on eût dit un nouveau Jean-Baptiste, par son zèle et ses austérités. 

Cependant Dieu réservait à Norbert la gloire de fonder l'Ordre des Prémontrés, ainsi nommé parce que le Saint avait eu révélation du lieu où il devait l'établir. Saint Augustin lui ayant apparu, une Règle d'or à la main, il comprit qu'il devait adopter pour son Ordre la règle de ce grand docteur. Il fut lui-même la règle vivante de ses frères. 

 

Ordres-des-Premontres.png

Armoiries de l'Ordre des Prémontrés. Blason d'azur, semé de fleurs de lys d'or, à deux crosses du même passées en sautoir brochant sur le tout. Le semis de fleurs de lys d'or est une concession faite par le roi Saint Louis. (Source: X. Barbier de Montault, prélat de la Maison de Sa Sainteté, Annuaire du Conseil Héraldique de France, 3e année, 1890.)

 

En 1126, se réalisa une vision que sa mère avait eue avant sa naissance: Norbert fut obligé d'accepter l'archevêché de Magdebourg (Allemagne), et il eut désormais outre le souci de son Ordre, le soin de son diocèse, où son apostolat fut traversé par de grandes persécutions et couronné d'abondants fruits de salut. Rien du reste, n'avait changé dans sa vie, et jusqu'à sa mort il mena dans son palais la vie d'un moine dans sa cellule.

 

Saint-Norbert--Archeveque--Fondateur-de-l-Ordre-des-Premo.jpg

Saint Norbert, Archevêque, Fondateur de l'Ordre des Prémontrés (1080-1134), vitrail dans la Basilique Notre-Dame d'Afrique à Alger.

 

 

Sources: 1, 2, 3

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Publié par Ingomer - dans Saints du jour
5 juin 2024 3 05 /06 /juin /2024 00:00
Saint Boniface, Patron de l'Allemagne, dans Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p

Saint Boniface, Patron de l'Allemagne, dans Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p

Ordonné prêtre en 710, le bénédictin anglo-saxon Boniface gagne la Frise en 716, où il devient l'assistant de son compatriote saint Willibrord.

Puis il évangélise la Hesse, la Thuringe et la Bavière avec succès.
Consacré évêque en 722, il établit son archevêché à Mayence. Retourné en Frise, il y est assassiné par des païens. On le trouva criblé de blessures, tenant en main le livre de saint Ambroise: Du bienfait de la mort.

 

Saint Boniface , qui "parcourut toute la Frise, prêchant sans cesse la parole de Dieu, bannissant les rites païens et extirpant les coutumes immorales païennes. Avec une énergie débordante, il construisit des églises et renversa les idoles des temples. Il a baptisé des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants." (Vita S. Bonifatii, Augustine Willibaldo, éd. Levison, p. 47).

 

Consacré évêque en 722, il établit son archevêché à Mayence. Retourné en Frise, il y est assassiné par des païens. On le trouva criblé de blessures, tenant en main le livre de saint Ambroise: Du bienfait de la mort.

 

Au cours de l'audience générale du 11 mars 2009, Benoît XVI a tracé un portrait de saint Boniface, un des apôtres des peuples germaniques. Saxon né en Angleterre vers 675 sous le nom de Winifred, il fut très jeune attiré par l'idéal monastique. Ordonné prêtre à trente ans, il entendit l'appel de Dieu à se consacrer à la conversion des païens du continent. En 716, avec quelques compagnons, il prend le chemin de la Frise, "où échoua sa première initiative d'évangélisation à cause de l'opposition d'un chef local. S'étant rendu à Rome deux ans plus tard pour y rencontrer le Pape, Grégoire II l'encouragea, lui donna le nom de Boniface et le chargea de mission officiellement auprès des peuples germaniques".

 

 

Un jour, il abattit de sa propre main un chêne dédié à l’idole Thor ou Donar, qui était non seulement un symbole religieux, mais aussi un symbole de la protection des soldats, de la végétation et même de la fertilité dans la culture autochtone des tribus germaniques. (Mgr Athanasius Schneider, évêque d'Astana.) Et quand la foule en fureur allait se jeter sur lui, un prodige vint soudain la calmer: l'arbre énorme se plia sous une main invisible et alla tomber en quatre tronçons aux pieds du Saint. Le Christ avait vaincu; des milliers de païens demandèrent le baptême.

 

Mgr Rudolf Voderholzer, évêque de Regensburg en Allemagne a expliqué dans une homélie du 31 octobre 2019 que "Boniface n'a pas dansé autour ni embrassé le chêne, mais plutôt, il l'a abattu et a fait de son bois une croix et une chapelle Saint-Pierre". (sources 1 et 2).

L'apôtre, secondé par de vaillants missionnaires, travaillait avec plus d'ardeur que jamais à étendre le règne de l'Évangile. Ses saintes audaces furent bénies du Ciel... et le Pape le fit évêque.

 

Archevêque, légat du Pape, Boniface ne s'attribue point la gloire de ses oeuvres; Dieu est sa seule force et son seul recours; voilà le secret de ses conquêtes pacifiques.

Grâce à sa prudence, le futur saint "parvint à restaurer la discipline ecclésiastique. Il convoqua des synodes pour le respect des canons et renforça la communion des Eglises de Germanie avec Rome". Puis Benoît XVI a rappelé un autre aspect de l'oeuvre de Boniface, qui fonda de nombreux monastères, masculins et féminins, lesquels constituèrent "des phares de diffusion de la foi et de la culture chrétienne dans ces régions.

 

 près de 80 ans, il projeta une nouvelle mission évangélisatrice dans le pays qui avait vu ses premières expériences. Mais, en 754 probablement, des frisons païens l'assassinèrent à Dokkum tandis qu'il célébrait la messe".

"Après tant de siècles, quel message pouvons-nous retenir de la prodigieuse oeuvre de ce grand missionnaire martyr?", s'est demandé Benoît XVI: "D'abord, la centralité de la Parole, vécue et interprétée dans la foi de l'Eglise, que Boniface prêcha jusqu'au sacrifice suprême du martyre". Ensuite, "sa fidélité au siège apostolique, le principe central de son action missionnaire. Cet esprit de cohésion autour du Successeur de Pierre s'est transmis aux Eglises sujets de sa prédication, unissant à Rome l'Angleterre, l'Allemagne et la France. Ce facteur a grandement contribué à la constitution des racines chrétiennes de l'Europe, qui ont produit tant de fruits au cours des siècles suivants".


Le Saint-Père a alors souligné combien saint Boniface avait favorisé la rencontre de la culture germanique avec la romano-chrétienne, en portant l'ancien héritage chrétien aux populations qu'il évangélisait, avec un nouveau mode de vie plus respectueux des droits et de la dignité de la personne".

"Le courageux témoignage de Boniface -a ajouté Benoît XVI- nous invite à accueillir dans nos vies la Parole de Dieu comme première référence, à aimer sincèrement l'Eglise, à se sentir coresponsables de son avenir dans l'unité autour du Successeur de Pierre. Il nous rappelle aussi qu'en favorisant la diffusion de la culture, le christianisme aide au progrès de l'humanité. Nous devons être à la hauteur de ce prestigieux héritage pour le faire fructifier en faveur des nouvelles générations". En comparant l'appel de la foi et le service de l'Evangile de Boniface à "notre foi, souvent chancelante et bureaucratique, il faut nous demander comment nous renouveler pour transmettre ce don précieux à notre temps".
(source: VIS 090311)
via
Nominis.cef.fr; Les saints du jour

 

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4 juin 2024 2 04 /06 /juin /2024 21:59

Ca chauffe.

Les vaccins Covid pourraient être en partie responsables de l’augmentation de la surmortalité depuis la pandémie, ont suggéré des scientifiques

Source officielle : Le Telegraph et en première page !

 

https://www.telegraph.co.uk/news/2024/06/04/covid-vaccines-may-have-helped-fuel-rise-in-excess-deaths/

ENFIN une reconnaissance dans les médias grand public au Royaume-Uni

 

Cf. https://x.com/tatiann69922625/status/1797926918488285306?t=XrBhLuKOxrtnCcZV4LfiAw&s=09

Les vaccins anti Covid pourraient être à l'origine de l'augmentation de la surmortalité - Telegraph UK

 

Les experts appellent à davantage de recherche sur les effets secondaires et les liens éventuels avec les taux de mortalité

 

Selon des scientifiques, les vaccins anti Covid pourraient être en partie responsables de l'augmentation de la surmortalité depuis la pandémie.

 

Des chercheurs néerlandais ont analysé les données de 47 pays occidentaux et ont découvert qu'il y avait eu plus de trois millions de décès en excès depuis 2020, la tendance se poursuivant malgré le déploiement des vaccins et les mesures d'endiguement.

 

Les experts ont déclaré que ces chiffres "sans précédent" soulevaient de sérieuses inquiétudes et ont appelé les gouvernements à enquêter pleinement sur les causes sous-jacentes, y compris sur les effets néfastes éventuels des vaccins.

Des chercheurs de l’Université d’Amsterdam ont écrit dans le BMJ Public Health : "Bien que les vaccins Covid-19 aient été fournis pour protéger les civils contre la mortalité due au virus Covid-19, des effets indésirables présumés ont été documentés.

Des professionnels de la santé et des citoyens ont signalé à diverses bases de données officielles du monde occidental des blessures graves et des décès consécutifs à la vaccination". Ils ont ajouté : "Pendant la pandémie, les politiciens et les médias ont souligné quotidiennement que chaque décès dû au Covid-19 était important et que chaque vie méritait d'être protégée par des mesures d'endiguement et des vaccins. Il devrait en être de même par la suite". L'étude a révélé qu'en Europe, en Australie et aux États-Unis, il y aurait plus d'un million de décès excédentaires en 2020, à l'heure actuelle.

 

[…]

 

Le nombre de décès dus au Covid-19 est estimé à 1,5 million en 2021 et à 800 000 en 2022 après la mise en œuvre des mesures.

Les chercheurs ont précisé que ce chiffre incluait les décès dus à Covid-19, mais aussi les "effets indirects" des stratégies de santé visant à lutter contre la propagation du virus et la coagulation.

 

"Les effets indirects des stratégies de santé visant à lutter contre la propagation du virus et la coagulation sanguine sont également pris en compte.

Ils ont averti que les effets secondaires liés au vaccin Covid comprenaient des accidents vasculaires cérébraux ischémiques, des syndromes coronariens aigus et des hémorragies cérébrales, des maladies cardiovasculaires, des troubles de la coagulation, des hémorragies, des troubles gastro-intestinaux et des troubles de l'humeur.

Des chercheurs allemands ont souligné que l'apparition d'une surmortalité au début de l'année 2021 dans le pays a coïncidé avec le déploiement des vaccins, ce qui, selon l'équipe, "justifie un examen plus approfondi".

Toutefois, les experts ont mis en garde contre le fait que des données plus récentes concernant les effets secondaires n'ont pas été mises à la disposition du public.

Les chercheurs ont déclaré qu'il était "probable" que l'impact des mesures de confinement, les restrictions en matière de soins de santé et les bouleversements socio-économiques survenus au cours de la pandémie aient contribué aux décès, tout en admettant qu'il était difficile de le prouver.

Gordon Wishart, médecin en chef de Check4Cancer et professeur invité de chirurgie cancérologique à l'université Anglia Ruskin, a déclaré : "Il a été prédit dès le début de la période de confinement que l'accès limité aux soins de santé pour les affections non liées au vaccin entraînerait des retards dans le diagnostic et le traitement des affections critiques telles que le cancer, les maladies cardiaques, le diabète et la démence, et que cela conduirait à une surmortalité due à ces affections".

S'exprimant sur le potentiel de nocivité des vaccins, M. Wishart a ajouté : "Le document apporte plus de questions que de réponses, mais il est difficile de ne pas être d'accord avec la conclusion selon laquelle une analyse plus poussée est nécessaire"

 

 

Cf. https://x.com/Galadriell__/status/1797989790823886916?t=wHoML9dmeGGnyf207D11vw&s=09

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4 juin 2024 2 04 /06 /juin /2024 21:53

Si l'on fait le décompte des siècles sous lesquels l'Hexagone a vécu sous le régime politique de la monarchie, nous dépassons allègrement les deux millénaires, écrivions-nous en 2015 dans l'article "Nos ancêtres les Gaulois - La Gaule, les origines de la France". Une étude de l'Institut Max Planck d'anthropologie évolutionniste publiée le 3 juin sur Science Daily rapporte que la génétique confirme que les Celtes vivaient dans des monarchies :

 

 

Nos ancêtres les Gaulois - La Gaule, les origines de la France

Parenté et ascendance des Celtes du Bade-Wurtemberg, Allemagne

 

Les analyses génétiques des tumulus celtiques datant de 500 avant notre ère révèlent des relations étroites et fournissent de nouvelles informations sur les structures de pouvoir des premières élites celtiques.

Date:

3 juin 2024

Source:

Institut Max Planck d'anthropologie évolutionniste

Résumé:

La culture celtique de l'âge du fer préromain en Europe occidentale et centrale a laissé jusqu'à nos jours de nombreuses traces, notamment sous la forme d'énormes tumulus et d'objets archéologiques spectaculaires. Malgré ce riche héritage, une grande partie de cette civilisation nous reste cachée.

Dans le cadre d'une collaboration entre l'Office national pour la préservation des monuments historiques du Bade-Wurtemberg et l'Institut Max Planck d'anthropologie évolutive (MPI-EVA) de Leipzig, les génomes d'individus celtiques de plusieurs tumulus ont été reconstruits pour la première fois.

Les tumulus d'Eberdingen-Hochdorf et d'Asperg-Grafenbühl, connus sous le nom de Fürstengräber, comptent parmi les sépultures les plus riches de la préhistoire allemande, avec des trouvailles en or et des récipients en bronze élaborés. Une nouvelle analyse génétique vient de révéler que les deux princes, enterrés à environ 10 kilomètres l'un de l'autre, étaient biologiquement étroitement liés. "On soupçonne depuis longtemps que les deux princes des tumulus d'Eberdingen-Hochdorf et d'Asperg 'Grafenbühl' étaient liés", explique Dirk Krausse, de l'Office national pour la préservation des monuments historiques, "mais ce n'est que maintenant que cette hypothèse a été confirmée. par les nouvelles analyses."

Pour les analyses actuelles, les dents et les os du crâne de l'oreille interne ont été échantillonnés au MPI-EVA en utilisant les méthodes les plus récentes, et l'ADN restant a été séquencé pour reconstruire les génomes d'un total de 31 individus. Les deux sépultures centrales se distinguent du reste du groupe par leur relation étroite.

Deux princes étroitement liés

Après avoir établi une relation génétique entre les deux individus, l’équipe a examiné toutes les connexions possibles, telles que les frères, demi-frères et sœurs, grand-père et petit-fils, ainsi que l’oncle et le neveu. "Sur la base des dates de décès assez précises, des estimations d'âge au décès et de la similitude génétique des deux princes, un seul scénario est remis en question en tant qu'oncle et neveu, plus précisément : la sœur du prince Hochdorf était la mère du prince Asperg. ", explique Stephan Schiffels de MPI-EVA.

"Ce résultat montre que le pouvoir politique dans cette société a très probablement été hérité par succession biologique, comparable à une dynastie", explique Joscha Gretzinger du MPI-EVA. Ceci est également étayé par des preuves de relations entre d'autres individus des deux monticules, ainsi que du monticule de Magdalenenberg, beaucoup plus éloigné, construit environ 100 ans plus tôt. Gretzinger ajoute : "Dans l'ensemble, nous semblons avoir affaire à un vaste réseau parmi les Celtes du Bade-Wurtemberg, dans lequel le pouvoir politique était soutenu par la parenté biologique."

Mais quel était le lien entre les Celtes et les autres habitants de l’Europe de l’âge du fer au-delà du Bade-Wurtemberg ? Une analyse détaillée des origines génétiques de ce groupe révèle une origine génétique plus susceptible de se trouver dans la France actuelle, mais qui était alors répandue dans tout le sud de l'Allemagne. De plus, plusieurs individus présentent une origine génétique italienne, ce qui correspond également bien aux objets trouvés dans les tombes, dont beaucoup présentent des styles méditerranéens.

L’étude constitue donc une pièce importante du puzzle dans notre compréhension de l’histoire européenne au Moyen et à la fin de l’Âge du Fer, qui, contrairement à la période romaine et aux autres périodes du haut Moyen Âge, peut difficilement faire l’objet de recherches à partir de sources écrites.

Source: https://www.sciencedaily.com/releases/2024/06/240603114237.htm

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4 juin 2024 2 04 /06 /juin /2024 00:00
Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011

Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011

Sainte Clotilde était fille orpheline de Chilpéric II, roi catholique de Lyon (une partie de la Bourgogne), et nièce du prince arien Gondebaud.

 

Appelée par Dieu à la grande mission du salut de la France, elle fut élevée au palais de son oncle, qui était l'assassin de sa famille. Mais elle eut le bonheur de se préserver de l'hérésie. La mère de Clotilde avait déposé dans son cœur, avec la foi, les germes de la piété; aussi sut-elle résister à toutes les sollicitations de Gondebaud et conserver la foi de son baptême.

 

Clovis, roi des Francs, entendit parler de la beauté, des vertus et de toutes les grandes qualités, l'élégance et la sagesse de la jeune princesse.

 

"Les Gallo-Romains de son royaume accepteraient plus volontiers une reine catholique. [...] Si Clotilde ressent quelques scrupules de conscience à épouser un païen, elle les surmonte moyennant l'assurance que ses enfants seront baptisés." (1)

 

Le mariage eut lieu en 493. Clotilde comprit qu'elle n'avait été appelée à partager le trône d'un roi païen que pour remplir les vues de Dieu sur un peuple généreux mais non éclairé de la lumière de l'Évangile.

Clovis, Esquisse coupole du Panthéon, Antoine-Jean Gros, XIXe s., musée du Petit Palais, Paris

Clovis, Esquisse coupole du Panthéon, Antoine-Jean Gros, XIXe s., musée du Petit Palais, Paris

"L'avenir de l'homme est la femme, écrit Aragon. Elle est la couleur de son âme." Grégoire de Tours aurait pu dire exactement la même chose à propos du roi des Francs et de sainte Clotilde.

Samuel PRUVOT, Nos Ancêtres les Saints, Petite histoire de la France missionnaire, Cerf, Paris 2017, p. 46.

Clotilde obtint que son fils aîné, Ingomer, soit baptisé. 

 

Elle eut soin de gagner les bonnes grâces d'un époux magnanime, mais violent et barbare; elle usa de son influence pour lui parler de Jésus-Christ. Clovis l'écoutait avec intérêt; toutefois, il ne se hâtait pas; il lui permit cependant de faire célébrer le culte catholique dans le palais et consentit au baptême de son premier-né, Ingomer. Clotilde mettait sur la tête de cet enfant toutes ses espérances pour la conversion de son peuple, quand Dieu, dont les desseins sont impénétrables, le ravit à la terre juste après la cérémonie. À la colère de Clovis, à ses reproches, la douce reine répondit: "Je remercie Dieu de ce qu'Il m'a jugée digne de mettre au monde un fils qui est maintenant dans le Ciel !" Clotilde, loin de se rendre aux "arguments" de son époux, discernait au contraire dans la mort soudaine de son enfant une nouvelle raison de fortifier sa foi en rendant grâces au Seigneur.

 

Mais "quel fâcheux présage pour Clovis qui conçoit d'abord la religion comme une démarche magique destinée à assurer au fidèle, en échange de sa dévotion, une protection et des avantages matériels. N'a-t-il pas offensé des divinités tutélaires en consacrant son premier fils au Dieu chrétien ?" (2)

 

Un second enfant, Chlodomir ("glorieux et grand") ​​​​​​, fut baptisé encore et tomba malade. Nouvelle et plus terrible colère de Clovis; mais les prières de Clotilde furent entendues, et Dieu envoya des Anges guérir l'enfant agonisant. Le moment de la grâce était venu.

Sainte Clothilde, Reine de France (476-545), Jardin du Luxembourg, Paris, France. 

Sainte Clothilde, Reine de France (476-545), Jardin du Luxembourg, Paris, France. 

À la bataille de Tolbiac (près du vieux fort romain de l'actuelle ville allemande de Zülpich, au sud-ouest de Cologne), après un choc terrible, les Francs pliaient et commençaient à être taillés en pièces, quand Clovis, dans une illumination soudaine, s'écria: "Dieu de Clotilde, donne-moi la victoire et Tu seras mon Dieu!"

Le courage renaît à ses soldats et bientôt la victoire des Francs est complète.

Les Alamans étaient ce peuple qui au IIIe siècle s'est montré, à l'instar des Francs, des adversaires redoutables de l'Empire, avant d'être confinés, au temps d'Aetius, dans les provinces orientales de la Gaule. Là, ils ont occupé l'antique Argentoratum, dont ils ont fait Strasbourg. Vers le Sud, Ostrogoths et Burgondes leur interdisaient toute extension.

 

Selon Grégoire de Tours, qui relate la bataille, un guerrier franc lance sa francisque (hache des francs) en direction du chef des Alamans. En voyant leur roi tomber de cheval, mortellement blessé, les Alamans se désorganisent et fuient. Peu après, Clovis était baptisé par saint Rémi, à Reims; ce fut le signal du baptême de la nation entière.

 

Clotilde et sa famille demeurent dans la région de l'Île-de-France, passant d'une villa royale à l'autre. Les communes de Choisy-le-Roi, Vanves, Chelles, Nanterre ou Clichy-sous-Bois ont été des lieux de résidence royale. Mais Clotilde et Clovis nourrissent un intérêt croissant pour un gros bourg situé sur une île de la Seine: Paris, qu'ils choisissent comme capitale.



Déjà mère de Chlodomir, Clotilde donne naissance à deux autres garçons dans les années qui suivent le baptême de Clovis. Childebert aurait ainsi vu le jour vers 497 à Reims, et Clotaire, dont le prénom signifie "Armée de gloire", probablement l'année suivante, vers 498.

Sainte Clotilde, Reine de France († 545)

Clovis mourut en 511, à l'âge de quarante-cinq ans. Les divisions qui s'élevèrent dans sa famille et surtout le meurtre des deux fils aînés de Chlodomir, commis par Childebert et Clotaire, achevèrent de rendre le monde insupportable à notre sainte.

 

Clotilde, dégoûtée du monde, éprouvée dans ses enfants, quitta bientôt la cour pour aller finir sa vie dans les larmes, les prières les aumônes, au fond d'un couvent à Tours, auprès du tombeau de saint Martin.

 

Prévenue du jour de sa mort, elle fit venir ses enfants, leur adressa ses dernières recommandations, et alla recevoir au Ciel sa récompense, le 3 juin 545.

Sainte Clotilde en prière au pied du tombeau de Saint Martin (1753), Charles André Van LOO

Sainte Clotilde en prière au pied du tombeau de Saint Martin (1753), Charles André Van LOO

PRATIQUE. Rendez grâces au Seigneur en toutes choses. Assurez votre salut par la pratique des bonnes œuvres. 

Sources:  

 

(1) Philippe DELORME, Préface de Jean TULARD de l'Institut, Contre-Histoire de France, Ni romance, ni repentance, Via Romana, Le Chesnay 2024, p. 51

(2) Philippe DELORME, Préface de Jean TULARD de l'Institut, Contre-Histoire de France, ibid., p. 51

(3) Per Ipsum, service de calendrier liturgique tridentin (de 1962)

(4) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. 154

(5) Les Reines franques, Les Destins épiques de Clotilde, Radegonde, Brunehaut et Frédégonde, Reines, maîtresses et favorites, Hachette Collection, 2015 ; (4) Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011

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3 juin 2024 1 03 /06 /juin /2024 00:00
LES SAINTS MARTYRS de L'OUGANDA

(†1885, †1886, †1887)


 

 

       Ces Saints habitaient une contrée au milieu de l'Afrique, appelée Ouganda. Personne n'y avait jamais prononcé le nom de Dieu et le démon y régnait par l'esclavage, la sorcellerie et le cannibalisme. Deux Pères Blancs, le P. Lourdel et le P. Livinhac débarquèrent un jour chez ces pauvres indigènes. Ils se présentèrent aussitôt au roi Mutesa qui les accueillit pacifiquement et leur accorda droit de cité.

 

       Les dévoués missionnaires se faisaient tout à tous en rendant tous les services possibles. Sept mois à peine après l'ouverture du catéchuménat, ils désignaient quelques sujets dignes d'être préparés au baptême. Le roi Mutesa s'intéressait à ce que prêchaient les Pères, mais leur prédication alluma bientôt la colère des sorciers jaloux et des Arabes qui pratiquaient le commerce des Noirs.

 

       Pressentant la persécution, les Pères Lourdel et Livinhac baptisèrent les indigènes déjà préparés et se retirèrent au sud du lac Victoria avec quelques jeunes Noirs qu'ils avaient rachetés. Comme la variole décimait la population de cette contrée, les missionnaires baptisèrent un grand nombre d'enfants près de mourir.

 

       Après trois ans d'exil, le roi Mutesa vint à mourir. Son fils Mwanga, favorable à la nouvelle religion, rappela les Pères Blancs au pays. Le 12 juillet 1885, la population ougandaise qui n'avait rien oublié des multiples bienfaits des missionnaires, accueillait triomphalement les Pères Lourdel et Livinhac. Les Noirs qu'ils avaient baptisés avant de partir, en avaient baptisé d'autres; l'apostolat s'avérait florissant. Le ministre du nouveau roi prit ombrage du succès des chrétiens, surtout du chef des pages, Joseph Mukasa, qui combattait leur immoralité.

 

       Ami et confident du roi, supérieurement doué, Joseph aurait pu devenir le second personnage du royaume, mais sa seule ambition était de réaliser en lui et autour de lui, les enseignements du Christ. Le ministre persuada le jeune roi que les chrétiens voulaient s'emparer de son trône ; les sorciers insistaient pour que les prétendus conspirateurs soient promptement punis de mort. Mwanga céda à ces fausses accusations et fit brûler Joseph Mukasa, le 15 novembre 1885.

 

       «Quand j'aurai tué celui-là, dit le tyran, tous les autres auront peur et abandonneront la religion des Pères.» Contrairement à ces prévisions, les conversions ne cessèrent de se multiplier. La nuit qui suivit le martyre de Joseph, douze catéchumènes sollicitèrent la grâce du baptême. Cent cinq autres catéchumènes furent baptisés dans la semaine qui suivit la mort de Joseph, parmi lesquels figuraient onze des futurs martyrs.

 

       Le 25 mai 1886, six mois après l'odieux meurtre de Joseph, le roi revenant de chasse fit appeler un de ses pages, nommé Denis, âgé de quatorze ans. En l'interrogeant, Mwanga apprit qu'il étudiait le catéchisme avec Muwafu, un jeune baptisé. Transporté de rage, il l'égorgea avec sa lance empoisonnée. Les bourreaux l'achevèrent le lendemain matin, 26 mai, jour où le despote déclara officiellement la persécution ouverte contre les chrétiens.

 

      Le même jour, Mwanga fit mutiler et torturer le jeune Honorat, mit la cangue au cou à un néophyte appelé Jacques qui avait essayé autrefois de le convertir à la religion chrétienne. Ensuite, il fit assembler tous les pages chrétiens et ordonna qu'on les amena pour être brûlés vifs sur le bûcher de Namugongo. Jacques périt sur ce bûcher en compagnie des autres martyrs, le 3 juin 1886, fête de l'Ascension.

 

      «On avait lié ensemble les jeunes de 18 à 25 ans, écrira le Père Lourdel ; les enfants étaient également liés, et si étroitement serrés les uns près des autres qu'ils ne pouvaient marcher sans se heurter un peu. Je vis le petit Kizito rire de cette bousculade comme s'il eût été en train de jouer avec ses compagnons.» Ils sont en tout quinze catholiques. Trois seront graciés à la dernière minute. On compte officiellement vingt-deux martyrs catholiques canonisés dont le martyre s'échelonne de l'année 1885 à 1887.

 

       Le groupe des condamnés marchait vers le lieu de leur supplice, lorsqu'ils rencontrèrent un Noir nommé Pontien. «Tu sais prier ?» questionna le bourreau ; sur la réponse affirmative de Pontien, le bourreau lui trancha la tête d'un coup de lance. C'était le 26 mai 1886. Le soir venu, on immobilisa les martyrs dans une cangue et on ramena de force à la maison, le fils du bourreau, au nombre des victimes. Après une longue marche exténuante, doublée de mauvais traitements, les captifs arrivèrent, le 27 mai, à Namugongo. Les bourreaux, au nombre d'une centaine, répartirent les prisonniers entre eux.

 

       Les cruels exécuteurs travailleront jusqu'au 3 juin afin de rassembler tout le bois nécessaire au bûcher. Les prisonniers doivent donc attendre six longues journées de privations et de souffrances, nuits de froid et d'insomnie, mais plus encore d'ardentes prières, avant que la mort ne vienne couronner leur héroïque combat. Le martèlement frénétique des tam-tams qui se fit entendre toute la nuit du 2 juin indiqua aux martyrs qui languissaient, garrottés dans des huttes, que l'immense brasier de leur suprême holocauste s'allumerait très bientôt.

 

       Charles Lwanga, magnifique athlète d'une vigueur peu commune, à qui le roi avait confié un groupe de pages auxquels il avait enseigné le catéchisme en cachette, fut séparé de ses compagnons afin d'être brûlé à part, d'une manière particulièrement atroce. Le bourreau alluma les branchages de manière à ne brûler d'abord que les pieds de sa victime. «Tu me brûles, dit Charles, mais c'est comme si tu versais de l'eau pour me laver !» Lorsque les flammes attaquèrent la région du coeur, avant d'expirer, Charles murmura : «Mon Dieu! mon Dieu !»

 

       Comme le groupe des martyrs avançait vers le bûcher, un cri de triomphe retentit : Nwaga, le fils du chef des bourreaux, avait réussi à s'enfuir de la maison pour voler au martyre ! Il bondissait de joie en se retrouvant dans la compagnie de ses amis. On l'assomma d'abord d'un coup de massue, puis il fut roulé avec les autres dans des claies de roseaux pour devenir dans un instant la proie des flammes.

 

 

       Après leur avoir brûlé les pieds, ils reçurent la promesse d'une prompte délivrance s'ils renonçaient à la prière. Mais ces héros ne craignaient pas la mort de leur corps et devant leur refus catégorique d'apostasier, on commença à incendier le bûcher. Par-dessus le crépitement du brasier et les clameurs des bourreaux sanguinaires, la prière des saints martyrs s'éleva calme, ardente et sereine : «Notre Père qui êtes aux cieux...» On sut qu'ils étaient morts lorsqu'ils cessèrent de prier.

 

      Le dernier des martyrs s'appelait Jean-Marie. Longtemps obligé de se cacher, las de sa vie vagabonde, il désirait ardemment mourir pour sa foi. Malgré les conseils de ses amis qui essayaient de le dissuader de ce projet, Jean-Marie résolut d'aller voir le roi Mwanga. Nul ne le revit plus jamais, car le 27 janvier 1887, Mwanga le fit décapiter et jeter dans un étang.

 

        La dévotion populaire aux martyrs de l'Ouganda prit un essor universel, après que saint Pie X les proclama Vénérables, le 16 août 1912. Leur béatification eut lieu le 6 juin 1920 et ils reçurent les honneurs de la canonisation, le 18 octobre 1964.



Tiré de Marteau de Langle de Cary, 1959, tome II, p. 305-308 -- Vivante Afrique, No 234 - Bimestriel - Sept - Oct. - 1964 Les Saints du jour

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2 juin 2024 7 02 /06 /juin /2024 22:44
Le Dr Anthony Fauci avoue qu'il a "inventé" des règles covid, notamment la distance sociale et le masquage des enfants

Fauci a déclaré qu'il ne savait pas d'où venait la règle de distance sociale de six pieds (2 mètres environ).

 

Il a également déclaré qu'il n'était pas au courant non plus d'études recommandant des masques pour les enfants.

 

Le témoignage explosif du Dr Anthony Fauci révèle qu'il a inventé la règle de distance sociale de six pieds et d'autres mesures pour « protéger » les Américains du covid.

 

Les républicains ont publié la transcription complète de leur entretien avec Fauci en janvier, quelques jours seulement avant son témoignage public très attendu de lundi.

 

Ils prévoient de l'interroger sur les restrictions covid qu'il a mises en place, qui, a-t-il admis, n'ont pas fait grand-chose pour « ralentir la propagation » du virus.

 

La perte d'apprentissage et les revers sociaux des enfants ont été bien documentés, une étude du National Institute of Health (NIH) qualifiant l'impact du port du masque sur l'alphabétisation et l'apprentissage des élèves de « très négatif ».

 

Et les impacts de la distanciation sociale ont provoqué « une dépression , une anxiété généralisée, un stress aigu et des pensées intrusives », selon une autre étude du NIH

 

S'adressant à l'avocat au nom du sous-comité spécial de la Chambre sur la pandémie de coronavirus plus tôt cette année, Fauci a déclaré aux républicains que la règle de distance sociale de six pieds « venait en quelque sorte d'apparaître » et qu'il ne se souvenait pas comment elle était née.

 

« Vous savez, je ne m'en souviens pas. Cela vient en quelque sorte d'apparaître », a-t-il déclaré, selon les transcriptions du comité, lorsqu'on lui a demandé comment la règle a été créée.

 

Il a ajouté qu'il "n'était pas au courant d'études" soutenant la distanciation sociale, admettant que de telles études "seraient très difficiles" à réaliser.

 

En plus de ne se souvenir d'aucune preuve en faveur de la distanciation sociale, Fauci a également déclaré aux avocats du comité qu'il ne se souvenait pas d'avoir lu quoi que ce soit pour soutenir que le fait de masquer les enfants empêcherait le COVID.

 

« Vous souvenez-vous d'avoir examiné des études ou des données soutenant le masquage pour les enfants ? lui a-t-on demandé.

 

"Je ne me souviens pas", a déclaré le Dr Anthony Fauci au comité lorsqu'on lui a demandé d'où venait la règle de distance sociale de six pieds. "Cela vient en quelque sorte d'apparaître." 

 

Lorsqu'il a insisté sur le masquage forcé des enfants, Fauci ne pouvait pas se rappeler s'il avait lu quoi que ce soit pour étayer le fait que cela préviendrait la maladie.

 

"Je l'aurais peut-être fait", a-t-il répondu avant d'ajouter "mais je ne me souviens pas spécifiquement de l'avoir fait." 

 

Le patriarche de la pandémie a également témoigné qu’il n’avait suivi aucune étude a posteriori concernant les impacts du port forcé du masque sur les enfants, qui ont été nombreux.  

 

Et sa réponse a été un jeu de mots ironique à la manière du COVID : « Je pense toujours que c’est en suspens », a déclaré Fauci sur la question de savoir si le masquage des enfants était un moyen solide de prévenir la transmission.

 

En outre, l'ancien directeur de l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) a déclaré à l'avocat qu'il pensait que la théorie des fuites en laboratoire - l'idée selon laquelle le COVID a commencé à l'Institut de virologie de Wuhan (WIV) - est une réelle « possibilité ». 

"Je pense que les gens en ont fait des aspects complotistes", a-t-il déclaré, ajoutant "cela pourrait être une fuite de laboratoire". 

 

"Je pense donc que cela n'est pas en soi une théorie du complot, mais certaines personnes en tirent des choses qui sont un peu folles."

 

Son aveu que le COVID a peut-être commencé au WIV intervient quatre ans après qu'il ait soutenu la publication d'un article qui jetait de l'eau froide sur la théorie des fuites en laboratoire, appelé l'article « Proximal Origin ». 

 

L'ancien directeur du NIAID a donné au comité une réponse suspecte quant à savoir s'il menait des recherches sur le gain de fonction.

 

L'ancien directeur du NIAID a déclaré que la théorie des fuites en laboratoire pourrait être vraie

 

Le comité sur les coronavirus a consacré des mois à découvrir les origines du virus qui a bouleversé tant de vies et entraîné la mort de 6 millions de personnes dans le monde.

 

Récemment, ils ont découvert que l'ancien principal collaborateur de Fauci, le Dr David Morens, effectuait régulièrement des travaux sur son compte de messagerie personnel et supprimait des fichiers pour contourner les lois gouvernementales sur la transparence en vertu de la Freedom of Information Act (FOIA).

 

Son mépris des demandes FOIA était si flagrant qu'il s'est vanté dans des courriels adressés à des collègues qu'il a appris à faire « disparaître » la correspondance officielle et qu'il supprimait les choses qu'il ne « voulait pas voir dans le New York Times ».

 

Les courriels de Morens découverts par le comité ont en outre révélé qu'il se vantait d'avoir un « canal secret » vers Fauci où il pouvait communiquer clandestinement avec l'ancien directeur du NIAID.

 

Cette révélation a tellement choqué le président du comité, Brad Wenstrup, R-Ohio, qu'il a demandé à Fauci de transmettre ses enregistrements personnels de courrier électronique et de téléphone à l'organisme d'enquête.

 

Il est également choquant que Fauci ait admis devant le comité en janvier qu'il n'avait « jamais » examiné les subventions qu'il avait accordées, dont certaines totalisaient des millions de dollars des contribuables.

 

« Vous savez, techniquement, je signe chaque conseil, mais je ne vois pas les subventions ni ce qu'elles sont. Je ne regarde jamais quelles sont les subventions disponibles », a-t-il déclaré aux avocats du comité.

 

En outre, il a déclaré qu’il n’était « pas certain » que les laboratoires étrangers qui reçoivent des subventions américaines, comme le WIV – qui étudiait les coronavirus avec l’argent des contribuables américains au moment du début de la pandémie – fonctionnaient selon les mêmes normes que les laboratoires américains.

 

Fauci a également déclaré que l'argent qu'il a distribué dans le cadre du processus de subvention du NIAID n'a fait l'objet d'aucun examen de sécurité nationale.

Source: https://www.dailymail.co.uk/news/article-13481839/dr-anthony-fauci-social-distancing-masks-prevent-covid.html

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2 juin 2024 7 02 /06 /juin /2024 00:00
La Fête-Dieu ou Solennité du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ

La fête du Corpus Christi est une solennité liturgique catholique célébrant la présence réelle du corps et du sang de Jésus-Christ qui est le Fils de Dieu dans le sacrement de l'Eucharistie qui est connu sous le nom de transsubstantiation. L'Eucharistie est pratiquée le Jeudi Saint dans une atmosphère solennelle, fait qui précède le Vendredi Saint.

 

La liturgie de ce jour honore également l'institution du sacerdoce, le lavement des pieds des disciples par Jésus et l'agonie dans le jardin de Gethsémani. Cette fête a été créée pour faire un jour qui se concentrait uniquement sur l'Eucharistie afin d’en expliquer la joie étant donné qu’il s’agit du sacrifice du corps et du sang de Jésus-Christ.

 

La Fête du Saint-Sacrement (2e dimanche après la Pentecôte) a été instituée au Moyen-Age pour commémorer la présence de Jésus-Christ dans le sacrement de l’eucharistie.

 

Le pape Urbain IV en 1264 rendit la fête du Saint-Sacrement obligatoire pour l’Église universelle.

 

Cette fête est devenue une fête très populaire, très célèbre en Espagne. Elle a été supprimée dans les pays protestants, mais cependant gardée par l’Église anglicane. Cette fête était appelée fête du Corpus Christi ou Fête du Saint-Sacrement. Le nom de Fête-Dieu n’existe qu’en français.

"La veille de sa Passion, au cours de la Cène pascale, le Seigneur prit le pain entre ses mains, et, ayant prononcé la bénédiction, le rompit et le leur donna, en disant : « Prenez, ceci est mon corps ». Puis, prenant la coupe, il rendit grâces, la leur donna, et ils en burent tous. Et il dit : « Ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui va être répandu pour une multitude » (Mc 14, 22-24). Toute l'histoire de Dieu avec les hommes est résumée dans ces paroles. Ce n'est pas seulement le passé qui est réuni et interprété, mais l'avenir également qui est anticipé : la venue du Royaume de Dieu dans le monde.

 

On fait une procession solennelle le jour de la Fête-Dieu pour sanctifier et bénir, par la présence de Jésus-Christ, les rues et les maisons de nos villes et de nos villages." (Extraits de l’homélie de Benoît XVI, Parvis de la basilique Saint-Jean-de-Latran, Jeudi 15 juin 2006) (2)

Saint Thomas d'Aquin (1225-1274) prépara la liturgie de cette fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ, notamment par la création du Lauda Sion Salvatorem et de Pange Lingua Gloriosi permettant aux fidèles une catéchèse simple et belle sur la Présence Réelle. Pange Lingua Gloriosi est l'hymne eucharistique par excellence de l'Église catholique, même s'il faut préciser qu'elle appartient aussi à la tradition orthodoxe, le premier vers de cette pièce reprenant celui de l'hymne de Fortunat (VIe siècle) composé avant le schisme de 1054.

 

L'hymne Pange lingua gloriosi est chantée le Jeudi saint lors de la translation du Saint-Sacrement au reposoir. La dernière séquence Tantum ergo est chantée à tous les saluts du Saint-Sacrement. L'hymne atteste la croyance très ancienne en la présence réelle du corps et du sang du Christ dans les espèces consacrées.

Texte original :
Pange lingua gloriosi
Corporis mysterium,
Sanguinisque pretiosi,
Quem in mundi pretium
Fructus ventris generosi,
Rex effudit gentium.

Nobis datus, nobis natus
Ex intacta Virgine
Et in mundo conversatus,
Sparso verbi semine,
Sui moras incolatus
Miro clausit ordine.  

In supremae nocte cenae
Recum bens cum fratribus,
Observata lege plene
Cibis in legalibus,
Cibum turbae duodenae
Se dat suis manibus.

Verbum caro, panem verum
Verbo carnem efficit:
Fitque sanguis Christi merum,
Et si sensus deficit,
Ad firmandum cor sincerum
Sola fides sufficit.  

Tantum ergo Sacramentum
Veneremur cernui,
Et antiquum documentum
Novo cedat ritui;
Praestet fides supplementum
Sensuum defectui.  

Genitori, Genitoque
Laus et iubilatio,
Salus, honor, virtus quoque
Sit et benedictio:
Procedenti ab utroque
Compar sit laudatio. Amen.  

P. Panem de coelo praestitisti eis. (T.P. Alleluia)
R. Omne delectamentum in se habentem. (T.P. Alleluia)  

Oremus: Deus, qui nobis sub sacramento mirabili, passionis tu? memoriam   reliquisti: tribue, quaesumus, ita nos corporis et sanguinis tui sacra   mysteria venerari, ut redemptionis tu? fructum in nobis iugiter sentiamus.
Qui vivis   et regnas in saecula saeculorum. Amen.

Traduction en français :
Chante, ô ma langue, le mystère
De ce corps très glorieux
Et de ce sang si précieux
Que le Roi de nations
Issu d'une noble lignée
Versa pour le prix de ce monde

Fils d'une mère toujours vierge
Né pour nous, à nous donné,
Et dans ce monde ayant vécu,
Verbe en semence semé,
Il conclut son temps d'ici-bas
Par une action incomparable :

La nuit de la dernière Cène,
À table avec ses amis,
Ayant pleinement observé
La Pâque selon la loi,
De ses propres mains il s'offrit
En nourriture aux douze Apôtres.

Le Verbe fait chair, par son verbe,  
Fait de sa chair le vrai pain ;
Le sang du Christ devient boisson ;
Nos sens étant limités,
C'est la foi seule qui suffit
Pour affermir les cœurs sincères.

Il est si grand, ce sacrement !  
Adorons-le, prosternés.
Que s'effacent les anciens rites
Devant le culte nouveau !
Que la foi vienne suppléer
Aux faiblesses de nos sens !

Au Père et au Fils qu'il engendre
Louange et joie débordante,
Salut, honneur, toute-puissance
Et toujours bénédiction !
À l'Esprit qui des deux procède soit rendue même louange. Amen.

P. Vous leur avez donné un pain   descendu du ciel, (T.P. Allélulia)
R. Un pain délicieux, (T.P. Alléluia).

Oraison. Seigneur Jésus Christ,   dans cet admirable sacrement tu nous as laissé le mémorial de ta passion ;   donne-nous de vénérer d'un si grand amour les mystères de ton corps et de ton   sang, que nous puissions recueillir sans cesse le fruit de la rédemption.
Toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles. Amen.

 

Nous devons l'origine de la « Fête-Dieu » ou « Fête du Saint sacrement du corps et du sang du Christ » à une révélation faite à sœur Julienne du Mont Cornillon vers l'an 1210. Cette révélation demandait l'institution d'une fête annuelle en l'honneur du Saint Sacrement de l'autel. Malgré une vive persécution contre sœur Julienne et ceux qui souhaitaient que cette fête se répande, le diocèse de Liège l'institua vers l'an 1245 puis l'Église universelle ajouta cette fête au calendrier liturgique par le pape Urbain IV qui la rendit obligatoire pour l'Église entière en 1264.

 

En 1318, Jean XXII ordonna de compléter la fête par une procession solennelle où le très Saint Sacrement serait porté en triomphe.

 

Les processions du Saint Sacrement s'inspirent de 1 Roi 8, lorsque Salomon fit transporter l'Arche au Temple. Dès 675, on fit une procession du Saint Sacrement du Tabernacle. Ces processions du tabernacle étaient courantes et avaient lieu le dimanche ou pendant le Tridium au XIème siècle.
« Si quelqu'un dit que, dans le Saint Sacrement de l'Eucharistie, le Christ, Fils de Dieu, ne doit pas être adoré d'un culte de latrie, même extérieur et que, en conséquence, il ne doit pas être vénéré par une célébration festive particulière, ni être porté solennellement en procession selon le rite et la coutume louables et universels de la Sainte Église, ni être proposé publiquement à l'adoration du peuple, ceux qui l'adorent étant des idolâtres : qu'il soit anathème. »
(Concile de Trente, XIII session, 11 oct 1551)

 

Le culte eucharistique s'est développé de plus en plus depuis le XIVème siècle. À ce moment, l'Ostensoir apparaît en Allemagne et en France où l'hostie consacrée est exposée à l'adoration des fidèles. La pratique courante de l'exposition date de la période de l'instauration de la Fête Dieu.

La Fête-Dieu ou Solennité du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ

SERMON POUR LA FETE-DIEU par SAINT THOMAS D'AQUIN,
Docteur des Docteurs de l'Église
(prononcé au Consistoire, devant le Pape et les Cardinaux)

          Révérendissimes Pères, les souvenirs pleins d'allégresse qu'évoque la solennité de ce jour nous invitent à entourer de joyeuses louanges le Corps très saint du Christ. Quoi de plus doux, quoi de plus suave au cœur des élus que de chanter les trésors de la divine charité et d'exalter l'ardeur d'un amour sans mesure ? C'est qu'à la table de la grâce nouvelle, tous les jours, par les mains du prêtre, Dieu donne à ses enfants et aux héritiers de son royaume sa chair en nourriture et son sang en breuvage. Ce sont là tes œuvres admirables, ô Christ, toi dont la puissance est infinie et la bonté sans bornes ! Dans cet aliment sacré et ce pain super-substantiel qu'annonçaient les prodiges antiques, tu as trouvé le secret d'une union merveilleuse et auguste : la chair immaculée de Jésus-Christ, l'Agneau sans tache, devient le remède de ceux que le fruit défendu avait rendus malades et qui avaient perdu l'éternelle et immarcescible couronne.

        Ô prodige qu'on ne peut trop exalter ! Effusion permanente de la bonté divine et d'une miséricorde sans mesure ! Dans ce sacrement, consommation de tous les sacrifices, Il demeure, ce Dieu, indéfectiblement avec nous ; Il y est pour jusqu'à la fin des siècles ; Il donne aux fils d'adoption le pain des anges et les enivre de l'amour qu'on doit aux enfants.

        Ô humilité singulière, délices de Dieu, et que le Christ pratique après l'avoir prêchée lui-même ! Il ne se refuse à personne ; Il ne craint pas de prendre pour habitacle même un cœur souillé.

        Ô pureté, qui semblable à celle du soleil n'est ternie par aucune fange et ne craint nulle contagion, mais qui gagne les âmes et en fait disparaître toute tache ! Ô nourriture des esprits bienheureux, qui sans cesse nous renouvelle et jamais ne s'épuise ! Tu n'es ni brisée, ni divisée, ni transformée ; mais, gardant ton intégrité et ta nature, tu nous rappelles le buisson antique, la farine et l'huile miraculeuses qui ne diminuaient pas.

        Ô Sacrement admirable, où Dieu se cache et où notre Moïse à nous se couvre le visage du manteau de ses œuvres, objet de louanges dans toutes nos générations ! Par la vertu des paroles sacrées, instrument de la puissance divine, les substances symboliques sont changées en chair et en sang ; les espèces sacramentelles subsistent sans support, et pourtant nulle loi naturelle n'a souffert violence. Par la vertu de la consécration, un seul Christ, parfait et intègre, se trouve en divers endroits, comme une parole se communique, toujours identique à elle-même. Quand l'hostie se divise, Jésus s'y trouve comme un même visage dans les fragments d'un miroir brisé. Les fidèles l'offrent à Dieu sous les deux espèces, quoiqu'il soit tout entier sous chacune d'elles, et c'est à bon droit qu'on agit ainsi, car ce sacrement donne aux hommes le double salut du corps et de l'Âme, et il rappelle l'amertume d'une double Passion.

        Ô Vertu ineffable du Sacrement, qui embrase notre cœur du feu de la charité et marque du sang de l'Agneau immaculé, au-dessus de leurs deux battants, les linteaux de nos portes !

        Ô véritable viatique de notre exil militant, soutien des voyageurs, force des faibles, antidote des infirmités, accroissement des vertus, abondance de la grâce et purification des vices, réfection des âmes, vie des débiles et union des membres dans l'organisme unique de la charité !

        Sacrement ineffable de la foi, Tu augmentes notre charité et nous communiques l'espérance ; soutien de l'Église, Tu éteins la concupiscence et parfais le corps mystique du Christ. Voici la substance de l'arbre de vie, ô Seigneur Jésus !  

        Ô Pasteur et nourriture, prêtre et sacrifice, aliment et breuvage des élus, pain vivant des esprits, remède à nos faiblesses quotidiennes, festin suave, source de tout renouveau !

        Ô sacrifice de louange et de justice, holocauste de la nouvelle grâce, repas excellent, non de volailles ou de taureaux, mais de viandes plus succulentes et de ce vin délicieux qui renouvelle les amis de Dieu et enivre ses élus !

        Ô table de bénédiction, table de proposition garnie d'une nourriture substantielle ! Table immense où tout est prodige étonnant ! Table plus douce que toute douceur, plus délectable que toute saveur, plus suave que tout parfum, plus magnifique que toute parure, plus succulente que toute nourriture ! Table que le Christ a préparée à ses amis et commensaux, que le père de famille sert à son fils de retour, après le repas de l'agneau symbolique. Vous êtes le bain sacré que figuraient les antiques piscines, ô notre Pâque, immolation du Christ, et vous exigez la conversion du vice à la vertu, donnant ainsi la liberté aux Hébreux de l'esprit.

        Ô nourriture qui rassasie et ne dégoûte point, qui demande la mastication de la foi, le goût de la dévotion, l'union de la charité, et que divise non les dents du corps, mais le courage de la croyance !

        Ô viatique de notre pèlerinage, qui attire les voyageurs sur les sommets des vertus !

        Ô pain vivant, engendré au ciel, fermenté dans le sein de la Vierge, cuit sur le gibet de la croix, déposé sur l'autel, caché sous les espèces sacramentelles, confirme mon cœur dans le bien et assure ses pas dans le chemin de la vie; réjouis mon âme, purifie mes pensées. Voici le pain, le vrai pain, consommé, mais non consumé, mangé, mais non transformé ; il assimile et il ne s'assimile pas ; il renouvelle sans s'épuiser ; il perfectionne et conduit au salut ; il donne la vie, confère la grâce, remet les péchés, affaiblit la concupiscence ; il nourrit les âmes fidèles, éclaire l'intelligence, enflamme la volonté, fait disparaître les défauts, élève les désirs.

        Ô calice de toutes suavités, où s'enivrent les âmes généreuses ! Ô calice brûlant, calice qui tourne au sang du Christ ; sceau du Nouveau Testament, chasse le vieux levain, remplis notre intime esprit, pour que nous soyons une pâte nouvelle, et que nous mangions les azymes de la sincérité et de la vérité.

        Ô vrai repas de Salomon, cénacle de toute consolation, soutien dans la présente tribulation, aliment de joie et gage de la félicité éternelle, foyer de l'unité, source de vertu et de douceur, symbole de sainteté ! La petitesse de l'hostie ne signifie-t-elle pas l'humilité, sa rondeur l'obéissance parfaite, sa minceur l'économie vertueuse, sa blancheur la pureté, l'absence de levain la bienveillance, sa cuisson la patience et la charité, l'inscription qu'elle porte la discrétion spirituelle, les espèces qui demeurent sa permanence, sa circonférence la perfection consommée ?

        Ô pain vivifiant, ô azyme, siège caché de la toute-puissance ! Sous de modestes espèces visibles se cachent d'étonnantes et sublimes réalités.

        Ô Corps, ô Âme, et Toi de tous deux inséparable, ô Substance Divine ! De ce dont on chante les grandeurs dans ce sacrement auguste, ô bon Jésus, seules, pour la foi, après la consécration, les espèces sacramentelles demeurent ; ce qui est mangé sans être assimilé ne souffre ni augmentation ni diminution ; ce que tous reçoivent en entier, mille ne le possèdent pas plus qu'un seul, un seul le possède autant que mille. Ce que contiennent tous les autels, les parcelles intactes ou brisées le contiennent toutes ; ta chair est mangée véritablement, c'est véritablement ton sang que nous buvons. Et tu es ici le prêtre, et tu es aussi l'hostie, et les saints Anges sont là présents, qui exaltent ta magnificence et louent ta souveraine majesté. C'est là ta puissance, Seigneur, qui seule opère de grandes choses ; elle dépasse tout sentiment et toute compréhension, tout génie, toute raison et toute imagination. C'est Toi qui as institué et confié à tes disciples ce sacrement où tout est miracle.

        N'approche donc pas de cette table redoutable sans une dévotion respectueuse et un fervent amour, homme ! Pleure tes péchés et souviens-toi de la Passion. Car l'Agneau immaculé veut une âme immaculée qui le reçoive comme un pur azyme.

        Recours au bain de la confession ; que le fondement de la foi te porte ; que l'incendie de la charité te consume ; que la douleur de la Passion te pénètre ; qu'un droit jugement t'éprouve.

        Approche de la table du Seigneur, de cette table magnifique et puissante, de telle sorte que tu parviennes un jour aux noces du véritable Agneau, là où nous serons enivrés de l'abondance de la maison de Dieu; là où nous verrons le Roi de gloire, le Dieu des vertus dans toute sa beauté; là où nous goûterons la Pain vivant dans le royaume du Père, par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, dont la puissance et l'empire demeurent jusqu'à la fin des siècles. Amen.

            Traduction du P. Sertillanges (Les plus belles pages de saint Thomas d'Aquin) (3)         

 

 

La date de la Fête-Dieu est, dans l'Église universelle, le jeudi après la fête de la Trinité. Mais, en France, depuis le Concordat de 1801, la Fête-Dieu est solennisée le dimanche suivant et non le jeudi pour la majorité des catholiques. (4)

 

"La solennité du 'Corps et du Sang du Christ', instaurée par mon prédécesseur Urbain IV en mémoire de l'institution de ce grand mystère, comme acte de culte public rendu au Christ présent dans l'Eucharistie, appelle ici une mention spéciale." (S. Jean-Paul II, Dominicae Cenae, 3., 1980)

 

La Fête-Dieu ou Solennité du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ

Sources : 1, 2, 3 , 4

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1 juin 2024 6 01 /06 /juin /2024 00:00
Saint Justin de Néapolis (Naplouse), † martyr v. 165 ap. J.-C. Patron des philosophes

Également connu comme Justin de NéapolisJustin Martyr ou Justin le Philosophe, apologète et martyr, Justin naquit vers 103 ap. J.-C. en Samarie à Flavia Neapolis (actuelle Naplouse en Cisjordanie), ville de Palestine, bâtie sur l'ancien site de Sichem. 

"Il chercha longuement la vérité, se rendant en pèlerinage dans les diverses écoles de la tradition philosophique grecque. Finalement, - comme lui-même le raconte dans les premiers chapitres de son Dialogue avec Tryphon - un mystérieux personnage, un vieillard rencontré sur la plage de la mer, provoqua d'abord en lui une crise, en lui démontrant l'incapacité de l'homme à satisfaire par ses seules forces l'aspiration au divin. Puis il lui indiqua dans les anciens prophètes les personnes vers lesquelles se tourner pour trouver la voie de Dieu et la "véritable philosophie". En le quittant, le vieillard l'exhorta à la prière, afin que lui soient ouvertes les portes de la lumière. Le récit reflète l'épisode crucial de la vie de Justin: au terme d'un long itinéraire philosophique de recherche de la vérité, il parvint à la foi chrétienne. Il fonda une école à Rome, où il initiait gratuitement les élèves à la nouvelle religion, considérée comme la véritable philosophie. En celle-ci, en effet, il avait trouvé la vérité et donc l'art de vivre de façon droite. Il fut dénoncé pour cette raison et fut décapité vers 165, sous le règne de Marc Aurèle, l'empereur philosophe auquel Justin lui-même avait adressé l'une de ses Apologies.'' (Benoît XVI, Audience générale du mercredi 21 mars 2007.) (1)

 

Le christianisme lui-même se développa très tôt à Athènes, où il n'y avait cependant jamais eu de communauté juive organisée. Et ce fut un christianisme d'intellectuels : Athènes produisit les premiers apologistes chrétiens, au milieu du IIe siècle, capables de rédiger un mémoire destiné à l'empereur; ils semblent être issus de l'école stoïcienne. (Apologie d'Aristide pour Hadrien - plus ancienne apologie actuellement conservée puisqu’elle date probablement des années 124-125 -, et apologie d'Athénagoras, dont le nom semble indiquer un athénien de naissance, pour Mac-Aurèle et Commode : voir P. GRAINDOR, Athènes sous Hadrien, Le Caire, 1934, p. 212-213.) (2) 

 

Le père de Justin s'appelait Priscus, son grand père Bacchius et il fut éduqué dans le culte des idoles phéniciennes (Astarté, Europa, Zeus). (3) Les parents de Justin étaient des païens très aisés qui lui firent faire des études très poussées. Justin était alors à la recherche de la sagesse, il cherchait Dieu à travers l'étude de la philosophie. Il se mit d'abord à l'école d'un disciple d'Aristote, mais il fut rebuté aussitôt par ce péripatéticien qui voulait d'abord fixer le montant de ses honoraires, geste indigne d'un philosophe. Il échoua chez un pythagoricien qui lui demanda d'apprendre d'abord la musique, l'astronomie et la géométrie pour détacher son âme des objets sensibles. Inquiet de si longs détours, Justin se rendit alors chez un platonicien qui le retint en lui laissant espérer la rencontre de la Beauté éternelle, de la Vérité pure. En méditant dans la solitude, au bord de la mer, Justin rencontra un vieillard qui lui démontra que les philosophes ne pouvaient connaître la vérité sur Dieu. Cet homme lui parla alors des prophètes et lui annonça Jésus-Christ :

Ainsi me parla le vieillard. Il me dit encore beaucoup d'autres choses qu'il est inutile de rapporter ici, et disparut en me recommandant de méditer ses paroles. Je ne l'ai pas revu depuis, mais un feu secret me dévorait; je brûlais du désir de connaître les prophètes et les hommes divins amis du Christ. [...] Là devait se trouver la seule philosophie utile et certaine.

Saint Justin, Dialogue, 8,1

La foi chrétienne devenait pour Justin la sagesse suprême, la seule philosophie.

Converti vers 130, il possédait la passion de communiquer la vérité. Simple laïc, il vint à Rome à l'époque d'Antonin, y ouvrir une école à la façon des philosophes païens. Cherchant à justifier les chrétiens, il montra que leur croyance était "conforme à la raison et à la vérité". Il se lança "dans une vaste entreprise de récupération des textes anciens judéens et grecs. Pour les premiers, il estime que si Moïse prie 'les bras en croix', c'est qu'il annonce la crucifixion, allant même à avancer que l'ange qui parle à Abraham pourrait être Jésus lui-même et à voir dans le nom de Josué celui de Jésus. Pour les seconds, il se demande si Platon n'aurait pas vu dans l' "X" du Timée une croix, celle de Jésus de Nazareth.

 

Dans de telles interprétations à la fois typologiques et allégoriques, la philosophie grecque est récupérée, prenant une nouvelle dimension et un nouveau visage: le Logos grec, par exemple, exprime chez Justin à la fois la visibilité du Père, la parution de la connaissance et l'identité de la 'deuxième divinité', Jésus-Christ." (4)

 

Il entendait laver les chrétiens de toutes les calomnies répandues contre eux et il voulut montrer la supériorité de leur vie sur celle des païens. Il insista sur la chasteté et leur souci de la vérité, sur leur amour des ennemis et leur courage inébranlable devant la mort. (5)

 

Il fonda plusieurs écoles de philosophies dans l'Empire, à Beyrouth, à Éphèse, à Rome. Il écrivit de nombreux ouvrages sur le christianisme. Il essaya même de convertir les empereurs Romains au christianisme en leur envoyant ses ouvrages.

 

Si l'empereur Antonin fut sensible à ses arguments et mit fin aux persécutions contre les chrétiens, son successeur Marc-Aurèle considéra le christianisme comme un danger pour l'Empire et ralluma la persécution qui fit périr des milliers de chrétiens. 

 

Justin, lui-même, fut arrêté vers 165 puis décapité à Rome pour ne pas avoir renié sa foi. Il est le patron des philosophes.

 

Selon Tatien, qui fut son élève, Justin aurait été dénoncé par le philosophe cynique Crescens, auquel il s'était opposé dans un débat public (Discours aux Grecs, 19 ; JUSTIN, Apol. II, 3, 1-2 [= Apol. 76] ; EUSEBE, HE, IV, XVI, 7) (6)



Justin parle de sa recherche dans ses "dialogues avec Tryphon" où il nous raconte sa longue quête (7)

 

Justin se confia à un maître stoïcien, mais celui-ci ne lui parlait pas de Dieu. Il le quitta pour un disciple d'Aristote qui ne s'intéressait qu'à ses honoraires. Les platoniciens lui offrirent une doctrine plus solide et exaltante. Il pensait alors avoir trouvé ce qu'il cherchait. Mais sa rencontre avec un chrétien le fit aller plus loin : la vérité tant recherchée, seul le Christ pouvait la lui donner. A trente ans, devenu chrétien, il ne renia pas la philosophie qui était à ses yeux une préparation de la révélation chrétienne, chaque doctrine contenant une parcelle de la vérité totale qui se trouvait dans le Christ. Justin commença alors une carrière d'enseignant, fonda des écoles de philosophie à Éphèse puis à Rome.

"S’est-il trouvé un seul homme qui voulût mourir en témoignage de sa foi au soleil ?" (Dialogue avec Tryphon, 121, 2)

 

Conscients du grand horizon que la foi leur ouvrait, les chrétiens appelèrent le Christ le vrai soleil, "dont les rayons donnent la vie." (Clément d’Alexandrie, Protrepticus, IX in Lumen fidei, § 1.)

 

"Il existait au IIe siècle une secte de 'simoniens' (disciples de Simon le magicien), présents notamment à Rome. Le premier à 'construire' la généalogie de cette hérésie fut Justin dans son Traité contre toutes les hérésies (Syntagma) malheureusement perdu, mais dont on trouve des indications dans d'autres oeuvres du philosophe" (8), et dont des comparaisons faites avec d'autres auteurs qui ont écrit contre les hérésies peu après lui, en premier lieu Irénée de Lyon et Tertullien, permettent d'identifier des sections de texte qui semblent bien remonter au Syntagma de Justin. Ainsi, dans un article intitulé "Que pouvons-nous reconstituer du Syntagma contre les hérésies de Justin?", l'historien du christianisme Enrico Norelli, en dégage une ligne argumentative qui, en réfutant les objections marcionites sur les origines du mal et contre la prescience du Créateur, développait le thème du libre arbitre des humains et des anges, ainsi que celui de la chute des anges rebelles, leur activité dans l'histoire du monde et leur châtiment final. (9) L'amour de Dieu pour ses créatures se révèle quand même dans le don du libre arbitre, précisément parce que malgré la prescience de Dieu et sa vision du mauvais usage que pourrait en faire ses créatures, Dieu a préféré laisser ses créatures à leur libre arbitre, par amour. Qui en effet aimerait un Dieu dictateur ?

 

"L'entité christianisme a toujours été, dès la première attestation du terme (dans les lettres d'Ignace d'Antioche aux chrétiens de Magnésie et Philadelphie vers 115) une construction conceptuelle, servant notamment à tracer des frontières entre pratiques et croyances différentes, et à connoter positivement ou négativement, les ensembles de phénomènes ainsi délimités.

"[...] L'hébraïsme du temps présent, [...] devenait désormais l'héritier de l'opposition à Dieu toujours active en Israël, et donc une branche morte, abandonnée de Dieu et de sa bienveillance ou, plutôt, s'étant elle-même obstinément, coupablement, détachée de Lui." (10) 

 

Ainsi, "c'est l'orthodoxie qui crée l'hétérodoxie et non pas l'inverse : c'est en se considérant orthodoxes que ceux qui ne le sont pas sont rejetés comme hétérodoxes.

 

[...] Dans l'Antiquité, le terme d'hérésie renvoie à un schème idéologique emprunté principalement à la culture hellénophone. Dans la tradition grecque, le terme désigne un courant de pensée, rattaché de manière assez lâche aux écoles philosophiques, [...] telles l'Académie de Platon ou le Lycée d'Aristote - dans un sens positif. Dans la tradition judéenne, [...] le terme a été adopté pour l'appliquer aux courants internes du judaïsme, celui des pharisiens, des esséniens ou de sadducéens par exemple - dans un sens neutre, même si le caractère péjoratif de la désignation comme hérésie pointe souvent dans les textes. Dans la tradition chrétienne, le terme a encore cette valeur dans les Actes des Apôtres. Cependant Paul l'emploie déjà pour réprouver la formation de 'partis' dans les communautés chrétiennes. [...] Il faut attendre le milieu du IIe siècle pour qu'apparaisse un modèle plus ou moins commun destiné à justifier l'exclusion, sous le nom d'hérésies, de doctrines considérés comme perverses. [...] L'intervention de Justin de Néapolis, dans les années 150 environ, semble avoir été déterminante en la matière. [...] L'attitude du mouvement pharisien ou rabbinique, après les échecs des révoltes judéennes contre Rome entre 70 et 135, [...] a eu probablement sur ce point, comme sur d'autres d'ailleurs, une certaine influence.

 

James F. McCue, par exemple, a fait remarquer que le développement de la pensée valentinienne, loin de prouver que l'hétérodoxie serait majoritaire et autonome, suppose, au contraire, l'existence de l'orthodoxie. (J.F. McCue, Orthodoxy and Heresy: Walter Bauer and the Valentinians, dans Vigiliae christianae 33, 1979, p. 118-130.)" (11)

 

Le "Dialogue avec Tryphon" est une réflexion contre le judaïsme pharisien. Le Dialogue utilise le procédé littéraire d'une conversation intellectuelle entre Justin et Tryphon, un Juif fictif. L'ouvrage conclut que les chrétiens sont le véritable peuple de Dieu. Justin y remet en question la Loi, entendue comme la loi orale (observances) opposée à la Loi écrite, l'Écriture (Ancien testament). Il rapporte que de son temps les autorités pharisiennes mènent une politique active contre le mouvement chrétien, 1) en interdisant d'entrer en contact avec les chrétiens (Dialogue 38,1 ; 112,4), en cherchant à déshonorer le nom de Jésus (Dialogue 120,4), et qu'en certains cas, leur hostilité est allée jusqu'à la mise à mort de chrétiens, soit directement (Dialogue 16,4 "Hélas ! vous avez fait mourir le juste ; autrefois vous mettiez à mort ses prophètes, et aujourd'hui vous accablez d'outrages et de mépris ceux qui espèrent en lui et en son père, le Dieu tout-puissant, qui nous l'a envoyé ; vous les chargez de malédictions dans vos synagogues. Toutes les fois que vous avez pu nous égorger, vous l'avez fait." ; 94,4 ; 133,6) - ainsi durant la seconde révolte judéenne en 132-135 (Apologie 1,31) -, soit avec l'aide des autorités romaines (Dialogue 96,2 ; 110,5 ; 131,2).

 

Justin, avant de devenir chrétien semble avoir gravité autour des communautés judéennes de tendance pharisienne : raison pour laquelle, il connaît fort bien leurs traditions : il est possible, en effet, que Justin, Grec d'origine, ait été auparavant un "sympathisant" au judaïsme. (12)

 

Justin est ainsi le premier à affirmer de manière claire que le peuple de la Nouvelle Alliance est le Verus Israël (vrai Israël), en affirmant : "La race israélite véritable, spirituelle, c'est nous, nous que le Christ crucifié a conduits vers Dieu. (Dialogue 11 et voir aussi 123.) (13) Cette doctrine du nouveau "peuple élu" est toujours celle de l'Église aujourd'hui : "Nous pensons que le peuple élu, le peuple de Dieu, c'est à présent nous." (Benoît XVI, Audience générale du 19 octobre 2005). De même, la note 1 du décret Optatam Totius du très Saint Concile Vatican II précise : "Le Christ a voulu que le progrès de tout le peuple de Dieu dépende principalement du ministère des prêtres. Cela ressort des paroles par lesquelles Notre-Seigneur a constitué les apôtres ainsi que leurs successeurs et coopérateurs, hérauts de l'Évangile, chefs du nouveau peuple élu et dispensateurs des mystères de Dieu. Cela est encore confirmé par les paroles des Pères et des saints. ainsi que les documents répétés des souverains pontifes."

 

L'historien Simon Claude Mimouni note qu'"une telle revendication identitaire concernant le Verus Israel n'est pas nouvelle: les chrétiens n'en sont pas les inventeurs contrairement à ce que l'on affirme parfois (voir à ce sujet G. HARVEY, The True Israel, Uses of the Names Jew, Hebrew and Israel in Ancient Jewish and Early Chrsitian Literature, Leyde, 1996.) Elle remonte à l'époque de l'existence des deux royaumes, celui du nord (Israël) et celui du Sud (Juda). On la retrouve lors du retour en Judée des anciens déportés de Babylonie dans l'opposition entre ceux qui sont restés et ceux qui sont partis puis revenus. [...] On la retrouve encore dans l'opposition entre les partisans judéens de l'hellénisme et les partisans judéens du judaïsme lors de l'insurrection hasmonéenne au IIe siècle avant notre ère. Enfin, [...] cette revendication se retrouve chez certains groupes du Ier siècle de notre ère: notamment chez les esséniens et chez les pharisiens." (14)

 

Écrite peu après 150, l'Apologie pour les Chrétiens poursuit un double but : obtenir de l'empereur Antonin le Pieux, auquel elle est adressée, la légalisation du christianisme et la fin des persécutions ; en même temps, montrer à cet empereur philosophe et à tous les païens que la foi chrétienne et elle seule peut combler leur soif de vérité puisque son objet est le Logos, la Raison personnifiée, que toutes les autres philosophies n'ont atteint que partiellement. L'auteur dénonce sans ménagement les faiblesses et les contradictions des religions païennes. Grâce à l'"Apologie" de Justin, nous savons avec précision comment les chrétiens célébraient l'eucharistie au milieu du deuxième siècle. Ce texte justement célèbre se trouve aux chapitres 65 à 67. (15)

 

Saint Justin affirma qu'en 150, les quatre Évangiles étaient lus par fraction au cours des assemblées dominicales et tiraient déjà leur autorité de leur apostolicité. (16)

 

Justin explique aux empereurs, destinataires de ses on Apologie, que les anges rebelles sont devenus des démons mauvais qui ont de tout temps cherché à détourner l'homme du vrai Dieu, en inventant le polythéisme, la mythologie, l'idolâtrie (jusqu'ici le thème provient, avec quelques modifications, du Livre des Veilleurs), puis en suscitant, après la venue du Christ, les hérétiques, et en incitant en tous temps les autorités à persécuter ceux qui ont connu le vrai Dieu soit avant Jésus à travers les germes du Logos - c'est le cas de Socrate -, soit après Jésus - et c'est le cas des chrétiens persécutés et condamnés. [...] Justin s'attache à expliquer que les chrétiens n'espèrent aucunement en un règne sur le plan humain, comme le prouve le fait qu'ils ne cherchent pas à échapper à la mort dans le but de préserver leur vie pour un tel règne. [...] Le message chrétien incite les hommes à pratiquer la morale et la vertu, il propose donc la même fin que celle que doit viser un bon souverain. Justin suggère ainsi que ceux qui règnent devraient adopter le christianisme, seule force capable de modeler vraiment de bons citoyens. [...] C'est Justin, dans son Traité contre tous les hérésies, qui a créé le concept d'hérésie comme phénomène unitaire. [...] Ce traité, [...] dont nous ne conservons que quelques fragments, développe les thèmes suivants : les démons mauvais ont tenté de détourner les hommes du vrai Dieu, avant la venue de Jésus, en imitant dans les fables de la mythologie ce que les prophètes avaient annoncé à propos de Jésus; ils ont fait persécuter et tuer les sages qui avaient reçu des semences du Logos, comme Socrate; et, après l'ascension de Jésus, ils ont incité les hérétiques à déformer ses enseignements et les autorités civiles à persécuter ceux qui croyaient en lui (1 Apol 26, 56-58). Donc, chaque déformation du message de Jésus et des apôtres est interprétée comme une manifestation du projet des démons qui traverse toute l'histoire du monde. [...] L'ancêtre-fondateur de l'hérésie est Simon le Mage (il est le premier à faire son apparition dans les Actes des Apôtres). Ménandre lui succède, puis Marcion. [...] Justin construit une succession des hérésiarques." (17)

 

La démarche de Justin et des apologistes est celle d'une paix avec l'Empire. "Il aime citer Homère et s'efforce d'établir un certain parallélisme entre la Bible et la poésie grecque." (18)

 

"Tandis que saint Paul oppose la 'folie' de la croix, qui est la vraie sagesse, à la vaine sagesse des Gentils (1 Co, 1,23-24), pour Justin, au contraire, il y a convergence entre la pensée païenne dans ce qu'elle a de meilleur et le christianisme.

 

[...] Les philosophes eux-mêmes doivent le meilleur de ce qu'ils ont enseigné à la révélation biblique. C'est aux prophètes et en particulier à Moïse, 'le premier des prophètes, plus anciens que les écrivains de la Grèce' (1 Apol 59,1), que Platon emprunte par exemple sa doctrine de la création.

 

[...] Justin disculpe les chrétiens des forfaits qu'on leur reproche, et insiste sur leurs vertus sociales, leur philanthropie, leur loyalisme envers le pouvoir. [...] Il n'y a dans le christianisme rien de répréhensible: c'est bien plutôt une doctrine 'conforme à la raison et à la vérité'.

 

[...] Si certaines sectes, Montanistes en particulier, et certains représentants de la Grande Église considèrent l'Empire, dans son principe même, comme l'instrument de Satan, et rejettent toute compromission, un courant de pensée s'amplifie, [...] qui estime possible et souhaitable un modus vivendi, [...] parce que l'accord entre le christianisme et l'Empire lui paraît conforme au plan divin." (19) 

 

Malgré l'échec momentané de cette démarche des Apologistes - le sort de Justin en témoigne -, sans même parler des maladresses de certains théologiens (Tertullien, par exemple) dans leur critique agressive et injurieuse du paganisme, les Apologistes n'ont provisoirement pas réussi à empêcher les persécutions. Mais cet effort des Apologistes, cette tendance visant à la réconciliation du christianisme avec l'Empire, trouvera son aboutissement sous Constantin.

 

"Cette idée de collaboration entre christianisme et Empire, [...] ne devait porter pleinement ses fruits qu'au IVe siècle, mais sa consolidation dès le IIe siècle eut des conséquences considérables, en lui permettant de prévaloir sur d'autres modèles de christianisme. Non seulement sur ceux, de plus en plus minoritaires, qui reposaient sur l'exigence du respect de la Loi mosaïque, et donc sur un choix de marginalisation sociale ; ou sur ceux, comme le montanisme, liés à des modèles de leadership charismatique, difficilement contrôlables, dans une situation où l'avenir appartenait logiquement à des communautés rassemblées sous le contrôle d'instances de pouvoir propres à émettre des normes 'rationnelles', évêques en tête. Mais aussi, et surtout, cela lui permit de prévaloir sur les modèles qui mettaient en question de façon résolue, et parfois extrême, 'ce monde' avec toutes ses institutions, jusqu'à les attribuer à une divinité inférieure et à les considérer en substance incapables de toute transformation sous l'action de l'Évangile. [...] Tels furent le marcionisme et cette nébuleuse de groupes [...] que les anciens et les modernes ont réunis [...] sous l'étiquette de 'gnostiques'". (20)

 

Pour le moment, c'est alors que l'empereur Marc-Aurèle commença sa grande persécution. Justin refusa de sacrifier aux dieux; il fut décapité.


A lire:
-
Apologie pour les chrétiens par Justin éditions du Cerf
- Justin martyr Apologie pour les chrétiens par Charles Munier éditions du Cerf



Après celle d'Aristide, récemment publiée dans la collection (n° 470), l'"Apologie pour les chrétiens" de Justin est la plus ancienne que nous ayons conservée. Écrite peu après 150, elle poursuit un double but : obtenir de l'empereur Antonin le Pieux, auquel elle est adressée, la légalisation du christianisme et la fin des persécutions ; en même temps, montrer à cet empereur philosophe et à tous les païens que la foi chrétienne et elle seule peut combler leur soif de vérité puisque son objet est le Logos, la Raison personnifiée, que toutes les autres philosophies n'ont atteint que partiellement.

Dans II Apologétique, 12, Justin exprime une constatation qui devait convertir les premiers païens :

 

"Moi aussi, du temps où j'étais encore platonicien, j'avais entendu parler des crimes que l'on imputait aux chrétiens; mais, les voyant sans crainte devant la mort et au milieu de tous les périls, je ne pouvais croire que ces gens vécussent dans les désordres et l'amour de la volupté.

 

Comment supposer, en effet, qu'un homme qui se livre à l'intempérance des désirs, esclave de la chair et des délices de ce monde, recherche la mort qui prive de tous ces biens ?

 

Loin d'aller au-devant d'une condamnation certaine, ne devrait-il pas, au contraire, se dérober à la vigilance des magistrats afin de jouir le plus longtemps possible des plaisirs de la vie" ? (21)



Dans son Dialogue avec Tryphon, 133, 3, Justin exprime la charité chrétienne envers les Juifs

 

"Mais maintenant encore, en vérité, votre main est levée pour le mal ; car, après avoir tué le Christ, vous n’en avez pas même le repentir ; vous nous haïssez, nous qui par lui croyons au Dieu et Père de l’univers, vous nous mettez à mort chaque fois que vous en obtenez le pouvoir ; sans cesse vous blasphémez contre lui et ses disciples, et cependant tous nous prions pour vous et tous les hommes sans exception comme notre Christ et Seigneur nous a appris à le faire lorsqu’il nous a ordonné de 'prier même pour nos ennemis, d’aimer ceux qui nous haïssent et de bénir ceux qui nous maudissent'." [Mt. 5,44]

Rien n'est plus contraire à la Religion que la contrainte.

Saint Justin, cité dans Voltaire, Traité sur la tolérance, Chapitre XV, Témoignages contre l'Intolérance, 1763

"On nous appelle athées"

 

"On nous appelle athées.

 

Oui certes, nous l'avouons, nous sommes les athées de ces prétendus dieux, mais nous croyons au Dieu très vrai, père de la justice, de la sagesse et des autres vertus, en qui ne se mélange rien de mal. Avec lui nous vénérons, nous adorons, nous honorons en esprit et en vérité le Fils venu d'auprès de lui, qui nous a donné ces enseignements, et l'armée des autres bons anges qui l'escortent et lui ressemblent, et l'Esprit prophétique. Voilà la doctrine que nous avons apprise et que nous transmettons libéralement à quiconque veut s'instruire." [St Justin, Apologie, I, 6]

 

"Le Christ a persuadé de mourir pour ce qu'il enseignait."

 

"Socrate ne put persuader à personne de mourir pour ce qu'il enseignait. Mais le Christ, que Socrate connut en partie (car il était le Verbe présent en tout, il a prédit l'avenir par les prophètes et prit personnellement notre nature pour nous enseigner ces choses), le Christ a persuadé non seulement des philosophes et des lettrés, mais même des artisans et des ignorants, qui méprisèrent pour lui et l'opinion et la crainte de la mort; car il est la vertu du Père ineffable et non une production de la raison humaine." [St Justin, Deuxième Apologie, 10.]

 

 

St Justin sur les démons

 

"Saint Justin dit que les démons manifestent leur présence par des impuretés commises sur femmes et enfants et des terreurs répandues parmi les hommes qui, épouvantés, les nomment comme des dieux (Apol, I, 5, Patrologie grecque de l'abbé Jacques-Paul Migne, 6, 336). Ainsi, les fils de Jupiter, Bacchus, Proserpine, etc. seraient des dieux institués par les démons avant l'Incarnation. Après l'Ascension, les démons auraient introduit dans le monde pour tromper les hommes Simon le Magicien, Ménandre, Marcion et les autres hérétiques." [Père Jean-Baptiste Golfier, Tactiques du diable et délivrances, Dieu fait-il concourir les démons au salut des hommes ?, éd. Artège-Lethielleux, 2018, p. 90]

 

"Vous pouvez comprendre ce que je vous dis, par les faits mêmes qui se produisent devant vos yeux. En effet, un grand nombre d'hommes, saisis par le démon, dans le monde entier et ici dans votre ville même, que d'autres adjurateurs et enchanteurs n'ont pu guérir, beaucoup des nôtres, je veux dire les chrétiens, les ont adjurés par le nom de Jésus-Christ, crucifié sous Ponce Pilate, et les ont guéris et les guérissent encore maintenant, désarmant et chassant les démons qui les possèdent." [Apologia II pro Christianis, n°6 (PG 6, 453 B-455), in Père Jean-Baptiste Golfier, Tactiques du diable et délivrances, ibid., p. 98]

 

St Justin et les origines de la dévotion à Marie

 

La belle idée de Marie "Nouvelle Eve" se trouve déjà au IIe siècle chez St Justin.

 

"Le Christ s'est fait homme par le moyen de la Vierge, afin que la désobéissance provoquée par le serpent prit fin par la même voie qu'elle avait commencé.

 

En effet, Eve, Vierge et intacte, ayant conçu la parole du serpent, enfanta la désobéissance et la mort; la Vierge Marie, ayant conçu la foi et la joie, répondit: 'Qu'il me soit fait selon votre parole'. Il est donc né d'elle celui dont parlent les Ecritures. Par lui, Dieu ruine l'empire du serpent et de ceux, anges ou hommes qui lui sont devenus semblables, et affranchit de la mort ceux qui se repentent de leurs fautes et croient en lui".

 

Marie, en acceptant le message de l’Ange, a conçu "foi et joie" [Dialogue avec Tryphon, 100,5]

Saint Justin, image pieuse populaire, XXe siècle (23)

Saint Justin, image pieuse populaire, XXe siècle (23)

On nous a enseigné que l'aliment béni par la prière de sa parole [l'Eucharistie], et dont se nourrissent notre sang et notre chair par transmutation, est la chair et le sang de ce Jésus qui s'est fait chair.

Saint Justin Martyr, Première Apologie (Ch. 66) (v. 151 ap. J.-C.).

Justin Martyr (dc 165) défenseur de la tradition orale contre Sola Scriptura

 

Justin Martyr n’adhérait pas à la sola Scriptura, telle que la conçoivent les protestants.

 

Rien de ce que l’on voit chez Justin n’est incompatible avec la conception catholique pérenne de l’autorité. 

 

"Nous allons maintenant vous exposer comment, rendus à la vie par Jésus-Christ, nous sommes par lui consacrés à Dieu; car si nous omettions ce point, on pourrait nous accuser de dissimulation dans notre récit. Tous ceux qui se sont laissés persuader de la vérité de nos doctrines et de nos paroles, tous ceux qui y ont ajouté foi et croyance, et qui ont solennellement promis de vivre conformément à nos préceptes, apprennent à joindre leurs jeûnes à nos jeûnes, leurs prières à nos prières, pour obtenir de Dieu le pardon de leurs fautes passées. Ils sont ensuite conduits au lieu où est l’eau, et là, de la même manière que nous avons été régénérés, ils sont régénérés à leur tour; car ils sont lavés dans l’eau au nom de Dieu, père de l’univers, de Jésus-Christ, notre Sauveur, et du Saint-Esprit, en accomplissement de cette parole du Christ: « Si vous n’avez pas été régénérés, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux.» [Jean III, 3-5] Il est bien évident pour tout le monde que ceux qui sont nés une fois ne peuvent pas rentrer dans le sein de leur mère. Le prophète Isaïe, comme nous l’avons dit plus haut, enseigne de quelle manière les pécheurs repentants effaceront leurs péchés. Il s’exprime en ces termes : Lavez-vous, Purifiez-vous, enlevez le mal de vos coeurs, apprenez a bien faire, rendez justice a l’orphelin et défendez la veuve ; venez alors et comptons, dit le Seigneur. Vos péchés vous eussent-ils rendus rouges comme la pourpre, je vous rendrai blancs comme la laine ; fussiez-vous rouges comme l’écarlate, je vous rendrai blancs comme la nege. Mais si vous ne m’écoutez pas, le glaive vous dévorera. C’est la bouche du Seigneur qui a parlé (ls l, 16-20). Voici la doctrine que les apôtres nous ont transmise sur ce sujet." (Première apologie, 61)

 

En une matière aussi importante que les effets du baptême, Justin invoque l’enseignement transmis (ce que signifie "traditio" en latin) et non l’Écriture Sainte, non encore totalementcodifiée.

Saint Justin, défenseur de la divinité du Christ

 

« Ainsi donc, ni Abraham, ni Isaac, ni Jacob, ni aucun homme n’a vu le souverain arbitre dont le nom est inénarrable, le Père de toutes choses et du Christ lui-même; mais ils ont vu celui qui, selon la volonté du Père, est son fils et Dieu lui-même, et son ange, parce qu’il exécute ses ordres; c’est lui qui s’est fait homme et a voulu naître d’une vierge, et qui autrefois s’était entretenu du milieu d’un buisson avec Moïse, sous la forme du feu » (Justin, Dialogue avec le juif Tryphon, CXXVII, 4, trad., M. de Genoude).

« Il est bien démontré, par toutes les preuves que vous ai apportées, que le Christ est véritablement Seigneur, Dieu et fils de Dieu ; et que, par l’effet de sa puissance, il s’est montré autrefois sous la forme d’un homme et sous celle d’un ange, et avec l’éclat du feu, comme dans le buisson et dans le jugement de Sodome […] » (Justin, Dialogue avec le juif Tryphon, CXXVIII, 1, trad., M. de Genoude)

 

Lorsque Saint Justin parle du Christ comme "Ange", c’est pour l’identifier à Celui qui parla au Buisson Ardent, c’est-à-dire, Dieu.

Sources : (1) l’Évangile au Quotidien 

(2) Marie-Françoise BASLEZ, Saint Paul, Fayard, Saint Amand-Montrond 1991, p. 158 et note 24 p. 350

(3) Orient Chrétien 

(4) Pierre MARAVAL, Simon Claude MIMOUNI, Le Christianisme, des Origines à Constantin, Nouvelle Clio, l'Histoire et ses problèmes, PUF, Clamecy 2018, p. 226

(5) Paul CHRISTOPHE, 2000 ans d'Histoire de l'Église, Nouvelle Édition Mame Desclée, Paris 2017, p. 43-44

(6) Actes et passions des martyrs chrétiens des premiers siècles, Introduction, traduction et notes de Pierre Maraval, Sagesses chrétiennes, Éditions du Cerf, Paris 2010, p. 62

(7) Nominis

(8) Enrico NORELLI, La Naissance du Christianisme, Comment tout a commencé, traduit de l'italien par Vivian Dutaut, édition Gallimard, Folio Histoire, 2019, p. 311

(9) Que pouvons-nous reconstituer du Syntagma contre les hérésies de Justin?, Enrico Norelli, Revue de Théologie Et de Philosophie 139 (2):167-181 (2007)

(10) Enrico NORELLI, La Naissance du Christianisme, Comment tout a commencé, ibid., p. 12 et 22

(11) Simon Claude MIMOUNI, Le Judaïsme ancien et les origines du christianisme, Bayard, Italie 2018, p. 296-297

(12) Pierre MARAVAL, Simon Claude MIMOUNI, Le Christianisme, des Origines à Constantin, ibid., p. 265

(13) Pierre MARAVAL, Simon Claude MIMOUNI, Le Christianisme, des Origines à Constantin, ibid., p. 270

(14) Simon Claude MIMOUNI, Le Judaïsme ancien et les origines du christianisme, ibid., p. 227

(15) Apologie pour les Chrétiens, Éditions du Cerf

(16) Maurice VALLERY-RADOT, L'Église des premiers siècles, Perrin Collection Tempus, Paris 2006, p. 333

(17) Enrico NORELLI, La Naissance du Christianisme, Comment tout a commencé, ibid., p. 334-335, et 360

(18) Maurice VALLERY-RADOT, L'Église des premiers siècles, ibid., p. 342-343

(19) Marcel SIMON - André BENOIT, Le Judaïsme et le Christianisme antique d'Antiochus Epiphane à Constantin, Nouvelle Clio, PUF, Vendôme 1994, p. 119-121, et 237

(20) Enrico NORELLI, La Naissance du Christianisme, Comment tout a commencé, ibid., p. 22-23

(21) Saint Justin cité dans Anne BERNET, Les chrétiens dans l'empire romain, des persécutions à la conversion Ier – IVe s., Perrin, Mesnil-sur-l'Estrée 2003, p. 113

(22) DANIEL-ROPS, Histoire de l'Église du Christ, tome II Les Apôtres et les Martyrs, Librairie Arthème Fayard, Paris 1965

(23) Rosa GIORGI, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006,  p. 328-329

(24) https://philosophieduchristianisme.wordpress.com/2017/02/05/les-peres-de-leglise-sur-la-tradition/

(25) https://philosophieduchristianisme.wordpress.com/2015/11/21/la-trinite-les-temoins-de-jehovah-et-les-auteurs-anteniceens/

 

. Saint Justin (IIe siècle) sur la Vierge Marie

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31 mai 2024 5 31 /05 /mai /2024 00:00
Visitation de la Vierge Marie

L'ange Gabriel, en annonçant à Marie le mystère de l'Incarnation, lui avait dit, pour confirmer sa mission, qu'Élisabeth, sa cousine, quoique d'un âge fort avancé, était enceinte d'un fils qui devait être le précurseur du Messie. La joie que la très-sainte-Vierge ressentit de cette merveille, et plus encore le motif de la charité, la déterminèrent à aller visiter sa sainte parente. Elle partit donc, et se rendit en diligence, à travers les montagnes de Juda, à la ville d'Hébron. Lorsqu'elle fut arrivée au terme de sa course, Marie entra chez Zacharie, et salua Élisabeth. Quel bonheur pour cette maison d'être honorée la première de la visite du Verbe fait chair ! De quelle bénédiction sa présence ne fut-elle pas suivie ! La très sainte-Vierge en fut l'instrument, parce que Dieu voulait nous montrer qu'elle est le canal des grâces, et que nous pouvons avec confiance implorer son intercession.

 

À la voix de Marie, l'enfant qu'Élisabeth portait dans son sein fut rempli du Saint-Esprit, c'est-à-dire qu'il fut purifié de la tache originelle, orné de la grâce sanctifiante, élevé à une dignité supérieure à celle des prophètes. Doué même, par anticipation, de l'usage de la raison, il reconnut, par une lumière surnaturelle, celui qui venait le visiter, et marqua, par une espèce de tressaillement, l'amour et le respect dont il était saisi en la présence de son Dieu.

 

Élisabeth, de son côté, félicita Marie du choix que Dieu avait fait d'elle pour être la Mère du Désiré des nations. L'auguste Vierge répondit à ces témoignages de vénération par le beau cantique MAGNIFICAT : Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit est ravi de joie en Dieu mon Sauveur.

Vitrail-dans-la-cathedrale-Saint-Maclou-de-Pontoise-repre.JPG

Vitrail dans la cathédrale Saint-Maclou de Pontoise représentant la visitation


Sources: (1)  Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. 183 ; (2)

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30 mai 2024 4 30 /05 /mai /2024 00:00

Fêtée le 30 mai ou le dernier dimanche de mai dans le calendrier liturgique catholique. (Cette fête ne doit pas être confondue avec la "fête nationale de Jeanne d'Arc" ou "fête du patriotisme" instituée par la IIIe "république" en 1920, le deuxième dimanche de mai.) 

C'est pour redonner un roi à la France occupée par les Anglais que la bergère de Domrémy, dans les Vosges, se met en marche et conduit le jeune Charles VII à son sacre à Reims en 1429. 

 

Née en 1412 [1] [2], elle n'a pas dix-sept ans quand, à l'écoute des voix de Saint Michel et des saintes Catherine et Marguerite, commence son aventure.

 

"Jeanne d'Arc est un défi divin jeté au naturalisme. C'est tout baume pour les coeurs meurtris par les haines sociales; c'est la France sollicitée de se remettre sur la voie de la France de Charlemagne et de saint Louis; c'est le ciel tout entier se présentant pour l'y soutenir et la faire avancer. [...] Dès lors se réaliserait dans sa plénitude la promesse contenue dans la lettre aux Anglais. "Pour la Chrétienté, les Français feraient le plus bel fait que oncques fut fait.'"[3] Dans cette lettre aux Anglais, Jeanne avertit l’envahisseur anglais, "de quitter sans délai le Royaume de France et de rendre à la Pucelle qui est envoyée ici par Dieu, le Roi du ciel, les clés de toutes les bonnes villes" que les Anglais ont "prises et violées en France." "Elle est toute prête à faire la paix", si les Anglais veulent "lui faire raison, en abandonnant la France et payant pour" ce qu'ils l’ont "tenue". "Et, s’ils ne veulent obéir, je les ferai tous occire ; je suis ici envoyée de par Dieu, le Roi du ciel, pour vous chasser hors de toute la France. [...] Si vous ne voulez croire ces nouvelles de par Dieu et la Pucelle, en quelque lieu que nous vous retrouverons, nous frapperons dedans et y feront un si grand hahay (vacarme) qu’il y a bien mille ans qu’en France si n’y en eut un si grand, si vous ne nous faites raison", écrit Jeanne dans sa lettre. [4] [5]

 

Lors de son procès, Jeanne affirma la visite d’un autre prestigieux archange : saint Gabriel : "Aussi fermement que je crois que Notre-Seigneur Jésus-Christ a souffert la mort pour nous racheter des peines de l’enfer, je crois que c’est saint Michel et saint Gabriel, sainte Catherine et sainte Marguerite que Notre-Seigneur m’envoie pour me conseiller et me réconforter." [6] Elle précisera le 3 mars 1431 qu’elle a vu de ses yeux les deux archanges et le 9 mai qu’elle a reçu réconfort de saint Gabriel : "Oui, croyez que c’était lui, je l’ai su par mes Voix." [7] Elle dira aussi que, bien souvent saint Michel était entouré, quand il lui apparaissait d’une splendide théorie d’anges. [8]

Sainte Jeanne d'Arc († 1431)

C’est "à la requête de saint Louis et de Charlemagne" que Dieu "a eu pitié de la ville d’Orléans et n’a voulu souffrir que les ennemis eussent le corps du seigneur d’Orléans et sa ville" et "qu’elle avait eu une vision dans laquelle saint Louis et Charlemagne priaient Dieu pour le salut du roi et de cette cité." [9]

 

De Chinon à Orléans, de Paris à Reims puis à Rouen, Jeanne d'Arc, la Pucelle d'Orléans, respectant toujours l'adversaire, boute l'envahisseur anglais de 1429 à 1430.

Jeanne reconnaît Charles VII

 

"Dieu aime-t-il les Anglais?" demandera sournoisement son juge à son procès en 1431. "Oui, mais chez eux!" répondra-t-elle. [10]

 

Jeanne a une foi capable de déplacer les montagnes. Elle communie chaque jour. D'ailleurs, après avoir été privée de l'eucharistie pendant ses six mois de prison à Rouen, elle reçoit le viatique le matin de sa mort et s'exclame : "Il y a si longtemps que je l'attends!"

 

Une croix permet à Jeanne de monter son cheval

 

Une lettre qu'un jeune seigneur de Laval écrivit à sa mère et à sa grand'mère, de Selles, en date du 8 juin (1429), montre Jeanne à cheval : "Je la vis monter à cheval armée tout en blanc, sauf la tête, une petite hache en main, sur un grand coursier noir, qui à l'huis (porte) de son logis se démenait fort, et ne souffrait qu'elle montât, et lors elle dit : 'Menez-le à la croix' qui était devant l'église, auprès, au chemin; et lors elle monta sans qu'il se mut, comme s'il était lié; et lors se tourna vers l'huis de l'église qui était bien prochain, et dit en assez voix de femme: 'Vous les prêtres et gens d'église, faites processions et prières à Dieu.'

 

Un des preux qui avaient combattu avec Jeanne à Orléans et à Patay, Thibaud d'Armagnac, seigneur de Thermes, faisait sous la foi du serment la déposition suivante : 'En dehors de la guerre, Jeanne était la simplicité même; mais elle était le plus habile et le plus expérimenté des capitaines, quand il fallait conduire une armée, la disposer, ordonner la bataille, animer les combattants. Impossible de montrer plus de courage et d'habileté qu'elle ne le fit, à l'assaut des bastilles d'Orléans.'" (Procès, t. III, p. 119-120.) [11]

 

La prophétie de Jeanne sur l'expulsion des Anglais, et avant sept ans la libération de Paris

 

"'La France perdue par une femme sera relevée par une vierge venue des marches de Lorraine.' Cette prophétie était populaire en France au moment de l'apparition de l'héroïne. Deux témoins au procès de réhabilitation (1452-1456) rappelaient que Jeanne elle-même, encore à Vaucouleurs, leur avait mis en mémoire cette prédiction comme étant du domaine public. (Procès, t. II. Durand Laxart, p. 444, et Cath. Royer, p. 447.) La Pucelle de manifeste comme favorisée de ces communications depuis son entrée dans la carrière jusques au terme. La prophétie lui ouvre la voie; la prophétie est un des grands moyens par lesquels elle finit par se faire accepter, par lesquels elle se soutient au milieu des envieux, qui ne lui firent pas défaut, même dans son parti.

 

"Elle est encore aux bords de la Meuse. L'abattement est dans tous les coeurs; le roi de Bourges se demande dans quel pays il peut espérer un asile moins déshonorant, et la jeune villageoise de dix-sept ans annonce que, dans l'année qui va s'ouvrir, elle délivrera Orléans, et fera sacrer le roi à Reims.

 

"Quand vers le 13 mai 1428, elle voulait que l'on mandât au Dauphin de bien se tenir, de ne pas engager de bataille avant la mi-carême, elle donnait un avis prophétique. Il ne fut pas transmis, ou il n'en fut pas tenu compte. Le 12 février suivant, la honteuse journée des harengs, ou l'ignominieuse défaite de Rouvray, prouvait combien il était fondé. L'annonce de cette déroute de sept ou huit mille Français, maîtres de choisir le terrain, devant quinze cents Anglais embarrassés d'un immense convoi, l'annonce de cette déroute faite par Jeanne à Vaucouleurs, au moment où elle était subie, finit par décider Baudricourt à diriger la jeune fille sur la Loire. Rien de plus dangereux que ce voyage de 150 lieues, à travers un pays ennemi, en plein hiver, lorsque les pillards et les brigands pullulaient partout. Jeanne annonçait qu'il se ferait sans accidents. L'événement justifia pleinement une prédiction jugée par tous de toute invraisemblance. Comme elle l'avait annoncé, elle était avant la mi-carême en chemin vers la cour. Là, sans parler de l'extraordinaire reconnaissance du prince, [...], un cavalier, en la voyant passer, s'échappe-t-il en paroles de souillure et de blasphèmes, elle lui fait cette réponse prophétique : "Ah! Malheureux, tu le renies et tu es si près de la mort!" Une heure après, l'insulteur de Dieu se noyait en passant la rivière. (T. III. Déposition de Paquerel, p. 102.)

 

Jeanne entre à Orléans, Par J.-J. Scherrer, 1887

 

"Elle (Jeanne) ne prédit pas seulement la délivrance d'Orléans; mais de nombreuses circonstances du grand événement. Tels, l'introduction du convoi sans aucun obstacle de la part des Anglais, le changement subit dans la direction du vent qui était contraire; le jour de la levée du siège, le genre de mort de Glacidas. Elle connaît surnaturellement les délibérations, les combats engagés, dont on veut lui dérober la connaissance. Dunois dépose qu'il avait donné le signal de la retraite le soir du samedi, désespérant du succès de l'attaque commencée au lever du soleil, quand la Pucelle vint le prier de différer encore un peu, que bientôt ils seraient maîtres de l'imprenable forteresse. Moins d'une heure après, les Français étaient dans les Tournelles. Avant le 22 avril au moins, elle avait annoncé qu'elle achèterait cette conquête par une grave blessure à l'épavie, sans que le succès fût pour cela retardé. [...] Il serait facile de citer d'autres prophéties faites par la Pucelle, à Jargeau, à Patay, à Troyes.

 

"[...] Une prophétie dont elle connaissait la pleine étendue, qu'elle a répétée avec le courage des anciens prophètes, devant ceux qu'elle faisait trembler, c'est la totale expulsion des Anglais, et avant sept ans un grand échec pour leur cause, c'est-à-dire la perte de Paris. Le 1er mars on venait de lui lire la menaçante lettre par laquelle, deux ans auparavant, elle avait signifié aux envahisseurs d'avoir à lever le siège d'Orléans, et d'évacuer toute France. Voici d'après le procès-verbal, le dialogue qui s'engagea : 'Reconnaissez-vous cette lettre ? - Oui, elle est de moi - N'est-ce pas un seigneur de votre parti qui l'a dictée ? - C'est moi qui l'ai dictée et non pas un seigneur de mon parti.' Et sur-le-champ elle complète sa missive par ces foudroyantes explications : "Avant qu'il soit sept ans, les Anglais subiront un échec autrement grand que celui d'Orléans; ils finiront par tout perdre en France. Ils éprouveront en France des défaites qu'ils n'y ont pas encore éprouvées. Dieu donnera la victoire aux Français. - Comment le savez-vous - Par la révélation qui m'en a été faite; ce sera avant sept ans; je serai bien peinée que ce fût différé jusqu'à sept ans; mais je suis aussi certaine que cela arrivera que je le suis que vous êtes devant moi. - Quand cela arrivera-t-il ? - J'ignore le jour et l'heure." (Procès, t. I, p. 84 et 148.) Moins de six ans après, le 14 avril 1436, l'échec plus grand que celui d'Orléans était subi. Paris, anglais pendant 16 ans, redevenait français. En 1453, à l'exception de Calais, les Anglais avaient tout perdu en France, même Bordeaux et la Guyenne où leur domination était établie et acceptée depuis trois siècles.

 

[...] Ces prophéties, d'une portée si haute, font partie du procès (1430) qui condamne Jeanne comme inventrice de révélations et d'apparitions menteuses. La voyante a pour témoins et pour secrétaires ses ennemis les plus acharnés. Quel caractère à part d'authenticité!". [12]

 

Jeanne secourue par une armée de 50 000 anges

 

"Jeanne voyait aussi des légions invisibles venir à son secours. Son écuyer et maître d'hôtel, le sage d'Aulon, racontait le fait suivant sous la foi du serment au procès de réhabilitation (1452-1456).

 

Ils assiégeaient la place de Saint-Pierre-le-Moustier. Un premier assaut avait échoué; les guerriers de Jeanne avaient lâché pied et s'étaient enfuis; l'héroïne resta seule aux bords du fossé avec quatre ou cinq hommes d'armes plus courageux. D'Aulon, tout blessé qu'il était, accourt à la vue du péril que court la guerrière; il veut l'entraîner et lui reproche vivement de rester seule.

'Seule, répond Jeanne, je suis en compagnie de cinquante mille guerriers qui combattent pour nous. D'ici ne partirai que la ville ne soit prise;' et elle crie : 'Aux fagots et aux claies tout le monde, afin de faire le pont sur le fossé.' Elle fut écoutée, et incontinent après la ville était prise." (Procès, t. III, p. 218.) [13] 

 

Cet épisode est également rapporté par le Chanoine Henri Debout, dans "Jeanne d’Arc, nouvelle vie populaire illustrée" (Maison de la Bonne Presse, 1907, p. 220) en ces termes : "Les cinquante mille guerriers dont Jeanne parlait étaient des anges de Dieu qui venaient remplacer les soldats fugitifs. Elevant alors la voix, la guerrière s’écria : ‘Aux fagots ! Aux claies, tout le monde, afin de jeter le pont !’ Et voici qu’aussitôt le pont fut établi au grand émerveillement des témoins de cette scène."

 

Lors de l’interrogatoire du 12 mars 1431, Jeanne affirme que "Les anges viennent beaucoup au milieu des chrétiens sans qu’on les voie ; moi je les ai vus maintes fois au milieu des chrétiens." [14]

 

L'importance de la confession dans la victoire

 

"Le premier ordre qu'elle donne en arrivant à Blois, c'est celui de renvoyer des rangs de l'armée les femmes de mauvaise vie, qui y foisonnaient; de se confesser et de mettre la conscience en bon état. Elle promettait la victoire, à l'aide de Dieu, si l'on obéissait.

"Même commandement à son arrivée à Orléans. Elle menaçait de renvoyer de l'armée quiconque ne se serait pas confessé, ou même elle menaçait de se retirer." [15]

 

À son procès (1430), elle est seule face à 113 évêques, abbés, chanoines et clercs, 20 docteurs en théologie et 22 hommes de loi. Pourtant personne ne la prend en défaut. Répondant aux juges qui lui demandent : "Croyez-vous être en état de grâce?", elle répond avec finesse : "Si je n'y suis, Dieu m'y mette, si j'y suis Dieu m'y garde!"

 

Jésus pardonne, Jeanne pardonne

 

Nul ne la sauvera du bûcher le 30 mai 1431. Condamnée à être brûlée vive pour hérésie.

 

Jeanne d'Arc sur le bûcher, Par J.-J. Scherrer, 1843

"Jeanne, pendant que l'on l'attache au poteau, répète que, quel que soit le jugement que l'on porte de ses révélations, - qu'encore une fois elle affirme divines, - ni son roi, ni aucun des siens ne doivent en être regardés comme les inspirateurs; Jésus pardonne, Jeanne pardonne; Jésus excuses ses bourreaux, Jeanne demande pardon, même aux Anglais, même à Cauchon, si elle les a injustement offensés.

 

"Jeanne, pendant qu'on l'attache au bûcher, invoque la Vierge, saint Michel, ses saintes; mais lorsque les flammes l'enveloppent, les yeux fixés sur la croix que deux fils de Dominique maintiennent à la hauteur de son regard, elle ne sait plus que lancer au ciel et à la terre le nom de son fiancé: Jésus! Jésus!". [16]

 

Dans les flammes, on l'entendait répéter, au moins six fois, le nom de Jésus. Et au moment de mourir, elle cria d'une voix très forte : "Jésus!" [17] 

 

Son âme s'échappa de son corps sous la forme d'une colombe, et son cœur ne fut pas touché par les flammes. [18]

 

"La flamme semblait avoir fait son oeuvre. Les premiers tisons écartés ne laissaient voir que de la cendre et les os calcinés; mais, ô merveille ! sous cet amas fouillé, les viscères et le cœur paraissent intacts. On rallume le foyer incandescent, et on cherche à en activer les ardeurs en y jetant de l'huile et du soufre. Inutiles efforts, le cœur résiste. (Procès, t. 11, p. 7)  

 

"[...] On s'éloignait de la Place du Vieux-Marché en répétant : 'Un grand crime a été commis, on vient de brûler une sainte.' Il n'y avait pas jusqu'au secrétaire du roi d'Angleterre qui ne s'écriât : 'Nous sommes perdus, nous avons fait périr une sainte.' [19] Le bourreau courut  au monastère des Pères Dominicains, demandant s'il y avait pardon pour lui au ciel, pour avoir été l'exécuteur du forfait qui venait de se commettre.

 

 

Quand le procès en nullité commença en 1452, trois ou quatre témoins firent savoir que le corps de Jeanne ne fut pas plus docile dans la mort qu'il ne l'avait été durant sa vie. "Ainsi, le notaire Manchon apprit de la bouche du bourreau que, 'quand son corps eut été brûlé par le feu, le cœur demeurait intact et plein de sang... les cendres et tout ce qui restait d'elle furent jetés par lui dans la Seine.' Le cœur aussi, en principe. [...] Le pauvre en était stupéfait, comme d'un évident 'miracle'. complète Isembard de la Pierre, qui accompagna Jeanne au bûcher. [...] Dans de nombreuses vies de saints, le martyr meurt, mais son coeur survit parce qu'il est marqué du nom du Christ : le nom de Jésus serait apparu en effet en lettres d'or au-dessus du bûcher ! Les juges de 1456 ne cherchaient pas à fabriquer une sainte, ils ne poursuivirent pas. Mais la légende s'implanta à Rouen. Au XVIIIe siècle, on disait que le coeur de Jeanne était toujours là, dans l'un des couvents mendiants de la ville: chez les Carmes ou, plutôt, chez les Dominicains où le bourreau s'était confessé." [20] 

 

Cinq siècles plus tard, l'Église a réhabilité la mémoire de Jeanne et l'a élevée au rang des Saintes. La démarche fut enclenchée en 1874 par l'évêque d'Orléans, Mgr Dupanloup, tandis que Jeanne d'Arc est déjà entrée dans le panthéon des grandes figures de la nation. [21]

 

Béatifiée en 1909 et canonisée en 1920, elle a été déclarée Patronne secondaire de la France par un Bref du Pape Pie XI, le 2 mars 1922.

 

Parmi les miracles reconnus étudiés et étudiés pour la béatification de Jeanne, on en proposa trois: des guérisons survenues de façon miraculeuse chez des religieuses en 1891, 1893 et 1900. Dans chaque cas les prières, les neuvaines à la "vénérable Jeanne d'Arc" avaient été suivies d'une guérison parfaitement inattendue et constatée. Soumis à la Congrégation des rites, ces miracles allaient être reconnus et leur régularité vérifiée par trois séances donnant lieu à trois votes favorables. [...] La cérémonie de béatification fut célébrée à Saint-Pierre de Rome le 18 avril 1909, premier dimanche après Pâques. 

 

À la date de 1884, un député radical, Joseph Fabre, avait pris l'initiative d'une loi en vertu de laquelle "la république française célébrerait annuellement la fête de Jeanne d'Arc, fête du patriotisme; sa proposition, [...] n'avait pas été retenue. Mais, devenu sénateur en 1892, Joseph Fabre faisait voter par le sénat cette même proposition de loi. Elle n'aboutit cependant pas.

 

Le pape Benoît XV reconnaissait définitivement le 18 mars 1919 la validité des miracles.

 

Et c'est l'année suivante, le 16 mai 1920, que Jeanne fut reconnue sainte aux yeux de la chrétienté.

 

L'on ne peut manquer de souligner que l'initiative poursuivie avec obstination par Joseph Fabre de faire de la fête de Jeanne d'Arc une fête nationale se réalisait quelque temps après cette canonisation, le 24 juin 1920. [22]

 

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https://fr.aleteia.org/2020/05/30/la-croix-presentee-a-jeanne-darc-sur-son-bucher-sort-de-loubli/

 

Le matin du 30 mai 1431, vers 9 heures, Jeanne d’Arc est emmenée sur une charrette vers la place du marché de Rouen. Après avoir été entendue en confession et avoir reçu la communion, une centaine d’hommes escortent la Pucelle de dix-neuf ans vers le bûcher.  L’historien Adrien Harmand raconte que « Jeanne est hissée sur le bûcher. À ses instances, on est allé lui chercher la grande croix de la paroisse Saint-Sauveur qu’elle tient étroitement, embrassée en pleurant. Elle ne la quitte que pour la lier à l’estache [poteau] qui surmonte le très haut tas de bois. Isambard de La Pierre, le prêtre qui accompagne la future sainte sur le bûcher, raconte à l’occasion de son procès en réhabilitation : « Elle m’avait prié de descendre avec la croix, une fois le feu allumé, et de la lui faire voir toujours. Ainsi je le fis. ».

 

La croix devait être exposée en grande pompe pour les fêtes johanniques de Rouen, prévues pour ce mois de mai 2020. La crise du coronavirus en a décidé autrement mais le curé de Rouen, Geoffroy de La Tousche, a profité du déconfinement pour célébrer comme il se doit l’anniversaire du martyre de Jeanne d’Arc et le centenaire de sa canonisation en 1920. Près de 600 ans plus tard et un siècle après sa canonisation, la croix processionnelle vénérée par Jeanne d’Arc, est pour la première fois exposée aux habitants de la ville. Après une présentation à Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, une procession partira de la cathédrale jusqu’à la place du marché. Une messe sera célébrée ce samedi pour commémorer le sacrifice de la sainte. La croix repartira le soir même pour Pont-Saint-Pierre. [23]

Jeanne d'Arc, par Dante Gabriel Rossetti, 1882

Jeanne d'Arc, par Dante Gabriel Rossetti, 1882

J'aime l’Église; je voudrais la soutenir de tout mon pouvoir et mourir pour la foi chrétienne.

Sainte Jeanne d'Arc, lors de son procès, Ligue Saint Amédée, Twitter

Sainte Jeanne d'Arc († 1431)

Répétons les mots de saint Pie X lors de la béatification de sainte Jeanne d’Arc, le 13 décembre 1908 : "Vous direz aux Français qu’ils fassent leur trésor des testaments de saint Rémi, de Charlemagne et de saint Louis, qui se résument en ces mots si souvent répétés par l’héroïne d’Orléans : Vive le Christ qui est roi de France. A ce titre seulement, la France sera grande parmi les nations. A cette clause, Dieu la protégera et la fera libre et glorieuse."

Les saints de sainte Jehanne d’Arc par le Révérend Père Joseph d'Avallon – Capucin de Morgon (69) 16 mai 2020

Sources :

 

(1) Colette Beaune, Jeanne d'Arc, Vérités et légendes, Pour en finir avec ceux qui racontent n'importe quoi !, Perrin, Paris, 2008, p. 28; (2) Colette Beaune, Jeanne d'Arc, Perrin, Paris 2004, p. 27;  (3) Père J.-B.-J. Ayroles, Jeanne d'Arc sur les autels et la régénération de la France, 1885, Rééd. Éditions Saint-Rémi, Cadillac 2009, p. 368; (4) Des Lettres.fr; (5) Colette Beaune, Jeanne d'Arc, Perrin, Paris 2004, p. 457; (6) Chanoine Henri Debout, Jeanne d’Arc, nouvelle vie populaire illustrée, Maison de la Bonne Presse, 1907, p. 283 ; (7) Joseph Thérol, L’Evangile de Jeanne d’Arc, NEL p. 64 ; (8) Les saints de sainte Jehanne d’Arc par le Révérend Père Joseph d'Avallon – Capucin de Morgon (69) 16 mai 2020 ; (9) Régine Pernoud : « Jeanne d’Arc » Que sais-je ? pp. 199, 201 ; (10) Le Petit Livre des Saints, tome 2, Editions du Chêne, 2011, p. 120 ; (11) Père J.-B.-J. Ayroles, Jeanne d'Arc sur les autels et la régénération de la France, ibid., p. 89-90 ; (12) Père J.-B.-J. Ayroles, Jeanne d'Arc sur les autels, ibid., p. 79-84 ; (13) Père J.-B.-J. Ayroles, Jeanne d'Arc sur les autels, ibid., p. 345-346 ; (14) Joseph Thérol, L’Evangile de Jeanne d’Arc, NEL p. 41 ; (15) Père J.-B.-J. Ayroles, Jeanne d'Arc sur les autels, ibid., p. 91-92 ; (16) Père J.-B.-J. Ayroles, Jeanne d'Arc sur les autels, ibid., p. , p.121 ; (17) Robert Brasillach, Le Procès de Jeanne d'Arc, Nrf Gallimard, dix-neuvième édition, Lagny-sur-Marne 1950, p. 154 ; (18) Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950 ; (19) Père J.-B.-J. Ayroles, Jeanne d'Arc sur les autels, ibid., p. ,122-123 ; (20) Colette Beaune, Jeanne d'Arc, Vérités et légendes, Pour en finir avec ceux qui racontent n'importe quoi !, Perrin, Paris, 2008, p.  201-202 ; (21) Le Point, Jeanne d'Arc : 8 mensonges sur la Pucelle d'Orléans, le 01/05/2017 ; (22) Régine Pernoud, Les Saints au moyen-Âge, La sainteté d'hier est-elle pour aujourd'hui ?, Éditions Plon, Paris 1984, p. 274-276 ; (23) Aleteia.

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29 mai 2024 3 29 /05 /mai /2024 03:05
Prière de Saint François d'Assise "Dans le silence de ce jour naissant"

Dans le silence de ce jour naissant

 

Seigneur,
Dans le silence de ce jour naissant,
je viens te demander la paix, la sagesse et la force.
Je veux regarder aujourd'hui le monde
avec des yeux tout remplis d'amour,
être patient compréhensif et doux.
Voir au-delà des apparences tes enfants
comme tu les vois toi-même,
et ainsi ne voir que le bien en chacun.
Ferme mes oreilles à toute calomnie,
garde ma langue de toute malveillance,
que seules les pensées qui bénissent
demeurent dans mon esprit,
Que je sois si bienveillant et si joyeux
que tous ceux qui m'approchent sentent ta présence.
Revêts-moi de ta bonté, Seigneur,
et qu'au long de ce jour, je te révèle.

Amen.
 

Saint François d'Assise (1181-1226)

 

https://oratoiredulouvre.fr/spiritualite/prier/dans-le-silence-de-ce-jour-naissant

Selon "Site-catholique.fr" une version existe de Sainte Thérèse d'Avila (1515-1582) :

Voici la Prière du matin « Seigneur, dans le silence de ce jour naissant, je viens Te demander la paix, la sagesse et la force » de Sainte Thérèse d'Avila (1515-1582), la Grande Sainte Thérèse de Jésus, première femme reconnue comme Docteur de l'Église Catholique, Réformatrice des couvents carmélites et Sainte patronne de l’Espagne.

« Seigneur, dans le silence de ce jour naissant, je viens Te demander la paix, la sagesse et la force.

Je veux regarder aujourd’hui le monde avec des yeux remplis d’amour ;

être patiente, compréhensive et douce, voir au-delà des apparences Tes enfants comme Tu les vois Toi-même

et ainsi ne voir que le bien en chacun d’eux.

Ferme mes oreilles à toute calomnie, garde ma langue de toute malveillance ;

que seules les paroles qui bénissent demeurent dans mon esprit.

Que je sois si bienveillante et si joyeuse que tous ceux qui m’approchent sentent Ta présence.

Ô Seigneur, revêts-moi de Ta beauté et qu’au long de ce jour je Te révèle. Amen. »



Sainte Thérèse d'Avila (1515-1582)

 

Therese-d-Avila.jpg

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29 mai 2024 3 29 /05 /mai /2024 00:00

Image illustrative de l’article Ursule Ledóchowska

Sainte Ursule LedochowskaElle connut une Europe déchirée par les guerres et les frontières. Elle naquit en Autriche et fit ses études chez les Ursulines de Cracovie.

 

Elle fonde à Pniewy près de Poznan, quelques années plus tard, une nouvelle congrégation religieuse, les "Ursulines du Cœur de Jésus" pour rayonner l'Evangile.

 

A 42 ans, elle part à Saint-Petersbourg pour y exercer son apostolat.

 

En 1914, obligée de quitter la Russie, elle continue en Scandinavie et elle est appelée à Rome par le pape pour y établir sa congrégation. C'est dans la Ville éternelle qu'elle conclut son existence terrestre.

 

Canonisée le 18 mai 2003 par Jean-Paul II.

 

Vie de Notre fondatrice Sainte Ursule Ledochowska - Toujours en route... Jamais déracinée Le zèle de la maison de Dieu la dévore

Ursulines CJA - France

 

Sur le site du Vatican: biographie, photo, homélie du pape Jean-Paul II pour la canonisation de quatre bienheureux.

 

Fête locale

 

Mémoire obligatoire en Finlande - facultative au Danemark.

 

À Rome, en 1939, sainte Ursule (Julie) Ledochowska, vierge, qui fonda l'Institut des Sœurs ursulines du Cœur de Jésus agonisant et se risqua dans des itinéraires difficiles à travers la Pologne, la Scandinavie, la Finlande et la Russie.

 

Martyrologe romain

 

"ma politique c'est l'amour"

Sources: 1, 2

 

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28 mai 2024 2 28 /05 /mai /2024 00:00

Saint-Germain-dans-l-eglise-de-Saint-Germain-en-L-copie-1.JPG

Statue de Saint Germain dans l'église de Saint-Germain-en-Laye

 

Saint Germain de Paris, surnommé la "lumière des Gaules", naquit vers l'an 500 près d'Autun en Bourgogne, d'une noble famille gallo-romaine.

 

Tout jeune, Germain faillit être victime d'une mère dénaturée et d'une grand-mère criminelle ; mais Dieu veillait sur cet enfant de bénédiction et le réservait à de grandes choses. Germain se réfugia près d'un ermite, son oncle, dont il partagea la vie austère, et dont il s'étudia chaque jour à imiter la piété et les vertus.

 

L'évêque d'Autun, ayant fait sa connaissance, conçut pour lui une très haute estime, et lui donna, malgré les réclamations de son humilité, l'onction sacerdotale, puis le nomma bientôt abbé du monastère de Saint-Symphorien d'Autun. Il se distingua par ses abstinences, ses veilles, ses aumônes. Avec le signe de la croix, il éteignit un incendie qui menaçait de détruire le monastère. Il opéra plusieurs guérisons miraculeuses. (1)

 

Par ces temps de guerre et de dévastation, les pauvres affluent. Germain, toujours ému à la vue d'un homme dans la souffrance, ne renvoie personne sans lui faire l'aumône, au point qu'un jour il donne jusqu'au dernier pain de la communauté. Les moines murmurent d'abord, puis se révoltent ouvertement. Germain, pleurant amèrement sur le défaut de foi de ses disciples, se retire dans sa cellule et prie Dieu de les confondre et de les corriger. Il priait encore, lorsqu'une dame charitable amène au monastère deux chevaux chargés de vivres, et annonce que le lendemain elle enverra un chariot de blé. La leçon profita aux religieux, qui se repentirent de leur réaction.

 

Mandé à Paris par le roi des Francs Childebert, fils de Clovis, il s'y rendit avec cinq religieux. Un jour qu'il était en prière, il voit apparaître un vieillard éblouissant de lumière, qui lui présente les clefs de la ville de Paris : "Que signifie cela ? demande l'abbé. - C'est, répond la vision, que vous serez bientôt le pasteur de cette ville." Quatre ans plus tard, Germain, devient évêque, malgré sa résistance. Il n'en resta pas moins moine toute sa vie, et il ajouta même de nouvelles austérités à celles qu'il avait pratiquées dans le cloître. Après les fatigues d'une journée tout apostolique, son bonheur, même par les temps rigoureux, était de passer les nuits entières au pied de l'autel.

Sa nouvelle dignité n'apporta aucun changement dans sa manière de vivre: on le vit simple, frugal, mortifié et pénitent. Il avait toujours plusieurs pauvres à sa table.

 

Le roi Childebert, qui jusque-là avait mené une vie peu chrétienne, ne put résister à l'onction des discours du saint : il se convertit, et bannit de sa cour tous les désordres (2).

 

Un jour Childebert lui envoya six mille solidi d'or. Germain alla immédiatement au palais pour remercier le prince, et durant le trajet il en distribua trois mille aux pauvres qui se présentèrent à lui. "Vous reste-t-il encore de l'argent ? demanda le roi.  - J'ai encore la moitié de ce que vous venez de m'envoyer, répondit Germain : il ne s'est point trouvé assez de pauvres sur ma route pour épuiser la somme entière. - Seigneur, reprit le roi, distribuez tout ce qui reste : avec la faveur du Christ, nous aurons toujours de quoi donner." Et, brisant les vases d'or et d'argent qu'il trouva sous sa main, Childebert en remit les précieux fragments à l'évêque. Le saint employait la plus grande partie des nombreuses ressources dont il disposait à payer le rachat des captifs, la rançon des prisonniers, la mise en liberté des esclaves.

 

Germain eut la plus grande et la plus heureuse influence auprès des rois et des reines qui se succédèrent sur le trône de France pendant son épiscopat ; on ne saurait dire le nombre de pauvres qu'il secourut, de prisonniers qu'il délivra, avec l'or des largesses royales. Dans plusieurs conciles, il fut regardé comme la lumière des Gaules.

 

Saint Germain intervint dans la vie du roi Caribert qui succéda à Clotaire quand il l'excommunia après ses noces avec Marofève, une religieuse. Sous le règne de Chilpéric Ier, il se montra un homme de paix au milieu des terribles querelles qui opposèrent les reines Frédégonde et Brunehaut.

 

Il mourut le 28 mai 576, plein de mérites, vers l'âge de quatre-vingts ans. On l'enterra dans son abbaye à côté de deux rois qu'il a connus, Childebert et Caribert. (3)

 

On lui doit la construction de la célèbre abbaye de Saint-Germain-des-Prés, du nom de la tunique du martyr espagnol qu'elle renfermait, qui deviendra plus tard Saint-Germain-des-Près. Ruinée par les Normands, elle fut reconstruite au XIIe siècle. (4)

 

 

Sources (1); (2) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. 148; (3) Saints et Saintes de France, Des premiers martyrs à nos jours, Hatier, Renens 1988, p. 29; (4) Mgr Paul Guérin, Vie des saints pour tous les jours de l'année, Editions D.F.T., Saint-Etienne 2003, p. 321-322.

 

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27 mai 2024 1 27 /05 /mai /2024 07:00
"La liberté trouve un sens dans la vérité" (Benoît XVI)

Lors des Journées mondiales de la jeunesse 2000 , le pape Benoît XVI a appelé les catholiques de la grande « terre méridionale du Saint-Esprit » à témoigner de la foi :

 

"Nos cœurs et nos esprits aspirent à une vision de la vie où l'amour perdure, où les dons sont partagés, où l'unité se construit, là où la liberté trouve un sens dans la vérité, et là où l'identité se trouve dans une communion respectueuse", a déclaré le pape.

 

Cf. https://www.catholicnewsagency.com/news/257799/australian-mass-attendance-dropped-during-pandemic-restrictions-but-young-adults-show-up

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27 mai 2024 1 27 /05 /mai /2024 00:00
Saint Augustin de Cantorbéry, archevêque, fondateur de l'église anglo-saxonne (+ 605)

Aux Vème et VIème siècles, l'île de la Grande-Bretagne évangélisée dès les premiers siècles du christianisme, était retombée dans le paganisme à la suite de l'invasion des Saxons.

 

Le jeune roi de ce temps, Ethelbert, roi de Kent (le plus proche royaume du continent) épousa Berthe, princesse chrétienne, fille de Caribert Ier, roi de Paris et petit-fils de Clovis. Berthe consentit à ce mariage à la condition d'avoir sa chapelle et de pouvoir observer librement les préceptes et les pratiques de sa foi avec l'aide et l'appui d'un évêque gallo-franc. L'âme du roi de Kent subissait la salutaire influence de sa pieuse épouse qui le préparait sans le savoir à recevoir le don de la foi.

Saint Augustin de Cantorbéry, archevêque, fondateur de l'église anglo-saxonne (+ 605)

Le pape Grégoire le Grand choisit le moine Augustin alors prieur du monastère de St-André à Rome pour réaliser l'évangélisation de l'Angleterre qu'il souhaitait depuis longtemps.

On ne sait absolument rien de la vie de saint Augustin de Cantorbéry avant le jour solennel du printemps 596, où pour obéir aux ordres du pape saint Grégoire le Grand qui avait été son abbé dans le passé, il dut s'arracher à la vie paisible de son abbaye avec quarante de ses moines pour devenir missionnaire.

À Lérins, première étape des moines missionnaires, ce qu'on leur rapporta de la cruauté des Saxons effraya tellement les compagnons d'Augustin, qu'ils le prièrent de solliciter leur rappel du pape. Augustin dut retourner à Rome pour supplier saint Grégoire de dispenser ses moines d'un voyage si pénible, si périlleux et si inutile. Le souverain pontife renvoya Augustin avec une lettre où il prescrivait aux missionnaires de reconnaître désormais le prieur de St-André pour leur abbé et de lui obéir en tout. Il leur recommanda surtout de ne pas se laisser terrifier par tous les racontars et les encouragea à souffrir généreusement pour la gloire de Dieu et le salut des âmes.

Début Ve siècle, l'Île de Bretagne secoua le joug romain et se proclama indépendante. Mais ce fut aussi le moment où d'autres Barbares venus de Germanie détruisant la Gaule romanisée (Strasbourg, Spire, Reims, Tournai, Arras, Amiens), l'Angleterre connut l'arrivée des premiers Saxons. Jusqu'en 449, et la Descente des Saxons, elle se gouverna sous l'autorité du clergé, du roi gaulois Vortigern (Gwrtheyrn en gallois moderne), des nobles et des villes municipales. La Bretagne, soutint longtemps avec vigueur la guerre, seule et sans recours. L'Angleterre n'avait jamais été complètement romanisée. Les chefs des tribus bretonnes continuèrent toujours de régner, quoique avec un pouvoir subordonné, depuis le règne de l'empereur Claude jusqu'à celui d'Honorius. (Cf. Histoire de Manchester, par Whitaker, vol. 1, p. 247-257.)

C'est dans ce contexte qu'Augustin arriva dans le Kent en 597 à la tête de la mission grégorienne dont le but était de convertir les Anglo-Saxons au christianisme.

Les peuples anglo-saxons en Angleterre au début du VIIe siècle

Les peuples anglo-saxons en Angleterre au début du VIIe siècle

Ainsi stimulés, les religieux reprirent courage, se remirent en route et débarquèrent sur la plage méridionale de la Grande-Bretagne. Le roi anglo-saxon Ethelbert n'autorisa pas les moines romains à venir le rencontrer dans la cité de Cantorbéry qui lui servait de résidence, mais au bout de quelques jours, il s'en alla lui-même visiter les nouveaux venus. Au bruit de son approche, les missionnaires, avec saint Augustin à leur tête, s'avancèrent processionnellement au-devant du roi, en chantant des litanies.

 

Ethelbert n'abandonna pas tout de suite les croyances de ses ancêtres. Cependant, il établit libéralement les missionnaires à Cantorbéry, capitale de son royaume, leur assignant une demeure qui s'appelle encore Stable Gate : la porte de l'Hôtellerie, et ordonna qu'on leur fournit toutes les choses nécessaires à la vie.

 

Vivant de la vie des Apôtres dans la primitive Eglise, Augustin et ses compagnons étaient assidus à l'oraison, aux vigiles et aux jeûnes. Ils prêchaient la parole de vie à tous ceux qu'ils abordaient, se comportant en tout selon la sainte doctrine qu'ils propageaient, prêts à tout souffrir et à mourir pour la vérité. L'innocence et la simplicité de leur vie, la céleste douceur de leur enseignement, parurent des arguments invincibles aux Saxons qui embrassèrent le christianisme en grand nombre.

 

Charmé comme tant d'autres par la pureté de la vie de ces hommes, séduit par les promesses dont plus d'un miracle attestait la vérité, le noble et vaillant Ethelbert demanda lui aussi le baptême qu'il reçut des mains de saint Augustin. La conversion d'Ethelbert, premier roi anglo-saxon à se convertir, amena celle d'une grande partie de ses sujets. Comme le saint pape Grégoire le Grand lui recommanda de le faire, Ethelbert proscrivit le culte des idoles, renversa leurs temples et établit de bonnes mœurs par ses exhortations, mais encore plus par son propre exemple.

Ethelbert. Statue à la cathédrale de Cantorbéry

Ethelbert. Statue à la cathédrale de Cantorbéry

En 597, étant désormais à la tête d'une chrétienté florissante, Augustin se rendit à Arles, afin d'y recevoir la consécration épiscopale, selon le désir du pape saint Grégoire. De retour parmi ses ouailles, à la Noël de la même année, dix mille Saxons se présentèrent pour recevoir le baptême.

De plus en plus pénétré de respect et de dévouement pour la sainte foi, le roi abandonna son propre palais de Cantorbéry au nouvel archevêque. À côté de cette royale demeure, on construisit une basilique destinée à devenir la métropole de l'Angleterre. Augustin en devint le premier archevêque et le premier abbé.

Saint Augustin de Cantorbéry, détail seconde moitié du XVIe siècle, Pier Francesco Foschi, Florence Santo Spirito, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 316-317.

Saint Augustin de Cantorbéry, détail seconde moitié du XVIe siècle, Pier Francesco Foschi, Florence Santo Spirito, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 316-317.

En le nommant primat d'Angleterre, le pape saint Grégoire le Grand lui envoya douze nouveaux auxiliaires, porteurs de reliques et de vases sacrés, de vêtements sacerdotaux, de parements d'autels et de livres destinés à former une bibliothèque ecclésiastique. Le souverain pontife conféra aussi au nouveau prélat le droit de porter le pallium en célébrant la messe, pour le récompenser d'avoir formé la nouvelle église d'Angleterre par ses inlassables travaux apostoliques. Cet honneur insigne devait passer à tous ses successeurs sur le siège archiépiscopal d'Angleterre. Le pape lui donna également le pouvoir d'ordonner d'autres évêques afin de constituer une hiérarchie régulière dans ce nouveau pays catholique. Il le constitua aussi métropolitain des douze évêchés qu'il lui ordonna d'ériger dans l'Angleterre méridionale.

Les sept dernières années de sa vie furent employées à parcourir le pays des Saxons de l'Ouest. Même après sa consécration archiépiscopale, Augustin voyageait en véritable missionnaire, toujours à pied et sans bagage, entremêlant les bienfaits et les prodiges à ses prédications. Rebelles à la grâce, les Saxons de l'Ouest refusèrent d'entendre Augustin et ses compagnons, les accablèrent d'avanies et d'outrages et allèrent jusqu'à attenter à leur vie afin de les éloigner.

Au début de l'an 605, deux mois après la mort de saint Grégoire le Grand, son ami et son père, saint Augustin, fondateur de l'église anglo-saxonne, alla recueillir le fruit de ses multiples travaux. Avant de mourir, il nomma son successeur sur le siège de Cantorbéry.

Selon la coutume de Rome, le grand missionnaire fut enterré sur le bord de la voie publique, près du grand chemin romain qui conduisait de Cantorbéry à la mer, dans l'église inachevée du célèbre monastère qui allait prendre et garder son nom.

Canterbury, Canterbury cathedral

Sources : (1) ; (2) ; (3) Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p. 18 ; (4) Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006.

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    Léa faisait partie de ces nobles dames admiratrices de S. Jérôme. À la mort de son mari, elle distribua ses biens aux pauvres et se retira dans un monastère romain. Devenue, par la suite, mère supérieure de son couvent, elle passait ses nuits en oraisons...
  • Bienheureuse Clémence († 1176)
    Clémence de Hohenberg naquit en Rhénanie au début du XIIe siècle. Elle épousa le comte de Spanheim (Allemagne), et devenue veuve elle distribua tous ses biens aux pauvres et se retira comme simple moniale à l'abbaye d'Horrès à Trèves, où elle vécut dans...
  • Saint Herbert (Erbert), Ermite au milieu d'un lac en Angleterre († 687)
    Ami de Saint Cuthbert qui fut d'abord évêque de Lindisfarne en Angleterre et établit le rite de la liturgie romaine dans son diocèse. Cuthbert préféra reprendre la vie monastique au monastère de Melrose, de tradition irlandaise, et s'en fut solitaire...
  • Saint Joseph, époux de Marie
    Joseph, issu en ligne directe du roi David, était, selon l'expression de l'Evangile, un "juste", c'est-à-dire un homme accompli, dans toutes les vertus. Il exerçait à Nazareth, dans la Galilée (nord d'Israël), la profession de charpentier. Il épousa Marie,...
  • Saint Cyrille de Jérusalem, Évêque et docteur de l'Église († 386 ap.J.-C.)
    Saint Cyrille (v. 315 - 387) naquit en 315 ap. J.-C. à Jérusalem, (1) au sein d’une famille chrétienne d’artisans de souche paysanne. Il reçut une éducation solide où entrèrent l’astronomie, l’anatomie et la géographie dont il fera référence dans ses...