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3 septembre 2024 2 03 /09 /septembre /2024 00:00
Saint Grégoire le Grand (Grégoire Ier) pape et docteur de l'Eglise († 604)

Né à Rome, vers 540, Grégoire était le fils d'un sénateur et le neveu d'une sainte, la vierge Tarsille. Il en occupa quelques temps la première magistrature, mais bientôt la cité, qui avait vu cet opulent patricien traverser ses rues en habits de soie, étincelants de pierreries, le vit avec bien plus d'admiration, couvert d'un grossier vêtement, servir les mendiants, mendiant lui-même, dans son palais devenu monastère et hôpital. 

Saint Grégoire le Grand (Grégoire Ier) pape et docteur de l'Eglise († 604)

Grégoire fut l'auteur d'une ample activité monastique, particulièrement en assurant l'extension de la règle de Saint-Benoît († 547) à l'abbaye Saint-André de Rome qu'il fonda (Yvan GOBRY, Dictionnaire des Papes, Pygmalion, Paris 2013, p. 191.)

Grégoire n'avait conservé qu'un seul reste de son ancienne splendeur, une écuelle d'argent dans laquelle sa mère lui envoyait tous les jours de pauvres légumes pour sa nourriture ; encore ne tarda-t-il pas de la donner à un pauvre marchand qui, après avoir tout perdu dans un naufrage, était venu solliciter sa charité si connue. 

Grégoire se livra avec ardeur à la lecture des Livres Saints ; ses veilles, ses mortifications étaient telles, que sa santé y succomba et que sa vie fut compromise.

 

Saint-Gregoire-le-Grand--par-Domenico-Fetti--Palais-des-be.jpg

Saint Grégoire le Grand, par Domenico Fetti, Palais des beaux-arts de Lille.

Passant un jour sur le marché, Grégoire vit de jeunes enfants d'une ravissante beauté que l'on exposait en vente. Apprenant qu'ils étaient d'Angles, c'est-à-dire du pays, encore païen, d'Angleterre : « Dites plutôt des Anges, s'écria-t-il, s'ils n'étaient pas sous l'empire du démon. » Il alla voir le Pape, et obtint d'aller prêcher l'Évangile à ce peuple ; mais les murmures de Rome forcèrent le Pape à le retenir.

 

Le Souverain Pontife Pélage II (579-590) étant venu à mourir, Grégoire dut courber ses épaules sous la charge spirituelle de tout l'univers.

Voici la narration de son accès au pontificat :

"En janvier 590, la peste s'abattit sur Rome. Pélage en mourut le 7 février. Aussitôt le peuple acclama pour pape l'abbé Grégoire, et le clergé l'élut à l'unanimité. Il refusa, prétextant d'abord que son élection n'avait pas été ratifiée par l'empereur Maurice. Tandis que les employés de Rome se rendaient auprès de l'empereur, Grégoire s'employa à secourir les pestiférés. Il adressa lui-même à Maurice une lettre suppliante pour lui demander de ne pas ratifier son élection. L'empereur la déchira. Grégoire, persistant à refuser, s'enfuit. Mais, en prévision de cette fuite, toutes les portes de Rome étaient gardées. Il parvint à se blottir au fond d'un panier d'osier qu'un marchand monta innocemment sur son chariot en quittant à Rome. Les habitants se jetèrent dans les églises pour supplier Dieu de leur rendre leur pape, puis parcoururent la campagne à sa recherche. Enfin, le 2 septembre, un groupe de chercheurs le trouva au fond d'une grotte. Il fut ramené à Rome triomphalement et sacré le lendemain, le 3 septembre 590.

"[...] Au moment de sa consécration, l'Italie se trouvait dans une situation déplorable : la peste et la famine avaient exterminé les populations. Les paysans, pressurés par le fisc et violentés par les Barbares, abandonnaient la terre. Grégoire créa une administration agricole et fiscale capable de secourir les paysans et de les maintenir sur la terre, et, soucieux de ne pas voir se renouveler les abus, institua une inspection de cette administration." (Yvan GOBRY, Dictionnaire des Papes, Pygmalion, Paris 2013, pp. 187, 190-191.)

À l'occasion de cette épidémie de peste à Rome, le saint Pontife s'illustra par sa foi comme le rapporte Grégoire de Tours (538-594), contemporain de ces événements et qui en fut le chroniqueur. Dans un sermon mémorable prononcé dans l'église de Santa Sabina, il invita le peuple romain à suivre — contrit et pénitent — l'exemple des habitants de Ninive :

 

"Puis le Pape exhorta [tout le peuple] à lever les yeux vers Dieu, Qui permet de si terribles châtiments dans le but de corriger Ses enfants. Pour apaiser le courroux divin, le Pape ordonna une « litanie en sept Chœurs », c'est-à-dire une procession de toute la population romaine, divisée en sept cortèges, selon le sexe, l'âge et la condition. La procession se déplaça depuis les différentes églises romaines en direction de la basilique Saint-Pierre au Vatican, chantant des litanies en chemin. C'est l'origine de ce que l'on appelle aujourd'hui les grandes Litanies de l'Église, ou Rogations, que nous prions pour que Dieu nous protège contre les adversités. Les sept cortèges traversèrent les bâtiments de la Rome antique, pieds nus, à pas lent, la tête couverte de cendres. Tandis que la multitude traversait la ville, dans un silence sépulcral, la peste atteignit un tel point de fureur qu'en l'espace d'une heure, quatre-vingts personnes tombèrent mortes au sol. Cependant, Grégoire ne cessa pas une seconde d'exhorter le peuple à continuer de prier et insista pour que l'image de la Vierge peinte par saint Luc et conservée à Santa Maria Maggiore soit portée en tête de procession. (Gregorio di Tours, Historiae Francorum, liber X, 1, in Opera omnia, a cura di J.P. Migne, Parigi 1849 p. 528)"

(Source: LifeSiteNews / Le forum catholique )

 

L'un des faits remarquables de son pontificat, c'est l'évangélisation de ce peuple anglo-saxon dont il eût voulu lui-même être l'apôtre.

 

Grégoire le Grand décida d'envoyer de Rome (en Grande-Bretagne) des moines sous la direction d'Augustin, qui deviendra premier évêque de Cantorbéry.

 

"Ayant fait escale en juin dans l'île de Lérins, au monastère de Saint-Honorat, ils furent terrifiés par la mise en garde de leurs confrères : l'île de Bretagne était occupée par des Barbares féroces qui s'empresseraient de les occire dès leur débarquement. Les compagnons d'Augustin refusèrent d'aller plus loin. Le prieur retourna à Rome pour rendre compte de la situation au pape, qui se fit sévère : un moine était voué à l'obéissance; Augustin et ses quarante compagnons n'avaient plus qu'à obéir, c'est-à-dire à poursuivre leur route vers les rivages de la Bretagne. [...] [L]es missionnaires décidèrent de passer par la Gaule. Ils remontèrent la vallée du Rhône et durent évidemment rendre visite à la terrible reine Brunhilde (Brunehaut), régente des deux royaumes d'Austrasie et de Bourgogne. Augustin lui remit une lettre de recommandation signée du pape Grégoire. Ce fut efficace : elle leur donna pour compagnons des interprètes, qui parlaient latin, germanique et anglo-saxon. Embarqués à Boulogne, les voyageurs accostèrent l'Angleterre sur l'île de Thanet, à l'embouchure de la Tamise, là où le Jute Hengist avait constitué le premier royaume barbare de Bretagne, le Kent (sud-est de l'Angleterre). Le roi, arrière-petit-fils du fondateur, en était Éthelbert. Il avait épousé Berthe, fille de Charibert, roi de Paris, et nièce de Brunhilde. Le contact fut donc facilité. Il donna à ses frères la liberté de prêcher le christianisme. Un certain nombre d'eorls (nobles) se convertirent. Bientôt Éthelbert († 616) les imita : il fut baptisé durant la nuit de la Pentecôte, 5 juin 597. [...] Augustin [...] devenait archevêque de Cantorbéry. Le pape créa ensuite les évêchés de Londres et de Rochester. En 604, Séberct, roi d'Essex, demana à son tour le baptême. Ce serait le tour, après la mort de Grégoire, d'Edwin, roi de Northumbrie, avec la fondation de l'évêché d'York." (Yvan GOBRY, Dictionnaire des Papes, Pygmalion, Paris 2013, pp. 189-190.)

 

Les moines fondirent des écoles où les Saxons apprirent l'écriture. (Yvan GOBRY, Dictionnaire des Papes, Pygmalion, Paris 2013, p. 190.)

 

La conversion des Anglo-saxons fut l'une des grandes entreprises de Grégoire le Grand. L'Angleterre, l'Irlande deviendront des foyers d'où les missionnaires partiront christianiser l'Europe du Nord. Willibrord (+ 739) et Boniface (+ 754) évangélisent la Frise et l'Allemagne après avoir été sacrés évêques à Rome." (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je ?, 4e édition, Paris 2018, p. 35-36.)

 

Le roi Éthelbert († 616) sous l'influence d'Augustin de Cantorbéry, fera rédiger et adopter par l'assemblée de la noblesse saxonne le nouveau code administratif pénal intitulé les Jugements d'Éthelbert, qui opéreront la synthèse entre le droit barbare et le droit romain. Il fut entendu en outre que les moines romains fonderaient des écoles où les Saxons apprendraient l'écriture, le catéchisme et la liturgie romaine. (Yvan GOBRY, Dictionnaire des Papes, Pygmalion, Paris 2013, p. 190.)

 

Grégoire s'est également rendu célèbre par la réforme de la liturgie et le perfectionnement du chant ecclésiastique. C'est à lui que l'on doit le nom de chants grégoriens. (Wikipedia) "Il rassembla dans son Antiphonaire le chant sacré en honneur à Rome, en l'ordonnant, en l'ornant, et en y ajoutant des mélodies remarquables par leur élan et leur élégance; il veilla à la publication, à l'application, à l'extension et à la transmission de cette liturgie." (Yvan GOBRY, Dictionnaire des Papes, Pygmalion, Paris 2013, p. 192.)

 

Il prêchait souvent au peuple de Rome, et lorsque la maladie lui ôtait cette consolation, il composait des sermons et des homélies qui comptent parmi les chefs-d'œuvre de ce grand docteur. Son pontificat fut l'un des plus féconds dont s'honore l'Église.

 

"Grégoire en signe d'humilité, authentifie ses lettres d'une formule qui deviendra rituelle : Servus servorum Dei, le pape est [...] le serviteur des serviteurs de Dieu." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 93-94.)

 

Il combat l'esclavage et la simonie. "L'argent est le moteur de la simonie, mais Grégoire le Grand, dans son Homelia quarta in Evangelio, faisait aussi entrer en ligne de compte (pour les condamner comme simonie) d'autres procédés comme les services rendus, la flatterie ou toute autre considération humaine. Il considérait la simonie comme une hérésie, tout comme à sa suite Isidore de Séville (Etymologiae, VIII,5) et les réformateurs grégoriens." L'expression simonie étant tirée des Actes des Apôtres 8, 18-24, où Simon le magicien essaya d'acheter à Pierre et à Jean leur pouvoir de conférer l'Esprit Saint par l'imposition des mains. (Dictionnaire du Moyen-Âge, sous la direction de Claude GAUVARD, Alain de LIBERA, Michel ZINK, Quadrige Puf, Paris 2002, p. 1335.)

Comme notre Rédempteur a pris notre chair afin de nous délivrer de l’esclavage du péché, nous devons rendre à la liberté ceux qui en ont été privés par la loi des nations.

S. Grégoire cité dans le Dictionnaire encyclopédique d'histoire, de biographie, de mythologie et de géographie, par Louis Grégoire, Garnier Frères éditeurs, Paris 1871, p. 695-697

Lui-même donnant l’exemple, affranchit tous ses esclaves.

Libres des biens terrestres : "il faut que votre esprit domine ce que vous avez"

 

"Je veux vous inviter à tout abandonner, sans vous y obliger. Si vous ne pouvez pas abandonner entièrement le monde, retenez les biens de ce monde, mais de telles façon qu'ils ne vous retiennent pas dans le monde. Possédez, mais ne vous laissez pas posséder. Il faut que votre esprit domine ce que vous avez; autrement, si votre esprit est vaincu par l'amour des biens terrestres, c'est plutôt lui qui sera possédé par les biens qui lui appartiennent. [...]

"Tout ce qui se passe dans ce monde, regardez-le comme à la dérobée. Que votre regard intérieur se dirige en avant et considère avant tout les réalités qui sont votre but. [...]

"Ceux qui agissent ainsi, ont tous les biens du monde à leur disposition pour en user, non pour les désirer. De la sorte, qu'il n'y ait rien pour freiner le désir de votre esprit, aucune jouissance pour vous lier aux embarras du monde." (Grégoire le Grand, Homélies sur l'Evangile, livre II, homélie XXXVI, Sources chrétiennes n°22, Cerf 2008, p. 415.)

"Le pape Grégoire s'habitue également à remplacer le latin Gallia par l'expression de gens Francorum, peuple des Francs, voire même, dans au moins un cas, par un néologisme venu de l'autre côté des Alpes : 'Francia'." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 99.)

 

Grégoire mourut le 12 mars 604.

 

On le représente écoutant une colombe qui lui parle à l'oreille. Il est regardé comme le patron des chantres.

 

Depuis le concile Vatican II, l'Église le célèbre le 3 septembre (auparavant le 12 mars).

 

"Il est compté parmi les Docteurs de l'Église, titre que celle-ci décerne parcimonieusement aux théologiens qui ont d'une part énoncé d'une façon importante les vérités de la foi et d'autre part mérité la canonisation.  [...] Le traité le plus considérable de ce Docteur est les Morales sur Job (Moralia in Job) en trente-cinq livres, titre quelque peu étroit pour désigner un ensemble de commentaires qui ne ressortissent pas seulement à la morale,  mais au dogme et à la spiritualité. Ces textes composés de 579 à 585, c'est-à-dire durant les années où l'auteur fut apocrisiaire, puis abbé, sont en fait une série de conférences monastiques. [...] Grégoire a aussi rédigé d'abondants commentaires de l'Écriture, [...] vingt-deux Homélies sur le prophète Ézéchiel, soixante Homélies sur les Évangiles, recueil de prédications sur les Évangiles dimanches et fêtes. Enfin, une Exposition sur le Cantiques des cantiques" (Yvan GOBRY, Dictionnaire des Papes, Pygmalion, Paris 2013, p. 192.)

 

Sources : (1) ; (2) ; (3) Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p. 86 ; Yvan GOBRY, Dictionnaire des Papes, Pygmalion, Paris 2013, p. 190

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Publié par Ingomer - dans Saints du jour

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