Né en Serbie, fils de l'empereur Constance Chlore et de sainte Hélène, Constantin fut élevé à la cour de Dioclétien et proclamé empereur en Gaule après la mort de son père, en 306.
Son génie fut de reconnaître la force morale des chrétiens et de gouverner avec eux et non plus contre eux, comme l'avaient fait ses prédécesseurs. Son règne marque la fin des persécutions contre les chrétiens.
"De l'avis de tous, Constantin joua certainement le rôle d'accélérateur de l'histoire. [...] Mais le christianisme était déjà une présence sociale avant Constantin, et il continua à s'enraciner en Europe après lui, dans un milieu différent qui devint celui des royaumes barbares. [...] Le christianisme a survécu à la chute de l'Empire et a gagné les Barbares, qui ont [...] adopté la religion des vaincus." (Marie-Françoise Baslez, Comment notre monde est devenu chrétien, CLD Éditions, Points Histoire, Lonrai 2015, p. 202.)
"S'il faut identifier le christianisme populaire par le culte des saints, les miracles et les exorcismes, son acte de naissance est bien antérieur au IVe siècle." (Marie-Françoise Baslez, Comment notre monde est devenu chrétien, ibid., p. 132-133.)
Le Chrisme: image que vit Constantin dans le ciel avant la bataille du Pont Milvius, correspondant aux lettres grecques X Chi et P Rho (XP), les deux premières lettres du mot Christ. |
Constantin Ier, et toute son armée avec lui, vit apparaître dans le ciel une croix. Jésus, dans un rêve prémonitoire, lui promit aussi de vaincre Maxence par le chrisme, symbole formé des deux lettres grecques Khi (X) et rho (P), les deux premières lettres de Christ. Constantin les fit apposer sur les étendards de son armée et les boucliers de ses hommes.
Bataille du Pont Milvius, fragment d'une fresque de Raphaël au Vatican, in La Gaule chrétienne, D'après les écrivains et les monuments anciens, Paris Librairie Hachette et Cie, Paris 1879, p. 43
Le 28 octobre 312, au Pont Milvius, à quelques kilomètres au nord-est de Rome, deux empires, deux mondes s'affrontaient devant les siècles : l'empire des Césars et la monarchie chrétienne, le monde païen et le monde chrétien. Combattant sous le drapeau marqué de la croix, son armée composée de Germains, de Gaulois et de chrétiens au nombre de 98.000 fantassins et cavaliers, vainquit les Romains, Italiens, Carthaginois, Tyrrhéniens et Siciliens ainsi que Maxence au nombre de 188.000 fantassins et cavaliers, sous les murs de Rome. Constantin se fit chrétien, concluant ainsi la paix avec l'Église. Il se convertit et édifia à Rome une basilique sur le tombeau de saint Pierre, premier pape.
Maxence défait et noyé, Constantin entra dans Rome. Une statue le représente tenant la croix à la main, avec cette inscription qu'il dicte lui-même :
"C'est avec ce signe salutaire, vrai symbole de force, que j'ai délivré votre ville du joug de la tyrannie, et que, rendant la liberté au sénat et au peuple romain, je les ai rétablis, dans leur ancienne majesté et leur ancienne splendeur." (Euseb, Vit. Constant., lib. C., c. XXXIII.)
"Constance Chlore meurt en juillet 306. Son fils Constantin part pour le Rhin où les Frances relèvent la tête. [...] Constantin écrasera les troupes de Maxence près de Rome, au Pont Milvius, le 28 octobre 312. Parmi les soldats de la IIe Légion Italica qui lui valent cette victoire décisive, on compte déjà beaucoup d'auxiliaires francs.
[...] Au début de 313, Constantin est obligé de revenir en personne à Trèves. Les Alamans et les Francs s'inclineront finalement devant l'empereur, devenu chrétien. Pour célébrer son triomphe, Constantin institue des Jeux franciques, où des prisonniers barbares sont sacrifiés. Il décrète aussi l'émission de monnaies commémoratives. Quelques-uns de ces sous d'or, admirablement conservés, représentent une femme prostrée, gémissant sur sa défaite. La légende désigne l'infortunée : Francia." (Philippe DELORME, Préface de Jean TULARD de l'Institut, Contre-Histoire de France, Ni romance, ni repentance, Via Romana, Le Chesnay 2024, p. 35)

Constantin attribue à la protection de Saint Michel Archange de nombreuses victoires obtenues contre ses ennemis et, en reconnaissance, il fit construire un magnifique sanctuaire à Constantinople : le célèbre Michaelion. Ce sanctuaire devint un lieu de pèlerinage : un grand nombre de malades y obtinrent la guérison par l'intercession de l'archange Michel. (Père Gilles Jeanguenin, Le Prince des Anges Saint Michel, Pierre Téqui éditeur, Paris 2002, p. 12.)
Il proclama l'édit de Milan (312) qui donna la liberté aux chrétiens de pratiquer leur culte et de propager leur foi. Il restitua les biens ecclésiastiques confisqués par Maxence. Légalement, depuis 313, les cultes officiels n'étaient plus obligatoires pour personne, mais leur statut n'était pas aboli. La conversion de Constantin ne donna pas le signal d'une revanche contre le paganisme.
"Vous qui estimez que cela vous est utile, rendez-vous aux autels publics, aux temples, et célébrez les rites auxquels vous êtes habitués: nous n'empêchons pas en effet de célébrer en plein jour les rites de cet ancien usage illicite" (15 mai 319.)
Chrisme surplombant une chapelle de l'Eglise Saint-François-Xavier, Paris |
"Il est manifeste, écrit Constantin, que la négligence de la religion, dans laquelle est conservée le respect souverain de la très-sainte et très-haute puissance, est cause de grands dangers pour les affaires de l'Etat; en revanche, lorsque la religion est reçue et gardée conformément aux lois, elle apporte, procurée par les bienfaits divins, une très grande prospérité au nom romain et une réussite notable à toutes les entreprises humaines" (Lettre III, 1.)
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Se rendant en Orient en 324, il constata le grand nombre de dissensions du fait de l'hérésie arienne du prêtre alexandrin Arius (niant la pleine divinité du Christ). Afin de rétablir la paix religieuse, fconcile oecuménique en 325 à Nicée et Le nombre des évêques qui participèrent au concile varie selon les sources, entre 250 (Eusèbe de Césarée), entre 270 et 300 (Eustathe d'Antioche et Athanase d'Alexandrie) et 318 (Hilaire de Poitiers). L
il réunit unLe concile condamna la doctrine d'Arius et Constantin fit exiler Arius. Ce concile inaugura le césaropapisme (système de gouvernement temporel de césar qui, dans une volonté de domination universelle, cherche à exercer son pouvoir sur les affaires religieuses), pratique de confusion du temporel et du spirituel entre les mains du souverain, qui était déjà celle des empereurs romains et de tous les anciens empires, mais qui ne correspondait pas à l'essence du christianisme, qui distinguait les deux pouvoirs ("Rendez à césar ce qui est à césar et à Dieu ce qui est à Dieu." Mc 12:17; Mt 22:21, Lc 20:25.)
Constantin séjourna plusieurs fois dans les Gaules et prit des mesures de révision du cens pour y alléger les impôts.
St Pierre au Vatican, où les premiers pèlerins venaient rendre un culte à Saint Pierre à l'emplacement du cirque de Néron;
celles de- à Rome, de Saint-Paul hors les murs, de Sainte Croix de Jérusalem, de Saint-Sébastien, des Saints-Pierre-et-Marcellin, de Saint-Laurent et de Sainte-Agnès (ces deux derniers édifices seraient dus à d'autres membres de la dynastie).
Par décret du 7 mars 321, Constantin fait du dimanche le "jour du Seigneur", jour de repos hebdomadaire obligatoire au sein de l’Empire (Code Justinien 3.12.2 ; Marie-Françoise Baslez, Comment notre monde est devenu chrétien, ibid., p. 185.)
Mais le premier à opposer le respect du "Jour du Seigneur" (dimanche, jour de la Résurrection de Jésus) à l'observance du sabbat fut saint Ignace d'Antioche, martyr vers 115 ap. J.-C., dans son épître aux Magnésiens 9,1. (Pierre MARAVAL, Simon Claude MIMOUNI, Le Christianisme, des Origines à Constantin, Nouvelle Clio, l'Histoire et ses problèmes, PUF, Clamecy 2018, p. 248, 254 et 260.)
Le dimanche, "jour du Seigneur" marqué par le culte eucharistique communautaire, propre aux chrétiens, est attesté dès les origines. (Pierre MARAVAL, Simon Claude MIMOUNI, Le Christianisme, des Origines à Constantin, ibid., p. 446.) Au IIe siècle, le culte eucharistique, décrit par saint Justin - lectures, prières, consécration du pain, de l'eau et du vin, distribution et partage des choses consacrées (Apologie 65 et 67) - se réalise suite au baptême et le dimanche. Il a lieu le matin, ce qui indique qu'il est séparé du repas qui l'accompagnait aux origines et qu'il s'est davantage ritualisé. (Pierre MARAVAL, Simon Claude MIMOUNI, Le Christianisme, des Origines à Constantin, ibid., p. 438.)
Si Constantin n'évite pas la guerre civile qui éclate entre ses fils (Constantin II à Trèves, Constant à Sirmium et Constance II à Antioche), il en limite les conséquences et permet, in fine, la réunification du monde romain entre les mains de Constance II (353), puis de son neveu Julien (361).
Le principe héréditaire l'emportait sur l'élection par les légions, ce fléau qui vit des coup d'Etat permanent caractériser l'Anarchie militaire du IIIe siècle, où 18 empereurs se succédèrent en 49 ans (235-284), cinquante années marquées de guerres, de ravages, d'invasions (particulièrement en Occident qui vit les premières invasions germaniques). "Être élu empereur dans la période d'un demi-siècle qui suit la mort de Sévère Alexandre, est une destinée tragique. Les élus acceptent le principat comme un arrêt de mort" (Ferdinant Lot, La Fin du monde antique et le début du Moyen Âge, 1927, Albin Michel, Paris 1989, p. 21).
La victoire du principe héréditaire correspondait à une tendance latente depuis le Haut-empire : les Césars s'étaient succédé dans la famille d'Auguste, les Julio-Claudiens, puis les Flaviens, les Antonins eux-mêmes, et enfin les Sévères. Le principe héréditaire répondait à l'évolution des mentalités et à une reconnaissance d'un pouvoir transcendant, qui ne doit rien au consentement des administrés, tout au caractère divin que lui a imprimé son investiture. C'était proprement l'héritage grec de la croyance en un Dieu ordonnateur du monde (Cf. Platon, Gorgias). L'empereur devint l'instrument choisi par la divinité pour faire régner l'ordre sur la création. Et là aussi, la tendance remonte plus loin. (Cf. L'Arc de Bénévent représentant Jupiter tendant le foudre à l'empereur Trajan).

"La politique de Constantin, même lorsqu'il est devenu seul empereur en 324, a voulu [...] créer un véritable consensus entre chrétiens et païens en faveur d'un espace public religieusement neutre, même si lui-même a opté publiquement pour le christianisme." (Simon Claude MIMOUNI, Pierre MARAVAL, Le Christianisme, des Origines à Constantin, Nouvelle Clio, l'Histoire et ses problèmes, PUF, Clamecy 2018, p. 503.)
"Les racines chrétiennes de l'Europe ont poussé lentement et tout n'était pas acquis en 337, mais le modèle du souverain chrétien, l'établissement d'une dynastie chrétienne et le développement institutionnel de l'Église sont bien des fondations constantiniennes, gages d'une expansion future du christianisme." (Marie-Françoise Baslez, Comment notre monde est devenu chrétien, CLD Éditions, Points Histoire, Lonrai 2015, p. 195.)
Michel de JAEGHERE, Les Derniers jours, La fin de l'Empire romain d'Occident, Perrin Collection Tempus, Malesherbes 2016 ; (8) Jean-Marie SALAMITO, Monsieur Onfray, Au Pays des Mythes, Réponses sur Jésus et le christianisme, éd. Salvator, Paris 2017 ; (9) Joël SCHMIDT, Les Gaulois contre les Romains, Perrin Collection Tempus, Millau 2017, p. 385 ; (10) Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 304-305.
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