Alors Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. »
La Fête de l'Exaltation de la Croix célébrée dans l'Église catholique romaine et dans l'Église orthodoxe remonte à la "dédicace de Constantinople", peu après la fondation de la ville par Constantin Ier.
La ville de Constantinople détenait une relique de la Vraie Croix qui avait été découverte à Jérusalem par Ste Hélène, la mère de l'empereur Constantin, lors de son pélerinage de 325 sur l'emplacement du Golgotha, le lieu où le Christ fut crucifié et mis au tombeau. L'habitude fut prise par la suite chaque année d'organiser une grande procession à travers la ville, avec ostension de la relique.
Aujourd’hui encore, en Orient, on célèbre l’Exaltation de la Croix avec autant d’honneur que la fête de Pâques. Dans la mesure où "il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime" (Jn 15, 13), la Croix est devenue un signe glorieux, car elle révèle la passion de Dieu pour l’humanité et parce qu’elle est salut pour le monde.
Le signe de croix est présent dans la prière, les sacrements, les célébrations tout au long de la vie chrétienne. Lorsque au début de toute prière individuelle ou communautaire, le chrétien fait le "signe de croix", rassemblant trois doigts (pouce, index, majeur), et les appose sur son front et sur son coeur, puis sur ses épaules, de droite à gauche chez les orthodoxes, ou de gauche à droite chez les catholiques romains, il proclame sa foi en la Trinité (un Dieu en trois personnes) ; il dit sa confiance dans la croix de Jésus ; il rappelle la "signation" de son baptême qui l’a introduit dans le mystère pascal. Tout entier, corps et esprit, le chrétien est sous le signe de la miséricorde de Dieu manifestée en Jésus-Christ. (La Croix.com)
Elle figure la divine Trinité (un Dieu en trois personnes) qui s'exprime par le signe de croix, par lequel le chrétien rassemble trois doigts (pouce, index, majeur), symbole de l'indissociabilité de la Trinité, et les appose sur son front et sur son coeur, puis sur ses épaules, de droite à gauche chez les orthodoxes, ou de gauche à droite chez les catholiques romains.
Éphrem le SyriaqueGravons au-dessus de nos portes, sur le front, sur la bouche, sur la poitrine et sur toutes les autres parties de notre corps, le signe vivifiant de la croix ; revêtons-nous de cette impénétrable armure des chrétiens : car la croix est la victoire de la mort, l’espérance des fidèles, la lumière du monde, la clef du paradis, le glaive qui extermine les hérésies, le secours des âmes religieuses, le soutien de la foi, la défense, la garde et la gloire des catholiques. Porte toujours avec toi, Ô chrétien ! Cette arme de jour et de nuit, en tous lieux et à toutes les heures ; n’entreprends jamais rien sans faire le signe de la croix. Quand, tu dors, quand tu veilles, quand tu marches, quand tu travailles, quand tu manges, quand tu bois et que tu es sur mer, que tu traverses les rivières, prends cette armure de la sainte Croix : car, tant que tu en seras armé, les esprits malins s’éloigneront de toi et n’oseront en approcher." ( https://www.laviedessaints.com/invention-de-la-sainte-croix/ )
"A tous les pas que nous faisons, écrit Tertullien (160-220), en entrant, en sortant, quand nous nous habillons, quand nous nous levons, quand nous nous mettons à table, quand nous nous asseyons, quand on nous apporte de la lumière, quand nous nous couchons, et généralement dans toutes nos actions, nous faisons le signe de la croix sur le front."
"Dextra manu in nomine Christe quos crucis signo obsignandi sunt obsignamus. Nous faisons le signe de la croix de la main droite sur les catéchumènes, parce que la main droite est censée plus noble que la gauche, bien qu'elle n'en diffère que par sa position, et non par nature; ainsi, nous prions vers l'Orient, comme étant la partie la plus noble de la création. De qui l'Eglise a-t-elle reçu cette manière de prier ? De ceux-là même qui lui ont appris à prier : les Apôtres." (Quæst, 18, Saint Justin, martyr 165)
La croix est l’espérance des chrétiens, la résurrection des morts, le bâton des aveugles, l’appui des boiteux, la consolation des pauvres, le frein des riches, la confusion des orgueilleux, le tourment des méchants, le trophée contre l’enfer, l’instruction des jeunes, le gouvernail des pilotes, le port de ceux qui font naufrage et le mur des assiégés. Elle est la mère des orphelins, la défense des veuves, le conseil des justes, le repos des affligés, la garde des petits, la lumière de ceux qui habitent dans les ténèbres, la magnificence des rois, le secours de ceux qui sont dans l’indigence, la sagesse des simples, la liberté des esclaves et la philosophie des empereurs. La croix est la prédiction des Prophètes, la prédication des Apôtres, la gloire des Martyrs, l’abstinence des Religieux, la chasteté des Vierges et la joie des Prêtres. Elle est le fondement de l’Église, la destruction des idoles, le scandale des Juifs, la ruine des impies, la force des faibles, la médecine des malades, le pain de ceux qui ont faim, la fontaine de ceux qui sont altérés et le refuge de ceux qui sont dépouillés." ( http://har22201.blogspot.com/2012/05/invention-de-la-sainte-croix.html )
Cet exemple des chrétiens des premiers siècles devrait faire impression sur nos esprits, et nous devrions, à leur imitation, faire continuellement le signe sacré de la croix, puisque nous apprenons qu’il n’est point de remède plus prompt ni plus assuré contre les traverses et les tentations de la vie.
Plus tard, en 613 les Parthes Sassanides s’emparèrent de tout le Moyen-Orient (Syrie, Palestine, Egypte). En 614, ils avaient pris Jérusalem et emporté la relique de la Croix à Jérusalem. Maintes églises avaient flambé, parmi lesquelles, celle de la Résurrection, bâtie par Constantin. D'innombrables couvents avaient été détruits, les moines et les moniales dispersés. Trésors sacrés, étoffes rares, vases d'or et d'argent, tout avait été expédié vers les capitales iraniennes. La Sainte Croix enlevée du Saint-Sépulcre avait été envoyée en trophée à Ctésiphon. On parlait de 60.000 morts, 37000 chrétiens emmenés en esclavage, parmi lesquels le patriarche Zacharie. Les Perses n'avaient rien respecté hormis à Bethléem, la basilique de la Nativité, à cause disait-on, de la mosaïque de l'"Adoration des Mages", où ils avaient reconnu leurs costumes nationaux. Peu après, arrivèrent à Constantinople deux reliques que le préfet d'Egypte avait pu sauver, la Sainte Lance et l'Eponge de la Passion. En 619, Alexandrie tomba et l'Egypte fut abandonnée.
Alors que le patriarche Serge de Constantinople déclarait la guerre sainte contre les Perses, l'empereur romain d'Orient Heraclius, "le premier croisé" (Daniel-Rops), lança alors une formidable contre-offensive en 622, en Palestine, d'où il parvint à chasser les Parthes, ainsi que de toute l'Asie Mineure (Turquie actuelle), de l'Égypte et de la Syrie.
"C'est bien à une croisade que nous assistons ici, écrit René Grousset, croisade s'il en fut jamais, puisque les armées chrétiennes s'ébranlent à la voix du chef de l'Église (de Constantinople NdCR.) et qu'elles ont pour objectif la délivrance du Saint Sépulcre et la reconquête de la Vraie Croix." "Non, dit le patriarche, tu n'as pas le droit d'accepter que la Sainte Croix du Christ soit à Ctésiphon un objet de risée !" Au même moment, l'empereur perse Chosroès II écrivait à Héraclius une lettre insultante : "Tu prétends mettre en Dieu ta confiance; alors pourquoi donc n'a-t-il pas sauvé de mes mains Césarée, Jérusalem et Alexandrie ? S'il me plaisait, ne détruirais-je point aussi bien Constantinople ? Quant à ton Christ, ne te laisse donc pas abuser par un vain espoir en lui : il n'a même pas été capable de se sauver lui-même des main des Juifs qui le crucifiaient !" (Daniel-Rops, Histoire de l'Eglise du Christ, tome III L'Eglise des temps barbares, Librairie Arthème Fayard, Editions Bernard Grasset, Paris 1965, p. 267, 269.) À l'été 622, pendant que la flotte byzantine gardait le détroit du Bosphore contre les Sassanides, Héraclius commença par fondre sur la Galatie et la Cappadoce (Asie Mineure); là à Issos, près de la bataille où le grand Alexandre livra la bataille, il passa l'été en manœuvres avant de battre le général perse Shahrbaraz à l'automne. Il rejeta les Perses sur l'Euphrate, franchit d'un bond l'Arménie, se lança en plein pays perse, prit Erevan, vengea le sac de Jérusalem en incendiant le temple mazdéen de Tabriz. En 627, il prit Tiflis, traversa l'Arménie, envahit l'Assyrie, écrasa la meilleure armée perse près d'Arbèles, au lieu même où Alexandre avait vaincu le Grand Roi. Épuisée, la Perse demanda grâce. Partout des villes sacrées des Mazdéens flambaient. Enfin, le 25 février 628, la nouvelle éclata : détrôné par son propre fils Kavadh, le dernier Grand Roi, Chosroès II, venait d'être exécuté dans la "maison des ténèbres". Son fils Kavadh II, mourra de la peste six mois plus tard et son petit-fils, Yazdgard III, après avoir perdu Cstésiphon et la Perse devant les Arabes, sera assassiné à l'automne 651 par un meunier qui voulait lui voler ses bijoux (Kia, Mehrdad,, The Persian empire : a historical encyclopedia, 2016). Son corps, jeté dans une rivière sera repêché par des paysans, identifié et inhumé par Élie, l'évêque chrétien nestorien de Merv.
En 629, Héraclius ramena la relique de la Vraie Croix à Jérusalem. Avant de quitter Constantinople, il vint à l'église les pieds chaussés de noir, en esprit de pénitence ; il se prosterna devant l'autel et pria Dieu de seconder son courage ; enfin il emporta avec lui une image miraculeuse du Sauveur, bien décidé à combattre avec elle jusqu'à la mort. Le Ciel aida sensiblement le vaillant empereur : son armée courut de victoire en victoire ; une des conditions du traité de paix fut la reddition de la Croix de Notre-Seigneur dans le même état où elle avait été prise en 614. Reçu à Constantinople par les acclamations du peuple, on alla au-devant d'Heraclius avec des rameaux d'oliviers et des flambeaux. La vraie Croix fut honorée, à cette occasion, d'un magnifique triomphe. (630)
Pour donner plus d'éclat à cette marche triomphale, Dieu permit que plusieurs miracles fussent opérés par la vertu de ce bois sacré. À la suite de ces événements fut instituée la fête de l'"Exaltation de la Sainte Croix", pour en perpétuer le souvenir.
Cependant, la même année 630, Mahomet conquit La Mecque dont les habitants adoptèrent la doctrine. En 638, menés par le calife Omar, son successeur, les musulmans s'emparaient pour la première fois de Jérusalem. La cité sainte ne sera récupérée pour la Chrétienté qu'en 1099 lors de la première Croisade. Les Francs s'établiront dans ces vieilles terres chrétiennes qui avaient été enlevées aux chrétiens par les invasions armées arabes au VIIe siècle. La ville de Jérusalem sera de nouveau prise par les musulmans conduits par Saladin en 1187. Elle reviendra sous contrôle chrétien suite aux tractations
Au VIIIe siècle, Saint Damascène (675-749) écrit : "La croix est notre bouclier, notre défense et notre trophée contre le prince des ténèbres. Elle est le signe dont nous sommes marqués, afin que l’ange exterminateur ne nous frappe point, et de crainte que nous ne tombions dans des filets où nous trouverions notre perte. Elle relève ceux qui sont tombés, elle soutient ceux qui sont debout, elle fortifie les faibles, elle gouverne les pasteurs ; elle est le guide de ceux qui commencent, et la perfection de ceux qui achèvent ; la santé de l’âme et le salut du corps, la destruction de tous les maux, la cause et l’origine de tous les biens, la mort du péché, l’arbre de la vie et la source de notre félicité."
En 1205, un crucifix (le crucifix de l'église Saint-Damien à quelques centaines de mètres d'Assise, sur le chemin de Spolète,) parla à S. François d'Assise et fut à l'origine de sa mission évangélisatrice. François, qui s'était arrêté pour prier devant le crucifix en bois peint dans la tradition byzantine, la tradition a conservé la prière que le jeune homme qui cherchait sa voie adressa à Dieu en s'agenouillant devant cette image :
"Ô Dieu haut et glorieux illumine les ténèbres de mon coeur. Donne-moi la foi droite, l'espérance certaine et la charité parfaite, le sens et la connaissance, Seigneur, pour que, moi, je fasse ton saint et véridique commandement. Amen.
Une voix l'interpella:
"François, va réparer ma maison, qui, tu le vois, se détruit tout entière." (Legenda major, de S. Bonaventure)
La Révolution de 1789 marque la disparition de la Sainte Relique. Le 25 avril 1794, la Vraie Croix était dépouillée des matières précieuses qui l’ornaient et sa trace se perd.
Au milieu des ruines de l'incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris du 15 avril 2019, le maître autel, la croix et la statue de la Vierge Marie ont été miraculeusement retrouvés intacts.
Et du "trésor de Notre-Dame", la tunique du roi Saint-Louis, la Couronne d'épines du Christ, le clou de la crucifixion et un morceau de la vraie Croix, reliques de la Passion du Christ ont été sauvées, annonça lundi soir le recteur de la cathédrale, Mgr Patrick Chauvet. ( https://www.leparisien.fr/societe/incendie-a-notre-dame-que-reste-t-il-des-tresors-religieux-15-04-2019-8054091.php )
Alors Jésus dit à ses disciples: "Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il renonce à soi-même, qu'il prenne sa croix et me suive.
C’est à cause de nous-mêmes que nous endurons ces souffrances, pour avoir péché contre notre propre Dieu.
Aujourd'hui, la fête de l'Exaltation de la Sainte Croix revêt des significations plus spirituelles.
Elle symbolise la présence de la Croix à l'intérieur des chrétiens. Porter sa croix est d'abord en effet une démarche intérieure. Par-dessus tout, la leçon de la fête de la Croix glorieuse pourrait se résumer dans les mots suivants sous la forme d’un appel lancé à chaque chrétien : donner sa vie par amour pour les autres.
Dieu a donné les lois à son peuple pour la vie, elles sont données par Dieu au peuple comme des lois qui sauvent la vie et maintenant ceux qui veulent obéir à la loi de Dieu doivent mourir à eux par amour pour les autres parce qu'ils veulent obéir à Dieu et se conformer à Jésus. Ainsi, ils ne sont pas des esclaves, mais des Fils du Roi, libérés du péché.