Huit jours après la Nativité du Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, nous célébrons Sa Mère, celle qui Lui a donné son être humain, corps et âme par l'Esprit-Saint qui vient sur elle, la plaçant elle-même dans l'orbite de la paternité divine. C'est la raison pour laquelle le concile d'Éphèse, en 431 ap. J.-C. la proclama la Theotokos (en grec Θεοτόκος; en latin Deipara o Dei genetrix), la Mère de Dieu, puisque son fils est Dieu. Ce qui ne préjuge pas de la différence entre Marie créature humaine et Jésus Fils éternel de Dieu.
La circoncision de Jésus, relaté dans l'Évangile selon Saint Luc (Lc 2,21), était autrefois une fête liturgique célébrée par les Églises catholique et orthodoxe le 1er janvier ; en 1974 elle fut remplacée par la fête de "Sainte Marie, Mère de Dieu".
La solennité de Sainte Marie Mère de Dieu est la première fête mariale apparue dans l’Église occidentale. [1]
D'un point de vue théologique, au IVe siècle, l'hérésie d'Arius (arianisme) affirmait que si Dieu était divin, son Messager (le Fils pour les chrétiens trinitaires), lui, était d'abord humain et apportait la parole de Dieu sur terre, mais ne disposait pas d'une nature divine. Cette hérésie qui niait la divinité du Christ, fut rejetée au premier concile œcuménique, dit de Nicée, en 325.
Au Ve siècle, l’affirmation de Marie comme Mère de Dieu était la garantie de l’affirmation de la personne divine du Christ. Le problème posé par la crise nestorienne voyant deux hypostases (personnes) dans le Christ ne sera pas seulement mariologique, il sera fondamentalement christologique. La vérité contestée était en effet celle de l’unité de la personne (hypostase) du Christ, c'est-à-dire l'unité du Père et du Fils dans le Christ (Cf. I Jn 2, 22 "Voilà l'antichrist, celui qui nie le Père et le Fils.") Cette unité du Père et du Fils fut donc reconnue par le concile d’Ephèse, en 431, qui enseignait que dans le Christ ne se trouvait qu'une seule hypostase, la personne divine, qui a assumé une nature humaine [2], union fondée sur le mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu ayant pris chair de la Vierge Marie, dans le sein de laquelle le Verbe éternel a assumé la nature humaine de manière ineffable et indicible, selon la parole évangélique : "Et le Verbe s'est fait chair et il a demeuré parmi nous." (Jn 1,14).
Sur la base de la seconde lettre de Cyrille d’Alexandrie (376-444) à Nestorius, qui fut approuvée par le concile, le Fils éternel du Père est celui qui, à la suite de l’engendrement charnel, est né de la Vierge Marie. De cette vérité sur le Christ dérivait la conséquence suivante pour Marie: pour cette raison, et en vertu de cette même union hypostatique, Marie est légitimement appelée Theotokos, "Mère de Dieu". Les Douze Chapitres formulés par Cyrille d'Alexandrie dans sa dernière lettre à Nestorius seront joints aux actes canoniques du concile d'Éphèse.
Après 440, une nouvelle hérésie, le "monophysisme" d'Eutychès, accentuera la nature divine du Christ, considérant la nature humaine comme seulement une "apparence", en réalité absorbée par la divine. Ce qui amènera la convocation du concile de Chalcédoine, en 451, 4e concile œcuménique, qui proclamera que l'union hypostatique dans la personne du Christ n'entraîne pas la confusion des deux natures, ni l'absorption de l'une par l'autre, définissant cela en une formule désormais célèbre : dans le Christ, "vrai homme et vrai Dieu", les deux natures humaine et divine sont "sans confusion, sans mutation, sans division, sans séparation". [3]
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Prière du P. Léonce de Grandmaison, jésuite et théologien : Sainte Marie Mère de Dieu, gardez-moi un cœur d'enfant, pur et transparent comme une source. Obtenez-moi un cœur simple.
Sainte Marie Mère de Dieu
gardez-moi un cœur d'enfant
pur et transparent
comme une source.
Obtenez-moi un cœur simple
qui ne savoure pas les tristesses.
Un cœur magnifique
à se donner,
tendre à la compassion.
Un cœur fidèle et généreux
qui n'oublie aucun bien
et ne tienne rancune
d'aucun mal.
Faites-moi un cœur doux
et humble
aimant sans demander
de retour,
joyeux de s'effacer
dans un autre cœur
devant votre divin Fils.
P. Léonce de Grandmaison, jésuite et théologien [4]
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Sources : (1) ; (2) "Nestorianisme", dans Dominique LE TOURNEAU, L'Église et l'État en France, PUF, Que sais-je ?, Vendôme 2000, p. 424 ; (3) ; (4)