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9 septembre 2023 6 09 /09 /septembre /2023 08:31
"Grande Mère Russie" : le pape François déclare à nouveau que "la culture russe est d'une grande beauté et d'une grande profondeur et ne doit pas être écartée pour des raisons politiques"

Le synode gréco-catholique ukrainien dit au pape François qu'il a fait des déclarations "douloureuses"

 

Lors d'une réunion avec les évêques du Synode de l'Église gréco-catholique ukrainienne au Vatican, le 6 septembre 2023 … le pape François a expliqué ses récents propos controversés envers les jeunes catholiques russes en faisant référence aux explications qu'il a données aux journalistes dans l'avion revenant de Mongolie.

 

Interrogé sur ses commentaires sur la "grande Mère Russie" dans l'avion reliant Oulan-Bator à Rome le 4 septembre, le pape a déclaré qu'il entendait louer la culture russe et encourager les jeunes à assumer la responsabilité de l'héritage du pays.

 

« La culture russe est d'une grande beauté et d'une grande profondeur et ne doit pas être écartée pour des raisons politiques. Il y a eu des années sombres en Russie, mais son héritage est toujours resté intact », a-t-il déclaré aux journalistes lors de la conférence de presse à bord.

 

François a ajouté que c’est l’idéologie, et non la culture, "qui est le poison".

 

"Quand l’idéologie se renforce et devient politique, elle devient généralement une dictature, elle devient incapable de dialoguer, d’avancer avec les cultures. Et c’est ce que font les impérialismes", a-t-il déclaré.

 

Le synode de l’Église gréco-catholique ukrainienne se tient à Rome, un mois seulement avant l’assemblée du Synode des évêques de l’Église catholique latine.

 

Source: https://www.catholicnewsagency.com/news/255290/ukrainian-greek-catholic-synod-tells-pope-francis-he-has-made-painful-statements

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9 septembre 2023 6 09 /09 /septembre /2023 00:00
Bx Alain de la Roche, dominicain (1428-1475)

Alain de la Roche, naît près de Plouër sur Rance (Bretagne) un 8 septembre vers 1428. Il entra très jeune chez les Dominicains à Dinan, fut étudiant puis, en 1459, professeur à Saint Jacques à Paris, 1460 à Lille, 1464 Douai, 1468 Gand, 1473 Rostock et aux Pays Bas. Il est à l’origine de la dévotion du rosaire, dont il attribuait la paternité à St Dominique lui-même. (1) 

La Vierge Marie lui serait apparue en 1473. (2)

Il parcourut la France, l'Allemagne et les Pays-Bas pour développer la dévotion du chapelet et fonder des confréries du Rosaire.

Rien de plus palpitant que l'histoire de ses combats et de ses travaux, où il fut soutenu par de nombreuses visions et par le don des miracles. (3)

Il meurt le 08 septembre 1475 à Zwolle (Pays-Bas). Béatifié par la voix populaire, il est traditionnellement vénéré comme Bienheureux dans toute l’Europe et dans l’Ordre Dominicain, il n’a jamais été officiellement béatifié. (4)

 

Il est célébré le 8 ou le 9 septembre selon les endroits.

Sources: (1), (2) Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, , (3), (4)

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Publié par Ingomer - dans Saints du jour
8 septembre 2023 5 08 /09 /septembre /2023 00:00
Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie

L’année liturgique comporte trois cycles : celui des dimanches, des fêtes en l’honneur de Jésus-Christ et des fêtes des saints. La première grande fête du cycle des saints est celle de la Nativité de la Vierge Marie, mère de Jésus-Christ, célébrée le 8 septembre de chaque année.

 

La fête du 8 septembre est très ancienne. Si elle a été célébrée très tôt à Constantinople et à Jérusalem, elle a pris forme à Rome au VIIe siècle.

 

Au cours de cette fête, les fidèles sont mis en présence de la plus haute sainteté humaine reconnue et vénérée par l’Église, celle de la Vierge Marie. Les textes lus et les prières chantées à cette occasion éclairent au mieux le sens du culte que l’Église à cette occasion éclairent au mieux le sens du culte que l’Église rend à Marie.

 

Les évangélistes ne nous disent pas où est née Marie. On sait seulement qu’elle était parente d’Elisabeth qui habitait en Judée. Il n’est donc pas impossible qu’elle soit elle-même originaire de Jérusalem comme le veut une antique tradition dont on trouve trace dans l’évangile apocryphe de Jacques, qui nous parle des parents de la Vierge, Anne et Joachim. Il existait également et très anciennement, à Jérusalem, une maison appelée « la Maison d’Anne ».

 

Près de cette maison fut érigée une église dont la dédicace eut lieu un 8 septembre. L’anniversaire de cette dédicace fut commémoré chaque année. La fête s’étendit à Constantinople au 5ème siècle puis en Occident. Plus tard, on lui adjoignit la fête de sa conception, neuf mois auparavant d’où le 8 décembre. La Nativité de Marie est une des grandes fêtes de l’année liturgique byzantine car elle inaugure l’économie du salut et l’inscription du Verbe de Dieu dans l’histoire des hommes.

 

Aie pitié de moi, pécheur, et viens à mon aide, ô ma Dame. Ta glorieuse naissance de la race d’Abraham, de la tribu de Juda, de la souche de David, n’a-t-elle pas apporté la joie au monde entier ? Qu’elle me remplisse aussi de joie et me purifie de tout péché.

 

(Prière anonyme du Moyen Age)

 

Sources: (1)(2)

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8 septembre 2023 5 08 /09 /septembre /2023 00:00
Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie. Anonyme, XVIIe. Bavière

Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie. Anonyme, XVIIe. Bavière

La fête du 8 septembre est très ancienne. Si elle a été célébrée très tôt à Constantinople, l’Eglise de Jérusalem fut la première à honorer le souvenir de la Nativité de la mère de Dieu par une fête que Rome adopta sûrement vers la fin du VII siècle.

Tout est miracle dans l'histoire de la Sainte Vierge; Sa naissance ne fait point exception, et, bien que pauvre aux yeux du monde, elle apparaît aux yeux de la foi entourée des plus éclatantes merveilles.

Aussi est-ce avec raison que l'église s'écrie en ce jour: "Votre naissance, ô Marie, Mère de Dieu, a rempli tout le monde de consolation et d'allégresse, parce que le soleil de justice, Jésus-Christ, notre Dieu, est né de Vous, Lui qui nous a tirés de la malédiction où nous étions plongés et nous a comblés de bénédictions; Lui, qui, ayant ruiné l'empire de la mort, nous a introduits dans la vie éternelle."

 Cette fête, en effet, doit être une réjouissance universelle; ce n'est pas un heureux présage pour une ville ou pour un peuple, mais pour l'humanité tout entière.

Joachim et Anne, ses parents, étaient de la race de David, de laquelle devait naître le Sauveur promis au monde; mais ils étaient avancés en âge et n'avaient point d'enfants; donc nulle espérance humaine pour eux de donner naissance au rédempteur attendu. Dieu, qui aime à confondre les calculs des hommes et les prévisions naturelles, jugea autrement et renouvela pour Joachim et Anne la merveille dont l'Ancien Testament nous rapporte plusieurs exemples. Les deux vieillards reçurent l'annonce des desseins de Dieu, et au temps marqué Marie paraissait au monde. Toute pure, toute immaculée avait été sa conception, toute pure et toute privilégiée fut sa naissance.

Quelle joie ce jour-là dans la maison de Joachim! Figurons-nous combien devait être ravissante cette enfant de bénédiction, sanctifiée dès le premier instant de sa vie, et dont les facultés n'avaient pas connu un seul instant le sommeil ni l'imperfection! 

Les saints ne tarissent pas d'éloges sur la naissance de Marie: "Avant la naissance de Marie, disent-ils, le monde était enseveli dans les ténèbres du péché; avec Elle paraît l'aurore qui annonce le soleil de justice. Parfaite dès sa naissance, Marie ne fit que croître chaque jour en vertus..."

Astre toujours progressant en lumière, si beau dès son apparition, qu'il devait être éblouissant au terme de sa course! Quel bonheur pour les élus de contempler au ciel les merveilles opérées par Dieu en Marie!  En attendant, unissons-nous à l'église qui L'honore aujourd'hui sous cent titres différents dans une multitude de sanctuaires vénérés.

 

Citation

 

Extrait d’un sermon de Saint Pierre Damien, à l’occasion de la Nativité de la Vierge Marie :  

 

"Aujourd’hui est le jour que choisit Dieu pour mettre en œuvre son plan éternel de salut, car il était nécessaire que se construise la maison avant que le Roi ne descende y habiter."

 

 

Nativité de la Vierge Marie, Fête

Sources: 1, 2, 34, 5

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Publié par Ingomer - dans Saints du jour
7 septembre 2023 4 07 /09 /septembre /2023 00:00
Sainte Reine (Régine), dans Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p. 167

Sainte Reine (Régine), dans Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p. 167

Son culte est ancien. Reine fut baptisée par sa nourrice. L'acte déplut fortement au père de Reine, un puissant gaulois des environs d'Alésia, qui décida de chasser sa fille.

En 252, devenue une jeune gauloise de seize, Reine, faisait paître ses moutons au pied du mont Auxois, site aujourd'hui présumé de l'oppidum d'Alésia. Le gouverneur romain des Gaules, Olibrius, voulut abuser d'elle mais elle résista et refusa le mariage pour ne pas abjurer sa foi. Le nom d'Olibrius est resté dans le langage courant pour désigner un bravache, un fanfaron cruel, un "occiseur d'innocents"(Molière). Reine fut martyrisée, puis décapitée.

Son corps fut tranféré hors de la ville d'Alésia où l'on bâtit une basilique sur son tombeau. Parmi les miracles qu'elle accomplit, on trouve la guérison d'un enfant nommé Hériboldus guéri d'une forte fièvre, la guérison d'un homme de Réome guéri par application d'un morceau de bois du brancard de la sainte, la guérison d'un frère atteint de la maladie de la pierre et celle partielle d'un aveugle.

Dès le siècle suivant, son culte se développa, et est attesté depuis le Ve siècle par la découverte en 1909 du "service eucharistique" d'Alésia, un ensemble comprenant un plat et trois coupes qu'on suppose utilisés pour la célébration de l'eucharistie. Le plat porte un poisson en gravure (l’ichtus comme à Autun), et le nom de "Regina". L'ensemble daté du IVe siècle ne met plus en doute l'existence de la jeune martyre.

En 628, elle est vénérée à Alise-Sainte-Reine en Côte d'Or, près d'Alésia, un village qui la prit pour Patronne. Et chaque année, les habitants organiseront la représentation d'un mystère à sa mémoire et en son honneur. Cette tradition est attestée depuis 866 et perdure encore aujourd'hui. On y trouve une basilique mérovingienne ainsi qu'un monastère qui lui sont consacrés. Ce serait le plus ancien mystère célébré sans interruption en France.

En 1271 il fut procédé à un ré-enchâssement dans un buste reliquaire en argent aux armes de France, de Castille et de l'ancienne Bourgogne.

La confrérie de Sainte-Reine date de 1544, créée par les religieux de Flavigny, et, en 1644, avec la réforme des bénédictins de Saint-Maur, le pèlerinage connut un regain de vitalité et les membres de la Confrérie furent dotés par Monseigneur Louis Doni d'Attichy évêque d'Autun, de 40 jours d'indulgence en 1659. Au XVIe siècle les moines passaient la chaîne de sainte Reine autour du cou des pèlerins. Aujourd'hui cette chaîne est conservée à l'église paroissiale de Flavigny-sur-Ozerain et exposée à la vénération des pèlerins le 7 septembre jour de sa fête.

Ses reliques ont été conservées dans l'abbaye de Flavigny-sur-Ozerain depuis le milieu du IXe siècle. La crypte fut aménagée pour recevoir le corps de la sainte. Crypte à nef centrale flanquée d'un déambulatoire qui se prolonge à l'Est par un couloir donnant sur une rotonde du même genre que celle de l'Abbaye Saint-Germain d'Auxerre. Les reliques de la sainte furent déposées au XVIIe siècle dans une armoire derrière le maître-autel et leur expositions sur un théâtre a lieu le jour de sa fête.

En plus de Flavigy-sur-Ozerain et Alise-Sainte-Reine on retrouve des lieux qui lui sont consacrés à Voisines dans l'Yonne où se trouve une chapelle Sainte-Reine, datant de 1827 et construite par deux habitant à la suite de la réalisation d'un vœu fait lors d'un pèlerinage à Alise-Sainte-Reine; à Drensteinfurt en Allemagne; et à Osnabrück en Westphalie.

Les similitudes existant avec la vie de sainte Marguerite d'Antioche conduisent des auteurs à considérer que le récit de l'histoire de sainte Reine est apocryphe, cette tradition pouvant toutefois être le souvenir d'un fait local. (Joël Le Gall, ALESIA Ed. Errance 1990)

Sainte Reine - Diva Regina à Drensteinfurt (Allemagne)

Sainte Reine - Diva Regina à Drensteinfurt (Allemagne)

Sources: (1) Calendrier Perpétuel, Les Saints en 365 jours, Chêne Edition; (2) Wikipedia; (3) L'Evangile au Quotidien ; (4) Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p. 166.

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Publié par Ingomer - dans Saints du jour
6 septembre 2023 3 06 /09 /septembre /2023 00:00
Bx Bertrand de Garrigues, Prieur dominicain († 1230)

Bertrand naît à Garrigues (Gard). Il entra dans l’Ordre domibicain en 1215 et fut en 1216 le premier prieur du premier couvent dominicain : Saint-Romain de Toulouse. (1)

 

Il fut l'un des premiers compagnons de saint Dominique, séduit par la sainteté et le projet de saint Dominique de convertir les cathares par la prière et l'exemple d'une vie de pauvreté. (2)

 

Il a été dit de lui qu'il était « un véritable reflet de la sainteté de son maître ». (3)

 

St Dominique l’envoya à Paris en 1217, où il fonda avec le frère Mannès le couvent Saint-Jacques (aujourd'hui rue des Tanneries, dans le XIIIème) au cœur de l'Université qui était alors la première de l'Europe chrétienne. Il fonda plusieurs autres couvents à Montpellier, à Avignon et ailleurs.

 

De retour à Toulouse en 1219, il fut nommé, en 1221, premier Provincial de Provence. Âme de grande pénitence et de singulière innocence, dans sa profonde humilité il ne cessait de pleurer abondamment sur ses péchés, au point que St Dominique, jugeant ces pleurs excessifs, lui demanda de se contenter de pleurer pour la conversion des pécheurs. Jourdain de Saxe le décrit ainsi: « Compagnon de St Dominique dans les voyages, dans la sainteté et dans la ferveur ».

Beaucoup de ses attitudes reflétaient, jusque dans les traits extérieurs, le comportement de son maître Dominique qu’il s’était proposé d’imiter et qu’il avait suivi dans ses voyages. Après la mort de St Dominique, il veilla sur les sœurs de Prouille, ces anciennes cathares converties dont la prière soutenait la prédication des frères.

 

Il meurt le 18 avril 1230 au cours d'une retraite, qu'il prêchait aux cisterciennes de Bouchet, près d’Orange. Son tombeau y devint un lieu de pèlerinage.

 

Son corps est examiné post mortem à trois reprises, en 1253, 1398 et 1561. À trois siècles de distances, les témoins observent un "corps entier et sans corruption aucune." (4)

 

Son corps, enlevé par les Frères Prêcheurs d’Orange en 1414, fut vénéré dans leur église jusqu’en 1561, date à laquelle il fut jeté au feu lors des guerres de religion.

 

Au 18ème siècle, sa statue, placée dans l'église, était encore vénérée par les fidèles qui en avaient fait un saint.

 

Culte approuvé en 1881 par Léon XIII (1878-1903).

 

Sources: 1; 2; 3; (4) Patrick SBALCHIERO, Enquête sur les miracles dans l'Église catholique, Artège, Paris 2019, p. 158.

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4 septembre 2023 1 04 /09 /septembre /2023 00:00
Sainte Rosalie de Palerme

Rosalie (en italien Santa Rosalia) - (1130-1160) est la patronne de la ville de Palerme en Italie et de la ville de El Hatillo au Venezuela.

 

Rosalie est née en 1130 à Palerme, au sein d'une noble famille sicilienne. Elle était la fille de Sinibald, seigneur de Quisquina et de Rosa, parente de Roger II de Sicile, roi de Sicile, et descendante de la famille de Charlemagne.

 

Statue de Sainte Rosalie

      

C'était une jeune fille très pieuse. La Sainte Vierge lui apparut et lui conseilla de se retirer du monde. À l'âge de 14 ans, Rosalie, quitta le palais de son père sans avertir personne, n'emportant qu'un crucifix et des instruments de pénitence. Deux anges la conduisirent sur une montagne voisine de la ville. Dans une grotte inconnue et enveloppée de neige pendant plusieurs mois, Rosalie passa quelques années, partageant son temps entre l'oraison, la prière et la pénitence. Des racines crues faisaient sa nourriture ; l'eau du rocher lui servait de boisson. Souvent elle recevait la visite des anges, et le Sauveur lui-même venait parfois s'entretenir avec elle. On voit encore dans cette grotte une petite fontaine qu'elle creusa pour réunir les eaux qui suintaient à travers les fissures de la roche ; on voit aussi une sorte d'autel grossier et un long morceau de marbre où elle prenait son repas, un siège taillé dans le roc.

Sainte Rosalie de Palerme

Aussitôt après sa disparition, sa famille la fit rechercher dans toute la Sicile. Les anges avertirent Rosalie qu'elle serait bientôt découverte, si elle ne changeait de demeure; elle prit aussitôt son crucifix et le peu d'objets qu'elle avait avec elle et suivit ses guides célestes; ils la conduisirent sur le mont Pellegrino (Palerme, Sicile) où ils lui indiquèrent une grotte obscure et humide qui lui servit de retraite pendant les dix-huit dernières années de sa vie. »

 

En 1624, la peste se déclara à Palerme, et Sainte Rosalie apparut d'abord à une femme malade, puis à un chasseur auquel elle indiqua où se trouvaient ses reliques. Elle lui ordonna de transporter ses restes à Palerme et d'organiser une grande procession en les transportant dans les rues de la cité (Michel Signoli, D. Chevé, A. Pascal, Peste: entre épidemies et sociétés, p360).

Le chasseur gravit la montagne, et retrouva les restes de la sainte là où elle le lui avait dit. Il fit ce qu'elle lui avait recommandé, et dès la fin de la procession, la peste cessa. Après ce miracle, Sainte Rosalie fut vénérée comme la sainte patronne de Palerme et un sanctuaire fut érigé à l'endroit où ses restes avaient été retrouvés.

 

                 La procession de Sainte Rosalie à Palerme

 

 

                Grotte de sainte Rosalie 

 

Citation de Gérard de Nerval dans Les Chimères:

Sainte napolitaine aux mains pleines de feux,
Rose au cœur violet, fleur de sainte Gudule,
As-tu trouvé ta croix dans le désert des cieux ?

 

Sources : (1) ; (2); (3) ; (4) Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p. 174.

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Publié par Ingomer - dans Saints du jour
3 septembre 2023 7 03 /09 /septembre /2023 16:42
https://www.catholicnewsagency.com/news/255267/tim-ballard-real-hero-of-sound-of-freedom-i-ve-spent-more-than-20-years-in-this-fight

https://www.catholicnewsagency.com/news/255267/tim-ballard-real-hero-of-sound-of-freedom-i-ve-spent-more-than-20-years-in-this-fight

Tim Ballard, un ancien agent de la sécurité intérieure des États-Unis qui a risqué sa vie pour lutter contre le trafic d'enfants, a évoqué l'impact du film "Sound of Freedom", basé sur son travail, dans une interview accordée le 29 août à ACI Prensa, la chaîne espagnole de CNA, partenaire d'actualités linguistiques. "J'ai passé plus de 20 ans à aider les enfants dans cette lutte contre la traite", a-t-il déclaré.

 

Son travail a été porté sur grand écran dans le film à succès, récemment projeté en avant-première à Mexico. Dans le film, Ballard est interprété par Jim Caviezel, qui a joué Jésus dans "La Passion du Christ".

 

L'ancien agent a souligné que le film, qui a été projeté le 30 août dans différents pays d'Amérique latine, "a été un miracle" puisque "le plus grand problème" auquel il a été confronté a été "d'ouvrir les yeux du monde".

 

Ballard est le fondateur et ancien PDG de l'organisation à but non lucratif Operation Underground Railroad (OUR).

 

S'exprimant en espagnol, Ballard a déclaré : "C'est un sujet tellement difficile, tellement répugnant", mais en même temps il a souligné que "grâce à l'inspiration d'Alejandro Monteverde et Eduardo Verástegui", respectivement réalisateur et producteur du film, "un miracle a été réalisé" parce que ce n’est "pas un film sombre mais un film inspirant".

 

"Nous en avons la preuve, car des millions de personnes (...) aux Etats-Unis l'ont déjà vu et nous en voyons déjà les fruits", a-t-il déclaré.

 

Au Congrès américain, a-t-il noté, les membres travaillent déjà sur "de nouvelles lois basées sur ce film. Je pense que nous allons voir cela partout dans le monde", a déclaré Ballard.

 

"C'est l'outil le plus puissant que j'ai vu dans ma vie dans la lutte contre la traite des enfants", a-t-il souligné.

 

Ballard espère qu’à l’avenir, grâce à ce film, il sera possible d’atteindre "les présidents de tous les pays".

 

"J'espère aussi que les gens lutteront contre la traite, qu'ils apporteront leur aide, qu'ils apporteront un soutien en ressources financières, en temps, car il y a beaucoup d'organisations qui participent à cette lutte, mais il y a peu de soutien", a-t-il déclaré. "Nous devons sauver les enfants de Dieu, qui ne sont pas à vendre."

 

Ballard s'est dit préoccupé par le fait que "la traite des êtres humains est une activité qui se développe très rapidement, plus que tout autre crime", et qu'elle est liée à la pornographie.

 

N°1 La protection est la famille

 

Ballard a souligné que face au drame de la traite, "la famille est la protection n°1. Si les familles du monde sont fortes, avec un père, avec une mère, qui accordent beaucoup d'attention à leurs enfants, c'est une protection. Le problème est que nous ne le voyons pas.

 

"Nous devons protéger la famille pour pouvoir protéger les enfants", a-t-il déclaré.

 

En outre, Ballard a souligné l’importance "d’éduquer nos enfants à ne pas jouer avec la pornographie, car cela modifie leur cerveau".

 

Cet article a été publié pour la première fois par ACI Prensa, le partenaire d'information en langue espagnole de CNA. Il a été traduit et adapté par CNA.

 

SOURCE: https://www.catholicnewsagency.com/news/255267/tim-ballard-real-hero-of-sound-of-freedom-i-ve-spent-more-than-20-years-in-this-fight

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3 septembre 2023 7 03 /09 /septembre /2023 08:45

En 2009, le pape Benoît XVI promouvait le "développement humain intégral" (Caritas in veritate § 18) : "l’humanisme qui exclut Dieu est un humanisme inhumain" (Caritas in veritate § 78 ). Lors des dernières JMJ à Lisbonne, Mgr Munilla a fait la promotion de l'"écologie intégrale".

La leçon de Mgr Munilla qui embarrasse les défenseurs du genre. "La véritable écologie doit être intégrale"

A l'occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne, l'évêque espagnol Munilla a dispensé une catéchèse sur le thème de l'écologie intégrale, réitérant les principes de l'anthropologie chrétienne. Il a déclaré que ''personne ne naît dans un mauvais corps parce que Dieu n’a pas tort !'' Ses paroles courageuses ont fait le tour du web et ont suscité de nombreuses et féroces critiques de la part de la presse espagnole.

 

Munilla : l'évêque qui parle aux jeunes

Il faut savoir que José Ignacio Munilla (prononcer ‘’Muniglia’’), né en 1961 et nommé évêque en 2006 par Benoît XVI à seulement 44 ans, est une personnalité publique bien connue dans son pays grâce à son programme radiophonique diffusé sur Radio. Maria et intitulé Sixième Continentet à sa présence sur les réseaux sociaux, notamment sur YouTube où sont mises en ligne des homélies, des catéchèses et des rencontres de formation avec des jeunes. L'évêque est surtout connu pour sa capacité à parler aux jeunes et pour sa détermination et son courage à démanteler et combattre les mythes de la pensée unique en défendant les raisons de Dieu, de l'Église et de l'homme à travers des articles, des livres et en participant à des débats culturels. En 2009, il s'est publiquement exposé pour dénoncer la loi sur l'avortement, accusant la gauche espagnole de ‘’légitimer la loi de la jungle’’ et de considérer comme un droit ce qui est un ‘’massacre d'innocents’’. Pour ces déclarations, une grande partie de la presse grand public l'a accusé à plusieurs reprises d'extrémisme et d'homophobie.

 

Écologie intégrale et anthropologie chrétienne

Abordant le thème de l'écologie, Munilla n'a pas axé sa catéchèse sur les sources d'énergie renouvelables, le charbon fossile ou le photovoltaïque, mais a voulu élargir l'horizon en mettant en garde contre une écologie qui, oubliant l'homme, devient une simple idéologie. Il n'a même pas proposé aux jeunes une série de normes morales pour une vie éco-durable (ou écologique), comme recycler le plastique, recycler les déchets ou manger moins de viande, préférant éviter de donner une leçon de moralisme écologique (ou ’’écomoralisme’’) aujourd'hui à la mode.

 

Insistant sur le terme ''intégral'', Munilla a déclaré qu'une vision chrétienne de l'écologie ne peut manquer de prendre en considération la foi en la Création, comme un acte libre, fruit de l'amour de Dieu et l'homme comme le point culminant de la Création. Éliminer l’homme du discours écologique, ou le considérer comme l’un des différents partis en question, fait de l’écologie une idéologie. Il y a – affirme l’évêque – ''une bonne écologie et une mauvaise écologie, qui est l’idéologie, qui cherche à enlever la place de Dieu et se présente comme une nouvelle religion''. Il est donc nécessaire – et plus urgent que jamais – d’apprendre à distinguer pour ne pas se laisser tromper. L'idéologique est cette écologie qui considère l'homme coupable de tous les maux : de l'épuisement des ressources de la planète à la production excessive de Co2 jusqu'au changement climatique.

 

Il existe également une ‘’hiérarchie de dignité entre les créatures’’. ’’La dignité d'une pierre n'est pas la même que votre dignité’’, a-t-il expliqué aux jeunes. Pour cette raison, la relation avec les animaux (qui doit certainement être respectée) ne peut pas être la même relation que celle que avec les êtres humains, a-t-il déclaré, citant la pratique de plus en plus courante consistant à promener les chiens en poussette. Malheureusement aujourd’hui – a déclaré Munilla – ’’il y a des gens qui défendent les baleines au péril de leur vie mais qui sont en faveur de l’avortement’’.

 

L'homme est le point culminant de la création et l'interlocuteur de Dieu.

 

L'évêque a poursuivi en citant le Psaume 8 pour affirmer que ’’la nature est le reflet de la beauté et de l'amour de Dieu’’ mais ’’elle n'est pas à l'image et à la ressemblance de Dieu’’. En fait, c'est seulement dans l'homme que Dieu a inscrit une ’’similitude avec Dieu qui fait de nous ses interlocuteurs’’. ’’Les baleines – a-t-il expliqué avec un exemple – sont le reflet de la beauté de Dieu mais elles ne sont pas les interlocuteurs de Dieu’’ et elles n'ont pas non plus la possibilité d'accéder à l'amitié avec Lui.

 

Dieu a créé le monde visible et invisible par amour, comme le dit le Credo. Pour cette raison, la vision écologique chrétienne ne peut oublier l’existence de l’âme , immortelle et créée directement par Dieu, une foi que la pensée moderne (ainsi qu’une vision idéologique de l’écologie) nie. Le respect de la création naît dans l’homme par amour, par amour pour Dieu et son œuvre et par amour pour les autres, pour les générations futures et pour ceux qui en ont le plus besoin. Munilla a cité son enfance, une époque où le principe d'austérité (rappelé également par le pape François dans Laudato Si'), la nourriture, n'était pas gaspillée, les vêtements étaient partagés et les objets étaient réparés. Le consumérisme actuel pousse au contraire l’homme à devenir un consommateur en série qui ’’vit pour consommer’’. Pour cette raison, il affirme que ’’le consumérisme corrompt l’âme’’.

 

’’Personne ne naît dans un mauvais corps parce que Dieu n’a pas tort’’

 

Les propos de l’évêque espagnol sont durs contre l’idéologie du genre qui sévit aujourd’hui dans la société. ’’En fait, l'écologisme cache une "contradiction flagrante": alors qu'"il insiste beaucoup sur le respect de la nature en dénonçant le transgénique [OGM, organismes génétiquement modifiés] en même temps il promulgue le transgenre, c'est-à-dire qu'un homme peut changer de sexe et devenir une femme et vice versa’’. ’’Nous devons faire le premier acte de respect envers l'écologie avec notre corps’’. Accepter notre corps, c'est reconnaître que Dieu l'a créé par amour et qu'en le créant, il n'a pas eu tort." ’’Personne ne naît dans un mauvais ’’ a déclaré Mgr Munilla, citant un livre bien connu qui dénonce l’idéologie ’’’’ (publié en 2022) et qui a suscité de nombreuses discussions en Espagne. "Nous vivons dans une société où nous doutons de la vérité mais pas de nos sentiments, alors qu'il serait logique de douter de nos sentiments mais pas de la vérité." "C'est ridicule et nous devons avoir la capacité de le dire devant le monde : la véritable écologie doit être INTÉGRALE."

 

’’Dans le contexte de l'écologie intégrale, il est important de savoir reconnaître ses blessures émotionnelles’’. ’’Nous portons tous en nous des blessures émotionnelles et ces blessures doivent être reconnues, identifiées, accompagnées, guéries - si telle est la volonté de Dieu -, acceptées, mais elles ne peuvent pas devenir des droits. Tout cela fait partie de l’écologie intégrale’’ car ’’Nous croyons que Dieu a tout créé avec bonté. Dieu n'a pas tort. Il a un plan clairvoyant pour nous tous. Il nous regarde et est surpris par la beauté qu'il a semé en nous qui sommes l'aboutissement de la création.’’

 

Munilla relève ainsi (sans le citer) le défi du pape Benoît XVI qui voyait (d'une manière que l'on peut aujourd'hui définir comme prophétique) l'idéologie du genre comme ’’le prochain grand défi auquel l'Église devra faire face’’, comme le forme de ’’rébellion définitive contre Dieu le Créateur’’.

 

En même temps, l'évêque espagnol cite littéralement le pape François, lisant aux jeunes un paragraphe du numéro 155 de l'encyclique Laudato Si' : ’’L’acceptation de son propre corps comme don de Dieu est nécessaire pour accueillir et pour accepter le monde tout entier comme don du Père et maison commune ; tandis qu’une logique de domination sur son propre corps devient une logique, parfois subtile, de domination sur la création. Apprendre à recevoir son propre corps, à en prendre soin et à en respecter les significations, est essentiel pour une vraie écologie humaine. La valorisation de son propre corps dans sa féminité ou dans sa masculinité est aussi nécessaire pour pouvoir se reconnaître soi-même dans la rencontre avec celui qui est différent. De cette manière, il est possible d’accepter joyeusement le don spécifique de l’autre, homme ou femme, œuvre du Dieu créateur, et de s’enrichir réciproquement. Par conséquent, l’attitude qui prétend 'effacer la différence sexuelle parce qu’elle ne sait plus s’y confronter', n’est pas saine.’’

 

Les quelque deux cents jeunes présents qui ont écouté la catéchèse dans un ’’silence ’’ (interrompu seulement par des applaudissements en entendant de l'évêque dire que ’’personne ne naît dans un mauvais corps’’), ont répondu par de longs applaudissements de remerciement.

Comme il fallait s'y attendre, la catéchèse fit grand bruit de l'autre côté de la péninsule ibérique : de nombreux journaux espagnols ont accusé Mgr Munilla (déjà visé à d'autres occasions et considéré comme un "danger public" par le mainstream) d'avoir transmis à ses jeunes des discours de "haine transphobe", d'intolérance et d'avoir attaqué de front la communauté LGBT. Cela ne surprendra certainement ni n’intimidera l’évêque espagnol, habitué à parler franchement aux jeunes pour annoncer les vérités de la foi, sachant qu’il créera la confusion et attirera la haine de ceux qui se sentent privés et embarrassés face à la vérité.

 

Source: Marco Tosatti

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3 septembre 2023 7 03 /09 /septembre /2023 00:00
Saint Grégoire le Grand (Grégoire Ier) pape et docteur de l'Eglise († 604)

Né à Rome, vers 540, Grégoire était le fils d'un sénateur et le neveu d'une sainte, la vierge Tarsille. Il en occupa quelques temps la première magistrature, mais bientôt la cité, qui avait vu cet opulent patricien traverser ses rues en habits de soie, étincelants de pierreries, le vit avec bien plus d'admiration, couvert d'un grossier vêtement, servir les mendiants, mendiant lui-même, dans son palais devenu monastère et hôpital. 

Saint Grégoire le Grand (Grégoire Ier) pape et docteur de l'Eglise († 604)

Grégoire fut l'auteur d'une ample activité monastique, particulièrement en assurant l'extension de la règle de Saint-Benoît († 547) à l'abbaye Saint-André de Rome qu'il fonda (Yvan GOBRY, Dictionnaire des Papes, Pygmalion, Paris 2013, p. 191.)

Grégoire n'avait conservé qu'un seul reste de son ancienne splendeur, une écuelle d'argent dans laquelle sa mère lui envoyait tous les jours de pauvres légumes pour sa nourriture ; encore ne tarda-t-il pas de la donner à un pauvre marchand qui, après avoir tout perdu dans un naufrage, était venu solliciter sa charité si connue. 

Grégoire se livra avec ardeur à la lecture des Livres Saints ; ses veilles, ses mortifications étaient telles, que sa santé y succomba et que sa vie fut compromise.

 

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Saint Grégoire le Grand, par Domenico Fetti, Palais des beaux-arts de Lille.

Passant un jour sur le marché, Grégoire vit de jeunes enfants d'une ravissante beauté que l'on exposait en vente. Apprenant qu'ils étaient d'Angles, c'est-à-dire du pays, encore païen, d'Angleterre : « Dites plutôt des Anges, s'écria-t-il, s'ils n'étaient pas sous l'empire du démon. » Il alla voir le Pape, et obtint d'aller prêcher l'Évangile à ce peuple ; mais les murmures de Rome forcèrent le Pape à le retenir.

 

Le Souverain Pontife Pélage II (579-590) étant venu à mourir, Grégoire dut courber ses épaules sous la charge spirituelle de tout l'univers.

Voici la narration de son accès au pontificat :

"En janvier 590, la peste s'abattit sur Rome. Pélage en mourut le 7 février. Aussitôt le peuple acclama pour pape l'abbé Grégoire, et le clergé l'élut à l'unanimité. Il refusa, prétextant d'abord que son élection n'avait pas été ratifiée par l'empereur Maurice. Tandis que les employés de Rome se rendaient auprès de l'empereur, Grégoire s'employa à secourir les pestiférés. Il adressa lui-même à Maurice une lettre suppliante pour lui demander de ne pas ratifier son élection. L'empereur la déchira. Grégoire, persistant à refuser, s'enfuit. Mais, en prévision de cette fuite, toutes les portes de Rome étaient gardées. Il parvint à se blottir au fond d'un panier d'osier qu'un marchand monta innocemment sur son chariot en quittant à Rome. Les habitants se jetèrent dans les églises pour supplier Dieu de leur rendre leur pape, puis parcoururent la campagne à sa recherche. Enfin, le 2 septembre, un groupe de chercheurs le trouva au fond d'une grotte. Il fut ramené à Rome triomphalement et sacré le lendemain, le 3 septembre 590.

"[...] Au moment de sa consécration, l'Italie se trouvait dans une situation déplorable : la peste et la famine avaient exterminé les populations. Les paysans, pressurés par le fisc et violentés par les Barbares, abandonnaient la terre. Grégoire créa une administration agricole et fiscale capable de secourir les paysans et de les maintenir sur la terre, et, soucieux de ne pas voir se renouveler les abus, institua une inspection de cette administration." (Yvan GOBRY, Dictionnaire des Papes, Pygmalion, Paris 2013, pp. 187, 190-191.)

À l'occasion de cette épidémie de peste à Rome, le saint Pontife s'illustra par sa foi comme le rapporte Grégoire de Tours (538-594), contemporain de ces événements et qui en fut le chroniqueur. Dans un sermon mémorable prononcé dans l'église de Santa Sabina, il invita le peuple romain à suivre — contrit et pénitent — l'exemple des habitants de Ninive :

 

"Puis le Pape exhorta [tout le peuple] à lever les yeux vers Dieu, Qui permet de si terribles châtiments dans le but de corriger Ses enfants. Pour apaiser le courroux divin, le Pape ordonna une « litanie en sept Chœurs », c'est-à-dire une procession de toute la population romaine, divisée en sept cortèges, selon le sexe, l'âge et la condition. La procession se déplaça depuis les différentes églises romaines en direction de la basilique Saint-Pierre au Vatican, chantant des litanies en chemin. C'est l'origine de ce que l'on appelle aujourd'hui les grandes Litanies de l'Église, ou Rogations, que nous prions pour que Dieu nous protège contre les adversités. Les sept cortèges traversèrent les bâtiments de la Rome antique, pieds nus, à pas lent, la tête couverte de cendres. Tandis que la multitude traversait la ville, dans un silence sépulcral, la peste atteignit un tel point de fureur qu'en l'espace d'une heure, quatre-vingts personnes tombèrent mortes au sol. Cependant, Grégoire ne cessa pas une seconde d'exhorter le peuple à continuer de prier et insista pour que l'image de la Vierge peinte par saint Luc et conservée à Santa Maria Maggiore soit portée en tête de procession. (Gregorio di Tours, Historiae Francorum, liber X, 1, in Opera omnia, a cura di J.P. Migne, Parigi 1849 p. 528)"

(Source: LifeSiteNews / Le forum catholique )

 

L'un des faits remarquables de son pontificat, c'est l'évangélisation de ce peuple anglo-saxon dont il eût voulu lui-même être l'apôtre.

 

Grégoire le Grand décida d'envoyer de Rome (en Grande-Bretagne) des moines sous la direction d'Augustin, qui deviendra premier évêque de Cantorbéry.

 

"Ayant fait escale en juin dans l'île de Lérins, au monastère de Saint-Honorat, ils furent terrifiés par la mise en garde de leurs confrères : l'île de Bretagne était occupée par des Barbares féroces qui s'empresseraient de les occire dès leur débarquement. Les compagnons d'Augustin refusèrent d'aller plus loin. Le prieur retourna à Rome pour rendre compte de la situation au pape, qui se fit sévère : un moine était voué à l'obéissance; Augustin et ses quarante compagnons n'avaient plus qu'à obéir, c'est-à-dire à poursuivre leur route vers les rivages de la Bretagne. [...] [L]es missionnaires décidèrent de passer par la Gaule. Ils remontèrent la vallée du Rhône et durent évidemment rendre visite à la terrible reine Brunhilde (Brunehaut), régente des deux royaumes d'Austrasie et de Bourgogne. Augustin lui remit une lettre de recommandation signée du pape Grégoire. Ce fut efficace : elle leur donna pour compagnons des interprètes, qui parlaient latin, germanique et anglo-saxon. Embarqués à Boulogne, les voyageurs accostèrent l'Angleterre sur l'île de Thanet, à l'embouchure de la Tamise, là où le Jute Hengist avait constitué le premier royaume barbare de Bretagne, le Kent (sud-est de l'Angleterre). Le roi, arrière-petit-fils du fondateur, en était Éthelbert. Il avait épousé Berthe, fille de Charibert, roi de Paris, et nièce de Brunhilde. Le contact fut donc facilité. Il donna à ses frères la liberté de prêcher le christianisme. Un certain nombre d'eorls (nobles) se convertirent. Bientôt Éthelbert († 616) les imita : il fut baptisé durant la nuit de la Pentecôte, 5 juin 597. [...] Augustin [...] devenait archevêque de Cantorbéry. Le pape créa ensuite les évêchés de Londres et de Rochester. En 604, Séberct, roi d'Essex, demana à son tour le baptême. Ce serait le tour, après la mort de Grégoire, d'Edwin, roi de Northumbrie, avec la fondation de l'évêché d'York." (Yvan GOBRY, Dictionnaire des Papes, Pygmalion, Paris 2013, pp. 189-190.)

 

Les moines fondirent des écoles où les Saxons apprirent l'écriture. (Yvan GOBRY, Dictionnaire des Papes, Pygmalion, Paris 2013, p. 190.)

 

La conversion des Anglo-saxons fut l'une des grandes entreprises de Grégoire le Grand. L'Angleterre, l'Irlande deviendront des foyers d'où les missionnaires partiront christianiser l'Europe du Nord. Willibrord (+ 739) et Boniface (+ 754) évangélisent la Frise et l'Allemagne après avoir été sacrés évêques à Rome." (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je ?, 4e édition, Paris 2018, p. 35-36.)

 

Le roi Éthelbert († 616) sous l'influence d'Augustin de Cantorbéry, fera rédiger et adopter par l'assemblée de la noblesse saxonne le nouveau code administratif pénal intitulé les Jugements d'Éthelbert, qui opéreront la synthèse entre le droit barbare et le droit romain. Il fut entendu en outre que les moines romains fonderaient des écoles où les Saxons apprendraient l'écriture, le catéchisme et la liturgie romaine. (Yvan GOBRY, Dictionnaire des Papes, Pygmalion, Paris 2013, p. 190.)

 

Grégoire s'est également rendu célèbre par la réforme de la liturgie et le perfectionnement du chant ecclésiastique. C'est à lui que l'on doit le nom de chants grégoriens. (Wikipedia) "Il rassembla dans son Antiphonaire le chant sacré en honneur à Rome, en l'ordonnant, en l'ornant, et en y ajoutant des mélodies remarquables par leur élan et leur élégance; il veilla à la publication, à l'application, à l'extension et à la transmission de cette liturgie." (Yvan GOBRY, Dictionnaire des Papes, Pygmalion, Paris 2013, p. 192.)

 

Il prêchait souvent au peuple de Rome, et lorsque la maladie lui ôtait cette consolation, il composait des sermons et des homélies qui comptent parmi les chefs-d'œuvre de ce grand docteur. Son pontificat fut l'un des plus féconds dont s'honore l'Église.

 

"Grégoire en signe d'humilité, authentifie ses lettres d'une formule qui deviendra rituelle : Servus servorum Dei, le pape est [...] le serviteur des serviteurs de Dieu." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 93-94.)

 

Il combat la simonie. "L'argent est le moteur de la simonie, mais Grégoire le Grand, dans son Homelia quarta in Evangelio, faisait aussi entrer en ligne de compte (pour les condamner comme simonie) d'autres procédés comme les services rendus, la flatterie ou toute autre considération humaine. Il considérait la simonie comme une hérésie, tout comme à sa suite Isidore de Séville (Etymologiae, VIII,5) et les réformateurs grégoriens." L'expression simonie étant tirée des Actes des Apôtres 8, 18-24, où Simon le magicien essaya d'acheter à Pierre et à Jean leur pouvoir de conférer l'Esprit Saint par l'imposition des mains. (Dictionnaire du Moyen-Âge, sous la direction de Claude GAUVARD, Alain de LIBERA, Michel ZINK, Quadrige Puf, Paris 2002, p. 1335.)

 

Libres des biens terrestres : "il faut que votre esprit domine ce que vous avez"

 

"Je veux vous inviter à tout abandonner, sans vous y obliger. Si vous ne pouvez pas abandonner entièrement le monde, retenez les biens de ce monde, mais de telles façon qu'ils ne vous retiennent pas dans le monde. Possédez, mais ne vous laissez pas posséder. Il faut que votre esprit domine ce que vous avez; autrement, si votre esprit est vaincu par l'amour des biens terrestres, c'est plutôt lui qui sera possédé par les biens qui lui appartiennent. [...]

"Tout ce qui se passe dans ce monde, regardez-le comme à la dérobée. Que votre regard intérieur se dirige en avant et considère avant tout les réalités qui sont votre but. [...]

"Ceux qui agissent ainsi, ont tous les biens du monde à leur disposition pour en user, non pour les désirer. De la sorte, qu'il n'y ait rien pour freiner le désir de votre esprit, aucune jouissance pour vous lier aux embarras du monde." (Grégoire le Grand, Homélies sur l'Evangile, livre II, homélie XXXVI, Sources chrétiennes n°22, Cerf 2008, p. 415.)

"Le pape Grégoire s'habitue également à remplacer le latin Gallia par l'expression de gens Francorum, peuple des Francs, voire même, dans au moins un cas, par un néologisme venu de l'autre côté des Alpes : 'Francia'." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 99.)

 

Grégoire mourut le 12 mars 604.

 

On le représente écoutant une colombe qui lui parle à l'oreille. Il est regardé comme le patron des chantres.

 

Depuis le concile Vatican II, l'Église le célèbre le 3 septembre (auparavant le 12 mars).

 

"Il est compté parmi les Docteurs de l'Église, titre que celle-ci décerne parcimonieusement aux théologiens qui ont d'une part énoncé d'une façon importante les vérités de la foi et d'autre part mérité la canonisation.  [...] Le traité le plus considérable de ce Docteur est les Morales sur Job (Moralia in Job) en trente-cinq livres, titre quelque peu étroit pour désigner un ensemble de commentaires qui ne ressortissent pas seulement à la morale,  mais au dogme et à la spiritualité. Ces textes composés de 579 à 585, c'est-à-dire durant les années où l'auteur fut apocrisiaire, puis abbé, sont en fait une série de conférences monastiques. [...] Grégoire a aussi rédigé d'abondants commentaires de l'Écriture, [...] vingt-deux Homélies sur le prophète Ézéchiel, soixante Homélies sur les Évangiles, recueil de prédications sur les Évangiles dimanches et fêtes. Enfin, une Exposition sur le Cantiques des cantiques" (Yvan GOBRY, Dictionnaire des Papes, Pygmalion, Paris 2013, p. 192.)

 

Sources : (1) ; (2) ; (3) Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p. 86 ; Yvan GOBRY, Dictionnaire des Papes, Pygmalion, Paris 2013, p. 190

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Publié par Ingomer - dans Saints du jour
2 septembre 2023 6 02 /09 /septembre /2023 14:20

En ce 2 septembre où nous commémorons les Bienheureux Martyrs de Septembre 1792 (1300 morts), voici un autre article au sujet de la Révolution non spontanée de 1789 et le complot anglo-genevois :

Il y a deux histoires: l'histoire officielle, menteuse, puis l'histoire secrète, où sont les véritables causes des évènements.

Honoré de BALZAC, in Pierre DOUAT, Tout ce que vous auriez voulu savoir sur la France et qu'on vous a caché toujours caché, éd. Marsan, 2015, p. 9

Lorsque tout tremble devant le tyran, l'historien paraît, chargé de la vengeance des peuples.

Chateaubriand, in Pierre DOUAT, Tout ce que vous auriez voulu savoir sur la France et qu'on vous a caché toujours caché, éd. Marsan, 2015, p. 5

Dans‘’Histoire secrète de la Révolution française’’ (Amazon, Brétigny-sur-Orge 2022), Pierre DOUAT écrit que ‘’La Fayette et Bailly s’accordaient pour reconnaître que le parti de la violence (sous la Révolution) semblait dirigé par une main cachée que le temps jusqu’ici n’a pu faire connaître.’’

 

Robespierre a découvert l’origine de ce ‘’parti de la violence’’, qu'il qualifia de "système de terreur" de "listes odieuses", qu'il dénonça à l’assemblée, sans en donner les noms, imprudence qui le fit condamner la nuit même, arrêter et décapiter le lendemain.

 

Dans un contexte où ‘’l’essentiel de la puissance économique d’un pays tenait à son commerce avec ses colonies’’, Pierre Douat fait remonter l'origine des évènements à la guerre à la France que nous livrait l’Angleterre depuis le règne de Louis XIV où ‘’l’Angleterre entreprit de financer des conflits continentaux pour occuper la France, de manière à l’empêcher de concentrer ses efforts sur ses colonies.''

 

"Plus tard, sous Louis XV, c’est cette stratégie de diversion qui nous fit perdre l’Inde et le Canada. […] Malheureusement pour les Anglais, la perte des Etats-Unis les rabaissa en dessous de la France qui inondait l’Europe du produit de ses îles sucrières.‘’

 

À cette guerre économique, l’auteur évoque la ‘’vengeance des Genevois’’, ou ‘’complot anglo-genevois’’ qui, selon lui, fut à l’origine du ‘parti de la violence’’ dans la Révolution ‘’française’’ afin de discréditer le gouvernement révolutionnaire.

Le complot anglo-genevois contre la France (1789-1792)

L'auteur fait remonter la constitution de ce parti à 1782 après que Louis XVI ait réprimé "une révolution protestante déclenchée à Genève", et proscrit les agitateurs qui l’avaient déclenchée. Ces derniers s’adressèrent alors au gouvernement anglais, lui demandant de les aider à se ‘venger’ de la France. (HAVARD L II, p. 35, KARMIN, p. 117 ; POUGET 1-5 ; MALLET DU PAN,T. II, 69, BAILLY 33-34, SEGUR T. II, 199-201 in Histoire secrète de la Révolution française, p. 11, 103.)

 

[D'après Albin Thourel et JP Saint-Ours, Histoire de Genève, p.330-31, les réfugiés à Londres avaient nom Dentand, Flournois, VIEUSSEUX, CLAVIERE (beau-père du précédent), DUROVERAY, GRENUS, D. CHAUVET, J. JANOT, G. RINGLER, JJ BRUSSE-LAMOTHE, JA THUILLIER, Esaïe GASC, JL SCHRAIDEL. D'après Friedrich Bulau (in Personnages énigmatiques 1861, p. 335) on comptait DUMONT, Chauvet, MARAT (déjà initié à la Loge KING'S HEAD SERVARD de l'Orient de Londres, le 15 juillet 1774) et MELLY (parent de Du Roveray).]

 

''Le Premier ministre britannique, Lord SHELBURNE marquis de Lansdowne (1782-1783), accepta leur proposition et leur offrit une subvention de 50000 £. Lord Grenville, futur Premier ministre britannique (1806-1807), s’associa à eux. Trois d’entre eux, Clavière [banquier protestant calviniste né en 1735, homme d'affaires, et spéculateur, défenseur de Rousseau et de la 'liberté d'expression', mort par suicide le 8 décembre 1793], Jacques-Antoine Du Roveray (1747-1814) et Francis d’Ivernois (1757-1842) reçurent un accueil chaleureux en Angleterre où le Premier ministre William Pitt (1783-1801) pour des raisons autres (l'expédition en Amérique) partageait leur haine de la France.]

Ils adoptèrent la nationalité irlandaise et prêtèrent serment de fidélité au roi d’Angleterre. 

 

Ces Genevois qui étaient pensionnés par le gouvernement anglais depuis 1782, représentèrent la part d'influence britannique sur Mirabeau qui comptait beaucoup sur le soutien de l'Angleterre pour l'accomplissement des réformesDu Roveray, fut donc en même temps et par la suite un agent d'influence officieux du gouvernement britannique y compris à Paris pendant la Révolution française, sous couvert de servir les intérêts du ministère français. Beaucoup d'historiens ont ignoré (faute de lire les correspondances en anglais) ou dénié pour des raisons d'aveuglement idéologique ce fait incontestable, notamment Edouard Benetruy dans sa belle compilation orientée de documents passionnants, qui sont essentiellement des Mémoires ou des justifications des suisses (Dumont, Romilly, d'Yvernois et autres Suisses pensionnés de l'Angleterre depuis 1782). De nombreuses correspondances ministérielles entre les ministres et ambassadeurs de Pitt établissent ce fait.]

 

Tous trois furent enrôlés dans le cercle Bowood, dirigé par Shelburne, et qui réunissait toute l’intelligentsia britannique. Clavière se mit en contact avec trois espions anglais, Keith, Herries et Duplain. Puis, il se mit en affaires avec la Banque Boyd, principale agence de financement de l’espionnage anglais.

 

‘’Le réseau terroriste du 14 juillet

 

‘’Trois d’entre eux furent envoyés en France pour une ‘mission non officielle’ (Voir Otto KARMIN, Sir Francis d'Ivernois, 1757-1842: sa vie, son oeuvre et son temps, Bader/Mongenet, Genève 1920, p. 122, 156-157. Voir aussi Albert GOODWIN, The Friends of Liberty, Hutchinson, 1979, p. 104-105)

 

‘’D’Ivernois qui était conseiller auprès du gouvernement anglais, resta seul à Londres et fut chargé de la propagande anti-française, pendant que Clavière, Du Roveray et Dumont (un autre genevois du cercle Bowood) s’installèrent à Paris (Elizabeth SPARROWSecret Services : British agents in France 1792-1815, The Boydell Press, Woodbridge 1999, p. 33). Pour plus de discrétion, ils s’assurèrent le services de repris de justice tels Brissot, Mirabeau ou Pellenc, qui ne pouvaient rien leur refuser.

 

Agissant toujours par personnes interposées, leurs discours subversifs étaient publiés sous les noms d’emprunt de Mirabeau et de Brissot (Voir DUMONT, p. 172 ; WHATMORE, p. 1 ; BÉNÉTRUY, p. 477-479.) Clavière connaissait déjà Mirabeau qu’il avait rencontré à Neufchatel, juste après sa révolution ratée. Tout le génie de nos agitateurs genevois fut employé à donner à Mirabeau l’apparence d’un champion de la démocratie.

 

[…] D’Ivernois, Dumont et Du Roveray touchaient du gouvernement anglais une pension de 300£. Quant à Clavière, il pratiquait la spéculation baissière qui lui permettait à la fois de ruiner l’appareil d’État français, et d’en tirer un profit financier. Pour corrompre Mirabeau, Clavière l’entraîna dans ses spéculations, tant et si bien que Mirabeau le surnomma ‘son maître en finances’ [Clavière avait été initié à la stratégie baissière, qui lui permettait de tirer un profit financier des désordres qu’il occasionnait à Paris : la méthode de la ‘vente à découvert’, consistait à vendre une valeur que l’on ne détient pas, mais qu’on se met en mesure de détenir le jour où sa livraison est prévue. Lorsque le cours baissait, ce procédé lui permettait de payer moins cher que le prix qu’il l’avait vendue précédemment. L’astuce pour Clavière consistait à repérer des actions surévaluées, et à financer des pamphlets écrits par des journalistes dans le besoin, tels Mirabeau et Brissot (qu’il fit sortir de prison). Ces pamphlets avaient pour but d’influencer le marché à la baisse : les critiques les plus véhémentes étaient proférées dans le double but d’acheter ces actions à bas prix, et de décrédibiliser le gouvernement. Clavière agissait de façon concertée avec deux autres baissiers, l’anglais Panchaud, et le hollandais Cazenove. Tous trois concentrèrent cette activité sur des compagnies d’état : la Caisse d’escompte, la Compagnie des Eaux, la Banque St Charles et la Compagnie des Indes. Mirabeau fut entraîné lui aussi dans les spéculations de Clavière qu’il appelait son ‘maître en finances’. Devenu spéculateur sur les malheurs publics, Clavière partageait les intérêts de l’Angleterre. Presque tout ce qu’il fera pendant son ministère sera dirigé contre les intérêts français (DARNTON TRENDS, p. 54 ; WHATMORE p. 1-26 ; BOUCHARY, p. 43-80, FAY p. 136 ; SOULAVIE V 5 p. 301 ; MIRABEAU V. 4 p. 180 ; MONITEUR T 18 p. 144)]

 

‘’Tout ce petit monde se réunissait dans la propriété de Clavière à Suresnes. […] L’alliance de ces intrigants avec le formidable tribun qu’était Mirabeau, fut redoutable. Rien ne leur résista.

 

‘’La réforme de Calonne (d’égalité devant l’impôt. Ndlr.), seule capable d’éviter au roi les frais d’une révolution, fut mise en échec par Clavière : il chargea Mirabeau de publier un pamphlet accusant Calonne de favoriser l’agiotage et d’en tirer un profit personnel, ce qui ruina totalement sa crédibilité et fit échouer son projet.

‘’Un autre ministre, Loménie de Brienne prit aussitôt la relève et reprit l’essentiel de la réforme à son compte. Mais, Clavière ne lâchant rien, chargea Brissot de publier un autre pamphlet mensonger, dans lequel il disait qu’il n’y avait pas de déficit, que le gouvernement mentait pour imposer sa nouvelle réforme fiscale, et que la convocation des États généraux prouverait tout cela. Du coup, pour ne pas avoir à payer le nouvel impôt, la noblesse elle-même exigea la convocation des États généraux. Le premier pamphlet s’appelait ‘Dénonciation sur l’agiotage’. Il était signé Mirabeau mais inspiré par Clavière, et accusait le gouvernement ne la personne de Calonne, de favoriser les spéculations frauduleuses. Il eut pour effet de discréditer ce dernier et de faire échouer sa réforme sur la Subvention territoriale [Brissot, Mémoires T 2 p. 29 ; DUMONT p. 31, 147, 297-298 ; FAY, p. 81-83 ; COLLING 104, MIRABEAU V 4 p. 279, 8, 36, 50, 57, 59 ; SOULAVIE V 5 p. 302 ; Vie publique 31 ; Peltier DOMINE p. 39.] Le second pamphlet s’appelait ‘Point de banqueroute ou Lettre d’un Créancier de l’État sur l’impossibilité de la banqueroute nationale’. Il était signé Brissot, mais inspiré par Clavière. Il expliquait qu’il n’y avait pas de déficit, que le gouvernement mentait pour imposer ses réformes fiscales, que la convocation des États généraux prouverait tout cela, et que les réformes fiscales devaient être refusées, ce qui arriva (Brissot, Point de Banqueroute, p. 32-34).] Cette action décisive fit incontestablement de Clavière le véritable déclencheur de la Révolution. Brissot ayant fait échouer la réforme, fut mis sous le coup d’une lettre de cachet, et dut fuir à Londres pour éviter d’être embastillé. Quant à Clavière, qui avait tout manigancé, il resta indemne de toute accusation. Clavière tenait Brissot qui lui devait tout depuis que celui-ci l’avait fait sortir de prison en réglant toutes ses dettes. [BÉNÉTRUY p. 134]

 

Peur et panique instrumentalisées. La stratégie du choc du peuple déjà à l'oeuvre !

 

‘’[Le 12 juillet 1789] Afin de créer la panique, on fit croire à tous que le nouveau gouvernement allait proclamer la banqueroute. Toute la bourgeoisie créancière de l’État paniquée, fit bloc derrière l’assemblée, prête à tout renverser pour éviter la faillite. [La majeure partie des investisseurs parisiens était créanciers de l’État et vivaient dans la hantise de la banqueroute royale. … D’après Rivarol, ‘les capitalistes par qui la révolution a commencé n’étaient pas difficiles en constitution ; et ils auraient donné les mains à tout, pourvu qu’on les payât… Qu’on essayât une révolution pour les payer ; que tout fut renversé pourvu qu’on les payât. … C’est ce vil intérêt qui a soulevé Paris : car le patriotisme, ce prétexte éternel des parisiens, n’a été la raison que de quelques bourgeois qui n’entendaient pas l’état de la question. Soixante mille capitalistes et la fourmilière des agioteurs l’ont décidée (la Révolution), en se dévoyant à l’Assemblée nationale du jour où elle mit les dettes du gouvernement sous la sauvegarde de l’honneur et de la loyauté française.’ (Rivarol, Mémoires, Baudouin, Paris 1824,p. 186, 235.)

Le 14 juillet 1789, lorsque la fausse nouvelle de la banqueroute royale fut diffusée dans tout Paris, Isaac Panchaud, principal conseiller de Necker et premier décideur à la Caisse d’escompte (ancêtre de la Banque de France) était la seule personne à pouvoir démentir cette rumeur, mais il mourut de façon providentielle le jour même.]

 

‘’Stanislas Maillard, l’agent de Clavière, entraîna les bandes affamées des faubourgs jusqu’à la prison de la Bastille. [L’émeute du 14 juillet fut déclenchée de façon bien concertée : Des attroupements populaires furent créés par une augmentation artificielle du prix du pain : 20000 sacs de farine commandés par Necker pour Paris furent bloqués à Londres par William Pitt (Mirabeau, Courrier p. 28-30 ; BLACK p. 336-338.) Lorsque le prix du pain augmenta, on fit courir le bruit que le roi l’accaparait pour nourrir ses armées qui encerclaient Paris. Camille Desmoulins, secrétaire de Mirabeau, annonça que les armées royales préparaient un massacre, et appela le peuple aux armes. Pour obliger le duc d’Orléans à se compromettre avec les émeutiers, son buste fut promené à la tête de la foule (CHATELET I, p. 182, 183, 191.) Le lendemain, pour créer la panique dans la bourgeoisie, la bourse fut fermée par les agents de change, et les bruits de banqueroute furent répandus. Parmi les émeutiers, on retrouve cinq agents de Clavière : son agent de change Stanislas Maillard eut le rôle principal : il reçut l’acte de reddition de la Bastille et obtint la garde du gouverneur. Les quatre autres furent Legendre, Santerre et son beau-frère Panis, accompagné de son ami Sergent (THIERS p. 265 ; BLANC, Les Hommes, p. 16, 231 ; Site internet de la mairie du XIe arrondissement ; MAYEUR) Maillard laissa décapiter le gouverneur par Jourdan, ‘coupe-têtes’ qui était probablement son complice et qu’il entraîna plus tard à Avignon pour y commettre d’autres atrocités. … L’idée de détruire la Bastille était de Clavière : il l’avait déjà suggérée deux ans plus tôt dans sa ‘Lettre à un créancier de l’État’ pour ‘mettre fin aux arrestations arbitraires’.] … La forteresse (de la Bastille) fut prise, des têtes furent promenées sur des piques. … De toute évidence, ces violences ne furent pas organisées par la bourgeoisie parisienne, puisqu’elle-même en fut tellement effrayée, qu’elle décida enfin à créer cette Garde nationale tant souhaitée par nos agitateurs genevois. Les complices de Clavière l’organisèrent sur le modèle de la milice anglaise. De nombreux banquiers s’y engagèrent avec leur personnel… [Les 60000 électeurs de Paris constituèrent cette milice bourgeoise. Les banquiers Boscary, Perrégaux, Delessert, Prévoteau et Coindre s’y engagèrent avec leur personnel (La Révolution française, Albert Mathiez, 26 juillet 1789).]

 

Pierre DOUAT explique (p. 25) que :

 

‘’Le but final des genevois était de provoquer la fuite du roi à l’étranger pour obtenir sa destitution, exactement comme c’était arrivé en Angleterre à Jacques II, qui en fuyant en France avait perdu tous ses droits à la couronne. […] La régence aurait été confiée au duc d’Orléans, réputé très anglophile, et Mirabeau aurait obtenu un ministère.

‘’À partir de 1789, ce fut Du Roveray qui écrivit les discours de Mirabeau, tant et si bien que ce dernier l’appela ‘son maître en révolution’. Du Roveray avait été pris en flagrant délit et dénoncé publiquement comme ‘pensionné du roi d’Angleterre’, en pleine assemblée nationale, alors qu’il transmettait des notes à Mirabeau à la tribune. [SOULAVIE V 5 p. 301 ; DUMONT p. 57-58.] Pellenc servait d’informateur aux genevois, et Lord Elgin, espion de Pitt, les conseillait [Olivier BLANC, La Corruption sous la Terreur, R. Laffont, Paris 1992, p. 74 ; DE LA MARLE p. 59, 205 ; Etienne DUMONT, Souvenirs sur Mirabeau et sur les deux premières assemblées législatives, Meline, Bruxelles 1832, p. 73-74, 96, 102, 106, 172-173 ; Michael DUREY, William Wickham, master spy : The Secret war against the french revolution, Taylor, New Yord 2009, p. 35-36 ; Elizabeth SPARROW, Secret Services : British agents in France 1792-1815, The Boydell Press, Woodbridge 1999, p. 37-51.].

 

‘’Le même stratagème qu’à la Bastille fut utilisé dans les campagnes où l’on souleva les paysans en répandant le bruit que des bandes armées payées par les seigneurs, allaient brûler les récoltes. ["Grande peur"]

‘’Les villageois une fois rassemblés, ne voyant rien venir, assaillirent à leur tour les châteaux pour exiger l’abolition des droits féodaux. … Sous prétexte de contenir ces paysans, la même ‘garde nationale’ fut crée dans les provinces, ce qui était le véritable but de l’opération [Ces rassemblements populaires organisés de façon concertée dans tout le pays sont très bien décrits dans les mémoires de la marquise de la Tour du Pin (p. 194-195.)]

 

‘’À la fin du mois de septembre (1789), un nouveau complot fut organisé. Pour obliger le roi à fuir, il fut décidé de l’attaquer directement dans son château à Versailles. [CHATELET I, p. 19-20, 91, 215-216.]

‘’Malgré l'abondance des grains en Angleterre, la chambre des Communes refusa d'autoriser l'exportation des blés à Paris où régnait déjà la disette.

‘’En France, les blés destinés à la capitale furent accaparés par la banque Turnbull & Forbes. [Emile DARD, Le général Choderlos de Laclos, Perrin, Paris 1905, p. 190; Olivier BLANC, La corruption sous la Terreur, Paris, Robert Laffont, coll. Les hommes et l'histoire, 1992, p. 84.]

‘’ On fit courir le bruit qu'une émeute se préparait... Mirabeau ne cessait de répéter à son ami le comte de La mark que 'le roi et la reine allaient périr et que la populace allait battre leurs cadavres', sachant très bien que ces propos seraient rapportés à la Cour. [Mirabeau, Correspondance, p. 112]

‘’Un associé de Mirabeau nommé Gorsas, publia un pamphlet mensonger accusant les gardes du roi d'avoir piétiné la cocarde tricolore lors d'un banquet. [PELTIER, Domine salvum fac regem, p. 39 ; Mirabeau, Vie publique, p. 31]

‘’Mirabeau prit la parole à l'Assemblée, et accusa la reine d'être personnellement responsable de cette 'orgie sacrilège'. [CHATELET I, p. 242-243, 265, II, p. 11; 11; Etienne DUMONT, Souvenirs sur Mirabeau et sur les deux premières assemblées législatives, Meline Bruxelles, 1832, p. 141]

‘’… Clavière et Du Roveray furent aperçus en train de chauffer la foule et de distribuer de l’argent [CHATELET I p. 148 ; HAVARD, p. 48-49]

‘’On paya des émeutiers pour les inciter à aller ‘assassiner la reine et les gardes royaux’. [CHATELET I, p. 133, 166, 174, 224]

‘’Le 5 octobre (1789), Stanislas Maillard, toujours lui, conduisit la foule affamée à Versailles [CHATELET I, p. 60, 99, 113, 114, 133, 134.]

‘’Les portes du château furent forcées, deux gardes royaux furent décapités, et leurs têtes promenées sur des piques. La foule envahissait les appartements royaux, mais le roi ne prenant toujours pas la fuite, La Fayette fut obligé d’intervenir avec sa ‘garde nationale’. La reine fut sauvée de justesse, et pour calmer le peuple, elle fut reconduite à Paris sous bonne garde avec la famille royale. Le duc d’Orléans essaya de se dégager de l’affaire [Etienne DUMONT, Souvenirs sur Mirabeau et sur les deux premières assemblées législatives, Meline Bruxelles, 1832, p. 139 ; CHATELET p. 91]. Mais, rendu responsable de tout, il fut aussitôt exilé à Londres. Louis XVI apprit plus tard par l’ambassadeur d’Espagne, que c’était l’ambassade d’Angleterre qui avait financé l’émeute.

"… Le complot anglo-genevois fut publiquement dénoncé dans le pamphlet du journaliste Peltier, ‘Domine salvum fac regem’, puis dans le journal royaliste ‘Les Actes des Apôtres’ : les noms de Mirabeau et de ses complices genevois y étaient cités. [Pour la dénonciation du complot anglo-genevois, voir GOODWIN, p. 105.)]

 

‘’[…] Enfin, Reibaz, autre complice de Clavière, fit introduire l’assignat, monnaie de papier virtuelle, qui assurera la ruine de notre économie.

‘’…Ainsi se clôtura ce qu’on pourrait appeler la première révolution, qui consacrait l’avènement d’une nouvelle noblesse, celle de l’argent.’’ (Pierre DOUAT, Histoire secrète de la Révolution française, Amazon, Brétigny-sur-Orge 2022, p. 33.)

...‘’Mais le plan de William Pitt n’était pas encore totalement accompli. Désireux d’en finir avec Louis XVI, il finança sa fuite à l’étranger pour mieux le compromettre [À la note 49 Pierre Douat précise que : "le projet de provoquer la fuite du roi à l'étranger n'était pas nouveau : on sait qu'une première tentative avait eu lieu lors de la prise de la Bastille.

‘’Clavière et Du Roveray avaient organisé avec Mirabeau une deuxième émeute à destination de Versailles le 31 août 1789, mais qui fut dispersée dans Paris par la Garde nationale. Le meneur était un certain marquis de Saint Hurugue, arrivé récemment de Londres, qui sera réutilisé plus tard par les agents de Pitt (CHATELET I, p. 91; DUMONT, p. 139; DARD p. 185). Une troisième émeute plus sanglante eut lieu le 5 octobre 1789. Le but était d'obliger le roi à fuir et d'offrir la régence au duc d'Orléans. Gorsas, complice de Clavière, publia un pamphlet mensonger accusant les gardes du roi d'avoir piétiné la cocarde tricolore. Mirabeau accusa la reine d'être à l'origine de cette profanation (PELTIER, Domine, p. 39; MIRABEAU, Vie publique, p. 31; CHATELET I, p. 242-243, 265, II, p. 11; DUMONT, p. 141) Pour créer les attroupements, les blés en provenance de Londres furent accaparés (BLANC, La Corruption p. 84; DARR, p. 190, 226; STAEL 126, 134, 136, 142, CHATELET I, p. 15-16, 41, 68, 235, 258). Du Roveray et Clavière furent aperçus distribuant de l'argent aux émeutiers (CHATELET I, p. 148, HAVARD, p. 48-49). Mirabeau fut aperçu en train de soudoyer les troupes royales, puis on le vit côtoyer les émeutiers  (MALOUET; MARICOURT, p. 174,175.) On incita les femmes à aller égorger la reine, et de l'argent fut distribué (CHATELET I, p. 19; MARCOURT p. 145] Les principaux meneurs furent Stanislas Maillard, Nicolas Renier, Buirette Verrières et Fournier l'Américain, tous agents de Clavière (CHATELET I, p. 60, 99, 113, 134, 137, 138, 207; L. BLANC, Histoire V, 6, p. 416; FOURNIER p. 27-35; THIERS p. 265; BOUCHARY, p. 98; CHATELET I p. 13-17, 60; Olivier BLANC, La corruption sous la Terreur, Paris, Robert Laffont, coll. Les hommes et l'histoire, 1992, p. 11-12, 61; DESMOULINS, Histoire p. 9-18; DE LA MARLE p. 649-650.) Ici aussi Louis XVI ne prit pas la fuite, et le duc d'Orléans fut accusé et dut s'exiler à Londres. Le roi apprit de l'ambassadeur d'Espagne que Dorset, ambassadeur britannique, avait financé cette émeute. Louis XVI protesta officiellement, et Dorset reconnut avoir reçu cet argent de négociants anglais et l'avoir distribué à des négociants français. Il prétendit 'ignorer l'emploi qu'on avait pu en faire', et fut remplacé peu après, ce qui est presque un aveu de culpabilité (MARICOURT p. 174-175.)

"La menace ayant échoué, on essaya la persuasion. Mirabeau, l'homme de Clavière, proposa au roi d'organiser sa fuite vers la frontière pour reprendre le pouvoir, mais Louis XVI s'y refusa (DUMONT p. 162-169).

[4e tentative : Le 28 février 1791, Paris se réveille au son des rumeurs. On raconte partout dans la capitale que les royalistes vont organiser une "Saint-Barthélemy" des patriotes. Il y a bien une conspiration mais pas celle que le peuple croit. Ndlr."Une nouvelle tentative fut organisée lors de la conspiration des chevaliers du poignard : Dossonville, espion avéré de l'Angleterre, chercha à emmener le roi avec quelques dizaines de partisans, pendant que Santerre, agent de Clavière, faisait diversion à Vincennes pour distraire La Fayette et sa Garde nationale [Un plan astucieusement mené puisqu’il fit sortir le général de Lafayette et la Garde nationale de sa caserne afin qu’il rejoigne Vincennes. Ndlr.]; mais Louis XVI [qui refusait de faire couler le sang. Ndlr.] refusa à nouveau de partir (Elizabeth SPARROW, Secret, p. 63, 132-134; THIERS p. 265; Olivier BLANC, Les hommes, p. 125). La cinquième tentative fut la bonne"]

 

(5e tentative quatre mois plus tard) : ‘’De Fersen, ambassadeur de Suède, réussit à convaincre la reine de fuir. L’opération avait été financée par Quintin Craufurd, agent secret de Lord Malmesburry, nouvel ambassadeur d’Angleterre. Craufurd n'hésita pas à utiliser sa propre maîtresse Mrs Sullivan pour manipuler de Fersen qui devint son amant. L’opération fut un succès : le roi fut arrêté à Varennes, ramené de force à Paris, et les parisiens ne tardèrent pas à demander sa destitution. [Elizabeth SPARROW, Secret Services : British agents in France 1792-1815, The Boydell Press, Woodbridge 1999, p. 36 ; Jacques DE LAUNAY, Histoire de la Diplomatie secrète 1789-1914, La Rencontre, 1965, p. 115-119 ; Encyclopedia Britannica 11th ed. Vol 7, SI. 6, Q. Crawfurd ; Voir aussi Etienne DUMONT, Souvenirs sur Mirabeau et sur les deux premières assemblées législatives, Meline Bruxelles, 1832, p. 239.]

‘’La fuite à l’étranger était un piège. Ce fut l’évènement qui abattit définitivement la monarchie : le roi fut désormais suspect de ‘trahison’.

 

‘’Pour pousser les partisans de la destitution à une action violente, des provocateurs à la solde de l’étranger déclenchèrent la fusillade du Champ de Mars : les partisans de la destitution furent mitraillés par la garde nationale... Dès lors, le peuple en colère était fin prêt pour ‘renverser son roi’. Pour cette fusillade, Brissot, l’homme de Clavière, rameuta le peuple à l’aide de son journal, et rédigea la pétition qui demandait la destitution du roi [STAËL p. 217].

‘’D’après Staël, l’Angleterre aurait financé les meneurs par l’intermédiaire de Brissot. [Staël p. 217-218 ; RICKER p. 189]

‘’De nombreux étrangers furent aperçus lors du rassemblement, distribuant de l’argent aux émeutiers. L’agent anglais Rotondo fut arrêté pour avoir distribué de l’argent et avoir incité à l’émeute [POUGET p. 106, 134 ; CABET V 2, p. 358, 370 ; CONSEIL p. 388.]

‘’Un agent de Clavière, nommé Fournier l’Américain, se mêla à la foule avec sa bande. Ils décapitèrent et promenèrent les têtes de deux innocents. … Fournier tira à bout portant sur LaFayette [CABET V 2, p. 365, 370-373, 379-381 ; MATHIEZ, Les Grandes p. 115-128.]

‘’Santerre, Sergent, Stanislas Maillard, agents de Clavière, ainsi qu’un espion anglais nommé Duplain, étaient aussi à la fête [THIERS p. 265 ; DOUAT note 507 ; BOUCHARY p. 98 ; Lettre anglaise, Feller, vol. 11, p. 273 ; ROLAND, tome I p. 408, 410 ; TOURZEL, p. 367-369 ; DUMAS p. 360-400 ; FOURNIER p. 48-50,53.]

‘’… La loi martiale avait été votée grâce à Duroveray...

‘’Clavière avait donc des intelligences à la fois dans le camp des émeutiers et dans celui de la répression…

‘’Au Champ de Mars, … les Gardes nationaux qu’on avait pris la peine d’enivrer auparavant, tirèrent sans sommation dans la foule, tuant plusieurs dizaines de manifestants. ... Parmi les douze personnes arrêtées ce jour-là, on remarquera Rotondo, Fournier l’Américain et Buirette Verrières, tous agents de Clavière.

‘’L’Angleterre et la Prusse s’étaient probablement entendus pour renverser le régime.

‘’En fait d’intimider le peuple, le résultat de ce massacre fut au contraire d’exciter la fureur populaire contre les partisans du roi.

‘’La fusillade du Champ de Mars préparait le 10 aôut, elle n’avait pas d’autre but..."

 

‘’Robespierre contre William Pitt

 

Pierre Douat avance que ‘’Robespierre organisa l'émeute (du 10 août) [qui vit le Massacre des Tuileries, l'arrivée au pouvoir de la Commune insurrectionnelle, l'emprisonnement de Louis XVI, l'abolition de la monarchie et la proclamation de la république le 21 septembre 1792]

 

Les "idées révolutionnaires commençaient à gagner l'Irlande et l'Angleterre, menaçant la couronne anglaise. Pitt débordé [...] s'engagea dans une politique de guerre totale avec la France. Voulant dégoûter son peuple'' de la révolution ''française'', il décida d'encourager le terrorisme...

 

"Un plan bien organisé’’

"Stanislas Maillard, l'agent de Clavière, organisa lui-même les massacres de Septembre [1792] où plus de 1200 prisonniers parisiens furent égorgés.

"Contrairement à certaines affirmations, les massacres de septembre ne durent rien à une prétendue fureur populaire, mais découlèrent d'un plan bien organisé, puisqu'une circulaire du comité de surveillance fut signée en haut lieu pour étendre ces massacres à la France entière [Alexandre TUETEY, Répertoire général des sources manuscrites de l'histoire de Paris pendant la Révolution française, Assemblée législative, Paris 1900, T. 5, p. 57.] Sur la copie du document, on trouve parmi les signataires, trois espions anglais : Jourdeuil, Deforgues et Duplain [Olivier BLANC, Les Espions de la Révolution et de l’Empire, Éditions Perrin, Paris, 1995, p. 92; La Corruption p. 64.] Ce furent précisément les deux derniers qui accueillirent au comité Jean-Paul Marat, membre dune loge anglaise qui avait vécu plusieurs années à Londres où il était retourné quelques mois avant les massacres. Il a donc pu être influencé. Un dénommé Sergent, marié à une anglaise, et ami de Panis, lui-même beau-frère de l'agent anglais Santerre. Un troisième signataire nommé Duffort, obéissait aux deux premiers [TUETEY V, p. IX]. Tous ces signataires étaient sous influence anglaise. Un dernier nommé Guermeur de son vrai nom Royou, était probablement aussi un agent subversif puisque son propre frère fut arrêté pour avoir incité à la répression après la fusillade du Champ de Mars. Il rédigeait 'L'Ami du Roi', un journal royaliste d'une extrême violence : les deux frères incitaient donc à la violence dans les deux camps opposés.’’ [Louis MORTIMER-TERNAUX, Histoire de la Terreur 1792-1794, Levy, Paris 1863, V 4, p. 456.]

[Pierre DOUAT, Histoire secrète de la Révolution française, Amazon, Brétigny-sur-Orge 2022, p. 40, et note 56 p. 126.]

 

"Les massacres de septembre découlèrent d'un plan bien orchestré."

 

Le Premier ministre britannique William Pitt décida d'encourager le terrorisme.

 

Tandis que "pour mettre la vie du roi en danger", "Pitt et le roi de Prusse publièrent le 'manifeste de Brunswick', véritable provocation dans laquelle les puissances de la coalition menaçaient Paris d'extermination en cas d''atteinte à la souveraineté royale, les Tuileries furent attaquées le 10 août 1792 et les Gardes suisses massacrés (dans une insurrection bien orchestrée elle aussi. Ndlr.), ses affidés organisèrent les massacres de septembre.

 

"Gorsas, complice de Clavière, se chargea d'échauffer les esprits, annonçant dans son journal que Brunswick allait piller Paris et supplicier ses habitants, hommes, femmes et enfants. ... L'après-midi du 2 septembre, le canon tonna pour donner le signal. Stanislas Maillard alias 'Tape dur', homme de main de Clavière, accompagné de ses 68 comparses, entraîna vers les prisons les éléments les plus violents des faubourgs en leur promettant de l'argent [BOUCHARY 98; MORTIMER, vol. 3 p. 484, 490, 525-530; TWETEY T 5 p. 39; HUE 123.]

[Pierre DOUAT, Tout ce que vous auriez voulu savoir sur la France et qu'on vous a caché toujours caché, éd. Marsan, 2015, p. 16-17, et note 30 p. 279]

 

‘’Une proposition écrite fut envoyée au duc d'Orléans pour lui offrir la couronne qui la refusa.

 

‘’Et le 22 septembre, la république fut proclamée. 

Clavière avait réussi à s'installer au pouvoir avec les Girondins, et occupait le poste de ministre des finances... Il payait Reibaz qui transmettait à Pitt tous les secrets du cabinet, pendant que Du Roveray, en poste à l'ambassade de Londres, trahissait la France en envoyant de faux rapports à son ministre.

 

Pitt cherchait à ruiner notre économie en l'inondant de faux assignats, Clavière ruina leur crédibilité en en émettant pour plus de 7 milliards (au lieu de 2 prévus).

‘’L'assignat perdit 65% de sa valeur sous son ministère. Sous couvert de lutte contre leur contrefaçon, il fit au contraire tout pour la favoriser. Une fabrique de faux assignats fut établie juste à côté de chez lui à Suresnes. Puis Clavière fit fondre toute l'argenterie des hôtels des monnaies qui provenait du pillage des églises, et qui finira déporter à l'étranger. Il organisa de gigantesques détournements de fonds publics qu'il fit passer ... en Angleterre, grâce à deux de ses complices, Claude Baroud, et le baron de Batz.

‘’L'Angleterre convoitait nos colonies sucrières, l'action militante de Clavière et de Brissot incitera nos planteurs à y accueillir les Anglais !

‘’Puis Clavière rétablira la prime d'encouragement au commerce des Noirs, qui fut en grande partie reversée aux Anglais. Il facilitera la prise de nos vaisseaux par les Anglais en envoyant des royalistes assurer la sécurité de nos ports.

 

La trahison de nos généraux fut achetée par l'Angleterre, et notre armée fut vaincue. Robespierre n'eut alors aucun mal à renverser ces Girondins fauteurs de guerre mais incapables d'arrêter l'envahisseur. Il remplaça les transfuges qui dirigeaient notre armée par des ''patriotes'' : à la surprise générale, les troupes anglo-autrichiennes furent à leur tour vaincues...

‘’Pitt finançait les insurrections royalistes de la Vendée, mais il fit toujours en sorte que celles-ci échouent... Son objectif n'était pas de restaurer la monarchie, mais d'aggraver nos troubles intérieurs. Il infiltra nos factions les plus extrêmes pour créer l'anarchie dans le pays.‘’

 

À la chute des Girondins, Clavière fut arrêté parce que soupçonné d'être un agent de l'étranger. Néanmoins, il continue de bénéficier d'une mystérieuse protection et ne figure pas au procès pour trahison intenté contre Brissot et ses complices. Il reste en liberté surveillée, et continue d'assurer ses fonctions. Clavière ne parla jamais et fut retrouvé 'suicidé' à la veillé de son procès. Son épouse subit le même sort. Tous ses documents financiers postérieurs à 1788 disparurent opportunément. Du Roveray lui aussi fut dénoncé comme agent de l'Angleterre, et dut s'enfuir à Londres. Puis, il repartir en Suisse pour reprendre ses activités d'espionnage au service de William Pitt. Ses papiers furent saisis mais disparurent opportunément, ainsi que ceux d'Ivernois. [Olivier BLANC, Les Espions de la Révolution et de l’Empire, Éditions Perrin, Paris, 1995p. 35; KARMIN p. 252, 360.]

Le complot anglais démasqué

 

En juin 1793 (six mois après l'exécution de Louis XVI), le complot anglais fut publiquement découvert : la correspondance d'un espion britannique avait été interceptée prouvant que William Pitt payait des espions pour organiser des violences sur notre territoire.

 

‘’La fameuse Lettre anglaise fut traduite en français et affichée à l'assemblée nationale : de nombreux noms y étaient cités, et chacun put se convaincre de la réalité du complot.

 

‘’Dès lors, une véritable paranoïa s'empara de nos élites, et chacun vit en son adversaire politique un espion de Pitt et de Cobourg.[Lettre anglaise, texte et nouvelle traduction, 4 août 1793, Paris, Boston public library]

 

‘’Une autre lettre saisie dans les papiers de Danton montra que le Foreign Office avait payé des espions pour inciter notre gouvernement à proclamer le régime de la 'Terreur'. La lettre écrite 8 jours après la proclamation de la Terreur demandait au banquier Perrégaux de récompenser trois agents secrets pour les 'services essentiels qu'ils avaient rendu, en soufflant le feu et en portant les jacobins au paroxysme de la fureur.' [Les trois agents étaient désignés par leurs initiales, qui étaient les mêmes que celles de de Merville (de M), Michel Chemin Deforgue (M. C. D.), deux agents de Pitt proches de Barère et de Danton. Le troisième, désigné par (WT) pouvait être l'espion anglais Wentworth, amant de Sophie Demailly, elle-même espionne anglaise et maîtresse de Barère (Olivier BLANC, Les Hommes de Londres, histoire secrète de la Terreur, Éditions Albin Michel, Paris 1989, p. 38, 42, 61, 63, 71-73; Les Espions de la Révolution et de l’Empire, Éditions Perrin, Paris, 1995, p. 50,51; Henri POUGET DE SAINT-ANDRÉ, Les Auteurs cachés de la Révolution française, éd. Perrin, Paris 1923, p. 231-232; Jean BOUCHARY, Les manieurs d'argent à Paris à la fin du XVIIIe siècle, Rivière, Paris 1939, vol. 3 p. 38; Louis-Gabriel MICHAUD, Biographie Universelle Ancienne et Moderne, Paris, 1837 V. 62 p. 313; Elizabeth SPARROW, Secret Service, The Boydell Press, Woodbridge, 1999, p. 92, 219).

"Francis Drake, ambassadeur d'Angleterre, écrira plus tard à son ministère "Quand Deforgue était ministre (des affaires étrangères), nous avions un moyen sûr de rectifier ses rapports par nos intelligences dans son bureau intime; nous n'avons pas encore le même avantage avec son successeur''.

"Dans une autre lettre datée du 2 septembre, Drake décrit Deforgue comme 'cachant ses véritables intentions sous l'aspect d'un jacobinisme des plus exagérés'.

"Deforgue comptait parmi les signataires de la circulaire des massacres de Septembre, et on imagine l'influence néfaste qu'il a pu avoir sur Barère, sur Danton, et peut-être même sur Robespierre (CLAPHAM 67)]

"Cette lettre ne sera découverte que plus tard, lors de l'arrestation de Danton. [Elle sera confirmée le 27 janvier 1795 à la Chambre des Lords, lorsque le duc de Bedford déclarera 'Nos efforts ont assurément beaucoup contribué à établir le régime de la Terreur dans ce pays.' Bedford ne sera pas contredit par ses interlocuteurs (Louis PORTIEZ, Influence du Gouvernement anglais sur la Révolution française, p. IV, p. 167; POUGET DE SAINT-ANDRÉ, Les Auteurs cachés de la Révolution française, éd. Perrin, Paris 1923, p. 247.)]

 

''Ignorant tout cela Robespierre en sera la première victime, et adhèrera au régime de la Terreur, parce qu'il avait réservé aux traîtres et ennemis de la Nation. La vérité lui apparut plus tard, en lisant un manifeste de la coalition qui décrivait nos révolutionnaires tels 'un ramassis de brigands en révolte contre Dieu'.

 

''Voulant réhabiliter la Révolution, Robespierre élimina les 'exagérés', mit fin à la déchristianisation, et appela à un retour à la modération. [Las Cases dit qu'à Sainte Hélène, Napoléon affirma avoir lu des lettres de Robespierre dans lesquelles il blâmait les atrocités et les horreurs de la Convention. Cambacérès lui avait affirmé que peu avant sa chute, Robespierre avait prononcé un discours magnifique dans lequel il prônait un retour à la modération, mais le discours ne fut pas inséré dans le Moniteur, et toute trace écrite en fut supprimée par ses adversaires (LAS CASES p. 424-425.)]

 

La situation devenait périlleuse pour l'Angleterre, et Pitt n'eut d'autre choix que de renverser ce nouveau gouvernement qui le menaçait. Ses agents entraineront les ennemis de Robespierre dans une politique d'extermination aveugle, qu'ils attribueront à tort à ce dernier : l'agent anglais Dossonville (1753-1832), nommé par Clavière, organisera des faux complots et fera exécuter des centaines d'innocents : 1285 têtes tomberont en deux mois. Cette période sera appelée Grande Terreur.

 

"Pour brouiller Robespierre avec l'assemblée, une fausse liste de proscription de 30 députés fut publiée qui lui fut attribuée. [Recruté par Clavière, l'espion anglais Dossonville était commissaire de police au comité de Sûreté générale (SPARROW, Secret p. 63, 132, 134; Olivier BLANC, La Corruption p. 13; DE JOUVENEL p. 58). Il profita de l'absence de Robespierre pour organiser des exécutions de masse afin de les lui attribuer : Dossonville créait des complots imaginaires, de concert avec Barère et les autres membres du Comité, tous ennemis de Robespierre. Des listes de noms étaient préparées à l'avance et certains prisonniers surnommés 'moutons' étaient sommés de témoigner contre eux sous peine d'être eux-mêmes exécutés : un prisonnier nommé Foignet témoigna de ce qu'il entendit d'un certain Armand, homme de main de Dossonville : 'Tu n'as pas d'autre moyen de te sauver que d'en faire guillotiner un grand nombre; invente une conspiration". 'Dossonville et Dulac venaient tous les 2 ou 3 jours rendre visite à Armand... Ils méditaient de nouvelles conspirations'. Tout ceci fut confirmé par Ferrière-Sauvebeuf, lui-même victime de ce chantage (E. J. J. FOIGNET, Mémoires d'un prisonnier de la Maison d'arrêt des Anglaises, Maret, 1795, p. 19, 20; Olivier BLANC, Les Hommes de Londres, histoire secrète de la Terreur, Éditions Albin Michel, Paris 1989, p. 152-153) Lenôtre confirme qu'Armand, ancien faussaire, était l'agent de Dossonville. Joachim Vilate, ancien juré du tribunal révolutionnaire et témoin visuel, confirme lui aussi les accusations : 'Barère avait à Clichy, une maison de plaisance ... où les Vadier, les Vouland (membres du Comité de Surêté générale) inventaient avec lui des conspirations que la guillotine devait anéantir.' ... Le 29 août 1794, Lecointre porta publiquement les mêmes accusations contre Barère, Vadier et Vouland. D'après lui, ces derniers profitèrent de l'éloignement de Robespierre pour faire exécuter 1285 personnes pendant les 45 jours que dura son absence. Durant cette période, Robespierre ne signa que douze arrêtés, dont un sel était en rapport avec le régime de la Terreur. (Laurent LECOINTRE, Les Crimes de sept membres des anciens comités de salut public et de sûreté générale ou Dénonciation formelle à la Convention nationale, contre Billaud-Varennes, Barère, Collot-d'Herbois, Vadier, Vouland, Amar et David, suivie de pièces justificatives, indication d'autres pièces originales existantes dans les comités, preuves et témoins indiqués à l'appui des faits, Maret, 1795, p. 245.) Dossonville qui agissait dans l'ombre avait accumulé une telle somme de documents compromettants, qu'il en avait pris l'ascendant sur tous ses supérieurs : d'après le comte Dufort, 'jamais député, satrape, vice-roi n'avait eu de plus amples pouvoirs.' Ceux de Robespierre, eux, étaient limités : il était membre du Comité de salut public qui était en rivalité constante avec le Comité de sûreté générale et n'avait aucune autorité sur lui. Même au sein du Comité de salut public, Robespierre était minoritaire (J.N. DUFORT DE CHEVERNY, Mémoires sur les règnes de Louis XV, Louis XVI et sur la Révolution, t. 2 p. 308). Une fausse liste de proscription contenant 30 députés fut diffusée et attribuée à tort à Robespierre. Dans son dernier discours, ce dernier voulut dénoncer le complot anglais : 'Est-il vrai qu'on ait colporté des listes odieuses où l'on désignait comme victimes certains membres de la Convention et qu'on prétendait être l'ouvrage du Comité de salut public et le mien ? ... Oui les faits sont constants ... Pourtant des actes d'oppression avaient été multipliés pour étendre le système de terreur et de calomnie. Des agents impurs prodiguaient les arrestations injustes. Pour moi je frémis quand je songe que des ennemis de la révolution, que d'anciens professeurs de royalisme, que des ex-nobles, des émigrés peut-être se sont tout à coup faits révolutionnaires et transformés en commis du Comité de sûreté générale... Il serait assez étrange que nous eussions la bonté de payer des espions de Londres ou de Vienne pour faire la police.' L'allusion à Dossonville, ancien royaliste devenu agent anglais est manifeste. Plus loin, il dit : 'Nous sommes instruits qu'ils sont payés par les ennemis de la Révolution pour déshonorer le gouvernement révolutionnaire... Quand les victimes se plaignent, ils s'excusent en leur disant : c'est Robespierre qui le veut'. À la fin du discours, Robespierre expliquera toute l'architecture du complot : 'Il existe une conspiration contre la liberté publique; elle doit sa force à une coalition criminelle qui intrigue au sein même de la Convention. Cette coalition a des complices dans le Comité de sûreté générale et dans les bureaux de ce comité qu'ils dominent. Les ennemis de la République ont opposé ce comité au Comité de salut public, et ont constitué ainsi deux gouvernements, et des membres du Comité de salut public entrent dans ce complot.'

''Après avoir proféré ces terribles accusations, Robespierre fut incapable de donner des noms et c'est ce qui le perdit. Fouché, l'agent double, passa sa journée et sa nuit à visiter tous les députés en disant à chacun 'c'est demain que vous périrez s'il ne périt.' [Elizabeth SPARROW 1926-2016, Secret service under Pitt's Administrations 1792-1806, The Historical Association, 1998, p. 291; Olivier BLANC, Les Espions de la Révolution et de l'Empire, Perrin, Paris 1995, p. 27; Marcel POLLITZER, Le Règne des Financiers : Samuel Bernard, J. Law, G.J. Ouvrard, Nouvelles éditions latines, Paris 1978, p. 207).]

 

‘’Robespierre dénonça le complot anglais dans son dernier discours, mais il commit l'erreur de ne pas citer de noms. Du coup, tous ceux qui avaient quelque chose à se reprocher se crurent menacés, et par instinct de survie, décidèrent de sa chute. Il sera exécuté sans procès, avec 100 de ses partisans, et deviendra pour la postérité le bouc émissaire de la Révolution.

 

‘’On voit donc que la thèse du complot anglo-genevois est parfaitement étayée.

 

"[...] William Pitt aura ainsi atteint le double but de ruiner notre commerce colonial et d'aliéner certaines de nos élites au parti de l'étranger.

"Cette rupture dans notre société perdure hélas encore aujourd'hui.

 

Pierre DOUAT conclut : 

"Il est pour le moins étrange qu'en 200 ans d'historiographie, presqu'aucun historien n'évoque le complot anglais, alors que de nombreux mémorialistes en ont parlé, que Robespierre lui-même l'évoquait dans ses discours, et que les preuves écrites du complot furent publiquement exposées au sein même de l'assemblée nationale....'' (Histoire secrète de la Révolution française, p. 54)

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2 septembre 2023 6 02 /09 /septembre /2023 00:00
Sainte Ingrid de Skänninge († 1282)
Princesse suédoise, religieuse dominicaine ( 1282), Sainte Ingrid de Skänninge était, par sa mère, petite fille du roi Knut de Suède.
 
Devenue veuve, Ingrid fit un pèlerinage aux Lieux Saints. Au retour, passant par Rome, elle obtint du pape l'autorisation de fonder un couvent de religieuses cloîtrées dans son pays, qui furent des tertiaires dominicaines (moniales de l’Ordre des Prêcheurs). Elle donna tous ses biens pour la gloire de Dieu.

 

Son frère Jean Elovson, chevalier teutonique, l'aida de son argent et le couvent fut inauguré à Skänninge en Suède en 1281. Sainte Ingrid mourut un an après, à Skänninge en Suède, l'an 1282.

 

 

Sources: 1, 2

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Publié par Ingomer - dans Saints du jour
2 septembre 2023 6 02 /09 /septembre /2023 00:00

Groupe de 191 martyrs mis à mort pendant la Révolution. Ils furent emprisonnés sous l'Assemblée législative, pour avoir refusé le serment constitutionnel condamné par le Saint-Siège. Le 2 et 3 septembre, ils furent massacrés par la populace, de connivence avec l'Assemblée. Les membres éminents du groupe furent : Jean-Marie du Lau, archevêque d'Arles, François de Rochefoucauld, évêque de Beauvais, Louis, frère de ce dernier et évêque de Saintes, Augustin Ambroise Chevreux, dernier abbé général de la congrégation bénédictine de Saint-Maur, et Charles de la Calmette, comte de Valfons. Cent vingt des victimes furent tuées dans le jardin des carmes, rue de Vaugirard à Paris. Ils furent béatifiés par Pie XI en 1926. Les Saints du jour

voir DEA 144 - Les bienheureux martyrs de septembre 1792

Les Bienheureux Martyrs de Septembre, victimes de la Révolution française (en 1792)

Suite à l'"insurrection non-spontanée" mais préparée par les "quarante-huit sections" des Jacobins (Cf.
Gérard MAINTENANT, Les Jacobins, Presses Universitaires de France, Paris 1984, p. 52-58), insurrection qui entraîna la chute de la monarchie le 10 août 1792, et la proclamation de la "république" un mois plus tard (le 20 septembre 1792), la fièvre monte à Paris. De nombreux suspects sont arrêtés : laïcs, prêtes séculiers, religieux, souvent réputés 'réfractaires', même si ce n'est pas le cas de tous. Environ 350 ecclésiastiques sont ainsi incarcérés, dont plus de la moitié étrangers à la capitale.

Entre le 2 et le 5 septembre, des bandes armées d'hommes et de femmes envahissent les prisons parisiennes pour se livrer à l'exécution collective des détenus au couvent des Carmes, à l'abbaye de Saint-Germain, au séminaire Saint-Firmin, aux prisons de la Force, rue Saint-Antoine.

Le couvent des Carmes, avec son très vaste enclos, est le premier et le plus symbolique théâtre des tueries. Au témoignage de l'abbé Saurin, jésuite rescapé, le contraste est saisissant entre la sérénité qui règne au-dedans, parmi les ecclésiastiques prisonniers, groupés autour de trois évêques, et, au dehors, le hurlement de la foule, les canonnades, les roulements de tambour, et finalement, le 2, vers quatre heures du soir, le tocsin de Saint-Sulpice qui donne le signal aux émeutiers. La tuerie qui a commencé dans le jardin s'achève, après un simulacre de jugement, au pied du petit escalier faisant communiquer la chapelle, où les prisonniers ont d'abord reflué et se sont mutuellement donné l'absolution, et le jardin. "Je n'ai entendu se plaindre aucun de ceux que j'ai vu massacrés" écrira l'abbé de la Pannonie, blessé et rescapé de la tragédie des Carmes.

 

La question du rôle précis joué par les Jacobins dans la journée du 10 août sans laquelle les événements de septembre n'eurent pas été possibles, a été examinée par l'historien Gérard Maintenant, qui indique dans son ouvrage Les Jacobins, qu'"il semble bien établi que les Jacobins se rallièrent, dès le 29 juillet, aux thèses de Robespierre qui proposa la "destitution" du roi.

 

[...] Mais une insurrection ne s'improvisant pas, les Jacobins participèrent à la création du "Directoire secret" insurrectionnel. [...] Le club pratiqua, fin juillet, une double action : l'une, légaliste, au grand jour, faite de motions de pétitions, de résolutions s'inscrivant dans le cadre des institutions; l'autre, secrète, annonçant la stratégie babouviste de prise du pouvoir. Choudieu, député jacobin à l'Assemblée législative et futur conventionnel montagnard, dans ses Mémoires, [...] donna [...] une vision assez juste de la préparation du 10 Août, en mettant en évidence le mouvement sectionnaire. 'Mais où donc fut préparé le 10 août me demandera-t-on ? Ce fut dans les quarante-huit sections, non pas secrètement, mais au su de tout le monde et de la cour elle-même. Parmi les représentants, Bazire, Chabot et Merlin (de Thionville) ont levé les premiers l'étendard de la révolte... Des assemblée secrètes se tenaient dans le faubourd Saint-Antoine, et les trois députés... s'y rendaient toutes les nuits. Mais malgré toute leur audace, ils n'auraient pas réussi s'ils n'eussent été secondés par les assemblées des différentes sections de Paris qui poussaient aussi au mouvement. Celle de Mauconseil se déclara la première en insurrection...' Agissant au sein même de leur section respective, les Jacobins contribuèrent, d'une façon décisive, à la mise en pratique d'un stratégie insurrectionnelle.

Buchez et Roux écrivent: 'Les Jacobins sont les provocateurs du 10 Août; les agents principaux de cette insurrection sont sortis de son sein.'" (Gérard MAINTENANT, Les Jacobins, Presses Universitaires de France, Paris 1984, p. 52-58.)

 


Parmi les 3 000 victimes, laïcs compris, de septembre 1792, 191 personnes mortes pour leur foi ont été béatifiées par Pie XI le 17 octobre 1926. 86 prêtres étaient membres du clergé parisien. Les quatre laïcs et de nombreux religieux béatifiés appartenaient aussi à l'Église de Paris. Parmi ces martyrs, le frère Salomon Leclercq, Premier saint de la Révolution française, a été canonisé par François le 16 octobre 2016.


Église Saint-Joseph-des-Carmes

70 rue de Vaugirard, 6e arr.


 

 

"À combien chiffrer les victimes ? ... Une évaluation autour de 1300 morts paraît raisonnable à Frédéric Bluche. Impossible d'être plus précis. Le problème est celui de la conservation des registres d'écrou : beaucoup d'archives ont été détruites dans l'incendie de 1871." (Jean Tulard, Préface dans Frédéric BLUCHE, Septembre 1792, logiques d'un massacre, Robert Laffont, Poitiers 1986, p. 14-15.)

 

"Un plan bien organisé’’

"Stanislas Maillard, l'agent de Clavière, organisa lui-même les massacres de Septembre où plus de 1200 prisonniers parisiens furent égorgés.

"Contrairement à certaines affirmations, les massacres de septembre ne durent rien à une prétendue fureur populaire, mais découlèrent d'un plan bien organisé, puisqu'une circulaire du comité de surveillance fut signée en haut lieu pour étendre ces massacres à la France entière [Alexandre TUETEY, Répertoire général des sources manuscrites de l'histoire de Paris pendant la Révolution française, Assemblée législative, Paris 1900, T. 5, p. 57.] Sur la copie du document, on trouve parmi les signataires, trois espions anglais : Jourdeuil, Deforgues et Duplain [Source: Olivier BLANC, Les Espions de la Révolution et de l’Empire, Éditions Perrin, Paris, 1995, p. 92; La Corruption p. 64.] Ce furent précisément les deux derniers qui accueillirent au comité Jean-Paul Marat, membre dune loge anglaise qui avait vécu plusieurs années à Londres où il était retourné quelques mois avant les massacres. Il a donc pu être influencé. Un dénommé Sergent, marié à une anglaise, et ami de Panis, lui-même beau-frère de l'agent anglais Santerre. Un troisième signataire nommé Duffort, obéissait aux deux premiers [TUETEY V, p. IX]. Tous ces signataires étaient sous influence anglaise. Un dernier nommé Guermeur de son vrai nom Royou [et un des délégués du Comité de salut public. Ndlr.], était probablement aussi un agent subversif puisque son propre frère fut arrêté pour avoir incité à la répression après la fusillade du Champ de Mars. Il rédigeait 'L'Ami du Roi', un journal royaliste d'une extrême violence : les deux frères incitaient donc à la violence dans les deux camps opposés.’’ [Louis MORTIMER-TERNAUX, Histoire de la Terreur 1792-1794, Levy, Paris 1863, V 4, p. 456.] [SOURCE: Pierre DOUAT, Histoire secrète de la Révolution française, Amazon, Brétigny-sur-Orge 2022, p. 40, et note 56 p. 126.]

 

"Les massacres de septembre découlèrent d'un plan bien orchestré."

 

Le Premier ministre britannique William Pitt décida d'encourager le terrorisme.

 

Tandis que "pour mettre la vie du roi en danger", "Pitt et le roi de Prusse publièrent le 'manifeste de Brunswick', véritable provocation dans laquelle les puissances de la coalition menaçaient Paris d'extermination en cas d''atteinte à la souveraineté royale, les Tuileries furent attaquées le 10 août 1792 et les Gardes suisses massacrés (dans une insurrection bien orchestrée elle aussi. Ndlr.), ses affidés organisèrent les massacres de septembre.

 

"Gorsas, complice de Clavière, se chargea d'échauffer les esprits, annonçant dans son journal que Brunswick allait piller Paris et supplicier ses habitants, hommes, femmes et enfants. ... L'après-midi du 2 septembre, le canon tonna pour donner le signal. Stanislas Maillard alias 'Tape dur', homme de main de Clavière, accompagné de ses 68 comparses, entraîna vers les prisons les éléments les plus violents des faubourgs en leur promettant de l'argent (BOUCHARY 98; MORTIMER, vol. 3 p. 484, 490, 525-530; TWETEY T 5 p. 39; HUE 123).

[SOURCE: Pierre DOUAT, Tout ce que vous auriez voulu savoir sur la France et qu'on vous a caché toujours caché, éd. Marsan, 2015, p. 16-17, et note 30 p. 279]

 

On peut vénérer ces béatifiés dans la crypte ossuaire érigée au XIXe siècle sous la chapelle.

L'" escalier du martyre " marqué d'une plaque Hic ceciderunt (" Ici ils tombèrent ") est aujourd'hui inclus dans le jardin du séminaire universitaire de l'Institut catholique.

Bienheureux Martyrs de Septembre 1792
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1 septembre 2023 5 01 /09 /septembre /2023 00:00
Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 75

Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 75

Saint Aegidius, dont le culte a été pendant plusieurs siècles fort célèbre en France et en Angleterre, était athénien de naissance, et d'une extraction noble; il vivait vers la fin du VIIe siècle. Sa science et sa piété lui attirèrent une admiration universelle.

 

Voyant qu'il lui était impossible de mener dans sa patrie une vie retirée, il résolut de la quitter pour fuir le danger qui accompagne les applaudissements des hommes. Il vint vivre en ermite en Provence; il sera chaleureusement accueilli à Arles, puis au bord du Gardon par saint Vérédème, évêque à Avignon. Puis il se retirera en ermite dans la Vallée Flavienne, domaine du roi goth Flavius, dans l'embouchure du Rhône.

 

Son éducation fut brillante, comme elle devait être pour un jeune homme de race royale. On lui a attribué de remarquables ouvrages de médecine et de poésie; mais sa science était surtout celle des Saints.


Un jour qu'il se rendait à l'église, il rencontra un pauvre mendiant malade, presque nu, qui lui demanda l'aumône. Ému de compassion, Gilles se dépouilla de sa riche tunique et la lui donna : à peine le malheureux en fut-il revêtu, qu'il se trouva en parfaite santé. Le jeune homme comprit, à ce miracle, combien l'aumône était agréable à Dieu. Peu de temps après, à la mort de ses parents, il distribua tous ses biens aux pauvres et se voua lui-même à la pauvreté, à la souffrance et à l'humilité. Mais Jésus-Christ ne Se laissa pas vaincre en générosité, et les miracles se multiplièrent tellement sous les pas du saint jeune homme, qu'il en fut lui-même effrayé et se résolut à quitter son pays et à faire voile pour l'Occident. Pendant la traversée, il calma une effroyable tempête par ses prières et débarqua bientôt à Marseille, où il guérit la fille de son hôtesse.

 

Mais il lui fallait la solitude; il la trouva dans une grotte sauvage, où, dégagé de toute préoccupation terrestre, il ne vécut que pour Dieu. Ses jours, ses nuits presque entières s'écoulaient dans une prière continuelle, dans l'adoration et la contemplation. Il jeûnait tous les jours; le lait d'une biche de la forêt, que Dieu lui envoyait, suffisait à son entretien.

Saint Gilles (ou Egide), Abbé, Ermite (640-720)

Depuis trois ans, Gilles habitait ce lieu solitaire, quand un jour Wamba, roi des Visigoths d'Espagne, vint chasser jusque dans les forêts voisines avec une suite nombreuse. La biche qui nourrissait le saint ermite, poursuivie par les chiens allait succomber; enfin, exténuée de fatigue, elle vint se jeter aux pieds de son maître. Gilles, ému jusqu'aux larmes, pria le Seigneur de protéger la vie de l'innocent animal. Une flèche, lancée par un chasseur, vint frapper la main de l'homme de Dieu et lui fit une blessure qui ne devait jamais guérir. La biche était sauvée, car le roi, plein d'admiration pour cet homme qui lui apparaissait avec l'auréole de la sainteté sur le front, donna ordre de cesser la poursuite. Wamba fit même bâtir là, à la demande de Gilles, un monastère, qui devint l'abbatiale Saint-Gilles, dans le Gard. Mentionnée dès 814, l’abbaye doit sa grande renommée au pèlerinage du tombeau de son fondateur légendaire, invoqué pour la libération des prisonniers et la guérison des infirmités et les maladies. Elle est aujourd'hui classée au titre des monuments historiques, et inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.


Devenu abbé, Saint Gilles conseilla les plus grands, pape et rois.

On raconte qu'un grand personnage (Charles Martel ou Charlemagne ?) lui avait demandé l'absolution pour un très grand péché (inceste). Alors que Saint Gilles célébrait la Messe, un ange plaça sur l'autel un parchemin où était consignée la faute. Au fur et à mesure du déroulement de l'office, les traces écrites du péché s'effacèrent sur le parchemin.

Après avoir dirigé quelques temps ce monastère, Gilles chercha de nouveau la solitude, et revint enfin terminer ses jours parmi ses chers religieux. 

Saint Gilles est représenté avec une biche, poursuivie par des chasseurs, ou tantôt en abbé bénédictin, avec la crosse. On le représente aussi en Italie avec une fleur de lys (giglio signifiant "lys" en italien). 


Sur son tombeau fut construite l'abbaye de Saint-Gilles-du-Gard
, alors port de mer, étape de pèlerinage sur le chemin de Rome et de Compostelle. Gilles a toujours son tombeau dans la crypte de l'abbatiale.

Saint Gilles (ou Egide), Abbé, Ermite (640-720)

Au "Moyen-Âge", le culte de Saint Gilles était très important, non seulement en Provence et dans le Languedoc mais dans la plupart des pays de la chrétienté. Il était surtout vénéré comme saint auquel on se confessait le plus volontiers, puisqu'il assurait l'absolution. 

 

Son culte se répandit rapidement, de nombreux pèlerins venus des pays les plus lointains (Flandres, Danemark, Hongrie, Norvège, Pologne…) s'acheminèrent vers son tombeau, invoquant saint Gilles contre la peur et le feu, pour la guérison des maladies nerveuses et pour la protection des enfants.

 

La ville de Saint-Gilles, aussi appelée Saint-Gilles-du-Gard, doit son nom au célèbre abbé Gilles l'Ermite dont elle garde le tombeau; elle fut au XIIe siècle un des plus importants lieux de pèlerinage de la chrétienté. La ville connut alors un développement sans précédent. Aujourd’hui, même si le culte de Gilles est moins pratiqué, Saint-Gilles-du-Gard demeure une étape pèlerine sur le chemin de Saint-Jacques.

 

Des villes et des villages en France et à l'étranger portent son nom et plus de 2000 églises le désignèrent comme patron.

Saint Gilles (ou Egide), Abbé, Ermite (640-720)

Patron des estropiés, on invoque saint Gilles contre le cancer, la folie, la stérilité des femmes et la protection des enfants.

 

Selon le livre V du Codex Calixtinus (une oeuvre collective due aux maîtres et étudiants de la cathédrale compostellane et dont des chapitres copiés sont attribués au pape Calixte II), probablement rédigé vers 1120-1130:

 

"Le digne corps de Saint Gilles, très pieux confesseur et abbé, doit aussi être visité avec le plus grand soin et vigilance : car le très saint Gilles, célèbre dans tous les climats de la terre, doit être aimé et invoqué par tous, et l'objet des supplications de tous. Après les prophètes et les Apôtres, personne parmi tous les autres saints n'est plus digne, personne n'est plus saint, personne n'est plus glorieux, personne ne vient plus vite au secours. C'est lui en effet, avant les autres saints, qui a l'habitude d'être le plus prompt à aider les nécessiteux, les affligés et les angoissés qui font appel à lui. Ô que la visite de son tombeau est œuvre belle et précieuse ! Le jour même, celui qui l'aura prié de tout son cœur sera sans aucun doute heureusement secouru.

 

"Cela même que je dis, je l'ai expérimenté : j'ai vu autrefois un homme qui, le jour où il l'invoqua échappa grâce à l'aide du saint confesseur de la maison d'un certain Peirot, cordonnier, dont la très vieille demeure s'effondra entièrement. Qui donc verra davantage son tombeau ? Qui adorera Dieu dans sa très sainte Basilique ? Qui embrassera le plus son sarcophage ? Qui baisera son vénérable autel ou qui racontera sa très pieuse vie ? Un malade revêt sa tunique et est en effet guéri; grâce à sa vertu indéfectible, un homme mordu par un serpent, est guéri; un autre, ravi par le démon, est libéré. Une tempête en mer s'arrête; la fille de Théocrite lui est rendue par une guérison longuement souhaitée; un malade de tout le corps, privé de santé, retrouve le bon étant si longtemps désiré; une biche qui était sauvage, domestiquée par ses pouvoirs devient familière; l'ordre monastique sous le patronage de cet abbé s'étend; un énergumène est délivré du démon; le péché de Charlemagne qui lui fut révélé par un ange est remise au roi; un défunt est rendu à la vie; un paralysé retrouve sa santé antérieure; mieux encore, deux portes en cyprès portant des représentations sculptées de princes des apôtres de la ville de Rome jusqu'aux portes du Rhône, parviennent sur les ondes marines, sans aucun gouvernail, par la seule puissance de son pouvoir. Mourir me dégoûte parce que je ne peux narrer toutes ces œuvres vénérables tant elles sont nombreuses et grandes." (Adeline RUCQOI, Le Voyage à Compostelle, du Xe au XXe siècle, Robert Laffont, Lonrai 2018, p. 30, 44-45.)

Saint Gilles (ou Egide), Abbé, Ermite (640-720)

Sources

 

- Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. 244
- La Bible et les Saints, Encyclopédie Tout l'Art, Flammarion, Gaston Duchet-Suchaux, Michel Pastoureau, 1994 – ISBN : 2-09-012256-8

- Les saints qui guérissent en Normandie, Hippolyte Gancel, Éditions Ouest France, 2006 – ISBN : 2-7373-3565-5

- La Légende Dorée

Les saints du jour; wikipedia ; la légende de Saint-Gilles détaillée (légende dorée) abbaye-saint-benoit.ch

Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 74-75

https://tourisme.saint-gilles.fr/fr/visiter/patrimoine/la-ville/un-peu-d-histoire

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31 août 2023 4 31 /08 /août /2023 00:00
Saint Aristide, laïc (2e siècle)

Philosophe grec d'Athènes, converti, réputé pour son Apologie du christianisme qu'il présenta à l'empereur Hadrien vers 125 ap.J.-C., probablement lors de son passage à Athènes. Ce texte, qui demeura longtemps égaré, a été retrouvé écrit en syrien, en arménien et en grec.

C'est probablement Aristide qui présenta un texte complétant son Apologie, intitulé Epître à Diognète. Cette élégante et vibrante fabrication littéraire tentait de convaincre un païen honnête de la sottise des racontars répandus au sujet des chrétiens, ces gens qui vivaient absolument comme tout le monde, mais simplement mieux que tout le monde :
 


"Ils [les chrétiens] habitent les villes des Grecs et des barbares; ils se conforment, en matière d'habillement, de nourriture et de tout le quotidien, aux usages du pays, et pourtant, ils présentent je sais quoi de remarquable et d'extraordinaire. Ils jouissent de tous les droits des citoyens et sont traités partout comme des étrangers. Ils se marient, ils ont des enfants, mais ils n'exposent pas leurs nouveau-nés [Ndlr. allusion à l'usage romain autorisant un père de famille à abandonner l'un de ses enfants parce qu'il doute de sa légitimité, n'a pas de quoi le nourrir, ne veut pas d'une fille de plus ou d'un infirme. Constantin Ier (310-337) interdira cette pratique contre laquelle les chrétiens n'avaient cessé de s'élever et contre laquelle ils luttaient en recueillant ces enfants. Ce qui leur épargnait le sort habituel de ces malheureux petits : mourir sur place, parfois dévorés par les chiens ou les porcs, être ramassés par des mendiants qui les estropiaient ou des proxénètes qui les prostituaient, ou, pour les plus chanceux, être vendus comme esclaves].

 

"... Ils [les chrétiens] mangent en commun mais ne se livrent pas à la débauche. Ils mènent dans la chair une vie non charnelle, vivant sur la terre mais le coeur au ciel. Ils obéissent aux lois établies, mais ils les surpassent par leur propre morale. Ils aiment l'humanité entière alors que tous les hommes les persécutent. Ils sont condamnés par ceux qui ne les connaissent pas; ils sont mis à mort et, par là, acquièrent l'immortalité..." (Epître à Diognète, V)

 

Malgré toutes les explications de Quadratus et d'Aristide, l'empereur Hadrien (117 - 138) ne distinguait toujours pas nettement les chrétiens des Juifs. (...) Et ceux de Jérusalem qui restaient attachés à une bonne part des anciens rites hébraïques, prêtaient spécialement à cette confusion. On expulsa donc les chrétiens hiérosalémytes (habitants de Jérusalem) de la ville, comme les Juifs; une mesure que Titus en son temps (empereur de  79 à 81) mieux informé, n'avait pas voulu prendre.

 

À Athènes, vers 150, saint Aristide, philosophe très célèbre par sa foi et sa sagesse, qui présenta à l’empereur Adrien un livre sur la vérité de la religion chrétienne.

 

Martyrologe romain

 


Sources :  (1), (2), (3) Anne BernetLes chrétiens dans l'empire romain, des persécutions à la conversion Ier – IVe s., Perrin, Mesnil-sur-l'Estrée 2003, p. 116, 119.

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Publié par Ingomer - dans Saints du jour
30 août 2023 3 30 /08 /août /2023 12:33
"Grande Russie" : le Pape François provoque une tempête dans les médias occidentaux

LE PAPE FRANÇOIS PROVOQUE UNE TEMPÊTE INTERNATIONALE

 

Le pape a déclaré aux jeunes catholiques russes:

 

"N'oubliez pas votre hérédité. Vous êtes les héritiers de la grande Russie - la grande Russie des saints, des rois, la grande Russie de Pierre le Grand, de Catherine II, le grand empire russe, cultivé, tellement de culture, donc beaucoup d'humanité. Vous êtes les héritiers de la grande mère Russie". (1)

 

Selon Gloria Tv ce 30 août, ‘’les amis oligarques de François l'attaquent soudainement (vidéo)’’

 

 

Le 25 août, lors d'un échange vidéo avec Saint-Pétersbourg, où se tenait la rencontre de la jeunesse catholique russe, François a demandé aux jeunes catholiques russes d'être des "artisans de la paix" et des "bâtisseurs de ponts".

 

"N'oubliez pas votre héritage. Vous êtes les héritiers de la grande Russie - celle des saints, des rois, de Pierre le Grand, de Catherine II (une Allemande), le grand Empire russe, cultivé, avec tant de culture et d'humanité. Vous êtes les héritiers de la grande Mère Russie", a déclaré François. La grande majorité des catholiques de Russie sont d'origine polonaise ou lituanienne.

 

Les médias des oligarques occidentaux ont utilisé les remarques de François pour provoquer un tollé.

 

L'archevêque ukrainien Sviatoslav Shevchuk a déclaré que les paroles de François avaient provoqué "une grande douleur et une grande inquiétude".

 

Le porte-parole du Vatican, Matteo Bruni, a tenté de désamorcer la controverse en déclarant le 29 août que François voulait encourager les jeunes à préserver ce qu'il y a de positif dans le grand héritage culturel de la Russie et "certainement pas à exalter des logiques impérialistes et des figures dirigeantes".

 

La spéculation veut que François rencontre le patriarche orthodoxe russe Kirill à Moscou à son retour de Mongolie la semaine prochaine.

 

Ukrainiens et les Polonais ne veulent entendre parler ni de Pierre Ier ni de Catherine II. 

 

Citer la Grande Mère Russie et l’héritage de Pierre Ier et Catherine II, les deux grands tsars du XVIIIe siècle, est perçu par les Polonais et les Ukrainiens comme un affront. Pour les Ukrainiens, les deux empereurs sont des occupants brutaux. Pour les Polonais, Catherine II est la tsarine qui a mis fin à leur indépendance.

 

Les propos du pape François suscitent en revanche l’enthousiasme du Kremlin (dont le porte-parole Dmitri Peskov a exprimé hier sa gratitude au Saint-Père. 

 

 

En 2014, après le coup d'Etat de Maïdan à Kiev, huit oblasts (provinces) d’Ukraine de l'Est ont tenté avec le soutien de la Russie de se séparer de l’Ukraine. Deux seulement réussirent à proclamer leur république, Louhansk et Donetsk. Dans les six autres, dont Odessa, la tentative a échoué. Les huit oblasts auraient constitué une entité étatique qui, à Moscou et dans les autorités locales, avait été baptisée le 24 mai 2014 Novorossija (Nouvelle Russie). C'est le nom que Catherine II donna à ces provinces lorsqu'elles furent finalement annexées par l'Empire russe en 1764. Elles furent organisées sous un gouvernorat militaire (le quatrième gouverneur était le célèbre comte Grigori Potemkine), en raison du conflit imminent avec l'Empire Ottoman. La Novorossiya du XVIIIe siècle comprenait tous les oblasts actuellement occupés par les Russes, plus Odessa et même la Moldavie actuelle. Poutine n’a jamais caché son objectif de "reconquérir" cette région. À Odessa en revanche, les Ukrainiens (pro-Kiev) ont démoli en mai dernier la statue de Catherine II, désormais considérée comme un odieux symbole de l'occupation.

 

En 2022, avant de lancer son "Opération militaire spéciale" en Ukraine (en Russie, il est toujours interdit de parler de guerre ou d'invasion), Poutine a prononcé un discours dans lequel il a souligné précisément l'héritage de Pierre le Grand et de Catherine II. Les deux empereurs, l’un régnant entre le XVIIe et le XVIIIe siècle, l’autre dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, occupèrent tous les territoires de l’Ukraine actuelle. Pierre Ier le Grand a conquis la région de la mer d'Azov lors de sa campagne contre les Ottomans (1695-96). Il infligea ensuite une défaite décisive aux Suédois à Poltava, également dans l'actuelle Ukraine, le 8 juillet 1709, un événement historique que les Russes considèrent encore comme fondateur.

Catherine II acheva la conquête entre 1764 et 1783 lorsque le "khanat" de Crimée fut occupé.

C'est la tsarine qui fonda toutes les villes aujourd'hui impliquées dans le conflit : Alexandrovsk (actuelle Zaporizhzhia), Jekaterinoslav (actuelle Dnipro), Kherson, Marioupol, Sébastopol, Simferopol, Mikolaiv et Odessa.

C’est pour cette raison que la propagande de Poutine insiste sur l’idée selon laquelle l’Ukraine est en réalité un territoire russe et n’a pas sa propre histoire indépendante. (3)

 

Nouvelle-Russie, Oblasts revendiqués par la Nouvelle-Russie

 

 

L’activisme papal frise la crise diplomatique avec Kiev

 

Le porte-parole du ministre ukrainien des Affaires étrangères, Oleg Nikolenko, a sévèrement attaqué les propos du pape, les qualifiant de "propagande impérialiste".

 

C'est ce passage du discours de François qui n'a pas été bienvenu à Kiev :

 

"N'oubliez jamais votre héritage. Vous êtes les héritiers de la grande Russie : la grande Russie des saints, des dirigeants, la grande Russie de Pierre Ier, de Catherine II, cet empire – grand, éclairé, [Pays] d'une grande culture et d'une grande humanité. N’abandonnez jamais cet héritage, vous êtes les héritiers de la grande Mère Russie, avancez. Et merci. Merci pour votre façon d'être, pour votre façon d'être russe."

 

Moscou, au contraire, a salué les propos de François par l'intermédiaire du porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov.

 

Novorrosiya-Nouvelle-Russie historique

 

François se prépare pour la prochaine visite apostolique qui aura lieu dans la Mongolie voisine, à partir du 31 août. (4)

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30 août 2023 3 30 /08 /août /2023 12:00
 Sainte Jeanne Jugan

Autrefois boudée et oubliée, la fondatrice des Petites Sœurs des Pauvres, Jeanne Jugan, brille désormais.

 

La française sainte Jeanne Jugan (1792-1879), dont la fête est célébrée le 30 août, a fondé la congrégation des Petites Sœurs des Pauvres, qui s'est répandue dans le monde entier, y compris aux États-Unis. Son intuition en matière de soins aux personnes âgées pauvres est aujourd'hui saluée par ceux qui reconnaissent la dignité des personnes âgées, mais ce que l'on sait moins, c'est que, contrairement à d'autres fondatrices d'ordres religieux, Jeanne Jugan a passé une grande partie de sa vie oubliée, mise à l'écart par les siens. congrégation.

 

Née à Cancale en Bretagne le 25 octobre 1792, Jeanne, fille de marin, savait très tôt qu'elle voulait se consacrer à Dieu. Selon le site des Petites Sœurs des Pauvres, à 25 ans, elle entre dans le troisième ordre fondé par saint Jean Eudes au XVIIe siècle, travaille comme aide-soignante et n'a qu'un désir : servir Dieu dans les plus pauvres parmi les pauvres.(1)

 

 

En 1810, un jeune marin la demande en mariage : elle souhaite réfléchir. Six ans plus tard, à la suite d'une mission prêchée dans la paroisse et prête à « coiffer sainte Catherine »7, elle décline définitivement la demande du marin :

 

"Dieu me veut pour lui. Il me garde pour une œuvre qui n'est pas connue, pour une œuvre qui n'est pas encore fondée". (2) 

 

En 1817, en dépit de son attachement à sa famille, elle quitte Cancale pour Saint-Servan (commune alors indépendante de Saint-Malo, Ille-et-Vilaine). Elle entre comme aide à la pharmacie de l'hôpital du Rosais. En 1823, à cause d'une trop grande fatigue, elle se met au service de Mlle Lecoq, avec qui elle s'était liée d'amitié. Ensemble, elles visitent les nombreux pauvres de la paroisse, récitent le chapelet, fréquentent l'église régulièrement. C'est à cette époque qu'elle obtient son affiliation au tiers-ordre eudiste. Mais en 1835, Mlle Lecoq meurt. Jeanne Jugan devient journalière.(3)

 

Un soir d'hiver 1839, la vie de Jeanne change radicalement : dans le froid glacial, elle découvre une vieille femme aveugle et infirme. Émue de compassion, elle porta la femme sur ses épaules jusqu'à son humble grenier, la déposant dans son propre lit. Peu de temps après, elle a ramené chez elle une deuxième vieille femme, puis une troisième. Quatre ans plus tard, en 1843, une association s'était constituée autour de ces premiers actes de service. À cette époque, Jeanne était rejointe par trois compagnes, s'occupant d'une quarantaine de personnes âgées.

 

Mais très vite, Jeanne Jugan – qui deviendra dans la vie religieuse sœur Marie de la Croix – est sévèrement mise à l’écart. Sur la base de fausses informations, elle fut déchue de son poste de supérieure et envoyée mendier le soutien des maisons qui s'ouvraient dans toute la France.

 

"Elle s'est tue et a accepté en silence la mise à l'écart", explique Sœur Sophie, membre du conseil général de la maison mère, dans un entretien à CNA. "C'est ça Jeanne Jugan : se mettre à l'écart dans la conviction que l'œuvre de Dieu est plus importante que tout. Elle l'a peut-être fait… [Son] souci était des pauvres, des personnes âgées pauvres, et sa spiritualité était centrée sur le Christ. C'est de cela dont il s'agit. Si elle a accepté de se taire, c'est parce que tout était pour le Christ."

 

Entre 1843 et 1852, Jeanne recueille le soutien financier de donateurs et fonde plusieurs maisons en France. Il y a une histoire selon laquelle elle aurait pu recevoir la visite du romancier anglais Charles Dickens. Les journaux bretons la félicitent et elle reçoit également le prestigieux prix Montyon de l'Académie française pour son travail. Mais au sein de sa congrégation, son ostracisme injuste persiste. En 1852, elle fut rappelée à la ville de Rennes, puis à La Tour Saint-Joseph, maison mère de la congrégation, avec instruction de cesser toute activité et toutes relations avec les bienfaiteurs.

 

Cette retraite forcée dura jusqu'à la mort de Jeanne, à 86 ans, le 29 août 1879, dans l'obscurité et l'oubli.

Elle n'a laissé aucune trace écrite.

Cependant, son héritage spirituel a laissé une forte empreinte sur la congrégation. En effet, pour sœur Sophie, "c'est la providence qui a permis au père [Auguste] Le Pailleur, qui avait pris la direction de la congrégation, de la ramener à la maison mère, au cœur des novices. Tous les novices qui sont passés par là depuis des générations l'ont vue, la côtoyaient, lui parlaient. Et même si elle n'était pas la formatrice, elle communiquait son esprit par de petites phrases, comme "Prends bien soin des bons vieux" ; "Ce que vous faites est pour Jésus." Nous en récoltons les fruits aujourd’hui.

Plus de vingt ans après sa mort, à partir de 1902, la lumière commence à être faite sur la vie de Jeanne Jugan et sa réputation à se réhabiliter.

Ses paroles de sagesse, racontées par les religieuses qui l'ont connue, éclairent aujourd'hui l'esprit des Petites Sœurs des Pauvres. "Dans vos ennuis, dites toujours : 'Béni soit Dieu, merci mon Dieu, ou gloire à Dieu'", disait-elle.

 

Jeanne Jugan a été béatifiée le 3 octobre 1982 par le pape Jean-Paul II et canonisée le 11 octobre 2009 par le pape Benoît XVI.

 

Au fil des années, la commande de Jeanne Jugan s'est étoffée.

Aujourd'hui, les Petites Sœurs des Pauvres sont une congrégation religieuse comptant 1 400 membres répartis dans plus de 200 foyers répartis dans 31 pays sur cinq continents.

La congrégation a gardé comme priorité le soin des personnes âgées pauvres.

 

"En France, toutes les maisons s'appellent "Ma Maison", dans d'autres pays, cela peut être "casa", ou "home"... nous voulons vraiment que [les personnes âgées] soient chez elles et que ces maisons soient pour les les plus pauvres", dit sœur Sophie. 

 

Le Dr Edward Erwin Gatz, médecin américain du Nebraska, est reconnu guéri d'un cancer de l'œsophage à la suite d'une neuvaine à la bienheureuse Jeanne Jugan, en 1989.

 

En 2009, 2 710 religieuses accueillaient plus de 13 000 résidents dans deux cents maisons sur les cinq continents.

 

Sa fête liturgique est le 30 août. (4)

 Sainte Jeanne Jugan

Sources

(1) https://www.catholicnewsagency.com/news/255222/once-shunned-and-forgotten-little-sisters-of-the-poor-founder-jeanne-jugan-now-shines

(2) A. HELLEU, Une grande bretonne, Jeanne Jugan (Sœur Marie de la Croix) Fondatrice des Petites Sœurs des pauvres 1792-1879, Rennes, 1938, p. 6

(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_Jugan

(4) https://petitessoeursdespauvres.org/agenda/fete-de-sainte-jeanne-jugan/

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30 août 2023 3 30 /08 /août /2023 00:00

Saint Fiacre (statue du XVe siècle, église St Taurin d'Évreux)

 

Saint Fiacre, fils d'un roi d'Écosse, vivait au VIè siècle ; il fut élevé dans la science et la piété par des maîtres habiles. Jeune encore, il sentit son âme enflammée par l'amour de la solitude et le désir de ne vivre que pour Dieu. Il s'embarqua pour la France, à l'insu de son père, et se choisit, près de Meaux en Brie, un lieu retiré, dans une forêt, où l'évêque lui concéda une portion de terre, et où il bâtit un couvent (monastère du Breuil) qu'il consacra à la Sainte Vierge, à laquelle il avait voué dès son enfance, une dévotion singulière.

Vénéré en Brie depuis le haut Moyen Âge, patron des jardiniers, mais aussi saint guérisseur spécialiste du fic (hémorroïdes), des chancres et des cancers, Fiacre fut un des saints les plus populaires de France. De nombreuses églises et chapelles, non seulement en France, mais aussi en Belgique et en Rhénanie, possèdent encore une statue plus ou moins rustique de ce moine à scapulaire et capuchon, l'air grave et parfois extatique, tenant une bêche dans sa main droite et un livre dans la gauche. Une iconographie foisonnante - miniatures, gravures, images de dévotion, enseignes, médailles et méreaux…- a soutenu son culte pendant des siècles. Ce personnage pieux et secourable, proche des fidèles et qui, dans sa représentation, allie les symboles du travail et de l'oraison a manifestement séduit. Depuis le Xe siècle au moins, on célébrait traditionnellement sa fête le 30 août.

Sa sainteté ne manqua pas d'attirer en foule vers lui les pauvres et les pèlerins. 

Fiacre mangeait peu et employait presque tout le produit du travail de ses mains à la subsistance de ses pieux visiteurs. On lui amenait des possédés et des malades, et il les délivrait ou les guérissait en grand nombre. Cependant le petit terrain qu'il occupait étant devenu insuffisant pour subvenir à tant d'aumônes et à une si généreuse hospitalité, Fiacre fut obligé d'implorer de l'évêque une nouvelle concession de terre, et le prélat lui permit de prendre et d'utiliser tout ce qu'il pourrait entourer d'un fossé dans l'espace d'une journée. Chose merveilleuse, Dieu vint au secours du travailleur : la terre se fendait d'elle-même comme par enchantement, et un seul jour suffit au Saint pour entourer une étendue considérable. 

C'est sans doute à cause des travaux de jardinage dont il occupait les loisirs que lui laissaient la prière et le service de Dieu, que saint Fiacre est regardé comme le patron des jardiniers.

Tandis qu'il jouissait tranquillement des délices de la solitude, des envoyés écossais vinrent lui offrir la couronne royale, dont son frère s'était rendu indigne. Fiacre avait eu révélation de leur approche et obtint de Dieu, à force de larmes et de prière, de ne pas permettre qu'il sortît de sa chère solitude pour être exposé aux dangers des honneurs du monde. Il devint aussitôt semblable à un lépreux. Quand les ambassadeurs furent arrivés près de lui, ils ne purent voir sans horreur ce visage défiguré, et ils n'eurent plus aucun désir de le faire monter sur le trône de ses pères. Fiacre mourut dans son ermitage ; il opéra de grands miracles après sa mort.

 

Il n'y a pas lieu de mettre en doute l'existence de Fiacre. Il fallait bien quelqu'un pour fonder le monastère du Breuil et pour occuper le tombeau de son église. Par ailleurs, le nom typiquement irlandais de Fiacre est, en dehors de lui, inconnu sur le continent.

 

Fiacre, patron des jardiniers, est un saint qui a joui d’une popularité exceptionnelle en France. On compte 522 statues de ce saint, généralement représenté avec une bêche, dont 229 antérieures au XVIIe siècle (Régine Pernoud, Les Saints au Moyen Âge - La sainteté d’hier est-elle pour aujourd’hui ?, Plon, Paris, 1984, p. 367). Dans la Somme, à Esclainvillers, le patron est Saint Fiacre. L'église possède sa satue et une relique : le bras de St Fiacre, mais il n'est plus visible au village. A Nevers (Nièvre), les jardiniers du bassin maraîcher de la Baratte, ont commémoré, en 2008, le tricentenaire de leur confrérie de Saint-Fiacre Local (la plus ancienne confrérie de la ville). C'est l'association Saint-Fiacre Loire-Baratte qui perpétue la tradition locale.

 

 

Sources : 1, 2

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Publié par Ingomer - dans Saints du jour
29 août 2023 2 29 /08 /août /2023 00:00
Polyptyque de sainte Sabine - Antonio Vivarini - Giovanni d'Alemagna  - 1443 Venise

Polyptyque de sainte Sabine - Antonio Vivarini - Giovanni d'Alemagna - 1443 Venise

Chrétienne, Sabine est martyrisée le 29 août 126 à Vindena en Ombrie (Italie) sous le règne de l'empereur Hadrien. En son honneur, trois siècles après son martyre, une riche Romaine fit élever sur ses terres, en 425, une basilique qui existe encore de nos jours.

Dame romaine, épouse de Valentin, homme de qualité, Sabine fut instruite de la foi chrétienne par une pieuse vierge, Séraphie. Après le martyre de celle-ci, elle en recueillit les reliques pour les ensevelir avec honneur.

On l'arrêta pour ce fait, et on la fit comparaître devant le juge Elpidius.

"Êtes-vous, lui dit le juge, cette Sabine de race noble et d'illustre alliance ?

'Oui, c'est moi, répondit-elle, et je rends grâces à mon Seigneur Jésus-Christ d'avoir été délivrée de la servitude des démons, par l'intercession de Séraphie, sa servante.'"

Le préfet essaya de diverses manières de la faire changer de sentiment ; mais voyant qu'il ne pouvait l'ébranler dans sa foi, il prononça la sentence à la peine capitale pour avoir méprisé les dieux. Les chrétiens ensevelirent son corps dans le tombeau où elle-même avait enseveli Séraphie, sa maîtresse dans la foi.

Sources: (1), (2)

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Publié par Ingomer - dans Saints du jour
28 août 2023 1 28 /08 /août /2023 00:00

Si vous cherchez quelque lieu élevé, quelque endroit consacré,

Offrez à Dieu un temple dans votre intérieur,

Car le temps de Dieu est saint

et c'est vous qui êtes ce temple.

Vous voulez prier dans un temple, priez en vous-même.

Mais commence par devenir le temple de Dieu,

parce qu'il exaucera celui qui le prie dans son temple.

Saint Augustin, cité in Jean-Paul Bourré, Méditations chrétiennes, Presses du Châtelet, Paris 2004, p. 72.

Saint Augustin, Évêque d'Hippone, Docteur de l'Église (354-430)

Saint Augustin né à Tagaste en Afrique du nord en l'an 354, dans la province romaine de Numidie (aujourd’hui Souk-Arhas en Algérie), d’une mère chrétienne (Ste Monique) et d’un père païen, est compté parmi les plus grands intellectuels chrétiens. Il insista sur le rôle de la raison dans la foi.

Son éducation est entièrement tournée vers l’étude et la foi chrétienne. À 16 ans, il part à Carthage pour y parfaire son éducation. Là, il étudia la rhétorique et la philosophie et s'éloigna du christianisme pour suivre les principes du manichéisme. Il n’a pas 20 ans lorsqu’il prend une concubine avec laquelle il a un fils. Il enseigna la grammaire, la rhétorique et la philosophie à Tagaste, Carthage, Rome et Milan. Il eut alors l'opportunité d'entendre prêcher l'évêque Ambroise, ce qui l'amena à se convertir, et à recevoir le baptême en l'an 386.

Il est avant saint Thomas d'Aquin, le plus grand penseur chrétien. Il fut le marteau de toutes les hérésies de son temps, dont le manichéisme, le donatisme, le pélagianisme et à la fin de sa vie, l'arianisme. Ses innombrables ouvrages sont un des plus splendides monuments de l'intelligence humaine éclairée par la foi.

 

Le manichéisme

 

Mani (ou Manès), avait vécu au IIIe siècle. Il était né en Perse (sans doute vers 215). Son père, semble-t-il, appartenait à la secte judéo-chrétienne des Helchassaïtes, appelés encore Alexéites, qui professaient une sorte de dualisme où le feu était le symbole de la damnation et l'eau celui du salut.

La doctrine de Mani était constituée comme un syncrétisme, infiniment plus large et plus subtil que ceux dont le monde gréco-romain avait fait les essais. On y pouvait repérer des éléments chrétiens, pour la plupart hérétiques, issus du judéo-christianisme de sa jeunesse et des influences marcionites qui s'exerçaient en Mésopotamie; une forte dose de gnosticisme syro-chrétien de Satornil (Saturnin) et de Cerdon, au bouddhisme ou plutôt à la tradition panindienne, à laquelle il avait emprunté la doctrine de la transmigration des âmes et un sens de la nature qui paraît ses théories d'une poésie souvent exquise, le tout prenant pour soubassement l'antique dogme dualiste iranien, tel que Zoroastre l'avait mis au net mille ans plus tôt, le dogme de l'opposition entre deux dieux également forts, et également premiers, le dieu du Bien et le dieu du Mal, entre Ormuzd et Ahriman.

Recherchant constamment la vérité, Augustin lit en 373 l'Hortensius de Cicéron (traité aujourd'hui perdu), qui réveille en lui l'amour du savoir. Il lit aussi la Bible mais est rebuté par une traduction médiocre et des récits pleins d'immoralité. Il se tourne vers le manichéisme, religion soit-disant rationnelle, dans laquelle il demeure neuf ans, de 374 à 383.

En 375, enseignant la rhétorique et l’éloquence à Carthage, où il est logé chez un ami richissime, il est un rhéteur véhément qui milite en faveur de l'hérésie manichéenne et s'enivre des prestiges du luxe et des admirations faciles. Tiraillé par l'ambition et le dégoût, plus incertain qu'il ne veut paraître, il décide d'emmener sa famille à Rome en 383. N’y trouvant pas l’emploi qu’il avait espéré, il accepte d’aller enseigner à Milan.

En fait, l'état d'âme d'Augustin arrivant à Milan était celui d'un homme profondément troublé et qui souffrait d'un désaccord essentiel. Il a passé trente ans. Le manichéisme, système où il avait espéré trouvé la solution des grands problèmes, l'a déçu; et depuis une pitoyable rencontre avec le héraut de la secte, l'évêque Fauste de Milève, il en est déjà secrètement détaché (premiers doutes sur la solidité des conceptions manichéennes). En surface il est heureux; professeur écouté, personnage quasi officiel, locataire d'une agréable demeure, d'un beau jardin. Au fond de lui, il sait trop qu'il piétine et patauge.

Au sujet de la cause du mal, S. Augustin, dans ses Confessions nous dit que les manichéens "cherchaient le principe et l'origine du mal avec une malice si noire et si aveugle qu'ils aimaient mieux soutenir que votre substance divine était susceptible du mal, que d'avouer que la leur, faible et misérable, était capable de la commettre. [...] Mais je disais ensuite : 'Qui m'a créé? N'est-ce pas le Seigneur mon Dieu, qui non seulement est bon, mais la bonté même?'" (Livre VII, 3)

Dans le manichéisme, la création tout entière était le lieu de ce combat, elle était un mélange inextricable de bien et de mal. L'homme lui-même était divin, lumineux par l'âme, mais par le corps, opaque et porté vers le mal. Avec Mani, tout était simple. Il fallait aider le Bien contre le Mal, c'est-à-dire écarter de soi tout ce qui était matériel et diabolique.

Le manichéisme apparaissait comme une sorte d'anarchisme spirituel propre à désagréger tous les principes les plus solides de l'éthique et de la vie. Dans son expansion, il rencontra partout de terribles obstacles; partout il fut récusé comme hérésie et persécuté. L'Inde après quelques mois d'essais de pénétration s'en débarrassa. Il fut également chassé de Chine. En Turquie, les Kirghiz, ces stricts musulmans éliminèrent le dualisme manichéen. (DANIEL-ROPS, Histoire de l'Eglise du Christ, tome II Les Apôtres et les Martyrs, Librairie Arthème Fayard, Paris 1965, p. 402-404.)

"Saint Augustin rapporte qu'ils (les manichéens) enseignaient que 'le péché n'est pas notre fait, mais l'œuvre en nous de je ne sais qu'elle substance étrangère.' Si bien que l'individu peut tout se permettre, tout en se trouvant "hors de faute". Il n'est pas responsable puisqu'il est agi par une force qui le domine. Situation infiniment confortable, quand on a fait quelque chose de mal", que de ne pas avoir à se dire qu'on en est l'auteur. (S. Augustin, Les Confessions, V.)" (Jean-Louis Harouel, Les Droits de l'Homme contre le peuple, Desclée de Brouwer, Paris 2016, p. 52.)

De même, alors que les païens grecs ou romains ordinaires s'abandonnaient volontiers au destin et au fatalisme, Saint Augustin prêchait le libre arbitre. (Cicéron avait déjà exprimé des vues quelque peu semblables à celles de saint Augustin). Jésus enseignait en effet que chaque individu devait répondre de ses erreurs morales précisément parce qu'elles étaient de mauvais choix. D'emblée le christianisme a enseigné que le péché est une affaire personnelle, qu'il n'est pas inhérent au groupe, mais que chaque individu doit avoir le souci de son propre salut. Les humains ont reçu la capacité, et par conséquent la responsabilité, de déterminer leurs propres actions.

À la différence des grecs et des Romains, dont les dieux manquaient cruellement de vertu et ne se souciaient pas des défaillances humaines, le Dieu chrétien est un juge qui récompense la 'vertu' et punit le 'péché'. Cette conception de Dieu est incompatible avec le fatalisme.

"Que toutes choses procèdent du destin, nous le le disons pas; nous affirmons au contraire que rien ne procède du destin." (La Cité de Dieu, livre V, ch. 9 in Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 47-50.)

Pour lui, le savoir est un moyen de rencontrer Dieu. L’étude de l’univers ne peut que conduire à une appréciation plus haute de la sagesse de Dieu. Mais il place la foi au-dessus : elle prime la connaissance. L’homme a le libre choix entre le bien et le mal, mais pour faire le juste choix, il a besoin de l’aide divine et d’une foi forte.

Saint Augustin figuré dans ses vêtements épiscopaux, tenant à la main soit un livre (il est Père de l'Eglise et Docteur), soit un coeur enflammé, éventuellement percé de flèches, symbole de sa recherche de Dieu brûlante d'amour

Saint Augustin figuré dans ses vêtements épiscopaux, tenant à la main soit un livre (il est Père de l'Eglise et Docteur), soit un coeur enflammé, éventuellement percé de flèches, symbole de sa recherche de Dieu brûlante d'amour

J'aimais aimer.

Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu.

Sermon 128 (P. L. 39, col. 1997)

À l'automne 384, appuyé par ses amis manichéens, Augustin est nommé professeur de rhétorique à Milan. Il y admire la prédication de l'évêque S. Ambroise. C’est le début de sa conversion, mais il prend vite une nouvelle femme.

Poussé sans cesse par son bienheureux appétit de l'intelligence, Augustin lit Platon, Plotin, les traités néo-platoniciens qu'un ami lui prête dans les traductions latines de son compatriote, le rhéteur Victorin.

Les manichéens affirmaient que la matière avait été créée par un autre dieu, "un esprit qui n'a point été créé" par Dieu, "d'une autre nature" que celle de Dieu, et qui lui était "opposé". Cet esprit aurait "formé et produit toutes ces choses dans les plus basses parties du monde" (Confessions, Livre XXX). La matière était tenue pour vile. La rencontre d'Augustin avec le néoplatonisme lui fit d'abord connaître le paradigme de la lumière, qui descend d’en-haut pour éclairer les choses, et qui est ainsi un symbole de Dieu. C'est en lui une illumination. Il découvre la bonté fondamentale de tout être : l'Esprit existe en dehors de toute représentation ou matière (transcendance divine). Ce qui achève de balayer en lui les dernières traces manichéennes : en découvrant que toutes les choses ont en soi une transparence, elles peuvent pour ainsi dire, réfléchir la bonté de Dieu (le Bien), Augustin s’est "libéré du manichéisme dans lequel il vivait auparavant et qui le disposait à penser que le mal et le bien s’opposaient continuellement, en se confondant et en se mélangeant, sans avoir de contours précis. Comprendre que Dieu est lumière lui donna une nouvelle orientation dans l’existence, la capacité de reconnaître le mal dont il était coupable et de s’orienter vers le bien." (Cf. Lumen fidei, § 33)

Dans le cheminement de conversion d'Augustin, le platonisme lui fit découvrir le monde intelligible, ce qui lui permit de s'approcher du Verbe, et il s'exalte à la vision métaphysique d'un univers ordonné par lui et le manifestant :

 

"Je m'étonnais de t'aimer, mon Dieu, devait-il écrire à propos de cette période de sa vie. Toi et non plus un vain fantôme. Si je n'étais pas encore capable de jouir de Toi, j'étais emporté vers Toi, par ta beauté."

 

Par-dessus tout, dans cette jeune âme en quête, la promesse de Dieu était l'amour. Il y a dans des pages émouvantes, que le saint écrira plus tard de ses expériences juvéniles, un mot dont on ne peut exagérer la richesse et qui résume toute sa conversion : "J'aimais aimer..." Celui qui, méritera d'être dit le Docteur de l'Amour, celui dont la postérité résumera le message dans la célèbre formule: "Aime, et fais ce que tu veux!" Si l'amour de Dieu et du prochain pouvait être parfait en notre coeur, chacune de nos actions seraient d'une perfection infaillible.

 

Augustin découvre vite les limites de la métaphysique platonicienne. Du Dieu des idéalistes, il "n'est pas capable de jouir." Le mystère de l'Incarnation n'est pas loin...

 

Au printemps 385, sa mère Ste Monique le rejoint à Milan. Il commence à découvrir les beautés de la Bible. Début 386, il réfléchit sur le mystère du mal. En mai-juin, il découvre les "livres des platoniciens". Il lit les Lettres de S. Paul, consulte le théologien Simplicien, reçoit la visite de Ponticianus, qui lui fait connaître la Vie d'Antoine.

 

Il est soudainement frappé par la grâce le 15 août 386 dans le jardin de sa maison de Milan, alors qu’il explique à un de ses élèves la lutte intérieure qui le déchire. Il entend une voix d'enfant lui dire: "Tolle! Lege!" (Prends! Lis!) Il tombe sur le chapitre 13 de l'Épître aux Romains: "Ni ivresse, ni débauche, ni luxure... Revêtez au contraire le Seigneur Jésus Christ." Augustin raconte le moment de cette expérience concrète dans ses Confessions. Ce moment où se révèle le Dieu personnel de la Bible, capable de parler à l’homme, de descendre pour vivre avec lui et d’accompagner sa marche dans l’histoire, en se manifestant dans le temps de l’écoute et de la réponse. Trois ou quatre semaines plus tard, Augustin abandonne alors le monde. Il résigne ses fonctions et se retire dans un monastère à Cassiciacum, près de Milan, où il rédige ses premiers Dialogues et les Soliloques.

Je ne sais rien, si ce n'est qu'il faut mépriser les choses fragiles et périssables, pour chercher les choses certaines et éternelles. C'est ce que je fais, puisque là se réduit toute ma science.

Augustin, Soliloques

Augustin reçoit le baptême des mains de Saint Ambroise, à 33 ans, le jour de Pâques 387 (24 ou 25 avril), avec son fils de 14 ans, Adéodat et son ami Alypius.

Son premier soin est de dénoncer la fausse morale manichéenne et ses suspectes facilités dans le De Moribus. Puis ce furent à partir des livres de la Genèse, ses efforts pour expliciter les fondements de l'autorité. A l'automne 387, il a l'extase d'Ostie, puis c'est la mort de Monique.

En 388, il retourne en Afrique du Nord, où menant une vie monastique à Thagaste, il devient le défenseur de l’orthodoxie chrétienne, écrivant d’innombrables lettres et sermons contre les hérétiques de son temps et de nombreux traités de philosophie et de métaphysique.

En 391, Augustin est ordonné prêtre à Hippone (près de l'actuelle Annaba, sur la côte algérienne).

En 395, il est consacré évêque d’Hippone, où il passera le reste de sa vie, un règlement ecclésiastique interdisant le transfert des évêques. Il installe dans sa propre maison une petite communauté fraternelle dont l’exemple est à l’origine de la plupart des règles monastiques. 118 traités, 218 lettres, plus de 500 sermons, cette production mêlera Augustin aux grandes controverses de son temps. Rares sont les traités qui, comme l'ouvrage De la Trinité, demeurent en marge de ces débats.

Saint Augustin, 1464 environ, Pierro della Francesca, Lisbonne, musée national d'Art ancien, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 508-509.

Saint Augustin, 1464 environ, Pierro della Francesca, Lisbonne, musée national d'Art ancien, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 508-509.

Devenu évêque, il offre aux zélateurs de Mani des rencontres publiques où chacun des deux camps apportera ses arguments.

En 392, c'est la longue conférence - 48 heures de joute ! - où il écrase Fortunat sur le problème du mal; douze ans plus tard c'est celle où le savant manichéen Félix s'avoue vaincu et, sur-le-champ, se convertit.

 

En même temps, dans une suite de textes polémiques, Augustin réfute les grands ouvrages de la secte, les thèses d'Adimantus, les Fondements de Mani lui-même, le grand oeuvre que Faust de Milève vient de publier contre l'Écriture sainte et que l'évêque d'Hippone combat en rien de moins que trente-trois livres.

Parallèlement, pour opposer la vérité à l'erreur, ce sont les grands traités sur le Libre arbitre, la Nature du bien qu'Augustin dresse comme des bastions contre les entreprises de la "peste de l'Orient".

De cette bataille sévère, le manichéisme sortit épuisé. À la mort d'Augustin dans Hippone assiégée, le 28 Août 430 à l’âge de 76 ans, la fin de l'hérésie était proche. Au bénéfice du christianisme, l'oeuvre du saint aboutit à poser des bases définitives: situant exactement les rapports entre raison et autorité, définissant le mal - dans la grande perspective paulinienne - comme ce qu'il est, un déficit, une imperfection, une carence, mais non une réalité, affirmant que tout ce qui a été créé par Dieu est bon dans son essence. Du point de vue de la civilisation, il avait contribué à écarter la menace d'une doctrine qui ruinait les fondements de la vie collective, la morale, la famille, les échanges sociaux, la discipline.

Tombe de saint-Augustin à la basilique San Pietro in Ciel d'Oro à Pavie.

Tombe de saint-Augustin à la basilique San Pietro in Ciel d'Oro à Pavie.

Le donatisme

 

Dans la lutte contre ce qu'il appelait "le parti de Donat", il s'y lança avec une véhémence et une ténacité qui devait faire de lui, depuis les années 400 jusqu'à sa mort, le véritable chef de la lutte antidonatiste. Et quand le schisme hérétique, en fin de compte, s'effondra, son véritable vainqueur.

Né au début du IV siècle au lendemain de la persécution de Dioclétien sous prétexte que certains évêques avaient été "traditeurs" (c'est-à-dire avaient capitulé devant les agents impériaux et devaient être tenus pour indignes d'administrer les sacrements), le rigorisme donatiste avait tourné au schisme et à l'hérésie. Au schisme, car il avait aboutit à créer une contre-Église séparée de Rome; à l'hérésie, car les théologiens de la secte avaient soutenu que seuls les saints (ceux qui n'avaient pas apostasié) font partie de l'Église, les pécheurs en étant complètement proscrits. Le donatisme avait trouvé maintes complicités en Afrique.

Dégradée par une minorité de violents, l'Église qui s'intitulait "des saints", s'était, depuis 80 ans, acoquinée à des bandits violents, des malfaiteurs de toute sorte qui livraient aux catholiques une guerre sans merci. Vers 400, l'Église schismatique avait peut-être plus d'adeptes en Afrique que la véritable Église ! Pour persuader les chefs de la faction ennemie de leurs erreurs, Augustin leur proposa, comme il le fit pour les manichéens, des discussions publiques; moins intellectuels, la plupart se dérobent. Alors, c'est par écrit qu'il les combat, multipliant livres et traités où il expose leurs assertions, puis les démonte et les pulvérise.

La grande conférence de Carthage, où 286 évêques catholiques affrontent 279 donatistes, voit le penseur d'Hippone en venir à bout.

Quand finalement le gouvernement impérial ordonnera la suppression légale du donatisme et commencera à poursuivre ses adeptes, Augustin essaiera encore de rallier les schismatiques  désemparés pour les ramener à l'Église. Si dès lors, le parti de Donat s'effondre, pour disparaître tout à fait avant l'an 500, la plus grande part du mérite en revient à Augustin.

Le schisme donatiste était sectaire; orgueilleux, il prétendait à une sainteté exclusive. Augustin lui opposait l'image authentique de l'Église: elle est miséricordieuse à tous, même aux pécheurs, et ses membres les plus chers sont les humbles de coeur. Cette apologétique, née de la bataille, a gardé jusqu'à nous son prestige inentamé.

C'est dans une série de lettres, dont l'une des plus riches est la lettre 93 à Vincentius, que S. Augustin a rassemblé les arguments susceptibles de légitimer contre le schisme et l'hérésie l'appel au bras séculier. Certes, la foi et l'amour de Dieu sont des actes essentiellement libres; et l'on ne peut expressément n'y contraindre personne, mais l'État peut et doit punir les atteintes à l'épanouissement, à l'unité de l'Église chrétienne.

 

Le pélagianisme

 

La lutte donatiste était à son paroxysme quand une nouvelle hérésie surgit à la quelle Augustin eut encore à faire front. Le moine breton Pélage, à Rome, sous le pontificat d'Anastase (399-401) s'était mis à dénoncer les demi-convertis qui entouraient le sanctuaire, les chrétiens nominaux que le baptême ne changeait en rien.

Établi à Rome vers 400, Pélage rencontre le prêtre syrien Rufin qui lui transmet sa doctrine connue ensuite sous le nom de pélagianisme, selon laquelle la transgression d'Adam n'avait affecté que lui et que tout homme naissait innocent et n'avait aucun besoin de la grâce divine pour s'établir durablement dans le bien. L'homme pouvait se sauver par ses propres forces. Attaquée violemment par Augustin, cette hérésie fut condamnée au concile oecuménique d'Ephèse (431).

Le moralisme dur, intransigeant et ascétique de Pélage, connut un vif succès, d'autant qu'il prêchait d'exemple, en des milieux profondément croyants. Le moine breton fut tenu pour une sorte de prophète. Sa doctrine se résumait dans une négation de la nécessité du baptême : Pélage proclamait la toute-puissance non pas de Dieu, mais de l'homme..., qui même quand il ne veut pas le bien et ne le fait pas, peut le faire par sa seule volonté, par ses propres forces naturelles. La grâce sanctifiante qui venait de Dieu n'était plus nécessaire. Par conséquent, la Rédemption perdait son sens de régénération de la mort à la vie. Un tel système ramenait la religion à un pur moralisme, niait l'utilité du sacrifice du Christ, rendait inutile toute prière... Si, seul, je puis me sauver, pourquoi prier ?

Cette déviation ne fut pas facile à discerner, car, par bien des traits, Pélage et les siens se présentaient en chrétiens remarquables. Dès qu'il eut été mis au courant, Augustin lui ne s'y trompa point.

 

"Avant même que je connusse les thèses de Pélage, mes livres les réfutaient", a-t-il écrit.

 

"La doctrine de la grâce, définie par S. Augustin comme une 'liberté de Dieu' est latine. La doctrine de son adversaire, Pelage (v. 360-422) est grecque et orientale.

"[...]  Pour Saint Augustin le péché origine a damné tous les fils d'Adam. L'homme est libre de pécher (libre arbitre), comme Adam l'était. Tous les hommes sont des pécheurs auxquels Dieu peut accorder sa grâce. Seule la grâce de Dieu peut sauver l'homme et cette grâce n'est pas un 'droit' réservé à des 'élus'. Pour son adversaire Pélage, la grâce est réservée à des 'élus', des prédestinés. Les deux systèmes s'opposent et [...] le sujet de la dispute est toujours le même. L'exotérisme ou l'ésotérisme. Pour S. Augustin, fidèle çà la tradition chrétienne, la grâce est offerte à tous, comme le salut est offert à tous. Pelage, lui, fait prédominer la prédestination sur la liberté. [...] Pelage reprend les spéculations d'un moine mystique grec dans a lignée d'Origène, Évagre le Pontique (345-399), qui était l'auteur d'un traité – Le Gnostique ou de ceux qui ont mérité d'arriver à la science – dans lequel il niait la nécessité de la grâce. [...] Cette doctrine est grecque et orientale mais surtout hérétique, y compris vis-à-vis de l'Église d'Orient" (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 233.)

 

En 411, Augustin attaqua le pélagianisme et le fit d'abord condamner au concile de Carthage, le réfutant dans des traités qui deviendront célèbres sur les Mérites des pécheurs et le Baptême des enfants. Il lui oppose la vérité catholique dans ses grands ouvrages sur l'Esprit et la Lettre, la Nature et la Grâce.

 

Des longues luttes pélagiennes, l'Église sortit victorieuse, doctrinalement mieux armée.

 

L'idée centrale qu'Augustin développa fut l'apostrophe de saint Paul :

 

"Qu'avez-vous que vous n'ayez reçu?"

 

Grâce, bonnes œuvres, foi même, tout n'existe que par le secours divin. Ce que nous faisons de bien, c'est Dieu qui le fait en nous. Ce sera la doctrine de S. François d'Assise.

Telle est la doctrine augustinienne de la Grâce, qui, bien comprise, ne porte nullement atteinte à la liberté humaine, car cette liberté est d'autant plus autonome que, se détournant des illusions de la terre, elle est plus abandonnée à la miséricorde et à la Grâce.

 

Le pelagianisme est de nouveau condamné au concile d'Éphèse en 431, concile reconnu par les deux églises d'Occident et d'Orient.

 

Le titre que souvent on donne à Augustin est celui de Docteur de la Grâce, un titre plus qu'amplement justifié !

 

Mais les théories de Pelage ne sont pas éteintes par la condamnation, elles vont survivre dans certains monastères britanniques – et dans certaines sociétés secrètes – traversant le temps pour inspirer l''Humanisme', la 'Réforme' ... et la Révolution moderne... (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 234.)

 

L'arianisme

 

Dans les derniers temps de sa vie, S. Augustin a encore à faire face à l'hérésie arienne, qu'il a peu connue jusqu'alors en Afrique mais qui, lors de l'invasion vandale, s'identifie pour lui au péril barbare.

Augustin meurt le 28 août 430 dans Hippone assiégé par les Vandales.

Ses idées


Sa pensée est très marquée par le néo-platonisme, il ne voit aucune contradiction entre le christianisme et la philosophie de Platon. Il réconcilie le concept platonicien des "idées éternelles" avec le christianisme en considérant celles-ci comme partie intégrante du Dieu éternel. Il s’oppose cependant à la théorie cyclique de Platon. Pour Augustin, l’histoire est en mouvement, depuis un commencement vers une fin.
 

Deux formules résument sa pensée : « Crois pour comprendre. [...] Et [...] comprends donc pour croire. » (Sermon 43 in Les Plus Beaux Sermons de saint Augustin, réunis et traduits par Georges Humeau, t. I, p. 181-189. EA, 1986.)

Crois pour comprendre. [...] Tu disais : « J’ai besoin de comprendre pour croire » ; et moi : « Crois d’abord pour comprendre. » La discussion est engagée ; allons au juge ; que le prophète prononce ou plutôt que Dieu prononce par son prophète. Gardons tous deux le silence. Il a entendu nos opinions contradictoires ; « Je veux comprendre, dis-tu, pour croire » ; « Crois, ai-je dit, pour comprendre », et le prophète répond : « Si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas. » (Is 7, 9)

[…] [E]n un sens, cet homme a dit vrai quand il a dit : « Je veux comprendre pour croire » ; et moi également je suis dans le vrai quand j’affirme avec le prophète : « Crois d’abord pour comprendre. » Nous disons vrai tous les deux : donnons-nous donc la main ; comprends donc pour croire et crois pour comprendre ; voici en peu de mots comment nous pouvons accepter l’une et l’autre ces deux maximes : comprends ma parole pour arriver à croire, et crois à la parole de Dieu pour arriver à la comprendre.

Sermon 43 in Les Plus Beaux Sermons de saint Augustin, réunis et traduits par Georges Humeau, t. I, p. 181-189. EA, 1986.

Philosophie et théologie doivent être distinguées mais elles sont associées. Toute la culture occidentale en dépend.

Tous les maîtres spirituels de l'Occident sont ses disciples et reconnaissent leur dette envers lui : Scot Erigène, Abélard, S. Anselme de Canterbury, S. Bernard, les Victorins, Maître Eckart et S. Thomas, son seul pair.

"Saint Augustin a pleinement anticipé le célèbre 'Je pense, donc je suis' de Descartes dans bien des passages de son œuvre, y compris celui-ci : 'Mais, sans aucune représentation illusoire d'images ou de fantasmes, je suis tout à fait certain que je suis, que je le sais et que je m'en réjouis. En raison de ces vérités, je ne crains nullement les arguments des platoniciens, qui disent : 'Et si vous vous trompez?', parce que si je me trompe, je suis. Car celui qui n'est pas ne peut pas se tromper; et si je me trompe, de ce fait même je suis. ... Et par conséquent, je me trompe pas non plus en sachant que je sais. Car, puisque je sais que je suis, je sais également ceci, que je suis." (Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 49.)

 

Avant lui il y avait eu des essais, des tâtonnements souvent remarquables, tels ceux d'un S. Irénée, d'un Justin, la grande oeuvre d'Origène dont l'Église d'Orient s'était nourrie. Saint Augustin est le véritable initiateur de l'esprit théologique en Occident. La théologie qu'il conçoit a pour but de "produire, nourrir, défendre et affirmer la loi salutaire qui mène au vrai bonheur." Même si, formellement, la théologie date du Moyen Âge, elle n'eût jamais existé sans ses pénétrantes intuitions. Toutes les grandes idées politiques aussi bien sur l'unité de l'Europe (la Chrétienté), les droits et les devoirs des gouvernants, la guerre et sa légitimité (défense contre l'agresseur, mais cette guerre même entre dans les conséquences du péché car "la paix n'appartient-elle pas au seul bonheur éternel?"), les rapports de l'Église et de l'État, les bases de la distinction des pouvoirs temporel et spirituel, toutes les conceptions sociales sur l'esclavage, l'argent, la condamnation de l'usure, le travail et bien d'autres sujets, sont présentes dans leurs principes, dans la Cité de Dieu.

 

L'accord nécessaire entre l'Église et l'État induit aide et protection de l'Église par l'État. L'Église a droit à cette protection, alors que les faux cultes ne peuvent réclamer semblable faveur.

Saint Augustin, proclame avec force qu'il n'y a pas de res publica quand la vraie justice, la justice du Christ, est absente : « Ubi justitia non est, non est republica » (Cité de Dieu, XIX,21 in Jacques Chevalier, De saint Augustin à saint Thomas d'Aquin: Histoire de la pensée, Préface de Serge-Thomas Bonino, Collection Philosophie européenne dirigée par Henri Hude, Editions Universitaires, vol. 3, 1992, p. 70.)

 

 

La tolérance pratique d'un culte non catholique est bonne car pour l'extension du règne du Christ, S. Augustin compte plus sur le pouvoir de la vérité que sur l'appui de César. La question se posa quand face aux violences donatistes, l'État impérial fut amené à sévir. La tolérance a des limites si la paix sociale est troublée (aujourd'hui on dit "s'il y a trouble à l'ordre public", notion tout droit héritée de cette idée augustinienne), si la loi est insultée, des rigueurs peuvent s'imposer : concrètement, S. Augustin approuvera les mesures contre les donatistes (Giovanni Papini a fait remarquer que le donatisme annonçait par certains aspects le luthéranisme) mais jamais il ne demandera que l'on convertisse personne de force. Et cette intervention du pouvoir a des limites: S. Augustin dit formellement qu'elle ne doit jamais aller jusqu'à la peine de mort, au moins entre chrétiens, et qu'elle doit être précédée d'une recherche charitable des terrains d'entente. "La liberté de l'erreur est la pire mort de l'âme", mais la violence n'est pas bonne aux yeux de Dieu. Les bûchers du Moyen Âge se réclameront de la doctrine augustinienne du "bras séculier", mais lui ne les a jamais justifiés, même par avance.



Augustin a posé les fondements de la culture chrétienne.  Il "a formé l'intelligence de l'Europe chrétienne", écrira le Bx cardinal Newman.

Saint Augustin n'a pas fondé d'ordre mais a écrit une Règle dont s'inspirent de nombreux religieux, qualifiés d'"Augustins", comme les chanoines réguliers de Saint-Augustin, l'Ordre de Saint Augustin, les Grands Augustins, les Récollets, les Assomptionnistes, et des congrégations féminines (comme les Visitandines), très nombreuses.

Œuvres principales

Son
œuvre est immense, il écrivait sans relâche, lettres, traités et sermons pour défendre sa conception du christianisme.

- Les Confessions racontent sa jeunesse et sa conversion. Composées vers 397-400, elles ont connu en Occident un succès immédiat, et inouï. Certes, divers penseurs avaient déjà eu l'idée de raconter par quel itinéraire ils s'étaient approchés de la vérité (S. Justin au IIe siècle; S. Hilaire dans la préface de son traité De la Trinité, au milieu du IVe siècle), mais cette trame de la quête du vrai n'avait jamais permis le surgissement d'un ouvrage d'une ampleur et d'un éclat comparable à ceux des Confessions. Saint Augustin, alors âgé de près de 45 ans, avait reçu le baptême une dizaine d'années plus tôt.

- Contre Fauste le manichéen, composé entre 398 et 404.

-De la Trinité (399-422), est avec la Somme de S. Thomas d'Aquin, un des deux môles de la spéculation chrétienne où S. Augustin appelle toutes les connaissances à l'aide, et la métaphysique et la psychologie, et l'acquis de Platon et d'Aristote, et toute l'érudition scripturaire, pour placer l'intelligence humaine en face du mystère qui passe toute intelligence.

- La Cité de Dieu (De Doctrina christiana) (13-427), une réflexion théologique sur l'histoire, est le texte fondamental de S. Augustin, qui définit pour longtemps les exigences et les limites d’une culture chrétienne, en justifiant le christianisme dans l’histoire et par l’histoire. La Cité de Dieu est la communauté universelle des vertueux, où séjournent Dieu, ses anges et tous les saints, ainsi que tous les hommes intègres sur terre. Saint Augustin oppose la Cité de Dieu à la Cité terrestre, décrit sa vision "des commencements et des fins" de ces deux cités, "les deux cours contraires suivis par la race humaine depuis ses origines, celui des fils de la chair et celui des fils de la promesse". Tout s’achève par la perfection, la glorification et l’apothéose de la cité de Dieu, qui n’est pas de ce monde.

Dans cet ouvrage, Augustin fait l'éloge de Théodose Ier (V 26, 1) en utilisant des sources écrites et des récits de témoins oculaires (Yves-Marie DUVAL, L'éloge de Théodose dans la Cité de Dieu. Sa place, son sens et ses sources, Recherches augustiniennes, IV 1966, p. 135-179)

-  De la nature et de la Grâce (415)

- De la Grâce du Christ et du péché originel

- Du Mariage et de la concupiscence (418)

- Contre Julien (théologien pélagien), Enchiridion (421-422)

- De la grâce et du libre arbitre (425)

- Du don de la persévérance (429)

- 113 traités sur tous les domaines (Sur la musique, par exemple).

- Quelque 218 lettres (correspondances avec des évêques, laïcs, ministres, empereurs).

- Près de 500 sermons et petits traités de théologie morale Sur le mensonge, Sur le jeûne, Sur le culte des morts, etc.

- Innombrables commentaires des Écritures (on a retrouvé des traces de commentaires de 42 816 versets).

- Dialogues sur la philosophie de Platon.

- Essais sur la religion romaine antique.


Citations

 

  • Par nature, l’homme n’a pas de pouvoir sur l’homme.
  • L'étude de la musique conduit à la révélation et à la contemplation de Dieu.
  • Notre coeur est inquiet tant qu’il ne trouve pas le repos en Dieu.
  • [Douter], c’est croire implicitement à l’existence de la vérité et en désirer la connaissance.
  • La bonne volonté est l’oeuvre de Dieu, la mauvaise volonté est de s’éloigner de l’oeuvre de Dieu. 
  • Nulle part le mal n'est une substance, il n'est que la privation du bien. (Cité de Dieu, II, 22)
  • Ô Vérité qui êtes la lumière de mon âme, que ce soit vous, et non pas mes ténèbres qui me parlent. (Confessions)
  • Il vaut mieux suivre le bon chemin en boîtant que le mauvais d'un pas ferme.
  • Le bonheur, c'est de continuer à désirer ce qu'on possède.
  • Vivre heureux consiste en une joie qui a sa source dans la vérité 
  • La mesure de l'amour, c'est d'aimer sans mesure. (Confessions)
  • La volonté pervertie fait la passion; l'asservissement à la passion fait la coutume; le défaut de résistance à la coutume fait la nécessité. Et ces noeuds d'iniquité étaient comme les anneaux de cette chaîne dont m'enlaçait le plus dur esclavage.
  • Je ne crains pas l'impureté de la nourriture mais l'impureté du désir. (Les aveux)
  • Il y a beaucoup de gens qui, se disant dans l'Eglise, sont en réalité au-dehors parce qu'ils ne pratiquent pas l'amour et la vie du Christ et beaucoup de gens que l'on dit ''au-dehors'' sont en réalité au coeur de l'Eglise parce qu'ils pratiquent l'amour et la vie du Christ.
  •  

PROTECTEUR: des imprimeurs et des théologiens.

NOM: dérivé du latin, il signifie "vénérable", "auguré".

Sources : (1) ; (2); (3) Oeuvres complètes de saint Augustin; (4) Daniel-Rops, Histoire de l'Eglise du Christ, tome III L'Eglise des temps barbares, Librairie Arthème Fayard, Editions Bernard Grasset, Paris 1965, p. 18, 20, 29, 35-39, 41, 45, 51. (5) L'Etat chrétien comme dépassement, in Michel VILLEY, La Formation de la pensée juridique moderne, Texte établi, révisé et présenté par Stéphane RIALS, Quadrige PUF, Mercuès 2006, p. 130 ; (6) Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 508-509 ; (7) Pascal-Raphaël Ambrogi, Dictionnaire culturel du christianisme, le sens chrétien des mots, Honoré Champion Editions, Paris 2021.

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Publié par Ingomer - dans Saints du jour
27 août 2023 7 27 /08 /août /2023 11:14

"Un chrétien fait du bien et supporte le mal. Les deux marchent ensemble ! II ne faut pas craindre les conflits, ni perdre confiance", a exhorté le pape François au cours de l'audience générale du mercredi 23 août.

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27 août 2023 7 27 /08 /août /2023 00:00
Sainte Monique, dans Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p. 146

Sainte Monique, dans Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p. 146

A l'heure où sont trop oubliés les devoirs de la jeune fille, de l'épouse et de la mère chrétiennes, il est utile de rappeler les vertus de cette admirable femme. Ce que nous en savons nous vient de la meilleure des sources, son fils Augustin.

Monique naquit à Tagaste, en Afrique, l'an 332. Grâce aux soins de parents chrétiens, elle eut une enfance pure et pieuse, sous la surveillance sévère d'une vieille et dévouée servante. Encore toute petite, elle aimait aller à l'église pour y prier, elle cherchait la solitude et le recueillement; parfois elle se levait même la nuit et récitait des prières. Son coeur s'ouvrait à l'amour des pauvres et des malades, elle les visitait, les soignait et leur portait les restes de la table de famille; elle lavait les pieds aux pauvres et aux voyageurs. Toute sa personne reflétait la modestie, la douceur et la paix. A toutes ces grâces et à toutes ces vertus, on aurait pu prévoir que Dieu la réservait à de grandes choses.

Dieu, qui a ses vues mystérieuses, permit cependant qu'elle fût donnée en mariage, à l'âge de vingt-deux ans, à un jeune homme de noble famille, mais païen, violent, brutal et libertin, presque deux fois plus âgé qu'elle, et dont elle eut beaucoup à souffrir, ainsi que de sa belle-mère.

Dans cette situation difficile, Monique fut un modèle de patience et de douceur; sans se plaindre jamais, elle versait en secret les larmes amères où se trempait sa vertu. C'est par ces beaux exemples qu'elle conquit le coeur de Patrice, son époux, et lui obtint une mort chrétienne, c'est ainsi qu'elle mérita aussi de devenir la mère du grand saint Augustin.

Monique, restée veuve, prit un nouvel essor vers Dieu. Vingt ans elle pria sur les débordements d'Augustin, sans perdre courage et espoir. Un évêque d'Afrique, témoin de sa douleur, lui avait dit: "Courage, il est impossible que le fils de tant de larmes périsse!" Dieu, en effet, la récompensa même au-delà de ses désirs, en faisant d'Augustin, par un miracle de grâce, l'une des plus grandes lumières de l'Église et l'un de ses plus grands Saints.

Monique, après avoir suivi Augustin en Italie, tomba malade à Ostie, au moment de s'embarquer pour l'Afrique, et mourut à l'âge de cinquante-six ans. Augustin pleura longtemps cette mère de son corps et de son âme. Le corps de sainte Monique a été transporté à Rome dans l'église de Saint-Augustin, en 1430. Cette femme illustre a été choisie comme patronne des mères chrétiennes. 
Elle est invoquée pour favoriser le bon déroulement d'un accouchement et est la protectrice des mères et des veuves.

Les fouilles du XIXe siècle à Ostie ont retrouvé la plaque de marbre commémorative de Monique.

 

Sources: (1); (2); (3) Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p. 146.

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26 août 2023 6 26 /08 /août /2023 16:32

C’est sous la royauté que l’industrie française est parvenue à un degré de prospérité qui, en 1789, ne l’a laissée inférieure à aucune autre.

Henri V, Comte de Chambord

Déclin dans le classement mondial de la science, déclin du PIB par habitant : la République, une catastrophe !

PIB par habitant : la France, absente du Top 20, perd du terrain face aux « petites » puissances économiques

 

Le PIB par habitant est un baromètre du niveau de vie qui prend en compte le pouvoir d'achat des gens. Bien que de nombreux pays européens soient dans le Top 10 mondial, la France ne fait même pas partie du Top 20.

 

Le PIB par habitant, indicateur de la richesse d'un pays

Le PIB est l'indicateur de mesure le plus connu pour évaluer la création de richesses économiques. Il calcule la somme totale des biens et services produits en une année par tous les acteurs économiques au sein d'un territoire spécifique. Le PIB par habitant, en revanche, est une mesure distincte qui ajuste le PIB total en fonction de la population et du pouvoir d'achat des individus dans un pays ou une région donnée.

 

 

Il est calculé en utilisant la parité de pouvoir d'achat (PPA), pour équilibrer les variations du coût de la vie entre les pays. Ainsi, il offre une comparaison plus précise du niveau de vie d'un pays à l'autre. Le panier moyen représente, en effet, un coût différent selon le pays que l'on prend en considération. C'est ainsi que le PIB par habitant permet une comparaison réelle du niveau de vie entre les habitants de chaque pays.

 

Le PIB par habitant, ajusté par la parité de pouvoir d'achat (PPA), divise le PIB total d'un pays par sa population. Au lieu d'utiliser le taux de change, cette méthode utilise la PPA pour égaliser le pouvoir d'achat entre différents pays. Cela rend la comparaison du niveau de vie entre les pays plus équitable et précise.

 

La France absente du Top 20

Si l'on emploie cette méthode de calcul, la France est absente du Top 20 mondial en termes de PIB par habitant, alors que son PIB la place au 7ᵉ rang mondial des nations les plus riches. Le FMI classe donc la France à la 25ᵉ place, avec un PIB par habitant de 44 408 dollars PPA en 2023.

 

La position de la France dans le classement mondial du PIB par habitant a relativement reculé au cours des quatre dernières décennies. Alors qu'elle se plaçait à la 13ᵉ place en 1980, surpassant même les États-Unis, la France a chuté à la 19ᵉ place en 2005 pour finalement atterrir à la 24ᵉ position en 2022. Cette dégringolade témoigne d'un déclassement économique du pays sur une période de quarante ans.

 

S'agissant des leaders du classement, ce sont des nations de « petite taille comme le Luxembourg, Singapour et l'Irlande qui dominent. Ces pays ont adopté des modèles économiques distincts de celui de la France et ont été particulièrement efficaces dans l'accroissement de leurs richesses depuis les années 1980. Ils affichent, par ailleurs, des taux d'imposition parmi les plus bas au monde, ce qui en fait des destinations de choix pour de nombreuses multinationales. À titre de comparaison, le PIB par habitant luxembourgeois représente trois fois le PIB par habitant français.

SOURCE: https://econostrum.info/classement-pib-par-habitant-france-absente-top-20/

PIB par habitant : la France, absente du Top 20, perd du terrain face aux « petites » puissances économiques

Sous Louis XVI, les taxes représentaient moins de 10% du travail des gens. 

 

Au XIXe siècle c'est 5% de part du PIB, autant que les historiens de l'économie et des finances puissent le chiffrer !

 

À la veille de la guerre de 1914 on est déjà à 10%.

 

Et aujourd'hui, on est de l'ordre de 45%.

 

Où passe l'argent ?

 

 

Un début de réponse : l’immigration coûte plus qu’elle ne rapporte

 

Une étude réalisée par le spécialiste des migrations Jean-Paul Gourévitch pour Contribuables associés montre que l’immigration ‘’coûte cher au contribuable: 53,9 milliards par an, c’est plus de quatre fois le budget…’’

 

Source : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/l-immigration-coute-plus-qu-elle-ne-rapporte-20230824#:~:text=Elle%20co%C3%BBte%20cher%20au%20contribuable,envie%20de%20lire%20la%20suite%20%3F

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25 août 2023 5 25 /08 /août /2023 00:00

Le règne de Saint Louis était associé à un âge d'or de justice et de paix, sans impôt et sans mutation monétaire.

Boris BOVE, 1328-1453, Le Temps de la Guerre de Cent ans, Folio, Histoire de France, Trebaseleghe, Italie, 2020, p. 195

Saint Louis, Roi de France (1214-1270), Patron des Armées françaises

         

 

Fils du roi de France Louis VIII le Lion et de la reine Blanche de Castille, Louis naît au château de Poissy, le 25 avril 1214. ... quelques semaines avant la grande victoire des troupes françaises sur celles du Saint-Empire et de l'Angleterre à Bouvines.

Son grand-père, Philippe Auguste, lui enseigne : "Protège les Pauvres, ils te protégeront".

 

44e roi de France, Louis IX a également régné 44 ans. Il frappé ses contemporains par son sens de la justice, sa profonde piété, sa révérence devant Dieu, sa grande charité envers les pauvres, et pour les non-croyants, sur le respect du prochain ; Saint-Louis représentait la paix et le respect du voisin. 

"Reconnu pour son style de vie modéré, sa raison, sa bravoure et sa politesse chevaleresque, il était un magnifique chevalier dont la gentillesse et la manière engageante le rendaient populaire. Il était considéré comme le dirigeant chrétien idéal. Il punissait sévèrement le blasphème, les jeux de hasard, les prêts rémunérés (usure) et la prostitution.

Il priait  huit heures par jour, lavait les pieds des pauvres, accueillait les lépreux à sa table et bâtit des hôpitaux pour les aveugles. (La Marche de l'Histoire, n° 34, Trimestriel / octobre / décembre, 1270-2020, Mort de Saint Louis, 750 ans, p. 26.)

Il est le seul roi canonisé de France.

"Son règne est resté dans les mémoires comme un âge d'or médiéval dans lequel le Royaume de France a atteint un sommet économique et politique.

"Il a interdit les procès par épreuve, tenté d'empêcher les guerres privées, et a introduit la présomption d'innocence dans la procédure pénale. Pour faire appliquer l'application de ce nouveau système juridique, Louis IX a créé les prévôts et des huissiers de justice." (Spécial Histoire, n° 5, Trimestriel, Septembre - octobre - novembre 2020, p. 18-19.)

Roi pacifique doté d'un sens politique très sûr, il règle les sources de conflit en France et en Europe; Sa vertu le faisait regarder comme l'arbitre des princes d'Europe.

Son plus grand souci était de pacifier, de réconcilier les ennemis et d'éteindre les conflits, en particulier entre la France et l'Angleterre. Très rapidement, son tempérament de médiateur lui vaut de nombreuses sollicitations aux quatre coins de l'Europe - voilà qu'on le surnomme l'Apaiseur.

En 1234, quand Louis atteignit sa majorité, les Capétiens avaient développé des liens personnels étroits avec les cours royales de Castille et d'autres royaumes ibériques. 

En 1240, il est appelé à trancher un différent entre l'empereur Frédéric II et le pape.

Quelques années plus tard, il mit fin au grave et difficile contentieux qui opposait les prétendants aux comtés de Flandre et de Hainaut; il négocia avec les Mongols et sécurisa des alliances diplomatiques bienvenues; même l'aristocratie anglaise, fraîchement rabibochée avec son homologue d'Outre-Manche, vient lui demander conseil.

En 1258, par le traité de Corbeil avec Jacques d'Aragon, les deux nations renoncent mutuellement à toute prétention territoriale.

En 1259 au traité de Paris, aussi appelé traité d'Abbeville, Henri III Plantagenêt, roi d'Angleterre (1216-1272) échange la possession de larges domaines dans le Sud-Ouest contre la reconnaissance de la souveraineté française sur l'ensemble du Royaume

Saint Louis, Roi de France (1214-1270), Patron des Armées françaises
Saint Louis, Roi de France (1214-1270), Patron des Armées françaises

"Louis IX met fin à ce que nombre d'historiens appellent 'la première guerre de Cent Ans' (elle avait commencé par le mariage versatile d'Aliénor d'Aquitaine en 1152) : le traité d'Abbeville entérine la paix avec l'Angleterre d'Henri III." (La Marche de l'Histoire, n° 34, Trimestriel / octobre / décembre, 1270-2020, Mort de Saint Louis, 750 ans, p. 25-26.)

Il mit en œuvre dans le gouvernement français une justice impartiale, la protection des droits de ses sujets, des peines sévères pour les fonctionnaires royaux abusant de leur pouvoir, et prit une série d'initiatives pour aider les pauvres.

Le souci de justice dans sa forme la plus fondamentale (rendre à chacun son dû) revient constamment dans les propos de Louis.

Saint Louis rendant la justice sous le chêne de Vincennes, Par Pierre-Narcisse Guérin, 1816

Saint Louis rendant la justice sous le chêne de Vincennes, Par Pierre-Narcisse Guérin, 1816

Maintes fois en été, le roi alla s'asseoir au bois de Vincennes après sa messe; il se plaçait sous un chêne et nous faisait asseoir autour de lui. Il demandait alors de sa proche bouche: "Y a t-il ici quelqu'un qui ait un procès ?" Et tous ceux qui en avaient se levaient. Il disait alors : "Taisez-vous tous et on réglera vos affaires l'une après l'autre."

Jean de Joinville, Vie de Saint Louis

"Entre 1254 et 1258, fraîchement rentré de croisade, il fait publier la Grande ordonnance qui stipule que "nul ne sera privé de son droit sans faute reconnue et sans procès." À ce titre, le roi interdit le blasphème, les jeux de dés et de hasard, la prostitution, la fréquentation des tavernes et les prêts à intérêts (usure). 

"La procédure judiciaire évolue également : les ordalies sont bannies (1261), on introduit des témoins lors des procès, on déploie aussi des enquêtes approfondies qui permettent de faire la lumière sur les crimes et délits.

"Si la plupart de ces mesures sont respectées, les tavernes du royaume, normalement réservées aux voyageurs, continueront de faire recette auprès du peuple malgré les avertissements royaux. "Ses conseillers, écrit Gérard Sivéry, ont réussi à lui faire admettre qu'il était préférable de limiter et de surveiller ce qu'on ne pouvait empêcher." (La Marche de l'Histoire, n° 34, Trimestriel / octobre / décembre, 1270-2020, Mort de Saint Louis, 750 ans, p. 32.)

La refonte du système judiciaire s'accompagne d'une "collecte" de plaintes de ses sujets à travers le royaume. Louis IX dépêche une armée d'enquêteurs pour aller à la rencontre du peuple et recueillir ses doléances. Plus de dix mille d'entre elles sont rassemblées et convergent sur Paris à partir de 1247. Cela permet de constater que baillis et sénéchaux font perdurer localement des inégalités particulièrement cruelles. Une leçon que le roi tient à transmettre à son fils : "Prends garde diligemment qu'il y ait bons baillis et bons prévôts en ta terre, et fais souvent prendre garde qu'ils fassent bien justice et qu'ils ne fassent à autrui tort ni des choses qu'ils ne doivent."

"En 1259, l'affaire Enguerrand de Coucy donne le ton : ce dernier, un seigneur sans scrupule des Flandres, a fait pendre trois braconniers surpris sur ses terres. Le clergé local s'insurge. Louis IX s'empare de l'affaire et fait emprisonner l'intéressé au château du Louvre. Finalement pardonné, il sera condamné à payer 10 000 livres de compensation - une véritable fortune pour l'époque." (La Marche de l'Histoire, n° 34, Trimestriel / octobre / décembre, 1270-2020, Mort de Saint Louis, 750 ans, p. 31-32.) Cette somme fut employée à construire l’hôpital de Pontoise, le cloître et les écoles des Dominicains de la rue Saint-Jacques et l’église des Cordeliers de Paris.

La galerie Saint Louis dans la Cour de Cassation de Paris. Saint Louis a traversé les âges en conservant son image de roi justicier.

La galerie Saint Louis dans la Cour de Cassation de Paris. Saint Louis a traversé les âges en conservant son image de roi justicier.

Soucieux de laisser la parole au peuple, le roi saint assiste aux assises du Parlement et fait "appeler ceux qui ont des affaires à lui soumettre et il fait ouïr les plaids par ses chevaliers et par ses clercs." (Guillaume de Saint-Pathus, cité dans La Marche de l'Histoire, n° 34, Trimestriel / octobre / décembre, 1270-2020, Mort de Saint Louis, 750 ans, p. 34.)

Ses dîners quotidiens étaient partagés avec de nombreux mendiants Parisiens qu'il invitait à la table royale. De nombreux soirs, il ne les laissait pas partir sans leur avoir lavé les pieds. Il payait sur ses deniers pour nourrir plus de 100 pauvres Parisiens chaque jour. Ses soins aux malades étaient tout aussi émouvants ; il s'occupait fréquemment des lépreux.

Il créa un certain nombre d'hôpitaux, dont un pour les aveugles et un autre pour les ex-prostitués".

Chaque samedi, il lavait les pieds de trois pauvres, servait leur repas et mangeait lui-même leurs restes.

Louis fut baptisé à Poissy, et en conserva toujours religieusement le souvenir, car plus tard il signait ordinairement Louis de Poissy, marquant par là qu'il estimait la grâce du baptême comme son plus glorieux titre de noblesse.

Sa mère, Blanche de Castille, voulut le nourrir elle-même. Tout le monde connaît la belle parole de cette grande reine : « Mon fils, je vous aime après Dieu plus que toutes choses; cependant, sachez-le bien, j'aimerais mieux vous voir mort que coupable d'un seul péché mortel. »

Blanche de Castille et Louis IX, détail d'une miniature de la Bible moralisée de Tolède, 1240.

Blanche de Castille et Louis IX, détail d'une miniature de la Bible moralisée de Tolède, 1240.

Neuvième des capétiens directs, Louis est sacré à Reims à l'âge de douze ans, quelques jours seulement après l'enterrement de son père.

Le jeune Louis montra dès son enfance les grandes vertus qu'il devait faire éclater sur le trône, l'égalité d'âme, l'amour de la justice et une tendre piété.

Comme on lui reprochait quelques fois de donner trop de temps aux pieux exercices, le jeune roi philosophe : "Les hommes sont étranges, on me fait un crime de mon assiduité à la prière; on ne me dirait mot si j'employais les heures que j'y passe à jouer aux jeux de hasard, à courir la bête fauve, ou à chasser aux oiseaux." (La Marche de l'Histoire, n° 34, Trimestriel / octobre / décembre, 1270-2020, Mort de Saint Louis, 750 ans, p. 24.)

Saint Louis, Tableau Médaillon, 2e étage Cour de Cassation, Paris

Saint Louis, Tableau Médaillon, 2e étage Cour de Cassation, Paris

Devenu roi, il voulut établir avant tout le règne de Dieu, auquel sont indéfectiblement liés le Roi et la France. Il s'appliqua plus que jamais à faire de la France un royaume puissant et chrétien. On connaît sa loi condamnant les blasphémateurs à subir aux lèvres la marque d'un fer rougi au feu.

Un des plus beaux jours de sa vie fut celui où il alla au-devant des religieux qui apportaient d'Orient la sainte Couronne d'épines, et la porta, pieds nus, dans sa capitale.

Saint-Louis fonda des hôpitaux et des monastères. Il réalisa son grand projet : construire la Sainte-Chapelle comme une châsse de lumière et de vitraux destinée à recueillir les saintes reliques, surtout la Couronne d'épines. Il donna à sa soeur, la bienheureuse Isabelle de France, le terrain de Longchamp pour y fonder une abbaye de religieuses de Sainte-Claire. « Si je dépense beaucoup d’argent quelquefois, j’aime mieux le faire en aumônes faites pour l’amour de Dieu que pour frivolités et choses mondaines. Dieu m’a tout donné ce que j’ai. Ce que je dépense ainsi est bien dépensé. » (Saint Louis au sire de Joinville)

À vingt ans, il épousa Marguerite de Provence et leur amour sera tendre et fidèle. Saint Louis fut aussi un modèle du pur amour conjugal; il avait fait graver sur son anneau cette devise: "Dieu, France et Marguerite."

À la suite d'une méchante fièvre contractée dans les marais de Saintonge, à l'ouest du royaume en 1244, maladie mortelle, guéri miraculeusement, Louis obéit à une inspiration du Ciel qui l'appelait aux Croisades.

Jérusalem avait été reprise en 1229 sous la gouvernance de Frédéric II.

 

Quand il partit pour délivrer la Terre Sainte au port d'Aigues-Mortes à la tête de 10 000 fantassins, 5000 écuyers et 2500 cavaliers le 25 août 1248, il s'embarqua avec son épouse Marguerite de Provence, et toujours l'ami Joinville. Il marchait sur les pas de ses aïeux, Louis VII et Philippe Auguste.

On le vit, dans ces luttes gigantesques, qui avaient pour but la libération des Lieux Saints, faire des actes de bravoure qui le mettaient au rang des plus illustres guerriers. On se tromperait en croyant que le bon et pieux roi n'eût pas toute la noble fierté qui convenait à son rang.

Les Sarrasins, qui le retinrent longtemps captif, après une désastreuse campagne, eurent lieu d'admirer sa grandeur d'âme, sa foi et son courage. Lui demandant de fixer le prix de sa rançon pour sa libération, il leur répondit de s'enquérir auprès de sa femme qui seule décidait de l'engagement des dépenses ! L'épisode est narré par Joinville, il est ainsi rapporté par Régine Pernoud :
 
"Quand ils virent (les 'Sarrasins'), qu'ils ne pourraient vaincre le bon roi par les menaces, ils revinrent à lui et lui demandèrent combien il voudrait donner d'argent au sultan et avec cela, s'il leur rendrait Damiette. Et le roi leur répondit que, si le sultan voulait prendre de lui une somme raisonnable de deniers, il manderait à la reine qu'elle les payât pour leur délivrance; et ils dirent : 'Comment est-ce que vous ne voulez pas dire que vous ferez ces choses ?' (Pourquoi ne voulez-vous pas vous y engager vous-même ?) Et le roi répondit qu'il ne savait si la reine le voudrait faire, pour ce qu'elle était sa Dame."
 
Une fois libéré (le 6 mai 1250), Louis fit un pèlerinage en Terre Sainte et appela ses sujets à le rejoindre mais renvoya ses frères Alphonse de Poitiers et Charles d'Anjou en France afin qu'ils épaulassent leur mère, qui exerçait la régence. Le reste de son séjour en Terre-Sainte est employé à des fins diplomatiques : il prit contact avec les Mongols et les Ismaïliens, renforça les défenses de Jaffa, Acre, Tyr et Sidon.
 
Mais, au printemps 1253, alors qu'il était à Sidon, il apprit la mort de sa mère, survenue le 27 novembre 1252. Après plusieurs jours d'un grand deuil, il conclut qu'il devait rentrer et le 24 ou 25 avril 1254, Louis rembarqua d'Acre pour la France. Le 10 juillet, il débarqua aux Salins-d'Hyères où il demanda à rencontrer le frère Hugues de Digne. Partant de Hyères, le roi se rendit à Aix-en-Provence pour un pèlerinage dédié à Marie Madeleine, puis entra en France par Beaucaire et, après plusieurs arrêts dans différentes villes de France, déposa l'oriflamme et la croix à Saint-Denis. Il fit son entrée à Paris le 7 septembre 1254, où il fut particulièrement bien accueilli par le peuple.
 
Rentré dans son royaume, il y entreprit de grandes réformes, en particulier l'interdiction du duel judiciaire.

Son royaume connut une période de plein développement culturel, intellectuel et théologique. Saint Louis aimait recevoir à sa table saint Bonaventure et saint Thomas d'Aquin. Avec Robert de Sorbon, fils de paysan devenu docteur qui s'est fait remarquer par le roi en militant pour l'accès à l'éducation des enfants pauvres, il fonda la Sorbonne (1253). Des milliers de démunis 
assistent au triomphe de la littérature française, à la dissection méthodique des oeuvres de Chrétien de Troyes, aux récits chevaleresques de la quête du Graal, au mécénat des arts, à l'érection des cathédrales. (La Marche de l'Histoire, n° 34, Trimestriel / octobre / décembre, 1270-2020, Mort de Saint Louis, 750 ans, p. 26.) 
 
Il suivit avec attention l'achèvement de la cathédrale Notre-Dame et surtout les grandes rosaces (1255) et les porches.
 
Mais il rêvait de retourner en Terre Sainte, et de convertir le sultan d'Egypte. Cette fois-ci, son fidèle Joinville, décida de ne pas le suivre : "Je considérai que tous ceux qui lui conseillèrent ce voyage firent un péché mortel, parce que, au point où en était la France, tout le royaume était en bonne paix à l'intérieur et avec tous ses voisins; et, depuis qu'il en est parti, l'état du royaume ne fit qu'empirer."
 
Il n'ira pas plus loin que Carthage, l'actuelle Tunis. La maladie eut raison de lui; c'était le lundi 25 août 1270, vers trois heures de l'après-midi, "il rendit son esprit à notre créateur à l'heure même où le Fils de Dieu mourut sur la croix pour le salut du monde." (Jean de Joinville, Vie de Saint Louis, éd. Jacques Monfrin, Classiques Garnier, 1995, rééd. Classiques jaunes, 2019, p. 372-375.)
 
La paix fut négociée avec l'émir de Tunis le 30 octobre, tandis qu'on s'activait au retour de la dépouille du roi; Édouard Ier, arrivé d'Angleterre, s'enlisera deux ans supplémentaires dans cette ultime croisade.
 
Des enquêtes en 1282-1283 sur les miracles produits sur le tombeau du roi voient 300 personnes témoigner. (Jacques Le Goff, Saint Louis, Paris, éditions Gallimard, coll. Bibliothèque des histoires, 1996.)
 
Il est canonisé par Boniface VIII en 1297 sous le nom de "Saint Louis de France". 
 
Son tombeau disparaît vers 1420, sans doute détruit et fondu par les armées anglaises d’Henri V ou du duc de Bedford.
 
Deux analyses  scanner, carbone 14, microscope – de sa mâchoire menées au XXIe siècle en 2015 et 2019 ont révélé que le saint roi a succombé au scorbut et non à la peste ou à la dysenterie. (Marie Privé, Peste, scorbut, dysenterie… De quoi est vraiment mort Saint Louis ?, Geo.fr, 28 juin 2019)

Saint-Louis ChateaucurzayPrière de St Louis

 

Dieu Tout-Puissant et éternel,

 

Qui avez établi l'empire des Francs pour être dans le monde

 

L'instrument de vos divines volontés,

 

Le glaive et le bouclier de votre sainte Eglise,

 

Nous vous en prions, prévenez toujours et partout de votre céleste lumière,

 

Les fils suppliants des Francs,

 

Afin qu'ils voient ce qu'il faut faire pour réaliser votre règne en ce monde,

 

Et que pour accomplir ce qu'ils ont vu,

 

Ils soient remplis de charité, de force et de persévérance,

 

Par Jésus-Christ Notre-Seigneur.

 

Amen

 

 

Oraison tirée d'un missel Carolingien,

 

Prière favorite du Père de Foucauld,

 

Prière officielle des scouts de France.

Saint Louis, Roi de France (1214-1270), Patron des Armées françaises

Statue de Saint Louis, par Albert-Marius Patrisse (1892-1964), collégiale de Poissy, lieu de baptême et de naissance de S. Louis.

 

Une statue du roi de France Louis IX, connu sous le nom de Saint Louis a été érigée devant la collégiale de Poissy en 1951 en remplacement de la statue de Meissonier fondue par les Allemands en 1941.

 

La statue de Saint Louis a été réalisée par le sculpteur Albert-Marius Patrisse (1892-1964), un élève de Jules Coutan, premier second grand Prix de Rome en 1922. Ce monument en l’honneur de Saint Louis, né à Poissy le 25 avril 1214, a été érigé devant la collégiale Saint Louis de Poissy, lieu de baptême du futur Louis IX, fils du roi Louis VIII et de Blanche de Castille. (Source)

___________

Litanies de Saint-Louis

Source : Prières aux saints du Tiers-Ordre


DEVOTION A SAINT LOUIS IX, ROI DE FRANCE, PATRON DES ARMEES FRANCAISES ET DU TIERS-ORDRE DE LA PENITENCE

Seigneur, ayez pitié de nous 
(bis)
Jésus-Christ, ayez pitié de nous
''
Seigneur, ayez pitié de nous
Jésus-Christ, écoutez-nous
Jésus-Christ, exaucez-nous.
Père céleste, qui êtes Dieu,
ayez pitié de nous
Fils rédempteur du monde, qui êtes Dieu,
''
Esprit-Saint, qui êtes Dieu,
Trinité Sainte, qui êtes un seul Dieu,
Sainte Marie, conçue sans péché,
priez pour nous
Sainte Mère de Dieu,                           
''
Sainte Vierge des Vierges;
Saint Louis, prince admirable,
priez pour nous
Saint Louis, lis de pureté,               ''
Saint Louis, exemple d'humilité,
Saint Louis, image de vertu,
Saint Louis, prodige de pénitence,
Saint Louis, flamme d'amour et d'oraison,
Saint Louis, lampe ardente et brillante,
Saint Louis, vase d'élection,
Saint Louis, vase insigne de religion,
Saint Louis, miroir de la perfection chrétienne,
Saint Louis, très dévot à notre Père saint François,
Saint Louis, contempteur du monde et de ses honneurs,
Saint Louis, plein de zèle pour la maison de Dieu,
Saint Louis, tendre père des pauvres,
Saint Louis, remède des malades,
Saint Louis, appui de la veuve et de l'orphelin,
Saint Louis, juge béni des peuples,
Saint Louis, rédempteur des captifs,
Saint Louis, prédicateur des infidèles,
Saint Louis, deux fois victime pour les Lieux saints,
Saint Louis, terrible dans les combats,
Saint Louis, puissant dans les fers,
Saint Louis, gardien de la France,
Saint Louis, modèle des rois,
Saint Louis, digne de la couronne des rois sur la terre,
Saint Louis, plus digne de la couronne des saints dans le ciel,
Saint Louis, saint patron des armées françaises,
Saint Louis, protecteur des armées françaises,
Saint Louis, protecteur du Tiers-Ordre séraphique ,
priez pour nous

Agneau de Dieu, qui efffacez les péchés du monde,
pardonnez-nous, Seigneur
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde,
exaucez-nous, Seigneur
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous, Seigneur

Priez pour nous, glorieux saint Louis
Afin que nous devenions dignes des promesses de N.-.S.J.-C.


Oraison

Ô Dieu, qui avez transféré votre confesseur saint Louis d'un royaume terrestre à la gloire céleste, rendez-nous, par ses mérites et son intercession, participants du bonheur du Roi des rois, Jésus-Christ. Qui vit et règne...

Louis IX, sur son lit de mort, remet à son fils le plan de sa conduite, Jacques-Antoine Beaufort, XVIIIe siècle, chapelle Saint-Louis de l'École militaire, Paris.

Louis IX, sur son lit de mort, remet à son fils le plan de sa conduite, Jacques-Antoine Beaufort, XVIIIe siècle, chapelle Saint-Louis de l'École militaire, Paris.

Saint Charlemagne et saint Louis, gravure de Grégoire Huret (XVIIe siècle, Metropolitan Museum)

Saint Charlemagne et saint Louis, gravure de Grégoire Huret (XVIIe siècle, Metropolitan Museum)

Sources(1) Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950; (2) Nominis; (3) Régine Pernoud, Les femmes au temps des croisades, Editions Stock Le Livre de Poche, Paris 1990, p. 230; Dictionnaire des saints et Grands témoins du christianisme, Sous la direction de Jean-Robert ARMOGATHE et André VAUCHEZ, CNRS Éditions, Paris 2019, pp. 729-736 ; (4) Jacques Le Goff, Saint Louis, Paris, éditions Gallimard, coll. Bibliothèque des histoires, 1996.

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Publié par Ingomer - dans Saints du jour
24 août 2023 4 24 /08 /août /2023 00:00
Saint Barthélemy l'Apôtre, dans Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 31.

Saint Barthélemy l'Apôtre, dans Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 31.

Barthélemy, appelé par le Sauveur, vécut avec Lui, assista à Ses prédications, entendit Ses paraboles, fut le témoin de Ses vertus divines.
 

Après la Pentecôte, il fut envoyé prêcher l'Évangile dans l'Inde, au-delà du Gange. Dans tous les pays qu'il dut traverser, il annonça Jésus-Christ, Rédempteur du monde. Son zèle et ses prodiges eurent bientôt changé la face de ces contrées; non seulement il convertit les foules, mais il ordonna des prêtres pour le seconder et consacra des évêques. Quand, plus tard, saint Pantène évangélisa ce pays, il y trouva l'Évangile de saint Matthieu, apporté là par Barthélemy.

 

Les "dieux" païens avouent être des démons

En quittant les Indes, l'Apôtre vint dans la grande Arménie. Dans la capitale de ce pays, il y avait un temple où l'on rendait les honneurs divins à l'idole Astaroth, et où l'on allait lui demander la délivrance des sortilèges et lui faire prononcer des oracles; le prédicateur de la foi s'y rendit, et aussitôt l'idole devint muette et ne fit plus de guérisons. Les démons avouèrent aux prêtres de ce faux dieu que la faute en était à Barthélemy, et leur donnèrent son signalement; mais l'Apôtre se fit assez connaître par ses miracles; il délivra du démon la fille du roi, et fit faire à l'idole, en présence d'une foule immense, l'aveu public de ses fourberies; après quoi le démon s'éloigna en grinçant des dents. Une merveille si éclatante convertit le roi et une multitude de personnes; la famille royale et douze villes du royaume reçurent bientôt le baptême.

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/3c/L%27ap%C3%B4tre_saint_Barth%C3%A9lemy.jpg/337px-L%27ap%C3%B4tre_saint_Barth%C3%A9lemy.jpg

Saint Barthélemy, apôtre, basilique saint Jean de Latran, Rome, Italie.

Le démon résolut de se venger; l'Apôtre fut saisi par le frère du roi et condamné à être écorché vif. Les bourreaux inhumains s'armèrent de couteaux et de pierres tranchantes et écorchèrent la victime de la tête aux pieds; de telle sorte que, n'ayant plus de peau, son corps montrait une chair sanglante percée de ses os. Il eut ensuite la tête tranchée. Le corps écorché et la peau sanglante de l'Apôtre furent enterrés à Albane, en la haute Arménie; il s'y opéra tant de miracles, que les païens furieux, enfermèrent le corps du bienheureux dans un cercueil de plomb et le jetèrent à la mer. Mais le cercueil, flottant sur l'onde, vint heureusement à l'île de Lipari, près de la Sicile. Plus tard, les Sarrasins s'emparèrent de cette île et dispersèrent les saintes reliques; mais un moine reçut, dans une vision, l'ordre de recueillir les ossements de l'Apôtre. Le corps de saint Barthélemy est aujourd'hui à Rome, son chef à Toulouse.

 

Saint Barthélemy, patron des bouchers, des tanneurs et des relieurs, est fêté le 24 août en Occident et le 25 août en Orient. Ces deux dates correspondent vraisemblablement au transfert de ses reliques dans l'île de Lipari en 580.

 

Sources: (1); (2)

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