Voici quelle est notre tâche. À l'extérieur, protéger, les armes à la main, avec le secours de la grâce divine, la sainte Église du Christ de l'invasion des païens et de la dévastation des infidèles; et à l'intérieur, défendre le contenu de la foi catholique.
Petit-fils de Charles Martel, Charlemagne est roi des Francs, roi des Lombards, fondateur & empereur d’Europe (1), fondateur des écoles au concile de Mayence (813), Patron des écoliers, instituteurs et professeurs.
"Defensor Ecclesiae", Charlemagne mit au service de l'Eglise son pouvoir en identifiant totalement la société civile et la société religieuse.
Sous son règne, l'art des manuscrits s'enrichit considérablement avec les enluminures mais surtout la minuscule Caroline. Le monachisme et l'instauration de la Règle de Saint Benoît conduisent à la fondation de nombreux monastères et écoles dans tout l'empire.
De nombreux érudits de toute l'Europe viennent à la Cour de Charlemagne, et en y partageant leurs connaissances.
"La lumière de la tradition chrétienne éclaire la Renaissance carolingienne. Alcuin (735-804) dirige l'École du palais à Aix-la-Chapelle et celle de Tours. Sous son autorité, des écoles sont fondées dans toute l'Europe. [...] Alcuin [...] reste un augustinien. [...] L'École du Palais copie les manuscrits des auteurs latins, qui, par les monastères atteindront les grands classiques français. Alcuin inscrit pour plusieurs siècles la culture de l'Occident dans la catholicité. Les Germains découvrent la culture antique grâce aux chrétiens. Cette culture est christianisée et transmise par les moines aux poètes et littérateurs futurs. La littérature des Temps féodaux est même si riche de culture antique qu'il est mensonger de parler de Renaissance littéraire au XVe siècle." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, tome2, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. Cimes, 2e éd. revue et augmentée, Paris 2015, p. 97.)
La loi (privilèges, droits, coutumes) est "intangible", elle "appartient au peuple" et le roi ne peut y "toucher quant au fond." "En 792, il (le roi) évoque les nombreuses plaintes de ceux qui 'n'ont pas conservé leur loi'. Si quelqu'un dit qu'on lui a refusé le bénéfice de sa loi, écrit le roi, les missi doivent bien dire que ce n'est ni la volonté ni l'ordre du roi. On punira le missus ou le comte qui aura confondu les lois. Pour limiter les contentieux, le roi prescrit que l'on fasse enquête pour savoir 'quelle est la loi de chacun, d'après son nom' ! En fait, "lorsque le roi ajoute aux lois, c'est pour clarifier les ambiguïtés et combler les lacunes, non pour changer le sens de la législation." (2)
Au moment de mourir, Charlemagne dit à ses fils :
‘’Prenez soin de la défense du Saint-Siège, ainsi que l’ont pris notre aïeul Charles Martel, notre père le roi Pépin, et Nous par après eux. Efforcez-vous de le défendre autant que le requiert la raison !’’’(3)
Frédéric Ier, surnommé Barberousse, empereur germanique, fit canoniser Charlemagne en 1165 par Pascal III, un anti-pape. Mais si Frédéric Barberousse voyait dans cette canonisation un geste d’une grande portée politique en sa faveur, il n’en demeure pas moins que la canonisation de Charlemagne fut accomplie d’une manière tout à fait conforme au droit de l’époque, par des pasteurs légitimes. En effet, jusqu’à ce moment-là, les canonisations n’étaient pas réservées au Saint-Siège et n’étaient pas accomplies selon les procédures que nous connaissons aujourd’hui (lesquelles ont été définitivement fixées au XVIIIe siècle par le pape Benoît XIV 1740-1758, et ont été ensuite simplifiées à la fin du XXe siècle). Au XIIe siècle donc encore, comme pendant tous les premiers siècles de la Chrétienté, ce que nous appelons aujourd’hui une "canonisation" consistait en une cérémonie solennelle que l’on appelait souvent "élévation (ou exaltation) des reliques", puisque il y était procédé, par l’évêque du lieu (ou le métropolitain), en reconnaissance de la sainteté d’un personnage et des miracles accomplis sur sa tombe, au placement de ses restes mortels dans une châsse que l’on disposait sur un autel. Dès lors, ces reliques seraient publiquement honorées et le saint auquel elles avaient appartenu ferait l’objet d’un culte officiel, ce qui était confirmé par la proclamation de la date à laquelle on célébrerait dorénavant sa fête. A cette époque, il n’y avait pas non plus de distinction entre "bienheureux" et "saint". L’élévation des reliques de Charlemagne eut lieu le 29 décembre 1165, et fut accomplie de manière régulière par l’archevêque Renaud de Dassel, de Cologne, et par l’évêque Alexandre II, de Liège. Il est vrai qu’ils reçurent pour cela l’aval d’un décret de l’antipape Pascal III. (4)
Sainte Jeanne d’Arc en personne aurait dit au roi Charles VII : "Saint Louis et saint Charlemagne sont à genoux devant Lui, faisant sa prière pour vous". Louis XI décide de fêter la saint Charlemagne le 28 janvier et de faire de cette journée un jour férié célébré comme un dimanche.
Beaucoup de diocèses du nord de la France le mirent à leur calendrier et en 1661, l'Université de Paris le choisit pour patron.
Actuellement, Aix-la-Chapelle en Allemagne, fait vénérer ses reliques, mais l'Église a retiré de son calendrier l'empereur qui convertit les Saxons par l'épée plutôt que par la prédication pacifique de l'Evangile.
Comme l’a très bien fait observer Dom Guéranger dans la notice qu’il a consacrée au Bienheureux Charlemagne, les contestations ne se firent jour que sous l’influence et en conséquence du poison que l’hérésie protestante distilla dans la Chrétienté.
Le titre de bienheureux a été toléré par le pape Benoît XIV (5), qui trancha de manière non équivoque : là où ce culte était établi, on ne pouvait ni le blâmer ni l’éradiquer ; et l’on pouvait l’honorer et l’invoquer comme "Bienheureux Charlemagne".
L’extension du culte est toutefois définitivement limitée par le pape Pie IX en 1850.(6)
"Quand bien même on admettrait que ce grand prince eût commis des fautes, c'est aux premières années de son règne qu'il faudrait les reporter; alors il serait juste, en même temps, de considérer dans le reste de sa vie les traces admirables de la plus sincère pénitence. N'est-ce pas un spectacle merveilleux que devoir un si grand guerrier, parvenu à la monarchie universelle, s'exercer continuellement, non seulement à la sobriété, si rare dans sa race, mais encore à des jeûnes comparables à ceux des plus fervents solitaires, porter le cilice jusqu'à la mort, assister de jour et de nuit aux Offices de l'Eglise, jusque dans ses campagnes, sous la tente ; secourir par l'aumône, qui, comme parle l'Ecriture, couvre la multitude des péchés, non seulement tous les pauvres de ses Etais, qui venaient implorer sa charité, mais jusqu'aux chrétiens de l'Afrique, de l'Egypte, de la Syrie, de la Palestine, en faveur desquels il épuisa souvent ses trésors? Mais, ce qui dépasse tout, et nous découvre dans Charlemagne, d'un seul trait, l'ensemble des vertus chrétiennes que l'on peut désirer dans un prince, c'est qu'il ne parut avoir reçu le pouvoir suprême que pour le faire servira l'extension du règne de Jésus-Christ sur la terre." (Dom Gueranger, Année Liturgique, 28 janvier)
Sources
(1) https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Saint-_Charlemagne/32800
(2) Jean Favier, Charlemagne, Texto, Le Goût de l'histoire, Lonrai 2013, p. 334-348
(3) Antoine Blanc de Saint-Bonnet, La Légitimité, Tournai Vve H. Casterman, Rome 1873, p. 34
(4) http://leblogdumesnil.unblog.fr/2014/01/28/2014-13-du-bienheureux-charlemagne-roi-des-francs-et-empereur-doccident/
(5) https://nominis.cef.fr/contenus/saint/520/Bienheureux-Charlemagne.html
(6) https://fr.aleteia.org/2018/01/28/28-janvier-la-quasi-fete-du-quasi-saint-charlemagne/