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Christ Roi

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Horloge

19 mai 2017 5 19 /05 /mai /2017 14:47

En meeting politique à Marseille, durant la campagne présidentielle, nous avons pu voir un Emmanuel MACRON, disciple de Lénine et de Staline, désigner l'ennemi intérieur, affirmer que les membres de toutes les nations qu'il voyait à Marseille étaient "des Français" : "Je vois des Arméniens, des Comoriens, des Italiens, Algériens, Marocains, Tunisiens, Malais, Sénégalais ... Mais je vois quoi? Je vois des Marseillais...Je vois des Français." Or, faire une différence entre les Français selon leur origine nationale est déjà faire du racisme selon la loi même de la république, loi du 1er juillet 1972 relative à la lutte contre le racisme, qui interdit de faire une différence entre les Français selon "leurs origines, leur "ethnie", leur "nation".

 

C'est au cours d'un autre meeting, à Paris le 1er mai, que comme les Bolchéviques désignant les "ennemis du peuple" ou les nazis désignant les "Juifs" coupables de tous les maux, Emmanuel MACRON a dénoncé "nos vrais ennemis" : "ils sont là. Ce sont eux, nos vrais ennemis, puissants, organisés, habiles, déterminés. Vous les croisez dans les rues, dans les campagnes ou sur la toile, bien souvent masqués, aussi haineux que lâches. Vous les connaissez. Le parti des agents du désastre. Les instruments du pire. L’extrême droite française. Elle est là." (Source: https://en-marche.fr/article/discours-1er-mail-emmanuel-macron )

 

Lire : Les Francophobes

 

Pour le même Emmanuel MACRON, la France n'a pas de culture : "J'ai dit : 'Il n'y a pas une culture française', mais c'est une vérité... Parce que moi, l'art français je ne l'ai jamais vu".

 

L'homme s'est également distingué en affirmant que la France est "coupable de crime contre l'humanité" dans la colonisation.

 

Au-delà de la critique de l'"extrême-droite", en somme, dans le discours d'Emmanuel MACRON et des macronistes, il faut retenir que le français français, d'origine française, attaché à ses origines, fier de sa culture, de son histoire, de toute son histoire (même républicaine... on sait en effet qu'en Algérie par exemple c'est la IIIe république qui a pris résolument le parti d'une implantation définitive avec une intégration pure et simple du territoire algérien dans l'organisation politique et administrative française) devient l’indésirable, le "vrai ennemi" (sic) "aussi haineux que lâche"..., un bouc émissaire destiné à la vindicte publique.

 

Emmanuel Macron prêche la bienveillance, l'amour du lointain pour mieux se défaire de l'amour de son prochain : l'attachement aux origines ne vaut que pour l’immigré. C'est sur ce plan de l'illogisme de son amour affiché du prochain qu'il faut porter la critique du macronisme.

 

En pratique, l'état macronien s'attache donc à gommer les origines nationales tout en les instrumentalisant à des fins de politique antinationale et antifrançaise.

 

Le macronisme s'attachera-t-il lui aussi surtout à détruire les cultures locales et la culture de la France ?

 

C'est la réflexion que nous porte la lecture du 19ème chapitre de l'ouvrage "La Fin des empires", publié sous la direction de Patrice GUENIFFEY et Thierry LENTZ (Le Figaro Histoire, Collection Tempus, Paris 2017, p. 522-523) où il est écrit qu'en 1922, secrétaire général du Parti communiste soviétique,

 

"Staline hérite des idées et des méthodes de Lénine : il expérimente l'édification du 'socialisme dans un seul pays' à l'échelle de l'URSS. Officiellement, ... les peuples dits 'allogènes' sont considérés comme des citoyens à part entière. ... En pratique, l'état soviétique s'attache surtout à la destruction des cultures locales. Lénine avait qualifié l'empire tsariste de 'prison des peuples'. L'expression est plus appropriée à l'Urss, véritable Archipel du Goulag.

 

[...] La fiction d'une union fraternelle des peuples est l'objet d'une propagande continue, qui se reflète jusque dans les manuels de géographie ou les études des historiens occidentaux, y compris les plus compétents d'entre eux : dans Les Slaves, peuples et nations, publié en 1965, Roger PORTAL, professeur à la Sorbonne, met en valeur l''assimilation morale' intégrant les éléments ethniques variés, insistant sur la rupture avec l'ère tsariste : 'Il n'y a pas comme autrefois simple juxtaposition de peuples différents. [...] Les fortes nationalités non slaves du Caucase (Arméniens, Géorgiens, Azerbaïdjanais) et d'Asie centrale (Ouzbèkes, Turkmènes, Kirghiz, etc.), en même temps qu'elles affirment leurs caractéristiques nationales comme elles ne pouvaient le faire dans le passé, n'ont pas davantage une manière de penser la vie politique, sociale, économique, différente de celles des peuples slaves de l'Ouest.'

 

Dans la seconde moitié de années 1970, la thèse du 'peuple soviétique' comme communauté historique fait l'objet d'un concept idéologique renforcé. [...] le concept de 'peuple soviétique' s'exprime génétiquement par un génotype qui imprime un caractère internationaliste transcendant les appartenances ethniques'...

 

En 1978, Hélène Carrère d'Encausse diagnostique, dans 'l'Empire éclaté. La révolte des nations en URSS', une crise des nationalismes.

 

[...] A partir de 1989, des 'Fronts populaires' surgissent en Lituanie, en Estonie, en Lettonie, en Moldavie, en Azerbaïdjan, en Géorgie et en Arménie. [...] L'URSS est moribonde...

 

Le 8 décembre 1991, les leaders de la Russie, de l'Ukraine et de la Biélorussie proclament la dissolution de l'URSS et forment la Communauté des états indépendants."

L'"homo macronicus", nouvel homme supranational ?
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18 mai 2017 4 18 /05 /mai /2017 10:01

Colbert, Contrôleur général des Finances (1665-1683) s'est occupé de l'économie, des finances, de l'industrie, du commerce, de la marine, des colonies, de la Maison du roi, des arts et des grands travaux. En 22 ans de mandat, Colbert a servi Louis XIV pour faire de la France la première puissance mondiale... Là, on ne parle pas de Macron ! La Petite Histoire de Christopher Lannes pour Tv-Libertés.

Extrait :

 

"Colbert, le véritable artisan du Grand siècle.

 

Colbert est né en 1619 dans une famille de négociants originaires de Reims. C'est ainsi qu'il a reçu une formation complète dans le négoce, le commerce et la finance. Et ensuite, il a mis ses compétences non pas au service d'une banque privée et autres Rothschild, mais au service de la France.

 

Lire: L'usure sous l'Ancien Régime et aujourd'hui

 

Et c'est ainsi qu'il est entré tout d'abord dans les services du Cardinal Mazarin. Mazarin le prend à ses services à l'époque de la Fronde (donc ce n'était pas un cadeau). Lorsque Mazarin meurt, Colbert devient intendant des finances, en même temps que Fouquet, son grand rival. Mais Colbert va réussir rapidement à dénoncer les malversations de Fouquet à Louis XIV et pousser le roi à le faire arrêter, (condamné à la confiscation de ses biens et banni du royaume.NdCR.). Il devient alors le seul grand responsable des finances de la France.

 

[...] Il va développer une véritable pensée économique, qu'on va appeler le colbertisme. Il va s'évertuer à développer toutes les activités économiques, industrielles, manufacturières, l'agriculture, l'exportation, la politique maritime et coloniale (le mot Louisiane vient de Louis XIV et le fleuve Mississippi s’appelait à l’époque "le fleuve Colbert". NdCR.)

 

Colbert est à l'origine de la construction d'une grosse marine : il faut avoir une balance commerciale excédentaire. Et Colbert entreprend des grands travaux.

 

Colbert à une vision de la France sur le temps long. L'exemple connu : il s'agit de planter des arbres pour faire profiter à la marine des décennies, des siècles plus tard. L'économie va donc se développer en profitant de ces grands travaux. Mais cela n'est pas pour autant un libéralisme, puisque dans le colbertisme, c'est l'état qui est le moteur de cette économie et le principal client.

 

Colbert, c'est aussi celui qui va superviser la construction de Versailles. (Philippe Erlanger, haut-fonctionnaire et écrivain, auteur d'une biographie de Louis XIV (La Table ronde 1960) a calculé, qu’en comptant les deux Trianons, sur un demi-siècle, Versailles n’a pas coûté plus cher qu’un porte-avion moderne, il a coûté le prix du déficit de l’exposition universelle de Léon Blum en 1936 ou encore à peu près que son coût correspond au prix d’une campagne électorale d’un Président de la République. Sans compter ce que continue de rapporter à la république dite française le Château de Versailles aujourd'hui ! (Site officiel) "On s'accordera à penser que Louis XIV, en nous donnant Versailles, a enrichi la France...  Les dépenses du Grand Roi ont valu à l'univers un château que personne n'oserait ne pas admirer." Pierre Verlet, Le Château de Versailles, Paris 1985. NdCR.)

 

Il va participer au développement des arts et de la culture grandement. Colbert est un grand bibliophile qui s'intéresse beaucoup aux écrivains et aux artistes et il va réunir autour de lui une véritable petite académie, avec le but final de servir le roi et la France (académie qu'il transfère au Louvre à partir de 1672. NdCR.)

 

Et c'est ainsi grâce à cette politique volontariste de grands investissements et de grands travaux pour relancer l'économie, avoir une balance commerciale excédentaire et ramener tous les métaux précieux en France, que la France va devenir la grande puissance dans ce que l'on a appelé le Grand siècle de Louis XIV.

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22 avril 2017 6 22 /04 /avril /2017 13:55

L'historien du droit Jean-Louis Harouel, auteur (notamment) du remarquable chapitre "La Pré-Révolution 1787-1788" présentant l'obstruction parlementaire au XVIIIe siècle comme une des causes de la Révolution de 1789 dans Les Révolutions françaises, sous la direction de Frédéric BLUCHE et Stéphane RIALS, Fayard 1989 (Cf. voir ici), présente son dernier ouvrage "Revenir à la Nation" au Cercle Aristote :

Extrait :

 

« Nous sommes dans un monde actuellement où cette disjonction du politique et du religieux, si on y regarde bien, n'existe plus tant que cela. Elle existe pour des religions traditionnelles de l'Europe. Là il y a effectivement une distinction du politique et du religieux, qui est ancienne, puisque la laïcité ne date pas de la loi de 1905. La laïcité, au sens de disjonction du politique et du religieux remonte à Aristote et S. Thomas d'Aquin, pour ce tout premier seuil de laïcité.

 

Mais alors, cette laïcité, actuellement, en Europe occidentale, elle n'existe donc, disais-je que pour les religions européennes traditionnelles, mais elle n'existe pas pour ces religions de substitution qui sont venues prendre leur place. Et donc, cette religion des droits de l'homme, là il n'y a plus du tout de distinction du politique et du religieux : nous baignons dans le religieux. Nous baignons dans une religion politique.

 

[...] Cette religion humanitaire, cette religion des droits de l'homme, cette religion de l'humanité, tout cela, et d'autres choses encore, j'ai choisi de les réunir dans ce livre sous l'appellation globale d'idéologie post-chrétienne. Ce sont des religions séculières qui se sont développées sur la base d'une implosion progressive de la religion chrétienne et corrélativement par l'envahissement du champ des valeurs de la société et du champ des règles du droit par des idées d'origine chrétienne, sorties complètement de leur contexte, ayant perdu leur sens, complètement dénaturées et capables d'avoir les effets les plus néfastes pour la société, la nation, les familles.

 

Ce terme d'"idéologie post-chrétienne", d'ailleurs, je l'ai repris au cardinal Ratzinger, qui l'employait avant d'arriver au pontificat, dans plusieurs écrits. "Nous sommes entrés dans des temps post-chrétiens", écrivait le cardinal Ratzinger. Mais ce qui est frappant c'est que ces temps post-chrétiens sont bourrés d'idées chrétiennes, dénaturées, déformées, trahies. Mais ces idées sont quand même d'origine chrétienne.

 

Et alors, l'un des aspects les plus pervers de ce post-christianisme est que ces valeurs d'origine chrétiennes, qui dans le christianisme étaient préconisées aux individus sur un mode strictement individuel, libre et volontariste dans la perspective de leur salut, elles sont proposées, imposées aux sociétés politiques, aux Etats, comme étant les normes qui doivent inspirer inconditionnellement leurs actions...

 

L'état traditionnel a toujours pratiqué - Max Weber le montre bien - l'éthique de la responsabilité. »

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19 avril 2017 3 19 /04 /avril /2017 09:33
"Islam, religion de l’épée". L’alarme d’un jésuite égyptien

Dans dix jour, le vendredi 28 avril, le pape François atterrira dans une Egypte encore marquée par les massacres du dimanche des rameaux perpétré par des musulmans dans deux églises chrétiennes bondées de fidèles.

Pourtant, le mantra des autorités vaticanes, à commencer par le pape, continue à être que « l’islam est une religion de paix ».  Il est formellement interdit de parler de « guerre de religion » ou de « terrorisme islamique ».

« Civiltà Cattolica » avait bien tenté à une occasion d’affronter la réalité en face dans un éditorial de 2014 signé par le père Luciano Larivera qui écrivait ceci à propos de l’aile la plus belliqueuse du monde musulman:

« Il s’agit d’une guerre est une guerre de religion et d’anéantissement.  Elle instrumentalise le pouvoir pour la religion et non l’inverse. »

Mais le père Antonio Spadaro était immédiatement intervenu pour démentir cette vérité simple inopinément parue dans la revue qu’il dirige.

A la veille d’un voyage de François au Caire, voici pourtant que cette vérité refait surface, bien argumentée, cette fois dans les pages de l’Osservatore Romano, et à nouveau sous la plume d’un jésuite.

Le nom de ce dernier est Henri Boulad.  Il a 86 ans et est né à Alexandrie en Egypte.  Il est issu d’une famille syrienne de rite melkite qui a fui les massacres antichrétiens de 1860.  Il vit au Caire et ce qui va suivre est une partie de l’interview qu’il a accordée au quotidien du Saint-Siège en date du 13 avril, le jour du Jeudi Saint.

*

Q. – Père Boulad, vous avez été recteur du Collège des jésuites au Caire où de nombreux musulmans et chrétiens ont étudié dans un exemple concret de vivre-ensemble. Et pourtant aujourd’hui le monde semble subir les assauts de ce même islam.

R. – Mais de quel islam parlons-nous? Voilà toute la question. On trouve dans le Coran les versets de la Mecque et ceux de Médine. Dans ceux écrits à La Mecque, Mahomet tient un discours très ouvert qui parle d’amour et dans lesquels les juifs et les chrétiens sont nos amis, il n’y a pas d’obligation en matière de religion et Dieu est plus proche de nous. La première partie de la vie de Mahomet transmet donc un message spirituel, de réconciliation et d’ouverture.

Mais quand Mahomet quitte La Mecque pour fonder Médine, il y a un changement. De chef spirituel, il devient un chef d’Etat, militaire et politique. Aujourd’hui, ces versets de Médine forment les trois quarts du Coran et sont un appel à la guerre, à la violence et à la lutte contre les chrétiens.

Les musulmans des IXe et Xe siècles ont pris acte de cette contradiction et se sont mis ensemble pour tenter de la résoudre, le résultat fut qu’ils prirent cette décision désormais célèbre d’abrogeant et d’abrogé: les versets de Médine abrogent ceux de La Mecque. Mais ce n’est pas tout. Le soufisme fut mis à l’index et des bibliothèques entières furent incendiées en Egypte et en Afrique du Nord.

Il faudrait donc reprendre les versets originaux qui sont à la source, c’est-à-dire précisément les versets de La Mecque, mais ceux-ci sont abrogés, ce qui fait de l’islam une religion de l’épée.

Q. – De nombreux observateurs et analystes parlent pourtant d’un islam modéré.

R. – L’islam modéré est une hérésie mais nous devons faire la distinction entre l’idéologie et les personnes, la majeure partie des musulmans sont des gens très ouverts, gentils et modérés. Mais l’idéologie présentée dans les manuels scolaires est quant à elle radicale. Chaque vendredi, les enfants entendent la prédication de la mosquée qui est une incitation permanente: celui qui quitte la religion musulmane doit être puni de mort, il ne faut saluer ni une femme ni un infidèle. Heureusement cela n’est pas mis en pratique mais les frères musulmans et les salafistes souhaitent en revanche appliquer cette doctrine, les musulmans modérés n’ont pas voix au chapitre et le pouvoir se trouve dans les mains de ceux qui prétendent interpréter l’orthodoxie et la vérité.

Ceux qui ont le pouvoir aujourd’hui, ce ne sont pas les musulmans qui ont pris dans l’islam ce qui était compatible avec la modernité et avec la vie commune avec d’autres populations mais bien les musulmans radicaux, ceux qui appliquent une interprétation littérale et parfois instrumentale du Coran et qui refusent tout dialogue.

Q. – Mais en agissant de la sorte, ils nient l’œuvre de tous les grands penseurs musulmans comme Avicenne ou Al-Ghazali.

R. – Oui, et c’est là le point sensible. La réforme qui s’est produite dans l’histoire de l’islam a été réfutée. par exemple, le calife abbasside El Maamoun né à Bagdad en 786 et mort à Tarse en 833, disciple des mutazilites, les rationalistes de l’islam, a bien tenté une réforme mais qui se souvient de lui aujourd’hui? Ce qui a prévalu, c’est l’islam fermé et rigoriste de Mohammed ibn Abd al Wahhab. La dernière réforme en date fut celle tentée par le cheikh Mahmoud Taha au Soudan, qui a été cependant pendu sur la place de Karthoum parce qu’il affirmait que les versets de La Mecque devaient abroger ceux de Médine.

Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

Source : (Traduction) Diakonos.be

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3 avril 2017 1 03 /04 /avril /2017 09:54
Bérénice Levet : "Donner à connaître, et à aimer notre héritage"

Dans son dernier livre "Le crépuscule des idoles progressistes", l'essayiste philosophe Bérénice Levet dénonce la nouvelle anthropologie mise en place dans les années 70 et fondée sur un "alibi" : l'individu serait d'autant plus libre, original et créatif qu'il serait délié de tout héritage. Cette idéologie a débouché sur un désastre anthropologique et civilisationnel.

 

Nous sommes les héritiers d'un génie français : la clé de la transmission est de donner à connaître, mais aussi à aimer, cet héritage.

A l'occasion de la sortie de son dernier livre "Le Crépuscule des idoles progressistes" (Stock Collection Les Essais), la philosophe Bérénice Levet a donné un entretien à Boulevard Voltaire. Extraits :

Au cours des années 70 est mise en place l'anthropologie progressiste avec cet alibi de la désaffiliation, cet alibi selon lequel l'individu serait d'autant plus libre, original, créatif qu'on le délierait de tout héritage, qu'on le laisserait se construire lui-même... Or, cet individu, en définitive, si vous ne lui transmettez, aucun monde, si vous ne l'introduisez pas dans le monde dans lequel il va avoir à répondre, vous ne créez pas du tout un individu "d'autant plus libre", mais un individu plein de conformisme..., parce que vous l'abandonnez au présent.

La grande vertu du passé c'est de nous apprendre qu'il existe d'autres modalités d'être au monde que celles qui sont les nôtres. Et donc sur cette base vous allez arriver à une articulation, effectivement, de l'individu et de la civilisation à laquelle il va devoir prendre part.

Et je crois que nous sommes à un tournant parce que quarante cinq ans d'anthropologie progressiste et nous voyons le désastre à la fois anthropologique et le désastre civilisationnel sur lequel cette idéologie a débouché.

[...] Et en définitive, (aujourd'hui) ces idoles progressistes sont à bout de souffle. La preuve en est le succès des ouvrages d'Eric Zemmour, de Patrick Buisson, de Philippe de Villiers, ou les résultats envisagés pour Marine Le Pen, montrent bien que plus qu'un essoufflement, il y a un épuisement de ces idoles. En revanche, l'hégémonie culturelle continue d'appartenir aux progressistes, en sorte qu'ils ont une chambre d'écho tout à fait extraordinaire.

Et pareillement, par exemple, Emmanuel Macron, s'il devait remporter ces élections présidentielles (2017) me semble une façon de tirer encore un voile sur la réalité des forces qui travaillent réellement la France aujourd'hui.

L'idole progressiste par excellence, c'est cette confusion entre la liberté et la désaffiliation. L'autre chose très importante, c'est le culte de l'Autre. Ainsi, dans les années 70, et l'émergence dans les années 80 de SOS Racisme, où l'Autre va s'imposer comme une sorte de figure de rédemption d'un occident nécessairement coupable, pour ne rien dire du Français..., qui est le coupable par excellence. Quand on tient déjà ces deux éléments, on comprend ce qui fait la passion, en définitive, des progressistes, c'est de venir à bout de notre héritage civilisationnel. Que ce soit de notre héritage chrétien, qui faisait de l'individu quelqu'un qui était toujours en tension vers quelque chose de plus grand que lui. Et finalement, - et c'est cela que je ne pardonne pas à l'anthropologie progressiste - on a comme rabougri l'individu... On l'a invité à être lui-même, à se contenter de ce qu'il était par nature... Or, dans notre héritage humaniste, nous avions cette idée qu'on ne naît pas homme, on le devient. Et nous avons posé un éteignoir sur tout ce processus d'humanisation... Une humanisation qui se fait par la transmission de l'héritage.

[...] Je cite souvent cette phrase magnifique de Montesquieu qui dit qu'"un peuple défendra avec toujours plus d'ardeur ses moeurs que ses lois". Et un peuple qui se voit fragilisé dans ce qui lui est de constitutif (moeurs, coutumes, usages transmis), il y a un instinct de survie, un instinct de défense.

Je crois que nous devrions énoncer, et cela vaut aussi pour les autres peuples européens, et cela a été aussi un des ressorts de l'élection de Donald Trump, un droit des peuples à la continuité historique... Il ne s'agit pas de se considérer comme supérieurs nécessairement en tant que civilisation, mais aspirer à cultiver notre singularité. Nous sommes les héritiers d'un génie français. Et c'est ce génie français, cette langue française, cette histoire, cet héritage que je veux absolument que nous prenions en charge. Mais nous ne pouvons aspirer à continuer cet héritage que si, d'abord nous le connaissons, naturellement, et si nous l'aimons. C'est la clé de la transmission. Et c'est pourquoi j'aimerais qu'une école soit (re)fondée sur cette base-là. D'abord, donner à connaître, mais pas simplement donner à connaître, donner à aimer.

Bérénice Levet

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2 avril 2017 7 02 /04 /avril /2017 15:23

Eric Zemmour était l'Invité de l'association "ESCP Europe". Un des porte-parole de la dite association a introduit le débat, en affirmant vouloir en appeler "en permanence au respect de la parole de chacun" et avoir "l'intime conviction que lorsque nous avons des divergences, le dialogue demeure la plus puissante de nos forces et l'aveuglement le plus grand de nos vices".

Belle parole. Pourtant, après quelques instants, un autre porte-parole a fait une présentation plus brutale du journaliste qualifié de polémiste "misogyne, homophobe, raciste et islamophobe". Avouons que l'"ESCP Europe" eut pu faire mieux en termes de "dialogue" !

Un autre porte-parole répond encore que "ce portrait n'est bien évidemment pas exhaustif et peut sûrement paraître réducteur, tout comme nombre de vos prises de positions, mais c'est ce qui fait votre singularité" !

Bref, quoiqu'il en soit de ce "dialogue" bien curieux, Eric Zemmour a donné une petite leçon d'histoire, de culture et de civilisation française à un jeune public, visiblement peu au fait de ces développements...

Préalablement au "débat", Eric Zemmour a répondu :

 

"Ce que je regrette, c'est la dégradation de ce débat. Et justement, la réduction de ce que Philippe Muray appelait la 'cage aux phobes', et qu'un de mes portraitistes a parfaitement résumé... Ca, ce n'est pas de la politique, c'est de la morale. Je ne fais pas moi-même de la morale et ne donne pas de leçon de morale à mes adversaires. Je ne suis pas un prêtre déguisé en gauchiste libéral-libertaire... Simplement, j'essaie de voir la réalité, de voir ce que je vois, comme disait Péguy. Et c'est ce que mes adversaires ne font pas."

Sur "l'incompatibilité entre l'islam et la démocratie française" :

 

"Il faut d'abord bien comprendre une chose. L'islam n'est pas le catholicisme. On nous raconte un discours lénifiant sur les 'religions du livre', qui est une expression de propagande de l'islam. Il n'y a pas de religion du livre. Le christianisme est une religion de l'Incarnation, le judaïsme est la religion de l'alliance. Seul l'islam est la religion d'un livre, le coran.

 

Seul l'islam a une religion du livre parce que seul l'islam a un texte qu'il estime dicté directement par Dieu aux hommes [Ce n'est pas le cas ni dans le judaïsme ni dans le christianisme où les livres de la Bible ont tous été écrits par des hommes. Ndlr.]. C'est ce que l'on appelle un texte incréé, qui ne passe donc par la médiation humaine et qui ne tolère pas l'interprétation. Et à partir du moment où vous ne tolérez pas l'interprétation, vous avez un texte absolument fermé, totalitaire, qui méconnaît et interdit toute individualité, et oblige tout individu à se soumettre à la loi du groupe, qui est la loi religieuse. C'est la différence fondamentale entre l'islam et le christianisme.

 

Et à partir de là, les conséquences sont absolument évidentes : c'est-à-dire que l'islam ne connaît pas la différence entre le temporel et le spirituel. Il n'y a pas d'empereur et de pape. Il n'y a pas cette rivalité entre les deux pôles du pouvoir tout au long de l'histoire. Il y a un empereur, qui est calife et qui est aussi chef religieux. Tout part de Mahomet, et Mahomet est chef de guerre, Mahomet est prophète, Mahomet est chef politique. Donc, dès le départ, il y a une fusion, et je dirais une confusion entre tous les pouvoirs [assumés sur une même tête. Ndlr.] ... qui interdit toute évolution vers un régime démocratique. D'ailleurs, vous verrez que dans tous les pays arabo-musulmans, il n'y a pas de démocratie.

 

Pourquoi c'est incompatible avec la démocratie, je viens de vous l'expliquer et pourquoi c'est incompatible avec la France, tout simplement parce que la France est un pays de culture chrétienne. Et il y a un affrontement que je crois irréductible depuis l'origine des temps, depuis l'apparition de l'islam entre le christianisme et l'islam. Et l'islam est une religion conquérante depuis l'origine, qui ne supporte de vivre avec les autres religions que lorsque celles-ci sont soumises à elle. Toute l'histoire de l'islam atteste cela.

 

On nous a inventé une cohabitation heureuse dans les années 1980 à propos de l'Espagne du Moyen-Âge islamisée. L'Espagne de Cordoue, de l'Andalousie était une Espagne conquise par l'islam où les Chrétiens et les Juifs étaient des personnages de seconde zone. Seulement l'islam a eu l'intelligence d'utiliser les compétences des personnes d'autres religions, compétences qu'il n'avait pas, et il les utilisait pour gérer son empire immense. Cela ne veut pas dire qu'il considérait ces religions comme ses égales.

 

Lire : L'Espagne musulmane et le mensonge de la cohabitation heureuse

[Quelques martyrs chrétiens victimes de l'islam Al-Andalous: les saints Olive, Euloge de Cordoue, Rodrigue et Salomon, Nathalie, Aurèle et leurs compagnons, Parfait de Cordoue, Flora et Maria, Laure de Cordoue, Fandilas. NDCR.]

 

[...] Sémantiquement, le mot 'islamisme' lui-même a été inventé au 18e siècle uniquement pour s'aligner phonétiquement sur les autres religions, christianisme, judaïsme, bouddhisme, etc. Et dans les années 1980, la distinction a été inventée, justement, pour protéger l'islam. Qu'est-ce que l'islamisme ? C'est la mise en acte politique de l'islam. Et qu'est-ce que l'islam ? L'islam est un code civil, c'est un Etat. C'est un système juridico-politique depuis sa naissance et donc qui ne peut pas ne pas être un système qui régente entièrement la vie de la société. Cela n'existe pas. L'islamisme n'étant que la mise en oeuvre de ce projet islamique. 'Un islamiste est un musulman impatient' : cette phrase n'est pas de moi, elle est de Boualem Sansal, grand écrivain, qui connait cette religion un peu mieux que les gauchistes islamophiles.

Sur "les Croisades" :

 

"Premièrement, l'Eglise a été belliqueuse et conquérante, elle l'a été en l'occurence avec l'islam, pour réagir à l'invasion islamique: les Croisades ne sont qu'une réponse à la première invasion islamique.

 

Deuxièmement, je répète, il y a une différence fondamentale essentielle entre le christianisme et l'islam. Jésus dit deux choses. 'Mon royaume n'est pas de ce monde'; et 'rendez à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu'. 'Mon royaume n'est pas de ce monde' : c'est-à-dire qu'il déplace le millénarisme juif en-dehors de la cité terrestre. [Le millénarisme messianique juif attendait un Messie qui assumait sur sa seule tête le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel. Ce n'était pas dans les projets de Dieu. Mon Royaume n'est pas de ce monde ne signifie pas que la royauté de Dieu ne s'exerce pas sur ce monde, mais que sa royauté ne s'origine pas DE ce monde : "mon Royaume ne vient pas DE ce monde", "mon Royaume ne tire pas son ORIGINE DE ce monde". Voilà le vrai sens de de cette parole du Christ et que l'on retrouve dans la fête du Christ-Roi. Sinon ce serait un blasphème que de dire que la royauté de Dieu ne s'exerce pas sur le monde]. 'Rendez à César' : il fonde la laïcité. Ces deux principes n'existent pas en islam. Donc, un, l'islam voudra le messianisme ici et maintenant, d'où la guerre permanente. Et deux, il n'a pas de rendez à Dieu ce qui appartient à Dieu, donc il ne peut pas instaurer de laïcité." [Remarquons que la république dite française où le gouvernement exerce le pouvoir politique et le contrôle de la religion via le ministère des cultes tend à confondre, elle aussi, comme l'islam, pouvoir et religion, mais dans une confusion où le temporel domine le spirituel. Ndlr.]

A la question "quelle doit être la place du catholicisme aujourd'hui en France ?", Eric Zemmour répond :

 

"Je pense que le catholicisme est à l'origine de la France, et que sans l'Eglise catholique il n'y aurait pas de France. C'est l'Eglise catholique qui a désigné les premiers rois, qui les a façonnés, a façonné le paysage politico-religieux et culturel du pays. Donc, si vous voulez, il y a une espèce de prééminence intellectuelle, historique, culturelle, du catholicisme sur les autres religions, qui doit s'affirmer culturellement.

Sur la déclaration des droits de l'homme de 1789 :

 

"Les juges ont pris cette déclaration des droits de l'homme de 1789 pour l'intégrer dans le droit positif [C'est de Gaulle qui l'a fait en insérant et donc en constitutionnalisant la déclaration des droits de l'homme dans le préambule de la constitution de la IVe république du 27 octobre 1946. Ce n'est donc pas uniquement les juges, seuls, qui l'ont fait. Ndlr.]. Cela ne s'était jamais fait. Ce n'était pas fait pour cela. Quand les Constituants ont établi la déclaration de 1789 ce n'était pas pour en faire des principes de droit positif, ce n'était pas pour qu'un juge vienne décréter ce qu'il fallait faire au pouvoir politique, à partir d'un article qu'il aurait tiré de la déclaration des droits de l'homme. C'est un abus de pouvoir de la part du juge. Moi j'appelle cela un putsch de la part du juge. Et je pense que les révolutionnaires les auraient guillotinés parce qu'ils se souvenaient des abus des parlements d'Ancien régime (tenus par les juges de l'Ancien Régime Ndlr.) qui avaient fait tomber la monarchie. [1] Robespierre disait 'le juge est la bouche de la loi.'  C'est-à-dire qu'il n'a pas le droit d'interpréter. Alors imaginez donc s'il avait autorisé qu'un juge vienne prendre d'un texte éminemment politique et même philosophique, des principes de droit qu'il va inventer, en vérité. C'est ce que le grand professeur de droit Georges Lavau appelle 'la fonction prophétique' que se sont arrogée les juges.

Moi je pense que les juges sont revenus (je parlais des Parlements d'Ancien Régime, c'est exactement la même chose) à une conception religieuse des droits de l'homme. Et ils se sont fait les prêtre de cette religion... Je répète, pour moi, c'est un putsch.

 

Dernière chose, en plus, poursuit Eric Zemmour, ils (les juges) ont tiré les principes de la DDH 1789 avec un axe fondamental qui est la non-discrimination, principe fondateur de toute la jurisprudence. Et je pense que là aussi, c'est du moralisme, c'est une religion.

[...] Si l'Etat ne peut plus discriminer entre les citoyens et les étrangers il n'y a plus de nation. Parce que la nation repose précisément sur la différence entre les nationaux et les étrangers.

Le juge va plus loin. Il demande à tous, les citoyens, de ne pas discriminer. Et le principe de non-discrimination poussé à l'extrême est un principe scandaleux quand il s'adresse aux personnes. C'est de la morale. On fait de la morale aux gens.... C'est-à-dire par exemple qu'on va expliquer qu'il ne faut pas refuser d'employer une personne parce qu'elle est noire, jaune, etc., mais on ne va jamais interdire à un restaurant chinois de n'embaucher que des asiatiques. La non-discrimination, c'est très bien, mais c'est une valeur morale qui n'a pas à devenir une valeur juridique. Sinon cela signifie que nous avons établi des principes quasi-religieux. La morale a remplacé le droit. Je m'élève contre tout ça. Je ne m'élève pas contre la déclaration des droits de l'homme et du citoyen."

Sur le "burkini" :

 

"Dans les pays arabo-musulmans, le burkini a apparu il y a une dizaine d'années, maintenant elles sont toutes voilées à la plage. Vous allez en Egypte, vous allez dans tous les pays arabes c'est comme cela. Il y a dix ans, personne ne le portait. C'est un objet religieux.

 

Que disent les associations de défense du burkini ? 'C'est la liberté, c'est la liberté individuelle. C'est-à-dire qu'une religion qui ne connaît pas la liberté individuelle excipe de notre liberté pour imposer et pour dominer l'espace public."

 

[...] Je pense qu'il faut interdire tout signe religieux dans la rue. Je ferais une exception pour les prêtres et les bonnes soeurs puisque ce sont des professionnels de la religion, cela n'a rien à voir avec des gens comme vous et moi."

Sur la "décadence de la société" et les "forces obscures qui orchestreraient ces évolutions?"

 

"Incontestablement, répond Eric Zemmour, pour moi, nous sommes en décadence. Décadence littéraire, décadence artistique, décadence politique, décadence même dans la famille. J'assume très bien ce concept.

 

Forces obscures, je ne dirais pas cela. Evidemment, il y a des gens qui ont des opinions différentes des miennes et qui essayent de faire avancer leurs visions politiques et idéologiques, il y a des groupes très puissants et qui le font. Il y a des groupes, qui se réunissent, oui, et essaient d'agir sur l'organisation du monde. Il y a des gens qui financent comme Georges Soros ou Pierre Bergé, Je n'appelle pas cela des forces obscures. Il y a toujours eu des combats idéologiques dans le monde, et c'est la loi de l'histoire.

 

[...] Sur la décadence. Moi je fais le même constat pessimiste (que Michel Onfray), mais j'ai décidé de me battre, même si je crois le combat perdu. [La mentalité européenne est bien trop éloignée de la soumission de l'islam pour l'accepter. Toute l'histoire de l'Europe depuis l'apparition de l'islam le montre. Au contraire tout indique que notre continent verra un nouveau développement du christianisme conservateur. On le voit déjà dans les pays de l'Est et de l'ancienne Urss où, après 70 ans de communisme, le christianisme "orthodoxe" est en plein développement. Ndlr.]

Sur la "culture" :

 

"J'ai l'impression d'entendre Emmanuel Macron 'il n'y a pas de culture française'... Mais je pense moi qu'il y a une culture française, qu'il y a une civilisation française, qu'il y a un mode de vie français, oui, qui s'est construit, oui, à partir du christianisme, mais pas seulement, évidemment à partir aussi de la romanisation, de la disciple grecque. C'est, vous savez, la fameuse phrase de Paul Valéry : 'J'appelle européen, toute terre qui a été christianisée, romanisée et soumise à la discipline des Grecs.' Voilà, c'est cela la France.

Eric Zemmour à l'"Escp Europe" : "il y a une espèce de prééminence intellectuelle, historique, culturelle, du catholicisme sur les autres religions, qui doit s'affirmer culturellement"

Notes

 

[1] Sur les abus et les obstructions systématiques des juges des parlements d'Ancien Régime aux tentatives de réforme royale, lire sous la plume de Jean-Louis Harouel in Les révolutions françaises, Sous la Direction de Frédéric Bluche et Stéphane Rials, Fayard, Mesnil-sur-l'Estrée 1989, le chapitre "La pré-Révolution 1788-1789". Rappelons notamment ici que les juges des parlements d'Ancien Régime s'appropriaient le rôle de "représentant de la nation" au XVIIIe siècle, un rôle qu'ils n'avaient pas (ils usurpaient la souveraineté) et qu'ils étaient très loin d'avoir dans le peuple. Un rôle qu'aujourd'hui ils ne devraient toujours pas avoir, si l'on vivait réellement dans une "démocratie".

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2 avril 2017 7 02 /04 /avril /2017 12:39

L’agglomération romaine d’Uzès (commune du Gard) n’était attestée que par le toponyme Ucetia porté sur une inscription géographique de Nîmes, et quelques rares découvertes de fragments de mosaïques signalées anciennement dans la ville.

 

Des fouilles archéologiques entreprises à l'occasion de la construction d’un internat commun aux lycées Gide et Guynemer par la région Occitanie, ont mis au jour une partie du passé d'uzès de l’Antiquité au Moyen Âge. Les archéologues de l’Inrap ont exhumé d’importantes mosaïques appartenant à deux édifices antiques.

 

L’actuel chantier de 4 000 m² révèle de nombreux vestiges datés de l’époque républicaine (Ier siècle avant notre ère) à la fin de l’Antiquité (VIIe siècle), et plus rarement du Moyen-Âge.

Découverte d’importantes mosaïques de deux édifices antiques à Uzès (Gard)

Les archéologues viennent de dégager un puissant mur et des maçonneries de peu postérieurs à la conquête romaine. Certaines pièces comportent des aménagements remarquables : l’une d’elles abrite une sole de four à pain, remplacée par la suite par un dolium – énorme jarre en céramique.

 

Faon, canard, hibou et aigle

 

Dans un autre secteur, les archéologues mettent au jour un vaste bâtiment de 250 m², ouvert au Sud, dont la colonnade évoque un édifice public.

 

Il est composé de quatre pièces en enfilade, dont deux ont des sols bétonnés et des murs décorés d’enduits peints. À une extrémité de l’édifice se trouve une pièce avec un sol de mortier incrusté de tesselles en croisettes (opus signinum). Elle donne accès à une salle spacieuse de 60 m², dont le sol est décoré d’un pavement mosaïqué complexe. Deux vastes mosaïques sont ornées de motifs géométriques (postes – motif ornemental formé d’enroulements se reliant de façon continue –, méandres, svastikas) qui encadrent deux médaillons centraux formés de couronnes, de rayons et de chevrons. Un des médaillons est entouré de quatre animaux polychromes : hibou, canard, aigle et faon.

 

Le bâtiment perdure jusqu’à la fin du Ier siècle de notre ère. Ses espaces sont en partie restructurés, les mosaïques ne sont plus entretenues, le sol en mortier, détruit, est remplacé par une surface bétonnée plus rudimentaire. Dans la rue adjacente, le niveau de circulation est rehaussé.

 

Une domus du Haut-Empire

 

Le début de notre ère a livré d’autres édifices, dont un vaste établissement de plus de 500 m², peut-être une domus (habitation urbaine). Ses maçonneries dessinent des espaces réguliers selon un axe est/ouest, sans doute influencé par le tracé d’une voie à proximité. Ici, une production vinicole est bien attestée par la présence de plusieurs dolia. Au cours du Haut-Empire, la domus connaît une importante réorganisation spatiale. Une des pièces a un décor mosaïqué formé de lignes de tesselles aux motifs géométriques, assorties, aux quatre coins, de dauphins.

 

Au sein de la demeure, une nouvelle pièce chauffée est installée. Seul son hypocauste –vide sanitaire, supporté par des piles en brique où circulait la chaleur – est conservé. La cour est dorénavant bordée d’un portique. Ce secteur semble assidument fréquenté jusqu’à la fin de l’Antiquité, entre les Ve et VIIe siècles. Les bâtiments de cette époque respectent les orientations des axes de circulations antiques. Au Sud, un profond fossé mis en place au XVIIe siècle pour participer au système défensif de la ville a détruit la totalité des structures antiques.

 

Un nouveau secteur de fouilles

 

Les archéologues viennent d’engager les fouilles d’un avant dernier secteur de 1 100 m². Elles révèlent également des occupations antiques et médiévales dont deux chaussées et un carrefour, abandonnés au début du IIe siècle de notre ère. La zone semble réinvestie au Ve siècle.

Source: Découverte de l’Uzès antique, INRAP Date de publication 28 mars 2017, Dernière modification 31 mars 2017

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30 mars 2017 4 30 /03 /mars /2017 18:57
L’Inquisition a évité de grandes horreurs, affirme une universitaire qui s’élève contre la Légende noire sur l’Espagne

Maria Elvira Roca Barea a beau être issue d’une famille républicaine et franc-maçonne et s’affirmer non croyante, elle n’en est pas moins fortement engagée dans la dénonciation de la « Légende noire » de l’Empire d’Espagne. Cette universitaire a travaillé depuis de longues années sur toutes les accusations lancées contre l’Eglise catholique, sur son rôle en Espagne, et sur l’Inquisition. S’il y a une accusation qui lui paraît juste, c’est celle que l’on devrait faire à l’Eglise elle-même qui n’a pas pris la peine de se défendre face à des mensonges qui relèvent essentiellement de la propagande religieuse et politique.

 

Elle vient de publier un livre sous le titre Imperiofobia y leyenda negra, « Empirophobie et légende noire », et signe d’espoir peut-être, elle a été interviewée à son propos par le portail digital du diocèse de Malaga, en Andalousie. Voir l’Eglise catholique assumer un tel discours sur l’Inquisition et la conquête de l’Amérique latine, voilà qui est revigorant.

 

Spécialiste de la littérature médiévale, Maria Elvira Roca a été au contact de l’hispanophobie pendant les années où elle a enseigné aux Etats-Unis, et à force de répondre à ce qui était avancé pour la justifier, elle a rassemblé une documentation et une argumentation très solides.

 

 

Un nouveau regard sur l’Inquisition en Espagne

 

 

Première légende : l’idée que la Réforme aurait fait de la religion une affaire privée en même temps que la Contre-Réforme aurait permis à la religion de conserver son rôle social. « Il n’y a rien de plus faux que cette affirmation. C’est précisément l’inverse. Quel est le pays d’Europe occidentale qui a aujourd’hui comme chef d’Etat le chef de l’Eglise ? La Grande-Bretagne. Dans quel pays a-t-il été impossible jusqu’à il y a peu d’occuper une charge publique sans appartenir à la religion nationale ? En Grande-Bretagne et dans d’autres pays protestants. Cela veut dire que le protestantisme s’est constitué en Eglises nationales et que de ce fait la dissidence religieuse s’est transformée, non en délit religieux mais en délit contre la nation, contre l’Etat. Il en a été ainsi au Danemark et dans les Etats luthériens du Saint Empire germanique. (…) C’est précisément dans le monde catholique que le délit religieux continue d’être religieux et n’est pas considéré comme portante atteinte à l’Etat », explique l’universitaire.

 

C’est ce qui a notamment justifié le maintien d’une loi contre le « blasphème » au Royaume-Uni jusqu’en 1976. Ce « blasphème » ne correspond pas à la notion catholique mais à l’idée d’exprimer « des opinions contraires à l’Eglise anglicane nationale, y compris des opinions papistes, c’est-à-dire catholiques ».

 

Tout l’ensemble de la Légende noire, soutient Maria Elvira Roca, aura consisté à prendre quelques vérités parcellaires et à les magnifier, en taisant tout le reste.

 

L’universitaire Maria Elvira Roca dénonce la Légende noire

 

 

« L’Inquisition a existé, évidemment qu’elle a existé, mais c’était une institution de petite envergure, qui n’a jamais eu les moyens d’influencer de manière décisive la vie des pays catholiques », souligne Mme Roca. Elle donne l’exemple du roman Lazarillo de Tormes, condamné par l’Inquisition mais qu’on pouvait acheter partout et qui 20 ans après sa parution, était étudié dans toutes les universités espagnoles.

 

Elle précise : « L’Inquisition était une institution très bien organisée, bien mieux réglementée que n’importe quel autre institution de son temps, et où la religion continuait d’être affaire de religion et non de l’Etat. On s’occupait des délits qui sont au encore aujourd’hui des délits, tels les délits contre l’honnêteté : le proxénétisme, la pédérastie, la traite des Blanches, le faux-monnayage, la falsification de documents… elle avait un champ d’action très large. Le fait de se constituer de manière très organisée, réglementée et stable sur le plan judiciaire pour traiter des dissidences religieuses, a évité les massacres que celles-ci ont provoqués du côté protestant. Nous connaissons toutes et chacune des sentences de mort qui y furent prononcées. Elles sont très bien documentées dans une étude du Pr Contreras et du Danois Henningsen. L’Inquisition a jugé 44.000 causes au total depuis 1562 jusqu’à 1700, avec au final 1.340 morts environ. Et voilà toute l’histoire. Calvin a envoyé au bûcher 500 personnes en vingt ans seulement, pour hérésie. Quand on s’intéresse aux faits barbares qui se sont produits côté protestant, il n’y a pas de comparaison, entre autres choses parce que le calcul des morts qu’a pu provoquer l’intolérance protestante ne peut se faire que de manière approximative, puisque dans la plupart des cas, il n’y eut ni jugement, ni avocat, ni droit de la défense : ce fut par le procédé barbare du lynchage, rien de plus. Cela ne s’est jamais produit dans les zones catholiques, jamais ».

 

L’intolérance, une pensée partagée mais mieux gérée par les catholiques

 

 

Elle rappelle à ce sujet qu’à l’époque, « l’intolérance » était commune à tous : « Ce qu’il faut voir, c’est comment été gérée cette intolérance religieuse dans les différents endroits. Elle fut beaucoup plus civilisée est beaucoup plus compréhensive dans la partie catholique, et donc en Espagne. En Angleterre, ainsi que dans les principautés luthériennes protestantes au nord de l’Europe, les persécutions à l’encontre de la population furent atroces. Il y eut aussi tout le phénomène de la chasse aux sorcières, absolument démentiel, qui a provoqué des milliers de morts. Cela ne s’est pas produit dans le monde catholique et cela ne s’est pas produit en Espagne parce qu’il y avait d’Inquisition qui a évité cette barbarie ».

 

[…] L’Eglise catholique, souligne-t-elle, d’après l’étude de la littérature de l’époque, ne s’est jamais autorisé la violence protestante, cherchant à dialoguer, à parler pour convaincre. « Il nous est resté cette idée que Martin Luther n’avait pas d’autre choix que de rompre avec l’Eglise parce que l’Eglise était intolérante. Non, c’étaient eux, les intolérants. Les princes protestants ont imposé des conversions forcées. S’ils ne te tuaient pas, ils te confisquaient tes biens. Si tu ne partais pas, tu devais te convertir. Les catholiques ne toléraient-ils pas les protestants ? Sans doute, mais les protestants toléraient encore moins les catholiques ».

 

Anne Dolhein

"Dans sa thèse d'Etat, Reynald Secher... affirme qu'il y en a eu 'au moins 117 257 (morts en Vendée en 1793 Ndlr.) (R. Sécher, Le Génocide franco-français, La Vendée-Vengé, Paris, PUF, 1986, 2è éd., Perrin 2006) Il s'agit d'un minimum. Le chiffre réel est sensiblement plus élevé, avoisinant les 200 000, ce qui représente le quart ou le tiers de la population des paroisses insurgées." (Philippe Pichot-Bravard, La Révolution française, Via Romana, 2014, p. 222. )

 

"La Terreur : Combien de morts ? Le bilan estimé des morts liées à la Révolution demeure toujours incertain, peut-être impossible. On s'en remet souvent aux calculs de Donald Greer en 1935 qui recense 30 000 à 40 000 victimes des procédures juridiques (fusillées et guillotinées). Il s'agit d'une base minimale à laquelle il faut ajouter environ 170 000 victimes vendéennes et sans doute 20 000 à 30 000 soldats républicains morts dans l'Ouest. " (Patrice Gueniffey in La Révolution française, Préface de Michel Winock, L'Histoire Editions, p . 119-120. )

 

Le dernier bilan des victimes de la Terreur et du génocide vendéen en un an en 1793 au nom de l'athéisme dépasse les 200 000 morts, soit vingt fois plus que le bilan des morts durant toute l'Inquisition réunie en Europe et en trois siècles ! (10 à 12000 exécutions capitales). Voilà la réalité.

 

Le professeur Chaunu concluait : "La révolution française a fait plus de morts en un mois au nom de l'athéisme que l'Inquisition au nom de Dieu pendant tout le Moyen Age et dans toute l'Europe... !"

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20 mars 2017 1 20 /03 /mars /2017 16:41

Les archéologues disent qu'ils n'ont pas encore trouvé la preuve archéologique directe de Jésus-Christ, mais ils s'en rapprochent chaque jour davantage...

 

Voici une présentation des découvertes.

 

En 1962, on a retrouvé une plaque du IIIème siècle avant J.C, gravée en hébreu et portant le nom du village de Nazareth...

 

En 1888, la piscine de Bethesda, dite la "piscine aux 5 portiques" décrite dans l'évangile de S. Jean lorsque est racontée la guérison du paralytique, a été retrouvée à l’endroit situé par S. Jérôme en 372 et S. Eusèbe en 332.

 

Source: http://www.livescience.com/39661-biblical-era-town-discovered-sea-of-galilee.htmlEn 1961, on a prouvé l'existence de Ponce Pilate, le préfet romain qui a condamné Jésus à mort, en retrouvant une plaque comportant son nom et son titre... dans les ruines de Césarée maritime.

 

En 2013, la ville des temps bibliques "Dalmanoutha", mentionnée dans l'Evangile selon saint Marc (Mc 8:10) a été retrouvée par une équipe de l'Université de Reading (Royaume-Uni). C'est le lieu de la Mer de Galilée (ou "Lac de Tibériade") située à plus de 200 m au-dessous du niveau de la mer et traversée par le fleuve Jourdain. C'est également le lieu du baptême de Jésus par saint Jean-Baptiste, et où le Christ navigua avec ses disciples après le miracle de la multiplication des pains. En 1986, le lieu où le bateau appelé "barque de Pierre" ou "barque de Jésus a été retrouvé est le lieu de l'ancienne Dalmanoutha découverte en 2013.

 

Aujourd'hui, voici la découverte d'une cage funéraire de calcaire décorée de façon intime, appartenant à un descendant du grand prêtre Caïphe, connu dans le Nouveau Testament pour son implication dans la livraison de Jésus à Ponce Pilate...

De nouvelles découvertes archéologiques sur la vie à l'époque de Jésus

Ustensiles de cuisine, bijoux, ossuaires avec des inscriptions hébraïques... Des dizaines d'objets datant du Ier siècle retrouvés dans la région de Jérusalem et en Galilée permettent aux historiens de mieux comprendre la vie au temps de Jésus-Christ. [1]

 

Que sait-on exactement de Jésus? Des dizaines d'objets datant du Ier siècle présentés, dimanche 19 mars, par l'autorité des antiquités israéliennes font partie des découvertes archéologiques récentes qui rendent plus compréhensibles aux historiens la vie à l'époque de Jésus-Christ, selon un responsable.

 

Parmi les objets découverts dans la région de Jérusalem et en Galilée, où, selon la tradition, Jésus a vécu, figurent des vases, des ustensiles de cuisine, des bijoux, des restes de pressoir à vin, des ossuaires avec des inscriptions hébraïques et des clous ayant servi à des crucifixions.

 

«Maintenant nous pouvons décrire de façon très précise la vie quotidienne de cette époque, de la naissance, à travers les habitudes alimentaires, les voyages effectués, et jusqu'à la mort avec les rites funéraires», explique à l'AFP Gideon Avni, directeur de la division archéologique des Antiquités israéliennes.

 

«Ces 20 dernières années, nous avons fait un bond dans la compréhension du mode de vie de Jésus et de ses contemporains», indique-t-il. «Chaque semaine, de nouveaux éléments sont découverts et permettent de mieux connaître cette période». Ainsi, «nous retrouvons sur des ossuaires des noms de personnalités connues grâce aux textes de cette époque», dit le professeur Avni.

[2]

[2]

En avant de Pâques, l'autorité d'antiquités d'Israël a ouvert dimanche son vaste entrepôt aux journalistes pour un coup d'oeil sur les artefacts déterrés du temps de Jésus. Les experts disent qu'ils n'ont pas encore trouvé la preuve archéologique directe de Jésus-Christ, mais ces dernières années ont trouvé une richesse de matériel qui aide à remplir la compréhension des historiens de la façon dont Jésus peut avoir vécu et est mort.

 

"Il y a de bonnes nouvelles", a déclaré Gideon Avni, chef de la division archéologique de l'Autorité des antiquités d'Israël. "Aujourd'hui, nous pouvons reconstituer très exactement beaucoup, de nombreux aspects de la vie quotidienne du temps du Christ."

 

Israël est l'un des endroits les plus fouillés de la planète. Quelque 300 fouilles ont lieu chaque année.

 

Environ 40 000 artefacts sont déterrés chaque année en Israël. Un tiers de toutes les antiquités trouvées attestent de l'ancienne présence chrétienne en Terre Sainte, déclare Avni. Les historiens savent maintenant combien de temps il a fallu pour voyager entre les villes et les villages où Jésus a prêché, et à quoi ressemblaient ces endroits à l'époque.

 

Avni a déclaré que la connaissance de la période a avancé au cours des 20 dernières années. "Nous pouvons reconstituer précisément ce à quoi ressemblait le pays", a t-il dit.

 

Dans un entrepôt lumineux de 5 000 mètres carrés rempli de piles de cruches anciennes et de poteries, ce que l'Autorité des Antiquités appelle sa grotte "Ali Baba" des anciens trésors, les fonctionnaires ont présenté sur une simple table blanche les découvertes du temps de Jésus.

 

Il y avait des gobelets et des plats de calcaire bien conservés, largement utilisés par les Juifs en Terre Sainte à l'époque dans le cadre de leur stricte pratique afin d'assurer la pureté rituelle de leur nourriture. Il y avait une cage funéraire de calcaire décorée de façon intime, appartenant à un descendant du grand prêtre Caïphe, connu dans le Nouveau Testament pour son implication dans la livraison de Jésus aux autorités romaines qui l'ont crucifié. Dans les temps anciens, les familles recueillent les os du défunt et les placent dans des boîtes appelées ossuaires.

Christ devant Caïphe (de Matthias Stom)

Christ devant Caïphe (de Matthias Stom)

Ils ont également présenté une réplique d'un artefact majeur situé au musée israélien de Jérusalem - un os de talon percé d'un clou de fer avec des fragments en bois à chaque extrémité, découvert dans une boîte de sépulture juive du nord de Jérusalem datant du 1er siècle après J.-C. C'est jusqu'à ce jour la seule preuve trouvée d'une victime de crucifixion romaine enterrée selon la coutume juive. Cela a aidé les archéologues à reconstruire comment l'homme était crucifié, avec ses pieds cloués sur les côtés de la croix. Avni a dit que Jésus peut avoir été crucifié de la même manière, contrairement à la façon dont la crucifixion est représentée dans l'art chrétien traditionnel.

 

A côté des boîtes de carton marquée "os" de Bethsaïda du Nouveau Testament, un énorme bloc de pierre était posé sur une caisse en bois sur le plancher de l'entrepôt. La pierre porte une description taillée apparente du deuxième Temple juif, a été découverte en 2009 sur le site d'une ancienne synagogue des rives de la mer de Galilée. Les archéologues ont suggéré que Jésus aurait prêché dans la synagogue.

 

Avni a dit qu'il n'y a aucune raison de croire que Jésus n'existait pas simplement parce que les archéologues n'ont pas trouvé de preuve physique de lui. "Il faut se rappeler que le Christ était l'un parmi plus d'un million de personnes vivant en cette période en Terre Sainte", a t-il dit.

Yisca Harani, une érudite israélienne du christianisme, a déclaré que le manque de preuve physique de Jésus est un "mystère trivial".

 

"Pourquoi attendre dans l'antiquité qu'il y ait des preuves de son existence?" Demande Harani. "C'est la réalité de la vie humaine, que soit des dirigeants, soit des militaires ont leur mémoire inscrite dans la pierre et des artefacts."

 

Elle a dit que ce qui restait de Jésus "sont ses paroles". [3]

Source: https://apnews.com/2922e74d3ebb4c83bd80eb128b4fbb47

Source: https://apnews.com/2922e74d3ebb4c83bd80eb128b4fbb47

Source: https://apnews.com/2922e74d3ebb4c83bd80eb128b4fbb47

Source: https://apnews.com/2922e74d3ebb4c83bd80eb128b4fbb47

Sources:

 

[1] De nouvelles découvertes archéologiques sur la vie à l'époque de Jésus, Par lefigaro.fr , AFP, AP, Reuters Agences Mis à jour le 20/03/2017 à 11:22 Publié le 20/03/2017 à 11:15

[2] Israël : des découvertes archéologiques éclairent sur la vie à l'époque de Jésus, Par Culturebox (avec AFP) @Culturebox, Mis à jour le 19/03/2017 à 17H24, publié le 19/03/2017 à 17H23

[3] In an Israeli warehouse, clues about Jesus' life and death, APNews, By Daniel Estrin

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9 mars 2017 4 09 /03 /mars /2017 07:25
Le désastre de la troisième république - De Bismarck à la Grande Guerre

Nous devons enfin désirer le maintien de la République en France pour une deuxième raison qui est majeure : la France monarchique était et sera toujours catholique; sa politique lui donnait une grande influence en Europe, en Orient et jusqu'en Extrême-Orient. Un moyen de contrecarrer son influence au profit de la nôtre, c'est d'abaisser le catholicisme et la papauté qui en est la tête. Si nous pouvons atteindre ce but, la France est à jamais annihilée. La monarchie nous entraverait dans ces tentatives. La République nous aidera... J'entreprends contre l'Eglise catholique une guerre qui sera longue et, peut-être, terrible! On m'accusera de persécution et j'y serai peut-être conduit, mais il le faut pour achever d'abaisser la France et établir notre suprématie religieuse et diplomatique, comme notre suprématie militaire. Et bien! Je le répète : ici encore les républicains m'aideront ; ils joueront notre jeu ; ce que j'attaque par politique, ils l'attaquent par formalisme anti-religieux. Leur concours est assuré.

Entretenez dans les feuilles radicales françaises à notre dévotion la peur de l'épouventail clérical, en faisant propager les calomnies ou les préjugés qui font naître cette peur... Faites aussi parler, dans ces feuilles, des dangers de la réaction..., des crimes de l'absolutisme, des empiètements du clergé. Ces balivernes ne manquent jamais leur effet sur la masse ignorante. Oui! Mettez tous vos soins à entretenir cet échange de services mutuels entre les républicains et la Prusse! C'est la France qui paiera les frais! ...

Lettre de Bismarck au comte von Arnim sur la république l'empire et les Bourbons

La lettre de Bismarck au comte Von Arnim (ambassadeur à Paris) du 16 novembre 1871 est sans appel. Elle met en évidence ce caractère antifrançais de la Révolution de 1789 et de l'esprit républicain qui en émane.

 

Le chancelier prussien Bismarck était favorable à la république car il pensait que ce régime empêcherait la France de concocter des alliances avec les monarchies européennes. Il craignait les monarchistes parce qu'ils possédaient cet esprit revanchard qu'il répugnait. De plus, la monarchie pouvait créer un régime fort qui pourrait essayer éventuellement de reconquérir les territoires perdus.

 

Cette crainte d'un retour de la monarchie en France, Bismarck l'exprima dans une lettre qu'il fit au baron Harry von Arnim (1824-1881), ministre plénipotentiaire à Paris de 1871 à 1874, le 16 novembre 1871. Cette video de SACRVideo en cite quelques extraits et invite à lire le document traduit en français disponible sur le site des archives numérisées de la Bibliothèque nationale de France, "Gallica.fr", en tapant "opinion de Bismarck sur la république l'empire et les Bourbons" sur le moteur de recherche de ce site.

 

Voici quelques extraits de cette lettre :

"Donc la république va s'implanter en France. Vous devez, par votre parole, par vos subventions à certains journaux démocratiques et par tous les moyens en votre pouvoir travailler secrètement à en amouracher les Français....


Parce que tant que la république durera, la confiance ne pourra renaître.


... Parce que le parti républicain est en France, le moins patriote. Pendant le siège de Paris, les farouches républicains de Belleville, de Montmartre et de Ménilmontant ont été le type de la lâcheté tout en demandant à grands cris la guerre à outrance. Ils n'ont su que jeter leurs fusils dans les tranchées, hurler dans les clubs et souiller les églises de leurs ordures. C'est pour les avoir déshonorés en divulguant leur conduite dans ses ordres du jour que le général Clément Thomas a été assassiné par eux.


Ce sont des républicains du 4 septembre qui ont eu l'attention, lorsque Paris était investi par les Prussiens, d'inaugurer la statue de Voltaire, Chambellan de notre grand Frédéric, et qui avait félicité ce prince d'avoir battu les Français à Rosbach. On n'est pas plus plat, plus lâche, ou plus bête.

Proclamation de la République du 4 septembre 1870 (haut-relief en bronze de Léopold Morice, Monument à la République, Place de la République, Paris, 1883).

Proclamation de la République du 4 septembre 1870 (haut-relief en bronze de Léopold Morice, Monument à la République, Place de la République, Paris, 1883).


Quant à la Commune, son premier soin a été de faire insérer dans son Journal officiel, la recommandation de ne rien faire, autour de Paris, qui pût nous déplaire. Elle a renversé la colonne Vendôme faite avec le bronze de nos canons. Vous voyez que tous les républicains, de toutes nuances, sont plus ou moins des nôtres. Avec l'Internationale, je les mènerai où je voudrai. Ils n'ont plus rien de leur père de 1792, à qui il restait quelque chose des sentiments de patriotisme puisés sous la monarchie.

Par contre, travaillez de toutes vos forces à empêcher le rétablissement de la monarchie. Ce qu'il faut surtout empêcher, c'est leur fusion avec Henri V, c'est l'avènement de la légitimité :

1° Parce que celle-ci représente l'unité et la grandeur de la France, par la conquête progressive de ses provinces, y compris l'Alsace et la Lorraine;

2° Parce qu'elle représente les idées d'ordre, de droit et de religion, qui sont les éléments sociaux de conservation et de grandeur;

3° Parce que le principe de transmission héréditaire du pouvoir, exclut les ambitions, les mécontents, les avocats qui s'entendent si bien à jeter leur pays dans les hasards des révolutions, pour pècher en eau trouble;

[...] 6° Parce que la Monarchie des Bourbons a toujours été le symbole de l'honneur et de la fierté patriotique. Je me rappelle que lorsque l'ambassadeur d'Angleterre, vint en 1830, dire au prince de Polignac que son pays s'opposait au débarquement des troupes françaises à Alger, le prince lui répondit simplement: Milord, la flotte française appareille de Toulon tel jour; s'il vous plaît d'essayer de lui barrer le chemin, libre à vous.

Les républicains de 1871 n'eussent pas faite cette fière réponse. Ils sont et resteront toujours plus préoccupés des intérêts de leurs partis que des intérêts de la France. Leur patrie, c'est le monde, disent ces idiots, menés par l'Internationale.

7°Enfin, vous vous opposerez de toutes vos forces à l'établissement de la Monarchie des Bourbons parce qu'elle seule peut ramener des alliances à la France; notamment celle de la Russie; et que l'Allemagne, prise entre la France et la Russie comme dans un étau, avec le Danemark au  nord et l'Autriche au Midi, la Hollande, la Belgique et la Suisse à l'Ouest, serait gravement compromise. Alors vos craintes deviendraient fondées.

 

[...] Faites souvent parler, dans vos journaux, du danger de la réaction, du crime de l'absolutisme, des horreurs de la féodalité, de l'infâme droit du seigneur, de la dîme, des corvées, de l'Inquisition, comme si tout cela avait réellement existé ou pouvait revenir. Faites peur des empiètements et des captations du clergé. Dites qu'avec Henri V, la religion serait non seulement protégée, mais imposée, que chacun serait forcé d'aller à la messe et même à confesse. Ces déclarations et ces balivernes ne manquent jamais leur effet auprès des masses ignorantes et imbéciles, auxquelles le suffrage universel a remis le sort de la France.

[...] Et vous voulez mon cher ami, que je redoute dans l'avenir une revanche de la France ! Tranquillisez-vous : cette nation est condamnée à mort. Elle aura ce qu'elle mérite : c'est-à-dire la République alternant avec l'Empire ou la Commune; le despotisme.

[...] Donc la République française, malgré sa belle devise sur les murs, dès qu'elle ne sera plus entre les mains des royalistes, qui la font vivre provisoirement, tombera d'abord entre les mains des intrigants et des incapables, jusqu'à ce qu'elle retombe entre les mains des criminels d'où elle sort à peine. C'est inévitable. Quand une Nation n'a plus le frein de la religion et des moeurs, que le frein de la force est le seul qui la contienne, tout est possible, même l'avènement d'un demi-million d'Erostrates, du jour où la force tombe entre leurs mains comme au 18 mars.

 

[...] et cela, parce que la France, reniant son passé glorieux, livrée aux avocats et aux casse-cou, aura cessé d'être française pour devenir républicaine. Réjouissons-nous en. Nous avons définitivement pris sa place dans les destinées du monde. Elle ne pourra plus s'opposer au progrès de l'Allemagne. L'Empire d'Allemagne, avec Berlin pour capitale, que Thiers redoutait, est fondé. Le pangermanisme est proche, grâce à l'impuissance de la France républicaine." (Fin de citation)

Bismarck sous-entend que le "pangermanisme", à savoir le mouvement visant à regrouper sous une même autorité politique les peuples d'origine germanique n'a été possible que grâce à l'impuissance de la "France républicaine".

 

Le système républicain et l'esprit qui en émane n'a jamais été une force pour notre pays. Au contraire, ils ont été et seront toujours de bons serviteurs au service de nos ennemis.

La république clôture notre histoire et détruit tout ce qui représente la France dans sa réalité historique culturelle et religieuse, bref dans tout ce qui touche chaque Français.

Bismarck ne le savait que trop bien et en avait surtout conscience, comme l’Angleterre, qu’un retour à la Monarchie en France serait désastreux pour l’Empire Allemand, mais au combien fortifiant pour la France.
Et c’est un ennemi juré de la France qui fit cette analyse, qui nous l’espérons, fera réfléchir plus d’un républicain sincère, s’il en reste !

 

La république sera donc proclamée le 4 septembre 1870 par Léon Gambetta, au balcon de l'Hôtel-de-Ville de Paris pour le plus grand malheur de la France, alors que l'empire allemand est proclamé dans la galerie des glaces le 18 janvier 1871, à la faveur de la défaite française.

 

Et c’est cette république voulu par Bismarck qui, 40 ans après la défaite de 1871, prendra la responsabilité de diriger la guerre la plus atroce face à l’Allemagne. Pourtant, peu avant le déclenchement de la Guerre de 14-18 la faiblesse du régime républicain se faisait déjà cruellement ressentir. Un député socialiste et franc-maçon, Marcel Sembat, rédigea un pamphlet : "Faites un roi, sinon faites la paix".

A travers ce pamphlet rédigé en 1911, Marcel Sembat expliquait combien le régime républicain était trop faible et instable, mais aussi source de divisions et donc incapable de pouvoir gérer efficacement une guerre. Il disait : "Aller à la guerre sous des Jules Faure, des Poincaré des Barthou, des Trochu, des Gambetta, des Clemenceau ? Nous serions encore condamnés à cela ? Comment osez-vous, trop connus, vous qui, en paix, n’êtes déjà que des conducteurs assez médiocres, vous proposer pour chefs de guerre ? Retirez-vous, vous puez la défaite".

Manifestement il ne fut pas entendu et c’est au nom de la Liberté et des Droits de l’Homme que le français de 1914 avait perdu sa liberté d’aller ou de ne pas aller à la guerre..., liberté qui fut pourtant acquise durant des siècles sous la Monarchie. La république su alimenter durant ces 40 ans un esprit revanchard associé à un patriotisme révolutionnaire particulièrement désastreux. Raymond Poincaré, dans son message aux Assemblées du 4 août 1914, proclamera l’Union sacrée entre tous les français. Le but étant de faire disparaître les nombreuses divisions existantes entre les français, divisions politiques, syndicales, religieuses…etc. Afin de renforcer le gouvernement républicain dans sa gestion du conflit. Mais cette union sacrée ne fut qu’un leurre car le gouvernement républicain profitera bel et bien du conflit pour continuer à se débarrasser de ses adversaires politiques, à savoir les Catholiques, les Royalistes et les Nationalistes. Ces derniers malheureusement agiront avec confiance et refuseront de profiter du conflit pour abattre la république. Jean de Viguerie écrivait à ce sujet dans "Les deux Patries" :


"Car les curés doivent subir le sort commun : ils doivent tuer eux aussi, et être tués. Mais le but est surtout d’en faire tuer le plus possible. Avec le plus grand nombre possible de leurs fidèles. L’intention est avouée. Les politiciens ne s’en cachent pas. 'La jeunesse catholique, aurait déclaré l’un d’eux, nous l’enterrerons dans les tranchées.'"


Jean de Viguerie – Les deux Patries – Editions DMM - p195

La suite ? On la connaît. Ce sera plus d'un million cinq cents mille morts, en comptant les civils. Cette fausse victoire des alliés aboutira vingt ans plus tard (en 1939) à un autre conflit avec l'Allemagne, conflit qui achèvera d'affaiblir notre pays et qui permettra, malheureusement, l'hégémonie américaine dans le monde. La IIIe république née de la défait de 1870, peuplée en 1940 d'hommes politiques dont la lâcheté le dispute à l'incompétence, disparaît dans le plus grand désastre militaire que la France ait jamais connu.

Par son impéritie, la IIIe république exposa la France à deux guerres mondiales, horriblement meurtrières, dont on ne s'est toujours pas relevé.

Elle se lança également dans l'aventure inconsidérée de la colonisation, face à laquelle, la Ve république nous impose à ce jour moult repentance au nom de l'antiracisme et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

 

Bismarck qualifiait en son temps, les républicains français d'ignorants, d'incapables, de traîtres, et de criminels. En ce début de XXIe siècle, qu'est-ce qui a vraiment changé ?

La république est un système que seuls les ennemis de la France peuvent lui souhaiter, alors que penser de ceux qui nous gouvernent et qui n'ont que le mot de république à la bouche ?

 

En cette période de centenaire de la Grande Guerre, ce sont ces mêmes incapables qui nous offrirent le spectacle grotesque d'un semblant de commémoration du centenaire de la bataille de Verdun. Commémoration aux allures de profanation, plutôt qu'autre chose.

 

Le livre d'André LOEZ, "14-18. Les refus de la guerre, Une histoire des mutins", donne des extraits de lettres de poilus de la Grande Guerre qui en disent long de ce qu'ils pensaient :

 

"Si nous le voulions, tout cela cesserait ! Car si nous étions des hommes il n'y aurait qu'à nous révolter ! A Bas la république".

 

"Tas de vaches, tas de salauds, c'est vous qui faites durer la guerre, buveurs de sang, tas de richards, on vous aura après la guerre, si on a le bonheur d'en sortir".

 

"Ouvrier, fais toi tuer pour les gros et les embusqués".

 

"Vie le Roi!"

 

"A bas la Guerre, et n'oubliez pas que c'est pour démolir le petit peuple".

 

"Pauvre populo, prépare tes gosses pour la boucherie".

 

"Au chiotte les députés et au fumier les sénateurs, tas de fainéants".

Et oui! Beaucoup à cette époque étaient royalistes, ou tout simplement contre le gouvernement.. Les Français de cette époque ne se sont pas battus pour les 'valeurs de la république', mais au contraire, ont été victimes de celles-ci.

 

Que reste-t-il dans l'anniversaire de cette terrible guerre qui fut, dans notre histoire, un véritable génocide de la jeunesse ? De toute cette jeunesse exterminée sur l'autel républicain. Au nom de quoi, sacrifiés idéologiquement, ces hommes partis en guerre non pour une république fantoche, qui depuis deux cent ans traîne une ombre de mort sur notre pauvre pays exsangue, la Révolution, la Commune, les massacres d'ouvriers, la misère ouvrière. Que reste-t-il de ces messages de poilus ? De cette fleur des peuples régionaux, travailleurs et paysans venus mourir aux frontières d'un pays mal défendu ? Des ces Bretons, fils de Chouans, qui avaient déjà, au cours de la Révolution payer le prix fort ? Sans compter le Camp de Conlie, cette horreur de Gambetta (24 octobre 1870-25 janvier 1871) ?

... Que reste-t-il de ces lettres, de ceux qui laisseront leurs femme et leurs enfants, leur jeunesse, leurs rêves ? Relisons ces messages qui restent pour nous des témoignages comme la réalité de ce qu'ils pensaient, exprimant leur dégoût, comme la honte de cette maladie mortelle, nommée 'république', qui en dehors de tout système politique est celui qui ferme l'histoire et détruit tout ce qui nous est cher ?

Le désastre de la troisième république - De Bismarck à la Grande Guerre

Que reste-t-il ? Pour beaucoup, aujourd'hui, c'est du passé. C'est un grand-père, un grand oncle, plusieurs frères qui dorment sur cette terre, là-bas, balayée par le vent de l'Est. Comme tous ces volontaires étrangers, Sénégalais, Marocains, mais aussi Russes, Serbes, Anglais, Canadiens, Américains, et j'en oublie. Qu'ils me pardonnent. Mais j'en appelle à nos mémoires. Et pensons un instant à tous ceux qui restèrent à la nouvelle du décès, ou de la disparition de l'être cher, comme des êtres chers, qui continuèrent une existence, avec l'absence, ce vide, ces souvenirs, dans le sacrifice. Tous ces enfants qui grandirent sans leur père, leurs frères ou leurs oncles, ou leurs amis. Toutes ces femmes qui subirent, car les guerres touchent d'abord les jeunes, et surtout, les femmes et les enfants.

Si cette video doit servir à quelque chose ? C'est maintenir ce souvenir. Pour ne pas oublier. Car demain, d'autres guerres viendront. D'autres conflits surgiront. Et du doigt, nous pointons la responsabilité d'un état lâche, et sanguinaire. Il n'y a pas d'état idéal, mais des gouvernements moins mauvais. Il y a des gouvernements qui malgré l'autorité que nous avons en tant que citoyen à accepter, restent avares et économes du sang humain. Rappelons que la république ne désirait pas moderniser les uniformes, afin d'envoyer en première ligne notre infanterie en bleu à revers rouge, parce que c'étaient les couleurs de la révolution face aux mitrailleuses allemandes ! Nous avons fusillé des hommes sous prétexte de désertion, parce que les officiers ne respectèrent pas leurs paroles, en annulant ou décalant les permissions gagnées au prix du sang.

 

"La honte des républiques et des empires, le crime des crimes sera toujours d'avoir tirer un paysan de la paix dorée de ses champs et de ses charrues et de l'avoir enfermé entre les murs d'une caserne pour lui apprendre à tuer un homme", disait Anatole France.

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8 mars 2017 3 08 /03 /mars /2017 16:30

Dans une videoformation pour Notre Dame de Chrétienté, l'historienne Anne Bernet, explique que la première apparition de la Vierge Marie en France remonte au IVe siècle au Puy-en-Velay.

Extrait que l'on retrouve sur le site Nd de Chrétienté :

 

Quels sont les liens entre Notre‐Dame et la France ?

 

"Ce sont des liens extrêmement anciens. Si nous nous attachons à la première apparition de Notre-Dame en France, elle a lieu dans le courant du IVe siècle à Anicium, comme on appelait alors le Puy-en-Velay." Une femme atteinte probablement de paludisme se rend une nuit sur une pierre sacrée, une pierre druidique, un dolmen, et elle s’y couche pour implorer le secours des dieux selon un rite païen classique. Au lieu de la divinité gauloise Belisama c'est la Vierge Marie qui lui apparaît, entourée d’anges. Elle lui demande, à cette femme païenne, d’aller trouver l’évêque et de lui demander de construire en ces lieux un sanctuaire qui lui sera dédié. Comme la femme demande à la Sainte Vierge une preuve avant d'aller trouver l'évêque, la Vierge lui répond : "ce n'est pas difficile, tu reviendras avec lui et il suivra un cerf, le périmètre qu’il délimitera sera celui de mon sanctuaire." Et alors que nous sommes au mois d’août, il va neiger et les traces du cerf vont délimiter dans la neige les limites du sanctuaire sur la colline du Puy‐en‐Velay. Cette apparition, la plus ancienne en France, marque le début de la protection mariale sur notre pays. Protection qui entrera dans notre histoire quelques années plus tard sous le nom de prophétie de S. Rémi.

 

Quelle est le l'origine de l'expression « Regnum Galliae, Regnum Mariae » ?

 

C'est précisément la prophétie de saint Remi qui a amené Clovis au baptême catholique. La Gaule était alors menacée par le péril arien représenté par les Wisigoths, grande puissance européenne qui régnait sur l'Espagne et sur une grande moitié de la France jusqu'à la Loire (ils n'ont jamais réussi à s'emparer du nord de la Loire). Et voilà que Clovis va changer la donne, en prenant le parti de la foi catholique, Clovis va devenir en quelque sorte le fils privilégié de la Vierge et met définitivement la Gaulle à l'abri de la menace arienne.

 

Durant la vigile de Noël 496, juste avant le baptême de Clovis, Remi connaissant le caractère difficile de Clovis est saisi d'inquiétude ; il prie le ciel de lui envoyer un signe. Et Remi va avoir une vision où se déroule devant lui le futur glorieux de la France et de ses rois, volant de victoires en victoires, de triomphes en triomphe, bras armé de la catholicité. Il entend une voix lui dire :

 

"Il en sera ainsi tant qu'ils seront fidèles".

 

Et à ce moment-là, la vision de S. Remi sombre dans un chaos terrible, il assiste à des scènes de catastrophes et des profanations, la France se détourne de son destin. Et Remi, désespéré, se demande s'il n’a pas travaillé en vain. A ce moment-là il entend une voix féminine lui dire :

 

"Ne t'inquiète pas, je suis là, je veille."

 

C'est la promesse de Marie de ne jamais abandonner la France qui a défendu la divinité de son Fils et ses privilèges à elle. D’où vient en effet l'expression "Regnum Galliae, Regnum Mariae quod numquam peribit ", "la France est le royaume de Marie, jamais elle ne périra."

 

Pourquoi appelle‐t‐on Notre‐Dame "Reine de France" ? A quand remonte cette expression ?

 

La protection de la France par la Vierge débute au Ve siècle et s’accentue encore lorsqu'en 1637 le roi Louis XIII a décidé de consacrer sa couronne et son royaume à la Vierge Marie et de faire de la Vierge la Reine de la France.

Quels sont les liens entre Notre-Dame et la France?

Pour quelles raisons beaucoup de sanctuaires en France sont‐ils consacrés à Notre‐Dame ?

 

En général, l’usage voulait que le siège cathédrale soit consacré à Notre-Dame et porte le nom de la Vierge. A cela s'ajoutent les innombrables sanctuaires à travers le pays qui lui ont été dédiés, ainsi que certains sanctuaires bâtis sur d'anciens sanctuaires ou lieux de culte païens, qui ont été christianisés en les plaçant sous la protection de la Vierge, comme par exemple à Chartres qui n'est autre que la fameuse forêt des Carnutes de l'ancien culte à la virgo paritura, un culte pré‐marial.

 

Les apparitions constituent une des multiples raisons. Celle du Puy‐en‐Velay est la plus ancienne mais il en existe beaucoup d’autres, comme celle de Notre‐Dame du Bernet dans le Gers. Aux alentours de l'an 1000, alors qu’une famine épouvantable sévit dans la région, une jeune femme dont le lait a tari, est désespérée de ne plus pouvoir nourrir son bébé. La sécheresse ayant brûlé toute l’herbe, même ses bêtes ne peuvent lui fournir du lait pour son enfant. Elle ne veut pas voir son bébé mourir et s'apprête à l’abandonner. A ce moment‐là, la Vierge lui apparaît et lui dit : "va boire à la fontaine dont l'eau jaillit miraculeusement. Tu en nourriras ton enfant et toutes celles qui viendront ici se nourriront en abondance".

 

Les apparitions mariales ont été très nombreuses en France et toujours liées à des choses extrêmement simples de la vie quotidienne. Notre‐Dame se préoccupait des besoins quotidiens de son peuple. Des grâces de protection personnelle peuvent être accordées. C’est le cas de la basilique Notre‐Dame d'Avesnières bâtie au Moyen Âge par un Seigneur de Laval qui, voulant traverser la rivière, était tombé à l'eau avec son cheval et sur le point de se noyer, avait imploré la Vierge de le tirer de ce mauvais pas. Quelques instants plus tard il avait repris pied dans un champ d'avoine.

 

Dans d’autres places, nous avons des sanctuaires bâtis pour remercier d'une protection spéciale : c'est le cas de Notre‐Dame de Fourvière qui à l'origine est bâtie pour remercier de l'arrêt d'une épidémie de peste. Ou encore Notre‐Dame de la Garde à Marseille pour des raisons similaires d'épidémie récurrente. Dans les deux cas, la municipalité promet de rendre grâce chaque année pour la protection accordée. A Marseille à la fin du XIXe siècle, une année seulement, la municipalité, incroyante, s'est crue autorisée à se dispenser du vœu. Une effroyable épidémie de choléra s'est alors abattue sur la ville.

 

La naissance de Louis XIV, dit "Dieudonné" est aussi un cadeau du ciel : la reine Anne d'Autriche après plusieurs fausses couches ne pouvait plus avoir d'enfants. Jusqu'à ce jour de novembre 1637, où Louis XIV fut conçu, la Vierge apparaît au frère Fiacre, un des moines augustins de l’église Notre‐Dame‐des‐Victoires, fraîchement baptisée en l'honneur de la victoire de Louis XIII à la Rochelle. Le frère Fiacre se réveille en pleine nuit, ayant entendu un nouveau né pleurer dans sa cellule. Il voit alors la Vierge magnifiquement revêtue d'une robe bleue étoilée, comme elle apparaîtra à Pontmain plus de 200 ans plus tard. Elle tient un enfant dans ses bras que le frère Fiacre prend pour l'enfant Jésus. Notre‐Dame le détrompe et lui dit : "L'enfant que vous me voyez dans les bras n'est pas mon Fils, il est le dauphin que Dieu veut donner à la France. Vous irez trouver la reine Anne d'Autriche et vous lui demanderez de réciter trois neuvaines :

‐ l'une à Notre‐Dame de Cotignac

‐ la seconde à Notre‐Dame‐des‐Victoires

‐ et la troisième à Notre‐Dame de Paris."

 

Effectivement frère Fiacre alla informer la reine qui se mit à prier et la conception de Louis XIV correspondit à la fin de la troisième neuvaine.

 

Plus près de nous en septembre 1914, lors de la bataille de la Marne, nous avons une apparition, parfois contestée, de Notre‐Dame de France, qui se serait dressée en étendant ses mains sur une colonne allemande et en lui criant : "Vous n’irez pas plus loin." Les Allemands, saisis de panique, perdirent pied.

 
 Fiche résumé:

Bibliographie ‐ Pour aller plus loin :

‐ «Notre Dame en France» ‐ Anne Bernet – Editions de Paris.

‐ « Histoire Des Pèlerinages Français de La Très SainteVierge », R.P. Jean‐ Emmanuel B.Drochon ‐

Editions Plon ‐ 1890

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6 mars 2017 1 06 /03 /mars /2017 07:35

La plupart des catholiques ne sont pas conscients qu'il y a eu, au cours de l’histoire de l’Eglise, des pape qui soit ont enseigné des hérésies, soit ont échoué dans leur devoir de réprimer l’hérésie. Or, ce qui est arrivé autrefois peut se produire de nouveau.

Un pape jouit de la pleine infaillibilité promise par le Christ uniquement quand il remplit chacune des conditions suivantes :

- il enseigne sur une question de foi et de morale,

- il enseigne au monde entier,

- il enseigne après une longue consultation des évêques et des théologiens,

- il proclame son enseignement d’une manière solennelle devant une grande assemblée de cardinaux, de patriarches, d’évêques, de prêtres et de laïcs.

Si ces conditions ne sont pas toutes remplies, le pape ne fait que donner une conférence de presse et ne bénéficie pas du charisme de l’infaillibilité promise par le Christ. (1)

Mgr René Henry Gracida, Evêque émérite de Corpus Christi (Texas)

Certains papes n'ont pas été de grands exemples pour l'Eglise

L’histoire nous montre que si un grand nombre de papes ont fait preuve de sainteté (plus de 80 ont été canonisés), parmi tout ceux qui ne sont pas considérés comme saints, on en trouve qui n’ont pas été de grands exemples pour l’Eglise. (2)

 

Au IVe siècle, sous la pression politico-théologique des ariens, le pape Libère (352-356) a condamné le héraut de l’orthodoxie saint Athanase d'Alexandrie. En outre, il a signé une déclaration équivoque qui pouvait être interprétée dans un sens arien aussi bien que catholique... Certes, il a ensuite enduré l’exil avec un certain courage, mais il fut tout de même le premier pape après Saint Pierre à n’être pas reconnu saint.

 

Au VIIe siècle, pour justifier un arrangement avec les hérétiques, le pape Honorius (625-638) déclara en 634 : “Nous devons faire attention de ne pas raviver les querelles anciennes.” A partir de cet argument, le pape permit la libre propagation des erreurs avec comme résultat le bannissement de la vérité et de l'orthodoxie... S. Sophrone de Jérusalem, presque seul, s’oppose à Honorius et l’accuse d’hérésie. Le pape, finalement, se repent, mais il meurt sans réparer le préjudice incommensurable qu’il a fait à l’Eglise... en cherchant toujours les compromis. Le troisième concile de Constantinople (680-681) le considèrera anathème, jugement qui sera confirmé par le pape saint Léon II.

 

Le pape Nicolas Ier (858-867) avait enseigné que le baptême était valide, qu’il soit administré au nom des trois personnes de la Sainte Trinité ou au seul nom du Christ. Il se trompait. Le baptême administré au seul nom du Christ est invalide.

 

Le pape Etienne VI (vers 896-897) : exerçant son pouvoir dans une période de troubles politiques et religieux, il fait exhumer et mettre en jugement le corps d’un de ses prédécesseurs (le pape Formose). Après condamnation du défunt (!), il fait ôter les vêtements du cadavre, fait couper deux doigts puis jette le corps dans le Tibre.

 

Le Pape saint Célestin V (1294) : ce saint moine est un administrateur totalement incompétent. Au milieu d’agitations il démissionne six mois après son élection.

 

En 1305, le pape Clément V, créature du roi de France Philippe le Bel (1285-1314) promet tout pour son élection; il se voit contraint de prononcer la dissolution de l'Ordre des Templiers... (bulles Faciens misericordiam, du 12 août 1308 et surtout Vox in excelso du 22 mars 1312 sanctionnant le Procès intenté par Philippe le Bel aux Templiers) sur la base d'accusations fantaisistes et mensongères.

Premier roi de France à enfreindre le Testament de S. Rémi, Philippe le Bel, influencé par les légistes imbus de droit romain, introduisit chez nous les erreurs de l'absolutisme et du gallicanisme. C'est un conflit fiscal qui déclencha la rupture entre le pape Boniface VIII et le roi. Le pape ne refusait pas de contribuer aux charges, mais il défendait le principe que l'impôt devait être consenti et voté avant d'être levé (bulle Clerici laïcos de 1296). En 1297, il autorisa et favorisa la levée de nouveaux décimes et renonça à un droit que jusqu'alors tous les souverains de France avaient reconnu au Saint-Siège. En 1302, il ne fit que demander le maintien de la législation en vigueur, exigeant le consentement du clergé contribuable pour la levée des décimes. Philippe refusa. Le pape l'excommunia, et le roi répliqua par l'attentat d'Agnani en 1303, un coup de main sur un pape âgé de 85 ans, giflé d'un gantelet de fer par Sciarra Colonna. Le pape en mourut de chagrin un mois plus tard, le 11 octobre 1303. Ce fut alors le premier crime contre la papauté depuis Clovis, depuis 900 ans...  Un crime national. Après le bref pontificat pacificateur de Benoît XI (1303-1304), Philippe le Bel parvint à faire élire pape le cardinal archevêque de Bordeaux, Bertrand de Got, sous le nom de Clément V. Celui-ci promit tout, notamment la condamnation de la mémoire et la suppression de tout souvenir se rapportant à Boniface VIII, et la suppression de l'Ordre du Temple.... Harcelé par Philippe le Bel, Clément V se trouva acculé, forcé de prononcer la dissolution de l'Ordre. Non contents de mettre la main sur les biens du Temple, soit en totalité, soit en partie, Philippe le Bel et Clément V s'entendirent pour mettre leurs mains sur... les libertés de l'Eglise de France et sur le droit d'élection. Clément se réserva de nommer les évêques des diocèses vacants. Le roi le laissa faire, à la condition que les choix tomberaient... sur ses créatures. Philippe le Bel méconnut ainsi l'ordonnance mémorable de son aïeul Saint Louis, qui garantissait la liberté des élections des églises cathédrales et des autres églises (Ordonnance de Saint Louis du mois de mars 1268). [Cf. Giorgio PERRINI, Aveux des Templiers, Edition Jean de Bonnot, 1992, p. 58-86; Jean GUIRAUD, Histoire partiale, Histoire vraie, I, Des Origines à Jeanne d'Arc, Neuvième édition, Gabriel Beauchesne et Cie Editeurs, Paris 1911, p. 317-325; et Régine PERNOUD, Les Templiers, Presses Universitaires de France, Que Sais-je ?, Vendôme 1974.] [Conséquences de l'infraction au Testament de S. Remi : fin des Capétiens directs et Guerre de Cent Ans...]

 

Lors de la fête de la Toussaint de 1331, le pape Jean XXII (1316-1334), alors à Avignon, enseigne que l’âme ne peut pas entrer dans la vision béatifique de Dieu tant que la résurrection des corps qui doit se faire au dernier jour n’a pas eu lieu. Les théologiens de l’Université de Paris reprennent le souverain pontife en lui montrant que son enseignement est une hérésie (Exemple: le bon larron Dismas sur la croix auquel le Christ Notre Seigneur dit: "Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis". Lc 23:43). Ce n’est que peu de temps avant sa mort en 1334 que Jean XXII reconnaîtra son erreur et s’en rétractera.

 

Le Pape Alexandre VI (1492-1503) : le “fameux” pape Borgia, élu par l'influence d'une puissante famille italienne, est coupable à la fois de népotisme et d’avoir une maîtresse. D’autres papes élus durant la Renaissance auront une vie opulente et mèneront des guerres pour favoriser leurs intérêts. Une réforme sérieuse n’aura eu lieu que lorsque le pape Paul III engagera ce qui va devenir le Concile de Trente, dont les décisions seront mises en œuvre par le pape saint Pie V (1566-1572).

 

Le pape Jean-Paul Ier (1978) : il décède subitement après un pontificat de seulement 33 jours. Il nous a donne toutefois donné une idée assez juste de ce qu’est le travail de la Providence divine : ce qu’on a retenu de lui étaient son sourire et son goût pour les œuvres de Mark Twain... Mais sa mort a ouvert la voie à l’élection du Pape Jean-Paul II qui a eu à diriger l’Eglise durant une époque périlleuse dans l’Histoire catholique et qui a été considéré comme saint.

 

Ces exemples montrent bien que le choix d’un pape n’offre aucune garantie.

 

... Le Christ n’a jamais garanti d’avoir des cardinaux capables de choisir le meilleur d’entre eux pour être pape. Il n’empêche donc pas les électeurs membres du Collège des cardinaux de moins de 80 ans de succomber à certaines influences : l’ignorance, le mensonge, la partialité, les objectifs mal conçus et les tentations de toute nature, y compris celles qui sont d’ordres politique et financier. Personne n’ignore, d’ailleurs, qu’il y a eu dans l’histoire de l’Eglise des périodes au cours lesquelles l’office pontifical avait été acheté et vendu sous l’influence de dirigeants politiques puissants ou de familles influentes...

 

Parmi les faiblesses des cardinaux électeurs, il en est une qui est et sera toujours bien présente : l’ignorance. Des cardinaux venant du monde entier ne peuvent pas, dans la plupart des cas, bien se connaître. Donc, ils votent souvent en se fiant à des impressions incomplètes ou même inexactes concernant les forces et des faiblesses des différentes personnes susceptibles de succéder à Saint Pierre. Ils voteront parfois pour un candidat particulier auquel on attribue des capacités qui, par la suite se révèleront être inexistantes. Enfin, beaucoup de cardinaux s’appuieront sur les conseils d’autres cardinaux en qui, sagement ou imprudemment, ils placent leur confiance.

 

Heureusement, quoi qu’il advienne, l’Eglise catholique jouit des garanties divines. Toutefois, elles ne sont pas nombreuses. Le Christ n’a promis que d’être avec l’Eglise jusqu’à la fin des temps en l’assurant que les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle (Mt 16:18). Cela signifie essentiellement que le Saint-Esprit ne permettra pas que soit perdue la constitution divine de l’Eglise (sa structure hiérarchique), et garantira que la plénitude de tous les moyens de salut sera toujours disponible dans l’Eglise.

 

Ainsi, les sacrements de l’Eglise seront toujours de puissantes sources de grâce, les enseignements magistraux de l’Eglise seront toujours exempts d’erreur et l’Eglise restera le Corps mystique du Christ placé sous l’autorité du Seigneur représenté sur terre par son Vicaire ; le successeur de Pierre.

 

De même, la transmission de l'office papal et des offices sacerdotaux, est assurée jusqu'à la consommation des siècles et le retour glorieux du Seigneur. Le Christ n’a pas été un vagabond, prêchant au hasard, il a constitué un noyau, les "Douze", à qui il a promis l’envoi de l’Esprit Saint. Les apôtres ont eu le souci dès le début, de ne pas laisser chaque communauté s’en aller à la dérive..., chacune suivant son penchant naturel. S. Paul repasse dans les communautés qu’il a fondées et leur envoie des lettres, les "épîtres". S. Pierre recommande aux "anciens en fonction" de paître le "troupeau de Dieu" qui leur est confié et aux "jeunes gens" d'être "soumis aux anciens" (1 P 5:1-2). A Thimothée, un converti du paganisme, S. Paul rappelle le "don spirituel que Dieu a déposé en toi par l'imposition de mes mains" (1 Tm, 4: 14; et 2 Tm 1:6), la mission principale de Timothée est de "garder le dépôt" (1 Tm 6,20 ; 2 Tm 1,14). Et ce dépôt doit être transmis à d'autres de génération en génération : "Ce que tu m’as entendu dire en présence de nombreux témoins, confie-le à des hommes dignes de foi qui seront capables de l’enseigner aux autres, à leur tour" (2 Tm 2:2). Le "dépôt" : il s'agit de l'amour de Dieu qui appelle (1 Th 1:4; 1 Th 2:12), de la foi en la Trinité de "Dieu le Père, et le Seigneur Jésus-Christ" et l'"Esprit-Saint" (1 Th 1-5; 1 Th 4:8), la foi dans la mort et la résurrection du Christ (1 Th 1-10 ; 1 Th 4:14), l'attente du retour du Christ (1 Th 3:13; 1 Th 5:23), la croyance dans la résurrection de ceux qui sont morts dans le Christ (1Th 4:16), la persévérance dans la persécution (1 Th 2:14-16), l'amour fraternel (1 Th 4:9) et le caractère collectif et solidaire des premières communautés chrétiennes (1 Th 4:6-9). Ainsi, le souci de la continuité, la transmission de la charge par les apôtres, le titre de "pasteurs" (1 P 5:2), titre qui convient d’abord au Christ et que Jésus avait donné à Pierre, sont et resteront autant de traits particuliers de l'Eglise universelle.

Sources

 

(1) Mgr René Henry Gracida, Evêque émérite de Corpus Christi (Texas), Entretien au New York Times, Matt C.  Abbott, Pro Liturgia, Actualité du Mardi, 18 octobre 2016

(2) D'après Jeffrey Mirus, docteur en philosophie, université de Princetown (EU). Trad. DC/APL. Pro Liturgia, Actualité du samedi 4 mars 2017

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27 février 2017 1 27 /02 /février /2017 18:54
Luther placardant les 95 thèses à la porte de l’église de Tous-les-Saints de Wittemberg (Saxe) le 31 octobre 1517. Ces thèses, imprimées, se répandent dans la chrétienté en quelques mois. Deux théologiens les réfutent rapidement : Jean Eck (1486-1543), théologien à l’Université d’Ingolstadt, fait paraître un ouvrage devenu célèbre, Enchiridion locorum communium adversus Lutherum (Compilation des lieux communs contre Luther). Le livre atteindra quarante-six éditions à la fin du 16e siècle (c’est l’un des livres les plus diffusés en Europe à cette époque ; il est traduit en langue française en 1551). Le second théologien est Jean Tetzel.

Luther placardant les 95 thèses à la porte de l’église de Tous-les-Saints de Wittemberg (Saxe) le 31 octobre 1517. Ces thèses, imprimées, se répandent dans la chrétienté en quelques mois. Deux théologiens les réfutent rapidement : Jean Eck (1486-1543), théologien à l’Université d’Ingolstadt, fait paraître un ouvrage devenu célèbre, Enchiridion locorum communium adversus Lutherum (Compilation des lieux communs contre Luther). Le livre atteindra quarante-six éditions à la fin du 16e siècle (c’est l’un des livres les plus diffusés en Europe à cette époque ; il est traduit en langue française en 1551). Le second théologien est Jean Tetzel.

On vous vante Luther ? Répondez d’un seul mot : Lutherrorisme !

Car c’est par la violence, le pillage, la tyrannie et les massacres que le protestantisme a dominé la moitié de l’Europe, il y a cinq siècles. En un mot : par la Terreur. Yves Gérardin le montre en détails dans un article intitulé : « 1517-1617 : un siècle de Lutherrorisme », dans le dernier numéro de la revue Le Sel de la terre (numéro 99, hiver 2016-2017).

 

Premier exemple : la Suède, où sévit le roi luthérien Gustave Vasa (1496-1560). A des sujets nés catholiques, et voulant le rester, Gustave Vasa impose de force sa nouvelle religion. Des réclamations, puis des révoltes populaires se succèdent aux quatre coins du pays. Le pieux roi luthérien les fait noyer dans le sang. Quand il est en position de faiblesse, il promet toutes sortes d’arrangements. Quand tout est rentré dans l’ordre, il fait massacrer les naïfs qui l’ont cru. Pour crime de catholicisme, il fera même condamner à mort des compagnons qui lui avaient sauvé la vie ou procuré le trône.

Deuxième exemple : le Danemark, où tous les évêques catholiques sont emprisonnés par surprise en une seule nuit (11 août 1536). Christian III les a invités à une réunion, à Copenhague, dans le seul but de les faire ainsi arrêter. En Norvège et en Islande, le même Christian III envoie de véritables expéditions militaires pour arracher les évêques aux fidèles qui veulent les défendre. Privés d’évêques catholiques, les fidèles seront ensuite progressivement menés au protestantisme grâce à l’emploi conjugué de la carotte et du bâton.

  • Pour les religieux, le bâton : suppression de tous les monastères (au plus grand profit du trésor royal, mais aux dépens des pauvres, qui regretteront longtemps la charité des moines). Bâton aussi pour ceux qui s’écartent des paroisses officielles : peine de mort pour les prêtres réfractaires et leurs fidèles.

  • Mais à l’intérieur des paroisses officielles, on agite la carotte. On conserve soigneusement certaines apparences extérieures (y compris le latin et les chants traditionnels) et l’on ne change que très progressivement la liturgie et la doctrine. Au lieu d’attaquer les vérités catholiques, ce qui provoque des réactions, on commence habilement par les taire, pour les faire oublier. Il faudra du temps – trois ou quatre générations – mais on réussit, finalement, à faire avaler la nouvelle religion à un peuple qui voulait la vomir.

  •  

L’article montre ainsi, pays par pays, comment le protestantisme a été imposé par la terreur à tous les étages de la société (peuple, clercs et même princes).

Mais dites tout ça à un protestant. Sa réaction est garantie d’avance. Ce sera la litanie officielle de la légende noire anti-catholique : inquisition, Saint-Barthélemy, dragonnades, etc. Aussi, pour bien cerner la nature du lutherrorisme, une deuxième partie compare la violence protestante à celle des catholiques. Le résultat est sans appel : la violence catholique fut essentiellement défensive, face à des protestants qui, eux, voulaient réellement et partout imposer leur nouvelle religion par la force. L’Inquisition protégea l’Espagne et l’Italie. En France, le pouvoir royal fut à la fois moins vigilant et plus sévère, mais par à-coups, dans une alternance de faiblesse et de dureté qui est la pire des politiques. Les calvinistes en profitèrent pour s’implanter. Ils multiplièrent les attentats, massacrèrent plus de 8 000 prêtres et tentèrent de s’emparer du pays. La France n’échappa à leur emprise qu’après de terribles guerres de religion.

Au total, pour tout le protestantisme (luthérien, calviniste, anglican, etc.), le bilan est terrible. Une religion qui est basée sur le libre examen de la Bible, et qui engendre ainsi des centaines de sectes concurrentes, n’a déjà pas grande vraisemblance. Mais si on prouve qu’elle a violé d’emblée son propre principe, en s’imposant partout par la violence au lieu de librement convaincre, que lui reste-t-il ?

 

Lire aussi : L'impossibilité de la communion avec les protestants ne vient pas de l'Eglise, elle vient du "credo" des protestants eux-mêmes

 

Tout ce numéro du Sel de la terre est consacré à la révolte protestante (Sommaire).

Le Sel de la terre (revue des dominicains d’Avrillé) Couvent de la Haye-aux-Bonhommes, 49240 Avrillé — Ce numéro : 15 €. — Abonnement annuel (4 numéros) : 48 €. — http://www.dominicainsavrille.fr/le-sel-de-la-terre-n99/

 

Source: Medias-presse.info

Fév 20
 
Le Sel de la terre n°99
 
Sommaire

1517-2017 : CINQ SIÈCLES DE SUBVERSION PROTESTANTE
★ Avertissement
★ Éditorial : Le protestantisme au cœur de la subversion moderne
★ Luther et la chrétienté déchirée : repères chronologiques (1483-1556)
★ Glossaire de quelques termes utilisés dans ce numéro
★ Vincent LHERMITE : Synthèse historique du protestantisme
★ Yves GÉRARDIN : 1517-1617 : un siècle de Lutherrorisme

DE LA FAUSSE PHILOSOPHIE A L’HÉRÉSIE
★ Paul JUSTIN : La révolution philosophique de Luther
★ Frère EMMANUEL-MARIE O.P. : Le coeur de l’hérésie luthérienne : la doctrine de la justification

DE LUTHER A L’ÉGLISE CONCILIAIRE
★ Frère JOACHIM F.B.M.V. : De la messe de Luther à la messe de Paul VI
★ Frère PIERRE-MARIE O.P. : L’infiltration du protestantisme dans l’Église conciliaire

LA RÉPONSE CATHOLIQUE
★ Père Jean-Baptiste AUBRY : Le concile de Trente
★ Frère MARIE-DOMINIQUE O.P. : Notre attitude catholique face à l’esprit protestant

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22 février 2017 3 22 /02 /février /2017 10:25

En 1794 eut lieu l'Oradour-sur-Glane vendéen :

26 février 2017 : Mémoire et recueillement pour les 564 victimes massacrées aux Lucs-sur-Boulogne

Afin d'honorer la mémoire des 564 victimes (dont 110 enfants de moins de 8 ans) des massacres des Lucs-sur-Boulogne des 28 février et 1er mars 1794, le Souvenir Vendéen organise un temps de recueillement le dimanche 26 février à 17 h 30, à la chapelle du Petit-Luc, aux Lucs-sur-Boulogne.

 

Ce 223e anniversaire débutera par une conférence à la Chabotterie, donnée par Anne Rolland-Boulestreau avec pour thème « Les Colonnes infernales » ; une façon pour la conférencière d'expliquer et de revisiter une période troublée de l'histoire de la Révolution : « Je vais rappeler trois ans de combats fratricides, des dizaines de milliers de soldats mobilisés, plus de 150 000 morts : l'ouest de la France, le théâtre d'une véritable guerre civile, comme sous le nom de Guerre de Vendée. A partir de sources jusqu'alors inexploitées. »

 

Les souvenirs de Louise Barbier (1783-1871) de Cholet nous le confirme dans une correspondance : « Nous continuions péniblement notre route vers Mortagne, en tremblant, quand nous voyions les Bleus. Nous nous croyions perdues quand ils nous criaient "Rendez-vous, Brigands, ou la mort !" Alors, il fallait crier "Vive la République ! A bas les aristocrates ! A mort le roi !" A la moindre hésitation, les soldats fusillaient à bout portant, et transperçaient les petits enfants de leurs baïonnettes. »

26 février 2017 : Mémoire et recueillement pour les 564 victimes massacrées aux Lucs-sur-Boulogne

Un autre regard sur les massacres des Lucs-sur-Boulogne par Pierre Maranbaud, Les Lucs, la Vendée, la Terreur et la mémoire. 1993.

 

« 28 février 1794 : 500 à 590 habitants sont massacrés par la Colonne infernale Cordellier à la chapelle du Petit-Luc. 564 victimes sont recensées par l'abbé Charles Vincent Barbedette, dont 109 enfants de moins de 7 ans. Tuant et incendiant sur leur passage, les Colonnes des généraux Cordellier et Crouzat se dirigent vers le village des Lucs-sur-Boulogne. Mais sur le chemin, ils sont attaqués par Charette, et mis en déroute. Cependant, après sa victoire, Charette, obligé de pratiquer la guérilla, se retire. Martincourt, un lieutenant de Cordellier s'en aperçoit, et après avoir rallié plusieurs fuyards, se dirige vers les Lucs avec l'intention d'y exercer des représailles.

 

Les Républicains, une fois entrés dans le village, rassemblent la population devant l'église, les villageois n'étaient guerre en mesure de se défendre.

 

La population présente comptant principalement des vieillards, des femmes, des enfants dont 109 avaient moins de 7 ans. La quasi-absence d'hommes adultes convainquit les Républicains que ces derniers avaient participé aux combats sous les ordres de Charette. Martincourt avait choisi de ne pas faire de quartier ; de plus, il souhaitait que l'opération se fasse en économisant le plus de cartouches possibles.

 

Les soldats firent donc entrer la population dans l'église jusqu'à ce que, tout à coup, la cohue s'arrête, l'église s'avérant trop petite pour pouvoir contenir toute la population du village : les Républicains mirent leur baïonnette au canon, chargèrent et massacrèrent toutes les personnes restées à l'extérieur. Les portes de la chapelle furent ensuite fermées, emprisonnant les civils à l'intérieur. L'église fut ensuite incendiée, et des tirs de canons provoquèrent son éboulement.

 

19 juillet 1794 : plusieurs paysans trouvés sans armes sont fusillés sur ordre du général Huché ».

Ancienne église des Lucs

Ancienne église des Lucs

Chœur Montjoie – La Complainte des Lucs ( extraits )  :

Quand le vaillant Barbette revint des combats,

dans sa paroisse muette, régnait le trépas ;

la douleur saisit son âme, et tout angoissé,

il revit l'atroce drame qui s'était passé.

Mais, comprenant la victoire de tous ses enfants,

il fit léguer à l'Histoire leurs noms triomphants ;

tous ces noms que chacun porte chez nous, dans l'Honneur,

à tous, qu'ils ouvrent la porte du divin bonheur !

Ainsi moururent nos pères, au jour de jadis,

afin que leurs fils espèrent dans le paradis,

pour mériter leur suffrage, sachons imiter

leur intrépide courage, leur fidélité.

Les petits gars de Vendée ont versé leur sang,

comme ceux de la Judée, pour Jésus naissant.

Tout en chantant leur histoire, Vendéens, prions

pour qu'un jour la même gloire couronne leurs fronts.

Massacre des Lucs sur Boulogne. Détail vitrail de Fournier, à la chapelle du Petit-Luc, 1902.

Massacre des Lucs sur Boulogne. Détail vitrail de Fournier, à la chapelle du Petit-Luc, 1902.

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21 février 2017 2 21 /02 /février /2017 14:05

Invité de Léa Salamé dans l'émission "Stupéfiant !" le 20 février , Alain Finkielkraut, particulièrement inquiet par la vision portée par le livre "L'histoire mondiale de la France" écrit par 122 historiens sous la direction de Patrick Boucheron, accuse ses auteurs d'être "les fossoyeurs du grand héritage français".

 

De "La défaite de la pensée" (un livre de rupture publié en 1987 contre la culture de masse, contre le multiculturalisme, contre le système éducatif et pour lequel il a été qualifié de "réac"), à son élection à l’Académie Française, il retrace son parcours intellectuel dans le magnifique cadre de l’Académie.
 

"L'histoire mondiale de la France" - Alain Finkielkraut : "les fossoyeurs du grand héritage français"

Extrait:

 

"Oui, ce livre me fait peur, plus encore que cela ne m'irrite. 'L'histoire mondiale de la France'.... Je me suis rapporté à l'index et j'ai vu que les écrivains qui ont contribué à faire la France, Rabelais, Racine, La Fontaine, Molière, Marivaux, Proust n'y figuraient pas. Et je me suis demandé pourquoi ? Et j'ai peu à peu compris que ce qu'on nous présente comme une somme érudite est en fait une entreprise idéologique. C'est-à-dire qu'il ne faut pas que la France soit un sujet historique, soit même une expérience partagée, la France c'est une succession d'aléas et rien de plus. [...] Levinas a dit que la France était 'ce pays auquel on peut s'attacher par le coeur et par l'esprit aussi fortement que par les racines.' Et ce que je reproche à ce livre c'est de rendre un tel attachement impossible, puisqu'au bout du compte la France n'est plus rien, plus rien de consistant, plus rien de substantiel, elle est amputée de toutes ses merveilles !... J'aurais aimé qu'il soit question de Beckett, de Ionesco, de Cioran, j'aurais aimé qu'il soit question du plus grand trésor que la France puisse offrir.... Pourquoi cette absence qui crève les yeux ? La littérature n'est pas là, la peinture française est absente ! On aurait pu souhaiter la présence de Bonnard, de Vuillard, Géricault, Delacroix... Ce n'est pas une question de référence, c'est une question d'optique. C'est une façon de dire on en finira avec la xénophobie le jour où on prouvera que la France n'est rien de consistant. Je trouve cette perspective dangereuse, et désolante. C'est ridicule....

Je vous ai cité Levinas, j'ai lu dans le Monde que ce que représentait cette Histoire mondiale de la France, c'est la vision de la France comme une société ouverte face à une société fermée. Une société fermée c'est la France de Maurras, qui dans 'L'Avenir de l'intelligence' prend ce vers de Racine, 'lieux charmants où mon coeur vous avait adorée', dans Bérénice, et il dit qu'un critique juif, même érudit, même pénétrant ne peut pas comprendre ce que cette façon de parler a de simple, d'émouvant et de beau *. La voilà la 'France fermée'. Or, Levinas, justement, était quelqu'un qui a su admirer Racine. Et l'absence de Racine dans cette Histoire mondiale de la France me fait infiniment souffrir. Et ce qui me fait plus souffrir encore, c'est qu'aujourd'hui, au nom du combat contre l'identité, on confond la France de Levinas et la France de Maurras. Je souffre abominablement de cette confusion".

 

En fin d'entretien, l'Académicien donne une définition de l'art : "l'Art, pour moi c'est ce qui m'aide à mieux voir, à mieux comprendre, et à mieux entendre". (Fin de citation)

 

* Le texte exact de Maurras est :

On dit que la culture passe de droite à gauche, et qu'un monde neuf s'est constitué. Cela est bien possible. Mais les nouveaux promus sont aussi des nouveaux venus, à moins qu'ils ne soient leurs clients ou leurs valets, et ces étrangers enrichis manquent terriblement, les uns de gravité, de réflexion, sous leur apparence pesante, et les autres, sous leur détestable faux vernis parisien, de légèreté, de vraie grâce. Je trouve superficiel leur esprit si brutal ! Si pratiques, si souples, ils laissent échapper le cœur et la moelle de tout. Comment ces gens-là auraient-ils un goût sincère pour nos humanités ? Qu'est-ce qu'ils peuvent en comprendre ? Cela ne s'apprend point à l'Université. Tous les grades du monde ne feront pas sentir à ce critique juif 5 [ Il s'agit certainement de Marcel Schwob. (n.d.é.)], d'ailleurs érudit, pénétrant, que dans Bérénice, « lieux charmants où mon cœur vous avait adorée » est une façon de parler qui n'est point banale, mais simple, émouvante et très belle.

Charles Maurras, L'Avenir de l'Intelligence (1905)

Si la critique de Finkielkraut de ce livre "l'Histoire mondiale de la France" est juste, en revanche il nous semble que l'attaque de Maurras est plus faible sur ce point de la "France fermée" (sic) contre une vision d'une "société ouverte" (celle de Levinas) (resic). Finkielkraut, en effet, oublie ce que la culture d'un pays peut avoir d'enraciné et d'antique et qu'un catholique, même érudit, exilé en Israël par exemple, pourrait ne pas comprendre de textes très fortement imbibés de culture juive. De sorte qu'ici, par sa distance ou cette incompréhension vis-à-vis de ce que la culture française peut avoir d'ancien et de propre, Finkielkraut rejoint finalement la vision mondialisante d'un Emmanuel Macron déclarant récemment qu'"il n'y a pas de culture française"... Ce négationnisme culturel ne rejoindrait-il pas finalement la vision des "fossoyeurs du grand héritage français" que l'Académicien dénonce par ailleurs à juste titre ? Encore un effort et sans doute Alain Finlielkraut rejoindra définitivement le camp des "réacs" !

 

Quant à nous, l'idéologie ne pouvant pas détruire des faits (historiques, culturels, religieux), un tel livre présentant non pas une "histoire de France" mais constituant une entreprise idéologique ne peut pas nous faire peur. Le Patriciat des faits finit toujours par l'emporter sur le Marais des idéologies. La nature a horreur du vide.

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18 février 2017 6 18 /02 /février /2017 23:50

La France n’a pas colonisé l’Algérie. ELLE L’A FONDÉE.

Ferhat Abbas

En cette période anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, un rappel historique de ce que fut l’Algérie du 19 et 20° siècle est nécessaire. Je suis en accord sur la partie historique de l’arrivée des français sur le sol du Maghreb, l’Algérie en tant qu’état n’existait pas à cette époque, comme le disait Ferhat Abbas la France a créée l’Algérie, état moderne.

 

Tout ce qu’a fait notre pays ne mérite pas de repentance

 

 

PARDON DE QUOI, …… ?

 

Pardon d’avoir débarqué en 1830 à Sidi-Ferruch pour chasser le colonisateur ottoman qui affamait depuis plusieurs siècles les ancêtres du mafieux président algérien devant lequel il envisage de se prosterner, pillant leurs maigres biens et les réduisant à la famine et à la maladie ?

 

Pardon d’avoir libéré les esclaves chrétiens européens, ravis sur les bateaux croisant en Méditerranée, entassés dans des bouges pour satisfaire les bas plaisirs des potentats locaux ?

 

Pardon d’avoir défriché, drainé, asséché et fertilisé un sol à l’abandon depuis des siècles et d’avoir perdu à l’époque 106 « colons » sur 450, morts de maladie en Mitidja ?

 

Pardon d’avoir construit des villes modernes là où il n’y avait rien ?

 

Pardon d’avoir créé une agriculture prospère et exportatrice, alors qu’aujourd’hui l’Algérie doit importer des produits de la terre ?

 

Pardon d’avoir créé une industrie métallurgique là où il ne se trouvait que des cailloux ?

 

Pardon d’avoir construit 12 grands barrages ?

 

Pardon d’avoir implanté un immense réseau de postes et de télécommunication ? …… d’avoir développé l’hôtellerie et le tourisme ? …… d’avoir créé une industrie chimique, développé le gaz et l’électricité ?

 

Pardon d’avoir installé un réseau ferroviaire considérable et 54000 kilomètres de routes (non compris les pistes) ?

 

Pardon d’avoir construit 23 ports, 34 phares, 23 aéroports, …… ?

 

 

Pardon d’avoir livré des gisements de gaz et de pétrole, installations d’exploitation comprises, à un pays qui ne s’était jusque là jamais intéressé au Sahara ?

 

Pardon d’avoir apporté aussi la médecine, les nombreux dispensaires et hôpitaux et d’avoir permis à 2 millions d’autochtones qu’ils étaient en 1872 d’avoir 9 millions de descendants en 1962 ? …… d’avoir éradiqué la peste, le choléra, la variole, le typhus et bien d’autres joyeusetés du même acabit ?

 

Pardon d’avoir apporté l’enseignement ? …… ce qui fit dire à Belkacem Ibazizen, fils d’un instituteur kabyle : « La scolarisation française a fait faire aux Arabes un bon de mille ans ! » ?

 

ET PUIS QUOI ENCORE ?

 

Sur un million de Pieds Noirs, 20000 seulement étaient des « colons » dont 40% exploitaient moins de 10 hectares. Les 12000 autres (45000 en comptant leurs familles) ne représentaient que 4,5% du total de la population Pied Noir ! …… Les 95,5% restants étaient des ouvriers, des employés, des techniciens, des fonctionnaires, des commerçants, souvent bien moins payés qu’en métropole !

 

Si le prétendant socialiste à la magistrature suprême lisait autre chose que des fiches résumées, …… comme par exemple les livres de l’écrivain algérien Boualem Sansal, il pourrait, tout comme vous, découvrir qu’il a écrit :

 

« En un siècle, à force de bras, les colons ont, d’un marécage infernal, mitonné un paradis lumineux. Seul l’amour pouvait oser pareil défi, … Quarante ans est un temps honnête, ce nous semble, pour reconnaître que ces foutus colons ont plus chéri cette terre que nous, qui sommes ses enfants. »

 

C’est également lui qui écrivait déjà avec lucidité :

« Trente ans après l’indépendance, nous voilà ruinés, avec plus de nostalgiques que le pays comptait d’habitants et plus de rapetoux qu’il n’abritait de colons. Beaucoup d’Algériens regrettent le départ des Pieds Noirs. S’ils étaient restés, nous aurions peut-être évité cette tragédie. »

 

Il rejoint en cela la journaliste Malika Boussouf qui écrit également :

« Si les Pieds Noirs n’étaient pas partis en masse, l’Algérie ne serait peut-être pas dans l’état désastreux dans lequel elle se trouve. »

 

Dans les fiches résumées du prétendant, lui en a-t-on seulement glissé une qui lui aurait permis d’apprendre par exemple, au hasard, que :

¤ Ferhat Abbas, président de la république algérienne, du temps du G.P.R.A., avait reconnu :

 

« La France n’a pas colonisé l’Algérie. ELLE L’A FONDÉE. »

 

¤ C’est le 14 octobre 1839, et par décision du ministre de la guerre, que le nom ‘’Algérie‘’ fut attribué pour la première fois à cette partie de l’Afrique du Nord. Il n’y a jamais eu auparavant dans l’Histoire de pays ainsi nommé !

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24 janvier 2017 2 24 /01 /janvier /2017 13:08
Maxence Hecquard - Les fondements philosophiques de la démocratie moderne, 3e et dernière édition

Maxence Hecquard - Les fondements philosophiques de la démocratie moderne, 3e et dernière édition

Il semble que sur tous les sujets qui concernent aujourd'hui la vie concrète des Français, l'objectif n° 1 de nos politiques est d'ignorer systématiquement l'opinion majoritaire de leurs concitoyens. Les exemples sont nombreux. Citons-en trois : Nicolas Sarkozy passant par-dessus le vote négatif du référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen, renvoyé devant le parlement et ratifié par lui; l'immigration et le contrôle des frontières; la vote de la soit-disant "loi" sur le "mariage" dit "pour tous"; la loi travail adoptée au 49.3 par Manuel Valls en mai 2016.

La véritable nature de la démocratie moderne est d'être totalitaire.

"La qualité propre de chaque chose... ne lui vient pas du hasard, écrit Platon dans le Gorgias, elle résulte d'un certain ordre, d'une certaine justesse et d'un certain art, adaptés à la nature de cette chose" (Gorgias, 506 d).

Au XIXe siècle, le libéralisme sera le "renoncement à penser la vie humaine selon son bien ou selon sa fin" (Pierre Manent).

L'ordre naturel et divin nié, il ne restait plus qu'un horizontalisme désenchanté, où l'individualisme permettra à chacun de définir le bien selon l'idée qu'il s'en fait et non plus en fonction d'un ordre naturel extérieur qu'il s'agissait de respecter pour réaliser sa fin. Une religion en a chassé une autre.

La démocratie est devenue aujourd'hui une valeur sacrée, une véritable religion. Un moyen et une fin horizontale.

 

Dans un ouvrage passionné, passionnant [...] où toute l'histoire de la pensée politique moderne et contemporaine est citée à comparaître " (P. Magnard), Maxence Hecquard revisite les fondements et la genèse de cette religion séculière. L'antique ordre du monde s'est écroulé. La mort de Dieu, définitive depuis Darwin, fait place à un Etat de droit fondé sur une.. vérité scientifique : le progrès. Qui contesterait un tel régime ? La cohérence remarquable du système apparaît ainsi à l'énoncé de la métaphysique sous-jacente : celle d'un univers en évolution peint par Condorcet et Teilhard de Chardin, mais véritablement pensé par Kant, Hegel et Darwin. La démocratie est le moment politique de ce "progrès". Hasard et liberté, droit et morale, intérêt et bien commun forment désormais autant de couples indissolubles. Le lien social devient essentiellement économique...

 

Source: Présentation du livre sur Amazon

Maxence Hecquard, Les fondements philosophiques de la démocratie moderne (préfaces de Pierre Magnard et Edouard Husson), 2007, 2e éd. François-Xavier de Guibert

Maxence Hecquard, Les fondements philosophiques de la démocratie moderne (préfaces de Pierre Magnard et Edouard Husson), 2007, 2e éd. François-Xavier de Guibert

Dans une video du "Cercle de l'Aéropage", l'auteur de l'ouvrage, Maxence Hecquard, DEA de philosophie (Sorbonne), aborde le sujet du livre avec son préfacier le philosophe Pierre Magnard, professeur émérite à la Sorbonne, et lauréat du Grand Prix de Philosophie de l'Académie française.

 

L'auteur postule que toute politique repose sur une métaphysique dont les hommes politiques, hommes d'action plus que de pensée, sont largement inconscients. Son objet est de faire la lumière sur cette métaphysique obscure, de montrer sa cohérence, et son opposition à celle à laquelle il adhère, étant personnellement aristotélicien et thomiste.

Ses positions ne sont nullement plus “archaïques” que celles de ses adversaires fidèles du “Hasard”, de la “Nécessité” et de l'“Évolution” dont les prédécesseurs sont Epicure, Lucrèce et les présocratiques.

Les orientations métaphysiques possibles ne sont pas en nombre infini et ce sont toujours les mêmes qu'au cours des siècles, les penseurs repensent et reformulent à la mode de leur époque, non sans en tirer des conséquences nouvelles.

 

L'ouvrage, qui comporte 73 points, sortes de monographies réparties en 6 chapitres, augmentés d‘une vaste bibliographie classée et d'un index des noms, pourrait facilement, servir de base à un cours de philosophie en 73 conférences.

 

Dans l'introduction, l'auteur montre que la démocratie “moderne” n'a à peu près rien à voir avec les démocraties antiques (qui respectaient un ordre de la nature extérieur à l'homme qu'il s'agissait de découvrir et auquel chacun devait se conformer. NdCR.)

La première partie intitulée “observer” sera une enquête sociologique, examinant le phénomène “démocratique” dans tous ses détails. Depuis 1945, la démocratie, idéologie des vainqueurs de la seconde guerre mondiale, n'est plus aujourd'hui un régime politique parmi d'autres possibles et acceptables, mais un régime obligatoire à prétentions universelles.

La seconde partie, intitulée “comprendre”, enquête philosophique, consistera à remonter la machine pour en montrer la cohérence et les fondements. Donc, tout commence au XIVe s. avec la grande révolution nominaliste et continue avec Hobbes, Rousseau, Kant et quelques autres. Nous voilà débarrassés de l'idée d'un ordre de la nature voulu par un Premier Moteur intelligent où chaque être a sa finalité propre, et nous pouvons constituer une science purement empirique, libérée de toute perspective théologique, assurant à l'homme une grande maîtrise de la nature. Tout cela ne va pas sans effets pervers qui se développent au cours des siècles : individualisme, liberté laissée à la subjectivité de chacun (la liberté" de définir le bien et le mal chacun selon l'idée qu'il s'en fait du pape François NdCR.), liberté limitée uniquement par l'intérêt de ses semblables et égaux, et par la loi votée par des “représentants”. La loi devient le seul critère de moralité qui ne soit pas subjectif..., et la Démocratie, obligatoire et universalisable, prend le caractère d'une nouvelle religion. Que deviennent, dès lors, les religions traditionnelles et révélées ? Selon Kant, elles sont une sorte de parabole, étape de l'évolution de l'humanité lui permettant de s'élever, par une sorte de décantation, à une religion naturelle universellement intelligible, valable pour le monde entier. Maxence Hecquard n'a pas de peine à montrer le caractère kantien des textes du concile Vatican II sur la liberté religieuse, et du ralliement de l'Église à la religion démocratique. (p.354-369)


Frontispice du livre « Leviathan » de Thomas Hobbes (1651) décrivant l'état moderne. Leviathan - Rex Mundi (Roi de la Terre), le Démiurge, Satan - porte une couronne, il brandit une épée (le symbole du pouvoir temporel), et une crosse (le symbole de l'autorité religieuse). C'est l'essence de la règle de Satan, religieuse, militaire et tyrannique. Au-dessus de Leviathan est une inscription latine du livre de Job (41, 24-25): Non est potestas super-terram quae comparetur ei: "Il n'est sur terre aucune puissance qui lui soit comparable" Dans la pratique, sur le plan social, pour les individus concrets, on aboutit à une société marchande où le conflit entre liberté et égalité ne peut se résoudre, toujours provisoirement, que par la croissance économique permettant de distribuer toujours plus de richesses. L'auteur compare ce système au Léviathan du livre de Job, ce monstre “auquel aucune puissance sur terre ne peut être comparée”, qui a déjà fourni son titre à Hobbes et a toujours été assimilé au Diable. (Source: Librairie catholique)

 

"Saint Albert le Grand, dans son Commentaire de Job III, 8, déclare que le Leviathan symbolise Satan. Saint Thomas l'affirme pareillement dans sa Somme théologique (3a, 8, 7, c.)" (Maxence HECQUARD, Les fondements philosophiques de la démocratie moderne, 3e édition, Pierre-Guillaume de Roux, Préface de Pierre MAGNARD, Paris 2016, p. 422.)

 

De l'érudition, du courage et de l'intelligence il en faut pour écrire un tel livre. Libérée de Dieu, la société (occidentale) s'est jetée dans une nouvelle religion sans spiritualité fondée sur la vérité "scientifique", le "progrès" etc. Revisiter l'histoire de la pensée politique à l'aune de ce constat nous amène aussi bien à Darwin, Lucrèce, Empédocle d'Agrigente qu'à Marx ou Aristote. Mais ce n'est ni lassant ni pédant, Maxence Hecquard utilisant un langage précis et clair, loin du style philosophico-pompeux.

 

Le livre aborde aussi les méfaits de la démocratie, comme le droit d'ingérence militaire ou la religion des droits de l'homme qui se mue en entité d'obédience totalitaire. On dit parfois que la démocratie est le meilleur des régimes...faute de mieux.

 

Source: Commentaires du livre sur Amazon

La video de Maxence Hecquard qui présente son livre :

Extrait :

 

Pierre Magnard : "Ce livre de M. Maxence Hecquard, j'oserai me l'approprier en disant que mes meilleurs livres, ce sont mes élèves qui les ont écrit !

Nous avons en effet dans l'oeuvre de M. Maxence Hecquard un livre désormais incontournable. La démocratie, c'est le leitmotiv de tous nos politiques, moralistes, voire théologiens aujourd'hui, on a droit à cela tous les jours. Mais sait-on seulement ce que le mot veut dire ? Sait-on seulement si la monnaie que l'on fait circuler est en quoique ce soit fiable ?

Je ne trouve dans notre littérature contemporaine qu'un livre qui ait fait la généalogie de l'idée moderne de démocratie à partir de l'Antiquité et qui essaie d'en comprendre aujourd'hui l'usage, le succès, l'imposture. C'est le livre de Maxenxe Hecquard. A l'origine, il y avait une thèse en Sorbonne, que j'avais l'honneur de diriger. Au terme, il y eut bien plus : un livre qui en est à sa troisième édition, car il est devenu l'ouvrage incontournable, l'ouvrage de référence, le seul ouvrage qui nous permette d'y voir clair. Il ne s'agit pas d'un pamphlet, il ne s'agit pas d'un procès de la démocratie; il s'agit de prendre celle-ci dans toute son ancienneté, de la reprendre dans son origine grecque, de retrouver la démocratie athénienne, celle de Périclès, de voir comment elle fut  contournée, dérobée, détournée, subvertie, et de montrer à quelles falsifications elle a pu donner lieu à travers les siècles pour en venir jusqu'à notre actualité.

C'est tous les jours qu'on nous rabat les oreilles de la démocratie par-ci la démocratie par-là. Il faudrait savoir de quoi il en retourne, savoir ce que c'est, et c'est là justement que le travail énorme accompli par Maxence Hecquard, qui de plus a une formation juridique, est très éclairant à ce propos. Je ne vois rien d'autre à comparer.

Par le passé, certes, on peut renvoyer à la Démocratie en Amérique de Tocqueville, qui représenta un moment de la conscience européenne. Mais, hors de cette référence qui reste une référence obligée, il n'y a rien eu qui tira au clair ce prestige qu'exerce encore sur tous les esprits le mot démocratie : quand on a dit démocratie, il semble qu'on ait invoqué la Loi et les prophètes. Au nom de la démocratie on peut tout justifier [NdCR. Ex: la "croisade de la démocratie" de Bush en Irak sur la base du mensonge des fioles de Colin Powell prouvant l'existence d'armes de destructions massives dans ce pays. Depuis, l'emploi du mot démocratie est discrédité aux Etats-Unis]. Ce qui est contre la démocratie est nécessairement diabolique, pour ne pas dire démoniaque, et dès lors la démocratie fait la loi. Mais qu'est-ce que cette démocratie? A entendre les politiciens, c'est sur le mode incantatoire qu'ils invoquent la démocratie. C'est une sorte d'invocation purement verbale. Il faudrait en finir avec cette logorrhée et essayer de penser une bonne fois ce que cela peut être, si nous voulons, nous en 2017, échapper une fois de plus à la subversion qu'on nous impose, au nom d'une sacro-sainte démocratie, dont on ne sait pas ce qu'elle est.

J'ai tenu à préfacer ce livre, cette préface m'honorant, beaucoup plus qu'elle n'honore l'auteur de l'ouvrage." (Pierre Magnard.) 

Maxence Hecquard :

 

C'est une référence désormais universelle. Personne n'ose se dire contre la démocratie. Même nos papes en font l'apologie. Hors, la démocratie, qu'est-ce que c'est ? Lorsqu'on fait une étude de vocabulaire, on s'aperçoit que ce n'est pas qu'une question de politique. Lorsqu'on dit que tel club de tennis n'a pas un accès très démocratique, mais qu'est-ce que cela veut dire? Lorsqu'on dit que tel vêtement, un blue jean, est plus démocratique qu'une cravate, qu'est-ce que cela veut dire? Donc on voit bien que le concept dépasse amplement la sphère politique.

 

La démocratie, aujourd'hui, présente tous les traits de ce que les philosophes ont appelé des idéologies.

 

Une idéologie, selon la définition de Raymond Aron, c'est "un ensemble de propositions de fait et de jugements de valeur". Et effectivement, la démocratie se dit fondée sur un certain nombre de faits. Par exemple: la souveraineté du peuple, le fait que la Révolution française ait été un véritable mouvement populaire, d'un peuple qui souhaitait se libérer des 'tyrans' que constituaient les rois de France. C'est considéré comme un fait historique. Aujourd'hui encore que le peuple dirige, que le peuple peut diriger. Et puis à côté de cela, on constate qu'il y a énormément de valeurs, qui sont des éléments de nature morale, comme le disait Nietzsche, mais qui sont sans rapport direct avec les propositions de fait. Alors qu'est-ce que les valeurs de la démocratie ? Vous les connaissez, c'est 'liberté, égalité, fraternité'. Mais cela va bien au-delà. On va dire aujourd'hui que la rigueur scientifique est une valeur démocratique, que la nature est une valeur démocratique, et on va mettre énormément de choses là-dedans.

 

En réalité, la démocratie est un système de valeurs.

 

Maritain nous dit que (la démocratie) c'est une "philosophie générale de la vie humaine".

Et l'on constate que la démocratie est devenue hégémonique à un moment précis de l'histoire, tout simplement après la Seconde guerre mondiale, en 1945. La démocratie, de fait, devient une référence obligée. Alors, vous connaissez peut-être cette anecdote de la correspondance entre le général de Gaulle et René Cassin et le général de Gaulle ne voulait pas utiliser le mot démocratie, parce qu'il disait "nos militants se méfient de la démocratie." Parce que pour eux, la démocratie, c'était la IIIe république, un régime de corruption, un régime où les gouvernements changeaient tout le temps, et ils se disaient "ce n'est pas une bonne chose de se référer à la démocratie dans le combat que l'on mène contre le nazisme." Et, pourtant, de Gaulle va engager Jacques Maritain (1882-1973) pour rendre ce concept de démocratie populaire. Et Maritain va écrire un livre sur la démocratie, qui va être publié par les services américains, et parachuté en France en 1942 de manière à faire basculer l'opinion, qui à l'époque était majoritairement pétainiste, et pour accoutumer, les Français, notamment un peu catholiques avec ce concept de démocratie. Maritain, vous le savez, sera nommé par de Gaulle, ambassadeur à Rome, et il deviendra très proche du pape Paul VI (1963-1978), et il aura une influence très importante sur le Concile Vatican II. Et donc vous voyez, la démocratie, elle devient hégémonique après la IIe Guerre mondiale.

 

A partir de ce moment-là, sans que personne ne s'y réfère plus, s'y j'ose dire. Alors si on veut aller plus, qu'est-ce qu'il y a derrière cette idéologie ? Parce que l'idéologie, il y a forcément quelque chose derrière, il y a forcément une espèce de conception de la nature, ce que les philosophes appellent une métaphysique, c'est-à-dire une vision du monde. Il est essentiel pour nous de cerner quelle est la métaphysique sous-jacente à la démocratie.

 

Tout d'abord, il faut bien prendre conscience que la démocratie (et je crois que cela fait partie de son essence) est une négation. La Révolution française qui marque en quelque sorte la naissance de la république dans notre pays en Europe et dans le monde, la Révolution française qui donc marque la naissance de la démocratie comme régime hégémonique est une négation. Et la négation de quoi ? Tout d'abord la négation de l'Ancien Régime, une négation de l'Ancien ordre. Une négation de ce que Aristote a appelé les "communautés naturelles". Qu'est-ce que c'était que les communauté naturelles ? Le livre De La Politique d'Aristote, nous explique que le monde s'organise autour des familles, que les familles constituent des villages, que les villages constituent eux-mêmes des Etats, et il y a ainsi un système de poupées russes, si j'ose dire. Et Aristote nous explique que ce sont des créations de la nature. Et tout l'Ancien Régime était organisée autour du respect de ces communautés naturelles qui existaient en tant que telles.

 

La Révolution française va balayer tout cela. Vous le savez tous, ces premières lois consisteront à abolir toutes les associations, à autoriser le divorce, à évidemment nier les nations, et aujourd'hui, force est de reconnaître que la démocratie dans laquelle nous vivons ne reconnaît plus ces communautés naturelles comme des entités juridiques ayant un poids en tant que telles. Vous savez que le mot famille, qui certes, est utilisé légèrement dans le code civil mais n'apparaît pas dans nos constitutions, il apparaît dans certaines déclarations de l'O.N.U., mais de façon extrêmement ténue. Et force est de constater que toute la législation dans les démocraties aujourd'hui est entièrement dirigée, je ne vais pas m'appesantir là-dessus, vous le savez parfaitement, contre les structures familiales, contre les structures de nations. Aujourd'hui, on n'ose même plus parler de nations, c'est suspect. Parce que, qui dit nation, dit nationalisme, qui dit nationalisme, dit extrême-droite, qui dit extrême-droite dit ennemi de la démocratie. Donc vous voyez bien, que toutes ces communautés naturelles ont été combattues par la démocratie. Alors, pour être remplacées par quoi ? Et bien, pour être remplacées parce que les philosophes ont appelé l'individualisme. Qu'est-ce que c'est que l'individualisme ? L'individualisme, c'est précisément n'appartenir à aucune communauté, être un individu. Rousseau nous dit que l'homme est un tout parfait et solitaire, c'est-à-dire qu'il se suffit à lui-même, qu'il n'a pas besoin pour vivre d'appartenir à une famille. Sous l'Ancien Régime, on se définissait essentiellement par l'appartenance à sa famille. C'est pour cela qu'on disait "je suis le fils de Jean", "je suis le fils de Pierre". Et on retrouve cela dans les noms (Peterson, fils de Pierre; Simon Bar-Jona, fils de Jonas). La définition de l'être humain se fixait par l'appartenance à une lignée. Il n'y a plus rien de tout cela aujourd'hui. On choisit son nom, et l'individu né dans une famille, qui très souvent est recomposée, et donc dénuée de toute stabilité. Et l'individu va lui-même fonder plusieurs familles au cours de sa vie, avoir des enfants avec plusieurs conjoints, et ensuite il laissera derrière lui une postérité qui portera ou ne portera pas son nom. Donc la démocratie, en fait, s'adresse (et le régime politique) à des individus et non plus à des communautés.

 

http://www.univ-montp3.fr/pictura/Images/A/1/A1828.jpg Alors, me direz-vous, comment est-ce possible ? Hé bien, Rousseau, et le mouvement des Lumières, nous explique que les communautés naturelles n'existent pas, puisque la nature ne créée par des communautés, mais les hommes sont (c'est tout la peinture de Jean-Jacques Rousseau) nés dans la forêt et vivent dans la forêt.

 

Et un jour ils ont simplement décidé, pour des raisons essentiellement économiques, pour protéger une sorte de propriété qui les arrangeait, ils ont décidé de constituer un contrat. Qu'est-ce que c'est que ce contrat? Ce contrat, c'est un accord, donc c'est de nature contractuelle (qui dit contractuel, cela veut dire un accord commutatif), un accord bilatéral, multilatéral ou où se met d'accord pour respecter un certain nombre de lois, et pour éviter quelque part les conflits.

 

Alors, voilà le système du "Contrat social". Et ce contrat social est souverain.

Qu'est-ce que cela veut dire qu'il est souverain? Cela veut dire que la souveraineté, c'est le fait de ne pas avoir de chef au-dessus de soi. On nous dit que la souveraineté populaire, c'est le peuple qui décide de sa propre loi. Mais il y a là une contradiction profonde qu'on ne relève pas. Si l'on est souverain, on n'a pas besoin de loi. Quand on est souverain, on fait la loi. Donc, si la Souveraineté populaire c'est d'être soumis à la loi que l'on se donne, c'est contradictoire. Pourquoi le peuple, s'il est Souverain, se donne-t-il des lois ? Nous allons voir pourquoi.

Les philosophes nous expliquent que le peuple est souverain, mais tous les philosophes reconnaissent que le peuple ne sait pas gouverner. Montesquieu, le premier nous dit "le peuple est incapable de gouverner les affaires". Soit il va trop vite, soit il va trop lentement. Et, nous dit Montesquieu, il ne sait faire qu'une chose, c'est désigner de bons gouvernants, mais il ne sait pas gouverner lui-même. Et le professeur Magnard a parlé de Tocqueville.

http://t2.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcRJ08Rnvmi3Xd46HmfW8mlKbxy3-0odjJFf-tDqvN8eDlGTebtQ&t=1 Mais Tocqueville, qui n'a pas étudié la démocratie dans des livres, qui l'a étudiée aux Etats-Unis où elle existait à son époque, nous dit "le peuple est incapable de choisir de bons gouvernants".

 

Ha bon ? Alors, ce "peuple souverain" est incapable de gouverner, il est incapable de choisir de bons gouvernants, comment est-ce que cela fonctionne ?

 

On nous explique : "cela fonctionne en fonction de la représentation populaire", "le peuple choisit". Mais cette représentation populaire, Rousseau la rejette. Rousseau nous dit : "la souveraineté ne peut pas être déléguée".

Ceux qui parmi vous qui ont des enfants savent que la paternité ou la maternité, cela ne peut pas se déléguer. Vous avez des enfants, "vous pouvez leur dire, fais ceci, fais cela, je te donne quelque part la possibilité tout seul sur tel et tel point". Mais vous ne pouvez pas abandonner votre paternité. Si il y a un problème, ils reviendront vers vous pour avoir la solution. La souveraineté c'est exactement la même chose. Vous ne pouvez pas déléguer votre souveraineté, le fait de ne pas avoir de chef au-dessus de vous, vous ne pouvez pas le déléguer à quelqu'un d'autre (c'est ce que nous dit Rousseau).

Il (Rousseau) nous dit de même, "la souveraineté ne peut pas se diviser".

Or, on nous dit que la souveraineté est divisée en pouvoir législatif, en pouvoir exécutif, et en pouvoir judiciaire.

Qu'est-ce que cela veut dire d'être souverain si on n'est souverain que sur un point particulier et pas sur le reste ?

Donc, vous voyez que la démocratie est en réalité pleine de ces contradictions.

 

Tout ce que je vous dis n'est pas très original. Je n'ai pas inventé tout cela. Beaucoup d'autres penseur l'on dit [1], et sans doute beaucoup mieux que moi. Mais je pense qu'il est nécessaire de faire ces quelques rappels pour comprendre ces contradictions.

 

Alors, en réalité, nous savons bien que le peuple ne gouverne pas. Nous savons bien que nous ne gouvernons pas. Nous savons bien que notre pays est gouverné par une élite [2], que cette élite se reproduit. On peut estimer que l'élite est plus ou moins bonne à son poste, mais néanmoins, cela n'est pas un hasard, si tous les hauts-fonctionnaires sortent des mêmes grandes écoles, si tous les capitaines sortent des mêmes écoles, si leurs enfants héritent bien souvent des fonctions de leurs parents, l'élite s'auto-reproduit. C'est un fait, cela a été observé dans tous les pays, et plus particulièrement dans les démocraties. Or, cette élite, elle est intimement convaincue, persuadée de sa supériorité. Elle sait qu'elle gouverne, mais sauf qu'elle doit respecter le jeu démocratique. Elle doit dire "je suis soumise à la démocratie populaire". Et bien souvent, cette élite méprise le peuple. Néanmoins, elle se plie à la souveraineté. Il y a là une sorte de mensonge. Et je crois qu'il ne faut pas hésite à la dire : il y a dans la souveraineté populaire un mensonge. On dit que le peuple gouverne, alors qu'il ne gouverne pas. Alors voilà lorsqu'on observe de façon très superficielle et très rapide ce qu'est la démocratie, voilà à quoi nous arrivons. Nous arrivons à des contradictions, des contradictions logiques, nous arrivons à la négation de tout ordre naturel. Et nous arrivons à une espèce de mensonge. Alors comment expliquer cela ?

 

Il y a une raison à tout cela, il y a une logique à tout cela. La démocratie, nous allons le voir, est extrêmement cohérente au-delà de ses contradictions.

Pour essayer de comprendre ce système, je pense qu'il faut tenter de se mettre dans l'esprit de nos contemporains. Quels sont les choses, les vérités auxquelles nos contemporains croient le plus ? Et bien, je pense que nos contemporains, nous tous, ce qui nous paraît le plus solide, c'est ce que l'on a appelé les sciences, les sciences dures, le CNRS, les laboratoires, la chimie, la physique, toutes ces sciences dites dures qui de fait, ont été absolument indispensables dans le progrès technologique, que nous constatons et qui  sont jugés comme des éléments absolument incontestables du monde moderne.

Or, cette hégémonie de la science n'est pas tout à fait nouvelle. Descartes lui-même dans son "Discours de la méthode" nous dit que les hommes vont se rendre maîtres et possesseurs de la nature. Et au XIXe siècle, on a vu fleurir un espèce de scientisme, c'est-à-dire une sorte d'idéologie, qui mettait les sciences expérimentales au-dessus de toutes les autres, alors que sous l'Ancien Régime, les sciences les plus nobles c'était la philosophie, la théologie, le droit, ce genre de choses.

 

L'épicurisme et le darwinisme, la croyance dans un monde en progrès

 

Alors que nous disent les sciences sur le monde dans lequel nous vivons ?

Charles Darwin 1880.jpg Hé bien les sciences, nous disent, depuis Darwin que le monde est en évolution. Et c'est jugé comme étant une vérité scientifique. Les hommes, dit Darwin, sont arrivés par hasard sur la surface de la terre, ils ont évolué, ils se sont organisés et ils ont connu un certain progrès technologique. Alors, évidemment cette théorie de Darwin correspond à la théorie de Rousseau (le "tout parfait et solitaire d'un homme sylvestre").

En réalité, cette théorie darwinienne qui est jugée scientifique, n'est pas nouvelle. Elle correspond à une philosophie très ancienne, c'est la philosophie d'Epicure (connu par son disciple Lucrèce) qui consiste à dire que le monde est arrivé par le hasard de la concrétion des atomes.

Or, aujourd'hui tout le monde se dit épicurien. Si vous entendez les philosophes qu'on lit dans le journal : Michel Onfray, Luc Ferry, André Comte-Sponville, tous se réfèrent à Epicure. On peut sourire, mais ce sont des philosophes que l'on doit estimer, il me semble, mais ils se réfèrent tout simplement à l'épicurisme, et pas uniquement pour des raisons hédonistes, plutôt pour des raisons cosmologiques. Nous allons y revenir.

 

Epicure a été redécouvert dans un monastère alsacien au début du XVe siècle. Et donc on a lu au travers du manuscrit de Lucrèce Sur la nature des choses, c'est-à-dire sur l'origine du monde; et de fait l'épicurisme est revenu en Occident par la conception du monde. On a commencé par s'interroger sur la question de l'infini du monde, est-ce que le monde, est-ce que le cosmos est infini ? Est-ce qu'avec nos téléscopes nous voyons toutes les planètes, est-ce que derrière la plus lointaine des planètes il y en a encore une derrière ? Est-ce que si nous montions dans un vaisseau spatial qui serait capable d'aller jusqu'à cette lointaine planète, est-ce que l'on peut dire qu'il y en aurait une autre derrière ? Et alors les philosophes ont butté sur cette difficulté qui est une difficulté en fait très ancienne, puisque déjà un ami de Platon, s'y était confronté, Archytas de Tarente, et il disait "le monde ne peut pas être fini parce que je pourrai toujours lancer mon javelot au-delà de la fin du monde". Donc le monde est infini. Et alors, si le monde est infini, nous dit-on, il y a de nombreuses planètes habitées, et de fait, Epicure, Lucrèce, nous disent qu'il y a plusieurs planètes habitées, et cette pluralité des mondes habités, va être très populaire dans la philosophie du XVII ou du XVIIIe siècle. Voyez le grand Emmanuel Kant, qui est l'un des principaux penseurs modernes. Son premier grand ouvrage, Le Traité du Ciel, développe toute une théorie de la pluralité des mondes habités. Et à la fin de sa vie, Kant, je crois en 1797, a écrit un petit traité Sur les lunes, où il reprend sa théorie sur les mondes habités. Et il considérait que toutes les planètes du système solaire étaient habitées. Et plus les planètes étaient proches du soleil, plus les gens étaient frustes, et plus elles étaient éloignées du soleil, plus les gens étaient développés, intelligents. Et, disait-il, les habitants de Vénus sont des singes, et les habitants de Saturne sont des Newton. Vous voyez que toutes ces questions cosmogoniques, sont devenues populaires à partir du XVIe siècle et ont progressé dans l'esprit des philosophes au XVIIe et XVIIIe siècle. Cela va également avec la théorie atomiste, qui va être popularisée par Gassendi au XVIIe siècle, Gassendi qui était professeur au Collège de France. Et avant Gassendi, je crois qu'il faut évoquer également la figure de Giordano Bruno, qui croyait à l'infini du monde, qui croyait à la pluralité des mondes habités, à l'atomisme, également. Donc, vous voyez que la vision, la perception du monde dans lequel du monde a complètement changé à partir de la redécouverte de Lucrèce et d'Epicure. Alors l'univers est désormais infini, il y a des mondes habités en grand nombre. Les êtres sont composés d'atomes qui sont réunis au hasard. Alors évidemment la Genèse est fausse. La première conclusion de tout cela, c'est que la Genèse est fausse. Et de fait, on va effleurer les prémisses du transformisme dès le XVIIe siècle. Cela n'est pas Darwin qui a inventé le transformisme, on y trouve les premières traces chez Vanini, qui écrit au tout début du XVIe siècle dans les années 1610 et il nous explique que les hommes sont issus du perfectionnement de la semence des guenons et des singes. Donc, vous voyez au début du XVIIe siècle, il y avait une théorie transformiste. On en trouve les traces dans Vanini, c'est quelqu'un qui écrit au tout début du XVIIe siècle, dans les années1610, et il nous explique que les hommes du perfectionnement de la semence des guenons et des singes. Et donc, vous, voyez, déjà au début du XVIIe siècle, il y avait une théorie transformiste. Cela se reprit au XVIIe siècle, par (et) les Lumières. Vous avez des gens comme Benoît de Maillet, qui publie de façon anonyme un ouvrage qui s'appelle le Telliamede (1755) (théorie sur l'histoire de la Terre qui influença les naturalistes des Lumières tels Lamarck et Darwin et rompit avec le mythe du déluge biblique. NdCR.), dans lequel il croyait aux sirènes, qu'il y avait des 'hommes marins', et, ambassadeur en Afrique, il colportait toutes les légendes d'Afrique, et il croyait qu'il y avait des 'hommes sylvains' : les hollandais ayant emporté d'Indonésie des Orangs-Outans, il considérait que les Orangs-Outans étaient des hommes sylvains. Et il pensait que les hommes étaient issus d'une certaine évolution. Ce sera repris par Diderot, qui dans Le Rêve de d'Alembert (1769) a des propos transformistes : il propose d'ailleurs, que les hommes s'accouplent aux animaux pour créer des races utilitaires. Il dit par exemple, que si les hommes s'accouplaient aux chèvres, on pourrait faire des domestiques très résistants et très utiles. [Maxence Hecquard précise dans son livre : "Le XVIIIe siècle est ainsi convaincu d'une chose : la Genèse est une fable. Les hommes et les singes ne sont pas si différents". (3e édition, p. 269). NdCR.]

 

Kant, va reprendre ces théories, et expliquer que la nature, en quelque sorte, se déploie, qu'elle progresse. Et comment cela ? Et bien, au hasard. Alors qu'est-ce que c'est que le hasard ? Vous avez dans Aristote, dans La physique, toute une théorie du hasard, qui est très profonde. Aristote dit que le hasard est simplement une causalité que l'on ne peut pas expliquer parce qu'elle est trop fine, elle est trop petite.Par exemple, quand vous jetez un dé, vous ne pouvez pas savoir quelle est la face qui va sortir parce qu'il y a trop de paramètres. Donc, vous ne savez pas si c'est un deux ou un six qui va sortir, parce que cela dépend du mouvement de la main, de la résistance de la table. Donc, c'est en dehors, nous dit Aristote, du domaine de la raison. Et donc, cela peut tout juste faire l'objet de probabilités, d'un raisonnement mathématiques de probabilités. Et le hasard moderne, tel qu'il va être repris par les scientifiques au XIXe siècle, et surtout au XXe siècle, c'est tout simplement cette notion mathématique.

 

Et lorsque Darwin vient nous expliquer, à partir de collections naturalistes de coquillages, l'évolution des espèces par une certaine sélection, il va en quelque sorte valider scientifiquement, la théorie d'Epicure.

 

Auparavant, à l'époque d'Epicure, à l'époque de Gassendi, à l'époque de Diderot, de Kant, c'était des considérations philosophiques, c'était une cosmogonie parmi d'autres cosmogonies. Darwin va marquer cela d'un sceau scientifique, en disant "moi je vous le prouve parce que mes expériences aux îles Galapagos montrent qu'il y a une évolution des espèces". Cela n'est plus une vérité philosophique (je vous rappelle que la philosophie est désormais une science molle), c'est une vérité scientifique, biologique. C'est donc une science dure, c'est donc certain. On ne peut pas mettre cela en doute. Le monde est donc en progrès. Et il provient du hasard.

 

Et donc, au moment de la Révolution française, quelqu'un comme Condorcet, va écrire un livre qui s'appelle L'Esquisse des progrès de l'esprit humain, où il dépeint les étapes de l'évolution humaine. Et la grande différence avec la philosophie d'Epicure, c'est qu'il introduit la notion de progrès. Il dit "demain sera meilleur qu'hier". Et le progrès est accumulation. Et donc cette évolution n'est pas erratique, elle ne va pas vers le désordre ou le chaos. Non, on a des êtres de plus en plus complexes, et on a de plus en plus de rationalités. Or, désormais, l'évolution de l'homme ne se fait plus par son corps, même par son intelligence, elle se fait au niveau de la société, en tout cas dans l'histoire que nous sommes et que les individus peuvent mesurer. Car il est évident que si nous avons des évolutions physiques dans notre corps (on dit que nous sommes un peu plus grands que nos aïeux, c'est possible), mais cette évolution est tout à fait à la marge, et on ne voit pas de grandes différences avec nos aïeux.

 

Donc, l'évolution, désormais, elle est sociale, elle est dans la société. Et si donc, cette évolution est mue par le hasard, comment faire que les hommes s'entendent, pour qu'ils ne s'entretuent pas, pour qu'ils vivent en harmonie ?

 

S'il n'y a plus d'ordre dans la nature, s'il n'y a plus de communautés naturelles, il n'y a plus qu'un seul moyen, et ce moyen c'est la loi. C'est-à-dire l'Etat de droit. Donc, la société est désormais le lieu de progrès de l'espèce humaine. Et le coeur de cette société, c'est la loi qui permet aux hommes de vivre en harmonie, les uns avec les autres. L'Etat de droit est donc en quelque sorte la condition de l'évolution de l'espèce humaine, la condition de son progrès. Et c'est pourquoi, il est si important, comme nous allons le voir.

 

Car, enfin, nous savons bien, que la perfection n'est pas de ce monde. Et nous savons bien que l'Etat de droit n'est jamais parfait. Nous savons que la démocratie est imparfaite et pourtant elle est une obligation morale.

 

Le début de mon exposé s'est ouvert par là. Je vous ai dit qu'aujourd'hui, personne ne pouvait s'opposer à la démocratie, ce serait un crime, ce serait une déviance, ce serait une hérésie. Pourquoi, parce que la démocratie n'est qu'un but à atteindre.

 

La démocratie : un but à atteindre

 

La démocratie n'est qu'un idéal. Et cet idéal n'est jamais atteint. Mais toutefois, cette loi que l'homme se doit de respecter (Kant écrit "agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en lois universelles de la nature"), chacun par sa liberté, va se donner des maximes morales qui peuvent devenir des lois pour l'ensemble des individus. Et la loi va être sacralisée. Ainsi, la démocratie est, finalement, la condition de la liberté, la condition de l'espèce humaine, et finalement, c'est la seule chose qu'il faille respecter. Et c'est pourquoi, la principale valeur de la république, c'est la république elle-même !

 

Mais une fois que l'on a dit cela, ce n'est pas très enthousiasmant pour les peuples. Ce sont des considérations un peu théoriques, un peu philosophiques, notre homme de la rue ne sait pas ce que c'est que l'Etat de droit. Il ne va pas réfléchir de façon très approfondie sur ce que sont les droits de l'homme, sur l'importance de la loi. Alors on appelle à la rescousse la religion. Et c'est Kant lui-même qui le fait

 

La religion appelée à l'aide de la démocratie

 

Kant nous dit que face à l'épreuve du mal, notamment, et pour aider les hommes à respecter la loi, et la morale qu'ils se donnent, la religion (ce qu'il appelle le poème des prêtres), est très utile, essentielle. Il nous dit qu'il y a deux types de religion. Il y a des religions historiques (c'est le christianisme, le bouddhisme, le judaïsme ou l'islam), et toutes ces religions historiques sont très valables, parce qu'elles sont le produit d'une culture, d'une histoire, dans un endroit donné à un moment donné. Mais, nous dit, Kant, il y a une religion supérieure à toutes ces religions, et ce qu'il appelle la foi pure de la raison. Au-delà de toutes ces religions historiques, il y aurait pour Kant une religion de la foi pure de la raison, qui permettrait à toutes ces religions de se réunir, et aux hommes de devenir meilleurs, et de supporter les épreuves de la vie. Et donc, Kant va nous dire - et nous sommes à la fin du XVIIIe siècle -, que la religion est légitime quand elle défend la raison. Et il dit que le royaume de Dieu de la foi rationnelle, ce sera bien difficile de l'atteindre.

 

Et bien aujourd'hui, nous y sommes. Un philosophe comme Jules Ferry nous dit que nous sommes dans une époque formidable où le divin s'humanise et où l'humain se divinise. "Que le divin s'humanise": c'est-à-dire que l'on ramène toutes ces religions historiques à leur substrat rationnel, et "que l'humain se divinise" : c'est-à-dire que les hommes, en utilisant la moralité qui lui donnent, ce qu'il appellent "ces valeurs hors du monde", parce qu'elles ne sont pas produites par la nature, elles sont produites par le coeur de l"homme, Luc Ferry nous dit que l'homme devient comme un Dieu. Et il reprend le mot de Bergson, "l'univers est une machine à faire des dieux".

 

Et voilà le projet de la démocratie, la démocratie va nous permettre d'épanouir notre liberté. Et en permettant à la liberté de faire ce qu'elle doit faire dans les limites de la loi, elle permet à notre espèce de progresser et approche de l'omega du divin. C'est Teilhard de Chardin.

 

Combien de doigts François lève-t-il maintenant ? Amoris Laetitia et la Soumission Ces théories qui sont une acclimatation de la philosophie des Lumières aux religions historiques, au christianisme, par exemple, elles vont rentrer dans ces religions historiques. Et pour la religion catholique, qui est la mienne, que je connais mieux, mon analyse, est que cette philosophie est rentrée notamment au moment du Concile Vatican II, dans la religion catholique. Sous quelle forme ? Précisément, sous la forme de la déclaration Dignitatis humanae, où la religion catholique reconnaît qu'elle n'a pas plus de droit que les autres, et c'est quelque part, faire une sorte de démocratie entre les religions, de manière à faciliter l'identification de la foi rationnelle. Et donc, de fait, l'Eglise bien, souvent aujourd'hui, va devenir le vecteur principal des valeurs de la démocratie. Et c'est pour cela que les papes en parlent et qu'ils parlent tant des droits de l'homme. Et les religions vont prôner une sorte de charité universelle qui sera beaucoup plus puissante pour maintenir la paix entre les hommes, que ne l'est la loi elle-même. Car la loi est sèche, et stricte, alors que la charité est humaine.

 

De la démocratie au mondialisme

 

Parallèlement à la conversion des coeurs, il faut la conversion des nations, car les nations sont antagonistes Pourquoi sont-elles antagonistes ? Parce qu'elles ne sont pas unies par des lois. Parce qu'elles sont indépendantes. Et donc, la démocratie qui existe au niveau des nations doit exister entre les nations.

Et ce projet de paix perpétuelle, est en réalité un projet ancien. Les premiers projets de société des nations datent des légistes de Philippe le Bel, cela a été repris par Sully, par l'Abbé de Saint-Pierre au XVIIIe siècle, et puis Kant lui-même en fera plusieurs livres sur ce thème (il a écrit le livre "Le Projet de paix perpétuelle", et le livre "L'idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique") et il explique que la paix entre les nations est essentielle, car la paix est toujours essentielle à la liberté.

 

Aujourd'hui, on parle beaucoup du "mondialisme", qui n'est rien d'autre qu'un système démocratique entre les nations. Et le projet de paix perpétuelle de Kant, en fait, c'est l'ancêtre de la Société des Nations et de l'O.N.U.. Et de fait, le mondialisme, peut-on dire, en tout cas il le proclame, aurait permis une certaine paix dans le monde depuis la Seconde guerre mondiale. Ce point peut être discuté, néanmoins c'est l'objectif qu'il s'est donné.

 

Du mondialisme au cosmopolitisme

 

Au-delà de cela, et de ce projet de paix entre les nations, en filigrane du mondialisme, il y a une autre idéologie, qui est le cosmopolitisme. Le cosmopolitisme, c'est l'indifférence à la nation. C'est le fait de dire peu m'importe que ma voiture soit japonaise ou espagnole, ou française, ce qui compte c'est qu'elle me plaise, qu'elle est les formes et la couleur que je recherche. Et donc, le cosmopolitisme, c'est une visée peu une vision consumériste du monde. C'est l'idée que tous les individus que nous sommes, peuvent jouir des richesses du monde entier, de chaque nation. Et d'ailleurs, pendant des siècles, le cosmopolitisme a été une coquetterie de riches, en fait. Les cosmopolites, c'était les grands aristocrates, qui pouvait se permettre de voyager, évidemment dans des conditions favorables, et de profiter en fait de toutes les richesses du monde.

 

Et donc aujourd'hui - et c'est ce qu'il y a derrière le tourisme de masse -, que tous et chacun nous pouvons profiter des richesses du monde entier.

 

Le mondialisme s'accomoderait-il de Trump et du Brexit ? Alors je vous laisse juges de savoir si cette démocratie universelle, a produit ce qu'elle avait promis ? A savoir, le bonheur ? Les Lumières nous promettaient le bonheur. L'Ancien Régime, le Moyen Âge n'a jamais promis le bonheur : on ne promettait que la Croix, que le sacrifice. Le bonheur n'était promis que dans l'au-delà.

 

Le projet de paix de la démocratie est un projet du monde. Il s'agit de trouver la prospérité en ce monde, et de rendre les gens heureux en ce monde. Est-ce vraiment le cas ? Chacun d'entre nous peut répondre à cette question.

 

Ce que l'on peut constater c'est que la démocratie, aujourd'hui, en quelque sorte, est en difficulté. Pourquoi est-elle en difficulté ? Précisément en raison de son succès. Parce que les frontières sont tombées, parce que les communautés naturelles ont disparu, les mouvements du monde, entre les gens, entre les pays, sont de plus en plus nombreux et de plus en plus forts.

Et la démocratie se voit contrainte de réunir des éléments de plus en plus hétérogènes. Et c'est la raison pour laquelle elle doit être de plus en plus forte. Il est évidemment beaucoup plus difficile de maintenir la paix sociale lorsqu'il y a des ethnies différentes, des gens de religions différentes dans un pays, des gens qui viennent de tous les horizons, lorsqu'il y a des mouvements migratoires massifs. C'est extrêmement difficile. Donc, on voit bien que la démocratie est condamnée à être chaque jour plus forte, plus policière, plus armée, mais n'est-ce pas dire qu'elle deviendra chaque jour plus totalitaire. Et je terminerai là-dessus, c'était la crainte qu'avait Tocqueville, justement. Et il nous met en garde. Je cite son texte : 

 

http://www.viveleroy.fr/IMG/arton71.jpg "Contre ce despotisme que les nations démocratiques ont à craindre. Ce despotisme serait plus étendu et plus doux, il dégraderait les hommes sans les tourmenter. je vois une foule innombrable, d'hommes semblables et égaux, qui tournent sans repos sur eux-mêmes, pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leurs âmes, chacun d'eux retiré à l'écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres. Ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l'espèce humaine. Au-dessus de ceux-là s'élèvent un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d'assurer leurs jouissances, et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu'ils ne songent qu'à se réjouir. Que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre. L'égalité a préparé les hommes à toutes ces choses, elle les a disposé à les souffrir et souvent même à les regarder comme un bienfait. J'ai toujours cru qu'il ne serait pas impossible à cette sorte de servitude réglée, douce et paisible, de s'établir à l'ombre même de la souveraineté du peuple."

 

Fin de la conférence.

En fin de conférence, Maxence Hecquard ajoute que

 

"la démocratie est quelque part mensongère, et aujourd'hui, si elle est en difficulté, c'est parce qu'elle est un système contraire à la nature, et la nature se réveille. ... On nous a dit que la mondialisation serait la clé, la recette magique de la prospérité et du bonheur des peuples. Aujourd'hui on fait face à un chômage massif, les gens n'arrivent plus à boucler leurs fins de mois: il est normal qu'ils remettent en cause le système qui leur a menti."

Les questions :

 

Question : "Vous avez parlé de l'instrumentalisation de la religion au service de la démocratie empêtrée dans ses contradictions ?"

 

Saint Thomas d'Aquin, Dominicain, docteur de l'Eglise (1225-1274) - Mémoire Maxence Hecquard: Il me semble que l'Evangile prône la liberté, la liberté des enfants de Dieu. Il ne s'agit pas de laisser la liberté à la démocratie. Personne n'a attendu Epicure et Rousseau pour prôner une véritable liberté. Toute la question est de savoir qu'est-ce que c'est que la véritable liberté ?

 

Et donc, la liberté orthodoxe de S. Thomas est de dire que la liberté, c'est le choix des moyens, mais jamais contre la loi de Dieu. Et personne ne nie il n'y aurait pas d'amour s'il n'y avait pas de liberté. Et donc la liberté est un élément essentiel de la nature humaine. Mais il ne s'agit pas d'abandonner la liberté à la démocratie.

 

Question : Churchill a écrit : "La démocratie, c'est le pouvoir des poux de devenir des lions." Quant à Voltaire, il a écrit : "En matière d'argent, tout le monde est de la même religion".

 

M. H. : "La démocratie est en quelque sorte un mensonge, puisqu'elle nous dit : Vous serez dieu, et vous dirigerez". Alors quand Churchill dit vous êtes un poux, mais je vais faire de vous un lion, c'est flatteur, et évidemment, pour les petits que nous sommes, il est flatteur d'être qualifié de souverain. Et c'est d'ailleurs certainement une des raisons de la stabilité de la démocratie. Qui s'opposerait à un régime qui vous dit que vous êtes le chef ?

 

Réponse dans le public : "Ceux qui n'en ont ni le talent, ni l'envie".

 

M. H. : "Certes, mais bon, cela ne les dérange pas. Vous voyez, même si vous ne participez pas au vote et à la démocratie, on vous dit que vous avez les mêmes droits que le président de Renault, ou le chef d'Etat major des Armées. C'est flatteur. Vous n'allez pas vous plaindre. Et certes, c'est un mensonge, vous n'y croyez pas vraiment".

 

Pierre Magnard: "La démocratie, c'est ce que nous voyons tous les jours. C'est ce qui fait que le premier imbécile venu est candidat aux primaires".

 

M. H. : "Et donc je pense que Churchill était démagogue. Ensuite, le second point "en matière d'argent, tout le monde est de la même religion", c'est un des aspects et c'est le dernier chapitre de mon livre, où je dis s'il n'y a plus de communautés naturelles, si l'esprit et la matière sont la même chose, s'il n'y a pas d'ordre dans le monde, qu'est-ce qui reste de commun ? Et bien la matière. La matière, c'est la prospérité, c'est l'économisme, c'est l'argent. Et donc, la démocratie sombre en économisme. Et aujourd'hui, beaucoup de pays se sont convertis à la démocratie, je pense aux pays d'Europe de l'Est parce qu'ils ont espéré qu'adhérer à ce régime, leur procurerait la prospérité". Et de fait, aujourd'hui, la démocratie utilise les richesses pour avancer. Et les mécanismes de redistribution ont des visées essentiellement politiques. Il s'agit de rétablir l'égalité des conditions, l'égalité des moyens de chacun. Donc Voltaire n'a pas complètement tort, mais la seule question est: mais est-ce qu'il n'y a que l'argent dans la vie? Est-ce que nous pouvons réduire notre existence à une dimension monétaire ? Est-ce que l'homme se réduit à la richesse qu'il consomme ?

 

Question : Comment concilier l'homme animal social avec l'individualisme ?

 

L'homme, animal social, c'est la conception d'Aristote. Et cette conception consiste à dire que l'homme ne peut pas être homme véritable s'il n'est pas dans une société. Cela veut dire que si vous êtes seul dans une forêt, vous aurez beaucoup de mal à subvenir à tous vos besoins. Et donc, les hommes ont toujours vécu en communauté. Donc, cette conception aristotélicienne, d'homme comme animal politique, comme animal social, est en soi incompatible avec la conception de Rousseau que j'ai évoquée, qui considère que l'homme, précisément, peut vivre tout seul dans une forêt, qu'il est un "tout parfait et solitaire". Parfait, cela signifie qu'il peut se suffire à lui-même, et s'il est solitaire c'est qu'il ne vit pas en société. Ces deux concepts sont incompatibles. En réalité, il est clair que la conception de Rousseau était une pierre dans le jardin d'Aristote. Alors comment résout-il la difficulté ? Et bien, tout simplement, par le "contrat social".

 

Question : On ne parle pas beaucoup de Dieu, mais le problème de la démocratie, c'est quand même de dire que c'est la loi qui décide de ce qui est bien et mal. On a oublié qu'il y avait une transcendance objective, c'est pour cela qu'on prône la liberté et que c'est totalitaire. Avant, on avait une loi supérieure qu'on respectait. C'est là où l'on a changé. Là, il n'y en a plus. C'est la loi qui décide ce qui est bien et mal. Il n'y aucune limite.

 

M. H. : Vous avez tout à fait raison. Il y a un point que je n'ai pas beaucoup souligné. Je vous ai beaucoup parlé d'Epicure. Et je vous ai dit que la philosophie épicurienne était de mon point de vue sous-jacente aux Lumières, sous une forme ou sous une autre, plus ou moins chez un tel ou un tel. Mais quel est le coeur de la philosophie épicurienne? C'est précisément de dire que le monde s'explique sans l'intervention des dieux, que le monde s'explique par lui-même : il est un tout autosuffisant. Je vous ai parlé de panthéisme, je vous ai dit que la métaphysique sous-jacente à la démocratie était le panthéisme. C'est la même chose que de dire, qu'il n'y a pas un dieu en dehors du monde et qui lui donnerait sa loi.

 

Quand vous dites qu'il y a un dieu supérieur qui nous donne des lois que nous devons respecter, en fait, vous adoptez la perspective traditionnelle qui a été développée par Platon, Aristote, par beaucoup d'autres, qui consiste à dire que le monde ne s'explique pas par lui-même, et qu'on est obligé d'admettre l'existence d'un être premier. Ce que Aristote appelle le "premier moteur", pour rendre compte de l'existence du monde. Et ce premier moteur a donné des règles objectives à ce monde qu'il faut respecter. Et donc, dans l'Ancien Régime, le Roi de France était le lieutenant du Christ. Qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu'il était essentiellement un juge. Il était destiné à trancher où se trouvait l'ordre de la nature, à dire le bon ordre de la nature, c'est de faire ceci : il n'était pas souverain. C'est l'histoire de la triple donation de Jeanne d'Arc, qui consiste à dire que le royaume appartient d'abord à Dieu. Et donc la démocratie, vous avez tout à fait raison de dire que l'essence même du concept de souveraineté populaire, c'est en fait, de ne pas recevoir de loi de Dieu : il n'y a pas de loi supérieure aux hommes.[3]

 

Et d'ailleurs les papes se sont prononcés contre cela. La loi sur le Sillon de Saint-Pie X, qui condamne cela, condamne Marc Sangnier qui en 1907 au Congrès de Rouen avait fait un grand discours où il disait "le pouvoir vient du peuple". Et le pape dit : "cela, ce n'est pas catholique, parce que c'est contraire à l'épître aux Romains de Saint Paul : tout pouvoir vient de Dieu."

 

Je n'ai pas eu le temps ce soir de vous parler de Léon XIII, ce que l'on appelé le ralliement : est-ce qu'il est possible d'imaginer une démocratie chrétienne. Léon XIII, évidemment, a bouleversé le point de vue de beaucoup de chrétiens de son époque. J'ai un petit peu étudier cette question-là, j'en ai fait un paragraphe dans cette nouvelle édition. Je suis convaincu pour ma part que Léon XIII était parfaitement orthodoxe. Ce qu'il a voulu éviter, c'est un fait une guerre civile, notamment en France. Si on prend la lettre de ses encycliques (de Léon XIII), la lettre de Au milieu des sollicitudes, ce que propose Léon XIII, ce n'est pas du tout la démocratie moderne que je vous ai décrite ce soir. Léon XIII commence son exposé en faisant une théorie de la Cité, qui est parfaitement aristotélicienne. Et il dit une chose que plus personne ne dit aujourd'hui : il dit que le premier lien de la société, c'est la religion. Donc, sous-entendu, pour Léon XIII, il ne peut pas y avoir de société unie s'il y a plusieurs religions. C'est fort ! Aujourd'hui, qui peut dire cela?"

Les fondements philosophiques de la démocratie moderne (Maxence Hecquard) - La nature totalitaire de la démocratie moderne

Notes

 

[1] « En décrétant législativement que les hommes naissaient libres par nature et par droit, les révolutionnaires ont fantasmé la nature et attribué au droit ce qu'il ne peut pas faire. On n'est libre que par don et l'on se trompe si l'on croit garantir la pérennité d'un don en décrétant qu'il est naturel ou en en proclamant le droit. Un don est beaucoup plus pérenne que la nature (Si les hommes naissaient libres, c'est que cela se ferait naturellement et il est donc contradictoire de le décréter par écrit. Ce qui est écrit est justement ce qui n'est pas naturel et a besoin de cet écrit pour exister ». (J.M. POTIN, Liberté, Egalité Fraternité, in Le Livre noir de la Révolution française, Cerf, Condé-sur-Noireau 2008, p. 421.)

[2] L'historien Patrice Gueniffey dans son livre Histoire de la Révolution et de l'Empire, explique que les élections de juin 1791 se traduisirent par une forte abstention.

« La participation avait atteint son étiage; elle ne devait plus remonter de façon significative, les consultations organisées les années suivantes,... n'ayant jamais mobilisé plus du cinquième des électeurs. ... En l'absence de votants, le système électif se transforme très vite en un système de cooptation, les uns accédant aux charges que les autres viennent de quitter, et réciproquement. La promotion aux responsabilités se fait en circuit fermé : les fonctionnaires peuplent les assemblées chargées d'élire les fonctionnaires. ...La réalité du système répondait à un besoin, celui de la formation d'une classe politique ... qui soit assurée de la continuité en étant délivrée de l'incertitude inséparable du suffrage universel. Mais l'oligarchie née de ces pratiques n'était pas moins un démenti des attentes. On imaginait en effet avec une certaine ingénuité que la vertu première d'un système électif consistait à assurer le renouvellement permanent du personnel dirigeant et l'élargissement constant de son recrutement. On n'imaginait pas que l'élection puisse conduire à la formation d'une "classe" politique distincte du reste de la société ». (Patrice Gueniffey, Histoire de la Révolution et de l'Empire, Perrin, Collection Tempus, Paris 2011, p. 86-88).

[3] Ce que Jacques Chirac avait résumé dans la formule : "pas de loi morale au-dessus de la loi civile" (Jacques Chirac, Journal du Dimanche, avril 1995.

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20 janvier 2017 5 20 /01 /janvier /2017 12:40
Bataille du Mans de 1793 : Conférence d'Elodie Cabot (INRAP) sur les fouilles des 9 charniers révolutionnaires

Samedi 21 janvier 2017 (date anniversaire du rappel au ciel de Louis XVI), et à l'occasion de la réunion du Souvenir Vendéen à Paris chez les Pères du Saint-Sacrement, Maison Eymard (23 av. de Friedland, 8e Arrond. M° Etoile, Bus 22 Arrêt Friedland Balzac), Mme Elodie Cabot, anthropologue de l'INRAP, donnera à 16H une conférence sur les résultats de la fouille des charniers révolutionnaires après la bataille du Mans (1793), fouille dont elle fut la principale responsable.

D'après les divers témoignages, les 12 et 13 décembre 1793, entre 15000 et 20000 vendéens et chouans seront tués à l'intérieur de la ville du Mans, tant durant les combats qu'au cours des massacres, dont des femmes, enfants et prêtres, les autres dans les campagnes.

L'Inrap, à la suite de la découverte de plusieurs charniers place des Jacobins, situe le nombre de victime entre 2 000 et 5 000 (Le Mans : archéologie de la virée de Galerne)

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12 janvier 2017 4 12 /01 /janvier /2017 17:45

Mise à jour le 22 mars 2019

Réponse à Michel Onfray sur quelques erreurs sur le christianisme

Hier 11 janvier, à l'occasion de la sortie de son livre "Décadence, de Jésus au 11 septembre, Vie et mort de l'Occident", le philosophe athée Michel Onfray, invité de RMC, a expliqué que la "civilisation judéo-chrétienne" était en train de mourir. [1]

 

Or, le concept de "judéo-christianisme" a été interdit par lÉglise au concile de Jérusalem en 49 ap. J.-C., le judéo-christianisme, lui-même, s'est effondré au premier siècle (Cf. Jean DANIELOU, L'Église des premiers temps, des origines à la fin du IIIe s., Points Histoire, Tours 1999, p. 37)

 

Michel Onfray explique pourquoi il n'est pas chrétien (à partir de 15:18 dans le podcast) :

 

"Aucun évangéliste n'a connu Jésus... Parce que le premier qui commence à écrire, il écrit plus d'un demi-siècle après la mort de ce fameux Jésus qui n'a pas existé..." (sic)

 

Michel Onfray date ainsi le premier évangile "plus d'un demi siècle" après la mort du Christ (en 33), ce qui nous fait remonter à après 83. Cette datation n'est pas partagée (et loin de là) par la majorité des historiens, pour qui les évangiles ont été écrits entre 50 pour les plus anciens (Marc et Matthieu) à 95 pour les plus récents (Jean).

 

Nouvelle Clio, PUF, Clamecy 2018

Sans compter que "les sources les plus anciennes et les plus abondantes relatives à Jésus" "ont commencé à être rédigées une dizaine d'années après" la mort de Jésus. "C'est notamment le cas pour les Lettres de Paul de Tarse, entre 40 et 65 - ce témoignage, à lui seul permet d'ailleurs d'affirmer que Jésus a bien existé et qu'il a laissé dans on entourage un souvenir extraordinaire.

 

[...] Les plus anciens blocs de tradition écrite sont sans doute des récits de la Passion de Jésus, composés pour des cérémonies destinées à faire mémoire de l'évènement, et quelques ensembles de controverses, de paroles et de miracles. À cela s'ajoutent des hymnes qui ont été transmises dans les lettres de Paul, mais qui ne sont apparemment pas de lui (Ph 2, 6-11; 1 Co 13 ; Rm 3,24-26 ; 6,1-11 ; 8,31-39 ; 11, 22-36)." (Simon Claude Mimouni, Pierre Maraval, Le Christianisme, des Origines à Constantin, Nouvelle Clio, l'Histoire et ses problèmes, PUF, Clamecy 2018, p. 43.)

 

"L'Évangile selon Marc est situé autour des années 60 après l'avoir été autour des années 70, mais il pourrait bien être des années 50

"L'Évangile selon Luc + les Actes des Apôtres sont situés de manière habituelle dans les années 80, mais ils pourraient bien être aussi des années 60. 

"L'Évangile selon Jean est situé autour des années 90, mais à cause de son caractère mystique et de certaines caractéristiques relevant de la topographie et de la chronologie il pourrait bien être des années 60." (Simon Claude Mimouni, Le Judaïsme ancien et les origines du christianisme, Bayard, Italie 2018, p. 21.)

 

L’archéologue biblique William Albright a conclu, d’après ses recherches, que tous les livres du Nouveau Testament avaient été écrits du vivant de la plupart des apôtres. Il écrit : Nous pouvons déjà déclarer avec certitude qu’il n’y a désormais plus de raison justifiable de dater quelconque des livres après environ 80... (William F. Albright, Recent Discoveries in Biblical Lands, New York: Funk & Wagnalls, 1955, 136.)

 

Albright situe la rédaction de la totalité du Nouveau Testament  très probablement quelque part entre approximativement 50 et 75. (William F. Albright, Toward a More Conservative View, Christianity Today, January 18, 1993, 3.)

 

Un intellectuel pourtant célèbre pour son scepticisme, John A. T. Robinson, date quant à lui le Nouveau Testament plus tôt que la plupart des érudits les plus conservateurs ! Dans son ouvrage, "Redating the New Testament" [Une nouvelle datation du Nouveau Testament], il affirme que la plus grande partie du Nouveau Testament fut écrite entre 40 et 65. Cela situe la rédaction de celui-ci aussi tôt que sept ans après la vie du Christ. (John A. T. Robinson, Redating the New Testament, quoted in Norman L. Geisler and Frank Turek, I Don’t Have Enough Faith to Be an Atheist, Wheaton, IL: Crossway, 2004, 243)

 

Les premiers chrétiens ont écrit des milliers de lettres, sermons et commentaires sur Jésus. Par ailleurs, des crédos qui parlent de Jésus apparaissent aussitôt que cinq ans après sa crucifixion. (Gary R. Habermas and Michael R. Licona, The Case for the Resurrection of Jesus, Grand Rapids, MI: Kregel, 2004, 212.)

 

Plus de 36.000 de tels écrits, complets ou partiaux, ont été découverts, certains datant du premier siècle. (Norman L. Geisler and Paul K. Hoffman, eds., Why I Am a Christian, Grand Rapids, MI: Baker, 2001, 150). Ces écrits non-bibliques pourraient reconstituer le Nouveau Testament dans sa totalité, à l’exception de quelques versets. (Bruce M. Metzger, The Text of the New Testament? New York: Oxford University Press, 1992, 86.)

 

Comment est-ce qu’un Jésus mythique pourrait inspirer tant d’écrits à son sujet en l’espace de quelques décennies après sa vie ?

 

Les témoins étaient toujours en vie, or aucun n'a remis en question l'historicité des événements rapportés. Toute erreur historique eut été immédiatement exposée, tant par les témoins oculaires que par les ennemis du Christianisme.

Les rédacteurs du Nouveau Testament ont prétendu fournir des témoignages oculaires sur Jésus. L’apôtre Pierre le déclare ainsi, dans l’une de ses lettres : "En effet, ce n’est pas en ayant recours à des récits imaginaires sophistiqués que nous vous avons fait connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ, mais c’est pour avoir été les témoins oculaires de sa grandeur" (2 P 1 :16)

 

L'Evangile de S. Marc, le plus ancien, a ainsi été rédigé entre 41 et 70 au plus tard, probablement en 62. Et ce qui est sûr, c'est qu'il a été rédigé avant 70, de même que l'Evangile de Matthieu : dans ces deux évangiles, Jésus annonce en effet la destruction du Temple de Jérusalem, qui aura lieu en 70 (Mc, 13, 1-4; Mt 24, verset 2). Ces deux évangiles n'ont pas pu être écrits après un évènement que le Christ annonçait qu'il adviendrait.

 

Le fameux archéologue, Sir William Ramsey, a d’abord rejeté le récit historique de Luc concernant Jésus. Toutefois, plus tard il a reconnu : Luc est un historien de première classe … Cet auteur devrait figurer parmi les plus grands historiens.… L’histoire de Luc est sans pareille pour ce qui est de sa fiabilité. (Quoted in Josh McDowell, The New Evidence That Demands a Verdict, Nashville: Thomas Nelson, 1999, 61.)

 

Des fragments de l'évangile de Marc retrouvés à Qumran entre 1947 et 1956 prouvent que l'évangile de Marc est antérieur à 68, voire à l'an 41, selon certains spécialistes. A l'aide des ordinateurs, on a pu prouver scientifiquement que dans ces papyrus écrits seulement en grec (pas de textes en hébreu ni en araméen), issus de la "grotte 7", le groupe de lettres en question ne pouvait appartenir à nul autre qu'à l'évangile de Marc.  Le papyrologue allemand Carsten Peter Thiede a élargi le champ de sa recherche en l'étendant au papyrus P64, fragment de l'évangile de Matthieu... qui se trouve au Madgalen College d'Oxford. Ce papyrus a été daté comme apparte­nant approximativement à l'an 200, mais le professeur Thiede affirme qu'il est de l'an 50 et établit une relation avec la datation du papyrus de Qumran. La datation offerte par Tiede offrirait une garantie de véracité. (Figaro Magazine, Et si les évangiles étaient un reportage?, 14-4-1995, p. 80-81.)

 

... De même, l'Evangile de Luc est écrit au plus tard en 65 : c’est en effet pendant la captivité de S. Paul que Luc aurait composé son évangile. Et vers 65 eut lieu le martyre de Pierre et Paul à Rome. L'Evangile de Jean, l'Apôtre le plus jeune et aussi celui qui vécut le plus vieux, est plus tardif et date de la fin du premier siècle.

 

Les 13 lettres de l’apôtre Paul adressées aux jeunes églises et à certains particuliers constituent la majeure partie du Nouveau Testament. Les lettres de Paul sont datées entre les années 45 et 65 (12 à 33 ans ap. J.-C.) et elles représentent les témoignages les plus anciens sur la vie et l’enseignement de Jésus. Will Durant écrit sur l’importance historique des lettres de Paul :  La preuve chrétienne du Christ commence par les lettres attribuées à Saint Paul. Personne n’a remis en question l’existence de Paul, ou de ses multiples rencontres avec Pierre, Jacques et Jean; et Paul admet avec envie que ces hommes ont connu le Christ dans la chair. (Will Durant, Caesar and Christ, vol. 3 of The Story of Civilization, New York: Simon & Schuster, 1972, 555.)

 

Saint Paul (Paul de Tarse en Asie mineure), portant aussi le nom juif de Saul qui se prononce "Shaoul" (né probablement à Tarse en Cilicie au début du Ier siècle et mort vers 67 - 68 à Rome) est un apôtre de Jésus-Christ, tout en ne faisant pas partie des "Douze". Il est citoyen romain de naissance et un juif pharisien avant sa conversion. Saint Pierre et saint Paul sont les deux piliers de l'Église et jamais la Tradition ne les a fêtés l'un sans l'autre. Tous deux virent leur vie bouleversée par l'irruption d'un homme qui leur dit: "Suis-moi. Tu t'appelleras Pierre" ou "Saul, pourquoi me persécutes-tu?".  Pierre reçut de l'Esprit-Saint la révélation du mystère caché depuis la fondation du monde: "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant." Paul, ravi jusqu'au ciel, entendit des paroles qu'il n'est pas possible de redire avec des paroles humaines. Persécuteur des premiers chrétiens, Paul se donna au Christ: "Ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi." Pierre reçut la charge de paître le troupeau de l'Église: "Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église." Paul devint l'apôtre des païens. Pour le Maître, Pierre mourra crucifié et Paul décapité. Comment la vie de ces deux hommes a-t-elle pu ainsi être bouleversée si Jésus n'avait pas existé, surtout Saint Paul, quelqu'un qui persécutait les premiers chrétiens ? D'autant plus que saint Paul s'est converti sans le truchement d'autres chrétiens.

 

La ville de Thessalonique était à cette époque devenue la capitale de la Macédoine et le port le plus commerçant de la Méditerranée: elle avait dans l'Empire la qualité de ville libre. S. Paul s'y rendit dans sa seconde mission à sa sortie de Philippes. Il y trouva une synagogue, où il prêcha à des Juifs, des prosélytes et des païens durant trois semaines et jeta les fondements d'une petite chrétienté. Mais bientôt chassé par les intrigues des Juifs accusant les prédicateurs d'agir contre les décrets impériaux et traînant certains chrétiens devant les magistrats (Ac 17:5-9), il se retira à Bérée, puis à Athènes, et de là à Corinthe. C'est de cette dernière ville qu'il adressa à l'Eglise naissante de Thessalonique vers l'an 51, à peu d'intervalle l'une de l'autre, deux épîtres, les premières que nous ayons de lui. La première, qui contient des encouragements, est le plus ancien écrit du Nouveau Testament. L'apôtre y fait l'expérience de la mort et de la résurrection du Christ. Il l'a envoyée une vingtaine d'années après la mort de Jésus, peu après son arrivée à Corinthe où Thimothée, vint lui apporter des nouvelles en provenance de Thessalonique (1 Th 3:6). A cette date, les traditions évangéliques ont déjà pris corps et d'autres textes peuvent nous rapporter des traditions plus anciennes, mais 1 Thessaloniciens est le plus ancien document chrétien connu. Dans leur relative simplicité, les deux lettres aux Thessaloniciens, parlent des "Eglises" et de ceux qui sont "à leur tête", elles mentionnent tout ce qui est la foi commune des premiers chrétiens et l'expérience des premiers missionnaires : l'amour de Dieu qui appelle (1 Th 1:4; 1 Th 2:12, la foi en la Trinité de "Dieu le Père, et le Seigneur Jésus-Christ" et l'"Esprit-Saint" (1 Th 1-5; 1 Th 4:8), la foi dans la mort et la résurrection du Christ (1 Th 1-10 ; 1 Th 4:14), l'attente du retour du Christ (1 Th 3:13; 1 Th 5:23), la croyance dans la résurrection de ceux qui sont morts dans le Christ (1Th 4:16), la persévérance dans la persécution (1 Th 2:14-16), l'amour fraternel (1 Th 4:9) et le caractère collectif et solidaire des premières communautés chrétiennes (1 Th 4:6), l'action de l'Esprit Saint dans la parole de proclamation et dans la vie des communautés. S. Paul met en place des "anciens", comme nous le voyons à Ephèse (Actes 20, 17). Il envoie deux collaborateurs, Tite et Timothée, deux convertis du paganisme dans les communautés qu'il a fondées, pour éviter qu'elles ne dérivent. Ils sont destinataires de trois épîtres avec des conseils pour l'avenir. A Thimothée, en particulier, il rappelle le "don spirituel que Dieu a déposé en toi par l'imposition de mes mains" (1 Tm, 4: 14; et 2 Tm 1:6). La mission principale de Timothée est de "garder le dépôt" (1 Tm 6,20 ; 2 Tm 1,14). Ce dépôt doit être transmis à d'autres de génération en génération : "Ce que tu m’as entendu dire en présence de nombreux témoins, confie-le à des hommes dignes de foi qui seront capables de l’enseigner aux autres, à leur tour" (2 Tm 2,2). S. Pierre recommande aux "anciens en fonction" de paître "le troupeau de Dieu qui leur est confié et aux "jeunes gens" d'être "soumis aux anciens" (1 P. 5, 1-2).

Le souci de la continuité, la transmission de la charge ecclésiastique (office) par les apôtres, le caractère collectif autant qu’individuel, le titre de "pasteurs", titre qui convient d’abord au Christ et que Jésus avait donné à Pierre, sont autant de traits particuliers de l'Eglise primitive.

 

Indiquons ici que les récits païens d’un dieu mort et ressuscité, plus ou moins comparables à l’histoire de la résurrection de Jésus, ne sont apparus qu’au moins 100 ans après les témoignages de la résurrection de Jésus. (Gary R. Habermas and Michael R. Licona, The Case for the Resurrection of Jesus (Grand Rapids, MI: Kregel, 2004), 90.) En d’autres mots, les récits d’Horus, Osiris et Mithra mourant et se relevant d’entre les morts, n’étaient pas des mythologies originales, mais furent greffés à leurs mythes après que les récits de l’évangile de Jésus furent écrits.

 

Michel Onfray parle ensuite du "fameux Jésus qui n'a pas existé". Or, pendant 19 siècles, pas même les Juifs, ou ses adversaires talmudistes et Romains, les païens eux-mêmes, n'ont remis en question l'existence de Jésus.

 

Pendant des siècles, jusqu’aux Encyclopédistes et à ceux qu’on a appelé plus tard les philosophes des "Lumières" au dix-huitième siècle, la question de l'existence de Jésus, soulevée par Michel Onfray, ne se posait pas. Voltaire lui- même - qui fut pourtant un ennemi acharné de l’Église et du christianisme - ne nia jamais l’existence historique de Jésus de Nazareth. Ce n'est qu'au dix-neuvième siècle que des chercheurs qualifiés de "rationalistes" entreprirent de mettre en doute l’existence de Jésus : un dictionnaire russe rédigé pendant la période communiste de l’U.R.S.S., décrit Jésus comme un personnage mythique ou mythologique n’ayant pas existé... Il n’existe plus aucun historien sérieux aujourd'hui pour nier l’existence historique de Jésus de Nazareth.


Le fait que Jésus ait existé n’est pas une doctrine de foi, c’est une vérité historique attestée par des témoins qui n'étaient pas chrétiens. Un Jésus qui fut crucifié au temps de Ponce Pilate est attesté pas les historiens romains contemporains de Jésus, dont l’intérêt n’était pas de faire croire à l'existence d’un personnage n’ayant soit-disant jamais existé. Les preuves de l'existence de Jésus viennent également de sources juives...

 

De sorte qu'il n'y a pas plus de raisons de nier l’existence de Jésus que celle d’autres personnages de l’Antiquité. César, Aristote, Alexandre le Grand, ou Socrate… auraient même moins de preuves de leur existence !

 

La quantité des manuscrits du Nouveau Testament est énorme. Il existe plus de 24.000 manuscrits complets ou partiels des livres qui le constituent, les situant bien au-dessus de tous les autres documents anciens. L’historien Paul Johnson remarque : “Si nous considérons, par exemple, que Tacite ne survit que grâce à un seul manuscrit médiéval, la quantité des manuscrits anciens du Nouveau Testament est remarquable.” (Paul Johnson, “A Historian Looks at Jesus,” speech to Dallas Seminary, 1986.)

 

Le livre de Callisthenes (un historien contemporain d'Alexandre le Grand exécuté en 327 av. J.-C., suite à l'affaire du refus du rite perse de la proskynèse) sur les Actes d'Alexandre et le Journal Royal sont des sources primaires de la vie d'Alexandre, mais depuis perdues. L’histoire d’Alexandre le Grand provient de cinq sources antiques, écrites 300 ans ou plus après sa mort :

Arrien (Ier siècle ap. J.-C. Son Anabase d'Alexandre est le récit antique le plus rigoureux que nous ayons des campagnes militaires menées par Alexandre le Grand);

Diodore de Sicile (Ier s. av. J-C.), "Bibliothèque historique";

Justin, IIIe s. ap. J.-C.,"Abrégé des Histoires philippiques de Trogue Pompée" ; 

Quinte-Curce, Ier s. ap. J.-C., L'Histoire d'Alexandre le Grand ;

Plutarque, Ier s. ap. J.-C., Vies parallèles, Vie d'Alexandre ;

 

(Cf. “Alexander the Great: The ‘Good’ Sources,” Livius,http://www.livius.org/aj-al/alexander/alexander_z1b.html .)

 

Autrement dit, il n’existe pas un seul témoignage direct de l’existence d’Alexandre le Grand. Les auteurs antiques qui permettent de construire un récit sont tous d'époque romaine, et ils ont travaillé à partir de sources primaires auxquelles nous n'avons plus accès, sauf sous forme de citations ou de paraphrases ("fragments d'historiens"). Pour autant, aucun historien sérieux, ne remet en question l'historicité d'Alexandre.

 

Un professeur de droit, John Warwick Montgomery, a affirmé : Pour être sceptique vis-à-vis du texte des livres du Nouveau Testament, il faut permettre à toute l’Antiquité classique de glisser dans l’obscurité, car aucun document de l’Antiquité n’est aussi bien attesté d’un point de vue bibliographique que le Nouveau Testament. (Quoted in Josh McDowall, The New Evidence That Demands A Verdict (Nashville: Thomas Nelson Publishers, 1999), 36.)

 

Michael Grant, un historien athée de Cambridge, défend le fait que le Nouveau Testament devrait être considéré comme preuve, au même titre que le reste de l’histoire antique :

Si nous employons à l’égard du Nouveau Testament le même genre de critères que nous devrions employer à l’égard d’autres récits anciens contenant de la matière historique, nous ne pouvons pas plus rejeter l’existence de Jésus que nous ne pouvons rejeter l’existence d’une foule de personnages païens dont la réalité historique n’a jamais été remise en question. (Michael Grant, Jesus: An Historian’s Review of the Gospels, London: Rigel, 2004, 199-200.)

Clark Pinnock, professeur d’interprétations à McMaster Divinity College, l’a bien résumé en disant :  Il n’existe aucun document du monde ancien attesté par un ensemble aussi excellent de témoignages textuels et historiques. Une [personne] honnête ne saurait rejeter une source pareille. Le scepticisme à l’égard des qualités historiques du Christianisme se base sur l’irrationnel. (Quoted in Josh McDowell, The Resurrection Factor, San Bernardino, CA: Here’s Life Publishers, 1981, 9.)

 

Simon Claude Mimouni résume : "[P]our de nombreux hommes de l'Antiquité, on dispose d'une argumentation bien moindre que pour Jésus et aussi peu fiable, a priori sans que personne ne songe à mettre en doute leur existence." Le "témoignage de Flavius Jospèhe, [...] le Testimonium Flavianum, qui remonte avec certitude à la fin du Ier siècle [...] à lui seul, suffit à affirmer l'existence historique de Jésus - la question ne son authenticité, pour l'essentiel, ne saurait être mise en doute. [...] Jésus est loin d'apparaître comme un personnage isolé de son temps et s'inscrit dans une série documentaire bien connue et bien identifiée, tant d'un point de vue topographique que chronologique.

[...] [L]'existence de Jésus ne saurait en aucun cas être remise en cause.

[...] Peu de personnages de l'Antiquité bénéficient d'une attestation documentaire aussi riche d'un point de vue quantitatif comme qualitatif." (Simon Claude Mimouni, Pierre Maraval, Le Christianisme, des Origines à Constantin, Nouvelle Clio, l'Histoire et ses problèmes, PUF, Clamecy 2018, p. 43-44, et 80.)

Les témoignages romains :

 

"Le témoignage le plus ancien, et l'un des plus intéressants, est celui de Pline (appelé le Jeune) [...], riche aristocrate romain qui gravit les échelons de la carrière sous les empereurs Domitient (81-96), Nerva (96-98), et Trajan (98-117). [...] C'est au cours de l'automne de l'an 112, dans les cités d'Amisos [(Samsun) et d'Amastris (Amasra), en Turquie actuelle], ou en un lieu entre les deux, que Pline eut affaire avec des chrétiens. Il prit à leur endroit des mesures dont il rend comte à Trajan dans une lettre, lui demande des instructions sur les mesures à prendre (Lettre 96, Livre X de la correspondance). [...] Avant l'aube, les chrétiens se réunissaient et chantaient, en choeurs alternés, des hymnes au Christ 'comme à un Dieu' (on ne peut certes extraire une christologie de cette expression, mais seulement la perception que Pline en avait, à savoir que les chrétiens, en s'adressant au Christ des hymnes dans un contexte cultuel, le traitaient comme une divinité)." (Enrico NORELLI, La Naissance du Christianisme, Comment tout a commencé, traduit de l'italien par Vivian Dutaut, édition Gallimard, Folio Histoire, 2019, p. 217-223)

 

Tertullien était un juriste et un théologien de Carthage. Tandis qu’il faisait un discours pour défendre le christianisme devant les autorités romaines d’Afrique, il mentionne les échanges qu’eurent Tibère et Ponce Pilate :

 

"En ces jours où le nom de chrétien fit son entrée dans le monde, Tibère, qui avait reçu l’intelligence au sujet de la divinité du Christ amena le sujet devant le sénat, en comptant bien appuyer sa position en faveur du Christ. Mais le Sénat rejeta cette proposition parce qu’il n’approuvait pas lui-même cette opinion. César la soutenait, cependant, et menaça de sa colère contre tous les accusateurs des Chrétiens." (Apologie, V.2 (aussi Justin Martyr dans Apologie, 1.35).

 

Thallus fut un des premiers écrivains païens à mentionner le Christ. Il écrivit en 52 apr. J.C.. Malheureusement, ses écrits ont disparu ; et on en a connaissance seulement parce que d’autres auteurs les citent. Un de ces auteurs s’appelle Julius Africanus, un écrivain chrétien qui vécut vers 221. Julius fait allusion à un commentaire intéressant provenant de Thallus :

 

 "Dans son troisième livre d’histoires, Thallus explique naïvement les ténèbres comme étant une éclipse de soleil – ce qui me semble bien déraisonnable (déraisonnable, bien sûr, parce qu’une éclipse de soleil ne pouvait pas arriver à l’époque de la pleine lune, parce que Christ mourut à l’époque pascale de la pleine lune)."
 

Nous voyons donc que la référence des Évangiles aux ténèbres, qui survinrent à la crucifixion de Jésus, était bien connue, et que les non croyants qui y assistèrent recherchaient une explication naturelle.

 

Phlegon, un historien du 1er siècle.


 

Ses Chroniques ont aussi été perdues, mais Julius Africanus mentionne aussi un fragment de cette œuvre, confirmant les ténèbres qui survinrent lors de la crucifixion de Jésus. Et après sa réflexion sur l’opinion déraisonnable de Thallus, il cite Phlegon selon lequel "au temps de Tibère César, survint une éclipse de soleil durant la pleine lune." Phlegon est aussi cité par Origène dans Contre Celsum, Livre 2, sections 14,33,59.

 

Justin Martyr, Patron des philosophes (vers 150 apr. J.C.) adressa sa Défense du Christianisme à l’empereur Antonius Pius, et il le renvoya au Rapport de Pilate, qu’il suppose être dans les archives impériales. Il dit :


 

"Mais les mots ‘il perça mes mains et mon pied’ dit-il, sont une description des clous qui furent plantés dans Ses mains et dans Son pied sur la croix ; et après qu’il fut crucifié, ceux qui le crucifièrent jetèrent les dés pour se partager ses vêtements ; et ces choses arrivèrent ainsi, tu peux en avoir connaissance d’après les actes qui furent enregistrés sous Ponce Pilate."


 

Un peu plus tard, il dit :


 

"Qu’il fit ces miracles, tu peux facilement le vérifier d’après ‘les actes’ de Ponce Pilate." (Apologie 1.48)

 

Le philosophe anti-chrétien Celse, en 110, écrit : "Vous nous donnez pour Dieu un personnage qui termina par une mort misérable une vie infâme." (Origène, Contre Celse, 7,58)

 

Dans le livre 15ème de ses Annales, Tacite écrit au début du IIe siècle (entre 100 et 116) :

"Mais ni efforts humains, ni largesses du prince, ni cérémonies religieuses expiatoires, ne faisaient taire l'opinion infamante, d'après laquelle l'incendie (de Rome Ndlr.) avait été ordonné. Pour mettre fin à ces rumeurs, Néron supposa des coupables et fit souffrir les tortures les plus raffinées à ces hommes détestés pour leurs abominations et que le vulgaire appelait chrétiens. Ce nom leur vient de Christ, qui, sous Tibère, fut livré au supplice par le procurateur Pontius Pilatus. Réprimée sur le moment, cette exécrable superstition perçait de nouveau, non seulement dans la Judée, berceau du mal, mais à Rome même, où tout ce qu'il y a partout d'infamies et d'horreurs afflue et trouve des partisans. On commença donc par saisir ceux qui confessaient leur foi, puis, sur leurs révélations, une infinité d'autres, qui furent bien moins convaincus d'incendie que de haine pour le genre humain. On fit de leurs supplices un divertissement : les uns couverts de peaux de bêtes, périssaient dévorés par des chiens; beaucoup, mis en croix, étaient, lorsque le jour avait disparu, brûlés pour éclairer la nuit. Néron avait offert ses jardins pour ce spectacle et donnait des jeux au Cirque, se mêlant au peuple en habit de cocher, ou conduisant un char." (Annales, livre 15ème, 44, in Tacite, Annales, GF Flammarion, Manchecourt 2002, p. 439.)
 


Vers 120, Suétone écrit :

"Les Chrétiens sont mis à mort. [...] Il (Néron) livra aux supplices les Chrétiens, race adonnée à une superstition nouvelle et coupable." (Vie des douze Césars, Vie de Néron 16, 2)

 

Suétone écrit encore :

 

"Comme les Juifs se soulevaient continuellement à l'instigation d'un certain Chrestos, il les chassa de Rome." (Vie des Douze Césars, Gallimard Folio Classique, Saint-Amand 2003, Livre V, Claude, 25, p. 286.)

 

Or justement, le livre des Actes des Apôtres - livre qui complète l’Evangile de St Luc - fait une allusion directe à cette expulsion lors de l’arrivée de Saint Paul à Corinthe :

 

"Paul se rendit ensuite à Corinthe. Il rencontra là un juif nommé Aquilas, originaire du Pont, qui venait d'arriver d'Italie avec sa femme, Priscille. Claude, en effet, avait décrété que tous les Juifs devaient quitter Rome..." (Actes 18,2)

 

Le proconsul romain de Bithynie et du Pont (Asie mineure), Pline le Jeune, écrit en 111 que les Chrétiens "se réunissent avant l'aurore à des jours déterminés pour chanter des hymnes au Christ comme à un Dieu." (Epist. 10, 96).

 

Les témoignages juifs : le Talmud et la Michnah juifs

 

Les Juifs ont toujours considéré Jésus comme réel. "Plusieurs écrits juifs font référence à Jésus comme une personne réelle à laquelle ils s’opposaient." (D. James Kennedy, Skeptics Answered (Sisters, OR: Multnomah, 1997), 76)

Le Talmud babylonien : "À la veille de la fête de Pâque, on pendit Jésus. Quarante jours auparavant, le héraut avait proclamé : 'Il est conduit dehors pour être lapidé, car il a pratiqué la magie et séduit Israël et l’a rendu apostat. Celui qui a quelque chose à dire pour sa défense, qu’il vienne et le dise.'

Comme rien n’avait été avancé pour sa défense, on le pendit à la veille de la fête de Pâque. Ula (un rabbin de la fin du IVe siècle) répliqua : 'Crois-tu qu’il ait même fallu chercher quelque chose pour sa défense? Car il devint un séducteur et la loi dit : Tu ne dois pas l’épargner, ni passer sa faute sous silence.' (Dt 13,9). Bien plutôt il en allait autrement pour Jésus, parce qu’il était en relations avec l’Empire."

Le Talmud Tol’doth Yeshu fait référence à Jésus comme "Ben Pandera" (ou Ben Pantere). Beaucoup de Théologiens pensent que "pandera" est un jeu de mots, et un travesti du mot grec pour "vierge", "parthenos", l’appelant ainsi un "fils d’une vierge". Joseph Klausner commente "la naissance illégitime de Jésus était une idée courante chez les juifs". Dans la Baraila (Babylone Sanhedrin 43a)

L’Anoa Ulla. Les autorités Juives ne contestaient pas le fait que Jésus fit beaucoup de signes et de miracles, mais ils les attribuaient à Satan, et les assimilaient à des actes sorcellerie (Mat 9.34 ; 12.24 ; Marc 3.22). Sanhedrin 43a; aussi Yeb IV 3; 49a

 

Le témoignage de Flavius Josèphe (entre 93 et 94) est le plus étonnant. Tellement étonnant que l’on a pensé que le texte avait été arrangé par des copistes chrétiens plus tard dans la transmission du manuscrit.

Ceci méritait d’être discuté très sérieusement, et l’a été. Flavius Josèphe avait participé à "la guerre des Juifs" (entre l’année 66 et l’année 7O). Il s’agit de la grande révolte des Juifs réprimée par Vespasien et son fils Titus. Flavius Josèphe s’était d’abord battu dans les rangs des insurgés, puis s’étant rendu aux Romains, il avait pris leur parti. Il a écrit en grec vers 93 une histoire très précise de ces événements. Dans cette histoire il rapporte la mise à mort de l’apôtre Jacques. Et puis il parle du Christ. Un certain nombre de critiques donc ont estimé que le passage de Flavius Josèphe était trop favorable à Jésus... Un Juif romanisé aurait-il été jusque là ? Un copiste chrétien, en recopiant le manuscrit, aurait arrangé le texte ? Cette objection est sérieuse, mais nous avons plusieurs manuscrits avec des origines différentes. Un savant Israélien, Shlomo Pères, a étudié ces différents manuscrits et il estima avoir atteint la version "minimum" de Flavius Josèphe. La voici :

"En ce temps là, vivait un sage nommé Jésus. Il se conduisait bien et était estimé pour sa vertu. Nombreux furent ceux tant Juifs que gens d’autres nations qui devinrent ses disciples. Pilate le condamna à être crucifié et à mourir. (Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, 5, 1-7). Mais ceux qui étaient devenus ses disciples ne cessèrent de suivre son enseignement. Ils racontèrent qu’il leur était apparu trois jours après sa crucifixion et qu’il était vivant. Sans doute était-il le Messie sur qui les prophètes ont racontés tant de merveilles."

 

L’intellectuel israélien, Shlomo Pines, écrit : Les opposants les plus mordants du christianisme n’ont jamais exprimé le moindre doute quant au fait que Jésus avait réellement existé. (Josh McDowell and Bill Wilson, Evidence for the Historical Jesus (Eugene, OR: Harvest House, 1993, 44.)

 

Will Durant, un historien de l’histoire mondiale, remarque qu’aucun Juif ni gentil du premier siècle n’a jamais nié l’existence de Jésus. (Will Durant, “Caesar and Christ,” vol. 3 of The Story of Civilization, New York: Simon & Schuster, 1972, 555.)

 

Que dit l'archéologie ?

 

Les évangiles contiennent de nombreux détails historiques et ne constituent pas seulement des enseignements spirituels. Ces faits historiques relatés dans les évangiles ont toujours été confirmés par les découvertes archéologiques...

 

Exemples:

 

- certains, comme le dit Michel Onfray dans cette émission de RMC, estimaient que Nazareth (le village où Jésus a passé son enfance) n’existait pas... Or, en 1962 on a retrouvé une plaque du IIIème siècle avant J.C, gravée en hébreu et portant le nom du village... Et le 21 décembre 2009, des archéologues ont annoncé la découverte de morceaux d’argile à Nazareth, datant du premier siècle et confirmant ainsi que ce petit village existait bel et bien du temps du Christ.

 

- La piscine de Bethesda, dite la "piscine aux 5 portiques" est décrite dans l'évangile de St Jean lorque est racontée la guérison du paralytique : cette piscine a été retrouvée en 1888, à l’endroit situé par St Jérôme en 372 et St Eusèbe en 332...


- Ponce Pilate, qui a condamné Jésus à mort. On a prouvé son existence en 1961 en retrouvant un bloc de calcaire, une plaque comportant son nom et son titre... "Ponce Pilate, Préfet de Judée", dans les ruines de Césarée maritime.

 

 - En 1990, des archéologues découvrirent un ossuaire (une boîte contenant des ossements) portant l’inscription de Caïphe, connu dans le Nouveau Testament pour son implication dans la livraison de Jésus à Ponce Pilate, qui l'a crucifié. Celle-ci fut vérifiée et reconnue authentique au-delà de tout doute raisonnable .

 

- Récemment, dimanche 19 mars 2017, l'autorité des antiquités israéliennes a annoncé des découvertes archéologiques récentes d'objets datant du 1er siècle, retrouvés dans la région de Jérusalem et en Galilée et permettant aux historiens de mieux comprendre la vie à l'époque de Jésus-Christ. Parmi ces objets, une cage funéraire de calcaire décorée de façon intime, appartient à un descendant du grand prêtre Caïphe. Gideon Avni, chef de la division archéologique de l'Autorité des antiquités d'Israël a déclaré qu'il n'y avait aucune raison de croire que Jésus n'existait pas simplement parce que les archéologues n'ont pas trouvé de preuve physique de lui... "Il faut se rappeler que le Christ était l'un parmi plus d'un million de personnes vivant en cette période en Terre Sainte", dit-il.

 

- Dalmanoutha, une ville des temps bibliques mentionnée dans l'Evangile selon saint Marc (Mc 8:10), a été découverte par l'Université de Reading (RU) en septembre 2013, le long de Mer de la Galilée (ou "Lac de Tibériade"). La Mer de Galilée est située à plus de 200 m au-dessous du niveau de la mer. Le lieu traversé par le fleuve Jourdain est celui du baptême de Jésus-Christ par saint Jean-Baptiste, mais aussi l'endroit où le Christ navigua avec ses disciples après le miracle de la multiplication des pains. Le bateau daté de deux mille ans et découvert en 1986, parfois appelé "barque de Pierre" ou "barque de Jésus" a été trouvé sur le littoral de la ville nouvellement découverte.

 

A ces témoignages impartiaux de l'archéologie, des auteurs païens, romains et juifs, il faut ajouter la multitude des textes religieux chrétiens qui ont une valeur historique certaine. L'existence de Jésus comme personnage historique du premier siècle ne fait donc aucun doute.

 

Quelques questions montrent a contrario la véracité des premiers témoins :

Si Jésus de Nazareth n’était qu’un personnage imaginaire, pourquoi les évangélistes seraient-ils parfois si discordants d’un texte à l’autre? N’auraient-ils pas dû donner de Jésus, avant tout une image cohérente, un portrait harmonieux, dans le souci primordial d’écarter les soupçons?
 

Si ce Jésus avait été inventé pour jouer le rôle du sauveur qu’Israël attendait comme l'explique Michel Onfray (avec ses "comme par hasard dans l'Ancien Testament"), pourquoi n’avoir pas vu en lui, par exemple, le héraut de la fin des temps (les modèles sont nombreux dans l'Ancien Testament) ? Pourquoi en faire une victime, pourquoi inventer l’échec de sa mission sur une Croix dont à ce moment-là, personne n'eut parié sur sa réussite ?

 

Si Jésus n’était qu’une fiction, un personnage héroïque destiné un jour à convertir l’immense Empire romain, pourquoi le faire mourir sur une croix, un supplice qui désignait aussitôt les Romains comme auteurs de sa mort, et d’autre part supplice horrible et infamant apparemment en contradiction avec la nature divine du christ?

 

Si les premiers chrétiens avaient voulu faire croire à leur histoire, pourquoi dans une société qui alors n’accordait aucun crédit aux témoignages des femmes faire partir cette histoire du témoignage premier d’une femme (sainte Marie-Madeleine) sur la résurrection du christ ?... Si les évangélistes avaient voulu faire croire à une "fable" comme le dit Michel Onfray, ils n'auraient pas choisi des femmes comme premiers témoins de la résurrection du Christ !

 

Ce sont au contraire toutes ces complications, ces difficultés, ces contradictions à résoudre, du point de vue de ceux qui avaient à écrire l’histoire de Jésus, qui précisément plaident en faveur de l’authenticité historique. Et tout particulièrement le souvenir de sa crucifixion, supplice horrible et infamant.

 

Rappelons que jamais les adversaires du christianisme aux premiers siècles, qu’ils soient juifs ou païens, n’ont mis en cause l’existence de Jésus. Ils ont combattu sa doctrine et ses disciples, mais ils n’ont jamais contesté la réalité de sa personne.

 

Michel Onfray explique ensuite : "A un moment donné, cette religion ... devient une religion par la grâce d'un homme, l'empereur Constantin qui décide que Jésus a existé."

 

Michel Onfray confond avec l'édit de Milan qui donne la liberté de culte au christianisme...

La mère de Constantin, que Michel Onfray tourne en ridicule, sainte Helène, ne retrouve pas "comme par hasard" "des reliques de la Vraie croix, des clous" : elle en fit la découverte lors d’un pèlerinage en Palestine entrepris en 326 et suite à des fouilles sur le lieu du Calvaire...

 

Michel Onfray tente de justifier son anti-christianisme par le blasphème :

 

"Le christianisme du Jésus des évangiles, ce serait plutôt le christianisme de S. François d'Assise. [...] Moi ce que j'aime, c'est que les gens donnent l'exemple. Et si tous les curés accueillaient dans leur presbytère, leurs églises, leurs cathédrales, leurs évêchés, des migrants en quantité, parce qu'il y a de la place, là ils seraient crédibles.

[...] Qu'ils commencent par donner l'exemple, parce que le christianisme c'est cela pour moi. Et voilà pourquoi je ne suis pas chrétien : il y a peu de chrétiens qui sont vraiment chrétiens. Et d'ailleurs Nietzsche a dit à un moment donné : 'Il y a eu un seul chrétien, c'était Jésus, et il est mort sur la croix'", explique Michel Onfray.

 

Si le Christ demande qu'on accueille l'étranger, c'est à titre individuel et autant qu'on le peut. Cet accueil n'est pas imposé aux états, ou d'une manière collective : les autorités politiques "en vue du bien commun" (à titre collectif) ont la possibilité de "subordonner l'exercice du droit d'immigration" et l’immigré est "tenu de respecter avec reconnaissance le patrimoine matériel et spirituel de son pays d’accueil" (n°2241 du "Catéchisme de l'Eglise catholique").

 

En soutenant qu'il n'est pas chrétien parce qu'il ne rencontre pas assez de chrétiens autour de lui, Michel Onfray blasphème notre Seigneur Jésus-Christ à la manière des cardinaux qui lors de la rencontre de S. François d'Assise et du pape Innocent III au palais de Latran jugeaient la Règle de S. François trop difficile et inapplicable : soutenir que l'observance des conseils évangéliques et le voeu qu'on en fait sont quelque chose de contraire à la raison ou d'impossible, c'est blasphémer ouvertement contre Jésus-Christ, auteur de l'Evangile.

Michel Onfray affirme ensuite que le christianisme a contribué à l'"antisémitisme". Quid de l'antichristianisme juif dans le Talmud dont on entend jamais parler?

 

Il dit qu'"il faut attendre le XXe siècle, après la Shoah, pour que le christianisme officiel dise qu'effectivement les Juifs ne sont pas un peuple maudit et que ce n'est pas le peuple déicide".

 

C'est faux : même si des Pères de l'Eglise ont pu le dire, cela n'a jamais été un enseignement dogmatique de l'Eglise que de dire que les Juifs étaient un "peuple déicide"... En 1566, le Catéchisme du Concile de Trente précise même que les responsables de la mort du Christ sont les pécheurs de toute l'humanité, non les Juifs seuls.

 

« [S]i l'on veut chercher le motif qui porta le Fils de Dieu à subir une si douloureuse Passion, on trouvera que ce furent, outre la faute héréditaire de nos premiers parents, les péchés et les crimes que les hommes ont commis depuis le commencement du monde jusqu'à ce jour, ceux qu'ils commettront encore jusqu'à la consommation des siècles.
 

[…] Les pécheurs eux-mêmes furent les auteurs et comme les instruments de toutes les peines qu'il endura. » (Catéchisme du Concile de Trente, Première partie : Du symbole des Apôtres, Chapitre 5 Du 4e article du symbole Qui a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort, et a été enseveli, § 3, éditions DMM, Niort 1998, p. 56.)

 

« Nous devons donc regarder comme coupables de cette horrible faute, ceux qui continuent à retomber dans leurs péchés. Puisque ce sont nos crimes qui ont fait subir à Notre-Seigneur Jésus-Christ le supplice de la Croix, à coup sûr, ceux qui se plongent dans les désordres et dans le mal (Hebr., 6, 6.) crucifient de nouveau dans leur cœur, autant qu’il est en eux, le Fils de Dieu par leurs péchés, et Le couvrent de confusion. Et il faut le reconnaître, notre crime à nous dans ce cas est plus grand que celui des Juifs. Car eux, au témoignage de l’Apôtre (Cor., 2, 8.), s’ils avaient connu le Roi de gloire, ils ne L’auraient jamais crucifié. Nous, au contraire, nous faisons profession de Le connaître. Et lorsque nous Le renions par nos actes, nous portons en quelque sorte sur Lui nos mains déicides. » (Catéchisme du concile de Trente, 1re partie, chapitre 5, § 3, ibid., p. 57.)

Saint Pierre, Prince des Apôtres qui lors de son supplice choisit d'être crucifié la tête en bas pour ne pas avoir l'honneur de mourir comme Jésus

Saint Pierre, Prince des Apôtres qui lors de son supplice choisit d'être crucifié la tête en bas pour ne pas avoir l'honneur de mourir comme Jésus

Je crois les témoins qui se font égorger.

Blaise Pascal

Aujourd’hui, tout ce que nous pouvons voir de la Rome antique, ce sont des ruines.

 

Les puissantes légions de César et la splendeur de l’empire romain sont tombées dans l’oubli. Cependant, à quel point se souvient-on de Jésus aujourd’hui ?

 

Les nations ont utilisé ses paroles pour établir les principes de leurs gouvernements. Selon Durant : Le triomphe du Christ a été le début de la démocratie. (Will Durant, The Story of Philosophy, New York: Pocket, 1961, 428.) Son sermon sur la montagne a établi un nouveau point de référence en éthique et en moralité.

Des écoles, des hôpitaux et des œuvres humanitaires ont été fondés en son nom. Plus de 100 grandes universités – y compris Harvard, Yale, Princeton, Dartmouth, Columbia, Oxford, Paris– ont été commencées par ses fidèles.

 

Lire : Les Plantagenêt et l'influence française en Angleterre

 

Le rôle élevé de la femme au sein de la culture occidentale retrace ses sources à Jésus. (Au temps de Jésus, les femmes étaient considérées comme des personnes inférieures et virtuellement inexistantes jusqu’à ce que son enseignement soit suivi.) C'est la modernité qui a fait régressé les droits de la femme (Régine Pernoud). L’esclavage a été aboli en France au VIIe s. sous les Mérovingiens par une femme, Sainte Bathilde, en Grande-Bretagne et en Amérique à cause de l’enseignement de Jésus selon lequel chaque vie humaine possède une valeur intrinsèque.

 

L’historien du monde, H. G. Wells, questionné sur qui avait eu le plus fort impact sur l’histoire, répondit :  Jésus est irrésistiblement le centre de l’histoire. (Quoted in Bernard Ramm, Protestant Christian Evidences (Chicago: Moody Press, 1957), 163.)

 

Si Jésus n’a pas existé, comment un mythe peut-il changer autant l’histoire ?

Enfin, Michel Onfray se dit être un "athée judéo-chrétien". La première contradiction dans les termes est que les judéo-chrétiens croyaient en Dieu. La deuxième est qu'en 1789, un clivage est officiellement né, un clivage métaphysique. La république en France est le fruit de la philosophie individualiste nominaliste apparue dès le Moyen Âge au XIVe siècle et continuée avec l'épicurisme, Hobbes, Rousseau, Kant, Charles Darwin et quelques autres, où l'idée d'un ordre de la nature voulu par un Premier Moteur intelligent et où chaque être a sa finalité propre a disparu (prémisse de l'athéisme). Un monde où la loi civile devient le seul critère de moralité qui ne soit pas subjectif... et qui s'impose à tous (...même si la loi enfreint la morale! ). Un monde où avec l'épicurisme et le darwinisme se développe la croyance dans un monde en "progrès", et où la Démocratie obligatoire et universalisable prend le caractère d'une nouvelle religion.

À la place d'une décadence de la civilisation chrétienne, n'y a-t-il pas plutôt une décadence de la "civilisation" moderne ? Comment en tant qu'athée défendre la modernité-nouvelle-religion ? Il s'agit sans doute-là de la raison profonde pour laquelle Onfray se définit comme "athée judéo-chrétien", mais on en revient alors à la première contradiction. L'athéisme d'Onfray est une impasse car tout est religieux, toute politique est métaphysique, même la modernité (Voir les travaux de Simon Claude Minouni : la politique qu’elle l’accepte ou non est d’essence religieuse. Par exemple, le marxisme, dans son application "soviétique" s’est inspiré du fonctionnement de l’Église orthodoxe russe, le culte des "Pères de la Révolution" correspondant à celui des "Saints").

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9 décembre 2016 5 09 /12 /décembre /2016 14:23

Mis à jour le 20/02/2018

Auguste n’a régné que par une pax cruenta, paix dégouttant du sang de ses victimes, et il a fondé une dynastie détestée, qui s’est achevée par le règne bouffon et sanglant de Néron.

Robert Etienne, Le siècle d’Auguste, Armand Collin, Paris 1999, p. 14

Jules César a conquis les Gaules, mais la "pacification" était loin d'être gagnée. Il lui restait à briser les révoltes qui devaient émailler l'histoire des Gaules jusqu'au IIIe siècle. Quelques vingts années seulement après la conquête de la Gaule, Octave Auguste, le successeur de César, préoccupé par les rapports qu'il recevra sur des ferments ou des foyers de résistance en Gaule, entreprendra un voyage chez nous. Il tiendra une assemblée à Narbonne à la fin de l'année 27 av. J.-C., afin d'organiser administrativement la Gaule en la cadastrant, c'est-à-dire en la divisant en trois provinces (Aquitaine, Lyonnaise, Belgique) et en soumettant la Gaule à une occupation armée. Le ressentiment gaulois doit être encore persistant à l'égard des Romains si une telle mesure est prise, alors qu'Auguste se présente comme un souverain pacifique et qu'il fait symboliquement fermer à Rome le temple de Bellone consacré à la guerre. Pour contenir toute velléité de révolte, il crée trois régions militaires qui serviront de territoires tampons pour éviter toute infiltration d'une possible rébellion gauloise en Italie : ainsi naissent les districts des Alpes maritimes, des Alpes Cottiennes et des Alpes Grées, en 15 av. J.-C. Il accélère l'année suivante l'installation de colons dans la Narbonnaise, afin de consolider la présence romaine dans cette province. Dans un rescrit de date inconnue, Auguste interdit aux citoyens romains la religion des druides... [1]

 

Le bilan des huit années de la Guerre de Jules César en Gaule était lourd. Les chiffres avancés par Plutarque sont terrifiants :  un million de morts, un million de prisonniers réduits en esclavage. Certaines contrées furent ravagées de fond en comble, deux et trois fois, voire quatre fois, comme le pays des Carnutes, la Beauce. Les nombreuses villes prises d'assaut furent mises à sac, pillées, incendiées, la population égorgée ou réduite en esclavage.

Le fidèle de César, Hirtius écrivit à ce sujet : « Désespérant de réduire en son pouvoir cet ennemi (Ambiorix) fugitif et tremblant [sic] César crut devoir à sa dignité [sic] de détruire dans les états d'Ambiorix les hommes, le bétail, les édifices, au point que, en horreur à ceux que le hasard aurait épargnés, Ambiorix ne pût jamais rentrer dans un pays où il aurait attiré tant de désastres. » Une curieuse ressemblance dans la méthode avec celle employée sous la Terreur [Cf. Les déclarations des révolutionnaires, dont celle de Turreau : « Il n'y a plus de Vendée. Elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l'enterrer dans les marais et dans les bois de Savenay, suivants les ordres que vous m'avez donnés. J'ai écrasé les enfants sous les pieds des chevaux, massacré des femmes, qui au moins pour celles-là n'enfanteront plus de brigands. Je n'ai pas un prisonnier à me reprocher. J'ai tout exterminé... Les routes sont semées de cadavres. Il y en a tant dans plusieurs endroits qu'ils font pyramides. » (Général François-Joseph Westermann, cité in Jean-François CHIAPPE, La Vendée en Armes 1793, tome 1, Librairie Académique Perrin, Paris 1982, p. 455.)]

 

Voilà la « dignité » romaine. « Tout fut détruit, ajoute Hirtius, par le meurtre, le feu et le vol (rapinis). »

 

Suétone dit que César en Gaule « détruisait plus souvent les villes pour le pillage (ob praedam) qu'en punition de quelque tort. »

 

Le vol dans les temples et dans les demeures privées fut organisé méthodiquement, avec une régularité digne de la grande administration romaine. César bourrait les temples romains d'ex-voto volés dans les sanctuaires gaulois.

 

Le proconsul des Gaules était certes un guerroyeur de génie,

 

Paul Déroulède par Le Petit Journal, en 1895. Mais les voleurs n'ont pas de place au Panthéon...

 

Ce vers est de Paul Déroulède. Il ne peut être question d'y laisser Jules César ! [2]

 

Pendant des siècles l'historiographie a décrit l'influence civilisatrice de Rome qui aurait soumis "les Barbares", mais rien n'est plus éloigné de la vérité.

 

La vision simpliste d'une Rome civilisatrice apportant la culture aux Barbares s'est effondrée à la suite des travaux de Camille Jullian, historien, auteur d'une monumentale Histoire de la Gaule écrite fin XIXe, début XXe s., qui a été à la civilisation gauloise et à l'historiographie sur la Gaule ce que Régine Pernoud fut au Moyen Âge. Il a mis fin au cliché répandu par l'école de la IIIe république sur les Gaulois barbares incultes, civilisés par les Romains, qui n'avaient aucune «unité», dont le sol «mal cultivé», avec un territoire où l'on «voyait presque point de routes et pas de villes»,«le contraire des  Romains» (Cf. Le Petit Lavisse d'Ernest Lavisse, dit l'«Instituteur national», dont les «manuels Lavisse» de la IIIe république, constamment réédités jusqu'en 1950..., ont déformé de multiples générations de professeurs, instituteurs et élèves en leur inculquant des contre-vérités historiques, aujourd'hui révolues.

 

Quelles étaient les motivations de César ?

 

« Le projet de César semble avant tout relever du désir de s'illustrer face à ses concurrents, notamment Pompée, rêvant comme lui d'égaler Alexandre le Grand, en cherchant à l'Ouest un empire semblable à celui qu'il avait construit à l'est.

 

D'autres motivations, révélées par les correspondances, montrent à la fois le désir de s'enrichir sur le dos des territoires conquis, et une certaine curiosité pour les régions mystérieuses du Danube et de l'Océan. Les mouvements quasi permanents des Barbares, le souvenir de la menace des Cimbres et des Teutons, les rumeurs concernant les ambitions de Burebitsa au nord-est et d'Arioviste au nord-ouest servent de prétexte pour engager une action contre ce dernier, et contre les Helvètes dont il écrit de façon minutieuse le projet de migration. César présente un récit où il justifie son intervention contre une menace, alors qu'il attaque des populations qui ont déjà des liens étroits avec Rome, mais ne servent pas son parti politique... (Bituriges, Eduens, Séquanes] » (L'Europe celtique à l'Âge du fer (VIIIe-Ier siècles), sous la direction de Olivier BUCHSENSCHUTZ, Nouvelle Clio, PUF, Mayenne 2015, p. 365.)

 

La défaite de Vercingétorix à Alésia (septembre 52 av. J.-C.) ne marque pas la fin de la résistance de Nos ancêtres les Gaulois. De nombreuses tribus refusèrent leur soumission et maintinrent allumés les feux de la "liberté gauloise". César demeura à Bibracte durant l'hiver 52-51 et y consacra cette année à de dures campagnes.

La résistance de Drappès et Luctérios

 

Si les Carnutes et les Bituriges furent assez vite soumis (février 51), il fallut encore cinq mois pour venir à bout des Gaulois Belges Bellovaques (l’un des peuples les plus importants numériquement, ils étaient les premiers des Belgae) des Eburons et des Trévires.

Nos ancêtres les Gaulois - La Gaule après Jules César - Les Origines de la France

Un parti d'irréductibles mené par le sénon Drappès et le cadurque Luctérios, ainsi que le chef des Andes Dumnacos, réunirent leurs forces avec l'intention de libérer la Provincia (Gaule narbonnaise). Ils se réfugièrent dans l'oppidum d'Uxellodunum (Puy d'Issolud, dans le Lot). Les recherches archéologiques ont confirmé que ce site correspondait au théâtre de la dernière grande bataille de la guerre des Gaules. Deux mois d'un siège sévère furent nécessaires à César pour réduite ce dernier bastion.

 

César, fidèle à son habitude, fit trancher la main droite de tous ceux qui parmi les assiégés avaient combattu (BG, VIII, 44).

 

La résistance de Marseille (49 av. J.-C.)

 

En 49 av. J.-C., César fit assiéger Marseille qui s'était révoltée et rangée du côté de Pompée. Il n'en vint à bout qu'après un long siège de plusieurs mois. César, quitta ensuite la Gaule en 49 av. J.-C pour n'y plus revenir qu'en passant. Ses nouveaux ennemis se trouvaient désormais en Orient, en Afrique, et à Rome où débutait la guerre civile.

 

En juin 46, après la mort du sénateur stoïcien Caton (qui en 59 av. J.-C. avait voté contre la mesure qui donnait à César le commandement des Gaules pour cinq ans, disant aux sénateurs qu'ils se décrétaient un tyran pour l'avenir) et de son concurrent Pompée, César put enfin célébrer à Rome son triomphe sur la Gaule, autour du char du triomphateur. Des écriteaux résumaient les actions de César en Gaule : 300 tribus soumises, 800 villes prises, 30 batailles gagnées, 3 millions d'ennemis combattus, 1 million d'esclaves, 1 million de cadavres. La figure de Marseille domptée rappelait aux Romains qu'ils avaient réussi à écarter les Grecs de l'Occident pour se le réserver. Vercingétorix fut ramené dans la prison pour y être exécuté de la main du bourreau: son crime avait été de vouloir, contre Rome, la liberté de la Gaule.

 

Traditions, souvenirs, coutumes, importait peu à César. Briseur de nations et d'hommes, il distribua la civitas romana (la citoyenneté romaine) à tous ceux qui la voulaient. Des Gaulois l'a reçurent. Des milliers de soldats de la Narbonnaise l'obtinrent d'un coup, au moment où il forma la Légion des Alouettes, parfois aussi connue comme Legio Gallica (58/57 av. J.-C.) Il l'accorda même aux officiers celtes qui le suivaient, et moins de dix ans après la fin de l'indépendance de leur nation, les rois et fils de rois de la Gaule s'apprêtaient, comme membres du peuple souverain à exploiter le monde à leur tour... Le conscrit gaulois qui était incorporé dans une légion était fait citoyen romain avant d'y entrer (car il ne pouvait y avoir que des "citoyens" dans une légion...); le conscrit qui servait dans les autres corps de troupes, dits "auxiliaires", recevait le droit de cité en sortant du service.

 

Quelques uns de ces nouveaux citoyens arrivèrent d'emblée à la dignité de sénateurs, et ils furent invités à entrer dans cet étrange sénat créé par César, ramassis d'hommes accourus de tous les points de la terre. On se moquait d'eux à Rome, quand ils demandaient le chemin de la Curie. Sur le passage de César, pendant son triomphe, les soldats chantaient en ricanant : "Il mène les Gaulois derrière son char, mais c'est pour les conduire au Sénat." L'assimilation, c'était rompre du même coup les peuples gaulois (diviser pour régner) mais rompre aussi la patrie romaine, et "remplacer, une cité maîtresse et des nations sujettes en un peuple nouveau embrassant le genre humain" [3], selon la formule de Camille Jullian.

 

Il faudra trois siècles seulement, pour voir le "peuple nouveau" ruiné et dissous avec l'édit de Caracalla de 212 ap. J.-C. ("Constitution Antonine"), qui accordait la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l'empire sans distinction d’origine. La terre entière achevaient de se confondre dans l’égalité des droit. A ce syncrétisme politique se superposait un syncrétisme religieux avec le développement du culte de la divinité unique... Mais naturellement, il ne faut pas voir dans cette mesure un quelconque souci humanitaire du cruel empereur : l'édit de Caracalla visait avant tout à généraliser la perception des lourds impôts dus par les citoyens romains.

Statère d'or à l'astre, cheval à droite frappé par les Bellovaques (80-50 av. J.-C.)

Statère d'or à l'astre, cheval à droite frappé par les Bellovaques (80-50 av. J.-C.)

La révolte des Bellovaques (46 av. J.-C.)

 

En 46 av. J.-C., les Bellovaques (peuple gaulois de la Gaule Belgique) prirent donc les armes. Mais la révolte fut étouffée par Decimus Brutus, qui était alors en Gaule.

 

Peu abordées sous leurs aspects politiques et culturels, voici quelques unes des résistances et des révoltes gauloises celtes après la conquête de Jules César. Cette histoire peu vulgarisée montre pourtant que le souvenir de l'indépendance nationale n'avait pas complètement disparu des pensées de nos ancêtres les Gaulois.

 

En 39 av. J.-C., le successeur de César, Octave, lors d'un déplacement en Gaule échappe de peu à un complot gaulois lors du franchissement des Alpes. Le général Agrippa est chargé de réprimer la révolte de l'Aquitaine et de la Gaule Belgique (39 - 37 av. J.-C.) Dix ans plus tard, Octave doit réprimer une autre révolte en 29 av. J.-C.

 

En 27, lorsque Auguste ordonne le recensement de toutes les Gaules, il vient dans le pays, et s'installe à Narbonne pendant l'opération. Personne ne bouge. Quinze ans plus tard, en 12 av. J.-C., il a à refaire ou à compléter le recensement. Il confie le recensement à son beau-fils, Drusus. Les choses se passent moins bien. Il y a chez les Gaulois des colères et des grondements, mais nul ne se risque dans un acte de rébellion.

 

La révolte de Sacrovir et Florus (21 ap. J.-C.)

 

Peu après la tentative ratée de conquête de la Germanie, la Gaule connait une révolte conduite par deux aristocrates, Julius Sacrovir, chef des éduens, naguère alliés de César, et le prince de la tribu des Trévires, Julius Florus. L'historien romain Tacite explique qu'il faut trouver la "raison" de cette première grande révolte gauloise dans les "lourdes taxes que les Gaulois sont obligés de payer aux gouverneurs romains..." (Annales, III, 40.) Les deux chefs gaulois "tinrent clandestinement des assemblées générales où ils dénonçaient avec virulence les impôts iniques prélevés par Rome, l'énormité de l'usure réclamée par les financiers romains et la cruauté des légats et des gouverneurs qui mettaient les terres et les cités gauloises en coupes réglée." [4]

 

La monarchie romaine est une monarchie administrative. En Occident, l'autonomie des villes est battue en brèche par les gouverneurs. Les impôts levés sur les provinciaux (capitation, impôt foncier sur les propriétaires de terres) relèvent de gouverneurs assistés de leurs procurateurs a rationibus sous Claude (41-54). Le cadastre général de l'Empire commencé sous Agrippa, et comportant des renseignements sur la valeur des terres et la nature des cultures pratiquées, est terminé sous Trajan (98-117). Au milieu du IIe s. ap. J.-C., le nombre des procurateurs sera fortement accru: il passera de 62 à 109 entre 96 et 161.

 

Dans ce contexte de forte centralisation romaine, les assemblées provinciales se réunissent pour une seule session annuelle dans la capitale de la province. L'Assemblée, en Gaule, est créée par Auguste en 12 av. J.-C., autour de l'autel des Trois-Gaules. Vespasien (70-79) osera en créer dans les provinces sénatoriales (Narbonnaise). Ces assemblées sont les héritières des koina de l'époque hellénistique en Asie, en Lycie [5], mais aussi de cette institution récemment confirmée par l'archéologie, l'Assemblée annuelle de toutes les tribus gauloises :

 

« Chaque année, en effet, écrit Jean-Louis Brunaux, un "Conseil de toute la Gaule" (Concilium totius Galliae) se réunissait et les élus de chacun des peuples y accordaient le principat (le leadership) à un peuple-patron. Cette assemblée, dont les pouvoirs paraissent avoir été limités, avait l'avantage de matérialiser un espace dont la nature était avant tout politique. 

 

Très tôt - au moins dès le IIIe siècle avant J.-C. -, les peuples prirent l'habitude de réunir leurs chefs et des délégués des différentes assemblées dans le "Conseil de toute la Gaule"... qui avait pour mission d'accorder à l'un d'entre eux ce que César nomme un "principat".

 

En 52 avant J.-C., c'est lui (César) qui décida la création d'une gigantesque armée confédérale. Mais le contrôle des accords, le respect des prérogatives de chaque population, l'arbitrage des conflits étaient délégués à une autre assemblée annuelle, celle des druides. » [6]

 

Cette Assemblée des Gaules jouera un rôle important dans l'"Assemblée de Reims" en 70 ap. J.-C. lorsqu'il s'agira de choisir entre l'indépendance ou la paix et rester ou non loyal à Rome durant la révolte de Sabinus (Voir plus bas). L'Assemblée des Gaules se réunira jusqu'au Ve siècle (Voir plus bas.)

 

Sacrovir et Florus tentent donc de soulever plusieurs peuples des Gaules, en commençant par le Centre-Ouest, avec les Andécaves et les Turons.

 

Les deux armées s'affrontent dans une première bataille vers la silva Arduenna, et Florus est vaincu. Il se donne la mort afin de ne pas être fait prisonnier.  Ainsi finit la révolte des Trévires. (Tacite, Annales, III, 42.) La révolte des Éduens devait être "plus difficile à réprimer, parce que cette nation était plus puissante", et les forces romaines "plus éloignées" (Tacite, Annales, III, 43.)

"Sacrovir lui-même, entouré des principaux chefs, parcourait les rangs sur un cheval superbe" (Tacite, Annales, III, 45.) Combat de Romains et de Gaulois - Penture de Charles-Évariste-Vital Luminais (19e s.)

"Sacrovir lui-même, entouré des principaux chefs, parcourait les rangs sur un cheval superbe" (Tacite, Annales, III, 45.) Combat de Romains et de Gaulois - Penture de Charles-Évariste-Vital Luminais (19e s.)

"À douze milles d’Augustodunum (Autun), [l'ancienne Bibracte renommée "ville d'Auguste"], on découvrit dans une plaine les troupes de Sacrovir. Il avait mis en première ligne ses hommes bardés de fer, ses cohortes sur les flancs, et par derrière des bandes à moitié armées. Lui-même, entouré des principaux chefs, parcourait les rangs sur un cheval superbe, rappelant les anciennes gloires des Gaulois, les coups terribles qu’ils avaient portés aux Romains, combien la liberté serait belle après la victoire, mais combien, deux fois subjugués, leur servitude serait plus accablante." (Tacite, Annales, III, 45).

 

Sacrovir, vaincu, "se retira d’abord à Augustodunum ; ensuite, craignant d’être livré, il se rendit, avec les plus fidèles de ses amis, à une maison de campagne voisine. Là il se tua de sa propre main." (Tacite, Annales, III, 46.) "Et Les autres chefs s'entre-tuèrent pour ne pas tomber aux mains des Romains, ayant mis le feu à la demeure qui devint leur bûcher de crémation".

 

Bien des usages gaulois disparurent d'eux-mêmes ou du fait des lois. Par exemple, passé le règne de l'empereur Claude (41-54), il n'y a plus trace des anciens titres nationaux qu'avaient conservés jusque-là quelques chefs de cités : au lieu de vergobrets, ils ne s'appelleront plus que préteurs ou duumvirs.

 

"Le droit de cité ne cessa d'être largement octroyé aux Gaulois sous les premiers empereurs, surtout César, Caligula et Claude." [7]

 

Après les règnes d'Auguste (-44 / + 14) et de Tibère (14-37), plus avares du titre de citoyen romain, les portes de la Cité se rouvrirent brusquement à tous les peuples.

 

Claude fit un discours qui nous a été conservé. Long, diffus et incohérent, ce discours d'homme politique n'abandonne pas le projet universaliste de César. Il montre que la loi divine de Rome, depuis son origine, est de faire de tous les peuples une seule patrie... L'aristocratie romaine se plaignit vivement de cette extension.

 

L'empereur Néron (64-68) ignorera la Gaule. Mais il vit néanmoins une révolte celtique en Bretagne insulaire, que nous pouvons aborder ici, bien qu'elle ne concerne pas strictement la "Gaule" dans ses limites géographiques définies par César. Néron vit aussi à la fin de son règne une révolte gauloise menée par Vindex, gouverneur de la Lyonnaise, qui provoquera son renversement.

La révolte de Boudicca en Bretagne (60-63)

 

"Les Celtes ne sont qu'une partie (un tiers) des Gaulois." [8]

 

Et les Gaulois ne résident pas que dans la zone géographique délimitée par César.

Source image : http://www.la-croix.com/Sciences-et-ethique/Sciences/La-carte-de-l-installation-des-Celtes-2016-08-07-1200780564

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Dans la carte ci-dessus, on voit en rouge la "présence celtique dès le IIIe millénaire avant J.-C. en "Bretagne" (nom antique de l'actuelle Grande-Bretagne).

 

Si après la bataille d'Alésia (52 av. J.-C.), toute la Gaule (en France) fut occupée par les Romains, des tribus celtiques peuplant l'autre rive de la Manche demeuraient libres de vivre selon leurs coutumes. Ils étaient connus sous le nom de Britanni (Bretons ou Brittons).

 

A la période de la Tène (450 av. J.-C. - 25 av. J.-C.) des Gaulois continentaux ont peuplé la Bretagne insulaire, l’Irlande, alors composée d'autres peuples indigènes (dont les Pictes, Calédoniens, Maètes, Attacottes).

 

Au Ier siècle av. J.-C., arrivèrent les Gaulois Belges : Cantii (Durovernum/Canterbury), Regni ou Regnenses (Novomiagus/Chichester), Atrébates (Calleva/Silchester), Belgae (Venta/Winchester), Trinovantes (Camulodunum), Catuvellauni (Verulamium) et les Donubi.

 

Dans le Pays de Galles arrivèrent les Silures (Venta Silurum/Caervent) dont sera issu le roi Arthur au Ve. s. qui vaincra les Saxons.

 

Le centre fut peuplé par les Coritani (Ratae/leicester) et les Cornovii (Virconium/Wroxeter). [9]

Répartition des tribus celtiques en Bretagne insulaire au Ier siècle av. J.C.

Répartition des tribus celtiques en Bretagne insulaire au Ier siècle av. J.C.

La population peut avoir atteint un million d'habitants, dont la moitié vivant dans les cités et les villae rurales du Bassin de Londres.

 

Localisation géographique du mur d'Hadrien dans le nord de l'Angleterre et du mur d'Antonin en Écosse. Les Romains partirent à la conquête des Îles Britanniques, sous l'empereur Claude, en 43 ap. J.-C. La résistance britannique était dirigée par Togodumnos et Caratacos, les fils du roi Cunobelinos des Catuvellauni.

 

Et 17 ans plus tard nous est connue ce qui est restée dans l'histoire comme la révolte celtique de la reine Boudicca.

 

La conquête de l'île ne s'arrêtera qu'en 83 apr. J.-C (Tacite, De vita et moribus Iulii Agricolae 13.) L'empereur Antonin fit construire une muraille, le Mur Antonin, vers 140, qui "doublait" au Nord la fortification du mur d'Hadrien déjà édifiée. Il fut submergé par les invasions "Barbares" pictes (territoire de l'Écosse actuelle) à la fin du IIe siècle.

Carte de la Celtique. Source (image) : Patrice BRUN, Princes et Princesses de la Celtique, Le premier Âge du fer en Europe, 850 – 450 av. J.-C., Collection des Hespérides, Editions Errance, Paris 1987, p. 26

Carte de la Celtique. Source (image) : Patrice BRUN, Princes et Princesses de la Celtique, Le premier Âge du fer en Europe, 850 – 450 av. J.-C., Collection des Hespérides, Editions Errance, Paris 1987, p. 26

Vers 60 ap. J.-C., il y eut en Bretagne une révolte des Icènes de la reine Boudicca : le roi des Icènes, Prasutagus, est mort en laissant comme co-héritier l'empereur romain Néron, et ses propres filles ; le procurateur traita la province comme territoire romain, pillant, évinçant les indigènes, les traitant comme des esclaves, fit fouetter publiquement la reine Boudicca et violer ses filles.

 

La révolte démarra avec les Icènes puis les Trinovantes qui avaient perdu leurs terres au profit des colons de Colchester.

 

Les rebelles détruisirent Camulodunum (Colchester), Verulanium (St Albans) et Londinium (Londres).

Boadicée haranguant les Bretons de John Opie

Boadicée haranguant les Bretons de John Opie

« Grande, terrible à voir et dotée d'une voix puissante. Des cheveux roux flamboyants lui tombaient jusqu'aux genoux, et elle portait un torque d'or décoré, une tunique multicolore et un épais manteau retenu par une broche. Elle était armée d'une longue lance et inspirait la terreur à ceux qui l'apercevaient. » (Dion Cassius, Histoire romaine, 62, 2.)

 

Suetonius Paullinus regroupa ses 10.000 hommes dans les Midlands et livra bataille aux rebelles supérieurs en nombre de Boudicca qui fut battue.

 

La répression romaine fut sans pitié. Suetonius Paullinus extermina les tribus rebelles. La présence d'un Concilium provincial prévu par Claude à Camulodunum (temple de Rome et de l'empereur) n'est plus attestée après la révolte de Boudicca.

 

La fin de la reine  Boudicca varie selon les sources : elle se suicida par empoisonnement, ou elle mourut des suites de ses blessures. Encore aujourd'hui, la révolte de Boudicca est un symbole de courage et de résistance des populations bretonnes contre l'envahisseur romain.

La Bretagne ne fut jamais profondément romanisée: sa conquête avait été trop tardive, inachevée et sa position trop excentrique.

 

La prestigieuse revue Nature nous a réservé une surprise de taille en publiant le 18 mars 2015 une étude sur les origines génétiques de la population britannique, intitulée "The fine-scale genetic structure of the British population". Il s'agit d'une oeuvre d’une solide équipe de chercheurs de l’Université d'Oxford, de l’Université du College London et du Murdoch Childrens Research Institute (Australie) emmenée par le statisticien Stephen Leslie. L'étude repose sur une analyse détaillée de l’ADN de 2 039 britanniques "de souche".

 

Des comparaisons avec des prélèvements provenant de 6 209 personnes de dix pays voisins ont permis de mettre en évidence leurs liens avec d’autres populations européennes. L’étude a montré une relative homogénéité de la population du sud et du centre de l’Angleterre. Cependant, les Saxons représentent moins de la moitié de l’ascendance de cette population – plus probablement entre 10 et 40 %, soit moins qu’on ne le pensait jusque-là compte tenu des bouleversement apportés dans la langue, les noms de lieux et l’agriculture par les invasions saxonnes. Malgré leur longue présence attestée, les Vikings auraient laissé très peu de traces génétiques, sauf dans les Orcades, qui ont fait partie de la Norvège de 875 à 1472 ; et même là, leur place dans le "profil ancestral" des habitants actuels ne dépasse pas 25 %. En revanche, trois groupes de populations européennes ont apporté une contribution spécialement importante au peuplement actuel ; ils se situent en Allemagne de l’ouest, en Flandres et dans le nord-ouest de la France. Ce dernier groupe est spécialement apparenté aux populations du Pays de Galles, d’Irlande du Nord et d’Écosse de l’ouest. Faut-il y voir la trace d’un unique peuplement celtique des deux côtés de la Manche ? Sur ce point, les auteurs de l’étude sont clairs : « nous n’avons constaté aucune évidence d’une population ‘celtique’ générale dans les parties non saxonnes du Royaume-Uni ». De nombreux groupes génétiques distincts voisinent en Irlande du Nord, en Écosse et au Pays de Galles. Les populations galloises apparaissent comme les plus proches des premiers occupants de la Grande-Bretagne installés au Royaume-Uni après la dernière ère glaciaire. Le profil ancestral de la Cornouaille est très différent de ceux du Pays de Galles mais proche de celui du Devon. (Source : L’ADN des Britanniques est moins saxon, moins viking et moins celte qu’on ne croit, Breiz Info)

 

Cette information récente doit être rapportée à ce qu'écrivait Frantz FUNCK-BRENTANO, le disciple de Camille JULLIAN, en 1925 au sujet de la répartition ethnique de la "nation française" :

 

"On dit souvent que la nation française s'est formée d'un alliage de peuples différents où l'élément prépondéral aurait été constitué par les Celtes. Après avoir envahi la Gaule , ces derniers s'y trouvèrent au contraire, en très petite minorité, comparativement aux peuples indigènes; comme les germains qui leur succéderont quelques siècles plus tard (les Francs. Ndlr.)

 

Que s'il fallait, parmi les races diverses dont s'est formée la nation française, chercher un type prédominant, c'est sans aucun doute chez les Ligures qu'il se trouverait et chez les autochtones, en admettant que les Ligures aient été eux-mêmes des immigrants. Pour parler généralement, et d'une manière d'ailleurs trop absolue, il ne faut pas dire que nous sommes des celtes, nous sommes des Ligures.

 

Dans la formation de la nation française seraient entrés 50% d'autochtones, Ligures et Ibères, 20% de Celtes, 5% de Latins, 16% de Germains, en y comprenant l'élément gothique, 4% de Normands et 5% d'éléments divers : Grecs, Basques, Sémites, Syriens, Africains...

 

... La langue des Celtes, pareille au Ligure, avait des rapports étroits avec l'ombro-latin.

 

Des dialectes néo-celtiques se parlent de nos jours encore en notre Bretagne bretonnante, en Irlande, en Pays de Galles, en Haute-Ecosse et dans l'Île de Man, mais ces idiomes n'ont plus que des rapports éloignés avec ce que l'épigraphie a conservé du celte primitif.

 

La nation celtique ne pénétra d'ailleurs pas tout entière en Gaule; une partie en demeura sur la rive droite du Rhin qui se trouva ainsi celtique sur ses deux rives, de même que les deux versants des Alpe étaient ligures, et ibériques les deux versants des Pyrénées."

 

(Frantz FUNCK-BENTANO, Les Origines, Librairie Hachette, 1925, p. 31, 32, 33.) En l'état de nos connaissances, il semble aujourd'hui que les Ligures soient une sous-branche ethnique italo-celtique, un peuple de type protohistorique d'Europe ou Proto-Celtes. Ce qui donnerait une répartition de 70% de Celtes (Ligures et Celtes à proprement dit) pour 16% de Germains (Francs et Goths).

Boadicée a inspiré différents artistes. Henry Purcell (1659-1695) lui a dédié une de ses œuvres en 1695, Bonduca, or the British Heroine (Z. 574).

En 1782, William Cowper lui consacra un des poèmes les plus populaires, Boadicea, an Ode.

 

Enya :

La Statue de Boadicée, ou Boudicca, héroïne de la patrie britannique, érigée à Londres, œuvre de Thomas Thornycroft (1815–1885) :

Nos ancêtres les Gaulois - La Gaule après Jules César - Les Origines de la France

Un péplum britannique "Centurion" sorti en 2010 fut réalisé par Neil Marshall sur le thème de l'héroïne celte et une libre inspiration de la disparition de la neuvième légion romaine en 117 ap. J.-C. au nord de la Bretagne.

La Bande-annonce :

La révolte de Julius Vindex de 68

 

Gaius Julius Vindex est un noble gaulois originaire d'une puissante famille d'Aquitaine et sénateur romain. Il est sans doute légat (gouverneur) de la province de Gaule lyonnaise. Il mène en Gaule une fronde contre Néron en 68 ap. J.-C., qui allait être à l'origine de sa chute, puis de la crise politique qui secouera l'Empire en 69, et qui fut dénommée l'"année des quatre empereurs" (Néron, Galba, Vitellius, Othon).

 

Selon Dion Cassius, il aurait déclaré qu'il ne reconnaissait plus Néron comme empereur, au nom des Gaulois qu'il administrait, et qu'il s'en remettait au peuple romain et à son sénat pour le choix d'un nouvel empereur. Les crimes et les folies de Néron n'étaient pas en effet inconnus des Gaulois, honteux de vivre sous les lois d'un tel dément. En mars 68 ap. J.-C., Caius Julius Vindex, réclame le droit de la province à participer à l'élection de l'empereur. Il dénonce les turpitudes de Néron qu'il veut remplacer par Galba, alors gouverneur de la Tarragonaise (province romaine d'Espagne), un personnage connu en Gaule et estimé : il avait été gouverneur de l'Aquitaine et de la Germanie Supérieure.

 

Les Gaulois répondirent à l'appel de Vindex qui réussit à lever une milice de 100.000 hommes (dont 20.000 en armes) et offrit la direction du mouvement à Galba par l’envoi d’émissaires à Carthagène. L’armée du Rhin de Verginius Rufus, légat de Germanie Supérieure, resta cependant fidèle à Néron. À la nouvelle Révolte de Vindex en Gaule, Néron, alors à Naples, resta d'abord sans réaction. En avril, Galba fut déclaré ennemi public par le Sénat, ses biens confisqués et sa tête mise à prix. Son agent à Rome, Icelus fut arrêté. L. Verginius arriva en hâte du Rhin avec ses légionnaires. Vindex, vaincu aux environs de Vesontio (Besançon), se tua (fin mai 68).

 

Cette révolte n'en a pas moins une importance : les Gaulois ont montré le pouvoir des provinces à élire un empereur non julio-claudien..., une idée alors saugrenue.

 

Au reste, malgré la victoire des légions rhénanes devant Besançon, la cause de Galba l'emporta : l'armée d'Espagne le proclama "Auguste". Néron se tua et Galba traversa la Narbonnaise pour venir à Rome revêtir la pourpre. Durant son règne très court (puisqu'il fut massacré par les prétoriens dès le 28 janvier 69), il avait pu témoigner de sa gratitude à la Gaule celtique, en diminuant le tribut qu'elle payait à l'Empire et en y multipliant le droit de cité... [10]

 

La révolte de Civilis "pour la liberté des Gaulois et des Germains". Sabinus et le premier "empire gaulois" (69-70)

Tacite parle des "prophètes" gaulois, qui en l'an 69 prédisaient la fin de l'empire romain et la domination de Rome par les races transalpines. [11]

 

"Ca et là, quelques druides prédisaient la chute de Rome; mais c'était une prophétesse germaine, Velléda, qui inspirait les chefs." [12] De la nation des Bructères, "elle se dérobait aux regards" des députés du Congrès de Reims, "afin d'inspirer plus de respect". (Tacite, Histoires, IV, 65.)  Elle prédit les succès des Germains et la ruine des légions.(Tacite, Histoires, IV, 61.)

Velléda. Sculpture d’Hippolyte Maindron au jardin du Luxembourg de Paris

Velléda. Sculpture d’Hippolyte Maindron au jardin du Luxembourg de Paris

Fin décembre 69, la révolte du batave Civilis et du mouvement national gaulois est donc appuyé par les druides de Gaule, les Trévires (peuple celte du groupe belge), et les Lingons (un des plus anciens peuples gaulois). Civilis veut fonder un Empire des Gaules (Imperium Galliarum). Les insurgés s'emparèrent de Cologne.

 

Les Bataves étaient un peuple germanique détaché des Chattes, proches des Gaulois Belges. Julius Civilis et son frère Paulus avait combattu dans l'armée romaine et reçu la citoyenneté avant d'être accusés, à tort, de trahison sous Néron. Paulus avait été exécuté tandis que son frère Julius était délivré par Galba, pour être mis en cause de nouveau sous Vitellius. Aussi Julius Civilis décida-t-il cette fois de se révolter réellement. Il commença par feindre d'accepter les propositions des vespasianistes (partisan de Vespasien). Il gagna l'appui des Germains de la rive droite (les Bructères). La guerre se déroula avec en arrière-plan la guerre en Italie où Primus Antonius affrontait Vitellius pour le compte de Vespasien.

Révolte des Bataves conduite par Iulius Civilis, en 69 sur le Rhin. Huile sur bois d'Otto van Veen, 1613

Révolte des Bataves conduite par Iulius Civilis, en 69 sur le Rhin. Huile sur bois d'Otto van Veen, 1613

Maricc, le "libérateur des Gaulois". La révolte de Maricus et des Boïens contre l'empereur Vitellius (69)

 

En Gaule, sous l'empereur Vitellius (en 69), un boïen (habitant du pagus des Boïens sur le territoire des Eduens) dénommé Maricc (ou Mariccus), est issu de la plèbe; Il tente de lever les Boïens et les Éduens pour l'indépendance de la Gaule. Il parcourt la Gaule, se prétendant être "le champion des Gaules", un prophète envoyé des dieux et le "libérateur des Gaulois". Les Boïens est l'un des plus anciens peuples gaulois qui avaient participé à la prise de Rome en 390 av. J.-C.

« Le jour espéré et prévu par les amis de Vindex et par le prophète Maricc était enfin arrivé. Les prêtres et les devins des campagnes, derniers héritiers de l'Eglise druidique, prédirent aussitôt la chute de Rome et la ruine de l'Empire : le feu du temple romain était, chantaient-ils, le flambeau allumé par les dieux pour servir de présage à la gloire d'un empire nouveau, celui des Gaules. » (Camille Jullian, La Gaule dans l'Empire romain, Editions du Trident, Paris 2013, p. 36)

 

Il y avait 120 ans, depuis Vercingétorix, que ce mot d'"empire gaulois" n'avait plus été prononcé. Mais ni le temps de ce long siècle ni les ouvrages des empereurs n'avaient suffi pour l'effacer de la mémoire. Le groupement de chefs autour de Vindex, Galba et Othon, leurs mystérieux serments en face de Vitellius, prouvaient que les cités celtiques n'avaient renoncé à aucun de leurs rêves d'entente et de liberté.

 

Le complot s'ébaucha partout pendant que les armées du Rhin et du Danube se disputaient l'Italie et Rome. Des résolutions furent discutées à Cologne et arrêtées par les chefs gaulois qui commandaient des troupes auxiliaires. Julius Classicus et Julius Tutor chez les Trévires, Julius Sabinus chez les Lingons, rejoignirent Civilis avec les corps placés sous leurs ordres et d'autres qu'ils entraînèrent.

 

Civilis s'empara de Vetera, les Gaulois prirent Cologne et Mayence. Le titre de citoyens romains qu'ils portaient tous, n'étaient pour eux qu'une apparence.

 

Sabinus portant le manteau de pourpre d'un imperator romain, entra dans le camp des légions, monta sur l'estrade du légat, et, lut la formule du serment que tous devaient prêter à l'"Empire des Gaules" et s’autoproclama "César" de l'Imperium Galliarum. (Tacite, Histoires, IV, 67)

 

La rébellion s'étendit sur une grande partie de la Belgique et de la Germanie romaine. Elle reçut le renfort de Germains transrhénans (Usipètes, Mattiaques et Chattes).

 

Cependant, Civilis n'avait pas prêté serment à l'Empire des Gaules et prétendait lui imposer son autorité en s'appuyant sur les tribus germaniques. Le mouvement ne tarda pas à s'essouffler, alors qu'arrivait la préparation par Vespasien d'une grande expédition placée sous les ordres de Petillus Cerialis pour réprimer la révolte.

 

L'Assemblée des Gaules à Reims (janvier 70 ap. J.-C.)

 

Les cités répondirent à l'appel des Rèmes qui proposèrent de réunir à Reims une Assemblée des Gaules pour choisir entre l'indépendance ou la paix. Les délégués, examinant la situation, pesèrent toutes les conséquence d'une sécession qui loin de déboucher sur une possible indépendance, se traduirait par une domination germanique, dont la perspective rendait préférable la tutelle romaine. Finalement, la plupart des cités résolurent de rester fidèles à Rome (Tacite, Histoires, IV, 68-69.) 

 

 

Le général romain Cerialis tint alors aux Trévires et aux Lingons (Tacite, Histoires, IV, 73-74) un véritable discours politique moderne que ne répudierait nos actuels républicains. Ce discours empruntait à la tactique de Jules César en Gaule du diviser pour régner, ainsi qu'au lexique du chantage à la "paix" ou à la "guerre universelle". Il rappela la menace que les les tribus germaniques avait fait pesée sur les Gaulois, avant d'exploiter habilement nos divisions ancestrales.

 

La campagne du romain Cérialis écrasa Civilis à l’embouchure du Rhin à Trèves. Civilis finit par traiter avec les Romains et devint leur allié à la fin de 70... Cependant, tandis que Cerialis soumettait les Trévires, le général romain Appius Annius Gallus fit face aux Lingons toujours insurgés et conduits par Julius Sabinus († 78 apr. J.-C.)

 

Sabinus fut finalement défait par les légions assistées des Séquanes (peuple gaulois de l'est de la Gaule, versant ouest du jura). La cité de Trèves fut réduite au rang de ville tributaire, mais la répression fut relativement modérée.

Sabinus, simulant un suicide et brûlant sa maison, prit la fuite. Il passa neuf ans en clandestinité se cachant dans une grotte que la tradition situe aux sources de la Marne, avant d'être trahi et découvert. Il fut mis à mort malgré les supplications d'Éponine, sa femme devenue chrétienne avec qui il avait eu deux enfants. L'histoire d'Éponine est émouvante et montre la fidélité de la gauloise à son mari. Elle fit semblant de porter le deuil le jour, mais rejoignait Sabinus la nuit.

 

Eponine et Sabinus devant Vespasien, peinture par Alexandre Menjaud (1802 Paris, Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts) Sabinus finit par être découvert et conduit devant Vespasien. Éponine plaida pour obtenir la grâce de son mari ; elle finit par demander à mourir avec lui (Plutarque). Elle  fut exécutée après son mari, en 79. Elle fut béatifiée sous le nom de Sainte-Eponine. Elle est fêtée le 1er novembre. De leurs deux enfants, l’un fut tué en Égypte ; le second, portant le même cognomen que son père, serait passé par Delphes.

 

Sabinus faisait partie des personnages les plus importants de Gaule de cette époque, aussi bien par sa réputation que par sa fortune, comme les autres commanditaires de l’insurrection. Tout comme eux, il était également citoyen romain : comme son gentilice l’indique, il fait partie de la gens Julia ; un de ses ancêtres avait dû obtenir la citoyenneté de Caius Julius César ou de son fils adoptif Auguste.

 

Depuis la "Renaissance", l’histoire d’Éponine et Sabinus a connu un grand succès en tant que sujet pour de nombreuses œuvres d’arts : poèmes, nouvelles, romans, pièces, peintures, sculptures ou gravures (Jacques-Remi Dahan, Éponine & Sabinus, Dominique Guéniot, 2011). Une vingtaine de pièces de théâtre ont été consacrées à Sabinus et à sa femme, ainsi qu'une trentaine de tableaux, et environ huit opéras. Mais à partir du XIXe siècle, on ne trouve presque plus de représentations de cette histoire, les artistes leur préférant au couple les figures d’autres gaulois : Brennus, Ambiorix, Camulogène et surtout Vercingétorix. Sabinus s’effaça ainsi peu à peu de notre mémoire populaire : c’est la figure du chef arverne qui le remplaça dans Le Tour de la France par deux enfants de G. Bruno, alors que Sabinus apparaissait encore en 1876 dans l’Histoire de France de Guizot.

Eponine - par Nicolas André Monsiaux (19e s.)

Eponine - par Nicolas André Monsiaux (19e s.)

Vespasien (69-79) restaure l'autorité impériale que ses fils Titus (79-81) et Domitien (81-96) mèneront à bien. Trajan (98-117) combattra Daces et Parthes; il ne séjournera pas en Gaule, non plus qu'Hadrien (138-161). Sous Marc-Aurèle (161-180), la frontière du Danube sera en danger : la Gaule en subit le contrecoup sur le Rhin, qu'il faut défendre (166), cependant que de graves désordres éclatent chez les Séquanes. C'est l'époque où les cultes orientaux s'installent livrement dans les Gaules. C'est aussi le moment où le christianisme pénétra dans les Gaules. (Cf. S. Pothin et Ste Blandine martyrs en 177)

 

À l’époque de l’empereur Commode, entre 185 et 188 ap. J.-C., le brigandage sévit en Gaule : une bande de soldats déserteurs et de brigands gaulois commandée par un simple soldat déserteur, Maternus. Celui-ci ravage le sud de la Gaule et le nord de l'Espagne en ralliant à sa cause les oubliés de la prospérité économique, les Gaulois couverts de dette, les paysans soumis aux impôts et aux tributs romains. [13]

 

Mais apparaît alors pour la première fois un prêtre catholique qui soit vraiment conducteur d'hommes et chef d'église : à Lyon, après une terrible persécution qui vit périr sainte Blandine, saint Pothin, et les suppliciés de 177, S. Irénée de Lyon monta sur le siège épiscopal de Lyon (178), et reconstitua cette église dévastée. Le Christianisme s'apprêtait à continuer l'oeuvre de l'Empire, à propager, comme lui, la culture gréco-latine, et à en prendre la succession (Cf. S. Léon Ier Pape, héraut de la Romanitas † 461)

 

En 197, on vit arriver les premiers prétendant au trône d'origine non-romaine. Deux prétendants africains s'opposaient : Septime Sévère, de Tripolitaine (premier empereur romain d'origine africaine, qui règne de 193 à 211) et Clodius Albinus, d'Hadrumète en Bizacène (Afrique proconsulaire, actuelle Tunisie).

 

D'origine punique et à l'accent carthaginois, Sévère voulait retirer à l'oligarchie sénatoriale romaine ce qui lui restait d'autorité..., achever l'assimilation de toutes les provinces de l'Empire à l'Italie, en enlevant à Rome et au Sénat des Romains leur suprématie. C'était la destruction de l'ancienne conception augustéenne, romano-centrée. Celle-ci trouva un défenseur en la personne de Clodius Albinus, alors chef des légions de Grande-Bretagne. Albinus vint s'installer à Lyon. Sévère accourut avec ses troupes campées dans la région du Danube. La Gaule fut le théâtre de cette étrange lutte où deux non-romains prétendaient au trône d'un empire "romain". Une bataille furieuse, où 150.000 hommes furent engagés aux portes de Lyon : cognant, se culbutant, les combattants entrèrent pêle-mêle dans la ville qui fut incendiée. Sévère remporta la victoire. Albinus se tua. Aurelius Antonicus, dit Caracalla, le fils et successeur de Sévère (211-217), admirateur d'Alexandre le Grand, accentuera la politique de son père, par l'édit qui étendait à tous les sujets nés libres de l'immense empire, le titre et les droits de citoyens romains.

 

La carrière militaire dans les auxilia et les légions, tremplin vers l'acquisition de la citoyenneté en perdait son principal avantage. Les empereurs du IVe siècle tenteront d'y remédier en rendant le métier militaire héréditaire et d'une hérédité que l'on ne pouvait récuser : Valentinien (365) décidera que les fils de soldats seront soldats; mais la contrainte donna les résultats faciles à prévoir : les réfractaires recoururent à tous les moyens pour échapper au service. Ils désertèrent. Poursuivis, traqués dans leurs repaires, on les rechercha et on condamna ceux qui leur avaient donné asile. Des jeunes gens se coupèrent le pouce de la main droite pour se mettre dans l'incapacité de tenir une épée. La pénurie de soldats devint si grande que l'Empire en vint à interdire aux centurions de donner des congés à leurs hommes...

Nos ancêtres les Gaulois - La Gaule après Jules César - Les Origines de la France

Le IIIe siècle sera le siècle de l'Anarchie militaire (235-284), une période où l'Empire romain subit sa première grande crise politique de son histoire avec 43 empereurs en cinquante ans, et plusieurs usurpateurs, dont la plupart ne dépassèrent pas un an de "règne". Tous les empereurs, ainsi que les usurpateurs moururent de mort violente, tués au combat, assassinés ou contraints au suicide. Un seul mourut naturellement, de la peste.

 

Les empereurs du IIIe siècle, aux prises avec de graves difficultés extérieures redoutèrent la rupture de l'unité morale, condition de la survie de l'Empire.

 

Cette rupture de l'unité morale était en fait virtuellement inscrite dans la politique de Jules César, donnant la citoyenneté romaine aux Gaulois de Cisalpine (49 av. J.-C.). La surenchère dans l'universalité (hormis sous un Octave Auguste ou un Tibère) ne s'arrêta plus.

 

Rappelons qu'au Ier siècle, dans un discours qui nous a été conservé, l'empereur historien Claude (41-54), davantage soucieux de l'intérêt de l'humanité tout entière, montra que la loi divine de Rome, depuis son origine, était de faire de tous les peuples une seule patrie...[14]

 

Claude accorda à son tour le droit de cité à des peuples alpins, les Anaunes (Anauni) et leurs voisins de la région de Trente, qui à vrai dire, croyaient l'avoir de bonne foi et servaient même dans les cohortes prétoriennes. Lors de sa censure en 47-48, il demanda au Sénat d'admettre en son sein les notables de la Gaule chevelue (les Trois-Gaules) par un discours que nous a restitué la Table claudienne de Lyon, corroborant le résumé mieux composé de Tacite (Annales, XI ,23-25), et qui souleva des oppositions. [15]

 

Les portes de la patrie s'ouvrirent brusquement... jusqu'à ce qu'un roi franc (Clovis), cinq siècles plus tard vienne rétablir l'unité et l'indépendance de la Gaule, à son profit.

En 260, la Gaule fait sécession sous la conduite de Postumus.

 

En Orient, Palmyre (Syrie) fait de même avec Odénat, l'époux de la reine Zénobie qui parvint à réunir sous son autorité les provinces de Syrie, Arabie, Egypte et commença la conquête des provinces d'Asie mineure.

 

Ce IIIe siècle est celui d'une pression fiscale ressentie plus lourdement que l'inflation, d'une crise démographique (dépopulation : de 70 millions d'habitants au Ier siècle, la population tombe à 50 millions dans la seconde moitié du IIIe siècle), et d'une crise urbaine (ruralisation).

La révolte de Posthumus (260), le "libérateur de la Gaule". Le second "Empire gaulois (260-274)", l'Empire romain disloqué

 

En 253, les deux co-empereurs Valérien et son fils Gallien combattent les Perses de Sapor qui ont rompu la trêve et annexé l'Arménie jusque-là protectorat romain).

 

Gallien est envoyé sur les bords du Rhin pour faire face à l'invasion germanique. C'est la première division historique de l'Empire entre deux princes, un régnant en Orient (Valérien), l'autre en Occident (Gallien). Les deux sont engagés dans des guerres très éloignées. Les Francs participent entre 253 et 256 à un premier raid qui les conduit jusqu'en Espagne et en Afrique. L'empire est disloqué.

 

Les deux Augustes luttèrent contre les Goths qui déferlaient également sur les régions côtières d’Asie Mineure, dans les Balkans, en Dacie, en Mésie, en Thrace, en Macédoine même; contre Germains et Saxons qui menaçaient le littoral de la mer du Nord et de la Manche; contre les Berbères qui se soulevaient en Numidie et Maurétanie (Afrique) et contre les Perses en Arménie, en Mésopotamie, mais encore en Syrie où ils s’étaient carrément installés à Antioche avec la ferme intention de s'approprier définitivement tout l'Orient romain...

Empire romain jusqu'en 260 - Invasions germaniques au IIIe siècle

Empire romain jusqu'en 260 - Invasions germaniques au IIIe siècle

Après avoir été refoulés et cantonnés dans un territoire par Aurélien (270-275), Francs et Alamans franchissent une seconde fois, massivement, le Rhin, pillent et ravagent la Gaule de fond en comble (275-280).

 

C'est dans ce contexte désastreux qu'entre 260 et 274 se réalise la sécession de l’"Empire gaulois".

 

Des deux grandes vagues d'invasion au III et Ve s.,  celle des années 270, a probablement été, comme le soulignait Camille Jullian (Histoire de la Gaule, Paris, Hachette, 1908-1926, 8 vol.) - ce que semblent confirmer les travaux récents -, la plus terrible et la plus meurtrière: les premiers barbares et les empereurs, notamment Aurélien, qui disposent de troupes aguerries, sont encore capables de se défendre et de rejeter les envahisseurs au-delà des frontières. Mais les combats sont très violents et les ravages souvent effroyables (Pierre Chaunu, Éric Mension-Rigau, Baptême de Clovis, baptême de la France, De la religion d'État à la laïcité d'État, Éditions Balland, Paris 1996, p. 64).

 

En 256, l'empereur Gallien fit une campagne sur le Rhin à la suite de laquelle il s'attribua le titre de "restaurateur des Gaules" : il est bien probable qu'il dut ce titre aux victoires de ses lieutenants en Gaule, Aurélien et Postume.

 

Gibbon précise que tandis que que Gallien) et Salonin, son fils, encore enfant, "déployaient dans le cour de trèves toute la majesté du trône, les armées se signalèrent sous le commandement de Posthume. Quoique cet habile général trahît par la suite la famille de Valérien (co-empereur), il fut toujours fidèle à la cause importante de la monarchie. Le langage perfide des panégyriques et des médailles parle obscurément d'une longue suite de victoires; des titres, des trophées attestent, si l'on peut ajouter foi à un pareil témoignage, la réputation de Posthume, qui est souvent appelé le vainqueur des germains et le libérateur de la Gaule." [16]

 

Gallien partit pour le Danube, laissant dans le pays son fils aîné, le jeune César Valérien. Celui-ci n'était qu'un adolescent et l'autorité réelle sur ses soldats et les provinces de Gaule resta confiée à l'excellent officier, Postume, "duc de la frontière du Rhin" (257).

Ces mots de Gaule et d'Empire, cet accord entre les armées et les cités de l'Occident celtique, l'unité morale et politique de cette grande contrée rappelaient les temps d'avant César, ceux de Bituit, de Celtill et de Vercingétorix. Pour la première fois depuis les rois arvernes, le pays était maître de ses destinées.

 

En 258, Postume et le prince se brouillèrent. Des légions refusèrent d'obéir au jeune Valérien, rompirent la foi due à Gallien, et acclamèrent leur général comme "Auguste" des Gaules, des Bretagnes, des Germanies et de Rhétie (260).

 

Une inscription de l'été 260, découverte à Augsbourg, a montré que l'usurpation de Postume fut liée à la capture de Valérien à Edesse et mis à mort par les Perses (260). [17]

 

Jusque-là rien que de très banal : c'est une armée d'Occident qui donne la pourpre à son chef, et Postume ne fait d'abord que ressembler à Clodius Albinus (193-197) ou à Vitellius (69).

 

Mais par la suite les choses changèrent. Reconnu par l'Occident, Postume, appelé en Gaule le "vainqueur des Germains" et le "libérateur de la Gaule", se contente d'y régner. Et ceux qui lui succéderont, jusqu'au dernier, se refuseront également à toute ambition universelle, comme si la proclamation de 258 avait avait eu pour objet de fonder un Empire romain des Gaules. Ces "empereurs" des Gaules restaient dans l'obédience romaine, sans pouvoir aller s'imposer à Rome. Il s'agissait surtout d'une prise en main des provinces gauloises. [18] Le titre de "restaurateur des Gaules" reparut comme épithète des empereurs. [19]

 

Posthume résidait près de la frontière à Mayence, Cologne ou Trèves. Trèves surtout devenait une vraie capitale des Gaules. Aussi Postume fut-il fort populaire dans les pays qu'il gouverna. Il commandait la plus grande force militaire du monde. L'empire des Gaules s'agrandissait en "Empire d'Occident".

 

« Le monde lui-même profita tout entier à cette création d'un empire gaulois. Un historien officiel de la fin du IIIe siècle a caractérisé en ces termes l'oeuvre des cinq empereurs gaulois : "Ils ont été de vrais défenseurs du nom romain. ... Sans eux, les Germains franchissaient le Rhin et foulaient le sol romain. Or, en ces temps-là, Perses et Goths étaient répandus dans l'empire: que serait-il arrivé si tous ces barbares s'étaient rejoints. Certes, c'en était fait du nom de l'empire romain." » [20]

 

Les vertus sévères de Posthume furent la cause de sa perte : après la chute d'un compétiteur qui avait pris la pourpre à Mayence, il refusa d'abandonner à ses troupes le pillage de la ville rebelle. Leur avarice trompée par son compétiteur Lélien (ou Lollien) les rendit furieuses; elles massacrèrent Posthume dans la septième année de son règne (269).

 

Les empereurs des Gaules, au nombre de 7, sont connus par les monnaies qu'ils émirent. La chronologie proposée en 1964 par Jean Lafaurie (La chronologie des empereurs gaulois, Revue numismatique, 6e série, vol. 6,‎ 1964) à partir de ses analyses numismatiques est la suivante :

 

Postumus été 260 – 269

Lélien juin/juillet 268

Marius 269

Victorinus 269 - 271

Domitianus 271

Tetricus Ier 271 - printemps 274

Tetricus II 271 - 273

Empire des Gaules à son apogée sous Tétricus en 271 apr. J.-C, Empire romain et Empire de Palmyre

Empire des Gaules à son apogée sous Tétricus en 271 apr. J.-C, Empire romain et Empire de Palmyre

Maître de la Gaule, de l'Espagne et de la Bretagne, "à la différence de ses prédécesseurs, Tetricus n'était pas un général de l'armée du Rhin; c'était un aristocrate gallo-romain, pacifique, dépourvu d'ambition.

 

On ne sait pas grand-chose de son avènement, ni de son règne : est-ce sous Victorinus (269) ou sous Tetricus en 271-272 que fut saccagée Autun par des soldats furieux de la fidélité persistante de la ville à l'empereur de Rome ?

 

Dès son retour d'Orient, Aurélien marcha contre lui. Courant 273, alors qu'Aurélien se trouvait déjà Châlons-sur-Marne, Tetricus qui disposait pourtant des légions de Germanie et de Bretagne, ne fit rien pour s'opposer à li. Mieux, il écrivit pour lui demander de le délivrer de son fardeau.

 

Des soldats l'obligèrent à combattre, il passa dans le camp romain. Exhibé dans le cortège triomphal d'Aurélien, il retrouva son siège au sénat et reçut un poste officiel en Italie du Sud, comme corrector de Lucanie. Ainsi prit fin l'Empire gaulois. Fruit d'un mouvement plus provincialiste que séparatiste, il n'en avait pas moins montré pendant près de quinze ans la fragilité maintenant évidente de l'Empire." [21]

 

"Les soldats rebelles, quoiqu'en désordre et consternés de la désertion inattendue de leur chef, se défendirent longtemps avec le courage du désespoir. Ils furent enfin taillés en pièces, presque jusqu'au dernier, dans cette bataille sanglante et mémorable qui se donna près de Châlons en Champagne. Un nombreux corps d'auxiliaires, composé de Francs et de Bataves, repassa la Rhin à la persuasion du vainqueur, ou forcé par la terreur de ses armes. Leur retraite rétablit la puissance d'Aurélien, depuis le mur d'Antonin jusqu'aux colonnes d'hercule. ... Lyon avait résisté avec la plus grande opiniâtreté aux armes d'Aurélien." (Gibbon, Histoire du Déclin et de la Chute de l'Empire romain, Rome de 96 à 582, Robert Laffont, Malesherbes 1984, p. 224.)

L'Anarchie militaire du IIIe siècle et les "grandes invasions" de 275-280

En 276, le nouvel empereur, d'origine illyrienne, M. Aurelius Probus, accourut d'Orient où il avait été proclamé par les légions. Il s'efforça de réoccuper le secteur du Rhin. Son biographe de l'Histoire Auguste parle de 400.000 Barbares tués tant sur le Rhin qu'à l'intérieur des Gaules. ... A la mort de Probus en 282, les Gaules sont ruinées. Son successeur, M. Aurelius Carus, proclamé par les soldats, confia les provinces gauloises à son fils aîné, Carinus, avec le titre de César. A la mort de Carus, Dioclétien fut nommé Auguste par ses troupes (284). (Marcel Le Glay, Rome, tome II. Grandeur et chute de l'Empire, ibid., p. 408.)

Les coups d'Etat du IVe siècle

 

Au IVe siècle encore, de toutes les contrées de l'Empire, c'est la Gaule qui connaît le plus de coups d'Etat et qui produit le plus de prétendants : Magnence (350-353), Sylvain (355), Julien (357-363), Maxime (383-388), Eugène (392-394), Marcus (407), Gratien (407), Constantin III (407-411), Jovin (411-413), Sebastianus (412-413), Avitus, noble arverne devenu empereur romain (455-456). Chaque génération de Gaulois a son jour de révolte et sa crise politique.

 

Survivance du parler celtique au IVe siècle

 

Il ne faudrait pas croire à une romanisation profonde du pays. La grande masse de la nation parlera encore le celte quand se formeront les premiers royaumes germains. A Bordeaux par exemple, où la culture des lettres latines brille alors du plus vif éclat, la famille d'Ausone, le plus grand poète en langue latine de l'époque, se sert familièrement de la langue celtique (IVe s.)

 

Les Trévires, descendants des révoltés de l'an 69 qui avaient proclamé le premier "empire gaulois", passaient pour l'une des peuplades les plus romanisées. Pourtant, leur cité, Trèves, était devenue une manière de seconde capitale latine où les Trévirois parlent encore le celte à la fin du IVe siècle, au témoignage de S. Jérôme, et les Arvernes le parleront encore au Ve siècle, sous les Wisigoths.

 

La Gaule subjugue son farouche vainqueur

 

Constantin avait déjà allégé les impôts de la province de Gaule. Les empereurs qui se succéderont après la mort de Constance II (361), témoigneront envers cette province d'une particulière attention et d'une singulière bienveillance. La proclamation en 358 de Julien comme empereur dans la ville même des Parisiens, à Lutèce, qui devait prendre le nom de Paris, est plus qu'un signe, le symbole, le clin d'oeil de l'Histoire. Elle est particulièrement appréciée par les habitants de la Gaule. Une véritable renaissance de la Gaule, certes précaire, certes provisoire, mais reconnue par tous les historiens anciens et contemporains, a permis aux villes de se repeupler et de prospérer, aux champs d'être à nouveau cultivés et à la démographie de rebondir. Une politique fiscale beaucoup moins lourde à libéré l'économie de la Gaule.

La Gaule sans cesse vaincue au cours de son histoire conflictuelle et millénaire avec Rome finit par séduire son vainqueur. À Vienne, dans l'Isère, l'empereur Julien en 362 célèbre ses cinq années de son pouvoir au milieu d'un grand concours de fierté générale d'une Gaule tout heureuse d'avoir "fait" un empereur. Vienne, théâtre de tant de batailles d'autrefois, de tant de martyres qui se sont déroulés dans son amphithéâtre et qui a vu Julien, encore simple général, la défendre (contre les invasions franques), tout comme Autun, Auxerre, Troyes, Sens, Strasbourg, la Gaule considère Julien comme l'un des siens. [21]

L'usurpation en Gaule de Constantin III (407-411)

 

En 406, arrivant de l'extrémité septentrionale de la Germanie, le goth païen Radagaise, à la tête d'une armée de 150.000 hommes composée de Goths, de Vandales, d'Alamans et d'Alains, et de Burgondes, franchit le Danube puis était entré en Italie par les Alpes.

 

Balayant les défenses frontalières, Radagaise pilla et ravagea la plaine du Pô. Un grand nombre de villes de l'Italie furent détruites. Se dirigeant vers le sud, il fut arrêté près de Florence par le général romain Stilicon commandant une armée romaine de 30 ou 40.000 hommes, considérablement renforcée de contingents barbares, et est sévèrement battu près de Fiesole. Le courage des citoyens de Florence fut soutenu par l'autorité de S. Ambroise  († 397) qui était apparu en songe pour leur annoncer une prompte délivrance (Paulin, in Vitâ Ambrosii, c. 50.) Peu de jours après, ils aperçurent du haut de leurs murs, les étendards de Stilichon, qui avançait, à la tête de toutes ses forces réunies, au secours de cette ville fidèle, et qui fit bientôt de ses environs le tombeau de l'armée barbare.. Orose et S. Augustin attribuent cette victoire miraculeuse à une protection du ciel, plutôt qu'à la valeur des hommes. Stilicon informa l'empereur Honorius (395-423), fils de Théodose, et mérita le titre de "libérateur de l'Italie".

 

Cependant, Stilicon sauva l'Italie en sacrifiant la Gaule. Orose et S. Jérôme l'accusent d'avoir suscité l'invasion de la Gaule qui fut exécutée par les restes de l'armée de Radagaise. Les Francs (alliés de Rome) firent briller leur valeur et leur zèle pour la défense de l'empire. Ils attaquèrent avec impétuosité les Vandales, qui, oubliant les leçons de l'adversité, s'étaient encore séparés de leurs alliés. Ils payèrent cher leur imprudence ; Godigisclus (Godégisel), leur roi, et vingt mille guerriers furent tués sur le champ de bataille. Toute leur nation aurait probablement été détruite par les Francs qui défendirent seuls la Gaule, si les escadrons des Alains, accourant à leurs secours, n'eussent passé sur le corps de l'infanterie des Francs. Ceux-ci après une honorable résistance furent contraints d'abandonner un combat inégal. Les envahisseurs continuèrent leur route ; et le dernier jour de l'année (31 décembre 406), ils entrèrent sans opposition dans les provinces désarmées de la Gaule.

 

"Ce passage mémorable des Suèves, des Vandales, des Alains et des Burgondes, qui ne se retirèrent plus, peut être considéré comme la chute de l'Empire romain dans les pays-audelà des Alpes ; et, dès ce moment, les barrières qui avaient séparé si longtemps les peuples sauvages des nations civilisées furent anéanties pour toujours." (Gibbon, Histoire du Déclin et de la Chute de l'Empire romain, Rome de 96 à 582, Robert Laffont, Malesherbes 1984, p. 888-889.)

 

En 407, d'autres Barbares venus de Germanie détruisirent la Gaule. Sur les bords du Rhin, Mayence fut surprise et détruite. "Des milliers de chrétiens furent inhumainement égorgés dans l'église", écrit Gibbon. "Worms succomba après un siège long et opiniâtre; Strasbourg, Spire, Reims, Tournai, Arras, Amiens subirent, en gémissant, le joug des cruels Germains; et le feu dévorant de la guerre s'étendit dans la plus grande partie des 17 provinces de la Gaule. Les Barbares se répandirent dans cette vaste et opulente contrée jusqu'à l'Océan, aux Alpes et aux Pyrénées, chassant devant eux la multitude confuse des évêques, des sénateurs, des femmes, des filles, tous chargés des dépouilles de leurs maisons et de leurs autels. ... En moins de deux ans, les bandes séparées des sauvages de la mer Baltique, pénétrèrent sans combattre jusqu'au pied des Pyrénées." (Gibbon, Histoire du Déclin et de la Chute de l'Empire romain, ibidi., p. 889)

 

Révolte de l'armée bretonne: Marcus "empereur de la Bretagne et de l'Occident" (407-411)

 

Lorsque quelque légionnaire breton obtenait la liberté de revenir de l'expédition d'Italie, ce qu'il racontait de la cour et du caractère d'Honorius devait naturellement affaiblir le sentiment du respect et de la soumission, et enflammer le caractère séditieux de l'armée bretonne.

 

Devant le déferlement des Barbares, comme dans une sorte de résurrection du second empire gaulois de Postume, Marcus fut le premier que l'armée de Bretagne plaça sur le trône comme légitime "empereur de la Bretagne et de l'Occident" (407). Celui-ci ne régna que quelques jours. Les soldats violèrent bientôt le serment de fidélité qu'ils avaient prononcé, en lui donnant la mort. Gratien fut le second qu'ils décorèrent de la pourpre et du diadème; quatre mois après, celui-ci éprouva le même sort que son prédécesseur.

 

C'est dans ce conteste d'invasions germaniques, que l'armée de Bretagne éleva ensuite leur troisième empereur, Constantin III qui régna un peu plus longtemps (407-411).

 

Revêtu de la pourpre par les légions bretonnes, Constantin III quitta la Bretagne avec toutes ses troupes, laissant celle-ci sans défense, pour aller défendre la Gaule envahie par les Barbares. Fin 409, il ne put arrêter l’invasion des Vandales, des Alains et des Suèves, qui s’installèrent en Espagne. En 410, il se rendit en Italie pour secourir Rome des invasions barbares ou pour y asseoir son autorité, accompagné de son fils Constant, qu’il fit César dès 408. Sa puissance était reconnue depuis le mur d'Antonin aux colonnes d'Hercule.

 

En 411, il fut capturé par l’armée d'Honorius, dirigée par le général Constance (futur Constance III). Livré à Honorius, celui-ci le fait exécuter en novembre 411. Pour marquer les esprits, l'empereur d'Orient Théodose II (408-450) ordonna un châtiment cruel pour le sort de Constantin III : il fut trainé par un char dans les rues d'Arles. Crucifié pendant 15 jours à l'entrée de la ville, son son corps fut ensuite jeté dans le Rhône. Le message était terrible, il dissuadera l'émergence d'autres usurpateurs bretons.

 

Révolte de la Bretagne et de l'Armorique (409)

 

Tandis que les Goths ravageaient l'Italie et que de faibles usurpateurs bretons défendaient la Gaule, l'ïle de la Bretagne abandonnée sans défense aux pirates Saxons, la Bretagne cessa de compter sur les secours inexistants d'une monarchie expirante. La Bretagne secoua le joug du gouverneur romain. 349 ans après la révolte de Boudicca, les Bretons prirent les armes une nouvelle fois... Et ils repoussèrent les Barbares. C'est Zozime (Ve siècle), historien païen grec qui raconte, en peu de mots, la révolte de la Bretagne et de l'Armorique. Le même courage anima l'Armorique (provinces maritimes de la Gaule entre la Seine et la Loire). Les habitants chassèrent eux-mêmes les magistrats romains qui commandaient sous l'autorité de l'usurpateur Constantin III et établirent un gouvernement libre "chez un peuple qui obéissait depuis si longtemps au despotisme d'un maître" (Gibbon, Histoire du Déclin et de la Chute de l'Empire romain, ibid., p. 949.)

 

L'empereur d'Occident Honorius (395-423) confirmera bientôt l'indépendance de la Bretagne et de l'Armorique. Les lettres que le fils de Théodose écrivit à ses nouveaux états, et dans lesquelles il les abandonnait à leur propre défense, peuvent être considérées comme une renonciation formelle aux droits et à l'exercice de la souveraineté." (Gibbon, Histoire du Déclin et de la Chute de l'Empire romain, ibid., p. 949.)

 

Ainsi se vérifie ce qu'a pu écrire Frantz Funck-Brentano :

 

"On répète que Rome a sauvé la Gaule des invasions germaniques, écrit Camille Jullian. Ce n'est point vrai. Tant que les proconsuls du Sénat ne se sont point présentés au delà des Alpes pour affaiblir et diviser les peuples, la Gaule d'Ambigat et de Bituit n'eut rien à craindre des Barbares d'Outre-Rhin. C'est Rome, à la fin, qui nous a livrés à eux, par la sottise criminelle de ses discordes, par la puérilité de ses rêves pacifiques, l'impéritie de son service aux frontières..." ( Frantz FUNCK-BENTANO, Les Origines, Librairie Hachette, 1925, p. 119.)

 

Le moine lettré anglo-saxon Bède le Vénérable a lui-même convenu (Hist. gent. anglic., I, 12) que les Romains abandonnèrent tout à fait la Bretagne sous le règne d'Honorius. (Gibbon, Histoire du Déclin et de la Chute de l'Empire romain, ibid., p. 949, note 6.)

 

Pendant 40 ans, la Bretagne se gouverna, jusqu'à la Descente des Saxons (449), sous l'autorité du clergé, des nobles et des villes municipales. (Gibbon, Histoire du Déclin et de la Chute de l'Empire romain, ibid., p. 950.)

 

"Environ quarante ans après la dissolution du gouvernement romain, Vortigern (en gallois moderne Gwrtheyrn) roi légendaire de la matière de Bretagne (on le retrouve associé à la légende arthurienne), paraît avoir obtenu le commandement suprême, mais précaire, des princes et des villes de la Bretagne. (Gibbon, Histoire du Déclin et de la Chute de l'Empire romain, ibid., p. 1142.) 

 

Selon les sources, Vortigern est souverain de toute l’île, vers 425, roi des Brittons-romains du Kent (le Cantium antique), vers 450. Le nom Vortigern est indiscutablement brittonique : composé de Uor-, gwr-, grand, superieur et tigern, traduit prince, son nom signifie donc "Grand Souverain".

 

Hengist, originaire du Jutland (Danemark) put espérer d'achever la conquête de la Bretagne, mais durant un règne de 35 ans, tout le succès de ses entreprises se borna à la possession du royaume de Kent, et la nombreuse colonie qu'il avait placée dans le nord fut exterminée par la valeur des Bretons.

 

Vortigern s'était laissé convaincre par le rusé Barbare Hengist qu'il lui serait avantageux d'établir une colonie d'alliés fidèles dans le voisinage des Pictes. Cette alliance avec des envahisseurs germaniques lui conféra une réputation de traître dans le monde celtique. Les Bretons regrettèrent des récompenses dont la libéralité n'avait pu satisfaire l'avarice de ces orgueilleux mercenaires.

 

Vortigern aurait été destitué par son peuple au profit de son fils Vortimer (en gallois Gwerthefyr), et se serait réfugié au Pays de Galles, où, selon la légende, il aurait rencontré Merlin l'Enchanteur. Il aurait ensuite assassiné son fils afin de récupérer le trône.

 

"Les colonies, qui, dans l'espace d'un siècle, sortirent successivement de l'embouchure de l'Elbe, du Weser et du Rhin, pour s'établir dans la Bretagne, étaient principalement composées des trois plus vaillantes tribus de Germanie.

Les Jutes, qui suivaient particulièrement le drapeau d'Hengist, s'attribuèrent l'honneur d'avoir conduit leurs compatriotes à la gloire de Kent, le premier royaume indépendant.

Les Saxons primitifs eurent toute la gloire de l'entreprise; et l'on donna aux lois et au langage des conquérants le nom du peuple qui produisit au bout de quatre siècles les premiers souverains de la Bretagne méridionale.

Les Angles, eurent l'honneur de donner leur nom au pays dont ils occupaient la plus vaste partie.

L'Europe centrale au Ve siècle. Les Saxons sont localisés sur les deux zones ocre jaune : au Nord de l'Allemagne et sud de l'Angleterre.

L'Europe centrale au Ve siècle. Les Saxons sont localisés sur les deux zones ocre jaune : au Nord de l'Allemagne et sud de l'Angleterre.

... La Bretagne, seule et sans recours, soutint longtemps avec vigueur une guerre dans laquelle il fallut à la fin céder. Les villes avaient été fortifiées avec intelligence et se défendirent avec résolution. Et les défaites des Saxons se trouvent attestées d'une manière peu douteuse par le silence prudent de leurs annalistes." (Gibbon, Histoire du Déclin et de la Chute de l'Empire romain, ibid., p. 1145.)

 

La tombe de Vortimer, fils de Vortigern, fut élevée sur les bords de la mer comme une borne formidable aux Saxons, qu'il avait vaincu trois fois dans les plaines de Kent. Mais l'illustre Arthur, prince des Silures, au sud de la province de Galles, et roi élu par la nation, efface les noms les plus célèbres de la Bretagne. Au rapport des écrivains les plus modérés, celui-ci vainquit les Angles du nord et les Saxons de l'Occident, dans douze batailles successives. Durant l'espace de 500 ans, la tradition de ses exploits fut transmise d'âge en âge et grossièrement embellie par les fictions obscures des bardes du pays de Galles et de l'Armorique. Au reste, l'orgueil et la curiosité des conquérants normands leur firent examiner l'ancienne histoire de la Bretagne. Ils adoptèrent avidement le conte d'Arthur, et prodiguèrent des louanges au mérite d'un prince qui avait triomphé des Saxons, leurs ennemis communs.

 

Un savant et ingénieux antiquaire prétend que les chefs des tribus bretonnes continuèrent toujours de régner, quoique avec un pouvoir subordonné, depuis le règne de Claude jusqu'à celui d'Honorius. (Cf. Histoire de Manchester, par Whitaker, vol. 1, p. 247-257.)

 

 

L'Assemblée des Gaules au Ve siècle

 

Ces assemblées ont duré jusque dans les derniers temps de l'empire, et il ne semble pas que leur autorité ait diminué. Au milieu du IVe siècle, elles cessèrent d'être des corps religieux; mais elles subsistèrent comme conseils politiques.

 

La révolte de la Bretagne et de l'Armorique en 409 a eu une conséquence en Gaule avec la convocation annuelle par l'empereur Honorius (395-423) d'une "Assemblée des sept provinces de la Gaule" (418).

 

En pleine invasion, Honorius réunissait à Arles les représentants de toutes les villes du Midi et donnait à cette réunion les plus grands pouvoirs. (Camille JULLIAN, Gallia, Tableau sommaire de la Gaule sous la domination romaine, ibid., p. 69.)

 

Cette assemblée, réunie à Arles, durant 28 jours, depuis le 15 août jusqu'au 13 septembre, était composée du préfet du prétoire des Gaules, de sept gouverneurs de provinces, un consulaire et six présidents, des magistrats et peut-être des évêques d'environ soixante villes, et d'un nombre suffisant, mais indéterminé, des plus considérables et des plus opulents propriétaires des terres, qu'on pouvait regarder comme les représentants de leur nation. Ils étaient autorisés à interpréter et communiquer les lois du souverain, à exposer les griefs et les demandes de leurs constituants, à modérer ou à répartir également les impôts, et à délibérer sur tous les sujets d'intérêt local ou national qui pouvaient tendre à maintenir la paix et la prospérité des sept provinces.

 

L'empereur Honorius s'étonna de la répugnance avec laquelle les provinces acceptaient un privilège qu'elles auraient dû solliciter; il fut obligé d'imposer une amende de trois et même cinq livres pesant d'or aux représentants qui s'absenteraient de l'Assemblée, et il paraît qu'il regardèrent ce présent imaginaire d'une constitution libre, comme la dernière et la plus cruelle insulte de leurs oppresseurs !" (Gibbon, Histoire du Déclin et de la Chute de l'Empire romain, ibid., p. 951-952.)

 

Au milieu du Ve siècle, ces assemblées en arrivèrent à jouer un rôle dans la politique générale: c'est un Conseil de notables gaulois qui en 455 donna la pourpre à l'empereur Avitus, un noble arverne qui sera empereur d'Occident en 455-456.

La Francia dans la "Table de Peutinger", oeuvre médiévale du XIIIe siècle, copie d'une ancienne carte romaine, faisant partie du patrimoine mondial de l'UNESCO, où figurent les routes et les villes principales de l'Empire romain. L'original est actuellement conservé à la Bibliothèque nationale autrichienne à Vienne. Source image: Christian GOUDINEAU, Par Toutatis ! Que reste-t-il de la Gaule, L'Avenir du Passé, Seuil, Lonrai 2002, p. 60-61.

La Francia dans la "Table de Peutinger", oeuvre médiévale du XIIIe siècle, copie d'une ancienne carte romaine, faisant partie du patrimoine mondial de l'UNESCO, où figurent les routes et les villes principales de l'Empire romain. L'original est actuellement conservé à la Bibliothèque nationale autrichienne à Vienne. Source image: Christian GOUDINEAU, Par Toutatis ! Que reste-t-il de la Gaule, L'Avenir du Passé, Seuil, Lonrai 2002, p. 60-61.

Les Francs en Gaule sous les rois mérovingiens (420-451)

 

Vers 450, la monarchie franque était encore renfermée dans les environs du Bas-Rhin. On élevait les princes sur un bouclier, symbole du commandement militaire.

 

Nos ancêtres les Gaulois - La Gaule, les origines de la France

 

Leurs longs cheveux étaient la marque de leur naissance et de leur dignité royale.

 

Ces belliqueux Barbares apprenaient dès l'enfance à courir, à sauter, à nager, à lancer avec une justesse surprenante le javelot ou la hâche d'armes.

 

Mérovée, fils de Clodion fut reçu par Valentinien III (425-455) comme son allié et le fils adoptif du patrice Aetius.

Sainte Geneviève sauve Lutèce (Paris) et repousse les Huns

 

Geneviève est la fille d'un officier franc, Severus, converti au christianisme nicéen (catholicisme), qui a servi dans l'armée romaine en Gaule et d'une gauloise, Gerontia, fille de Gerontius, maître de cavalerie et ami personnel de Constantin III, qui tentait de préserver une partie de la Gaule de l'installation des Germains. Ils possédaient des terres cultivables du côté de Melun et de Meaux où poussait le blé.

En 451, une grande peur s'empara de Lutèce (Parisà la nouvelle de l'arrivée imminente des Huns, menés par Attila, dont l'armée est grossie des Gépides, menés par Ardaric, des Ostrogoths de Valamer, des Rugues, des Skires, des Hérules, des Quades (Souabes), des Thuringiens, de dissidents burgondes, et de Francs ripuaires. Geneviève qui siège au conseil de Lutèce, apprend l'annonce du conflit imminent avec les Huns. Ces Barbares passent pour être sans foi ni loi à côté desquels les Wisigoths et les Vandales paraissent de paisibles concitoyens. L'armée d'Attila a pénétré en Moravie et en Bohême, puis en Hess, dans le Würtemberg, en remontant le Danube. Elle fonce vers le Rhin, le franchit à Mayence, après avoir bousculé les contingents gallo-romains et francs fédérés. Elle passe par Trèves et s'empare de Metz le samedi saint 7 avril 451, puis parvient à Tongres sur la Meuse, et se répand jusqu'à Tournai sur l'Escaut, dans le but d'aider un des fils de Clodion, roi des Francs ripuaires, à s'établir à nouveau au nord de la Gaule. Attila descend les rives de l'Aisne et passe non loin de Soissons, à une centaine de kilomètres de Lutèce.

Les personnes âgées, celles qui ont dépassé la cinquantaine et ont vu déferler en 406 la grande invasion gothique, puis ont assisté aux massacres perpétrés par les Barbares sur les populations désarmées de la rive gauche de la Seine, rendent pour ainsi dire des oracles affolant la population. Comme toujours au temps des grandes peurs, des femmes vaticinent et prédisent des périodes de sang et de mort. Les pratiques superstitieuses ressurgissent. On en voit plus d'un se livrer à des actes de dévotion envers les anciens dieux de la Gaule, comme Teutatès, Esus ou Epona.

Les bruits les plus fous, les descriptions les plus affreuses au sujet des Huns se nourrissent de témoignages vrais ou imaginaires.

Le Conseil municipal se réunit pour débattre de l'évacuation de la ville. Geneviève s'y oppose. Des gens insultent la jeune femme.Elle ne parvient pas à se faire entendre:

 

"Ayez confiance, priez et Dieu vous écoutera"

 

Mais on ne l'écoute pas. Les prêtres eux-mêmes se détournent d'elle et commencent à entasser les trésors de l'église S. Etienne sur des barques que les nautes ont amarrées au port et où magistrats, marchands, artisans, commerçants commencent à s'installer avec leurs biens. Les hommes pressent leurs épouses et leurs enfants de partir avec eux. Sur des chariots sont amassés des meubles, de l'argent, des vivres, des troupeaux, des animaux domestiques. Tout le monde veut s'échapper de Lutèce, fuir par le fleuve, par les routes et les sentiers. On part, on quitte Lutèce, on abandonne les toits. Geneviève court alors d'un endroit à un autre de l'Île, et même traverse à plusieurs reprises le pont pour tenter d'arrêter le flot des exilés. Elle ose sur le port s'adresser aux hommes et elle les exhorte à ne pas abandonner leur ville. Comme ils profèrent des injures et finissent par la bousculer, elle fait appel à leur patriotisme gaulois. Elle évoque l'antique cité lorsqu'elle était habitée par des hommes farouches et libres avant l'occupation romaine... et la défaite de Camulogène devant Labienus, lieutenant de César. Elle parle de ces précédentes invasions auxquelles toute la population de la cité a su résister en s'enfermant dans l'Île, en fortifiant les plus vastes de ses monuments. Elle s'étonnent que soudain ils abdiquent, alors que leurs pères et leurs aïeux leur ont donné tant d'exemples de courage et d'abnégation.

Sainte Geneviève - jardin du Luxembourg

Sainte Geneviève - jardin du Luxembourg

Geneviève se réfugie dans le baptistère S. Jean-en-Rond et là, au cours de la journée, bon nombre d'épouses, de mères ou de jeunes filles viennent la rejoindre pour soutenir son action. Elles finissent par se retrouver nombreuses dans le baptistère et par s'y enfermer à l'abri des imprécations de leurs époux qui n'osent quitter la ville sans elles. Elles s'agenouillent avec Geneviève et commencent des prières, des suppliques, pour demander à Dieu d'écarter Attila du chemin de Lutèce. Après avoir pris Orléans, Attila décide de lever le siège d'Orléans et de rebrousser chemin en direction de Troyes. L'affrontement des armées eu lieu aux Champs Catalauniques (451). Attila défait, Geneviève est rassurée en apprenant qu'il franchit les Alpes et s'apprête à entreprendre la conquête de l'Italie: ne l'avait-t-elle pas prédit ? Elle ne doute pas que le Hun se perdra dans cette nouvelle aventure après la défaite qu'il venait d'essuyer. [22]

 

Une sorte de royauté rétablie en Gaule par les Romains Aegidius et Syagrius, le Regnum francorum et la symbiose gallo-franque

 

Aegidius se rendit indépendant du pouvoir impérial en Gaule. Sous ses ordres, les Francs avaient longtemps combattu (Grégoire de Tours II, 27). Il (456-464) avait été nommé Magister militum des Gaules en 457 par le wisigoth Ricimer , lui-même Magister militum (456), avec le soutien de Majorien qui devait devenir peu après "empereur d'Occident" (457-461).

 

En 455, suite au second sac de Rome par Genséric, roi des Vandales (le premier sac avait été réalisé par Alaric en 410), et la mort de Maxime Pétrone, le roi wisigoth Theodoric II, roi des Wisigoths, s'arroge le droit de nommer l'"empereur d'Occident", Flavius Avitus (455-456), un gaulois natif de Clermont, issu d'une famille aristocratique d'administrateurs gaulois, qui a servi sous Aetius lors de l'invasion d'Attila (451), dans le Norique et en Gaule dans les années 430.

Avitus a laissé Aegidius surveiller la frontière rhénane. Il a fortifié le littoral de la mer du Nord et mis un terme aux raids des pirates saxons.

Depuis 455, les empereurs d'Occident seront désignés par des chefs barbares... Ricimer (456-472), général d'origine wisigothe et suève, Patrice des Romains, sera lui-même le "faiseur  de rois", une sorte d'"empereur bis" ou de régent. Il installera les empereurs sur le trône, n’hésitant pas à renverser et assassiner ceux qui, comme Avitus (456) Majorien (461) ou Anthémius (472), firent preuve d’indépendance.

 

En Gaule, le chroniqueur Grégoire de Tours qualifia Aegidius de "roi des Romains" (Jean de Sismondi, Histoire des Français, volume 1, 1821, p. 179. ) Il était par sa mère, le petit-fis du wisigoth troisième successeur d'Alaric, Wallia. Ses pairs, les rois des Francs, rois des Burgondes, faisaient eux-mêmes référence à lui comme le "roi des Romains"... Son fils, Syagrius, lui succédera en 464.

 

Les Romains rétablirent ainsi eux-mêmes une sorte de royauté de fait en Gaule, au profit d'eux-mêmes, avec le titre héréditaire de "maître des milices" en Gaule (Magister militum).

 

Childéric, père de Clovis, aidera Aegidius et les Bretons d'Armorique à vaincre les wisigoths de Frédéric, frère du roi Théodoric II, près d'Orléans en 463. En contrepartie, Aegidius reconnaît au roi des Francs Saliens les pouvoirs civils et militaires dans la Belgique seconde, avec Tournai pour capitale.

Le royaume romain de Syagrius (471-486). Au nord se trouve le royaume franc, au sud-est le royaume burgonde et au sud-ouest le royaume wisigothique

Le royaume romain de Syagrius (471-486). Au nord se trouve le royaume franc, au sud-est le royaume burgonde et au sud-ouest le royaume wisigothique

La bataille de Soissons, fin du dernier vestige du pouvoir romain en Gaule (486)

 

En 486, le réduit romain qui n'était plus défendu depuis longtemps que par les Gaulois et les Francs eux-mêmes (Francs du Comitatus de l'armée romaine en Gaule) fut renversé par d'autres Francs (bataille de Soissons), conduits par Clovis, fils de Childéric, auxquels depuis 481 s'étaient ralliés les Gaulois.

 

Cette bataille de Soissons inaugure la symbiose gallo-franque qui marqua la naissance de la nation française.

Bataille de Soissons (486) - Siège de Soissons. Maître de la Cité des dames. Grandes Chroniques de France (1410-1412)

Bataille de Soissons (486) - Siège de Soissons. Maître de la Cité des dames. Grandes Chroniques de France (1410-1412)

Le ralliement des Gaulois catholiques au roi franc devint encore plus manifeste après le mariage de Clovis avec la nièce catholique de Gondebaud, magister militum en Gaule et roi des Burgondes (470-516), Clotilde (493).

Clovis fut considéré par Grégoire de Tours comme le fondateur d'un ordre nouveau, alors que le Regnum francorum ne faisait que ressusciter une Gaule unifiée que l'on n'avait pas vu depuis 538 ans, et dont le souvenir de l'unité et de l'indépendance n'avait pas disparu. Ce royaume gallo-franc durera jusqu'en 1792, moment où la "république" dite "française", opérera en divisant les Français, tel César en Gaule.

 

Lorsque Charlemagne lui-même restaurera l'Empire d'Occident, ce ne sera pas sous sa forme d'un Etat centralisé.

 

Et lorsque la royauté capétienne aura érigé une autorité, ce ne sera jamais que celle du premier entre ses pairs (adage qui définissait la relation entre le roi et les nobles d'épée jusqu'à la fin du XVIIIe siècle) d'un seigneur possédant comme les autres son domaine propre et chargé entre tous les autres de faire respecter les coutumes existantes.

 

Le Regnum Francorum englobait l'ensemble des territoires sous le contrôle du premier entre ses pairs, signifiait encore que chaque entité géographique était désignée par son intégration dans un regnum poirtant le nom de celui qui présidait à sa destinée. Unité du royaume et égalité des différents reges francorum.

Conclusion

 

"La romanisation de la Gaule [...] ne fut pas toujours un succès, devint même un mythe, lié à celui de la paix romaine, et [...] elle se heurta assez souvent à des refus gaulois, qui au cours des siècles, prirent la forme de révoltes larvées, de rébellions organisées, de soulèvements paysans et même de sécessions." [23]

"Si les Augustes romains, fils ou héritiers de Théodose, avaient compris ces sentiments humains, ces leçons de l'histoire, ces lois de la nature, s'ils avaient laissé grandir la patrie gauloise à l'ombre de l'Empire, ils auraient peut-être procuré à cet Empire de nouveaux siècles de durée. Ils ne l'ont point fait, ils ont méconnu l'existence ou la vitalité de la nation, ils ont refusé de s'appuyer sur elle; et ils ont ainsi rapproché le jour de la chute suprême. Mais la Gaule échappera à la ruine du monde impérial, elle trouvera son salut dans les Francs de sa frontière, et c'est à eux que reviendra la tâche de reprendre et de continuer son unité nationale. Quand les empereurs de Rome n'écouteront plus les voix de la Gaule, un roi des Francs sera près d'elle pour répondre à son appel."[24]

Sources

 

[1] Joël SCHMIDT, Les Gaulois contre les Romains, Perrin Collection Tempus, Millau 2017, p. 286 -291

[2] Frantz FUNCK-BENTANO, Les Origines, Librairie Hachette, 1925, p. 96; 100; 118

[3] Camille JULLIAN, La Gaule dans l'Empire romain, Editions du Trident, Paris 2013, p. 15-16

[4] Joël SCHMIDT, Les Gaulois contre les Romains, ibid., p. 292

[5] Paul PETIT, Histoire générale de l'Empire romain I. Le Haut-Empire (27 av. J.-C. - 161 ap. J.-C.), Points Histoire, Editions du Seuil, 1974, p. 187188; 197-198

[6] Jean-Louis BRUNAUX, La Gaule, une Redécouverte, Histoire Documentation photographique, La Documentation française, mai - juin 2015, p. 07, 11

[7] Camille JULLIAN, Gallia, Tableau sommaire de la Gaule sous la domination romaine, Librairie Hachette, Paris 1902, p. 55

[8] Jean-Louis BRUNAUX, La Gaule, une Redécouverte, ibid., p. 58

[9] Paul PETIT, Histoire générale de l'Empire romain I. Le Haut-Empire, ibid., p. 260-261

[10] Frantz FUNCK-BENTANO, Les Origines, ibid., p. 131

[11] Régine PERNOUD, Les Gaulois, 1957, Seuil, Collection Le Temps qui court, rééd. Editions du Seuil, Paris 1980, p. 45

[12] Camille JULLIAN, Gallia, Tableau sommaire de la Gaule sous la domination romaine, ibid., p. 44

[13] Joël SCHMIDT, Les Gaulois contre les Romains, ibid., p. 344

[14] Camille JULLIAN, La Gaule dans l'Empire romain, ibid., p. 33

[14] Paul PETIT, Histoire générale de l'Empire romain I. Le Haut-Empire (27 av. J.-C. - 161 ap. J.-C.), ibid., p. 93

[15] GIBBON, Histoire du Déclin et de la Chute de l'Empire romain, Rome de 96 à 582, Robert Laffont, Malesherbes 1984, p. 191

[16] Odile WATTEL, Petit Atlas historique de l'Antiquité romaine, Armand Collin, Paris 1998, p. 142

[17] Camille JULLIAN, La Gaule dans l'Empire romain, ibid., p. 81

[18] Marcel LE GLAY, Rome, tome II. Grandeur et chute de l'Empire, Tempus, La Flèche 2005, p. 405-406

[19] Camille JULLIAN, Gallia, Tableau sommaire de la Gaule sous la domination romaine, ibid., p. 49-50

[20] Frantz FUNCK-BRENTANO, Les Origines, ibid., p. 121

[21] Joël SCHMIDT, Les Gaulois contre les Romains, ibid., p. 390-392

[22] Joël SCHMIDT, Sainte Geneviève, La Fin de la Gaule romaine, Perrin, Mesnil-sur-l'Estrée 1997 

[23] Joël SCHMIDT, Les Gaulois contre les Romains, ibid., p. 285

[24] Camille JULLIAN, La Gaule dans l'Empire romain, ibid., p. 326

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3 décembre 2016 6 03 /12 /décembre /2016 10:10

François Hollande a annoncé jeudi 1er décembre qu'il ne se représentait pas à l'élection présidentielle. Sarkozy, Juppé [1], Hollande, "vivons-nous la fin d'une génération, d'une époque, d'un cycle" ?, se demande l'agence de presse russe Sputnik, dans un entretien le 2 décembre où elle a invité Patrick Buisson.

 

L'auteur de 'La cause du peuple' (Perrin, 2016), ex conseiller de Nicolas Sarkozy en 2007, explique l'abaissement de la fonction présidentielle sous Sarkozy et Hollande, ainsi que l'oligarchie qui depuis la Révolution française a confisqué la démocratie : "on a un système totalement biaisé qui n'est pas une démocratie représentative, mais qui est une démocratie subtitutive".

"En France, vieille terre de chrétienté, le pouvoir s'exerce non pas par délégation mais par incarnation" (Patrick Buisson)

Extrait :

 

"Ce qui s'est passé hier soir porte plus de sens qu'on veut bien le dire. Ce n'est pas simplement un constat d'échec d'un président sortant qui se retrouve en situation d'impossibilité de se représenter. Le retrait de François Hollande intervient dans le sillage de la défaite de Nicolas Sarkozy.[2]

Le couplage de ces deux évènements a une signification. L'un comme l'autre ont exercé dans des registres différents, la fonction suprême, la présidence de la république, dans un style certes très singulier, mais finalement dans un style assez voisin. Tous les deux, finalement, ont été dans une situation de sécularisation du pouvoir, de désacralisation du pouvoir. Ils ont rejeté chacun à leur manière, tout l'appareil symbolique, protocolaire, rituel qui s'attachait à la présidence de la république, ce que nous appelons la 'monarchie républicaine', puisque en France, vieille terre de chrétienté, le pouvoir s'exerce non pas par délégation mais par incarnation.

Or, ces deux incarnations ont  été des incarnations ratées, qui ont laissé apparaître des hommes qui étaient plus dans la jouissance du pouvoir et de ses attributs que dans le service de l'Etat, c'est-à-dire du bien commun et de l'intérêt général. Et ce processus de sécularisation heurte profondément la conscience des Français qui aspirent toujours de la part d'un chef de l'Etat à ce qu'il prenne en compte, effectivement, une certaine forme de transcendance (appelons-la le bien commun, le service de l'intérêt général), qui va au-delà de la personne et des hommes qui passent." [2]

En résumé, les deux, Nicolas Sarkozy et François Fillon ont privatisé le pouvoir, et l'ont rabaissé au rang de service d'intérêts particuliers. C'est sans doute le trait marquant qui restera de ces deux présidences désastreuses. Au sujet de François Hollande en particulier, P. Buisson :

 

"Cela a été un gestionnaire piteux d'un social-libéralisme qui avait le mérité de s'assumer et montrait bien qu'il y avait une continuité intellectuelle dans le libéralisme et qu'on ne peut pas dissocier l'économie de marché de la société de marché. François Hollande aura été le vecteur de la société de marché, notamment au travers le projet de 'mariage pour tous'. Et il aura couvert la partie dévolue à la gauche dans la marchandisation des rapports humains, c'est-à-dire la transplantation sur le plan sociétal de la philosophie libérale. C'est ce qu'on retiendra de Hollande. Il aura été le porte d'un parti socialiste qui est un parti de classe, qui sert les intérêts de classe, ceux de la bourgeoisie urbaine."

Dans le "populisme", explique P. Buisson, "il y a une demande de démocratie, et de démocratie directe" :

 

"Les catégories populaires se rendent bien compte que nous vivons dans une post démocratie qui est un détournement des procédures démocratiques, qui conforte le pouvoir des oligarchies. J'ai coutume de dire qu'en France, hors l'élection présidentielle, nous avons évolué vers un suffrage censitaire, dans lequel ne votent plus que les inclus, les catégories favorisées."

Ce que nous pouvons retenir de cette analyse, et que nous disons sur ce blog, c'est surtout le non-dit : nous vivons en fait, depuis l'invention des partis politiques, dans une oligarchie... depuis 1792. C'est-à-dire un système où le pouvoir ne sert pas l'intérêt général, mais des intérêts particuliers. Seul un retour à la royauté, avec un roi au-dessus des partis et qui gouverne, peut relégitimer le pouvoir aux yeux des Français et leur redonner le sentiment d'un pouvoir où la fonction suprême n'est pas rabaissée, désacralisée.

 

"Les modes de scrutin et la représentation excluent de toute chance d'alternance les forces qui ne sont pas au coeur du système. Cela génère une abstention considérable. Les gens se disent qu'ils n'iront pas voter puisqu'ils ne seront pas représentés et quant au parti populiste, le Front national, il n'hérite que d'une représentation dérisoire. En 2012, Marine Le Pen a fait 18% à l'élection présidentielle et son parti n'a eu que deux députés. Eva Joly, la candidte écologiste, 2% à l'élection présidentielle, et 18 députés.

Donc on a un système totalement biaisé qui n'est pas une démocratie représentative, qui est une démocratie subtitutive, qui est l'aboutissement finalement de ce qui a été l'évolution de la démocratie parlementaire depuis qu'elle a été créée, en Angleterre d'abord, et puis après en France avec la Révolution française. Un système où la démocratie parlementaire se substitue à l'expression du "peuple souverain". Son souci, ce n'est pas d'accomplir la "volonté générale", mais de trouver les moyens de la restreindre.

Nous avons une situation, effectivement, où les majorités parlementaires en France représentent le despotisme d'une minorité légale.

Nous sommes toujours en train de donner des leçons de "démocratie", à la Russie, par exemple, et à tous les peuples de la terre et notre Assemblée nationale qui vote les lois, représente un électeur sur six, et encore, je ne compte pas les 4 millions de Français qui ne sont pas inscrits sur les listes électorales. C'est-dire sa faible représentativité.

Le système est en train de perdre ce qui lui reste de légitimité, parce que l'électorat populaire sent qu'il y a un détournement de démocratie. D'où la demande de démocratie directe qui est constitutive de la protestation populiste. On ne veut pas la voir, parce qu'évidemment, on essaie de cacher ce phénomène.

J'ai eu un débat très intéressant avec Alain Minc, sur France culture, il y a peu de temps, dans l'émission de Finkielkraut, "Réplique". Il assumait tout à fait cette dimension de suffrage censitaire : le peuple n'est pas éduqué. A qui bon nous donner la parole ? Et vous avez vu quelles étaient les réactions à l'égard du Brexit, à l'égard de l'élection de Trump. L'attitude des médias occidentaux à l'égard de la Russie et de Vladimir Poutine manifeste aussi cette même forme d'ostracisme. Tout ce qui représente le peuple enraciné doit être à la fois exclu du jeu politique, du champ politique, du marché politique. Donc, on fait des modes de scrutin qui permettent ce détournement de démocratie. Mais aussi maintenant du marché économique et du marché du travail. C'est le projet de revenu universel : ces petits blancs, dont l'employabilité est faible, autant leur donner une rente à vie, mais qu'ils nous laissent tranquilles et qu'ils ne viennent plus sur le marché du travail, alors que nous avons la main d'oeuvre immigrée qui représente beaucoup plus de flexibilité, de souplesse qui viendra la remplacer. Tout cela participe d'un mouvement d'ensemble et d'une logique. C'est la même logique qui exclut du marché les pauvres, les exclut également du marché du travail et du marché de l'emploi.

Et c'est ces classes dirigeantes, cette oligarchie qui fait des leçons de démocratie à la terre entière, pas simplement aux Français, et à ceux qui sont des partenaires diplomatiques importants pour la France, comme la Russie."

P. Buisson explique ce qu'il a "essayé de faire en 2007, l'alliance des forces conservatrices" :

 

"Moi, ce que j'ai essayé de faire en 2007, c'est l'alliance des forces conservatrices et de l'électorat populaire, alliance qui s'est réalisée trois fois dans l'histoire de France récente. En 1947 avec les élections municipales où le RPF qui vient d'être créé par de Gaulle, en 1958 avec le retour du général de Gaulle au pouvoir, et au premier tour de l'élection présidentielle de 2007. Il n'y a pas d'autres exemples. Sarkozy avait avec lui toutes les cartes en main, y compris la légitimité suffisante pour agir, et il ne l'a pas fait."

Dans le cas d'un deuxième tour en 2017, François Fillon Fillon -Marine Le Pen, Patrick Buisson pense :

 

"Si il (François Fillon) n'arrive pas à tirer à lui une partie de l'électorat populaire, il ne pourra pas gouverner."

Faisant une prospective s'agissant de Marine Le Pen, P. Buisson explique:

 

"Chaque année, maintenant de puis plus de 20 ans, j'observe que l'Institut Sofres avec le journal Le Monde fait une petite enquête annuelle sur les Français et les idées du Front national, c'est-à-dire qu'ils testent le corpus d'idées du Front national auprès des Français.

Depuis 20 ans on observe une adhésion de plus en plus importante, croissante, d'adhésion des Français au corpus idéologique du Front national. Par exemple, à la question posée "est-ce qu'il y a trop d'immigrés en France ?" Cette question recueille aujourd'hui 75 à 80% d'adhésion. Donc on voit bien le mouvement d'adhésion qui affecte les trois quart de la population française. Et pourtant, Jean-Marie Le Pen, c'est au mieux 17% en 2002, Marine Le Pen c'est 18% en 2012, 25 à 27% dans les élections intermédiaires aujourd'hui. Comment se fait-il qu'entre cette adhésion massive des Français au corpus d'idées du Front national et l'élection le jour du vote il y ait un tel déchet, une telle déperdition de voix ? C'està-dire en gros qu'il y a la moitié des Français qui sont d'accord avec les idées du Front national mais qui ne votent pas pour le Front national. S'ils ne votent pas pour le FN, c'est pour des raisons profondes, sociologiques, psychologiques, culturelles, anthropologiques, cela fait peur. C'est un problème qui ne va pas évoluer par un miracle d'une évolution du contexte. On voit bien par exemple qu'il y a en France un problème de terrorisme en France depuis deux ans, et la progression du Front national est très limitée. Entre les européennes de 2014, avant les premiers attentats et les régionales de 2015, la progression est de 2 points. Je pense que le Front national, seul, est à l'écart de toute espérance de pouvoir. C'est forcément de l'intérieur du parti de gouvernement de la droite que se produira l'évolution décisive. L'exemple de ce qui s'est passé aux Etats-Unis est probant. Trump a subverti le parti républicain, l'a humilié, marginalisé et a gagné contre lui, et il occupe aujourd'hui l'espace du parti politique républicain. Tant qu'il n'y a pas à l'intérieur de la droite de gouvernement une force assez puissante pour porter cette révolution conservatrice et identitaire que j'ai évoquée à l'instant, l'espérance du pouvoir pour ces idées que je défends me paraît assez éloignée. Et le FN n'est pas le bon vecteur pour y arriver. ... Il est l'assurance-vie du système, dans la mesure où, à tort ou à raison, il représente une forme de repoussoir.

Le système ne peut pas être élu sur son bilan : il n'en a pas. Il ne peut être élu ou réélu, reconduit, que sur ses ennemis. Et plus l'ennemi est caricatural, plus l'ennemi représente cet épouvantail, plus le système trouve les moyens et les ressources de perdurer, de poursuivre et de se perpétuer dans ses aspects les plus négatifs."

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19 novembre 2016 6 19 /11 /novembre /2016 07:01
"Nous arrivons à la fin du cycle ouvert par les Lumières" (Patrick Buisson)

Invité de Tv-Libertés, le politologue et historien, Patrick Buisson, directeur de la chaîne Histoire et auteur d’un des ouvrages politiques les plus polémiques de l’année 2016, ”La cause du peuple”, décrit un Nicolas Sarkozy en situation permanente de dépendance affective et ne cessant de faire des “génuflexions devant la doxa conformiste”. La ligne qu’il défendait comme principal conseiller de N. Sarkozy n’a été qu’un logiciel électoral sans la moindre application politique.

Le politologue développe en fin d'émission une vision longue de l'histoire. Il appelle à une grande politique conservatrice renouant avec le catholicisme social et revendique, pour la France, une véritable révolte identitaire. Il explique une chose capitale :

 

"Nous arrivons à la fin du cycle ouvert par les Lumières, au bout pratiquement de presque trois siècles. Toutes les idées montantes dont on parlait tout à l'heure, les deux grandes utopies sur lesquelles les Lumières ont fondé leur rayonnement, à savoir le mythe du progrès et celui de l'égalité, sont deux idées qui sont politiquement ruinées. C'est un évènement considérable. Ce n'est pas une simple alternance politique où la droite molle va remplacer la gauche faible ou une gauche rosée va remplacer une droite mal blanchie. Des évènements considérables sont en train de se passer. Et l'on voudrait que les fruits politiques de ces évènements nous puissions les cueillir de notre vivant, alors que l'on voit simplement s'amorcer une autre cycle dont a su que le précédent a pris trois siècles avant de se refermer", explique P. Buisson (à partir de 01:01:40)

 

Patrick Buisson n'est pas le seul historien à faire ce constat d'une fin du cycle des Lumières. L'historien Patrick Gueniffey, spécialiste d'histoire moderne, a lui aussi expliqué que la Révolution, comme "foi dans le progrès", cette "croyance en l'efficacité de la politique", "est morte".

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15 novembre 2016 2 15 /11 /novembre /2016 17:57
Liberté, Egalité, Fraternité, Extermination : une valeur sûre de la république

Que la foudre éclate par humanité ! ayons le courage de marcher sur des cadavres, pour arriver à la liberté.

Fouché de Nantes

D’autres témoignages, émanant de diverses documentations, sont également disponibles :

 

Comme dans la réimpression du « Tableau des crimes du Comité révolutionnaire de Moulins, et des citoyens de l’Allier » datée de 1874, ou on y lit à la page 24 :

 

« Voilà les agents de ce monstrueux projet enfanté par Robespierre, de réduire la population pour procurer une abondance faussement calculée. Ce nouveau Cromwel sacrifiait les hommes aisés et instruits pour mieux asservir la classe indigente et sans énergie.

 

Voilà les fanatiques en liberté qui faisaient naître l'âge de fer pour vous réduire à l'esclavage. »

 

Dans le tome 1 des « Papiers inédits trouvés chez Robespierre, Saint-Just, Payan, etc » de 1828, on y lit page 83 :

 

« les calculs affreux de Carrier sur le nivellement de la population française ; son mot sur celle de Lyon réduite à 25 000 habitans ; l’affiche de Ronsin qui la réduisait à 1500 ; le projet de réduction mis à exécution, pour les départements de l’ouest, au moyen du feu vendéen, plus soigneusement entretenu par les décemvirs qu’autrefois le feu des vestales, projet déguisé par eux, sous le nom de chancre politique ; les manufactures de soie brûlées à Bédoin, les ruines de Lyon, les noyades de Nantes, les massacres d’Orange et d’Arras : que de témoignages qui déposeront de ces affreux desseins dans le livre de l’histoire ! »

 

Ce sinistre Carrier qui aurait dit lors de son interrogatoire que : « la France républicaine ne pouvait nourrir tous ses habitants » !

 

Dans le 1er volume de « Trente ans de ma vie (de 1795 à 1826) ; ou Mémoires politiques et littéraires » du poète Jean-Pierre-Jacques-Auguste de Labouïsse-Rochefort, on lit à la page 220 au sujet d’un certain Guffroy :

 

« il donne ce conseil : « Abattons tous ces nobles : tant pis pour les bons, s’il y en a. Que la guillotine soit en permanence dans toute la France : la France aura assez de cinq millions d’habitans ; » - Ainsi l’anthropophage Guffroy voulait réduire une population de vingt-cinq millions à cinq… à condition sans doute qu’il aurait fait partie des cinq millions restant ; les autres vingt millions devant être assassinés pour les menus plaisirs de Guffroy et de ses pareils !... »

 

Jean-Bon-Saint-André, l’un des initiateurs du Tribunal Révolutionnaire de sinistre mémoire proclama ouvertement à la convention que « … pour établir solidement la République, il faut réduire de plus de moitié la population française ».

 

Etc…

 

Qu'un sang impur abreuve nos sillons!

 

Usure et esclavage à l'horizon.

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16 octobre 2016 7 16 /10 /octobre /2016 06:32

Nous célébrons le 16 octobre 2016, le 223e anniversaire de la mort de la reine de France et de Navarre, Marie-Antoinette, guillotinée le 16 octobre 1793 par les barbares révolutionnaires.

 

À plus de deux siècles de distance, son procès expéditif d'une durée de vingt heures entre les 14, 15 et 16 octobre 1793, la condamnant à la peine de mort, n'est pas clos. On attend toujours le verdict de la justice et de l'équité.

Louis XVI n'a personne auprès de lui capable de tenir tête à la révolution. Mirabeau disait : - Il n'y a qu'un homme auprès du roi, c'est la reine. Contre elle les efforts vont se concentrer.

Frantz Funck-Brentano, Les Derniers Jours de Marie-Antoinette, Collection Hier et Aujourd'hui, Flammarion 1933, p. 3.

lys-2 16 octobre dans Vexilla Regis

16 octobre 1793, 4h30 du matin.

Les dernières heures de Marie-Antoinette : "Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu'ils m'ont fait"

"Rentrée en son humide cachot de la Conciergerie, Marie-Antoinette, pour la première fois depuis soixante-zeize jours, obtint de la lumière, de l'encre, du papier. En quel état devait être son âme. Elle écrivit alors à sa belle-soeur, Madame Elisabeth, la lettre si calme, si élevée de pensée, si tranquille de coeur qui, après plus d'un siècle, émeut encore d'admiration et de respect. Nous tenons à la reproduire ici en entier: mieux que toute analyse elle éclaire d'une lumière tout à la fois vive et paisible l'âme et la pensée de la reine martyre au seuil de la mort :

 

Ce 16 octobre, à quatre heures et demie du matin.

 

"C'est à vous, ma soeur, que j'écris pour la dernière fois. Je viens d'être condamnée, non pas à une mort honteuse - elle ne l'est que pour les criminels - mais à aller rejoindre votre frère; comme lui innocente j'espère montrer la même fermeté que lui dans ses derniers moments. Je suis calme comme on l'est quand la conscience ne reproche rien. J'ai un profond regret d'abandonner les pauvres enfants. Vous savez que je n'existais que pour eux et pour vous, ma bonne et tendre soeur, vous qui avez par votre amitié tout sacrifié pour être avec nous. Dans quel état je vous laisse ! J'ai appris par le playdoyer même du procès que ma fille était séparée de vous. Hélas ! la pauvre enfant, je n'ose pas lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre, je ne sais pas même si celle-ci vous parviendra. Recevez pour eux deux ici ma bénédiction; j'espère qu'un jour, lorsqu'ils seront plus grands, ils pourront se réunir avec vous et jouir en entier de vos tendres soins. Qu'ils pensent tous deux à ce que je n'ai cessé de leur inspirer : que les principes et l'exécution exacte de ses devoirs sont la première base de la vie, que leur amitié et leur confiance mutuelle en fera le bonheur.

"Que ma fille sente qu'à l'âge qu'elle a (Madame Royale était sans sa quinzième année) elle doit toujours aider son frère par les conseils que l'expérience qu'elle aura de plus que lui et son amitié pourront lui inspirer; qu'ils sentent enfin tous deux que dans quelque position où ils pourront se trouver ils ne seront vraiment heureux que par leur union ; qu'ils prennent exemple sur nous. Combien, dans nos malheurs, notre amitié nous a donné de consolation ! et dans le bonheur on jouit doublement quand on peut le partager avec un ami, et où en trouver de plus tendre, de plus uni que dans sa propre famille ? Que mon fils n'oublie jamais les derniers mots de son père que je lui répète expréssément:

 

"Qu'il ne cherche jamais à venger notre mort."

 

"J'ai à vous parler d'une chose bien pénible : je sais combien cet enfant doit vous avoir fait de la peine (allusion aux propos que les commissaires de la Convention arrachèrent au Dauphin, un enfant de huit ans, qu'on avait abruti physiquement et moralement et qui n'avait plus sa pensée à lui). Pardonnez-lui, ma chère soeur, pensez à l'âge qu'il a et combien il est facile de faire dire à un enfant ce qu'on veut et même ce qu'il ne comprend pas. Un jour viendra, j'espère, où il ne sentira que mieux le prix de vos bontés et de votre tendresse pour tous deux (le fils et la fille de la reine).

"Il me reste à vous confier encore mes dernières pensées. J'aurais voulu les écrire dès le commencement du procès, mais, outre qu'on ne me laissait pas écrire, la marche a été si rapide que je n'en aurais réellement pas eu le temps.

"Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle de mes pères, dans celle où l'ai été élevée et que j'ai toujours professée, n'ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas s'il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposerait trop s'ils y entraient une fois. Je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j'ai pu commettre depuis que j'existe; j'espère en sa bonté. Il voudra bien recevoir mes derniers voeux, ainsi que ceux que je fais depuis longtemps pour qu'il veuille bien recevoir mon âme dans sa miséricorde et sa bonté. Je demande pardon à tous ceux que je connais et à vous, ma soeur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j'ai pu leur causer. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu'ils m'ont fait. Je dis ici adieu à mes tantes et à tous mes frères et soeurs. J'avais des amis : l'idée d'en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j'emporte en mourant; qu'ils sachent au moins que, jusqu'à mon dernier moment, j'ai pensé à eux.

"Adieu, ma bonne et tendre soeur; puisse cette lettre vous arriver. Pensez toujours à moi ; je vous embrasse de tout mon coeur ainsi que ces pauvres et chers enfants. Mon Dieu, qu'il est déchirant de les quitter pour toujours ! Adieu, adieu ! je ne vais plus m'occuper que de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre de mes actions, on m'amènera peut-être un prêtre; mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot et que je le traiterai comme un être absolument étranger." (La reine n'admettait pas le caractère ecclésiastique des prêtres assermentés.)

 

Madame Elisabeth; bien loin d'entrer en possession de ces pages qu'on a nommées le Testament de Marie-Antoinette, n'apprit même pas la mort de sa belle-soeur. Quand elle fut à son tour transférée de la tour du Temple à la prison de la Conciergerie, elle demanda au concierge Richard des nouvelles de la reine :

 

- Oh ! elle est très bien, il ne lui manque rien.

 

Description de cette image, également commentée ci-après

Madame Elisabeth n'apprendra la mort de sa belle-soeur qu'au moment de gravir à son tour les marches de l'échafaud. Franchissant le seuil de la Conciergerie pour aller à la mort, elle pria le concierge Richard de dire son fidèle souvenir à la soeur qu'elle ne reverrait plus. Alors l'une des dames qui allaient être conduites au supplice avec elle, - parmi lesquelles Mme de Sénozan, soeur du ministre Malesherbes qui, devant la Convention, avait été l'un des défenseurs du roi, et Mme veuve de Montmorin, - lui dit tout uniement :

 

- Madame, votre soeur a subi le sort que nous allons subir nous-mêmes dans un instant.

 

Frantz Funck-Brentano, Les Derniers Jours de Marie-Antoinette, Collection Hier et Aujourd'hui, Flammarion 1933, p. 103-106.

lys-2 16 octobre dans Vexilla Regis

Sans doute doit-on voir dans le "procès" de Marie-Antoinette, un exemple de ces "valeurs de la République", dont les media et les politiciens ne cessent de nous parler. Un exemple des jugements "populaires" expéditifs où le verdict truqué, déjà rendu à l'avance, jette à la populace ses boucs émissaires.

Robespierre, ce "grand homme", "avait proclamé que la mort de Marie-Antoinette serait un hommage à la liberté et à l'égalité; ces deux grands principes chers au coeur des hommes libres, avaient ainsi reçu dans la journée du 16 octobre 1793, un hommage éclatant." (F. Funck-Brentano, ibid., p. 113.)

 

Les dernières heures de Marie-Antoinette : "Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu'ils m'ont fait"

Le 15 octobre, on recourut aux chefs d'inculpation politiques suivants, relevant littéralement de l'inversion accusatoire :

 


- Responsable de l'horrible conspiration du 10 août 1792, alors qu'on était là au coeur de la conspiration républicaine.
- Dilapidation du trésor national,

- Intelligence avec les ennemis de la République,
- Atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de la France, alors que c'est la Convention qui déclara la guerre à l'Europe pour sauver la république le 20 avril 1792. Cf.
"Il faut incendier les quatre coins de l'Europe, notre salut est là" (Brissot de Warville, le stipendié des banquiers à la Convention "nationale", in Considérations sur la nature de la Révolution française, par M. Mallet du Pan, p. 37).

 

- Responsable des horreurs des premiers jours d'octobre 1789 en ayant créé une disette. [Cf. la propagande républicaine: "S'ils ne mangent pas de pain, qu'ils mangent de la brioche]
- Responsable de la guerre civile, alors que là aussi c'est la secte oligarchique qui arma et paya les émeutiers de 1789.

Quelle liste impressionnante pour une seule personne, fût-elle Reine de France!
Mais cette liste aussi impressionnante soit-elle ne suffit pas aux assassins. C'est pouquoi on vit défiler à la barre toute une kyrielle de témoins à charge dont les dépositions sont à la hauteur du procès lui-même tant le ridicule le dispute au grotesque et au sordide: bouteilles de vin trouvées sous le lit de la Reine destinées à saouler les gardes suisses, comportement incestueux de la Reine vis-à-vis du "jeune Capet" (le Dauphin devenu, à la mort de son père, Louis XVII). La république se vautre dans la fange et les caniveaux pour perdre Marie-Antoinette, mais cette charge proférée par Jacques-René Hébert se retourna contre les révolutionnaires. Lorsque le président du tribunal questionna la Reine sur les motifs de son silence par rapport à cette terrible accusation, Marie-Antoinette eut cette réplique :


 

"Si je n'ai pas répondu, c'est que la nature se refuse à répondre à une pareille inculpation faite à une mère. J'en appelle à toutes celles qui peuvent se trouver ici."

 

Marie-Antoinette, note le greffier, est vivement émue et cette émotion passe soudain dans le public pourtant peu disposé, c'est le moins que l'on puisse dire, à la compassion à l'égard de la Reine. Le tribunal n'insistera pas sur cette accusation mensongère. Quand Robespierre apprendra les faits et l'accusation stupide, il qualifiera Hébert d'imbécile. Pour un peu Marie-Antoinette aurait retourné le public en sa faveur!

Les dernières heures de Marie-Antoinette : "Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu'ils m'ont fait"

"C'était Danton, secondé de Carrier, l'homme des noyades de Nantes, qui, au début des luttes de la montagne contre la Gironde, avait fait créer le tribunal révolutionnaire où Marie-Antoinette allait être renvoyée. Les jurés en étaient nommés par la Convention: fonctionnaires rétribués à raison de dix-huit livres par jour et qui devaient opiner à haute voix. Ils savaient que si le malheur voulait un jour qu'ils n'émissent pas une opinion orthodoxe, ils seraient eux-mêmes guillotinés. Ce n'est déclare le conventionnel Lamarque, qu'en adoptant que les jurés opineraient à haute voix, que les amis de la liberté ont consenti qu'il y eût des jurés dans ce tribunal." Danton marqua le but de l'institution : 'Ce tribunal doit suppléer au tribunal suprême de la vengeance du peuple.'

 

Durant de longs mois les têtes tombèrent par centaines et Danton ne trouva pas la moindre objection à élever contre la manière dont le tribunal 'suppléait' à la vengeance du peuple; mais voici qu'un jour ledit tribunal décida qu'on guillotinerait Danton lui-même, et le grand orateur de déclarer : 'C'est moi qui ai fait établir ce tribunal, ce n'était pas pour qu'il fût le fléau de l'humanité.'

 

[...] Excellent tribunal pour juger la reine. L'ancien président Montané, avait été jeté en prison. Le motif en était, disait-on, qu'il avait essayé de faire passer Charlotte Corday pour folle. Hermann, son successeur, venait d'être mandé à la barre de la Convention pour apprendre à mener plus rondement l'affaire Custine.

 

La reine comparut devant le tribunal révolutionnaire le 15 octobre 1793. L'accusateur public était un ancien procureur au Châtelet. Antoine Quentin Fouquier-Tinville. Au temps de la puissance monarchique il s'était distingué par un beau zèle pour la gloire du roi, et qu'il traduisait poétiquement en ballades et en petits vers.

Les dernières heures de Marie-Antoinette : "Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu'ils m'ont fait"

Durant quatre séances sur deux jours ils furent quarante témoins à venir déposer à la barre. Dans le dossier il n'y avait pas de preuve, que des témoins. Les témoins n'apportérent aucune preuve décisive, ce n’étaient que racontars et affabulations. (Source: Louis XX Facebook )

 

 

Le "procès" de Marie-Antoinette, narré par Frantz Funck-Brentano dans "Les Derniers Jours de Marie-Antoinette". Extrait :

 

La veuve Capet, comme on appelait Marie-Antoinette, était accusée d'avoir :

 

1° De concert avec les frères de Louis Capet et l'infâme ex-ministre Calonne, dilapidé d'une manière effroyable les finances de la France - fruits des sueurs du peuple - [On sait que les impôts, de nos jours, sont dix fois supérieurs à ce qu'ils étaient en 1789... NdCR.] et avoir fait passer des sommes incalculables à l'Empereur et avoir ainsi épuisé le trésor national;

2° D'avoir, tant par elle que par ses agents contre-révolutionnaires, entretenu des intelligences et des correspondances avec les ennemis de la République; d'avoir informé et fait informer ces mêmes ennemis des plans de campagne et d'attaques convenus et arrêtés dans le conseil ;

3° D'avoir, par ses intrigues, manoeuvres et celles de ses agents, tramé des 'conspirations' et 'complots' contre la sûreté intérieure et extérieure de la France et d'avoir, à cet effet, allumé la guerre civile sur divers points de la République et armé les citoyens les uns contre les autres ;

4° D'avoir, pour réussir plus promptement dans ses projets contre-révolutionnaires, organisé, grâce à ses agents, dans Paris et aux environs, les premiers jours d'octobre 1789, une disette qui a donné lieu à une nouvelle insurrection à la suite de laquelle une foule innombrable de citoyens et citoyennes se sont portés à Versailles.

Mais il faut lire le texte des débats pour se rendre compte du caractère, peut-être plus grotesque encore qu'odieux, des témoignages mis en action contre l'infortunée souveraine.

 

(Ainsi) Une cuisinière, la fille Reine Millot, déposa qu'en 1788, un jour qu'elle se trouvait de service à Versailles, elle entendit le comte de Coigny "qui, dans ce moment, était de bonne humeur", dire que la reine avait fait passer deux cents millions à son frère l'empereur d'Autriche pour faire la guerre aux Turcs.

Cette même Reine Millot fit une seconde déposition non moins grave que la première : 'J'ai su, déclara-t-elle, par différents personnages que l'accusée (Marie-Antoinette) avait conçu le dessein d'assassiner le duc d'Orléans [qui comme par hasard était aussi le Grand Maître du Grand Orient de France à l'origine de la journée du 14 juillet 1789 - émeutiers soudoyés -  et de la pratique de l'agio sur les blés pour affamer le peuple... NdCR.]. Le roi, qui en fut instruit, ordonna qu'elle fût incontinent fouillée. A la suite de cette opération, on trouva sur elle deux pistolets. Alors il la fit consigner dans son appartement pendant quinze jours.'

Imagine-t-on Marie-Antoinette assassinant à coups de pistolets le duc d'Orléans dans le palais de Versailles et le roi, trouvant les pistolets sur elle, la consignant dans ses appartements pour quinze jours ?

Un certain Labénette, totalement inconnu, déposa que trois particuliers étaient venus pour l'assassiner au nom de la reine. Fouquier-Tinville estima que ce témoignage était très important.

Il est vraiment surprenant qu'un paysan ne soit pas venu déclarer que la reine avait formé le projet de faire disparaître le soleil pour empêcher en France les blés de mûrir.

Les dernières heures de Marie-Antoinette : "Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu'ils m'ont fait"

Fouquier-Tinville fut dignement secondé par les délégués de la Commune; Pache, maire de Paris; Chaumette, procureur syndic; Hébert, substitut du procureur: noms auxquels on a la tristesse de devoir joindre celui de l'illustre Louis David. Le crime que ces hommes et leurs mandataires ont commis est si grand qu'il est impossible de l'exprimer. Corrompre un enfant pour détruire sa santé, puis, de la corruption dont on l'a gangréné, faire le plus épouvantable des outrages à sa mère; non content de la faire insulter par son fils, répéter la calomnie atroce dans le plein jour du tribunal et s'en servir pour essayer, après avoir fait tomber sa tête, de salir la mémoire de la victime: il ne semblait pas que pareilles infamies fussent humainement possibles: elles ont été commises.

[...] Hermann désigna à la reine deux défenseurs d'office, Chauveau-Lagarde et Tronson-Ducoudray. Ils furent prévenus le 14 octobre 1793, c'est-à-dire la veille du jour où ils étaient appelés à parler. Chauveau-Lagarde était à la campagne. Sur les conseils de ses défenseurs, la reine demanda pour eux trois jours, afin qu'ils eussent le temps d'étudier un peu l'affaire. Etait-ce trop pour une semblable cause ? Sa lettre fut mise au panier et les débats commencèrent immédiatement. Ils commençèrent le 15 octobre à huit heures du matin et durèrent, sans interruption, jusqu'au lendemain quatre heures du matin. Sauf une pause d'un instant, ils se poursuivirent ainsi pendant près de ving heures. Et la reine était arrivée épuisée, épuisée physiquement par des mois de privations et une santé compromise par des pertes de sang, et brisée moralement. Qui n'eût été anéanti par ces tortures ?

[...] Le substitut de la commune de Paris, Hébert, un jeune grandin élégant et parfumé, apporta les immondices qu'il avait triturées en collaboration avec Chaumette et David. Hébert délayait l'ignominie d'un ton artiste, en expressions choisies. La reine était debout, les yeux fixes, la tête droite, pas un muscle ne se contractait.

Exaspéré par tant de dignité, l'un des jurés interpella l'accusée : - Si je ne réponds pas, dit la Reine, c'est que la nature se refuse à répondre à une pareille inculpation faite à une mère; j'en appelle à toutes celles qui peuvent se trouver ici.

La voix, quoique faible et épuisée, vibra et, pour la première fois dans l'agonie de l'audience, des larmes mouillèrent ses joues. 'Devant ce crime sublime, disent les Frères Humbert qui étaient présents, un courant magnétique passa dans l'assistance.' Les mégères mêmes qui écoutaient, les coudes sur les genoux, se sentirent remuées malgré elles. Peu s'en fallut qu'elles n'applaudissent. On entendit des cris perçants, plusieurs femmes s'évanouirent; dans un grand tumulte il fallut les emporter. La voix nasillarde du président Hermann menaça de faire évacuer la salle.

[...] A minuit, le président dit aux avocats : - Sous un quart d'heures les débats finiront, préparez votre défense. Marie-Antoinette fut condamnée à mort à l'unanimité. Les jurés exprimaient leur opinion, l'un après l'autre, à haute voix. Chacun d'eux savait que s'il se fût prononcé pour l'acquittement, il se fût exposé à être guillotiné lui-même.

[...] La lecture de l'arrêt de mort trouva la reine calme, immobile. Elle descendit de son banc le front haut, ouvrit elle-même la balustrade et traversa la salle comme sil elle ne voyait ni n'entendait rien, note Chaveau-Lagarde. La séance fut levée à quatre heures du matin.

 

(Frantz Funck-Brentano, Les Derniers Jours de Marie-Antoinette, Collection Hier et Aujourd'hui, Flammarion 1933, p. 93-102.)

La presse de l'époque s'accorde à dire que la Reine ne manifesta aucune émotion visible à la lecture de l'acte de condamnation. Ce fait est confirmé par Chauveau-Lagarde, un de ses avocats:



"Elle ne donna pas le moindre signe de crainte, ni d'indignation, ni de faiblesse [...] Elle descendit les gradins sans proférer une parole, ni faire aucun geste, traversa la salle comme sans rien voir ni rien entendre; et lorsqu'elle fut arrivée devant la barrière où était le peuple, elle releva la tête avec majesté."

 

Dès lors il ne lui reste que quelques heures à vivre.

 

Marie-Antoinette dans la charrette qui la conduit vers le supplice


"La charette avançait lentement sous une pluie d'injures grossières. Marie-Antoinette y était assise sur une planche. Elle portait une jupe blanche tombant sur son jupon noir, une camisole de nuit en piqué blanc, un ruban de faveur noir noué autour du poignet; la tête était coiffée d'une bonnette de linon blanc comme celles que portaient les femmes du peuple, ornée d'un petit ruban noir. Elle avait inutilement prié qu'on la laissât aller au supplice tête nue. Ses cheveaux blancs étaient coupés ras autour du bonnet. Elle était pâle, mais les pommettes étaient très rouges, les yeux injectés, les cils immobiles; le regard semblait celui d'une aveugle. Derrière elle, sur la charrette, se tenaient l'exécuteur des hautes oeuvres, Samson, une manière de colosse, et son aide auprès de lui.

Rue Saint-Honoré, la charrette s'étant arrêtée un instant, un enfant, que sa mère élevait dans ses bras, lui envoya un baiser de ses petites mains qui battirent l'air ensuite d'un petit geste joyeux. La reine lui répondit d'un sourire et pleura. Ce furent les seules larmes qu'elle versa durant le trajet - qui se poursuivit parmi les huées d'une populace excitée." (Frantz Funck-Brentano, Les Derniers Jours de Marie-Antoinette, Collection Hier et Aujourd'hui, Flammarion 1933, p. 109.)

Les dernières heures de Marie-Antoinette : "Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu'ils m'ont fait"

Elle n'est déjà plus sur terre. La place de la révolution (devenue depuis la "place de la Concorde" !... NdCR.) est noire de monde ce jour-là. Nul doute que la propagande révolutionnaire a fait son œuvre pour ameuter la populace qui se repaît de ces orgies sanglantes. Celle-ci, qui plus est, est particulièrement gratinée! Pensez donc! Ce n'est pas tous les jours que l'on coupe la tête d'une reine de France. C'est même une grande première dans le royaume des lys. A ne manquer sous aucun prétexte! Y eut-il dans cette foule quelques anonymes venus soutenir discrètement par la prière la condamnée afin qu'elle ne défaillît point à l'ultime instant? Peut-être, nous ne le saurons jamais! Mais une chose est certaine c'est que les spectateurs n'auront pas eu le plaisir sadique de voir la Reine de France prise de peur à la vue de l'échafaud. A la surprise générale, elle descend seule, sans soutien, de la charrette avec "promptitude et légèreté", dit Rouy dans la relation qu'il fit de la scène, bien que ses bras soient liés; Il ajoute plus loin: "Elle est même montée à la bravade, avec un air plus calme et plus tranquille qu'en sortant de prison." "Audacieuse et insolente jusqu'au bout", écrira le Père Duchesne, le journal révolutionnaire d'Hébert, cité comme témoin dans le procès de Marie-Antoinette.

 

Frantz Funck-Brentano écrit la même chose : "Marie-Antoinette descendit de la charette 'avec légèreté et promptitude, sans avoir besoin d'être soutenue, bien que ses mains fussent toujours liées', écrit l'auteur du Magicien républicain. S'approchant de l'échafaud, elle en monta l'escalier de bois 'à la bravade', diront les journaux, 'avec calme et une tranquilité insolente.'" (F. Funck-Brentano, ibid., p. 111.)

Dans son empressement, la Reine marche involontairement sur le pied du bourreau. "Monsieur, je vous en demande pardon." Pardon, ce sera le dernier mot prononcé sur terre par la Reine.

 

"Le couperet tombe; un aide du bourreau tend à la foule une tête blême où battent encore les paupières. Quelques cris : 'Vive la république !', cris mal assurés, car, tout de même, on a le coeur barbouillé. La plus grande partie de la foule est demeurée bouche bée, silencieuse, on peut dire de respect et d'émotion." (F. Funck-Brentano, ibid., p. 111.)

 Exécution de Marie-Antoinette à la Place de la Révolution, le 16 octobre 1793. (Anonyme. Musée Carnavalet).

Exécution de Marie-Antoinette à la Place de la Révolution, le 16 octobre 1793. (Anonyme. Musée Carnavalet).

"A midi un quart exactement, Sanson montrait sa tête à la foule, qui la salua des cris de 'Vive la Liberté  ! Vive la République !'" (Jules Mazé, Louis XVI et Marie-Antoinette, La Famille royale et la Révolution, Librairie Hachette, Corbeil 1947, p. 198.)

lys-2 16 octobre dans Vexilla Regis

Dans les Vêpres des défunts nous chantons le verset suivant au psaume 120:

 



"Non det in commotionem pedem tuum: neque dormitet qui custodit te."

"Qu'il ne laisse pas ton pied trébucher, qu'il ne sommeille pas ton gardien."

 

 

Soyons assurés que Dieu n'abandonna pas sa servante au dernier instant et qu'elle reçut la force d'affronter vaillamment cette mort inique, soutenue par son ange gardien. Non, son pied n'a pas trébuché, mais ayant reçu la grâce de mourir avec courage, elle accorda son pardon à ses bourreaux, car ne nous y trompons pas, au-delà des mots d'excuses qu'elle a prononcés et qui peuvent paraître conventionnels venant d'une femme rompue aux bonnes manières et au savoir-vivre de son milieu, c'est bien un pardon total que Marie-Antoinette offre à ses assassins.


 


OREMUS PRO MARIA ANTONIA GALLIAE REGINA

 

Source:

http://gestadeiperfrancos.blogspot.fr/2007/10/memento-domine.html 

Sortant de chez lui, le citoyen Joly traîne les pieds. Une fin d'après-midi nuageuse tombe sur Paris en ce 16 octobre. Ou peut-être était-ce même plus tard, le 17 ou le 18 au matin. On ne saura jamais. Le fossoyeur renâcle à venir accomplir la funèbre besogne ordonnée par la Convention. Il la facturera, dans quelques jours, à la date du 1er novembre : 15 livres 35 sols, sans compter l'achat de la bière au prix de 6 livres. Dans le cimetière de la Madeleine, proche de la Place de la Révolution, non loin de la sépulture où le ci-devant roi a été enseveli voici près de neuf mois, il découvre, abandonné, à demi dénudé et gisant dans l'herbe, la tête placée entre les jambes, le corps d'une femme : celui de la fille des Césars ! Ultime marque d'opprobre.

 

De mémoire d'homme, seul le tyran Créon avait osé infliger pareille déchéance posthume à Polynice, le frère d'Antigone. Après l'acharnement dans les privations, dans les supplices et les tourments, pareille vexation était-elle encore nécessaire pour abattre la ci-devant reine de France ?

 

« Pire que le régicide », jugera plus tard Napoléon !

 

À plus de deux siècles de distance, le procès des 14, 15 et 16 octobre 1793, condamnant Marie-Antoinette à la peine de mort, n'est pas clos. On attend toujours le verdict de la justice et de l'équité.

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9 octobre 2016 7 09 /10 /octobre /2016 13:40

Mis à jour le 18/03/2020.

Approbation des statuts de la Société de Jésus : Ignace de Loyola reçoit la bulle Regimini militantis Ecclesiæ des mains du pape Paul III.

Approbation des statuts de la Société de Jésus : Ignace de Loyola reçoit la bulle Regimini militantis Ecclesiæ des mains du pape Paul III.

 "Il y avait vingt-cinq ans à peine que Luther avait proclamé sa révolte contre la foi, et déjà, aux immenses progrès de la réformation, l'Église romaine paraissait sur le penchant de sa ruine; elle ne se défendait plus; elle était comme résignée à sa défaite.

"[...] Ignace de Loyola, gentilhomme du Guipuzcoa, en fut le fondateur. [...] À quarante ans, il vint à Paris se mettre sur les bancs de l'Université pour y apprendre la grammaire; il s'y lia avec plusieurs Espagnols qui se soumirent à son ascétisme exalté, tels que François-Xavier, Lainès, Salmeron, et avec eux il fit les plans les plus extraordinaires pour le salut de l'Eglise.

"[...] Un jour ces enthousiastes se réunirent dans l'église de Montmartre, et là firent le serment, entre les mains de l'un d'eux, de garder les voeux de pauvreté et de chasteté, de consacrer leur vie à secourir les chrétiens et d'offrir au pape leurs personnes pour être employées comme il le voudrait (1536). Ce fut l'origine de la compagnie de Jésus, ainsi nommée par Loyola, parce qu'elle était formée de soldats qui faisaient la guerre à Satan; l'ordre qu'il avait en pensée n'était qu'une chevalerie destinée à la défense de la foi. Deux ans après, Ignace était prêtre. [...] Il alla à Rome avec ses compagnons et fit voeu d'obéissance. L'obéissance, selon lui, était la vertu suprême; et il ajouta à ce voeu celui de 'faire en tout temps ce qu'ordonnera le pape, de parcourir le monde, d'aller prêcher chez les infidèles, sans objection, sans salaire et sans retard.' Ainsi, à l'esprit de révolte qui animait toute l'Europe, il opposait l'obéissance absolue; à l'esprit d'examen, l'abnégation complète; à l'anarchie de discipline du protestantisme, une hiérarchie inflexible. Ce fut le chef d'oeuvre de Loyola : il avait trouvé la pierre fondamentale de la restauration catholique; la Société de Jésus était fondée (1540, 27 sept.) 

"[...] Les jésuites seront les mathématiciens, les astronomes, les mécaniciens les plus savants de l'Europe. [...] Jamais société religieuse ne s'est élevée avec plus de rapidité, n'a eu une plus éclatante destinée, n'a été gouvernée avec plus d'habileté et de persévérance, plus de souplesse et d'opiniâtreté; nulle n'a compté de plus grands talents, n'a rendu de plus grands services, n'a paru plus dangereuse aux gouvernements politiques, ne s'est attiré plus de haines. [...] En moins de cinquante ans, les jésuites instruisaient la jeunesse dans toute l'Europe, étaient les confesseurs des rois, gouvernaient les cours, prêchaient les peuples, se mêlaient à tout, guerres, traités, révolutions; ils avaient restauré le catholicisme en Allemagne, en France, en Italie, ramené le clergé à l'orthodoxie, consolidé le trône ébranlé de saint Pierre, fondé des missions dans l'Inde, à la Chine, en Amérique, enfin associé leurs travaux à tous les progrès de la science." [1]

Au Concile de Trente, les jésuites (Jacques Lainez, Alfonso Salmeron) affirmèrent contre les protestants que la faute du péché originel n'avait pas complétement détruit dans l'homme la faculté du libre arbitre et que les mérites du Christ et son amour pouvaient apporter cette "justification inhérente" qui permet d'espérer une pleine participation à la divinité du Fils.

Au Concile de Trente, les jésuites (Jacques Lainez, Alfonso Salmeron) affirmèrent contre les protestants que la faute du péché originel n'avait pas complétement détruit dans l'homme la faculté du libre arbitre et que les mérites du Christ et son amour pouvaient apporter cette "justification inhérente" qui permet d'espérer une pleine participation à la divinité du Fils.

Expansion de la Compagnie de Jésus et conceptions

 

Fondée par Saint Ignace de Loyola, la Compagnie de Jésus témoigna en Europe et plus encore en Asie ou en Amérique d'un respect pour les peuples et leurs cultures qui n'avait d'égal nulle part ailleurs. En 1541, saint François-Xavier s'embarquait pour les Indes; en 1548, les jésuites débarquait au Maroc. En 1549, ils s'installaient au Brésil. En 1555, Jules III désignait plusieurs pères pour aller créer une hiérarchie catholique en Éthiopie. Ignace de Loyola leur conseillait de se faire éthiopiens avec les Éthiopiens.

Au Japonen 1563, quinze ans après le départ de François-Xavier, la communauté catholique japonaise comptait 150 000 membres. Mais le christianisme sera interdit par le shogun Tokugawa Ieyasu en 1614.

En Chine. Les jésuites qui utilisent la science comme un instrument de mission porteront la lunette astronomique mise au point par Galilée jusqu'en Chine. 

En 1583, les pères Ruggieri et Ricci arrivaient en Chine à Tchao-Keou, où ils gagnèrent Nankin puis Pékin, possédaient une vaste culture encyclopédique; ils étaient à l'avant-garde de leur époque pour les connaissances mathématiques, astronomiques et cosmologiques. Ils parlaient et écrivaient le chinois. Ils se rendirent compte de la valeur humaine du confucianisme, religion de l'empereur et de l'élite du pays. Ils s'efforcèrent d'intégrer au christianisme un certain nombre de concepts confucéens de telle sorte que la révélation chrétienne pusse devenir une réalité intellectuelle pour cette élite.

Portrait de Matteo Ricci par le frère chinois Emmanuel Pereira

Portrait de Matteo Ricci par le frère chinois Emmanuel Pereira

Demeuré seul Ricci s'avança très loin dans cette voie, particulièrement dans le domaine de la liturgie qui est par excellence celui des symboles. Ayant adopté un nom chinois, il s'habillait à la manière des mandarins dont il respectait strictement les usages. Ricci dessina des mappemondes qui firent connaître aux Chinois le reste du monde, traduisit en chinois des livres de philosophie, de mathématiques et d'astronomie. Sa rencontre avec les proches de l'empereur fut à l'origine de l'essor de l'horlogerie moderne en Chine. Les ouvrages de Ricci aidèrent à faire progresser la cartographie chinoise, participant à la popularisation de la représentation de la Terre comme étant une sphère. [Timothy Brook (trad. Odile Demange), Sous l’œil des dragons : La Chine des dynasties Yuan et Ming, Paris, Payot, 2012, p. 233-237] Le lettré mathématicien et astronome Xu Guangqi dont Ricci devint grand ami, se convertit au christianisme et fut baptisé en 1603 sous le nom de Paul. Il traduira en chinois de nombreux ouvrages scientifiques occidentaux, principalement en astronomie et mathématiques (notamment les Éléments d'Euclide). 

Ses connaissances scientifiques et techniques lui valurent les faveurs de l'empereur et une influence si grande à la cour que lorsqu'il mourut en 1610 à Pékin, on lui fit des funérailles nationales. 

Le Pere Ferdinand Verbiest.gif

Les jésuites, ses successeurs eurent la même ligne de conduite. Vers 1670, le jésuite flamand Ferdinand Verbiest devint président du tribunal mathématique. C'est lui qui modernisa l'observatoire de Pékin et fit traduire en chinois saint Thomas d'Aquin. Les jésuites brilleront également en médecine et obtiendront en 1692, après avoir guéri l'empreur Kang Hsi avec de l'écorce de quinquina ("l'écorce des jésuites"), l'autorisation de prêcher publiquement dans tout le pays. Vers 1700, il y avait plus de 300 000 Chinois baptisés et l'embryon d'un clergé indigène.

 

Les idées de Johannes Kepler et de Galilée pénétrèrent lentement en Chine grâce au jésuite polonais Michał Piotr Boym (1612–1659) en 1627 et au traité d'Adam Schall von Bell en 1640. Les travaux de Boym incluront une traduction du texte se trouvant sur la stèle nestorienne découverte dans Sian (Xi'an) en 1625, qui témoigne de la présence du christianisme nestorien dans la Chine du VIIIe siècle. Cette traduction est publiée dans le China illustrata d'Athanasius KircherJusqu'en 1680, cent soixante jésuites avaient réussi à atteindre la Chine pour y exercer leur activité. Or ils étaient partis six centsVers 1700, il y avait plus de 300 000 Chinois baptisés et l'embryon d'un clergé indigène. Cela marque un échange unique et sans précédent de connaissances scientifiques entre deux civilisations, unique parce qu'il s'est déroulé sur un pied d'égalité.

Aux Indes entre 1606 et 1656.

Robert de Nobili, missionnaire jésuite parmi les brahmes d'Inde du Sud

Robert de Nobili, missionnaire jésuite parmi les brahmes d'Inde du Sud

Roberto de Nobili (1577-1656) était admis à Maduré dans la caste supérieure des brahmanes. Connaissant le sanskrit et le tamoul, il abandonna jusqu'à son nom pour se faire appeler Tatuva Podapar Suami, "le maître des 96 perfections du sage".

 

En 1609, 70 brahmanes de la province se convertirent au catholicisme sans avoir le sentiment d'être infidèles à l'enseignement des vedas ni renoncer à leurs pratiques rituelles (bains, encensement au santal, etc.)

A Lisbonne, le tribunal de l'Inquisition saisi de l'affaire par les adversaires de la Compagnie, donna raison à de Nobili.

Le pape Grégoire XV confirma le jugement et décida qu'il y aurait désormais plusieurs rites (c'est par impropriété de terme qu'on les a qualifiés de "rites malabars" au lieu de rites de Maduré).

Malheureusement, en 1780 en Chine, à la mort du père Martial Cibot, l'un des derniers jésuites qui survécurent quelques années en Chine après la destruction de leur ordre en 1773, la pénétration du christianisme avait été totalement interrompue dans les milieux lettrés du fait de l'interdiction par Rome en 1739 des rites locaux indiens malabars et chinois quelques années plus tard. Il faudra attendre 1942 pour que Pie XII, se référant explicitement à l'autorisation de Paul V en 1615, permît à nouveau de célébrer la messe en langue littéraire chinoise !

Actuellement les contacts de la Compagnie de Jésus avec la Chine continentale restent sporadiques.

Au Paraguay et en Uruguay en Amérique latine, entre 1600 et 1725, la confusion est complète entre les pouvoirs religieux et civil. La politique est en fait dirigée de Madrid par le Conseil des Indes. La confusion du spirituel et du temporel, grave dans son principe et dans ses effets, recèle néanmoins ici quelques avantages. Les jésuites, en effet, ont reçu de Madrid la charge d'administrer les régions que n'habitaient pas encore les Blancs. Ils y jouissaient d'une large autonomie à laquelle ils devraient bientôt renoncer si les colons espagnols s'installaient. Or l'expérience leur montra les conséquences fâcheuses du contact entre indigènes et colons. Ces derniers, par leur racisme et leur avidité au gain, donnaient le plus mauvais exemple et ne provoquaient que ressentiment. Tout poussa donc les évangélisateurs à perpétuer un isolement si favorable à leur dessein. Ainsi fondent-ils en 1610 le tout premier village chrétien composé uniquement d'Indiens guaranis, la "réduction" de Saint-Ignace. En 1700, il y aura trente réductions d'environ 3000 à 4000 habitants. Ces villages où les Européens n'étaient donc pas admis étaient tous constitués sur le même modèle : l'église et la résidence des pères était construite au centre; autour étaient installées l'école et les bâtiments sociaux, puis venait le cercle des habitations (une par famille), enfin, à la périphérie, il y avait les ateliers. Au-delà, les terres labourables étaient propriété collective. Le maire, indigène, était élu par les habitants. La justice était rendue par les jésuites, la peine la plus grave étant l'expulsion du village.

Le supérieur Antonio Ruiz de Montoya explique en 1609 qu'en fondant cette République, les jésuites voulaient christianiser et 'civiliser' les indiens pour qu'ils puissent être des sujets libres de la Couronne, égaux aux Espagnols. [...] La République, [...] son existence même offensait de nombreux officiels coloniaux et planteurs et leur offrait une occasion [...] d'exproprier les autochtones.

Ces petites républiques guaranis formaient un véritable État jésuite, à la fois collectiviste et théocratique. Elles prospérèrent jusqu'au jour où un accord conclu entre l'Espagne et le Portugal fera passer treize des plus importantes réductions sous l'autorité fort peu libérale du gouvernement de Lisbonne. 

Les jésuites réussirent à devancer et court-circuiter leurs opposants durant bien plus d'un siècle, avant que les choses ne se gâtent.

La chute de la République débuta en 1750 lorsque les Portugais et les Espagnols signèrent un nouveau traité qui prévoyait la redistribution du territoire de l'Amérique du Sud selon des frontières naturelles. Les sept réductions tombèrent du même coup sous la juridiction portugaise.

La rébellion indienne qui suivra l'emprise maladroite des fonctionnaires portugais sera imputée aux jésuites. Quant aux réductions demeurées sous la tutelle espagnole, elles tomberont après la dissolution de la Compagnie de Jésus en des mains peu scrupuleuses qui les exploiteront sans vergogne et l'aventure se terminera misérablement.

Apprenant la mort de leur pasteur, Antonio Ruiz de Montoya, le 11 avril 1652, les Guaranis envoyèrent une quarantaine de porteurs à Lima pour en ramener la dépouille mortelle à la Réduction de Loreto (en Argentine actuelle) pour y être enterré parmi les siens.

"Faisant valoir de faux témoignages concernant des conspirations jésuites contre les deux couronnes, l'opposition eut gain de cause : en 1754, l'Espagne envoya ses troupes à partir de l'Ouest contre les sept Réductions, et les Portugais à partir de l'Est. [...] Bien que les jésuites n'aient pas pris part aux batailles, on les accusa de traîtrise et ils furent bannis des territoires portugais et espagnols en 1758. Bientôt d'autres complots contre eux réussirent en Espagne. Tous les membres de l'ordre furent arrêtés en 1767 et déportés vers les États pontificaux. [...] Mais ce n'est que l'année suivante que les troupes espagnoles s'avancèrent contre les trente-trois Réductions restantes et en chassèrent les jésuites sans aucun ménagement : les pères âgés et malades furent liés à dos d'âne et transportés par-delà les montagnes par mauvais temps, nombre d'entre eux y trouvèrent la mort. Ainsi, les jésuites furent expulsés du continent américain. Bientôt en ruine, leur République fut pillée par les autorités civiles. Découragés par la maltraitance dont ils faisaient l'objet et par la perte des pères en robe noire, les Guaranis survivants partirent à la dérive." (Rodney STARK, Faux Témoignages, Pour en finir avec les préjugés anticatholiques, Salvator, Paris 2019, p. 201-202.) "La disparition des réductions jésuites marquera aussi la disparition des Indiens Guarani. [...]

 

Les jésuites partirent en mission également en Turquie, au Moyen-Orient.

 

Au Canada et en Amérique du Nord de 1634 à 1760 : c'est notamment les Saints Martyrs Canadiens, missionaires († 1642/1649), Jean de Brébeuf, Isaac Jogues, Gabriel Lalemant, Charles Garnier, Antoine Daniel, Noël Chabanel, René Goupil, Jean de la Lande, Patrons du Canada.

 

La Compagnie utilisait les cultures locales pour donner à l'Évangile et à la foi un support, une expression, un langage qui soient compris des populations. Cet effort pour intégrer au christianisme des civilisations exotiques (que reprend saint François-Xavier) avait été jadis celui de l'Eglise palestinienne à l'égard de Rome ou celui des premiers évangélisateurs de la Gaule, saint Martin, saint Hilaire qui firent construire des lieux de culte catholiques sur d'anciens sanctuaires druidiques.

 

La concordance du libre-arbitre avec les dons de la grâce (Luis Molina)

 

Au XVIe siècle, la Compagnie de Jésus arrivait dans un contexte où les conceptions luthérienne et calvinienne du péché originel faisaient prévaloir l'idée que la faute initiale de l'humanité (péché originel) avait totalement détruit dans l'homme la faculté du libre arbitre et vicié toutes ses entreprises à la base. Luther affirmait que nul homme ne pouvait être "juste" aux yeux de Dieu. Même baptisé et élu, disait-il, un chrétien conserve sa tare fondamentale de pécheur. Au contraire de cette position, les Jésuites (Jacques LainezAlfonso Salmeron, Luis Molina) affirmaient que la faute du péché originel n'avait pas complétement détruit dans l'homme la faculté du libre arbitre et que les mérites du Christ et son amour pouvaient apporter cette "justification inhérente" qui permet d'espérer une pleine participation à la divinité du Fils. Sous l'influence directe de saint Ignace de Loyola, l'humanité recevait une promesse inouïe de divinisation par la voie même du Concile de Trente (1542-1563) qui proclama que tout homme, fût-il non baptisé, avait la possibilité d'agir sans déplaire à Dieu.

Pendant le Concile de Trente, de Lainez et Salmeron au belge Lessius en 1587, et aux espagnols Molina, Banez ou Escobar, cible préférée de Pascal, les jésuites s'efforcèrent d'affirmer la prééminence de la liberté humaine contre des doctrines, souvent défendues par l'ordre rival des Dominicains, qui tendaient à subordonner au bon vouloir divin l'exercice du libre arbitre humain. Ces débats nous font maintenant l'impression d'un dialogue de sourds car les interlocuteurs ne parlaient pas de la même chose. Les jésuites, bien entendu, ne mettaient pas en question la toute-puissance de Dieu comme on les en accusait, ni le "néant" de la créature réduite à elle-même. Ils se contentaient de reconnaître implicitement ce qu'admettent aujourd'hui la plupart des théologiens, à savoir que cette toute-puissance ne s'exerce que dans le sens de l'Amour infini. L'homme, certes, ne peut se sauver que par la grâce de Dieu, mais cette grâce ne lui est jamais refusée. Dans le mécanisme du salut, c'est donc la volonté de l'homme qui est "souveraine" : elle, seule, peut faire obstacle à un Dieu qui ne se refuse pas (en enfer, il n'y a que des volontaires, pourrait-on résumer).

 

La doctrine inverse (défendue par les protestants et les jansénistes), qui subordonnait au bon vouloir divin l'exercice du libre arbitre aurait pu être le rappel d'une vérité évidente dans l'ordre de l'ontologie. Mais elle n'avait de sens que si elle supposait un Dieu qui ne veut pas le salut de tous les hommes. La logique de cette doctrine conduira les jansénistes à défendre contre les jésuites la thèse de la prédestination.

 

Les conceptions jansénistes ne pouvaient être que méfiantes, voire hostile à l'égard des cultures locales et profanes alors que les conceptions jésuites sur le libre arbitre et la "justification" portaient la marque foncièrement prophétique, accueillante et optimiste de la Compagnie de Jésus. Cette porte ouverte sur l'humanité non chrétienne permit à la Compagnie d'adopter des coutumes, des symboles et même des liturgies que l'on considérait jusqu'alors comme païennes, c'est-à-dire foncièrement mauvaises.

 

Au XVII et XVIIIe siècles, les jésuites, plus que les Dominicains, ont eu un rôle important pour faire stopper la chasse aux sorcières, en invitant à mieux distinguer possessions et maladies mentales et en rappelant que le diable n'a pas tout pouvoir. [2]

 

Cette audace fit adopter à la Compagnie (dans la liturgie) les langues et les coutumes exotiques de ces peuples et qu'elle appliqua à la confession pour l'appréciation des cas de conscience (casuistique) faillit lui coûter la vie. En 1773, le pape Clément XIV, cédant à la pression des Bourbons de France, d'Espagne et de Naples, décidera de suspendre ses activités pour des motifs qui n'avaient rien à voir avec la Foi (voir plus bas).

 

Pendant plus de deux siècles, le jansénisme a profondément marqué le catholicisme français. Son rigorisme a été repris et adopté par le clergé qui a écarté des sacrements une grande partie des croyants et arraché de leur esprit la figure du Christ miséricordieux au profit d'un Dieu vengeur. La confession a été le lieu de ce véritable drame qui a éloigné les uns de la religion et a stérilement culpabilisé les autres. La question du délai ou du refus de l'absolution a constitué l'enjeu de ce que l'on a appelé improprement la querelle du laxisme; des millions d'hommes et de femmes en ont été les victimes.

 

C'est l'assemblée du clergé dominée par Bossuet et réunie à Saint-Germain-en-Laye, qui, en 1700, orienta l'église gallicane vers un rigorisme qui, sur le plan de la fréquentation des sacrements, n'avait rien à envier à celui de Port-Royal.

 

Bossuet, tout en rejetant la doctrine janséniste, n'hésitait pas à en approuver la rigueur envers les pécheurs. Si le régime de l'absolution refusée, ou différée (quelques fois pendant plusieurs années) s'est implanté, c'est à lui et à l'assemblée de clergé gallican qu'on le doit. Sous leur influence, les évêques de France et les confesseurs refuseront l'absolution à des pécheurs repentants et "en progrès", parce que la sincérité de leur contrition n'est pas certaine. Le délai d'absolution était encore recommandé par les manuels des séminaires au milieu du XIXe siècle. On devra attendre 1832 et la publication par l'abbé Thomas Gousset (futur cardinal) d'une Justification de la Théologie morale de saint Alphonse de Liguori (fondateur de l'ordre des Rédemptoristes) pour que le clergé de France commence à en revenir à une tradition évangélique, qui se matérialisera plus tard dans la recommandation de la pratique fréquente de l'Eucharistie. C'est Thomas Gousset, alors professeur au séminaire de Besançon, qui s'attaquera d'une manière décisive aux doctrines rigoristes et permettra leur reflux. C'est aux pécheurs récidivistes les plus enfoncés dans leurs faiblesses qu'il faut rendre facile l'accès à la confession, un "aliment pour les faibles" dira le pape jésuite François dans son Exhortation évangélique Evangelii Gaudium, n°47 (sur le fondement de saint Ambroise, De sacramentis, IV, 6, 28 : PL 16, 464 ; SC 25, 87 : « Je dois toujours le recevoir pour que toujours il remette mes péchés. Moi qui pèche toujours, je dois avoir toujours un remède » ; IV, 5, 24 : PL 16, 463 ; SC 25, 116 : « Celui qui a mangé la manne est mort ; celui qui aura mangé ce corps obtiendra la rémission de ses péchés ». saint Cyrille d’Alexandrie, In Joh. Evang. IV, 2 : PG 73, 584-585 : « Je me suis examiné et je me suis reconnu indigne. À ceux qui parlent ainsi je dis : et quand serez-vous dignes ? Quand vous présenterez-vous alors devant le Christ ? Et si vos péchés vous empêchent de vous approcher et si vous ne cessez jamais de tomber – qui connaît ses délits ?, dit le psaume – demeurerez-vous sans prendre part à la sanctification qui vivifie pour l’éternité ?).

Au XIXe siècle, le point de vue de saint Alphonse de Liguori et du cardinal Gousset était celui des jésuites au XVIIe. Ce point de vue allait exactement à l'encontre de la morale janséniste et gallicane du clergé français. C'était la faculté pour le confesseur de tenir compte des situations; de ne pas décourager le repentir par une exigence qui serait conforme aux principes moraux, mais inapplicable. C'est faire confiance au discernement humain et à la miséricorde divine; en deux mots : à la raison et à la grâce. Cette voie était celle d'Ignace de Loyola et ce sera l'un des mérites des jésuites que d'avoir contribué à la rouvrir à la suite d'Alphonse de Liguori et contre l'école des moralistes religieux français du XVIIIe siècle.

 

Leurs adversaires au XVIIe siècle trouvèrent en Blaise Pascal un polémiste de génie qui sut faire descendre le débat du plan théologique où il se situait au niveau de la morale pratique, domaine dans lequel la Compagnie était beaucoup plus vulnérable pour avoir voulu donner forme écrite et systématiser ce qui ressortissait à la seule conscience du confesseur. Le succès des Lettres à un Provincial contribua à imposer dans l'esprit public une caricature du jésuite qui n'est pas encore totalement effacée.

 

Rôle des jésuites dans l'éducation et l'enseignement

 

Le jésuite Pierre Canisius organisa la défense de l'Eglise par le livre et l'école. Chacun des grands collèges créés par lui devint un centre de résistance aux thèses luthériennes et calvinistes. Canisius n'avait à son arrivée en Allemagne en 1550 que deux compagnons pour le seconder. Près de mille deux cents jésuites y exerçaient leur activité trente ans plus tard. Et dans toute l'Europe, suivant une ligne stratégique qui traversait le nord de la France, la Belgique, l'Allemagne, la Hongrie et la Pologne, furent fondés les universités et les collèges de la Contre-Réforme.

 

"Le triomphe de la papauté, a estimé l'historien anglais Macaulay, a été dû principalement à un grand reflux de l'opinion publique... Cinquante ans après la séparation des luthériens, a-t-il écrit, le catholicisme pouvait à peine se maintenir sur les rives de la Méditerranée. Cinquante ans plus tard, le protestantisme pouvait à peine se maintenir sur les rives de la Baltique."

 

Ce résultat fut en grande partie l'oeuvre de la Compagnie de Jésus, de ses collèges, de ses prédicateurs, de ses théologiens.

 

Dès 1590, les jésuites consacraient plus des trois quarts de leur activité à la formation des jeunes. L'accent était mis sur les humanités gréco-latines parce qu'elles constituaient alors la culture de l'honnête homme. Diverses congrégations plus ou moins liées à la Compagnie permettaient à celle-ci d'étendre son influence au-delà de la sphère universitaire. Charles Borromée, auteur du fameux catéchisme connu sous le nom de Catéchisme du Concile de Trente (1566), fut un de leurs membres et contribua à l'installation des jésuites dans les cantons catholiques de Suisse. C'est sur son insistance que le pape Clément XIII ordonna à la Compagnie de fonder des collèges à Lucerne et à Fribourg (en Suisse).

 

Un tel développement et une telle influence devait fatalement inquiéter les pouvoirs régnants et la Compagnie aura longtemps à souffrir de leur méfiance.

 

Pourtant, dès l'origine, elle tentera de se prémunir contre l'hostilité des princes en interdisant formellement à ses membres de se mêler de la politique intérieure des pays.. L'auteur de cette consigne, le père Claudio Aquaviva, cinquième général de l'ordre (1581), ira même plus loin en conseillant au pape de se soumettre aux injonctions de la République de Venise qui exigeait l'expulsion des jésuites comme condition de sa fidélité aux Saint-Siège.

 

En France, les jésuites, comme serviteurs de la papauté ne pouvaient qu'être suspects aux yeux du Parlement gallican et de la Sorbonne. Néanmoins, vers 1610, au nombre de 1400 environ, ils possédaient déjà trente-six collèges, l'un des plus célèbres étant celui de La Flèche où sera formé Descartes.

 

Rôle des Jésuites dans la défense de "l'unité du peuple français et pour l'extension du pouvoir monarchique"

 

On trouve dans l'ouvrage "Histoire du Peuple français, De la Régence aux trois Révolutions", de Pierre Lafue quelques développements instructifs sur le rôle positif des Jésuites dans la défense de "l'unité du peuple français et pour l'extension du pouvoir monarchique" contre les Gallicans et les Jansénistes au XVIIIe siècle.

 

Ainsi, "lors de la réaction des ordres privilégiés, ont-ils été l'objet de l'hostilité de nombreux prélats - particulièrement des 6 cardinaux jansénistes dont le Cardinal de Noailles, archevêque de Paris, est le chef relativement modéré. En outre, l'Université et le Parlement se sont prononcés contre les partisans de l'ultramontanisme (les jésuites NDLR.).

 

... La coalition formée contre eux va toutefois demeurer assez longtemps impuissante par suite de l'attitude du roi qui leur sait gré, non seulement de fournir des confesseurs à toute sa famille, mais encore de désavouer la coterie parlementaire dressée contre le trône qui a tenté d'imposer la loi commune en matière d'impôt." [3]

 

 

La Compagnie de Jésus, cible de la franc-maçonnerie

 

C'est au Portugal que le marquis de Pombal [franc-maçon] mène l'assaut en premier [en 1759]. [...] [L]es jésuites sont accusés de comploter contre le roi et expulsés du Portugal en 1759 tandis que Gabriel Malagrida, ancien missionnaire au Brésil et figure de premier plan, est brûlé à l'âge de 71 ans.. [...] En 1767, les jésuites sont expulsés par les Bourbons d'Espagne. Les décisions portugaises et espagnoles d'appliquent aussi en Amérique.

[...] En France, le Parlement de Paris, qui a gardé des sympathies jansénistes [et franc-maçonnes], lance une campagne qui obtient en 1763 de Louis XV l'interdiction des jésuites, également bannis de l'empire des Habsbourg en 1768." [4]

"La présomption d'une conjuration tendant à culbuter et anéantir l'ordre des jésuites fut soumise à Louis XV par un mémoire que le Dauphin lui remit dans le courant de juin 1760 et que ce prince tenait lui-même d'un conseiller au parlement de Paris", écrit Michel Antoine dans sa biographie de Louis XV. "Ce document mettait en cause le duc de Choiseul en révélant que dès le mois de décembre 1759, ce ministre, dans des conversations avec plusieurs membres du parlement, leur avait assuré que les jésuites étaient perdus dans l'esprit du Roi, que le gouvernement était résolu à éteindre leur société, mais que c'était au parlement à donner l'impulsion à la chose. [...] [S]i le mémoire remis à Louis XV par le dauphin n'attestait pas la réalité d'une conjuration antijésuite, il faudrait alors reconnaître à son auteur le don de prophétie (D. Van Kley).

"[...] Plusieurs faits isolés mais concordants, apparaissent dès les premiers mois de 1760, comme autant  d'indices de la réalisation d'un plan soigneusement concerté tendant d'une part à dénigrer et décrier ces religieux aux yeux du public et, d'autre part, à accoutumer celui-ci à les voir traînés devant les tribunaux." (Michel Antoine, Louis XV, Fayard, Saint-Amand-Montrond 1989, p. 780-781.[5]

 

Le Principal ministre de Louis XV entre 1758 et 1770, le comte de Choiseul, "allié des magistrats, fera alors pression pour obtenir l'expulsion des Jésuites." [6] Choiseul était franc-maçon, "Vénérable de la Loge Les Enfants de la Gloire" en 1761. [7]

 

Tout en se disant "l'artisan du renouveau français et de la revanche contre l'Angleterre" [8], cet esprit des Ténèbres qui s'illustrait dans la destruction méthodique de la Nouvelle-France (Amérique française), était lié aux "philosophes" [9], et il était le complice des Parlements dans leur obstruction au roi... [10]

 

Les jésuites subirent ainsi les attaques conjuguées des jansénistes, des gallicans, des parlementaires et des "philosophes" de l’"Encyclopédie".

 

Le 6 août 1761, le parlement de Paris ordonna que les écrits de 23 jésuites dont Bellarmin, Toledo et Lessius fussent bannis comme "contraires à la morale et nuisibles à la jeunesse". Interdiction leur fut faite de recevoir des novices. Dans les villes où existaient d’autres écoles, les collèges jésuites durent fermer le 1er octobre 1761, et ailleurs ils furent fermés en avril 1762. Louis XV, favorable aux jésuites, intervint plusieurs fois, temporisa et obtint quelques délais. Cela tourna au conflit politique entre le parlement et le roi. Des compromis successifs, tous à tendance gallicane (pratiquement une séparation vis-à-vis de Rome), furent proposés aux jésuites et furent rejetés comme inacceptables.

 

Défiant le roi, le parlement de Paris, le 6 août 1762, déclara que la Compagnie de Jésus "nuit à l’ordre civil, viole la loi naturelle, détruit la religion et la moralité, corrompt la jeunesse" et la bannit de France. Certains parlements régionaux (comme celui de Flandre) refusèrent d’emboiter le pas ; la plupart temporisèrent. Le roi, de nouveau, obtint un délai. Mais malgré l'intervention du pape Clément XIII, pape de 1758 à 1769 qui défendit vigoureusement la Compagnie de Jésus, il dut finalement s’incliner tout en mitigeant les mesures prises. En novembre 1764, Louis XV édicta ce qui devint la mesure pour toute la France : la Compagnie de Jésus était proscrite en France, et ses biens étaient confisqués. Les jésuites furent cependant autorisés à y demeurer comme "bons et fidèles sujets", sous l’autorité des évêques. Les jésuites anglais de Saint-Omer durent également partir : ils s’installèrent dans les Pays-Bas méridionaux (alors autrichiens).

 

Si l’exécution de l’édit royal se passa moins dramatiquement qu’au Portugal les conséquences en furent tout aussi graves. L’enseignement en France fut désorganisé, de nombreux jésuites ayant choisi de partir en exil. Outremer, les missions des jésuites français furent confiées aux pères de Missions étrangères de Paris, mais ils ne suffisaient pas à la tâche. De nombreux postes furent fermés.

 

L'alliance de circonstance entre jansénistes, gallicans et philosophes des Lumières eut raison des jésuites. En 1761, dans une lettre à Voltaire, D’Alembert écrivit : "Que la canaille janséniste nous débarrasse des polissons jésuites. Ne fais rien pour empêcher que ces araignées se dévorent les unes les autres". En 1763 il triompha : "Les jésuites étaient les troupes régulières et disciplinées luttant sous l’étendard de la Superstition […] Les jansénistes ne sont que des cosaques dont la Raison va vite se débarrasser maintenant qu’ils doivent se battre seuls."

C'est l’"affaire Lavalette" (scandale financier à la suite de la banqueroute du prêtre jésuite Antoine Lavalette) qui contraignit Louis XV à interdire la Compagnie et à la bannir de France en 1763-1764, en fermant ses deux cents collèges. Déjà chassés du Portugal en 1759 par le ministre portugais franc-maçon, le marquis de Pombal, ils le furent encore d'Espagne en 1767 et du duché de Parme et de Plaisance en 1768. Cependant le roi Stanislas, avant 1766, les accueillit dans son duché de Lorraine, resté théoriquement indépendant du royaume de France.

 

Supérieur des Missions Françaises de l'Amérique du Sud en 1754, mais avec un ordre explicite d'arrêter toute entreprise commerciale, le Père Antoine Lavalette ignora cet ordre et poursuivit sa compagnie commerciale. Quelque temps plus tard, il emprunta pour acheter des terres. Or une épidémie en 1756 décima les ouvriers qui devaient les défricher et les mettre en culture pour exploiter la canne à sucre puis plusieurs de ses navires furent saisis par les pirates anglais à leur retour en Europe. La guerre de Sept Ans interrompant le trafic de sa maison de commerce avec la métropole, cette dernière fit faillite qui s'élevait à deux millions quatre cent mille livres. Deux de ses créanciers, de gros négociants marseillais, Gouffre et Lionci, poursuivirent La Valette devant le parlement à Aix qui le condamna. Le provincial des Jésuites fit appel, l'affaire remonta au Parlement de Paris. Ce dernier sous prétexte de se prononcer sur cette simple faillite, ordonna aux Jésuites de déposer au greffe un exemplaire des Constitutions de leur ordre et prononça un arrêt le 6 août 1762 qui déclarait la Compagnie de Jésus "inadmissible par sa nature dans tout État policé". [11]

 

Fritz Hochwälder a popularisé leur tragédie dans sa pièce Sur la terre comme au Ciel, véritable drame de l'obéissance. Les jésuites étaient soupçonnés à juste titre de fidélité romaine. La soumission ne leur épargna pas le bannissement qui précédera de peu la dissolution de la Compagnie !

 

L'opposition des cours européennes fut si forte que le pape Clément XIV en vint, le 21 juillet 1773, à supprimer la Compagnie de Jésus partout dans le monde ; c'est le bref Dominus ac Redemptor, qui dit que la Compagnie a souvent été sévèrement critiquée (mais ne dit pas si ces critiques étaient justifiées ou pas).

 

Leur salut viendra de l'Est. En Russie, la tsarine orthodoxe Catherine II interdit la promulgation de la bulle papale, et en Prusse le roi protestant Frédéric II fit de même, heureux de marquer sa désapprobation au Pape, tout en profitant de l'aubaine que constituaient tous ces savants et ces professeurs pour organiser l'enseignement et la recherche dans ses États.

 

En France, les maisons d'éducation des Jésuites furent fermées, et cette victoire fut représentée audacieusement par les partisans de l'opposition à la monarchie comme une mesure 'libérale'...[12]

Dans sa lutte pour la domination politique, l'oligarchie parlementaire s'appuyait sur la secte des Jansénistes, grâce à laquelle elle s'est emparée de l'opinion publique, qui sans cela n'eût sans doute pas été abusée par son faux libéralisme.

 

La calomnie joua son rôle. On réédita de prétendus statuts secrets, Monita Privata Societatis Jesu, imprimés à Cracovie en 1614. Ce document republié sous le titre Monita Secreta, voulait prouver les visées temporelles (pouvoir, domination) de la Compagnie de Jésus. Il s'agissait d'un faux dont l'auteur était un ex-jésuite polonais, Jérôme Zahorowski. [13]

 

Au XVIIIe siècle toute la magistrature était devenue janséniste. C'est cette secte religieuse, alliée de la franc-maçonnerie qui empêchera toute saine réforme de l'Etat royal et obstruera la volonté du roi d'établir l'égalité devant l'impôt et sera à l'origine de la Révolution dite française.

 

Lire : La guerre des juges contre l'Eglise et la monarchie au XVIIIe siècle (Marion Sigaut)

 

La politique de la Compagnie au-delà des mers fit éclater la crise. Les jésuites ayant toujours défendu les droits et valeurs des civilisations indigènes sur les territoires de leurs missions, leur attitude, combattue par les protestants et les jansénistes, provoqua la haine des colons, commerçants ou négriers des possessions d'Asie, d'Afrique et d'Amérique, et n'avait pas été complètement comprise par Rome.

 

Restauration de la Compagnie et nouveaux ennuis

 

Après les guerres napoléoniennes, le climat politique changea. Les monarques qui avaient expulsé les Jésuites n'étaient plus au pouvoir. Le pape Pie VII procèda à la restauration universelle de la Compagnie en promulguant le décret Sollicitudo omnium ecclesiarum (en français: la sollicitude pour toutes les Églises) du 7 août 1814.

 

Pie VII avait d'abord discrètement approuvé son existence en Russie (bref Catholicae fidei du 7 mars 1801) et dans le royaume de Naples en 1804.

 

Le 7 août 1814, le pape Pie VII célébra une messe solennelle dans l'église du Gesù à Rome où se trouve le tombeau de saint Ignace, le fondateur de la Compagnie de Jésus. Ensuite, il fit lire la bulle qui autorisait à nouveau l'existence de l'Ordre dans le monde entier. En même temps, il nomma le supérieur des jésuites de Russie, Tadeusz Brzozowski, "Supérieur général de la Compagnie de Jésus". La Bulle fut promulguée le lendemain, le 8 août.

 

En 1828 néanmoins, Charles X expulsa les jésuites. De 1835 à 1845, la Compagnie se développa jusqu'à ce que Louis-Philippe et la Deuxième république leur imposent de nouvelles épreuves. Le Second empire et les tout débuts de la Troisième république seront une période plus heureuse.

 

En 1880, lorsque Jules Ferry ordonna le 29 mars la "dissolution et l'évacuation" des collèges que la Compagnie de Jésus "occupe sur la surface du territoire de la République", ceux-ci étaient au nombre de 29.. Ils enseignaient près de 11 000 élèves et réunissaient 815 professeurs.

 

Le conservatisme des jésuites était l'objet des quolibets des polémistes et des attaques d'un Edgar Quinet ou d'un Jules Michelet qui dénonçaient le "jésuitisme" et s'en prenaient aux visées "secrètes" de la Compagnie.

 

Précisons simplement que les Constitutions de l'Ordre, dont le document définitif n'a été promulgué qu'en 1594, ont subi de nombreuses modifications car la souplesse est une marque de la Compagnie qui a toujours su rester maîtresse de sa règle fondamentale, notamment par des décrets qui vinrent périodiquement en corriger les archaïsmes. Les Constitutions ne devaient pas être considérées comme une loi figée. Chaque congrégation avait le pouvoir de modifier les Constitutions, de les compléter et même de les abroger... Cette charte est donc loin d'avoir le caractère sacré d'autres documents du même genre, par exemple les Constitutions d'Anderson, qui fondent les loges maçonniques.

 

Bien des adversaires de bonne foi ignorent encore, par exemple, que "les Constitutions n'obligent pas sous peine de péché." Autrement dit, leur violation par un jésuite n'est pas en soi une faute aux yeux de Dieu. Cette disposition relativise considérablement les règles de l'Ordre, y compris, évidemment, celles qui impliqueraient les visées "secrètes" de la Compagnie...

 

Aujourd'hui: les attaques et les calomnies contre les Jésuites continuent

 

La Compagnie de Jésus est accusée d'être à l'origine du Nouvel ordre mondial.., au prétexte qu'un ex-jésuite fonda l'ordre maçonnique des Illuminati.

 

Or, Adam Weishaupt, le fondateur des Illuminati, était né dans une famille juive le 6 février de 1748 à Ingolstadt. Converti, il devint jésuite. Il tomba dans la pratique de la sorcellerie et se sépara de l'Eglise. Professeur de droit à l'Université d'Ingolstadt en Allemagne, il fut accepté dans la franc-maçonnerie en 1778; mais il avait créé deux ans plus tôt l'ordre occulte des Illuminati, les Illuminés, ceux qui ont la lumière, ceux qui savent (Illuminisme) en copiant certains statuts des Jésuites. Il croyait être appelé à "régénérer" l'humanité. L'Abbé Barruel, prêtre jésuite, dans ses Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme (1798), indique que "dans les jours où ce conspirateur (Weishaupt) conçut ses projets (+) il ne connaissait point encore l'objet de la Franc-Maçonnerie: il savait seulement que les Francs-Maçons tenaient des assemblées secrètes: il les voyait unis par un lien mystérieux, se connaissant pour frères à certains signes, à certaines paroles, de quelque nation & de quelque religion qu'ils fussent..." (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1798, t. III, p. 13) Weishaupt recruta à Weimar, le duc Charles-Auguste (Eschylus), Goethe (Abaris), Herder (Damasus pontifex), Shardt (Appollonis), von Fritsh (Werner), le duc Ernest II de Saxe-Cobourg-Gotha, le baron de Dalberg, le duc Ferdinand de Brunswick, le comte (futur prince) de Metternich.

 

De nos jours, les attaques et des diffamations faites par la franc-maçonnerie contre les jésuites continuent par tous les moyens (Exemple: média, musiques).

Les jésuites

Sources

 

[1] Théophile LAVALLÉE, Histoire des Français, Depuis les temps des gaulois jusqu'à nos jours, tome deuxième, Les Valois, J. Hetzel, Libraire-éditeur, Charpentier Libraire-éditeur, Paris 1844, pp. 329-334

[2] Jean-Baptiste GOLFIER, Tactiques du diable et délivrances, Artège-Lethielleux, 2018, p. 114 

[3] Histoire du Peuple français, De la Régence aux trois Révolutions, Pierre LAFUE, Nouvelle Librairie de France, tome 3, Paris 1960, p. 36, 37

[4] Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 334

[5] Michel ANTOINE, Louis XV, Fayard, Saint-Amand-Montrond 1989, p. 780-781

[6] Histoire du Peuple français, De la Régence aux trois Révolutions, Pierre LAFUE, ibid., p. 37

[7] Sur l'appartenance maçonnique de Choiseul : Grande Loge Suisse Alpina http://www.freimaurerei.ch/f/alpina/artikel/artikel-2006-4-01.php

[8] Choiseul avait "en réalité, par calcul personnel,[...] laissé la crise morale et institutionnelle se développer jusqu'à mettre le royaume en péril" : Pierre PLUCHON, Histoire de la colonisation française, tome 1er, Le Premier empire colonial, Des origines à la Restauration, Fayard, Saint-Amand-Montrond 1996, p. 294.

[9] Pierre GAXOTTE de l'Académie française, Le siècle de Louis XV, Texto, Paris 2015, p . 295

[10] Choiseul "de coeur avec les Parlements et presque leur complice" in P. GAXOTTE, ibid., p. 343

[11] François RIBADEAU DUMAS, Grandeur et misère des Jésuites, Dervy, 1994, p. 262

[12] Histoire du Peuple français, De la Régence aux trois Révolutions, Pierre LAFUE, ibid., p. 37

[13] Alain GUICHARD, Les Jésuites, Club français du livre, Editions Grasset et Fesquelle, Ligugé 1974, p. 70

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