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Christ Roi

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Horloge

17 décembre 2023 7 17 /12 /décembre /2023 15:41

Il s’agit d’une observation fascinante et d’une troublante pertinence de la part de l’historien païen romain Ammianus Marcellinus, qui a écrit une histoire de l’Empire romain dans les années 380 après JC.

 

Dans cette section, il affirme que l’empereur Julien "l’Apostat" (361-363), dans sa tentative de faire revivre le paganisme, a encouragé les chrétiens à avoir une approche "vivre et laisser vivre" les uns avec les autres sur la vraie doctrine.

 

Sa stratégie, selon Ammien, était d'encourager la "liberté" parmi les chrétiens afin d'accroître leurs luttes intestines, ce qui, espérait-il, les empêcherait de s'unir contre lui dans ses tentatives de restauration du paganisme.

 

Cela vous semble familier?

 

"Mais quand ses craintes [de Julien] furent terminées, et qu’il vit que le temps était venu où il pouvait faire ce qu’il voulait, il révéla les secrets de son cœur et, par des décrets clairs et formels, ordonna que les temples [païens] soient ouverts, que les victimes soient amenées sur les autels et que le culte des dieux soit rétabli.

 

Et afin d'ajouter à l'efficacité de ces ordonnances, il convoqua au palais les évêques des chrétiens, qui avaient des opinions opposées, et le peuple, qui était également en désaccord, et leur conseilla poliment de mettre de côté leurs divergences, et chacun sans crainte et sans opposition d'observer ses propres croyances.

 

Sur ce point, il a pris une position ferme, afin que, à mesure que cette liberté aggraverait leurs dissensions, il puisse ensuite n’avoir aucune crainte d’une population unie, sachant comme il l'a vu par expérience, qu'aucune bête sauvage n’est aussi ennemie de l’humanité que la plupart des chrétiens dans leur haine mortelle les uns des autres.''

 

Ammianus Marcellinus, 'L'Histoire' (Livre 22, Ch. 5) (vers 380 après JC)

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26 novembre 2023 7 26 /11 /novembre /2023 01:00
Solennité du Christ Roi de l'univers

Source Video : Gloria.tv

 

La fête du Christ Roi a été instituée en 1925 par le Pape Pie XI, avec l'encyclique "Quas Primas". Le Pape déclara qu'avec cette fête "c'est désormais à notre tour de pourvoir aux nécessités des temps présents, d'apporter un remède efficace à la peste qui a corrompu la société humaine, le laïcisme."

 

Pie XI faisait précéder la Toussaint par la fête du Christ Roi afin de montrer que la foi catholique vécue dans la Cité devait emprunter les chemins de sanctification suivis par les saints. Durant ces années au Mexique les "Cristeros" persécutés par le gouvernement franc-maçon se battaient pour la liberté religieuse et mouraient en criant "Viva Cristo Rey" ("Vive le Christ Roi").

 

Aujourd'hui, l'Église fête la solennité du Christ Roi le dernier dimanche de l'année liturgique pour montrer que le Christ est le "commencement et la fin" (Ap 1,8), le Maître du temps et de l'Histoire.

 

Cette fête est la conséquence liturgique de la conception théologique scotiste du XIVe siècle (ordre franciscain) reconnaissant au Christ une place suréminente dans l'œuvre de la Création et de la Rédemption. Celui que S. Jean dans l'Apocalypse appelle "l'Alpha et l'Oméga, le Principe et la Fin" (Ap 1,8), est la cause, le chef et l'achèvement de toute la Création spirituelle et sensible.

 

Solennité du Christ Roi de l'univers

Soyez attentifs, vous qui êtes mon peuple ; et vous, les nations, prêtez-moi l’oreille ! Car de moi sortira la loi, mon droit sera la lumière des peuples ! Soudain, je rendrai proche ma justice, mon salut va paraître, et mon bras gouvernera les peuples.

Livre d'Isaïe 51, 4-5

Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles ; par son bras très saint, par sa main puissante, il s'est assuré la victoire.

Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations ;

il s'est rappelé sa fidélité, son amour, en faveur de la maison d'Israël ; la terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu.

… il vient pour gouverner la terre, pour gouverner le monde avec justice et les peuples avec droiture.

Psaume 97

Un royaume spirituel, et non matériel

 

Mgr Louis-Édouard Pie (1815-1880), évêque de Poitiers, cardinal et prélat antilibéral du XIXe siècle, a expliqué la doctrine intégrale de la Royauté de Jésus-Christ.

 

La parole du Christ "Mon Royaume n'est pas de ce monde" (Jn 18,36) est souvent interprétée d'une manière erronée par les libéraux qui vivent comme si le royaume de Dieu ne devait déjà pas s'exercer sur cette terre. Cette parole de Jésus à Pilate indique simplement que la royauté du Christ vient d'en haut, et non de ce monde. Son pouvoir tire son origine du Ciel et non d'ici-bas. Elle va avec 'Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi si tu ne l’avais reçu D’EN haut' (Jn 19,11).

Saint Paul précise : "comme le Christ est du ciel, ainsi les hommes seront du ciel" (1 Co 15,48). 

La royauté du Christ s'exerce sur toutes les réalités d'ici-bas, tout ayant été fait "en" lui, "par" lui et "pour" lui (Colossiens 1,16). "Il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin." (Lc 1,33) "Car en lui habite corporellement toute la Plénitude de la Divinité" (Colossiens 2,9). 

 

Devant Pilate, Jésus affirma catégoriquement sa royauté, répondant à sa question : "Alors tu es roi ?", "Tu le dis, je suis roi" (Jn 18, 37). Royaume donc pas de ce monde, car il ne vient pas des hommes, mais de Dieu seul.

 

Le royaume messianique est à la fois présent et futur. Il est les deux à la fois. L'Église est le royaume du Christ déjà présent.

 

"Qu'il ne puisse s'agir seulement d'une communauté future d'ordre eschatologique, c'est ce qu'il est aisé de conclure de la parabole de l'ivraie, où le champ qui nous est décrit (le monde) contient simultanément de l'ivraie et du bon grain : 'en enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé en même temps. Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ; et, au temps de la moisson (la fin du monde), je dirai aux moissonneurs : Enlevez d’abord l’ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, ramassez-le pour le rentrer dans mon grenier” (Mt 13,24-30); d'autres paraboles comme celle du filet (Mt 13, 47-48), des talents (Mt 25- 14-30), des dix vierges (Mt 25, 1-13), du grain de sénevé dans sa croissance (Mt 13,32).

Toute cette prédication du Christ était en continuité avec celle des prophètes (de l'AT) qui annonçaient aussi un royaume social. Elle reprend leurs termes et leur comparaisons. (Le pasteur et le troupeau de Mich 2,12; Ezech 34; la vigne de Is 5, 1-17; 27, 1-5; la parabole du cèdre dans Ezechiel 17,23, qui a des traits communs avec celle du grain de sénevé de Matthieu 13, 32. (...) La communauté chrétienne (...) [à] l'opposé de la 'Jérusalem actuelle', terrestre et nationale, (...) est la 'Jérusalem d'en-haut' (1 Co 10, 18), céleste et spirituelle (Ga 4, 25-26). (Joseph Lecler, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, 1955, rééd Albin Michel, Paris, 1994, p. 54.)

 

"Depuis le Christ, il y a donc désormais sur terre – ce qui ne s'était jamais vu auparavant, ni chez les Juifs, ni chez les païens – deux ordres de souveraineté : une souveraineté temporelle autonome, avec ses lois, sa police, son droit de contrainte physique sur les malfaiteurs sociaux; et une souveraineté spirituelle autonome, ordonnée au salut des hommes, avec ses lois et sa discipline, mais pourvue seulement de moyens spirituels. (Cf. Joseph Lecler, L'Église et la souveraineté de l'État, Paris, 1946, p. 20.)

 

"Royaume ... déjà présent sur cette terre", mais dans le mystère - le Concile Vatican II le rappelle dans la constitution pastorale "Gaudium et spes" (n°39) - il parviendra à sa pleine perfection à la fin des temps avec la venue du Seigneur, Juge suprême et Roi, pour juger les vivants et les morts (Mt 25, 31 ss).

 

Le Christ a maintes fois décrit l'Église comme un royaume de Dieu visible et social. Les paraboles le comparent à un champ ensemencé (Mt 13,24); à une vigne pour la culture de laquelle le père de famille loue les ouvriers (Mt 20, 1-2; 21, 33-35); à un troupeau dont il est le pasteur (Jn 10); à un grain de sénevé qui devient un arbuste (Mt 13, 32); à un plan de vigne dont il est le cep et les disciples les rameaux (Jn 15, 1-8); à une famille où sous la direction du maître travaillent de nombreux serviteurs (Mt 25, 14-30; 24, 45-51); à une exploitation agricole qu'administre un intendant (Lc 16, 1-8.)

 

Si l'Église était fondamentalement "invisible", alors les chrétiens ne sauraient rien de leur religion depuis l'époque des apôtres. L'expression "pas de ce monde" ne signifie donc pas que le royaume du Christ est invisible. Cela signifie qu'il est établi et soutenu par Dieu comme aucun royaume terrestre ne l'est. Dieu n'a fait aucune des promesses qu'il a faites à son Église à quelqu'un d'autre ou quelque chose d'autre.

 

Si vous regardez les prophéties de l'Ancien Testament sur le royaume messianique, vous voyez encore qu'elles parlent de rois qui viennent dans le royaume et apportent leurs trésors.

 

Jésus, lui-même, dit : "Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre." (Mt 28,18). Cela inclut les pouvoirs temporels qui détiennent l'épée au nom de la justice terrestre (Rom. 13), ainsi que la prêtrise, qui détient les clés afin d'enseigner avec autorité aux nations à observer tout ce que le Christ a ordonné, à savoir les dogmes de la foi et la loi morale (le premier et le deuxième grand commandement). Les rois, les princes, les présidents, les premiers ministres, etc., qui reconnaissent la foi catholique, en tant que laïcs, placés sous l'autorité spirituelle du sacerdoce catholique, sont chargés du bien commun temporel de la communauté. Et en ce qui concerne le dogme et la morale, ils sont sous l'autorité des prêtres de Dieu.

 

Le fait que le Royaume du Christ ne soit pas de ce monde signifie simplement ce qui suit :

(1) Il est établi par Dieu grâce à un sacrifice de soi, par amour de la part de Dieu incarné, plutôt que (comme la plupart des autres royaumes) par le sacrifice d'autrui par haine de la part d'hommes violents ;

(2) Il durera éternellement, contrairement aux royaumes fondés par les hommes ; et

(3) Il persistera et triomphera même lorsque ses affaires temporelles subiront une catastrophe, comme l'Église l'a fait à de nombreuses reprises, et le fera particulièrement sous le règne de l'Antichrist.

 

Nous ignorons simplement le temps de l’achèvement de la terre et de l’humanité et il ne nous appartient pas de le connaître (Ac 1,7); mais, nous l’avons appris, Dieu nous prépare une nouvelle terre où régnera la justice (2 Co 5, 2 ; 2 P 3, 13) et dont la béatitude comblera et dépassera tous les désirs de paix qui montent au cœur de l’homme (1 Co 2, 9 ; Ap 21, 4-5). Alors, la mort vaincue, les fils de Dieu ressusciteront dans le Christ, et ce qui fut semé dans la faiblesse et la corruption revêtira l’incorruptibilité (1 Co 15, 42.53). La charité et ses œuvres demeureront (1 Co 13, 8 ; 3, 14) et toute cette création que Dieu a faite pour l’homme sera délivrée de l’esclavage de la vanité. L’attente de la nouvelle terre, loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller : le corps de la nouvelle famille humaine y grandit, qui offre déjà quelque ébauche du siècle à venir. C’est pourquoi, s’il faut soigneusement distinguer le progrès terrestre de la croissance du règne du Christ, ce progrès a cependant beaucoup d’importance pour le Royaume de Dieu, dans la mesure où il peut contribuer à une meilleure organisation de la société humaine. (Gs 39)

 

 

Il s'agit d'un royaume d'amour, un royaume spirituel, et non matériel, pour ceux qui sont nés de l'eau et de l'esprit. (Jn 3,5), sont devenus des créatures nouvelles (Ga 6,15) et qui persévèrent ici-bas dans la communion avec Dieu jusqu'à sa mort (Mc 13,13), naissance  à la vraie vie, à la vie de Dieu (Jn 14, 1-3) Un Royaume où "tous les hommes sont appelés à faire partie du peuple de Dieu (CEC n°831)".

 

Le Seigneur est doux et humble de cœur, et que Son règne social ne s'impose pas par la force, mais par "l'esprit". 

 

Lorsque le chrétien reconnaît le Christ "roi", cela signifie qu'il reconnaît au Christ la royauté sur lui-même, c'est-à-dire qu'il ne garde rien pour lui mais donne tout au Christ. 

 

"Le Royaume de Jésus est avant tout un royaume spirituel qui s'établit par la puissance divine et non par la force matérielle des armes. [Ainsi, lorsque Jésus est livré par Judas et arrêté à la demande du grand prêtre Caïphe, "l’un de ceux qui étaient avec Jésus, portant la main à son épée, la tira, frappa le serviteur du grand prêtre, et lui trancha l’oreille. Alors Jésus lui dit : 'Rentre ton épée, car tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée. Crois-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père ? Il mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d’anges'" (Mt 26: 51-53). "Les armes de notre combat ne sont pas charnelles" (2 Co 10,4); nous ne combattons pas avec les moyens de la chair (2 Co 10,3). La panoplie du chrétien ne comporte aucune armure, aucun équipement matériel. Les Chrétiens ont bien un glaive, mais c'est le casque du salut et le glaive de l'Esprit (Ep 6,17)] Mais il ne résulte aucunement de ces enseignements, que le Christ ne veuille pas régner socialement, c'est-à-dire imposer ses lois aux souverains et aux nations." (La Royauté sociale de N.S. Jésus-Christ, d'après le Cardinal Pie, P. Théotime de Saint-Just, O.M.C., Lecteur émérite en théologie, Editions Saint-Rémi, p. 30.) 

Une prophétie tirée du livre du prophète Isaïe dans l'Ancien Testament, précise par exemple : "Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu qui a toute ma faveur. J’ai fait reposer sur lui mon esprit ; aux nations, il proclamera le droit." La prophétie d'Isaïe poursuit à propos du Messie : "Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, il ne fera pas entendre sa voix au-dehors. Il ne brisera pas le roseau qui fléchit, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit, il proclamera le droit en vérité. Il ne faiblira pas, il ne fléchira pas, jusqu’à ce qu’il établisse le droit sur la terre, et que les îles lointaines aspirent à recevoir ses lois. Ainsi parle Dieu, le Seigneur, qui crée les cieux et les déploie, qui affermit la terre et ce qu’elle produit ; il donne le souffle au peuple qui l’habite, et l’esprit à ceux qui la parcourent." (Is 42, 1-5.

 

Au XVIe siècle, contre ceux qui avait imposé la religion protestante par la force à Genève en 1535-1536 et en avait chassé l'évêque catholique, saint François de Sales dont la devise était, "Rien par force, tout par amour", dit en 1594 : "C'est par la charité qu'il faut ébranler les murs de Genève, par la charité qu'il faut la recouvrer... il faut [les] renverser par des prières ardentes et livrer l'assaut par la charité fraternelle". 

 

 

"Ne voyons surtout pas dans le règne social du Christ une confusion du temporel et du spirituel. Le monde antique, païen ou juif, opère cette confusion, et l'empereur Constantin conservera une vision païenne du pouvoir où le Prince Souverain Pontife intervient dans les affaires religieuses (césarisme). De très bonne heure, c'est l'Occident pourtant qui admit la dualité des pouvoirs temporel (séculier) et spirituel (religieux) : "Duo quippe sunt potestates", en effet il y a deux pouvoirs, écrit le pape Gélase Ier à l'empereur Anastase au Ve siècle en 494 pour le réprimander de cette tendance des empereurs à vouloir dire la doctrine et décider pour l'Église.

 

"Saint Augustin au Ve siècle distingue "les deux cités" (temporel et spirituel). La "réforme grégorienne" au XIe siècle corrigera ce défaut de l'empiètement des rois et des empereurs (Voir un peu plus bas). C'est le Christ qui distingue le temporel du spirituel : 'Rendez à César ce qui appartient à César' (Mc 12,17; Mt 22,21, Lc 20,25).

Mais si Jésus affirme sa royauté spirituelle, le monde, lui, n'a pas droit à l'indifférence religieuse : "Je suis la lumière du monde" (Jn 8,12) (Gérard BEDEL, Le Cardinal Pie, Un défenseur des droits de Dieu, Clovis Diffusion, Suresnes 2015, p. 61). En Lituanie, en 2009, la laïcité n'empêche pas la Royauté sociale du Christ. Simplement, la distinction ne veut pas dire séparation. Rendre à César ce qui est à César ne dispense pas César de rendre à Dieu ce qui est à Dieu.

Il y a une "saine laïcité" (Pie XII) et selon S. Jean-Paul II une "saine collaboration" (Mémoire et identité, Le testament politique et spirituel du pape, Flammarion 2005, p.145-146)

 

"Dire que Jésus-Christ est le Dieu des individus, et n'est pas le Dieu des sociétés, c'est dire qu'il n'est pas Dieu, dire que le christianisme est la loi de l'homme individuel et n'est pas la loi de l'homme collectif, c'est finalement dire que Christ n'est pas divin..., dire que l'Église est juge de la morale privée et n'a rien à voir avec la morale publique, c'est dire finalement qu'elle n'est pas divine." (Cardinal Pie).

En substituant la philosophie à la religion, le profane au Sacré, la thèse libérale moderne prétend fonder un contrat social indépendant de toute société extérieure à l'État. Dans ce système, tout vient de l'État et tout revient à l'État. Mais cette thèse qui prétend que l'État doit être purement laïque est une exagération de la parole du Christ et aboutit à rendre tout à César. "C'est-à-dire encore que, sous prétexte d'échapper à la théocratie imaginaire de l'Église, il faut acclamer une autre théocratie aussi absolue qu'elle est illégitime, la théocratie de César, chef et arbitre de la religion, oracle suprême de la doctrine et du droit..." (Cardinal Pie, Homélie sur le Panégyrique de saint Emilien, Nantes, 8 novembre 1859, III, p. 511-518 cité in Gérard Bedel, Le Cardinal Pie, ibid., p. 65-66.) Le pape Pie IX (1846-1878), a ainsi pu légitimement dénoncer un défaut majeur de l'État moderne, en ce qu'il se proclame "origine et source de tout droit", qui prétend jouir "d'un droit qui n'est circonscrit par aucune limite." (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je, 4e édition, Paris 2018, p. 91.) 

 

La royauté de Jésus n'a rien à voir avec nos images habituelles des rois.

 

L'Évangile (Mt 21,1 - 9, Mc 11,1 - 10, Lc 19, 28 - 40) raconte qu'à proximité de la fête de la Pâque juive, Jésus décida de faire une entrée solennelle à Jérusalem (Rameaux). Il organisa son entrée en envoyant deux disciples chercher un ânon. Il entra à Jérusalem sur une monture pour se manifester publiquement comme le Messie que les juifs attendaient. C'est une monture modeste comme l'avait annoncé le prophète pour montrer le caractère humble et pacifique de son règne.

 

"Il est le Roi des cœurs, à cause de son inconcevable charité qui surpasse toute compréhension humaine (Eph 3:19) et à cause de sa douceur et de sa bonté qui attirent à lui tous les cœurs: car dans tout le genre humain il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais personne pour être aimé comme le Christ Jésus." (Quas Primas 4) 

 

Sur la Croix, alors que deux malfaiteurs étaient crucifiés avec lui, le peuple restait là à observer, les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : "Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu !" Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, en disant :"Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même !" Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : "Celui-ci est le roi des Juifs." L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : "N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi !" Mais l’autre lui fit de vifs reproches : "Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal." Et il disait : "Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume." Jésus lui déclara : "Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis." (Lc 23,35-40)

 

"Il est venu tout réconcilier, faisant la paix par le sang de sa croix (Col. 1:20); C’est lui, le Christ, qui est notre paix ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui séparait, le mur de la haine ; il a supprimé les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu les uns et les autres par le moyen de la croix; en sa personne il a tué la haine (Ephésiens 2,14-16); il n'est pas venu pour être servi, mais pour servir (Mt 20:28).

 

"Que le plus grand parmi vous se comporte comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert... Moi je suis au milieu de vous comme le serviteur." (Lc 22,26-27); maître de toutes créatures, il a donné lui-même l'exemple de l'humilité et a fait de l'humilité, jointe au précepte de la charité, sa loi principale; il a dit encore: Mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. (Mt 11,30)" (Quas Primas 15). Il n'existe de salut en aucun autre; aucun autre nom ici-bas n'a été donné aux hommes qu'il leur faille invoquer pour être sauvés (Ac 4:12).

 

De la lignée de David, choisi par Dieu et marqué par l'onction royale, Il est le pasteur et le roi qui refait l'unité du peuple. Ce royaume, Saint Paul en parle non pas comme d'un monde étranger, d'un au-delà, mais comme une réalité déjà présente dans laquelle nous sommes déjà introduits par le Christ et avec lui. Jésus a tout réconcilié par le sang de sa croix. Ce royaume est déjà commencé, malgré les violences et les ténèbres qui enserrent notre monde. (Col. 1, 13-20)

 

Prétendre que le Christ ne doit pas régner sur les sociétés revient à dire que le Christ serait mort en vain sur la Croix et que ses lois n'auraient pas à être suivies par les souverains et les nations. "Dire que Jésus-Christ est le Dieu des individus et des familles, et n'est pas le Dieu des peuples et des sociétés, c'est dire qu'il n'est pas Dieu. Dire que le christianisme est la loi de l'homme individuel et n'est pas la loi de l'homme collectif, c'est dire que le christianisme n'est pas divin. [...] C'est le droit de Dieu de commander aux états comme aux individus. Ce n'est pas pour autre chose que N.-S. est venu sur la terre." (La Royauté sociale de N.S. Jésus-Christ, d'après le Cardinal Pie, P. Théotime de Saint-Just, ibid., p. 43-44; 73).

 

Devant Pilate lui demandant s'il était roi, Jésus répondit : "Tu l'as dit, je suis roi. Si je suis né et si je suis venu dans le monde, c'est pour rendre témoignage à la vérité; quiconque est de la vérité, écoute ma voix." (Jn, 18:37).

 

Le titulus crucis, titre de la Croix que Pilate fit placer au-dessus de la tête du Christ lors de sa crucifixion est "Iesvs Nazarenvs, Rex Ivdæorvm" (INRI), "Jésus de Nazareth, Roi des Juifs" (Jn 19, 19). L'inscription était en trois langues, en hébreu, en grec et en latin (Jn 19,20).

 

Le grand moyen de promouvoir ce règne, c'est la prière qui vivifie l'action et obtient du Ciel le succès que nos seuls efforts ne sauraient procurer. (La Royauté sociale de N.S. Jésus-Christ, d'après le Cardinal Pie, P. Théotime de Saint-Just, ibid., p. 86.)

 

Se manifestant aux Onze pendant qu'ils étaient à table, Jésus ressuscité leur dit : "Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création." (Mc 16,15). En montant au Ciel, lors de son Ascension, Jésus adressa encore ces paroles explicites à ses disciples : "Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre", leur commandant : "Allez donc: de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps." (Mt 28:18-19). "Garder" ce qu'Il a prescrit, "tout pouvoir" lui ayant été donné, "au ciel et sur la terre", sont les termes qu'emploie Jésus. Il y a un devoir d'évangéliser les nations sur la terre, c'est-à-dire d'apprendre aux nations, et à leurs souverains, à "garder" les enseignements du Christ. 

A Lui seul soit le gouvernement

 

La louange et la joie

 

Jusqu'à l'accomplissement des temps. Amen !

 

Les jours meilleurs arrivent !

 

Les bons temps arrivent !

 

Par le rachat du Sang du Christ !

 

Maintien dans la joie

 

Félicitations !

 

Et bonne fortune !

 

La Paix du Christ vient

 

Le Règne du Chrits arrive

 

Rendons grâce à Dieu. Amen.

 

La Grande guerre prouve la vanité de l'optimisme des "Lumières". Cherchant à rétablir la distinction des deux pouvoirs temporel et spirituel, opposant une "laïcité saine" à la "laïcité anticléricale", et constatant l'échec du système libéral moderne, cet athéisme public où tout vient de César et revient à César, et où une modernité crée des rapports sociaux injustes, méprise l'autorité spirituelle et conduit au "suicide de l'Europe civilisée" via des idées politiques autoritaires ou totalitaires, suite au conflit mondial de 1914, le pape Pie XI (1922-1939) instaure en 1925 la fête et la théologie du Christ-Roi comme remède. 

21. Les Etats, à leur tour, apprendront par la célébration annuelle de cette fête que les gouvernants et les magistrats ont l'obligation, aussi bien que les particuliers, de rendre au Christ un culte public et d'obéir à ses lois. Les chefs de la société civile se rappelleront, de leur côté, le dernier jugement, où le Christ accusera ceux qui l'ont expulsé de la vie publique, mais aussi ceux qui l'ont dédaigneusement mis de côté ou ignoré, et punira de pareils outrages par les châtiments les plus terribles."

(
Pie XI, Lettre encyclique Quas Primas instituant la fête du Christ-Roi, § 21., 1925)


La Royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ (Cardinal Pie)
 
P. THEOTIME DE SAINT JUST O.M.C.
LECTEUR EMERITE EN THEOLOGIE
LA ROYAUTÉ SOCIALE DE N. S. JESUS-CHRIST D’APRÈS LE CARDINAL PIE

 

Image du Christ, Roi des Nations; extrait de la magnifique tenture de l'Apocalyspe exposée au chateau d'Angers, rescapée des destructions de la Révolution dite française.(Merci aux divers responsables qui ont permis la mise en valeur de ce trésor)
Image du Christ, Roi des Nations; extrait de la magnifique tenture de l'Apocalyspe exposée au chateau d'Angers, rescapée des destructions de la Révolution dite française.(Merci aux divers responsables qui ont permis la mise en valeur de ce trésor)

 

{Editions de Chiré BP 1 86190 Chiré en Montreuil 05 49 51 83 04 /
Editions Sainte jeanne d'Arc les Guillots 18260 Villegenon 02 48 73 74 22 }


«JESUS-CHRIST EST LA PIERRE ANGULAIRE DE TOUT L'EDIFICE SOCIAL. LUI DE MOINS, TOUT S'EBRANLE, TOUT SE DIVISE, TOUT PERIT...»

«METTEZ DONC AU CŒUR DE NOS CONTEMPORAINS, AU COEUR DE NOS HOMMES PUBLICS, CETTE CONVICTION PROFONDE QU'ILS NE POURRONT RIEN POUR LE RAFFERMISSEMENT DE LA PATRIE ET DE SES LIBERTES, TANT QU'ILS NE LUI DONNERONT PAS POUR BASE LA PIERRE QUI A ETE POSEE PAR LA MAIN DIVINE : PETRA AUTEM ERAT CHRISTUS ».

«JESUS-CHRIST, C'EST LA PIERRE ANGULAIRE DE NOTRE PAYS, LA RECAPITULATION DE NOTRE PAYS, LE SOMMAIRE DE NOTRE HISTOIRE, JESUS-CHRIST, C'EST TOUT NOTRE AVENIR... » (CARDINAL PIE : ŒUVRES , V, 333 ; VIII, 54 ; X, 493).

"Les Pères de l'Église élaborent un 'hellénisme chrétien' qui est un véritable miracle de l'histoire humaine', comme le dit le cardinal Daniélou (L'Église des premiers temps, Seuil, 1985, p. 137). La formule est excellente.

 

"L'hellénisme chrétien à l'origine de la civilisation occidentale aurait pu avec le temps inscrire l'histoire dans le dessein de Dieu, sans la Révolution évidemment, c'est-à-dire sans la Renaissance, donc sans les ésotéristes chrétiens, et surtout sans le mouvement ésotérique qui va transmettre la pensée hellénistique aux initiés de la Renaissance et de la Révolution, ces deux défaites de l'Occident chrétien.

 

"[...] Saint Augustin a latinisé la culture grecque, ce qui permet à l'augustinisme d'atteindre à l'universel." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 116; 233)

 

On a pu reprocher les empiétements de l'Église sur le pouvoir temporel des rois. Ceux-ci ont une explication historique simple : des empereurs de la Rome tardive ont prétendu intervenir dans la vie de la jeune Église chrétienne en nommant les évêques, en imposant des papes, en convoquant des conciles, en légiférant en matière de discipline ecclésiastique, en intervenant dans les débats doctrinaux. 

Les rois capétiens, les rois d'Angleterre, les empereurs du Saint empire romain germanique furent ainsi nombreux à intervenir dans la vie de l'Église, en désignant des évêques, légiférant en matière de discipline ecclésiastique. (Source: Dictionnaire du Moyen-Âge, sous la direction de Claude Gauvard, Alain de Libera, Michel Zink, Quadrige, Puf, 2002, p. 242).

 

Or, l'Église est seule maîtresse de sa morale et de son dogme (Cf. Saint Athanase, Saint Ambroise, Saint Jean Chrysostome, Saint Augustin). 

 

L'idée (venant de sectes protestantes) selon laquelle l'empereur Constantin (310-337) et les empereurs suivants auraient modifié la foi chrétienne dans un sens "païen" est facilement réfutable si vous lisez simplement les Pères de l'Église de cette époque. Ils luttaient constamment pour la foi catholique contre la pression impériale et la persécution. Et ils ont gagné :

 

"Après la conversion de l'Empire, (...) dès Constantin (...) l''évêque du dehors' (l'empereur) qui convoquait les conciles, s'engagea résolument dans les querelles religieuses. (...) Cette politique religieuse des empereurs allait peser lourdement sur les destinées de la chrétienté. (...) Dan son Histoire des Ariens, Athanase reproduit (...) la réponse de ses collègues occidentaux (Hilaire de Poitiers, Osius) à l'empereur, lors du concile de Milan (355). S'adressant au Pères, Constance (337-361) les pressait de signer la déposition du patriarche d'Alexandrie, champion de l'orthodoxie nicéenne (catholique).

 

"(...) 'Ils (les Pères) remontrèrent à l'empereur, écrit Athanase, que l'autorité n'était pas à lui, que Dieu la lui avait donnée... Ils lui conseillèrent de ne pas introduire la confusion dans les choses ecclésiastiques, de ne pas introduire le pouvoir civil dans la constitution de l'Eglise.'

 

"(...) Osius de Cordoue, écrivait dans le même sens, et avec plus de vigueur (356) : 'Il nous est ordonné de rendre à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Il ne nous est pas permis de nous attribuer l'autorité impériale. Vous n'avez aussi aucun pouvoir dans le ministère des saints choses.' (Historia arianorum 40)

 

"(...) Gélase (492-496) s'inquiétait fort de l'action impériale en faveur de l'hérésie monophysite. (...) Dans le De anathematis vinculo (494) il montre pourquoi le pouvoir royal a perdu ses attributions religieuses depuis l'avènement du Christ :

 

"Avant l'avènement du Christ, (...) il y eut des hommes qui furent réellement prêtres et rois tout ensemble, tel Melchisédech, comme nous le raconte l'histoire sainte. Le diable en a fait autant avec les siens, lui qui s'efforce de revendiquer tyranniquement pour lui les honneurs dus au seul Dieu : c'est ainsi que les empereurs païens ont été appelés également grands pontifes. Mais depuis qu'a paru le véritable prêtre et roi, l'empereur ne s'est plus attribué désormais le titre de pontife et le prêtre n'a plus revendiqué la dignité royale.

 

"Ainsi (...) depuis l'Incarnation, seul le Christ peut être prêtre et roi. (...) Il explique pourquoi le Christ a séparé ces deux dignités et établi le dualisme du temporel et du spirituel : (...) le pouvoir  spirituel se tient éloigné des embûches du monde et, combattant pour Dieu, ne s'immisce pas dans les affaires du siècle, tandis qu'à son tour le pouvoir séculier se garde bien de prendre la direction des affaires divines. À rester ainsi modestement à sa place, chaque puissance évite de s'enorgueillir en accaparant pour elle toute l'autorité et elle acquiert une compétence plus grande dans les fonctions qui lui sont propres'."

 

(Source: Joseph LECLER, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, 1955, rééd. Albin Michel, Paris 1994, p. 77-81.)

 

Au IXe siècle, l'évêque Jean d'Orléans , poète à la Cour de Charlemagne, écrit: 

 

''Tous les hommes fidèles doivent savoir que l’Église universelle est le Corps du Christ ; que son Chef n'est autre que Christ ; que deux pouvoirs régnant s'y distinguent : à savoir, celui des prêtres et celui des rois ; et aussi que le pouvoir des prêtres est d'autant plus excellent que ce sont eux qui doivent rendre compte à Dieu même des rois.'' (Jean d'Orléans, évêque, Le métier de roi, ch. 1, v. 800 ap. J.-C.)

 

« Les siècles de la féodalité, longtemps définis comme des siècles de fer', correspondent en réalité au moment du "décollage" européen ». (Jean-Louis BIGET, Préface dans Florian MAZEL, 888-1180 Féodalités, Histoire de France, sous la direction de Joël Cornette, Folio, Gallimard, Trebaseleghe, Italie 2019, p. 10.) 

 

Voici donc comment l'Église s'est dégagée de l'ingérence et de l'influence des empereurs et des rois, ce qui a permis le développement inédit dans l'histoire d'une civilisation originale, distinguant le temporel du spirituel, le laïque du religieux, la civilisation occidentale :

 

Dans les sociétés païennes antiques, "ignorant des raisons de sa présence en ce monde, l'homme subissait totalement un destin qui lui était imposé par la volonté divine. Cette volonté s'exprimant au travers des prêtres (païens) qui étaient chargés de la servir, le pouvoir clérical (païen) était sans limite et pesait considérablement sur la direction de la cité jusqu'à se confondre avec elle. Pharaon, roi, dictateur ou tyran, les dirigeants antiques portaient en eux une partie de la vie divine. Ils étaient moitié fils de dieux ou de déesses, divinisés de leur vivant, tant on était convaincu que le pouvoir, même politique, échappait à la volonté de l'homme qui n'avait aucune prise sur sa destinée. L'État était une communauté religieuse, le roi un pontife, le magistrat un prêtre, la loi une formule sainte." (Fustel de Coulanges, La cité antique, Hachette 1967, p. 457).

Cette confusion totale du politique et du religieux, l'Empire romain, par l'intermédiaire d'Octave Auguste, le premier empereur, la portera à son sommet, en réalisant la fusion du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel en sa personne.

"César, à cette époque, était le grand pontife, le chef et le principal organe de la religion romaine; il était le gardien et l'interprète des croyances, il tenait dans ses mains le culte et le dogme. Sa personne même était sacrée et divine" (Fustel de Coulanges, Ibid., p. 461.).

 

Or, "le christianisme n'est pas intégré au système étatique. Il ne s'accommode pas d'un mode politique, il en dénonce les travers et les injustices. Selon Jacques Ellul, même, ''le message du christ est forcément subversif à l'égard de tous les ordres sociaux, politiques, économiques, moraux et religieux.''

 

Le christianisme introduit une distinction inédite entre religion et politique. L'évêque Ossius de Cordoue (257-359) est de ceux qui veulent tenir l'État à distance dans les questions doctrinales  : 'Ne vous mêlez pas des affaires religieuses et ne donnez pas d'ordres à ce sujet : [...] Dieu a mis la royauté dans vos mains et nous a chargés des affaires de son Église.' [...] Les pouvoirs politiques et religieux doivent donc collaborer, bien qu'ils soient distincts." (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je ?, 4e édition, Paris 2018, p. 22.)

 

Distinction (les "deux cités" de Saint Augustin) et coordination (des deux pouvoirs) est la double vérité sur laquelle s'appuie l'Église depuis Saint Augustin (Cf. Jacques CHEVALIER, De saint Augustin à saint Thomas d'Aquin: Histoire de la pensée, Préface de Serge-Thomas Bonino, Collection Philosophie européenne dirigée par Henri Hude, Editions Universitaires, vol. 3, 1992, p. 70.)

 

"Augustin conçut son ouvrage La Cité de Dieu, achevé vers 426, comme une démonstration de la compatibilité entre l'Empire et la foi. Il n'y a qu'une seule cité de Dieu, mais elle offre deux faces, l'une est terrestre, l'autre céleste, la seconde se révélant au fur et à mesure que la première s'efface. La cité de Dieu est à la fois l'Église réalisée, le ciel à venir et la communauté terrestre avec sa législation, gouvernée par le Christ. Mais cette conception mystique de l'Église laissait une liberté d'intervention concrète au profit des pouvoirs séculiers. [...] Le pape cherchait à préserver la liberté de l'Église romaine face aux empiétements impériaux, tout en reconnaissant la légitimité de l'autorité temporelle." (L'Église en procès, La Réponse des historiens, sous la direction de Jean Sévillia, Tallandier, Le Figaro, Paris 2019, p. 73.)

 

Une tradition impériale de convocation des conciles d'évêques initiée par Constantin à Nicée en 325, Théodose Ier à Constantinople en 381, Théodose II à Constantinople en 449, poursuivie en Occident par certains rois de France, comme Clovis le 10 juillet 511 à Orléans, Clotaire II à Paris en 614, Pépin le Bref à Compiègne en 757, Charlemagne à Tours et Mayence en 813, Philippe le Bel en 1312 au concile de Vienne..., en Orient par les empereurs byzantins, comme Justinien II en 692 au concile in Trullo, le IIe concile de Nicée en 787, et les empereurs germaniques, comme Frédéric Barberousse au concile de Pavie en 1160, et Sigismond au concile de Constance en 1414), voyait les conciles de l'Église convoqués par les rois

L’Église catholique romaine est la seule Église qui n’est ni une Église nationale, ni une Église d’État, ni une secte fondée par un homme ; c'est la seule Église au monde qui maintient et affirme le principe de l'unité sociale universelle contre l'égoïsme individuel et le particularisme national ; c'est la seule Église qui maintient et affirme la liberté du pouvoir spirituel contre l'absolutisme de l'État ; en un mot, c’est la seule église contre laquelle les portes de l’Hadès n’ont pas prévalu.

Vladimir Soloviev,"L'Église russe et la papauté" (1889)

 

Grégoire VII, Pape

 

Mille ans après sa fondation par le Seigneur à la Pentecôte, où saint Pierre prit la parole, la papauté est devenue presque malgré elle, de manière accidentelle, un pouvoir impliqué dans les querelles de ce monde (Les disciples du Christ ne sont pas DU monde, mais ils sont DANS le monde. Jn 17,14-18). Outre, le choix des évêques ou la convocation des conciles, "l'empereur germanique passait par-dessus le peuple romain et les notables pour nommer directement les papes

 

Le pape Saint Grégoire VII, l'un des plus grands Papes, fut au XIe siècle l'homme providentiel qui combattit tous les grands abus de cette époque. Sa "réforme grégorienne" régla les empiétements des empereurs d'Allemagne, c'est-à-dire un pouvoir politique trop envahissant, la vente des dignités ecclésiastiques (simonie), la contagion des mauvaises moeurs du clergé et dans le peuple. 

 

En 1122, le compromis du concordat de Worms, le premier de l'histoire, régla le problème: désormais, l'évêque serait élu librement par le clergé en présence de l'empereur ou de son représentant. En France, des procédures analogues furent mises en place pour l'élection des évêques.

L'Église n'a jamais enseigné la confusion des deux pouvoirs, ni l'absorption du temporel par le spirituel (théocratie), ni l'absorption du spirituel par le temporel (césarisme, gallicanisme, églises nationales), parce que ce sont des erreurs régulièrement condamnées par le Saint-Siège.

On adressait déjà cet absurde reproche (d'absorption du temporel) au pape Boniface VIII, qui, dans sa Bulle Unam, sanctam, définit contre les légistes courtisans de Philippe le Bel, déjà gallicans, la subordination (qui n'est pas absorption) de la puissance temporelle à la puissance spirituelle. "Il enseigne, disait-on, que le pape peut disposer des couronnes selon son bon plaisir..." - "Il y a quarante ans que j'étudie le doit, répondait le saint Pontife dans le Consistoire de 1303, et je sais apparemment qu'il y a deux puissances... Comment peut-on croire qu'une telle folie me soit venue à l'esprit?" (Boniface VIII, cité dans Mgr Gaume, Le dogme de l'infaillibilité.)

 

En réaction aux empiétements des pouvoirs temporels, la papauté au "Moyen-Âge" a cherché à affirmer "sa liberté tout en ouvrant la porte à une autonomie du politique, de la société, qui se serait développée grâce à cette séparation." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 17.)

"La réforme grégorienne va [...] en fait bien au-delà de la simple 'liberté' ou de la volonté de dégager les Églises des jeux politiques et de la corruption. La papauté grégorienne, veut rompre avec l'association organique des empereurs avec leurs évêques. Ce faisant, la réforme grégorienne commence à poser en des termes nouveaux la question des rapports entre pouvoir laïc et pouvoir religieux. Elle amorce à terme une forme de séparation avec les pouvoirs politiques et une laïcisation de ces derniers." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 135, 146-150.) "La réforme grégorienne fut une révolution qui agita l'Église durant un siècle et remit totalement en causes ses rapports avec le système politique. [...] Ainsi, bien avant la séparation de 1905, le principe de l'autonomie des pouvoirs séculier et spirituel était acquis, et ce en raison de l'insistance de la papauté." (L'Église en procès, La Réponse des historiens, sous la direction de Jean SÉVILLIA, Tallandier, Le Figaro, Paris 2019, p. 80.)

 

Les ordres monastiques de Cluny (Xe siècle) puis de Citeaux (Cisterciens) diffusent les principes de la réforme du clergé et d'obéissance à l'Église romaine. (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je, 4e édition, Paris 2018, p. 48.)

 

"(En Occident) Pour l'essentiel, c'est aux moines que l'on doit la transmission de l'héritage antique. [...] Le monachisme s'est répandu en Occident dès le IVe siècle, après que saint Martin a fondé le premier monastère d'Occident à Ligugé." (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, ibid., p. 37.)

Mais avant les moines, les philosophes et apologistes chrétiens (Justin, Clément d'Alexandrie, Origène) ont, eux aussi, contribué à amarrer l'héritage antique des progrès de la raison des philosophes grecs au christianisme, permettant une nouvelle civilisation "à condition de rejeter les rituels des initiés. La religion chrétienne est une digue qui protège la rationalité du dogme", à condition, également, de rejeter cet archaïsme du monisme de l'Être de l'Antiquité païenne, qui confondant le Créateur et les créatures, a pu donner lieu à des interprétations mythologiques régressives, ésotérico-magiques, irrationnelles et marchandes. (Lire Alain PASCAL sur ce sujet dans La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris, p. 139-140; 145-150.)

 

Au IIe siècle à Alexandrie, Clément enseigne de 190 à 202 dans le Didascalé (école philosophique chrétienne, sur le modèle des écoles d'Athènes) que Dieu donne à l'esprit humain les moyens de parvenir à la vérité. Élève de Clément, Origène († 254) assume dans le christianisme l'héritage de la rhétorique et de la philosophie antiques, en intégrant la philosophie platonicienne dans la théologie chrétienne.  (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, ibid., p. 23-24.)

 

"La science et la philosophie grecque n'ont jamais quitté les monastères en Occident. Les œuvres philosophiques de l'Antiquité étaient connues dans les monastères occidentaux, car la culture grecque était présente dans la synthèse augustinienne et la langue grecque restait pratiquée." (Alain PASCAL, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. des Cimes, 2e éd. revue et commentée, Paris 2015, p. 72.)

 

Le premier humanisme est chrétien. "Il consiste à faire revivre les humanités anciennes pour les christianiser et ne date pas du XVe siècle car il a été constant pendant les temps féodaux (avec les moines augustiniens, Alcuin (735-804), Gerbert (945-1003), le pape de l'an mil, Pétrarque (1304-1374) sous certains aspects, et bien sûr Nicolas V (1397-1455)" (Alain PASCAL, Les Sources occultes de la philosophie moderne, De la Gnose à la théosophie, tome 1 de la La Conspiration des philosophes, éd. des Cimes, Paris 2017, p. 106.) Surnommé le "pape humaniste", Nicolas V (1447-1455) a connu à Florence, dans l'entourage de Cosme de Médicis, Leonardo Bruni, Niccolo Niccoli et Ambrogio Traversari. Parvenu au trône de saint Pierre, il réalise l'un de ses projets en fondant la Bibliothèque vaticane.

 

"C'est du moyen-âge que sortent directement les doctrines philosophiques et scientifiques sous lesquelles on prétend l'accabler [...]. Il faut donc reléguer dans le domaines des légendes l'histoire d'une 'Renaissance' de la pensée succédant à des siècles de sommeil, d'obscurité et d'erreur..." (Étienne GILSON, La philosophie au Moyen-Âge, p. 761)

 

L'Europe a dominé le monde dès l'époque dite 'obscure' du "Moyen-Âge". L'explication première réside dans la foi des Européens en la raison, dans l'engagement manifeste de l'Église sur la voie d'une théologie rationnelle débarrassée des rituels magiques antiques (scolastique XIe-XIVe siècle), qui a rendu possibles les progrès... Et ce pourquoi les "initiés" de tous les temps l'ont haïe et l'ont combattue, car elle mettait fin à leur commerce et leur domination sur le monde.

 

"En différenciant l'Être de Dieu et l'Être du monde, elle (la scolastique) a offert un fondement métaphysique à la raison et à la liberté. [...] En étant une personne, [...] l'homme n'agit pas par nécessité ou contingence (comme tout ce qui est uniquement interne au cosmos), il est libre et responsable (y compris du Mal, c'est la sanction de la liberté).

[...] La philosophie moderne est stupide – c'est le mot – quand elle dit  que l'homme est rationnel parce qu'il a rejeté Dieu et qu'elle prône une liberté individuelle parce que la raison humaine ne peut venir que de Dieu et que la liberté est impossible à l'individu, puisqu'il est interne au cosmos. Pour preuve, l'homme moderne ne comprend plus rien, il est fou, et de moins en moins libre (il n'y a que les victimes du communisme qui s'en aperçoivent...) [...] Le monisme métaphysique est donc la cause de l'échec moderne. [...] En  régressant à avant la scolastique, la philosophie moderne ne peut pas être nouvelle, elle est nécessairement régressive. [...] Et pour cause, elle régresse à la gnose et à la kabbale.

 

"La scolastique est un immense progrès parce qu'elle a sanctifié la philosophie ancienne (qui aspirait à libérer l'homme des croyances irrationnelles des relations cosmiques antiques en accordant à l'humain la faculté rationnelle et la liberté individuelle, mais avait échoué car elle avait persisté dans le monisme de l'Être, parce que c'était la seule conception de l'époque, ou parce que les premiers philosophes, s'ils avaient peut-être eu l'échos de la Genèse [...] n'en avaient pas compris la métaphysique) en la refondant sur le dualisme métaphysique" (Un Dieu créateur et un monde créé non confondus dans l'Un antique)." (Alain PASCAL, Les Sources occultes de la philosophie moderne, De la Gnose à la théosophie, tome 1 de La Conspiration des philosophes, éd. des Cimes, Paris 2017, p. 109-111.)

 

Ainsi, au XVIIe siècle, le cardinal Richelieu, énumérant "les principes dont le gouvernement, remis en sa bonne forme, doit s'inspirer", explique que puisque "'l'homme est souverainement raisonnable, il doit souverainement faire régner sa raison [...], l'autorité contraint à l'obéissance, mais la raison y persuade.' Cette croyance en la souveraineté de la raison est contraire à la doctrine protestante. Selon Luther, le péché originel a absolument corrompu la raison et l'a rendue totalement impuissante. Selon S. Thomas d'Aquin et la majorité des scolastiques, le péché originel a seulement affaibli la raison, mais l'a laissée capable d'atteindre le vrai et le bien. Pour les catholiques et pour Richelieu, la raison reste notre meilleur instrument." (Roland MOUSNIER, L'Homme rouge ou la vie du cardinal Richelieu, Bouquins, Robert Laffont, Paris 1992, p. 752.)

 

"En Occident, sept disciplines sont étudiées dans les monastères. Ce sont les arts libéraux. La grammaire, la rhétorique et la dialectique constituent le 'Trivium', les trois premières 'voies'. À leur suite, l'arithmétique, la musique, la géométrie et l'astronomie constituent les autre 'voies' des arts mathématiques, le 'Quadrivium'. On peut trouver une ébauche des arts libéraux dans Saint Augustin, mais leur origine est antérieure au christianisme et absolument païenne. Leur première énonciation aux Temps féodaux est due à un écrivain latin du Ve siècle, Capella (360? - 428?), qui [...] condense les arts libéraux dans une 'sorte d'encyclopédie', dont le tire est Le Satyricon ou Les Noces de Mercure et de la philologie... Selon Bréhier (La philosophie du Moyen-Âge, Albin Michel, 1949), les arts libéraux ont été 'christianisés' au VIe siècle par Cassiodore (né v. 468).

"[...] Cassiodore écrit v. 540 les manuels des arts libéraux que les moines vont utiliser pendant plusieurs siècles." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 254-255.)

 

Entre le Ve siècle et le IXe siècle, Boèce (480-524), philosophe romain chrétien contemporain de Clovis, répand les œuvres d'Aristote en Occident. Son travail a été la source antique principale de la philosophie médiévale avant le XIIIe siècle. Son traité Logica vetus (logique ancienne) comprend entre autres ses traductions latines de l'Organon (Analytiques I et II), des Catégories, des Topiques, et De l'Interprétation d'Aristote, qu'il a transmis en Occident avant que soient connus les commentaires d'Averroès, philosophe andalou (1126-1198) au XIIIe siècle.

 

"La période n'est pas celle de 'l'infélicité des Goths', le long tunnel d'ignorance déploré par Rabelais et les humanistes. La convergence culturelle des élites 'barbares' et des élites gallo-romaines a permis leur fusion rapide. Au Ve et VIe siècles, aucune régression ne se discerne dans la culture des laïcs ni dans l'usage de l'écrit.

 

Geneviève BÜHRER-THIERRY, Charles MERIAUX le disent clairement :

 

"[...] Monastères et églises jouent un rôle positif dans la conservation des œuvres antiques.

 

"[...] La période du Ve au IXe siècle ne correspond donc nullement au degré zéro de la culture. Tout au contraire, elle assume un rôle primordial dans la transmission d'une grande part de la littérature latine à l'Occident des temps futurs.

 

"[...] À bien y regarder, on est donc amené à reconsidérer l'idée d'un déclin de cette noblesse sénatoriale dans la Gaule du Ve siècle en raison de l'hégémonie des chefs barbares. En vérité, la plupart des grandes familles ont maintenu leur position, entretenu un style de vie antique et participé à la transmission de la culture écrite." (Geneviève BÜHRER-THIERRY, Charles MERIAUX, La France avant la France 481-888, Histoire de France, Sous la direction de Joël Cornette, Folio Histoire, 2019, p. 19 et 40.)

 

"À partir du VIe siècle, les monastères occidentaux appliquent la Règle de S. Benoît (v. 440-547), le fondateur du monastère du Mont Cassin, proclamé récemment par l'Église 'Père de l'Europe et Patron de l'Occident, titres mérités. [...] La Règle bénédictine, rédigée en latin, s'inspire de celle de S. Basile, Père de l'Église et défenseur de Nicée, et accroît la lumière augustinienne. La Règle bénédictine oblige les moines à la fois au travail manuel et à la lecture. Par elle, les moines deviennent ainsi des artistes – ils ornent les Écritures des plus belles enluminures É, des constructeurs et des érudits. Cette maîtrise des arts et cette permanence de la culture ne permettent pas (là encore) d'accuser d''obscurantisme' les monastères bénédictins." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 256.)

 

"Dès les premiers temps, les Pères de l'Église ont enseigné que la raison était le don suprême de Dieu et le moyen d'accroître progressivement leur compréhension des Écritures et de la Révélation. En conséquence, le christianisme s'est trouvé orienté vers l'avenir, tandis que les autres grandes religions affirmaient la supériorité du passé. 

"... Comme l'enseigne Tertullien au IIe siècle : 'La raison est une chose qui vient de Dieu, pour autant qu'il n'y a rien que Dieu, qui a fait toute chose, n'ait pas fourni, disposé, ordonné par la raison, rien qu'il n'ait voulu comme devant être appréhendé et compris par la raison.' (De la Repentance, ch. I). Dans le même état d'esprit, Clément d'Alexandrie énonçait au IIe siècle une mise en garde : 'Ne croyez pas que nous disons que ces choses sont reçues seulement par la foi, mais aussi qu'elles doivent être affirmées par la raison. Car en vérité il n'est pas avisé de confier ces choses à la simple foi sans la raison, étant donné qu'assurément la vérité ne peut exister sans raison.' (Les reconnaissances de Clément : Livre II, ch. 69). (Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 7, 22-23.)

 

Saint Augustin ne faisait qu'exprimer l'opinion générale lorsqu'il soutenait que la raison était indispensable à la foi  :  'Veuille le Ciel que Dieu ne haïsse pas en nous ce par quoi il nous a faits supérieurs aux animaux ! Veuille le Ciel que nous ne croyions pas de telle façon que nous n'acceptions pas ou ne cherchions pas de raisons, puisque nous ne pourrions même pas croire si nous ne possédions pas d'âmes rationnelles.' Saint Augustin reconnaissait que 'la foi doit précéder la raison et purifier le cœur et le rendre propre à recevoir et endurer la grande lumière de la raison'. Puis il ajoutait que, bien qu'il soit nécessaire 'que la foi précède la raison dans certains domaines de grande conséquence qui ne peuvent pas encore être compris, assurément la minuscule portion de raison qui nous persuade de ceci doit précéder la foi.' (In David C. Lindberg et Ronald L. Numbers, Gods and Nature : Historical Essays on the Encounter Between Christianity ans Science, Berkeley University of California Press, 1986, 27-28.) Les théologiens scolastiques avaient bien davantage foi dans la raison que la plupart des philosophes ne sont prêts à en avoir aujourd'hui. (R. W. Southern, Medieval Humanisme and Other Studies, Harper Torchbooks, New Yord, 1970, 49). (Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 23.)

 

"Les moines augustiniens continuent d'étudier les philosophes grecs, Claudien Mamert en fournit la première preuve. Le latin est la langue occidentale, mais dire que la culture grecque reviendra en Occident avec la 'Renaissance italienne' est un mensonge. [...] Dire que les moines en Occident ignorent la culture grecque est un des mensonges historiques qui sert d'alibi à la Franc-Maçonnerie pour opposer à un imaginaire 'obscurantiste' des monastères la pseudo-'science' de la Renaissance." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 232.)

 

"Autre clerc lumineux, le pape Saint Grégoire le Grand (v. 540-606). [...] On peut dire qu'à leur manière Saint Benoît et Saint Grégoire perpétuent l'union de la raison et du cœur de l'augustinisme. Ils sont fidèles à la tradition de l'Occident chrétien, pour lequel le Vrai, idéal de la raison, est une valeur au même titre que le Beau, idéal du cœur. Le Vrai et le Beau véhiculent le Bien. Un chrétien de la tradition aime la Vérité et la Beauté qui rapprochent de Dieu, redoute le mensonge et la laideur qui sont des attributs du diable, usurpateur du vrai et du beau.

 

"[...] On peut dire qu'à partir du VIe siècle, par l'augustinisme, la Règle bénédictine et la réforme grégorienne, la lumière éclaire les monastère d'Occident, refuges de la culture et des arts en cette période de chaos due aux invasions." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 256-257.)

 

"La lumière de la tradition chrétienne éclaire la Renaissance carolingienne

"Alcuin (735-804) dirige l'École du palais à Aix-la-Chapelle et celle de Tours. Sous son autorité, des écoles sont fondées dans toute l'Europe. [...] Alcuin [...] reste un augustinien. [...] L'École du Palais copie les manuscrits des auteurs latins, qui, par les monastères atteindront les grands classiques français. Alcuin inscrit pour plusieurs siècles la culture de l'Occident dans la catholicité. Les Germains découvrent la culture antique grâce aux chrétiens. Cette culture est christianisée et transmise par les moines aux poètes et littérateurs futurs. La littérature des Temps féodaux est même si riche de culture antique qu'il est mensonger de parler de Renaissance littéraire au XVe siècle.

"[...] La Renaissance carolingienne réussit la réconciliation de l'Orient et de l'Occident dans une admirable synthèse qui s'inscrit dans la suite de l'augustinisme (développement chrétien de Platon, nécessité de la grâce pour le salut, conciliation entre foi et raison, connaissance naturelle de Dieu, négativité du mal). Elle est [...] comme l'augustinisme, un magnifique fruit de la Raison occidentale. [...]  Elle éclaire le passé grec par la Lumière de la tradition chrétienne, l'augustinisme." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, tome2, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. Cimes, 2e éd. revue et augmentée, Paris 2015, p. 97.)

Au Xe siècle, le savant Gerbert d'Aurillac (950-1003), Pape sous le nom de Sylvestre II. "Ses préoccupations sont celles d'un humaniste, il achète à grand prix des livres dans tous les pays", écrit Émile Bréhier, dans La Philosophie au Moyen-Âge (Albin Michel, 1949, p. 79), c'est-à-dire qu'il étudie les humanités anciennes et se préoccupe du sort des humains (il ne peut pas être Humaniste au sens du XVIe siècle, qui substitue l'Homme à Dieu)... En même temps que Gerbert et en relation avec lui, un autre moine savant, Abbon (945-1004) travaille "à la restauration des sciences", précise Béhier (p. 81).

"L'Occident chrétien  va connaître un apogée intellectuel à partir du XIe siècle. (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, tome2, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. Cimes, 2e éd. revue et augmentée, Paris 2015, p. 120-121.)

 

Du début du XIe siècle à la fin du XIIe siècle, la scolastique primitive débute avec la figure d'Anselme de Cantorbéry (1033-1109) et l'école de Chartres. Les œuvres d'Aristote marquées par l'influence de Platon sont copiées par Jacques de Venise († 1147) et traduites du grec au latin par Albert le Grand (1193-1206), maître dominicain de Thomas d'Aquin, qui les introduit dans les universités, en même temps que les traités scientifiques grecs.

 

Saint Thomas d'Aquin formule l'aristotélisme chrétien en appliquant à la théologie les méthodes et les exigences du raisonnement philosophique. L'engagement chrétien en faveur de la raison culmine avec sa Somme théologique, publiée à Paris à la fin du XIIIe siècle. Il avançait que dans la mesure où l'entendement des humains n'est pas suffisant pour percevoir directement l'essence des choses, il leur est nécessaire de cheminer vers la connaissance pas à pas, au moyen de la raison. Il prônait ainsi l'utilisation de la philosophie, particulièrement des principes de la logique, dans une tentative d'élaboration de la théologie. 

Alexandre de Hales (1180-1245) surnommé le "Docteur irréfragable", Robert Grossetête (1175-1253) à Lincoln, un des représentants de la Première Renaissance, et Roger Bacon (1214-1294) à Oxford (Angleterre), surnommés le "Docteur admirable", davantage portés vers l'expérience que vers la spéculation pure, identifient quelques erreurs commises par Aristote à propos des phénomènes naturels, ce qui ne les empêche nullement de reconnaître l'importance de la philosophie d'Aristote. 

La scolastique tardive du XIVe siècle est représentée par la figure de Jean Duns Scot (1266-1308), à Oxford, Paris et Cologne, le "docteur subtil" qui donne une priorité à la volonté (d'où l'étiquette de "volontarisme") devant les autres facultés comme l'intelligence intellectualiste ou la charité.

Les apports du christianisme

 

Imparfaite, mais néanmoins grande, la civilisation de la chrétienté formée par l’Église catholique est une civilisation dont nous pouvons et devons être fiers. Aucune n’a produit autant de fruits dans tous les domaines de la vie.

Les œuvres du Christ ne reculent pas, mais elles progressent.

Saint Bonaventure

‘’(Le christianisme) leva sur le monde, avec l’étendard du Calvaire, le vrai drapeau de la réforme. Il attaqua l’orgueil par l’humilité, il attaqua la cupidité (passion immodérée de la richesse) par la pauvreté, il attaqua le sensualisme par la mortification, il opposa à la concupiscence qui précipitait toutes les décadences la sainteté qui allait susciter tous les Progrès … Et … le monde se trouva replacé sur cette route royale où depuis deux mille ans il remonte avec Jésus-Christ. ... Le christianisme a réformé et fait progresser le monde parce qu'il a attaqué résolument la concupiscence (Concupiscentia carnis, concupiscence de la chair ou sensualisme, péché originel, l'âme qui s'incline sous l'empire du corps, la prépondérance désordonnée de la vie des sens sur la vie de l'esprit) : au contraire, toutes les réformes qui reculent devant elle, réforme religieuse, politique ou sociale, échouent fatalement, et conduisent aux décadences sous le drapeau du Progrès. ... (En effet), ... ce qu'il y a de plus effrayant dans ... ces tendances de notre temps, c'est d'entendre vanter comme élément et principe de Progrès, ce mal profond (le sensualisme) qui dévore le Progrès.’’ (Joseph FELIX, Le Progrès par le christianisme 1857, Conférences de Notre-Dame de Paris, Forgotten Books, p. 87-88; 103; 145.)

 

"Le christianisme irrigue toutes les constructions sociales, il est le modèle d’explication des sociétés, des cultures et du système de pensée occidental dans ses structures conceptuelles. Il se présente comme la constituante essentielle de l’histoire des civilisations et des hommes. Cette assertion, indéniable aujourd’hui et scientifiquement acquise..." (Bénédicte Sère, Histoire générale du christianisme. Volume I : Des origines au xve siècle, dir. Jean-Robert Armogathe, Pascal Montaubin, Michel-Yves Perrin, Revue de l’histoire des religions [En ligne], 1 | 2012, mis en ligne le 04 avril 2012. URL : http://journals.openedition.org/rhr/7840 )

 

Tout ce qui caractérise l'Europe est dû au christianisme

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"Le catholicisme est ... la plus tolérante de toutes les religions, puisque la seule qui ne différencie pas le statut du croyant et du non-croyant.

 

"(...) Sans l'Incarnation de Jésus, ni la reconnaissance d'une destinée personnelle, ni la liberté accordée à tous les hommes égaux devant Dieu, ni la domination rationnelle de l'homme sur la nature ne sont concevables. Berdiaev (1874-1948) a démontré que, par la suite de l'Incarnation christique, toute la part traditionnellement magique de la nature était abolie, ce qui permettait l'étude scientifique de la nature, par démystifcation. Ce n'est pas (...)  le cas du judaïsme (ni de l'islam qui prône et vit une théocratie, la soumission du temporel au spirituel). Le judaïsme  envisage toujours un destin collectif, n'accorde pas le même statut au juif et au goy, et ne s'est pas clairement départi de l'ancienne cosmologie (...), notamment dans son ésotérisme kabbalistique.

 

"Incidences politiques évidentes : la Démocratie est d'origine chrétienne, (...) Comme dans le christianisme pour lequel chaque homme est égal devant Dieu, dans la Démocratie chaque citoyen est égal devant la loi (qu'il ne le soit pas dans les faits n'est pas du domaine religieux). (Alain Pascal, La Trahison des initiés, 3e édition revue et corrigée, éd. Cimes, Paris 2013, p. 221; 229.)

 

Par exemple : "aucune nation, aucune démocratie ne peut écrire sa propre histoire sans reconnaître à la France une dette ou une influence directe." a pu écrire Théodore ZELDIN, dans "Histoire des passions françaises, 1848-1945" (tome 5, Points Histoire, Paris-Mesnil 1981, p. 446.) à propos de la France, Fille aînée de l'Eglise.

 

Le self-government rural ou la "démocratie" et des élections à la pluralité des voix dans chaque village était un usage courant sous l'"Ancien Régime". (Frantz FUNCK-BRENTANO, La Société sous l'Ancien Régime, Flammarion, Lagny 1934, p. 33-35.)

 

"Les rois du vieux temps laissaient se gouverner leurs sujets à l'abri de leur autorité souveraine. [...] Dallington va jusqu'à définir la France sous le gouvernement de ses princes, 'une vaste démocratie'." (Frantz FUNCK-BRENTANO, L'Ancien Régime, Les Grandes études Historiques, Librairie Arthème Fayard, Paris 1926, p. 525-526.)

 

Le parlement local était élu par la population locale. Chaque grande ville élisait ses dirigeants, désignés parfois sous le terme d'échevin. (Pierre GAXOTTE, La Révolution française, Nouvelle édition établie par Jean Tulard, Éditions Complexe, Bruxelles 1988, p. 9-10.) Mais, "dans certaines provinces, les sujets du roi pouvait naître, vivre et mourir sans avoir directement affaire à l’Etat." (Michel ANTOINE, Louis XV, Fayard, 1989).

 

Sous "l'Ancien Régime", "le principe des libertés nationales était posé dans cette maxime fondamentale de l'Etat français : Lex fit consensu populi et constitutione regis. "Consentement de la nation et décret du prince", voilà l'antique formule du pouvoir législatif en France, depuis l'établissement de la monarchie." (Mgr FREPPEL, La Révolution française, Autour du centenaire de 1789, Paris: A. Roger et F. Chernoviz, 1889, p. 33.)

 

"L'enseignement était obligatoire et gratuit. [...] Au cours de son livre L'École sous la Révolution, V. Pierre constate qu'il y avait en 1789 des écoles dans chaque paroisse 'et presque dans chaque hameau'." (Frantz-FUNCK-BRENTANO, La Société sous l'Ancien Régime, Flammarion, Lagny 1934, pp. 50-51.)

La liberté et l'égalité sont des principes monarchiques français qui ont été dévoyés par l'oligarchie républicaine.  

 

"Dans le régime démocratique, [...] (e)n théorie, le nouveau citoyen se voit reconnaître un pouvoir de contribuer à la formation des décisions. [...] Mais en réalité, il a moins de prise sur la décision qu'il n'en a jamais eu (Voir Patrice Gueniffey, Le Nombre et la raison, La Révolution française et les élections, éd. de l'EHESS, Paris 1993, p. 208-213). En effet, la participation démocratique [...], constitue une double fiction dont l'effet est de transférer le pouvoir théoriquement possédé par les individus à une oligarchie composée de professionnels de la politique. Cette oligarchie trie les problèmes et définit les termes dans lesquels ils peuvent être résolus, médiation indispensable pour transmuer la poussière des volontés individuelles en 'volonté collective'." (Patrice Gueniffey, La Politique de la Terreur, Essai sur la violence révolutionnaireFayard 2000, réed. Tel Gallimard, Mesnil-sur-l'Estrée 2003, p. 206-210.)

 

"L'État de nos jours est plus directif que sous l'Ancien Régime. [...] La plus libérale des démocraties actuelles est bien plus absolue que la monarchie dite 'absolue'... En effet, l’autorité étatique y est beaucoup plus à même d’imposer sa volonté." (Jean-Louis Harouel, L’esprit des institutions d’Ancien Régime, Le miracle capétien, Perrin, 1987).

 

"Les théoriciens chrétiens proposaient depuis longtemps des théories sur la nature de l'égalité et sur les droits de l'individu. Le travail ultérieur de théoriciens politiques 'laïques' tels que John Locke a été explicitement fondé sur des axiomes égalitaires posés par les penseurs religieux." (Jeremy Waldron, God, Locke, and Equality, Cambridge University Press, 2002, cité in Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 11). 

 

"Beaucoup expriment également de l'admiration pour les œuvres de John Locke au XVIIe siècle comme étant une source majeure de la théorie démocratique moderne, apparemment sans se rendre compte le moins du monde que Locke fonda explicitement toute sa thèse sur les doctrines chrétiennes concernant l'égalité morale." (Jeremy Waldron, ibid.cité in Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, ibid., p. 119.)

 

Ainsi, ‘’le christianisme n'est pas seulement une foi, c'est une foi qui a baptisé une civilisation : celle de la dignité des hommes, de la liberté, de la responsabilité, de l'égalité. Détruisez le christianisme et vous aurez détruit cette civilisation. Reléguez la foi chrétienne au rôle d'un récit et vous aurez perdu notre fondement. Et notre identité aussi : car si les autres vous frappent parce que vous êtes juif et chrétien et que vous ne donnez aucun poids à cet être, alors les autres sont quelqu'un et vous n'êtes personne, n'ayant rien à défendre. C'est la leçon, très personnelle, que j'ai tirée de la tragédie du 11 septembre et que j'ai renforcée lors de mes rencontres avec Ratzinger. Il avait de la lucidité et du courage,’’ a pu ainsi expliqué le sénateur libéral italien, philosophe et universitaire, Marcello Pera, qui a rencontré à plusieurs reprises Benoît XVI après avoir lu le livre de Joseph Ratzinger, "Foi, Vérité, Tolérance".

 

Rappelons les progrès scientifiques et moraux dus au christianisme. Le christianisme est directement responsable des percées intellectuelles, politiques, scientifiques et économiques les plus significatives du dernier millénaire; la théologie chrétienne en est la source même. "Les autres grandes religions ont mis l'accent sur le mystère, l'obéissance, l'introspection ou la répétition. Seul le christianisme s'est ouvert à la logique et à la pensée déductive comme moyens d'accès aux lumières, à la liberté et au progrès. Au Ve siècle déjà, saint Augustin célébrait le progrès théologique et "l'invention exubérante". Les valeurs qui nous sont les plus chères aujourd'hui - le progrès scientifique, le règne de la démocratie, la liberté des échanges et de la circulation des hommes et des idées - doivent largement leur universalité au christianisme vu comme une tradition grandiose dont nous sommes tous les héritiers", écrit Rodney STARK dans son ouvrage "Le triomphe de la raison : pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, traduction de Gérard Hocmard, Paris, Presses de la Renaissance, 2007.) 

 

"Non seulement la science et la religion étaient compatibles, mais elles étaient inséparables : l'essor de la science a été le fait de penseurs chrétiens profondément religieux. (Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 30.) 

 

Ceux qui participèrent aux grands progrès des XVI et XVIIe siècles, Newton, Kepler, et Galilée ont perçu leurs travaux comme étant 'au service' de la théologie. Ils considéraient la Création elle-même comme un livre qu'il fallait lire et comprendre. (David Lyle Jeffrey, By Things Seen : Reference and Recognition in Medieval Tought, Ottawa Université of Ottawa Press, 1979, 14). René Descartes justifiait sa recherche des 'lois' naturelles par le fait que de telles lois doivent nécessairement exister puisque Dieu est parfait et qu''il agit de manière aussi constante et immuable que possible', à la rare exception des miracles. (Œuvres, Livre VIII, ch. 61.)

 

Au VIIe siècle, les sacrifices humains en Europe étaient encore pratiqués dans certaines régions païennes comme la Frise où les enfants étaient "noyés dans la mer par la marée montante afin d'apaiser la colère des dieux" (Geneviève BÜHRER-THIERRY, Charles MERIAUX, La France avant la France 471-888, Histoire de France, Sous la direction de Joël Cornette, Folio Histoire, 2019, p. 276); en Suède où les habitants de l'île de Gotland sacrifiaient leurs enfants, en Norvège où on jetait les enfants sur des lances, en Islande où des êtres humains étaient jetés dans des fosses sacrificielles (blotgrafar, des puits à offrandes); en Suède encore à Uppsala où tous les neuf ans, des hommes étaient sacrifiés pendus dans un bois près du temple, ou noyés dans une source (Stéphane COVIAUX, La fin du Monde Viking, Passés Composés, Paris 2019, p. 158); au Danemark au Xe siècle, où l'archéologie témoigne de l'existence de sites dédiés aux sacrifices rituels, y compris humains, à Tisso, près de la grande halle, ou à Trelleborg. 

Ces sacrifices humains réalisés dans l'espoir de se concilier les dieux Odin, Thor et Freya, parce que leur sang avait davantage de prix, avaient disparu au XIIIe siècle dans la "Chrétienté", et au XVIe siècle dans le monde, en Amérique latine. "Ils ne cesseront définitivement qu'une fois le christianisme bien implanté." (Jean RENAUD, Les vikings, vérités et légendes, Perrin, 2019, p. 294-302.)

 

L'infanticide et l'exposition des enfants. L'anthropologue Laila Williamson note que "l'infanticide a été pratiqué sur tous les continents et par des gens de tous niveaux de complexité culturelle, des chasseurs-cueilleurs aux grandes civilisations, y compris nos propres ancêtres. Plutôt que d'être une exception, il a donc été la règle. (Laila Williamson, Infanticide: an anthropological analysis, in Kohl, Marvin (ed.). Infanticide and the Value of Life, NY: Prometheus Books, 1978, pp. 61–75.)

Une méthode d'infanticide fréquente dans l'Europe et l'Asie anciennes consistait simplement à abandonner le nourrisson , le laissant mourir par exposition (c'est-à-dire par Hypothermie, faim, soif ou attaque animale). [John Eastburn Boswell, "Exposition et oblation: l'abandon des enfants et la famille antique et médiévale". Revue historique américaine, 1984.]

Les Grecs historiques considéraient la pratique du sacrifice des adultes et des enfants comme barbare [26], cependant, l'exposition des nouveau-nés était largement pratiquée dans la Grèce antique , elle était même préconisée par Aristote dans le cas de la déformation congénitale - "Quant à l'exposition des enfants, qu'il y ait une loi interdisant à un enfant déformé de vivre. » [PM Dunn, "Aristotle (384–322 bc): philosopher and scientist of ancient Greece, 2006] En Grèce, la décision d'exposer un enfant appartenait généralement au père, bien qu'à Sparte, la décision ait été prise par un groupe d'anciens.

Cette pratique était également répandue dans la Rome antique. Selon la mythologie, Romulus et Remus , deux fils jumeaux du dieu de la guerre Mars, ont survécu au quasi-infanticide après avoir été jetés dans le Tibre. Selon le mythe, ils ont été élevés par des loups et ont ensuite fondé la ville de Rome.

Philon a été le premier philosophe à se prononcer contre. [The Special Laws. Cambridge: Harvard University Press. III, XX.117, Volume VII, pp. 118, 551, 549.] Une lettre d'un citoyen romain à sa sœur ou à une femme enceinte de son mari [Greg Woolf (2007). Ancient civilizations: the illustrated guide to belief, mythology, and art. Barnes & Noble. p. 386.], datant du 1er av. J.-C., montre la nature décontractée avec laquelle l'infanticide était souvent considéré.

Dans certaines périodes de l'histoire romaine, il était traditionnel qu'un nouveau-né soit amené au pater familias , le patriarche de la famille, qui déciderait alors si l'enfant devait être gardé et élevé, ou laissé mourir par exposition. [John Crossan, The Essential Jesus: Original Sayings and Earliest Images, p. 151, Castle, 1994, 1998] Les Douze Tables de droit romain l'ont obligé à mettre à mort un enfant visiblement déformé. Les pratiques concurrentes d' esclavage et d'infanticide ont contribué au «bruit de fond» des crises de la République.

L'infanticide est devenu une infraction capitale en droit romain en 374 après JC , mais les contrevenants étaient rarement, sinon jamais, poursuivis. [Samuel X. Radbill, 1974, "A history of child abuse and infanticide", in Steinmetz, Suzanne K. and Murray A. Straus (ed.). Violence in the Family. NY: Dodd, Mead & Co, pp. 173–179.]

La première maison d'enfant trouvé en Europe a été établie à Milan en 787 en raison du nombre élevé d'infanticides et de naissances hors mariage. L' hôpital du Saint-Esprit à Rome a été fondé par le pape Innocent III parce que les femmes jetaient leurs enfants dans le Tibre. [Richard Trexler, (1973). "Infanticide in Florence: new sources and first results". History of Childhood Quarterly. 1: 99.]

Contrairement à d'autres régions européennes, au Moyen Âge, la mère allemande avait le droit d'exposer le nouveau-né. [C.W. Westrup (1944). Introduction to Roman Law. London: Oxford University Press. p. 249.]

Au Haut Moyen Âge, l'abandon d'enfants non désirés a finalement éclipsé l'infanticide. Les enfants non désirés étaient laissés à la porte de l'église ou de l'abbaye, et le clergé était supposé prendre soin de leur éducation. Cette pratique a donné naissance aux premiers orphelinats. (Josiah Cox Russell, 1958, Late Ancient and Medieval Population, pp. 13-17.]

Le judaïsme interdisait l'infanticide. Tacite a enregistré que les Juifs "considèrent comme un crime de tuer tout enfant né tard". [Tacitus (1931). The Histories. London: William Heinemann. Volume II, 183.] Josephus , dont les travaux donnent un aperçu important du judaïsme du 1er siècle, a écrit que Dieu "interdit aux femmes de provoquer l'avortement de ce qui est engendré, ou de le détruire par la suite". [Josephus (1976). The Works of Flavius Josephus, "Against Apion". Cambridge: Harvard University Press. pp. II.25, p. 597.]

Dans les tribus païennes germaniques, John Boswell écrit que les enfants indésirables étaient exposés, généralement dans la forêt. "C'était la coutume des païens [teutoniques], que s'ils voulaient tuer un fils ou une fille, ils seraient tués avant d'avoir reçu de la nourriture." [Boswell, John (1988). The Kindness of Strangers. NY: Vintage Books.] Habituellement, les enfants nés hors mariage étaient disposés de cette façon.

Dans son Temps préhistoriques très influent, John Lubbock a décrit des os brûlés indiquant la pratique du sacrifice d'enfants dans la Grande-Bretagne païenne. [John Lubbock (1865). Pre-historic Times, as Illustrated by Ancient Remains, and the Manners and Customs of Modern Savages. London: Williams and Norgate. p. 176.]

Le dernier canto, Marjatan poika (Fils de Marjatta) de l'épopée nationale finlandaise Kalevala décrit un infanticide supposé. Väinämöinen ordonne que l'enfant bâtard de Marjatta se noie dans le marais.

Le Íslendingabók , une source principale pour la première histoire de l'Islande , raconte que lors de la conversion de l'Islande au christianisme en 1000, il a été prévu - afin de rendre la transition plus agréable pour les païens - que "les anciennes lois autorisant l'exposition des nouveau-nés resterait en vigueur". Cependant, cette disposition - comme d'autres concessions faites à l'époque aux païens - fut abolie quelques années plus tard.

Ce sont les principes chrétiens sur lesquels la civilisation occidentale a été fondée qui ont d'abord interdit, puis empêché pendant si longtemps et pendant tant de siècles le meurtre d'enfants. 

 

"Le christianisme a libéré les femmes." (Jacques Le Goff).

 

"Le christianisme est la religion qui valorise le plus le féminin, car la femme [...] y est l'égale de l'homme pour le salut. Il n'y a plus 'ni homme, ni femme', écrit Saint Paul (Ga 3,28).

 

"Par rapport au passé, le christianisme offre [...] une nouvelle dignité à la femme par un mariage qui met fin à la polygamie orientale et lui accorde le droit à l'amour. La femme n'est plus un objet de plaisir." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, tome 2, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. Cimes, 2e éd. revue et augmentée, Paris 2015, p. 213.)

 

De même, le consentement dans le mariage est une révolution introduite avec l'institution du mariage chrétien qui revenait sur la pratique du mariage forcé hérité du droit romain où la femme romaine est une mineure, sous la coupe du pater familias, père de famille, puis du mari. Voici quelques lignes de Jacques Le Goff sur ce sujet :

 

À l'instar des nombreuses saintes qui furent persécuter et martyres pour avoir exercé leur liberté de consentement, comme sainte Thècle au Ier siècle, sainte Agathe au IIIe siècle, ou encore sainte Agnès au début du IVe siècle, "voyez [...] la réflexion qu'a menée l'Église sur [...] le mariage, afin d'aboutir à cette institution typiquement chrétienne formalisée par le IVe siècle concile de Latran en 1215, [...] un acte qui ne peut avoir lieu qu'avec l'accord plein et entier des deux adultes concernés (consentement). [...] Le mariage est impossible sans l'accord [...] de l'épouse : la femme ne peut pas être mariée contre son gré, elle doit avoir dit oui. (Michel SOT, La Genèse du mariage chrétien, L'Histoire n°63, pp. 60-65).

 

"[...] C'est une de mes idées favorites, confortée par le progrès des études historiques : le Moyen-Âge, [...] a été aussi et surtout un moment décisif dans la modernisation de l'Occident." (Jacques LE GOFF, L'histoire n° 245, cité dans La Véritable Histoire des Femmes, De l'Antiquité à nos Jours, Présenté par Yannick RIPA, L'Histoire, Nouveau Monde Éditions, Paris 2019, pp. 67-82.)

 

"À l'ère moderne, les découvertes scientifiques, l'essor du commerce [...] auraient achevé d'installer en Occident un mouvement de liberté et de progrès, à opposer à la stagnation des autres mondes, islamique, chinois, indien." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 15.)

 

Le christianisme a permis le "décollage européen" au "Moyen-Âge", le progrès économique, le progrès scientifique, technologique et matériel, et le progrès moral, dans la mesure où la papauté a travaillé à l'autonomie des pouvoirs temporel et spirituel ("réforme grégorienne" au XIe siècle), ce qui n'existe dans aucune autre ère de civilisation. (CfJean-Louis HAROUEL, Le Vrai génie du christianisme, Laïcité, Liberté, Développement, éditions Jean-Cyrille Godefroy, Clamecy 2012 ; Rodney STARK, Faux témoignages, Pour en finir avec les préjugés anticatholiques, Salvator, Paris 2019.)

 

"L'une des incantations républicaines consiste à faire croire que la République a apporté l'égalité entre les citoyens. ... [J]e ne suis pas certain que les inégalités aient été plus criantes sous Louis XVI que sous notre république. Précisément parce que l'institution de la noblesse, cet ordre prestigieux auquel toute famille désireuse de se hisser dans la société rêvait d'accéder, empêchait par là même qu'elles continuent à s'enrichir interminablement (il était interdit à la noblesse de s'enrichir; l'honneur interdisait à la noblesse de sortir du rôle qui lui était dévolu, la noblesse pouvait se perdre par déchéance à la suite d'une condamnation infamante, ou par dérogeance, lorsqu'un noble était convaincu d'avoir exercé un métier roturier ou un trafic quelconque). Un Bill Gates était inimaginable à l'époque, ces fortunes qui dépassent la richesse de nombreuses nations n'existaient pas. [...] Rien de plus politique que d'arrêter, par un moyen aussi puissant que volontaire, par le motif de l'honneur, l'accroissement immodéré des richesses dans les mêmes mains. Ainsi l'institution de la noblesse empêchait-elle la constitution de fortunes insensées, aberrantes, outrancières, et ce n'est pas le moindre paradoxe que de voir dans l'ancienne monarchie un monde mieux armé pour prévenir ces aberrations. [...] Malgré l'évidence..., on continue de nous représenter la société sous l'Ancien Régime comme monde inégalitaire. Il l'était, sans aucun doute. Comme toute société. Il n'existe pas de société égalitaire. La société communiste, qui s'est imposée au prix d'une terreur jamais vue dans l'histoire, n'a pas réussi le pari de l'égalité, au contraire: elle a connu un éventail des revenus plus large que nos sociétés d'Europe occidentale. Il est d'ailleurs amusant de constater que la gauche, et plus généralement la république, aggrave, toujours les inégalités plutôt qu'elles ne les réduit. Par exemple, sous le septennat de Valery Giscard d'Estaing, l'éventail des revenus était moins large que sous son successeur François Mittérand. ... Aujourd'hui, ... [l]a moitié du patrimoine national (50%) est détenue par 10% des ménages. Et 40% des Français n'ont aucun patrimoine. 40% des Français sans patrimoine: ce chiffre était le même en 1800, au lendemain de la Révolution." (Yves-Marie ADELINE, Le Royalisme en question (1792-2002), Perspectives pour le XXIe siècle, Préface de Vladimir Volkoff, Postface de Jean Raspail, L'Âge d'Homme - Editions de Paris, Libres Mobiles, 2e édition corrigée, Paris 2002, p. 96-97). 

Au Ve siècle, avec nos premiers rois de France, la tradition royale était, sur les conseils de saint Rémi, qui baptisa Clovis, de soulager les habitants du pays, de réconforter les affligés, de veiller sur les veuves, de nourrir les orphelins (M.C. ISAÏA, Rémi de Reims, Mémoire d'un saint, histoire d'une église, Cerf, Paris 2010, p. 777), et pour ceux que la Providence avait particulièrement dotés de donner le plus largement possible aux pauvres. À l'instar de l'amour du prochain, la charité publique, commandée par la foi, et librement consentie, n'était pas (encore...) imposée par l'État. "Protège les Pauvres, ils te protégeront", tel était l'enseignement de Philippe Auguste à Saint-Louis.

 

La charité publique. C'est surtout sous la direction des évêques, protecteurs des faibles et des malheureux, que se développa le mouvement charitable; ils créèrent les Hôtels-Dieu que l'on retrouve à l'ombre de toutes les cathédrales. Dans la plupart des pays d'Europe, les maladreries étaient sous la juridiction directe des évêques. La dîme servait à alimenter la charité paroissiale, pendant plus de 1200 ans, le budget de l'Église fut en même temps celui de l'assistance et de la charité publiques. (Jean GUIRAUD, Histoire partiale histoire vraie, tome III, L'Ancien Régime, 5° édition, Gabriel Beauchesne & Cie Editeurs, Paris 1914, p. 210.)  

 

"Les principes consolants et la morale bienfaisante du christianisme, ses doctrines démocratiques et libérales, devaient concilier aux prêtres qui les enseignaient le respect et l’amour des peuples ; l’organisation de l’Église, sa hiérarchie, sa discipline, la tenue de ses conciles généraux et particuliers, la richesse de ses revenus et de ses aumônes, lui assuraient un ascendant considérable dans la société." Ainsi s’exprime l’historien Benjamin GUÉRARD, dans sa préface du Cartulaire de l’église Notre-Dame de Paris, publié en 1850. Guérard était loin d’être un "clérical" ; mais ses recherches et sa science approfondie du Moyen Age, étudié par lui aux sources, l’ont amené à tracer du rôle de l’Église dans la civilisation française et dans la conquête des droits et des libertés des citoyens un tableau d’une grande largeur de vues d’un grand intérêt. Le clergé n’eut une si grande influence sur les masses comme sur les individus que parce qu’il se montra d’abord et resta populaire dans la meilleure et la plus sympathique acception de ce mot, tant profané depuis, écrit Charles BARTHÉLEMY dans Erreurs et mensonges historiques ; c’est dans l’Église et par les actes du clergé, non moins que par sa voix, que furent promulgués et mis en pratique les grands principes de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.

 

Croix et Calvaire du Cher

L’asile, d’après la loi de l’empereur Théodose le Jeune (23 mars 431), comprenait non seulement l’intérieur du temple, mais encore toute l’enceinte du lieu sacré, dans laquelle étaient situés les maisons, les galeries, les bains, les jardins et les cours qui en dépendaient.

 

Le droit d’asile dans les églises fut confirmé par les rois des Francs et par les conciles.

 

Ceux qui se réfugiaient dans les asiles étaient placés sous la protection de l’évêque, devenu pour ainsi dire responsable des violences qui leur seraient faites. Les voleurs, les adultères, les homicides même n’en pouvaient être extraits, et ne devaient être remis aux personnes qui les poursuivaient qu’après que celles-ci avaient juré sur l’Évangile qu’elles ne leur feraient subir ni la mort, ni aucune mutilation. L’esclave réfugié n’était rendu à son maître qu’autant que celui-ci faisait serment de lui pardonner.

 

Les revenus ecclésiastiques étaient divisés en quatre parts. La première seule appartenait à l’évêque, la seconde était pour son clergé, la troisième pour les pauvres de l’Église, et la quatrième pour l’entretien des édifices consacrés au culte.

 

"Partout la part du pauvre était réservée dans les revenus ecclésiastiques, et lorsqu’elle ne suffisait pas, elle devait être accrue des autres fonds dont le clergé avait la disposition. Nourrir tous les indigents et secourir tous les malheureux, telle était la mission de l’Église, qui, pour la remplir, dut quelquefois se dépouiller de ses biens et mettre en gage jusqu’aux objets les plus précieux du culte", explique Guérard. Une des plus belles œuvres, à cette époque ; une des plus méritoires et qui atteste le mieux de sa charité, c’est celle du rachat des captifs. Les sommes que le clergé y consacrait, d’après l’injonction expresse des conciles, étaient souvent très considérables ; il lui était même permis, pour satisfaire à cette obligation, de mettre en gage jusqu’aux vases sacrés des églises.

Aussi, dans ces siècles de fer, où les populations étaient emmenées captives comme des troupeaux à la suite des armées et partagées comme un butin entre les soldats, on voit les évêques épuiser leurs trésors pour les délivrer des liens de l’esclavage.

Saint Épiphane, évêque de Pavie, délivre, en 494, dans les Gaules, par ses instances auprès du roi Gondebaud ou à prix d’argent, plus de six mille Italiens que les Bourguignons retenaient en captivité.

Le prêtre saint Eptade, originaire d’Autun, rachète plusieurs milliers d’Italiens et de Gaulois emmenés pareillement en esclavage par les Bourguignons, et ensuite une foule de captifs que les Francs de l’armée de Clovis avaient faits dans leur guerre contre les Visigoths.

En 510, saint Césaire, évêque d’Arles, distribue des vêtements et des vivres à une immense multitude de prisonniers francs et gaulois tombés au pouvoir des Goths, et les rachète ensuite avec le trésor de son église, que son prédécesseur Éonius avait amassé. Puis, ayant reçu de Théodoric, roi des Ostrogoths, trois cents sous d’or avec un plat d’argent du poids d’environ soixante livres, il vend le plat, achète la liberté des captifs dispersés dans l’Italie, et leur procure des chevaux ou des chars pour les ramener dans leurs foyers.

Dans le siècle suivant, saint Éloi rachetait les prisonniers saxons et les affranchissait devant le roi.

 

La fin de l'esclavage. Lors de la chute de Rome (476), l'esclavage était répandu partout en Europe; à la "Renaissance", il avait disparu partout en Europe. Le règne du Christ, le premier, a permis l'abolition de l'esclavage, bien avant que les États modernes ne portent de nouvelles législations d'abolition.

 

Benjamin Guérard nous révèle encore que "[...] l’Église, [...] en prenant à sa charge et pour ainsi dire chez elle les veuves, les orphelins et généralement tous les malheureux, ne pouvait manquer de les avoir dans sa dépendance ; mais ce qui devait surtout lui gagner le cœur de ses nombreux sujets, c’est qu’au lieu d’être humiliée ou embarrassée de leur cortège, elle s’en faisait honneur et proclamait que les pauvres étaient ses trésors. D'où l'expression médiévale "Nos Seigneurs les pauvres".

 

"Elle (l’Église) couvrait aussi de sa protection les affranchis, et frappait d’excommunication le seigneur et le magistrat qui opprimaient l’homme faible ou sans défense. Lorsque des veuves ou des orphelins étaient appelés en justice, l’évêque ou son délégué les assistait à la cour du comte et empêchait qu’on ne leur fît aucun tort. L’archidiacre ou le prévôt des églises devait visiter tous les dimanches les prisonniers et subvenir à leurs besoins avec le trésor de la maison épiscopale. Aux trois grandes fêtes de l’année, savoir : à Noël, à Pâques et à la Pentecôte, les évêques faisaient ouvrir les prisons aux malheureux qu’elles renfermaient.

 

"Ne perdons pas de vue que les institutions qui, dans les temps modernes, et principalement de nos jours, ont agité les peuples, les touchaient alors fort médiocrement et leur étaient non seulement indifférentes, mais encore incommodes, onéreuses, antipathiques. On préférait de beaucoup l’assemblée des fidèles à celle des scabins (échevins, magistrats) ou des hommes d’armes ; on fuyait les plaids et les champs de mars ou de mai pour accourir aux temples ; on était bien plus puni d’être privé dans l’église de son rang, de la participation aux offrandes, aux eulogies, à la communion, que du droit de porter les armes et de juger ; en un mot, on tenait bien plus à l’exercice de ses droits religieux qu’à celui de ses droits politiques, parce que l’État religieux était bien supérieur à l’état politique, et que, hors de l’Église, tous les devoirs et tous les droits de l’homme étaient à peu près méconnus", écrit l’historien Guérard.

 

Reprenant en 1877 ces propos de Guérard, Charles Barthélemy estime : "[...] où M. Guérard nous semble avoir le mieux compris et proclamé le grand rôle de l’Église dans la revendication des droits de l’homme, c’est dans cette page que lui a été dictée le spectacle des utopies dangereuses de 1848 :

 

"Ce qu’aucun gouvernement ne ferait aujourd’hui qu’en courant le risque de bouleverser la société, l’Église le faisait tous les jours dans le Moyen Age, sans la compromettre, et même en la rendant plus tranquille et plus stable. Quelle monarchie, quelle république pourrait, par exemple, proclamer impunément ce dangereux droit au travail qui paraît menacer notre civilisation ? Eh bien, l’Église osait plus encore. Des deux grandes classes dans lesquelles la population fut de tout temps divisée, savoir, les riches et les pauvres, l’Église ne craignait pas de se charger de la dernière. Elle mettait dans son lot tous ceux qui n’avaient rien, et s’inquiétant peu pour elle de leur nombre ni de leur exigence, elle leur disait que ses biens étaient à eux ; elle les installait chez elle ; elle s’obligeait à les nourrir et réglait leur part, sans craindre qu’ils n’en fussent bientôt plus contents et qu’ils ne voulussent à la fin tout avoir. Effectivement, malgré le danger de tels principes, le clergé sut rester riche au milieu de ces misérables et faire respecter par eux ses richesses et son autorité... Ce qui favorisait le plus le respect de l’Église, ce qui constituait véritablement sa force, c’était la foi de ses peuples ; et cet article de sa constitution : Beati qui lugent [Heureux ceux qui pleurent], ne les consolait pas moins que sa charité."

 

De son côté, l’historien et géographe Théophile-Sébastien LAVALLÉE (1804-1867) écrit dans son Histoire des Français : "La monarchie de l’Église fut le commencement de la liberté ; elle n’avait rien d’étroit et de personnel ; elle fut le plus beau triomphe de l’intelligence sur la matière, et eut la plus grande influence sur la révolution plébéienne qui enfanta les communes et les républiques du Moyen Age."

 

Puis (Barthélemy ) de citer un autre souverain, le roi saint Louis prodiguant quelques recommandations à son fils appelé à régner : "Cher fils, s’il advient que tu viennes à régner, pourvois que tu sois juste ; et si quelque querelle, mue entre riche et pauvre, vient devant toi, soutiens plus le pauvre que le riche, et quand tu entendras la vérité, ce fais-leur droit. Surtout, garde les bonnes villes et les coutumes de ton royaume dans l’état et la franchise où tes devanciers les ont gardées, et tiens-les en faveur et amour. »

 

Charles Barthélemy, regrettant d’avoir dû brossé trop rapidement un tableau des 'droits de l’homme au Moyen Age' (dans Erreurs et mensonges historiques, tome 8) conclut en citant le "publiciste et peu clérical" mais éminent historien, journaliste et homme politique Louis Blanc, député sous la IIIe République, s’exprimant ainsi au sujet des corporations d’ouvriers au Moyen Age : "La fraternité fut l’origine des communautés de marchands et d’artisans. Une passion qui n’est plus aujourd'hui dans les mœurs et dans les choses publiques rapprochait alors les conditions et les hommes : c’est la charité. L’Église était le centre de tout ; et quand la cloche de Notre-Dame sonnait l’Angelus, les métiers cessaient de battre. Le législateur chrétien avait défendu aux taverniers de jamais hausser le prix des gros vins, comme une boisson du menu peuple ; et les marchands n’avaient qu’après tous les autres habitants la permission d’acheter des vivres sur le marché, afin que le pauvre pût avoir sa part à meilleur prix. C’est ainsi que l’esprit de charité avait pénétré au fond de cette société naïve qui voyait saint Louis venir s’asseoir à côté d’Etienne Boileau, quand le prévôt des marchands rendait la justice." (Source: Droits de l’homme au Moyen Age, ou de l’action sociale du clergé. France pittoresque)

Aujourd'hui, selon un article du Figaro du 21/01/2014, "près de la moitié des richesses mondiales est détenue par 1% de la population". En 1789, la liberté & l'égalité ont été proclamées ensemble. "La démocratie fondée sur la conviction que le corps politique est le produit des volontés de chacun, et portant jusqu'à l'incandescence l'idée d'une création de l'homme par lui-même, est vouée à étendre sans cesse les droits des individus. Elle contraint les hommes à vivre dans un monde d'individus inégaux, alors même qu'elle a posé en principe leur égalité. Elle se condamne donc à rendre sans cesse moins tolérable l'écart entre les promesses [...], les espérances qu'elle suscite et les accomplissements qu'elle offre." (Préface de Mona OZOUF dans François Furet, La Révolution française, Quarto Gallimard, Malesherbes 2007, p. XXI.) Dans ce système, dit de "progrès", l'égalité des uns présuppose l'inégalité économique et sociale des autres; la charité publique et l'amour du prochain sont imposés par l'État. Une belle réussite du marché, mais une impasse totale pour les principes de 1789.

 

Le dualisme créé par la papauté depuis le Ve siècle (lettre de 494 de Gélase Ier à l'empereur Anastase) et amélioré par Grégoire VII (réforme grégorienne) ne sera fondamentalement remis en question que treize siècles plus tard, sous les "Lumières" et le "despotisme éclairé" de souverains comme l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche (1740-1780) et l'empereur Joseph II (1741-1790) - "joséphisme" - où les évêques seront désormais nommés sans contrôle du pape, la carte des diocèses et des paroisses modifiée par décret, les séminaristes placés sous tutelle de l'État (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je, 4e édition, Paris 2018, p. 85), et par les révolutionnaires français qui imposeront la "constitution civile du clergé" du 12 juillet 1790 sans aucune concertation avec la papauté. "Les religieux deviendront des fonctionnaires de l'État" et "les évêques seront consacrés sans intervention du pape." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 337-338.) La "nation" déclarée souveraine s'arroge le droit d'intervenir seule dans l'organisation du culte. 

 

En 1905, la loi dite de "séparation de l'Église et de l'État", mise en oeuvre par l'obédience maçonnique du "Grand Orient" dit "de France", consacrera non le règne de la laïcité, mais le règne de César en réactualisant le monisme antique de confusion des deux pouvoirs, le temporel (républicain) et le religieux (franc-maçonnique). Et bien vite après César, le règne du marché... 

"Après sa naissance en Angleterre en 1717, la franc-maçonnerie a essaimé très rapidement, dans les trente ou quarante années, dans toute l'Europe; en France, on trouve une première Loge anglo-saxonne 'Amitié et Fraternité' à Dunkerque. La première 'Grande Loge française' est créée en 1738." (Serge ABAD-GALLARDO, conférence L'incompatibilité d'être franc-maçon et catholique, du 18 septembre 2018.) 

Les pouvoirs laïcs ont leur autonomie, de la même manière que le corps a son autonomie par rapport à l'âme; mais c'est quand même l'âme qui doit fournir ses règles de comportement au corps et le contrôler. En ce sens, le règne du Christ ne propose pas une théocratie : ni le pape ni l'Église ne prétend se substituer aux pouvoirs laïcs.

À ce titre, après un siècle de laïcisme où un même personnel politique temporel et spirituel dicte la loi d'une manière opaque, une nouvelle loi de séparation de la franc-maçonnerie et de l'État est urgente, pour consacrer une "saine et légitime laïcité" telle que définie par Pie XII (le terme a été expliqué par Jean-Paul II, dans Mémoire et identité, Le testament politique et spirituel du pape, Flammarion, Mayenne 2005, p. 145-146.)

Et le signe de la Croix, lui-même, pourrait (re)devenir ce symbole du salut qu'il a toujours été partout et à toutes les époques, le symbole même d'une histoire et d'une laïcité sainement comprises !

 

La nouveauté du Concile Vatican II en question :

 

Thomas Tanase, dans son Histoire de la papauté, écrit :

Paradoxalement au XXe siècle, c'est la papauté elle-même qui reviendra sur mille ans de maturité de la réforme grégorienne, avec "un concile très occidental, dont le tempo sera donné par un épiscopat nord-européen, pour ne pas dire carolingien", [...] qui "voit arriver à maturité [...] la nouvelle théologie très critique envers l'incapacité du monde curial romain à se rendre compte des défis posés par l'areligiosité du monde contemporain".

Ce concile "adopte le 21 novembre 1964 la constitution Lumen gentium, qui pose les principes fondamentaux de ce que sera l'enseignement du concile."

Après la Révolution française, face à des institutions qui avaient découronné le Christ, l'Église avait cherché à conserver une légitime autonomie, particulièrement sous les pontificats de Léon XII (1823-1829), Pie VIII (1829-1830), Grégoire XVI (1831-1846) et Pie IX (1846-1878). Mais à  partir du pontificat de Léon XIII (1878-1903), elle a commencé à demander aux catholiques de s'engager dans les institutions modernes et à voter pour peser de tout leur poids dans les institutions afin de faire modifier les lois de laïcisation (encyclique Au milieu des sollicitudes, 1892, doctrine qualifiée à l'époque de "ralliement" à la république.) 

Le concile Vatican II, cherchant à s'ouvrir au monde, consacre l'engagement des laïcs dans la vie politique et les institutions modernes. Mais l'engagement des laïcs doit, aussi, se réaliser dans la vie de l'Église elle-même, "[c]omme tous ses fidèles ont été régénérés par le Saint-Esprit, ils sont tous appelés à un 'sacerdoce commun'

"En d'autres termes, écrit Thomas Tanase, cette constitution [Lumen gentium] cherche à revenir sur la séparation entre clercs et laïcs progressivement montée en puissance depuis la réforme grégorienne, pour affirmer au contraire la participation de tous dans un rapport d'égalité à la vie de l'Église.[LG tend à confondre la fonction sacerdotale du prêtre avec le ''sacerdoce commun'' des laïcs (LG 10) ''participants à leur manière de la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ'' (LG 31), dans un rapport d'égalité à la vie de l'Église (LG 34). La Constitution Sacrosanctum Concilium 14 déclare également : ''La Mère Église désire beaucoup que tous les fidèles soient amenés à cette participation pleine, consciente et active aux célébrations liturgiques, qui est demandée par la nature de la liturgie elle-même et qui, en vertu de son baptême, est un droit et un devoir pour le peuple chrétien, 'race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple racheté'". 

En conséquence, n'importe quel laïc aux idées subversives sur les sujets moraux comme la famille, le mariage, le divorce, la contraception, l'avortement, et d'autres sujets, peut entrer dans une paroisse et la démolir de l'intérieur, à la demande même de l'Église.

"L’égalité de conditions entre clercs et fidèles, ne s’avère-t-elle pas piégée ? demande Marguerite Champeaux-Rousselot qui fait remarquer que dans les évangiles, ''Jésus ne s’est pas présenté comme prêtre, n’a pas cherché à former des prêtres ni des prêtresses ni à nommer prêtres ou prêtresses ses disciples rapprochés. (…) L’Évangile appelle chacun et chacune à être toujours plus fils et fille de leur Père, Dieu. C’est un… titre !' Ce titre fait de chaque baptisé le frère de tous les autres, il permet l’exercice de fonctions différentes sans en sacer-dotaliser (sacraliser) aucune.''] 

 

"[...] La constitution Gaudium et spes, qui définit la place de l'Eglise dans le monde, [...] reprend les principes de Pacem in terris. [...] Tout sur terre doit être ordonné à l'homme comme à son centre et à son sommet.''

"[...] L'encyclique Populorum progressio de 1967 complétera Gaudium et spes, avec ... un idéal ecclésial fait désormais d'engagements, de mobilisations et de participation de tous." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté, ibid., p. 422- 431.)

 

L'engagement politique n'est pas la panacée, ni ce qu'on demande en priorité à l'Église.

Et une question demeure. En confondant clercs et laïcs ("la participation des laïcs au sacerdoce commun et au culte" de LG 34) en associant étroitement au temporel tous les croyants à la vie politique (LG 36), en liant désormais plus étroitement le sort des chrétiens à celui des empires, en demandant que les laïcs s'engagent résolument pour un modèle global et universel qui sert de base au nouvel ordre international, bien plus, en revenant sur mille ans de fine distinction des clercs et des laïcs, comment le laïque peut-il désormais respecter un ordre spirituel s'il est lui-même clerc et laïque ?

 

Le désintérêt des croyants dans la pratique religieuse vient sans doute de cette désacralisation de la fonction sacerdotale, ce relâchement dans la distinction des deux sphères temporelle et spirituelle, tant au plan religieux qu'au plan politique.

 

Dans First Things, le 27 octobre 2023 , le cardinal Müller a déclaré que "L'Église n'est pas une démocratie". "Nous sommes confrontés à un programme mondialiste d'un monde sans Dieu, dans lequel une élite au pouvoir se proclame créatrice d'un monde nouveau et souveraine des masses privées de leurs droits. Ce programme et cette élite ne peuvent être contrés par une "église sans Christ", qui abandonne la Parole de Dieu dans l'Écriture et la Tradition comme principe directeur de l'action, de la pensée et de la prière chrétiennes (Dei Verbum).

Bien que le pape ait maintenant accordé le 'droit de vote' à certains laïcs lors du Synode sur la synodalité (2023), ni eux ni les évêques ne sont en mesure de 'voter' sur la foi.

Dans un État qui se consacre uniquement au bien commun temporel de tous ses citoyens et qui est régi par une constitution démocratique, le peuple est appelé à juste titre le souverain. Dans l'Église, qui est fondée par Dieu pour le salut éternel de l'humanité, c'est Dieu lui-même qui est le souverain.

Formulé théologiquement : Le Fils incarné de Dieu, le Bon Berger qui donne sa vie pour le troupeau de Dieu, est le chef de toute l'Église. Il guide et gouverne par l'intermédiaire des bergers et des enseignants qu'il a choisis. Cela ne se fait pas, comme en politique, par des hommes exerçant un pouvoir sur les hommes, mais par la prédication de la Parole et les sacrements que le Christ a confié à ses apôtres et à leurs successeurs pour qu'ils les administrent (2 Co 5.18-20).

Le fait que l'Église ne soit pas et ne puisse pas devenir une démocratie n'est pas le résultat d'une mentalité autocratique persistante. Il est dû au fait que l'Église n'est pas du tout un État ou une organisation créée par l'homme.

L'essence de l'Église ne peut être saisie par les catégories sociologiques de la raison naturelle, mais seulement à la lumière de la foi que l'Esprit Saint opère en nous.

L'Église, en tant que communauté de foi, d'espérance et de charité, doit son existence à la volonté salvatrice de Dieu, qui appelle les hommes et en fait son peuple, au milieu duquel il habite lui-même (Col. 2:9). La souveraineté de Dieu repose sur sa toute-puissance et son amour, qu'il offre sans avoir à craindre ses créatures comme concurrentes (contrairement au mythe païen de Prométhée).''

 

Le plus grand service que l'Église puisse rendre à la civilisation à l'heure actuelle est de garder son héritage intact et de ne pas permettre que son témoignage soit obscurci comme instrument des pouvoirs et de la politique laïques.

Christopher Dawson, Au-delà de la politique, 1939

Solennité du Christ Roi de l'univers
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11 novembre 2023 6 11 /11 /novembre /2023 14:27
Le pape François relève Mgr Strickland de ses fonctions d'évêque de Tyler sans donner d'explication et sans procès

Cité du Vatican, 11 novembre 2023 / 07h05

Le Vatican a annoncé samedi que le pape François avait relevé Mgr Joseph Strickland de ses fonctions dans le diocèse de Tyler, au Texas, et nommé un administrateur apostolique pour le remplacer.

La destitution de Strickland le 11 novembre intervient après que le Dicastère pour les évêques du Vatican a terminé une enquête formelle dans le diocèse plus tôt cette année, appelée visite apostolique, qui, selon une source, a examiné l'utilisation des médias sociaux par l'évêque et des questions liées à la gestion diocésaine.

Strickland, 65 ans, est évêque du diocèse de Tyler depuis 2012. L'évêque du Texas, très populaire mais polarisant, a été critiqué pour ses publications incendiaires sur les réseaux sociaux, notamment un tweet du 12 mai suggérant que le pape François ''sapait le dépôt de la foi''.

L'annonce du Vatican n'a fourni aucune raison pour la destitution de l'évêque. L'évêque Joe Vásquez d'Austin servira d'administrateur apostolique du diocèse de Tyler jusqu'à ce qu'un nouvel évêque soit nommé.

Au cours des plus de 10 années de Strickland à la tête de Tyler, le diocèse a connu des changements notables, tels que la démission en 2018 de trois responsables diocésains, une décision qui, selon Strickland à l'époque, permettrait au diocèse de mieux remplir sa mission.

Mais le mandat de Strickland a également coïncidé avec des signes positifs de santé spirituelle et administrative à Tyler. Actuellement, 21 hommes sont en formation sacerdotale pour le territoire de 119.168 catholiques. Le diocèse serait également en bonne santé financière, comme en témoigne en partie sa capacité à réunir 99 % de son objectif de 2,3 millions de dollars pour l'appel de l'évêque de 2021, six mois avant la date prévue.

Le pape François a rencontré samedi matin le cardinal américain Robert Francis Prevost, préfet du Dicastère pour les évêques, avant l'annonce de la destitution de Strickland.

La décision du pape de relever Strickland de sa gouvernance pastorale du diocèse de l'est du Texas intervient deux jours seulement avant le début de la réunion plénière d'automne des évêques américains, qui se tiendra du 13 au 16 novembre à Baltimore.

***

Mise à jour du 19 novembre 2023. Comme le rapporte Jean-Marie Guénois, dans le journal Le Figaro du 11 novembre dernier, « Mgr Strickland a critiqué une série de décisions qui pourraient instituer une forme de diaconat féminin, l’ordination à la prêtrise d’hommes mariés, le contrôle par des laïcs du pouvoir épiscopal et la bénédiction de couples homosexuels, même si ce dernier point a été plus contesté que prévu en octobre ». Toujours selon le même journaliste, « dans sa lettre du 22 août 2023 adressée aux catholiques de son diocèse du nord est du Texas, il récuse point par point ces évolutions en s’appuyant sur l’enseignement post-conciliaire de l’Église catholique, avec cette conclusion qui a dû lui coûter cher, puisqu’il a laissé entendre que le pape François serait schismatique. »

... ce sont ceux qui proposeraient des changements sur ce qui ne peut pas être changé selon les commandements du Christ, à son Église, ce sont eux qui sont les vrais schismatiques. » Source

En 2021, l'évêque Joseph Strickland avait lancé un avertissement aux nations et aux dirigeants du monde entier qui font la promotion de l'avortement, de l'homosexualité et de l'oppression des citoyens ordinaires.  Il avait avertit que nous souffrons dans le monde à cause de nos péchés et parce que nous ne reconnaissons pas Dieu comme le Créateur et le véritable auteur de la vie.

 

En 2022, une déclaration de François semblait ouvrir la porte à la Sainte Communion pour les politiciens pro-avortement tels que Nancy Pelosi. Quatre évêques, plusieurs prêtres et de nombreux érudits catholiques signèrent une déclaration réprimandant la déclaration du pape François, selon laquelle "tout le monde est invité au souper des noces de l'Agneau (Ap 19:9). Pour être admis à la fête, tout ce qui est requis est le vêtement de noces de la foi qui vient de l'audition de sa Parole." Le Pape a écrit ces mots dans sa Lettre apostolique du 29 juin sur la liturgie, Desiderio desideravi, mais pour les signataires de cette déclaration, il a omis le "sujet essentiel de la repentance pour le péché pour la digne réception de l'Eucharistie.

Parmi les signataires de cette déclaration figuraient Mgr Joseph E. Strickland, Mgr André Gracida, Mgr Athanasius Schneider, Mgr Robert Mutsaerts, le Père Gerald E. Murray, le Père James Altman, le Père John Lovell et plusieurs autres prêtres, ainsi que des universitaires bien connus.

Add. Mgr Strickland réagit à sa destitution sur Twitter,

Le 11 novembre :

 

"Réjouissez-vous toujours que… peu importe ce que le jour vous apporte, Jésus-Christ est le Chemin, la Vérité et la Vie, hier, aujourd'hui et pour toujours. Que les saints et la Bienheureuse Vierge Marie nous incitent toujours à revenir au Christ, peu importe la façon dont nous errons dans les ténèbres. Jésus est Lumière issue de la Lumière."

Le 12 novembre

 

"Si nous sommes morts avec lui,

avec lui nous vivrons.

 

Si nous supportons l’épreuve,

avec lui nous régnerons.

 

Si nous le rejetons, lui aussi nous rejettera. Si nous manquons de foi, lui reste fidèle à sa parole, car il ne peut se rejeter lui-même."

 

2 Timothée 2, 11-13

Le Cardinal Müller, ancien Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi de Benoît XVI réagit sur la destitution de Mgr Strickland, évêque du diocèse de Tyler au Texas depuis 2012 :

 

“Ce qui est fait à Mgr Strickland est terrible, un abus du droit divin de l’épiscopat. Si je pouvais conseiller Mgr Strickland, il ne devrait absolument pas démissionner, car ils pourraient alors se laver les mains de leur innocence. (ce que Mgr Strickland n'a pas fait au final)


 

"Selon le commandement de la justice, un évêque ne peut être destitué par le Pape que s’il s’est rendu coupable de quelque chose de mauvais (hérésie, schisme, apostasie, crime ou comportement totalement non-sacerdotal), par exemple la pseudo-bénédiction qui insulte Dieu et trompe les gens sur leur salut – bénédiction des personnes des deux ou du même sexe dans des relations extraconjugales.

 

"La révocation arbitraire du poste d’évêque d’un diocèse dans lequel un évêque est établi par le Christ lui-même comme son propre berger porte atteinte à l’autorité du pape, comme cela s’est produit historiquement avec le marchandage indigne de la charge sous la papauté avignonnaise (cette perte de confiance était l’une des principales raisons de la séparation du christianisme de la Réforme de l’Église catholique et de sa haine du pape, qui, par ses actions arbitraires, s’était mis à la place de Dieu.)

 

"Selon l’enseignement catholique, le Pape n’est en aucun cas le Seigneur de l’Église, mais plutôt, en tant que représentant du Christ pour l’Église universelle, le premier serviteur de son Seigneur, qui devait dire à Simon Pierre, qui venait de devenir le rocher de l’Église : 'Passe derrière moi (Indietro italien, le véritable indietrismo), car tu ne penses pas à ce que Dieu veut, mais à ce que veulent les hommes' (Mt 16, 23).

 

"Le Pape n’a aucune autorité du Christ pour intimider et intimider les bons évêques calqués sur le Christ Bon Pasteur qui, conformément à l’idéal épiscopal de Vatican II, sanctifient, enseignent et conduisent le troupeau de Dieu au nom du Christ, simplement parce que des faux amis dénoncent ces bons évêques à François comme des ennemis du Pape, tandis que les évêques hérétiques et immoraux peuvent faire ce qu’ils veulent ou déranger chaque jour l’Église du Christ avec quelque autre bêtise.”

 

Le 21 septembre 2023 après l'annonce d'une visite apostolique au sujet de Mgr Strickland
 

Père Yves-Marie Couët

***

Add. Dans une interview exclusive le 11 novembre, quelques heures seulement après son renvoi, John-Henry Westen, rédacteur en chef de LifeSiteNews, a demandé à l'évêque Joseph Strickland pourquoi il avait été démis de ses fonctions. Celui-ci a répondu : ‘’La seule réponse que j'ai à cette question est que les forces de l'Église en ce moment ne veulent pas de la vérité de l'Évangile.’’

 

‘’Ils veulent que ça change. Ils veulent que cela soit ignoré. Ils veulent se débarrasser de la vérité qui, glorieusement, ne va pas disparaître. La vérité qu’est Jésus-Christ, son corps mystique, qui est l’Église, toutes les merveilles pour lesquelles les martyrs sont morts et pour lesquelles les saints ont vécu pendant près de 2000 ans depuis la mort et la résurrection du Christ.’’

 

L'évêque Joseph Strickland a déclaré qu'il pensait avoir été démis de ses fonctions parce qu'il ‘’avait menacé certains pouvoirs en place avec la vérité de l'Évangile‘’. Et qu'il ne rejetait pas entièrement la responsabilité de sa destitution sur le pape François, car ‘’de nombreuses forces travaillent sur lui et l'influencent pour qu'il prenne ce genre de décisions‘’.

"C'est pourquoi nous prions pour le pape, pour lui en tant que fils de Dieu et pour son rôle de pontife suprême." 

"Mais nous devons reconnaître qu’il existe des forces formidables et puissantes à l’œuvre dans le monde", a-t-il souligné. "Saint Paul nous rappelle que nous ne luttons pas contre les êtres humains, de chair et de sang ; nous combattons les puissances et les principautés du mal. Et le mal ne veut pas de la vérité de Jésus-Christ." 

"Il y a des gens dans l'Église, plutôt que de se glorifier de la vérité du Christ, ils veulent supprimer des parties importantes de l'Écriture Sainte et dire : 'Oh, nous nous sommes trompés' ou 'nous allons simplement l'ignorer.'"

 

Strickland a souligné que ''les saints, au cours de 2000 ans, ne se sont pas trompés''.

L'évêque américain a noté que le diocèse de Tyler est en pleine forme car il a ''la chance de compter de nombreux séminaristes, de bons jeunes hommes… qui seraient de merveilleux maris ou de merveilleux pères spirituels, prêtres''.

Selon Strickland, le diocèse est également ''solide financièrement'' grâce à ''l’immense générosité'' des fidèles.

''Je ne peux vraiment pas trouver d'autre raison que [que] j'ai menacé certaines des autorités en place avec la vérité de l'Évangile.’’

"Les Écritures nous disent que Jésus-Christ est le visage de la vérité", a déclaré M. Strickland. "Il ne se transforme pas en un être différent de celui qu'il était lorsqu'il est mort sur la croix et qu'il est ressuscité pour nous. Il est le même Seigneur ; il est le Chemin, la Vérité et la Vie, et ceux qui veulent changer cela, pour un jour, en termes d'histoire humaine, nous devons vivre ce jour, mais c'est un moment qui passera, et la vérité prévaudra."

***

L'animateur de radio Terry Barber révèle que le nonce américain, le cardinal Pierre, a déclaré à Mgr Strickland "qu'il n'y a pas de dépôt de foi"

 

Terry Barber, de Virgin Most Powerful Radio, a révélé dimanche que le cardinal Christophe Pierre, nonce apostolique du pape François aux États-Unis, a déclaré à l'évêque Joseph Strickland, il y a trois ans : ‘’Vous devez arrêter de parler du dépôt de la foi. Il n'y a pas de dépôt de foi.’’

 

 

Barber, qui s'entretient régulièrement avec les fidèles et le prélat récemment déchu de Tyler au Texas, dans son émission de radio The Bishop Strickland Hour, a déclaré que selon Mgr Strickland, le cardinal Pierre avait fait cette affirmation ‘’choquante’’ lors d'une réunion de la Conférence américaine des évêques catholiques.

 

Mgr Strickland m'a fait savoir que… Pierre l'a confronté et lui a dit : 'Regardez, le Saint-Père vous surveille. Il faut arrêter de parler du dépôt de la foi. Il n’y a pas de dépôt de foi.’”

 

"Eh bien, vous pouvez imaginer à quel point c'est choquant d'entendre un nonce dire qu'il n'y a pas de dépôt de foi, parce que si vous ne croyez pas au dépôt de la foi, vous n'êtes pas catholique", a poursuivi Barber. « Ce n'est pas seulement mon opinion. C’est l’enseignement de l’Église.

 

Le Catéchisme de l'Église catholique fait explicitement référence au dépôt de la foi, affirmant que ''les apôtres ont confié le 'dépôt sacré' de la foi (le depositum fidei ), contenu dans l'Écriture sainte (cf. 1 Tim 6:20 ; 2 Tim 1:12-14 Vulg.) et la Tradition, à l'ensemble de l'Église.

 

L'animateur de radio a demandé des prières pour Mgr Strickland, ainsi que des prières et des réparations pour les dirigeants de l'Église catholique.

 

"Il va porter une lourde croix, et il est persécuté comme les saints ont été persécutés pour avoir dit la vérité", a déclaré Barber, avant de demander à ses auditeurs de prier pour que le pape François revienne sur sa décision et comprenne que son Son rôle est de ''protéger le troupeau''.

 

« Cela n'est pas fait. Nous avons des évêques partout dans le monde qui sont des modernistes qui sapent le dépôt de la foi et rien ne leur est fait'', a déclaré Barber.

 

En effet, les religieux modernistes promouvant l'hétérodoxie ont souvent été promus par le pape François, comme on peut le voir clairement plus récemment dans sa sélection des membres votants du Synode de la synodalité, qui comprend des religieux connus pour leurs positions pro-LGBT et autres hétérodoxes et pour leur animosité envers le Messe latine.

 

Pendant ce temps, des bergers fidèles comme Mgr Daniel Fernández Torres, ardent défenseur de l’enseignement catholique du diocèse d’Arecibo, à Porto Rico, sont punis. L'évêque Fernández Torres a [lui aussi. Ndlr.] été démis de ses fonctions par le pape François sans explication, apparemment en raison de son soutien aux objections de conscience aux mandats de vaccination contre le COVID.

 

Barber a poursuivi en déclarant : ''J'applique le canon 212 pour faire savoir aux dirigeants de notre Église que c'est inacceptable. Nous voulons des évêques prêts à donner leur vie pour leur troupeau. Nous ne voulons pas de compromis.

 

Le Canon 212 précise que ''les fidèles chrétiens sont libres de faire connaître aux pasteurs de l’Église leurs besoins, notamment spirituels, et leurs désirs'' et que ''selon les connaissances, la compétence et le prestige qu’ils possèdent, ils ont le le droit et même parfois le devoir de manifester aux pasteurs sacrés leur opinion sur les questions qui concernent le bien de l'Église et de faire connaître leur opinion au reste des fidèles chrétiens[.]''

 

Barber estime que les laïcs ''doivent faire savoir au Vatican que nous ne sommes pas satisfaits de cette situation''.

 

 

Le bulletin quotidien du Saint-Siège a annoncé samedi 11 novembre que le pape François avait démis Mgr Joseph Strickland de ses fonctions d'évêque du diocèse de Tyler, au Texas, sans raison invoquée.

 

La décision frappante de François va à l’encontre de l’un des évêques les plus directs et les plus virulents des États-Unis, qui a bénéficié d’un soutien considérable, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de son diocèse, pour sa promotion de l’enseignement catholique traditionnel.

 

Les positions les plus publiques de l'évêque Strickland sur les questions morales et doctrinales consistent à accuser le pape d'un "programme de sape du dépôt de la foi", à condamner le "blasphème" pro-LGBT du père James Martin, S.J., et à exhorter François à refuser la Sainte Communion à l'ancienne présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, en raison de son soutien à l'avortement.

 

Il s'est également montré particulièrement franc sur les controverses morales dans la politique et la culture américaines, notamment sur l'espionnage des catholiques par l'administration Biden et les manifestations publiques de groupes autoproclamés « sataniques ». Cet été, il a pris la parole lors d'une manifestation contre l'accueil par les Dodgers de Los Angeles d'une troupe de drag queen anticatholique appelée les « Sisters of Perpetual Indulgence », qui se présentent comme des religieuses grotesques.

 

La réaction de Mgr Strickland à l'annonce de sa destitution fut remarquablement douce. Quelques instants plus tard, il a déclaré à John-Henry Westen, rédacteur en chef de LifeSiteNews : ''Je maintiens toutes les choses qui ont été répertoriées comme des plaintes contre moi. Je sais que je n'ai pas mis en œuvre la Traditionis Custodes [décret du pape François restreignant la messe traditionnelle en latin] parce que je ne peux pas affamer une partie de mon troupeau.''

 

Il a ajouté : ''Je referais la même chose. Je me sens très en paix dans le Seigneur et dans la Vérité pour laquelle il est mort.''

 

(Fin de la traduction de l'article de LifeSiteNews)

***

 

Note du blog Christ-Roi. Le Catéchisme de l'Église catholique fait explicitement référence au dépôt de la foi, affirmant que ''les apôtres ont confié le 'dépôt sacré' de la foi (le depositum fidei), contenu dans l'Écriture sainte (cf. 1 Tim 6:20 ; 2 Tim 1:12-14 Vulg.) et la Tradition, à l'ensemble de l'Église. (paragraphe 84 du Catéchisme de l'Eglise catholique).

 

''En s’attachant à lui le peuple saint tout entier uni à ses pasteurs reste assidûment fidèle à l’enseignement des apôtres." (Dei Verbum 10).

 

Le concile Vatican II réaffirme dans sa constitution dogmatique Dei Verbum § 10 que la Tradition explique les Écritures : ‘’La sainte Tradition et la Sainte Écriture constituent un unique dépôt sacré de la Parole de Dieu, confié à l’Église ;

‘’… La charge d’interpréter de façon authentique la Parole de Dieu, écrite ou transmise, a été confiée au seul Magistère vivant de l’Église dont l’autorité s’exerce au nom de Jésus Christ. Pourtant, ce Magistère n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu, mais il est à son service, n’enseignant que ce qui a été transmis, puisque par mandat de Dieu, avec l’assistance de l’Esprit Saint, il écoute cette Parole avec amour, la garde saintement et l’expose aussi avec fidélité, et puise en cet unique dépôt de la foi tout ce qu’il propose à croire comme étant révélé par Dieu.

 

‘’Il est donc clair que la sainte Tradition, la Sainte Écriture et le Magistère de l’Église, selon le très sage dessein de Dieu, sont tellement reliés et solidaires entre eux qu’aucune de ces réalités ne subsiste sans les autres, et que toutes ensemble, chacune à sa manière, sous l’action du seul Esprit Saint, elles contribuent efficacement au salut des âmes.’’

 

‘’Garder le dépôt de la foi, telle est la mission que le Seigneur a confiée à son Église et qu’elle accomplit en tout temps’’, déclare S. Jean-Paul II dans la Constitution apostolique ‘’Fidei Depositum’’ pour la publication du Catéchisme de l’Église catholique rédigé à la suite du deuxième Concile du Vatican, le 11 octobre 1992.

 

"Ce dépôt de la foi que transmet le catéchisme de Jean-Paul II contient : ‘’l'enseignement de l'Écriture sainte, de la Tradition vivante dans l'Église et du Magistère authentique, de même que l'héritage spirituel des Pères, des saints et des saintes de l'Église, […] des explications de la doctrine que le Saint-Esprit a suggérées à l'Église au cours des temps […], la foi étant toujours la même.’’ (Fidei depositum, 11 octobre 1992, titre III.)

 

''La Sainte Tradition et la Sainte Écriture constituent un unique dépôt sacré de la parole de Dieu" (DV 10) en lequel, comme dans un miroir, l’Église pérégrinante contemple Dieu, source de toutes ses richesses.'' (Catéchisme de l'Eglise catholique paragraphe 97)

 

Rien ne saurait être ajouté ou retranché par rapport au dépôt de la foi, car le Christ ‘’est la Parole unique, parfaite et indépassable du Père’’: la Rédemption a eu lieu une fois pour toutes, et la Révélation est achevée, définitive.

 

Dieu a ‘’ tout dit en son Verbe’’ et la Révélation n'a pas à être complétée ni renouvelée : il appartient à la foi de l'expliciter et d'’’en saisir graduellement toute la portée’’.(Catéchisme de l'Église catholique, paragraphes 65-67)

 

Mise à jour du Lundi 20 novembre 2023Mgr Strickland : J'ai le devoir devant Dieu de défendre la vérité contre le père du mensonge

 

Dans l'épisode de cette semaine de The Bishop Strickland Show , Mgr Joseph Strickland donne un résumé de son discours au Rome Life Forum et commente une citation du pape saint Pie X.

 

Strickland dit qu'il a prononcé son discours dans le contexte de la rencontre que deux des disciples du Christ ont eue avec lui sur le chemin d'Emmaüs, expliquant que "nous sommes tous les disciples sans nom" dans le récit. Comme eux, explique Strickland, le Christ nous révèle le sens des Écritures, nos cœurs brûlent lorsque nous rencontrons cette vérité et nous reconnaissons le Christ dans la "fraction du pain" qu'est l'Eucharistie.

Il explore également la question de la providence , affirmant que les croyants devraient "parler de providence plutôt que de coïncidence". Citant comme exemple la lettre qu'il a lue dans son discours, Strickland raconte qu'il allait parler de saint Ignace d'Antioche et de plusieurs autres saints, et la lettre citait providentiellement le Père apostolique à plusieurs reprises.

Commentant l'image du Christ sur le chemin d'Emmaüs, Strickland explique que le Christ a discuté des Écritures et révélé des vérités avec les disciples qu'il a rencontrés sur son chemin, en commençant par l'époque de Moïse dans les siens. Selon lui, le Christ sur le chemin d'Emmaüs est une bonne image de l'appel à la conversion.

 

"Je pense que ce dont nous devons nous souvenir, c'est que cette vérité nous a été révélée", explique également Son Excellence. "Ce n'est pas quelque chose que nous avons formulé nous-mêmes. Cela n’est pas né du peuple. Cela vient de Dieu."

 

"Quand nous avons une vraie relation avec le Christ, quand nous le connaissons, alors nous sommes très à l'aise ", observe-t-il. "Nous aspirons à le connaître plus profondément et à connaître plus profondément sa vérité." Strickland a également posé une question à propos de ceux qui se disent catholiques mais qui "essayent de prendre les choses dans une direction totalement différente" : "Quelle est la place du Christ dans le tableau ? Le connaissent-ils ?"

 

"Si vous ne connaissez pas le Christ, comment pouvez-vous connaître le Père, parce qu'Il dit très clairement qu'Il révèle le Père, ou que le Père Le révèle ?, continue-t-il. "Je pense que le véritable point pour l’humanité est que le Christ est venu révéler Dieu et nous révéler qui nous sommes en tant que personnes créées à l’image et à la ressemblance de Dieu."

 

Plus tard dans l'épisode, Strickland commente une citation de saint Pie X, qui dit trembler à l'idée que "des âmes peuvent être punies pour l'éternité à cause de la négligence de leur pasteur, que des innocents peuvent être conduits hors de la prison". le chemin de la vérité, parce que les paroles du texte inspiré ne leur ont jamais été prêchées, et que l’esprit du monde, et de notre temps en particulier, devrait se déverser dans des esprits mal instruits, faute d’une main ferme pour en freiner le cours.

"J'ai le devoir sacré de défendre ouvertement la vérité, car Dieu me demandera de rendre compte de toutes ces âmes qui se sont égarées sur la voie de la perdition", a conclu le saint pontife.

 

Strickland, réagissant à cette citation, dit que c'était une "manière différente d'exprimer" un sentiment qu'il a déjà exprimé : qu'il a le devoir devant Dieu de prêcher la vérité en tant que successeur des apôtres.

"Je pense qu'il y a une responsabilité de dire la vérité, de la dire avec charité et clarté, comme on dit, de n'attaquer personne, de reconnaître que… les gens sont utilisés comme instruments de… faux messages, mais les faux messages viennent du père du mensonge", déclare-t-il.

"Il essaie de nous conduire à la perdition, et nous devons donc nous opposer à cela, parce que les voix du monde sont très puissantes et très tentantes pour les gens, mais très souvent, elles sont la voix du péché et du mal", poursuit-il. "Le père du mensonge est celui qui inspire ces voix." 

 

https://www.lifesitenews.com/news/bishop-strickland-i-have-a-duty-before-god-to-defend-truth-against-the-father-of-lies/?

Mise à jour du mercredi 22 novembre 2023. Après les évêques Strickland et Fernández Torres, c'est au tour de Mgr Rey, évêque de Frejus-Toulon, d'être limogé sans raison.

 

Mardi 21 novembre Mgr Touvet, alors évêque de Châlons-en-Champagne, était nommé coadjuteur, avec « pouvoirs spéciaux », de Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon. Depuis un an et demi les ordinations sacerdotales étaient suspendues, une dizaine de séminaristes étant ainsi pris en otage. Une « visite fraternelle » du cardinal Aveline, archevêque de Marseille, puis une visite canonique de Mgr Hérouard, archevêque de Dijon, ont accouché de cette solution. Elle revient, en vertu des « responsabilités spécifiques » qui lui ont été confiées à transmettre à Mgr Touvet la direction du diocèse avec une attention particulière accordée à la « formation des séminaristes et des prêtres ». Quand on sait que Mgr Touvet, en huit années d’épiscopat à Châlons a ordonné 1 prêtre, en 2022, et Mgr Rey, dans le même temps, 41 prêtres sans oublier la dizaine d’ordinations en suspens on se demande si tout cela est bien sérieux. Ou au contraire très sérieux s’il s’agit de détruire ce que Mgr Rey et son prédécesseur Mgr Madec avaient réussi à bâtir en plusieurs décennies : le seul diocèse de France dans lequel toutes les paroisses ont un curé. Les évêques français voulaient la neutralisation de Dominique Rey, coupable de réussite.

 

... Ces évêques rejoignent la longue liste des prélats destitués ou poussés à la démission : Mgr Mario Oliveri, évêque d’Albenga Imperia en Italie, Mgr Hector Aguer, archevêque de La Plata, en Argentine, etc. sans oublier les cardinaux Burke, Muller ou Sarah à ce jour sans fonctions officielles. Tous ces prélats ont en commun, à des degrés divers, un attachement à la doctrine traditionnelle de l’Église, une sympathie pour la messe traditionnelle, et, pour les évêques diocésains, des séminaires prospères (21 séminaristes au diocèse de Tyler pour 120 000 catholiques). Cette politique méthodique d’élimination de toute forme d’opposition à la conception synodale de l’Église apparaît d’autant plus choquante que « en même temps » ne sont pas sanctionnées les divagations doctrinales les plus extravagantes comme celles portées par l’Église d’Allemagne (François exprimant simplement ses "préoccupations" face aux revendications des évêques du Synode allemand sans les limoger. Ndlr.) et tolérés des comportements parfaitement scandaleux, comme, pendant des années, les commerces de lit du cardinal Mac Carrick avec certains de ses séminaristes.

Source : https://renaissancecatholique.fr/blog/apres-nosseigneurs-strickland-et-rey-a-qui-le-tour-leglise-toujours-occupee/

Strickland, un renvoi hors du droit canon, sans aucun procès

 

Par Gérald Murray*

 

La destitution, décidée par le Pape François, de Mgr Strickland de la direction de son  diocèse s'est déroulée sans aucun procès, en dehors des normes canoniques. Idem pour Mgr Torres en 2022. C’est contraire à la charité et à la justice naturelle, comme l’a expliqué saint Jean-Paul II.

 

Le Bulletin de la Salle de Presse du Saint-Siège du 11 novembre, sous le titre "Démissions et nominations", contenait cette annonce : "Le Saint-Père a relevé de la gouvernance pastorale du diocèse de Tyler (USA) SEM Mons. Joseph E. Strickland et a nommé l'évêque d'Austin, SE Monseigneur Joe Vásquez, comme administrateur apostolique du diocèse vacant". Il est à noter que l'annonce est placée sous ce titre incorrect : la destitution d'un évêque n'est pas en fait une démission. La même entrée incorrecte a été utilisée dans l'annonce du 9 mars 2022 du retrait de Mgr Daniel Fernandez Torres de la pastorale du diocèse d'Arecibo, Porto Rico. Le Bureau de Presse n'a évidemment pas l'habitude de classer les annonces concernant la destitution d'un évêque, un acte rare mais pas inconnu.

 

La déchéance de fonction est prévue par le Code de droit canonique et est le résultat d'une procédure judiciaire ou d'une procédure administrative engagée pour examiner et rendre un jugement sur la base d'un soupçon fondé qu'un crime canonique a été commis par un évêque particulier. Dans les cas de Mgr. Joseph Strickland et Mgr. Fernandez Torres aucune de ces deux procédures canoniques possibles n'a été utilisée.

 

Le Canon 416 précise que «le siège épiscopal devient vacant (…) avec la privation communiquée à l'Évêque». Le canon 196 précise que "la déchéance de charge, c'est-à-dire la punition d'un crime, ne peut être effectuée que conformément à la loi. La privation prend effet selon les dispositions des canons du droit pénal". Le commentaire du Code de droit canonique annoté, 4 e édition , précise que "la privation est la perte de la fonction ecclésiastique en guise de punition pour un crime ; elle est imposée judiciairement ou administrativement à l'issue d'un procès pénal ou d'une procédure pénale administrative (cf. can. 1336, 4, 1). La privation est donc une forme particulière de répression ; son efficacité et ses limites sont soumises au droit pénal.

 

Dans les cas des évêques Torres et Strickland, il n’y a eu aucun procès pénal ou administratif. La visite apostolique, effectuée dans les deux cas, ne constitue ni une procédure judiciaire ni une procédure administrative. Leur destitution s’est donc produite par un acte du pape en dehors des procédures canoniques existantes.

 

La Canon 331 déclare en outre que le pape "en vertu de sa charge, a un pouvoir ordinaire suprême, complet, immédiat et universel sur l'Église, pouvoir qu'il peut toujours exercer librement". Il est libre, s'il le souhaite, de se dispenser des dispositions contraignantes des lois purement ecclésiastiques (can. 11). Le Canon 12 déclare que "quiconque pour qui ils ont été donnés est lié par les lois universelles". Le pape est donc tenu d'observer la loi de l'Église, à moins que, pour une cause "juste et raisonnable" (can. 90), il ne décide de se dispenser "dans un cas particulier" de ses dispositions (can. 85). Dans ce cas, il devra prendre un décret. S'il se dispense à la fois de l'obligation d'émettre un décret écrit, comme l'exigent les canons 48 et 51, et de l'obligation "autant que possible" d'écouter "ceux dont les droits pourraient être violés" (can. 50), le même acte de dispense devrait avoir lieu par un décret écrit, qui exposerait, "au moins brièvement, les raisons, s'il s'agit d'une décision" (can. 51). S'il se dispense d'exprimer ensuite les motifs de sa dispense, cela doit également se faire par décret écrit. Rien de tout cela ne s’est produit dans le cas de ces deux évêques déchus.

 

Un cas précédent de destitution d'un évêque diocésain par le pape François était celui de feu l'évêque Rogelio Ricardo Livieres Plano de Ciudad del Este, au Paraguay. Une note du Service de Presse du Saint-Siège, publiée dans le Bulletin du 25 septembre 2014, avait défini cette déchéance de fonction comme une "alternance". La note indiquait que la destitution était une "décision lourde du Saint-Siège, pesée par de sérieuses raisons pastorales et inspirée par le plus grand bien de l'unité de l'Église de Ciudad del Este et de la communion épiscopale du Paraguay". Dans ce cas, il a été considéré que Mgr. Livieres Plano s'est rendu coupable d'avoir offensé l'unité de son diocèse et la communion des évêques du Paraguay. La note ne mentionne pas d'épisodes spécifiques de ces crimes présumés.

 

Pourquoi le non-respect des dispositions canoniques est-il préoccupant ? Saint Jean-Paul II, dans la constitution apostolique qui a promulgué le Code de droit canonique de 1983, Sacræ disciplinæ leges, a ainsi décrit la nature et l'importance du Code : le but du Code est "de créer dans la société ecclésiale un tel ordre qui, en attribuant la primauté à l'amour, à la grâce et au charisme, il facilite en même temps leur développement organique dans la vie de la société ecclésiale et des individus qui en font partie". Il a également déclaré que "le Code, étant le principal document législatif de l'Église, fondé sur l'héritage juridique et législatif de la Révélation et de la tradition, doit être considéré comme l'instrument indispensable pour assurer l'ordre dans la vie individuelle et sociale et dans l'activité même de l'Église". Comme on peut le constater, l’accent est mis sur le bon ordre dans l’Église. Un ensemble de lois promulguées établit les conditions de relations justes et justes entre les fidèles, qui partagent l'obligation commune de coopérer les uns avec les autres dans l'obéissance à des règles de conduite clairement énoncées, qui promeuvent et sauvegardent la nature et la mission de l'Église.

 

Saint Jean-Paul II poursuit en affirmant que "le Code de droit canonique est extrêmement nécessaire à l'Église [qui] a besoin de normes : à la fois pour que sa structure hiérarchique et organique soit visible ; (...) et pour que les relations mutuelles des fidèles puissent être réglées selon la justice, fondée sur la charité, avec les droits des individus garantis et bien définis". Il a également souligné que "les lois canoniques, de par leur nature même, exigent le respect. C'est pourquoi la plus grande diligence a été déployée pour que, dans la longue préparation du Code, l'expression des normes soit exacte et qu'elles reposent sur une base juridique, canonique et théologique solide".

 

Mgr Strickland a rapporté que le 9 novembre, à Washington, le nonce apostolique, le cardinal Christophe Pierre, lui avait dit qu'on lui avait demandé de démissionner pour diverses raisons, parmi lesquelles le manque de fraternité avec ses confrères évêques américains, le non-respect de Traditionis Custodes, sa présence problématique sur les réseaux sociaux et sa critique du Synode sur la synodalité. Strickland, qui a refusé de démissionner, a déclaré que le nonce n'avait fait aucune référence à des problèmes administratifs dans son diocèse. Aucun de ces motifs de licenciement, qui lui ont été communiqués lors d'un entretien privé, n'a été énoncé dans un décret pontifical de licenciement. En fait, aucun décret papal n’a été publié.

 

Pour autant que nous puissions en juger sur la base des preuves publiquement disponibles jusqu'à présent , Mgr. Strickland n'a pas été accusé de crimes canoniques, mais plutôt d'être publiquement en désaccord, parfois en termes offensants, avec diverses déclarations et décisions du pape François, et d'avoir agi différemment de ses confrères évêques américains. Aucun crime canonique n’a été contesté et aucune procédure judiciaire ou administrative n’a été engagée. Par conséquent, le droit de l'évêque d'avoir la possibilité de connaître et de répondre à toute accusation formelle portée contre lui dans le cadre d'une procédure réglementée par la loi n'a pas été respecté. Il n'a pas eu accès aux preuves recueillies pour étayer les allégations d'actes répréhensibles et n'a donc pas eu la possibilité de réfuter ou de présenter d'autres preuves en sa faveur. La mise de côté des garanties procédurales canoniques présentes dans le Code pour protéger le droit d'un évêque à un procès équitable lorsque son supérieur hiérarchique, le pape, soupçonne un acte répréhensible, est contraire à la justice naturelle et ignore l'enseignement et l'esprit du Concile Vatican II et le Code de 1983.

 

* Prêtre et canoniste

 

 

Source: https://lanuovabq.it/it/strickland-una-rimozione-al-di-fuori-del-diritto-canonico

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3 novembre 2023 5 03 /11 /novembre /2023 19:06

Le concile Vatican II a tant insisté, à juste titre, sur la place des fidèles laïcs dans la mission de l’Église, qu’on a pu avoir tendance à minimiser le rôle des prêtres. La contestation de l’autorité et les revendications démocratiques qui traversaient la société en pleine mutation, sous l’influence du marxisme, ont conduit à interpréter l’enseignement du concile de manière politique, ce que le pape Benoît XVI a désigné sous le nom d’herméneutique de la rupture, prétendant réduire la différence entre clercs et laïcs et engendrant une concurrence de pouvoirs entre eux. 

Mgr Marc Aillet, LA NEF n° 363 Novembre 2023

https://lanef.net/2023/11/01/vers-le-temps-des-saints/

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15 juillet 2023 6 15 /07 /juillet /2023 08:16

Alors même que François avait dit après son élection, "nous pouvons marcher comme nous voulons, nous pouvons édifier de nombreuses choses, mais si nous ne confessons pas Jésus Christ, cela ne va pas. Nous deviendrons une ONG humanitaire, mais non l’Église, Épouse du Seigneur… Quand on ne confesse pas Jésus Christ, me vient la phrase de Léon Bloy : ‘Celui qui ne prie pas le Seigneur, prie le diable’. Quand on ne confesse pas Jésus Christ, on confesse la mondanité du diable, la mondanité du démon", le respect de la christologie et des limites doctrinales établies par le canon scripturaire et la règle de la foi ne sont pas la méthode choisie par le nouveau synode de François dans l'Instrumentum laboris où il n'y a aucun critère pour discerner ce qui vient vraiment de l'Esprit Saint de ce qu'on lui fera dire, le mystère pascal et la Croix y étant quasi absents :

Matthias Grunewald, La Résurrection du Christ, retable d'Issenheim, 1515

Matthias Grunewald, La Résurrection du Christ, retable d'Issenheim, 1515

SYNODE : VA-T-ON FAIRE DIRE N'IMPORTE QUOI À L'ESPRIT SAINT ?

L’ « Instrumentum laboris », le fil conducteur du travail pour la prochaine session du synode, a pour mot d’ordre la « conversation dans l’Esprit ».

Mais malheureusement, il n'y aura aucun critère pour discerner ce qui vient vraiment de l'Esprit Saint de ce qu'on lui fera dire. Le mystère pascal et la Croix sont en effet quasi absents de ce document.

 

L’ « Instrumentum laboris », le fil conducteur du travail pour la prochaine session du synode, avec comme mot d’ordre la « conversation dans l’Esprit », constitue la preuve de ce processus aventureux de « reconfiguration pneumatologique de l’Église » promue par le Pape François. Un processus dans lequel on attribue à l’Esprit Saint un rôle tout aussi démesuré que vague et fumeux puisqu’il est dépourvu de tout critère susceptible d’attester de l’authenticité et de la validité de ce qu’on voudrait dire et faire en son nom.

 

[L]es références au Christ, au mystère pascal et à la croix sont particulièrement ténues dans l’ « Instrumentum laboris », alors qu’ils sont « pour le chrétien la mesure et le critère pour le discernement des esprits » comme l’écrivait Yves Congar (194-1995), le théologien dominicain qui fut l’un des protagonistes de l’ère conciliaire et qui a consacré de nombreuses études au lien essentiel qui existe entre pneumatologie et christologie.

 

La note qui suit est une lecture critique de l’ « Instrumentum laboris » justement à partir de ce vide christologique, dans les pas d’Yves Congar.

 

C’est l’abbé P. Imbelli, un prêtre de l’archidiocèse de New York et professeur de théologie pendant trente ans au Boston College qui l’a rédigée pour Settimo Cielo.

 

*

 

Pour le synode, la leçon du Père Congar

de Robert P. Imbelli

 

Le dominicain Yves Congar a fait partie des principaux protagonistes du retour aux sources et de l’ « aggiornamento » au Concile Vatican II. Il est intéressant de remarquer qu’après le Concile, et malgré de sérieux problèmes de santé, Congar a rédigé trois volumes magistériels sur l’Esprit Saint. Et, encore plus intéressant, qu’il ait rédigé ensuite un petit ouvrage ultérieur, « La Parole et le Souffle », rassemblant ses réflexions sur la pneumatologie. Et voici sa conclusion. « Si je n’avais qu’une conclusion à retenir de mes études sur le Saint-Esprit, je la formulerais ainsi : Pas de christologie sans pneumatologie, pas de pneumatologie sans christologie ».

 

Le Père Congar s’était inspiré de l’image de Saint Irénée pour qui Dieu travaille toujours, pour créer et pour sauver, en employant ses deux mains : la Parole et l’Esprit. Naturellement, toute la difficulté, aussi bien dans la vie chrétienne que dans la théologie, est de maintenir la christologie et la pneumatologie en tension créative. Si par le passé on a pu trop insister sur la christologie, la tendance actuelle semble mettre trop l‘accent sur l’œuvre de l’Esprit.

 

Congar touche cet équilibre nécessaire quand il écrit « l’Esprit montre quelque chose de nouveau, dans la nouveauté de l’histoire et dans la diversité des cultures, mais c’est une réalité nouvelle qui vient de la plénitude qui nous a été donnée une fois pour toutes par Dieu dans le Christ ».

 

Cependant, en lisant le long et touffu « Instrumentum laboris » censé guider les travaux du synode, on ne peut s’empêcher d’être frappé par la pâleur de la vision christologique contenue dans le document.

 

On peut certainement extraire des éléments importants de ces pages. Ainsi, on nous dit que « : le Christ nous envoie en mission et nous rassemble autour de lui pour rendre grâce et gloire au Père dans l’Esprit Saint » (n°34). On rappelle aussi aux participants que la communion que nous partageons n’est pas simplement un « rassemblement sociologique » mais « est avant tout un don du Dieu trinitaire » qui comporte « une mission jamais terminée de construction du “nous” du Peuple de Dieu. » Et le paragraphe 46 s’achève sur une citation pressante mais non développée d’Éphésiens 4, 13 : « Jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble à l’unité dans la foi et la pleine connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’Homme parfait, à la stature du Christ dans sa plénitude ». Enfin, on nous promet que « Dans une assemblée synodale, le Christ se rend présent et agit. Il transforme l’histoire et la vie quotidienne, envoie l’Esprit pour conduire l’Église à trouver un consensus sur la manière de marcher ensemble vers le Royaume et d’aider l’humanité à avancer vers l’unité. » (n°48).

 

Mais ces éléments ne sont jamais regroupés dans un ensemble cohérent et stimulant. À l’instar de l’exigence, souvent exprimée dans les récents textes magistériels, d’une « anthropologie intégrale », on regrette ici l’absence d’une « christologie intégrale ». En réalité, comme « Gaudium et spes » l’enseigne, une anthropologie intégrale doit se baser sur une christologie intégrale. Malheureusement, dans cet Instrumentum, plusieurs dimensions cruciales de la christologie font défaut. On peine à trouver une référence au « mystère pascal » du Christ – un concept si cher à Vatican II. En effet, il n’y a pas même une seule mention de la Croix, de sorte que l’on commence à craindre qu’elle ne figure parmi ces « marginalisés » que l’Instrumentum déplore.

 

En outre, on constate une autre omission flagrante, à la fois significative et peut-être symptomatique. Par deux fois, l’ « Instrumentum » cite (aux numéros 46 et 52) une affirmation centrale de « Lumen gentium » : « L’Église étant, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » (LG 1). Mais chaque fois qu’elle est citée, le « en Christ » a été supprimé. Que ce soit délibérément ou par inadvertance, cette omission est révélatrice et réductrice. Car ce n’est que dans le Christ qu’une unité véritable et durable peut être réalisée.

 

Je reste persuadé qu’une vision christologique solide est absolument nécessaire si on ne veut pas vider les trois thèmes synodaux « communion, mission et participation » de leur contenu et de leur forme spécifique. C’est dans le Christ que ces trois thèmes doivent révéler et manifester leur profondeur christologique singulière. Pour le répéter avec Congar : « l’Esprit montre quelque chose de nouveau, dans la nouveauté de l’histoire et dans la diversité des cultures, mais c’est une réalité nouvelle qui vient de la plénitude qui nous a été donnée une fois pour toutes par Dieu dans le Christ ».

 

Seule une large conviction christologique est susceptible de fournir une orientation et une conduite fiables pour des « conversations dans l’Esprit ». En effet, de telles « conversations dans l’Esprit » requièrent des critères d’authenticité, des tests pour la validité de son discernement. Congar se fait l’écho du Nouveau Testament et des Pères quand il écrit : « Jésus Christ est pour les chrétiens la mesure et le critère pour le discernement des esprits ».

 

Par conséquent, la condition pour toute « reconfiguration pneumatologique » de l’Église est que l’Église soit « configurée » à sa tête et devienne toujours plus « transfigurée » en lui. Comme Congar insiste : « Il n’y a pas d’autonomie de l’expérience pneumatique par rapport à la Parole et donc par rapport au Christ ». La confession : ‘Jésus est Seigneur’ est un critère que l’Esprit est à l’œuvre. » Et il insiste en disant : « Il n’y a qu’un seul corps que l’Esprit édifie et vivifie, et c’est le corps du Christ ». Pour le dire autrement, il n’y a pas d’Esprit vagabond, pas de Corps décapité. L’Esprit est l’Esprit du Christ ; et le Christ est la seule Tête du Corps qui est l’Église.

 

Le Pape François, avec le caractère pragmatique qu’on lui connaît, avait exhorté de la sorte les cardinaux électeurs à la messe dans la Chapelle Sixtine après son élection : « Nous pouvons marcher comme nous voulons, nous pouvons édifier de nombreuses choses, mais si nous ne confessons pas Jésus Christ, cela ne va pas. Nous deviendrons une ONG humanitaire, mais non l’Église, Épouse du Seigneur… Quand on ne confesse pas Jésus Christ, me vient la phrase de Léon Bloy : ‘Celui qui ne prie pas le Seigneur, prie le diable’. Quand on ne confesse pas Jésus Christ, on confesse la mondanité du diable, la mondanité du démon ».

 

Et le Saint-Père avait conclut son homélie par des mots qui s’adressent certainement aussi aux participant du synode à venir : « Je voudrais que tous, après ces jours de grâce, nous ayons le courage, vraiment le courage, de marcher en présence du Seigneur, avec la Croix du Seigneur ; d’édifier l’Église sur le sang du Seigneur, qui est versé sur la Croix ; et de confesser l’unique gloire : le Christ crucifié. Et ainsi l’Église ira de l’avant ».

 

Dans ce cas, peut-être le processus et le chemin synodal ont-ils alors moins besoin de « facilitateurs » que de « mystagogues ».

 

Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

Source : Diakonos.be https://www.facebook.com/www.diakonos.be/posts/pfbid0mrni8J9GMt5F77zGsXPjjW1y9cBEnE4P1thcTyUuLesPKGfjbJ2wzNJ6DguNqbjjl?__cft__[0]=AZVu0tD2wOxb2ZTryydwG0Ff1KtM_p68JcdFDBYiuRl6M9HPEwz_RuqOFdqSUa8vwnDS7voKzzxTlpNjJ20iBfXzbRpSfoi9Lg14FrrqsOEFrHHPlBzRqQTg_Ft2Q5F_ZAaIlRUbixvHOVXpDgs3Pobkjrq_cqQ03i6ixE1dPuv9IlWoNn9in2LgTbqG5i9GG6Vro-YFH9iNCIZHuO_LmAMH&__tn__=%2CO%2CP-R

 

https://www.diakonos.be/settimo-cielo/eglise-en-fumee-une-critique-theologique-de-la-ligne-directrice-du-synode-sur-la-synodalite/

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20 mai 2023 6 20 /05 /mai /2023 07:38

Une illustration de la chute vertigineuse de la société occidentale vers la folie collective due à l'inversion du langage a été la covidodémence où les mesures les plus irrationnelles et antiscience les unes que les autres furent prises, au nom de la science

 

ExemplesLes policiers municipaux ne peuvent pas contrôler les identités mais les restaurateurs devront contrôler le 'Pass Sanitaire'; les "vaccinés les premiers, c'est-à-dire en janvier et février, verront prochainement leurs taux d'anticorps baissés, et leurs immunités diminuées ... Je veux ici les rassurer, dès la rentrée, une campagne de rappels sera mise en place pour vous permettre de bénéficier d'une nouvelle injection selon le même système et dans les mêmes conditions" (Macron le 16 juillet 2021)la consommation debout dans les bars est interdite ; boire un café debout dans un bar est mortel, le boire assis est sans danger, mais pas dans les cinémas, théâtres et transports longue distance où il est "interdit de manger assis ; Les "plages dynamiques" où être assis à la plage est mortel mais pas si on est debout en train de marcher; Les repas limités à 6 personnes (pas à 5, ni à 7 mais à 6); Les grands-parents laissés en cuisine pour le repas de Noël ; La fermeture des rayons sous-vêtements et jouets pour enfants mais les clubs échangistes laissés ouverts... ; marcher dans la rue avec un bout de tissu magique sur le nez ; se taire dans le métro, etc., etc. Liste non exhaustive.

 

 

Mais une autre illustration de la chute vertigineuse de l'Occident vers la folie est la volonté d'endoctriner les enfants avec des mensonges quant à leur sexe.

Pourquoi sombrons-nous dans la folie et la barbarie ?

L’exploitation de nos enfants dans les écoles publiques

 

Source de l'article suivant : https://catholicexchange.com/stolen-innocence-the-exploitation-of-our-children-in-public-schools-and-what-to-do-about-it/

Traduit par : https://lecatho.fr/actualite/lexploitation-de-nos-enfants-dans-les-ecoles-publiques/ 

 

Pourquoi l’exploitation sexuelle des enfants est-elle si importante pour les impies ?

 

Jésus répondit : « N’avez-vous pas lu que celui qui les a faits dès l’origine les a faits homme et femme… ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. » (Matt 19:4)

 

Depuis le commencement. Il y a une explosion cosmique de l’amour trinitaire. Le jardin d’Eden a été préparé pour un festin de noces. Dieu dit alors : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. Dieu créa l’homme à son image : il le créa à l’image de Dieu, il le créa homme et femme. Souriant aux nouveaux époux, Dieu les bénit et leur dit :

 

« Soyez féconds et multipliez, remplissez la terre » (Gn 1,26-28), donnez naissance à des enfants, car ils sont très bons !

 

C’est alors qu’entre en scène le tentateur, le Mysterium Iniquitatis, une expression latine qui signifie le mystère du mal. Satan n’a pas d’argile propre. Il ne peut que tordre, déformer et chercher à détruire l’Imago Dei, le signe que Dieu a créé le bien.

 

Or, le serpent était le plus rusé de tous les animaux que le Seigneur Dieu avait créés. Le serpent demanda à la femme :

 

« Dieu t’a-t-il vraiment dit de ne manger d’aucun des arbres du jardin ?

 

La femme répondit au serpent :

 

Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin ; c’est seulement au sujet du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin que Dieu a dit :

 

« Vous n’en mangerez pas et vous n’y toucherez pas, de peur que vous ne mouriez« .

 

Le serpent dit à la femme :

 

« Tu ne mourras pas ! Tu ne mourras certainement pas ! Non, Dieu sait bien qu’au moment où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux qui savent ce qui est bon et ce qui est mauvais » (Gn 3,1-5).

 

Je suis de tout cœur avec les jeunes qui sont pulvérisés par une culture tordue, déformée et très toxique. On leur a menti à maintes reprises sur les fondements mêmes du mariage, de la famille, de l’amour authentique, de la véritable signification du sexe et de la sexualité, et bien d’autres choses encore.

 

L’endoctrinement sexuel, l’exploitation et la manipulation des enfants à grande échelle dans les écoles publiques sont particulièrement inquiétants. C’est pourquoi je présente « Stolen Innocence« (L'Innocence volée. Ndlr) , un événement de sensibilisation de la communauté, avec l’enquêteur Thomas Hampson, sur ce qui arrive réellement à nos enfants dans le système scolaire public.

 

La question qui revient le plus souvent au cours de la période de questions qui suit est la suivante :

 

Pourquoi ? Pourquoi une institution chargée d’éduquer les enfants de notre pays se concentre-t-elle plutôt sur la préparation et l’exploitation sexuelles des enfants dont elle a la charge ? En bref, la réponse est le Mysterium Iniquitatis. Avons-nous oublié que nous vivons dans un monde déchu ? Avons-nous oublié que le mal et ses conséquences, le péché et la mort, sont entrés dans le monde après la chute ? Avons-nous également oublié que Dieu a apporté la solution et a vaincu le péché et la mort dans le Mysterium Pietatis, le mystère de l’incarnation, de la passion, de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ ? Non, nous n’avons pas oublié. C’est que l’homme moderne s’est à nouveau trouvé devant l’arbre de la connaissance du bien et du mal et a choisi librement de rejeter Dieu. « L’innocence volée » est la conséquence de ce choix.

 

Dans son livre Toward Soviet America (1932), William Z. Foster, président national du parti communiste américain, ne laisse planer aucun doute sur l’objectif du parti en matière d’éducation américaine. « Parmi les mesures élémentaires que le Soviet américain adoptera pour faire avancer la révolution culturelle, on trouve … un ministère national de l’éducation … les études seront révolutionnées, nettoyées des aspects religieux, patriotiques et autres de l’idéologie bourgeoise. On enseignera aux étudiants les bases du marxisme et du matérialisme (Awake, Not Woke, par Noelle Mering, p. 173).

 

À peu près à la même époque, John Dewey, peut-être la figure la plus influente de l’éducation américaine moderne, a transféré l’École de Francfort, fondée par des marxistes, à l’Université de Columbia. Socialiste et athée convaincu, Dewey a passé du temps en Union soviétique et, à son retour aux États-Unis, il a écrit un livre dans lequel il exprimait son admiration et son désir de reproduire la manière dont leur système était utilisé comme outil politique.

 

Comment ils ont pu si rapidement inculquer un état d’esprit collectiviste aux enfants et comment ils ont commencé à démanteler la nécessité d’une cellule familiale.

 

« Nous nous intéressons tout particulièrement au rôle des écoles dans la mise en place de forces et de facteurs dont l’effet naturel est de saper l’importance et le caractère unique de la vie familiale » (cf. Awake, Not Woke, p. 174).

 

Dewey a fini par être connu comme le père de l’éducation progressive. Son incompréhension de la dignité de la personne humaine et son dédain de la religion ont animé et nourri sa vision de l’éducation. Dewey pensait que, plus qu’un simple apprentissage de la lecture, de l’écriture et de l’arithmétique, l’éducation devait être un outil d’ingénierie sociale et d’éveil de la conscience des enfants à l’activisme. Il a enseigné la philosophie de l’éducation au Teacher’s College de Columbia, où il a pu avoir un impact vaste et profond. En 1950, un tiers des directeurs et des surintendants des grands districts scolaires du pays y avaient été formés et étaient retournés dans leurs districts pour répandre ces théories dans tout le pays (cf. Awake, p. 174).

 

Ce sentiment a été repris par Chester M Pierce, éminent professeur d’éducation et de psychiatrie à Harvard et consultant pour des émissions éducatives pour enfants telles que Sesame Street :

 

« Chaque enfant américain qui entre à l’école à l’âge de cinq ans est mentalement malade parce qu’il vient à l’école avec certaines alliances avec nos pères fondateurs, avec nos élus, avec ses parents, avec la croyance en un être surnaturel et avec la souveraineté de cette nation en tant qu’entité distincte« , a déclaré Pierce. « C’est à vous, enseignants, qu’il incombe de guérir tous ces enfants malades en créant l’enfant international de demain » (Awake, p. 177).

 

La National Education Association (NEA), le plus grand syndicat d’enseignants du pays, s’est développée sous la houlette d’organisateurs marxistes et communistes dans sa volonté de passer outre l’influence des parents sur leurs enfants. (cf. Awake, p. 177-78)

 

Nous avons ici la réponse à la question du POURQUOI.

 

Entrez dans le tentateur, le Mysterium Iniquitatis. Satan n’a pas sa propre argile. Avec les hommes et les femmes qui ont rejeté Dieu, il ne peut que tordre, déformer et chercher à détruire l’Imago Dei, le signe de l’Amour Trinitaire – le mariage et la famille – que Dieu a créé très bon. Ce qui est le plus profané par Satan est ce qui est le plus saint. Quel meilleur moyen d’effacer Dieu que de souiller la belle innocence des enfants par le biais de l' »éducation sexuelle complète » et d’autres perversions qui leur ont été imposées ?

 

Quelle ironie, à notre époque dite moderne, que nous soyons tombés une fois de plus dans le piège de ce très vieux mensonge : « vous pouvez être comme des dieux« . Il semble que les mots d’Aldous Huxley sonnent juste une fois de plus : « Le fait que les hommes n’apprennent pas grand-chose des leçons de l’histoire est la plus importante de toutes les leçons que l’histoire a à enseigner. » Car sans le Créateur, la créature disparaîtrait… Mais quand on oublie Dieu, la créature elle-même devient inintelligible (Gaudium et spes, n° 36).

 

Pourtant, Dieu, le Père de Miséricorde, souhaite se réconcilier avec ses enfants perdus. L’histoire du salut – le salut de l’humanité tout entière ainsi que de chaque être humain à quelque époque que ce soit – est l’histoire merveilleuse d’une réconciliation. C’est la réconciliation par laquelle Dieu, en tant que Père, dans le sang et la croix de son Fils fait homme, réconcilie le monde avec lui-même et fait ainsi naître une nouvelle famille de réconciliés (Réconciliation et pénitence, Jean-Paul II, n° 4.8).

 

C’est l’heure de la décision ! L’histoire enseigne que, dans un certain sens, chaque personne se trouve devant l’arbre intemporel de la connaissance du bien et du mal. La question posée à chaque individu de chaque génération est la suivante : « Est-ce que j’utilise mon intelligence et ma raison pour construire ma vie et le monde qui m’entoure sur la vérité éternelle, sur Dieu, ou est-ce que je gaspille ma liberté et choisis plutôt…d’être comme des dieux qui savent ce qui est bon et ce qui est mauvais ?« . (Gn 3,5).

 

Jésus a dit à ses disciples :

 

« Quiconque accueille en mon nom un de ces enfants, c’est moi qu’il accueille ; mais si quelqu’un fait pécher l’un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui attache au cou une grande meule de moulin et qu’on le noie au fond de la mer » (Mt 18,5-6).

 

Notre espoir pour les hommes et les femmes d’aujourd’hui est qu’ils puissent surmonter l’endurcissement de leur cœur, se remettre de la perte du sens du péché, se tourner à nouveau vers Jésus-Christ et être sauvés.

 

Cet article a été publié originellement par Catholic Exchange (Lien de l’article).

Note du Blog Christ Roi.

Contrairement à ce qu'affirme le conformisme contemporain, l'Humanisme de la Renaissance n'a pas établi la raison, il l'a perdue en faisant primer la raison humaine sur la Raison divine.

Alain PASCAL, La Renaissance, cette imposture, La Guerre des Gnoses ***, éd. CIMES, Paris 2021, p.13

Le Concile Vatican II, Gaudium et spes 36 avait averti :

 

"si, par « autonomie du temporel», on veut dire que les choses créées ne dépendent pas de Dieu et que l’homme peut en disposer sans référence au Créateur, la fausseté de tels propos ne peut échapper à quiconque reconnaît Dieu. En effet, la créature sans Créateur s’évanouit. Du reste, tous les croyants, à quelque religion qu’ils appartiennent, ont toujours entendu la voix de Dieu et sa manifestation, dans le langage des créatures. Et même, l’oubli de Dieu rend opaque la créature elle-même."

 

Toute la misère de notre monde vient du fait qu'il s'est séparé de Dieu dans la culture, l'économie, le droit, la politique. Cette séparation inédite issue de la philosophie moderne qui entendait comprendre et organiser le monde comme si Dieu n'existait pas est LE mensonge. Cette profonde erreur nous fait régresser à l'état primitif archaïque, et à la barbarie.

 

"La Révélation chrétienne a offert l'Intelligence au monde, la Révolution moderne la lui fait perdre. Le vocabulaire moderne est donc une inversion. Au nom du progrès, l'humanité régresse et la cause est métaphysique. ... Le christianisme représente une révolution par rapport au monde antique. ... Il affirme le dualisme de l'Être - une distinction entre l'Être de Dieu et l'Être créé -, ce qui fait dépendre la connaissance humaine d'une intelligence supérieure à l'intelligence humaine. Il y a donc un critère transcendantal du rationnel.

 

"Le dualisme métaphysique conditionne la connaissance et le christianisme est la seule religion à le respecter. ... L'intelligence est dans la nature humaine. Elle est la faculté de connaissance. ... Le problème de la validité de son exercice réside dans son fondement." (Alain PASCAL, L'Intelligence du christianisme, tome 1, L'Humanité en quête de Dieu, éd. du Verbe Haut 2022, p. 22-23.)

 

"La vraie mystique et le vrai rationalisme ne sont possibles que dans un dualisme métaphysique, c'est-à-dire une distinction entre l'Être Créateur et l'être créé (la nature). Il faut que Dieu ait un Être, ce qui n'est pas le cas dans le déisme philosophique, ni le maçonnisme.

 

"Le 'dieu' des philosophes et le Grand Architecte de l'Univers (GADLU) ne sont pas Dieu.

"Les maçons font référence à un Grand Architecte de l'Univers qui n'est pas le Dieu chrétien, mais un Esprit cosmique, donc qui n'a pas d'Être. Or on ne peut pas s'unir ou contempler un Dieu qui n'a pas d'Être (c'est la mystique), ni atteindre la raison sans la Révélation chrétienne (c'est le vrai rationalisme). La franc-maçonnerie usurpe le langage chrétien." (Alain PASCAL, La Révolution des Illuminés, Les droits de l’homme contre Dieu, La Conspiration des philosophes, 4e tome, éd. Cimes, Paris 2023, p. 34.)

 

"Depuis la Révolution, la société est coupée du Sacré. Le religieux est passé du conscient à l'inconscient et le langage a été inversé par la philosophie moderne, qui offre à l'homme non pas la liberté, mais l'esclavage et la mort.

"La philosophie moderne est une régression mentale qui entraîne une régression sociale." (Alain PASCAL, La Renaissance, cette imposture, La Guerre des Gnoses ***, éd. CIMES, Paris 2021, p.15.)

 

Le langage moderne est inversé, et cette régression horrible s'appelle "progrès".

 

"Le langage moderne est une inversion du langage traditionnel (Cf. l'inversion des mots Raison, Révélation, Lumière, Vérité, Dieu, liberté ...), ce pourquoi son rationalisme est un irrationalisme. Cette inversion explique que le progressisme soit une régression vers la barbarie. Les deux cents millions de morts du XXe siècle sont la (triste) démonstration de l'échec moderne, à savoir que les temps modernes ouverts par la Révolution n'ont pas fait le bonheur de l'humanité, mais son malheur. Pourquoi ? Parce que la philosophie moderne est anti-chrétienne, donc anti-divine. ... La philosophie moderne sert l'Adversaire de Dieu, c'est-à-dire est diabolique. Les temps modernes sont diaboliques par le mensonge politique ..., mais aussi par leur amoncellement de cadavres. Silence, on exploite et on tue. ... Parce que la Révolution a fait revenir le sacrificiel archaïque. Le moderne vit une ''crise sacrificielle'', comme l'a mis en évidence René Girard.

"... La philosophie moderne ne peut pas être rationnelle dès lors qu'elle dérive de la gnose et de la Kabbale, ésotérismes qui nient la Raison révélée par le Fils de Dieu et dont la meilleure expression est la grande scolastique du XIIIe siècle. Le véritable rationalisme est le rationalisme scolastique, ... 'cathédrale de la pensée' parce que, en soumettant la raison humaine à la Révélation, il protège l'Occident de la gnose et de la Kabbale, et en inscrivant le rationalisme dans la métaphysique dualiste de la Bible.

"... Or les humanistes de la 'Renaissance" se sont inscrits contre la scolastique... C'était une régression au monisme sur le plan métaphysique (l'Être Un) et par conséquent une régression épistémologique. La 'Renaissance' ne pouvait donc pas être un rationalisme. ... Ce pourquoi la philosophie moderne est l'anti-Raison.

"On ne peut pas ignorer le Sacré et prétendre maîtriser la violence, délaisser le dualisme métaphysique et prétendre à la Raison..., etc." 

 

En premier lieu, la cause de notre malheur est le doute (c'est-à-dire l'homme) substitué à ‘’la vérité’’, l"homme qui raisonne avant de croire. C'est toujours le "crois pour comprendre" de S. Augustin qui est premier, avant le "comprends pour croire" qui est bien évidemment possible aussi dans le christianisme, mais qui arrive en second dans la méthode de la connaissance.

 

La cause de nos malheurs publics c'est de poser en premier l’homme (et son doute, la raison humaine) à la place de la raison divine.

 

Le "comprends pour croire" dans la civilisation chrétienne arrive après le "crois pour comprendre" ; la foi en Dieu est placée en premier (avant l'homme et sa raison). Cette méthode a donné le grand siècle de la raison scolastique du XIIIe siècle avec S. Thomas d'Aquin.

 

C'est dorénavant l'homme qui est le ''premier servi'' (expression de Sainte Jeanne d'Arc) et non plus Dieu.

 

"Voltaire (...) héritier de Descartes (...) a achevé de couper la foi de la raison et a ainsi créé une nouvelle sorte de foi (...) puisque c'est l'anti-foi. Ce n'est plus 'croire pour comprendre', c'est croire de ne pas croire pour ne plus comprendre" ! (...) La croyance est passée à l'inconscient et la raison est devenue irraison."

Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, Vers la Révolution maçonnique en France, La Conspiration des philosophes, 3e tome, éd. Cimes, Paris 2019, p. 463.)

 

"...Le Cogito (de Descartes) est une inversion de la métaphysique chrétienne, car un chrétien doit dire : Je suis donc je pense. [Le "puisque je sais que je suis, je sais également que je suis" de S. Augustin. Ndlr.] Dieu m'a créé et m'a fait don de la pensée, et par suite, le monde existe hors de moi, comme un objet soumis à ma faculté de connaissance. C'est (une question de) logique. On ne pense pas rien, on pense ce qui est avant que l'on pense. L'Être doit donc être avant la pensée. Car le réel ne dépend pas de l'idée, il est avant l'idée. Or, avec le 'je pense, donc je suis', Descartes nie l'Être qui précède l'idée. Par suite, sa méthode ne peut accéder à la connaissance du réel. ... L'idéalisme cartésien est ainsi utopie cognitive sur le plan épistémologique (parce qu'il inverse la démarche scolastique) ... et pis encore, péché originel, car substitution de l'Homme à Dieu sur le plan ontologique.

 

... Si la pensée du sujet, le 'je' précède l'existence, ce n'est plus l'Esprit de Dieu (Sa Parole, Son Verbe) qui a créé le monde 'au commencement', c'est la pensée humaine qui crée l'Être du monde. ... Et par conséquent, le monde n'est plus un objet extérieur à l'homme, il devient le fruit de sa pensée. Le monde est parce qu'il est perçu, expérimenté, construit par l'homme, qui devient ainsi le véritable créateur. ... Dieu devient le fruit de la pensée humaine. Dieu n'Est plus... C'est d'ailleurs ce que dit Descartes : 'Je suis, donc Dieu est', et 'je pense Dieu, donc Dieu est' ? ... Le Dieu mathématique de Descartes étant une abstraction de l'esprit humain..., il est logique qu'en loges les athées aient finalement supplanté les spiritualistes... La 'mort de Dieu' étant la conséquence finale et inéluctable du cartésianisme, cette philosophie est plus diabolique que la théosophie de Bœhme... En réduisant le rationalisme à l'homme, Descartes détruit le socle divin du rationalisme, il offre la raison au Diable. Descartes pense en initié rosicrucien. ... Sa 'méthode' n'en devient pas scientifique pour autant, puisqu'elle tire la vérité du 'moi'. Son 'rationalisme' passe ainsi de l'objectif (critère scientifique) au subjectif, donc sa 'méthode' renie le fondement même de la démarche scientifique... une sorte d'onanisme intellectuel dont vont pouvoir naître les pires utopies... Cette raison inversée est la 'raison' du Diable, la 'lumière' de Lucifer, le Maître des Roses-Croix... (qui) a fait commettre à l'homme moderne le 'péché originel' épistémologique. Saint Thomas partait des choses,... en dédaignant l'objet, Descartes perd toute intelligibilité du réel. Avec Descartes l'objet est méprisé et la raison humaine fonctionne sur du vide. Elle s'illusionne sur le réel que l'individu 'reconstruit ' artificiellement à la place de son Créateur... Désormais perdu dans un verbiage qu'il prend pour une 'science', l'homme moderne a perdu la Raison et avec elle la connaissance du Réel créé par Dieu. Descartes est à la source de tout l'absurde langage moderne, ce verbiage qui dit 'raison' pour irraison, 'réel' pour irréel, etc. Liberté, à l'égard de l'objet... qui nous rend, pour n'être mesurés par rien, également soumis à n'importe quoi... L'homme moderne est perdu dans un 'entre-monde' qui est constitué d'artificialités, car il utilise un langage dénué de sens, ... qui lui fait prendre le vrai pour le faux (c'est une inversion), donc le pousse à détruire la Nature, alors qu'il la vénère (c'est l'absurdité de l'écologie). ... Avec le Cogito, l'objet doit son existence au sujet pensant et le monde n'est plus hors de l'homme, il est par l'homme... Le rationnel devient dépendant de l'évolution de la connaissance humaine. Quand le doute est substitué à la certitude, la vérité est variable, donc il n'y a plus de vérité... Le réel n'est plus, il est construit; c'est le sujet qui fonde la connaissance, ce que dira Kant en tirant la conséquence du 'rationalisme' de Descartes. Le Cogito est une transcription en philosophie du nominalisme et de l'empirisme, deux doctrines condamnées depuis des siècles par l'Eglise.

...Et l'idéalisme cartésien implique une métaphysique moniste, même si Descartes affirme le contraire. En effet, ce n'est plus l'Esprit de Dieu qui crée seul, puisque l'existence de l'objet dépend également du Cogito, l'esprit humain... Suite logique, les successeurs de Descartes diront que le monde n'est plus l'œuvre de Dieu, mais de la pensée humaine. C'est incompatible avec le christianisme, mais c'est compatible avec la gnose et la kabbale... Le matérialisme athée est l'aboutissement logique de la philosophie moderne qu'inaugure Descartes...

Et la logique de la philosophie moderne est d'aboutir à un collectivisme cosmopolite...

Descartes crée une nouvelle mythologie, celle du progrès rationnel dû à la philosophie ... Descartes vint, puis les 'Lumières' et est arrivé ce qui devait arrivé, la Révolution et les Temps modernes, les pires horreurs de toute l'histoire de l'humanité. Car le monde sans Dieu est le pire de tous pour l'homme." (Cf. Alain PASCAL, Le Siècle des Rose-Croix, Pascal contre Descartes, La Conspiration des philosophes tome 2, éd. Cimes, Paris 2018, p. 9-10; 15-17; 187-193; 195; 197-202; 211; 222; 224; 227.)

 

"En créant le mythe des Lumières, l'histoire officielle inverse la réalité. Car le XVIIIe siècle est le Siècle des Ténèbres et la responsabilité ... incombe aux philosophes, mais également à la franc-maçonnerie. En effet, le siècle dit "des Lumières" n'a pas marqué un progrès de la raison, il se caractérise au contraire par le retour de superstitions qui ont été véhiculées par des philosophes qui ont imposé des croyances irrationnelles d'un autre âge avec la complicité des loges maçonniques.

"Le XVIIIe siècle n'a pas vu la naissance d'idées nouvelles, mais la victoire de vieux cultes du cosmos sur la tradition chrétienne. Cette régression explique que la Révolution de 1789 ait fait couler le sang du sacrificiel archaïque et qu'à sa suite, les Temps modernes soient les pires de tous ceux vécus par l'humanité tant ils ont amoncelé les cadavres.

 

[''Refaisons l'addition des pertes dues à la Révolution et à l'Empire:

 

400 000 morts pour les guerres jusqu'en 1800;

un million pour les guerres napoléoniennes;

600 000 pour les guerres intestines;

et l'échafaud pour mémoire. Voilà nos deux millions de morts.

 

Près de 80% des personnes guillotinées sous la Révolution étaient des petites gens. Les ouvriers ont été envoyés par charrettes entières à la guillotine. Les décapitations [...] concernent pour 28% des paysans, pour 31% des artisans et des ouvriers, sans doute pour plus de 20% des marchands ... 8 à 9% des nobles, pour 6 à 7% des membres du clergé..." (René SÉDILLOT, Le coût de la Révolution française, Vérités et Légendes, Perrin Mesnil-sur-l'Estrée 1987, p. 24-28).]

 

Lire : 

"Le Coût de la Révolution française". Deux MILLIONS de morts. René Sédillot

Le complot républicain de 1792 et le génocide vendéen

 

"... L'ère démocratique et la Démocratie ... régression ... vers la barbarie.

"Pour masquer ces faits – la Démocratie … est aujourd’hui un ’DOGME’ – l’histoire officielle – c’est-à-dire réécrite par la franc-maçonnerie – a créé un mythe des ’Lumières’ qui fait suite au mythe de la ‘’Renaissance’’, au mythe d’une philosophie ‘moderne’ ‘rationnelle’, etc. Tout le vocabulaire de l’histoire officielle est mensonger, … une inversion des mots." (Alain PASCAL, La Révolution des Illuminés, Les droits de l’homme contre Dieu, La Conspiration des philosophes, 4e tome, éd. Cimes, Paris 2023, p. 11-12.)

 

Lire : Subversion du langage : Un poème d'Armand Robin qui explique le programme des deux derniers siècles

 

"Au XVIIIe siècle, ... quand les faux mystiques seront unis aux faux rationalistes, les ténèbres seront complètes.

Alors la parenthèse tragique des Temps modernes obscurantistes pourra s'ouvrir."

(Alain PASCAL, Le Siècle des Rose-Croix, Pascal contre Descartes, La Conspiration des Philosophes, 2e tome, éd. Cimes, Paris 2018, p. 468)

 

Non plus la raison venant de Dieu, mais la raison dressée contre Dieu

 

C'est cet échec du monde moderne que nous assistons actuellement. La Russie semble vouloir s'extirper de cette folie en revenant à sa culture chrétienne, quand l'Occident continue sa course folle vers l'état primitif.

 

"Aujourd'hui, les modernes ont perdu la Raison parce qu'en faisant table rase de la tradition chrétienne, ils sont revenus à la mentalité primitive. La victoire de la barbarie sur la Civilisation en témoigne", explique Alain PASCAL. (La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, tome 2, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. Cimes, 2e éd. revue et augmentée, Paris 2015, p. 289.)

 

"Les Temps modernes ne pouvaient pas être un progrès parce que le 'rationalisme' qui les fonde est une régression mentale.

 

"[...] La 'raison' moderne ne peut pas être rationnelle puisqu'elle est individuelle, et que l'expérience individuelle a nécessairement recours aux 'sens' comme l'a montré Saint Thomas. Pour être, la Raison doit transcender l'individu.

 

"[...] Le 'rationalisme' moderne ne peut pas être rationnel puisqu'il est l'expression ultime de croyances primitives traduites en philosophie." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, tome 2, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, ibid., p. 289)

 

"Le lecteur occidental doit donc oublier le langage de la philosophie moderne, qui a récupéré certains mots en les détournant de leur sens originel. [...] Il y a de nos jours une confusion du vocabulaire dont la responsabilité incombe aux loges maçonniques, et contrairement au langage de la philosophie moderne, obscure [...], les grands systèmes scolastiques (fidèles à la tradition chrétienne) [...] sont d'une clarté exemplaire. En un mot, la lumière du langage scolastique s'oppose à l'obscurantisme du mot rationalisme, justement.

 

"Pour un traditionaliste chrétien, le rationalisme consiste à respecter la Raison divine, alors que dans le langage moderne, le rationalisme fait prédominer la raison humaine sur la Raison divine, voire nie la Raison divine.

 

C'est un exemple d'inversion du langage.

 

Nous pourrions donner un autre exemple, à savoir que, dans le langage scolastique, l'empirisme s'oppose au réalisme et au rationalisme, alors qu'en lange moderne l'empirisme se prétend réaliste et rationnel.

 

[...] Le mot rationalisme naît avec la scolastique – la Raison divine est offerte à l'humanité par la scolastique –, et aujourd'hui il signifie le contraire du rationalisme scolastique. [...] Être rationaliste, c'est accorder la Raison divine à la faculté rationnelle humaine. La scolastique donne la qualité à la chose en allant du supérieur (la raison divine. Ndlr.) à l'inférieur (l'humain). [...] Le moderne (au contraire) part de l'inférieur, la Nature, qu'il étudie par une science quantitative, numérique et profane. [...] Le moderne déduit la loi d'une science qui nie le Sacré.

 

[...] La dernière (philosophie) en date est l'existentialisme athée, philosophie qui a conclu à l'absurde, ce qui est un aveu total de perte de sens. Le mot lui-même est utilisé à contresens, par exemple par les marxistes lorsqu'ils osent parler du 'sens de l'histoire' à propos de leur 'progressisme'. C'est le plus grand (et le pire) exemple d'absurdité meurtrière née de l'inversion du langage par la philosophie moderne. Car le marxisme a définitivement démontré son irrationalité, son incapacité à comprendre le réel. Le progressisme marxisme est une régression historique sans précédent. 

 

"[...] Il ne faut cependant pas désespérer car l'Intelligence perdue provoque un tel excès de primitivation que le malheur vécu et le manque spirituel sont à même de rendre évident la nécessité d'une renaissance de l'Intelligence. Au bout de l'absurde, une nostalgie rationnelle et sacrale provoquera la fin des Temps modernes." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, tome 2, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, ibid., p. 139-141.)

 

"La philosophie moderne est stupide – c'est le mot – quand elle dit  que l'homme est rationnel parce qu'il a rejeté Dieu et qu'elle prône une liberté individuelle parce que la raison humaine ne peut venir que de Dieu et que la liberté est impossible à l'individu, puisqu'il est interne au cosmos. Pour preuve, l'homme moderne ne comprend plus rien, il est fou, et de moins en moins libre (il n'y a que les victimes du communisme qui s'en aperçoivent...) [...] Le monisme métaphysique est donc la cause de l'échec moderne. [...] En  régressant à avant la scolastique, la philosophie moderne ne peut pas être nouvelle, elle est nécessairement régressive. 

 

"La scolastique est un immense progrès parce qu'elle a sanctifié la philosophie ancienne (qui aspirait à libérer l'homme des croyances irrationnelles des relations cosmiques antiques en accordant à l'humain la faculté rationnelle et la liberté individuelle, mais avait échoué car elle avait persisté dans le monisme de l'Être parce que c'était la seule conception de l'époque, ou parce que les premiers philosophes, s'ils avaient peut-être eu l'échos de la genèse [...] n'en avaient pas compris la métaphysique) en la refondant sur le dualisme métaphysique." (Un Dieu créateur et un monde créé non confondus dans l'Un antique). (Alain PASCAL, Les Sources occultes de la philosophie moderne, De la Gnose à la théosophie, tome 1 de La Conspiration des philosophes, éd. des Cimes, Paris 2017, p. 109-111.)

 

"Dans le catholicisme [...] le Père incarne le Fils pour que l'homme ['fait à l'image de Dieu'. Ndlr.] ait une raison qui lui permette d'étudier scientifiquement la nature. La nature n'est plus [comme dans les anciennes cosmogonies monistes. Ndlr.] le corps de Dieu parce que le Père est transcendant, 'les choses cachées depuis la fondation du monde' sont révélées par le Fils, si bien que l'homme peut étudier le créé sans peur. Par la Trinité, et la Trinité seule, la magie est écartée de la science. La magie est la forme primitive de la science, mais celle-ci n'est véritablement devenue objective (donc rationnelle...) qu'avec l'abandon de la magie, c'est-à-dire lorsque la métaphysique du christianisme a délivré la nature de ses mystères en distinguant l'être créé de l'Être créateur.

 

"Seul à respecter la métaphysique du dualisme de l'Être de la Bible, le dogme catholique est le seul à être rationnel parce qu'il est le seul à exclure toute magie.  [...] Il faut en tirer la conséquence sur notre civilisation. [...] [L]e retour actuel de la magie constitue à l'égard de l'Occident chrétien une menace de mort au même titre que le choix métaphysique moniste." (Alain PASCAL, La Renaissance, cette imposture, La Guerre des Gnoses ***, éd. CIMES, Paris 2021, p. 57-58.)

 

"La philosophie moderne a fait perdre à l'humain toute raison, puisqu'elle a affirmé une fausse raison, qui plus est l'inverse de la Raison. C'est pour cela que l'homme moderne ne domine plus le réel. ... Le modernisme étant une négation du christianisme (il est démontré que la philosophie moderne est une inversion de la scolastique chrétienne), il est une régression et non pas un progrès, ce n'est pas une affirmation de théologien, mais un constat d'historien. L'homme moderne n'est pas raisonnable, il est fou, raison pour laquelle il est violent. Car jamais, y compris dans les temps les plus primitifs, l'humain n'a autant versé le sang humain. Tel est le fait incontestable. En quantité et en proportion d'êtres humains tués par l'homme, les Temps modernes ont battu tous les recors, et ce n'est pas fini..." (Alain PASCAL, L'Intelligence du christianisme, tome 1, L'Humanité en quête de Dieu, éd. du Verbe Haut 2022, p. 49-50.)

 

"Les Temps modernes [...] ont vu la plus forte montée d'irrationnel et la plus forte explosion de la violence de toute l'histoire de l'humanité, y compris la plus primitive...

 

"[L]a cause de la violence moderne est l'abandon de la métaphysique du dualisme de l'Être. [...] Le monisme de l'Être est le problème de la philosophie moderne, la cause métaphysique de l'échec moderne. La philosophie moderne est moniste, car elle nie le Surnaturel, donc présuppose un Être Un, et cette erreur métaphysique s'accompagne obligatoirement d'une résurgence du sacrificiel archaïque. [...] Loin d'être un progrès, l''Éternel retour' au monisme est une régression." (Alain PASCAL, La Renaissance, cette imposture, La Guerre des Gnoses ***, éd. CIMES, Paris 2021, p. 61.)

 

De même, "l'Humanisme qui est une divinisation de l'homme (sans les moyens de Dieu, donc avec les moyens du serpent de la Genèse. Ndlr.), loin de permettre une connaissance rationnelle constitue un obstacle. Car par lui-même, l'homme ne peut avoir qu'une connaissance limitée de l'univers. Certains aspects du réel sont hors de ses sens, donc aussi de sa raison. L'univers tient ses lois d'une Intelligence supérieure à celle de l'homme, donc il faut à la raison humaine que 'Quelqu'un' lui révèle cette Intelligence supérieure. En un mot, pour atteindre la Raison, il faut partir de Dieu et non de l'Homme." (Alain PASCAL, L'Intelligence du christianisme, tome1, L'Humanité en quête de Dieu, éd. Du Verbe haut 2022, p. 384.)

 

"Puisque seul le christianisme respecte la parole de Dieu (et le dualisme biblique avec d'un côté un Être créateur, Dieu, et de l'autre côté, des créatures, à ne pas confondre avec Dieu lui-même, et qui ne sont pas des êtres créateurs. Ce que conteste la philosophie moderne... Ndlr.) [...], mettre fin au christianisme est servir le diable, l'esprit qui veut détruire la Création de Dieu, et c'est pourquoi depuis que la société est antichrétienne, c'est-à-dire depuis le début des Temps modernes, l'homme met en péril la Création.

 

"L'humain a perdu la Raison, il sombre dans l'absurde (notre Absurdie actuelle, Ndlr.), parce qu'il a perdu l'Intelligence de la Bible et il a été séduit par celle du diable.

 

"De nos jours, l'écologie illustre cette absurdité. L'écologie est en effet la religion cosmique (moniste archaïque d'un Cosmos un. Nldr.) qui va justifier la dictature mondiale. C'est absurde puisque cette religiosité exprime une nostalgie de la Création (du jardin d'Eden avant la Chute... Ndlr.) alors qu'elle est mise au service d'un mondialisme destructeur de la Création. L'écologie devrait défendre l'Ordre du Cosmos alors qu'elle est l'extrême révolution, l'apologie du chaos. L'écologie est à la fois l'extrême progressisme, l'aboutissement de la révolte contre Dieu, mais aussi l'anti-science qui peut mettre fin au progressisme ! Certains verront dans cette absurdité écologique une volonté supérieure, tant il est vrai qu'après le Chaos revient l'Ordre...

 

"Nous entrons dans l'espérance. Les temps modernes vont se clore et l'Intelligence sera rendue à l'homme avec la mémoire." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, tome 2, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, ibid., p. 203.)

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10 avril 2023 1 10 /04 /avril /2023 08:52

"Les résolutions de la 'Voie synodale' (allemande. Ndlr.) dérobent aux fidèles catholiques la 'vérité de l'Evangile' (Ga 2, 5), pour la remplacer par la purée de lentilles bon marché d'une idéologie fixée sur le sexe… une sorte de matérialisme nihiliste qui se moque de Dieu qui a créé l'homme à son image et homme et femme à sa ressemblance", déclare dans une interview détaillée, le cardinal Gerhard Ludwig Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.

https://www.catholicworldreport.com/2023/04/09/the-synodal-way-into-the-german-schism-a-critical-examination/

https://www.catholicworldreport.com/2023/04/09/the-synodal-way-into-the-german-schism-a-critical-examination/

Vatican (kath.net) Avec la dernière assemblée plénière, les négociations et les votes démocratiques de la soi-disant "voie synodale" ont été conclus. Les décisions du vote à la majorité doivent maintenant être mises en œuvre. Cependant, les résolutions ne rencontrent pas l'approbation unanime de Rome et du Pape, qui représentent tous deux l'Église universelle et donc 1,3 milliard de catholiques romains, et qui sont tous deux chargés de garantir l'unité de l'Église bimillénaire Église dans la vérité du Christ.

 

Les résolutions ont, en fait, été critiquées non seulement par les catholiques allemands, mais aussi dans le monde entier.

 

Lire : Le Patriarcat Catholique Byzantin a publié "l'anathème de Dieu contre les prélats" du Synode allemand

 

Les décisions de ce processus de réforme, qui revendiquent une validité juridique, sont susceptibles de s'éloigner du principe d'unité qui a garanti la continuité de l'Église pendant deux mille ans. L'abandon du principe d'unité a de lourdes conséquences. Nous en avons parlé avec le cardinal Gerhard Ludwig Müller, préfet émérite de la Congrégation pour la doctrine de la foi, dogmatique et historien des dogmes.

 

Lothar C. Rilinger : De nombreux textes ont été adoptés il y a quelques jours lors de la "Voie synodale" de Francfort et nous ne pouvons nous concentrer que sur certains d'entre eux. Mais d'abord, en principe : quelle part de l'enseignement traditionnel par exemple sur le sacerdoce ou sur l'homosexualité, un catholique peut-il mettre en question avant de cesser d'être catholique ?

 

Lire : Synode sur la famille : "La tentative de mettre au vote la vérité divine et la parole de Dieu est indigne" (Mgr Athanasius Schneider)

 

Cardinal Gerhard Ludwig Müller : Le sacrement d'ordination, un dans son origine et son essence, dans les trois degrés de diacre, prêtre et évêque, a son fondement dans l'appel et la commission des apôtres par Jésus-Christ, le Fils de Dieu lui-même. Contre l'objection des groupes spirites et finalement de la Réforme protestante au XVIe siècle, selon laquelle le sacrement de l'Ordre ne faisait pas partie de la substance de l'Église, le Magistère épiscopal-papal (en particulier dans les Conciles de Trente et Vatican II) a travaillé l'origine christologique et la place ecclésiologique de ce sacrement, dans lequel se fonde aussi la constitution hiérarchique, c'est-à-dire sacramentelle, de l'Église (cf. Vatican II, Lumen gentium 18-29).

 

Par conséquent, quiconque nie les éléments essentiels de cette ordination, instituée dans l'Église par le Christ, comme ministère mandaté de la Parole et du Sacrement, et quiconque ne reconnaît pas les évêques et les prêtres comme les bergers nommés par l'Esprit Saint, ne peut plus se dire Catholique (cf. Vatican II. Lumen gentium 14). Ce qui est constitutivement catholique n'est donc pas déterminé par l'état civil ou le Comité central des catholiques allemands ou toute autre organisation ecclésiastique de droit purement humain, mais en dernière instance uniquement par l'ensemble des évêques catholiques avec le pape comme principe perpétuel de l'unité de l'Église dans la vérité de la révélation définitive de Dieu en Jésus-Christ. L'opposition hérétique à la révélation et à sa version conceptuelle dans la confession de foi nécessaire de l'Église se camoufle, comme c'était déjà le cas chez les anciens gnostiques, en un développement de ce qui est réellement visé ou en une adaptation nécessaire à la capacité de compréhension limitée ou conditionnée par le temps des destinataires - comme chez les soi-disant modernistes du XIXe siècle.

 

Contre le courant dominant du monde occidental, soutenaient-ils, on ne pouvait plus dire quel était le but de la nature humaine créée par Dieu en deux sexes. Et l'activité sexuelle en dehors du mariage légitime de l'homme et de la femme ne pouvait plus être qualifiée de péché sans s'exposer à l'ostracisme social ou encourir le châtiment prétendument juste de la justice, qui doit veiller sur la pensée, la parole et l'action totalitaires socialement autorisées. Pour le dire clairement : ce n'est rien d'autre que la dictature du relativisme.

 

Rilinger : Il y a trois degrés de ministère ordonné (diacre, prêtre et évêque) mais c'est un seul sacrement. Ce serait donc bien une discrimination, comme l'a mis en garde Mgr Rudolf Voderholzer à Francfort, si les femmes n'étaient admises qu'en tant que diacres, mais pas en tant que prêtres ou évêques. Dans quels problèmes s'emmêle-t-on lorsqu'on demande un diaconat pour les femmes ?

 

Card. Müller : Il n'y a en effet qu'un seul et indivisible ministère sacramentel dans les trois degrés d'évêque, de prêtre et de diacre. Par conséquent, ses éléments essentiels s'appliquent aux trois degrés d'ordination. Cette réalisation est enracinée dans la tradition de foi de l'Église, a prévalu même face aux objections hérétiques, et a donc mûri au point d'une définition magistrale qui lie chaque catholique en conscience.

 

Rilinger : La dernière fois, un texte a été adopté selon lequel les relations sexuelles extraconjugales doivent être considérées comme positives. Maintenant, un autre texte a été adopté qui est censé faciliter les célébrations de bénédictions pour les relations sexuelles de toutes sortes, mais aussi pour les personnes civilement divorcées et remariées qui vivent en violation de leur mariage sacramentel indissoluble. Il y a seulement deux ans, précisément ces bénédictions des relations sexuelles non conjugales avaient été déclarées impossibles par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Que dit cette attitude de l'Église en Allemagne, des évêques allemands, mais aussi de Rome, s'il n'y a pas d'intervention immédiate ?

 

Card. Müller : La Congrégation pour la Doctrine de la Foi, au nom du Pape, a clairement mis l'accent sur la doctrine catholique des deux sexes humains. Dans son entretien le plus récent (mars 2023) dans le journal argentin La Nación, le pape François a lucidement fait la distinction entre la pastorale des personnes aux prises avec l'attirance érotique du sexe opposé et la colonisation la plus dangereuse du monde par l'idéologie du genre totalement non scientifique, qui doit être imposée à tous – y compris aux pays pauvres – par le lobby milliardaire correspondant. Si un pays refuse, le lobby menace de plafonner l'aide au développement et accepte ainsi délibérément la faim et la paupérisation.

 

Cela est déjà évident dans le discours pseudo-scientifique d'un "homme biologique". Comme si la sexualité de l'homme était autre chose qu'un fait biologique, qui, cependant, dans l'unité corps-âme de l'homme, a besoin d'être également géré moralement, en ce qui concerne le bien moral, qui se perfectionne dans l'amour.

 

L'Église catholique est, en effet, la seule institution au monde qui défende inconditionnellement la dignité de la personne humaine parce que, selon le commandement de Dieu, elle appelle la nocivité du péché pour ce qu'elle est et en même temps donne à chaque pécheur la grâce de repentir et de conversion, et lui présente ainsi la perspective d'une nouvelle vie dans l'amour de Dieu.

 

Au-delà de la définition la plus originale, donc la plus progressive et la plus bénéfique de l'homme, que Jésus, le Fils de Dieu, nous a définitivement révélée comme la volonté du Père céleste et Créateur du monde et de l'homme (cf. Mt 11, 25- 27), il n'y a aucune réalisation humaine qui puisse relativiser Sa parole : "N'as-tu pas lu que celui qui les a faits dès le commencement" [la raison dans laquelle se manifeste le dessein de la volonté du Créateur] "les fit homme et femme, et a dit : 'C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et les deux deviendront un' ? Ils ne sont donc plus deux mais un." (Mt 19, 4-6). Même avec les déformations de mots les plus sophistiques, les exégètes en phase avec l'esprit du temps ne peuvent pas occulter la vérité révélée, à savoir que la conséquence de la négation de Dieu est le mensonge sur la relation juste entre l'homme et la femme et que, par conséquent, les rapports sexuels entre personnes du même sexe sont contraires à la nature bisexuelle de l'être humain et constituent donc un péché grave (cf. Rm 1, 18- 32 ; 1 Cor 6, 9). Ni les tempêtes de merde dans les médias mainstream, ni les amendes et peines de prison infligées aux chrétiens croyants dans les dictatures d'opinion y changeront quoique ce soit, même si les lois correspondantes se donnent une apparence formelle et démocratique.

 

Rilinger : Un autre texte appelait à faciliter la prédication laïque, le baptême laïc et l'assistance laïque lors des cérémonies de mariage. Outre le fait que, semi-légalement au mieux, c'est déjà le cas dans certains diocèses allemands, quel est le besoin de diacres permanents ?

 

Card. Müller : Ces options ne trouvent pas leur origine dans un manque de prêtres et de diacres en Europe ou dans une situation d'urgence particulière du salut de l'âme en danger, mais dans le besoin de la part de laïcs engagés à plein temps dans le service pastoral d'exercer des fonctions similaires à celles d'un prêtre afin d'augmenter leur prestige social. Le véritable ministre du baptême est l'évêque ou le prêtre et aussi, s'ils ne peuvent pas être présents, le diacre.

 

Un laïc ne peut administrer le baptême d'urgence qu'en cas de nécessité, lorsqu'il s'agit du salut individuel de l'âme du candidat au baptême - mais pas le baptême solennel au sein de l'assemblée visible du culte. Les laïcs mandatés par l'évêque et formés théologiquement peuvent prononcer une parole spirituelle lors de services religieux non eucharistiques et ainsi participer à la prédication en raison du sacerdoce commun, s'ils disposent d'un témoignage qualifiant.

 

Dans la théologie occidentale – dont il faudrait discuter plus en détail – ce sont les époux qui s'administrent mutuellement le sacrement de mariage. L'évêque ou le prêtre, en tant que représentant du Christ et agent de l'Église, confirme l'alliance conjugale en leur nom. Dès le début du IIe siècle de notre ère, Ignace d'Antioche écrit à son frère épiscopal Polycarpe de Smyrne : "Mais il appartient aux hommes et aux femmes qui se marient de former leur union avec l'approbation de l'évêque, afin que leur mariage soit selon Dieu" [cf. 1 Cor 7:39 : "mariage dans le Seigneur"] "et non selon leur propre convoitise. Que tout se fasse pour l'honneur de Dieu. (Ch. 5). Écarter les prêtres de la liturgie du mariage est donc un pas dans la mauvaise direction.

 

Rilinger : Lors de la conférence de presse à l'issue de la 'Voie synodale', Mgr Georg Bätzing a dit aux opposants aux réformes : "Qu'est-ce qu'on vous prend avec les décisions que nous prenons ? Il a poursuivi: 'Continuez et vivez ce qui est important pour vous, nous ne vous le prenons pas.' Comment réagiriez-vous à cela, parlant au nom des catholiques ordinaires, pour ainsi dire ?

 

Card. Müller : C'est du pur cynisme dans la lignée du slogan "Arrêtez le voleur !" Les fidèles catholiques ne se laisseront pas diffamer en tant qu'opposants aux 'réformes', encore moins par des évêques qui - en totale contradiction avec l'idéal épiscopal de Vatican II - ne devraient pas gifler les autres avec leur propagande anticatholique. Les fidèles catholiques sont guidés par la parole de l'apôtre au sujet de la réforme de l'esprit en Christ : "Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait." (Rom 12:2). Les résolutions de la "Voie synodale" privent les fidèles catholiques de la "vérité de l’Evangile" (Gal 2, 5) pour la remplacer par le plat de lentilles bon marché d’une idéologie obsédée par le sexe, véritable centre de gravité de la voie synodale allemande - un matérialisme nihiliste qui méprise Dieu, qui a créé l’homme à son image et homme et femme à sa ressemblance.

 

Rilinger : Comment expliquez-vous le fait que dans chaque cas plus des deux tiers des évêques aient voté en faveur de textes qui contredisent manifestement les enseignements traditionnels de l'Église ? Comment un évêque peut-il voter pour ou s'abstenir – une abstention étant comptée comme un vote non exprimé – s'il ne voit que quelques passages positifs dans les textes, mais en considère d'autres problématiques ? Certains évêques ont, en fait, déclaré qu'ils feraient exactement cela.

 

Card. Muller : Il s'agit là d'une violation grave et d'un abus inexcusable de l'autorité épiscopale, tout comme la majorité des évêques ont imposé de force l'hérésie arienne, c'est-à-dire la négation de la nature divine du Christ, dans l'Empire romain d'Orient, ou comme les évêques donatistes, qui avaient développé une théologie sacramentelle s'écartant de Rome, plus nombreux que les évêques catholiques en Afrique du Nord à l'époque de saint Augustin. Pour leur défense, ils ne peuvent invoquer l'ignorance, la peur d'être persécutés par des dictatures anticléricales, ou la séduction par la propagande d'un lavage de cerveau. Ils doivent être familiarisés avec l'enseignement anthropologique de Vatican II sur le mariage, la famille et la sexualité, en particulier aussi sur l'unité du corps et de l'âme dans la personne humaine (avec la conscience de soi et la liberté). Ils ont également été publiquement dénoncés pour leurs graves erreurs par le pape lui-même, et par les deux préfets compétents de la Congrégation pour la doctrine de la foi et de la Congrégation pour les évêques, les cardinaux Luis Ladaria et Marc Ouellet.

 

Rilinger : Les évêques qui ont voté contre les réformes approuvées sont maintenant sous une pression massive. Cette pression est prise en compte par les réformateurs, comme on pouvait également le déduire des remarques de Bätzing lors de la conférence de presse. Vous avez vous-même été évêque de Ratisbonne. Quelles recommandations avez-vous pour vos frères ? Comment procéderiez-vous dans cette situation ?

 

Card. Müller : Au cours des dernières années, ce jeu de dictature médiatique a été mis en scène, ce qui en soi prouve déjà l'impiété de ces opérateurs de campagne, atteignant même les institutions payées par les évêques. Cette impiété se trahit dans les agitations inhumaines et antichrétiennes contre les représentants décents et compétents, qu'il s'agisse d'évêques, de prêtres et de laïcs, toujours selon le principe : s'il n'y a pas de disputes, essayez l'insulte personnelle.

 

Rilinger : Les sacrements sont toujours valides, même si un prêtre ou un évêque soutient pleinement les résolutions de la "Voie synodale". Mais est-il conseillé aux fidèles de recevoir régulièrement les sacrements d'un tel clergé, ou bien doivent-ils peut-être être disposés à aller plus loin pour recevoir la Sainte Communion le dimanche dans un autre lieu, par exemple ?

 

Card. Müller : Oui, les sacrements sont valides, même s'ils sont administrés par un évêque schismatique ou hérétique - mais seulement s'il a l'intention de faire ce que l'Église entend par ces sacrements. Mais il faut aussi éviter ces personnes qui conduisent sur le mauvais chemin tant de brebis du Christ qui leur sont confiées. Incidemment, de nombreux Pères de l'Église ont également été sévèrement persécutés par des hérétiques, par exemple Athanase le Grand, Jean Chrysostome, le pape Martin Ier et d'autres.

 

Oui, les sacrements sont valides, même s'ils sont administrés par un évêque schismatique ou hérétique - mais seulement s'il a seulement l'intention de faire ce que l'Église entend par ces sacrements. Mais il faut aussi éviter ces personnes qui conduisent sur le mauvais chemin tant de brebis du Christ qui leur sont confiées. De nombreux pères de l'Eglise ont d'ailleurs été durement persécutés par les hérétiques, comme Athanase le Grand, Jean Chrysostome, le pape Martin Ier et d'autres. La soi-disant bénédiction des couples de même sexe est une tromperie sur l'étiquette. À l'apparence du geste de bénédiction ne correspond aucune réalité de la grâce sanctifiante communiquée par Dieu. Invoquer le nom de Dieu pour justifier par l'amour de Dieu la transgression frivole des commandements de Dieu qui nous préservent toujours du malheur du péché est un péché grave. "Car L'amour de Dieu consiste à observer ses commandements. Ses commandements ne sont pas difficiles. Car tout ce qui vient de Dieu vainc le monde. Et la victoire qui vainc le monde, c'est notre foi." (1 Jean 5, 3)

 

Rilinger : Dans le cadre de la "voie synodale", il a été décidé à la majorité - comme dans un parti politique - ce que les catholiques allemands doivent croire et ce que les catholiques du monde entier doivent croire. Est-il compatible avec la Bible ainsi qu'avec l'enseignement et la tradition de l'Église que des décisions en matière de foi soient fixées de manière contraignante par un vote à la majorité selon des directives politiques, d'autant plus qu'une grande partie des membres n'a aucune formation théologique ou seulement un début de formation ?

 

Card. Müller : Cette assemblée, qui s'appelle présomptueusement ''Voie synodale'', même s'il n'y avait pas le moindre signe de discussion ouverte et guidée par la Parole de Dieu, n'a aucun fondement dans la constitution sacramentelle de l'Église. Il s'agit simplement d'un forum d'échange d'opinions – bien qu'infructueux. La "Voie synodale" n'est en aucun cas (comme cela a été dit en toute ignorance théologique) le souverain de l'Église nationale allemande à la place de Dieu, qui peut donner aux évêques l'ordre d'abandonner les vérités révélées au profit d'une vision du monde matérialiste ou voire de les opposer diamétralement.

 

Aux évêques qui ont accepté ces textes non bibliques ou qui se sont lâchement abstenus de voter, en pleine contradiction avec leur mission divine, à savoir présenter et défendre la foi catholique dans toute sa vérité et sa plénitude, la parole de l'évangéliste s'applique selon laquelle "beaucoup même parmi les autorités crurent en lui", mais ne le confessèrent pas ouvertement, simplement par peur d'être expulsé de la synagogue [aujourd'hui : le politiquement correct de la barbarie éveillée] : "car ils aimaient la louange des hommes plus que la louange de Dieu". (Jn 12:42-43).

 

Rilinger : La ''voie synodale'' prétend représenter les catholiques allemands de manière juridiquement contraignante, suggérant qu'elle a droit à cette légitimité. Un corps extra-ecclésiastique qui n'est pas légitimé démocratiquement peut-il prendre des décisions pour tous les catholiques allemands ?

 

Card. Muller : La ''Voie germano-synodale'' ne fait pas partie de la constitution sacramentelle de l'Église et n'est rien de plus qu'un organe informel. Il ne saurait être question d'une représentation juridiquement contraignante des catholiques. Les membres de cet organe, délégués par le Comité central ou nommés par les évêques, ne représentent pas l'Église vis-à-vis de l'État, la société, ou l'histoire, et certainement pas les catholiques dans leur fidèle obéissance à Dieu. Ils ne représentent personne d'autre qu'eux-mêmes. Même s'ils avaient été délégués à ce corps en tant que représentants par la majorité des catholiques allemands dans une sorte d'élection générale et libre, ils n'auraient aucune autorité qui pourrait lier les catholiques allemands individuellement ou leur totalité dans leur conscience de foi. Même la majorité numérique des évêques ne peut obliger personne à obéir à des déclarations contraires à la foi ou à des injonctions contraires à la morale. Contrairement aux apôtres, les évêques ne sont pas les porteurs infaillibles de la Révélation qui s'est achevée avec la fin des temps apostoliques et qui est entièrement disponible dans l'Écriture Sainte et la Tradition apostolique. Ils ne jouissent de l'infaillibilité dans leur ensemble (en tant qu'interprétation authentique du depositum fidei), sous la conduite du Pontife romain, que s'ils se conforment à "l'enseignement des apôtres" (Actes 2. 42) (Vatican II, Dei verbum 7-10).

 

Rilinger : Le Comité central des catholiques (ZdK) prétend représenter les intérêts des laïcs catholiques dans leur intégralité, même si les membres du ZdK n'ont pas été élus à cet organe par des catholiques allemands. Le ZdK ne peut donc être vu que comme un semblant de représentation. Cet organe a-t-il alors la légitimité de représenter les intérêts de l'ensemble des laïcs catholiques allemands ?

 

Card. Müller : La prétention arrogante de représenter les intérêts des catholiques est en soi une indication de l'horrible analphabétisme théologique des auteurs de ces monstrueux textes ''synodaux''. Qui les membres baptisés du Corps de Christ vont-ils approcher pour déclarer et faire valoir leurs intérêts, s'ils sont concernés par le salut du monde en Christ, plutôt que par leur soif de pouvoir purement mondaine ?

 

L'arrogance avec laquelle ils prétendent représenter les intérêts des catholiques montre à elle seule le manque de formation théologique des auteurs de ces monstrueux textes synodaux. Auprès de qui les membres baptisés du corps du Christ veulent-ils déclarer et imposer leurs intérêts s'il s'agit pour eux du salut du monde en Christ et non de leurs désirs de pouvoir purement terrestres ? L'Église en pèlerinage n'a absolument aucun intérêt mondain (Vatican II, Lumen gentium 8). Car ce n'est pas "une volonté de puissance terrestre qui la détermine, mais seulement ceci : poursuivre, sous la conduite de l'Esprit, le Consolateur, l'œuvre du Christ lui-même, qui est venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité ; sauver, et non juger ; servir, et non se faire servir". (Vatican II, Gaudium et spes 3).

 

Rilinger : Éminence, nous vous remercions pour vos arguments, qui sont fondés sur la dogmatique de l'Église catholique romaine et tiennent ainsi compte de la longue tradition théologique de l'Église romaine.

 

Note de l'éditeur : cet essai a été pour la première fois publié en allemand sur kath.net. L'essai a été traduit par Frank Nitsche-Robinson.

 

SOURCE : https://www.catholicworldreport.com/2023/04/09/the-synodal-way-into-the-german-schism-a-critical-examination/

 

(Traduction en français Christ Roi overblog )

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21 janvier 2023 6 21 /01 /janvier /2023 18:11
Benoît XVI : sur le remède à l'auto-démolition de l'Occident. Entretien exclusif avec Marcello Pera

Dans un entretien exclusif donné à l'"Observatoire International Cardinal Van Thuan", cité par Stilum Curiae de Marco Tossati et traduit par GloriaTv, le philosophe et homme d'Etat italien Marcello Pera évoque le "grand" Joseph Ratzinger et résume la papauté de Benoît XVI en ces termes : "un saint pour avoir accompli un miracle collectif : avoir stoppé et inversé l'auto-démolition de l'Occident chrétien".

Veuillez trouver ci-dessous chers lecteurs notre traduction personnelle améliorée. 

Christ Roi.

 

***

 

Le dernier jour de l'année civile - le jour où l'Église célèbre saint Sylvestre, le pape de Constantin et du concile de Nicée - le pape Benoît XVI a mis fin à son pèlerinage terrestre.

 

Avec la mort de Benoît XVI, non seulement il nous laisse un excellent théologien et un grand intellectuel européen, mais c'est aussi la fin d'une époque, celle du Concile Vatican II (et des troubles de l'après-Concile), et peut-être aussi celle de l'Église comme âme d'une civilisation. Avec saint Sylvestre Ier, l'Église est devenue l'âme de l'Empire romain, de la Grande-Bretagne à l'Égypte, de la péninsule ibérique à la Syrie, de l'Atlantique à la mer Noire. Aujourd'hui, l'Église dirigée par Jorge Mario Bergoglio a complètement renoncé à façonner, informer et guider une civilisation. L'idée même de societas christiana ou de civilisation chrétienne est étrangère à la dérive théologico-idéologique et pastorale incarnée par le pontificat de François, qui semble plutôt proposer le paradigme inverse avec le monde, compris sociologiquement, élevé à une place théologique à laquelle conformer l’Église, la doctrine et la prédication.

 

Joseph Ratzinger, en revanche, en tant que théologien et Cardinal Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, puis en tant que Pontife Romain, a toujours eu à cœur l'identité chrétienne de l'Europe et de la Magna Europa, n'a jamais cédé à l'idée que la civilisation chrétienne devait être archivée comme quelque chose de dépassé, a toujours voulu réaffirmer l'inséparabilité de la foi et de la raison, de la foi et de la culture, et donc la nécessaire civilisation du christianisme.

 

Très chère au penseur Ratzinger était la rencontre providentielle entre la Révélation divine et le logos grec (et le ius romain), c'est-à-dire entre la Parole de Dieu et la spéculation rationnelle classique capable d'atteindre les sommets de la métaphysique ainsi que la rigueur de la dialectique et de la logique analytique, la loi morale naturelle et une véritable anthropologie-psychologie. Ratzinger s'est vigoureusement opposé au processus de déshellénisation du christianisme qui se déroulait dans l'Église depuis plus d'un demi-siècle ; en effet, il a réaffirmé la providentialité de la rencontre entre le classicisme gréco-romain et la Révélation biblique, rencontre dont est née la civilisation chrétienne.

 

Sur le plan moral et politique, Ratzinger-Bénoit XVI a dénoncé le mal du nihilisme qui ronge l'Occident moderne et post-moderne, a pointé du doigt la dictature du relativisme comme forme d'un nouveau totalitarisme sournois, et a enseigné avec force le caractère non négociable (non seulement sur le plan moral personnel mais aussi sur le plan public, juridique et politique) des principes naturels tels que la défense de la vie humaine de la conception à la mort naturelle, la reconnaissance du mariage comme union monogame et indissoluble d'un homme et d'une femme ouverts à la vie, la liberté éducative des parents qui ont de par Dieu la tâche (et non l'État) d'éduquer leur progéniture. Rigoureux et fort fut également le rejet par Ratzinger de l'idéologie du genre et de la prétention à légitimer moralement et à reconnaître légalement les unions homosexuelles.

 

Dans cette œuvre généreuse et grandiose, dans cette tentative intellectuellement puissante d'arrêter l'effondrement de la civilisation chrétienne, de consolider ses murs et de commencer sa reconstruction, Ratzinger a toujours recherché le dialogue avec la culture européenne et nord-américaine la plus sensible, même si elle n'était pas catholique. Ratzinger a essayé de construire un dialogue fructueux avec le monde laïc et non catholique sur la base d'un amour commun pour la vérité, la justice et la civilisation occidentale. C'est dans ce cadre que s'inscrivent la rencontre, la discussion, le dialogue et l'amitié avec Marcello Pera, éminent philosophe et homme politique libéral italien.

 

Nous remercions le sénateur Marcello Pera pour sa généreuse disponibilité et lui posons quelques questions pour mieux comprendre ce que Ratzinger a représenté par rapport à la culture européenne et occidentale, et donc quel vide la mort de Benoît XVI laisse dans l'Église et en Occident.

 

Monsieur le Président Pera, peu d'intellectuels laïcs en Italie peuvent dire qu'ils ont connu et apprécié Benoît XVI comme vous l'avez fait. Comment est née votre relation et qu'est-ce qui vous a frappé dans la pensée de Ratzinger ?

 

La rencontre est née précisément de ce qui m'avait frappé chez lui. Je cultivais les études épistémologiques (c'était ma discipline universitaire) et je m'étais toujours opposé aux idées dans lesquelles, après une longue parabole commencée avec le néo-positivisme logique, la philosophie des sciences avait fini par plonger après Popper. Par exemple, la thèse selon laquelle le choix des grands paradigmes scientifiques ne dépend pas de manière décisive de preuves spécifiques mais est le résultat d'un processus de "conversion", que la vérité des grandes idées scientifiques, par exemple celles de Galilée par rapport à celles de Ptolémée, est interne à chacune d'elles car elle dépend de critères contextuels, que les paradigmes sont donc incommensurables, car deux scientifiques appartenant à deux paradigmes différents travaillent dans deux "mondes différents", etc. En bref, je connaissais le problème du relativisme. Un jour d'août 2004, j'ai lu le livre de Joseph Ratzinger, Foi, Vérité, Tolérance, publié par Cantagalli, et j'ai fait une découverte choquante pour moi, manifestement ignorant de ce genre d'étude : que le relativisme était un courant de pensée répandu même dans la théologie chrétienne. L'autorité de Ratzinger, dont j'avais lu l'Introduction au christianisme comme tant d'autres, ne m'a pas fait douter qu'il avait raison. J'étais stupéfait et troublé : comment cela était-il possible ? Que s'était-il passé, dans la religion du Verbe révélé et incarné, pour que la vérité ne soit plus absolue ? À mon retour de vacances, j'ai poursuivi mes lectures et j'ai demandé une visite à M. Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Après avoir rencontré dans un petit salon un jeune homme blond qui était alors son secrétaire, je suis entré dans son bureau, qui, je m'en souviens, était moins de la moitié de la taille du mien au Sénat. Nous avons commencé à parler, sans grand préambule ni introduction, de philosophie, de théologie, de christianisme. Je me souviens des sujets, mais surtout le ton de mon interlocuteur, sa silhouette, sa douceur et surtout son regard m'ont impressionné. Dans ma vie, j'avais été familiarisé avec des figures comme Popper, Kuhn, Feyerabend, mais bien que je ressente leur autorité, aucun d'entre eux ne m'avait jamais impressionné de la même manière. Je n'avais aucun doute : Joseph Ratzinger était grand. Non seulement parce que j'ai ressenti l'ampleur et la profondeur de sa culture, mais aussi en raison d'un trait de caractère bien plus précieux : un homme qui sait se tenir sur un pied d'égalité avec les autres, qui discute et questionne, sans ton de cathedra. Les yeux n'ont pas trahi. Le sourire n'a pas menti.

 

En tant que laïc libéral, et même en tant que "grand libéral [...] certainement le plus illustre homme politique libéral-conservateur de l'Italie d'aujourd'hui", pour reprendre les termes que Mgr Crepaldi vous a réservés à Trieste, qu'avez-vous trouvé chez Ratzinger de stimulant, d'impliquant et de convaincant ? Y a-t-il eu une difficulté initiale à comprendre et à intégrer la pensée théologique de Ratzinger dans votre système de pensée, ou y a-t-il eu une convergence immédiate des idées ?

 

Aucune difficulté de compréhension, mais une consonance immédiate des idées. Il était clair pour moi que si le relativisme nuit à la science, parce qu'il la réduit uniquement à une "culture", une "tradition", un "récit", le relativisme théologique et religieux a des conséquences pernicieuses pour le christianisme. Si la vérité est relative, le Christ rédempteur de l'humanité n'a aucun sens. Pas seulement ça. Peu de temps s'est écoulé depuis le 11 septembre 2001 : si le christianisme n'était qu'une culture parmi d'autres, la civilisation chrétienne n'aurait aucun fondement ni mérite particulier. Alors les terroristes islamiques ont eu raison de nous considérer comme des impérialistes et de nous combattre en tant que "juifs et chrétiens". Souvenez-vous et réfléchissez : nous avons été considérés comme coupables non pas tant pour nos actes que pour notre être. Maintenant, on peut se qualifier de séculariste tant qu'on veut, on peut faire la sourde oreille et même contrecarrer le message du Christ tant qu'on veut, mais c'était un fait inacceptable : le christianisme était un ennemi ! Sauf que le christianisme n'est pas seulement une foi, c'est une foi qui a baptisé une civilisation : celle de la dignité des hommes, de la liberté, de la responsabilité, de l'égalité. Détruisez le christianisme et vous aurez détruit cette civilisation. Reléguez la foi chrétienne au rôle d'un récit et vous aurez perdu notre fondement. Et notre identité aussi : car si les autres vous frappent parce que vous êtes juif et chrétien et que vous ne donnez aucun poids à cet être, alors les autres sont quelqu'un et vous n'êtes personne, n'ayant rien à défendre. C'est la leçon, très personnelle, que j'ai tirée de la tragédie du 11 septembre et que j'ai renforcée lors de mes rencontres avec Ratzinger. Il avait de la lucidité et du courage.

Un problème subsiste cependant. Historiquement, je suis un homme de la modernité : je viens après le schisme protestant, la naissance de la science expérimentale, le cogito de Descartes, l'ego de Kant, etc. Et qui dit modernité dit raison. Même si je ne suis pas prêt à la considérer comme "notre seule règle et boussole", comme le disait Locke, il ne fait aucun doute que la raison est exigeante : elle ne peut rien admettre qui lui soit contraire. Elle doit encore avoir son mot à dire. Comprenons cela par un exemple (c'est celui de Kant) : même si une voix intérieure, dominante, me disait : "Je suis ton Dieu, suis-moi !", la raison doit avoir un moyen de s'en assurer, ou plus précisément de s'assurer qu'il ne s'agit pas de la voix d'un malin. Donc, ma foi doit s'entendre avec ma raison. Après tout, si Dieu m'a donné le don des deux, il doit y avoir un moyen - caché, difficile, laborieux comme vous voulez - de les concilier. Et là aussi Ratzinger a été grand : dans sa pensée, qui a toujours défendu l'" hellénisation " du christianisme, c'est le logos qui se révèle. La foi s'habille de raison, et la raison est perdue si elle ne reconnaît pas qu'elle opère sur des présupposés de la foi. La foi n'est pas rationnelle, ce qui est rationnel c'est le besoin de la raison pour la foi. Je n'ai jamais réussi à faire croire à Ratzinger que, ne serait-ce que pour cette raison précise - la raison qui cherche et produit la foi - Kant mérite d'être reconnu comme un chrétien moderne. Certes, il était luthérien, mais un luthérien authentique n'est-il pas un augustinien strict ? Quoi qu'il en soit, quel trésor de discussions j'ai perdu à jamais !

 

Politiquement, le Magistère de Benoît XVI aurait pu inspirer une identité culturelle chrétienne euro-occidentale renouvelée et s'offrir comme une pensée de référence pour ceux qui ne se reconnaissent pas dans l'univers idéologique progressiste, dans le relativisme éthique et le globalisme apatride, c'est-à-dire pour les forces conservatrices et identitaires d'Europe, des États-Unis et d'Amérique latine. À votre avis, comment les forces politico-culturelles conservatrices/identitaires européennes et américaines ont-elles réagi à l'appel extrême de Benoît XVI ? Ont-ils été à la hauteur du défi ? Qu'est-ce qui, à votre avis, a empêché un réveil politico-culturel chrétien en Italie et en Europe tel qu'il correspondrait à l'appel de Benoît XVI ?

 

"Vous avez manqué une grande occasion", m'a-t-il dit un jour, alors qu'il était émérite et que nous, centre-droit, avions perdu le gouvernement. Je lui ai répondu avec sincérité et aussi avec amertume : "c'est vrai, mais l'Église ne nous a pas aidés non plus". Parce qu'il y avait déjà deux églises chrétiennes catholiques au moment de son pontificat : la sienne, celle du christianisme comme salut, et celle, sécularisée, du christianisme comme justice. Comme dans la fresque de l'école d'Athènes : l'un avec le doigt et le regard vers le haut, l'autre vers le bas. L'un voulant corriger le monde, l'autre allant à la rencontre et absorbant le monde, sous prétexte de "se mettre à jour". Benoît XVI avait le soutien de nombreuses personnes qu'il avait réunies sous le nom de "minorités créatives", il était soutenu par des intellectuels laïques, il était soutenu aux États-Unis par le président Bush. Mais le soutien a été timide, la peur, la circonspection et la prudence se sont insinuées. Jusqu'à ce que, après la leçon de Ratisbonne, tout s'écroule. Aucun chef d'État ou de gouvernement ne s'est levé pour défendre Benoît XVI, pour dire qu'il ne s'agissait pas de la liberté de culte de l'islam, mais des instruments violents que l'islam utilisait et ne reniait pas. Même ces jours-ci, j'ai lu par hasard une dame qui disait que Ratzinger avait cité Manuel le Paléologue "hors contexte" ! Et donc, par manque de courage, par peur et par lâcheté, par calcul et par ruse, les choses ont mal tourné. Le pape qui avait tenu les participants au Collège des Bernadins à Paris, à Westminster Hall à Londres, au Reichstag à Berlin, qui avait amené le président laïc Sarkozy à dire à Rome que la France est chrétienne, qui avait interpellé les laïcs sur les racines de l'Europe dans une salle du Sénat italien, a été abandonné. Il a été obligé de s'expliquer, de se justifier, d'ajouter des notes de bas de page. S'il s'agissait d'une guerre de civilisations, alors la civilisation chrétienne reculait. Il est difficile d'expliquer pourquoi les choses se sont passées ainsi. Je pense que la bombe à retardement qui a été déclenchée avec Vatican II, et que Woytila et Ratzinger avaient essayé de désamorcer avec leur herméneutique de la continuité, a finalement explosé. Les cataractes se sont ouvertes, au point qu'aujourd'hui nous sommes à la Terre Mère, c'est-à-dire à la renaissance du paganisme, et du syncrétisme. J'entends encore parler de Dieu, mais peu du Christ ; j'entends dire que la miséricorde et le pardon l'emportent sur le jugement ; je n'entends plus l'expression "péché originel". Nous revenons à la bonne vieille époque russe, celle de l'homme bon, angélique, incorruptible, victime irréprochable de la culture perverse. Ou à l'époque de Pelagius, de l'homme qui s'en sort par ses propres forces. Comme si la chute était un mythe. Avec la complicité coupable de l'Église, les laïcs sont en train de gagner.

 

Toutes les grandes batailles menées par Ratzinger-Benoît XVI, tant ecclésiales que politico-culturelles, semblent aujourd'hui perdues. L’Église semble être en proie à un processus révolutionnaire radical, tant l'enseignement de Benoît XVI est éloigné de ce que disent les Hiérarchies aujourd'hui. C'est précisément le sens de la marche qui a été inversé sur le plan doctrinal, liturgique, moral, socio-politique. Il n'y a pas moins de distance entre les avertissements de Ratzinger dans le domaine politico-culturel et l'état dans lequel se trouve l'Occident aujourd'hui. Voit-il encore possible une "re-conversion" de l'Occident au Christ, une nouvelle unité de la foi et de la raison, de la foi et de la culture, de la foi et de la politique, ou la dérive nihiliste et post-anti-chrétienne de l'Occident est-elle humainement imparable ? La parole de Benoît XVI était-elle une prophétie ou un rêve ?

 

L'histoire, excusez-moi, est une pute. Elle accompagne tous les clients qu'elle rencontre et change constamment de goût. Elle va donc changer à nouveau. Mais sur une conversion au Christ des peuples européens, j'ai des doutes, du moins pour les prochaines générations. Je crains que nous devions boire la coupe amère pendant un certain temps encore. Nous vivons dans une époque déchristianisée qui pense que la déchristianisation est une bonne chose. Nous pensons être de plus en plus libres, mais au contraire, l'absence de sens des limites, de l'interdit, du péché, nous rend plus esclaves. Nous sommes devenus des créateurs de droits fondamentaux : une contradiction pour ceux qui croient en ces droits, car s'ils sont fondamentaux, ils ne peuvent être créés par nos lois. Par conséquent, nos profanes rationalistes doivent démêler un dilemme et prendre position : soit les droits fondamentaux dépendent de lois positives et alors ils sont conventionnels et intéressés, comme les faveurs électorales, et ne sont donc pas des droits, soit s'ils sont fondamentaux, il existe une loi supérieure aux lois positives.

 

Fruit de nombreuses années d'étude, il publie en 2022 le volume Lo sguardo della Caduta. Augustin et l'orgueil de la laïcité (Morcelliana, Brescia), un dialogue intense entre elle et l'évêque d'Hippone dans lequel le libéral Marcello Pera cherche dans le vieil Augustin une réponse au mal qui ronge l'Occident aujourd'hui. Ratzinger peut sincèrement se dire disciple d'Augustin puisque sa pensée se situe dans la ligne augustinienne-bonaventurienne. Ratzinger et Pera sont-ils également unis par Augustin ? Et quel est le remède qu'Augustin offre à l'Occident malade ?

 

Si l'on pense à un remède politique, aucun. Augustin ne croit pas à la politique, et surtout pas que la politique puisse être une voie de salut. Il n'y a pas de recettes politiques dans l'Évangile, il n'y en a pas chez Paul, sauf "obéissez aux autorités", il ne peut pas y avoir d'État chrétien, même les gouvernants chrétiens ne peuvent pas en construire un. La raison en est simple : on n'atteint pas, ni même n'approche, la Cité de Dieu en utilisant des moyens séculiers. L'État ne sert qu'à nous défendre de nous-mêmes. Votre devoir est de croire et de convertir votre amour. L'effort est individuel : lorsqu'il devient collectif, nous en tirerions également un bénéfice politique, mais celui-ci ne serait jamais stable, car même la meilleure société terrestre est affectée par des vices et transitoire. Mais si dans le positif il n'y a jamais de certitude d'un royaume sur terre, dans le négatif il y a une certitude : si vous négligez l'effort de salut, si vous vous détournez de la vérité, si vous poursuivez des idoles profanes, alors il n'y aura pas non plus de société décente. C'est le cas en Occident. Tel qu'il est aujourd'hui, il est perdu. J'ai tiré beaucoup d'inspiration et de bénéfices de Ratzinger. Il est certain que Ratzinger a été très influencé par Augustin et Bonaventure. Par rapport aux autres, sa théologie politique est pauvre, et à juste titre.

 

Avez-vous parlé de cette interrogation d'Augustin et des réponses qu'Augustin vous a données avec Benoît XVI ? Les réponses de l'Augustin de Pera coïncident-elles avec celles de l'Augustinien Ratzinger ?

 

J'ai eu le temps de converser avec lui sur Augustin et Kant et sur ma critique de la raison séculière. Je le remercie encore de m'avoir encouragé. Je regrette d'être arrivé en retard pour poursuivre la discussion. C'est pourquoi je me compare à sa mémoire et à ses écrits.

 

Dans Le regard de la chute, il y a, à mon avis, beaucoup de Ratzinger, même ce que l'on pourrait identifier comme faiblesse/contradiction en ce qui concerne le rapport avec la modernité politique, le jugement sur le libéralisme. En effet, si Augustin est identifié comme le maître et le thérapeute dont il faut tirer la recette pour guérir l'Occident malade, et que la recette d'Augustin est résolument "non libérale", voire, sur des points fondamentaux, illibérale (dans le sens d'antithétique aux postulats de l'idéologie libérale), comment peut-on espérer faire tenir ensemble la démocratie libérale qui constitue l'identité politique de l'Occident avec le remède "non libéral" augustinien ? Guérir le mal de l'Occident avec la médecine d'Augustin ne signifierait-il pas précisément nier le système libéral-démocratique et, en général, l'idée moderne de l'individu, de la société, de l'État, de la politique, du droit, etc. Cela n'impliquerait-il pas la nécessité de libérer l'Occident de la prison idéologique de la modernité (donc aussi de l'idéologie libérale) pour le confier à nouveau à la Tradition chrétienne ?

 

Si vous voulez faire du libéralisme une cible, il est nécessaire, pour toucher la cible, de l'identifier précisément. Qu'entend-on par libéralisme? Une doctrine politique visant à sauvegarder la dignité et la liberté de l'homme contre l'ingérence de la société et de l'État. Le libéralisme s'oppose donc à l'État absolutiste, voire paternaliste, et est favorable aux droits inaliénables de l'homme. Il s'agit de droits, tels que l'égalité en valeur de l'homme, son irréductibilité en tant que simple moyen, sa liberté de pensée et de dévotion, qui sont fondamentaux en ce sens qu'ils ne sont créés par aucune autorité politique, mais respectés par elle comme limite de sa propre action. Comment sont-ils justifiés ? La position du libéralisme classique de Locke est bien connue : les droits fondamentaux sont justifiés parce que nous sommes créés, que nous sommes la propriété de Dieu et que nous lui sommes soumis, et Dieu ne pouvait pas vouloir que, en ce qui concerne "la vie, la liberté et la propriété", certains hommes soient soumis à d'autres ou aient moins de valeur que d'autres. Pourquoi ? Parce que Dieu nous aime et que nous devons être dignes de son amour. Ce libéralisme, évidemment, descend et s'inscrit dans un cadre chrétien, dont il accepte le premier enseignement : Dieu est caritas, amour donné à ses créatures, et nous devons l'honorer. Dans ce libéralisme, la priorité du devoir (envers Dieu) sur les droits prévaut clairement. C'est votre devoir envers Dieu qui donne lieu à mon droit d'être respecté par vous. Il est de mon devoir de ne pas supprimer une créature de Dieu qui donne naissance à mon droit à la vie. Et ainsi de suite.

Maintenant, changez quelque chose dans ce cadre. Supprimez le rôle de Dieu ou mettez-le de côté. Que deviennent désormais les droits fondamentaux de l'homme ? Rien de plus que des demandes d'individus ou de groupes accordées et protégées par l'État. Vous pouvez toujours les appeler fondamentaux, mais ce ne sont plus les mêmes : ce sont des libertés ou des licences garanties. En tant que telles, ils se multiplient, car ils n'ont plus de limite qui les restreigne : ce sont des désirs, puis des demandes, puis des revendications, puis des lois. Le régime politique qui tolère et permet tout cela s'appelle encore libéralisme, mais c'est une usurpation conceptuelle. C'est ce qui se passe en Europe et en Occident. Là où le christianisme disparaît, le libéralisme devient une anarchie éthique, la véritable "dictature du relativisme", comme l'ont appelée le pape Wojtila et le pape Ratzinger. Et vice versa. N'est-ce pas la meilleure preuve que le libéralisme et le christianisme sont conceptuellement congénères ? Et qu'un authentique libéral devrait défendre le christianisme ? Lorsqu'Augustin dit que l'État a besoin d'un lien social religieux, n'est-ce pas comme s'il disait aux libéraux d'aujourd'hui : au moins retournez à vos origines ?

 

L'Église de Léon XII, Grégoire XVI, le bienheureux Pie IX, Léon XIII, Saint Pie X ou Pie XI n'avait aucun problème à condamner la modernité idéologique et la démocratie libérale, mais avec Vatican II, la perspective a changé et le jugement est devenu résolument ambigu. Cette "ambiguïté de jugement" à l'égard de la modernité politique (et donc aussi à l'égard de la démocratie libérale) perdure tout au long de la période post-conciliaire, il suffit de penser au jugement de l'Église sur la démocratie ou les droits de l'homme. Ratzinger n'en est pas exempt non plus. Je vous demande, vous sachant capable de liberté de jugement et de véritable honnêteté intellectuelle, avec une franchise quelque peu provocante : les papes pré-conciliaires n'avaient-ils pas raison ? La démocratie libérale ne serait-elle pas le problème, la maladie dont souffre l'Occident ?

 

Parmi mes livres, il y en a un que je chéris : Droits de l'homme et christianisme. De toute évidence, personne, surtout parmi les hommes d’Église, ne veut le lire. Je ne me plains pas. Mais si l'on fait défiler le texte, on verra que je rends hommage à ces papes pour avoir été prophétiques. Ils ne sont plus à la mode, je comprends. Mais comment aller au fond de leur argument, à savoir que si l'on définit les droits de l'homme comme la propriété de l'homme, ceux-ci deviennent des droits positifs des États, qu'ils donnent et nient ? C'est, à mon avis, également ce qui se produit aujourd'hui sous la responsabilité de l'Église. Quand la constitution pastorale de l'Église dans le monde de ce temps ''Gaudium et Spes'' déclare "proclamer les droits de l'homme au nom de l'Évangile", elle prend elle aussi un raccourci dangereux : elle oublie qu'il faut d'abord passer par les devoirs de l'homme envers Dieu. Seuls ces devoirs rendent admissible le tri des droits. Sinon, il n'y a aucun moyen d'arrêter l'avortement, l'euthanasie, les mariages homosexuels, etc. À cet égard, j'aime rappeler Mazzini : "Certes, les droits existent ; mais lorsque les droits d'un individu entrent en conflit avec ceux d'un autre, comment peut-on espérer les concilier, les mettre en harmonie, sans recourir à quelque chose de supérieur à tous les droits ?" Je crois que Ratzinger était très clair sur cette priorité des devoirs sur les droits, mais il ne l'a pas toujours explicité clairement.

 

Benoît XVI a tenté l'exploit héroïque de sauver l'Occident de lui-même, d'empêcher son suicide. Il a également tenté de ressusciter l'Europe en la ramenant à son identité chrétienne... et tout cela, il ne l'a pas fait dans un contexte ecclésial solide et sûr, mais avec le rocher miné par les sables mouvants post-conciliaires. Il a tenté d'arracher l'Église au processus d'auto-démolition. C'était une bataille ad intra et ad extra. Que reste-t-il de tout cela ? Quel avenir voyez-vous pour l'héritage idéal de Joseph Ratzinger ?

 

Je m'attends à ce que Ratzinger devienne un saint pour avoir accompli un miracle... un miracle collectif, et s'il le sera, ce sera pour cette seule raison : avoir stoppé et inversé l'auto-démolition de l'Occident chrétien. C'était son engagement, ça a toujours été sa mission. Que Dieu, quand et comme il le veut, lui accorde le succès.

 

Merci, Monsieur le Président !

Don Samuel Cecotti

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3 mars 2022 4 03 /03 /mars /2022 17:44

"Pourquoi est-ce que c'est intéressant de voir ce qu'il s'est passé avant Vatican II ?

Parce que sinon, on ne peut pas comprendre Vatican II. Et spécialement, deux décrets : le décret de Vatican II, "Unitatis redentegratio" (texte) et le décret "Nostra Ætate" (texte). Deux décrets révolutionnaires. 

Avant Vatican II, l'Eglise pratiquait un bon œcuménisme, un œcuménisme de retour. Le mot œcuménisme signifie : Œcos, c'est la maison; et meno, demeurer, rester, persévérer. Je reste. Le mot évoque l'universalité, toute la terre. C'est pour cela que l'on parlait des conciles "œcuméniques", c'est-à-dire un concile qui concernait toute la terre, toute l'Église. Et en même temps, nous avons l'unité, la maison, la famille.

 

Quand vous dites avant le concile que vous avez un désir œcuménique, c'est un bon désir, c'est un désir d'unité. C'est-à-dire que tous les hommes soient dans la maison, dans l'Église. Tandis que maintenant quand on parle d'œcuménisme, on considère plutôt que l'unité de l'Église est à faire. C'est pour plus tard. Nous on dit que l'unité existe et on veut que les âmes qui sont séparées de l'Église reviennent à l'unité, tandis que pour les modernistes, les conciliaires, l'unité c'est pour plus tard. C'est à faire. L'unité n'existe pas. L'Église est imparfaite, elle est en devenir. Elle est à 'construire'.

 

L'unité, pourtant, elle existe. C'est ce que l'on dit dans le Symbole. On dit Je crois en l'Église 'UNE' (sainte, catholique et apostolique). L'unité est un dogme de foi. On ne dit pas 'je crois que l'Église SERA une'. Mais on dit : je crois que l'Église est une. Cela est déjà l'argument d'autorité.

 

Et cette unité (avant Vatican II) est tellement parfaite que vous ne pouvez pas être un peu dans l'unité et un peu ailleurs. Vous êtes soit dans l'unité, soit vous ne l'êtes pas. Il n'y a pas d'entre-deux. C'est tout ou rien. On est ou dans l'Église ou on ne l'est pas.

 

À partir de 4:10, l'Abbé Salenave fait un très bon schéma de la vraie orthodoxie et unité de l'Eglise.

 

Pour l'Eglise post Vatican II : représentez-vous l'unité et la foi comme un cercle au centre (l'Eglise) et d'autres cercles autour qui ne sont pas dans l'Eglise catholique (les hérésies, les erreurs, puis les autres religions) font "œcuménisme" en vue de l'"unité". Mais ceci n'a jamais été le vrai schéma de l'orthodoxie ni de l'unité. Au contraire, on a toujours eu d'un côté l'orthodoxie et de l'autre les hérésies, et les fausses religions qui ne peuvent pas faire unité avec l'orthodoxie.

 

 

"On est ou sous l'autorité du Christ et de Son Église, ou on n'est pas sous l'autorité du Christ et de Son Eglise. On est avec Notre Seigneur ou contre Notre Seigneur, poursuit l'abbé Salenave.

 

"Cela est très important aujourd'hui où l'on a une mentalité maçonnique, relativiste, où l'on fait croire aux gens que les autres religions font partie de l'Eglise du Christ."

 

Qu'est-ce qui fait l'unité de l'Église ? C'est la foi

 

"Quand vous êtes baptisé, le prêtre pose la question aux parrains, marraines, et leur dit : 'Que demandez-vous à l'Église de Dieu?' Les parrains, marraines ne répondent pas : Je demande à être sous votre autorité, sous l'autorité du Pape. Mais ils répondent : 'La foi'.

 

"Puis de cette unité de foi découle l'unité de culte.

 

"La manière dont on prie va déterminer la foi : lex orandi, lex credendi. Si vous changez la lex orandi, la manière de prier, vous changez la foi."

"Donc, ce qui est fondamental, à 8:17, "l'unité repose sur la foi, qui va déterminer l'unité de culte et l'unité de gouvernement. Ce n'est pas l'inverse.

 

"Ce n'est pas l'unité de gouvernement qui va déterminer la foi, c'est l'unité de foi qui va déterminer l'unité de gouvernement... Il faut qu'il y ait une unité de gouvernement extérieure pour qu'il y ait une unité de foi.

 

"Le gouvernement de l'Église n'est pas fait pour assurer l'unité du genre humain dans la diversité, il doit assurer l'unité de gouvernement pour l'unité de la foi.

 

"Et le gouvernement, le Magistère ne doit pas se contenter de rappeler les vérités de la foi, il doit aussi, pour maintenir l'unité, condamner l'erreur. Le magistère rappelle ce qui est vrai et il condamne ce qui est faux.

 

"Donc, ce serait une erreur que de chercher à rassembler dans l'Église tous les chrétiens séparés sans fonder cette unité sur l'unité de doctrine et de Magistère. On dit, bon aller, d'accord, vous vous croyez à trois quarts des vérités, nous on croit toutes les vérités, on va essayer de faire un tronc commun.

 

"Et les œcuménistes vont très loin dans l''œcuménisme'. Dans les dernières réunions 'œcuméniques', ils ont invité les athées ! C'était à Assise en 2007 ou 2008, où il y avait un athée. Les œcuméniques dirent alors qu'on peut trouver des valeurs communes de spiritualité, des choses comme cela !... Et là c'est impossible. C'est comme mélanger l'eau et le feu."

 

"[...] Du désir d'unité, de la vraie unité, qui est de maintenir les gens dans la foi, va découler le désir d'apostolat, la prédication, la mission... Et on voit qu'aujourd'hui, ce n'est plus le cas : il n'y a pas plus de mission; il n'y a plus d'apostolat, il n'y a plus de désir de conversion, il n'y a plus de confession. Il n'y a plus rien, parce qu'il n'y a plus le désir des gens de ramener à l'unité.

 

"[...] Le diable est malin. Il n'a pas supprimé le gouvernement, il n'a pas supprimé le culte; il n'a pas supprimé l'enseignement. Il a même renforcé tout cela. Mais tout cela ce n'est plus pour la foi, c'est pour une autre finalité. L'autre finalité du gouvernement actuel de l'Eglise conciliaire, c'est pour l'unité du genre humain. Ce n'est plus tout pareil. Ce n'est plus l'unité de la foi, c'est l'unité du genre humain. C'est (horizontalisé. Ndlr.), un humanisme.

 

"Pie XI en 1928 a évrit cette encylique Mortalium animos (texte) qui est l'anti-thèse de Vatican II, parce qu'il commençait à voir que des prélats, des prêtres, commençaient à avoir une fausse notion d'œcuménisme.

 

"Cette fausse notion d'œcuménisme a commencé chez les protestants, divisés en quantité de sectes. Et en Allemagne et en Belgique, les protestants vont essayer de s'unir un peu, et mettre en commun leurs idées. Le but était de retrouver une certaine unité entre eux. Ils furent appelés les unionistes. Et c'est à partir de là, en 1948 qu'ils vont fonder le COE, le conseil œcuménique des Églises, qui va chercher à faire simplement un consensus autour de Jésus-Christ, la base commune, ce en quoi on croit. Et cette assemblée va se réunir tous les cinq, six ans. En 1954, l'évêque de Chicago, va s'opposer formellement à cela. En 1961, les 'orthodoxes' vont entrer dans ce conseil œcuménique. Au début de ces réunions, c'était que des chrétiens, il n'y avait pas de juifs ni de musulmans, d'hindous, etc. Et puis progressivement, certains catholiques se sont intéressés à cet esprit unioniste. Le Père Teilhard de Chardin, un jésuite, essaye de concevoir une unité du genre humain autour du Christ; l'humanité converge historiquement vers le Christ, qui est le centre de l'humanité. Mais, celui qui va être le vrai promoteur est le cardinal Mercier, archevêque de Bruxelles-Malines. Il va organiser à partir de 1921 les Discussions de Malines; l'idée était de réunir les anglicans et les catholiques pour faire des colloques, des discussions. L'intention initiale n'était pas forcément mauvaise, mais elle était dangereuse. C'est pour cela qu'en 1928 le pape Pie XI est intervenu. Le cardinal Mercier avait un conseiller qui s'appelait Dom Lambert Beauduin. C'est lui, qui va être l'âme de ce faux esprit œcuménique; il va être le promoteur de l'unité entre les anglicans et les orthodoxes. Il va être protégé par le cardinal Roncalli, le futur Jean XXIII. Dom Lambert Beaudouin ne voulait pas que les orthodoxes changent, il voulait que les catholiques apprennent à connaître, et à reconnaître leurs erreurs, vis-à-vis des orthodoxes, qui auraient pu faire quelque chose de mieux. Quand Pie XII est mort, Dom Lambert Beauduin était dans l'euphorie, et surtout quand il a appris l'élection de Jean XXIII. L'abbé Paul Couturier, un lazariste, va soumettre tous ces projets au cardinal Gerlier à Lyon, et il va se dépenser sans compter auprès des 'orthodoxes', des anglicans, et des réformés; c'est lui qui va être à l'origine de la fameuse Semaine de l'Unité, "fondement de l'œcuménsime" : l'idée c'est on discute, on discute, pour faire un. Il y a aussi le "groupe des Dombes", qui réunit des théologiens de différentes confessions, qui vont chercher à faire l'unité par la prière : on prie ensemble, avec l'idée de faire une séparation entre les dogmes importants et les dogmes moins importants... Et enfin, le grand maître de l'œcuménisme, qui va vraiment déterminer Vatican II, c'est le Père Congar, un dominicain. C'est lui la cheville ouvrière qui va orienter le concile Vatican II dans ses deux décrets "Unitatis redentegratio" (texte) et "Nostra Ætate" (texte), dans l'ouvrage Chrétiens désunis, où il considère philosophiquement que 'l'Église est en puissance' et pas en acte; c'est-à-dire que l'Église n'est pas encore parfaite, elle va le devenir; la perfection va se faire, alors qu'(avant Vatican II), on dit que l'Église est parfaite, elle est achevée, elle est une. Pour le Père Congar, non, l'Église n'est pas une, elle est à faire, elle est en construction permanente. Ce qui est faux, vous pourriez être les seuls catholiques dans le monde, et le monde entier pourrait ne plus être catholique, l'Église existe, elle est, elle est parfaite. Pour être parfaite, il faut quand même à l'Église un minimum d'autorité et c'est pour cela qu'il y aura toujours au moins un évêque dans le monde pour enseigner la vérité catholique. De même, chez le Père Congar, on trouve un humanisme de la religion, il faut incorporer ce qu'il y a d'humain, les valeurs humaines, pour rendre la religion plus humaine, plus sympathique : l'humanisme. Et c'est cet esprit que l'on retrouve dans Vatican II qui dit que oui, le monde moderne a beaucoup de choses, il faut quand même discerner dans ce qui se passe actuellement les choses intéressantes, etc."

 

Note du Blog Christ Roi.

 

Simon Claude MIMOUNI, spécialiste de renommée internationale de l'histoire de la formation du mouvement des disciples de Jésus dans le judaïsme, l'écrit également :

 

"C'est l'orthodoxie qui crée l'hétérodoxie. Et non l'inverse. Au commencement de l'Église, c'est en se considérant orthodoxes que ceux qui ne le sont pas sont rejetés comme hétérodoxes. Les orthodoxes établissent ainsi une filiation qui leur permet d'avoir une généalogie légitime face aux autres qui sont alors des opposants, qualifiés d'hérétiques." (Simon Claude MIMOUNI, Le Judaïsme ancien et les origines du christianisme, Bayard, Italie 2018, p. 295.)

 

CONCLUSION BLOG CHRIST ROI

 

Ce n'est donc pas les erreurs ni les hérésies qui définissent la foi orthodoxe. Aucun assemblage avec des hérésies, c'est-à-dire des mensonges, ne peut produire une once de vérité ni d'unité. Il serait temps que les oecuméniques post Vatican II en reviennent à ce que prônaient les premiers chrétiens, dont saint Irénée de Lyon, pourtant déclaré docteur de l'Eglise par François le 21 janvier 2021, avec le titre de "Doctor unitatis", Docteur de l'unité (!), lui qui a écrit le fameux Contre les hérésies..., toujours et plus que jamais d'actualité !

Quel accord du Christ avec Satan ? ou quel partage pour un croyant avec un non-croyant ? quelle entente y a-t-il entre le sanctuaire de Dieu et les idoles ? Nous, en effet, nous sommes le sanctuaire du Dieu vivant, comme Dieu l’a dit lui-même : J’habiterai et je marcherai parmi eux, je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Sortez donc du milieu de ces gens-là et séparez-vous, – dit le Seigneur ; ne touchez à rien d’impur, et moi je vous accueillerai : je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles, – dit le Seigneur souverain de l’univers.

2 Co 6, 15-18

Saint Polycarpe combat de nombreuses sectes qu'il juge hérétiques, en particulier certains gnostiques et notamment Marcion qui rejette l'Ancien Testament, ne garde qu’une sélection des nouveaux écrits et ne croit pas que Jésus est le Messie attendu des Juifs. Exclu de l’église de Rome en 144, Marcion se lance dans des campagnes missionnaires, fonde de nombreuses églises où l’on pratique une morale très austère, comportant la renonciation à la sexualité et à la vie de famille, tout en se préparant au martyre. Marcion, ayant été à la rencontre de saint Polycarpe lui dit : "Reconnais-nous." Polycarpe a-t-il réalisé des réunions "oecuméniques" avec Marcion ? Non, il lui a répondu : "— Je te reconnais pour le premier-né de Satan. Si grande était la circonspection des apôtres et de leurs disciples, qu'ils allaient jusqu'à refuser de communier, même en paroles, avec l'un de ces hommes qui falsifiaient la vérité. Comme le dit également Paul : 'L'hérétique, après un premier et un deuxième avertissement, rejette-le, sachant qu'un tel homme est perverti et qu'en péchant il est lui-même l'auteur de sa condamnation.' (Tite 3, 10-11). (Irénée de Lyon, Contre les hérésies, III, 3,4.) [...] L'Église, [...] c'est elle, [...] qui est la voie d'accès à la vie; 'tous' les autres 'sont des voleurs et des brigands' (Jn 10,8). C'est pourquoi il faut les rejeter (Tite 3,10), mais aimer par contre avec un zèle extrême ce qui est de l'Église et saisir la Tradition de la vérité." (Irénée de Lyon, Contre les hérésies, III, 4,1.)

Le saint martyr Cyprien (200-258), parlant du pseudo-évêque schismatique Novatien, lui refusa même l'appellation de chrétien, puisqu'il était détaché et séparé de l'Église du Christ :

 

"Qui qu'il soit , dit-il, et de quelque espèce que ce soit, ce n'est pas un chrétien qui n'est pas dans l'Église du Christ. Il peut aussi se vanter et avec de superbes paroles prêcher sa philosophie et son éloquence ; celui qui n'a pas été fidèle à la charité fraternelle et à l'unité ecclésiastique a aussi perdu ce qui était avant. Puisqu'une seule Église dérive du Christ pour le monde entier, divisée en plusieurs membres, un seul épiscopat est également répandu dans le pluralisme concordant de plusieurs évêques; après le mandat de Dieu, et après l'unité de l'Église partout proche et unie, elle s'efforce de faire l'Église des personnes humaines. Donc, quiconque n'observe ni l'unité d'esprit, ni l'unité commune de la paix, et se sépare du lien de l'Église et du Collège des Prêtres, ne peut avoir le pouvoir ou l'honneur d'un Évêque, n'ayant pas voulu maintenir ou l'unité, ni la paix de l'épiscopat" [Cyprien., Contra Novatien, Ep. 52 à Antonien, in encyclique Etsi Multa du Pape Pie IX, 1873.]

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19 janvier 2022 3 19 /01 /janvier /2022 17:21

Il est erroné de prétendre que la vérité ne s'impose que par sa propre force et ne doit pas être soutenue par l'Etat.

Souvent, dans les fausses religions, des erreurs sur la vérité entraînent la commission d'actes immoraux (Exemples : les Mormons qui vivent dans la polygamie, l'islamiste qui commet des attentats en tuant des innocents et en pensant sauver son âme).

De même, et sur un autre plan, parfois la vérité a besoin de la force pour s'établir. Exemple : les Résistants en 1940, et plus généralement toutes les Vérités sociales qui nécessitent la force publique pour être défendues. 

Cette vidéo de l'abbé Salenave aborde ces sujets, la liberté, la conscience, ainsi que la signification de la fête du Christ Roi. 

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27 décembre 2021 1 27 /12 /décembre /2021 12:40

Par Abbé Salenave 

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5 décembre 2021 7 05 /12 /décembre /2021 14:28

La liberté religieuse ou la mort des sociétés. Abbé Salenave :

 

1°) La séparation de l'Eglise et de l'état aboutit à la mort des états

2°) Quelle place pour les fausses religions ?  

3°) La liberté religieuse est une tolérance et pas un droit naturel

4°) Les hérétiques promeuvent la liberté de l'erreur

__________________

Extrait :

 

La confusion des modernistes c'est de dire que puisque l'acte de foi est un acte libre, l'on n'a pas le droit d'imposer socialement la foi catholique. Il y a là un sophisme : on passe du privé au public.

 

L'Etat ne s'intéresse en principe qu'à ce qui concerne la vie sociale. Il ne lui appartient donc pas de surveiller les consciences ni l'exercice privé du culte. [On voit que l'Etat républicain, lui, ne se prive pas avec l'injection (le passe "sanitaire", etc.) de rentrer dans la vie privée des gens, de faire de la propagande dans les maisons avec la télévision, la radio, et dans les écoles, toute la journée on mouline la tête des enfants avec la 'laïcité', etc. Donc, là il y a manifestement une atteinte à la vie privée, à l'acte de foi.]

 

Mais par contre l'Etat ne peut pas se désintéresser des activités religieuses publiques. Par exemple : si un musulman ou un juif veut construire une mosquée ou une synagogue, un Etat catholique peut dire non au nom de la religion de l'Etat. C'est d'ailleurs ce que font les musulmans dans leurs pays. Ils interdisent la construction d'églises, parce que eux ont compris qu'un Etat doit être en rapport avec sa religion. 

 

L'Etat doit interdire l'exercice public des faux cultes. L'Etat ne peut pas empêcher les gens dans leurs maisons de prier un faux dieu, et des idoles. Il doit donc en interdire ou en limiter autant que possible l'exercice public et la propagande. ... Cependant il peut, et même parfois doit, les tolérer pour éviter un plus grand mal (une guerre civile). [C'est ce que l'on appelle la tolérance qui veut que l'on supporte un mal. Ce qui n'est pas la tolérance au sens maçonnique qui est tout accepter à égalité; il n'y a pas de bien, pas de mal.] La tolérance ne s'exerce pas au nom de la justice, mais au nom de la prudence et de la charité.

 

Les fausses religions ont-elles un droit public à s'exercer ?

Le droit appartient au vrai. On ne peut pas dissocier le droit de la vérité. Est-ce que vous allez dire j'ai un droit au vol ? Non, car le vol est un mal. Est-ce que j'ai le droit de tuer un innocent ? Non. [Pour l'avortement, ils vont dire que l'enfant dans le ventre de sa mère est un être qui n'existe pas.]

Le droit se situe toujours par rapport à la vérité. N'a de droit que ce qui est vrai.

le droit et le mensonge ce n'est pas possible. Pour la religion c'est pareil. La vraie religion a un droit absolu de se développer et d'être pratiquée librement, car personne ne peut être empêché de servir Dieu de la manière que Lui-même y a prescrite. C'est une exigence de droit naturel.

En revanche les fausses religions n'ont aucun droit réel à être pratiquée parce qu'elles sont fausses et erronées. L'erreur ne peut jamais avoir de droit, seule la vérité en a.

La tolérance des autres religions n'est donc pas pour un chef d'Etat un devoir de justice, mais de prudence et de charité. "Tout en accordant de droit qu'à ce qui est vrai et honnête, l'Eglise ne s'oppose pas cependant à la tolérance dont la puissance publique croit pouvoir user à l'égard de certaines choses contraires à la vérité et à la justice, en vue d'un mal plus grand à éviter ou d'un bien plus grand à conserver." (Léon XIII) Cela c'est l'enseignement des papes jusqu'à Vatican II.

Il y a donc quand même une différence entre le droit naturel et le droit civil. Le droit naturel est fondé sur la nature de l'homme (l'homme est religieux, l'homme a le droit à la vérité, l'homme a droit à la bonté).

Pour la raison de prudence, principalement pour le bien et la paix, le libre exercice des faux cultes peut dans certains cas être garantis par un droit civil d'un pays catholique. [Ce n'est pas un droit naturel. Cela est très important, parce que dans le Concile Vatican II il est dit que l'homme a le droit à l'exercice de sa religion en privé comme en public. Non. C'est un droit, une tolérance que l'Etat accorde, mais cela n'est pas un droit naturel. C'est tout le problème de Vatican II qui a joué sur la question de droit. En Suisse par exemple, aujourd'hui, les musulmans n'ont pas le droit de construire de minaret.] 

 

Vatican II va toucher véritablement à l'ordre naturel. C'est la phrase de Dignitatis Humanae # 2 : "Le Concile Vatican II déclare que la personne humaine a droit à la liberté religieuse." [sans préciser laquelle] Cette liberté consiste en ce que tous les hommes tous les hommes doivent être exempts de toute contrainte de la part tant des individus que des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu’en matière religieuse nul ne soit forcé d’agir contre sa conscience ni empêché d’agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d’autres." 

C'est-à-dire un adorateur des arbres pourra faire une église des adorateurs des arbres, une religion, avec ses dogmes et sa hiérarchie. Et bien Vatican II accorde ce droit, l'idolâtrie, n'importe quoi... Alors ils se sont sentis un tout petit peu embêtés et ils ont mis "dans de juste limites". Qu'est-ce que cela veut dire ? Cela ne veut rien dire du tout. C'est complètement subjectif. C'est-à-dire par exemple, finalement, si cela ne dérange pas le voisin.

Il est dit que nul ne peut être contraint (à croire), "que nul ne soit forcé d'agir" : cela c'est ce que toujours l'Eglise a enseigné. ... On ne peut pas brusquement forcer un adorateur des arbres à se convertir. C'est un acte libre. Mais ici il est précisé "qu’en matière religieuse nul ne soit forcé d’agir contre sa conscience ni empêché d’agir", donc d'exercer le culte de son choix [y compris par exemple en construisant des minarets s'il le souhaite. Ndlr.]. Donc ici on ne parle plus de la tolérance d'un mal, mais d'un droit au mal. Or, non, il n'y a pas de droit naturel pour l'erreur.

Et puis le deuxième problème est que n'importe qui peut faire la propagande de l'erreur. Par exemple, des gens vont dire 'on va fonder une secte des adorateurs de Lucifer' et ils n'auront pas de problème pour le faire. Ils auront même droit à des subventions de l'Etat ou à des réductions 'car c'est un culte comme les autres'.

Les 'justes limites" dont parle le paragraphe 2 de Dignitatis humanae, il semble qu'il s'agisse de la sauvegarde de l'ordre public. Mais ce n'est pas clair.

 

Ce qui est intéressant de voir c'est que la "liberté religieuse" de Vatican II contredit l'enseignement de l'Eglise catholique et la pratique constante de l'Eglise depuis sa fondation.

 

Beaucoup de saints n'ont pas hésité à briser des idoles. On raconte souvent aux enfants l'histoire de la petite (Martine ?) qui avait brisé une idole et fut martyre. 

 

L'Eglise sans jamais forcer à croire, ou à imposer le baptême, s'est toujours reconnu le droit et le devoir de protéger la foi de ses enfants. Admettre Vatican II c'est admettre que depuis 2000 ans les papes, les saints de l'Eglise, les évêques, les rois chrétiens, ont toujours violé un droit naturel. Pendant 2000 ans l'Eglise se serait trompée en faisant la guerre aux faux cultes. D'où maintenant toutes ces repentances. C'est logique. Mais c'est absurde et impie. Dites cela aux rois chrétiens en Espagne qui avaient fait la Reconquista pendant huit siècles pour remettre le christianisme en Espagne !

 

Les Saints qui ont violé le "droit" à la "liberté religieuse" sont nombreux. On peut citer saint Polyeucte, Sainte Christine, Saint Martin de Tours qui avait détruit un "arbre sacré" en Gaule. Il dit aux païens d'abattre l'arbre que le peuple regardait avec vénération. Ceux-ci  lui dirent : « Nous voulons bien le couper, pourvu que vous consentiez à rester dessous. » Il accepta la condition. On abattit l'arbre; il penchait du côté de saint Martin, les païens le crurent déjà écrasé; mais le saint ayant fait le signe de la croix, l'arbre se redressa, et tomba du côté des païens; plusieurs auraient été tués s'ils n'eussent évité la mort par une prompte fuite. Saint Benoîtsaint Gall, saint Pierre de Vérone [ou encore saint Nicolas de Myre. Ndlr]. Je ne vais pas tous les citer, tous ces docteurs qui ont justifié cette pratique : saint Augustin (face aux donatistes partisans de la liberté religieuse rassemble dans une série de lettres, dont l'une des plus riches est la lettre 93 à Vincentius, les arguments légitimant contre le schisme et l'hérésie l'appel au bras séculier), saint Thomas d'Aquin, saint Alphonse. On pourrait d'ailleurs faire l'histoire des saints qui combattaient l'idolâtrie, qui combattaient l'erreur. La première raison est que la liberté de l'erreur détruit l'infaillibilité de l'Eglise. Elle insulte la mansuétude de l'Eglise qui se serait comporté à travers le siècles comme une mère possessive, une marâtre, méchante. Elle ruine la sainteté, niant pratiquement l'action du Saint-Esprit qui purifie les saints et les éclaire sur le vrai sens de l'Evangile (donc selon la liberté de l'erreur, tous les saints se seraient trompés), leur donne la force et la sainte liberté nécessaire pour braver les préjugés du siècle. Elle discrédite la charité, dont la pente naturelle aurait dû empêcher pendant des siècles de violer un des droits fondamentaux de la personne humaine. De même les docteurs du XIIIe siècle face à certains cathares.

 

Et puis les Anglais adoptent le self refuting system, c'est-à-dire pourquoi en effet notre siècle aurait-il moins de préjugés que les siècles passés ? Autrefois ils avaient des préjugés : et vous, vous en avez pas autant ? Et peut-être que vous en avez bien plus.

 

Si donc les préjugés de ce siècles ont exercé une pression invincible, même sur les papes et les docteurs, pourquoi le concile Vatican II (qui n'est même pas infaillible) aurait-il davantage échappé aux préjugés libéraux de notre temps que les saints du passé ? ... Regardez-vous avant de regarder le passé...

 

Et puis enfin, cette thèse (de la liberté de l'erreur) accorde aux ennemis de l'Eglise, donc les francs-maçons, les cathares, les humanistes, les donatistes, etc., l'extravagant privilège d'avoir sur ce point pénétré l'esprit de l'Evangile avant les docteurs de l'Eglise. Voltaire, par exemple en cette affaire, aurait été meilleur catholique que saint Alphonse de Liguori, qui était évêque du temps de Voltaire.

 

Quand on demande aux tenants de la thèse selon laquelle le droit naturel promouvrait la liberté religieuse de trouver dans le passé des textes, des références qui défendent cette thèse, ils n'en trouvent pas.

 

Alors, oui, dans l'Eglise il y a eu des défenseurs de la liberté religieuse, des défenseurs de la vraie liberté de pratiquer la vraie religion, et la douceur à l'égard de l'erreur, mais jamais une liberté telle que Vatican II l'a promue, c'est-à-dire la liberté de l'erreur, du mensonge.

 

Qui ont été les premiers à défendre cette fausse liberté religieuse publique ? Ce sont les hérétiques ou les ennemis de l'Eglise, et en particulier les philosophes anglais du XVIIIe siècle, qui à cause des guerres de religion ont avancé la thèse de la liberté pour tous. Et ensuite, c'est tout le courant des catholiques libéraux du XIXe siècle, quand il y a eu la Révolution française et la persécution des catholiques français ont dit on va accepter la liberté religieuse, comme cela on va nous tolérer !... En fait, les catholiques (libéraux) se sont mis du côté de ceux qui doivent être tolérés, au nom de la tolérance qu'il faut que vous acceptiez... Ces catholiques libéraux ont été condamnés par tous les papes du XIXe siècle. Et un des premier sà être condamné a été un des grands docteurs de cette liberté religieuse hérétique, Félicité de La Mennais, mort en 1854, excommunié et révolté. C'est Grégoire XVI qui l'a condamné dans l'encylique Mirari Vos de 1832. Après La Mennais, il y a eu d'autres catholiques libéraux, ceux de la deuxième vague, comme Mgr Dupanloup, le comte Montalembert, qui vont être condamnés par Pie IX en 1864 dans l'encyclique Quanta Cura, et le catalogue d'erreur, Syllabus Errorum. Puis il y a eu ceux de la troisième vague sous Léon XIII. On parlait des prêtres "démocrates", avec à l'origine Marc Sangnier et le mouvement le Sillon, et dont on peut résumer le slogan par "une église libre dans un état libre." Et on peut dire que Vatican II en est le fruit. Saint Pie X condamna fermement ces prêtres démocrates dans une lettre de 1910. Puis il y eut une 4e vague avec le philosophe Jacques Maritain. En 1953, le cardinal Ottaviani va réfuter les thèses libérales de Maritain dans un discours solennel au Latran. En 1958, le Saint-Office prépara un document condamnant certaines propositions de Maritain et d'un jésuite américain John Courtnay Murray, mais la mort de Pie XII en empêcha la publication. Finalement, Maritain et Courtnay Murray triomphèrent avec Vatican II.

 

Nous verrons la prochaine fois Vatican II et le triomphe de la liberté religieuse.

 

(Fin de citation)

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8 juillet 2021 4 08 /07 /juillet /2021 19:29

N’aimez pas le monde, ni ce qui est dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui.

1 Jn 2,15

Ne savez-vous pas que l’amour pour le monde rend ennemi de Dieu ? Donc celui qui veut être ami du monde se pose en ennemi de Dieu.

Jacques 4,4

En nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver.

Ac 4,12

Dans son dernier livre, La Fin d'un monde, Oui, c'était mieux avant !, chez Albin Michel, Patrick Buisson dresse un réquisitoire du concile Vatican II, en suggérant des pistes de sortie de la crise.

 

"Le passage d'un capitalisme de producteurs à un capitalisme de consommateurs achève de disqualifier l'idéologie sacrificielle du christianisme, sa culture du renoncement à la jouissance des biens terrestres, son schéma salvifique de la satisfaction différée qui apparaissent désormais, au regard du grand nombre, comme autant d'insupportables entraves à la réalisation de ses propres désirs, autant de limites au déplafonnement des possibilités de bonheur qu'apportent l'enrichissement général...,  explique Patrick Buisson.

 

"C'est le moment où le 'bon pape' Jean XXIII décide de convoquer le concile Vatican II.

Le défi qu'elle se lance alors d''entrer en conversation avec le monde' engage imprudemment l''Elise éternelle' dans l'exposition aux changements du monde contemporain, autrement dit au risque de devenir abusivement temporelle et d'accélérer ainsi la sortie du religieux de la durée historique.

 

"En France, un décrochage massif de la pratique catholique vient déjouer le pari de ceux qui avaient misé sur les réformes conciliaires...

 

"Sous couvert d'un retour à l''Eglise primitive', fourrier de toutes les hérésies à travers l'Histoire, on s'en prend à la piété dionysiaque et par trop démonstrative des milieux populaires. on s'acharne contre les dévotions des petites gens, ces moyens pauvres de la religion, en oubliant que ce sont précisément ces moyens qui rendent le catholicisme accessible aux pauvres. On renonce à tout ce qui marquait la souveraineté églisière dans l'espace sociale et tissait le lien communautaire entre les croyants: rogations, processions de la Fête-Dieu, de la communion solennelle ou de l'Assomption. Prônant une foi déritualisée et entièrement polarisée par la rationalité, le nouveau clergé se pose en antagonisme du vieux catholicisme de clocher, familial et festif...

 

"Ainsi l'institution ... s'attache-t-elle à la liquidation du monde ancien, jusqu'à en expurger les derniers vestiges dès lors qu'ils lui parurent faire obstacle à sa volonté d''aggiornamento' , c'est-à-dire de compromis avec la culture moderne et les idoles du jour. (Patrick Buisson, La Fin d'un monde, Albin Michel, Paris 2021.)

 

"... [L]es débuts du concile accréditèrent abondamment l'idée d'une lutte politico-idéologique entre l'assemblée conciliaire et la, curie romaine, entre une majorité progressiste empressée d'ouvrir un dialogue avec le monde moderne et de scruter les 'signes des temps' ... et une minorité conservatrice soucieuse de maintenir le dépôt 'immuable et inaliénable' de la foi dans son intégrité. ... Liberté religieuse, oecuménisme, humanisme transcendant, promotion du laïcat : toutes les avancées doctrinales de Vatican II, qui allèrent aboutir à un renversement du rapport de force à l'intérieur de l'Eglise, s'étaient d'abord développées à l'état de semi-hérésies dans les écrits de la théologie française des années cinquante avant d'être revêtues des habits chatoyants de la nouvelle orthodoxie par les pères conciliaires.

 

"Ironie ou accélération de l'histoire, trois des experts français en théologie, le jésuite Henri de Lubac et les dominicains Yves Congar et Marie-Dominique Chenu qui furent nommés par le pape en qualité de periti, c'est-à-dire de consultants pour le concile, avaient quelques années auparavant, subi, à tour de rôle, les foudres du Saint-Office pour des écrits hétérodoxes. En état de dissidence permanent, le père Congar s'était très tôt distingué par sa propension à défier l'autorité romaine et à évoluer à contre-courant du magistère de l'Eglise. En 1937, son premier ouvrage, Chrétiens désunis, Principes d'un oecuménisme catholique, conférait une valeur théologique positive à l'œcuménisme, contrairement à l'encyclique Mortalios Animos (1928) par laquelle Pie XI avait rappelé que l'unité des chrétiens ne pouvait se concevoir que par la conversion des non-catholiques à la 'seule véritable Eglise du Christ'. Soumis à la censure préalable des instances romaines suite à la ,publication, en 1950, de Vraie et fausse réforme de l'Eglise, le turbulent dominicain se vit refuser le nihil obstat pour trois ouvrages successifs, tandis que Pie XII lui signifiait l'interdiction d'enseigner avant de l'exiler à l'Ecole biblique de Jérusalem. Empêché de publier, il vécut cette discrimination sur le double mode d'une lancinante récrimination et d'un vif ressentiment, au point d'aller compisser la porte d'entrée du Saint-Office à Rome, une première fois en 1946, une seconde en 1954.

 

"D'avoir arrosé le temple de l'ancienne Inquisition ou d'avoir défriché le terrain pour une plus grande liberté de recherche théologique, nul ne sut jamais de quoi ce clerc séditieux et facétieux se sentit le plus fier lorsque Jean XXIII lui offrit l'éclatante réhabilitation d'un poste de grande influence auprès des pères conciliaires. Peu enclin à l'humilité dont il laissait volontiers l'usage à autrui, le père Congar s'attribua, dans Mon journal du concile, la paternité de quelques-uns des grands textes de Vatican II, y compris même dans les éléments de vocabulaire (Yves CONGAR, Mon Journal du concile, Cerf, vol. 1 et 2, 2002). Il est vrai que des chapitres entiers de la constitution Lumen gentium sur 'peuple de Dieu', les liens de l'Eglise avec les chrétiens non-catholiques et les religions non-chrétiennes (LM # 16) ou sur l'ecclésiologie, avec la remise en cause du dogme qui identifiait exclusivement l'Eglise catholique au corps mystique du Christ, étaient sortis directement de la plume de l'irrégulier théologien rentré brusquement en grâce sans qu'il ait eu à modifier en quoi que ce soit ses positions. A telle enseigne que ses détracteurs l'élevèrent sans hésitation à l'indignité de 'père de l'hérésie matricielle de Vatican II'.

 

"... Le décret Unitatis Redintegratio (21 novembre 1964) allait encore plus loin dans la légitimation d'un pluralisme religieux en reconnaissant que 'plusieurs et même beaucoup d'éléments de grande valeur peuvent exister en dehors des limites visibles de l'Eglise catholique'. Avec la déclaration Nostra Aetate, adoptée le 15 novembre 1965, le concile en rupture avec une longue tradition d'indifférence ou d'hostilité envers les autres religions, développait une 'vision positive de l'action du Dieu unique au coeur même des religions non chrétiennes'.

 

"... Apothéose de ce courant révisionniste, la constitution dogmatique Lumen gentium (21 novembre 1964) abolissait le privilège des catholiques en faisant de l'Église, non plus l'opératrice du salut de ses seuls fidèles, mais l'instrument d'un salut pour tous sans discrimination de croyance.

"... Toute l'humanité, qu'elle ait ou non reçu l'Evangile, était donc affirmée comme 'ordonnée au peuple de Dieu'. ... En bref, nul n'était plus exclu de la possibilité du salut éternel et les bénéfices de l'affiliation à l'Église visible se trouvaient, du même coup, quasiment réduits à néant. On pouvait être sauvé sans appartenir à la maison Dieu via sa filiale romaine. À la stupéfaction de très nombreux fidèles, la divine Providence semblait abandonner l'enseigne évangélique du 'beaucoup d'appeler, mais peu d'élus' (cf. Ma 22,14[en exagérant le trait, à présent ce serait beaucoup d'appeler et tous élus. NdCR.]

 

"... [E]n affichant une conception plus ouverte du salut des 'autres', la majorité conciliaire s'empêtrait dans ses propres incohérences.

"À quoi bon l'élan missionnaire érigé en priorité pastorale en direction de 'ceux qui étaient loin', si ceux-ci pouvaient désormais être sauvés sans que leur conversion fût obligatoire ni même nécessaire ? (sauvés même contre leur gré ? NdCR.(Patrick Buisson, La Fin d'un monde, Albin Michel, Paris 2021, p. 85-93.)

 

Un concile des Lumières ?

 

Dans "La déclaration de droits de l'homme et du citoyen", le juriste Stéphane Rials situe l'acte de naissance de l'optimisme juridique sur la nature humaine en 1789 :

"Les Lumières ont parié - mais elles ignoraient en général que ce fût un pari - sur la possibilité de l'amélioration intellectuelle et morale de tous. La Déclaration était l'un des instruments de ce pari.  (La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, Présentée par Stéphane Rials, Hachette, Pluriel Inédit, Paris 1988, p. 16)

"[...] Ainsi le légicentrisme de quatre-vingt-neuf est-il à claire dominante d'optimisme rationaliste." (p. 371)

 

Or, "Paul VI ... concéda, avant de congédier l''auguste sénat' :

'Il faut reconnaître que ce concile, dans le jugement qu'il a porté sur l'homme, s'est arrêté bien plus à l'aspect heureux de l'homme qu'à son aspect malheureux. Son attitude a été nettement et volontairement optimiste.'

"N'était-ce pas là, en vérité, une nouvelle religion qui était proposée, beaucoup plus centrée sur l'homme que sur Dieu?, s'interroge justement Patrick Buisson (La Fin d'un monde, Albin Michel, Paris 2021, p. 99.)

 

Un parallèle peut être établi entre ce concile optimiste et le bonheur promis à l'humanité en 1789. C'est ce qu'entrevoit bien Patrick Buisson, en ces termes : "Il faudra quelques années encore pour que l'homme nouveau, obsédé par l'idéologie hédoniste, s'aperçoive que l'expérience du bien-être ne l'avait pas fait accéder au bonheur et que le grand projet de l'humanisme anthropocentrique débouchait sur ce que Chomsky avait appelé 'le troisième totalitarisme'. Autrement dit, la réduction du monde et des hommes eux-mêmes à la marchandise. Entre-temps, une antique humanité avait disparu, victime d'un véritable génocide ethnoculturel, une humanité dont on découvrira sans doute un jour à quel point elle fut proche de ce que l'homme avait de meilleur, celle qui, ..., croyait qu''on n'a pas besoin du bonheur pour être heureux.'" (La Fin d'un monde, Albin Michel, Paris 2021, p. 24.)

 

Le seul péché, c'était de ne pas croire au bonheur !

 

"Pour mener à bien son projet d'émancipation, la révolution hédoniste des années soixante lança une grande offensive culturelle contre la culpabilité et toutes les formes de culpabilisation qui agissaient encore comme autant de freins à la consommation et à la jouissance, comme autant d'entraves à la libre expression du désir individuel et à la légitime aspiration au bien-être. Le mot d'ordre fut à la désinhibation. La pudeur, la réserve, la frugalité et surtout la notion chrétienne de péché devinrent le coeur de cible d'une vaste campagne de lessivage des consciences et de reformatage psychologique. ... Publicitaires, marchands, entrepreneurs qui avaient quelque chose à vendre se relayèrent pour accréditer plus ou moins habilement une idée simple qui allait servir de nouveau catéchisme à la modernité triomphante : il n'y avait pas de mal à se faire du bien, le seul péché, c'était de ne pas croire au bonheur. Il fallait en finir avec tout ce qui empêchait, différait ou ralentissait l'acquisition de biens et de produits ou la poursuite de fins exclusivement terrestres..." (La Fin d'un monde, Albin Michel, Paris 2021, p. 261.)

 

Aujourd'hui le monde matérialiste et ses promesses de bonheur, ces petits plaisirs passagers souvent mesquins n'ont pas tenu leur promesse.

 

En 2009, la complexité et la gravité de la situation économique actuelle ont conduit le pape Benoît XVI à proposer dans l'encyclique Caritas in veritate des réponses à la crise mondiale et à la mondialisation. "La crise devient ainsi, écrit-il, une occasion de discernement et elle met en capacité d’élaborer de nouveaux projets. C’est dans cette optique,... qu’il convient d’affronter les difficultés du moment présent" (§ 21).

 

Benoît XVI fournit la clé d'un développement authentique qui reconnaît la pleine nature de l'homme avec sa dimension transcendante, et sa dignité : la juste compréhension de la nature de l'homme, ou ce qu'il appelle le "développement humain intégral" ( § 4), qui est est portée vers la transcendance, une "écologie de l'homme" qui "concerne unitairement la totalité de la personne dans chacune de ses dimensions (§ 11). Le développement humain intégral sur le plan naturel, réponse à un appel du Dieu créateur, demande de trouver sa vérité dans un "humanisme transcendant, qui (…) donne [à l’homme] sa plus grande plénitude: telle est la finalité suprême du développement personnel". La vocation chrétienne à ce développement concerne donc le plan naturel comme le plan surnaturel; c’est pourquoi "quand Dieu est éclipsé, notre capacité de reconnaître l’ordre naturel, le but et le 'bien' commence à s’évanouir" (§ 18).

 

Le Saint-Père précise que si "[l]’Église n’a pas de solutions techniques à offrir et ne prétend "aucunement s’immiscer dans la politique des États"... [e]lle a toutefois une mission de vérité à remplir, en tout temps et en toutes circonstances, en faveur d’une société à la mesure de l’homme, de sa dignité et de sa vocation ( § 9).

 

Du point de vue économique, "La richesse mondiale croît en terme absolu, mais les inégalités augmentent... Dans les pays riches, de nouvelles catégories sociales s’appauvrissent et de nouvelles pauvretés apparaissent. Dans des zones plus pauvres, certains groupes jouissent d’une sorte de surdéveloppement où consommation et gaspillage vont de pair" (§ 22).

 

... "L’humanité tout entière est aliénée quand elle met sa confiance en des projets purement humains, en des idéologies et en de fausses utopies." (§ 53).

 

"Le développement de la personne s’étiole, si elle prétend en être l’unique auteur. Analogiquement, le développement des peuples se dénature, si l’humanité croit pouvoir se recréer en s’appuyant sur les "prodiges" de la technologie. De même, le développement économique s’avère factice et nuisible, s’il s’en remet aux "prodiges" de la finance pour soutenir une croissance artificielle liée à une consommation excessive. Face à cette prétention prométhéenne, nous devons manifester un amour plus fort pour une liberté qui ne soit pas arbitraire, mais vraiment humanisée par la reconnaissance du bien qui la précède. Dans ce but, il faut que l’homme rentre en lui-même pour reconnaître les normes fondamentales de la loi morale que Dieu a inscrite dans son cœur." (§ 68).

 

"Les droits humains risquent de ne pas être respectés soit parce qu’ils sont privés de leur fondement transcendant soit parce que la liberté personnelle n’est pas reconnue." (§ 56).

 

"L’homme moderne est parfois convaincu, à tort, d’être le seul auteur de lui-même, de sa vie et de la société. C’est là une présomption, qui dérive de la fermeture égoïste sur lui-même, qui provient – pour parler en termes de foi – du péché des origines. La sagesse de l’Église a toujours proposé de tenir compte du péché originel même dans l’interprétation des faits sociaux et dans la construction de la société: 'Ignorer que l’homme a une nature blessée, inclinée au mal, donne lieu à de graves erreurs dans le domaine de l’éducation, de la politique, de l’action sociale et des mœurs'. À la liste des domaines où se manifestent les effets pernicieux du péché, s’est ajouté depuis longtemps déjà celui de l’économie. Nous en avons une nouvelle preuve, évidente, en ces temps-ci. La conviction d’être autosuffisant et d’être capable d’éliminer le mal présent dans l’histoire uniquement par sa seule action a poussé l’homme à faire coïncider le bonheur et le salut avec des formes immanentes de bien-être matériel et d’action sociale. De plus, la conviction de l’exigence d’autonomie de l’économie, qui ne doit pas tolérer 'd’influences' de caractère moral, a conduit l’homme à abuser de l’instrument économique y compris de façon destructrice. À la longue, ces convictions ont conduit à des systèmes économiques, sociaux et politiques qui ont foulé aux pieds la liberté de la personne et des corps sociaux et qui, précisément pour cette raison, n’ont pas été en mesure d’assurer la justice qu’ils promettaient. (§ 34).

 

"[L]a fermeture idéologique à l’égard de Dieu et l’athéisme de l’indifférence, qui oublient le Créateur et risquent d’oublier aussi les valeurs humaines, se présentent aujourd’hui parmi les plus grands obstacles au développement. L’humanisme qui exclut Dieu est un humanisme inhumain (§ 78).

 

L'homme est fait de matière, mais aussi d'esprit et il est doté d'une âme. Aussi un humanisme intégral se doit-il de prendre la nature humaine dans sa totalité, et pas simplement dans son simple aspect matériel. Il y a là sans doute l'objet d'une future mise à jour de la pastorale de l'Église qui s'était arrêtée à l'optimisme des Lumières lors du concile Vatican II.

 

Patrick Buisson entrevoit un chemin vers cette nouvelle pastorale lorsqu'il regrette qu'"au lieu de résister et de déployer, comme l'Église avait su si souvent le faire par le passé, toutes les ressours de la sotériologie, autrement dit de sa vision globale du salut de l'humanité, une nouvelle forme historique du catholicisme, sensible au déplafonnement des possibilités de bonheur 'ici et maintenant' qu'apportaient avec les Trente glorieuses l'enrichissement général et l'amélioration des conditions de vie du plus grand nombre, mit l'accent sur le primat du salut terrestre, refoulant progressivement dans un non-dit honteux la culpabilisation pécheresse, la notion d'épreuve expiatoire, et la crainte du châtiment divin.

"La poursuite du salut, le rachat des fautes individuelles n'exigeaient plus ni ascèse, ni sacrifice, ni même pénitence. ... Le christianisme ne devait plus être mortification mais épanouissement de la personne. ... La prédication de ce salut sans peine où ... toute notion de rédemption des fautes par un sacrifice expiatoire avait disparu, rencontra moins d'enthousiasme que de de scepticisme." (La Fin d'un monde, Albin Michel, Paris 2021, p. 262.) 

 

L'engouement actuel pour le "Moyen-Âge" parmi les jeunes montre que le développement optimiste du concile Vatican II ne les a pas inspiré. 

 

La modernité et ses mirages d'accumulation de biens matériels vu comme horizon indépassable, loin de nous conduire au pur bonheur nous en éloigne. 

 

Au XIVe siècle, le Bienheureux Henri Suso a proposé une sagesse bien éloignée de la nôtre : "Sache que le renoncement intérieur conduit l'homme à la suprême vérité..." 

 

"Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux" (Mt 5,3)

 

La pauvreté dont le divin Maître parle est l'inverse d'une accumulation d'un trésor matériel personnel passager. Il s'agit de trouver celui qui n'est pas temporaire mais éternel, pour que Lui seul agisse dans nos vies.

 

"'Ne sais-tu pas que je suis la porte par laquelle doivent passer tous les vrais amis de Dieu, disait le Crucifié, il faut pénétrer dans les plaies ouvertes de mon humanité souffrante pour atteindre véritablement à la pure divinité.'" (Renée ZELLER, Le Bienheureux Henri Suso ( † 1366), Le Serviteur de l'éternelle Sagesse, Librairie de l'Art catholique, Protat Frères, Macon 1922, p. 59)

 

"Celui qui désire une plus grande récompense et son salut éternel, une haute science et une profonde sagesse, celui qui veut garder l'égalité d'âme dans la joie et la souffrance, être assuré contre tout mal et goûter au breuvage de vos amères souffrances comme de votre douceur ineffable, celui-là doit, Jésus crucifié, vous porter en tout temps devant les yeux de son cœur. ... Qu'il est donc heureux, l'homme qui l'a en tout temps devant les yeux et l'étudie ! Que de sagesse et que de grâces il peut acquérir, de de consolations et de douceur ! quelle aversion de tout péché, quel sentiment constant de ma présence !"  (Le Livre de la Sagesse éternelle, cité dans Le Bienheureux Henri SUSO, Oeuvres traduites par Jeanne ANCELET-HUSTACHE, Les Maîtres de la Spiritualité chrétienne, Textes et études, Aubier, Paris 1943, p. 381.)

 

Ne voulant plus parler de pénitence et de mortification dans les années post-concile, l'Église est ainsi passée à côté de l'essentiel. 

 

"La rencontre de la religion du Dieu fait homme et de la religion de l'homme fait Dieu (sans le Christ crucifié Ndlr.) avait tourné au fiasco. 'Pourquoi ? questionnait Clavel. Parce que la religion du Dieu fait homme nous impose de mourir à nous-mêmes pour retrouver notre substance et notre nature divine. Elle est difficile. La religion de l'homme fait Dieu, qui consiste à se diviniser narcissiquement et à ne croire qu'en soi, elle est facile. Le difficile s'est mis en contact avec le facile, et une fois de plus, c'est le facile qui l'a emporté. Et c'est toute l'exigence, toute l'assise de la vie spirituelle qui s'est trouvée emportée et dissipée.'" (La Fin d'un monde, Albin Michel, Paris 2021, p. 100.)

 

"Le vent du concile avait soufflé : la religion devait se faire plus intérieure, plus discrète, se purifier des scories du paganisme, domestique les vestiges d'une religiosité originellement 'sauvage'. On la voulait moins triomphante, et pour tout dire, moins ostentatoire.

... Un peu partout les processions de la Fête-Dieu furent rapatriées à l'intérieur de l'église avant de disparaître définitivement. l'heure de l''enfouissement' était venue...

"...En 1969, la Congrégation pour le culte divin édicta de nouvelles normes universelles de l'année liturgique" qui donnaient toute latitude aux évêques locaux pour adapter les rogations et les Quatre-Temps aux divers besoins des lieux et des fidèles, ainsi que l'autorité de "régler leurs ordonnances pour ce qui concerne le temps et la manière de les célébrer." Il ne fallut pas deux ans pour que ces rites soient supprimés dans la majorité des paroisses rurales avant de disparaître complètement du calendrier liturgique. les noces multiséculaires du catholicisme français et du monde rural, fondées sur la permanence, la stabilité, la répétitivité et l'étroite correspondance des cycles religieux et des cycles temporels, furent ainsi rompues comme fut refoulé l'univers symbolique qui s'y rattachait. Par une cruelle ironie de l'Histoire, l'Eglise renonçait aux rogations au moment même où elle aurait pu, en maintenant sa tradition, revivifier son lien avec le monde, apparaître aux yeux de tous comme l'avant-garde de la nouvelle sensibilité attentive à la protection de la nature qui commençait à s'emparer des esprits.

"Au moment même où la vague de l'écologie commençait à se former et à redonner tout son lustre et toute sa jeunesse à l'éternelle promesse du Livre de la Genèse : "Tant que la terre subsistera, les semailles et la moisson, le froid et la chaleur, l'été et l'hiver, le jour et la nuit ne cesseront jamais." (Gn 8,22) (La Fin d'un monde, Albin Michel, Paris 2021, p. 239-241.)

 

"Vous n'êtes pas allés au monde, vous vous êtes rendus au monde. Vous avez dit amen à tous les vents finissants du siècle." (Maurice Clavel, cité dans La Fin d'un monde, Albin Michel, Paris 2021, p. 161.)

 

"Pour affronter les mutations du siècle et le grand mouvement historique qui se voulait porteur de l'affranchissement de l'homme, il aurait fallu tenir, et maintenir, plutôt que d'ouvrir le comptoir des soldes et courir après l'air du temps. Au lieu de cela, l'Eglise s'acharna à dilapider en quinze ans tout ce qu'avaient engrangé deux millénaires de christianisme." (La Fin d'un monde, Albin Michel, Paris 2021, p. 190.)

 

"Pour répondre à l'attente du monde, il suffisait que l'Église se préservât, qu'elle ne cédât pas à la mode." (François Bluche et Pierre Chaunu, Lettre aux Églises, Fayard, 1977, p. 193, cités dans  La Fin d'un monde, Albin Michel, Paris 2021, p. 190.)

Beaucoup sont appelés, mais peu sont élus.

Matthieu 22,14

Entrez par la porte étroite. Elle est grande, la porte, il est large, le chemin qui conduit à la perdition ; et ils sont nombreux, ceux qui s’y engagent.

Mais elle est étroite, la porte, il est resserré, le chemin qui conduit à la vie ; et ils sont peu nombreux, ceux qui le trouvent.

Matthieu 7,13-14

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26 février 2021 5 26 /02 /février /2021 10:51

Le Père Olivier Horovitz, Aumônier de la clinique Bizet et des Ehpad Résidence Chaillot et Trocadero, en charge des malades à domicile, explique dans une video l'hérésie sur le péché mortel d'Arnaud Dumouch dans son livre "L'heure de la mort".

Extrait :

 

"Dans son livre 'L'Heure de la mort', à la page 91, chapitre 'le blasphème contre le Saint-Esprit', Arnaud Dumouch cite Matthieu 12,31 'Je vous le dit tout péché et blasphème sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l'Esprit-Saint, ne sera pas pardonné. Quiconque aura dit une parole contre le Fils de l'Homme, cela lui sera pardonné, mais quiconque aura parlé contre l'Esprit-Saint, cela ne lui sera jamais pardonné, ni dans ce monde ni dans l'autre.'"

 

"Le péché contre le Saint-Esprit, il y en a six sortes. [C'est au numéro 1864 du Catéchisme de l'Eglise catholique "Tout péché et blasphème sera remis aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera pas remis " (Mt 12, 31 ; cf. Mc 3, 29 ; Lc 12, 10). Il n’y a pas de limites à la miséricorde de Dieu, mais qui refuse délibérément d’accueillir la miséricorde de Dieu par le repentir rejette le pardon de ses péchés et le salut offert par l’Esprit Saint (cf. DeV 46). Un tel endurcissement peut conduire à l’impénitence finale et à la perte éternelle."

 

(1) Refus délibéré d'accueillir la miséricorde de Dieu,

(2) Refus du repentir,

(3) Rejet du pardon de ses péchés,

(4) Refus du salut offert par l'Esprit Saint

(5) Endurcissement du cœur

(6) Impénitence finale]

 

 "Le péché contre le Saint-Esprit est en fait celui qui concerne le moins de personnes. Car c'est un péché qui concerne des pécheurs endurcis, de gens qui n'ont pas lutté contre leur péché, contre leur vie peccamineuse. Ce sont des gens qui sont tombés dans ce que l'on appelle le vice, c'est-à-dire des péchés non combattus, qui à force (d'être commis) deviennent extrêmement puissants. Et l'homme est (alors) entièrement fermé au travail de la grâce, et s'il meurt dans cet état là, on peut craindre le pire, et l'enfer, c'est certain.

 

"À la page 92 (de son livre), Arnaud Dumouch nous dit la chose suivante : 'Le blasphème contre l'Esprit-Saint est donc le seul péché à nous conduire en enfer.'

 

"Nous sommes dans un livre à portée catéchétique, c'est-à-dire que nous ne sommes pas dans un livre où nous pouvons nous laisser aller à l'à-peu-près.

 

"Les auditeurs (et lecteurs) d'Arnaud Dumouch, en entendant cela se disent 'eh bien moi je suis tranquille, c'est un péché pour ceux qui sont dans l'habitude du péché, les vicieux, ou les grands docteurs parce qu'ils sont très orgueilleux, et c'est là peut-être la plus grande tromperie qu'Arnaud Dumouch fait à son public, car le discours de l'Église n'est absolument pas celui-ci. 

 

"Évidement, ce péché (contre l'Esprit-Saint) est un péché d'ordre diabolique, satanique.

 

"Et il (Arnaud Dumouch) dit : 'Les conditions sont d'après le concile Vatican II...'

Vous remarquerez ici qu'Arnaud Dumouch ne cite aucun texte (précis) du concile Vatican II, ni même une note (reporté à tel numéro), mais comme il sait très bien que ce qu'il dit n'est pas vrai, il ne peut pas mettre de note. Car le concile Vatican II n'a pas changé. Le Catéchisme de l'Eglise catholique nous dit bien que le péché qui nous conduit en enfer c'est le péché mortel. [1035 L’enseignement de l’Église affirme l’existence de l’enfer et son éternité. Les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent immédiatement après la mort dans les enfers, où elles souffrent les peines de l’enfer, " le feu éternel " (cf. DS 76 ; 409 ; 411 ; 801 ; 858 ; 1002 ; 1351 ; 1575 ; SPF 12). La peine principale de l’enfer consiste en la séparation éternelle d’avec Dieu en qui seul l’homme peut avoir la vie et le bonheur pour lesquels il a été crée et auxquels il aspire.]

 

"Et là-dessus Arnaud Dumouch n'a jamais répondu. 

 

"Ce qui conduit en enfer directement c'est le péché mortel. C'est écrit aux numéros 1857, 1858, et 1859.

 

[1857 Pour qu’un péché soit mortel trois conditions sont ensemble requises : " Est péché mortel tout péché qui a pour objet une matière grave, et qui est commis en pleine conscience et de propos délibéré"

1858 La matière grave est précisée par les Dix commandements

1859 Le péché mortel requiert pleine connaissance et entier consentement. Il présuppose la connaissance du caractère peccamineux de l’acte, de son opposition à la Loi de Dieu. Il implique aussi un consentement suffisamment délibéré pour être un choix personnel.]

 

"Donc dire que 'seul le péché contre le Saint-Esprit peut conduire en enfer' est parfaitement hérétique.

 

"Dans le Denzinger, Simplicius, mars 483 : 'Je confesse également que les feux éternels et les flammes de l'enfer sont préparés pour les péchés mortels' (numéro 342)

 

"Innocent IV  : 'Mais si quelqu'un meurt sans pénitence en état de péché mortel, il ne fait pas de doute qu'il sera tourmenté pour toujours par les feux de l'enfer éternel.' (numéro 839) Vatican II dit la même chose : il n'y a aucun changement.

 

"IIe Concile de Lyon (14e œcuménique 7 mai - 17 juillet 1274) : 'Pour les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel ou avec le seul péché originel, elles descendent immédiatement en enfer, où elles reçoivent cependant des peines inégales.' (numéro 858)

 

"Benoît XII, 20 décembre 1342 'Selon la disposition de Dieu, les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent aussitôt après leur mort en enfer, où elles sont tourmentées de peines éternelles.'

 

"Clément VI : ' Les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent en enfer.' (numéro 1075)

 

"Enfin, mais il y en aurait d'autres, Concile de Florence, 'Quant aux âmes de ceux qui disparaissent en état effectif de péché mortel ou seulement originel, elles descendent aussitôt en enfer, pour y être punies cependant de peines inégales.' 

 

"Le Concile Vatican II dit exactement la même chose, avec les trois conditions du péché mortel (matière grave, pleine conscience, entier consentement, 1858 et 1859) pour descendre en enfer : 

 

"1035 L’enseignement de l’Église affirme l’existence de l’enfer et son éternité. Les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent immédiatement après la mort dans les enfers, où elles souffrent les peines de l’enfer, "le feu éternel"."

 

"La vérité est donc que pour aller en enfer il suffit d'un seul péché mortel."

 

"Dire que Vatican II a changé la doctrine (sur l'enfer) est un mensonge."

 

"De même, on peut commettre un péché mortel en étant humble. L'humilité ne suffit pas. On peut faire un péché de fornication en étant très humble, on peut faire un péché de vol en étant très humble."

 

"Diffusez cette video. Faites connaître autour de vous la vérité catholique, la seule vérité catholique qui vous libère."

 

(Fin de citation)

 

Merci au père Horovitz pour ces explications essentielles.  

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12 janvier 2021 2 12 /01 /janvier /2021 10:14
Cléricalisation : Confusion à deux reprises: sur le motu proprio "Spiritus Domini" de François

Source: The Catholic World Report

 

Le problème sous-jacent de ce document est qu'il éviscère l'enseignement clair de saint Jean-Paul II dans l'exhortation apostolique post-synodale Christifideles Laici.

 

Le dernier motu proprio du pape François, Spiritus Domini, ouvre aux femmes les petits ministères de lecteur et d'acolyte. En apparence, cela peut ressembler à beaucoup de bruit pour rien puisque les femmes travaillent comme lecteurs et acolytes depuis des décennies maintenant. Le Seigneur sait que tout le monde a une grand-mère qui distribue la Sainte Communion depuis des années. 1

 

Cependant, il y a bien plus à considérer ici que les personnes exerçant des "fonctions". 2

 

Le problème sous-jacent de ce document est qu'il éviscère l'enseignement clair de saint Jean-Paul II dans l'Exhortation apostolique post-synodale Christifideles Laici (1988), où nous lisons:

Lorsque la nécessité ou l'utilité de l'Eglise l'exigent, les pasteurs peuvent, selon les normes établies par le droit universel, confier aux fidèles laïcs certains offices et certaines fonctions qui, tout en étant liés à leur propre ministère de pasteurs, n'exigent pas cependant le caractère de l'Ordre. Le Code de Droit Canon prescrit: «Là où les nécessités de l'Eglise le conseillent, et à défaut de ministres sacrés, des laïcs peuvent, même sans être lecteurs ou acolytes, remplir en suppléance telle ou telle de leurs fonctions: ministère de la parole, présidence des prières liturgiques, administration du Baptême, distribution de la Sainte Communion, suivant les normes du droit»(69). Il faut remarquer toutefois que l'exercice d'une telle fonction ne fait pas du fidèle laïc un pasteur: en réalité, ce qui constitue le ministère, ce n'est par l'activité en elle-même, mais l'ordination sacramentelle. Seul le sacrement de l'Ordre confère au ministre ordonné une participation particulière à la fonction du Christ Chef et Pasteur et à son sacerdoce éternel(70). La fonction exercée en tant que suppléant tire sa légitimité formellement et immédiatement de la délégation officielle reçue des pasteurs et, dans l'exercice concret de cette fonction, le suppléant est soumis à la direction de l'autorité ecclésiastique. (n. 23)

Jean Paul poursuit:

 

Dans cette même Assemblée synodale cependant, à côté de jugements positifs, les critiques n'ont pas manqué. Elles ont porté sur l'usage indiscriminé du terme «ministère», sur la confusion et le nivellement pratiqué entre le sacerdoce commun et le sacerdoce ministériel, sur la non application des lois et des normes ecclésiastiques, l'interprétation arbitraire du concept de «suppléance», la tendance à la «cléricalisation» des fidèles laïcs et le risque de créer en fait une structure ecclésiale de service parallèle à celle qui est fondée sur le sacrement de l'Ordre. (n. 23).

 

Il faut dire d'emblée que Jean-Paul n'inventait pas des catégories théologiques. En effet, on ne peut pointer une seule ligne dans les seize documents de Vatican II où le mot "ministère" ou "ministre" était appliqué aux non ordonnés. Alors, voyons ce que dit le prudent Jean-Paul et comment cela correspond à ce que dit François.

 

Premièrement : "en fait, une personne n'est pas un ministre simplement en accomplissant une tâche, mais par l'ordination sacramentelle". Au fil des ans, un langage grossier a favorisé la confusion, de sorte que chacun et son oncle sont des ministres de quelque chose ou d'autre (par exemple, "ministre de la musique", "ministre de l'hospitalité", "ministre du deuil"). C'est pourquoi Jean-Paul rappelle à tous que lors du Synode qui a donné naissance à Christifideles Laici, "un jugement critique a été exprimé. ... à propos d'une utilisation trop aveugle du mot "ministère"".

 

Deuxièmement : pourquoi en est-il ainsi ? Parce que cela conduit à la "confusion", dit-il, et risque de "créer, en réalité, une structure ecclésiale de service parallèle à celle fondée sur le sacrement de l'Ordre". Dix ans après Christifideles Laici, huit dicastères de la Curie romaine ont pris l'initiative sans précédent de coproduire un document traitant de ces questions très graves : Instruction sur certaines questions concernant la collaboration des fidèles non-ordonnés au ministère sacré du prêtre. En d'autres termes, ce problème se pose depuis longtemps. Les prélats responsables de cette Instruction rappellent à tous l'interdépendance des problèmes :

 

Entre autres choses, elle [l'équation facile de l'activité des laïcs avec le sacerdoce ministériel] peut encourager une réduction des vocations au sacerdoce (ministériel) et obscurcir le but spécifique des séminaires comme lieux de formation au ministère ordonné. Il s'agit de phénomènes étroitement liés. Leur interdépendance exige une réflexion approfondie afin d'arriver à des conclusions bien réfléchies à leur égard.

 

Le document actuel et son motu proprio qui l' accompagne ne semblent pas prendre au sérieux les avertissements lancés par le Pape Jean-Paul ou par les responsables du dicastère en 1997 - comme si ces dangers ne persistaient pas jusqu'à nos jours ?

 

Certes, les femmes remplissent ces fonctions; cependant, c'est une chose de permettre à quelqu'un de jouer un rôle par délégation et d'institutionnaliser l'exercice de ce rôle chez une personne. Par exemple, si j'ai un feu dans ma cuisine, il est tout à fait logique pour moi de saisir l'extincteur et d'éteindre le feu. Cependant, cela ne fait pas de moi un pompier!

 

Comme d'habitude avec François, il y a des curiosités derrière ce document.

 

Où est le processus consultatif dans tout cela? Je pensais que c'était le Pape de la collégialité et de la synodalité. Il n'y a pas la moindre preuve que quiconque ait été consulté. Cela rappelle le comportement de François dans l'encadrement de Mitis Iudex en 2015, réformant certaines procédures de poursuite d'un décret de nullité dans une affaire matrimoniale. Personne n'a été associé dans la discussion avant la promulgation du décret, à la suite de quoi de nombreuses situations imprévues par le Pape et son entourage ne sont apparues que plus tard, de sorte que le document est relativement inutile. L'Église demande une consultation pour une raison.

 

Même le pape Pie IX, dans la perspective de sa définition du dogme de l'Immaculée Conception, a sollicité l'apport de l'épiscopat mondial (comme Pie XII avec le dogme de l'Assomption). Toute sagesse ne réside pas dans un seul homme, et cela est particulièrement vrai de François, qui a une formation théologique superficielle et qui a en fait exprimé son quasi-dédain pour la théologie à de nombreuses reprises. 3

 

Autre bizarrerie: le Pape écrit une lettre au préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, l'instruisant sur les raisons de cette décision. Je pensais que c'était censé être l'inverse! Cela a-t-il été fait parce que le préfet a refusé de signer ce document?

 

En outre, pourquoi François était-il apparemment obligé de faire appel à un professeur de l'Université du Latran pour fournir la "note explicative" du document? Est-ce parce que, une fois de plus, il n'a pu trouver personne au sein de sa propre curie pour approuver sa décision?

 

À plusieurs reprises, François a du mal à s'éloigner de cette démarche qui consiste à donner à n'importe quelle femme l'accès à l'épiscopat, au presbytère ou au diaconat. Bien sûr, cette décision donne en fait des raisons de croire à tort que l'accès aux ministères officiels de lecteur et d'acolyte est en fait un tremplin vers l'ordination éventuelle. C'est une attitude pastoralement insensible et nuisible pour les âmes de ceux qui sont induits en erreur. Ou bien ce document est-il un coup de pouce à ceux qui font une fixation sur le diaconat féminin, leur donnant un atterrissage en douceur pour un jugement final négatif sur le diaconat féminin ?

 

Ce qui est tout aussi étrange, c'est que François, sans doute le pape le plus anticlérical de l'histoire, se soit maintenant engagé dans cette même cléricalisation qu'il a si souvent condamnée et qui a été prévue par Jean-Paul il y a plus de trente ans.

 

Si François pensait que cette action apaiserait ceux qui pressent la cause de l'ordination féminine, il se trompe grossièrement. Le seul effet de ce document sera une nouvelle aliénation de ceux dont il s'est aliéné pendant des années.

Notes:

 

1 La pratique quasi universelle aux États-Unis de recourir à des ministres "extraordinaires" de la Sainte Communion est particulièrement flagrante, en violation de l'Immensae Caritatis, du Code de droit canonique, Inaestimabile Donum et Redemptionis Sacramentum. "Extraordinaire" est, en fait, "ordinaire"; triste à dire, beaucoup plus de catholiques américains reçoivent la sainte communion d'un laïc que d'un prêtre ou d'un diacre. Pourquoi les évêques n'ont-ils pas freiné ces abus ?

2 J'ai un intérêt (et une compétence) particulier dans ce domaine puisque ma thèse de licence en théologie sacrée à la Maison dominicaine d'études à Washington portait précisément sur les ministères inférieurs au diaconat, de Trente à Vatican II.

3 En fait, François n'est en aucune façon un homme de collégialité et de synodalité. Il ne consulte même pas son propre Collège des cardinaux. Ses prédécesseurs immédiats ont tenu des réunions du Collège avant un consistoire pour créer de nouveaux cardinaux, sollicitant et recevant ainsi leurs conseils. François n'a fait cela que la première fois, probablement parce qu'il ne valorise pas les idées des cardinaux ou qu'il sait que leurs opinions pourraient contester les siennes.

 

(Fin de citation)

___________

Note du blog Christ-Roi. La cléricalisation en cours sous le pontificat de François se situe en droite ligne du concile Vatican II qui confond clercs et laïcs ("la participation des laïcs au sacerdoce commun et au culte" de LG 34).

 

Et une inquiétude paraît que nous avions décrite ici : "en liant désormais plus étroitement le sort des chrétiens à celui des empires, en demandant que les laïcs s'engagent résolument pour un modèle global et universel qui sert de base au nouvel ordre international, cette nouvelle orientation de l'Église revient sur mille ans de distinction nuancée des clercs et des laïcs."

 

Avec ce mouvement de cléricalisation des laïcs, parallèlement, on demande systématiquement au religieux de s'immiscer dans le temporel et de faire de la politique, mais en revanche on ne demande jamais au temporel (au politique) de respecter et de tenir compte du spirituel. Un deux poids deux mesures dont il faudra bien se départir un jour.

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1 novembre 2020 7 01 /11 /novembre /2020 20:48

Le sujet de Mgr Vigano dans cette video est de savoir "comment la Révolution Vatican II sert le Nouvel Ordre mondial ?"

"L'abandon de la dimension surnaturelle. L'abandon par une partie de la hiérarchie ecclésiastique, même au sommet, de la dimension surnaturelle de l'Eglise et de son rôle eschatologique. Avec le concile, les innovateurs ont effacé l'origine divine de l'Eglise de leur horizon théologique, pour créer une entité d'origine humaine, semblable à une organisation philanthropique. La conséquence de cette subversion ontologique, a été le déni nécessaire du fait que l'épouse du Christ n'est pas et ne peut pas être sujette à changement par ceux qui font exercice de l'autorité par procuration au nom du Seigneur. [Un exercice qui ne s'entend plus comme un service des autres mais comme une autorisation à inventer et à changer le Magistère bi-millénaire de l'Eglise. Alors que "celui qui veut être parmi vous le premier sera votre esclave" (Mt 20,27). Ndlr.] Elle n'est ni la propriété du Pape ni des évêques ou des théologiens; et à ce titre, toute tentative d'aggiornamento (selon le terme employé lors du concile Vatican II. Ndlr.) l'abaisse au niveau d'une entreprise, dans le but d'engranger des bénéfices, en renouvelant sa propre offre commerciale, vendant ses restes de stock et en suivant la mode du moment.    

"L'Eglise est une réalité surnaturelle et divine. Elle adapte sa façon de prêcher l'Evangile aux nations mais elle ne peut jamais changer le contenu d'un iota (Mt 5,18 Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise), ni nier sa transcendance en s'abaissant elle-même à un simple service social.

"À l'opposé, l'anti-Eglise revendique fièrement un droit d'exécuter un paradigme, (un droit de) changer non seulement la façon dont la doctrine est exposée mais la doctrine elle-même.

"Insister sur ce que le Magistère enseigne est inutile. Les innovateurs prétendent effrontément avoir le droit de changer la foi, suivant une approche obstinément moderniste.

"La première erreur du concile consiste principalement dans le manque de perspective de transcendance. Le résultat d'une crise spirituelle - qui était déjà latente - et la tentative d'établir le Paradis sur terre (millénarisme. Nldr.), avec un horizon humain stérile.  

"Dans la ligne de cette approche (le dernier document de François) Fratelli Tutti (Tous Frères), voit l'accomplissement  d'une utopie terrestre, la rédemption sociale dans la fraternité humaine, dans la pax oecumenica entre les religions et dans l'accueil des migrants".

Mgr Viganò appelle à la prière.

Si les temps sont troublés et les hommes impuissants, la solution ne viendra que de Celui qui peut tout. Notre salut n'a toujours été qu'en Lui.

Maintenant, est-ce par des hommes ou par Dieu que je veux me faire approuver ? Est-ce donc à des hommes que je cherche à plaire ? Si j’en étais encore à plaire à des hommes, je ne serais pas serviteur du Christ.

Ga 1,10

Source video : The Remnant -  Youtube

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7 octobre 2020 3 07 /10 /octobre /2020 18:04

"Dans la fraternité universelle syncrétiste, il y a une volonté millénariste sous-jacente qui est de recréer une Paradis terrestre mais en dehors du nom de Jésus qui est comme en trop", " les prêches même de Saint François d'Assise au sultan d'Egypte al-Malik al-Kâmil, ou aux animaux, ses frères, c'était toujours dans le but de les convertir et non dans le but d'établir une simple fraternité horizontale conçue comme une fin en soi" : nous le disions dans notre commentaire de l'encyclique Tous Frères du pape François publié le 3 octobre. Nous trouvons la même analyse aujourd'hui dans cet article de Luisella Scrosati pour La Nuova Bussola Quotidiana : "Tous Frères omet l'affirmation initiale de la seule vraie religion en pliant à la fois l'Église et la liberté à une fonctionnalité horizontale. La relativisation de la foi chrétienne est admise et l'idée est avancée que l'Évangile est une des sources d'inspiration pour réaliser la fraternité universelle. Ainsi l'Église prend sa place parmi les architectes d'un monde sans le Christ."

Tous frères, mais la liberté religieuse est sans le Christ

 

07-10-2020

 

Luisella Scrosati

 

Tous Frères omet l'affirmation initiale de la seule vraie religion en pliant à la fois l'Église et la liberté à une fonctionnalité horizontale. La relativisation de la foi chrétienne est admise et l'idée est avancée que l'Évangile est une des sources d'inspiration pour réaliser la fraternité universelle. Ainsi l'Église prend sa place parmi les architectes d'un monde sans le Christ.

 

 

Dans la nouvelle encyclique Tous Frères il y a un peu de tout, sans ordre et sans clarté. En fait, ce n'est pas un excellent compliment, mais il est difficile de dire le contraire. Au sein de ce genre de bazar, l'attention s'est portée en particulier sur les paragraphes consacrés à la liberté religieuse. Au n° 279, François écrit : "Nous, chrétiens, nous demandons la liberté dans les pays où nous sommes minoritaires, comme nous la favorisons pour ceux qui ne sont pas chrétiens là où ils sont en minorité. Il y a un droit fondamental qui ne doit pas être oublié sur le chemin de la fraternité et de la paix. C’est la liberté religieuse pour les croyants de toutes les religions. Cette liberté affirme que nous pouvons « trouver un bon accord entre cultures et religions différentes ; elle témoigne que les choses que nous avons en commun sont si nombreuses et si importantes qu’il est possible de trouver une voie de cohabitation sereine, ordonnée et pacifique, 

 

La liberté religieuse, dans le paragraphe susmentionné, est liée à la contribution que toutes les religions peuvent apporter à la réalisation d'une forme pacifique de coexistence; elle est fonctionnelle à la création d'une fraternité universelle, à laquelle chaque religion offre les "nombreuses choses" qu'elle a en commun avec les autres. Il est intéressant de noter que le texte ne fait pas référence, comme on aurait pu s'y attendre, à la déclaration conciliaire sur la liberté religieuse; il est plutôt précédé, au n° 277, extrait de la citation, soigneusement tronquée, de n. 2 de Nostra Aetate. Ces deux détails - l'omission de Dignitatis Humanae et la présence de la déclaration sur le dialogue interreligieux chirurgicalement, comme nous le verrons, choisie - ne sont pas sans effet. Et malheureusement, cet effet semble menacer les fondements de la Révélation, pour être plutôt fonctionnel au "nouvel humanisme" sans Jésus-Christ, qui s'établit à grands pas.

 

Mais allons-y dans l'ordre. DH commence par l'affirmation claire que "Dieu a lui-même fait connaître au genre humain la voie par laquelle, en le servant, les hommes peuvent obtenir le salut et le bonheur dans le Christ. Cette unique vraie religion, nous croyons qu’elle subsiste dans l’Église catholique et apostolique à laquelle le Seigneur Jésus a confié le mandat de la faire connaître à tous les hommes". Tel est l'horizon insurmontable dans lequel doit se placer la défense de la liberté religieuse; un horizon, on le voit, qui exorcise la tentation de l'indifférentisme religieux et indique à l'Église le chemin de l'évangélisation comme une obligation irremplaçable. Dans ce contexte, la liberté religieuse n'est donc pas la légitimation de la revendication d'individus ou de groupes de choisir la religion qu'ils aiment; elle est encore moins le point d'arrivée de l'action de l'Église, mais la condition minimale pour que la personne puisse, sans contraintes, s'ouvrir à la reconnaissance de l'initiative également libre de Dieu, de se donner à l'homme dans le Christ et dans l'Église, même si cette reconnaissance, sur un plan contingent, peut ne pas se produire, ou ne se produire que partiellement. C'est une limite imposée aux pouvoirs extérieurs, en premier lieu l'État, en vertu non pas de l'arbitraire, mais du fait qu'il est propre à l'homme de chercher librement la vérité sur lui-même, sur le monde et sur Dieu. Il s'agit donc d'affirmer la dimension délicieusement verticale et spirituelle de l'homme, face à des réductionnismes nombreux et répétés.

 

Que font tous les frères à la place? Ils omettent complètement l'affirmation primaire de la seule vraie religion et de la mission de l'Église, oublient la dimension verticale de la liberté religieuse et plie l'Église et la liberté à une fonctionnalité horizontale. Au n° 276 on lit en effet: "L'Eglise a un rôle public qui ne se borne pas à des activités d'assistance ou d'éducation", mais qui favorise "la promotion de l'homme et de la fraternité universelle". Il n'y a aucune mention de la mission surnaturelle de l'Église, sans laquelle il ne peut y avoir de promotion humaine, ni de fraternité authentique.

 

Le numéro suivant est l'admission flagrante de complète relativisation de la foi chrétienne et immanentisation de la mission de l'Église. 277 rappelle en fait Nostra Aetate, 2, mais en omettant ces incisions et passages inconfortables; tout d'abord la remarque qui précise que, tout en reconnaissant le bien présent dans les autres religions, elles "diffèrent en bien des points de ce que [l'Église] elle-même croit et propose"; et puis, ce qui est encore plus grave, le paragraphe qui rappelle le devoir impératif de l'Église d'annoncer Jésus-Christ est complètement omis, sans se limiter à la simple reconnaissance des biens présents dans les autres religions. L'Église en effet "annonce, et elle tenue d'annoncer sans cesse, le Christ qui est 'la voie, la vérité et la vie' (Jn 14, 6), dans lequel les hommes doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et dans lequel Dieu s'est réconcilié toutes choses" (NA, 2).

 

Mais dans la nouvelle encyclique, il n'y a aucune trace de cette obligation précise de l'Église, qui est le sens de son existence. En effet, la suite du n° 277 est encore pire; non seulement l'Évangile est radicalement réduit à une dimension horizontale, à une musique sans laquelle "nous aurons perdu la joie qui jaillit de la compassion, la tendresse qui vient de la confiance, la capacité de réconciliation qui trouve sa source dans le fait de savoir que nous sommes toujours pardonnés-envoyés Et "nous aurons éteint la mélodie qui nous a poussés à lutter pour la dignité de chaque homme et femme". Mais même l'idée est avancée que l'Évangile est simplement l'une des sources d'inspiration pour réaliser cette merveilleuse fraternité universelle: "D'autres boivent d'autres sources. Pour nous, cette source de dignité humaine et de fraternité réside dans l'Évangile de Jésus-Christ".

 

Mais dans la nouvelle encyclique, il n'y a aucune trace de cette obligation précise de l'Église, qui est le sens de son existence. Au contraire, la suite du n° 277 est encore pire ; non seulement l'Evangile est réduit de façon drastique à une dimension horizontale, à une musique sans laquelle "nous aurons perdu la joie qui jaillit de la compassion, la tendresse qui naît de la confiance, la capacité de la réconciliation qui trouve sa source dans le fait de se savoir toujours pardonnés" et "nous aurons éteint la mélodie qui nous pousse à lutter pour la dignité de tout homme et de toute femme ". Mais il y a même l'idée que l'Evangile est simplement une des sources d'inspiration pour réaliser cette merveilleuse fraternité universelle : "D’autres s’abreuvent à d’autres sources. Pour nous, cette source de dignité humaine et de fraternité se trouve dans l’Évangile de Jésus-Christ."

 

Un déiste anglais du XVIIe ou XVIIIe siècle, ou un von Harnack, n'aurait pas écrit autrement. La personne divine de Jésus-Christ, sa médiation universelle sont complètement réduites au silence; l'ordre de la nature - qui dans l'encyclique est avant tout l'affirmation d'une coexistence légitime entre différentes religions - se détache de celui de la grâce. L'ordre social - dans la vision de François - peut être autonome, l'unité de la race humaine est réalisée indépendamment de l'adhésion à Jésus-Christ et de l'action surnaturelle de l'Église. Plutôt. L'Évangile est simplement l'une des sources qui peuvent contribuer au bien commun.

 

Lors de la rencontre interreligieuse (naturellement) discutée et discutable à Assise, en 1986, Jean-Paul II, sur la place inférieure de la basilique Saint-François, avait témoigné du Christ, le seul Sauveur, devant tous les représentants des autres religions réunis: "Je professe à nouveau ma conviction, partagée par tous les chrétiens, qu'en Jésus-Christ, en tant que Sauveur de tous, la vraie paix doit être recherchée". Quelques jours plus tôt, le 22 octobre, le même pontife, lors de l'audience générale, avait ainsi clairement résumé l'enseignement d' Ad Gentes : "Selon le Concile, l'Église est de plus en plus consciente de sa mission et de son devoir, voire de sa vocation essentielle d'annoncer au monde le vrai salut qui ne se trouve qu'en Jésus-Christ, Dieu et l'homme. Oui, ce n'est qu'en Christ que tous les hommes peuvent être sauvés. [...]. Consciente de la vocation commune de l'humanité et du plan unique du salut, l'Église se sent connectée à chacun, comme le Christ "s'est uni d'une certaine manière à chaque homme". Et à tous et à chacun, il proclame que le Christ est le centre du monde créé et de l'histoire".

 

Tous Frères décident plutôt d'éteindre cette annonce, de faire accueillir l'Église parmi les architectes d'un monde nouveau sans le Christ, de donner le feu vert à l'idée que l'unité du genre humain peut être réalisée indépendamment de la personne divine du Christ, le cas échéant, utiliser l'Évangile comme l'un des nombreux textes inspirants des principes humanitaires.

___________

Add. 11-10-2020. Gloria.tv. Spécialiste reconnu de l'Eglise catholique, Boulevard Voltaire (bvoltaire.fr) a demandé à Laurent Dandrieu, rédacteur en chef des pages culture et religion de Valeurs Actuelles de nous éclairer sur le contenu de la nouvelle encyclique du pape François : 

 

"C'est une encyclique très décevante, d'une part parce que le pape fait part d'une théologie très horizontale. C'est une encyclique sociale qui par définition se préoccupe de questions économiques et sociales avant tout, mais là, on est vraiment dans une théologie qui ne parle pas beaucoup de Dieu, qui ne parle pas beaucoup d'espérance et qui finalement finit presque par ressembler à une forme de sociologie un peu améliorée.

"La deuxième chose est que c'est une encyclique auto-référentielle. C'est assez surprenant parce que le pape François aime bien critiquer ceux qu'il accuse de faire de l'Eglise un système auto-référentiel et en fait ce qui est très frappant dans cette encyclique c'est qu'il se cite tout le temps. Je pense qu'il y a sur les 300 notes qu'il y a à la fin de son encyclique il y en a à peu près les deux tiers qui font référence à de précédentes interventions du pape François. Et cela fait un peu penser à la critique que le cardinal Müller avait faite du texte préparatoire sur le synode en Amazonie où il avait dit que finalement c'était une 'herméneutique inversée', c'est-à-dire qu'au lieu que cela soit la tradition de l'Eglise qui nourrisse la pensée, la tradition n'est invoquée, éventuellement, que comme support pour étayer des idées pré-existantes mais qui ne puisent pas leurs sources dans la tradition.

"La troisième chose c'est que c'est une encyclique très personnelle au point que l'on se demande effectivement si le pape François est bien dans la continuité du Magistère ou s'il n'est pas en train d'inventer une théologie qui lui soit propre. Et c'est assez net sur la question de la 'guerre juste'.  par exemple, où il prend le contre-pied sur cette question traditionnelle multiséculaire de l'Eglise, sans vraiment argumenter. 

"[...] C'est un texte très politique dont le corps du texte repose sur une dialectique entre ce que devrait être un bon universalisme et ce que devrait être une bonne mondialisation et la nécessité d'accueillir les migrants. Et il y a une réflexion intéressante sur l'universalisme qui ne doit pas être une mondialisation niveleuse qui gomme et qui cherche à effacer les identités des peuples, mais dans le même temps le pape dénie aux frontières la légitimité d'interdire à un même la possibilité d'aller chercher des conditions de vie meilleures ailleurs, et il a des phrases assez fortes pour dire que les biens de la terre devant être considérées comme devant aller à tous, nul ne peut s'opposer à ce que l'étranger considère chaque pays comme son pays. Et donc le pape reconnaît à la fois qu'une immigration forte modifie en profondeur la culture du pays d'accueil et il ne voit pas la contradiction avec le fait qu'il prône la défense et la préservation des identités des peuples. Mais alors il ne parle probablement pas aux peuples européens et occidentaux, il parle des peuples ex-colonisés, des peuples du Tiers-Monde."

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3 septembre 2020 4 03 /09 /septembre /2020 07:15
Pourquoi les gens ne reviennent-ils pas dans les églises ?

Le dimanche était, jusqu’il y a quelques décennies marqué, par l’obligation d’assister à la messe et l’interdiction de s’adonner à un travail rémunéré. Pour la plupart des gens, le dimanche n’est pourtant - et c’est bien compréhensible - qu’un jour où l’on peut enfin se reposer.

Avant la crise de la Covid, les statistiques relevées par les organes de l’Église elle-même montraient que seuls 10% des catholiques fréquentent régulièrement la messe dominicale. Dans certaines régions la situation est encore pire : on tombe parfois à 2% des catholiques (c’est le cas pour la France -ndlr-). Et encore : ces moyennes sont gonflées par l’existence des chorales et par des fréquentations exceptionnelles lors de certaines grandes fêtes ou de festivals musicaux.

Au cours du confinement, les chiffres sont tombés à 0%. Ceux qui jusqu’ici allaient encore fidèlement à la messe le dimanche par devoir, par envie, par libre décision et /ou poussés par une profonde foi personnelle, ceux-là ont subitement eu une révélation : on peut aussi s’en passer, de façon légale, et sans pression morale. Et qui se plaindrait de profiter d’une journée sans aucune contrainte ?

Et maintenant que va-t-il se passer ? Les paroisses se voient obligées de réduire le nombre de places dans les églises, passant parfois de 400 à seulement 40 places assises : a priori impossible à gérer. Et pourtant la réalité est toute autre : une nouvelle « normalité » s’installe ; les places ainsi proposées semblent suffire puisque la fréquentation est tombée à 10%... de ce qu’elle était auparavant.

En Allemagne, certains évêques avaient annoncé une levée de l’obligation dominicale durant le confinement et l’ont remise en place au début de l’été : manœuvres parfaitement inutiles, puisque l’Église prévoit que s’il y a une menace pour la santé des fidèles, ceux-ci sont libérés de l’obligation dominicale, en tout temps et en tous lieux.

On aurait donc pu éviter toute cette confusion en rappelant cette disposition, en l’expliquant, et en renvoyant chacun à sa conscience et à sa responsabilité. Contrairement à toutes les réglementations gouvernementales qui changent jour après jour, en se contredisant souvent, les organes ecclésiaux ont peut-être manqué une occasion unique de mettre en œuvre le concept de « chrétien adulte » qu’ils n’ont de cesse d’appeler de leurs vœux.

Pourquoi les gens ne reviennent-ils pas dans les églises ? Parce qu’ils ne savent pas au nom de quoi ils faisaient une telle démarche ni pourquoi ils devraient la faire maintenant. Bien avant le confinement, la messe n’était déjà plus qu’une simple occasion d’être ensemble, de se retrouver, de serrer la pince à Mme Michu qui à choisi de si beaux chants... A quoi bon retourner à l’église si l’on n’y retrouve plus personne ? Pour retrouver le Seigneur et le célébrer comme l’Église demande qu’Il soit célébré ? Voilà une idée qui depuis longtemps passe bien au-dessus de la tête de nombreux pratiquants.

La situation actuelle est un défi immense pour les évêchés. Un défi à côté duquel les réformes et les adaptations de toutes sortes, entreprises un peu partout et n’aboutissant jamais à rien de sérieux et de durable, prêtent à rire !

Durant la crise de la Covid, l’Église s’est montrée comme inutile, insignifiante, vaine : ses portes sont restées fermées. Il faudra qu’on nous explique pourquoi nous devrions, à présent qu’elles sont ouvertes, en franchir à nouveau le seuil.

Ceux qui se sentent appelés aujourd’hui à fréquenter les églises sont ceux qui se sentent appelés à vivre réellement et profondément leur foi et les sacrements. Mais ces minorités y trouvent-elles ce qu’elles cherchent ? Rien n'est moins sûr. L’Église ne devient crédible que si nous avons la foi. Ce serait donc le moment ou jamais d’entreprendre une nouvelle évangélisation de nos sociétés occidentales.

 

D’après Peter Winnemüller (Source : Kathnet. Trad. MH/APL) / Pro Liturgia, mardi 1er septembre 2020

***

Note du blog Christ-Roi. À quoi bon une "nouvelle évangélisation" pour "faire revenir les gens dans les églises", quand le document d'Abu Dhabi signé entre le Pape François le 4 février 2019 et le Grand Imam d'Al-Azhar Ahmad Al-Tayeb prétend que "le pluralisme et la diversité des religions, des couleurs, du sexe, de la race et de la langue sont une sage volonté divine" ? À quoi cela sert-il d'envoyer des missionnaires prêcher l'Évangile si Dieu veut le pluralisme et la diversité des religions?

 

"Quelle valeur normative peuvent conserver les enseignements de l'Eglise et la prétention de cette dernière à guider les consciences si chaque homme a un droit naturel qui s'enracine dans sa dignité d'homme à choisir un culte idolâtre ?"

 

LireVatican II, le droit naturel à choisir sa propre religion et la grande déglingue de l'Église (mises à jour vidéos)

 

"Comment Dieu peut-il vouloir des religions qui nient la divinité et la résurrection du Christ ? Comment cela est-il compatible avec la logique ? Dieu peut-il vouloir que les hommes aient des croyances contradictoires à propos de Jésus-Christ, de Dieu ou de toute autre chose?

 

"Comment Dieu dès sa création a-t-il voulu que les hommes tombent dans le péché, adorent les faux dieux, deviennent victimes d'erreurs et de superstitions de toutes sortes, qu'ils adhèrent à des religions subtilement athées ou panthéistes telles que le bouddhisme ou à des religions maudites par l'Ancien Testament et attribuées aux démons et au culte des démons?

 

"Comment Dieu, qui veut que ses disciples aillent prêcher au monde entier et les baptisent, a-t-il voulu une hérésie chrétienne, sans parler des religions qui nient la foi dont Jésus dit à Nicodème que celui qui croit en lui sera sauvé et celui qui ne le fera pas sera damné (Jn 3,18) ? Si nous lisons l'Ancien et le Nouveau Testament, ou regardons les enseignements universels de l'Église sur l'ordre divin, donné par Christ lui-même, de prêcher l'Évangile à toutes les nations, sur la nécessité du baptême et de la foi pour le salut, etc., c’est clairement le cas contraire.

 

"Comment peut-il être vrai que Dieu, dans sa sagesse, a voulu depuis la création que beaucoup de gens ne croient pas en leur seul Rédempteur ? (Joseph Sefert)

 

L'accord d'Abou Dhabi trouve un débouché cynique mais logique dans l'invitation du président turc Erdoğan au pape François à venir prier dans la "mosquée" Sainte-Sophie

 

 

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13 août 2020 4 13 /08 /août /2020 07:31

Source : Stefano Fontana 

La Nuova Bussola Quotidiana

13/08/2020

(Traduction) 

Le pouvoir politique peut être questionné: dans quelle mesure êtes-vous prêt à reconnaître le droit à la liberté de religion? Si le pouvoir ne sait pas comment y répondre, c'est un gros problème car soit le pouvoir lui-même décidera à chaque fois de manière arbitraire (et donc totalitaire), soit il acceptera tout, même les religions sataniques pour le seul fait qu'elles existent. L'autorité légitime ne parvient à utiliser la raison politique à cette fin que si elle reste en contact avec la vraie religion , mais ce faisant, elle sape le principe de la liberté de religion, car elle donne la préférence à une religion sur les autres. Voilà la situation dans laquelle on tombe à vouloir placer la liberté de religion et aussi ses limites.

Ainsi, le temple satanique dit que les lois pro-vie violent le principe de la liberté religieuse parce que l'avortement est un rite pour eux. La chose, qui pourrait être déclassifiée comme l'une des nombreuses bizarreries passagères du moment, a plutôt la capacité d'exposer les difficultés et les incertitudes philosophiques et théologiques du concept de liberté de religion. On se réfère ici à la vision sérieuse de ce droit et non aux nombreuses versions relativistes et libertaires qui ne sont pas justifiées car, au fond, elles réclament une liberté sans règles. Je fais plutôt référence à la vision de la liberté religieuse en tant que droit naturel de la personne humaine lié à sa dignité. Oui, cela pose aussi des problèmes, et les satanistes nous obligent à en prendre note.

Ceux qui considèrent sérieusement la liberté de religion reconnaissent qu'elle ne peut être sans limites. Le pouvoir politique qui l'envisage peut se demander: jusqu'où êtes-vous prêt à reconnaître le droit à la liberté de religion? Si le pouvoir ne sait pas comment y répondre, c'est un gros problème car soit le pouvoir lui-même décidera à chaque fois de manière arbitraire (et donc totalitaire), soit il acceptera tout, même les religions sataniques pour le simple fait qu'elles existent.

La potestas publique : elle doit répondre et jusqu'à hier elle a toujours répondu ainsi: la liberté de religion ne doit pas contredire "l'ordre public juste" qui est le bien commun, les principes naturels de la coexistence humaine. Par exemple, une religion qui envisage la mutilation du corps humain ou qui ne reconnaît pas une dignité égale aux hommes et aux femmes ne peut être politiquement reconnue, du moins dans les dispositions spécifiques. Il est évident qu'en limitant un droit, on ne peut pas simplement recourir à une décision politique, mais il faut se référer aux principes d'un ordre objectif. "Vous ne pouvez pas le faire parce que je le dis" ne s'applique pas dans ces cas, car il n'est pas légal de refuser l'exercice d'un droit de manière arbitraire. Il ne suffit même pas de limiter un droit "parce que la Constitution le dit" parce qu'après tout la Constitution est aussi là parce que "quelqu'un l'a dit" , même s'il s'agit de quelqu'un d'une assemblée savante de gens éclairés ou de la majorité d'un peuple. La légitimité ultime de la Constitution réside dans sa capacité à protéger juridiquement et politiquement le bien de l'homme et de la communauté politique indépendamment de la  Constitution qui l'établit.

Si demain les satanistes demandent à participer aux huit pour mille sur quelle base alors leur dites-vous non? Vous leur dites sur la base d'un ordre du bien humain inscrit dans sa nature et qui était autrefois appelé loi naturelle. Cela semble une conclusion claire et que tout va bien, et c'est exactement là que vient le plaisir.

La raison humaine est grande mais aussi faible. Elle sait peut-être beaucoup de choses mais elle se perd souvent en ayant confiance en elle au point de penser qu'elle est incapable de connaître cette loi non écrite présente dans la nature humaine. Avortement, euthanasie, suicide, embryons, procréation, sexes… beaucoup disent aujourd'hui: "ça dépend…!" . Même les parlementaires disent aujourd'hui "ça dépend ...!" et approuvent toutes les demandes en se limitant à réglementer les circonstances. Une église sataniste? "Ça dépend …!" Une raison tellement affaiblie au point de n'être capable que de mesurer quantitativement les choses, comme le disait Benoît XVI, mais non plus de les évaluer. 

Mais pourquoi la raison, y compris la raison politique , n'est-elle plus capable de connaître un ordre naturel objectif des choses? Parce qu'elle a perdu sa relation avec la religion chrétienne. A propos de cela, Benoît XVI nous a raconté une avalanche de choses fondamentales. Le relativisme est le dogme d'une raison qui n'est plus soutenue par la foi: sans croire au Créateur, la nature finit aussi par n'être qu'un tas de pierres et l'homme juste un tas de cellules. En l'absence de Dieu, tous les dieux sont admis car la raison (pas la foi) n'a plus d'arguments pour les réfuter.

Nous sommes ici confrontés au nœud le plus important de la question de la liberté de religion qui - à mon humble avis - n’a pas encore été résolue, ni par le Concile ni par l’après-Concile. Les limites de la liberté religieuse sont fixées par une autorité légitime pour la défense du bien commun, c'est-à-dire de l'ordre public juste - comme le dit aussi la Dignitatis humanae - mais l'autorité légitime ne peut utiliser la raison politique à cette fin que si elle reste en contact avec religio vera, mais ce faisant, elle sape le principe de la liberté de religion, car elle donne la préférence à une religion par rapport aux autres. Voilà la situation dans lequel on tombe à vouloir placer la liberté de religion et aussi ses limites. Tant que ce cercle ne sera pas défini, il n'y aura aucune raison valable pour dire non même aux religions les plus irréligieuses.

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25 juillet 2020 6 25 /07 /juillet /2020 11:59
L'accord d'Abou Dhabi trouve un débouché cynique mais logique dans l'invitation du président turc Erdoğan au pape François à venir prier dans la "mosquée" Sainte-Sophie

Dans l'accord d'Abou Dhabi du 4 février 2019 signé entre le Pape François et le Grand Imam d'Al-Azhar Ahmad Al-Tayeb, se trouve une phrase controversée selon laquelle "le pluralisme et la diversité des religions, des couleurs, du sexe, de la race et de la langue sont une sage volonté divine"Comment Dieu peut-il vouloir des religions qui nient la divinité et la résurrection du Christ ?, a pu demander le philosophe autrichien Joseph Seifert. 

 

Hier, vendredi 24 juillet, la déclaration a pu trouver un débouché cynique dans l'invitation du président turc Erdoğan au pape François à venir prier dans la "mosquée" Sainte-Sophie. Selon l’agence turque Anadolou, le président Recep Erdogan, par la voix de son porte parole, Ibrahim Kalin, a en effet invité "tout le monde, y compris le pape François" à la cérémonie d’ouverture à la prière musulmane de Sainte-Sophie le 24 juillet, "après avoir rétabli le statut de mosquée à Sainte-Sophie le 10 juillet 2020", a rapporté le site Aleteia le 22 juillet dernier. La Grèce, opposée à la réouverture de la basilique stambouliote à la prière musulmane, a demandé le soutien du Pape et l’a de plus officiellement invité à se rendre en Grèce.

 

Selon "Liberation.fr", "en réalité, François n’a pas été officiellement invité à la cérémonie d’ouverture. Il est mentionné, lors de l’interview du porte-parole du président, sur CNN le 17 juillet. Interrogé sur l’ouverture du site aux touristes, Ibrahim Kalin répond : "Je veux dire à tout le monde, croyants, non-croyants, musulmans, chrétiens, bouddhistes et nous invitons en fait tout le monde, y compris le pape qui s’est dit triste à ce sujet, à venir visiter Sainte-Sophie en tant que mosquée.""

 

Le Pape François n'a pas répondu à l'invitation d'Erdoğan, invitation cynique mais logique, eu égard à l'accord dit "d'Abou Dhabi" ou de la déclaration "Nostra Aetate" du concile Vatican II du 28 octobre 1965 stipulant que "l’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s’ils sont cachés, comme s’est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers. [...] Même si, au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimitiés se sont manifestées entre les chrétiens et les musulmans, le saint Concile les exhorte tous à oublier le passé et à s’efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu’à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté." ("Nostra Aetate", # 3.)

 

Il reste cependant qu'après 86 ans, l'Islam revient prier dans ce qui était l'église la plus importante du christianisme et ne s'arrête pas là. Pour l'Occident, cela ne semble pas être un événement pour lequel élever la voix. Erdoğan jouit du triomphe islamiste et annonce des travaux pour déchristianiser la basilique et débarquer également en Andalousie...

 

Quelque chose d'aussi symbolique dans le monde ne s'était pas produit depuis des années: seul le terrorisme islamique, de temps en temps, avait si bien réussi à toucher le cœur du christianisme.

 

Des centaines de milliers de personnes ont quitté toute la Turquie pour assister à la première prière du vendredi à Sainte-Sophie. Selon Erdoğan hier, il y avait 350 000 musulmans priant avec lui, Allah. Peut-être qu'il n'y en a pas eu autant, mais l'étendue des corps à plat ventre, à l'intérieur et à l'extérieur de Santa Sofia, a fait une telle impression qu'il est surprenant qu'aucun fonds n'apparaisse dans la presse internationale pour dénoncer l'irresponsabilité de ces fidèles malgré le danger de coronavirus.

 

Le sultan en herbe Erdoğan était au premier rang, bien observé par la caméra, accompagné des ministres de son gouvernement, et d'Ali Erbas, le chef de Diyanet, la direction turque des affaires religieuses, pour la prière collective islamique et pour la récitation versets du Coran. À l'extérieur du monument millénaire, des milliers de fidèles ont envahi les rues environnantes - certains sont arrivés la veille et ont prié toute la nuit pour remercier Allah pour l'immense faveur et pour obtenir un meilleur endroit près de l'ancienne basilique.

 

Le président turc, avec 500 dignitaires , était tendu et excité en jouant l'adhan - l'appel islamique à la prière - et la grande plaque en or qui dit: "La grande mosquée de Sainte-Sophie" a été découverte dans ce qu'il a lui-même décrit comme le "rêve de notre jeunesse" ancré dans le mouvement islamique turc.

 

Le drone, utilisé pour capturer la journée historique , a repris à plusieurs reprises la foule qui affichait le salut aux quatre doigts, celui de la confrérie musulmane, et beaucoup portaient la chemise turque avec l'inscription, vétéran du 15 juillet - le jour du coup d'État manqué en 2016.

 

Au premier rang, absorbé dans la prière, évidemment entouré uniquement d'hommes dans toute l'ancienne basilique, Erdoğan s'est assis sur les tapis turquoise choisis pour recouvrir les sols de l'église, joyau de l'architecture byzantine. Sont également couverts tous les symboles du christianisme qui ont survécu au premier passage d'église en mosquée: les mosaïques de la Vierge Marie et les icônes de l'archange Gabriel. [Archange annonçant à Marie la naissance du Sauveur. Ndlr.] Zuccotti blanc sur la tête, bandes rouges ou vertes sur la tête, dans une main le drapeau vert de l'Islam ou le rouge avec le croissant, dans l'autre le tespih, chants et cris de jubilation: " Allah u Akbar "!

 

Entre-temps, quelqu'un à l'extérieur s'est évanoui à cause de la chaleur. Il y a deux zones réservées aux femmes. Tout a commencé à 9 italiens, 10 turcs, tandis que la première prière était à 13 avec le sultan pour réciter une sourate du Coran.

 

Les seules voix de dissidence, tout au long de la journée qui marque une triste date, sont venues du monde orthodoxe et grec. Le Premier ministre grec, Kryakos Mitsotakis, a qualifié la conversion de l’ancienne basilique byzantine en mosquée de "délit à la civilisation qui ne peut éclipser la splendeur d’un site du patrimoine mondial" et "exige une condamnation universelle". "Ce qui se passe aujourd'hui n'est pas une épreuve de force, mais de faiblesse", a-t-il ajouté, tandis qu'à midi les cloches de l'église sonnaient en deuil et leurs drapeaux étaient mis en berne.

 

Puis vint une note du Comité pour la Fraternité humaine, signée Mohamad Abdel Salam, conseiller spécial du grand imam d'al Azhar, Ahmed Al-Tayeb, qui invitait "tout le monde à éviter toute démarche qui pourrait saper le dialogue et la communication interreligieuse interculturelle et qui peut créer des tensions et de la haine parmi les adeptes de différentes religions, confirmant la nécessité pour l'humanité de donner la priorité aux valeurs de coexistence". Pendant ce temps, le président Erdoğan a mis en garde contre les travaux de restauration imminents de l'ancienne basilique et l'a rendue de moins en moins chrétienne.

 

Le rêve du sultan a duré 17 ans , mais il est aujourd'hui réalité. Les sondages et les analystes sont convaincus que la décision de transformer l'église chrétienne en mosquée est venue rapidement distraire les Turcs des graves difficultés économiques auxquelles le pays est confronté. Un excellent opiacé pour une Turquie qui, désormais réislamisée, se nourrit de ces conquêtes.

 

Ainsi, alors qu'Erdoğan avait couvert les mosaïques du christianisme, l'église la plus importante du monde depuis près de mille ans s'est convertie en haussant les épaules. Aujourd'hui, les églises catholiques étaient censées sonner les cloches de deuil, mais il n'y avait que le silence. Après tout, l'autocensure de l'histoire et l'auto-incendie des églises sont mises en scène en Occident. "La renaissance de Santa Sofia est un salut de notre cœur à toutes les villes qui symbolisent notre civilisation. De Boukhara à l'Andalousie". Le président turc regarde déjà vers l'avenir.  (La Nuova Bussola Quotidiana)

 

Le Pape François a pu expliquer le document controversé d'Abou Dhabi par la volonté dite "permissive" de Dieu, en occultant la volonté prescriptrice de Dieu, d'"aller dans le monde entier, proclamer l’Évangile à toute la création." (Mc 16,15).

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22 juillet 2020 3 22 /07 /juillet /2020 20:50

Source: RIPOSTE CATHOLIQUE

21 JUILLET 2020

La réception du concile Vatican II

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D’un lecteur:

 

La réflexion qui figure ici a été suscitée par la récente prise de connaissance de ce que l’on pourrait appeler le positionnement “brandmullérien” qui semble vraiment être partisan de l’exploitation catholique, orthodoxe et réaliste, d’un potentiel de “ré-aiguillage” ou de “réorientation”, également orthodoxe et réaliste, du Concile Vatican II, et aussi du Magistère et de la pastorale post-conciliaires, y compris en ce qu’ils ont de plus spécifique. Mais encore faut-il que ce potentiel de ré-aiguillage ou de réorientation du Concile existe, ce qui, dans certains domaines, ne va pas de soi du tout.

 

I.

 

1. Première réflexion : ceux qui s’imaginent que Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI n’ont jamais été partisans de “l’esprit du Concile”, ou que ces papes ont été néo-catholiques post-conciliaires pour des raisons avant tout chronologiques, et non pour des raisons avant tout programmatiques, ou encore que les mêmes papes ont défendu la “lettre du Concile”, qui n’est ni intégriste, ni progressiste, contre l’interprétation intégriste ET contre l’interprétation progressiste de cette “lettre du Concile”, sans jamais adhérer, en même temps, à “l’esprit du Concile”, commettent une grave erreur.

 

2. En effet, Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI ont été partisans et promoteurs de “l’esprit du Concile”, c’est-à-dire d’un esprit du Concile qui n’est

 

– ni imaginaire, car cet esprit du Concile existe réellement, et commence à se manifester dès le début ou la fin des années 1930, au sein d’idées proches de celles, ou telles que celles des auteurs suivants : Balthasar, Buber, Chenu, Congar, de Lubac, Maritain, Mounier, Rahner, Scheler, Teilhard,

 

– ni incritiquable, car cet esprit du Concile est particulièrement propice au contournement ou au dépassement d’une conception dogmatiste et véritiste du christianisme catholique et d’une relation dogmatiste et véritiste au christianisme catholique qui seraient d’inspiration augustinienne ou thomiste.

 

3. Sur cette question essentielle, il convient de se déprendre d’une double illusion d’optique :

 

– d’une part, ce n’est pas parce que le Concile a commencé au début des années 1960 que l’esprit du Concile, ou, en d’autres termes, la “mentalité conciliaire”, n’a commencé à sévir qu’à partir du début des années 1960 : cette mentalité a en effet commencé à se déployer dès les années 1930,

 

– d’autre part, ce n’est pas parce que le premier après-Concile, sous Paul VI, a été influencé, notamment, par des références et des thématiques marxisantes et teilhardiennes, que l’esprit du Concile ou la mentalité conciliaire est essentiellement voire exclusivement marxisante et teilhardienne.

 

4. L’esprit du Concile est un esprit de conciliation, vraiment bien plus chimérique qu’hérétique au sens propre de ce terme, du christianisme catholique contemporain, avec des composantes non négligeables de la philosophie allemande post-métaphysique, dans l’acception post-kantienne de cette notion, et avec des composantes elles-aussi non négligeables de la théologie néo-protestante libérale, dans l’acception post-schleiermachienne de cette notion, cet esprit de conciliation étant particulièrement propice à l’idéalisation des religions non chrétiennes et à l’immanentisation de la religion chrétienne, dans le cadre du “gaudium-et-spisme”, mais aussi dans celui de la crise, profonde, de la contemplation, de la piété et des vocations.

 

5. Cet esprit de conciliation fonctionne fréquemment à l’ambivalence, à l’autocensure, au consensualisme, au confusionnisme, à l’inclusivisme, à l’unanimisme, mais aussi à l’imprécision, à l’indistinction, à l’impatience, à l’imprudence, et “surcompense” le fait qu’il fonctionne fréquemment de cette manière en recourant à ce que l’on pourrait appeler “la culture du terrain d’entente à tout prix” (y compris, ayons ici le regret de devoir le dire, au prix du respect de l’identité et de l’intégrité de la foi catholique), en direction des chrétiens non catholiques, des croyants non chrétiens et des non croyants.

 

6. Et l’esprit du Concile n’est pas un esprit d’actualisation du catholicisme antérieur à l’annonce du Concile, tel qu’il s’est manifesté, de la manière la plus féconde, fidèle, solide et valide qui soit, du début du pontificat de Léon XIII à la fin de celui de Pie XII, mais est un esprit d’acclimatation ou d’accommodation du christianisme catholique, dans l’espoir de le rendre à la fois plus attractif aux yeux des non catholiques, des non chrétiens, etc., ET moins contraignant aux yeux des catholiques eux-mêmes, sur le plan doctrinal, sur le plan liturgique, sur le plan pastoral et sur le plan spirituel.

 

7. Ainsi, les conciliaires conservateurs continuistes, qui parlent à juste titre de “l’herméneutique du renouveau dans la continuité”, et non, bien entendu, d’une prétendue ou d’une soi-disant “herméneutique de la continuité”, devraient se poser la question suivante : la philosophie et la théologie apparues dès les années 1930, qui ont amplement contribué à inspirer les papes et les textes du Concile, n’ayant pas été elle-mêmes placées sous le signe de la continuité, à l’égard de la philosophie chrétienne la plus réaliste qui soit et vis-à-vis de la théologie catholique la plus orthodoxe qui soit, en quoi donc les papes et les textes du Concile ont-ils bien pu être eux-mêmes porteurs d’un équilibre satisfaisant entre le renouveau et la continuité ?

 

8. Et les mêmes conciliaires conservateurs continuistes devraient se poser cette autre question : Paul VI et Jean-Paul II ont-ils eux-mêmes été continuistes, de 1965 à 2005, c’est-à-dire, tout de même, pendant quarante ans, dans chacun des domaines du Magistère et de la pastorale néo-catholiques post-conciliaires ? Où est donc la part de continuité, de véritable continuité, à l’égard du Magistère et de la pastorale antérieurs au Concile, à l’intérieur du dialogue interconfessionnel oecuméniste (post-)montinien et à l’intérieur du dialogue interreligieux inclusiviste et unanimiste wojtylien ?

 

II.

 

9. Deuxième réflexion : plus concrètement et précisément, si l’herméneutique du renouveau dans la continuité est vraiment opératoire, utilisable, est-il bel et bien possible de recevoir Dignitatis humanae à la lumière de Libertas præstantissimum, de Léon XIII, est-il pleinement possible de recevoir Unitatis redintegratio et Nostra aetate à la lumière de Mortalium animos, de Pie XI, et est-il tout à fait possible de recevoir Gaudium et spes à la lumière d’une conception “pacellienne” du bien commun, de la loi naturelle, de la personne humaine, de l’adhésion à la vérité, et des vertus de force, de tempérance, de justice et de prudence ?

 

10. A qui donc fera-t-on croire que l’on peut recevoir toute une partie du Magistère intra-conciliaire et du Magistère pontifical post-conciliaire à la lumière du Magistère pontifical antérieur sans être contraint de recourir à bien des contorsions interprétatives et légitimatrices souvent spécieuses ?

 

11. Si l’on préfère, de même que, dans la vie, “il n’y a pas d’amour : il n’y a que des preuves d’amour”, de même, dans le domaine dont il est question ici, “il n’y a pas de continuité, il n’y a que des preuves de continuité”, en l’occurrence entre l’avant-Concile, le Concile et l’après-Concile Vatican II.

 

12. Or, même si des preuves de continuité ne sont pas évidemment pas inexistantes, dans certains domaines caractéristiques du Magistère et de la pastorale des papes du Concile et de l’après-Concile, comme on le voit dans certaines encycliques de consolidation ou de réaffirmation doctrinales, chez Paul VI et chez Jean-Paul II, le moins que l’on puisse dire est que des preuves de continuité, à l’égard du Magistère pontifical ante-conciliaire et vis-à-vis de la pastorale pontificale ante-conciliaire, ne sont absolument pas envahissantes, notamment dans le sillage de ces documents : Dignitatis humanae, Gaudium et spes, Nostra aetate et Unitatis redintegratio.

 

13. Par ailleurs, on est en droit de s’interroger sur l’usage qui a souvent été fait de l’esprit du Concile, dans l’acception montinienne de cette notion, et de l’esprit d’Assise, dans l’acception wojtylienne de ce terme, par ceux qui ont longtemps essayé de faire croire que cet esprit du Concile et cet esprit d’Assise sont incritiquables, notamment parce qu’ils ne sont ni inspirés par l’intégrisme, ni inspirés par le progressisme, mais situés “bien au centre”.

 

14. En effet, comment se fait-il que les responsables religieux catholiques montiniens puis wojtyliens, respectueux de cet esprit du Concile et de cet esprit d’Assise, aient été, pendant quarante ans, non à égale distance de l’intégrisme et du progressisme, mais bien plus contre l’intégrisme que contre le progressisme, comme en témoigne l’absence ou, en tout cas, le déficit de recadrage des clercs progressistes, sous Paul VI puis sous Jean-Paul II ?

 

15. Allons encore un peu plus loin, et considérons ici, d’une part, deux textes de Paul VI, la lettre encyclique Ecclesiam suam (1964) et le discours à l’ONU (1965) et, d’autre part, deux textes de Jean-Paul II, le livre Entrez dans l’Espérance (1993) et la lettre apostolique Tertio Millenio adveniente (1994), cette lettre apostolique ayant été publiée “à mi chemin” entre l’année 1969 et l’année 2019, c’est-à-dire à mi-chemin entre le début de la mise en oeuvre de la réforme montinienne de la liturgie et les deux manifestations de créativité de François, à Abou Dhabi puis au synode sur l’Amazonie.

 

16. Si l’on veut encore respecter le sens des mots, à commencer par le sens du mot continuité, à qui donc fera-t-on croire que la continuité, dans la fidélité au Magistère pontifical antérieur au Concile, bénéficie, dans chacun de ces quatre textes, du même “espace d’expression”, ou du même “temps de parole” que le renouveau, dans le contournement ou le dépassement d’une partie importante de ce Magistère pontifical antérieur à Vatican II ?

 

III.

 

17. Au terme de cette réflexion, voici un simple rappel : oui, il est possible d’être à la fois

 

– opposé à la “dogmatisation” du Magistère pontifical ante-conciliaire et à la “diabolisation” du Magistère pontifical post-conciliaire,

 

et

 

– opposé aux appréciations d’après lesquelles le néo-catholicisme post-conciliaire est placé sous le signe de “l’apostasie” et à celles selon lesquelles les hommes d’Eglise néo-catholiques post-conciliaires sont des “hérétiques”, ces appréciations étant imprécises, inexactes, injustes, lapidaires,

 

tout en étant profondément critique sur les fondements, le contenu, les dimensions et la direction caractéristiques de ce néo-catholicisme post-conciliaire, notamment parce que celui-ci se manifeste fréquemment d’une manière bien plus consensualisatrice ad extra qu’évangélisatrice in Christo.

 

18. En effet, après tout, l’anthropologie personnaliste(*), l’ecclésiologie consensualiste et oecuméniste, la pneumatologie inclusiviste et unanimiste et la politologie propice à l’immanentisme que nous connaissons, officiellement, depuis le début des années 1960, et dont nous subissons bien des effets depuis lors, ne constituent en aucun cas des “dogmes”, auxquels nous devrions nous soumettre d’une manière acritique ou fidéiste, d’autant plus que quand on voit ce que les hommes d’Eglise font de ces “dogmes”, il y a de quoi se poser des questions sur la solidité et la validité de tels “dogmes”.

 

( (*) : Il n’est pas infondé de concevoir que l’anthropologie chrétienne personnaliste qui est apparue dans les années 1930 a pour origine ou pour conséquence une tentative de conciliation entre une conception “kantienne” des valeurs humaines et une conception “thomiste” des vertus théologales, et de concevoir que cette tentative de conciliation est-elle même à l’origine de la survalorisation (post-)conciliaire de la dignité de la personne humaine et de la liberté de la conscience humaine, au préjudice de la prise en compte de l’autorité et de la véracité de la Parole de Dieu. )

 

19. Oui, une réappropriation de Dei verbum, à la lumière de Divino afflante spiritu ET d’Humani generis, de Pie XII, est possible ; oui, une réappropriation de Lumen gentium, à la lumière de Mystici corporis christi, de Pie XII, est possible ; oui, une réappropriation de Sacrosancto concilium, à la lumière de Mediator Dei, encore de Pie XII, est possible ; enfin, oui, une réappropriation d’Ad gentes, à la lumière d’Evangelii praecones et de Fidei donum, toujours de Pie XII, est possible, même s’il est tout à fait probable que la mise en avant et en oeuvre d’une telle stratégie de réappropriation serait considérée comme “nostalgique”, ou comme “passéiste”, y compris par des clercs conciliaires conservateurs continuistes.

 

20. Mais il est également légitime et nécessaire de dire qu’une telle stratégie de réappropriation du Magistère intra-conciliaire par le recours au Magistère pontifical d’avant-hier, en ce qui concerne Dignitatis humanae, Gaudium et spes, Nostra aetate et Unitatis redintegratio, à la lumière du Magistère de Pie XI et/ou de Pie XII, elle, n’est pas aussi envisageable puis réalisable, compte tenu du fait que les inspirateurs de ces quatre textes ont été conciliaires (au sens de : plus philo-libéraux et philo-modernes qu’anti-libéraux et anti-modernes, en philosophie et en théologie), mais n’ont pas été conservateurs ni continuistes, comme le savent ceux qui connaissent et comprennent l’histoire de la construction de la doctrine du Concile.

 

Après tout, pendant le pontificat de Jean-Paul II, et sous la direction du futur Benoît XVI, en tant que Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, il y a eu une seule tentative de réappropriation de Nostra aetate et d’Unitatis redintegratio d’une manière catholique plus orthodoxe et réaliste qu’iréniste et utopiste : Dominus Iesus (2000). Or, quand on voit à quelle vitesse cette tentative a tourné court, il y a de quoi se poser bien des questions sur l’ampleur et la portée réelles de la volonté des clercs conciliaires conservateurs continuistes les mieux intentionnés de “croiser le fer” avec les clercs conciliaires déconstructeurs rupturistes, et de faire preuve d’autorité contre ces clercs et surtout contre leur herméneutique du Concile.

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4 juillet 2020 6 04 /07 /juillet /2020 13:10
https://www.marcotosatti.com/2020/07/04/vigano-troppi-errori-al-vat-ii-per-non-renderlo-sospetto/

https://www.marcotosatti.com/2020/07/04/vigano-troppi-errori-al-vat-ii-per-non-renderlo-sospetto/

Source: Marco Tosatti

 

 

Marco Tosatti

Chers amis et ennemis de Stilum Curiae, la récente intervention de l'archevêque Carlo Maria Viganò au sujet du Concile Vatican II a suscité la discussion et la controverse. John Henry Westen, directeur de LifeSiteNews, a posé quelques questions à l'archevêque. Voici les questions et les réponses.

 

§§§

Cher archevêque Viganò,

 

J'espère obtenir de vous des éclaircissements sur vos derniers textes concernant le deuxième concile du Vatican.

 

Dans votre texte du 9 juin, vous avez déclaré qu'"il est indéniable qu'à partir de Vatican II, une église parallèle a été construite, s'est superposée et s'est diamétralement opposée à la véritable Église du Christ".

 

Dans votre entretien ultérieur avec Phil Lawler, il vous a demandé: "Quelle est la solution? L'archevêque Schneider suggère qu'un futur pontife répudie les erreurs; L'archevêque Viganò trouve cette proposition insuffisante. Mais alors comment corriger les erreurs de manière à maintenir l'autorité d'enseignement du Magistère?

 

Vous avez répondu: "Il appartiendra à l'un de ses successeurs, le Vicaire du Christ, dans la plénitude de sa puissance apostolique, de rejoindre le fil de la Tradition là où il a été coupé. Ce ne sera pas une défaite mais un acte de vérité, d'humilité et de courage. L'autorité et l'infaillibilité du successeur du prince des apôtres ressortiront intactes et reconfirmées."

 

De cela, il n'est pas clair si vous croyez que Vatican II est un concile invalide et qu'il doit donc être complètement répudié ou si vous croyez que bien qu'il s'agisse d'un concile valide, il contient de nombreuses erreurs pour lesquelles les fidèles seraient mieux servis en l'oubliant, et de se référer plutôt à Vatican I et à d'autres conciles pour leur contenu. Je pense que cette clarification serait bienvenue.

 

 

En Christ et sa Mère bien-aimée,

 

JH

 

***

 

1 juillet 2020

 

En la fête du Précieux Sang

 

Domini Nostri Iesu Christi 

 

Cher John-Henry,

 

Merci pour votre lettre, avec laquelle vous me donnez l'occasion de clarifier ce que j'ai déjà eu l'occasion d'exprimer sur Vatican II. Ce sujet délicat implique des personnalités éminentes du monde ecclésiastique et pas quelques laïcs érudits: je suis convaincu que ma modeste contribution pourra aider à lever la couverture d'équivoques qui pèsent sur le Concile, conduisant ainsi à une solution commune.

 

Vous commencez par mon observation initiale: "Il est indéniable qu'à partir de Vatican II une église parallèle a été construite, s'est superposée et s'est diamétralement opposée à la véritable Église du Christ", pour citer ensuite mes propos sur la solution à l'impasse dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui : "Il appartiendra à l'un de ses Successeurs, le Vicaire du Christ, dans la plénitude de sa puissance apostolique, de rejoindre le fil de la Tradition là où il a été coupé. Ce ne sera pas une défaite mais un acte de vérité, d'humilité et de courage. L'autorité et l'infaillibilité du Successeur du Prince des Apôtres ressortiront intactes et reconfirmées."

 

Vous déclarez ensuite que ma position n'est pas claire - "si vous croyez que Vatican II est un concile invalide et donc complètement répudié, ou si vous croyez que bien qu'un concile valable contienne de nombreuses erreurs, il n'est pas clair si vous croyez que Vatican II est un concile invalide et qu'il doit donc être complètement répudié ou si vous croyez que bien qu'il s'agisse d'un concile valide, il contient de nombreuses erreurs pour lesquelles les fidèles seraient mieux servis en l'oubliant". Je n'ai jamais pensé et encore moins affirmé que Vatican II était un Concile œcuménique invalide: en fait, il a été convoqué par l'autorité suprême, par le Souverain Pontife, et tous les évêques du monde y ont participé. Vatican II est un concile valide, soutenu par la même autorité que Vatican I et Trente. Cependant, comme je l'ai déjà écrit, depuis son origine, il a fait l'objet d'une grave manipulation par une cinquième colonne qui a pénétré au cœur même de l'Église, en pervertissant ses buts, comme le confirment les résultats désastreux qui sont sous les yeux de tous. Souvenons-nous qu'à la Révolution française, le fait que les États généraux furent légitimement convoqués le 5 mai 1789 par Louis XVI n'empêcha pas les choses de dégénérer en Révolution et en Terreur (la comparaison n'est pas hors de propos, puisque Le cardinal Suenens qualifia l'événement conciliaire de "1789 dans l'Église").

 

Dans son récent discours, Son Eminence le Cardinal Walter Brandmüller soutient que le Concile se place dans la Tradition continue et le confirme: "Jetez un œil aux notes du texte. Ainsi, on peut voir que dix conciles précédents sont mentionnés dans le document. Parmi ceux-ci, Vatican I est pris comme référence 12 fois, Trente jusqu'à 16. Déjà, il est clair que, par exemple, un "détachement de Trente" doit être exclu de manière absolue. La relation avec la Tradition est encore plus proche, si l'on pense que, parmi les papes, Pie XII est mentionné 55 fois, Léon XIII à 17 reprises et Pie XI en 12 passages. Benoît XIV, Benoît XV, Pie IX, Pie X, Innocent I et Gelasius y sont ajoutés. L'aspect le plus impressionnant est cependant la présence des Pères dans les textes de Lumen Gentium. Les Pères, dont les enseignements se réfèrent au concile, sont même 44. Parmi eux se distinguent Augustin, Ignace d'Antioche, Cyprien, Jean Chrysostome et Irénée. Les grands théologiens, ou les docteurs de l'Église sont également mentionnés: Thomas d'Aquin en 12 étapes, ainsi que sept autres noms de poids."

 

Comme je l'ai souligné dans le cas analogue du Concile de Pistoie, la présence de contenus orthodoxes n'exclut pas la présence de propositions hérétiques, n'atténue pas leur gravité, et la vérité ne peut pas être utilisée pour cacher une seule erreur. Au contraire, les nombreuses citations d'autres conciles, d'actes du magistère ou de Pères de l'Église peuvent vraiment servir à cacher avec une intention malveillante les points controversés. À cet égard, il est utile de se souvenir des paroles du Tractatus de Fide orthodoxa contra Arianos, cité par Léon XIII dans l'Encyclique Satis Cognitum :

 

"Il ne peut y avoir rien de plus dangereux que ces hérétiques, qui, tout en parcourant [la doctrine ] sans erreurs, en un mot, comme avec une goutte de poison, infectent la foi pure et sincère enseignée par Notre Seigneur et transmise par la tradition apostolique". Léon XIII commente: "Telle était précisément la conduite de l'Église, et cela aussi pour le jugement unanime des saints Pères, qui considéraient toujours les hérétiques et excommuniaient tous ceux qui, même pour une courte période, s'éloignaient de la doctrine proposée par le magistère légitime."

 

Dans les colonnes de L'Osservatore Romano, dans un article daté du 14 avril 2013, le cardinal Kasper a admis que "dans de nombreux endroits [les Pères du Concile] ont dû trouver des formules de compromis, dans lesquelles, souvent, les positions de la majorité (conservateurs) sont à côté de celles de la minorité (progressistes), destinées à les délimiter. Par conséquent, les textes du Concile eux-mêmes ont un énorme potentiel de conflit, ouvrant la porte à une réception sélective dans les deux sens. C'est de là que dérivent les ambiguïtés pertinentes, les contradictions manifestes et les graves erreurs doctrinales et pastorales.

 

On pourrait objecter que la prise en considération de la présomption de malveillance dans un acte magistral devrait être rejetée avec dédain, car le Magistère doit viser à confirmer les fidèles dans la foi; mais c'est peut-être une faute intentionnelle qui fait qu'un acte s'avère non magistral et autorise sa condamnation ou que l'on décrète sa nullité. Son Eminence Brandmüller clôt son propos par ces mots: "Il conviendrait d'éviter" l'herméneutique de la suspicion "qui accuse l'interlocuteur dans le départ des conceptions hérétiques." Certes, je partage ce souhait dans l'abstrait et en général, mais je pense qu'il convient de formuler une distinction pour mieux cadrer le cas concret. Pour ce faire, il faut abandonner cette attitude un peu trop légaliste qui considère toutes les questions doctrinales concernant l'Église comme attribuables et résolvables principalement sur la base d'une référence normative: n'oublions pas que la loi est au service de la Vérité, et non l'inverse. Et il en va de même de l'Autorité qui est ministre de cette loi et de cette vérité gardienne. D'un autre côté, lorsque Notre Seigneur a affronté la Passion, la Synagogue avait abandonné sa fonction de guider le peuple élu dans la loyauté envers l'Alliance, comme le fait la Hiérarchie depuis soixante ans.

 

Cette attitude légaliste est à la base de la tromperie des Novatori, qui ont imaginé un moyen très simple de mettre en œuvre la Révolution: l'imposer en vertu de l'autorité avec un acte que l'Église enseignante adopte pour définir des vérités de foi ayant une valeur contraignante pour l'Église apprenante, réitérant cet enseignement dans d'autres documents tout aussi contraignants, bien qu'à un degré différent. En bref, il a été décidé d'apposer le label "Concile" sur un événement conçu par certains dans le but de démolir l'Église, et pour ce faire, les conspirateurs ont agi avec une intention malveillante et à des fins subversives. Le père Edward Schillebeecks op dit franchement: "Nous sommes les premiers d'une manière diplomatique, mais après le Concile nous tirons les conclusions implicites". "Maintenant, nous le disons diplomatiquement, mais après le Concile, nous en tirerons les conséquences implicites" (De Bazuin, n.16, 1965).

 

Nous ne sommes donc pas confrontés à une "herméneutique du soupçon", mais au contraire à quelque chose de bien plus grave qu'un soupçon, corroboré par l'évaluation calme des faits, ainsi que par les aveux des protagonistes eux-mêmes. À cet égard, lequel d'entre eux fait plus autorité que le cardinal Ratzinger de l'époque?

 

"L'impression grandit de plus en plus qu'il n'y avait plus rien de stable, que tout pouvait être révisé. De plus en plus, le Concile semblait ressembler à un grand parlement de l'Eglise, qui pouvait tout changer et tout remodeler selon ses propres désirs. La montée du ressentiment envers Rome et la Curie était très claire, et ils semblaient être le véritable ennemi de tout ce qui était nouveau et progressiste. Les discussions conciliaires ont été de plus en plus présentées selon le modèle des partis typique du parlementarisme moderne. Ceux qui ont été ainsi informés se sont vus amenés à prendre position pour un parti. [...] Si à Rome les évêques pouvaient changer l'Église, en effet, la même foi (comme cela semblait au moins), pourquoi était-il seulement légitime que les évêques le fassent? Elle pouvait être changée et, contrairement à ce que l'on pensait jusque-là, cette possibilité ne semblait plus éloignée de la capacité humaine de le décider, mais, selon toutes les apparences, elle était précisément mise en place par elle. Maintenant, cependant, nous savions que les évêques avaient appris des théologiens les nouvelles choses qu'ils proposaient dorénavant ; pour les croyants, c'était un phénomène étrange: à Rome, leurs évêques semblaient montrer un visage différent de celui qu'ils portaient chez eux." (voir J. Ratzinger, La mia vita, Edizioni San Paolo, 1997, p. 99).

 

À ce stade, il est juste d'attirer l'attention sur un paradoxe récurrent également dans les affaires mondiales: le courant dominant appelle les "théoriciens du complot" ceux qui révèlent et dénoncent le complot que le courant dominant a lui-même conçu, pour détourner l'attention du complot et délégitimer ceux qui s'en plaignent. De même, il me semble qu'il existe un risque de définir "l' herméneutique du soupçon" comme ceux qui révèlent et dénoncent une fraude conciliaire, comme s'il s'agissait de personnes qui accusent "l'interlocuteur sans justification de conceptions hérétiques". Au lieu de cela, il est nécessaire de comprendre si l’action des protagonistes du Concile peut justifier le soupçon à leur égard, sinon de prouver effectivement le soupçon;  et si le résultat obtenu justifie une évaluation négative pour l'ensemble du Concile, pour certaines de ses parties ou pour aucune. Si nous persistons à penser que ceux qui ont conçu Vatican II comme un événement subversif rivalisaient avec saint Alphonse en piété et saint Thomas en doctrine, nous démontrons une naïveté qui ne peut être conciliée avec le précepte évangélique, et qui frise en effet, sinon avec la connivence, sinon avec la négligence. Évidemment, je ne parle pas de la majorité des Pères conciliaires, qui étaient certainement animés d'intentions pieuses et saintes; Je parle des protagonistes de l'événement-Concile, des soi-disant théologiens qui, jusqu'à Vatican II, avaient été frappés par des censures canoniques et se sont détournés de l'enseignement, et qui précisément en raison de cela ont été choisis, promus et aidés, de sorte que les licences d'hétérodoxie valaient une raison de mérite, tandis que le l'orthodoxie incontestée du Cardinal Ottaviani et de ses collaborateurs au Saint-Office était une raison suffisante pour mettre au feu les plans préparatoires du Concile avec le consentement de Jean XXIII.

 

Je doute qu'en ce qui concerne Mgr. Bugnini - pour ne citer qu'un nom - une attitude de soupçon prudent soit répréhensible ou soit dénué de charité. Au contraire: la malhonnêteté de l'auteur du Novus Ordo dans la poursuite de ses objectifs, son appartenance à la franc-maçonnerie et ses propres aveux dans ses journaux intimes de presse nous montrent que les mesures prises par Paul VI à son égard étaient trop indulgentes et inefficaces, car tout ce qu'il fit dans les commissions conciliaires et à la Congrégation des rites est resté intact et, malgré cela, est devenu partie intégrante de l'Acta Concilii et des réformes connexes. Bienvenue donc à l'herméneutique du soupçon si elle sert à démontrer que les raisons de la suspicion sont là et que ces soupçons se matérialisent souvent en certitude de malveillance intentionnelle.

 

Revenons à Vatican II, pour montrer quel est le piège dans lequel les bons bergers sont tombés, ont été induits en erreur avec leur troupeau par une ruse astucieuse de personnes connues pour être infectées par le modernisme et pas rarement induites en erreur même dans la conduite morale. Comme je l'ai écrit plus tôt, la fraude réside dans l'appel à un Concile comme contenant pour une manœuvre subversive, et dans l'utilisation de l'autorité de l'Église pour imposer la révolution doctrinale et morale, liturgique et spirituelle qui est ontologiquement contraire au but pour lequel un Concile est appelé et l'autorité magistrale exercée. Je le répète: l'étiquette "Concile" apposée sur l'emballage ne reflète pas son contenu.

 

Nous avons assisté à une manière nouvelle et différente de comprendre les mêmes mots du lexique catholique: l'expression "concile œcuménique" donnée au concile de Trente ne coïncide pas avec le sens donné par les partisans de Vatican II, pour qui le terme "concile" fait allusion à la conciliation et le terme "oecuménique" au dialogue interreligieux. "L' esprit du concile" est "l'esprit de conciliation, de compromis", tout comme l'assemblée a été une attestation solennelle et publique d'un dialogue conciliant avec le monde, pour la première fois dans l'histoire de l'Église.

 

Bugnini a écrit: "Nous devons retirer de nos prières catholiques et de la liturgie catholique tout ce qui pourrait être l'ombre d'une pierre d'achoppement pour nos frères séparés, c'est-à-dire les protestants" (voir L'Osservatore Romano, 19 mars 1965) . D'après ces mots, nous comprenons que l'intention de la réforme, le résultat du mens (esprit) conciliaire, était d'atténuer la proclamation de la vérité catholique afin de ne pas offenser les hérétiques: et c'est exactement ce qui a été fait non seulement dans la Sainte Messe - horriblement défigurée au nom de l'œcuménisme - mais aussi dans l'exposé du dogme des documents doctrinaux; l'utilisation du subsistit in en est un exemple très clair.

 

Il sera peut-être possible de discuter des raisons qui ont pu conduire à cet événement unique, si lourd de conséquences pour l'Église; mais nous ne pouvons plus nier les preuves ni prétendre que Vatican II n'est pas quelque chose de différent de Vatican I, malgré les tentatives héroïques, nombreuses et documentées, venant même de la plus haute autorité, de l'interpréter avec force comme un Concile œcuménique normal. Une personne avec un simple bon sens voit déjà une absurdité à vouloir interpréter un Concile, car il est et doit être une norme claire et sans équivoque de Foi et Morale. Deuxièmement, si un acte magistral soulève des arguments sérieux et motivés qu'il peut manquer de cohérence doctrinale avec les actes du magistère qui l'ont précédé, il est évident que la condamnation d'un seul point hétérodoxe discrédite le document tout entier. Si l'on ajoute à cela le fait que les erreurs formulées ou laissées volontairement en oblique entre les lignes ne sont pas limitées à un ou deux cas, et que les erreurs affirmées correspondent à l'inverse à une énorme masse de vérités qui ne sont pas confirmées, nous pouvons nous demander s'il est juste de radier la dernière réunion du catalogue des conciles canoniques. La sentence sera prononcée par l'histoire et le sensus fidei du peuple chrétien avant même un document officiel. L'arbre est jugé par ses fruits, et il ne suffit pas de parler de printemps conciliaire pour cacher l'hiver rigoureux qui a saisi l'Église; ni d'inventer des prêtres mariés et des diaconesses pour remédier à l'effondrement des vocations; ni d'adapter l'Évangile à la mentalité moderne pour obtenir plus de consensus. La vie chrétienne est un combat, pas une belle sortie, et c'est d'autant plus vrai pour la vie sacerdotale.

 

Je termine par une demande à ceux qui interviennent avec profit dans le débat sur le Concile: je voudrais que nous cherchions avant tout à proclamer la vérité salvifique à tous les hommes, car leur salut et notre éternel salut en dépendent; et que nous ne nous préoccupions que secondairement des implications canoniques et juridiques soulevées par Vatican II : anathema sit ou damnatio memoriae, ça change peu. Si en effet le Concile n'a rien changé à notre Foi, nous prenons le Catéchisme de Saint Pie X en main, nous retournons au Missel de Saint Pie V, nous restons devant le Tabernacle, nous ne désertons pas le Confessionnal, nous pratiquons la pénitence et la mortification avec un esprit de réparation. D'où jaillit la jeunesse éternelle de l'Esprit. Et surtout: veillons à ce que ce que nous prêchons donne à nos œuvres un témoignage solide et cohérent.

 

+ Carlo Maria Viganò, archevêque

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28 juin 2020 7 28 /06 /juin /2020 15:31
https://www.marcotosatti.com/2020/06/28/vigano-au-vatican-ii-un-patchwork-derreurs-astucieusement-dissimulees/

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Source: Macro Tosatti

 

 

 

Marco Tosatti

Chers amis et ennemis de Stilum Curiae, l’archevêque Carlo Maria Viganò a reçu de la part de Phil Lawler, de Catholic Culture, une demande de clarification sur ses récentes déclarations concernant le Concile Vatican II. Nous publions ici la traduction française de sa réponse. Bonne lecture.

 

§§§

 

Cher docteur Lawler,

 

 

 

J’ai reçu par l’intermédiaire de notre ami commun, Edward Pentin, le courriel dans lequel vous posez quelques questions concernant ce que j’ai déjà exprimé sur Vatican II. Je vous réponds avec plaisir, en espérant que ces réflexions aideront à guérir l’Église catholique des graves maux qui l’affligent.

 

 

 

Philip Lawler : D’abord, quelle est opinion de votre Excellence sur Vatican II ? Que les choses se soient détériorées rapidement depuis lors est certainement vrai. Mais si l’ensemble du Concile pose problème, comment cela a-t-il pu se produire ? Comment concilier cela avec ce que nous croyons de l’inerrance du Magistère ? Comment les Pères du Concile ont-ils tous pu être ainsi trompés ? Même si seules certaines parties du Concile posent problème (par exemple Nostra Ætate, Dignitatis Humanæ), nous sommes toujours confrontés aux mêmes questions. Beaucoup d’entre nous disent depuis des années que « l’esprit de Vatican II » est erroné. Votre Excellence affirme-t-elle à présent que ce faux « esprit » libéral reflète fidèlement le Concile en tant que tel ?

 

 

 

Que le Concile représente un problème, je pense qu’il n’est pas nécessaire de le démontrer : le simple fait que nous nous posions cette question sur Vatican II et non sur le Concile de Trente ou Vatican I, me semble confirmer un fait évident reconnu par tous. En réalité, même ceux qui défendent le Concile l’arme à la main en viennent à le faire en faisant abstraction de tous les autres Conciles œcuméniques, dont aucun n’a été défini comme un concile pastoral. Et notez bien ceci : on l’appelle bien le Concile par antonomase, presque comme si c’était le seul et unique concile de toute l’histoire de l’Église, ou du moins le considère-t-on comme un hapax, à la fois pour ce qui est de la formulation de sa doctrine et de l’autorité de son magistère. Une assemblée qui, à la différence de celles qui l’ont précédé, se définit elle-même précisément comme pastorale en déclarant qu’elle n’entend pas proposer de nouvelle doctrine, mais qui a de fait créé une discrimination entre l’avant et l’après, entre concile dogmatique et concile pastoral, entre canons sans équivoque et verbiage, entre anathème et clins d’œil au monde.

 

En ce sens, je crois que le problème de l’infaillibilité du Magistère – (l’inerrance que vous avez mentionnée est propre à l’Écriture Sainte) – ne se pose même pas, car le Législateur, c’est-à-dire le Pontife Romain autour duquel le Concile est convoqué, a solennellement et clairement indiqué qu’il ne voulait pas utiliser l’autorité doctrinale qu’il aurait pu exercer s’il l’avait voulu. Je voudrais souligner que rien n’est plus pastoral que ce qui est proposé comme dogmatique, car l’exercice du munus docendi dans sa forme la plus élevée correspond à l’ordre que Notre Seigneur a donné à Pierre de paître ses brebis et ses agneaux. Pourtant, cette opposition entre dogmatique et pastorale a été approuvée par celui qui, dans son discours d’ouverture du Concile, a voulu donner un sens strict (au sens de sévère) au dogme et un sens plus doux et plus conciliant à la pastorale. On retrouve la même approche dans les discours de Bergoglio, lorsqu’il voit dans l’esprit pastoral une version soft, douce, de l’enseignement catholique en matière de foi et de morale, rigide et inflexible, au nom du discernement. Il est douloureux de reconnaître que le recours à un lexique équivoque, ou à des termes certes catholiques, mais compris dans un sens impropre, s’est imposé a envahi dans l’Église depuis Vatican II, qui est le premier et le plus emblématique exemple de du circitérisme,c’est-à-dire du caractère équivoque, de l’imprécision souhaitée de la langue. Cela s’est produit parce l’Aggiornamento, terme lui-même équivoque, et que le Concile a recherché idéologiquement comme un absolu, avait posé le dialogue avec le monde comme une priorité.

 

Il y a une autre équivoque qui doit être levée. Si, d’une part, Jean XXIII et Paul VI ont déclaré qu’ils ne voulaient pas engager le Concile dans la définition de nouvelles doctrines, souhaitant qu’il se borne à être uniquement pastoral, d’autre part, il est vrai que vu de l’extérieur – médiatiquement, dirait-on aujourd’hui – l’importance donnée à ses actes fut énorme. Cela a servi à véhiculer l’idée d’une supposée autorité doctrinale, d’une infaillibilité magistérielle implicite qui avaient pourtant été clairement exclues dès le départ. Si cela se produisit, c’était pour permettre à ses instances plus ou moins hétérodoxes d’être perçues comme faisant autorité et donc acceptées par le clergé et les fidèles. Mais cela suffirait à discréditer les auteurs d’une telle supercherie, qui aujourd’hui encore protestent bruyamment si on touche à Nostra Ætate, alors qu’ils se taisent devant ceux qui nient la divinité de Notre-Seigneur ou la virginité perpétuelle de la Très Sainte Vierge. Souvenons-nous de ce qu’un catholique n’adore pas un concile, ni Vatican II ni le Concile de Trente, mais la Sainte Trinité, le seul vrai Dieu; il ne vénère pas non plus une déclaration conciliaire ou une exhortation post-synodale, mais la Vérité que véhiculent ces actes du Magistère.

 

Vous me demandez : « Comment les Pères du Concile ont-ils tous pu être trompés ? » Je vous réponds en m’appuyant sur mon expérience de ces années-là et sur les paroles des confrères avec lesquels je me suis confronté. Personne n’aurait pu imaginer qu’au sein du corps ecclésial il y eût des forces hostiles si puissantes et organisées qu’elles pussent réussir à rejeter les schémas préparatoires parfaitement orthodoxes préparés par les cardinaux et les prélats d’une sûre fidélité vis-à-vis de l’Eglise, en les remplaçant par un conglomérat d’erreurs habilement déguisées, dissimulés au sein de discours prolixes et volontairement équivoques. Personne ne pouvait croire que, sous les voûtes de la Basilique vaticane, on avait pu convoquer les états généraux qui décréteraient l’abdication de l’Église catholique et l’instauration de la Révolution (comme je l’ai rappelé dans un de mes écrits antérieurs, le cardinal Suenens a défini Vatican II comme « 1789 dans l’Eglise »). Les Pères conciliaires ont fait l’objet d’une tromperie spectaculaire, d’une fraude savamment perpétrée avec les moyens les plus subtils : ils se sont retrouvés en minorité dans les groupes linguistiques, exclus des réunions convoquées au dernier moment, poussés à donner leur « placet » quand on leur faisait croire que le Saint-Père le voulait ainsi. Et ce que les novateurs n’ont pas pu réaliser dans l’Aula Conciliaire, ils l’ont fait dans les Commissions et les Conseils, grâce à l’activisme des théologiens et des experts accrédités et acclamés par une puissante machine médiatique. Il y a une masse énorme d’études et de documents qui témoignent de cette intention mensongère systématique, malveillante, d’une part, et de l’optimisme naïf ou de la négligence des bons, du bien, d’autre part. L’activité du Cœtus Internationalis Patrum n’a réussi à faire que peu de chose, voire rien, lorsque les violations du règlement par les progressistes ont été ratifiées à la Table Sacrée.

 

Ceux qui ont affirmé que « l’esprit du Concile » représentait une interprétation hétérodoxe de Vatican II se sont livrés à une opération inutile et nuisible, même si, ce faisant, ils étaient mus par la bonne foi. Il est compréhensible, pour un cardinal ou un évêque, de vouloir défendre l’honneur de l’Église et d’essayer de ne pas la discréditer devant les fidèles et devant le monde : on pensait donc que ce que les progressistes attribuaient au Concile était en était en réalité un travestissement abusif, un forçage arbitraire. Mais si à l’époque il pouvait être difficile de penser que la liberté religieuse condamnée par Pie XI dans Mortalium animos pouvait être affirmée par Dignitatis humanæ, ou que le Pontife romain pouvait voir son autorité usurpée par un fantomatique Collège épiscopal, nous comprenons aujourd’hui que ce qui était alors habilement dissimulé dans Vatican II, est aujourd’hui affirmé ore rotundo (la bouche bien ouverte) dans les documents papaux pontificaux précisément au nom de l’application cohérente du Concile.

 

D’autre part, communément, lorsque nous évoquons l’esprit d’un événement, nous voulons dire exactement ce que cet événement constitue dans son âme et dans son essence. Nous pouvons donc affirmer que l’esprit du Concile est le Concile lui-même, que les erreurs du post-Concile sont contenues in nuce dans les Actes conciliaires, tout comme il est dit à juste titre que le Novus OrdoMissæ est la messe du Concile, même si en présence des Pères on célébrait la messe que les progressistes appellent significativement préconciliaire. Et encore : si Vatican II ne représentait vraiment pas un point de rupture, pourquoi parlons-nous d’une Église préconciliaire et d’une église postconciliaire, comme s’il s’agissait de deux entités différentes, définies dans leur essence par le Concile ? Et si le Concile était vraiment dans la droite ligne du Magistère infaillible ininterrompu de l’Église, pourquoi est-il le seul à poser des problèmes d’interprétation aussi graves, démontrant son hétérogénéité ontologique par rapport aux autres conciles ?

 

 

 

Ph. Lawler : Deuxièmement, quelle est la solution ? Mgr Schneider propose qu’un futur Pontife rejette les erreurs ; votre Excellence trouve cela insuffisant. Mais alors comment corriger les erreurs, de manière à maintenir l’autorité du magistère d’enseignement ?

 

La solution, à mon avis, réside avant tout dans un acte d’humilité que chacun d’entre nous, à commencer par la Hiérarchie et le Pape, doit mener : reconnaître l’infiltration de l’ennemi au sein de l’Église, l’occupation systématique des postes clefs de la Curie romaine , des séminaires et des universités, la conspiration d’un groupe de rebelles – parmi lesquels, en première ligne, la dévoyée Compagnie de Jésus – qui a réussi à donner l’apparence de légitimité et de légalité à un acte subversif et révolutionnaire. Nous devons également reconnaître l’insuffisance de la réponse des bons, la naïveté de beaucoup, la peur des autres, l’intérêt de ceux qui, grâce à ce complot, ont pu obtenir quelque avantage.

 

Devant la triple négation du Christ dans la cour du grand prêtre, Pierre « flevit amare », il pleura amèrement. La tradition nous dit que le Prince des Apôtres avait deux sillons sur les joues à cause des larmes qu’il a abondamment versées pour le restant de ses jours, se repentant de sa trahison. Il appartiendra à l’un de ses Successeurs, le Vicaire du Christ, dans la plénitude de sa puissance apostolique, de reprendre le fil de la Tradition là où il a été coupé. Ce ne sera pas une défaite, mais un acte de vérité, d’humilité et de courage. L’autorité et l’infaillibilité du Successeur du Prince des Apôtres ressortiront intactes et reconfirmées. En fait, elles n’ont pas été délibérément remises en cause lors de Vatican II, alors qu’elles le seraient le jour où un Pontife corrigerait les erreurs que le Concile a engendrées en jouant sur l’équivoque d’une autorité officiellement niée, mais que toute la Hiérarchie, à commencer par les papes du Concile, ont subrepticement laissée croire aux fidèles.

 

Je voudrais vous rappeler que pour certains de ces éléments, ce qui précède peut sembler excessif, car cela remettrait en question l’autorité de l’Église et des Pontifes romains. Pourtant, aucun scrupule n’a empêché la violation de la Bulle Quo primum tempore de saint Pie V abolissant du jour au lendemain toute la liturgie romaine, le vénérable trésor millénaire de la doctrine et de la spiritualité de la Messe traditionnelle, l’immense patrimoine du chant grégorien et de la musique sacrée, la beauté des rites et des ornements sacrés, défigurant l’harmonie architecturale, même dans les basiliques les plus insignes, supprimant les balustrades, les autels monumentaux et les tabernacles : tout a été sacrifié sur l’autel du coram populo du renouveau conciliaire, avec la circonstance aggravante de ne l’avoir fait que parce que cette liturgie était admirablement catholique et incompatible avec l’esprit de Vatican II.

 

L’Église est une institution divine, et tout en elle doit partir de Dieu et revenir à Lui. Ce n’est pas le prestige d’une classe dirigeante qui est en jeu, ni l’image d’une entreprise ou d’un parti : il s’agit ici de la gloire de la majesté de Dieu, de ne pas réduire à néant la Passion de Notre-Seigneur sur la croix, ses souffrances et celles de Sa Très Sainte Mère, le sang des Martyrs, le témoignage des saints, le salut éternel des âmes. Si par orgueil ou par une misérable maudite obstination nous ne savons pas reconnaître l’erreur et la tromperie dans lesquelles nous sommes tombés, nous devrons en rendre compte à Dieu, qui est aussi miséricordieux envers son peuple quand il se repent, qu’implacable dans sa justice quand il poursuit Lucifer pour son non serviam.

 

 

 

Cher Docteur Lawler, à vous et à vos lecteurs, j’envoie cordialement la bénédiction de Notre Seigneur, par l’intercession de Sa Très Sainte Mère, qui est aussi la nôtre.

 

+ Carlo Maria Viganò

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14 juin 2020 7 14 /06 /juin /2020 14:43

Dans un texte rédigé le 9 juin dernier, l'archevêque Carlo Maria Viganò, ancien nonce apostolique sous Benoît XVI, attaque frontalement le concile Vatican II, qu'il qualifie de "dévastateur" dans les effets qu'il produit.

En ces temps de confusions générales et de désorientation spirituelle, cette importante critique mérite d'être patiemment lue et longuement méditée.

Puisse cette contribution aider l'Église à retrouver le Nord :

http://www.marcotosatti.com/2020/06/10/vigano-scrive-sul-vaticano-ii-siamo-al-redde-rationem/

http://www.marcotosatti.com/2020/06/10/vigano-scrive-sul-vaticano-ii-siamo-al-redde-rationem/

Source: Viganò scrive sul Vaticano II. Siamo al redde rationem. Marco Tossati

 

(traduction)

 

J'ai lu avec un grand intérêt l'essai de SE Athanasius Schneider publié sur LifeSiteNews, le 1er juin dernier, ensuite traduit par Chiesa e Postconcilio, intitulé Il n'y a pas de volonté divine positive ni de droit naturel pour la diversité des religions. L'étude de Son Excellence résume, avec la clarté qui distingue les paroles de ceux qui parlent selon le Christ, les objections à la prétendue légitimité à l'exercice de la liberté religieuse que le Concile Vatican II a théorisées en contredisant le témoignage de la Sainte Écriture, la voix de la Tradition et le Magistère catholique qui est le gardien fidèle des deux.

 

Le mérite de cet essai réside d'abord dans le fait d'avoir pu saisir le lien de causalité entre les principes énoncés ou impliqués par Vatican II et leur effet logique et conséquent dans les déviations doctrinales, morales, liturgiques et disciplinaires qui se sont produites et se sont progressivement développées jusqu'à ce jour. Le monstrum généré dans les cercles des modernistes pourrait être trompeur au début, mais en grandissant et en se renforçant, aujourd'hui il se montre pour ce qu'il est vraiment, dans sa nature subversive et rebelle. La créature, alors conçue, est toujours la même et il serait naïf de penser que sa nature perverse pourrait changer. Les tentatives de corriger les excès du Concile - invoquant l'herméneutique de la continuité - se sont révélées infructueuses : Naturam expellas furca, tamen usque recurret (Chassez le naturel, il reviendra au galop. Horace, Epist. I, 10,24). La Déclaration d'Abu Dhabi et, comme Mgr. Schneider l'observe à juste titre, son prodrome du panthéon d'Assise, "a été conçu dans l'esprit du Concile Vatican II", comme le confirme fièrement Bergoglio.

 

Cet "esprit du Concile" est la licence de légitimité que les novateurs opposent aux critiques, sans se rendre compte que c'est précisément en avouant cet héritage qu'on confirme non seulement le caractère erroné des déclarations actuelles, mais aussi la matrice hérétique qui devrait les justifier. Rétrospectivement, jamais dans la vie de l'Église un Concile n'a représenté un événement historique au point de le différencier des autres : il ne s'est jamais donné "l'esprit du Concile de Nicée", ni "l'esprit du Concile de Ferrare-Florence", sans parler de "l'esprit du Concile de Trente", tout comme nous n'avons jamais eu de "post-concile" après Latran IV ou Vatican I.

 

La raison en est évidente : ces Conciles étaient tous, sans distinction, l'expression de la voix à l'unisson de la Sainte Mère Eglise, et pour cette raison même de Notre Seigneur Jésus-Christ. De manière significative, ceux qui soutiennent la nouveauté de Vatican II adhèrent également à la doctrine hérétique qui voit le Dieu de l'Ancien Testament opposé au Dieu du Nouveau, comme si une contradiction pouvait être donnée entre les personnes divines de la Sainte Trinité. Évidemment, cette opposition presque gnostique ou kabbalistique fonctionne avec la légitimation d'un nouveau sujet délibérément différent et opposé à l'Église catholique. Les erreurs doctrinales trahissent presque toujours aussi une hérésie trinitaire, et c'est donc en revenant à la proclamation du dogme trinitaire que les doctrines qui s'y opposent peuvent être vaincues : ut in confessione veræ sempiternæque deitatis, et in Personis proprietas, et in essentia unitas, et en majesté adoretur æqualitas. En professant la vraie et éternelle divinité, nous adorons la propriété des Personnes divines, l'unité dans leur essence, l'égalité dans leur majesté.

 

Mgr Schneider cite certains canons des conciles œcuméniques qui proposent, selon lui, des doctrines difficiles à accepter aujourd'hui, telles que l'obligation de reconnaître les Juifs dans leurs vêtements, ou l'interdiction pour les chrétiens d'utiliser des maîtres mahométans ou juifs. Parmi ces exemples, il y a aussi la nécessité de la traditio instrumentorum déclarée par le Concile de Florence, corrigée plus tard par la Constitution apostolique Sacramentum Ordinis de Pie XII. Mgr Athanasius commente : "On peut légitimement espérer et croire qu'un futur pape ou concile œcuménique corrigera les déclarations erronées" de Vatican II. Cela me semble être un sujet qui, même avec les meilleures intentions, sape l'édifice catholique de ses fondations. Si, en fait, nous admettons qu'il puisse y avoir des actes magistrats qui, en raison d'une sensibilité modifiée, sont susceptibles d'être abrogés, modifiés ou interprétés différemment au fil du temps, nous tombons inexorablement sous la condamnation du Décret Lamentabili, et nous finissons par donner raison à ceux qui, récemment , justement sur la base de cette hypothèse erronée, ont déclaré la peine de mort "non conforme à l'Évangile", allant jusqu'à amender le Catéchisme de l'Église catholique. Et d'une certaine manière, nous pourrions, par le même principe croire que les paroles du Bienheureux Pie IX dans Quanta cura ont en quelque sorte été corrigées par Vatican II, tout comme Son Excellence espérait que cela pourrait arriver pour Dignitatis humanæ. Parmi les exemples qu'il a présentés, aucun n'est en soi gravement erroné ou hérétique: le fait d'avoir déclaré la traditio instrumentorum nécessaire à la validité de l'Ordre ne compromettait nullement le ministère sacerdotal dans l'Église, l'amenant à conférer des Ordres de façon invalide. Il ne me semble pas non plus que cet aspect, aussi important soit-il, ait insinué des doctrines erronées chez les fidèles, ce qui n'est arrivé qu'avec le dernier Conseil. Et lorsque, au cours de l'histoire, les hérésies se sont répandues, l'Église est toujours intervenue promptement pour les condamner, comme cela s'est produit au moment du Concile de Pistoia en 1786, qui a été en quelque sorte précurseur de Vatican II, surtout lorsqu'il a aboli la communion en dehors de la messe, introduit la langue vernaculaire et supprimé les prières soumises du Canon ; mais plus encore lorsqu'il a théorisé les bases de la collégialité épiscopale, en limitant la primauté du Pontife à la seule fonction ministérielle. En relisant les actes de ce Synode, on s'étonne de la formulation minutieuse des erreurs que l'on retrouvera ensuite, voire davantage, dans le Concile présidé par Jean XXIII et Paul VI. D'autre part, de même que la Vérité puise en Dieu, ainsi l'erreur se provient et se nourrit de l'Adversaire, qui déteste l'Église du Christ et son cœur, la Sainte Messe et la Très Sainte Eucharistie.

 

Il arrive un moment dans notre vie où, par la disposition de la Providence, un choix décisif s'impose à nous pour l'avenir de l'Église et pour notre salut éternel. Je parle du choix entre comprendre l'erreur dans laquelle nous sommes tous tombés, et presque toujours sans mauvaises intentions, et vouloir continuer à regarder ailleurs ou à se justifier.

 

Nous avons, entre autres, commis l'erreur de considérer nos interlocuteurs comme des personnes qui, malgré la diversité des idées et de la foi, étaient néanmoins animées de bonnes intentions, et qui, si elles étaient capables de s'ouvrir à notre Foi, seraient prêtes à corriger leurs erreurs. Avec de nombreux Pères du Concile, nous avons pensé à l'œcuménisme comme un processus, une invitation appelant les dissidents à l'unique Église du Christ ; les idolâtres et les païens au seul vrai Dieu ; le peuple juif au Messie promis. Mais, à partir du moment où elle a été théorisée dans les commissions du Concile, elle a vu le jour dans une nette opposition à la doctrine jusqu'alors exprimée dans le Magistère.

 

Nous pensions que certains excès n'étaient qu'une exagération de ceux qui s'étaient laissés prendre par l'enthousiasme de la nouveauté ; nous pensions sincèrement que le fait de voir Jean-Paul II entouré de saints, de bonzes, d'imams, de rabbins, de pasteurs protestants et d'autres hérétiques donnait la preuve de la capacité de l'Église à rassembler les gens pour invoquer la paix auprès de Dieu, tandis que l'exemple faisant autorité de ce geste donnait le début d'une suite déviante de panthéons plus ou moins officiels, jusqu'à voir l'idole impure de la pachamama portée sur leurs dos par certains évêques, sacrilègement dissimulée sous l'apparence présumée d'une maternité sacrée. Mais si le simulacre d'une divinité infernale a pu entrer à Saint-Pierre, cela fait partie d'un crescendo que la partition avait prévu dès le début. [Note du blog Christ-Roi. Pour avoir un regard différent sur la controverse autour de "Pachamama" et la cérémonie du 4 octobre au Vatican, lire un article de Peter Gabriel pour le site "Where is Peter"]. Un grand nombre de catholiques pratiquants, et peut-être même la plupart des clercs eux-mêmes, sont aujourd'hui convaincus que la foi catholique n'est plus nécessaire pour le salut éternel ; on croit que le Dieu Un et Trine révélé à nos pères est le même dieu que Mahomet. Nous l'avons entendu répéter depuis les chaires et les évêchés il y a vingt ans déjà, mais récemment, nous l'avons entendu affirmer avec insistance même depuis le plus haut trône.

 

Nous savons bien que, grâce à l'adage évangélique Littera enim occidit, spiritus autem vivificat, les progressistes et les modernistes ont habilement pu dissimuler dans les textes du Concile ces expressions d'équivoque, qui à l'époque, semblaient inoffensives pour la plupart, mais qui à présent se manifestent dans leur dimension subversive. C'est la méthode du subsistit in : dire une demi-vérité non pas tant pour ne pas offenser l'interlocuteur (en supposant qu'il soit licite de taire la vérité de Dieu par respect pour l'une de ses créatures), mais dans le but de pouvoir utiliser la demi erreur que toute la vérité aurait dissipé instantanément. Ainsi, "Ecclesia Christi subsistit in Ecclesia Catholica" ne précise pas l'identité des deux, mais la subsistance de l'une dans l'autre et, par souci de cohérence, également dans d'autres églises : c'est l'ouverture aux célébrations inter-confessionnelles, aux prières œcuméniques, à la fin inexorable du la nécessité de l'Église pour le salut, de son caractère unique, de sa nature missionnaire.

 

Certains se souviennent peut-être que les premières rencontres œcuméniques ont eu lieu avec des schismatiques orientaux et avec beaucoup de prudence avec certaines sectes protestantes. En dehors de l'Allemagne, de la Hollande et de la Suisse, les pays de tradition catholique n'avaient pas dès le début accueilli des célébrations mixtes, avec pasteurs et curés ensemble. Je me souviens qu'à l'époque il était question de supprimer l'avant-dernière doxologie du Veni Creator afin de ne pas blesser les orthodoxes, qui n'acceptent pas le Filioque. Aujourd'hui, nous entendons les sourates du Coran récitées depuis les chaires de nos églises, nous voyons une idole en bois vénérée par des religieuses et des frères, nous entendons des évêques désavouer ce qui nous semblait hier les excuses les plus plausibles de tant d'extrémismes. Ce que le monde veut, à l'instigation de la franc-maçonnerie et de ses tentacules infernaux, est de créer une religion universelle , humanitaire et œcuménique dans laquelle ce Dieu jaloux que nous adorons est banni. Et si c'est ce que veut le monde, tout pas dans la même direction de la part de l'Église est un choix malheureux, qui se retournera contre ceux qui croient pouvoir se moquer de Dieu. Les espoirs de la Tour de Babel ne peuvent pas être ramenés à la vie par un plan globaliste qui a pour but l'effacement de l'Église catholique, pour la remplacer par une confédération d'idolâtres et d'hérétiques qui partagent le même environnementalisme et la même fraternité humaine. Il ne peut y avoir de fraternité qu'en Christ, et seulement en Christ: qui non est mecum, contra me est. (Qui n'est pas avec moi est contre moi.)

 

Il est déconcertant que peu de gens soient conscients de cette course vers l'abîme, et que peu de gens soient conscients de la responsabilité des dirigeants de l'Église de soutenir ces idéologies anti-chrétiennes, comme s'ils voulaient se garantir un espace et un rôle sur le char de la pensée unique. Et il est étonnant que nous persistions à ne pas vouloir enquêter sur les causes profondes de la crise actuelle, déplorant simplement les excès d'aujourd'hui comme s'ils n'étaient pas la conséquence logique et inévitable d'un plan orchestré il y a des décennies. Si Pachamama a pu être adorée dans une église, nous le devons à Dignitatis humanae. Si nous avons une liturgie protestante et parfois même paganisée, nous le devons aux actions révolutionnaires de l'archevêque Annibale Bugnini et aux réformes post-conciliaires. Si le document d'Abu Dhabi a été signé, c'est grâce à Nostra Aetate. Si nous sommes venus déléguer les décisions aux Conférences épiscopales - même en violation grave du Concordat, comme cela s'est produit en Italie - nous le devons à la collégialité et à sa version actualisée de la synodalité. Grâce à quoi nous nous sommes retrouvés avec Amoris Laetitia devant chercher un moyen d'empêcher ce qui était évident pour tout le monde d'apparaître, à savoir que ce document, préparé par une machine organisationnelle impressionnante, devait légitimer la communion pour les divorcés et les concubins, ainsi que Querida Amazonia servira de légitimité aux femmes prêtres (le cas d'un "vicaire épiscopal" à Fribourg est très récent) et d'abolition du célibat sacré. Les prélats qui ont envoyé les Dubia à François, à mon avis, ont fait preuve de la même ingéniosité pieuse : penser que face à la contestation argumentée de l'erreur, Bergoglio aurait compris, corrigé les points hétérodoxes et demandé pardon.

 

Le Concile a été utilisé pour légitimer, dans le silence de l'Autorité, les déviations doctrinales les plus aberrantes, les innovations liturgiques les plus audacieuses et les abus les moins scrupuleux. Ce concile fut tellement exalté qu'il fut indiqué comme la seule référence légitime pour les catholiques, les clercs et les évêques, obscurcissant et étiquetant avec une note de mépris la doctrine que l'Église avait toujours enseignée avec autorité, et en interdisant la liturgie éternelle qui pendant des millénaires avait nourri la foi d'une génération ininterrompue de fidèles, de martyrs et de saints. Soit dit en passant, ce Concile s'est avéré être le seul à poser autant de problèmes d'interprétation et à présenter autant de contradictions par rapport au Magistère précédent, alors qu'il n'y en a pas - du Concile de Jérusalem à Vatican I - qui ne s'harmonise pas parfaitement avec l'ensemble du Magistère et qui doive nécessiter une certaine interprétation.

 

Je l'avoue avec sérénité et sans polémique : j'ai été l'un de ceux qui, malgré de nombreuses perplexités et craintes, qui s'avèrent aujourd'hui absolument légitimes, ont fait confiance à l'autorité de la Hiérarchie avec une obéissance inconditionnelle. En réalité, je pense que beaucoup, et moi parmi eux, n'ont pas initialement envisagé la possibilité d'un conflit entre l'obéissance à un ordre de la Hiérarchie et la fidélité à l'Église elle-même. Ce qui a rendu tangible la séparation contre-nature, voire perverse, entre la Hiérarchie et l'Église, entre l'obéissance et la fidélité, c'est certainement ce dernier pontificat.

 

Dans la chambre lacrimoniale adjacente à la Sixtine, tandis que Mgr Guido Marini prépare la bobine, la mozzeta et l'étole pour la première apparition du Pape "nouvellement élu", Bergoglio s'est exclamé : "Les carnavals sont terminés !", rejetant avec dédain l'insigne que tous les Papes avaient jusqu'alors humblement accepté comme insigne du Vicaire du Christ. Mais il y avait quelque chose de vrai dans ces mots, même s'ils étaient prononcés involontairement : le 13 mars 2013, le masque des conspirateurs est tombé, enfin libérés de la présence gênante de Benoît XVI et honteusement fiers d'avoir enfin réussi à promouvoir un cardinal (Bergoglio. Ndlr.) qui incarne leurs idéaux, leur manière de révolutionner l'Église, de rendre sa doctrine prétentieuse, sa morale adaptable, sa liturgie adultérable, sa discipline abrogeable. Et tout cela a été considéré par les protagonistes du complot eux-mêmes, comme la conséquence logique et l'application évidente des principes de Vatican II, selon eux affaiblis, précisément par les questions critiques exprimées par Benoît XVI lui-même. Le plus grand affront à ce pontificat fut la libéralisation de la vénérable liturgie tridentine, à laquelle la légitimité fut finalement reconnue, niant cinquante ans d'ostracisme illégitime. Ce n'est pas un hasard si les partisans de Bergoglio sont les mêmes qui voient le premier événement d'une nouvelle église au Concile, avant lequel il y avait une vieille religion avec une vieille liturgie. Ce n'est pas par hasard, précisément : ce qu'ils affirment en toute impunité, provoquant le scandale des modérés, c'est aussi ce que croient les catholiques, à savoir que malgré toutes les tentatives d'herméneutique de la continuité misérablement ruinées lors de la première confrontation avec la réalité de la crise actuelle, c'est indéniable qu'à partir de Vatican II, une église parallèle a été construite, superposée et opposée à la véritable Église du Christ. Elle a progressivement obscurci l'institution divine fondée par Notre-Seigneur pour la remplacer par une entité fallacieuse, correspondant à la religion universelle souhaitée, théorisée pour la première fois dans la franc-maçonnerie. Des expressions comme le nouvel humanisme, la fraternité universelle, la dignité humaine sont les mots d'ordre de l'humanitarisme philanthropique qui nie le vrai Dieu, de la solidarité horizontale de vague inspiration spirite et de l'irénisme œcuménique que l'Église condamne sans appel. "Nam et loquela tua manifestum te facit" (Mt 26, 73) : ce recours fréquent et presque obsessionnel au même vocabulaire de l'ennemi trahit l'adhésion à l'idéologie dont il s'inspire; d'autre part, le renoncement systématique au langage clair, sans équivoque et cristallin de l'Église confirme le désir de se détacher non seulement de la forme catholique, mais aussi de sa substance.

 

Ce que nous entendons depuis des années, vaguement et sans connotations claires, de la part du siège le plus élevé, nous le retrouvons ensuite élaboré dans un véritable manifeste chez les partisans du présent pontificat : la démocratisation de l'Église par le biais non plus de la collégialité inventée par Vatican II, mais de la voie synodale inaugurée au Synode pour la famille ; la démolition du sacerdoce ministériel par son affaiblissement, avec les exceptions au célibat ecclésiastique et l'introduction de figures féminines aux fonctions quasi-sacerdotales ; le passage silencieux de l'œcuménisme visant les frères séparés à une forme de pan-œcuménisme qui abaisse la Vérité du Dieu Un et Trine au niveau des idolâtries et des superstitions les plus infernales ; l'acceptation d'un dialogue interreligieux qui présuppose le relativisme religieux et exclut l'annonce missionnaire ; la démythologisation de la papauté, poursuivie par Bergoglio lui-même comme figure du pontificat ; la légitimation progressive du politiquement correct : théorie des genres, sodomie, mariages homosexuels, doctrines malthusiennes, écologisme, immigrationnisme... Ne pas reconnaître les racines de ces déviations dans les principes fixés par le Concile rend toute guérison impossible : si le diagnostic persiste contre l'évidence à exclure la pathologie initiale, il ne peut pas être formulé de thérapie adaptée.

 

Cette opération d'honnêteté intellectuelle exige une grande humilité, tout d'abord pour reconnaître que nous avons été induits en erreur pendant des décennies, en toute bonne foi, par des personnes qui, constituées en autorité, n'ont pas su veiller et garder le troupeau du Christ : certains pour vivre tranquillement, d'autres pour trop d'engagements, d'autres pour la commodité, d'autres enfin pour la mauvaise foi ou même pour la malveillance. Ces derniers, qui ont trahi l'Église, doivent être identifiés, repris, invités à s'amender et, s'ils ne se repentent pas, jetés hors de l'enceinte sacrée. Ainsi agit un vrai berger, qui prend soin de la santé de ses brebis et donne sa vie pour elles ; nous avons eu et nous avons encore trop de mercenaires, pour qui le consentement des ennemis du Christ est plus important que la fidélité à son Épouse.

 

Tout comme j'ai obéi honnêtement et sereinement à des ordres douteux il y a soixante ans, croyant qu'ils représentaient la voix aimante de l'Église, de même aujourd'hui, avec autant de sérénité et d'honnêteté, je reconnais que j'ai été trompé. Être cohérent aujourd'hui en persévérant dans l'erreur serait un choix malheureux et ferait de moi un complice de cette fraude. Revendiquer une clarté de jugement dès le départ ne serait pas honnête : nous savions tous que le Concile représenterait plus ou moins une révolution, mais nous ne pouvions pas imaginer qu'il se révélerait si dévastateur, même pour le travail de ceux qui auraient dû l'empêcher. Et si jusqu'à Benoît XVI on pouvait encore imaginer que le coup d'État de Vatican II (que le cardinal Suenens a appelé 1789 dans l'Église) avait ralenti, ces dernières années même les plus naïfs d'entre nous ont compris que le silence, par crainte de provoquer un schisme, la tentative d'ajuster les documents papaux au sens catholique pour remédier à l'ambiguïté souhaitée, les appels et les dubia adressés à François, éloquemment laissés sans réponse, sont une confirmation de la situation d'apostasie très grave à laquelle sont exposés les dirigeants de la Hiérarchie, tandis que le peuple chrétien et le clergé se sentent désespérément rejetés et considérés presque avec agacement par l'épiscopat.

 

La Déclaration d'Abu Dhabi est le manifeste idéologique d'une idée de paix et de coopération entre les religions qui peut avoir une certaine possibilité de tolérance si elle vient de païens, privés de la lumière de la foi et du feu de la charité. Mais ceux qui ont la grâce d'être enfants de Dieu, en vertu du Saint Baptême, devraient être horrifiés à l'idée même de pouvoir construire une tour de Babel blasphématoire dans une version moderne, en essayant d'assembler l'unique vraie Église du Christ, héritière des promesses du Peuple Élu, avec les négateurs du Messie et avec ceux qui considèrent blasphématoire l'unique idée d'un Dieu Trine. L'amour de Dieu ne connaît aucune mesure et ne tolère aucun compromis, sinon ce n'est tout simplement pas la Charité, sans laquelle il n'est pas possible de rester en Lui : qui manet in caritate, in Deo manet, et Deus in eo. Peu importe qu'il s'agisse d'une déclaration ou d'un document magistériel: nous savons très bien que l’esprit subversif des novateurs joue précisément sur ces astuces pour propager l’erreur. Et nous savons très bien que le but de ces initiatives œcuméniques et interreligieuses n’est pas de convertir ceux qui sont loin de l’unique Église au Christ, mais de détourner et de corrompre ceux qui gardent encore la foi catholique, les amenant à croire désirable une grande religion universelle qui unit “dans un une seule maison” les trois grandes religions abrahamiques: c’est le triomphe du plan maçonnique en préparation du règne de l’Antéchrist! Que cela se concrétise avec une Bulle dogmatique, avec une déclaration ou avec un entretien de Scalfari dans la Repubblica, peu importe, car les paroles de Bergoglio sont attendues par ses partisans comme un signal, auquel répondre par une série d’initiatives déjà préparées et organisées il y a longtemps. Et si Bergoglio ne suit pas les indications reçues, des armées de théologiens et de clercs sont déjà prêts à se plaindre de la "solitude du pape François", comme prémisse de sa démission (par exemple, je pense à Massimo Faggioli dans ses écrits récents). D’un autre côté, ce ne serait pas la première fois qu’ils utilisent le Pape lorsqu'il va de pair avec leurs plans, et qu'ils s’en débarrassent quand il s’en écarte.

 

L'Église a célébré la Très Sainte Trinité dimanche dernier et propose dans le bréviaire la récitation du Symbolum Athanasianum, désormais proscrit par la liturgie conciliaire et déjà limitée à deux occasions seulement dans la réforme de 1962. De ce symbole disparu aujourd'hui, les premiers mots restent gravés en lettres d'or : "Quicumque vult salvus esse, ante omnia opus est ut teneat Catholicam fidem ; quam nisi quisque integram inviolatamque servaverit, absque dubio in aeternum peribit". (Quiconque veut être sauvé doit, avant tout, tenir la foi catholique : s'il ne la garde pas entière et pure, il périra sans aucun doute pour l'éternité.)

 

+ Carlo Maria Viganò

 

Sant'Efrem, 9 juin 2020

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21 mai 2020 4 21 /05 /mai /2020 09:41
https://www.lefigaro.fr/actualite-france/ces-eveques-de-france-qui-n-ont-pas-ose-attaquer-l-etat-devant-la-justice-20200519

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/ces-eveques-de-france-qui-n-ont-pas-ose-attaquer-l-etat-devant-la-justice-20200519

Ces évêques de France qui n’ont pas osé attaquer l’État devant la justice

DÉCRYPTAGE - Quand le fondement juridique même de la liberté de l’exercice du culte en France est en cause, l’institution Église ne peut pas rester les bras ballants.

 

Par Jean-Marie Guénois

Publié le 19 mai 2020 à 20:55, mis à jour le 19 mai 2020 à 20:55

 

On accable trop facilement les évêques de France. Ils seraient la cause de tous les maux de l’Église. Ces prêtres, un jour appelés par le pape à porter la lourde charge d’un diocèse, en général déficitaire en vocations, en prêtres, en fidèles et en argent, sont amenés à gérer des situations impossibles. Ils le font avec constance et courage. Il faut leur rendre cet hommage. Individuellement ce sont des hommes de Dieu plutôt exemplaires, donnés jusqu’à la corde et qui tiennent bon, sans rien attendre en retour.

 

Collectivement, c’est une autre question. Ils sont une centaine, réunis au sein de la Conférence épiscopale. Cette instance de décision fonctionne de manière éminemment collégiale. Les aspérités, les personnalités, les grandes intuitions y sont souvent réduites à néant. Tout comme l’audace et parfois… le courage.

 

La décision annoncée lundi par le Conseil d’État donnant «injonction» - donc obligation absolue! - au gouvernement de rétablir les cultes en France parce qu’il a atteint de façon «grave et manifestement illégale» à la «liberté de culte» pourrait sonner comme un camouflet pour cette institution qui n’a pas osé déposer une requête en ce sens.

 

Source: Le Figaro / Le Forum catholique

***

La Conférence des évêques de France (CEF) est la conférence épiscopale de l'Église catholique en France qui rassemble l'ensemble des évêques et cardinaux en activité résidant en France métropolitaine et dans les départements d'outre-mer, ainsi que les cardinaux français en retraite résidant en France.

La Conférence des évêques de France a été créée lors de sa première assemblée plénière, du 18 au 20 mai 1964 ( Kristell Loussouarn, "État des sources sur le Concile Vatican II dans les fonds conservés au Centre national des archives de l’Église de France (CNAEF)", Chrétiens et sociétés, mis en ligne le 12 juillet 2011 ) 

L'ensemble des évêques, qui constituent la Conférence, se réunit deux fois par an à Lourdes, en assemblée plénière. Cette assemblée prend des décisions concernant l'Église catholique romaine en France, et émet des avis sur des questions de société.

Le président et le vice-président de l'assemblée sont élus pour trois ans. Parmi les compétences de la conférence des évêques, on trouve, (recensées par Wikipedia) : les "questions de société", la "solidarité internationale", "l'écologie et l'environnement", "le patrimoine culturel", "l'accompagnement des pauvres et des exclus".

 

Commentaire éclairant trouvé sur le Forum catholique :

"Ceux qui ont fondé les fameuses écoles des ministères dans les années 70-80 se pensaient prophètes ; ils ont seulement déformé des gens soi-disant formés, ont installé un réseau de gens formés par la stasi locale (opposée au Magistère romain et très hostile ou indifférente à Jean-Paul II, ont introduit une grande confusion et déprécié le sacerdoce presbytéral.

"...Il se trouve des évêques très courageux et de plus en plus, qui après tout ont bien raison de mener leur barque et d'écouter poliment la CEF. L'Eglise a vécu sans conférence épiscopale et cette chose relève d'une ecclésiologie qui tend à introduire une hiérarchie bis." (Fin de citation)

Pour paraphraser Jean-Marie Guénois du Figaro, "quand le fondement juridique même de la liberté de l’exercice du culte en France est en cause", et que la Conférence des évêques de France n'a rien tenté pour rétablir cette liberté fondamentale, à quoi sert cette institution ? 

Si les évêques pourront à nouveau célébrer la messe en communauté avec leur peuple, plus vite que prévu, - il faut le dire - ils le doivent à ceux qu'ils avaient coutume de qualifier et de juger négativement (les "intégristes"), sans souvent leur apporter même les moyens nécessaires pour développer la liturgie traditionnelle.

Le recours en référé devant le Conseil d'Etat n'ayant pas été réalisé par la Conférence des évêques, mais par les associations catholiques traditionalistes, la messe traditionnelle étant devenue norme de liberté pour tous, sans doute les évêques auront-ils collectivement par exemple pour leur prochaine assemblée plénière à Lourdes un lent et long travail à mener pour parvenir à une meilleure défense des droits des fidèles et le bien de l'Église toute entière.

Sans doute aussi les évêques devront-ils chercher à imiter les qualités et les principes liturgiques qui auront nourri ces laïques catholiques de la base qui avaient été jusqu'ici si souvent ignorés, mis et laissés de côté.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

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