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Christ Roi

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Horloge

31 mars 2024 7 31 /03 /mars /2024 01:00

Alors Jésus leur dit : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. »

Matthieu 28:10

Bonnes et Joyeuses Fêtes de Pâques à tous !

La fête de Pâques se célèbre dans l'Église chrétienne en mémoire de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ

 

"Inaugurées dans la nuit de Pâques, les fêtes de la Résurrection vont se prolonger pendant quarante jours. Elles se complèteront par les fêtes de l’Ascension et de la Pentecôte, couronnement des mystères du Christ et rayonnement de sa vie sur la nôtre par l’envoi du Saint-Esprit.

Le Temps pascal est le temps de la vie nouvelle. Celle du Sauveur d’abord, à jamais vivant d’une vie qui n’appartient plus à la terre, et qu’un jour nous partagerons au ciel avec lui. La nôtre ensuite ; du Christ à nous, il y a plus que la certitude de le rejoindre ; arrachés par lui au pouvoir de Satan, nous lui appartenons comme sa conquête et nous participons à sa vie." (Dom G. Lefebvre, Dimanche de Pâques, Textes avec commentaire de Dom Guéranger, dans l’Année liturgique )

 

D’après les Évangiles, c’est le jour de la fête juive de Pâque, commémorant la délivrance de l'esclavage en Égypte (Ex 12,1,28), qu’eut lieu la résurrection du Sauveur. 

 

Dès la pointe du jour, de pieuses femmes vinrent au sépulcre, avec des aromates pour achever l'embaumement. Pendant cet intervalle, il se fit un grand tremblement de terre aux environs du tombeau. Le Sauveur en sortit vivant, glorieux et triomphant, et un ange descendit du ciel, renversa la pierre qui fermait le sépulcre et s'assit dessus. Les gardes demeurèrent d'abord comme morts, puis ils prirent la fuite et allèrent rapporter aux princes des prêtres ce qu'ils avaient vu. Ceux-ci leur donnèrent de l'argent pour dire qu'on était venu enlever le corps pendant qu'ils dormaient. 

Cependant les saintes femmes pénétrèrent dans l'intérieur, et n'y trouvèrent que des linges qui avaient enveloppé le corps. Leur inquiétude fut extrême; mais des anges les rassurèrent, et leur apprirent que Jésus-Christ était ressuscité. Lui-même, il apparut à sainte Marie-Madeleine (Mt 28,1-10 ; Mc 16,1-10 ; Lc 24,1-10 ; Jn 20,1-18), à Jean et à Pierre (Jn 20,2-4), aux deux disciples d'Emmaüs (Lc 24:13), et aux onze apôtres assemblés (1Co 15,5 Mc 16,14 ; Mt 28, 16-17Lc 24,33).

 

Les apparitions de Jésus ressuscité continuèrent; on le vit, on le toucha; on mangea et conversa avec lui. Les plus incrédules se rendirent; la conviction était portée à son comble.

 

La mort de Jésus, sa résurrection, et le don du Saint-Esprit à Pentecôte, cinquante jour après Pâques, sont le déploiement du même mystère, le mystère pascal ou temps pascal. Saint Pierre le dit longuement à la foule à Jérusalem le jour de la Pentecôte (Ac 2:23-33). Cela reflète la relation entre les fêtes de la Pâque juive et le Chavouot/Pentecôte, qui commémore l'alliance que Dieu fait avec Israël.

 

L'histoire d'Israël, elle-même, est porteuse d'un dynamisme messianique qui la dépasse, puisque le peuple ancien porte déjà en lui de façon embryonnaire les noms mêmes qui seront ceux du Ressuscité : Christ, fils, serviteur. Ce dynamisme s'accomplit dans la Pâque, qui est un mystère d'attraction de tout, même l'ancienne Alliance dans son entièreté, de ses Écritures et de son peuple. L'Église plonge donc ses racines en Israël, lequel à son tour est enraciné dans le Christ pascal. (François-Xavier DURRWELL, La Trinité, Le Père engendre le Fils dans l'Esprit, Cerf, Paris 2021, p. 14).

 

Aujourd'hui on se prépare à cette grande fête par le jeûne solennel de quarante jours, que nous appelons le carêmeLes plus anciens monuments nous attestent que cette solennité est de même date que la naissance du christianisme, qu'elle a été établie du temps des apôtres. Dès les premiers siècles, la fête de Pâques a été regardée comme la plus grande et la plus auguste fête de notre religion, avant Noël; le moment qui explique et résume l'Écriture.

 

C'est avec la Résurrection du Seigneur que prend toute sa valeur la mission de Jésus. La fête de Pâques renfermait les huit jours que nous nommons la Semaine sainte, et l'octave entière du jour de la Résurrection; on y administrait solennellement le baptême aux catéchumènes; les fidèles y participaient aux saints mystères avec plus d'assiduité et de ferveur que dans les autres temps de l'année; on y faisait d'abondantes aumônes : la coutume s'introduisit d'y affranchir les esclaves; plusieurs empereurs ordonnèrent de rendre à cette occasion la liberté aux prisonniers détenus pour dettes ou pour des crimes qui n'intéressaient point l'ordre public.

 

 

La fixation de la date de Pâques a été réalisée par S. Léon le Grand qui intervint dans la querelle qui avait repris au Ve siècle concernant la date de la fête de Pâques. Le concile de Nicée (325) avait mis fin aux anciennes controverses en condamnant définitivement les quartodecimans qui voulaient célébrer Pâques avec les Juifs le 14 Nisan, et en fixant cette fête au dimanche qui suit la pleine lune de mars. Alexandrie avait été chargée de la notification de cette décision. Mais au milieu du Ve siècle, on mit en doute de-ci de-là l'exactitude des calculs alexandrins. S. Léon trancha en faveur des décisions prises et des calculs faits à Alexandrie, par "souci de l'unité qu'il importe avant tout de conserver." (Source: Daniel-Rops, Histoire de l'Eglise du Christ, tome III L'Eglise des temps barbares, Librairie Arthème Fayard, Editions Bernard Grasset, Paris 1965, p. 91.)

 

"Dans les Églises des Gaules et des autres contrées occidentales, on chanta longtemps à la Procession qui précédait la Messe, d’admirables strophes de saint Venance Fortunat, évêque de Poitiers.'' (Dom G. Lefebvre, Dimanche de Pâques, Textes avec commentaire de Dom Guéranger, dans l’Année liturgique )

 

De nos jours, la plupart des Églises chrétiennes célèbrent Pâques à une date indépendante du calendrier juif selon les prescriptions du Concile de Nicée et de S. Léon au Ve siècle. Seules quelques cultes évangélistes schismatiques suivent le calendrier juif : "Église de Dieu du Septième Jour", "Baptistes du Septième Jour", "Témoins de Jéhovah", "Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours."

 

"Le dimanche, où, de par la tradition apostolique, est célébré le mystère pascal, doit être observé dans l’Église tout entière comme le principal jour de fête de précepte." (CEC 2177)

 

Après la fête du dimanche du Pâques, les employeurs donnaient traditionnellement un jour de repos. Cette coutume civile a été conservée sous Napoléon et par la République. 

Bonnes et Joyeuses Fêtes de Pâques à tous !

La Résurrection du Christ est le grand miracle devant lequel l'incrédulité est forcée de s'avouer vaincue

 

Les ennemis de Jésus-Christ ayant voulu le faire passer pour un imposteur, les mesures mêmes qu'ils avaient prises pour dévoiler sa prétendue imposture ne devaient servir, en rendant impossible l'enlèvement de son corps, qu'à les confondre eux-mêmes, et à donner une force irrésistible à cette preuve capitale de Sa divinité.

 

Après la Résurrection, beaucoup des Juifs qui se sont convertis l'ont fait en méditant les prophéties juives du Messie devant mourir au combat pour son peuple. "Et après soixante-deux semaines, le Christ sera mis à mort" (Dn 9,26). (Cf. Robert EISENMAN, défenseur de la thèse du Messie mourant à la guerre in Michael WISE, Martin ABEGG, Edward COOK, Les Manuscrits de la mer Morte, Perrin 2003, page 361. Le fragment 5 de 4Qumran 285,11Q14 décrit l’exécution d’un messie.)

 

"Car il s'est dépouillé lui-même jusqu'à la mort, et il a été compté avec les pécheurs, alors qu'il portait le péché des multitudes et qu'il intercédait pour les pécheurs" (Is 53 ,5-12). Jésus n'a donc pas immédiatement annoncé à ses disciples qu'il était le Christ et qu'il serait mis à mort, car il devait accomplir sa mission. Le Messie devait d'abord mourir et ressusciter le 3e jour, conformément aux Écritures (Osée 6, 2). Jésus défendit même à ses disciples de dire à personne qu'il était le Christ. "Alors, il ordonna aux disciples de ne dire à personne que c'était lui Christ. À partir de ce moment, Jésus commença à montrer à ses disciples qu'il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter." (Mt 16, 20-21.) Leur disant cela, les disciples ne comprenaient pas. Et en effet, beaucoup n'ont compris la messianité de Jésus et n'ont cru en Lui qu'après la Résurrection.

 

C'est la semence de la Résurrection en nous qui nous fait reconnaître la vraie nature de Jésus-Dieu

 

Marie-Madeleine, d'abord, crut à un enlèvement du corps de Jésus, les disciples d'Emmaüs (Luc 24, 22-24), les apôtres (Luc 24, 11) n'ont d'abord pas cru en sa résurrection ni n'ont reconnu immédiatement le Christ Ressuscité parce qu'il leur manquait cette semence de la Résurrection. (Jésus le dit dans Le Livre du Ciel de Luisa Piccarreta).

 

"Leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître" nous dit Luc 24,16 au sujet des disciples d'Emmaüs. En effet, cela ne correspondait pas à ce qu’ils attendaient. À la veille même de l’Ascension du Christ, les Actes nous disent qu’ils ont demandé à Jésus s’il allait "restaurer la royauté en Israël" (Ac 1, 6). Ils restaient encore accrochés à un messianisme immédiatement triomphant. Jésus était 'ressuscité d’entre les morts" (Jn 20, 9), sans que la Résurrection finale et son triomphe eschatologique soient arrivés. Il apparaît donc de manière non glorieuse, tout ordinaire : Marie-Madeleine le prend pour le jardinier, les disciples d’Emmaüs pour un voyageur et les apôtres qui pêchent dans le lac de Galilée voient la silhouette d’un inconnu sur le rivage.

 

Jésus apparaissait et disparaissait. Si au moins il était resté tout le temps avec eux, mais sa présence était intermittente. On dit d’habitude qu’il est passé à travers les portes ou les murs du Cénacle ("Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : La paix soit avec vous !". Jn 20,19). Mais, non, cela voudrait dire qu’il venait de l’autre côté de la porte ; pas plus qu’il n’a eu à rattraper les disciples d’Emmaüs sur le chemin. Jésus était là dans toute sa réalité ; et puis il n’était plus là. Car Jésus n’est pas revenu comme Lazare à la vie de ce monde. Jésus ressuscité n’appartient plus à notre monde, c’est notre monde qui lui appartient. Lui, dans son humanité ressuscitée, appartient au monde à venir dont il est "les prémices" (1 Co 15, 20.23).

 

Il n’est plus soumis aux lois de la pesanteur, ni à celles de la distance ou du temps ; il n’ y a plus pour lui de barrières infranchissables. (Christ est vivant.fr)

 

Cela lui donne la possibilité de se rendre réellement présent partout où il veut dans notre monde, sans être contenu par aucun de ces lieux. Non pas qu’il soit partout, il est ailleurs. C’est très exactement ainsi qu’il se donne à nous dans le sacrement de l’eucharistie quand il se rend présent sur tous les autels et dans tous les tabernacles sans être contenu par aucun. La présence du Christ ressuscité continue parmi nous, de manière très réelle même si voilée par les signes du pain et du vin, dans le sacrement de l’eucharistie. Jésus a donc dû apporter sans cesse aux apôtres la solidité de la paix que donne la foi. (Toulouse Dominicains)

 

Les disciples d'Emmaüs sont découragés, ils ont perdu l'espérance, ils continuent le mouvement de dispersion provoqué par la crucifixion de Jésus. Celui-ci les rejoint inopinément, mais ne révèle pas son identité : il entre dans leur tristesse et la transforme progressivement en joie, en leur donnant une leçon sur les Écritures qui rend leur cœur tout brûlant. Ce sont eux qui le reconnaissent à la fraction du pain, un geste particulièrement familier à Jésus, celui qui l'évoque tout entier. Thomas, également, n'a compris la messianité divine de Jésus et n'a cru qu'après la Résurrection. "Alors Thomas lui dit : Mon Seigneur et mon Dieu ! (Jean 20, 28). Jésus ne le corrige pas pour cette assimilation de Sa personne à Dieu. Jésus au contraire lui répond : Heureux celui qui croit sans voir. Jésus n'est pas reconnu comme tel par la simple perception sensorielle, mais bien par les yeux de la foi, par une expérience spirituelle, une rencontre et grâce à des paroles qui expliquent le sens des Écritures.

 

Après la Résurrection, Jésus est resté sur terre pendant quarante jours au cours desquels il est apparu plusieurs fois à ses disciples dans son corps glorieux avant son Ascension au Ciel. Combien de fois ? ? Nous ne le savons pas précisément, car comme il est dit dans l’Évangile de Jean : "Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre." (Jn 20, 30) (Aleteia.org)

La Résurrection est la pierre angulaire que les Écritures attribuent au projet du Salut.  

 

Une loi du devenir dans la mort et la Résurrection du Christ

Les œuvres du Christ ne reculent pas, mais elles progressent.

Saint Bonaventure

La Résurrection est l'effusion de la plénitude de l'Esprit-Saint dans cet homme, Jésus, offert sur la Croix à son Père. (François-Xavier DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 5-6.)

 

La mort et la résurrection signifiaient pour le Christ lui-même, la fin d'une vie "selon la chair" et l'entrée dans la vie de l'Esprit; la Rédemption est accomplie dans le Christ; elle fut pour Lui un drame personnel. Et les hommes sont sauvés non par distribution des mérites du Christ mais par communion avec lui. (F.-X. DURRWELL, Jésus Fils de Dieu dans l'Esprit Saint, Desclée, Paris 1977, p. 39, n. 1, cité in F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 6).

 

La Pâque du Christ est le mysterium princeps à partir duquel doit être repensé le mystère de l'Église, des sacrements, de l'homme et de son agir responsable. La Résurrection constitue l'événement sommet et terminal du Salut. Elle n'est pas l'anticipation de l'eschatologie (discours sur la fin du monde ou fin des temps), mais l'eschatologie elle-même. (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p.7; 9-10).

 

Dieu s'est fait chair (Jn 1,14. "Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité.")

 

"Celui qui est le roi de gloire", "le Seigneur vaillant des combats" (Ps 23,7-8) est venu "sans armes, sans la force car il ne prétend pas conquérir, pour ainsi dire, de l'extérieur, mais entend plutôt être écouté de l'homme dans sa liberté." (Benoît XVI, Audience générale de la Catéchèse du mercredi 23 décembre 2009).

 

"Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir; son nom est proclamé : Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince de la Paix (Prophétie d'Isaïe 9,5 qui parle d'un Messie Dieu-Fort). "Il vient lui-même et va vous sauver. Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie", annonce encore Isaïe 35,4Il a pris sur Lui nos infirmités, nos maladies, nos iniquités (Isaïe 53, 3-6). Dans cet échange, Dieu Père n'est pas exactement le même que lorsqu'il est Dieu Fils dans son humanité, qui lui-même n'est pas le même que Dieu-Père avant qu'il ne soit retourné à Dieu Père dans son Corps glorieux (ressuscité).

 

Les apparitions du Ressuscité aux disciples expriment une communication inattendue entre un corps glorieux et des corps non ressuscités. Les disciples ne l'ont pas immédiatement reconnu. Si l'on a bien réalisé le caractère étrange de la manifestation d'un corps glorieux à des hommes restés dans les conditions de notre monde, cela apparaît très cohérent (La Croix).

 

L'incarnation, la mort et la résurrection ont prétention salvifique. Il y a un aspect profond qui garantit aux trois mystères unité et salut.

 

La vérité de l'incarnation du Verbe impose la nécessité d'une soumission terrestre à la loi du devenir. Cette loi exige que le mystère de la filiation s'incarne dans toute l'existence terrestre jusqu'au moment sommet de la vie représenté par la mort.

 

Dans la Pâque de Jésus s'accomplit le mystère de l'incarnation parce que dans la mort, comme moment synthétique et sommet de la vie, le Fils de Dieu fait homme accueille du Père qui le ressuscite le don de sa propre filiation. C'est précisément ce mystère de la filiation qui garantit unité et pouvoir salvifique à l'incarnation, mort et résurrection de Jésus. (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 8-9).

 

Le Christ glorieux apparaît avec ses plaies. La Résurrection ne dépasse pas la mort du Christ; elle ne la renie pas. Au contraire : elle la glorifie, l'éternise, la transfigure, la transforme en son contraire, de sorte que, de fin de vie, elle soit inversée en plénitude vie toujours naissante. (François-Xavier DURRWELL, La Trinité, Le Père engendre le Fils dans l'Esprit, Cerf, Paris 2021, p. 8-9; 11; 75)

 

Saint Paul explique ainsi cette loi du devenir :

 

"Il s’agit pour moi de connaître le Christ, d’éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa passion, en devenant semblable à lui dans sa mort, avec l’espoir de parvenir à la résurrection d’entre les morts. ... Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus."  (Ph 3, 10-14)

 

C'est dans le Ressuscité et son mystère pascal, et non dans une action reportée ou prolongée à partir de lui, que les croyants ressusciteront. Leur corps sera incorruptible, fort, glorieux et spirituel (Voir 1 Co 15,42-44).

 

"La logique même du péché est vaincue sur son propre terrain; nous sommes libérés de la mort spirituelle par la mort éminemment sainte du Christ. (Quodlibet II, q. 1, a. 2, c). ... 'Le Fils de Dieu n'est pas venu détruire la souffrance, écrit Claudel, mais pour souffrir avec nous. Il n'est pas venu pour détruire la croix, mais pour s'étendre dessus.' (P. CLAUDEL, Les Invités à l'attention). Il a ainsi atteint le mal en sa racine même, triomphant de la souffrance par la souffrance." Le Christ vivifie de l'intérieur la souffrance humaine. ... Le chrétien n'est pas isolé dans sa souffrance, un autre est là qui ne le laisse jamais seul : telle est la consolation (con-solation) que le Christ apporte au malade à travers le sacrement de l'onction.

 

"... Les mots du pape Benoît XVI prennent alors tout leur relief : '... L'homme ne porte plus seul son épreuve, mais il est conformé au Christ qui s'offre au Père, en tant que membre souffrant du Christ, il participe, en lui, à l'enfantement de la nouvelle création.' (Benoît XVI, Le Sourire de Marie, Homélie à Lourdes du 15 septembre 2008, DC n° 2409 (2008), p. 867-870).

 

"... Déjà par le baptême et les autres sacrements, le fidèle est identifié par mode de configuration sacramentelle au Christ pascal : il est ainsi mystiquement descendu dans la mort du Christ, participant à la rédemption que celle-ci apporte à l'humanité déchue." [Père ROBERT AUGÉ, Dieu veut-il la souffrance des hommes? La souffrance humaine dans le dessein divin selon saint Thomas d'Aquin, Artège Lethielleux 2020, p. 543, 611, 657.]

 

"La mort est le préalable de la glorieuse venue du Fils de l'homme, elle caractérise la messianité de Jésus (Mt 16, 13-23).

 

Le partage du destin de mort sera, pour les disciples, la condition de leur accès au Royaume (Mc 10,39), leurs relations au Royaume étant celles mêmes qui les unissent à Jésus. 

 

Saint Paul professe que l'homme meurt à la chair de péché - trouve donc la rémission des péchés - et ressuscite à la vie 'dans le Christ' (Rm 6,11; 8, 1 et suiv.; 1 Co 15,22; Col 2,11.) C'est là que nous atteint la rédemption (Rm 3,24; 1 Co 1,30; Col 1,14), que nous acquérons le Salut (cf. 2 Tm 2,10); là est le lieu où se communique la justice de Dieu (2 Co 5,21 ; Ga 2,17). Or c'est toujours d'une communion au Christ de gloire que nous parle la formule 'dans le Christ'.

 

Plusieurs textes baptismaux parlent d'une communion au Christ en sa mort : 'baptisés dans le Christ Jésus, c'est dans sa mort que nous avons été baptisés. Nous avons été ensevelis avec lui par le baptême en la mort... Notre vieil homme a été crucifié avec lui.' (Rm 6, 3-6). Du haut de la gloire, descendent sur tous les hommes les effets de la mort. La mort et la résurrection constituent le point central du programme de Jésus. Le sens de la mort est dans la gloire du Règne, qu'elle inaugure. (François-Xavier DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 49, 55,57,62,65.)

 

La Résurrection est à part entière et dans le sens le plus réel du terme une génération filiale. Dieu a ressuscité Jésus. Ainsi est-il écrit dans les Psaumes : Tu es mon fils, moi-même aujourd'hui je t'ai engendré. (Ac 13, 33). La communauté primitive déclare le Christ constitué pleinement Fils par la résurrection (voir Rm 1,4). Bien que le titre de Fils puisse être considéré en un sens messianique, il exprime aussi l'intimité avec Dieu et l'appartenance à Lui, plus qu'un pouvoir et une mission. Dans la mort, Jésus est ressuscité dans l'Esprit du Père, ou encore il est engendré par Lui. (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 11). 

 

L'homme a un visage christique, sa vie est une vie dans la mort, où ce qui est mort dans le Christ est mort aussi en lui (le péché in primis). Il appartient à une humanité nouvelle, il est réellement fils de Dieu. Engendré dans l'acte même d'engendrement du Christ, il perd les traits serviles et assume la ressemblance avec le Père (voir Col 3,9 s.)

 

Sa morale n'est pas celle d'un perfectionnisme dans l'observance d'une loi, ni celle d'une initiative personnelle, aussi consciencieuse qu'elle soit. C'est plutôt une morale communionnelle, une morale du consentement  et par là de l'accueil de l'action formatrice de l'Esprit de Dieu qui l'engendre continuellement dans la chair, en un passage continu en lequel s'achèvera l'appel à la pleine communion avec le Fils.

 

L'agir croyant aura donc toujours la forme de la Pâque, de la conversion, du passage, de la communion, de la réponse accueillante et libre d'une action d'engendrement...; exactement comme le Fils accueille le dont du salut rédempteur dans la mort. (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 15-16).

 

"Notre Seigneur Jésus, crucifié pour nous, est le fondement de notre espérance, & c'est de lui, & par lui, que nous devons attendre la justice & le bonheur, qui sont les deux grands objets de l'espérance chrétienne. Ceux qui ne sont pas éclairés par la foi, ou qui ne suivent pas la lumière, séparent ces deux choses, en désirant le bonheur, sans désirer la justice, qui est le seul moyen d'y parvenir. Mais ces deux choses sont inséparablement unies. Sans la justice véritable, on sera toujours malheureux : & avec elle, on ne peut l'être. ''L'affliction et le désespoir, dit S. Paul, accableront tout homme qui fait le mal. [...] Et au contraire, l'honneur, la gloire, & la paix seront le partage de tout homme qui fait le bien.'' (Rom 2,2) La loi éternelle l'ordonne ainsi."

De quelque côté que l'homme se tourne, s'il cherche hors de Dieu la paix & le bonheur, il ne trouvera qu'affliction et misère. Plus l'homme cherchera dans des biens étrangers celui qu'il n'a pas, plus il augmentera son indigence, en augmentant son agitation. Hors du Seigneur, il n'y a qu'une vaine apparence de félicité, qui cache aux imprudents un vide affreux & une réelle misère.

"En nous disant que c'est par les souffrances que le chef & le prince du salut a été consommé & perfectionné, S. Paul aux Hébreux nous enseigne que c'est aussi par les souffrances que le mérite des saints devient plein & parfait. (Héb 10, 12-14 ; Lc 24,46) [...] Il nous dit dès le commencement de sa prédication, que "quiconque ne portait pas sa croix, & ne le suivait pas, n'était pas digne de lui, & qu'il ne pouvait pas être son disciple. (Lc 14,27). [...] Nous ne pouvons vivre avec Jésus-Christ qu'en mourant avec lui. Nous ne pouvons partager sa gloire, qu'en partageant ses souffrances.

[...] Entre les souffrances, [...] il faut faire usage de toutes, en commençant par celles que Dieu lui-même a imposées à l'homme, & qui font partie de la pénitence générale à laquelle il l'a condamné en le chassant du paradis terrestre; en se cachant de lui; en l'obligeant à un continuel combat contre la concupiscence, dont les branches & les racines sont inépuisables; en l'exerçant par les infirmités du corps, qui s'augmentent avec l'âge; en le tenant toujours exposé au danger de la mort; en l'assujettissant à une suite d'événements dont il n'est pas le maître; en lui faisant un devoir du travail; en l'environnant de besoins; de servitudes; de nécessités qui se succèdent [...]; en le soumettant à des maîtres qui ne dépendent pas de son choix. [...] "Car celui qui voudra sauver son âme (sa vie) la perdra; et celui qui la perdra pour l'amour de moi, la sauvera." (Mc 8,35) Il faut donc que du côté du cœur & de l'amour, un tel sacrifice soit réel et sérieux. [...] Les occasions où le sacrifice réel & extérieur est exigé, sont rares. Mais celles où il faut du courage pour être fidèle à son devoir & à sa conscience, sont plus fréquentes." (Abbé Jacques-Joseph DUGUET, Explication du Mystère de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ suivant la Concorde, volume 1, éd. Jacques Estienne et François Babuty, Paris 1728, rééd. Lightning Source Milton Keynes UK, p. 150; 285-286; 340; 343; 364; 368.)

 

"La force que Jésus-Christ communique à ceux qui souffrent pour lui, élève l'âme au-dessus de toutes passions capables de l'affaiblir. Elle la prépare aux plus grands combats par le mépris des délices, du repos, des espérances du siècle; par l'amour de la pauvreté, de l'obscurité, de la prière; et par le détachement de tout ce qu'on aimait légitimement.. [...] Cette force, est une force spirituelle, qui guérit l'âme, qui l'élève au-dessus des passions capables de l'amollir, qui l'attache à des devoirs d'une manière ferme & confiante. Cette force est celle de la charité, c'est-à-dire de l'amour de la justice & de la sainteté, qui surmonte les douleurs, après avoir vaincu la volupté, & qui se rend maîtresse de la crainte & du sentiment des maux les plus pressants, après avoir triomphé de tous les désirs & de tous les attraits de la cupidité.

 

"La première victoire n'est pas celle que l'on remporte par la patience, & le premier ennemi qu'on a à combattre, n'est pas la douleur. Il faut te préparer à ce combat par la haine des délices; par l'amour de la pauvreté; par une vie humble; & cachée autant qu'il est possible dans une salutaire obscurité; par la fuite du siècle; par le mépris de la fausse gloire & de ses vaines promesses; par la miséricordes envers les pauvres; par une vie sérieuse remplie de devoirs & de saintes actions; par une prière assidue & fervente; C'est par où il faut commencer. Car on sera toujours faible, si l'on aime quelque chose que le monde puisse nous ôter. [...] On cédera enfin à des persécutions, si l'on n'est pas au-dessus de ses promesses, & de ses manières séduisantes & flatteuses. 

"Il n'est pas nécessaire que l'on tienne à beaucoup de choses, ni qu'on ait de grandes espérances pour être affaibli par une occasion importante & décisive. Il suffit qu'on s'aime soi-même, qu'on aime son repos, sa liberté, son obscurité même, où l'on est tranquille; & où l'on espérait d'être à l'abri. Il suffit de tenir à la vie, à sa santé, à ses livres, à ses amis, à son emploi, souvent juste & nécessaire. Il suffit de désirer de ne pas déplaire & de n'être pas désapprouvé; de vouloir conserver la paix avec tout le monde, de craindre d'être singulier; & de s'engager dans un combat, dont la durée et la fin sont incertaines. Il suffit de retenir dans son cœur quelque attachement qui donne prise au monde ou à l'ennemi de notre salut, & qui lui serve comme le premier anneau de la chaîne qu'il nous prépare.

"[...] Le moyen unique pour résister à toutes les tentations, est de croître tous les jours dans l'amour de Jésus-Christ, de s'y affermir, de s'y enraciner, & de demander par une prière continuelle, qu'il nous rende supérieurs à tout autre amour, à toute autre crainte, & à toute autre espérance." (Abbé Jacques-Joseph DUGUET, Explication du Mystère de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Chris, ibid., p. 98-99; 338)

 

L'agir salvifique dans le cadre trinitaire

 

La dimension filiale déployée dans la Pâque est salvifique. Jésus meurt à l'heure de la prière, il meurt en priant. À l'heure de son élévation sur la Croix, tout son être devient prière et, dans la prière, accueille le don engendrant du Père qui l'exauce dans la Résurrection (voir He 5, 7-9). Et c'est l'Esprit qui déclenche cette supplication filiale du Christ qui, dans la mort, est sauvé par son Père. 

 

L'initiative vient du Père et de son action engendrante, et non de l'homme-Dieu Jésus. Si le Père sauve en engendrant, le Fils sauve en consentant. Dans le salut, l'Esprit personnalise le Père et le Fils qui deviennent dans la Pâque ce qu'ils sont dans l'éternité. Le salut est une réalité de communion, avant que d'être une expiation des péchés. (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 20).

 

"Béni soit Dieu , Père de notre Seigneur Jésus-Christ!" (1 P 1,3; 2Co 1,3; 11-31; Ep 1,3; 1 Co 1,4; Ph 1,3 ; Col 1,3). Saint Paul unit "l'action de grâce rendue à Dieu, Père de notre Seigneur Jésus-Christ" et le souhait que soient données aux fidèles "grâce et paix de par Dieu, notre Père. (Col 1,2; Rm 1,7; 1 Co 1,3; 2 Co 2,2; Phm 3) Paul appelle Dieu ''notre Père" dans des contextes où il parle du Christ et situe ainsi les fidèles dans la relation de Jésus avec son Père. Dieu est aussi pour les fidèles le Dieu-Père. (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 387-388).

 

"Quiconque se joint au Christ dans le mystère de sa pâque, le Père le 'ressuscite ensemble avec' le Christ, l'engendre en Lui, le 'fait asseoir dans les cieux en Christ Jésus'. (Ep 2,6; Ph 3,20) Il en fait une "pierre vivante" dans la construction de la maison spirituelle (1 P 2,5). Et au-delà de la multitude humaine, le ciel étend sa grâce sur la création entière, pour qu'elle "ait part à la glorieuse liberté des enfants de Dieu" (Rm 8,21), car elle est filiale tout entière, créée en Christ er vers lui (cf. Col 1,16).

 

Le centre de la communion (avec Dieu) est donc ce Fils en son engendrement, c'est-à-dire le Fils dans l'Esprit qui est amour.' (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 463-464). Le Christ est l'alpha et l'omega de la création (Ap 21,6).

 

La gloire qui exalte Jésus auprès de Dieu, non seulement le donne comme tête à l'Église (Ep 1,22), mais elle l'établit seigneur de l'univers (Ph 2,11). Le Christ est, en toutes choses, "principe (Col 1,18), "prémices de l'activité (de Dieu), prélude à ses œuvres" (Cf. Pr 8,22; Si 24,9, textes concernant la sagesse de Dieu en laquelle la foi chrétienne a reconnu le Christ) : la création entière est fondée sur lui. Car Dieu, en créant, étend sur tous les êtres l'amour qui engendre le Fils, les englobant dans l'unique mystère. Saint Paul affirme ainsi la seigneurie universelle du Christ, dont la puissance s'exerce jusqu'à la racine des choses (Col 1,12-20). (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 465.)

                                              

L'engendrement du Fils qui est à l'origine de la création (Ap 3,14; Col 1, 16) en est aussi l'avenir : "Tout est créé vers lui". 1 Col, verset 16 : on traduit d'ordinaire "Tout est créé pour lui", mais la préposition grecque eis dit plus que en faveur, elle exprime un mouvement vers le Christ. C'est de même que les fidèles sont baptisés dans (eis) le Christ et dans sa mort (Rm 6,3), baptisés à (eis) un seul corps (1 Co 12,13), non seulement en faveur du Christ, mais dans un mouvement vers Lui. Le monde naît dans un mouvement qui le porte vers le Fils en son éternelle naissance. (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 470)

                                  

Dans la Résurrection, le Père est le don. Le Fils accepte ce don dans sa mort.

 

Dans la Pâque, le Fils se révèle et se donne comme celui qui accueille le Père dans la mort, tandis que le Père se révèle et se donne dans la résurrection comme celui qui engendre le Fils. 

 

La mort filiale constitue le lieu où la mort humaine devient le contraire d'elle-même : de fin de vie, elle établit son véritable commencement, de destructrice elle devient créatrice, de solitaire elle se transforme en lieu de pleine communion avec le Fils. 

 

À l'intérieur du mystère trinitaire lui-même, il y a donc une priorité de la résurrection sur la mort, parce que le don a priorité sur l'attente accueillante.

 

Le mystère pascal est un évènement salvifique qui accomplit un véritable devenir dans la vie de Dieu, puisque en Jésus, Dieu est devenu pour nous ce qu'il est dans son mystère éternel : le Père du Fils unique.

 

Le devenir divin s'inscrit dans le devenir plus grand et éternel qui est dynamisme continuel d'un Père qui engendre le Fils, dans le mouvement agapique de l'Esprit.

 

La différence essentielle entre le Fils et les fils réside dans le fait que si le Christ est engendré par une action du Père sans médiation, les chrétiens, eux, deviennent fils par l'indispensable médiation du Fils pleinement incarné dans le mystère pascal.

 

Le Père constitue la véritable origine de tout mystère présent dans l'Église. De l'Apôtre, par exemple, il participe à la même action par laquelle le Père ressuscite le Christ dans la multitude des hommes. Ou même de l'Eucharistie : c'est le Père, en effet, qui, en engendrant le Fils, fait de lui le Seigneur de la table et, en même temps, le pain et la coupe. (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 27-28). 

 

Grâce au Fils, nous pouvons certainement affirmer que le Père est le principe de tout dynamisme ad intra et ad extra. Il réalise tout le mouvement salvifique dans et en vue du Fils. Le Père apparaît comme le générateur, celui qui dans le mouvement agapique trinitaire se donne pleinement : s'abandonnant dans le don du Fils, il ne peut se perdre parce que c'est précisément dans ce don qui consiste sa personne. 

 

Le mystère pascal reste unique et la tentation du théologien est de vouloir tout dire à la fois, tentation qui ne peut être réalisée en raison des richesses infinies que ce mystère projette sur le monde. (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 31-32). 

 

Une leçon de prière du Fils au Père

 

Dans la mort du Christ et de ses fidèles, l'Esprit joue le rôle qui est le sien dans le mystère trinitaire. Il est l'amour en lequel le Fils naît de son Père et se porte vers lui. Pour le Christ et son fidèle, la mort est la naissance de plénitude; elle est le mouvement vertigineux qui les porte hors de ce monde vers Dieu. [Ignace d'Antioche (Rom, 2,2, SC 10, 128) a trouvé cette formule : "Mourir hors du monde vers Dieu."). Le Christ partage avec son fidèle son propre mourir : deux dans une seule mort, ils sont unis dans une inconcevable unité. ... La promesse de Jésus trouve son accomplissement : "En ce jour (de leur Pâque commune), vous saurez que vous êtes en moi et moi en vous." (Jn 14,20). Mourir dans la communion est l'acte d'amour absolu et la racine du bonheur éternel. Cette mort est la forme de la présence totale de l'Esprit en Jésus et son fidèle. (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 341.)

 

Prier ne consiste pas à informer Dieu de nos besoins : "Votre Père sait ce dont vous avez besoin" (Mt 6, 8-32) Ni à fléchir Dieu et à le rendre bon, car il est le Père essentiel. La prière ne devance pas l'action de Dieu pour la mettre en mouvement, elle reconnaît Dieu en sa paternité, consent à elle, se laisse engendrer par elle. S'il est vrai que la prière est une montée vers Dieu, on peut dire aussi qu'elle est une montée de l'homme vers sa naissance. L'homme qui prie se laisser lover vers sa propre origine où le Père engendre son Fils; c'est ainsi qu'il monte vers Dieu.

 

Telle a été la prière pascale de Jésus. En sa mort glorifiante, il n'a pas informé son Dieu et Père, il ne l'a pas fléchi à la bonté, il n'a pas modifié ses desseins : il s'est soumis, il a consenti, et son Père l'a amené à la plénitude de la naissance filiale.

 

L'homme qui prie est, du fait de la prière, saisi dans "la rédemption qui est en Christ Jésus". 

 

Crucifix de Saint-Damien (XIIe s.)

Le salut du monde est dans la communion à cette mort filiale.

 

En Jésus-Christ, Dieu sauve les hommes en sauvant leur mort, en la transformant en naissance. Dieu n'exempte pas l'homme de mourir : il le sauve en établissant la mort dans sa vérité filiale que "l'envie du diable" veut dénaturer.

 

En leur leur permettant de mourir dans l'éternelle naissance du Fils, Dieu amène les hommes au terme de leur création.

 

La mort si mystérieuse, inconnue tant qu'on n'en a pas fait l'expérience, le chrétien la connaît, ... il fait en lui-même l'expérience de sa propre mort, bien avant l'échéance finale et peut reconnaître en elle la grâce ultime en laquelle se réalisera son éternelle naissance. En effet, c'est en mourant avec le Christ que le chrétien devient enfant de Dieu : "Nous tous qui avons été baptisés, c'est dans sa mort que nous avons été baptisés... nous sommes morts avec le Christ." (Rm 6, 3-8); Col 2,11; cf. 2 Co 5,14). Dans l'eucharistie, plus encore réellement que dans le baptême, le chrétien vit d'avance la mort qui l'attend. "Chaque fois que nous mangeons ce pain et buvons à cette coupe c'est la mort du seigneur que nous annonçons" (1 Co 11,26) et aussi la nôtre. Cette communion de mort avec le Christ se vit aussi (tous les jours) en dehors de la célébration des sacrements. Paul se sait "crucifié avec le Christ" (Ga 2,19).

 

En toute rencontre du Christ en sa pâque, le fidèle meurt avec lui, jusqu'au jour de la rencontre définitive, dans une entière communion de mort. C'est pourquoi mort et résurrection sont éternellement inséparables." (F.-X. DURRWELL, La Trinité, ibid., p. 561; 572-576.) 

 

Joyeuses et saintes Fêtes de Pâques à tous !

Bonnes et Joyeuses Fêtes de Pâques à tous !

Pourquoi le ruban de l'œuf de Pâques et le lapin ?

 

La signification du ruban de l'œuf de Pâques est en rapport avec la résurrection de notre Seigneur bien aimé au tombeau.

 

Que nous dévoile la Sainte bible :

"On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l'a déposé."

Pierre partit donc avec l'autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l'autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s'aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n'entre pas.

Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat,

ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.

C'est alors qu'entra l'autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.

Il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus. Non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.

 

Entourer le visage d'un mort était une pratique funéraire ancestrale. Cela signifie que les bandelettes mortuaires qui entouraient la tête de notre Seigneur bien aimé étaient comme à leur origine intacte et encore roulées à leur place.

 

Essayez de sortir un œuf roulé de larges bandelettes bien serré sur ses 4 cotés avec un nœud au-dessus de la tête sans casser l'œuf, ni défaire le nœud, cela est bien impossible et révèle le caractère miraculeux de la résurrection.

 

Une résurrection bien différentes de celle de Lazare qui enleva lui-même ses bandelettes. C'est en voyant ce prodige que Pierre et Jean crurent.

 

Quelle est la signification du lapin de Pâques ?

 

Le jour de Pâques correspond au premier dimanche qui suit (ou tombe en même temps que) le jour de la première pleine lune après l'équinoxe de printemps.

 

Le lapin blanc est un symbole qui exprime la pleine lune. Lorsque la lune est pleine vous verrez avec un peu d'imagination un lapin sur ses deux pattes. Le blanc est un symbole féminin lunaire associé au métal argent, son contraire est le jaune un symbole solaire masculin associé à l'or. 

 

En fait, ce n'est pas un lapin, mais une lapine, car elle est représentée avec plusieurs petits lapins, cela suggère une mère avec ses enfants.

 

Les veilles gravures de Pâques, représentaient un œuf avec un large ruban blanc dentelé avec un nœ​​​​​​​ud au dessus et une lapine blanche entourée de ses petits.

 

C'est bien une femme (Marie-Madeleine) qui alla au tombeau et qui fut la première a témoigné de la résurrection. C'est elle qui annonça la première la résurrection, c'est une analogie au lapin blanc qui dévoile le secret caché aux enfants (de Dieu) la résurrection de notre Seigneur bien aimé et qui nous apportent la joie (de la Pâques).

 

Trouver un œuf de Pâques dans le jardin est aussi une expression cachée de trouver notre Dieu ressuscité et de se réjouir de sa présence au jardin du Paradis comme un de ses enfants. (GloriaTv)

Bonnes et Joyeuses Fêtes de Pâques à tous !

Pourquoi colorons-nous les œufs pour Pâques? 

 

Dans le christianisme, l'œuf de Pâques représente le Saint-Sépulcre dans lequel la vie éternelle était cachée. Selon la légende, la pierre qui enfermait le tombeau de Jésus-Christ ressemblait au contour d'un œuf. Sous la coquille d’œuf se trouve une nouvelle vie. Par conséquent, pour les chrétiens, l'œuf de Pâques est un rappel de la Résurrection de Jésus-Christ, du salut et de la vie éternelle. Le rouge, l'œuf le plus souvent coloré, signifie la souffrance et le sang du Christ.

 

Il existe plusieurs versions de la raison pour laquelle nous teignons les œufs pour Pâques. Une légende raconte que Marie-Madeleine, vénérée par l'Église comme sainte pour les apôtres, est venue avec un sermon auprès de l'empereur romain Tibère (14-37). Selon l'ancienne coutume, des cadeaux ont été offerts à l'empereur, et Madeleine a offert un œuf avec les mots: "Le Christ est ressuscité !" L'empereur a répondu qu'il était blanc, pas rouge, comme un œuf, donc les morts ne se sont pas relevés. À ce moment, l'œuf dans sa main est devenu rouge. (Gloria Tv)

Iconographie. 

Noli me tangere, Fra Angelico, 1440-1441.

Noli me tangere, Fra Angelico, 1440-1441.

La Résurrection du Christ,  Matthias Grünewald, retable d'Issenheim, 1515

La Résurrection du Christ, Matthias Grünewald, retable d'Issenheim, 1515

La nuit de Pâques peut être célébrée soit en début soit en fin de nuit. Mais si l’on considère que toute la fête repose sur la symbolique du passage des ténèbres à la lumière, il apparaît que si une célébration organisée le soir, après le coucher du soleil, a certes des côtés pratiques, une célébration placée au lever du jour correspondrait mieux à l’essence même de cette liturgie. Ainsi la liturgie de Pâques débuterait dans l’obscurité : l’Église bénit le feu pascal, la lumière est transportée dans l’église et partagée entre les fidèles, et l’on chante l’ « Exultet », la louange solennelle de la lumière pascale.

De tout temps l’Église a comparé la Résurrection du Christ avec le soleil levant.

Qu’on pense à la façon dont Matthias Grünewald a représenté la Resurrection du Christ au XVIe siècle sur son retable d’Issenheim : Jésus-Christ y apparaît comme un soleil personnifié illuminé de l’intérieur. Et pourtant, le corps de Jésus porte les stigmates de sa Passion, preuve qu’il ne s’agit pas ici d’une transfiguration ésotérique, mais d’une réelle transformation, au cours de laquelle la personnalité et l’histoire individuelle restent intactes. Le Crucifié et le Ressuscité sont tout un.

Angelus Silesius a repris cette même symbolique dans ces vers qui sont parvenus jusqu’à nous et qui sont chantés aussi bien dans la liturgie catholique que dans le culte protestant en Allemagne: « Morgenstern der finstern Nacht, der die Welt voll Freuden macht, Jesu mein, komm herein, leucht in meines Herzens Schrein. (…) Du erleuchtest alles gar, was jetzt ist und kommt und war; voller Pracht wird die Nacht, weil dein Glanz sie angelacht. » « Sainte étoile du matin, qui illumine la nuit et remplit la terre de sa joie, mon Jésus, viens en moi, illumine le secret de mon cœur. (…) Tu illumines tout ce qui est, tout ce qui vient et tout ce qui était. Grandiose est la nuit que ton sourire illumine. »

C’est pour toutes ces raisons que, déjà dans l’Église primitive, les fidèles se tournaient vers l’Est lors de la célébration de la sainte messe. Les prêtres et les fidèles se trouvaient ainsi dans une orientation commune au cours de leur prière : ils faisaient face au Christ ressuscité, symbolisé par le soleil levant.

Dans les églises orthodoxes on a conservé cette attitude mais dans la plupart des églises catholiques et protestantes, l’orientation de la prière a été malheureusement abandonnée pour mettre l’accent davantage sur la communion du prêtre avec l’assemblée. Au départ, beaucoup d’églises avaient pourtant été construites en orientant l’abside vers l’Est.

Dans l’Église catholique, la célébration « ad orientem » a disparue de facto depuis la réforme liturgique : mais cette liquidation ne repose sur aucune norme liturgique. Il importe de repréciser les choses : la célébration de la messe n’est pas un face à face prêtre/communauté. Le Cardinal Ratzinger, futur pape Benoît XVI, écrivait déjà dans ses livres consacrés à la liturgie que le célébrant devrait à tout le moins se tourner vers une grande croix pour célébrer la messe, créant ainsi une sorte d’orient virtuel pour pallier la perte d’une orientation physique réelle.

Au cours de l’été 2016, le cardinal Sarah, Préfet de la Congrégation pour le Culte divin, a encouragé prêtres et fidèles à reprendre l’habitude de se tourner ensemble dans la même direction pour prier. Il a même clairement demandé que tous les prêtres reviennent à la célébration de la messe « ad orientem ». Malheureusement, le pape François n’a donné aucune suite à cette demande.

La liturgie catholique a ainsi perdu son orientation. Qui, parmi les chrétiens, connaît encore de nos jours la symbolique du soleil levant ? Mgr Georg Alois Oblinger, Recteur de Marienfried (diocèse d’Augsbourg). Source: Kathnet (Trad. MH/APL) / Pro Liturgia Actualité du dimanche de Pâques 21 avril 2019.

Résurrection du Jésus, par Noël Coypel (1700)

Résurrection du Jésus, par Noël Coypel (1700)

Jésus retourne des Enfers, par Kocheliov (1900)

Jésus retourne des Enfers, par Kocheliov (1900)

Résurrection de Jésus, Hans Memling.

Résurrection de Jésus, Hans Memling.

La Résurrection du Christ, par Raphaël, v. 1501

La Résurrection du Christ, par Raphaël, v. 1501

Matin de Pâques (M. Denis, 1870-1943)

Matin de Pâques (M. Denis, 1870-1943)

Musique.

 

Gaudii Paschalis (A. Scandello, 1517-1580)

 

Dialogo per la Pescua (H. Schültz, 1535-1672)

 

J.S. Bach (1685-1750)

Les thèmes de cette ouverture sont en grande partie extraits de la liturgie orthodoxe russe, basés plus exactement sur une collection d'anciens cantiques disparates, souvent anonymes, appelés Obikhod et adoptés comme chants liturgiques officiels à la Cour Impériale des Romanov.

La Grande Pâque russe (N. Rimski-Korsakov, 1844-1908)

***

 

PRATIQUE. Un jour, un prêtre, un moine dit : "Tu sais pourquoi les couvents ont des cloîtres, qui sont fermés et sans sortie ? C'est parce que la seule sortie c'est vers le haut."

 

"Et si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui." (Rm 6,8)

 

Si vous êtes ressuscité avec Jésus-Christ, cherchez les choses du ciel.

 

***

Sources :

(1) Encyclopédie théologique Nicolas BERGIER 1718-1790, publié par M. l'abbé Migne, Ateliers catholiques au Petit-Montrouge, tome III, Paris 1850-1851, p. 1262; (2) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. XVIII; (3) Missel du Dimanche 2018, Nouvelle Traduction liturgique, Année B, Bayard Éditions, Lonrai 2017, p. 337; (4) François-Xavier DURRWELL, La Trinité, Le Père engendre le Fils dans l'Esprit, Cerf, Paris 2021. 

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26 novembre 2023 7 26 /11 /novembre /2023 01:00
Solennité du Christ Roi de l'univers

Source Video : Gloria.tv

 

La fête du Christ Roi a été instituée en 1925 par le Pape Pie XI, avec l'encyclique "Quas Primas". Le Pape déclara qu'avec cette fête "c'est désormais à notre tour de pourvoir aux nécessités des temps présents, d'apporter un remède efficace à la peste qui a corrompu la société humaine, le laïcisme."

 

Pie XI faisait précéder la Toussaint par la fête du Christ Roi afin de montrer que la foi catholique vécue dans la Cité devait emprunter les chemins de sanctification suivis par les saints. Durant ces années au Mexique les "Cristeros" persécutés par le gouvernement franc-maçon se battaient pour la liberté religieuse et mouraient en criant "Viva Cristo Rey" ("Vive le Christ Roi").

 

Aujourd'hui, l'Église fête la solennité du Christ Roi le dernier dimanche de l'année liturgique pour montrer que le Christ est le "commencement et la fin" (Ap 1,8), le Maître du temps et de l'Histoire.

 

Cette fête est la conséquence liturgique de la conception théologique scotiste du XIVe siècle (ordre franciscain) reconnaissant au Christ une place suréminente dans l'œuvre de la Création et de la Rédemption. Celui que S. Jean dans l'Apocalypse appelle "l'Alpha et l'Oméga, le Principe et la Fin" (Ap 1,8), est la cause, le chef et l'achèvement de toute la Création spirituelle et sensible.

 

Solennité du Christ Roi de l'univers

Soyez attentifs, vous qui êtes mon peuple ; et vous, les nations, prêtez-moi l’oreille ! Car de moi sortira la loi, mon droit sera la lumière des peuples ! Soudain, je rendrai proche ma justice, mon salut va paraître, et mon bras gouvernera les peuples.

Livre d'Isaïe 51, 4-5

Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles ; par son bras très saint, par sa main puissante, il s'est assuré la victoire.

Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations ;

il s'est rappelé sa fidélité, son amour, en faveur de la maison d'Israël ; la terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu.

… il vient pour gouverner la terre, pour gouverner le monde avec justice et les peuples avec droiture.

Psaume 97

Un royaume spirituel, et non matériel

 

Mgr Louis-Édouard Pie (1815-1880), évêque de Poitiers, cardinal et prélat antilibéral du XIXe siècle, a expliqué la doctrine intégrale de la Royauté de Jésus-Christ.

 

La parole du Christ "Mon Royaume n'est pas de ce monde" (Jn 18,36) est souvent interprétée d'une manière erronée par les libéraux qui vivent comme si le royaume de Dieu ne devait déjà pas s'exercer sur cette terre. Cette parole de Jésus à Pilate indique simplement que la royauté du Christ vient d'en haut, et non de ce monde. Son pouvoir tire son origine du Ciel et non d'ici-bas. Elle va avec 'Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi si tu ne l’avais reçu D’EN haut' (Jn 19,11).

Saint Paul précise : "comme le Christ est du ciel, ainsi les hommes seront du ciel" (1 Co 15,48). 

La royauté du Christ s'exerce sur toutes les réalités d'ici-bas, tout ayant été fait "en" lui, "par" lui et "pour" lui (Colossiens 1,16). "Il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin." (Lc 1,33) "Car en lui habite corporellement toute la Plénitude de la Divinité" (Colossiens 2,9). 

 

Devant Pilate, Jésus affirma catégoriquement sa royauté, répondant à sa question : "Alors tu es roi ?", "Tu le dis, je suis roi" (Jn 18, 37). Royaume donc pas de ce monde, car il ne vient pas des hommes, mais de Dieu seul.

 

Le royaume messianique est à la fois présent et futur. Il est les deux à la fois. L'Église est le royaume du Christ déjà présent.

 

"Qu'il ne puisse s'agir seulement d'une communauté future d'ordre eschatologique, c'est ce qu'il est aisé de conclure de la parabole de l'ivraie, où le champ qui nous est décrit (le monde) contient simultanément de l'ivraie et du bon grain : 'en enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé en même temps. Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ; et, au temps de la moisson (la fin du monde), je dirai aux moissonneurs : Enlevez d’abord l’ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, ramassez-le pour le rentrer dans mon grenier” (Mt 13,24-30); d'autres paraboles comme celle du filet (Mt 13, 47-48), des talents (Mt 25- 14-30), des dix vierges (Mt 25, 1-13), du grain de sénevé dans sa croissance (Mt 13,32).

Toute cette prédication du Christ était en continuité avec celle des prophètes (de l'AT) qui annonçaient aussi un royaume social. Elle reprend leurs termes et leur comparaisons. (Le pasteur et le troupeau de Mich 2,12; Ezech 34; la vigne de Is 5, 1-17; 27, 1-5; la parabole du cèdre dans Ezechiel 17,23, qui a des traits communs avec celle du grain de sénevé de Matthieu 13, 32. (...) La communauté chrétienne (...) [à] l'opposé de la 'Jérusalem actuelle', terrestre et nationale, (...) est la 'Jérusalem d'en-haut' (1 Co 10, 18), céleste et spirituelle (Ga 4, 25-26). (Joseph Lecler, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, 1955, rééd Albin Michel, Paris, 1994, p. 54.)

 

"Depuis le Christ, il y a donc désormais sur terre – ce qui ne s'était jamais vu auparavant, ni chez les Juifs, ni chez les païens – deux ordres de souveraineté : une souveraineté temporelle autonome, avec ses lois, sa police, son droit de contrainte physique sur les malfaiteurs sociaux; et une souveraineté spirituelle autonome, ordonnée au salut des hommes, avec ses lois et sa discipline, mais pourvue seulement de moyens spirituels. (Cf. Joseph Lecler, L'Église et la souveraineté de l'État, Paris, 1946, p. 20.)

 

"Royaume ... déjà présent sur cette terre", mais dans le mystère - le Concile Vatican II le rappelle dans la constitution pastorale "Gaudium et spes" (n°39) - il parviendra à sa pleine perfection à la fin des temps avec la venue du Seigneur, Juge suprême et Roi, pour juger les vivants et les morts (Mt 25, 31 ss).

 

Le Christ a maintes fois décrit l'Église comme un royaume de Dieu visible et social. Les paraboles le comparent à un champ ensemencé (Mt 13,24); à une vigne pour la culture de laquelle le père de famille loue les ouvriers (Mt 20, 1-2; 21, 33-35); à un troupeau dont il est le pasteur (Jn 10); à un grain de sénevé qui devient un arbuste (Mt 13, 32); à un plan de vigne dont il est le cep et les disciples les rameaux (Jn 15, 1-8); à une famille où sous la direction du maître travaillent de nombreux serviteurs (Mt 25, 14-30; 24, 45-51); à une exploitation agricole qu'administre un intendant (Lc 16, 1-8.)

 

Si l'Église était fondamentalement "invisible", alors les chrétiens ne sauraient rien de leur religion depuis l'époque des apôtres. L'expression "pas de ce monde" ne signifie donc pas que le royaume du Christ est invisible. Cela signifie qu'il est établi et soutenu par Dieu comme aucun royaume terrestre ne l'est. Dieu n'a fait aucune des promesses qu'il a faites à son Église à quelqu'un d'autre ou quelque chose d'autre.

 

Si vous regardez les prophéties de l'Ancien Testament sur le royaume messianique, vous voyez encore qu'elles parlent de rois qui viennent dans le royaume et apportent leurs trésors.

 

Jésus, lui-même, dit : "Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre." (Mt 28,18). Cela inclut les pouvoirs temporels qui détiennent l'épée au nom de la justice terrestre (Rom. 13), ainsi que la prêtrise, qui détient les clés afin d'enseigner avec autorité aux nations à observer tout ce que le Christ a ordonné, à savoir les dogmes de la foi et la loi morale (le premier et le deuxième grand commandement). Les rois, les princes, les présidents, les premiers ministres, etc., qui reconnaissent la foi catholique, en tant que laïcs, placés sous l'autorité spirituelle du sacerdoce catholique, sont chargés du bien commun temporel de la communauté. Et en ce qui concerne le dogme et la morale, ils sont sous l'autorité des prêtres de Dieu.

 

Le fait que le Royaume du Christ ne soit pas de ce monde signifie simplement ce qui suit :

(1) Il est établi par Dieu grâce à un sacrifice de soi, par amour de la part de Dieu incarné, plutôt que (comme la plupart des autres royaumes) par le sacrifice d'autrui par haine de la part d'hommes violents ;

(2) Il durera éternellement, contrairement aux royaumes fondés par les hommes ; et

(3) Il persistera et triomphera même lorsque ses affaires temporelles subiront une catastrophe, comme l'Église l'a fait à de nombreuses reprises, et le fera particulièrement sous le règne de l'Antichrist.

 

Nous ignorons simplement le temps de l’achèvement de la terre et de l’humanité et il ne nous appartient pas de le connaître (Ac 1,7); mais, nous l’avons appris, Dieu nous prépare une nouvelle terre où régnera la justice (2 Co 5, 2 ; 2 P 3, 13) et dont la béatitude comblera et dépassera tous les désirs de paix qui montent au cœur de l’homme (1 Co 2, 9 ; Ap 21, 4-5). Alors, la mort vaincue, les fils de Dieu ressusciteront dans le Christ, et ce qui fut semé dans la faiblesse et la corruption revêtira l’incorruptibilité (1 Co 15, 42.53). La charité et ses œuvres demeureront (1 Co 13, 8 ; 3, 14) et toute cette création que Dieu a faite pour l’homme sera délivrée de l’esclavage de la vanité. L’attente de la nouvelle terre, loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller : le corps de la nouvelle famille humaine y grandit, qui offre déjà quelque ébauche du siècle à venir. C’est pourquoi, s’il faut soigneusement distinguer le progrès terrestre de la croissance du règne du Christ, ce progrès a cependant beaucoup d’importance pour le Royaume de Dieu, dans la mesure où il peut contribuer à une meilleure organisation de la société humaine. (Gs 39)

 

 

Il s'agit d'un royaume d'amour, un royaume spirituel, et non matériel, pour ceux qui sont nés de l'eau et de l'esprit. (Jn 3,5), sont devenus des créatures nouvelles (Ga 6,15) et qui persévèrent ici-bas dans la communion avec Dieu jusqu'à sa mort (Mc 13,13), naissance  à la vraie vie, à la vie de Dieu (Jn 14, 1-3) Un Royaume où "tous les hommes sont appelés à faire partie du peuple de Dieu (CEC n°831)".

 

Le Seigneur est doux et humble de cœur, et que Son règne social ne s'impose pas par la force, mais par "l'esprit". 

 

Lorsque le chrétien reconnaît le Christ "roi", cela signifie qu'il reconnaît au Christ la royauté sur lui-même, c'est-à-dire qu'il ne garde rien pour lui mais donne tout au Christ. 

 

"Le Royaume de Jésus est avant tout un royaume spirituel qui s'établit par la puissance divine et non par la force matérielle des armes. [Ainsi, lorsque Jésus est livré par Judas et arrêté à la demande du grand prêtre Caïphe, "l’un de ceux qui étaient avec Jésus, portant la main à son épée, la tira, frappa le serviteur du grand prêtre, et lui trancha l’oreille. Alors Jésus lui dit : 'Rentre ton épée, car tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée. Crois-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père ? Il mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d’anges'" (Mt 26: 51-53). "Les armes de notre combat ne sont pas charnelles" (2 Co 10,4); nous ne combattons pas avec les moyens de la chair (2 Co 10,3). La panoplie du chrétien ne comporte aucune armure, aucun équipement matériel. Les Chrétiens ont bien un glaive, mais c'est le casque du salut et le glaive de l'Esprit (Ep 6,17)] Mais il ne résulte aucunement de ces enseignements, que le Christ ne veuille pas régner socialement, c'est-à-dire imposer ses lois aux souverains et aux nations." (La Royauté sociale de N.S. Jésus-Christ, d'après le Cardinal Pie, P. Théotime de Saint-Just, O.M.C., Lecteur émérite en théologie, Editions Saint-Rémi, p. 30.) 

Une prophétie tirée du livre du prophète Isaïe dans l'Ancien Testament, précise par exemple : "Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu qui a toute ma faveur. J’ai fait reposer sur lui mon esprit ; aux nations, il proclamera le droit." La prophétie d'Isaïe poursuit à propos du Messie : "Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, il ne fera pas entendre sa voix au-dehors. Il ne brisera pas le roseau qui fléchit, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit, il proclamera le droit en vérité. Il ne faiblira pas, il ne fléchira pas, jusqu’à ce qu’il établisse le droit sur la terre, et que les îles lointaines aspirent à recevoir ses lois. Ainsi parle Dieu, le Seigneur, qui crée les cieux et les déploie, qui affermit la terre et ce qu’elle produit ; il donne le souffle au peuple qui l’habite, et l’esprit à ceux qui la parcourent." (Is 42, 1-5.

 

Au XVIe siècle, contre ceux qui avait imposé la religion protestante par la force à Genève en 1535-1536 et en avait chassé l'évêque catholique, saint François de Sales dont la devise était, "Rien par force, tout par amour", dit en 1594 : "C'est par la charité qu'il faut ébranler les murs de Genève, par la charité qu'il faut la recouvrer... il faut [les] renverser par des prières ardentes et livrer l'assaut par la charité fraternelle". 

 

 

"Ne voyons surtout pas dans le règne social du Christ une confusion du temporel et du spirituel. Le monde antique, païen ou juif, opère cette confusion, et l'empereur Constantin conservera une vision païenne du pouvoir où le Prince Souverain Pontife intervient dans les affaires religieuses (césarisme). De très bonne heure, c'est l'Occident pourtant qui admit la dualité des pouvoirs temporel (séculier) et spirituel (religieux) : "Duo quippe sunt potestates", en effet il y a deux pouvoirs, écrit le pape Gélase Ier à l'empereur Anastase au Ve siècle en 494 pour le réprimander de cette tendance des empereurs à vouloir dire la doctrine et décider pour l'Église.

 

"Saint Augustin au Ve siècle distingue "les deux cités" (temporel et spirituel). La "réforme grégorienne" au XIe siècle corrigera ce défaut de l'empiètement des rois et des empereurs (Voir un peu plus bas). C'est le Christ qui distingue le temporel du spirituel : 'Rendez à César ce qui appartient à César' (Mc 12,17; Mt 22,21, Lc 20,25).

Mais si Jésus affirme sa royauté spirituelle, le monde, lui, n'a pas droit à l'indifférence religieuse : "Je suis la lumière du monde" (Jn 8,12) (Gérard BEDEL, Le Cardinal Pie, Un défenseur des droits de Dieu, Clovis Diffusion, Suresnes 2015, p. 61). En Lituanie, en 2009, la laïcité n'empêche pas la Royauté sociale du Christ. Simplement, la distinction ne veut pas dire séparation. Rendre à César ce qui est à César ne dispense pas César de rendre à Dieu ce qui est à Dieu.

Il y a une "saine laïcité" (Pie XII) et selon S. Jean-Paul II une "saine collaboration" (Mémoire et identité, Le testament politique et spirituel du pape, Flammarion 2005, p.145-146)

 

"Dire que Jésus-Christ est le Dieu des individus, et n'est pas le Dieu des sociétés, c'est dire qu'il n'est pas Dieu, dire que le christianisme est la loi de l'homme individuel et n'est pas la loi de l'homme collectif, c'est finalement dire que Christ n'est pas divin..., dire que l'Église est juge de la morale privée et n'a rien à voir avec la morale publique, c'est dire finalement qu'elle n'est pas divine." (Cardinal Pie).

En substituant la philosophie à la religion, le profane au Sacré, la thèse libérale moderne prétend fonder un contrat social indépendant de toute société extérieure à l'État. Dans ce système, tout vient de l'État et tout revient à l'État. Mais cette thèse qui prétend que l'État doit être purement laïque est une exagération de la parole du Christ et aboutit à rendre tout à César. "C'est-à-dire encore que, sous prétexte d'échapper à la théocratie imaginaire de l'Église, il faut acclamer une autre théocratie aussi absolue qu'elle est illégitime, la théocratie de César, chef et arbitre de la religion, oracle suprême de la doctrine et du droit..." (Cardinal Pie, Homélie sur le Panégyrique de saint Emilien, Nantes, 8 novembre 1859, III, p. 511-518 cité in Gérard Bedel, Le Cardinal Pie, ibid., p. 65-66.) Le pape Pie IX (1846-1878), a ainsi pu légitimement dénoncer un défaut majeur de l'État moderne, en ce qu'il se proclame "origine et source de tout droit", qui prétend jouir "d'un droit qui n'est circonscrit par aucune limite." (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je, 4e édition, Paris 2018, p. 91.) 

 

La royauté de Jésus n'a rien à voir avec nos images habituelles des rois.

 

L'Évangile (Mt 21,1 - 9, Mc 11,1 - 10, Lc 19, 28 - 40) raconte qu'à proximité de la fête de la Pâque juive, Jésus décida de faire une entrée solennelle à Jérusalem (Rameaux). Il organisa son entrée en envoyant deux disciples chercher un ânon. Il entra à Jérusalem sur une monture pour se manifester publiquement comme le Messie que les juifs attendaient. C'est une monture modeste comme l'avait annoncé le prophète pour montrer le caractère humble et pacifique de son règne.

 

"Il est le Roi des cœurs, à cause de son inconcevable charité qui surpasse toute compréhension humaine (Eph 3:19) et à cause de sa douceur et de sa bonté qui attirent à lui tous les cœurs: car dans tout le genre humain il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais personne pour être aimé comme le Christ Jésus." (Quas Primas 4) 

 

Sur la Croix, alors que deux malfaiteurs étaient crucifiés avec lui, le peuple restait là à observer, les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : "Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu !" Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, en disant :"Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même !" Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : "Celui-ci est le roi des Juifs." L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : "N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi !" Mais l’autre lui fit de vifs reproches : "Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal." Et il disait : "Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume." Jésus lui déclara : "Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis." (Lc 23,35-40)

 

"Il est venu tout réconcilier, faisant la paix par le sang de sa croix (Col. 1:20); C’est lui, le Christ, qui est notre paix ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui séparait, le mur de la haine ; il a supprimé les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu les uns et les autres par le moyen de la croix; en sa personne il a tué la haine (Ephésiens 2,14-16); il n'est pas venu pour être servi, mais pour servir (Mt 20:28).

 

"Que le plus grand parmi vous se comporte comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert... Moi je suis au milieu de vous comme le serviteur." (Lc 22,26-27); maître de toutes créatures, il a donné lui-même l'exemple de l'humilité et a fait de l'humilité, jointe au précepte de la charité, sa loi principale; il a dit encore: Mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. (Mt 11,30)" (Quas Primas 15). Il n'existe de salut en aucun autre; aucun autre nom ici-bas n'a été donné aux hommes qu'il leur faille invoquer pour être sauvés (Ac 4:12).

 

De la lignée de David, choisi par Dieu et marqué par l'onction royale, Il est le pasteur et le roi qui refait l'unité du peuple. Ce royaume, Saint Paul en parle non pas comme d'un monde étranger, d'un au-delà, mais comme une réalité déjà présente dans laquelle nous sommes déjà introduits par le Christ et avec lui. Jésus a tout réconcilié par le sang de sa croix. Ce royaume est déjà commencé, malgré les violences et les ténèbres qui enserrent notre monde. (Col. 1, 13-20)

 

Prétendre que le Christ ne doit pas régner sur les sociétés revient à dire que le Christ serait mort en vain sur la Croix et que ses lois n'auraient pas à être suivies par les souverains et les nations. "Dire que Jésus-Christ est le Dieu des individus et des familles, et n'est pas le Dieu des peuples et des sociétés, c'est dire qu'il n'est pas Dieu. Dire que le christianisme est la loi de l'homme individuel et n'est pas la loi de l'homme collectif, c'est dire que le christianisme n'est pas divin. [...] C'est le droit de Dieu de commander aux états comme aux individus. Ce n'est pas pour autre chose que N.-S. est venu sur la terre." (La Royauté sociale de N.S. Jésus-Christ, d'après le Cardinal Pie, P. Théotime de Saint-Just, ibid., p. 43-44; 73).

 

Devant Pilate lui demandant s'il était roi, Jésus répondit : "Tu l'as dit, je suis roi. Si je suis né et si je suis venu dans le monde, c'est pour rendre témoignage à la vérité; quiconque est de la vérité, écoute ma voix." (Jn, 18:37).

 

Le titulus crucis, titre de la Croix que Pilate fit placer au-dessus de la tête du Christ lors de sa crucifixion est "Iesvs Nazarenvs, Rex Ivdæorvm" (INRI), "Jésus de Nazareth, Roi des Juifs" (Jn 19, 19). L'inscription était en trois langues, en hébreu, en grec et en latin (Jn 19,20).

 

Le grand moyen de promouvoir ce règne, c'est la prière qui vivifie l'action et obtient du Ciel le succès que nos seuls efforts ne sauraient procurer. (La Royauté sociale de N.S. Jésus-Christ, d'après le Cardinal Pie, P. Théotime de Saint-Just, ibid., p. 86.)

 

Se manifestant aux Onze pendant qu'ils étaient à table, Jésus ressuscité leur dit : "Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création." (Mc 16,15). En montant au Ciel, lors de son Ascension, Jésus adressa encore ces paroles explicites à ses disciples : "Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre", leur commandant : "Allez donc: de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps." (Mt 28:18-19). "Garder" ce qu'Il a prescrit, "tout pouvoir" lui ayant été donné, "au ciel et sur la terre", sont les termes qu'emploie Jésus. Il y a un devoir d'évangéliser les nations sur la terre, c'est-à-dire d'apprendre aux nations, et à leurs souverains, à "garder" les enseignements du Christ. 

A Lui seul soit le gouvernement

 

La louange et la joie

 

Jusqu'à l'accomplissement des temps. Amen !

 

Les jours meilleurs arrivent !

 

Les bons temps arrivent !

 

Par le rachat du Sang du Christ !

 

Maintien dans la joie

 

Félicitations !

 

Et bonne fortune !

 

La Paix du Christ vient

 

Le Règne du Chrits arrive

 

Rendons grâce à Dieu. Amen.

 

La Grande guerre prouve la vanité de l'optimisme des "Lumières". Cherchant à rétablir la distinction des deux pouvoirs temporel et spirituel, opposant une "laïcité saine" à la "laïcité anticléricale", et constatant l'échec du système libéral moderne, cet athéisme public où tout vient de César et revient à César, et où une modernité crée des rapports sociaux injustes, méprise l'autorité spirituelle et conduit au "suicide de l'Europe civilisée" via des idées politiques autoritaires ou totalitaires, suite au conflit mondial de 1914, le pape Pie XI (1922-1939) instaure en 1925 la fête et la théologie du Christ-Roi comme remède. 

21. Les Etats, à leur tour, apprendront par la célébration annuelle de cette fête que les gouvernants et les magistrats ont l'obligation, aussi bien que les particuliers, de rendre au Christ un culte public et d'obéir à ses lois. Les chefs de la société civile se rappelleront, de leur côté, le dernier jugement, où le Christ accusera ceux qui l'ont expulsé de la vie publique, mais aussi ceux qui l'ont dédaigneusement mis de côté ou ignoré, et punira de pareils outrages par les châtiments les plus terribles."

(
Pie XI, Lettre encyclique Quas Primas instituant la fête du Christ-Roi, § 21., 1925)


La Royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ (Cardinal Pie)
 
P. THEOTIME DE SAINT JUST O.M.C.
LECTEUR EMERITE EN THEOLOGIE
LA ROYAUTÉ SOCIALE DE N. S. JESUS-CHRIST D’APRÈS LE CARDINAL PIE

 

Image du Christ, Roi des Nations; extrait de la magnifique tenture de l'Apocalyspe exposée au chateau d'Angers, rescapée des destructions de la Révolution dite française.(Merci aux divers responsables qui ont permis la mise en valeur de ce trésor)
Image du Christ, Roi des Nations; extrait de la magnifique tenture de l'Apocalyspe exposée au chateau d'Angers, rescapée des destructions de la Révolution dite française.(Merci aux divers responsables qui ont permis la mise en valeur de ce trésor)

 

{Editions de Chiré BP 1 86190 Chiré en Montreuil 05 49 51 83 04 /
Editions Sainte jeanne d'Arc les Guillots 18260 Villegenon 02 48 73 74 22 }


«JESUS-CHRIST EST LA PIERRE ANGULAIRE DE TOUT L'EDIFICE SOCIAL. LUI DE MOINS, TOUT S'EBRANLE, TOUT SE DIVISE, TOUT PERIT...»

«METTEZ DONC AU CŒUR DE NOS CONTEMPORAINS, AU COEUR DE NOS HOMMES PUBLICS, CETTE CONVICTION PROFONDE QU'ILS NE POURRONT RIEN POUR LE RAFFERMISSEMENT DE LA PATRIE ET DE SES LIBERTES, TANT QU'ILS NE LUI DONNERONT PAS POUR BASE LA PIERRE QUI A ETE POSEE PAR LA MAIN DIVINE : PETRA AUTEM ERAT CHRISTUS ».

«JESUS-CHRIST, C'EST LA PIERRE ANGULAIRE DE NOTRE PAYS, LA RECAPITULATION DE NOTRE PAYS, LE SOMMAIRE DE NOTRE HISTOIRE, JESUS-CHRIST, C'EST TOUT NOTRE AVENIR... » (CARDINAL PIE : ŒUVRES , V, 333 ; VIII, 54 ; X, 493).

"Les Pères de l'Église élaborent un 'hellénisme chrétien' qui est un véritable miracle de l'histoire humaine', comme le dit le cardinal Daniélou (L'Église des premiers temps, Seuil, 1985, p. 137). La formule est excellente.

 

"L'hellénisme chrétien à l'origine de la civilisation occidentale aurait pu avec le temps inscrire l'histoire dans le dessein de Dieu, sans la Révolution évidemment, c'est-à-dire sans la Renaissance, donc sans les ésotéristes chrétiens, et surtout sans le mouvement ésotérique qui va transmettre la pensée hellénistique aux initiés de la Renaissance et de la Révolution, ces deux défaites de l'Occident chrétien.

 

"[...] Saint Augustin a latinisé la culture grecque, ce qui permet à l'augustinisme d'atteindre à l'universel." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 116; 233)

 

On a pu reprocher les empiétements de l'Église sur le pouvoir temporel des rois. Ceux-ci ont une explication historique simple : des empereurs de la Rome tardive ont prétendu intervenir dans la vie de la jeune Église chrétienne en nommant les évêques, en imposant des papes, en convoquant des conciles, en légiférant en matière de discipline ecclésiastique, en intervenant dans les débats doctrinaux. 

Les rois capétiens, les rois d'Angleterre, les empereurs du Saint empire romain germanique furent ainsi nombreux à intervenir dans la vie de l'Église, en désignant des évêques, légiférant en matière de discipline ecclésiastique. (Source: Dictionnaire du Moyen-Âge, sous la direction de Claude Gauvard, Alain de Libera, Michel Zink, Quadrige, Puf, 2002, p. 242).

 

Or, l'Église est seule maîtresse de sa morale et de son dogme (Cf. Saint Athanase, Saint Ambroise, Saint Jean Chrysostome, Saint Augustin). 

 

L'idée (venant de sectes protestantes) selon laquelle l'empereur Constantin (310-337) et les empereurs suivants auraient modifié la foi chrétienne dans un sens "païen" est facilement réfutable si vous lisez simplement les Pères de l'Église de cette époque. Ils luttaient constamment pour la foi catholique contre la pression impériale et la persécution. Et ils ont gagné :

 

"Après la conversion de l'Empire, (...) dès Constantin (...) l''évêque du dehors' (l'empereur) qui convoquait les conciles, s'engagea résolument dans les querelles religieuses. (...) Cette politique religieuse des empereurs allait peser lourdement sur les destinées de la chrétienté. (...) Dan son Histoire des Ariens, Athanase reproduit (...) la réponse de ses collègues occidentaux (Hilaire de Poitiers, Osius) à l'empereur, lors du concile de Milan (355). S'adressant au Pères, Constance (337-361) les pressait de signer la déposition du patriarche d'Alexandrie, champion de l'orthodoxie nicéenne (catholique).

 

"(...) 'Ils (les Pères) remontrèrent à l'empereur, écrit Athanase, que l'autorité n'était pas à lui, que Dieu la lui avait donnée... Ils lui conseillèrent de ne pas introduire la confusion dans les choses ecclésiastiques, de ne pas introduire le pouvoir civil dans la constitution de l'Eglise.'

 

"(...) Osius de Cordoue, écrivait dans le même sens, et avec plus de vigueur (356) : 'Il nous est ordonné de rendre à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Il ne nous est pas permis de nous attribuer l'autorité impériale. Vous n'avez aussi aucun pouvoir dans le ministère des saints choses.' (Historia arianorum 40)

 

"(...) Gélase (492-496) s'inquiétait fort de l'action impériale en faveur de l'hérésie monophysite. (...) Dans le De anathematis vinculo (494) il montre pourquoi le pouvoir royal a perdu ses attributions religieuses depuis l'avènement du Christ :

 

"Avant l'avènement du Christ, (...) il y eut des hommes qui furent réellement prêtres et rois tout ensemble, tel Melchisédech, comme nous le raconte l'histoire sainte. Le diable en a fait autant avec les siens, lui qui s'efforce de revendiquer tyranniquement pour lui les honneurs dus au seul Dieu : c'est ainsi que les empereurs païens ont été appelés également grands pontifes. Mais depuis qu'a paru le véritable prêtre et roi, l'empereur ne s'est plus attribué désormais le titre de pontife et le prêtre n'a plus revendiqué la dignité royale.

 

"Ainsi (...) depuis l'Incarnation, seul le Christ peut être prêtre et roi. (...) Il explique pourquoi le Christ a séparé ces deux dignités et établi le dualisme du temporel et du spirituel : (...) le pouvoir  spirituel se tient éloigné des embûches du monde et, combattant pour Dieu, ne s'immisce pas dans les affaires du siècle, tandis qu'à son tour le pouvoir séculier se garde bien de prendre la direction des affaires divines. À rester ainsi modestement à sa place, chaque puissance évite de s'enorgueillir en accaparant pour elle toute l'autorité et elle acquiert une compétence plus grande dans les fonctions qui lui sont propres'."

 

(Source: Joseph LECLER, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, 1955, rééd. Albin Michel, Paris 1994, p. 77-81.)

 

Au IXe siècle, l'évêque Jean d'Orléans , poète à la Cour de Charlemagne, écrit: 

 

''Tous les hommes fidèles doivent savoir que l’Église universelle est le Corps du Christ ; que son Chef n'est autre que Christ ; que deux pouvoirs régnant s'y distinguent : à savoir, celui des prêtres et celui des rois ; et aussi que le pouvoir des prêtres est d'autant plus excellent que ce sont eux qui doivent rendre compte à Dieu même des rois.'' (Jean d'Orléans, évêque, Le métier de roi, ch. 1, v. 800 ap. J.-C.)

 

« Les siècles de la féodalité, longtemps définis comme des siècles de fer', correspondent en réalité au moment du "décollage" européen ». (Jean-Louis BIGET, Préface dans Florian MAZEL, 888-1180 Féodalités, Histoire de France, sous la direction de Joël Cornette, Folio, Gallimard, Trebaseleghe, Italie 2019, p. 10.) 

 

Voici donc comment l'Église s'est dégagée de l'ingérence et de l'influence des empereurs et des rois, ce qui a permis le développement inédit dans l'histoire d'une civilisation originale, distinguant le temporel du spirituel, le laïque du religieux, la civilisation occidentale :

 

Dans les sociétés païennes antiques, "ignorant des raisons de sa présence en ce monde, l'homme subissait totalement un destin qui lui était imposé par la volonté divine. Cette volonté s'exprimant au travers des prêtres (païens) qui étaient chargés de la servir, le pouvoir clérical (païen) était sans limite et pesait considérablement sur la direction de la cité jusqu'à se confondre avec elle. Pharaon, roi, dictateur ou tyran, les dirigeants antiques portaient en eux une partie de la vie divine. Ils étaient moitié fils de dieux ou de déesses, divinisés de leur vivant, tant on était convaincu que le pouvoir, même politique, échappait à la volonté de l'homme qui n'avait aucune prise sur sa destinée. L'État était une communauté religieuse, le roi un pontife, le magistrat un prêtre, la loi une formule sainte." (Fustel de Coulanges, La cité antique, Hachette 1967, p. 457).

Cette confusion totale du politique et du religieux, l'Empire romain, par l'intermédiaire d'Octave Auguste, le premier empereur, la portera à son sommet, en réalisant la fusion du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel en sa personne.

"César, à cette époque, était le grand pontife, le chef et le principal organe de la religion romaine; il était le gardien et l'interprète des croyances, il tenait dans ses mains le culte et le dogme. Sa personne même était sacrée et divine" (Fustel de Coulanges, Ibid., p. 461.).

 

Or, "le christianisme n'est pas intégré au système étatique. Il ne s'accommode pas d'un mode politique, il en dénonce les travers et les injustices. Selon Jacques Ellul, même, ''le message du christ est forcément subversif à l'égard de tous les ordres sociaux, politiques, économiques, moraux et religieux.''

 

Le christianisme introduit une distinction inédite entre religion et politique. L'évêque Ossius de Cordoue (257-359) est de ceux qui veulent tenir l'État à distance dans les questions doctrinales  : 'Ne vous mêlez pas des affaires religieuses et ne donnez pas d'ordres à ce sujet : [...] Dieu a mis la royauté dans vos mains et nous a chargés des affaires de son Église.' [...] Les pouvoirs politiques et religieux doivent donc collaborer, bien qu'ils soient distincts." (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je ?, 4e édition, Paris 2018, p. 22.)

 

Distinction (les "deux cités" de Saint Augustin) et coordination (des deux pouvoirs) est la double vérité sur laquelle s'appuie l'Église depuis Saint Augustin (Cf. Jacques CHEVALIER, De saint Augustin à saint Thomas d'Aquin: Histoire de la pensée, Préface de Serge-Thomas Bonino, Collection Philosophie européenne dirigée par Henri Hude, Editions Universitaires, vol. 3, 1992, p. 70.)

 

"Augustin conçut son ouvrage La Cité de Dieu, achevé vers 426, comme une démonstration de la compatibilité entre l'Empire et la foi. Il n'y a qu'une seule cité de Dieu, mais elle offre deux faces, l'une est terrestre, l'autre céleste, la seconde se révélant au fur et à mesure que la première s'efface. La cité de Dieu est à la fois l'Église réalisée, le ciel à venir et la communauté terrestre avec sa législation, gouvernée par le Christ. Mais cette conception mystique de l'Église laissait une liberté d'intervention concrète au profit des pouvoirs séculiers. [...] Le pape cherchait à préserver la liberté de l'Église romaine face aux empiétements impériaux, tout en reconnaissant la légitimité de l'autorité temporelle." (L'Église en procès, La Réponse des historiens, sous la direction de Jean Sévillia, Tallandier, Le Figaro, Paris 2019, p. 73.)

 

Une tradition impériale de convocation des conciles d'évêques initiée par Constantin à Nicée en 325, Théodose Ier à Constantinople en 381, Théodose II à Constantinople en 449, poursuivie en Occident par certains rois de France, comme Clovis le 10 juillet 511 à Orléans, Clotaire II à Paris en 614, Pépin le Bref à Compiègne en 757, Charlemagne à Tours et Mayence en 813, Philippe le Bel en 1312 au concile de Vienne..., en Orient par les empereurs byzantins, comme Justinien II en 692 au concile in Trullo, le IIe concile de Nicée en 787, et les empereurs germaniques, comme Frédéric Barberousse au concile de Pavie en 1160, et Sigismond au concile de Constance en 1414), voyait les conciles de l'Église convoqués par les rois

L’Église catholique romaine est la seule Église qui n’est ni une Église nationale, ni une Église d’État, ni une secte fondée par un homme ; c'est la seule Église au monde qui maintient et affirme le principe de l'unité sociale universelle contre l'égoïsme individuel et le particularisme national ; c'est la seule Église qui maintient et affirme la liberté du pouvoir spirituel contre l'absolutisme de l'État ; en un mot, c’est la seule église contre laquelle les portes de l’Hadès n’ont pas prévalu.

Vladimir Soloviev,"L'Église russe et la papauté" (1889)

 

Grégoire VII, Pape

 

Mille ans après sa fondation par le Seigneur à la Pentecôte, où saint Pierre prit la parole, la papauté est devenue presque malgré elle, de manière accidentelle, un pouvoir impliqué dans les querelles de ce monde (Les disciples du Christ ne sont pas DU monde, mais ils sont DANS le monde. Jn 17,14-18). Outre, le choix des évêques ou la convocation des conciles, "l'empereur germanique passait par-dessus le peuple romain et les notables pour nommer directement les papes

 

Le pape Saint Grégoire VII, l'un des plus grands Papes, fut au XIe siècle l'homme providentiel qui combattit tous les grands abus de cette époque. Sa "réforme grégorienne" régla les empiétements des empereurs d'Allemagne, c'est-à-dire un pouvoir politique trop envahissant, la vente des dignités ecclésiastiques (simonie), la contagion des mauvaises moeurs du clergé et dans le peuple. 

 

En 1122, le compromis du concordat de Worms, le premier de l'histoire, régla le problème: désormais, l'évêque serait élu librement par le clergé en présence de l'empereur ou de son représentant. En France, des procédures analogues furent mises en place pour l'élection des évêques.

L'Église n'a jamais enseigné la confusion des deux pouvoirs, ni l'absorption du temporel par le spirituel (théocratie), ni l'absorption du spirituel par le temporel (césarisme, gallicanisme, églises nationales), parce que ce sont des erreurs régulièrement condamnées par le Saint-Siège.

On adressait déjà cet absurde reproche (d'absorption du temporel) au pape Boniface VIII, qui, dans sa Bulle Unam, sanctam, définit contre les légistes courtisans de Philippe le Bel, déjà gallicans, la subordination (qui n'est pas absorption) de la puissance temporelle à la puissance spirituelle. "Il enseigne, disait-on, que le pape peut disposer des couronnes selon son bon plaisir..." - "Il y a quarante ans que j'étudie le doit, répondait le saint Pontife dans le Consistoire de 1303, et je sais apparemment qu'il y a deux puissances... Comment peut-on croire qu'une telle folie me soit venue à l'esprit?" (Boniface VIII, cité dans Mgr Gaume, Le dogme de l'infaillibilité.)

 

En réaction aux empiétements des pouvoirs temporels, la papauté au "Moyen-Âge" a cherché à affirmer "sa liberté tout en ouvrant la porte à une autonomie du politique, de la société, qui se serait développée grâce à cette séparation." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 17.)

"La réforme grégorienne va [...] en fait bien au-delà de la simple 'liberté' ou de la volonté de dégager les Églises des jeux politiques et de la corruption. La papauté grégorienne, veut rompre avec l'association organique des empereurs avec leurs évêques. Ce faisant, la réforme grégorienne commence à poser en des termes nouveaux la question des rapports entre pouvoir laïc et pouvoir religieux. Elle amorce à terme une forme de séparation avec les pouvoirs politiques et une laïcisation de ces derniers." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 135, 146-150.) "La réforme grégorienne fut une révolution qui agita l'Église durant un siècle et remit totalement en causes ses rapports avec le système politique. [...] Ainsi, bien avant la séparation de 1905, le principe de l'autonomie des pouvoirs séculier et spirituel était acquis, et ce en raison de l'insistance de la papauté." (L'Église en procès, La Réponse des historiens, sous la direction de Jean SÉVILLIA, Tallandier, Le Figaro, Paris 2019, p. 80.)

 

Les ordres monastiques de Cluny (Xe siècle) puis de Citeaux (Cisterciens) diffusent les principes de la réforme du clergé et d'obéissance à l'Église romaine. (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je, 4e édition, Paris 2018, p. 48.)

 

"(En Occident) Pour l'essentiel, c'est aux moines que l'on doit la transmission de l'héritage antique. [...] Le monachisme s'est répandu en Occident dès le IVe siècle, après que saint Martin a fondé le premier monastère d'Occident à Ligugé." (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, ibid., p. 37.)

Mais avant les moines, les philosophes et apologistes chrétiens (Justin, Clément d'Alexandrie, Origène) ont, eux aussi, contribué à amarrer l'héritage antique des progrès de la raison des philosophes grecs au christianisme, permettant une nouvelle civilisation "à condition de rejeter les rituels des initiés. La religion chrétienne est une digue qui protège la rationalité du dogme", à condition, également, de rejeter cet archaïsme du monisme de l'Être de l'Antiquité païenne, qui confondant le Créateur et les créatures, a pu donner lieu à des interprétations mythologiques régressives, ésotérico-magiques, irrationnelles et marchandes. (Lire Alain PASCAL sur ce sujet dans La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris, p. 139-140; 145-150.)

 

Au IIe siècle à Alexandrie, Clément enseigne de 190 à 202 dans le Didascalé (école philosophique chrétienne, sur le modèle des écoles d'Athènes) que Dieu donne à l'esprit humain les moyens de parvenir à la vérité. Élève de Clément, Origène († 254) assume dans le christianisme l'héritage de la rhétorique et de la philosophie antiques, en intégrant la philosophie platonicienne dans la théologie chrétienne.  (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, ibid., p. 23-24.)

 

"La science et la philosophie grecque n'ont jamais quitté les monastères en Occident. Les œuvres philosophiques de l'Antiquité étaient connues dans les monastères occidentaux, car la culture grecque était présente dans la synthèse augustinienne et la langue grecque restait pratiquée." (Alain PASCAL, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. des Cimes, 2e éd. revue et commentée, Paris 2015, p. 72.)

 

Le premier humanisme est chrétien. "Il consiste à faire revivre les humanités anciennes pour les christianiser et ne date pas du XVe siècle car il a été constant pendant les temps féodaux (avec les moines augustiniens, Alcuin (735-804), Gerbert (945-1003), le pape de l'an mil, Pétrarque (1304-1374) sous certains aspects, et bien sûr Nicolas V (1397-1455)" (Alain PASCAL, Les Sources occultes de la philosophie moderne, De la Gnose à la théosophie, tome 1 de la La Conspiration des philosophes, éd. des Cimes, Paris 2017, p. 106.) Surnommé le "pape humaniste", Nicolas V (1447-1455) a connu à Florence, dans l'entourage de Cosme de Médicis, Leonardo Bruni, Niccolo Niccoli et Ambrogio Traversari. Parvenu au trône de saint Pierre, il réalise l'un de ses projets en fondant la Bibliothèque vaticane.

 

"C'est du moyen-âge que sortent directement les doctrines philosophiques et scientifiques sous lesquelles on prétend l'accabler [...]. Il faut donc reléguer dans le domaines des légendes l'histoire d'une 'Renaissance' de la pensée succédant à des siècles de sommeil, d'obscurité et d'erreur..." (Étienne GILSON, La philosophie au Moyen-Âge, p. 761)

 

L'Europe a dominé le monde dès l'époque dite 'obscure' du "Moyen-Âge". L'explication première réside dans la foi des Européens en la raison, dans l'engagement manifeste de l'Église sur la voie d'une théologie rationnelle débarrassée des rituels magiques antiques (scolastique XIe-XIVe siècle), qui a rendu possibles les progrès... Et ce pourquoi les "initiés" de tous les temps l'ont haïe et l'ont combattue, car elle mettait fin à leur commerce et leur domination sur le monde.

 

"En différenciant l'Être de Dieu et l'Être du monde, elle (la scolastique) a offert un fondement métaphysique à la raison et à la liberté. [...] En étant une personne, [...] l'homme n'agit pas par nécessité ou contingence (comme tout ce qui est uniquement interne au cosmos), il est libre et responsable (y compris du Mal, c'est la sanction de la liberté).

[...] La philosophie moderne est stupide – c'est le mot – quand elle dit  que l'homme est rationnel parce qu'il a rejeté Dieu et qu'elle prône une liberté individuelle parce que la raison humaine ne peut venir que de Dieu et que la liberté est impossible à l'individu, puisqu'il est interne au cosmos. Pour preuve, l'homme moderne ne comprend plus rien, il est fou, et de moins en moins libre (il n'y a que les victimes du communisme qui s'en aperçoivent...) [...] Le monisme métaphysique est donc la cause de l'échec moderne. [...] En  régressant à avant la scolastique, la philosophie moderne ne peut pas être nouvelle, elle est nécessairement régressive. [...] Et pour cause, elle régresse à la gnose et à la kabbale.

 

"La scolastique est un immense progrès parce qu'elle a sanctifié la philosophie ancienne (qui aspirait à libérer l'homme des croyances irrationnelles des relations cosmiques antiques en accordant à l'humain la faculté rationnelle et la liberté individuelle, mais avait échoué car elle avait persisté dans le monisme de l'Être, parce que c'était la seule conception de l'époque, ou parce que les premiers philosophes, s'ils avaient peut-être eu l'échos de la Genèse [...] n'en avaient pas compris la métaphysique) en la refondant sur le dualisme métaphysique" (Un Dieu créateur et un monde créé non confondus dans l'Un antique)." (Alain PASCAL, Les Sources occultes de la philosophie moderne, De la Gnose à la théosophie, tome 1 de La Conspiration des philosophes, éd. des Cimes, Paris 2017, p. 109-111.)

 

Ainsi, au XVIIe siècle, le cardinal Richelieu, énumérant "les principes dont le gouvernement, remis en sa bonne forme, doit s'inspirer", explique que puisque "'l'homme est souverainement raisonnable, il doit souverainement faire régner sa raison [...], l'autorité contraint à l'obéissance, mais la raison y persuade.' Cette croyance en la souveraineté de la raison est contraire à la doctrine protestante. Selon Luther, le péché originel a absolument corrompu la raison et l'a rendue totalement impuissante. Selon S. Thomas d'Aquin et la majorité des scolastiques, le péché originel a seulement affaibli la raison, mais l'a laissée capable d'atteindre le vrai et le bien. Pour les catholiques et pour Richelieu, la raison reste notre meilleur instrument." (Roland MOUSNIER, L'Homme rouge ou la vie du cardinal Richelieu, Bouquins, Robert Laffont, Paris 1992, p. 752.)

 

"En Occident, sept disciplines sont étudiées dans les monastères. Ce sont les arts libéraux. La grammaire, la rhétorique et la dialectique constituent le 'Trivium', les trois premières 'voies'. À leur suite, l'arithmétique, la musique, la géométrie et l'astronomie constituent les autre 'voies' des arts mathématiques, le 'Quadrivium'. On peut trouver une ébauche des arts libéraux dans Saint Augustin, mais leur origine est antérieure au christianisme et absolument païenne. Leur première énonciation aux Temps féodaux est due à un écrivain latin du Ve siècle, Capella (360? - 428?), qui [...] condense les arts libéraux dans une 'sorte d'encyclopédie', dont le tire est Le Satyricon ou Les Noces de Mercure et de la philologie... Selon Bréhier (La philosophie du Moyen-Âge, Albin Michel, 1949), les arts libéraux ont été 'christianisés' au VIe siècle par Cassiodore (né v. 468).

"[...] Cassiodore écrit v. 540 les manuels des arts libéraux que les moines vont utiliser pendant plusieurs siècles." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 254-255.)

 

Entre le Ve siècle et le IXe siècle, Boèce (480-524), philosophe romain chrétien contemporain de Clovis, répand les œuvres d'Aristote en Occident. Son travail a été la source antique principale de la philosophie médiévale avant le XIIIe siècle. Son traité Logica vetus (logique ancienne) comprend entre autres ses traductions latines de l'Organon (Analytiques I et II), des Catégories, des Topiques, et De l'Interprétation d'Aristote, qu'il a transmis en Occident avant que soient connus les commentaires d'Averroès, philosophe andalou (1126-1198) au XIIIe siècle.

 

"La période n'est pas celle de 'l'infélicité des Goths', le long tunnel d'ignorance déploré par Rabelais et les humanistes. La convergence culturelle des élites 'barbares' et des élites gallo-romaines a permis leur fusion rapide. Au Ve et VIe siècles, aucune régression ne se discerne dans la culture des laïcs ni dans l'usage de l'écrit.

 

Geneviève BÜHRER-THIERRY, Charles MERIAUX le disent clairement :

 

"[...] Monastères et églises jouent un rôle positif dans la conservation des œuvres antiques.

 

"[...] La période du Ve au IXe siècle ne correspond donc nullement au degré zéro de la culture. Tout au contraire, elle assume un rôle primordial dans la transmission d'une grande part de la littérature latine à l'Occident des temps futurs.

 

"[...] À bien y regarder, on est donc amené à reconsidérer l'idée d'un déclin de cette noblesse sénatoriale dans la Gaule du Ve siècle en raison de l'hégémonie des chefs barbares. En vérité, la plupart des grandes familles ont maintenu leur position, entretenu un style de vie antique et participé à la transmission de la culture écrite." (Geneviève BÜHRER-THIERRY, Charles MERIAUX, La France avant la France 481-888, Histoire de France, Sous la direction de Joël Cornette, Folio Histoire, 2019, p. 19 et 40.)

 

"À partir du VIe siècle, les monastères occidentaux appliquent la Règle de S. Benoît (v. 440-547), le fondateur du monastère du Mont Cassin, proclamé récemment par l'Église 'Père de l'Europe et Patron de l'Occident, titres mérités. [...] La Règle bénédictine, rédigée en latin, s'inspire de celle de S. Basile, Père de l'Église et défenseur de Nicée, et accroît la lumière augustinienne. La Règle bénédictine oblige les moines à la fois au travail manuel et à la lecture. Par elle, les moines deviennent ainsi des artistes – ils ornent les Écritures des plus belles enluminures É, des constructeurs et des érudits. Cette maîtrise des arts et cette permanence de la culture ne permettent pas (là encore) d'accuser d''obscurantisme' les monastères bénédictins." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 256.)

 

"Dès les premiers temps, les Pères de l'Église ont enseigné que la raison était le don suprême de Dieu et le moyen d'accroître progressivement leur compréhension des Écritures et de la Révélation. En conséquence, le christianisme s'est trouvé orienté vers l'avenir, tandis que les autres grandes religions affirmaient la supériorité du passé. 

"... Comme l'enseigne Tertullien au IIe siècle : 'La raison est une chose qui vient de Dieu, pour autant qu'il n'y a rien que Dieu, qui a fait toute chose, n'ait pas fourni, disposé, ordonné par la raison, rien qu'il n'ait voulu comme devant être appréhendé et compris par la raison.' (De la Repentance, ch. I). Dans le même état d'esprit, Clément d'Alexandrie énonçait au IIe siècle une mise en garde : 'Ne croyez pas que nous disons que ces choses sont reçues seulement par la foi, mais aussi qu'elles doivent être affirmées par la raison. Car en vérité il n'est pas avisé de confier ces choses à la simple foi sans la raison, étant donné qu'assurément la vérité ne peut exister sans raison.' (Les reconnaissances de Clément : Livre II, ch. 69). (Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 7, 22-23.)

 

Saint Augustin ne faisait qu'exprimer l'opinion générale lorsqu'il soutenait que la raison était indispensable à la foi  :  'Veuille le Ciel que Dieu ne haïsse pas en nous ce par quoi il nous a faits supérieurs aux animaux ! Veuille le Ciel que nous ne croyions pas de telle façon que nous n'acceptions pas ou ne cherchions pas de raisons, puisque nous ne pourrions même pas croire si nous ne possédions pas d'âmes rationnelles.' Saint Augustin reconnaissait que 'la foi doit précéder la raison et purifier le cœur et le rendre propre à recevoir et endurer la grande lumière de la raison'. Puis il ajoutait que, bien qu'il soit nécessaire 'que la foi précède la raison dans certains domaines de grande conséquence qui ne peuvent pas encore être compris, assurément la minuscule portion de raison qui nous persuade de ceci doit précéder la foi.' (In David C. Lindberg et Ronald L. Numbers, Gods and Nature : Historical Essays on the Encounter Between Christianity ans Science, Berkeley University of California Press, 1986, 27-28.) Les théologiens scolastiques avaient bien davantage foi dans la raison que la plupart des philosophes ne sont prêts à en avoir aujourd'hui. (R. W. Southern, Medieval Humanisme and Other Studies, Harper Torchbooks, New Yord, 1970, 49). (Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 23.)

 

"Les moines augustiniens continuent d'étudier les philosophes grecs, Claudien Mamert en fournit la première preuve. Le latin est la langue occidentale, mais dire que la culture grecque reviendra en Occident avec la 'Renaissance italienne' est un mensonge. [...] Dire que les moines en Occident ignorent la culture grecque est un des mensonges historiques qui sert d'alibi à la Franc-Maçonnerie pour opposer à un imaginaire 'obscurantiste' des monastères la pseudo-'science' de la Renaissance." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 232.)

 

"Autre clerc lumineux, le pape Saint Grégoire le Grand (v. 540-606). [...] On peut dire qu'à leur manière Saint Benoît et Saint Grégoire perpétuent l'union de la raison et du cœur de l'augustinisme. Ils sont fidèles à la tradition de l'Occident chrétien, pour lequel le Vrai, idéal de la raison, est une valeur au même titre que le Beau, idéal du cœur. Le Vrai et le Beau véhiculent le Bien. Un chrétien de la tradition aime la Vérité et la Beauté qui rapprochent de Dieu, redoute le mensonge et la laideur qui sont des attributs du diable, usurpateur du vrai et du beau.

 

"[...] On peut dire qu'à partir du VIe siècle, par l'augustinisme, la Règle bénédictine et la réforme grégorienne, la lumière éclaire les monastère d'Occident, refuges de la culture et des arts en cette période de chaos due aux invasions." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 256-257.)

 

"La lumière de la tradition chrétienne éclaire la Renaissance carolingienne

"Alcuin (735-804) dirige l'École du palais à Aix-la-Chapelle et celle de Tours. Sous son autorité, des écoles sont fondées dans toute l'Europe. [...] Alcuin [...] reste un augustinien. [...] L'École du Palais copie les manuscrits des auteurs latins, qui, par les monastères atteindront les grands classiques français. Alcuin inscrit pour plusieurs siècles la culture de l'Occident dans la catholicité. Les Germains découvrent la culture antique grâce aux chrétiens. Cette culture est christianisée et transmise par les moines aux poètes et littérateurs futurs. La littérature des Temps féodaux est même si riche de culture antique qu'il est mensonger de parler de Renaissance littéraire au XVe siècle.

"[...] La Renaissance carolingienne réussit la réconciliation de l'Orient et de l'Occident dans une admirable synthèse qui s'inscrit dans la suite de l'augustinisme (développement chrétien de Platon, nécessité de la grâce pour le salut, conciliation entre foi et raison, connaissance naturelle de Dieu, négativité du mal). Elle est [...] comme l'augustinisme, un magnifique fruit de la Raison occidentale. [...]  Elle éclaire le passé grec par la Lumière de la tradition chrétienne, l'augustinisme." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, tome2, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. Cimes, 2e éd. revue et augmentée, Paris 2015, p. 97.)

Au Xe siècle, le savant Gerbert d'Aurillac (950-1003), Pape sous le nom de Sylvestre II. "Ses préoccupations sont celles d'un humaniste, il achète à grand prix des livres dans tous les pays", écrit Émile Bréhier, dans La Philosophie au Moyen-Âge (Albin Michel, 1949, p. 79), c'est-à-dire qu'il étudie les humanités anciennes et se préoccupe du sort des humains (il ne peut pas être Humaniste au sens du XVIe siècle, qui substitue l'Homme à Dieu)... En même temps que Gerbert et en relation avec lui, un autre moine savant, Abbon (945-1004) travaille "à la restauration des sciences", précise Béhier (p. 81).

"L'Occident chrétien  va connaître un apogée intellectuel à partir du XIe siècle. (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, tome2, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. Cimes, 2e éd. revue et augmentée, Paris 2015, p. 120-121.)

 

Du début du XIe siècle à la fin du XIIe siècle, la scolastique primitive débute avec la figure d'Anselme de Cantorbéry (1033-1109) et l'école de Chartres. Les œuvres d'Aristote marquées par l'influence de Platon sont copiées par Jacques de Venise († 1147) et traduites du grec au latin par Albert le Grand (1193-1206), maître dominicain de Thomas d'Aquin, qui les introduit dans les universités, en même temps que les traités scientifiques grecs.

 

Saint Thomas d'Aquin formule l'aristotélisme chrétien en appliquant à la théologie les méthodes et les exigences du raisonnement philosophique. L'engagement chrétien en faveur de la raison culmine avec sa Somme théologique, publiée à Paris à la fin du XIIIe siècle. Il avançait que dans la mesure où l'entendement des humains n'est pas suffisant pour percevoir directement l'essence des choses, il leur est nécessaire de cheminer vers la connaissance pas à pas, au moyen de la raison. Il prônait ainsi l'utilisation de la philosophie, particulièrement des principes de la logique, dans une tentative d'élaboration de la théologie. 

Alexandre de Hales (1180-1245) surnommé le "Docteur irréfragable", Robert Grossetête (1175-1253) à Lincoln, un des représentants de la Première Renaissance, et Roger Bacon (1214-1294) à Oxford (Angleterre), surnommés le "Docteur admirable", davantage portés vers l'expérience que vers la spéculation pure, identifient quelques erreurs commises par Aristote à propos des phénomènes naturels, ce qui ne les empêche nullement de reconnaître l'importance de la philosophie d'Aristote. 

La scolastique tardive du XIVe siècle est représentée par la figure de Jean Duns Scot (1266-1308), à Oxford, Paris et Cologne, le "docteur subtil" qui donne une priorité à la volonté (d'où l'étiquette de "volontarisme") devant les autres facultés comme l'intelligence intellectualiste ou la charité.

Les apports du christianisme

 

Imparfaite, mais néanmoins grande, la civilisation de la chrétienté formée par l’Église catholique est une civilisation dont nous pouvons et devons être fiers. Aucune n’a produit autant de fruits dans tous les domaines de la vie.

Les œuvres du Christ ne reculent pas, mais elles progressent.

Saint Bonaventure

‘’(Le christianisme) leva sur le monde, avec l’étendard du Calvaire, le vrai drapeau de la réforme. Il attaqua l’orgueil par l’humilité, il attaqua la cupidité (passion immodérée de la richesse) par la pauvreté, il attaqua le sensualisme par la mortification, il opposa à la concupiscence qui précipitait toutes les décadences la sainteté qui allait susciter tous les Progrès … Et … le monde se trouva replacé sur cette route royale où depuis deux mille ans il remonte avec Jésus-Christ. ... Le christianisme a réformé et fait progresser le monde parce qu'il a attaqué résolument la concupiscence (Concupiscentia carnis, concupiscence de la chair ou sensualisme, péché originel, l'âme qui s'incline sous l'empire du corps, la prépondérance désordonnée de la vie des sens sur la vie de l'esprit) : au contraire, toutes les réformes qui reculent devant elle, réforme religieuse, politique ou sociale, échouent fatalement, et conduisent aux décadences sous le drapeau du Progrès. ... (En effet), ... ce qu'il y a de plus effrayant dans ... ces tendances de notre temps, c'est d'entendre vanter comme élément et principe de Progrès, ce mal profond (le sensualisme) qui dévore le Progrès.’’ (Joseph FELIX, Le Progrès par le christianisme 1857, Conférences de Notre-Dame de Paris, Forgotten Books, p. 87-88; 103; 145.)

 

"Le christianisme irrigue toutes les constructions sociales, il est le modèle d’explication des sociétés, des cultures et du système de pensée occidental dans ses structures conceptuelles. Il se présente comme la constituante essentielle de l’histoire des civilisations et des hommes. Cette assertion, indéniable aujourd’hui et scientifiquement acquise..." (Bénédicte Sère, Histoire générale du christianisme. Volume I : Des origines au xve siècle, dir. Jean-Robert Armogathe, Pascal Montaubin, Michel-Yves Perrin, Revue de l’histoire des religions [En ligne], 1 | 2012, mis en ligne le 04 avril 2012. URL : http://journals.openedition.org/rhr/7840 )

 

Tout ce qui caractérise l'Europe est dû au christianisme

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"Le catholicisme est ... la plus tolérante de toutes les religions, puisque la seule qui ne différencie pas le statut du croyant et du non-croyant.

 

"(...) Sans l'Incarnation de Jésus, ni la reconnaissance d'une destinée personnelle, ni la liberté accordée à tous les hommes égaux devant Dieu, ni la domination rationnelle de l'homme sur la nature ne sont concevables. Berdiaev (1874-1948) a démontré que, par la suite de l'Incarnation christique, toute la part traditionnellement magique de la nature était abolie, ce qui permettait l'étude scientifique de la nature, par démystifcation. Ce n'est pas (...)  le cas du judaïsme (ni de l'islam qui prône et vit une théocratie, la soumission du temporel au spirituel). Le judaïsme  envisage toujours un destin collectif, n'accorde pas le même statut au juif et au goy, et ne s'est pas clairement départi de l'ancienne cosmologie (...), notamment dans son ésotérisme kabbalistique.

 

"Incidences politiques évidentes : la Démocratie est d'origine chrétienne, (...) Comme dans le christianisme pour lequel chaque homme est égal devant Dieu, dans la Démocratie chaque citoyen est égal devant la loi (qu'il ne le soit pas dans les faits n'est pas du domaine religieux). (Alain Pascal, La Trahison des initiés, 3e édition revue et corrigée, éd. Cimes, Paris 2013, p. 221; 229.)

 

Par exemple : "aucune nation, aucune démocratie ne peut écrire sa propre histoire sans reconnaître à la France une dette ou une influence directe." a pu écrire Théodore ZELDIN, dans "Histoire des passions françaises, 1848-1945" (tome 5, Points Histoire, Paris-Mesnil 1981, p. 446.) à propos de la France, Fille aînée de l'Eglise.

 

Le self-government rural ou la "démocratie" et des élections à la pluralité des voix dans chaque village était un usage courant sous l'"Ancien Régime". (Frantz FUNCK-BRENTANO, La Société sous l'Ancien Régime, Flammarion, Lagny 1934, p. 33-35.)

 

"Les rois du vieux temps laissaient se gouverner leurs sujets à l'abri de leur autorité souveraine. [...] Dallington va jusqu'à définir la France sous le gouvernement de ses princes, 'une vaste démocratie'." (Frantz FUNCK-BRENTANO, L'Ancien Régime, Les Grandes études Historiques, Librairie Arthème Fayard, Paris 1926, p. 525-526.)

 

Le parlement local était élu par la population locale. Chaque grande ville élisait ses dirigeants, désignés parfois sous le terme d'échevin. (Pierre GAXOTTE, La Révolution française, Nouvelle édition établie par Jean Tulard, Éditions Complexe, Bruxelles 1988, p. 9-10.) Mais, "dans certaines provinces, les sujets du roi pouvait naître, vivre et mourir sans avoir directement affaire à l’Etat." (Michel ANTOINE, Louis XV, Fayard, 1989).

 

Sous "l'Ancien Régime", "le principe des libertés nationales était posé dans cette maxime fondamentale de l'Etat français : Lex fit consensu populi et constitutione regis. "Consentement de la nation et décret du prince", voilà l'antique formule du pouvoir législatif en France, depuis l'établissement de la monarchie." (Mgr FREPPEL, La Révolution française, Autour du centenaire de 1789, Paris: A. Roger et F. Chernoviz, 1889, p. 33.)

 

"L'enseignement était obligatoire et gratuit. [...] Au cours de son livre L'École sous la Révolution, V. Pierre constate qu'il y avait en 1789 des écoles dans chaque paroisse 'et presque dans chaque hameau'." (Frantz-FUNCK-BRENTANO, La Société sous l'Ancien Régime, Flammarion, Lagny 1934, pp. 50-51.)

La liberté et l'égalité sont des principes monarchiques français qui ont été dévoyés par l'oligarchie républicaine.  

 

"Dans le régime démocratique, [...] (e)n théorie, le nouveau citoyen se voit reconnaître un pouvoir de contribuer à la formation des décisions. [...] Mais en réalité, il a moins de prise sur la décision qu'il n'en a jamais eu (Voir Patrice Gueniffey, Le Nombre et la raison, La Révolution française et les élections, éd. de l'EHESS, Paris 1993, p. 208-213). En effet, la participation démocratique [...], constitue une double fiction dont l'effet est de transférer le pouvoir théoriquement possédé par les individus à une oligarchie composée de professionnels de la politique. Cette oligarchie trie les problèmes et définit les termes dans lesquels ils peuvent être résolus, médiation indispensable pour transmuer la poussière des volontés individuelles en 'volonté collective'." (Patrice Gueniffey, La Politique de la Terreur, Essai sur la violence révolutionnaireFayard 2000, réed. Tel Gallimard, Mesnil-sur-l'Estrée 2003, p. 206-210.)

 

"L'État de nos jours est plus directif que sous l'Ancien Régime. [...] La plus libérale des démocraties actuelles est bien plus absolue que la monarchie dite 'absolue'... En effet, l’autorité étatique y est beaucoup plus à même d’imposer sa volonté." (Jean-Louis Harouel, L’esprit des institutions d’Ancien Régime, Le miracle capétien, Perrin, 1987).

 

"Les théoriciens chrétiens proposaient depuis longtemps des théories sur la nature de l'égalité et sur les droits de l'individu. Le travail ultérieur de théoriciens politiques 'laïques' tels que John Locke a été explicitement fondé sur des axiomes égalitaires posés par les penseurs religieux." (Jeremy Waldron, God, Locke, and Equality, Cambridge University Press, 2002, cité in Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 11). 

 

"Beaucoup expriment également de l'admiration pour les œuvres de John Locke au XVIIe siècle comme étant une source majeure de la théorie démocratique moderne, apparemment sans se rendre compte le moins du monde que Locke fonda explicitement toute sa thèse sur les doctrines chrétiennes concernant l'égalité morale." (Jeremy Waldron, ibid.cité in Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, ibid., p. 119.)

 

Ainsi, ‘’le christianisme n'est pas seulement une foi, c'est une foi qui a baptisé une civilisation : celle de la dignité des hommes, de la liberté, de la responsabilité, de l'égalité. Détruisez le christianisme et vous aurez détruit cette civilisation. Reléguez la foi chrétienne au rôle d'un récit et vous aurez perdu notre fondement. Et notre identité aussi : car si les autres vous frappent parce que vous êtes juif et chrétien et que vous ne donnez aucun poids à cet être, alors les autres sont quelqu'un et vous n'êtes personne, n'ayant rien à défendre. C'est la leçon, très personnelle, que j'ai tirée de la tragédie du 11 septembre et que j'ai renforcée lors de mes rencontres avec Ratzinger. Il avait de la lucidité et du courage,’’ a pu ainsi expliqué le sénateur libéral italien, philosophe et universitaire, Marcello Pera, qui a rencontré à plusieurs reprises Benoît XVI après avoir lu le livre de Joseph Ratzinger, "Foi, Vérité, Tolérance".

 

Rappelons les progrès scientifiques et moraux dus au christianisme. Le christianisme est directement responsable des percées intellectuelles, politiques, scientifiques et économiques les plus significatives du dernier millénaire; la théologie chrétienne en est la source même. "Les autres grandes religions ont mis l'accent sur le mystère, l'obéissance, l'introspection ou la répétition. Seul le christianisme s'est ouvert à la logique et à la pensée déductive comme moyens d'accès aux lumières, à la liberté et au progrès. Au Ve siècle déjà, saint Augustin célébrait le progrès théologique et "l'invention exubérante". Les valeurs qui nous sont les plus chères aujourd'hui - le progrès scientifique, le règne de la démocratie, la liberté des échanges et de la circulation des hommes et des idées - doivent largement leur universalité au christianisme vu comme une tradition grandiose dont nous sommes tous les héritiers", écrit Rodney STARK dans son ouvrage "Le triomphe de la raison : pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, traduction de Gérard Hocmard, Paris, Presses de la Renaissance, 2007.) 

 

"Non seulement la science et la religion étaient compatibles, mais elles étaient inséparables : l'essor de la science a été le fait de penseurs chrétiens profondément religieux. (Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 30.) 

 

Ceux qui participèrent aux grands progrès des XVI et XVIIe siècles, Newton, Kepler, et Galilée ont perçu leurs travaux comme étant 'au service' de la théologie. Ils considéraient la Création elle-même comme un livre qu'il fallait lire et comprendre. (David Lyle Jeffrey, By Things Seen : Reference and Recognition in Medieval Tought, Ottawa Université of Ottawa Press, 1979, 14). René Descartes justifiait sa recherche des 'lois' naturelles par le fait que de telles lois doivent nécessairement exister puisque Dieu est parfait et qu''il agit de manière aussi constante et immuable que possible', à la rare exception des miracles. (Œuvres, Livre VIII, ch. 61.)

 

Au VIIe siècle, les sacrifices humains en Europe étaient encore pratiqués dans certaines régions païennes comme la Frise où les enfants étaient "noyés dans la mer par la marée montante afin d'apaiser la colère des dieux" (Geneviève BÜHRER-THIERRY, Charles MERIAUX, La France avant la France 471-888, Histoire de France, Sous la direction de Joël Cornette, Folio Histoire, 2019, p. 276); en Suède où les habitants de l'île de Gotland sacrifiaient leurs enfants, en Norvège où on jetait les enfants sur des lances, en Islande où des êtres humains étaient jetés dans des fosses sacrificielles (blotgrafar, des puits à offrandes); en Suède encore à Uppsala où tous les neuf ans, des hommes étaient sacrifiés pendus dans un bois près du temple, ou noyés dans une source (Stéphane COVIAUX, La fin du Monde Viking, Passés Composés, Paris 2019, p. 158); au Danemark au Xe siècle, où l'archéologie témoigne de l'existence de sites dédiés aux sacrifices rituels, y compris humains, à Tisso, près de la grande halle, ou à Trelleborg. 

Ces sacrifices humains réalisés dans l'espoir de se concilier les dieux Odin, Thor et Freya, parce que leur sang avait davantage de prix, avaient disparu au XIIIe siècle dans la "Chrétienté", et au XVIe siècle dans le monde, en Amérique latine. "Ils ne cesseront définitivement qu'une fois le christianisme bien implanté." (Jean RENAUD, Les vikings, vérités et légendes, Perrin, 2019, p. 294-302.)

 

L'infanticide et l'exposition des enfants. L'anthropologue Laila Williamson note que "l'infanticide a été pratiqué sur tous les continents et par des gens de tous niveaux de complexité culturelle, des chasseurs-cueilleurs aux grandes civilisations, y compris nos propres ancêtres. Plutôt que d'être une exception, il a donc été la règle. (Laila Williamson, Infanticide: an anthropological analysis, in Kohl, Marvin (ed.). Infanticide and the Value of Life, NY: Prometheus Books, 1978, pp. 61–75.)

Une méthode d'infanticide fréquente dans l'Europe et l'Asie anciennes consistait simplement à abandonner le nourrisson , le laissant mourir par exposition (c'est-à-dire par Hypothermie, faim, soif ou attaque animale). [John Eastburn Boswell, "Exposition et oblation: l'abandon des enfants et la famille antique et médiévale". Revue historique américaine, 1984.]

Les Grecs historiques considéraient la pratique du sacrifice des adultes et des enfants comme barbare [26], cependant, l'exposition des nouveau-nés était largement pratiquée dans la Grèce antique , elle était même préconisée par Aristote dans le cas de la déformation congénitale - "Quant à l'exposition des enfants, qu'il y ait une loi interdisant à un enfant déformé de vivre. » [PM Dunn, "Aristotle (384–322 bc): philosopher and scientist of ancient Greece, 2006] En Grèce, la décision d'exposer un enfant appartenait généralement au père, bien qu'à Sparte, la décision ait été prise par un groupe d'anciens.

Cette pratique était également répandue dans la Rome antique. Selon la mythologie, Romulus et Remus , deux fils jumeaux du dieu de la guerre Mars, ont survécu au quasi-infanticide après avoir été jetés dans le Tibre. Selon le mythe, ils ont été élevés par des loups et ont ensuite fondé la ville de Rome.

Philon a été le premier philosophe à se prononcer contre. [The Special Laws. Cambridge: Harvard University Press. III, XX.117, Volume VII, pp. 118, 551, 549.] Une lettre d'un citoyen romain à sa sœur ou à une femme enceinte de son mari [Greg Woolf (2007). Ancient civilizations: the illustrated guide to belief, mythology, and art. Barnes & Noble. p. 386.], datant du 1er av. J.-C., montre la nature décontractée avec laquelle l'infanticide était souvent considéré.

Dans certaines périodes de l'histoire romaine, il était traditionnel qu'un nouveau-né soit amené au pater familias , le patriarche de la famille, qui déciderait alors si l'enfant devait être gardé et élevé, ou laissé mourir par exposition. [John Crossan, The Essential Jesus: Original Sayings and Earliest Images, p. 151, Castle, 1994, 1998] Les Douze Tables de droit romain l'ont obligé à mettre à mort un enfant visiblement déformé. Les pratiques concurrentes d' esclavage et d'infanticide ont contribué au «bruit de fond» des crises de la République.

L'infanticide est devenu une infraction capitale en droit romain en 374 après JC , mais les contrevenants étaient rarement, sinon jamais, poursuivis. [Samuel X. Radbill, 1974, "A history of child abuse and infanticide", in Steinmetz, Suzanne K. and Murray A. Straus (ed.). Violence in the Family. NY: Dodd, Mead & Co, pp. 173–179.]

La première maison d'enfant trouvé en Europe a été établie à Milan en 787 en raison du nombre élevé d'infanticides et de naissances hors mariage. L' hôpital du Saint-Esprit à Rome a été fondé par le pape Innocent III parce que les femmes jetaient leurs enfants dans le Tibre. [Richard Trexler, (1973). "Infanticide in Florence: new sources and first results". History of Childhood Quarterly. 1: 99.]

Contrairement à d'autres régions européennes, au Moyen Âge, la mère allemande avait le droit d'exposer le nouveau-né. [C.W. Westrup (1944). Introduction to Roman Law. London: Oxford University Press. p. 249.]

Au Haut Moyen Âge, l'abandon d'enfants non désirés a finalement éclipsé l'infanticide. Les enfants non désirés étaient laissés à la porte de l'église ou de l'abbaye, et le clergé était supposé prendre soin de leur éducation. Cette pratique a donné naissance aux premiers orphelinats. (Josiah Cox Russell, 1958, Late Ancient and Medieval Population, pp. 13-17.]

Le judaïsme interdisait l'infanticide. Tacite a enregistré que les Juifs "considèrent comme un crime de tuer tout enfant né tard". [Tacitus (1931). The Histories. London: William Heinemann. Volume II, 183.] Josephus , dont les travaux donnent un aperçu important du judaïsme du 1er siècle, a écrit que Dieu "interdit aux femmes de provoquer l'avortement de ce qui est engendré, ou de le détruire par la suite". [Josephus (1976). The Works of Flavius Josephus, "Against Apion". Cambridge: Harvard University Press. pp. II.25, p. 597.]

Dans les tribus païennes germaniques, John Boswell écrit que les enfants indésirables étaient exposés, généralement dans la forêt. "C'était la coutume des païens [teutoniques], que s'ils voulaient tuer un fils ou une fille, ils seraient tués avant d'avoir reçu de la nourriture." [Boswell, John (1988). The Kindness of Strangers. NY: Vintage Books.] Habituellement, les enfants nés hors mariage étaient disposés de cette façon.

Dans son Temps préhistoriques très influent, John Lubbock a décrit des os brûlés indiquant la pratique du sacrifice d'enfants dans la Grande-Bretagne païenne. [John Lubbock (1865). Pre-historic Times, as Illustrated by Ancient Remains, and the Manners and Customs of Modern Savages. London: Williams and Norgate. p. 176.]

Le dernier canto, Marjatan poika (Fils de Marjatta) de l'épopée nationale finlandaise Kalevala décrit un infanticide supposé. Väinämöinen ordonne que l'enfant bâtard de Marjatta se noie dans le marais.

Le Íslendingabók , une source principale pour la première histoire de l'Islande , raconte que lors de la conversion de l'Islande au christianisme en 1000, il a été prévu - afin de rendre la transition plus agréable pour les païens - que "les anciennes lois autorisant l'exposition des nouveau-nés resterait en vigueur". Cependant, cette disposition - comme d'autres concessions faites à l'époque aux païens - fut abolie quelques années plus tard.

Ce sont les principes chrétiens sur lesquels la civilisation occidentale a été fondée qui ont d'abord interdit, puis empêché pendant si longtemps et pendant tant de siècles le meurtre d'enfants. 

 

"Le christianisme a libéré les femmes." (Jacques Le Goff).

 

"Le christianisme est la religion qui valorise le plus le féminin, car la femme [...] y est l'égale de l'homme pour le salut. Il n'y a plus 'ni homme, ni femme', écrit Saint Paul (Ga 3,28).

 

"Par rapport au passé, le christianisme offre [...] une nouvelle dignité à la femme par un mariage qui met fin à la polygamie orientale et lui accorde le droit à l'amour. La femme n'est plus un objet de plaisir." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, tome 2, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. Cimes, 2e éd. revue et augmentée, Paris 2015, p. 213.)

 

De même, le consentement dans le mariage est une révolution introduite avec l'institution du mariage chrétien qui revenait sur la pratique du mariage forcé hérité du droit romain où la femme romaine est une mineure, sous la coupe du pater familias, père de famille, puis du mari. Voici quelques lignes de Jacques Le Goff sur ce sujet :

 

À l'instar des nombreuses saintes qui furent persécuter et martyres pour avoir exercé leur liberté de consentement, comme sainte Thècle au Ier siècle, sainte Agathe au IIIe siècle, ou encore sainte Agnès au début du IVe siècle, "voyez [...] la réflexion qu'a menée l'Église sur [...] le mariage, afin d'aboutir à cette institution typiquement chrétienne formalisée par le IVe siècle concile de Latran en 1215, [...] un acte qui ne peut avoir lieu qu'avec l'accord plein et entier des deux adultes concernés (consentement). [...] Le mariage est impossible sans l'accord [...] de l'épouse : la femme ne peut pas être mariée contre son gré, elle doit avoir dit oui. (Michel SOT, La Genèse du mariage chrétien, L'Histoire n°63, pp. 60-65).

 

"[...] C'est une de mes idées favorites, confortée par le progrès des études historiques : le Moyen-Âge, [...] a été aussi et surtout un moment décisif dans la modernisation de l'Occident." (Jacques LE GOFF, L'histoire n° 245, cité dans La Véritable Histoire des Femmes, De l'Antiquité à nos Jours, Présenté par Yannick RIPA, L'Histoire, Nouveau Monde Éditions, Paris 2019, pp. 67-82.)

 

"À l'ère moderne, les découvertes scientifiques, l'essor du commerce [...] auraient achevé d'installer en Occident un mouvement de liberté et de progrès, à opposer à la stagnation des autres mondes, islamique, chinois, indien." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 15.)

 

Le christianisme a permis le "décollage européen" au "Moyen-Âge", le progrès économique, le progrès scientifique, technologique et matériel, et le progrès moral, dans la mesure où la papauté a travaillé à l'autonomie des pouvoirs temporel et spirituel ("réforme grégorienne" au XIe siècle), ce qui n'existe dans aucune autre ère de civilisation. (CfJean-Louis HAROUEL, Le Vrai génie du christianisme, Laïcité, Liberté, Développement, éditions Jean-Cyrille Godefroy, Clamecy 2012 ; Rodney STARK, Faux témoignages, Pour en finir avec les préjugés anticatholiques, Salvator, Paris 2019.)

 

"L'une des incantations républicaines consiste à faire croire que la République a apporté l'égalité entre les citoyens. ... [J]e ne suis pas certain que les inégalités aient été plus criantes sous Louis XVI que sous notre république. Précisément parce que l'institution de la noblesse, cet ordre prestigieux auquel toute famille désireuse de se hisser dans la société rêvait d'accéder, empêchait par là même qu'elles continuent à s'enrichir interminablement (il était interdit à la noblesse de s'enrichir; l'honneur interdisait à la noblesse de sortir du rôle qui lui était dévolu, la noblesse pouvait se perdre par déchéance à la suite d'une condamnation infamante, ou par dérogeance, lorsqu'un noble était convaincu d'avoir exercé un métier roturier ou un trafic quelconque). Un Bill Gates était inimaginable à l'époque, ces fortunes qui dépassent la richesse de nombreuses nations n'existaient pas. [...] Rien de plus politique que d'arrêter, par un moyen aussi puissant que volontaire, par le motif de l'honneur, l'accroissement immodéré des richesses dans les mêmes mains. Ainsi l'institution de la noblesse empêchait-elle la constitution de fortunes insensées, aberrantes, outrancières, et ce n'est pas le moindre paradoxe que de voir dans l'ancienne monarchie un monde mieux armé pour prévenir ces aberrations. [...] Malgré l'évidence..., on continue de nous représenter la société sous l'Ancien Régime comme monde inégalitaire. Il l'était, sans aucun doute. Comme toute société. Il n'existe pas de société égalitaire. La société communiste, qui s'est imposée au prix d'une terreur jamais vue dans l'histoire, n'a pas réussi le pari de l'égalité, au contraire: elle a connu un éventail des revenus plus large que nos sociétés d'Europe occidentale. Il est d'ailleurs amusant de constater que la gauche, et plus généralement la république, aggrave, toujours les inégalités plutôt qu'elles ne les réduit. Par exemple, sous le septennat de Valery Giscard d'Estaing, l'éventail des revenus était moins large que sous son successeur François Mittérand. ... Aujourd'hui, ... [l]a moitié du patrimoine national (50%) est détenue par 10% des ménages. Et 40% des Français n'ont aucun patrimoine. 40% des Français sans patrimoine: ce chiffre était le même en 1800, au lendemain de la Révolution." (Yves-Marie ADELINE, Le Royalisme en question (1792-2002), Perspectives pour le XXIe siècle, Préface de Vladimir Volkoff, Postface de Jean Raspail, L'Âge d'Homme - Editions de Paris, Libres Mobiles, 2e édition corrigée, Paris 2002, p. 96-97). 

Au Ve siècle, avec nos premiers rois de France, la tradition royale était, sur les conseils de saint Rémi, qui baptisa Clovis, de soulager les habitants du pays, de réconforter les affligés, de veiller sur les veuves, de nourrir les orphelins (M.C. ISAÏA, Rémi de Reims, Mémoire d'un saint, histoire d'une église, Cerf, Paris 2010, p. 777), et pour ceux que la Providence avait particulièrement dotés de donner le plus largement possible aux pauvres. À l'instar de l'amour du prochain, la charité publique, commandée par la foi, et librement consentie, n'était pas (encore...) imposée par l'État. "Protège les Pauvres, ils te protégeront", tel était l'enseignement de Philippe Auguste à Saint-Louis.

 

La charité publique. C'est surtout sous la direction des évêques, protecteurs des faibles et des malheureux, que se développa le mouvement charitable; ils créèrent les Hôtels-Dieu que l'on retrouve à l'ombre de toutes les cathédrales. Dans la plupart des pays d'Europe, les maladreries étaient sous la juridiction directe des évêques. La dîme servait à alimenter la charité paroissiale, pendant plus de 1200 ans, le budget de l'Église fut en même temps celui de l'assistance et de la charité publiques. (Jean GUIRAUD, Histoire partiale histoire vraie, tome III, L'Ancien Régime, 5° édition, Gabriel Beauchesne & Cie Editeurs, Paris 1914, p. 210.)  

 

"Les principes consolants et la morale bienfaisante du christianisme, ses doctrines démocratiques et libérales, devaient concilier aux prêtres qui les enseignaient le respect et l’amour des peuples ; l’organisation de l’Église, sa hiérarchie, sa discipline, la tenue de ses conciles généraux et particuliers, la richesse de ses revenus et de ses aumônes, lui assuraient un ascendant considérable dans la société." Ainsi s’exprime l’historien Benjamin GUÉRARD, dans sa préface du Cartulaire de l’église Notre-Dame de Paris, publié en 1850. Guérard était loin d’être un "clérical" ; mais ses recherches et sa science approfondie du Moyen Age, étudié par lui aux sources, l’ont amené à tracer du rôle de l’Église dans la civilisation française et dans la conquête des droits et des libertés des citoyens un tableau d’une grande largeur de vues d’un grand intérêt. Le clergé n’eut une si grande influence sur les masses comme sur les individus que parce qu’il se montra d’abord et resta populaire dans la meilleure et la plus sympathique acception de ce mot, tant profané depuis, écrit Charles BARTHÉLEMY dans Erreurs et mensonges historiques ; c’est dans l’Église et par les actes du clergé, non moins que par sa voix, que furent promulgués et mis en pratique les grands principes de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.

 

Croix et Calvaire du Cher

L’asile, d’après la loi de l’empereur Théodose le Jeune (23 mars 431), comprenait non seulement l’intérieur du temple, mais encore toute l’enceinte du lieu sacré, dans laquelle étaient situés les maisons, les galeries, les bains, les jardins et les cours qui en dépendaient.

 

Le droit d’asile dans les églises fut confirmé par les rois des Francs et par les conciles.

 

Ceux qui se réfugiaient dans les asiles étaient placés sous la protection de l’évêque, devenu pour ainsi dire responsable des violences qui leur seraient faites. Les voleurs, les adultères, les homicides même n’en pouvaient être extraits, et ne devaient être remis aux personnes qui les poursuivaient qu’après que celles-ci avaient juré sur l’Évangile qu’elles ne leur feraient subir ni la mort, ni aucune mutilation. L’esclave réfugié n’était rendu à son maître qu’autant que celui-ci faisait serment de lui pardonner.

 

Les revenus ecclésiastiques étaient divisés en quatre parts. La première seule appartenait à l’évêque, la seconde était pour son clergé, la troisième pour les pauvres de l’Église, et la quatrième pour l’entretien des édifices consacrés au culte.

 

"Partout la part du pauvre était réservée dans les revenus ecclésiastiques, et lorsqu’elle ne suffisait pas, elle devait être accrue des autres fonds dont le clergé avait la disposition. Nourrir tous les indigents et secourir tous les malheureux, telle était la mission de l’Église, qui, pour la remplir, dut quelquefois se dépouiller de ses biens et mettre en gage jusqu’aux objets les plus précieux du culte", explique Guérard. Une des plus belles œuvres, à cette époque ; une des plus méritoires et qui atteste le mieux de sa charité, c’est celle du rachat des captifs. Les sommes que le clergé y consacrait, d’après l’injonction expresse des conciles, étaient souvent très considérables ; il lui était même permis, pour satisfaire à cette obligation, de mettre en gage jusqu’aux vases sacrés des églises.

Aussi, dans ces siècles de fer, où les populations étaient emmenées captives comme des troupeaux à la suite des armées et partagées comme un butin entre les soldats, on voit les évêques épuiser leurs trésors pour les délivrer des liens de l’esclavage.

Saint Épiphane, évêque de Pavie, délivre, en 494, dans les Gaules, par ses instances auprès du roi Gondebaud ou à prix d’argent, plus de six mille Italiens que les Bourguignons retenaient en captivité.

Le prêtre saint Eptade, originaire d’Autun, rachète plusieurs milliers d’Italiens et de Gaulois emmenés pareillement en esclavage par les Bourguignons, et ensuite une foule de captifs que les Francs de l’armée de Clovis avaient faits dans leur guerre contre les Visigoths.

En 510, saint Césaire, évêque d’Arles, distribue des vêtements et des vivres à une immense multitude de prisonniers francs et gaulois tombés au pouvoir des Goths, et les rachète ensuite avec le trésor de son église, que son prédécesseur Éonius avait amassé. Puis, ayant reçu de Théodoric, roi des Ostrogoths, trois cents sous d’or avec un plat d’argent du poids d’environ soixante livres, il vend le plat, achète la liberté des captifs dispersés dans l’Italie, et leur procure des chevaux ou des chars pour les ramener dans leurs foyers.

Dans le siècle suivant, saint Éloi rachetait les prisonniers saxons et les affranchissait devant le roi.

 

La fin de l'esclavage. Lors de la chute de Rome (476), l'esclavage était répandu partout en Europe; à la "Renaissance", il avait disparu partout en Europe. Le règne du Christ, le premier, a permis l'abolition de l'esclavage, bien avant que les États modernes ne portent de nouvelles législations d'abolition.

 

Benjamin Guérard nous révèle encore que "[...] l’Église, [...] en prenant à sa charge et pour ainsi dire chez elle les veuves, les orphelins et généralement tous les malheureux, ne pouvait manquer de les avoir dans sa dépendance ; mais ce qui devait surtout lui gagner le cœur de ses nombreux sujets, c’est qu’au lieu d’être humiliée ou embarrassée de leur cortège, elle s’en faisait honneur et proclamait que les pauvres étaient ses trésors. D'où l'expression médiévale "Nos Seigneurs les pauvres".

 

"Elle (l’Église) couvrait aussi de sa protection les affranchis, et frappait d’excommunication le seigneur et le magistrat qui opprimaient l’homme faible ou sans défense. Lorsque des veuves ou des orphelins étaient appelés en justice, l’évêque ou son délégué les assistait à la cour du comte et empêchait qu’on ne leur fît aucun tort. L’archidiacre ou le prévôt des églises devait visiter tous les dimanches les prisonniers et subvenir à leurs besoins avec le trésor de la maison épiscopale. Aux trois grandes fêtes de l’année, savoir : à Noël, à Pâques et à la Pentecôte, les évêques faisaient ouvrir les prisons aux malheureux qu’elles renfermaient.

 

"Ne perdons pas de vue que les institutions qui, dans les temps modernes, et principalement de nos jours, ont agité les peuples, les touchaient alors fort médiocrement et leur étaient non seulement indifférentes, mais encore incommodes, onéreuses, antipathiques. On préférait de beaucoup l’assemblée des fidèles à celle des scabins (échevins, magistrats) ou des hommes d’armes ; on fuyait les plaids et les champs de mars ou de mai pour accourir aux temples ; on était bien plus puni d’être privé dans l’église de son rang, de la participation aux offrandes, aux eulogies, à la communion, que du droit de porter les armes et de juger ; en un mot, on tenait bien plus à l’exercice de ses droits religieux qu’à celui de ses droits politiques, parce que l’État religieux était bien supérieur à l’état politique, et que, hors de l’Église, tous les devoirs et tous les droits de l’homme étaient à peu près méconnus", écrit l’historien Guérard.

 

Reprenant en 1877 ces propos de Guérard, Charles Barthélemy estime : "[...] où M. Guérard nous semble avoir le mieux compris et proclamé le grand rôle de l’Église dans la revendication des droits de l’homme, c’est dans cette page que lui a été dictée le spectacle des utopies dangereuses de 1848 :

 

"Ce qu’aucun gouvernement ne ferait aujourd’hui qu’en courant le risque de bouleverser la société, l’Église le faisait tous les jours dans le Moyen Age, sans la compromettre, et même en la rendant plus tranquille et plus stable. Quelle monarchie, quelle république pourrait, par exemple, proclamer impunément ce dangereux droit au travail qui paraît menacer notre civilisation ? Eh bien, l’Église osait plus encore. Des deux grandes classes dans lesquelles la population fut de tout temps divisée, savoir, les riches et les pauvres, l’Église ne craignait pas de se charger de la dernière. Elle mettait dans son lot tous ceux qui n’avaient rien, et s’inquiétant peu pour elle de leur nombre ni de leur exigence, elle leur disait que ses biens étaient à eux ; elle les installait chez elle ; elle s’obligeait à les nourrir et réglait leur part, sans craindre qu’ils n’en fussent bientôt plus contents et qu’ils ne voulussent à la fin tout avoir. Effectivement, malgré le danger de tels principes, le clergé sut rester riche au milieu de ces misérables et faire respecter par eux ses richesses et son autorité... Ce qui favorisait le plus le respect de l’Église, ce qui constituait véritablement sa force, c’était la foi de ses peuples ; et cet article de sa constitution : Beati qui lugent [Heureux ceux qui pleurent], ne les consolait pas moins que sa charité."

 

De son côté, l’historien et géographe Théophile-Sébastien LAVALLÉE (1804-1867) écrit dans son Histoire des Français : "La monarchie de l’Église fut le commencement de la liberté ; elle n’avait rien d’étroit et de personnel ; elle fut le plus beau triomphe de l’intelligence sur la matière, et eut la plus grande influence sur la révolution plébéienne qui enfanta les communes et les républiques du Moyen Age."

 

Puis (Barthélemy ) de citer un autre souverain, le roi saint Louis prodiguant quelques recommandations à son fils appelé à régner : "Cher fils, s’il advient que tu viennes à régner, pourvois que tu sois juste ; et si quelque querelle, mue entre riche et pauvre, vient devant toi, soutiens plus le pauvre que le riche, et quand tu entendras la vérité, ce fais-leur droit. Surtout, garde les bonnes villes et les coutumes de ton royaume dans l’état et la franchise où tes devanciers les ont gardées, et tiens-les en faveur et amour. »

 

Charles Barthélemy, regrettant d’avoir dû brossé trop rapidement un tableau des 'droits de l’homme au Moyen Age' (dans Erreurs et mensonges historiques, tome 8) conclut en citant le "publiciste et peu clérical" mais éminent historien, journaliste et homme politique Louis Blanc, député sous la IIIe République, s’exprimant ainsi au sujet des corporations d’ouvriers au Moyen Age : "La fraternité fut l’origine des communautés de marchands et d’artisans. Une passion qui n’est plus aujourd'hui dans les mœurs et dans les choses publiques rapprochait alors les conditions et les hommes : c’est la charité. L’Église était le centre de tout ; et quand la cloche de Notre-Dame sonnait l’Angelus, les métiers cessaient de battre. Le législateur chrétien avait défendu aux taverniers de jamais hausser le prix des gros vins, comme une boisson du menu peuple ; et les marchands n’avaient qu’après tous les autres habitants la permission d’acheter des vivres sur le marché, afin que le pauvre pût avoir sa part à meilleur prix. C’est ainsi que l’esprit de charité avait pénétré au fond de cette société naïve qui voyait saint Louis venir s’asseoir à côté d’Etienne Boileau, quand le prévôt des marchands rendait la justice." (Source: Droits de l’homme au Moyen Age, ou de l’action sociale du clergé. France pittoresque)

Aujourd'hui, selon un article du Figaro du 21/01/2014, "près de la moitié des richesses mondiales est détenue par 1% de la population". En 1789, la liberté & l'égalité ont été proclamées ensemble. "La démocratie fondée sur la conviction que le corps politique est le produit des volontés de chacun, et portant jusqu'à l'incandescence l'idée d'une création de l'homme par lui-même, est vouée à étendre sans cesse les droits des individus. Elle contraint les hommes à vivre dans un monde d'individus inégaux, alors même qu'elle a posé en principe leur égalité. Elle se condamne donc à rendre sans cesse moins tolérable l'écart entre les promesses [...], les espérances qu'elle suscite et les accomplissements qu'elle offre." (Préface de Mona OZOUF dans François Furet, La Révolution française, Quarto Gallimard, Malesherbes 2007, p. XXI.) Dans ce système, dit de "progrès", l'égalité des uns présuppose l'inégalité économique et sociale des autres; la charité publique et l'amour du prochain sont imposés par l'État. Une belle réussite du marché, mais une impasse totale pour les principes de 1789.

 

Le dualisme créé par la papauté depuis le Ve siècle (lettre de 494 de Gélase Ier à l'empereur Anastase) et amélioré par Grégoire VII (réforme grégorienne) ne sera fondamentalement remis en question que treize siècles plus tard, sous les "Lumières" et le "despotisme éclairé" de souverains comme l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche (1740-1780) et l'empereur Joseph II (1741-1790) - "joséphisme" - où les évêques seront désormais nommés sans contrôle du pape, la carte des diocèses et des paroisses modifiée par décret, les séminaristes placés sous tutelle de l'État (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je, 4e édition, Paris 2018, p. 85), et par les révolutionnaires français qui imposeront la "constitution civile du clergé" du 12 juillet 1790 sans aucune concertation avec la papauté. "Les religieux deviendront des fonctionnaires de l'État" et "les évêques seront consacrés sans intervention du pape." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 337-338.) La "nation" déclarée souveraine s'arroge le droit d'intervenir seule dans l'organisation du culte. 

 

En 1905, la loi dite de "séparation de l'Église et de l'État", mise en oeuvre par l'obédience maçonnique du "Grand Orient" dit "de France", consacrera non le règne de la laïcité, mais le règne de César en réactualisant le monisme antique de confusion des deux pouvoirs, le temporel (républicain) et le religieux (franc-maçonnique). Et bien vite après César, le règne du marché... 

"Après sa naissance en Angleterre en 1717, la franc-maçonnerie a essaimé très rapidement, dans les trente ou quarante années, dans toute l'Europe; en France, on trouve une première Loge anglo-saxonne 'Amitié et Fraternité' à Dunkerque. La première 'Grande Loge française' est créée en 1738." (Serge ABAD-GALLARDO, conférence L'incompatibilité d'être franc-maçon et catholique, du 18 septembre 2018.) 

Les pouvoirs laïcs ont leur autonomie, de la même manière que le corps a son autonomie par rapport à l'âme; mais c'est quand même l'âme qui doit fournir ses règles de comportement au corps et le contrôler. En ce sens, le règne du Christ ne propose pas une théocratie : ni le pape ni l'Église ne prétend se substituer aux pouvoirs laïcs.

À ce titre, après un siècle de laïcisme où un même personnel politique temporel et spirituel dicte la loi d'une manière opaque, une nouvelle loi de séparation de la franc-maçonnerie et de l'État est urgente, pour consacrer une "saine et légitime laïcité" telle que définie par Pie XII (le terme a été expliqué par Jean-Paul II, dans Mémoire et identité, Le testament politique et spirituel du pape, Flammarion, Mayenne 2005, p. 145-146.)

Et le signe de la Croix, lui-même, pourrait (re)devenir ce symbole du salut qu'il a toujours été partout et à toutes les époques, le symbole même d'une histoire et d'une laïcité sainement comprises !

 

La nouveauté du Concile Vatican II en question :

 

Thomas Tanase, dans son Histoire de la papauté, écrit :

Paradoxalement au XXe siècle, c'est la papauté elle-même qui reviendra sur mille ans de maturité de la réforme grégorienne, avec "un concile très occidental, dont le tempo sera donné par un épiscopat nord-européen, pour ne pas dire carolingien", [...] qui "voit arriver à maturité [...] la nouvelle théologie très critique envers l'incapacité du monde curial romain à se rendre compte des défis posés par l'areligiosité du monde contemporain".

Ce concile "adopte le 21 novembre 1964 la constitution Lumen gentium, qui pose les principes fondamentaux de ce que sera l'enseignement du concile."

Après la Révolution française, face à des institutions qui avaient découronné le Christ, l'Église avait cherché à conserver une légitime autonomie, particulièrement sous les pontificats de Léon XII (1823-1829), Pie VIII (1829-1830), Grégoire XVI (1831-1846) et Pie IX (1846-1878). Mais à  partir du pontificat de Léon XIII (1878-1903), elle a commencé à demander aux catholiques de s'engager dans les institutions modernes et à voter pour peser de tout leur poids dans les institutions afin de faire modifier les lois de laïcisation (encyclique Au milieu des sollicitudes, 1892, doctrine qualifiée à l'époque de "ralliement" à la république.) 

Le concile Vatican II, cherchant à s'ouvrir au monde, consacre l'engagement des laïcs dans la vie politique et les institutions modernes. Mais l'engagement des laïcs doit, aussi, se réaliser dans la vie de l'Église elle-même, "[c]omme tous ses fidèles ont été régénérés par le Saint-Esprit, ils sont tous appelés à un 'sacerdoce commun'

"En d'autres termes, écrit Thomas Tanase, cette constitution [Lumen gentium] cherche à revenir sur la séparation entre clercs et laïcs progressivement montée en puissance depuis la réforme grégorienne, pour affirmer au contraire la participation de tous dans un rapport d'égalité à la vie de l'Église.[LG tend à confondre la fonction sacerdotale du prêtre avec le ''sacerdoce commun'' des laïcs (LG 10) ''participants à leur manière de la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ'' (LG 31), dans un rapport d'égalité à la vie de l'Église (LG 34). La Constitution Sacrosanctum Concilium 14 déclare également : ''La Mère Église désire beaucoup que tous les fidèles soient amenés à cette participation pleine, consciente et active aux célébrations liturgiques, qui est demandée par la nature de la liturgie elle-même et qui, en vertu de son baptême, est un droit et un devoir pour le peuple chrétien, 'race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple racheté'". 

En conséquence, n'importe quel laïc aux idées subversives sur les sujets moraux comme la famille, le mariage, le divorce, la contraception, l'avortement, et d'autres sujets, peut entrer dans une paroisse et la démolir de l'intérieur, à la demande même de l'Église.

"L’égalité de conditions entre clercs et fidèles, ne s’avère-t-elle pas piégée ? demande Marguerite Champeaux-Rousselot qui fait remarquer que dans les évangiles, ''Jésus ne s’est pas présenté comme prêtre, n’a pas cherché à former des prêtres ni des prêtresses ni à nommer prêtres ou prêtresses ses disciples rapprochés. (…) L’Évangile appelle chacun et chacune à être toujours plus fils et fille de leur Père, Dieu. C’est un… titre !' Ce titre fait de chaque baptisé le frère de tous les autres, il permet l’exercice de fonctions différentes sans en sacer-dotaliser (sacraliser) aucune.''] 

 

"[...] La constitution Gaudium et spes, qui définit la place de l'Eglise dans le monde, [...] reprend les principes de Pacem in terris. [...] Tout sur terre doit être ordonné à l'homme comme à son centre et à son sommet.''

"[...] L'encyclique Populorum progressio de 1967 complétera Gaudium et spes, avec ... un idéal ecclésial fait désormais d'engagements, de mobilisations et de participation de tous." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté, ibid., p. 422- 431.)

 

L'engagement politique n'est pas la panacée, ni ce qu'on demande en priorité à l'Église.

Et une question demeure. En confondant clercs et laïcs ("la participation des laïcs au sacerdoce commun et au culte" de LG 34) en associant étroitement au temporel tous les croyants à la vie politique (LG 36), en liant désormais plus étroitement le sort des chrétiens à celui des empires, en demandant que les laïcs s'engagent résolument pour un modèle global et universel qui sert de base au nouvel ordre international, bien plus, en revenant sur mille ans de fine distinction des clercs et des laïcs, comment le laïque peut-il désormais respecter un ordre spirituel s'il est lui-même clerc et laïque ?

 

Le désintérêt des croyants dans la pratique religieuse vient sans doute de cette désacralisation de la fonction sacerdotale, ce relâchement dans la distinction des deux sphères temporelle et spirituelle, tant au plan religieux qu'au plan politique.

 

Dans First Things, le 27 octobre 2023 , le cardinal Müller a déclaré que "L'Église n'est pas une démocratie". "Nous sommes confrontés à un programme mondialiste d'un monde sans Dieu, dans lequel une élite au pouvoir se proclame créatrice d'un monde nouveau et souveraine des masses privées de leurs droits. Ce programme et cette élite ne peuvent être contrés par une "église sans Christ", qui abandonne la Parole de Dieu dans l'Écriture et la Tradition comme principe directeur de l'action, de la pensée et de la prière chrétiennes (Dei Verbum).

Bien que le pape ait maintenant accordé le 'droit de vote' à certains laïcs lors du Synode sur la synodalité (2023), ni eux ni les évêques ne sont en mesure de 'voter' sur la foi.

Dans un État qui se consacre uniquement au bien commun temporel de tous ses citoyens et qui est régi par une constitution démocratique, le peuple est appelé à juste titre le souverain. Dans l'Église, qui est fondée par Dieu pour le salut éternel de l'humanité, c'est Dieu lui-même qui est le souverain.

Formulé théologiquement : Le Fils incarné de Dieu, le Bon Berger qui donne sa vie pour le troupeau de Dieu, est le chef de toute l'Église. Il guide et gouverne par l'intermédiaire des bergers et des enseignants qu'il a choisis. Cela ne se fait pas, comme en politique, par des hommes exerçant un pouvoir sur les hommes, mais par la prédication de la Parole et les sacrements que le Christ a confié à ses apôtres et à leurs successeurs pour qu'ils les administrent (2 Co 5.18-20).

Le fait que l'Église ne soit pas et ne puisse pas devenir une démocratie n'est pas le résultat d'une mentalité autocratique persistante. Il est dû au fait que l'Église n'est pas du tout un État ou une organisation créée par l'homme.

L'essence de l'Église ne peut être saisie par les catégories sociologiques de la raison naturelle, mais seulement à la lumière de la foi que l'Esprit Saint opère en nous.

L'Église, en tant que communauté de foi, d'espérance et de charité, doit son existence à la volonté salvatrice de Dieu, qui appelle les hommes et en fait son peuple, au milieu duquel il habite lui-même (Col. 2:9). La souveraineté de Dieu repose sur sa toute-puissance et son amour, qu'il offre sans avoir à craindre ses créatures comme concurrentes (contrairement au mythe païen de Prométhée).''

 

Le plus grand service que l'Église puisse rendre à la civilisation à l'heure actuelle est de garder son héritage intact et de ne pas permettre que son témoignage soit obscurci comme instrument des pouvoirs et de la politique laïques.

Christopher Dawson, Au-delà de la politique, 1939

Solennité du Christ Roi de l'univers
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15 novembre 2023 3 15 /11 /novembre /2023 08:05
10 éléments fondamentaux pour le Renouveau liturgique

 

Mgr Schneider propose la mise en œuvre de 10 éléments qu’il voit comme fondamentaux pour le renouveau liturgique

 

 

1. Le tabernacle, où Jésus-Christ, le Dieu incarné, est réellement présent sous l'espèce du pain, doit être placé au centre du sanctuaire, car dans aucun autre signe sur cette terre Dieu, l'Emmanuel, n'est aussi réellement présent et aussi près de l'homme comme dans le tabernacle.

Le tabernacle est le signe indiquant et contenant la Présence Réelle du Christ et doit donc être plus proche de l'autel et constituer avec l'autel le signe central unique indiquant le mystère eucharistique.

Le sacrement du Tabernacle et le sacrifice de l'autel ne doivent donc pas être opposés ni séparés, mais tous deux dans la place centrale et rapprochés dans le sanctuaire.

Toute l'attention de ceux qui entrent dans une église doit être spontanément dirigée vers le tabernacle et l'autel.

 

2. Pendant la liturgie eucharistique – au moins pendant la prière eucharistique – lorsque le Christ Agneau de Dieu est immolé, le visage du prêtre ne doit pas être vu des fidèles. Même les Séraphins se couvrent le visage (Ésaïe 6, 2) lorsqu’ils adorent Dieu. Le visage du prêtre doit plutôt être tourné vers la croix, icône du Dieu crucifié.

 

3. Au cours de la liturgie, il devrait y avoir davantage de signes d'adoration, notamment de génuflexions, surtout chaque fois que le prêtre touche l'hostie consacrée.

 

4. Les fidèles qui s'approchent pour recevoir l'Agneau de Dieu dans la sainte communion doivent le saluer et le recevoir par un acte d'adoration, à genoux. Quel moment de la vie des fidèles est plus sacré que ce moment de rencontre avec le Seigneur ?

 

5. Il devrait y avoir plus de place au silence pendant la liturgie, en particulier dans les moments qui expriment le plus pleinement le mystère de la rédemption. Surtout lorsque le sacrifice de la croix est rendu présent lors de la prière eucharistique.

 

6. Il devrait y avoir davantage de signes extérieurs qui expriment la dépendance du prêtre à l'égard du Christ, le Grand Prêtre, qui montreraient plus clairement que les paroles prononcées par le prêtre (c'est-à-dire "Dominus Vobiscum") et les bénédictions qu'il offre aux fidèles dépendent et découlent du Christ Souverain Sacrificateur, et non de lui, la personne privée. Non pas "je vous salue" ou "je vous bénis", mais "moi, le Seigneur" qui fais ces choses, le Christ. De tels signes pourraient être (comme cela a été pratiqué pendant des siècles) le baiser de l'autel avant de saluer le peuple pour indiquer que cet amour ne découle pas du prêtre mais de l'autel ; et aussi avant de bénir, d'embrasser l'autel, puis de bénir le peuple. (Cela a été pratiqué pendant des millénaires, et malheureusement dans le nouveau rite a été aboli.)

Aussi, s'incliner devant la croix de l'autel pour indiquer que le Christ est plus important que le prêtre. Souvent, dans la liturgie — dans l'ancien rite — lorsqu'un prêtre prononçait le nom de Jésus, il devait se tourner vers la croix et s'incliner pour montrer que l'attention devait être tournée vers le Christ et non vers lui.

 

7. Il devrait y avoir davantage de signes qui expriment le mystère insondable de la rédemption. Cela pourrait être réalisé grâce au voilage des objets liturgiques, car le voilage est un acte de la liturgie des anges. Le voile du calice, le voile de la patène avec le voile huméral, le voile du corporal, le voile des mains de l'évêque lorsqu'il célèbre une solennité, l'usage des rampes de communion aussi pour voiler l'autel. Aussi des signes – signes de croix par le prêtre et les fidèles. Faire des signes de croix lors de la prière eucharistique par le prêtre et par les fidèles lors d'autres moments de la liturgie ; lorsque nous nous signons de la croix, c'est un signe de bénédiction. Dans la liturgie antique, à trois reprises lors du Gloria, du Credo et du Sanctus, les fidèles faisaient le signe de croix. Ce sont des expressions du mystère.

 

8. Il doit y avoir un signe constant qui exprime le mystère également par le langage humain - c'est-à-dire que le latin est une langue sacrée exigée par le Concile Vatican II dans la célébration de chaque sainte Messe et, en chaque lieu, une partie de la prière eucharistique doit toujours être dite en latin.
 

9. Tous ceux qui exercent un rôle actif dans la liturgie, comme les lecteurs ou ceux qui annoncent la prière des fidèles, doivent toujours porter les vêtements liturgiques ; et seulement les hommes, pas les femmes, parce qu'il s'agit d'un exercice dans le sanctuaire, proche du sacerdoce.

Même la lecture du lectionnaire est orientée vers cette liturgie que nous célébrons au Christ. C'est pourquoi seuls les hommes revêtus des vêtements liturgiques doivent se trouver dans le sanctuaire.
 

10. La musique et les chants de la liturgie devraient davantage refléter le caractère sacré et ressembler au chant des anges, comme le Sanctus, afin de pouvoir vraiment chanter d'une seule voix avec les anges.

Pas seulement le Sanctus, mais toute la Sainte Messe.

Il faudrait que le cœur, l'esprit et la voix du prêtre et des fidèles soient orientés vers le Seigneur.

Et que cela se manifeste aussi par des signes et des gestes extérieurs.

 

Source :  Sanoj Thomas 

10 éléments fondamentaux pour le Renouveau liturgique
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30 juin 2022 4 30 /06 /juin /2022 08:18

Le 29 juin 2022, en la solennité des saints Pierre et Paul, le Vatican a publié la lettre apostolique Desiderio Desideravi sur la formation liturgique du peuple de Dieu. Cette lettre fait suite au Motu Proprio Traditionis Custodes du 16 juillet 2021. Dans cette lettre adressée aux évêques, aux prêtres et aux diacres, aux personnes consacrées et aux fidèles laïcs, le Pape souhaite "offrir quelques pistes de réflexion qui puissent aider à la contemplation de la beauté et de la vérité de la célébration chrétienne".

Parmi ces pistes de réflexion, nous trouvons le lien spécial entre notre adhésion à la foi chrétienne et notre ''possibilité de mourir et de ressusciter dans le Christ", notre "incorporation" au corps du Christ. 

Léon le Grand écrit: 'Notre participation au Corps et au Sang du Christ n’a d’autre fin que de nous faire devenir ce que nous mangeons'. (Desiderio Desideravi § 41). ''Sans cette incorporation, il n’y a aucune possibilité de vivre la plénitude du culte rendu à Dieu.'' (Desiderio Desideravi § 15)

Jésus retourne des Enfers, par Kocheliov (1900)

Jésus retourne des Enfers, par Kocheliov (1900)

François commence par rappeler le récit de la Dernière Cène : ''J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ! » (Lc 22,15)

Il explique que ''Pierre et les autres se tiennent à cette table, inconscients.'' ''Jésus sait qu’il est l’Agneau de ce repas de Pâque, il sait qu’il est la Pâque. C’est la nouveauté absolue de ce repas, la seule vraie nouveauté de l’histoire, qui rend ce repas unique et, pour cette raison, ultime, non reproductible : 'la Dernière Cène'''.

''Dans ce cas, la disproportion entre l’immensité du don et la petitesse du destinataire est infinie et ne peut manquer de nous surprendre.''

"Le monde ne le sait pas encore, mais tous sont invités au repas des noces de l’Agneau (Ap 19, 9).''

''Toute la création, toute l’histoire – qui allait finalement se révéler comme l’histoire du salut – est une grande préparation à ce repas'' et ''personne n’avait gagné sa place à ce repas. Tout le monde a été invité.''

''Son désir infini de rétablir cette communion avec nous, qui était et reste son projet initial, ne sera pas satisfait tant que tout homme, de toute tribu, langue, peuple et nation (Ap 5,9) n’aura pas mangé son Corps et bu son Sang."

''Avant notre réponse à son invitation — bien avant ! — il y a son désir pour nous, Nous n’en sommes peut-être même pas conscients, mais chaque fois que nous allons à la Messe, la raison première est que nous sommes attirés par son désir pour nous.'' ''Toute réception de la communion au Corps et au Sang du Christ a déjà été voulue par Lui lors de la Dernière Cène.''

Comme le Christ a obéi à la volonté du Père, de même le Chrétien doit-il faire la volonté de Dieu : ''il n’y a qu’un seul acte de culte parfait et agréable au Père, à savoir l’obéissance du Fils dont la mesure est sa mort sur la croix.'' ''Le contenu du Pain rompu est la croix de Jésus, son sacrifice d’obéissance par amour pour le Père.'' ''C’est pourquoi l’Église a toujours protégé comme son trésor le plus précieux le commandement du Seigneur : 'Faites ceci en mémoire de moi''. 

Et "la Liturgie" est le "lieu de la rencontre avec le Christ, ... c’est là que réside toute la puissante beauté de la liturgie.'' 

En dehors de l'eucharistie, nous avons également "la garantie de pouvoir rencontrer le Seigneur Jésus et d’être atteints par la puissance de son Mystère Pascal" "dans tous les Sacrements". "La puissance salvatrice du sacrifice de Jésus, de chacune de ses paroles, de chacun de ses gestes, de chacun de ses regards, de chacun de ses sentiments, nous parvient à travers la célébration des sacrements.''

''Le baptême est ''notre première rencontre avec sa Pâque''. ''Il s’agit d’être plongé dans sa passion, sa mort, sa résurrection. ... Il ne s’agit pas d’un geste magique. … En parfaite continuité avec l’Incarnation, il nous est donné, en vertu de la présence et de l’action de l’Esprit, la possibilité de mourir et de ressusciter dans le Christ.'' "'Cette fois, c’est l’os de mes os, la chair de ma chair' (Gn 2,23). "Pour avoir cru en sa Parole et être descendus dans les eaux du baptême'', ''nouvel Adam'', le chrétien devient ''l’os de ses os et la chair de sa chair.''

la Liturgie étant la "source première et indispensable à laquelle les fidèles peuvent puiser l’authentique esprit chrétien" ( Sacrosanctum Concilium, n.14), François voudrait "inviter toute l’Église à redécouvrir, à sauvegarder et à vivre la vérité et la force de la célébration chrétienne". ''La beauté de la célébration chrétienne et ses conséquences nécessaires dans la vie de l’Église" ne doivent pas être "défigurées par une compréhension superficielle et réductrice de sa valeur ou, pire encore, par son instrumentalisation au service d’une vision idéologique, quelle qu’elle soit. La prière sacerdotale de Jésus à la dernière Cène pour que tous soient un (Jn 17,21), juge toutes nos divisions autour du Pain rompu, sacrement de piété, signe d’unité, lien de charité."

''La célébration liturgique nous purifie en proclamant la gratuité du don du salut reçu dans la foi''. "Elle est ... l’antidote le plus efficace contre ces poisons" du "gnosticisme" et du ''néo-pélagianisme'', ''un élitisme narcissique et autoritaire'', ''une autoréférentialité nourrie par son propre raisonnement'', ''un subjectivisme qui enferme l’individu 'dans l’immanence de sa propre raison ou de ses propres sentiments''' (Evangelii gaudium, n. 94), qui annule "la valeur de la grâce pour ne compter que sur ses propres forces." François avertit que "ces formes déformées de christianisme peuvent avoir des conséquences désastreuses pour la vie de l’Église. Il parle ici "évidemment de la Liturgie dans son sens théologique et certainement pas – Pie XII l’a déjà dit – comme un cérémonial décoratif ou une simple somme de lois et de préceptes réglant le culte (Litteræ encyclicæ Mediator Dei, 20 Novembris 1947). 

"L’action célébrative n’appartient pas à l’individu mais au Christ-Eglise, à la totalité des fidèles unis dans le Christ. La liturgie ne dit pas 'je' mais 'nous' et toute limitation de l’étendue de ce 'nous' est toujours démoniaque." (Desiderio Desideravi § 19)

"La Liturgie ne nous laisse pas seuls à la recherche d’une connaissance individuelle présumée du mystère de Dieu, mais nous prend par la main, ensemble, en assemblée."

François ''pense à tous les gestes et à toutes les paroles qui appartiennent à l’assemblée : se rassembler, marcher en procession, s’asseoir, se tenir debout, s’agenouiller, chanter, se taire, acclamer, regarder, écouter. Ce sont autant de façons par lesquelles l’assemblée, comme un seul homme (Ne 8,1), participe à la célébration. Effectuer tous ensemble le même geste, parler tous d’une seule voix, cela transmet à chaque individu l’énergie de toute l’assemblée. Il s’agit d’une uniformité qui non seulement ne mortifie pas mais, au contraire, éduque le fidèle individuel à découvrir l’unicité authentique de sa personnalité non pas dans des attitudes individualistes mais dans la conscience d’être un seul corps. Il ne s’agit pas de suivre un livre de bonnes manières liturgiques. ... Ce sont des gestes et des paroles qui mettent de l’ordre dans notre monde intérieur en nous faisant vivre certains sentiments, attitudes, comportements. Ils ne sont pas l’explication d’un idéal que nous cherchons à nous laisser inspirer, mais ils sont au contraire une action qui engage le corps dans sa totalité, c’est-à-dire dans son être unité de corps et d’âme. (Desiderio Desideravi § 51)

Ces paroles de François nous rappelle le moment où en avril 2020, le confinement obligeant à des aménagements, François condamna les "messes virtuelles et des medias" : "Ce n'est pas l'Église !" Le pape mit alors en garde contre ''une foi virtuelle'', le danger d'une ''familiarité gnostique'', la familiarité avec le Seigneur se vivant ''en communauté et avec les sacrements''. ''La familiarité'' du chrétien avec le Seigneur est une familiarité "toujours communautaire".  "Une familiarité sans communauté, une familiarité sans le Pain, une familiarité sans l’Eglise, sans le peuple, sans les sacrements, est dangereuse. Elle peut devenir une familiarité – disons-le – gnostique, une familiarité seulement pour moi, détachée du peuple de Dieu."

''Le début de chaque célébration me rappelle qui je suis, en me demandant de confesser mon péché et en m’invitant à supplier la bienheureuse Vierge Marie, les anges, les saints et tous mes frères et sœurs, de prier pour moi le Seigneur : nous ne sommes certainement pas dignes d’entrer dans sa maison, nous avons besoin de sa parole pour être sauvés (cf. Mt 8,8). Nous n’avons pas d’autre orgueil que celui de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ (cf. Ga 6,14). La Liturgie n’a rien à voir avec un moralisme ascétique : c’est le don de la Pâque du Seigneur qui, accueilli avec docilité, rend notre vie nouvelle. On n’entre dans le cénacle que par la force d’attraction de son désir de manger la Pâque avec nous: Desiderio desideravi hoc Pascha manducare vobiscum, antequam patiar (Lc 22,15).''

Il leur dit : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir !

''La redécouverte continuelle de la beauté de la liturgie n’est pas la poursuite d’un esthétisme rituel qui ne prend plaisir qu’à soigner la formalité extérieure d’un rite ou se satisfait d’une scrupuleuse observance des rubriques. Il va de soi que cette affirmation ne vise nullement à approuver l’attitude opposée qui confond la simplicité avec une banalité débraillée, l’essentialité avec une superficialité ignorante, ou le caractère concret de l’action rituelle avec un fonctionnalisme pratique exaspérant. (Desiderio Desideravi § 22)

''Tous les aspects de la célébration doivent être soignés (espace, temps, gestes, paroles, objets, vêtements, chant, musique, ...) Mais même si la qualité et le bon déroulement de la célébration étaient garantis, cela ne suffirait pas pour que notre participation soit pleine et entière." (Desiderio Desideravi § 23)

''L’ars celebrandi ne peut être réduit à la simple observation d’un système de rubriques, et il faut encore moins le considérer comme une créativité imaginative - parfois sauvage - sans règles. Le rite est en soi une norme, et la norme n’est jamais une fin en soi, mais elle est toujours au service d’une réalité supérieure qu’elle entend protéger." (Desiderio Desideravi § 48)

Nous ne devons pas être des pharisiens purement ritualistes, et nous ne devons pas non plus être des personnes qui désacralisent le culte. Il faut tenir les deux, et le cultuel et la charité.

Dans ce document, François évoque ''la nécessité d’une formation liturgique sérieuse et vitale'', ''la formation pour la liturgie et la formation par la liturgie.'' ''Une célébration qui n’évangélise pas n’est pas authentique, de même qu’une annonce qui ne conduit pas à une rencontre avec le Seigneur ressuscité dans la célébration n’est pas authentique … L’une et l’autre, sans le témoignage de la charité, ne sont qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante (cf. 1 Co 13,1). (Desiderio Desideravi § 37) Le respect du "cultuel" (§ 37) des rituels et des dogmes sans la charité ne vaut rien.

Dans les séminaires, "même la connaissance qui vient des études, ..., pour qu’elle ne devienne pas une sorte de rationalisme, doit servir à réaliser l’action formatrice de la Liturgie elle-même en chaque croyant dans le Christ.'' (Desiderio Desideravi § 40)

''Il apparaît clairement que la connaissance du mystère du Christ, question décisive pour notre vie, ne consiste pas en une assimilation mentale d’une idée quelconque, mais en un engagement existentiel réel avec sa personne. En ce sens, la liturgie n’a pas pour objet la 'connaissance', et sa portée n’est pas essentiellement pédagogique, même si elle a une grande valeur pédagogique (cf. Sacrosanctum Concilium n. 33). La liturgie est plutôt une louange, une action de grâce pour la Pâque du Fils dont la puissance atteint nos vies. La célébration concerne la réalité de notre docilité à l’action de l’Esprit qui opère par elle jusqu’à ce que le Christ soit formé en nous (cf. Ga 4,19). La pleine mesure de notre formation est notre conformation au Christ. Je le répète : il ne s’agit pas d’un processus mental abstrait, mais de devenir Lui.'' (Desiderio Desideravi § 41)

''La liturgie se fait avec des choses qui sont l’exact opposé des abstractions spirituelles : le pain, le vin, l’huile, l’eau, les parfums, le feu, les cendres, la pierre, les tissus, les couleurs, le corps, les mots, les sons, les silences, les gestes, l’espace, le mouvement, l’action, l’ordre, le temps, la lumière. Toute la création est une manifestation de l’amour de Dieu, et à partir du moment où ce même amour s’est manifesté dans sa plénitude dans la croix de Jésus, toute la création a été attirée vers lui. C’est toute la création qui est assumée pour être mise au service de la rencontre avec le Verbe : incarné, crucifié, mort, ressuscité, monté vers le Père.'' (Desiderio Desideravi § 42)

Au paragraphe 47, après un développement sur l'importance des symboles dans une société où le matérialisme et le spiritualisme détruise l'unité de l'âme et du corps (§ 44), François évoque ''l’éducation nécessaire pour pouvoir acquérir l’attitude intérieure qui nous permettra d’utiliser et de comprendre les symboles liturgiques. "Je pense aux parents, ou plus peut-être, aux grands-parents, mais aussi à nos pasteurs et catéchistes. Beaucoup d’entre nous ont appris d’eux la force des gestes de la liturgie, comme, par exemple, le signe de la croix, l’agenouillement, les formules de notre foi. Peut-être n’avons-nous pas de souvenir réel de cet apprentissage, mais nous pouvons facilement imaginer le geste d’une grande main qui prend la petite main d’un enfant et l’accompagne lentement en traçant pour la première fois sur son corps le signe de notre salut. Des paroles accompagnent le mouvement, elles aussi dites lentement, presque comme si elles voulaient s’approprier chaque instant du geste, prendre possession de tout le corps : 'Au nom du Père... et du Fils... et du Saint-Esprit… Amen.' Et puis la main de l’enfant est laissée seule, et on la regarde répéter toute seule, avec une aide toute proche en cas de besoin. Mais ce geste est maintenant consigné, comme une habitude qui va grandir avec lui, en lui donnant un sens que seul l’Esprit sait lui donner. Dès lors, ce geste, sa force symbolique, est à nous, il nous appartient, ou mieux, nous lui appartenons. Il nous donne une forme. Nous sommes formés par lui. Il n’est pas nécessaire de faire beaucoup de discours ici. Il n’est pas nécessaire d’avoir tout compris dans ce geste. Ce qu’il faut, c’est être petit, à la fois dans l’envoi et dans la réception. Le reste est l’œuvre de l’Esprit. C’est ainsi que nous sommes initiés au langage symbolique. Nous ne pouvons pas nous laisser dépouiller d’une telle richesse. En grandissant, nous aurons d’autres moyens de comprendre, mais toujours à condition de rester petits."

François insiste aussi sur l'importance du silence et de l'agenouillement : 

''Parmi les gestes rituels qui appartiennent à l’ensemble de l’assemblée, le silence occupe une place d’importance absolue. Bien souvent, il est expressément prescrit dans les rubriques. Toute la célébration eucharistique est immergée dans le silence qui précède son début et qui marque chaque moment de son déroulement rituel. En effet, il est présent dans l’acte pénitentiel, après l’invitation « Prions », dans la Liturgie de la Parole (avant les lectures, entre les lectures et après l’homélie), dans la prière eucharistique, après la communion.'' (§ 52)

"Parmi les gestes rituels qui appartiennent à l’ensemble de l’assemblée, le silence occupe une place d’importance absolue. Bien souvent, il est expressément prescrit dans les rubriques. Toute la célébration eucharistique est immergée dans le silence qui précède son début et qui marque chaque moment de son déroulement rituel. En effet, il est présent dans l’acte pénitentiel, après l’invitation « Prions », dans la Liturgie de la Parole (avant les lectures, entre les lectures et après l’homélie), dans la prière eucharistique, après la communion.'' (§ 53)

Au paragraphe 54, François évoquent "les ministres ordonnés". "En visitant des communautés chrétiennes, j’ai remarqué que leur manière de vivre la célébration liturgique est conditionnée – pour le meilleur ou, malheureusement, pour le pire – par la façon dont leur pasteur préside l’assemblée. On pourrait dire qu’il existe différents « modèles » de présidence. Voici une liste possible d’approches qui, bien qu’opposées l’une à l’autre, caractérisent une manière de présider certainement inadéquate : une austérité rigide ou une créativité exaspérante, un mysticisme spiritualisant ou un fonctionnalisme pratique, une vivacité précipitée ou une lenteur exagérée, une insouciance négligée ou une minutie excessive, une amabilité surabondante ou une impassibilité sacerdotale. Malgré la grande variété de ces exemples, je pense que l’inadéquation de ces modèles de présidence a une racine commune : un personnalisme exacerbé du style de célébration qui exprime parfois une manie mal dissimulée d’être le centre de l’attention."

Le pape conclut que ''toute cette richesse'' de ''la beauté de la vérité de la célébration chrétienne'', ''n’est pas loin de nous. Elle est dans nos églises, dans nos fêtes chrétiennes, dans la centralité du Dimanche, Jour du Seigneur, dans la force des sacrements que nous célébrons. La vie chrétienne est un parcours continuel de croissance. Nous sommes appelés à nous laisser former dans la joie et dans la communion.'' (§ 62)

''Abandonnons nos polémiques pour écouter ensemble ce que l’Esprit dit à l’Eglise. Sauvegardons notre communion. Continuons à nous émerveiller de la beauté de la liturgie. La Pâque nous a été donnée. Laissons-nous protéger par le désir que le Seigneur continue d’avoir de manger sa Pâque avec nous. Sous le regard de Marie, Mère de l’Eglise.'' (§ 63)

L’humanité entière tremble,
l’univers entier tremble et le ciel se réjouit,
quand sur l’autel, dans la main du prêtre
Le Christ, le Fils du Dieu vivant, est présent.
Ô hauteur admirable et valeur stupéfiante !
Ô sublime humilité ! O humble sublimité !
que le Seigneur de l’univers, Dieu et Fils de Dieu
s’humilie au point de se cacher, pour notre salut,
sous un petit semblant de pain !
Voyez, mes frères, l’humilité de Dieu,
et ouvrez vos cœurs devant Lui ;
Humiliez vous aussi, afin d’être élevés par Lui.
Ne retenez donc rien de vous-mêmes,
afin que vous soyez reçus en tout et pour tout par Celui qui s’offre entièrement à vous.

Saint François d'Assise, Lettre à tout l’Ordre II,26-29

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14 décembre 2021 2 14 /12 /décembre /2021 19:22

C'est fort intéressant car on voit bien que la dynamique est en direction d'un retour à une théologie plus classique.

https://www.lepelerin.com/foi-et-spiritualite/coin-spi-pratique/comprendre-la-nouvelle-traduction-du-missel/

https://www.lepelerin.com/foi-et-spiritualite/coin-spi-pratique/comprendre-la-nouvelle-traduction-du-missel/

Comprendre la nouvelle traduction du Missel

Une nouvelle traduction du missel romain est entrée en vigueur le 28 novembre. Le Pèlerin passe en revue les principales retouches avec le frère Henri Delhougne, coordinateur de la traduction.

 

 

Par Pierre Wolf-Mandroux

 

Mis à jour le 30 novembre 2021 à 1:01

 

Une nouvelle traduction du missel romain est entrée en vigueur le 28 novembre. © Corinne SIMON / Hans Lucas.

 

«Il ne s’agit pas d’une révolution théologique. J’ai prié cinquante ans avec le précédent missel et je m’en trouvais bien#! » Le frère bénédictin Henri Delhougne, de l’abbaye de Clervaux (Luxembourg), sait bien que la liturgie est un sujet toujours passionnel, notamment en France. Aussi tient-il d’emblée à désamorcer toute polémique. Celui qui fut le coordinateur de la Commission francophone de traduction du missel romain a le sentiment du devoir accompli, après des années de travail méticuleux avec des évêques francophones du monde entier. Le résultat fera-t-il consensus ? «#Il s’agit moins d’atteindre un consensus qu’une communion dans la foi, la prière et la charité#», modère le père Olivier Praud, membre du Service national de pastorale liturgique et sacramentelle. Cet immense chantier fut lancé en 2001, lorsque la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements demanda aux conférences épiscopales du monde de revoir la traduction du missel romain, parfois imprécise, à partir de l’édition « typique » en latin. Celle-ci fut publiée en 1970, puis actualisée en 2000 et 2008. La nouvelle traduction française est entrée en vigueur le premier dimanche de l’Avent (28 novembre) dans les paroisses franco-phones. Elle ne deviendra obligatoire qu’au printemps 2022 pour tenir compte des problèmes de livraison. Elle bouleversera les habitudes oratoires. Les retouches touchent à toutes les célébrations#: Avent, Pâques, messe pour les défunts… Voici les principaux changements dans l’ordinaire de la messe, expliqués par le frère Delhougne.

 

 

Rites initiaux

 

Avant : (prêtre) « La grâce de Jésus notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père, et la communion de l’Esprit Saint, soient toujours avec vous. »

 

Maintenant : « La grâce de Jésus, le Christ, notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père, et la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous. »

 

Pourquoi ? « Christi, dans l’édition latine, n’avait pas été traduit. Nous l’avons rétabli. Nous avons choisi “Jésus, le Christ” et non “Jésus Christ” pour être sûr que l’on prononce le “t”. Sinon, on entend “Jésus crie”. C’est plus une question de sonorité que de théologie ! »

 

 

Avant : (prêtre) « Préparons-nous à la célébration de l’Eucharistie en reconnaissant que nous sommes pécheurs. »

 

Maintenant : « Frères et sœurs, préparons-nous à célébrer le mystère de l’Eucharistie, en reconnaissant que nous avons péché. »

 

Pourquoi ? « Il n’y a pas le terme “sœur”, en latin. Pour tenir compte des femmes dans les assemblées, nous l’avons ajouté. Les évêques canadiens étaient particulièrement sensibles à cet enjeu.

En latin, la traduction littérale est “préparons-nous à célébrer les saints mystères”. Cela reste difficile à saisir. Nous devions veiller à ce que le texte reste compréhensible. Qu’il ne sente pas la traduction. Le mystère a une grande importance dans la liturgie. Il ne s’agit pas de quelque chose sur quoi notre raison vient buter, mais quelque chose de positif et de fructueux dans la vie chrétienne. Nous l’avons donc gardé, ajoutant “de l’Eucharistie” pour que le fidèle sache de quoi il s’agit. »

 

 

Avant : (peuple) « Je confesse à Dieu tout-puissant, je reconnais devant mes frères, que j’ai péché. (…) C’est pourquoi je supplie la Vierge Marie, les anges et tous les saints, et vous aussi, mes frères, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu ».

 

Maintenant : « Je confesse à Dieu tout-puissant, je reconnais devant vous, frères et sœurs, que j’ai péché. (…) C’est pourquoi je supplie la bienheureuse Vierge Marie, les anges et tous les saints, et vous aussi, frères et sœurs, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu ».

 

Pourquoi ? « Le missel latin contient le très beau terme de bienheureuse (beatam). C’est le titre traditionnel de Marie, le plus fréquent dans le missel latin, qui emploie souvent “bienheureux” pour désigner les saints. La traduction française avait mis “saint” partout car depuis le Moyen Âge, on distingue juridiquement bienheureux et saints. Ce n’était pas le cas dans l’Antiquité, et le missel romain est en partie antérieur au Moyen Âge. Bienheureux, c’est les Béatitudes ; ce terme rattache davantage à l’Evangile. Nous avons donc mis “bienheureux” lorsqu’il s’agit d’un saint de l’Antiquité. Ceux postérieurs à la distinction bienheureux/saints restent “saints”, même si le missel les appelle “bienheureux”. »

 

 

Avant : (prêtre) « Seigneur Jésus, envoyé par le Père pour guérir et sauver les hommes, prends pitié de nous. (peuple) Prends pitié de nous. »

 

Maintenant : « Seigneur Jésus, envoyé pour guérir les cœurs qui reviennent vers toi : Seigneur, prends pitié. (peuple) Seigneur, prends pitié. »

 

Pourquoi ? « Dans cette troisième formule de l’Acte pénitentiel, les cœurs sont présents en latin. Cette nouvelle formule, sans “les hommes”, a aussi l’avantage d’être plus inclusive. Les femmes aussi peuvent être sauvées ! »

 

 

Avant : (peuple) « Toi qui enlèves le péché du monde, prends pitié de nous, toi qui enlèves le péché du monde, reçois notre prière. »

 

Maintenant : « Toi qui enlèves les péchés du monde, prends pitié de nous, toi qui enlèves les péchés du monde, reçois notre prière ».

 

Pourquoi ? « Le latin peccata est bien un pluriel. Mais il ne faut pas en faire tout un plat théologique. Le singulier français venait d’une excellente raison : il s’inspire d’une formule de Jean Baptiste dans l’Evangile : “Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde”. Dans l’Evangile en grec, péché est au singulier. Mais des traditions ultérieures en latin le mettent en pluriel. Comme nous devions traduire le missel romain et non le texte grec, nous avons gardé le pluriel. De même, avant la communion, il faudra aussi dire “agneau de Dieu, qui enlèves les péchés du monde”. »

 

 

Avant : (prêtre) « Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu, qui règne avec toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. »

 

Maintenant : « Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur, qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit, Dieu, pour les siècles des siècles. »

 

Pourquoi ? « L’omission du verbe “vit”, présent dans le missel latin, était une vraie perte de sens théologique. On s’adresse au Christ vivant, ressuscité, et pas seulement au Christ Roi qui règne. Il avait probablement disparu pour des raisons de liaison sonore disgracieuse : “vit et” prononcé “vité”. Il est pourtant autorisé, en français, de ne pas faire la liaison avant le “et”. Nous avons aussi rétabli “vit et” à la conclusion brève de la prière sur les offrandes et après la communion. »

 

 

Liturgie de la parole

 

Avant : « Je crois en un seul Dieu, le Père tout puissant, créateur du ciel et de la terre, (…) Engendré non pas créé, de même nature que le Père ».

 

Maintenant : « Je crois en un seul Dieu, le Père tout puissant, créateur du ciel et de la terre, (…) Engendré non pas créé, consubstantiel au Père ».

 

Pourquoi ? « Pour Jacques Maritain, cette première traduction du Symbole de Nicée-Constantinople était “hérétique”. La Trinité exige une même substance. Sinon, il y a trois dieux. Mais, bien que nous ayons, vous et moi, la même nature humaine, chacun a aussi sa nature individuelle. On nous a donc demandé de revenir au mot consubstantiel, consubstantialis en latin. J’aurais aimé, comme certains évêques, l’expression “de la nature même du Père”. Consubstantiel est technique ; il ne sera pas compris par tout le monde. »

 

 

Liturgie eucharistique

 

Avant : (prêtre) « Tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donnes ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes ; nous te le présentons : il deviendra le pain de la vie. »

 

Maintenant : « Tu es béni, Seigneur, Dieu de l’univers : nous avons reçu de ta bonté le pain que nous te présentons, fruit de la terre et du travail des hommes ; il deviendra pour nous le pain de la vie. »

 

Pourquoi ? « Les modifications traduisent plus fidèlement le latin. Le latin parle bien de largitate, largesse en français, ou encore bonté. »

 

Avant : (prêtre, à voix basse, après la préparation des dons) « Humbles et pauvres, nous te supplions, Seigneur, accueille-nous : que notre sacrifice, en ce jour, trouve grâce devant toi. »

 

Maintenant : « Le cœur humble et contrit, nous te supplions, Seigneur, accueille-nous : que notre sacrifice, en ce jour, trouve grâce devant toi ».

 

Pourquoi ? « Littéralement : “en esprit (spiritu) d’humilité et en esprit (animo) contrit”. Le latin animo se traduit aussi par esprit. Finalement, on a traduit l’ensemble par un seul mot, “coeur”, au sens riche de ce terme dans la Bible. »

 

 

Avant : (prêtre)« Prions ensemble, au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Eglise »

(peuple) « Pour la gloire de Dieu et le salut du monde »

 

Maintenant : (optionnelle, le prêtre peut garder l’ancienne formule) « Priez, frères et sœurs : que mon sacrifice, qui est aussi le vôtre, soit agréable à Dieu le Père tout-puissant. »

(peuple) « Que le Seigneur reçoive de vos mains ce sacrifice à la louange et à la gloire de son nom, pour notre bien et celui de toute l’Eglise. »

 

Pourquoi ? « La formule que nous avons depuis quarante ans est très bien frappée, très belle. Les autres pays nous l’envient. Mais elle est très éloignée de la formule latine. Nous avons traduit cette dernière, tout en demandant que l’ancienne soit conservée. Cela s’est débloqué en 2017, quand le pape François a publié son Motu proprio qui accorde davantage de pouvoir aux conférences épiscopales.

Les instructions de 2001, contenues dans Liturgiam authenticam, précisait d’ailleurs qu’il fallait changer le moins possible les formules dites par le peuple. C’est ce que nous avons essayé de faire. »

 

 

Avant : (prêtre) « Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire, de t’offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu, à toi, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant »

 

Maintenant : « Vraiment il est juste et bon, pour ta gloire et notre salut, de t’offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu, Seigneur, Père très saint »

 

Pourquoi ? « Le latin offre quatre adjectifs : “il est digne et juste, équitable et salutaire”. On peut comprendre pourquoi deux adjectifs, peu poétiques, ont été retirés il y a 40 ans. Nous avons longtemps cherché d’autres adjectifs. Aucun n’était satisfaisant. Finalement, on propose une traduction au sens large, mais plus poétique et qui se chante facilement. Car nous chantions toutes les formules que nous proposions. Dans le nouveau missel, nous incitons à chanter davantage. Rome le demandait. Nous y avons ajouté des signes pour indiquer aux chanteurs où faire la flexe ou la médiante. »

 

 

Avant : (prêtre) « Souviens-toi aussi de nos frères qui se sont endormis dans l’espérance de la résurrection, et de tous les hommes qui ont quitté cette vie : reçois-les dans ta lumière, auprès de toi. »

 

Maintenant : « Souviens-toi aussi de nos frères et sœurs qui se sont endormis dans l’espérance de la résurrection, et souviens-toi, dans ta miséricorde, de tous les défunts : accueille-les dans la lumière de ton visage. »

 

Pourquoi ? « “Lumière de ton visage” est la traduction littérale du latin. C’est très beau. Je ne comprends pas pourquoi cette formulation n’avait pas été gardée. Dans cette prière eucharistique n°2, il n’était question que des frères et des hommes. Les sœurs ont été ajoutées, même si le mot “soeurs” est absent du texte latin. Nous avons fait remarquer que la prière eucharistique n°1 contient déjà “serviteurs et servantes”. Il y a donc de l’inclusivité dans le texte latin. »

 

 

Avant : « (prêtre) Il est grand, le mystère de la foi : (peuple) Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. »

 

Maintenant : « (prêtre) Il est grand, le mystère de la foi : (peuple) Nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus, nous proclamons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. » Ou (optionnel, nouvelle acclamation) (prêtre) Qu’il soit loué, le mystère de la foi : (peuple) Sauveur du monde, sauve-nous ! Par ta croix et ta résurrection, tu nous as libérés. »

 

Pourquoi ? « Le latin propose trois acclamations. Une des trois, la dernière ici, n’avait jamais été traduite dans le missel français. C’est désormais chose faite. La quatrième acclamation, qui n’existe qu’en français, est très belle : “Proclamons le mystère de la foi : Gloire à toi qui étais mort, gloire à toi qui es vivant (…)”. Rome a permis que l’on garde cette acclamation. Les pays francophones en auront donc quatre. La première acclamation cite la première lettre aux Corinthiens : “annonçons” est plus fidèle au texte de Paul que “proclamons”. Bien que l’ancienne formule soit mémorisée par les fidèles, nous avons pris le risque de la corriger pour être plus fidèle à l’Ecriture sainte. »

 

 

Avant : (prêtre) « Délivre-nous de tout mal, Seigneur, et donne la paix à notre temps ; par ta miséricorde, libère-nous du péché, rassure-nous devant les épreuves en cette vie où nous espérons le bonheur que tu promets et l’avènement de Jésus Christ, notre Sauveur »

 

Maintenant : « Délivre-nous de tout mal, Seigneur, et donne la paix à notre temps : soutenus par ta miséricorde, nous serons libérés de tout péché, à l’abri de toute épreuve ; nous qui attendons que se réalise cette bienheureuse espérance : l’avènement de Jésus Christ, notre Sauveur ».

 

Pourquoi ? « Cette traduction a été très difficile. Il y a eu une douzaine de versions. Le latin dit littéralement “attendant la bienheureuse espérance et l’avènement de notre sauveur Jésus Christ”. En français, on n’attend pas une espérance, mais l’objet d’une espérance. Nous avons donc ajouté “que se réalise”. Nous avons retiré le “et” entre “espérance” et “avènement” car il s’agit de la même chose, pas de deux choses différentes. C’est une citation de la lettre de S. Paul à Tite (2,13), où, selon les spécialistes, le “et” signifie “c’est-à-dire”. Notre espérance, c’est l’avènement de notre Sauveur. »

 

 

Avant : (prêtre) « Heureux les invités au repas du Seigneur ! Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. »

 

Maintenant : « Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève les péchés du monde. Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ! »

 

Pourquoi ? « Nous rétablissons l’ordre de succession des phrases de l’édition latine. La belle formule “Heureux les invités au repas du Seigneur” était empruntée à la première lettre de Paul aux Corinthiens. Mais le missel latin s’inspire de l’Apocalypse : il parle du repas des noces de l’agneau. Littéralement, il s’agit du “repas de l’agneau”. Cela faisait un peu méchoui… Pour l’éviter, on a ajouté “noces”. La disparition de l’ancienne formule sera difficile, nous en avons conscience. On a toutefois obtenu que la formule suivante reste inchangée : “Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri”. Littéralement, il fallait traduire “Je ne suis pas digne de te recevoir sous mon toit”. Cela sonnait étrangement en français. »

 

 

Rites conclusifs

 

Avant : (prêtre) « Que Dieu tout-puissant vous bénisse, le Père, le Fils, (signe de croix) et le Saint-Esprit. »

 

Maintenant : « Que Dieu tout-puissant vous bénisse, le Père, et le Fils, (signe de croix) et le Saint-Esprit. »

 

Pourquoi ? « Le rétablissement du “et”, présent dans l’édition latine, remet les personnes de la Trinité sur le même plan. »

 

 

Avant : (prêtre) « Allez dans la paix du Christ. »

 

Maintenant : « Allez dans la paix du Christ. » Ou « Allez porter l’Evangile du Seigneur. » Ou « Allez en paix, glorifiez le Seigneur par votre vie. » Ou « Allez en paix. »

 

Pourquoi ? « Le missel latin de 2008 a introduit trois nouvelles formules optionnelles. Nous les avons traduites. »

 

Source: Le Pélerin | Le Forum catholique

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12 décembre 2021 7 12 /12 /décembre /2021 00:00

La nouvelle traduction du Missel romain a été promulguée au début de l’Avent 2021. (Conférence des évêques de France).

Le Missel romain est un livre destiné à la célébration de l’Eucharistie, selon les normes en vigueur de l’Église catholique romaine. Il contient les textes de prière pour la célébration de la messe, le dimanche comme pour tous les jours de l’année. Il est organisé en plusieurs parties selon la structure de l’année liturgique et des fêtes chrétiennes (Avent, Noël, Carême, Semaine Sainte et Pâques, Temps ordinaire), ainsi que des différentes étapes de la célébration de la messe.

Cette nouvelle traduction du Missel romain "représente une opportunité pastorale pour nos églises diocésaines. Elle est l’occasion de déployer la richesse et le sens de la célébration de l’Eucharistie selon l’ordo missae de 1970 promulgué par le saint Pape Paul VI."

‘Il importe d’accompagner la réception des nouveautés de cette traduction mais peut-être surtout de l’inscrire dans un projet plus vaste au service de l’édification d’un peuple de louange et d’adoration ». (extrait de Mgr Guy de Kérimel, Président de la Commission Épiscopale pour la Liturgie et la Pastorale Sacramentelle). (Diocèse Chartres)

Dans notre marche vers Noël, ce 3e dimanche de l'Avent est marqué par la joie, comme veulent le signifier les ornements liturgiques de couleur rose. Le motif de cette joie nous est donné : la présence du Seigneur au milieu de son peuple (première lecture Sophonie 3,14-18).

La perspective de la venue du Seigneur suppose de s'y préparer. L'Avent est aussi un temps de conversion selon la prédiction même du Baptiste. Jean le précurseur appelle à agir selon la justice : se préoccuper de celui qui a faim ou qui est dévêtu, se comporter avec honnêteté et ne pas abuser de la force qui nous est accordée.

Entrons dès maintenant dans la joie de Celui qui apporte justice et miséricorde.

"Ärgre dich, o Seele, nicht", (Ne te chagrine pas, ô mon âme), (BWV 186), est une cantate religieuse de Johann Sebastian Bach composée à Weimar en 1716.

 

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16 juillet 2021 5 16 /07 /juillet /2021 13:05

En cette fête de Notre-Dame du Mont Carmel, François publie une Lettre apostolique en forme de motu proprio, intitulée "Traditionis custodes", sur l’usage de la liturgie romaine avant la réforme de 1970. La lettre est publiée en italien et en anglais.

Il s'agit d'une suppression du Motu Proprio de Benoît XVI libéralisant la messe latine qui n'avait jamais été interdite puisque cette messe avait été canonisée en 1570 comme valable et utilisable par tous prêtres "à perpétuité" par Saint Pie V dans la Bulle Quo Primum. Cette bulle rendait obligatoire l'utilisation de ce missel dans toute l'Église latine, en faisant exception uniquement pour les lieux et diocèses où la liturgie eucharistique était célébrée suivant un rite au moins bi-séculaire; c'est ainsi que le rite ambrosien, le rite mozarabe et le rite cartusien des monastères des Chartreux ont pu continuer légalement leurs existence. La Bulle indiquait : "Nous avons décidé et déclarons que les supérieurs, administrateurs, chapelains et autres prêtres de quelque nom qu’ils seront désignés, ou les religieux de n’importe quel ordre, ne peuvent être tenus de célébrer la messe autrement que nous l’avons fixée, et que jamais et en aucun temps qui que ce soit ne pourra les contraindre et les forcer à laisser ce missel ou à abroger la présente instruction ou la modifier, mais qu’elle demeurera toujours en vigueur et valide." La Bulle frappait en outre de l’'indignation de Dieu tout-puissant et de ses bienheureux apôtres Pierre et Paul' celui qui "se permettait une ... altération" des dispositions de la bulle, et ordonnait "que jamais rien ne soit ajouté, retranché ou modifié" au dit missel. On peut lire cette Bulle de 1570 en français ici.

Il s'agit d'autre part d'un retour au Motu Proprio de Jean-Paul II de 1984 avec une limitation drastique et un encadrement strict de tous les prêtres qui la célèbrent.

Source: https://press.vatican.va/content/salastampa/it/bollettino/pubblico/2021/07/16/0469/01015.html

Source: https://press.vatican.va/content/salastampa/it/bollettino/pubblico/2021/07/16/0469/01015.html

En voici une traduction automatique :

 

Rome, le 16 juillet 2021

 

Chers frères dans l'épiscopat,

 

Comme mon prédécesseur Benoît XVI l'a fait avec Summorum Pontificum, j'ai moi aussi l'intention d'accompagner le Motu proprio Traditionis custodes d'une lettre, pour illustrer les raisons qui m'ont conduit à cette décision. Je m'adresse à vous avec confiance et parrhésie, au nom de cette « sollicitude partagée pour toute l'Église, qui contribue suprêmement au bien de l'Église universelle », comme nous le rappelle le Concile Vatican II.[1]

 

La plupart des gens comprennent les motifs qui ont poussé saint Jean-Paul II et Benoît XVI à autoriser l'utilisation du Missel romain, promulgué par saint Pie V et édité par saint Jean XXIII en 1962, pour le sacrifice eucharistique. La faculté - accordée par l'indult de la Congrégation pour le culte divin en 1984 [2] et confirmée par saint Jean-Paul II dans le Motu Proprio Ecclesia Dei en 1988 [3] - était avant tout motivée par la volonté de favoriser la guérison du schisme avec le mouvement de Mgr Lefebvre. Dans l'intention ecclésiale de restaurer l'unité de l'Église, les Évêques sont ainsi invités à accueillir avec générosité les « justes aspirations » des fidèles qui demandent l'usage de ce Missel.

 

Beaucoup dans l'Église en sont venus à considérer cette faculté comme une opportunité d'adopter librement le Missel romain promulgué par saint Pie V et de l'utiliser d'une manière parallèle au Missel romain promulgué par saint Paul VI. Afin de régler cette situation à distance de plusieurs années, Benoît XVI est intervenu pour remédier à cet état de fait dans l'Église. De nombreux prêtres et communautés avaient « utilisé avec gratitude la possibilité offerte par le Motu proprio » de saint Jean-Paul II. Soulignant que cette évolution n'était pas prévisible en 1988, le Motu proprio Summorum Pontificum de 2007 entendait introduire « une réglementation juridique plus claire » en la matière. [4] Afin de permettre l'accès à ceux, y compris les jeunes, qui « lorsqu'ils découvrent cette forme liturgique, se sentent attirés par elle et y trouvent une forme, particulièrement adaptée à eux, pour rencontrer le mystère de la très sainte Eucharistie », [5 ] Benoît XVI a déclaré « le Missel promulgué par saint Pie V et nouvellement édité par le bienheureux Jean XXIII, comme une expression extraordinaire de la même lex orandi », accordant une « possibilité plus ample pour l'utilisation du Missel de 1962 ». [6]

 

A l'appui de son choix se trouvait la conviction que cette disposition ne remettrait pas en cause l'une des décisions essentielles du Concile Vatican II, ni ne minimiserait ainsi son autorité : le Motu proprio reconnaissait pleinement que « le Missel promulgué par Paul VI est l'expression ordinaire de la lex orandi de l'Église catholique de rite latin "[7] . La reconnaissance du Missel promulguée par saint Pie V « comme une expression extraordinaire de la lex orandi elle-même » ne voulait en aucun cas méconnaître la réforme liturgique, mais était dictée par le désir de répondre aux « prières insistantes de ces fidèles » , leur permettant de « célébrer le Sacrifice de la Messe selon l'édition typique du Missel romain promulgué par le bienheureux Jean XXIII en 1962 et jamais abrogé, comme forme extraordinaire de la Liturgie de l'Église »[8] . Il était réconforté dans son discernement par le fait que ceux qui souhaitaient « retrouver la forme, qui leur est chère, de la sainte Liturgie », « acceptaient clairement le caractère contraignant du Concile Vatican II et étaient fidèles au Pape et aux évêques »[9] . Il a également déclaré infondée la crainte de scission dans les communautés paroissiales, car « les deux formes d'usage du rite romain auraient pu s'enrichir mutuellement »[10] . C'est pourquoi il a invité les évêques à surmonter les doutes et les peurs et à recevoir les normes, "en veillant à ce que tout se passe dans la paix et la sérénité", avec la promesse que "des moyens pourraient être recherchés pour trouver un remède", si "de graves difficultés se révélaient " dans l'application de la législation après " l'entrée en vigueur du Motu proprio "[11] .

 

Treize ans plus tard, j'ai chargé la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de vous envoyer un questionnaire sur l'application du Motu proprio Summorum Pontificum. Les réponses reçues ont révélé une situation qui m'angoisse et m'inquiète, confirmant la nécessité d'intervenir. Malheureusement, l'intention pastorale de mes prédécesseurs, qui avaient entendu « tout mettre en œuvre pour que tous ceux qui désirent vraiment l'unité puissent rester dans cette unité ou la retrouver »[12] , il a souvent été sérieusement négligé. Une possibilité offerte par saint Jean-Paul II et avec encore plus de magnanimité par Benoît XVI pour recomposer l'unité du corps ecclésial dans le respect des diverses sensibilités liturgiques a été utilisée pour augmenter les distances, durcir les différences, construire des contrastes qui blessent l'Église et ils entraver sa progression, l'exposant au risque de divisions.

 

Je suis également attristé par les abus de part et d'autre dans la célébration de la liturgie. Comme Benoît XVI, je stigmatise moi aussi que « dans de nombreux endroits les prescriptions du nouveau Missel ne sont pas célébrées fidèlement, mais il est même compris comme une autorisation voire une obligation à la créativité, ce qui conduit souvent à des déformations à la limite de ce qui est supportable "[13]. Mais je suis néanmoins attristé par une utilisation instrumentale du Missale Romanum de 1962, de plus en plus caractérisée par un rejet croissant non seulement de la réforme liturgique, mais du Concile Vatican II, avec l'affirmation infondée et insoutenable qu'il a trahi la Tradition et « la vraie Église ». S'il est vrai que le chemin de l'Église doit être compris dans le dynamisme de la Tradition, « qui vient des Apôtres et qui progresse dans l'Église avec l'assistance de l'Esprit Saint » (DV 8), le Concile Vatican II constitue le étape la plus importante de ce dynamisme, récemment, au cours de laquelle l'épiscopat catholique a écouté pour discerner le chemin que l'Esprit indiquait à l'Église. Douter du Concile, c'est douter des intentions mêmes des Pères,[14] , et, finalement, douter du Saint-Esprit lui-même qui guide l'Église.

 

Le Concile Vatican II lui-même éclaire le sens du choix de revoir la concession permise par mes prédécesseurs. Parmi les votes que les Evêques ont indiqué avec le plus d'insistance, celui de la participation pleine, consciente et active de tout le Peuple de Dieu à la liturgie se dégage[15] , dans la lignée de ce que Pie XII affirmait déjà dans l'encyclique Mediator Dei sur le renouveau de la liturgie[16] . La constitution Sacrosanctum Concilium a confirmé cette demande, en délibérant sur « la réforme et l'augmentation de la liturgie »[17] , indiquant les principes qui devaient guider la réforme[18] . En particulier, il a établi que ces principes concernaient le rite romain, tandis que pour les autres rites légitimement reconnus, il a demandé qu'ils soient « prudemment révisés de manière intégrale dans l'esprit d'une saine tradition et renforcés selon les circonstances et le temps"[19] . Sur la base de ces principes, la réforme liturgique a été réalisée, qui a sa plus haute expression dans le Missel romain, publié in editio typica par saint Paul VI.[20] et révisé par saint Jean-Paul II[21] . Il faut donc supposer que le Rite romain, adapté plusieurs fois au cours des siècles aux besoins de l'époque, a non seulement été conservé, mais renouvelé "dans le fidèle respect de la Tradition"[22] . Quiconque désire célébrer avec dévotion selon la forme liturgique antécédente n'aura aucune difficulté à trouver dans le Missel romain réformé selon l'esprit du Concile Vatican II tous les éléments du Rite romain, en particulier le canon romain, qui constitue l'un des les éléments les plus caractéristiques.

 

Une dernière raison de ma décision est la suivante : de plus en plus évident dans les paroles et les attitudes de beaucoup est le lien étroit entre le choix des célébrations selon les livres liturgiques antérieurs au Concile Vatican II et le rejet de l'Église et de ses institutions au nom de de ce qu'on appelle la « vraie Église ». C'est un comportement qui contredit la communion, nourrissant cette pulsion de division - « Je suis à Paul ; Moi, par contre, j'appartiens à Apollon ; Je suis de Céphas ; Je suis du Christ » - contre qui l'apôtre Paul a réagi fermement[23] . C'est pour défendre l'unité du Corps du Christ que je suis contraint de révoquer la faculté accordée par mes prédécesseurs. L'usage déformé qui en a été fait est contraire aux raisons qui les ont conduits à accorder la liberté de célébrer la messe avec le Missale Romanum de 1962. Puisque « les célébrations liturgiques ne sont pas des actions privées, mais des célébrations de l'Église, qui est » sacrement de l'unité ""[24] , ils doivent se faire en communion avec l'Église. Le Concile Vatican II, tout en réaffirmant les liens extérieurs d'incorporation à l'Église - la profession de foi, des sacrements, de communion -, a affirmé avec saint Augustin que c'est une condition pour que le salut demeure dans l'Église non seulement « avec le corps », mais aussi « avec le coeur »[25] .

 

Chers frères dans l'épiscopat, Sacrosanctum Concilium a expliqué que l'Église « sacrement de l'unité » est telle parce qu'elle est un « Peuple saint rassemblé et ordonné sous l'autorité des évêques »[26] . Lumen gentium, tout en rappelant à l'Évêque de Rome d'être « principe et fondement perpétuels et visibles de l'unité tant des évêques que de la multitude des fidèles », dit que vous êtes « principe visible et fondement de l'unité dans vos Églises locales, dans laquelle et à partir de laquelle il y a la seule et unique Église catholique »[27] .

 

Répondant à vos demandes, je prends la ferme décision d'abroger toutes les normes, instructions, concessions et coutumes antérieures à ce Motu Proprio, et de conserver les livres liturgiques promulgués par les Saints Pontifes Paul VI et Jean-Paul II, conformément aux décrets du Concile Vatican II, comme la seule expression de la lex orandi du rite romain. Je suis réconforté dans cette décision par le fait qu'après le Concile de Trente, saint Pie V a également abrogé tous les rites qui ne pouvaient se vanter d'une antiquité prouvée, établissant un seul Missale Romanum pour toute l'Église latine. Pendant quatre siècles, ce Missale Romanum promulgué par saint Pie V fut ainsi l'expression principale de la lex orandi du Rite romain, remplissant une fonction unificatrice dans l'Église. Pour ne pas contredire la dignité et la grandeur de ce Rite, les Evêques réunis en concile œcuménique demandent sa réforme ; leur intention était que « les fidèles ne devraient pas assister au mystère de la foi en tant qu'étrangers ou spectateurs silencieux, mais, avec une pleine compréhension des rites et des prières, participer à l'action sacrée consciemment, pieusement et activement »[28] . Saint Paul VI, rappelant que le travail d'adaptation du Missel Romain avait déjà été commencé par Pie XII, déclara que la révision du Missel Romain, effectuée à la lumière des sources liturgiques les plus anciennes, avait pour but de permettre à l'Église de élever, dans la variété des langues, « une seule et même prière » exprimant son unité[29] . J'ai l'intention de rétablir cette unité dans toute l'Église de rite romain.

 

Le Concile Vatican II, décrivant la catholicité du Peuple de Dieu, rappelle que « dans la communion ecclésiale il y a des Églises particulières, qui jouissent de leurs propres traditions, sans préjudice de la primauté de la chaire de Pierre qui préside à la communion universelle de charité, garantit les diversités légitimes et veille en même temps à ce que le particulier non seulement ne nuise pas à l'unité, mais qu'il la serve »[30] . Alors que, dans l'exercice de mon ministère au service de l'unité, je prends la décision de suspendre la faculté accordée par mes prédécesseurs, je vous demande de partager ce poids avec moi comme une forme de participation au souci de toute l'Église. Dans le Motu proprio, j'ai voulu affirmer qu'il appartient à l'évêque, en tant que modérateur, promoteur et gardien de la vie liturgique dans l'Église dont il est le principe d'unité, de régler les célébrations liturgiques. Il vous appartient donc d'autoriser dans vos Eglises, en tant qu'Ordinaires locaux, l'usage du Missel Romain de 1962, en appliquant les normes de ce Motu proprio. C'est avant tout à vous de travailler pour revenir à une forme festive unitaire, en vérifiant au cas par cas la réalité des groupes qui célèbrent avec ce Missale Romanum.

 

Les indications sur la marche à suivre dans les diocèses sont principalement dictées par deux principes : d'une part, pourvoir au bien de ceux qui sont enracinés dans la forme de célébration précédente et ont besoin de temps pour revenir au Rite romain promulgué par les saints Paul VI et Jean-Paul II ; d'autre part, interrompre l'érection de nouvelles paroisses personnelles, liées plus au désir et à la volonté des prêtres individuels qu'au besoin réel du « saint peuple fidèle de Dieu ». En même temps, je vous demande de veiller à ce que chaque liturgie soit célébrée dans le décorum et la fidélité aux livres liturgiques promulgués après le Concile Vatican II, sans excentricités qui dégénèrent facilement en abus. A cette fidélité aux prescriptions du Missel et aux livres liturgiques, qui reflètent la réforme liturgique voulue par le Concile Vatican II,

 

Pour vous, j'invoque l'Esprit du Seigneur ressuscité, afin qu'il vous rende forts et fermes dans le service du Peuple que le Seigneur vous a confié, afin que, par vos soins et votre vigilance, il exprime la communion même dans l'unité de un seul Rite, dans lequel une grande richesse de la tradition liturgique romaine. Je prie pour toi. Tu pries pour moi.

 

FRANCESCO

 

__________________

 

 

 

[1] Voir CONC. ÉCUM. T.V.A. II, Constitution dogmatique. Sur l'Église "Lumen gentium" 21 novembre 1964, n. 23 : AAS 57 (1965) 27.

 

[2] Voir CONGRÉGATION POUR LE CULTE DIVIN, Lettre aux Présidents des Conférences épiscopales « Quattuor abhinc annos », 3 octobre 1984 : AAS 76 (1984) 1088-1089.

 

[3] JEAN-PAUL II, Litt. App. Motu proprio datae « Ecclesia Dei », 2 juillet 1988 : AAS 80 (1998) 1495-1498.

 

[4] BENOÎT XVI, Epistula Episcopos Catholicae Ecclesiae Ritus Romani, 7 juillet 2007 : AAS 99 (2007) 796.

 

[5] BENOÎT XVI, Epistula Episcopos Catholicae Ecclesiae Ritus Romani, 7 juillet 2007 : AAS 99 (2007) 796.

 

[6] BENOÎT XVI, Epistula Episcopos Catholicae Ecclesiae Ritus Romani, 7 juillet 2007 : AAS 99 (2007) 797.

 

[7] BENOÎT XVI, Litt. App. Motu proprio datae « Summorum Pontificum », 7 juillet 2007 : AAS 99 (2007) 779.

 

[8] BENOÎT XVI, Litt. App. Motu proprio datae « Summorum Pontificum », 7 juillet 2007 : AAS 99 (2007) 779.

 

[9] BENOÎT XVI, Epistula Episcopos Catholicae Ecclesiae Ritus Romani, 7 juillet 2007 : AAS 99 (2007) 796.

 

[10] BENOÎT XVI, Epistula Episcopos Catholicae Ecclesiae Ritus Romani, 7 juillet 2007 : AAS 99 (2007) 797.

 

[11] BENOÎT XVI, Epistula Episcopos Catholicae Ecclesiae Ritus Romani, 7 juillet 2007 : AAS 99 (2007) 798.

 

[12] BENOÎT XVI, Epistula Episcopos Catholicae Ecclesiae Ritus Romani, 7 juillet 2007 : AAS 99 (2007) 797-798.

 

[13] BENOÎT XVI, Epistula Episcopos Catholicae Ecclesiae Ritus Romani, 7 juillet 2007 : AAS 99 (2007) 796.

 

[14] Voir CONC. ÉCUM. T.V.A. II, Constitution dogmatique. sur l'Église "Lumen gentium" 21 novembre 1964, n. 23 : AAS 57 (1965) 27.

 

[15] Voir ACTA ET DOCUMENTA VATICAN CONSEIL OCUMÉNIQUE II APPARANDO , Série I, Volume II, 1960.

 

[16] Pie XII, Litt. Encyc. "Mediator Dei et hominum", 20 novembre 1947 : AAS 39 (1949) 521-595.

 

[17] Voir CONC. ÉCUM. T.V.A. II, Constitution sur la liturgie sacrée « Sacrosanctum Concilium », 4 décembre 1963, nn. 1, 14 : AAS 56 (1964) 97.104.

 

[18] Voir CONC. ÉCUM. T.V.A. II, Constitution sur la liturgie sacrée « Sacrosanctum Concilium », 4 décembre 1963, n. 3 : AAS 56 (1964) 98.

 

[19] Voir CONC. ÉCUM. T.V.A. II, Constitution sur la liturgie sacrée « Sacrosanctum Concilium », 4 décembre 1963, n. 4 : AAS 56 (1964) 98.

 

[20] MISSALE ROMANUM ex décret Sacrosancti Oecumenici Conciles Vatican II instauratum auctoritate Pauli PP. VI promulgatum , editio typica, 1970.

 

[21] MISSALE ROMANUM ex décret Sacrosancti Oecumenici Conciles Vatican II instauratum auctoritate Pauli PP. VI promulgatum Ioannis Pauli PP. II cura recognitum , editio typica altera, 1975 ; editio typica tertia, 2002; (reimpressio emendata, 2008).

 

[22] Voir CONC. ÉCUM. T.V.A. II, Constitution sur la liturgie sacrée « Sacrosanctum Concilium », 3 décembre 1963, n. 3 : AAS 56 (1964) 98.

 

[23] 1Cor 1 : 12-13.

 

[24] Voir CONC. ÉCUM. T.V.A. II, Constitution sur la liturgie sacrée « Sacrosanctum Concilium », 3 décembre 1963, n. 26 : AAS 56 (1964) 107.

 

[25] Voir CONC. ÉCUM. T.V.A. II, Constitution dogmatique. Sur l'Église "Lumen gentium" 21 novembre 1964, n. 14 : AAS 57 (1965) 19.

 

[26] Voir CONC. ÉCUM. T.V.A. II, Constitution sur la liturgie sacrée « Sacrosanctum Concilium », 3 décembre 1963, n. 6 : AAS 56 (1964) 100.

 

[27] Voir CONC. ÉCUM. T.V.A. II, Constitution dogmatique. Sur l'Église "Lumen gentium" 21 novembre 1964, n. 23 : AAS 57 (1965) 27.

 

[28] Voir CONC. ÉCUM. T.V.A. II, Constitution sur la liturgie sacrée « Sacrosanctum Concilium », 3 décembre 1963, n. 48 : AAS 56 (1964) 113.

 

[29] PAUL VI, Constitution apostolique Missale Romanum (3 avril 1969), AAS 61 (1969) 222.

 

[30] Voir CONC. ÉCUM. T.V.A. II, Constitution dogmatique. Sur l'Église "Lumen gentium", 21 novembre 1964, n. 13 : AAS 57 (1965) 18.

Lettre apostolique en forme de Motu "Proprio" du Souverain Pontife François "Traditionis Custodes" sur l'usage de la Liturgie romaine avant la Réforme de 1970, 16.07.2021

 

Source: Vatican.va

[B0469]

 

LETTRE APOSTOLIQUE

EN FORME DE MOTU "PROPRIO"

DU SOUVERAIN PONTIFE FRANCOIS

 

"TRADITIONIS CUSTODES"

 

SUR L'USAGE DE LA LITURGIE ROMAINE AVANT LA RÉFORME DE 1970

 

Gardiens de la tradition, les évêques, en communion avec l'évêque de Rome, constituent le principe visible et le fondement de l'unité dans leurs Églises particulières. [1] Sous la conduite de l'Esprit Saint, par l'annonce de l'Évangile et par la célébration de l'Eucharistie, ils gouvernent les Églises particulières qui leur sont confiées. [2]

 

Pour promouvoir l'harmonie et l'unité de l'Église, avec une sollicitude paternelle envers ceux qui, dans certaines régions, ont adhéré aux formes liturgiques antérieures à la réforme voulue par le Concile Vatican II, mes vénérables prédécesseurs, saint Jean-Paul II et Benoît XVI, ont accordé et réglementaient la faculté d'utiliser le Missel romain publié par saint Jean XXIII en 1962. [3] De cette manière, ils entendaient « faciliter la communion ecclésiale à ces catholiques qui se sentent liés à certaines formes liturgiques antérieures » et non à d'autres. [4]

 

Suite à l'initiative de mon vénérable prédécesseur Benoît XVI d'inviter les évêques à vérifier l'application du Motu Proprio Summorum Pontificum , trois ans après sa publication, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a procédé en 2020 à une large consultation des évêques, la dont les résultats ont été soigneusement examinés à la lumière de l'expérience acquise ces dernières années.

 

Maintenant, après avoir considéré les vœux formulés par l'épiscopat et écouté l'avis de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, je souhaite, avec cette Lettre apostolique, continuer encore plus dans la recherche constante de la communion ecclésiale. Par conséquent, j'ai trouvé approprié d'établir ce qui suit :

 

Article 1. Les livres liturgiques promulgués par les Saints Pontifes Paul VI et Jean-Paul II, conformément aux décrets du Concile Vatican II, sont la seule expression de la lex orandi du Rite romain.

 

Article 2. L'évêque diocésain, en tant que modérateur, promoteur et gardien de toute la vie liturgique dans l'Église particulière qui lui est confiée, [5] est chargé de régler les célébrations liturgiques dans son propre diocèse. [6] Par conséquent, il est de sa compétence exclusive d'autoriser l'utilisation du Missale Romanum de 1962 dans le diocèse, en suivant les directives du Siège Apostolique.

 

Article 3. L'évêque, dans les diocèses où il y a jusqu'à présent la présence d'un ou plusieurs groupes célébrant selon le Missel avant la réforme de 1970 :

 

§ 1. est de veiller à ce que de tels groupes n'excluent pas la validité et la légitimité de la réforme liturgique, des préceptes du Concile Vatican II et du Magistère des Souverains Pontifes ;

 

§ 2. indique un ou plusieurs lieux où les fidèles adhérents à ces groupes peuvent se réunir pour la célébration eucharistique (mais pas dans les églises paroissiales et sans ériger de nouvelles paroisses personnelles) ;

 

§ 3. établir à l'endroit indiqué les jours où les célébrations eucharistiques sont autorisées avec l'usage du Missel romain promulgué par saint Jean XXIII en 1962. [7] Dans ces célébrations, les lectures doivent être proclamées en langue vernaculaire, en utilisant les traductions de l'Écriture sainte à usage liturgique, approuvée par les Conférences épiscopales respectives ;

 

§ 4. nommer un prêtre qui, en tant que délégué de l'évêque, est chargé des célébrations et de la pastorale de ces groupes de fidèles. Le prêtre est apte à cet office, est compétent pour utiliser le Missale Romanum antérieur à la réforme de 1970, a une connaissance de la langue latine qui lui permet de bien comprendre les rubriques et les textes liturgiques, est animé d'une vive charité pastorale, et un sens de la communion ecclésiale. Il faut en effet que le prêtre responsable ait à cœur non seulement la célébration digne de la liturgie, mais le soin pastoral et spirituel des fidèles.

 

§ 5. dans les paroisses personnelles érigées canoniquement au profit de ces fidèles, il procède à une évaluation appropriée de leur utilité réelle pour la croissance spirituelle, et évalue s'il convient ou non de les maintenir.

 

§ 6. veillera à ne pas autoriser la constitution de nouveaux groupes.

 

Article 4. Les prêtres ordonnés après la publication de ce Motu proprio, qui ont l'intention de célébrer avec le Missale Romanum de 1962, doivent en faire la demande formelle à l'Évêque diocésain qui consultera le Siège Apostolique avant d'accorder l'autorisation.

 

Article 5. Les prêtres qui célèbrent déjà selon le Missale Romanum de 1962 demanderont à l'évêque diocésain l'autorisation de continuer à faire usage de la faculté.

 

Article 6. Les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique, érigés à l'époque par la Commission pontificale Ecclesia Dei, relèvent de la compétence de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique.

 

Article 7. La Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements et la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique, pour les matières de leur compétence, exerceront l'autorité du Saint-Siège, surveillant l'observation de ces dispositions .

 

Article 8. Les normes, instructions, concessions et usages qui ne sont pas conformes aux dispositions du présent Motu Proprio sont abrogés.

 

Tout ce que j'ai délibéré avec cette Lettre Apostolique en forme de Motu Proprio , j'ordonne qu'elle soit observée dans toutes ses parties, malgré tout contraire, même si digne de mention particulière, et j'établis qu'elle soit promulguée par la publication dans le journal "L'Osservatore Romano", entrant immédiatement en vigueur et publié par la suite dans le Commentaire officiel du Saint-Siège, Acta Apostolicae Sedis .

 

Donné à Rome, à Saint-Jean de Latran, le 16 juillet 2021 Mémoire liturgique de Notre-Dame du Mont-Carmel, neuvième de Notre Pontificat

 

FRANCESCO

 

____________________

 

[1] Voir CONC. ÉCUM. T.V.A. II, Constitution dogmatique. sur l'Église « Lumen Gentium », 21 novembre 1964, n. 23 : AAS 57 (1965) 27.

 

[2] Voir CONC. ÉCUM. T.V.A. II, Constitution dogmatique. Sur l'église « Lumen Gentium », 21 novembre 1964, n. 27 : AAS 57 (1965) 32 ; CONC. ÉCUM. T.V.A. II, décr. sur la mission pastorale des évêques dans l'Église "Christus Dominus", 28 octobre 1965, n. 11 : AAS 58 (1966) 677-678 ; Catéchisme de l' Église catholique , n. 833.

 

[3] Voir JEAN-PAUL II, Litt. App. Motu proprio datae « Ecclesia Dei », 2 juillet 1988 : AAS 80 (1998) 1495-1498 ; BENOÎT XVI, Litt. App. Motu proprio datae « Summorum Pontificum », 7 juillet 2007 : AAS 99 (2007) 777-781 ; Litt. App. Motu proprio datae « Ecclesiae unitatem », 2 juillet 2009 : AAS 101 (2009) 710-711.

 

[4] JEAN-PAUL II, Litt. App. Motu proprio datae « Ecclesia Dei », 2 juillet 1988, n. 5 : AAS 80 (1988) 1498.

 

[5] Voir CONC. ÉCUM. T.V.A. II, Constitution sur la liturgie sacrée « Sacrosanctum Concilium », 4 décembre 1963, n. 41 : AAS 56 (1964) 111 ; Caeremoniale Episcoporum , n. 9 ; CONGRÉGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS, Instr. sur certaines choses qui doivent être observées et évitées concernant la Très Sainte Eucharistie « Redemptionis Sacramentum », 25 mars 2004, nn. 19-25 : AAS 96 (2004) 555-557.

 

[6] Cf. CIC , can. 375, § 1 ; pouvez. 392.

 

[7] Voir CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Décret « Quo magis » sur l'approbation de sept nouvelles préfaces pour la forme extraordinaire du Rite romain, 22 février 2020, et le Décret « Cum sanctissima » sur la célébration liturgique à l'honneur des saints sous la forme extraordinaire du rite romain, 22 février 2020 : L'Osservatore Romano , 26 mars 2020, p. 6.

 

[01014-FR.01] [Texte original : italien]

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15 juin 2021 2 15 /06 /juin /2021 15:00
La tempête qui a provoqué la désacralisation de la liturgie semble désormais derrière nous

Lundi, 14 juin 2021. La position d’un moine bénédictin à propos de la réforme liturgique :

« La réforme liturgique était nécessaire dans le rite latin de l’Église catholique. Le concile Vatican II a eu raison de la décréter. Dans les faits, cette réforme a échoué. En beaucoup d’endroits, l’authentique liturgie catholique n’existe plus et le mystère eucharistique est falsifié et dénaturé. Les causes principales sont les suivantes : le manque d’une vraie vie intérieure, une fausse conception des rapports entre ministère ordonné et laïcat, un grand nombre de chants en langue vernaculaire qui privilégient l’émotionnel et qui occultent la richesse de la doctrine et, last but not least, les nouveaux autels placés devant les anciens maîtres-autels pour permettre une célébration vers le peuple et non plus vers le Seigneur qui vient vers nous.

Si, dans les années qui viennent, la situation ne s’améliore pas ou si elle continue à se dégrader, je ne vois d’autre solution pour les catholiques lucides, que de revenir à la liturgie du missel de 1962, dans l’attente du jour où une vraie réforme sera faite, dans l’esprit de l'authentique Vatican II. »

 

Heureusement, il y a des monastères et quelques paroisses (conduites par de valeureux prêtres) qui ont compris Vatican II et en appliquent les idées sans les accommoder au goût du jour. Et on remarque aussi que le jeune clergé - hélas trop peu nombreux et obligé de composer avec des situations difficiles - est de plus en plus appliqué à respecter et à faire comprendre ce qu’a vraiment voulu le Concile. La tempête qui a provoqué la désacralisation de la liturgie semble désormais derrière nous ; mais tel un tsunami, elle aura laissé une Eglise passablement dévastée.

* * * * Vendredi, 11 juin 2021. Message envoyé par un internaute :

« L’un des derniers articles publiés sur le site de Pro Liturgia, d’un grand intérêt, commence par : « Le sujet qui devrait être en tête de liste des préoccupations actuelles dans nos diocèses et nos paroisses est bien la liturgie ». Cette seule phrase suscite le commentaire que je me permets de vous livrer.

La liturgie est un sujet sérieux et grave. Les orthodoxes la considèrent comme centrale dans la vie chrétienne et toute leur formation spirituelle, qu’ils soient laïcs ou religieux, y est fermement amarrée. Dans un reportage sur les journées d’études liturgiques du centre Saint-Serge, à Paris, diffusé il y a quelques années, son directeur tenait des propos sans ambigüité à ce sujet. On est loin de la logorrhée du « Service National de Pastorale Liturgique » (« et sacramentelle » depuis peu) !

Du côté oriental, on préserve la source et tout ce qui irradie de l’intérieur la vie spirituelle, tandis que du côté occidental liturgistes et autres exégètes intellectualisants des années 1950 ont desséché, désincarné la liturgie, la livrant toujours davantage aux fruits de leurs circonlocutions cérébrales. Abordé sous cet angle, le retour à l’unité dans l’Eglise du Christ n’est pas pour demain.

Devant la tristesse du spectacle que laissent nos églises vides, et pourtant soucieux de les remplir de fidèles, les évêques français persistent à organiser des synodes diocésains (où l’on retrouve souvent les mêmes personnes et les mêmes invités) pour « insuffler un nouvel élan missionnaire », « redynamiser la mission »... Bref, comme si, en quelque sorte, chacun d’eux cherchait à se positionner vis-à-vis de ses confrères, en faisant comme eux (et si possible mieux) sur le thème : « comment attirer le chaland ; forces et faiblesses de la pastorale ». Comment « remonter le moral des troupes » ? Au moyen de quel événement ?

Comment mais jamais pourquoi. La forme mais jamais le fond. Les conséquences mais jamais les causes... Et à chaque fois c’est reparti pour un tour. Alors, entre une célébration d’ouverture et une Messe de clôture (généralement organisées dans des stades ou des palais des expositions (lieux sacrés s’il en est), se succèdent des sessions produisant cahiers synodaux et rapports d’étape naturellement votés en assemblée plénière en fin de parcours. De tout ce travail législatif sort un épais catalogue de bonnes résolutions (tenant généralement sur plusieurs dizaines de pages) que l’on retrouve formulées autrement après chaque synode et avec le vocabulaire à la mode du moment. En parcourant cette paperasse, on se dit que, décidément, rien n’a changé dans l’Eglise en France depuis 50 ans. Les gens se font plaisir mais tournent en rond. Pour renouveler un genre passablement usé, la dernière trouvaille consiste à organiser un synode diocésain se déroulant dans les paroisses (les cadres vieillissants seraient-ils devenus moins mobiles ? A moins que ce ne soit pour mieux atteindre des fidèles peu au fait des « démarches synodales »). On change les modalités en pensant que celles-ci sont la clé de résolution des problèmes. Malheureusement, l’expérience démontre que ce n’est pas ainsi que l’on remplit les églises ; si les synodes diocésains (et autres conciliabules du même acabit) donnaient du fruit, ouvraient les portes du ciel, cela se verrait !

Dans le christianisme, un synode est une assemblée délibérative d’ecclésiastiques. Observons en passant notre conception occidentale du synode où celui-ci fonctionne comme une assemblée de parlementaires en débat (non élus mais cooptés), laquelle diffère notablement de la conception orientale, orthodoxe. Ainsi par exemple, dans l’Eglise russe, le Saint-Synode (ou « concile » permanent) est une institution collégiale placée au sommet de la hiérarchie religieuse. Composé aujourd’hui du patriarche, de sept membres permanents (métropolites) et cinq membres tournants choisis dans le reste de l'épiscopat, le Saint-Synode est notamment chargé de désigner les nouveaux évêques, de nommer les recteurs des séminaires et des académies de théologie, de pourvoir à la nomination des supérieurs monastiques (d’après wikipedia). Décidément, les deux poumons de l’Eglise jadis indivise ne respirent pas le même air...

Comprendra-t-on un jour, dans l’hémisphère occidental, que les bonnes intentions ne remédient pas à la désertion des églises ? Les fidèles participants aux commissions et autres groupes de travail ont le sentiment d’œuvrer pour l’Eglise mais en réalité ils vivent en circuit fermé, « autoréférentiels » comme l’avait dit Benoît XVI aux évêques de France ; ce ne sont pas des résolutions qui feront (re)venir les fidèles dans les paroisses. Si beaucoup ont décroché, tandis que ceux à qui leurs parents n’ont pas transmis la foi (et qui cherchent) sont de plus en plus nombreux à rester sur le seuil, c’est parce qu’ils ont le sentiment de trouver devant eux un club d’initiés qui ne se reconnaissent que dans le « faire » et dans l’ « agir » : « faire Eglise », agir ou « s’engager » pour (ou contre). Un milieu où l’on est d’autant plus considéré que l’on est « militant ». Or, un engagement caritatif (et le « paraître » qui va avec) ne se suffit pas à lui-même : il demeure stérile s’il n’est pas nourri.

Depuis des années, l’Église, en France, fait tout à l’envers. L’épiscopat, piégé par le langage des convenances médiatiques autant que par certaines postures mondaines, n’a rien vu, n’a rien compris. A-t-il conscience que les fidèles se trouvent spirituellement en danger ? Que sont, pour lui, tous ceux dont la foi a été stérilisée par le résultat de plusieurs décennies de pastorales où l’Essentiel a été sacrifié sur les autels de la mode, des tendances ? Le résultat des enquêtes ou des études sur la connaissance de leur religion par les catholiques en France est à cet égard particulièrement éloquent ! Dramatique !

Beaucoup frappent à la porte. Mais une fois celle-ci ouverte, ce qu’ils découvrent lorsqu’ils la franchissent suscite guère leur enthousiasme : les « célébrations » apparaissent comme d’aimables divertissements « autour de », comme des robinets d’eau tiède laissant chacun assoiffé. A contrario, une liturgie ordonnée, tournée vers le sacré et la transcendance, tendue vers les réalités d’En-Haut (Col 3, 1-2), suscite une ferveur intérieure, touche les cœurs. On peut ainsi observer dans les grandes villes combien les liturgies dignes, soignées (et parfois même célébrées en latin) attirent un nombre croissant de jeunes parmi lesquels certains n’avaient jusqu’alors aucun contact avec l’Eglise. Tout ceci démontre que la solution existe ; il suffit de vouloir l’appliquer (ce qui suppose évidemment de la clairvoyance et un certain courage.)

L’avenir de l’Église s’annonce très compliqué ; comment faire face aux nombreux (et terribles) défis qui se présentent à elle ? Pas seulement climatiques ou environnementaux, mais aussi - et surtout - sociaux, culturels, spirituels et religieux, civilisationnels, donc comportementaux, donc environnementaux. Le substrat chrétien de la société française part en lambeaux. Va-t-il subsister ? Combien de temps ? Que va-t-il en rester ? La nature ayant horreur du néant, le vide spirituel ambiant sera tôt ou tard, et d’une manière ou d’une autre, comblé par les plus entreprenants. N’y-a-t-il pas urgence car non-assistance à personnes en danger ? »

 

Source: Pro Liturgia

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20 février 2021 6 20 /02 /février /2021 08:10

Le péché de ce siècle est la perte du sens du péché.

Pie XII, 1946 in Pascal IDE, Les 7 péchés capitaux ou ce mal qui nous tient tête, Mame, Paris 2015, p. 9

L’Église est en crise ; et il s’agit d’une crise sévère !

Un exode massif hors des églises ; un esprit du temps anti-chrétien, « anti-divin », qui telles des bourrasques souffle dans l’Église et balaie des feuilles fanées ; le catholique européen voit le développement de ce qu’on pourrait appeler un « christianisme crypto-apostat ». Autant de réalités qui auraient été impensable... même sous les dictatures du 20e siècle.

Chose nouvelle : désormais, ce ne sont plus seulement les chrétiens tièdes et peu intéressés à la foi de leur baptême qui quittent l’Église ; ce sont aussi ceux qui souhaitent protester contre des structures ecclésiales qui n’ont jamais produit quoi que ce soit et qui sont aujourd’hui en ruine. Ces structures tournent à vide sans inviter ceux qui en font partie à regarder ce qui se passe autour d’elles et sans se soucier de ce que devrait être l’Église de Jésus-Christ.

 

Source : Pro Liturgia, Actualité du samedi 20 février 2021 

 

L’Église est en crise ; et il s’agit d’une crise sévère !

Certains estiment même qu’il s’agit d’une crise menaçant son existence. Certes le Christ a promis qu’il serait avec son Église jusqu’à la fin des temps. Il a bien parlé de « son » Église et non d’un ensemble d’Églises particulières qui se donneraient des structures leur permettant de s’engager dans diverses actions sociales ou pastorales pour paraître méritantes et sympathiques aux yeux des hommes.

"Une Eglise sans esprit de foi et dans laquelle seul compte l’activisme ne peut que disparaitre. Les évêques feraient bien d’y regarder de plus près et considérer que de très nombreux mouvements et groupes nés dans le sillage du Concile, au moment où l’on proposait aux fidèles passablement désorientés des catéchèses et des liturgies vides de sens, n’ont cherché qu’à marquer l’Église d’un style et de pratiques qui ne lui auront été d’aucune utilité : au lieu de mener des réflexions sérieuses sur la base de connaissances théologiques solides, ces mouvements et ces groupes ne se sont complu que dans des échanges de bons sentiments au sein d’une convivialité de clubs.

Une majorité d’évêques a volontairement gardé le silence face aux erreurs du clergé et s’est résignée à accepter ce que les pasteurs diocésains en leur particulier auraient dû refuser : il fallait alors laisser les fidèles se fourvoyer dans les expériences catéchétiques et liturgiques de quelques prêtres qui « faisaient le buzz » autour de leur personne ; il fallait laisser certains groupes de fidèles imprimer leur style liturgique à des paroisses entières et refuser de voir que, précisément, ces styles-là tarissaient la pratique dominicale et éteignaient les vocations.

Pour des raisons « pastoralement correctes », ces situations ne seront jamais étudiées et, partant, jamais corrigées.

C’est pourtant la clarté qui mène à la vérité. Il faut se résoudre à l’admettre : mieux vaut une vérité désagréable à entendre qu’une dissimulation des réalités qui un jour ou l’autre se retourne contre ceux qui, comme le faisait remarquer le cardinal Sarah, continuent à chanter « Tout va très bien madame la marquise ». Mais voilà : aujourd’hui, au lieu de prendre les problèmes au sérieux et d’exiger une démarche raisonnée à leur sujet, les personnes qui posent les bonnes questions sont marginalisées, réduites au silence. Tel est le nouveau style de l’Église que veulent imposer certains : il y est déconseillé de parler avec les fidèles qui critiquent les idées novatrices en les considérant à juste titre stériles ; il ne faut pas hésiter à les accuser d’avoir des comportements « antéconciliaires » (« Quoi ? Vous voulez encore chanter en latin comme autrefois ? ») limite pathologiques (« Ce que vous proposez montre bien que vous vivez hors du temps ! »)

De la part des supérieurs hiérarchiques, aucun soutien ni avis à attendre : trop de susceptibilités sont en jeu ! On ne considère jamais la réalité des faits (chute des vocations sacerdotales, fermeture d’églises...), mais uniquement le ressenti et la sensibilité. Au lieu d’échanger des arguments probants sur la situation actuelle de l’Église, on avance de vagues idées dans lesquelles alternent, suivant les cas, les bons sentiments et la malveillance.

Veut-on vraiment d’une telle Église faite d’une mosaïque de communautés hétéroclites qui, comme la rose de Pierre de Ronsard, ne durent que du matin jusques au soir ? Malheureusement, cette Église « new look » est déjà bien établie dans une majorité de diocèses. Quant à la véritable Église, celle du Christ, celle qui a les promesses de pouvoir se maintenir jusqu’à la fin des temps, elle finit par perdre toute sa pertinence au milieu de ces déchirements et de ces éclatements.

Ne pourrait-on pas, pour une fois, se consacrer sérieusement à une véritable confrontation théologique qui permettrait de (re)préciser à quoi devrait ressembler une annonce de la foi non tronquée dans un monde totalement sécularisé ? Oui, il nous incombe de toute urgence de redécouvrir ce que veut nous dire l’Église une, sainte, catholique et apostolique au sein d’une société marquée par l’indifférence religieuse et le matérialisme. Au XXIème siècle, le catholicisme ne pourra avoir de sens et d’avenir que dans la vérité de l’enseignement intégral de la doctrine de la foi.

Malheureusement, il faut bien constater que depuis des années, dans nombre de paroisses et de groupes de réflexions, cet enseignement intégral a cédé la place à des bavardages fatigants donnant naissance à des projets pastoraux qui ne font que participer à l’effondrement de l’Église voulue par le Seigneur.

 

Source : Pro Liturgia, Actualité du vendredi 19 février 2021 

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14 février 2021 7 14 /02 /février /2021 09:57
Séminaire diocésain de Bayonne : l'enseignement de la liturgie y est placé parmi les "disciplines nécessaires et majeures" et le chant grégorien est enseigné de façon régulière

Le séminaire diocésain de Bayonne est exemplaire à plus d’un titre : l’enseignement de la liturgie y est placé parmi les « disciplines nécessaires et majeures » (cf. Vatican II, Sacrosanctum Concilium, n. 16) et le chant grégorien est enseigné de façon régulière afin de pouvoir avoir la première place dans les actions sacrées (cf. Id. n.116). La théologie de Saint Thomas d’Aquin est également à l’honneur (cf. Vatican II, Optatam totius, note 36) dans ce séminaire diocésain réouvert à l’initiative de Mgr Marc Aillet.

Autre particularité qui a toute son importance : ce séminaire est enraciné dans l’identité du diocèse et dans la vie concrète de l’Église locale.

Il résulte de tout cela que le séminaire diocésain de Bayonne est l’un des rares séminaires diocésains à appliquer fidèlement les enseignements du concile Vatican II concernant la formation sacerdotale. Dans la plupart des autres séminaires, qu’ils soient diocésains ou interdiocésains, l’enseignement donné aux futurs prêtres demeure nettement insuffisant et souvent contraire aux directives de Vatican II.

 

G. Alswiller

Source : Pro Liturgia

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17 janvier 2021 7 17 /01 /janvier /2021 10:00

L'effondrement de l’Église était déjà en cours depuis des décennies à cause de choix pastoraux désastreux, mais l'élément extérieur du Covid-19 et les mesures de restrictions du culte ont accéléré le phénomène.

Une analyse de Pro liturgia :

Capture d’écran 2021-01-15 à 09.19.31

L'ACTUALITE

 

* * * * NOUVEAU Vendredi, 15 janvier 2021. Un récent article de « La Croix » nous annonçait qu’un tiers des pratiquants (déjà peu nombreux en temps ordinaire) n’avait pas repris le chemin des églises depuis le début de la pandémie.

L’effondrement de la pratique était prévisible. Nos célébrations paroissiales étaient déjà pour la plupart des moments d’ennui pour beaucoup de fidèles à cause de la fadeur de la liturgie ; elles sont désormais, en plus, devenues des moments barrés d’interdits et de pesantes contraintes qui rendent à peu près impossible à beaucoup de fidèles une participation effective au Mystère célébré. La politique - suicidaire sur le plan pastoral - consistant à rendre obligatoire une pré-inscription des fidèles pour assister aux offices engendre une exclusion des plus démunis, des plus simples et en décourage beaucoup d’autres.

 

Il résulte de tout cela qu’à l’occasion de cette pandémie, et ce malgré le dévouement remarquable d’une minorité de prêtres et de fidèles, l’Église a clairement manqué son rendez-vous avec l'histoire. Une fois de plus.

Nous payons aujourd’hui le prix de décennies de choix pastoraux désastreux qui ont engendré un catholicisme mou, attachés à une doctrine vague, à une spiritualité irénique et niaise, à des liturgies fades, médiocres et indigentes. Il est évident qu’un tel modèle ecclésial ne pouvait que s’effondrer dès qu’un événement un tant soit peu dramatique allait frapper la société. Cet effondrement - ou plutôt cette accélération d’un effondrement déjà en cours depuis longtemps - se réalise aujourd'hui sous nos yeux. Et les catholiques eux-mêmes - à commencer par leurs pasteurs, surtout ceux d’une certaine génération - en sont les premiers responsables.

Covid-19 : l’Église a clairement manqué son rendez-vous avec l'histoire
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12 janvier 2021 2 12 /01 /janvier /2021 10:14
Cléricalisation : Confusion à deux reprises: sur le motu proprio "Spiritus Domini" de François

Source: The Catholic World Report

 

Le problème sous-jacent de ce document est qu'il éviscère l'enseignement clair de saint Jean-Paul II dans l'exhortation apostolique post-synodale Christifideles Laici.

 

Le dernier motu proprio du pape François, Spiritus Domini, ouvre aux femmes les petits ministères de lecteur et d'acolyte. En apparence, cela peut ressembler à beaucoup de bruit pour rien puisque les femmes travaillent comme lecteurs et acolytes depuis des décennies maintenant. Le Seigneur sait que tout le monde a une grand-mère qui distribue la Sainte Communion depuis des années. 1

 

Cependant, il y a bien plus à considérer ici que les personnes exerçant des "fonctions". 2

 

Le problème sous-jacent de ce document est qu'il éviscère l'enseignement clair de saint Jean-Paul II dans l'Exhortation apostolique post-synodale Christifideles Laici (1988), où nous lisons:

Lorsque la nécessité ou l'utilité de l'Eglise l'exigent, les pasteurs peuvent, selon les normes établies par le droit universel, confier aux fidèles laïcs certains offices et certaines fonctions qui, tout en étant liés à leur propre ministère de pasteurs, n'exigent pas cependant le caractère de l'Ordre. Le Code de Droit Canon prescrit: «Là où les nécessités de l'Eglise le conseillent, et à défaut de ministres sacrés, des laïcs peuvent, même sans être lecteurs ou acolytes, remplir en suppléance telle ou telle de leurs fonctions: ministère de la parole, présidence des prières liturgiques, administration du Baptême, distribution de la Sainte Communion, suivant les normes du droit»(69). Il faut remarquer toutefois que l'exercice d'une telle fonction ne fait pas du fidèle laïc un pasteur: en réalité, ce qui constitue le ministère, ce n'est par l'activité en elle-même, mais l'ordination sacramentelle. Seul le sacrement de l'Ordre confère au ministre ordonné une participation particulière à la fonction du Christ Chef et Pasteur et à son sacerdoce éternel(70). La fonction exercée en tant que suppléant tire sa légitimité formellement et immédiatement de la délégation officielle reçue des pasteurs et, dans l'exercice concret de cette fonction, le suppléant est soumis à la direction de l'autorité ecclésiastique. (n. 23)

Jean Paul poursuit:

 

Dans cette même Assemblée synodale cependant, à côté de jugements positifs, les critiques n'ont pas manqué. Elles ont porté sur l'usage indiscriminé du terme «ministère», sur la confusion et le nivellement pratiqué entre le sacerdoce commun et le sacerdoce ministériel, sur la non application des lois et des normes ecclésiastiques, l'interprétation arbitraire du concept de «suppléance», la tendance à la «cléricalisation» des fidèles laïcs et le risque de créer en fait une structure ecclésiale de service parallèle à celle qui est fondée sur le sacrement de l'Ordre. (n. 23).

 

Il faut dire d'emblée que Jean-Paul n'inventait pas des catégories théologiques. En effet, on ne peut pointer une seule ligne dans les seize documents de Vatican II où le mot "ministère" ou "ministre" était appliqué aux non ordonnés. Alors, voyons ce que dit le prudent Jean-Paul et comment cela correspond à ce que dit François.

 

Premièrement : "en fait, une personne n'est pas un ministre simplement en accomplissant une tâche, mais par l'ordination sacramentelle". Au fil des ans, un langage grossier a favorisé la confusion, de sorte que chacun et son oncle sont des ministres de quelque chose ou d'autre (par exemple, "ministre de la musique", "ministre de l'hospitalité", "ministre du deuil"). C'est pourquoi Jean-Paul rappelle à tous que lors du Synode qui a donné naissance à Christifideles Laici, "un jugement critique a été exprimé. ... à propos d'une utilisation trop aveugle du mot "ministère"".

 

Deuxièmement : pourquoi en est-il ainsi ? Parce que cela conduit à la "confusion", dit-il, et risque de "créer, en réalité, une structure ecclésiale de service parallèle à celle fondée sur le sacrement de l'Ordre". Dix ans après Christifideles Laici, huit dicastères de la Curie romaine ont pris l'initiative sans précédent de coproduire un document traitant de ces questions très graves : Instruction sur certaines questions concernant la collaboration des fidèles non-ordonnés au ministère sacré du prêtre. En d'autres termes, ce problème se pose depuis longtemps. Les prélats responsables de cette Instruction rappellent à tous l'interdépendance des problèmes :

 

Entre autres choses, elle [l'équation facile de l'activité des laïcs avec le sacerdoce ministériel] peut encourager une réduction des vocations au sacerdoce (ministériel) et obscurcir le but spécifique des séminaires comme lieux de formation au ministère ordonné. Il s'agit de phénomènes étroitement liés. Leur interdépendance exige une réflexion approfondie afin d'arriver à des conclusions bien réfléchies à leur égard.

 

Le document actuel et son motu proprio qui l' accompagne ne semblent pas prendre au sérieux les avertissements lancés par le Pape Jean-Paul ou par les responsables du dicastère en 1997 - comme si ces dangers ne persistaient pas jusqu'à nos jours ?

 

Certes, les femmes remplissent ces fonctions; cependant, c'est une chose de permettre à quelqu'un de jouer un rôle par délégation et d'institutionnaliser l'exercice de ce rôle chez une personne. Par exemple, si j'ai un feu dans ma cuisine, il est tout à fait logique pour moi de saisir l'extincteur et d'éteindre le feu. Cependant, cela ne fait pas de moi un pompier!

 

Comme d'habitude avec François, il y a des curiosités derrière ce document.

 

Où est le processus consultatif dans tout cela? Je pensais que c'était le Pape de la collégialité et de la synodalité. Il n'y a pas la moindre preuve que quiconque ait été consulté. Cela rappelle le comportement de François dans l'encadrement de Mitis Iudex en 2015, réformant certaines procédures de poursuite d'un décret de nullité dans une affaire matrimoniale. Personne n'a été associé dans la discussion avant la promulgation du décret, à la suite de quoi de nombreuses situations imprévues par le Pape et son entourage ne sont apparues que plus tard, de sorte que le document est relativement inutile. L'Église demande une consultation pour une raison.

 

Même le pape Pie IX, dans la perspective de sa définition du dogme de l'Immaculée Conception, a sollicité l'apport de l'épiscopat mondial (comme Pie XII avec le dogme de l'Assomption). Toute sagesse ne réside pas dans un seul homme, et cela est particulièrement vrai de François, qui a une formation théologique superficielle et qui a en fait exprimé son quasi-dédain pour la théologie à de nombreuses reprises. 3

 

Autre bizarrerie: le Pape écrit une lettre au préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, l'instruisant sur les raisons de cette décision. Je pensais que c'était censé être l'inverse! Cela a-t-il été fait parce que le préfet a refusé de signer ce document?

 

En outre, pourquoi François était-il apparemment obligé de faire appel à un professeur de l'Université du Latran pour fournir la "note explicative" du document? Est-ce parce que, une fois de plus, il n'a pu trouver personne au sein de sa propre curie pour approuver sa décision?

 

À plusieurs reprises, François a du mal à s'éloigner de cette démarche qui consiste à donner à n'importe quelle femme l'accès à l'épiscopat, au presbytère ou au diaconat. Bien sûr, cette décision donne en fait des raisons de croire à tort que l'accès aux ministères officiels de lecteur et d'acolyte est en fait un tremplin vers l'ordination éventuelle. C'est une attitude pastoralement insensible et nuisible pour les âmes de ceux qui sont induits en erreur. Ou bien ce document est-il un coup de pouce à ceux qui font une fixation sur le diaconat féminin, leur donnant un atterrissage en douceur pour un jugement final négatif sur le diaconat féminin ?

 

Ce qui est tout aussi étrange, c'est que François, sans doute le pape le plus anticlérical de l'histoire, se soit maintenant engagé dans cette même cléricalisation qu'il a si souvent condamnée et qui a été prévue par Jean-Paul il y a plus de trente ans.

 

Si François pensait que cette action apaiserait ceux qui pressent la cause de l'ordination féminine, il se trompe grossièrement. Le seul effet de ce document sera une nouvelle aliénation de ceux dont il s'est aliéné pendant des années.

Notes:

 

1 La pratique quasi universelle aux États-Unis de recourir à des ministres "extraordinaires" de la Sainte Communion est particulièrement flagrante, en violation de l'Immensae Caritatis, du Code de droit canonique, Inaestimabile Donum et Redemptionis Sacramentum. "Extraordinaire" est, en fait, "ordinaire"; triste à dire, beaucoup plus de catholiques américains reçoivent la sainte communion d'un laïc que d'un prêtre ou d'un diacre. Pourquoi les évêques n'ont-ils pas freiné ces abus ?

2 J'ai un intérêt (et une compétence) particulier dans ce domaine puisque ma thèse de licence en théologie sacrée à la Maison dominicaine d'études à Washington portait précisément sur les ministères inférieurs au diaconat, de Trente à Vatican II.

3 En fait, François n'est en aucune façon un homme de collégialité et de synodalité. Il ne consulte même pas son propre Collège des cardinaux. Ses prédécesseurs immédiats ont tenu des réunions du Collège avant un consistoire pour créer de nouveaux cardinaux, sollicitant et recevant ainsi leurs conseils. François n'a fait cela que la première fois, probablement parce qu'il ne valorise pas les idées des cardinaux ou qu'il sait que leurs opinions pourraient contester les siennes.

 

(Fin de citation)

___________

Note du blog Christ-Roi. La cléricalisation en cours sous le pontificat de François se situe en droite ligne du concile Vatican II qui confond clercs et laïcs ("la participation des laïcs au sacerdoce commun et au culte" de LG 34).

 

Et une inquiétude paraît que nous avions décrite ici : "en liant désormais plus étroitement le sort des chrétiens à celui des empires, en demandant que les laïcs s'engagent résolument pour un modèle global et universel qui sert de base au nouvel ordre international, cette nouvelle orientation de l'Église revient sur mille ans de distinction nuancée des clercs et des laïcs."

 

Avec ce mouvement de cléricalisation des laïcs, parallèlement, on demande systématiquement au religieux de s'immiscer dans le temporel et de faire de la politique, mais en revanche on ne demande jamais au temporel (au politique) de respecter et de tenir compte du spirituel. Un deux poids deux mesures dont il faudra bien se départir un jour.

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23 septembre 2020 3 23 /09 /septembre /2020 07:27

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Source: Peter Kwasniewski

LifeSiteNews

 

Si l'Église est censée se retirer du monde, alors sa liturgie doit faire de même, nous indiquant des réalités célestes qui demeurent à jamais.

Mar 22 sept. 2020 - 9 h 57 HNE

 

22 septembre 2020 ( LifeSiteNews ) - J'ai dit une fois dans une interview :

 

Dans tous ses aspects, l'usus antiquior est comme un exorcisme perpétuel du diable, en indiquant encore et encore le triomphe de Dieu incarné sur l'ancien ennemi de la nature humaine. Le fait même que la nouvelle liturgie ait aboli ou abrégé les exorcismes partout où ils se trouvaient - dans le rite du baptême, dans diverses bénédictions, dans le rite même de l'exorcisme lui-même! - en dit long.

 

Une dame en Allemagne m'a écrit à propos de cette interview, partageant avec moi ses réflexions sur le discours du Pape Benoît XVI à Fribourg le 25 septembre 2011, dans lequel il appelait à une "déworldification" (Entweltlichung) de l'Église. Voici l'essentiel de ses observations très intéressantes.

 

Si l'Église est censée se retirer du monde - non pas pour l'abandonner à l'enfer, mais pour l'appeler à son destin ultime et élever sa vision au-dessus de l'éphémère - alors sa liturgie doit faire de même, nous indiquant les réalités célestes qui demeurent pour toujours et donner un sens à tout ce qui passe ici-bas, et relativiser le temporel contre les horizons de l'histoire et de l'éternité.

 

Cette déworldification a lieu particulièrement fortement dans l'ancien rite, moins dans le nouveau. La célébration traditionnelle de la messe souligne que le sacrifice de Jésus-Christ sur la croix au Golgotha ​​est renouvelé sans effusion de sang. Le Seigneur nous joint mystiquement à sa mort sur la croix; Son amour sans bornes pour les hommes nous irradie au moment où il donne sa vie en sacrifice en expiation de nos péchés. Sous la croix se tiennent la Sainte Mère et le disciple que Jésus aimait. Le rideau du temple est déchiré en deux; les soldats tombent au sol. L'obscurité descend sur tout le pays. Les forces du mal sont jetées dans l'abîme de l'enfer. En conséquence, un nettoyage en profondeur a lieu, un «exorcisme» se produit, et cela se fait dans chaque Sainte Messe au cours de laquelle le Saint Sacrifice est offert. L'Église est glorifiée par le saint amour du Christ et en même temps libérée des mauvaises puissances. Ses ennemis sont détruits. Dans la célébration du sacrifice de la messe, il y a toujours une déworldification dans le sens de la purification du mal, du renforcement dans le bien et de la promesse d'immortalité.

 

Dans le nouveau rite de la messe, cependant, la célébration de la «Dernière Cène» est au centre. Ici, l'aspect de l'amour fraternel est renouvelé; il favorise une coexistence pacifique, l'idée de communauté et l'unité de l'assemblée. Néanmoins, au Cénacle, Judas est également toujours présent. La Sainte Mère a disparu. Aucun ennemi n'est détruit, pas même menacé. Judas s'en va seul, inaperçu, comme beaucoup de ceux qui quittent l'église aujourd'hui. Presque tous ceux qui sont rassemblés s'approchent de la table du Seigneur pour recevoir la communion, qu'ils soient spirituellement en communion ou non. Est-ce qu'ils approuvent pleinement l'enseignement du Maître et le reçoivent comme leur Seigneur et Dieu, ou sont-ils alignés avec les pharisiens et les scribes qui planifient sa chute, avec Ponce Pilate qui hausse les épaules et se lave, ou essaie de se laver les mains de complicité? Ce rite de messe,

 

Pour faire une comparaison avec un drame, cela n'a aucun sens pourquoi l'acte final et l'apogée (le sacrifice du Christ sur la croix) est plus ou moins ignoré dans la pièce, et au lieu de cela, l'avant-dernier acte (le Dîner du Seigneur) est effectué. La suppression phénoménologique du caractère sacrificiel de la Sainte Messe au profit de son caractère de repas est au fond un scandale. Cela ne peut s'expliquer que par le fait que les ennemis de l'Église savaient qu'ils ne pourraient jamais éliminer complètement la Sainte Messe; ils ont d'abord dû créer une forme plus faible, qui devient de plus en plus faible et, à un moment donné, est assimilée au dévouement protestant traditionnel.

 

C'est pourquoi les ennemis de la Sainte Mère Eglise, petits et grands, sont contre l'ancienne messe. Même les ecclésiastiques qui voient que sous la nouvelle forme, ils sont entourés de tous côtés par des problèmes pour eux-mêmes, continuent de s'y accrocher.  

 

Le ressort le plus profond de la décision du pape Benoît XVI de "libérer" l'usus antiquior - c'est-à-dire le rite romain historiquement continu de la messe transmis par la tradition - n'était pas simplement la réconciliation avec la Fraternité Saint-Pie X, ou des relations amicales avec des groupes dispersés de traditionalistes. Comme il l'a dit dans sa lettre Con Grande Fiducia, il s'agissait de réconcilier l'Église avec elle-même, avec sa propre histoire et tradition. Ce qu'il a omis de dire, sans doute pour des raisons de diplomatie papale, c'est que c'est son prédécesseur Paul VI qui a fait plus que tout autre pape pour rompre les liens avec l'héritage catholique immémorial dans tous les aspects de la vie de l'Église. Ce n'était pas une simple "mauvaise application" du Concile Vatican II, mais une attaque frontale approuvée par le pape contre le surnaturel ou l'essence et la mission surnaturelles de l'Église du Christ sur terre.

 

Malheureusement, près de dix ans après le discours de Fribourg, nous pouvons dire que le message du Pape Benoît XVI d'Entweltlichung ou "déworldification" est tombé dans l'oreille d'un sourd, à la fois dans la bureaucratie richement financée de l'épiscopat allemand et dans l'Église au sens large qui continue sur sa manière pas très joyeuse de sécularisation.

 

Avec l'aimable autorisation de Juventutem DC, nous avons ces statistiques époustouflantes d'Allemagne. Les détails ont quelque peu changé depuis l'annonce initiale de ces plans, mais le fait même qu'ils aient été et soient toujours envisagés nous donne un "portrait du nouveau printemps" effectif:

 

L'archidiocèse de Fribourg est en train de regrouper 1057 paroisses en 40.

L'archidiocèse d'Utrecht, qui comptait 355 paroisses en 1965 et en est réduit à 280 aujourd'hui, n'en aura que 20 au cours de la prochaine décennie.

Le diocèse de Trèves - le plus ancien d'Allemagne - regroupe 905 paroisses en 35.

Le diocèse d'Essen a réduit le nombre de ses paroisses de 259 à 43.

L'archidiocèse de Luxembourg a réduit le nombre de ses paroisses de 274 à 33.

L'archidiocèse de Berlin réduit le nombre de ses paroisses de 105 à 30 d'ici 2020.

 

D'un autre côté, depuis la promulgation de Summorum Pontificum en juillet 2007, le nombre de lieux de messe latine traditionnelle (non-FSSPX) en Allemagne est passé de 35 à plus de 150, selon Pro Missa Tridentina. La FSSPX, pour sa part, rapporte 42 sites, un nombre qui n'a cessé de grimper au fil des ans. Il y a, après tout, des pousses vertes dans cet étrange printemps. Ils sont précisément là où le processus de déworldification ne s'est pas installé ou est consciencieusement combattu.

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6 septembre 2020 7 06 /09 /septembre /2020 08:32

Dernière folie à Milan: Confirmation avec des cotons-tiges biodégradables

 

06-09-2020

 

La Nuova Bussola Quotidiana

 

Luisella Scrosati

 

Une note du bureau de l'archidiocèse de Milan dicte les nouvelles règles pour la célébration des confirmations: en plus des mesures absurdes habituelles pour garantir la distanciation sociale, pour l'onction, il est suggéré - au lieu de la boule de coton habituelle - d'utiliser le  "coton-tige biodégradable", un exemple admirable d'Église sainement corrigée et écologiquement convertie. Pendant ce temps, dans la province de Forlì, un maire - apparemment avec le consentement du curé de la paroisse - impose aux enfants des tampons comme condition pour recevoir la première communion. Il s'agit-là seulement des derniers exemples d'une Église en plein désarroi et désormais complètement asservie à l'État.

 

Le cher cardinal Giacomo Biffi, dans son Cinquième Évangile, humoristique et pénétrant - qui imaginait la découverte d'un nouvel évangile, en fait, qui reprenait certains passages traditionnels et les relisait ironiquement à la lumière de la théologie moderne - n'avait pas pu imaginer autant de choses. Son esprit avait peut-être été quelque peu freiné par son célèbre réalisme et son bon esprit substantiel. Lui, le bon Biffi, n'en était pas venu à penser que ses frères dans le sacerdoce et l'épiscopat seraient un jour inspirés par quelques versets d'un pseudo-évangile qui rapportait, à sa manière, l'histoire de la guérison du lépreux.

 

S'il avait toujours été parmi nous, il aurait certainement aussi "trouvé" cette partie dans laquelle, à la supplication du lépreux, Jésus, au lieu de tendre la main, de le toucher et de dire: "Je le veux, sois purifié!" (cf. Mc 1, 40-41), avait fait usage de ses apôtres et du pouvoir de Rome, pour vérifier que le lépreux n'avait pas une température supérieure à 37,5 ° C et n'avait pas été en contact avec des personnes mises en quarantaine. Bref, les choses se seraient plus ou moins passées comme cela, selon le texte "redécouvert":

 

"Puis un lépreux vint vers lui: il le supplia à genoux et lui dit: Si tu veux, tu peux me guérir!". Poussé par la peur, Jésus retira sa main, s'assura de garder la distance d'au moins deux mètres et, plaçant soigneusement le voile devant son nez et sa bouche, lui dit: "Je le veux, sois guéri. Mais dans tous les cas, vous comptez comme une personne infectée". Immédiatement, la lèpre a disparu et il s'est rétabli. Et, le réprimandant sévèrement d'avoir quitté la maison et de ne pas avoir observé la quarantaine, il le renvoya et lui dit: "Fais attention à ne pas te promener sans masque, mais va, présente-toi au prêtre, et dis-lui de se méfier de tout le monde, de ceux qui ont des maladies infectieuses". Et les gens se sont réjouis de l'attention portée par le Maestro à la santé publique".

 

C'est plus ou moins de cet "évangile" que l'archidiocèse de Milan a dû s'inspirer en publiant la dernière note méticuleuse pour la célébration de la Confirmation ( ici ) éditée par le Bureau et datée du 3 septembre. Ainsi, alors que dans les écoles de toute l'Italie, y compris celles de Milan et des environs, les enfants pourront s'asseoir à leur bureau sans masque, les mêmes enfants qui se retrouveront à leur place parmi les bancs d'une église, qui notoirement (expliquez-le à l'évêque, et au CTS) ont un volume cubique des dizaines de fois supérieur à celui des places d'une salle de classe, ils devront garder le masque.

 

Et évidemment le candidat doit garder une distance d'un mètre avec le parrain. Ce qui, vous pouvez être sûr, se produira également pendant les festivités au restaurant ou à la maison. Et cela avait sûrement dû se produire avant la célébration. Car l'oncle, la sœur ou la cousine du candidat, de février à aujourd'hui, n'ont certainement jamais approché l'enfant. Qu'il l'a ensuite touché, sans même y penser; la première fois, le premier contact n'aura lieu qu'au moment fatidique, lorsqu'il posera sa main sur l'épaule du filleul, un geste gracieusement accordé par le diocèse. Hypocrisie.

 

Mais ce n'est pas tout. Lorsque les confirmants iront recevoir la Sainte-Hostie, tous à bonne distance, et que le ministre aura mis une muselière, alors l'onction sera donnée, selon les dispositions de la CEI, avec "une boule de coton ou une serviette pour chaque confirmant". Mais le diocèse de Milan, toujours zélé, fait encore plus : il suggère - entendez, entendez - "l'utilisation de cotons-tiges biodégradables", c'est-à-dire les cotons-tiges nouvelle génération. Le ministre de l'Environnement sera donc également satisfait et la conversion écologique est démontrée.

 

Inutile de dire que le ministre "en faisant le geste expressif de l'imposition de la main veillera à ne pas toucher la tête du candidat en même temps", puisque l'on sait l'augmentation des contagions "par la tête". Le ministre "échangera alors la paix avec le candidat en prononçant les paroles prévues par le Rituel mais sans aucun contact physique". Hypocrisie totale.

 

Le diocèse devrait expliquer pourquoi, lors des dernières ordinations sacerdotales dans la cathédrale, l'archevêque a touché les mains des ordonnés avec ses mains, les a graissées sans les bâtons biodégradables et a imposé ses mains en touchant la tête des diacres - un geste répété, horreur ! par tous les prêtres présents - (voir photos ici).

 

Donc, pour récapituler : le virus se transmet par les cheveux du Confirmant, mais pas par les cheveux de l'ordinant ; il est très dangereux de toucher le front d'un candidat à la Confirmation, alors qu'il n'y a aucun problème pour toucher les mains d'un prêtre ; à l'école, on peut aller sans masque, mais pas à l'église. Devons-nous continuer ? [Oui continuons : le gel désinfectant dans les bénitiers à la place de l'eau bénite, alors qu'on peut se baigner de la tête aux pieds dans les piscines. Ndlr.] Ou suffit-il de comprendre que les pasteurs sont maintenant dans le désarroi ? Pendant des décennies, ils ont fait semblant de ne pas voir les abus et les aménagements liturgiques de toute sorte et de toute espèce, et maintenant, ils font preuve d'un zèle inégalé pour soigner chaque détail hygiénique...

 

Juste pour compléter le tableau et pour préciser que les pasteurs ont maintenant définitivement baissé leur pantalon devant les manies hygiéniques d'un pouvoir qui, après avoir été muselé, va imposer la laisse, nous passons de la Lombardie à l'Émilie-Romagne, du diocèse de Milan à celui de Forlì. Municipalité et paroisse de Galeata, où la maire, Elisa Deo, a bien pensé que, à l'occasion des premières communions d'aujourd'hui, le 6 septembre, les enfants devront tous être testés. Sinon, pas de Première Communion. Et le curé ? Il est d'accord, du moins selon Deo. Le maire décide donc qui peut recevoir la Première Communion et qui ne le peut pas, même si ce n'est pas le Père Éternel. C'est le nom de famille qui lui est passé par la tête ? Nous ne le savons pas, mais après les abus des évêques et des prêtres qui refusent la communion à ceux qui veulent la recevoir dans leur bouche, nous avons maintenant les maires qui empêchent les enfants de recevoir le Seigneur. La raison ? Toujours la même : une contagion croissante. Pas moins de sept (sic !) cas notifiés (pas gravement malades ni morts !) dans cette commune de 2 500 habitants, en augmentation probable (les infectés, pas les habitants). Avec un prêtre de la paroisse, et probablement des parents, pour vous remercier de votre sensibilité.

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24 juillet 2020 5 24 /07 /juillet /2020 07:21

"Je veux que tous les catholiques sachent que recevoir la Sainte Communion sur la langue est leur droit, et ce qu'ils peuvent faire pour retrouver ce droit, car cela fonctionne!"

Un laïc catholique révèle la stratégie qu'il a utilisée pour surmonter l'interdiction de la communion sur la langue d'un prêtre

LifeSiteNews

Jeu.23 juil.2020-13: 27

 

23 juillet 2020 ( LifeSiteNews ) - "Je veux que tous les catholiques sachent que recevoir la Sainte Communion sur la langue est leur droit, et ce qu'ils peuvent faire pour retrouver ce droit, car cela fonctionne!" Un lecteur français a raconté à LifeSite son expérience personnelle de se voir refuser la communion dans sa paroisse locale en raison des directives du COVID-19, et de son combat réussi, par un appel officiel à l'évêque, pour réclamer la possibilité de recevoir notre Seigneur humblement et avec révérence, à genoux et sur la langue.

 

Son nom de famille, ainsi que les éléments d'identification, seront omis de cette histoire, dans un souci de paix et de discrétion: Guillaume est son prénom chrétien, et c'est ainsi qu'il sera appelé par la suite.

 

Ayant obtenu la capitulation de l'évêque, pure et simple, pour la paroisse que lui et sa femme fréquentent (quelque part en France) Guillaume est maintenant confronté à des courriels désobligeants du curé qui y officie; on a même demandé au couple de se retirer de diverses responsabilités qu'il avait été heureux d'accepter dans cette paroisse de Novus Ordo.

 

Comment Guillaume a-t-il obtenu un tel succès? Sur la base des conseils donnés par le P. Reginald-Marie Rivoire de la communauté dominicaine traditionnelle de Saint-Vincent-Ferrier dans le bimensuel catholique L'Homme nouveau au début des restrictions données concernant le coronavirus, Guillaume a décidé de présenter un appel fondé sur le canon à l'évêque local, dans lequel il a cité plusieurs textes de Rome qui permettent de donner des indults locaux pour la Communion dans la main, mais qui ont confirmé à plusieurs reprises que tous les fidèles "ont toujours le droit de recevoir la communion sur la langue selon leur choix."

 

Le P. Reginald-Marie Rivoire est docteur en droit canonique.

 

Le droit des fidèles catholiques a été précisé par l'Instruction Redemptionis Sacramentum de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements datée du 25 mars 2004, clarifiant Memoriale Domini de 1969 autorisant la Communion à la main comme une exception que les évêques pouvaient concéder par un "indult" dans leur propre diocèse.

 

Cinq ans plus tard, dans le contexte de l'épidémie de grippe porcine en 2009, la même Congrégation a répondu à une question sur la Communion sur la langue dans les nouvelles circonstances par lettre du 24 juillet en déclarant: «Ce Dicastère observe que son Instruction Redemptionis Sacramentum (…) stipule clairement que ``chacun des fidèles a toujours le droit de recevoir la sainte communion sur la langue'' (n. 92), et il n'est pas non plus licite de refuser la sainte cène à l'un quelconque des fidèles du Christ qui ne soit pas empêché par la loi de recevoir la sainte Eucharistie.»

 

La même lettre se terminait par les mots: "Puissiez-vous persévérer dans la foi et dans l’amour pour Notre Seigneur et sa Sainte Église, et dans une dévotion continue au Très Saint Sacrement."

 

L'appel de Guillaume n'a pas abouti sur le bureau de la Congrégation pour le culte divin, peut-être parce que les lois et les instructions de l'Église sont si claires que l'évêque a estimé qu'il aurait été inutile de résister. C'est la leçon qu'il aimerait partager avec tant de catholiques confrontés au même genre de difficultés - pour ne pas dire de persécution - de la part des autorités de l'Église partout dans le monde "à cause" du COVID-19.

 

L'épreuve a commencé le premier dimanche de mars, lorsque le curé de la paroisse de Guillaume - dont les fidèles avaient l'habitude de recevoir la communion sur la langue avant son arrivée - a déclaré lors de son homélie qu'en raison de l'épidémie, il ne donnerait la communion qu'à la main, pour des raisons sanitaires.

 

LireCoronavirus : prétexte à la communion dans la main et à la réduction du Saint Sacrifice à une assemblée eucharistique

 

Le moment venu, Guillaume alla à la communion les mains jointes, s'agenouilla et ouvrit la bouche pour recevoir l'hostie comme il l'avait toujours fait, directement sur la langue. Le prêtre a refusé. Ne voulant pas faire de problème à l'église, Guillaume retourna silencieusement sur son banc, profondément blessé, ayant été traité comme un pécheur public.

 

Peu de temps après, la France est entrée en confinement général le 17 mars et les messes publiques ont été suspendues par les autorités civiles, sans résistance de la hiérarchie ecclésiastique française. Lorsque le confinement général a été levé le 25 mai, Guillaume et sa famille ont décidé de se rendre dans une autre paroisse où le prêtre local continuait à donner la communion sur la langue.

 

À ce stade, il a commencé à recevoir des lettres de colère du prêtre qui avait refusé de lui donner la communion avant le confinement. On lui a dit qu'il avait choisi d'aller voir un prêtre "désobéissant" et qu'il n'était "pas sur le bon chemin vers la sanctification". Il a été accusé d'être "obstiné", de "vouloir que Dieu se soumette à ses désirs personnels" même si le Fils de Dieu a donné à ses évêques l'autorité sur les questions disciplinaires. On a même demandé à Guillaume s'il pensait être en état de grâce pour aller recevoir la Sainte Communion ailleurs en raison de son manque d'humilité et de sa désobéissance à l'évêque local, qui a été présenté comme ayant pris la décision que les prêtres doivent donner la communion dans la main. Une autre lettre similaire a suivi. Guillaume et sa femme ont décidé de ne pas répondre.

 

Ils se sont plaints de la correspondance à la hiérarchie catholique et, le 25 juin, Guillaume a déposé un recours formel auprès de l'évêque local, invoquant poliment mais fermement les documents romains cités ci-dessus. Dans cette lettre, rédigée en termes courtois, il a souligné la "grande souffrance" qui affectait sa vie spirituelle et celle de sa femme.

 

"En ce qui concerne la loi, c'est une grande injustice, et en ce qui concerne la communion ecclésiale, cela constitue une discrimination", écrit-il.

 

Comptant sur la "bonne volonté pastorale" de l'évêque, la lettre disait: "Nous avons recours à vous, Excellence, qui êtes garante de la justice et de la communion dans les paroisses du diocèse, pour que nous puissions à nouveau avoir l'immense joie de recevoir Notre Seigneur, dans notre paroisse, suivant l'humble inclination de notre cœur, c'est-à-dire sur la langue, conformément aux normes liturgiques."

 

Quatre jours plus tard, une lettre recommandée de l'évêque invitait le couple à venir discuter de la situation avec lui, mais avant que cela ne pusse arriver, une semaine après que Guillaume eut envoyé son appel officiel, sa paroisse reçut un avis informel de l'évêque indiquant que la sainte communion pouvait être distribué sur la langue. Depuis, environ la moitié des paroissiens ont repris la manière traditionnelle de recevoir l'hostie, à genoux et sur la langue.

 

Mais Guillaume a depuis reçu plusieurs lettres du curé de sa paroisse remettant en question sa connaissance du droit canon et des affaires ecclésiales et l'accusant d'"entêtement" et même de "fierté fanatique".

 

Dans une présentation de son combat pour la réception respectueuse de l'Eucharistie sur Gloria.tv, Guillaume a publié la lettre qui a amené un évêque à retirer une interdiction générale de la communion sur la langue, même si ce n'était que pour une paroisse et aussi discrètement que possible.

 

Il suggère que les fidèles se trouvant dans la même situation que lui se mettent d'abord en contact avec le prêtre qui refuse la communion sur la langue, en invoquant Redemptionis sacramentum et la lettre de 2009 relative à une situation sanitaire. Si cela est impossible, ils peuvent aussi essayer humblement de recevoir notre Seigneur sur la langue, avec un certain espoir de succès. Guillaume lui-même a été renvoyé avec un brusque: "Je ne vous donnerai pas la communion".

 

Si le prêtre, comme il le fera probablement, s'oppose à son devoir d'obéir à son évêque, Guillaume suggère que c'est le moment de s'adresser directement à cet évêque, par lettre recommandée, en prenant soin d'en conserver une copie.

 

La lettre doit indiquer précisément la date, la paroisse et les circonstances dans lesquelles un prêtre donné a refusé la communion sur la langue. Il doit rappeler précisément les normes et demander à l'évêque d'intervenir pour mettre fin aux abus. Elle devrait aussi, "subtilement" préciser, insiste Guillaume, qu'en cas de refus, un recours serait fait à la Congrégation pour le Culte Divin. L'ajout d'une copie de la réponse de cette dernière en 2009 peut suffire.

 

N'oubliez pas de prier pour votre prêtre, votre évêque et le succès de votre action, a ajouté Guillaume, et n'ayez pas l'espoir exagéré de voir l'évêque rétablir la communion sur la langue dans tout son diocèse.

 

N'oubliez pas non plus de remercier votre prêtre ou votre évêque si vous réussissez… et "préparez-vous à souffrir". Citant les messages violents reçus du prêtre local, Guillaume a commenté: "Cette incroyable explosion de violence de la part d'un prêtre, malgré le fait qu'il soit "classique" (sans être traditionnel) nous a fait prendre conscience de l'importance capitale du respect pour le Saint Sacrement. Si cela n'avait aucune importance, de telles passions ne se déchaîneraient pas. Satan ne semble pas du tout aimer la communion sur la langue…"

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9 juillet 2020 4 09 /07 /juillet /2020 20:33
https://www.lanuovabq.it/it/ortodossi-e-comunione-la-fede-che-e-mancata-alla-cei

https://www.lanuovabq.it/it/ortodossi-e-comunione-la-fede-che-e-mancata-alla-cei

La Nuova Bussola Quotidiana

 

(Traduction)

 

ÉGLISE 07/09/2020

 

Luisella Scrosati

 

Les églises orthodoxes en Italie et dans le monde entier ont défendu leurs rites liturgiques, comme l'administration de la Sainte Eucharistie à la cuillère d'or, sans provoquer qui sait quels nouveaux foyers. Bien qu'il n'y ait pas de ligne unique, la foi en la communion a été affirmée comme une médecine de l'immortalité et un signe d'abandon de soi à Dieu, et l'expérience des pandémies passées a été rappelée. Une perspective de foi que nous attendions de nos évêques.

 

Face aux protocoles gouvernementaux visant à réglementer le culte en ces temps de pandémie, l'Église catholique italienne a eu une attitude plutôt conforme. Nous l'avons déjà constaté et nous ne voulons pas nous emporter davantage. Cependant, il est important de comprendre que quelqu'un d'autre n'a pas suivi le même chemin - ou du moins a essayé de ne pas le faire - sans être à l'origine d'on ne sait quels nouveaux foyers. Il s'agit des églises orthodoxes, présentes en Italie et en général en Europe et dans le monde. Il n'y avait pas de ligne univoque, mais ce qui était certainement frappant, du moins en contraste avec notre situation de catholiques italiens, c'était le désir de défendre son identité propre et ses rites liturgiques.

 

Les orthodoxes administrent la Sainte Eucharistie aux fidèles en leur donnant une cuillère en or, qui recueille le Pain consacré plongé dans le Sang du Christ et le place directement dans la bouche des fidèles, sans qu'il y ait aucun contact. Une pratique nettement plus dangereuse que la communion dans la bouche en usage dans le monde catholique, du moins jusqu'à il y a quelques mois.

 

C'est le mode séculaire des églises orthodoxes et cela a été défendu. Pas toujours avec succès. Comme à Reggio Emilia, où le père Evangelos Yfantidis, le vicaire général Archimandrite, confronté à l'interdiction d'utiliser la cuillère, avait déclaré : "Pour vous, c'est risqué, à notre avis non. Notre foi est celle-ci et nous continuerons à utiliser la cuillère". Cependant, après quelques jours, le préfet est intervenu et la conclusion "convenue" a été atteinte : Messe oui, Communions non. Impensable pour eux de donner la Communion dans la main ou autrement.

 

La réaction la plus dure est enregistrée dans l’Église orthodoxe grecque (voir ici), qui considère impensable que l’Eucharistie puisse être un véhicule de transmission de virus : "En ce qui concerne la question qui est soulevée de temps en temps de manière injustifiée au sujet des prétendus dangers qui, dans ces visions blasphématoires, se cachent dans le Mystère vivifiant de la Sainte Communion, le Saint Synode de l'Église de Grèce exprime son amertume, sa profonde tristesse et sa dure opposition", déclarant "à tous ceux qui, par ignorance ou par infidélité consciente, insultent brutalement tout ce qui est saint et sacré, les dogmes et les règles sacrées de notre foi, que la Sainte Communion est la médecine de l'immortalité, un antidote pour ne pas mourir, mais pour vivre selon les enseignements de Jésus-Christ pour toujours".

 

Dans le même ordre d'idées, la décision de l'Église orthodoxe de la République tchèque et de la Slovaquie : "La communion n'a jamais été et ne sera jamais une cause de maladie et de mort, mais, au contraire, est une source de vie nouvelle en Christ, de rémission des péchés et de guérison de l'âme et du corps". En bref, les remèdes de l'immortalité ne peuvent pas devenir un véhicule de maladie ni de mort. Et l'Église orthodoxe, sans se tromper, avance l'expérience de siècles d'épidémies et de pandémies.

 

Un stimulant qui est courageux et intéressant, mais pas concluant, du moins comme la théologie catholique a expliqué le mystère de la transsubstantiation, car c'est la substance du pain et du vin qui cède la place à la substance du corps et du Sang du Christ, tandis que les accidents restent, ainsi que leurs propriétés. Donc, à proprement parler, ces accidents pourraient transmettre des microbes, la poussière, etc. Le fait est que le comité scientifique doit démontrer que les particules enfermées dans un ciboire et placées directement et sans contact sur la langue du fidèle des mains propres du prêtre sont capables d'infecter... Tout comme  une étude scientifique montrant que la communion dans la main est plus sûre que celle dans la bouche devrait le prouver avant de faire des recommandations.

 

Et peut-être que la CEI, pour sa part, devrait prendre note qu'il n'y a pas seulement le comité technico-scientifique du gouvernement qui soit capable d'émettre des avis sur la question et que, cependant, ce sont toujours des avis et non des preuves (voir ici et ici). Avant de piétiner le droit des fidèles, reconnu par le droit canonique et par la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements (voir ici) de recevoir la Communion directement dans leur bouche, peut-être aurait-il fallu exiger du gouvernement qu'il fournisse les preuves scientifiques sur la base desquelles la commission s'est permis de donner des indications à gauche et à droite.

 

Au-delà de ces considérations, il faut saluer ce que le Synode de l'Église grecque orthodoxe a publié le 10 mars dernier : "Pour les fidèles de l'Église, la participation à la divine Eucharistie et à la communion du calice de vie ne peut devenir une cause de transmission de maladie, car les fidèles de tous les temps savent que la participation à la communion divine, même pendant les pandémies, constitue une affirmation claire d'abandon de soi au Dieu vivant et, d'autre part, une manifestation claire d'amour qui surmonte toutes les peurs humaines, même justifiées".

 

Ceci est un paragraphe à lire et à méditer. Et pas seulement une fois. De nos évêques, nous aurions attendu une perspective de foi de ce genre, plutôt qu'une flagrante réaction d'hystérie hygiéniste. L'exhortation calme et déterminée à s'abandonner au Dieu vivant, en surmontant ainsi toutes les peurs qui en ces temps se nourrissent jour après jour, et qui dévastent le cœur des hommes, aurait certainement été d'une plus grande aide que les centimètres de distanciation sociale. Parce que les pandémies, même celles qui sont beaucoup plus graves que le coronavirus, ont toujours été surmontées grâce à la force qui vient de la foi, capable d'exorciser la peur qui paralyse.

 

Malheureusement, ce que nous vivons dans le monde catholique est le résultat d'une pastorale malade depuis des décennies : nous avons cessé d'avoir la juste crainte du péché et de l'enfer et nous avons plongé dans la peur d'un virus. Et cette crainte - je suis désolée de le dire - a été l'âme des dispositions liturgiques de l'Église italienne. Beaucoup de gens l'ont remarqué depuis un certain temps; certains se sont mis en colère, certains ont été choqués et déçus. Un supplément de foi était attendu des évêques, nous étions censés être entraînés vers l'abandon de soi à Dieu, précisément dans les sacrements institués par Lui pour notre salut. Bref, quelque chose de similaire était attendu de ce que faisaient nos frères orthodoxes. "Les fidèles de tous les temps savent que la participation à la communion divine, même lors des pandémies, constitue une affirmation claire de l'abandon de soi au Dieu vivant" : de nombreux fidèles le savent. Mais où sont les bergers?

 

C'est pourquoi nous continuons à demander à nos lecteurs d'écrire à leurs propres évêques, au Cardinal Bassetti et surtout à la Congrégation pour le Culte Divin, afin que le droit de recevoir la Communion dans la bouche soit rétabli et supprimées, toutes ces inventions haineuses qui rendent nos messes invivables et donnent aux fidèles le signe d’une foi en Dieu fanée, pour ne pas dire volatilisée. Une fille "de la foi" qui a peur.

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7 juin 2020 7 07 /06 /juin /2020 12:58

Dans les traductions des bibles modernes (Bible de Jérusalem, TOB), l'occultation du verset I Jean V, 7-8 fait débat.

 

Au prétexte que l'on n'a pas conservé de manuscrit grec ancien datant d'avant le XIVe siècle, les traductions modernes occultent le verset I Jean V, 7-8 qui mentionne la sainte Trinité, connu dès le IIe siècle, que l'on appelle le comma johannique et qui ne se retrouve plus ni les traduction modernes de la Bible, ni dans le lectionnaire de la nouvelle messe. 

 

Ce verset était pourtant connu :

- chez Théophile d'Antioche, évêque d'Antioche, dans on ouvrage Autolycus, une apologie de la foi chrétienne qui a été conservée;

- en passant par Saint Justin ("Nous honorons en esprit et en vérité le Père et le Fils et le Saint-Esprit". Apolog., I, 6);

saint Irénée de Lyon ("Ceux qui secouent le joug de la loi et se laissent emporter à leurs convoitises, n'ayant aucun désir du Saint-Esprit, l'apôtre les appelle avec raison des hommes de chair", cité par S. Basile, en preuve de la divinité du Saint-Esprit, Lib. de Spir. Sanct. C., XXIX, n°72)

- ou encore Athénagore d'Athènes (133-190) qui demandait : "N'est-il pas étrange qu'on nous appelle athées, nous qui prêchons Dieu le Père et Dieu le Fils et le Saint-Esprit ?" Legat. pro christian, n° 12 et 24).

Eusèbe de Palestine (265-340), qui pour s'encourager à parler, disait au IIIe s.: "invoquons le Dieu des prophètes, auteur de la lumière, par notre Sauveur Jésus-Christ avec le Saint-Esprit." (Ap. Basil., ibid, in Mgr Jean-Joseph GAUME, Traité du Saint-Esprit, 1864, Rééd. Éditions Saint-Rémi, 2019, p. 373-374).

Saint Cyprien,

- les conciles de Nicée (325) et Constantinople (381) au IVe siècle;

- le Concile de Carthage au Ve;

- saint Fulgence au Ve - VIe s.,

- et saint Thomas d'Aquin au XIIIe siècle qui cite le verset entier I Jean V, 7 de dans sa Somme théologique (Q. 30, a. 2).

Sainte Trinité, Sanctuaire Mont Sacré de la Sainte Trinité de Ghiffa (Piémont, Italie)

Sainte Trinité, Sanctuaire Mont Sacré de la Sainte Trinité de Ghiffa (Piémont, Italie)

Lors du 1er dimanche après Pâques, la liturgie de la forme extraordinaire de la messe nous offre la lecture de l'un des plus beaux passages de l'Écriture Sainte:

''Car il y en a trois qui rendent témoignage [dans le ciel : le Père, le Verbe et l’Esprit ; et ces trois sont un. Et il y en a trois qui rendent témoignage sur la terre] : l’Esprit, l’eau et le sang ; et ces trois sont d’accord.'' (1 Jn 5, 7-8)

La partie des 3 témoins célestes (en caractère gras) - il s'agit du verset 7 et on l'appelle le comma johannique - ne se retrouve plus dans les traduction modernes de la Bible, ni dans le lectionnaire de la nouvelle messe. Le texte cité de l'épître de Jean est de la Bible de Crampon qui a conservé cette partie mais en la mettant entre crochets.

On retrouve le comma johannique (sans crochets) dans les traductions de Sacy, Fillion, et Vigoureux, mais pas dans la Bible de Jérusalem.

Du côté protestant, on le retrouve dans la King James, et dans la Bible de David Martin, mais pas dans la traduction de Louis Second.

Sur le blog d'Yves Daoudal, on y lit ceci:

 

''L’épître de ce dimanche présente une particularité unique, c’est d’avoir une importante partie de texte qui n’existe pas. (…) Des tentatives désespérées ont été faites au cours de l’histoire pour voir le texte complet comme étant le texte canonique, d’autant que son parallélisme est si séduisant, et surtout que son affirmation de la Sainte Trinité est si claire… Mais il faut se rendre à l’évidence. La partie litigieuse ne se trouve dans aucun manuscrit grec ancien. Le plus ancien est du… XIVe siècle.'' ( Source)



S'il est vrai que beaucoup de manuscrits omettent cette partie, je ne suis pas d'accord que cela suffise à mettre en cause son authenticité, et encore moins sa canonicité.

Chez les Orthodoxes

Malgré son absence des manuscrits grecs antérieurs au XIVe siècle, les Orthodoxes ont intégré ce verset dans leur liturgie:

 

''(…) ce que l'on appelle « le comma johannique ». Les exégètes considèrent généralement cet élément textuel comme : « une incise, absente dans les manuscrits grecs anciens, les versions anciennes et les meilleurs manuscrits de la Vulgate » (...).

La Tradition de l'Église est tout autant liturgique qu'écrite. Nous croyons, pour notre part, que la Tradition de l'Église s'exprime par cette vision trinitaire des « Trois qui sont Un ». Cette Tradition s'est trouvée incluse dans le texte de la première épître du saint Apôtre et Évangéliste Jean, de sorte qu'elle se trouve maintenant présente dans le texte liturgique utilisé dans l'Église orthodoxe, tout comme dans la Vulgate de l'Église latine.'' (Source)



Non seulement on retrouve le comma johannique dans la liturgie orthodoxe, mais on le retrouve également dans le "Texte autorisé du Nouveau Testament grec" du Patriarcat oecuménique de Constantinople, dans son édition de 1904 ICI.

Chez les Latins

Évidemment, chez les Latins, on a évoqué ce texte bien avant le XIVe siècle.

Au XIIIe siècle, saint Thomas d'Aquin le cite dans la Somme théologique:

 

''En sens contraire, on lit dans la 1° lettre de S. Jean (5, 7) : “ Ils sont trois qui témoignent dans le ciel : le Père, le Verbe et le Saint-Esprit. ” Et si l’on demande : Trois quoi ? on répond : Trois Personnes, comme S. Augustin l’expose. Il y a donc seulement trois Personnes en Dieu.'' (Ia pars, Q. 30, a. 2)



Au V-VIe siècle, saint Fulgence invoque ce texte pour contrer l'arianisme:

 

''Ce Père [saint Fulgence] rapporte un grand nombre de passages pour prouver la divinité du Fils et du Saint-Esprit, entre autres celui de la première Épître de saint Jean, où il est dit: ''Il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel, le Père, le Verbe et le Saint-Esprit, et ces trois sont une même chose.'' (Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques).




Au Ve siècle, le Concile de Carthage cite le comma johannique contre les ariens:

 

''Les évêques s'étendent particulièrement sur la divinité du Saint-Esprit, et la prouvent entre autres par ce texte de saint Jean, déjà cité par saint Cyprien: «Il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel : le Père, le Verbe et l'Esprit-Saint, et ces trois sont une même chose.» Ils concluent en ces mots : Telle est notre foi, appuyée sur l'autorité et les traditions des évangélistes et des apôtres, et fondée sur la société de toutes les églises catholiques du monde, dans laquelle, par la grâce de Dieu tout-puissant, nous espérons persévérer jusqu'à la fin de notre vie. Ce mémoire est daté du vingt avril 484.'' (Histoire universelle de l'Église catholique)



Quant à saint Cyprien de Carthage (IIIe siècle), on peut penser raisonnablement qu'il connaissait le texte en question comme le rappelle Bossuet:

 

''Un passage positif vaut mieux tout seul que cent omissions, surtout quand c'est un passage d'une aussi savante église que celle d'Afrique, qui, dès le cinquième siècle, a mis ce passage en preuve de la foi de la Trinité contre les hérétiques qui la combattaient. On ne doit pas oublier qu'une si savante Église allègue comme incontestable le texte dont il s'agit ; ce qu'elle n'aurait jamais fait s'il n'avait été reconnu, même par les hérétiques. Il n'y a rien qui démontre mieux l'ancienne tradition qu'un tel témoignage ; aussi vient-elle bien clairement des premiers siècles ; et on la trouve dans ces paroles de saint Cyprien au livre de l'Unité de l'Église. ''Le Seigneur dit : ''Moi et mon Père nous ne sommes qu'un''; et il est encore écrit du Père, du Fils et du Saint-Esprit : ''et ces trois sont un'', et hi tres unum sunt'' : où cela est-il écrit nommément et distinctement du Père, du Fils et du Saint-Esprit, sinon en saint Jean, au texte dont il s'agit ?'' (Oeuvres complètes de Bossuet, lere partie, Écriture sainte)



L'autorité de l'Église

Au-delà des témoignages historiques montrant l'importance que revêt ce verset, il y a l'autorité de l'Église dont il faut tenir compte.

Comme le rappelait Lycobates ICI, il importe de croire en l'authenticité du comma johannique en raison de ''l'autorité de l'Église, notamment du Concile de Trente (sess.IV, 1546), qui, en pleine connaissance de cause, a déclaré infailliblement qu'il fallait accepter, cum omnibus suis partibus, avec toutes ses parties, comme sacrés et canoniques, tous les livres de l'Écriture que l'Église a coutume de lire, tels qu'ils se trouvent dans la Vulgate.''

En 1897, un décret papal interdit de nier l'authenticité du comma johannique:

 

“Secrétariat de la Congrégation du Saint-Office de l’Inquisition. En ce qui concerne l’authenticité du texte de I Jean V. 7 (mercredi 12 janvier 1897).

“En Congrégation générale de la Sainte Inquisition romaine (...) la question discutable fut présentée comme suit, à savoir :
''Si nous pouvons impunément nier, voire mettre en doute, l’authenticité de ce texte (I Jean V. 7) (...)''

“Toutes choses ayant été examinées et pesées avec un très grand soin, et les grands Consulteurs ayant été chargés de donner leur avis, les très éminents Cardinaux susdits font savoir que ‘la réponse est négative’. Le vendredi 15 du mois et de l’année susmentionnés, à l’audience habituelle accordée du révérend père le grand Assesseur du Saint-Office, après qu’il eut fait un compte rendu exact des délibérations mentionnées ci-dessus au très saint et grand pape Léon XIII, Sa Sainteté a approuvé et confirmé la résolution de ces très éminents Pères (...).”
 Acta Sanctae Sedis, tome XXIX, 1896-7, p. 637.



Ce texte des AAS (qui me semble véridique) a été publié sur Internet par… les Témoins de Jéhovah mais pas pour en faire l'apologie comme on s'en doute. Ces derniers sont, comme on le sait, anti-trinitaires, et voient donc le comma johannique une falsification des Écritures par les catholiques. Une rhétorique similaire existe chez les musulmans. Mais nous savons, nous les catholiques, que c'est à l'Église catholique qu'il appartient de définir ce qui fait partie du canon des Écritures.

Historité et canonicité

Peut-être devrions-nous séparer la question de l'historicité et celle de la canonicité de ce verset. En effet, ne serait-il pas possible de laisser aux spécialistes la liberté de débattre de la datation de ce verset tout en laissant à l'Église le soin de dire que ce verset est canonique, et donc inspiré? Personnellement, j'aimerais bien que l'Église dise que ce comma johannique fait partie intégrante des Écritures.

Saviez-vous que du côté protestant (baptiste), ces dernières années, la défense de l'authenticité du comma johannique est devenue importante au sein du King James Only Movement? De nombreux partisans considèrent ce verset comme un texte trinitaire important.

Comme catholiques, nous devrions être en mesure de voir cela. Ainsi, en raison de son caractère dogmatique, de son intégration dans la liturgie (tant dans la forme extraordinaire du rite romain que dans les liturgies orthodoxes), et de sa présence dans la Vulgate, je pense que le comma johannique devrait se retrouver dans toute bonne Bible catholique, et sa canonicité devrait même faire l'objet d'un rappel par l'Église.

(Fin de citation) 

 

Note du blog Christ-Roi. La solution de la Bible Crampon de mettre le verset ne remontant qu'au XIVe siècle entre crochets était judicieuse.

 

Les bibles modernes connues pour d'autres traductions erronées pourraient également ajouter une note explicative en bas de page comme elles le font déjà pour les autres versets.

 

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23 mai 2020 6 23 /05 /mai /2020 16:45
https://www.lefigaro.fr/actualite-france/les-messes-catholiques-reprennent-progressivement-des-ce-samedi-avec-des-fideles-20200523

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/les-messes-catholiques-reprennent-progressivement-des-ce-samedi-avec-des-fideles-20200523

Le Figaro

Les messes catholiques reprennent progressivement dès ce samedi avec des fidèles

Suite à la publication par le ministère de l'intérieur, samedi 23 mai, de la nouvelle version du décret sur le déconfinement, le culte est ouvert aux fidèles mais avec de strictes conditions sanitaires.

 

Par Jean-Marie Guénois

 

le ministère de l'intérieur a publié dans la nuit de vendredi à samedi la nouvelle mouture du décret sur le déconfinement autorisant, cette fois, les rassemblements religieux, le Conseil d'Etat ayant cassé, le 18 mai, la première version du décret qui interdisait les rassemblements religieux. Cette reprise se fera néanmoins sous de strictes mesures sanitaires, le ministère de l'Intérieur recommandant toujours d'attendre le 2 juin pour reprendre les cultes.

 

« Nous reprenons dès maintenant explique Mgr Mathieu Rougé, évêque de Nanterre (Hauts-de-Seine) puisque le décret le permet. Je connais même une paroisse qui va célébrer une messe avec des fidèles, dès ce samedi, avec toutes les mesures de sécurités requises. Comme évêque, je donne mon feu vert en laissant à chaque paroisse et à chaque curé l'initiative de recommencer à leur rythme et sous leur responsabilité quant à la mise en œuvre. J'ai une grande confiance en eux ».

 

Ce jeune évêque est l'un de ceux qui a osé publiquement s'opposer au gouvernement pour que soit appliquée la liberté de cultes. « J'éprouve une grande joie en ce jour parce que nous allons pouvoir mettre en place ce que nous souhaitions : un déconfinement ecclésial responsable, au rythme de la société ». Ce prélat a réuni samedi à 11h les 260 prêtres de son diocèse pour leur annoncer cette décision. Lui-même se prépare à célébrer une messe dimanche 24 mai avec des fidèles. La première depuis dix dimanches.

 

Cahier des charges

Plus à l'Est, dans le diocèse de Strasbourg, Mgr Luc Ravel contactait ce samedi matin les deux préfets du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, zone couverte par ce diocèse concordataire, « pour vérifier, par précaution et par cordialité, qu'il n'y ait pas ici ou là une restriction particulière » avant de publier dans l'après-midi une « ordonnance épiscopale » autorisant la « reprise des messes » dans le cadre du nouveau décret et « à condition, insiste-t-il, que toutes les mesures sanitaires demandées soient effectivement en place » et « avec obligation de reprendre, au plus tard, pour la Pentecôte ».

 

Ce bilingue, passé par l'école polytechnique, s'est inspiré des mesures prises dans les diocèses allemands. Il a envoyé, il y a une dizaine de jours à toutes ses paroisses, un cahier des charges détaillé précisant les conditions d'hygiènes indispensables. « Les curés n'ont pas tardé à les mettre en œuvre, explique l'archevêque, certains m'ont envoyé des photos, où l'on voit le marquage au sol, la signalétique du sens de circulation. Ils sont prêts. Les catholiques sont des gens très responsables ! ».

 

La communion derrière un plexiglass

Quant au port du masque obligatoire demandé par le ministère pendant les messes, ce prélat estime que « les gens, déjà isolés les uns des autres par les 4 mètres carrés réglementaires, pourraient le déposer, si cela les gênent vraiment et particulièrement pour aller communier ». Une communion qui sera fera d'ailleurs en Alsace comme en Allemagne, derrière un plexiglass : « les fidèles devant tendre une main très plate pour éviter le contact physique et y recevoir la sainte hostie. » L'archevêque aura en revanche interdit les chants lors des célébrations, « hormis ceux qu'un petit chœur ou d'un soliste » pour réduire encore le risque de contamination éventuelle. Globalement, Mgr Luc Ravel se refuse à mettre la pression sur la reprise qui doit se faire « au rythme des paroisses » car, prévient-il, « il faut aussi tenir compte de nos aînés qui sont nombreux dans les paroisses ».

 

À Paris, Mgr Denis Jachiet, évêque auxiliaire, explique dans une note spécifique envoyée aux paroisses samedi : « Le nouveau décret du gouvernement paru ce matin autorise la reprise du culte » mais « Les conditions et les moyens à disposition de chaque paroisse du diocèse sont divers et ne permettront pas partout une reprise simultanée des messes en public. » Il précise : « Il vous est toutefois possible de célébrer des messes avec public dès ce week-end. A la condition expresse que vous soyez en mesure de respecter l'ensemble des consignes consignes de reprise du culte. ».

 

Le diocèse de la capitale insiste sur la responsabilité civile et pénale qui repose sur chaque paroisse et non sur l'archevêque car « le curé agit en responsabilité et engage donc sa responsabilité civile et pénale ». Les prêtres des paroisses seront donc responsables en cas de mauvaise application des mesures sanitaires. Plusieurs paroisses de la capitale qui avaient déjà tout préparé sur le plan sanitaire vont accueillir des fidèles pour les messes dès ce samedi. Et beaucoup d'autres dès dimanche 24 mai.

 

La liberté est laissée à chaque responsable (évêques et prêtres) de déterminer la date de la reprise des messes avec assemblée et que cette liberté entraîne leur responsabilité

 

la Conférence des Evêques

Pour sa part, Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, qui fut également l'un des évêques les plus en pointe dans le débat pour obtenir le retour du culte, salue la rapidité d'action du gouvernement après la décision du Conseil d'Etat. Et précise : « Dans le diocèse de Rouen, les messes reprendront ce dimanche 24 mai, à condition que les communautés soient prêtes à les vivre sereinement, en respectant les consignes sanitaires indispensables. Le Culte peut donc reprendre progressivement. » Il ajoute « Nous continuons à participer à l'effort national et international pour la santé publique. »

 

Dans un communiqué, la Conférence des Evêques qui n'avait pas osé attaquer le gouvernement au Conseil d'Etat - grâce à qui, suite au recours d'associations catholiques traditionnalistes et du Parti Démocrate-Chrétien, le retour du culte est possible - « se réjouit » que le nouveau décret « redonne sa juste place à la liberté d'exercice des cultes ». Elle prévient que « la liberté est laissée à chaque responsable (évêques et prêtres) de déterminer la date de la reprise des messes avec assemblée et que cette liberté entraîne leur responsabilité », ce qui laisse clairement entendre qu'elle n'assumera pas la responsabilité de problèmes qui interviendraient suite à cette reprise des cultes par manque de respects des normes techniques qu'elle communique aux paroisses. Dans cette ligne, elle souligne que « la recommandation du Gouvernement reste de ne commencer les assemblées liturgiques qu'à partir du 2 juin. » Avec cet argument : « Ce n'est que la semaine prochaine, en effet, que les éventuels premiers effets du déconfinement en terme de contagion pourront être constatés ».

***

Le Forum catholique sur le sujet : 

Suite à l'arrêt du Conseil d'Etat, fin de cette période durant laquelle l'Etat s'est arrogé le droit d'interdire les cérémonies religieuses.

 

Nouveau Décret n° 2020-618 du 22 mai 2020 complétant le décret n° 2020-548 du 11 mai 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l'épidémie de covid-19 dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire, entrant en vigueur aujourd'hui même 23/05 :

 

"1° Le III de l'article 10 est remplacé par les dispositions suivantes :

 

"III. Les établissements de culte relevant du type V sont autorisés à recevoir du public dans le respect des dispositions qui leur sont applicables et dans des conditions de nature à permettre le respect des dispositions de l'article 1er [la distanciation physique d'au moins un mètre].

 

"Toute personne de onze ans ou plus qui accède ou demeure dans ces établissements porte un masque de protection répondant aux caractéristiques techniques fixées par l'arrêté conjoint des ministres chargés de la santé et du budget mentionné au K bis de l'article 278-0 bis du code général des impôts. L'obligation du port du masque ne fait pas obstacle à ce que celui-ci soit momentanément retiré pour l'accomplissement des rites qui le nécessitent.

 

"Le gestionnaire du lieu de culte s'assure à tout moment, et en particulier lors de l'entrée et de la sortie de l'édifice, du respect des dispositions mentionnées au présent III." 

 

"Le préfet de département peut, après mise en demeure restée sans suite, interdire l'accueil du public dans les établissements de culte si les conditions de leur organisation ainsi que les contrôles mis en place ne sont pas de nature à garantir le respect des dispositions mentionnées au présent III." (Fin de citation du décret)

***

Communiqué de la CEF

La Conférence des évêques de France (CEF) se réjouit que le décret publié ce matin, samedi 23 mai 2020, par le Gouvernement, conformément à la sentence rendue par le Conseil d’État lundi dernier, 18 mai, redonne sa juste place à la liberté d’exercice des cultes ; les restrictions qui y sont apportées, comme à toute liberté fondamentale, devant être justifiées et proportionnées.

 

Ce décret est accompagné de lignes directrices (jointes au présent communiqué) qui confirment les dispositions qui avaient été proposées par la CEF dans le plan de déconfinement soumis aux pouvoirs publics.

 

La CEF note :

 

– que la liberté est laissée à chaque responsable (évêques et prêtres) de déterminer la date de la reprise des messes avec assemblée et que cette liberté entraîne leur responsabilité. La CEF note que recommandation du Gouvernement reste de ne commencer les assemblées liturgiques qu’à partir du 2 juin. Ce n’est que la semaine prochaine, en effet, que les éventuels premiers effets du déconfinement en terme de contagion pourront être constatés ;

 

– que le port du masque est obligatoire en plus des 4 mètres carrés ainsi que le lavage des mains à l’entrée et à la sortie des églises et autres « établissements de culte ».

 

Dans la perspective de la reprise des célébrations communautaires dès la semaine prochaine et notamment pour la Pentecôte, la CEF fait connaître aux prêtres et aux équipes d’animation pastorale les règles sanitaires ainsi fixées. Il s’agira pour eux de sélectionner avec soin les églises qui pourront accueillir des assemblées dans les semaines qui viennent, de déterminer le nombre de personnes qui pourront y être accueillies, de soigner la communication vers les fidèles notamment, et de s’assurer de disposer des équipes et des matériels nécessaires.

***

Directives de la CEF sur le déroulement des célébrations. PDF

 

1. Assurer la distanciation physique

- Les organisateurs s’assurent du respect de la règle de distanciation physique d'au moins un mètre entre deux personnes. Le respect de cette règle, se traduit par une superficie individuelle d’environ 4 m² par personne qui déterminera le seuil maximal de fréquentation.

Les organisateurs demeurent évidement libres de fixer un seuil inférieur qui tient compte notamment de l’agencement des lieux et de leur aménagement (sanitaires, couloirs, plan de circulation…), des accès ainsi que de la sécurité de l’environnement de l’édifice.

Les organisateurs s’assurent du respect du seuil de fréquentation maximal déterminé pour chaque le lieu de culte

o L’inscription à distance préalable est une solution qui peut être mise en œuvre localement pour limiter l’afflux au-delà de la fréquentation autorisée.

o Au moins un membre identifiable de l’organisation est responsable des phases d’entrée et de sortie. Il est positionné suffisamment en amont du début de la cérémonie. Il veille à limiter la formation de rassemblements aux abords de l’édifice et s’assure du respect des limitations de fréquentation en fonction de la taille de l’édifice.

o Le port d’un masque de protection est obligatoire lors des rassemblements de personnes dans les établissements de culte, conformément au décret n° 2020-548 du 11 mai 2020.

o L’espace minimal d’un mètre entre personnes est matérialisé au sol dans les espaces d’attente dans et en dehors de l’édifice. Une attention particulière est portée aux flux de personnes afin qu’elles ne se croisent pas.

o En cas d’affluence prévisible importante, la multiplication des cérémonies successives est envisagée. Elles sont organisées de manière suffisamment espacée pour éviter les croisements de flux.

- Une désinfection obligatoire des mains est organisée au moment de l’entrée et de la sortie de l’édifice. Pour ce faire du gel mis à disposition.

- Une distance de sécurité d’un mètre entre personnes de plus de 11 ans est matérialisée pendant la phase statique (éloignement des chaises ou des tapis / condamnation d’emplacements).

 

 

[…] 4. Dispositions générales

- L’équipe chargée de l’accueil et de la bonne tenue de la cérémonie reçoit une formation préalable aux gestes barrière par le responsable de la cérémonie ou un référent sanitaire.

5. Modalités de communication en direction des fidèles

- Le public est informé des conditions d’accueil, des mesures d’hygiène et de distanciation physique (gestes « barrières ») et de l’adaptation des rites aux contraintes sanitaires : information préalable en ligne, panneaux d’information dans l’édifice, prises de parole du responsable en début de cérémonie et à chaque phase lorsque c’est nécessaire, traduction dans les langues des différentes communautés représentées. (Fin de citation)

***

Le ministère de l'Intérieur et les responsables des cultes se sont accordés lors d'une réunion vendredi soir «sur les mesures à prendre pour assurer la sécurité sanitaire de tous».

Le ministre de l'Intérieur et les responsables des cultes se sont accordés lors d'une réunion «sur les mesures à prendre pour assurer la sécurité sanitaire de tous», a expliqué Beauvau dans un communiqué peu avant la publication du décret , dans la nuit de samedi. Cette concertation s'est imposée au gouvernement après que le Conseil d'Etat lui a ordonné lundi de lever dans un délai de «huit jours» l'interdiction totale de réunion de cultes figurant dans le décret de déconfinement du 11 mai.

[...] «Les préfets de département pourront interdire l'ouverture ou ordonner la fermeture d'un lieu de culte si ces règles ne sont pas respectées», précise le ministère. «Nous avons travaillé et trouvé une solution pour permettre la reprise des cérémonies religieuses tout en assurant la protection sanitaire de chacun», se félicite Christophe Castaner dans le communiqué.

(Le Figaro)

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21 mai 2020 4 21 /05 /mai /2020 13:15
https://www.catholicnewsagency.com/news/can-bishops-require-communion-on-the-hand-82862

https://www.catholicnewsagency.com/news/can-bishops-require-communion-on-the-hand-82862

( traduction )

 

Les évêques peuvent-ils exiger la communion dans la main ?

Par Kate Scanlon

Washington, DC Newsroom, 19 mai 2020 / 16h00 MT ( CNA ) .- Alors que les diocèses à travers les États-Unis commencent à reprendre des messes publiques au milieu de la pandémie de coronavirus, beaucoup prennent des précautions supplémentaires pour respecter les directives des autorités sanitaires locales. Dans certains cas, les évêques ont interdit la distribution de la Sainte Communion sur la langue afin d'empêcher la propagation du virus.

 

Mais un évêque peut-il ordonner que l'Eucharistie soit distribuée uniquement sur la main?

 

Timothy Olson, canoniste du diocèse de Fargo et secrétaire de la Société de la Loi canonique d'Amérique (Canon Law Society of America), a déclaré à CNA qu'un évêque a le pouvoir de restreindre la distribution de la Sainte Communion à la seule main, lorsque c'est une question de nécessité.

 

"D'ordinaire, il ne fait aucun doute qu'un évêque n'a pas le pouvoir de restreindre la réception de la communion à la seule main", a déclaré Olson." Redemptionis sacramentum [une instruction du Vatican sur les questions eucharistiques] est explicite à ce sujet."

 

"En même temps", a poursuivi Olson, "le droit canonique, y compris le droit liturgique, est l'expression pratique de l'Église de sa théologie et de sa philosophie. Ainsi, il est parfois nécessaire de recourir à des sources allant au-delà des textes juridiques simples et évidents."

 

Olson a souligné la Somme théologique de St. Thomas d'Aquin est instructive sur la question.

 

"Dans ce cas, Thomas d'Aquin est une source précieuse pour comprendre comment fonctionne le droit humain en regardant la Summa Theologiae, I-II, Q. 96", a déclaré Olson.

 

"Thomas d'Aquin enseigne que toute loi vise le bien commun de l'homme. Il enseigne également que, contrairement au législateur divin, un législateur humain est incapable de prévoir toutes les circonstances dans lesquelles la loi sera appliquée."

 

"En conséquence, une loi humaine qui, dans la plupart des circonstances, promeut le bien commun, peut dans une situation individuelle nuire réellement au bien commun. Thomas d'Aquin conclut que dans un tel cas, le respect du droit humain peut être dispensé."

 

Le Père James Bradley, professeur adjoint à l'École de droit canonique de l'Université catholique d'Amérique, n'était pas d'accord, arguant que la décision d'interdire la distribution de l'Eucharistie sur la langue devrait incomber à Rome, et non aux évêques diocésains.

 

"La discipline liturgique de l'Église, en raison de son importance par rapport à la nature des sacrements et au dépôt de la foi, est généralement réservée au Siège apostolique", a déclaré Bradley à CNA.

 

"Depuis le Concile Vatican II, il y a eu un élargissement de ce que les évêques diocésains et les conférences épiscopales peuvent réglementer dans la liturgie, mais ce que cela implique est assez étroitement défini dans la loi", a déclaré Bradley.

 

Olson a convenu que "normalement, la dispense d'une loi est réservée à l'autorité qui a émis la loi."

 

"Cependant", a-t-il dit, "Thomas d'Aquin note qu'en cas de nécessité où des mesures doivent être prises de toute urgence afin de prévenir le préjudice," la simple nécessité entraîne une dispense, car la nécessité ne connaît pas de droit (humain)".

 

Olson a donné l'exemple d'Aquin d'une ville dont le souverain ordonne la fermeture des portes de la ville à un certain moment, mais une armée de défenseurs de la ville se retrouve coincée devant la porte avec une force ennemie à sa poursuite.

 

"Thomas d'Aquin conclut que si l'autorité légitime peut être atteinte à temps pour ouvrir les portes avec sa permission, cela devrait être fait", a déclaré Olson. "Cependant, s'il y a un danger dans le retard causé par le renvoi de l'affaire, la nécessité elle-même permet l'ouverture des portes."

Olson a dit qu'en ce qui concerne la liturgie, il y a "certains aspects qui sont de la loi divine, et donc jamais soumis à dispense, comme la matière et la forme d'un sacrement."

 

"Cependant, d'autres aspects de la liturgie sont du droit humain, tels que les lectures à lire ou le mode de réception de la communion", a-t-il dit. "Bien que ces lois humaines soient écrites pour protéger la dignité et l'efficacité de la liturgie, elles peuvent être dispensées en cas d'urgence."

 

Il a ajouté qu'il existe un précédent pour de telles décisions.

 

"Un exemple frappant de lois liturgiques dispensées par nécessité s'est produit dans les camps de concentration de la Seconde Guerre mondiale", a déclaré Olson. "Des prêtres, comme Saint Maximilien Kolbe, observant toujours la matière et la forme pour la confection de l'Eucharistie, ont tenu des messes extrêmement tronquées pendant leur emprisonnement, observant uniquement les rubriques qui étaient possibles dans la situation."

 

Olson a déclaré que "pourvu qu'une véritable nécessité urgente soit présente, un évêque diocésain peut reconnaître qu'une loi humaine, même si elle est liturgique ou habituellement réservée à une autorité supérieure, puisse être dispensée".

 

Mais Bradley a mis en garde contre la présomption de la capacité de se passer des lois liturgiques dans l'Église.

 

"Il me semble que le fait que la loi liturgique soit spécifiquement réservée au Siège apostolique, sauf dans des cas limités définis par la loi, signifie que les changements dans la discipline et la pratique liturgiques ne sont pas de la compétence de l'évêque diocésain à moins que la loi ne le prescrive ainsi", a déclaré Bradley.

 

"Bien sûr", a déclaré Olson à CNA, "les canonistes présenteront toujours des opinions différentes sur la façon dont la loi peut être interprétée et appliquée, c'est le travail des avocats. En fin de compte, l'autorité finale de l'interprétation appartient à Rome, et ce sera à Rome d'intervenir - ou non - comme ils le décideront."

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20 mai 2020 3 20 /05 /mai /2020 18:40
http://www.paixliturgique.fr/aff_lettre.asp?LET_N_ID=2978

http://www.paixliturgique.fr/aff_lettre.asp?LET_N_ID=2978

1/ C’est parce que des fidèles de la liturgie « extraordinaire » l’ont demandé que les évêques de France, tel Mgr Aupetit, archevêque de Paris, et Mgr de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques, vont bénéficier plus tôt que prévu de pouvoir célébrer au milieu de leur peuple. C’est ainsi : l’initiative ne vient pas des évêques, ni même d’associations catholiques « ordinaires », mais de catholiques attachés à la messe traditionnelle et aussi de cet « incorrect » qu’est J.-F. Poisson. Ce faisant, ces catholiques traditionnels ne perdent pas de vue qu’ils n’ont pas demandé une « permission », mais qu’ils ont simplement profité des dispositions de la procédure en vigueur France pour desserrer l’étau d’une législation laïque illégitime.

 

 

2/ Ces catholiques de la messe traditionnelle ont, pour faire valoir la liberté de la messe, la longue habitude d’un combat qui dure depuis plus de 50 ans. Interdite de fait lors de la promulgation de la réforme liturgique qui a suivi le deuxième concile du Vatican, la messe tridentine a continué malgré tout à être célébrée par un nombre conséquent de prêtres, qui se sont ensuite multipliés du fait de l’œuvre de Mgr Lefebvre et de la « reconnaissance » que lui ont accordée à la fin les autorités romaines. Ils ont en somme défendu la liberté de cette messe avec leurs pieds (souvent avec leurs voitures, en faisant de nombreux kilomètres pours y assister…), en payant de leur personne et de leurs deniers pour défendre les prêtres qui la célébraient. Cela sans nulle « désobéissance », mais au contraire en toute soumission à l’obligation de confesser sa foi qui pèse sur tout catholique, une foi qui, du point de vue liturgique, est exprimée par ce véritable Credo cultuel qu’est la messe traditionnelle en regard d’une messe nouvelle qui estompe gravement la manifestation du sacrifice sacramentel, de l’adoration eucharistique, de la transcendance divine, de la hiérarchie sacerdotale.

 

 

3/ Dans les présentes circonstances, celles d’une éclipse du culte divin qui aura duré plus de deux mois, un certain nombre de prêtres ont fait en sorte que les sacrements soient toujours distribués et la messe dite, dans des conditions que les médias ont qualifiées de « clandestines ». Ces prêtres sont majoritairement des prêtres traditionnels, et aussi des prêtres de paroisses pour la plupart fort classiques et proches du monde traditionnel. Ils l’ont fait à la demande et avec le soutien des fidèles assistant habituellement à la messe tridentine. Ce qui peut s’expliquer très modestement par la compréhension théologale puissante du saint sacrifice de la messe que leur instille la liturgie qu’ils pratiquent ou qu’ils connaissent de près.

 

 

4/ Les suites de cette crise sanitaire seront assurément fort douloureuses pour l’Eglise, surtout en France. Une telle démission d’une majorité des pasteurs, un tel abandon des fidèles en ce qui concerne le bien le plus précieux qui soit, le saint sacrifice de la messe, ne pourra pas ne pas avoir des conséquences désastreuses. Bien plus que la terrible crise économique et sociale qui se prépare, c’est une crise religieuse aggravée dans laquelle nous allons entrer. La religion, en France spécialement, mais aussi en Italie, en Allemagne, et en bien d’autres endroits, sera plus encore marginalisée, et, ce qui est plus terrible encore, parce qu’elle volontairement accepté de se laisser marginaliser. Nous ne prétendons nullement que la messe traditionnelle va « tirer les marrons du feu », mais nous estimons qu’il est possible qu’elle joue plus encore un rôle de recours pour un catholicisme en décomposition accélérée. Expression vivante de la foi multiséculaire de l’Eglise, elle a la capacité d’exprimer notamment que la religion du Christ a vocation à être celle de la société tout entière. Elle est, par elle-même, et il faut le souhaiter par les convictions de ceux qui lui sont attachés, tout le contraire d’un acte marginal et « confiné » : elle est destinée à être, elle veut être, la célébration par le Christ-Roi du culte que rendent individuellement et en corps les membres de la Cité terrestre en marche vers la Cité céleste.

 

 

Source : Paix Liturgique / le Forum catholique

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18 mai 2020 1 18 /05 /mai /2020 20:21
https://twitter.com/CatholicSat/status/1262266918268030977

https://twitter.com/CatholicSat/status/1262266918268030977

"Aujourd'hui, alors que la célébration publique de la messe reprend en Italie, le pape François ouvre la voie ad orientem.'' (Source).

''Ce 18 mai marque le centenaire de la naissance de saint Jean-Paul II.'' Le Pape François a donc célébré ''à cette occasion la messe sur la tombe du Souverain Pontife polonais'' (Vatican News).

 

Source: CatholicSat TwitterLe Forum catholique

Le Cardinal Sarah se recueille devant la tombe de Jean-Paul II :

 

https://www.leforumcatholique.org/message.php?num=895790

https://www.leforumcatholique.org/message.php?num=895790

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17 mai 2020 7 17 /05 /mai /2020 18:08
https://www.marcotosatti.com/2020/05/16/eucarestia-guanti-monouso-assurdo-igienico-e-profanazione/

https://www.marcotosatti.com/2020/05/16/eucarestia-guanti-monouso-assurdo-igienico-e-profanazione/

Source: Marco Tosatti

 

( traduction rapide )

 

Marco Tosatti

Chers amis et ennemis de Stilum Curiae, l'avocate Maria Stella Lopinto nous a envoyé une réflexion bien documentée pleine de bon sens, ainsi que de sensibilité religieuse et de foi, sur les dispositions émises concernant la distribution de l'Eucharistie dans les messes qui à partir du 18 mai devraient pouvoir être célébrés en présence des fidèles (en Italie. Ndlr.). Bonne lecture.

 

LA FOI DU CHARBONNIER SUFFIT

 

Cher Dr. Tosatti,

 

quelques jours se sont écoulés depuis le protocole fatidique du 7 mai 2020.

 

Avant même d'aborder la question brûlante de la distribution de l'Eucharistie avec des gants, j'aimerais souligner brièvement un aspect formel de ce document : l'Église catholique est la seule à pouvoir disposer de la liturgie et de l'administration des sacrements dont elle est la gardienne, et par conséquent la CEI, qui n'est pas l'Église, a signé ce document en abusant de pouvoirs qui ne lui appartiennent pas, puisque ces dispositions dénaturent substantiellement les accords passés avec la République italienne, vidant de leur contenu les règles essentielles qui établissent que l'Église est indépendante et souveraine et, en tant que telle, libre d'exercer sa mission pastorale, sa sanctification, son organisation, et l'exercice public du culte (art. 1 et article 2 de l'accord du 3 juin 1985). Que conclure sinon que le protocole est une mesure anormale ? Comment l'État italien peut-il s'immiscer dans des affaires qui ne sont pas les siennes et que la Conférence épiscopale italienne signe ?

 

Et pas seulement cela. De nombreux détails suggèrent que le protocole qui n'a été signé que par le cardinal Bassetti, en fait, a été transmis avec une lettre d'accompagnement du ministère de l'Intérieur qui le définit comme "mesures de sécurité nécessaires pour s'y conformer", sur un papier mal photocopié et granuleux, sans en-tête, avec des termes qui disent exactement par qui il a été préparé, certainement pas la CEI, avec un ton affirmé et unilatéral, venant d'un côté qui ordonne et adressé à un autre qui "se conforme", rempli d'une série de "mode d'utilisation .... les portes restent ouvertes ... il n'est pas permis ... il est permis ... les fidèles veillent ... à ce que le sacrement soit administré ...".

 

Cet emploi de l'impératif ne peut être utilisé que d'une partie à l'autre, ce qui, dans un protocole, est tout à fait inapproprié et révèle qu'il ne s'agissait pas du tout d'un accord - la seule forme qui aurait pu trouver place conformément à l'article 13, paragraphe 2 de l'accord de 1985 -, car ici deux parties d'égale dignité n'apparaissent pas du tout, au contraire la dignité du Saint-Siège est complètement ignorée, pour employer un euphémisme.

 

Sans considérer que le document n'indique pas un terme définitif d'efficacité ni une référence utile pour le déterminer, ainsi, après avoir été privés de messes depuis le 9 mars, le résultat est qu'ils "permettent" (selon la terminologie autoritaire établie) qu'elles ne soient finalement célébrées avec le peuple que sous certaines conditions, et espérons-le, pas sans terme indéfini. Nous courons le risque, en somme, que les messes soient ainsi limitées à volonté par le ministère de l'Intérieur.

 

Quoi donc en penser? Si le Protocole est un acte anormal, il pourra peut-être engager le Saint-Siège jusqu'à ce qu'il intervienne pour le dénoncer, ce qui est quelque peu difficile au niveau international. Cependant, il n'engage ni les évêques, ni les prêtres, à moins qu'ils ne le reconnaissent eux-mêmes. Il pourra à la limite (car ils ne sont pas obligés d'obéir à des choses contraires à la foi et à la morale) engager les prêtres, mais pas faire que l'acte soit légitime, parce que leurs évêques respectifs ont à leur tour des protocoles plus stricts encore, comme c'est déjà malheureusement le cas.

 

Ce qui m'intéresse, c'est que cela ne lie certainement pas les fidèles.

 

En fait, je ne m'attarderai pas sur l'anachronique "permission" de célébrer les messes avec le peuple à l'aube du 18 mai, alors qu'il est déjà question d'ouvrir des salles de sport et que dans les supermarchés, toutes les réglementations relatives aux limitations ont en fait été levées et que jusqu'à présent, personne ne s'est préoccupé, pour ne citer qu'elle, de la contagion causée par l'échange d'argent. Un de mes amis m'a écrit : quelle est la différence entre l'Italie et l'Église d'État chinoise ? S'il y avait cet accord en Chine, nous avons le nôtre !

 

La seule réflexion, sans préjudice de ladite clarification sur l'anomalie du Protocole puisque la personne qui l'a signé n'avait pas la procuration sur la reddition qu'il a signée, c'est qu'avec ce document les pouvoirs du Saint-Père apparaissent tristement vides également, vu que toute conférence, sans pouvoir ni en ce qui concerne les évêques, ni en ce qui concerne la discipline des relations avec un autre État, a pu se permettre de faire ce que seul le pape peut faire, en l'autorisant. Le scénario qui ouvre cet abus est inquiétant. Le fort écho du "Quo vadis" se fait entendre. Il faut espérer que personne ne quittera Rome.

 

L'aspect qui me préoccupe davantage est lié à une réflexion à laquelle j'ai été induit par le commentaire de nombreux collègues et amis qui, voulant me distraire de l'enquête sur la question de la distribution avec des gants, ont fait appel au fait qu'il s'agit d'une affaire de spécialistes (liturgistes, canonistes et théologiens) et il ne nous appartient pas de la traiter.

 

Cependant, la montée des voix discordantes sur l'interprétation du document et des premiers protocoles locaux des différents diocèses m'ont d'autant plus convaincu que, s'il est toujours important d'avoir la science et la conscience de son propre comportement, c'est surtout dans cette période de démembrement des droits de la personne, en laquelle il est facile de s'habituer aux mensonges et de perdre le sens de la vérité, jusqu'à ce que vous soyez heureux d'avoir la messe "à tout prix".

 

La considération que le Protocole est un règlement anormal va de pair avec le fait que la loi n'est pas en soi juste pour le simple fait d'être loi. De ce point de vue, nous n'avons malheureusement pas été éduqués et c'est pourquoi un effort plus important est nécessaire pour donner un poids approprié à la "loi". Nous souffrons toujours du lavage de cerveau, d'invitations continues à "observer les règles avec responsabilité": nous évoquons des termes, les "règles", désormais remplies de contenu autoritaire et qui n'ont rien à voir avec un bon objet et une fin et avec la responsabilité qui en découle.

 

La loi n'est pas bonne en soi et ne dégage donc pas la responsabilité de se livrer à un comportement déloyal en son nom, car la personne est toujours libre de choisir et, en tant que telle, elle est responsable de son comportement.

 

Si cela est ignoré, le risque est la naturalisation de l'être humain, qui conduit à des comportements qui vont au-delà de la rationalité et de la liberté.

 

J'omets la réglementation du quota d'entrée dans les églises, car elle n'affecte pas les questions dans lesquelles chacun de nous peut interférer, mais surtout en ne se rapportant pas directement aux questions morales, elle peut être compatible avec les règles de prudence ordinaires et en tant que telle acceptable.

 

Au contraire, la question de la distribution de l'Eucharistie avec des gants jetables concerne directement une question de foi à laquelle il n'est pas indifférent de donner ou non un consentement abstrait ou même de coopérer avec elle avec son propre comportement.

 

Ce que ces collègues et amis m'ont contesté, c'est-à-dire qu'il s'agisse d'une affaire spécialisée de liturgistes et de théologiens, ce qui n'est pas vrai. Il n'est pas concevable que l'on puisse si facilement abdiquer sa conscience, même si le caractère exceptionnel des faits pouvait l'absoudre. C'est évidemment une tromperie. Il n'est pas non plus concevable qu'une chose aussi importante puisse être remise en question ni déléguée à la libre interprétation de tel ou tel évêque. Au lieu de cela, la foi du charbonnier est suffisante. Chacun de nous devrait être capable de comprendre ce qui est conforme à la foi et ce qui ne l'est pas. Pas besoin de théologiens ou d'élucubrations sonores. Ce serait bien s'il y en avait, il serait souhaitable qu'il y ait des pasteurs et des enseignants, mais cela ne peut pas constituer un alibi pour accepter tout ce qu'ils nous proposent, surtout en ce moment historique où il est plus vrai que jamais que chacun de nous est une église. Le sensus fidei devrait suffire à tout le monde pour comprendre ce qu'est la vérité. Et en ce qui concerne la distribution avec des gants, même le plus simple des baptisés qui a reçu la connaissance de base du catéchisme, devrait être capable de comprendre s'il s'agit d'un acte qui ignore la présence réelle de Dieu dans l'Eucharistie, le fait principal de notre Alliance.

 

J'ai donc essayé de mettre quelques idées en forme pour tenter de comprendre et décider.

 

La prémisse est que c'est une vérité de foi que le corps du Christ est présent dans l'hôte consacré, tout comme il est pleinement présent même dans les particules les plus petites et les plus infinies dans lesquelles la particule devrait être divisée.

 

Cette simple considération suffit pour conclure que la simple idée ou la simple vue d'un prêtre qui met des gants à l'autel doit susciter la consternation, pour ne pas dire le scandale, et faire percevoir comme indigne, indécente, offensante, irrespectueuse, la distribution de l'Eucharistie avec des gants jetables.

 

Le doute légitime que le recours à cette disposition ait pu être causé par une raison sérieuse, proportionnée et raisonnable telle que la préservation de la contagion, conduit à considérer immédiatement que les mains d'un prêtre qui s'apprête à consacrer sont nécessairement propres, étant donné qu'il existe déjà des "normes" liturgiques qui prévoient qu'il doit se laver et se purifier les mains avant de célébrer, précisément en vue de l'acte suprême qu'il va accomplir, à tel point que dans les sacristies il y a un bassin spécial. Donc dans le plus il y a le moins: s'il a les mains suffisamment propres pour toucher l'Hostie, il a les mains suffisamment propres pour la distribuer aux fidèles.

 

En outre, la formulation du paragraphe 3.4 du Protocole s'exprime comme suit : "La distribution de la Communion aura lieu après que le célébrant et l'éventuel ministre extraordinaire ont pris soin de l'hygiène de leurs mains et porté des gants jetables". Les gants ne doivent donc être portés qu'une seule fois et non pas chaque fois que la communion est distribuée à chaque fidèle. On aurait plutôt pu s'attendre à ce que, pour se prémunir contre la contagion, un changement de gants soit prescrit pour chaque fidèle (ce qui est évidemment absurde à concevoir). Ce n'est pas le cas, et donc en théorie les gants pourraient déjà être infectés après leur distribution au premier croyant. Il est alors clair que la prescription n'a pas pour but de préserver de la contagion, ni ne tient compte de la santé des fidèles, car précisément les gants pourraient être un vecteur de contagion. Sur la base d'une simple observation, n'importe qui pourra donc en déduire que la disposition est inutile. Il est inutile de porter des gants, car ils n'épargnent pas de la contagion. La raison de la prescription d'une chose aussi grave et inutile pourrait être une simple insouciance ou une intention de profaner l'hôstie consacrée ou un abus de pouvoir de la part de l'État athée.

 

En tout état de cause, si l'utilisation de gants n'est pas nécessaire pour des raisons de santé, son caractère raisonnable et proportionné est exclu. Par conséquent, comme il n'y a même pas de raison sérieuse d'accorder, ni même de raison sérieuse de justifier leur utilisation, ils finissent par n'être qu'une profanation.

 

Supposons un instant que les gants n'aient pas toute cette charge offensive intrinsèque, c'est-à-dire qu'ils ne soient pas si indécents.

 

Voyons voir.

 

Nous savons que les gants jetables adhèrent à la peau jusqu'à ce qu'ils s'y collent, il n'est pas facile de les arracher d'un mouvement rigide, mais il faut les arracher parce qu'ils collent, ils s'attachent et deviennent souvent une masse informe, et c'est une entreprise inutile malgré une manipulation insistante pour essayer de les ramener à leur forme originale après les avoir arrachés, parce qu'ils s'effilochent, ils se cassent.

 

Il s'ensuit que la distribution des hosties consacrées avec des gants à usage unique les expose intrinsèquement à la dispersion des minuscules particules eucharistiques, qui pourraient rester cachées et écrasées entre les plis, et à l'impossibilité matérielle de les retrouver et de les purifier, même avec une opération minutieuse. Par conséquent, même si les gants jetables étaient absurdement décents, le simple fait de les exposer à la dispersion des particules constitue une fois de plus seulement et uniquement une profanation.

 

De plus, la définition même des "gants jetables" implique qu'ils ne peuvent pas être purifiés. Ce que le prêtre purifie est un objet d'une valeur et d'une dignité particulières et pour ce sujet à usages multiples, comme le caporal.

 

Les gants en question, par le seul fait d'être jetables, sont en matière très basse, leur durée de vie est courte car ils sont par définition "jetables".

 

Les gants jetables ne peuvent donc pas être purifiés soit parce qu'ils sont destinés à être jetés, soit parce qu'ils ne se prêtent objectivement pas à cette opération.

 

Et s'ils ne peuvent pas être purifiés, une fois utilisés pour distribuer des hosties consacrés, en théorie, selon la liturgie, ils devraient être brûlés, mais déjà c'est une notion complexe, pas du catéchisme pour les enfants, nous irions donc au-delà de ce que nous nous sommes fixés (cependant , probablement le matériau dont ils sont faits ne permet même pas la destruction par le feu). Cependant, il permet de saisir le sens de la mauvaise utilisation des outils "jetables" pour la distribution des hosties consacrées, précisément à cause intrinsèquement de matériel non digne d'une telle utilisation et qui expose à la dispersion automatique des particules.

 

Un objet "à usage unique", non purifiable, peut-il être utilisé en vain pour distribuer des hosties consacrées, puisqu'il est par définition "jetable", c'est-à-dire destiné à être "jeté" en plus des restes d'hosties consacrées?

 

Même un enfant avec des notions de catéchisme saurait répondre: non.

 

Par conséquent, distribuer l'Eucharistie avec un instrument qui implique intrinsèquement la dispersion des particules de l'Hostie qui lui sont attachées, constitue une manifestation de manque de foi dans la présence réelle et une coopération directe avec la dispersion de ces particules. Recevoir la Communion à travers cette distribution ne constitue pas un acte indifférent à la morale, car il l'accepte et coopère avec elle. Cela vous donne votre consentement, même si ce n'est pas avec une pensée explicite, mais oui avec le comportement.

 

Il n'est donc pas nécessaire de recourir à des citations théologiques de haut niveau. Ce qu'ils nous ont appris sur le catéchisme est suffisant. Le sensus fidei naturel est suffisant.

 

Toute autre connaissance, comme le magnifique hymne de saint Thomas ou les écrits de saint Alphonse, ne peut que nous corroborer dans cette foi, mais elle ne serait pas décisive, sauf que c'est précisément à partir de ces sources que nous avons appris les mêmes vérités de foi.

 

Cela devrait être suffisant pour vous dissuader de participer, dans la mesure du possible, aux messes où vous distribuez la communion avec des gants et en tout cas de prendre la communion de cette manière.

 

À ces fins, il n'est pas nécessaire de discerner s'il s'agit d'un sacrilège ou non.

 

Bien que plusieurs aient évoqué le sacrilège.

 

Le cardinal Sarah, précisément dans un article du 7 mai, stigmatise certains comportements sacrilèges contre l'eucharistie et il n'est pas impossible de penser que, même s'il n'a pas examiné le cas spécifique envisagé par le Protocole, sachant très bien quel aurait été son contenu, il a voulu de cette façon donner un enseignement précis sur ce sujet. A propos de la distribution avec des gants.

 

Le Card. Sarah dit (dans l'article que je vous attache avec le Protocole): "Nous entendons des histoires de SACRILEGE qui vous coupent le souffle: des prêtres qui enveloppent les hosties consacrées dans des sacs en plastique ou en papier ... ou d'autres aussi qui distribuent la sainte communion et utilisent par exemple des pincettes pour éviter la contagion…. CETTE MANIÈRE DE TRAITER JÉSUS COMME UN OBJET SANS VALEUR EST UNE PROFANATION DE L'Eucharistie… La communion n'est pas un droit".

 

De même, Don Gino Oliosi, un exorciste, concernant la distribution avec des gants, dit que c'est la main du prêtre qui doit être consacrée, et non les gants : "si les fragments de l'hostie restent sur le gant, qui doit alors être détruit, que faisons-nous, nous détruisons le Corps du Christ dans la poubelle ?" ( https://www.cristianitoday.it/prendere-con-i-guanti-leucarestia-e-come-gettarlo-nellimmondizia-parla-unesorcista/ )

 

 

Le père Flavio Uboldi, théologien capucin, à propos de donner Jésus avec des gants, dit que "c'est une profanation qui frise le sacrilège". Cela signifie ne pas avoir de respect pour Jésus-Christ présent dans l'Eucharistie et même pas pour les fidèles qui le reçoivent. Il y a aussi le problème des fragments du Corps du Christ qui peuvent rester attachés aux gants et nous ne savons pas ce qui leur arrive". ( https://lanuovabq.it/it/da-fatima-a-civitavecchia-siamo-dentro-il-terzo-segreto )

 

Alors: est-ce un sacrilège? Certes, sur la base du sensus fidei, c'est répugnant, tout comme cela devrait repousser tout prêtre.

 

Cependant, voulant aller au-delà de la "simple foi", selon le Code de droit canonique, can. 1367, "Quiconque profane les espèces consacrées, ou les enlève ou les conserve à des fins sacrilèges, encourt l'excommunication latae sententiae réservée au Siège Apostolique".

 

Puisque c'est le prêtre qui fait l'acte de distribuer avec des gants et on ne peut pas connaître ses intentions (profanation volontaire des Hôtes consacrés), ni ce qu'il va faire avec les gants et les particules résiduelles (la norme pose deux hypothèses: la profanation sic et utilisation simpliciter et sacrilège par élimination et conservation, même si certains comprennent le cas unique et déterminé par le but), nous pouvons seulement dire qu'abstrait oui, cela peut être un sacrilège. Cela peut potentiellement être un sacrilège car de nombreux éléments extérieurs peuvent faire croire que ce geste constitue un manque de foi et une obéissance à un sujet autre que l'Église auquel seuls les prêtres sont plutôt obligés. La preuve externe est: l'obéissance à une disposition de l'État, à travers un accord illégitime avec l'autorité de l'Église non hiérarchiquement ordonnée - la CEI -, l'utilisation d'un instrument inutile, non nécessaire, déraisonnable et non proportionné dans la distribution de l'Eucharistie, non soumis à purification et probablement même pas à la destruction par le feu, mais théoriquement destiné à être jeté dans les déchets, n'ayant pas été discipliné et laissé à la bonne volonté et à la volonté des individus le moyen de ne pas disperser les particules résiduelles de l'hôte. L'hypothèse de certains selon laquelle le prêtre peut purifier les doigts en les plongeant dans le purificateur, "avant d'enlever les gants et avant même de ranger le SS Sacramento, en évitant toute sorte de dispersion", ne semble pas surmonter deux inconvénients: d'une part, il reste également dans ce cas, il évite de détruire les gants, car ils ne sont pas réutilisables et ne peuvent pas être éliminés comme de simples déchets, avec toute incertitude déjà détectée, en revanche les gants jetables ont une fragilité et une détérioration telles qu'il n'est pas exclu qu'ils se cassent pendant la utiliser ou même en essayant de les purifier avant de les retirer des mains, avec dispersion définitive des particules.

 

Il est donc confirmé que l'hypothèse ne peut être qu'un sacrilège potentiel et une occasion de scandale. Cependant, il n'est pas nécessaire de vérifier qu'il s'agit bien d'un sacrilège pour décider de participer ou non à la distribution de l'Eucharistie avec des gants. Les preuves décrites sont suffisantes.

 

Que faire? L'hypothèse extrême, le drame, est de savoir si, en plus du Protocole, l'Évêque a même lié les prêtres à d'autres protocoles, si le curé ne se sent pas obligé en conscience de rejeter de telles pratiques, si la paroisse est la seule église dans laquelle pour pouvoir assister à la messe: dans ce cas, il faut se souvenir de ce qu'a dit le cardinal Sarah et qui fait aussi partie du sensus fidei, c'est-à-dire que la communion n'est pas un droit, ce qui signifie qu'il n'est pas légal de le faire "à tout prix". L'important est d'assurer le bien de la messe et ensuite d'espérer pouvoir recevoir la communion plus tard, en espérant que le prêtre ne soit pas aussi "obéissant à l'Etat" pour utiliser les gants inutiles dans ce cas aussi, et en espérant qu'il la donnera dans la bouche, car cela devrait être un choix et non une obligation. Sinon, meilleure est la communion spirituelle.

 

Si, en revanche, vous avez la possibilité de choisir, après avoir demandé au curé s'il utilisera des gants (donc au cas où il doute qu'il ne soit pas moral de le faire), vous pouvez toujours changer l'église et en chercher une dans laquelle on agit en appliquant la raison et en vivant la Foi.

 

Rome, 16.5.2020 maria stella lopinto

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13 mai 2020 3 13 /05 /mai /2020 17:17
https://www.proliturgia.org/actua.html

https://www.proliturgia.org/actua.html

Source: Pro Liturgia, Mercredi, 13 mai 2020.

On trouve sur plusieurs sites internet la formule « rendez-nous la messe ». C’est une demande adressée aux évêques qui ont supprimé les messes paroissiales pour se plier aux règles édictées par le gouvernement afin de faire face à la pandémie de coronavirus.

« Rendez-nous la messe » ? A vrai dire, on ne voit pas très bien comment on pourrait nous rendre en ce temps de pandémie ce qu’on nous avait déjà confisqué bien avant le début de la crise.

Car bien avant la diffusion du virus, on nous avait déjà supprimé la messe pour la remplacer par quelque chose qui n’avait de messe plus que le nom. Qu’on se souvienne des appels lancés par Jean-Paul II puis par Benoît XVI dans le but de donner aux fidèles l’occasion de retrouver la messe, la vraie, pas celle bricolée par tel célébrant ou telle équipe liturgique. En ces temps-là, personne ne demandait que la messe véritablement « catholique » - c’est-à-dire célébrée sans ajouts, omissions ou modifications et avec une place majeure donnée au chant grégorien (cf. Vatican II et Introduction générale du Missel romain) - fut rendue aux fidèles, la majorité des pratiquants se satisfaisant de “célébrations reconstituées” ou de “messes-puzzles”.

Oui, messeigneurs les évêques, « rendez-nous la messe » : nous n’avons pas attendu l’actuelle pandémie pour vous adresser à temps et à contretemps cette demande à laquelle, reconnaissez-le, vous n’avez jamais donné suite. Mais par pitié, ne nous réchauffez pas les simili-liturgies que vous nous serviez avant la pandémie : rendez-nous « LA » messe !

 

Lundi, 11 mai 2020. Le P. Georg Rheinbay, curé de la paroisse Saint-Michel de Hackenheim (dioc. de Mayence -D-) a déclaré dans son homélie de dimanche dernier que « l’humanité est dans une crise profonde dans laquelle plonge aussi l’Église. » Le prêtre a violemment critiqué l’idée selon laquelle les décisions politiques en rapport avec l’épidémie de coronavirus étaient justifiées par le fait qu’elles concernaient la protection de la vie humaine. Et d’ajouter : « En Allemagne, chaque année, 120 000 personnes meurent en raison de leur consommation de tabac, dont 3 000 ne sont que des fumeurs passifs. Où est la législation d’urgence qui interdit de fumer en Allemagne ? Les accidents font 3 000 morts chaque année. Pourtant, aucune loi n’interdit la conduite des véhicules. Curieusement, ce n’est que dans le cas des décès par effet plus ou moins avéré de coronavirus qu’il y a des discussions. Et quiconque essaie de peser le pour et contre des décisions prises est immédiatement considéré comme un méprisant cynique. »

Le P. Rheinbay est tout aussi sévère avec l’Église en Allemagne qui, dit-il, abandonne ses propres croyants : « Aujourd'hui, les évêques permettent à l’État de décider du don des sacrements ! Je n’ai pas le droit de baptiser un enfant sauf s’il est en danger de mort. Je n’ai pas le droit de célébrer un mariage. Je ne peux pas célébrer l’Eucharistie avec les fidèles. Je ne suis pas autorisé à visiter les mourants pour les accompagner, leur apporter la communion et leur donner l’extrême onction. »

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3 mai 2020 7 03 /05 /mai /2020 19:34
https://lanuovabq.it/it/comunione-in-bocca-nessun-rischio-per-la-salute

https://lanuovabq.it/it/comunione-in-bocca-nessun-rischio-per-la-salute

COVID infecte les cellules des muqueuses des voies respiratoires principalement en voyageant à travers des gouttelettes ou dans une forme hydro-gazeuse d'aérosol. Ainsi, tant que la salive ne passe pas de l'état liquide, comme elle est normalement dans la bouche, à l'état de gouttelettes ou d'aérosols, elle est potentiellement inoffensive. C'est pourquoi la communion dans la bouche ne peut pas être contre-indiquée. Un médecin l'explique.

 

 

Cher directeur,

Je travaille dans un hôpital avec des patients COVID, ce qui m'a amené à approfondir et à discuter du sujet également avec d'autres collègues. Selon la littérature scientifique, nous sommes parvenus aux conclusions suivantes: contrairement aux autres virus, le coronavirus attaque directement les muqueuses des voies respiratoires supérieures (nez, pharynx et larynx) et inférieures (bronches et bronches), directement sur ses récepteurs et sans passer par voies lymphatiques et sanguines comme le font d'autres virus.

 

COVID infecte les cellules des muqueuses des voies respiratoires principalement en voyageant à travers des gouttelettes ou dans une forme hydro-gazeuse d'aérosol. Par conséquent, bien que cela ait été supposé, la transmission par contact n'a jamais été démontrée jusqu'à présent.

 

Les paumes des mains et du bout des doigts, comme la salive, sont les principaux vecteurs du Coronavirus, mais il est difficile qu'elles puissent provoquer une infection en ne contenant pas de virus sous forme de gouttelettes ou d'aérosols: en effet le Coronavirus doit "prendre son envol" pour infecter.

 

Tant que la salive ne passe pas de l'état liquide, comme elle est normalement dans la bouche, à l'état de gouttelettes ou d'aérosols, elle est potentiellement inoffensive. La salive devient dangereuse lors de la nébulisation de gouttelettes avec éternuements ou toux ou en parlant fort à courte distance.

 

Sans masque ou avec masque abaissé sous le nez, les gouttelettes de salive après un éternuement atteignent jusqu'à 6 mètres, (donc 1 mètre ne suffirait pas), après avoir toussé jusqu'à 2 mètres.

 

Les paumes des mains et du bout des doigts peuvent être des dépôts de virus, mais elles peuvent difficilement être la cause d'une infection directe, donc certaines solutions suggérées, telles que la désinfection des mains à l'église avant de recevoir l'hostie, ou le port de gants sont, à mon avis, discutables. Et je ne dis pas inutile, mais ces manoeuvres ne nous protégeront certainement pas principalement contre les infections.

 

Et même la salive, même si elle contient des virus, ne peut pas infecter tant qu'elle reste liquide dans la bouche et ne passe pas dans un état d'air (même si la vieille femme classique gratte les doigts du prêtre, ce qui devrait en tout cas être évité en prenant l'hostie avec les lèvres).

 

De plus, la salive contient du lysozyme qui est un désinfectant naturel, qui agit également contre les virus: le lysozyme même est désormais également utilisé comme médicament contre le coronavirus.

 

En conclusion, les méthodes de réception de l'hostie sont à mon avis indifférentes et potentiellement à la fois inoffensives en ce qui concerne le risque de coronavirus.

 

Il faudra plutôt accorder beaucoup plus d'attention aux autres gestes barrières, c'est-à-dire aux masques, en évitant les éternuements ou la toux dans l'église et surtout au moment de la communion devant le prêtre quand il faut nécessairement retirer le masque pendant quelques secondes pour recevoir l'hostie.... d'une manière ou d'une autre..

 

Nous avons souvent été attaqués sur l'affaire Galilée, quand, le Père jésuite Grassi a voulu imposer une fausse idée scientifique (d’une durée de 2 siècles !) juste pour défendre ses convictions, pas même théologiques, mais cléricales : je voudrais empêcher que des choses similaires ne se répètent, autant que j'aime l'Église.

 

Alors que la terre et le soleil continuaient de tourner à leur manière, quelles que fussent les idées des jésuites, le coronavirus fait de même et n'infecte que par l'air, peu importe qui est pour ou contre la communion dans la bouche ou les mains.

 

On pourrait dire avec une expression efficace que COVID ne se déplace que par voie aérienne, mais qu'il ne navigue pas par la salive tant qu'il reste sous forme liquide dans la bouche. Pour confirmer ce qui précède, lors de l'épidémie de COVID, les chirurgiens ont réduit les interventions faites en laparoscopie précisément pour éviter qu'en soufflant du gaz dans l'abdomen ne s'échappent aux valves des gouttelettes aéroformes contenant le Coronavirus.

 

En résumé, cela devrait être une bonne nouvelle pour tout le monde: savoir qu'aucune des 2 façons de recevoir l'hostie ne représente réellement un risque sérieux d'infection. Par cela, je ne veux pas du tout diminuer l'importance des précautions d'hygiène suggérées jusqu'à présent.

 

Cordialement

 

Dr Fabio Sansonna

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7 mars 2020 6 07 /03 /mars /2020 18:57
Distribution de la Communion : historique

Suite aux récentes mesures de l’épiscopat français sur l’interdiction de la communion sur la langue dans certains diocèses, les lecteurs sont nombreux à réagir.

 

Pour justifier ses “mesures de précautions” le diocèse de Paris a publié une vidéo pleine de mensonges et d’approximations [Disant que "jusqu'au Haut Moyen-Âge dans l'Eglise catholique au cours de la célébration de la sainte messe on a toujours communier dans la main" (sic) et laissant donc entendre que la Communion dans la bouche est une invention du "Moyen-Âge".]

 

Le site "Riposte catholique" a apporté des éléments historiques précis :

 

Voici donc ces quelques éléments:

 

On vous raconte qu’au cours des premiers siècles de l’ère chrétienne, le rite de la communion aurait comporté la manipulation des hosties consacrées par les fidèles se tenant debout. Avec cette présentation historique, on peut évidemment faire passer ensuite la nouveauté pour une vieille tradition remise à l’honneur.

 

En fait, il s’agit là d’une tentative malhonnête de justifier par une coutume prétendument "antique" la pratique récente, bien postérieure au concile Vatican II (1962-1965) et, de plus, absolument pas ordonnée ni même prévue par celui-ci.

Le Concile Vatican II ne s'est pas pas exprimé sur le sujet de la communion dans la bouche ou dans les mains. Il faut attendre 1969 pour que ce sujet soit abordé par la Sacrée Congrégation pour le culte divin dans l’instruction Memoriale Domini du 29 mai 1969. "[L]es fidèles ont pu autrefois recevoir cet aliment divin dans la main et le porter eux-mêmes à la bouche. […] Cependant, les prescriptions de l'Église et les textes des Pères attestent abondamment le très profond respect et les très grandes précautions qui entouraient la sainte Eucharistie."

 

Feuilletez donc attentivement les documents conciliaires et vous constaterez que nous disons vrai. [Sacrosanctum concilium, Constitution sur la sainte liturgie. Lire également Sacrosanctum caritatis, exhortation apostolique du pape Benoît XVI. NdCR.]

 

Quant au véritable rite antique de la communion à genoux et sur la langue, on vous raconte de manière tout aussi trompeuse que ce serait un phénomène médiéval.

 

Or, pour mentionner brièvement ici quelques éléments de réfutation, signalons que le pape Sixte I (117-126) avait déjà interdit de toucher les mystères sacrés si l’on ne faisait pas partie du clergé (ut mysteria sacra non tangerentur, nisi a ministris). ["Les Mystères Sacrés ne doivent pas être manipulés par des personnes autres que celles consacrées au Seigneur" (Liber Pontificatis, éd. DUCHESNE, I (Paris, 1886, 128.) NdCR]

 

Le pape Saint Eutychian (275-283) interdira que la communion à porter aux malades soit confiée à un laïc ou à une femme (nullus praesumat tradere communionem laico vel feminae ad deferendum infirmo).

 

Déjà Tertullien de Carthage (160-250) attestait que la sainte eucharistie était reçue uniquement du prêtre et pas d’autrui (nec de aliorum manu sumimus).

 

Le pape Saint Léon I (440-461) notait, pour sa part, que l’on reçoit en bouche ce qui est cru par la foi (hoc enim ore sumitur quod fide tenetur). 

 

Plus tard, à savoir en 536, le pape Saint Agapet I accomplira un miracle de guérison après avoir donné l’hostie en bouche à quelqu’un (cumque ei Dominicum corpus mitteret in os). C’est le pape Saint Grégoire I (590-604) qui le relate, attestant également la pratique de l’Église dans les premiers siècles de l’ère chrétienne. Dans ses dialogues (Romain 3, c. 3) il rapporte que le Pape saint Agapet accomplit un miracle durant la messe après avoir placé le Corps du Seigneur dans la bouche d'une personne. Jean le Diacre nous parle également de la manière dont ce Pape distribuait la sainte communion. 

 

En l’an 380, le concile de Saragosse avait en son canon 3 lancé l’anathème (excommunication) contre ceux qui voudraient encore toucher la sainte eucharistie et communier comme en temps de persécution. Décision confirmée par le synode de Tolède (400). Saint Basile, Père grec et Docteur de l’Église (329-379), avait expliqué qu’en des circonstances pareilles et en l’absence de prêtre ou de diacre pour administrer la communion et la porter aux malades, on avait pu jadis "recevoir la communion au moyen de sa propre main". L’historien Eusèbe de Césarée (270-339) attestait déjà au livre VI de son "Histoire ecclésiastique" que cela se faisait seulement en cas de véritable nécessité. La pratique normale avait toujours été que les fidèles communient à genoux et sur la langue. Devant des abus locaux, le concile de Rouen rappellera en 650 cette norme apostolique, interdisant la communion avec les mains (nulli autem laico aut feminae Eucharistiam in manibus ponat, sed tantum in os ejus).

 

Lire : La communion dans la main et le mot apocryphe de saint Cyrille

 

[En Orient, le 6 ème concile œcuménique à Constantinople (680-681) interdira aux fidèles de prendre l'Armée sacrée entre leurs mains, en menaçant les transgresseurs d'excommunication. NdCR]

 

Le concile de Constantinople statuera pareillement en 692, frappant d’excommunication tous ceux qui s’aviseraient de prendre l’hostie en main alors qu’un évêque, un prêtre ou un diacre sont disponibles pour la leur dispenser en bouche. Dans une homélie sur la première épître à Timothée, Saint Jean Chrysostome (347-407) indiquait déjà cette humble et pieuse attitude de réception de la part des fidèles : "Que rien d’amer ne sorte de la bouche qui a été gratifiée d’un si grand mystère ; que la langue, sur laquelle le divin Corps a été déposé, ne profère rien de déplaisant."

 

Ces éléments et ces témoins remontent à la fin de l'Antiquité. Dès les premiers siècles du christianisme la communion est prise sur la lange, bien avant le "Moyen âge" qui pratiquait peu la communion, et en tous les cas, pas à la main, sauf en temps de persécution, et en l’absence de prêtre ou de diacre pour administrer la communion et la porter aux malades.

La communion fréquente, et des enfants, est une pratique instaurée par le pape Saint Pie X (1903-1914).

88% du volume de l’instruction Memoriale Domini (29 mai 1969) du pape Paul VI est consacré à confirmer la réception de la communion à genoux et sur les lèvres

 

Comment peut-on raisonnablement affirmer que la communion dans la main était la pratique officielle qui s'est poursuivie jusqu'au dixième siècle ? Comment peut-on affirmer que la communion sur la langue est une invention médiévale ? Nous ne prétendons pas que jamais, en aucune circonstance, les fidèles n'ont reçu la communion dans la main. Mais dans quelles conditions cela se passait-il ? 

Il est certain que les apôtres ont pris le pain et ont bu la coupe à la main, mais eux étaient des ministres désignés par Notre-Seigneur.

 

On ne vous rapporte pas des citations de ce genre. On ne vous donne aucune référence pertinente, pas même celle alléguée comme étant de Saint Cyrille de Jérusalem (313-386), à savoir les « Catéchèses mystagogiques » dont on vous épingle un passage cité hors de son contexte qui aurait pu vous faire réaliser que ce n’est pas un texte chrétien normal. En effet, on vous cite seulement ce qui fait penser à la pratique moderne : « Lorsque tu t’avances pour Le recevoir, ne t’approche pas sans respect, les paumes des mains grandes ouvertes ou les doigts écartés ; mais avec ta main gauche, fais un trône pour la droite où va reposer le Roi. Reçois le Corps du Christ dans le creux de ta main et réponds Amen.»

 

Les passages sautés sont notamment ceux-ci : « Sanctifie tes yeux par le contact du saint Corps » et puis, après avoir bu au calice, « lorsque tes lèvres en sont encore mouillées, touche-les avec les mains et passe sur tes yeux, ton front et tous tes autres sens, pour les sanctifier.» (sic)” 

Source: Jusqu’au Haut Moyen-Âge on communiait dans la main : fake news, Riposte catholiqueLe Forum catholique

 

 

Le Synode de Cordoue au IXe siècle condamnera  en 839 la secte de "Casiani" pour son refus de recevoir la Sainte Communion directement dans la bouche [Mgr Athanasius Schneider, ''Dominus Est'', p.47.]

 

Le Synode de Rouen (878) déclarera : "L'Eucharistie ne peut jamais être confiée à un laïc, ni à une femme, mais doit seulement être donnée à la bouche".

 

Au XIIIe siècle saint Thomas d'Aquin (1225–1274) précisera : 

 

"Par respect pour ce sacrement [la Sainte Eucharistie], rien ne le touche, sauf ce qui est consacré. c'est pourquoi le corporal et le calice sont consacrés, ainsi que les mains du prêtre, pour toucher ce sacrement " (Summa Theologica, partie III, Q.82, art. 3, Rep. Obj.8.)

 

Lire : Main ou langue: le débat sur la réception eucharistique

En 1969, Paul VI indique dans Memoriale Domini que :

 

"les prescriptions de l'Église et les textes des Pères attestent abondamment le très profond respect et les très grandes précautions qui entouraient la sainte Eucharistie.

[...] De plus, le soin et le ministère du Corps et du Sang du Christ étaient confiés d'une façon toute spéciale aux ministres sacrés ou aux hommes désignés à cet effet : « Après que celui qui préside a récité les prières et que le peuple tout entier a acclamé, ceux que nous appelons les diacres distribuent â tous ceux qui sont présents, et portent aux absents, le pain, le vin et l'eau sur lesquels ont été données les grâces »

[...] Aussi, la fonction de porter la Sainte Eucharistie aux absents ne tarda-t-elle pas à être confiée uniquement aux ministres sacrés, afin de mieux assurer le respect dû au Corps du Christ, et en même temps de mieux répondre aux besoins des fidèles. Par la suite, lorsque la vérité et l'efficacité du mystère eucharistique, ainsi que la présence du Christ en lui, ont été plus approfondies, on a mieux ressenti le respect dû à ce Très Saint Sacrement et l'humilité avec laquelle il doit être reçu, et la coutume s'est établie que ce soit le ministre lui-même qui dépose sur la langue du communiant une parcelle de Pain consacré.

Compte tenu de la situation actuelle de l'Église dans le monde entier, cette façon de distribuer la Sainte Communion doit être conservée, non seulement parce qu'elle a derrière elle une tradition multiséculaire, mais surtout parce qu'elle exprime le respect des fidèles envers l'Eucharistie.

[...] Ce respect exprime bien qu'il s'agit non pas « d'un pain et d'une boisson ordinaires », mais du Corps et du Sang du Seigneur, par lesquels « le peuple de Dieu participe aux biens du sacrifice pascal, réactualise l'alliance nouvelle scellée une fois pour toutes par Dieu avec les hommes dans le Sang du Christ, et dans la foi et l'espérance préfigure et anticipe le banquet eschatologique dans le Royaume du Père ». 

[...] De plus, cette façon de faire, qui doit déjà être considérée comme traditionnelle, assure plus efficacement que la Sainte Communion soit distribuée avec le respect, le décorum et la dignité qui lui conviennent ; que soit écarté tout danger de profanation des espèces eucharistiques, dans lesquelles, « d'une façon unique, totalement et intégralement le Christ, Dieu et homme, se trouve présent substantiellement et sous un mode permanent » ; et qu'enfin soit attentivement respecté le soin que l'Église a toujours recommande à l'égard des fragments de Pain consacré : « Ce que tu as laissé tomber, considère que c'est comme une partie de tes membres qui vient à te manquer. »

[...] [U]ne forte majorité d'évêques estiment que rien ne doit être changé à la discipline actuelle et que si on la changeait cela offenserait le sentiment et la sensibilité spirituelle de ces évêques et de nombreux fidèles.

C'est pourquoi, compte-tenu des remarques et des conseils de ceux que « l'Esprit-Saint a constitués intendants pour gouverner » les Églises, eu égard à la gravité du sujet et à la valeur des arguments invoqués, le Souverain Pontife n'a pas pensé devoir changer la façon traditionnelle de distribuer la Sainte Communion aux fidèles.

Aussi, le Saint-Siège exhorte-t-il vivement les évêques, les prêtres et les fidèles à respecter attentivement la loi toujours en vigueur et qui se trouve confirmée de nouveau, en prenant en considération tant le jugement émis par la majorité de l'épiscopat catholique que la forme utilisée actuellement dans la sainte liturgie, et enfin le bien commun de l'Église.

Mais là où s'est déjà introduit un usage différent - celui de déposer la Sainte Communion dans la main - le Saint-Siège, afin d'aider les Conférences épiscopales à accomplir leur tâche pastorale, devenue souvent plus difficile dans les circonstances actuelles, confie à ces mêmes Conférences la charge et le devoir de peser avec soin les circonstances particulières qui pourraient exister, à condition cependant d'écarter tout risque de manque de respect ou d'opinions fausses qui pourraient s'insinuer dans les esprits au sujet de la Très Sainte Eucharistie, et d'éviter soigneusement tous autres inconvénients."

 

Depuis une lettre de la Sacrée Congrégation du 6 juin 1969, en réponse à une demande de la Conférence épiscopale de France sur la permission de distribuer la Communion en déposant l'Hostie dans la main, le Saint-Siège, tout en rappelant l'instruction en date du 29 mai 1969 sur le maintien en vigueur de l'usage traditionnel de la communion "sur la langue", 

 

"accorde que, sur le territoire de Votre Conférence Épiscopale, chaque Évêque, selon sa prudence et sa conscience, puisse autoriser dans son diocèse l'introduction du nouveau rite pour distribuer la Communion, à condition que soient évités toute occasion de surprise de la part des fidèles et tout danger d'irrévérence envers l'Eucharistie.

 

Pour cela, on tiendra compte des normes suivantes :

1. La nouvelle manière de communier ne devra pas être imposée d'une manière qui exclurait l'usage traditionnel. Il importe notamment que chaque fidèle ait la possibilité de recevoir la Communion sur la langue, là où sera concédé légitimement le nouvel usage et lorsque viendront communier en même temps d'autres personnes qui recevront l'Hostie dans la main. En effet, les deux manières de communier peuvent coexister sans difficulté dans la même action liturgique. Cela, pour que personne ne trouve dans le nouveau rite une cause de trouble à sa propre sensibilité spirituelle envers l'Eucharistie et pour que ce Sacrement, de sa nature source et cause d'unité, ne devienne pas une occasion de désaccord entre les fidèles." (Fin de citation)

 

Les conférences épiscopales peuvent donc autoriser officiellement l’introduction de la communion dans la main à partir de 1969. Mais la Sacrée Congrégation pour le culte divin précise bien, dans la lettre du 6 juin 1969, que l’usage traditionnel est maintenu "en vigueur", et que "la nouvelle manière de communier ne devra pas être imposée d'une manière qui exclurait l'usage traditionnel", ... "les deux manières de communier" pouvant "coexister dans la même action liturgique".

 

Ainsi, nous arrivons presque à la fin du texte de Paul VI et on se demande si c’est bien dans ce document-là que Paul VI a introduit la réception dans la main ? Et voilà que, dans les dernières lignes, un indult est accordé, en totale incohérence avec tout le raisonnement qui précède. Tolérance restreinte, encadrée, assortie d’un contrôle strict etc. mais toutes ces précautions étaient évidemment illusoires. Ce qui est important, ce n’est pas le barrage qui est solide en tous points sauf un, c’est la brèche. On sait ce qui est advenu après cette instruction romaine de 1969... La norme est à présent si bien inversée que c’est la communion "sur la langue" qui est vue comme une bizarrerie à peine tolérée par les évêques de France et que c'est l'indult (la communion dans les mains) qui est devenu quasiment la norme.

 

Lire: La brèche par laquelle s'est introduite la "communion dans la main"

Il n’y a finalement pas si longtemps, lorsque se déclarait une épidémie, on allait prier dans les églises, on faisait dire des messes, on utilisait l’eau bénite...

Aujourd’hui, on fait tout le contraire : le coronavirus conduit à fermer les églises, à supprimer les messes et à vider les bénitiers.

On fera difficilement croire aux païens que les catholiques ont des comportements accordés à leur foi en un Dieu tout puissant.

 

SourcePro Liturgia, Actualité du vendredi 6 mars 2020

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