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14 décembre 2021 2 14 /12 /décembre /2021 19:22

C'est fort intéressant car on voit bien que la dynamique est en direction d'un retour à une théologie plus classique.

https://www.lepelerin.com/foi-et-spiritualite/coin-spi-pratique/comprendre-la-nouvelle-traduction-du-missel/

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Comprendre la nouvelle traduction du Missel

Une nouvelle traduction du missel romain est entrée en vigueur le 28 novembre. Le Pèlerin passe en revue les principales retouches avec le frère Henri Delhougne, coordinateur de la traduction.

 

 

Par Pierre Wolf-Mandroux

 

Mis à jour le 30 novembre 2021 à 1:01

 

Une nouvelle traduction du missel romain est entrée en vigueur le 28 novembre. © Corinne SIMON / Hans Lucas.

 

«Il ne s’agit pas d’une révolution théologique. J’ai prié cinquante ans avec le précédent missel et je m’en trouvais bien#! » Le frère bénédictin Henri Delhougne, de l’abbaye de Clervaux (Luxembourg), sait bien que la liturgie est un sujet toujours passionnel, notamment en France. Aussi tient-il d’emblée à désamorcer toute polémique. Celui qui fut le coordinateur de la Commission francophone de traduction du missel romain a le sentiment du devoir accompli, après des années de travail méticuleux avec des évêques francophones du monde entier. Le résultat fera-t-il consensus ? «#Il s’agit moins d’atteindre un consensus qu’une communion dans la foi, la prière et la charité#», modère le père Olivier Praud, membre du Service national de pastorale liturgique et sacramentelle. Cet immense chantier fut lancé en 2001, lorsque la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements demanda aux conférences épiscopales du monde de revoir la traduction du missel romain, parfois imprécise, à partir de l’édition « typique » en latin. Celle-ci fut publiée en 1970, puis actualisée en 2000 et 2008. La nouvelle traduction française est entrée en vigueur le premier dimanche de l’Avent (28 novembre) dans les paroisses franco-phones. Elle ne deviendra obligatoire qu’au printemps 2022 pour tenir compte des problèmes de livraison. Elle bouleversera les habitudes oratoires. Les retouches touchent à toutes les célébrations#: Avent, Pâques, messe pour les défunts… Voici les principaux changements dans l’ordinaire de la messe, expliqués par le frère Delhougne.

 

 

Rites initiaux

 

Avant : (prêtre) « La grâce de Jésus notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père, et la communion de l’Esprit Saint, soient toujours avec vous. »

 

Maintenant : « La grâce de Jésus, le Christ, notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père, et la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous. »

 

Pourquoi ? « Christi, dans l’édition latine, n’avait pas été traduit. Nous l’avons rétabli. Nous avons choisi “Jésus, le Christ” et non “Jésus Christ” pour être sûr que l’on prononce le “t”. Sinon, on entend “Jésus crie”. C’est plus une question de sonorité que de théologie ! »

 

 

Avant : (prêtre) « Préparons-nous à la célébration de l’Eucharistie en reconnaissant que nous sommes pécheurs. »

 

Maintenant : « Frères et sœurs, préparons-nous à célébrer le mystère de l’Eucharistie, en reconnaissant que nous avons péché. »

 

Pourquoi ? « Il n’y a pas le terme “sœur”, en latin. Pour tenir compte des femmes dans les assemblées, nous l’avons ajouté. Les évêques canadiens étaient particulièrement sensibles à cet enjeu.

En latin, la traduction littérale est “préparons-nous à célébrer les saints mystères”. Cela reste difficile à saisir. Nous devions veiller à ce que le texte reste compréhensible. Qu’il ne sente pas la traduction. Le mystère a une grande importance dans la liturgie. Il ne s’agit pas de quelque chose sur quoi notre raison vient buter, mais quelque chose de positif et de fructueux dans la vie chrétienne. Nous l’avons donc gardé, ajoutant “de l’Eucharistie” pour que le fidèle sache de quoi il s’agit. »

 

 

Avant : (peuple) « Je confesse à Dieu tout-puissant, je reconnais devant mes frères, que j’ai péché. (…) C’est pourquoi je supplie la Vierge Marie, les anges et tous les saints, et vous aussi, mes frères, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu ».

 

Maintenant : « Je confesse à Dieu tout-puissant, je reconnais devant vous, frères et sœurs, que j’ai péché. (…) C’est pourquoi je supplie la bienheureuse Vierge Marie, les anges et tous les saints, et vous aussi, frères et sœurs, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu ».

 

Pourquoi ? « Le missel latin contient le très beau terme de bienheureuse (beatam). C’est le titre traditionnel de Marie, le plus fréquent dans le missel latin, qui emploie souvent “bienheureux” pour désigner les saints. La traduction française avait mis “saint” partout car depuis le Moyen Âge, on distingue juridiquement bienheureux et saints. Ce n’était pas le cas dans l’Antiquité, et le missel romain est en partie antérieur au Moyen Âge. Bienheureux, c’est les Béatitudes ; ce terme rattache davantage à l’Evangile. Nous avons donc mis “bienheureux” lorsqu’il s’agit d’un saint de l’Antiquité. Ceux postérieurs à la distinction bienheureux/saints restent “saints”, même si le missel les appelle “bienheureux”. »

 

 

Avant : (prêtre) « Seigneur Jésus, envoyé par le Père pour guérir et sauver les hommes, prends pitié de nous. (peuple) Prends pitié de nous. »

 

Maintenant : « Seigneur Jésus, envoyé pour guérir les cœurs qui reviennent vers toi : Seigneur, prends pitié. (peuple) Seigneur, prends pitié. »

 

Pourquoi ? « Dans cette troisième formule de l’Acte pénitentiel, les cœurs sont présents en latin. Cette nouvelle formule, sans “les hommes”, a aussi l’avantage d’être plus inclusive. Les femmes aussi peuvent être sauvées ! »

 

 

Avant : (peuple) « Toi qui enlèves le péché du monde, prends pitié de nous, toi qui enlèves le péché du monde, reçois notre prière. »

 

Maintenant : « Toi qui enlèves les péchés du monde, prends pitié de nous, toi qui enlèves les péchés du monde, reçois notre prière ».

 

Pourquoi ? « Le latin peccata est bien un pluriel. Mais il ne faut pas en faire tout un plat théologique. Le singulier français venait d’une excellente raison : il s’inspire d’une formule de Jean Baptiste dans l’Evangile : “Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde”. Dans l’Evangile en grec, péché est au singulier. Mais des traditions ultérieures en latin le mettent en pluriel. Comme nous devions traduire le missel romain et non le texte grec, nous avons gardé le pluriel. De même, avant la communion, il faudra aussi dire “agneau de Dieu, qui enlèves les péchés du monde”. »

 

 

Avant : (prêtre) « Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu, qui règne avec toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. »

 

Maintenant : « Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur, qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit, Dieu, pour les siècles des siècles. »

 

Pourquoi ? « L’omission du verbe “vit”, présent dans le missel latin, était une vraie perte de sens théologique. On s’adresse au Christ vivant, ressuscité, et pas seulement au Christ Roi qui règne. Il avait probablement disparu pour des raisons de liaison sonore disgracieuse : “vit et” prononcé “vité”. Il est pourtant autorisé, en français, de ne pas faire la liaison avant le “et”. Nous avons aussi rétabli “vit et” à la conclusion brève de la prière sur les offrandes et après la communion. »

 

 

Liturgie de la parole

 

Avant : « Je crois en un seul Dieu, le Père tout puissant, créateur du ciel et de la terre, (…) Engendré non pas créé, de même nature que le Père ».

 

Maintenant : « Je crois en un seul Dieu, le Père tout puissant, créateur du ciel et de la terre, (…) Engendré non pas créé, consubstantiel au Père ».

 

Pourquoi ? « Pour Jacques Maritain, cette première traduction du Symbole de Nicée-Constantinople était “hérétique”. La Trinité exige une même substance. Sinon, il y a trois dieux. Mais, bien que nous ayons, vous et moi, la même nature humaine, chacun a aussi sa nature individuelle. On nous a donc demandé de revenir au mot consubstantiel, consubstantialis en latin. J’aurais aimé, comme certains évêques, l’expression “de la nature même du Père”. Consubstantiel est technique ; il ne sera pas compris par tout le monde. »

 

 

Liturgie eucharistique

 

Avant : (prêtre) « Tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donnes ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes ; nous te le présentons : il deviendra le pain de la vie. »

 

Maintenant : « Tu es béni, Seigneur, Dieu de l’univers : nous avons reçu de ta bonté le pain que nous te présentons, fruit de la terre et du travail des hommes ; il deviendra pour nous le pain de la vie. »

 

Pourquoi ? « Les modifications traduisent plus fidèlement le latin. Le latin parle bien de largitate, largesse en français, ou encore bonté. »

 

Avant : (prêtre, à voix basse, après la préparation des dons) « Humbles et pauvres, nous te supplions, Seigneur, accueille-nous : que notre sacrifice, en ce jour, trouve grâce devant toi. »

 

Maintenant : « Le cœur humble et contrit, nous te supplions, Seigneur, accueille-nous : que notre sacrifice, en ce jour, trouve grâce devant toi ».

 

Pourquoi ? « Littéralement : “en esprit (spiritu) d’humilité et en esprit (animo) contrit”. Le latin animo se traduit aussi par esprit. Finalement, on a traduit l’ensemble par un seul mot, “coeur”, au sens riche de ce terme dans la Bible. »

 

 

Avant : (prêtre)« Prions ensemble, au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Eglise »

(peuple) « Pour la gloire de Dieu et le salut du monde »

 

Maintenant : (optionnelle, le prêtre peut garder l’ancienne formule) « Priez, frères et sœurs : que mon sacrifice, qui est aussi le vôtre, soit agréable à Dieu le Père tout-puissant. »

(peuple) « Que le Seigneur reçoive de vos mains ce sacrifice à la louange et à la gloire de son nom, pour notre bien et celui de toute l’Eglise. »

 

Pourquoi ? « La formule que nous avons depuis quarante ans est très bien frappée, très belle. Les autres pays nous l’envient. Mais elle est très éloignée de la formule latine. Nous avons traduit cette dernière, tout en demandant que l’ancienne soit conservée. Cela s’est débloqué en 2017, quand le pape François a publié son Motu proprio qui accorde davantage de pouvoir aux conférences épiscopales.

Les instructions de 2001, contenues dans Liturgiam authenticam, précisait d’ailleurs qu’il fallait changer le moins possible les formules dites par le peuple. C’est ce que nous avons essayé de faire. »

 

 

Avant : (prêtre) « Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire, de t’offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu, à toi, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant »

 

Maintenant : « Vraiment il est juste et bon, pour ta gloire et notre salut, de t’offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu, Seigneur, Père très saint »

 

Pourquoi ? « Le latin offre quatre adjectifs : “il est digne et juste, équitable et salutaire”. On peut comprendre pourquoi deux adjectifs, peu poétiques, ont été retirés il y a 40 ans. Nous avons longtemps cherché d’autres adjectifs. Aucun n’était satisfaisant. Finalement, on propose une traduction au sens large, mais plus poétique et qui se chante facilement. Car nous chantions toutes les formules que nous proposions. Dans le nouveau missel, nous incitons à chanter davantage. Rome le demandait. Nous y avons ajouté des signes pour indiquer aux chanteurs où faire la flexe ou la médiante. »

 

 

Avant : (prêtre) « Souviens-toi aussi de nos frères qui se sont endormis dans l’espérance de la résurrection, et de tous les hommes qui ont quitté cette vie : reçois-les dans ta lumière, auprès de toi. »

 

Maintenant : « Souviens-toi aussi de nos frères et sœurs qui se sont endormis dans l’espérance de la résurrection, et souviens-toi, dans ta miséricorde, de tous les défunts : accueille-les dans la lumière de ton visage. »

 

Pourquoi ? « “Lumière de ton visage” est la traduction littérale du latin. C’est très beau. Je ne comprends pas pourquoi cette formulation n’avait pas été gardée. Dans cette prière eucharistique n°2, il n’était question que des frères et des hommes. Les sœurs ont été ajoutées, même si le mot “soeurs” est absent du texte latin. Nous avons fait remarquer que la prière eucharistique n°1 contient déjà “serviteurs et servantes”. Il y a donc de l’inclusivité dans le texte latin. »

 

 

Avant : « (prêtre) Il est grand, le mystère de la foi : (peuple) Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. »

 

Maintenant : « (prêtre) Il est grand, le mystère de la foi : (peuple) Nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus, nous proclamons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. » Ou (optionnel, nouvelle acclamation) (prêtre) Qu’il soit loué, le mystère de la foi : (peuple) Sauveur du monde, sauve-nous ! Par ta croix et ta résurrection, tu nous as libérés. »

 

Pourquoi ? « Le latin propose trois acclamations. Une des trois, la dernière ici, n’avait jamais été traduite dans le missel français. C’est désormais chose faite. La quatrième acclamation, qui n’existe qu’en français, est très belle : “Proclamons le mystère de la foi : Gloire à toi qui étais mort, gloire à toi qui es vivant (…)”. Rome a permis que l’on garde cette acclamation. Les pays francophones en auront donc quatre. La première acclamation cite la première lettre aux Corinthiens : “annonçons” est plus fidèle au texte de Paul que “proclamons”. Bien que l’ancienne formule soit mémorisée par les fidèles, nous avons pris le risque de la corriger pour être plus fidèle à l’Ecriture sainte. »

 

 

Avant : (prêtre) « Délivre-nous de tout mal, Seigneur, et donne la paix à notre temps ; par ta miséricorde, libère-nous du péché, rassure-nous devant les épreuves en cette vie où nous espérons le bonheur que tu promets et l’avènement de Jésus Christ, notre Sauveur »

 

Maintenant : « Délivre-nous de tout mal, Seigneur, et donne la paix à notre temps : soutenus par ta miséricorde, nous serons libérés de tout péché, à l’abri de toute épreuve ; nous qui attendons que se réalise cette bienheureuse espérance : l’avènement de Jésus Christ, notre Sauveur ».

 

Pourquoi ? « Cette traduction a été très difficile. Il y a eu une douzaine de versions. Le latin dit littéralement “attendant la bienheureuse espérance et l’avènement de notre sauveur Jésus Christ”. En français, on n’attend pas une espérance, mais l’objet d’une espérance. Nous avons donc ajouté “que se réalise”. Nous avons retiré le “et” entre “espérance” et “avènement” car il s’agit de la même chose, pas de deux choses différentes. C’est une citation de la lettre de S. Paul à Tite (2,13), où, selon les spécialistes, le “et” signifie “c’est-à-dire”. Notre espérance, c’est l’avènement de notre Sauveur. »

 

 

Avant : (prêtre) « Heureux les invités au repas du Seigneur ! Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. »

 

Maintenant : « Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève les péchés du monde. Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ! »

 

Pourquoi ? « Nous rétablissons l’ordre de succession des phrases de l’édition latine. La belle formule “Heureux les invités au repas du Seigneur” était empruntée à la première lettre de Paul aux Corinthiens. Mais le missel latin s’inspire de l’Apocalypse : il parle du repas des noces de l’agneau. Littéralement, il s’agit du “repas de l’agneau”. Cela faisait un peu méchoui… Pour l’éviter, on a ajouté “noces”. La disparition de l’ancienne formule sera difficile, nous en avons conscience. On a toutefois obtenu que la formule suivante reste inchangée : “Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri”. Littéralement, il fallait traduire “Je ne suis pas digne de te recevoir sous mon toit”. Cela sonnait étrangement en français. »

 

 

Rites conclusifs

 

Avant : (prêtre) « Que Dieu tout-puissant vous bénisse, le Père, le Fils, (signe de croix) et le Saint-Esprit. »

 

Maintenant : « Que Dieu tout-puissant vous bénisse, le Père, et le Fils, (signe de croix) et le Saint-Esprit. »

 

Pourquoi ? « Le rétablissement du “et”, présent dans l’édition latine, remet les personnes de la Trinité sur le même plan. »

 

 

Avant : (prêtre) « Allez dans la paix du Christ. »

 

Maintenant : « Allez dans la paix du Christ. » Ou « Allez porter l’Evangile du Seigneur. » Ou « Allez en paix, glorifiez le Seigneur par votre vie. » Ou « Allez en paix. »

 

Pourquoi ? « Le missel latin de 2008 a introduit trois nouvelles formules optionnelles. Nous les avons traduites. »

 

Source: Le Pélerin | Le Forum catholique

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