La visite de Sarkozy au Vatican me surprend sur le point de la conception du président sur la laïcité. Cette conception, dite de "laïcité positive", tranche nettement avec la laïcité de combat contre l'Eglise jusque-là habituelle au pays des "droits de l'Homme".
Le président s'est exprimé en ces termes surprenants:
"«Ce que j'ai le plus à cœur à vous dire, c'est que, dans ce monde obsédé par le confort matériel, la France a besoin de catholiques convaincus qui ne craignent pas d'affirmer ce qu'ils sont et ce en quoi ils croient», a-t-il lancé hier, juste après avoir été installé comme «chanoine d'honneur» du Latran." (Le Figaro, Sarkozy défend les «racines chrétiennes» de la France, 20/12/2007)
Cet article du Figaro indique assez justement que "[l]a laïcité version Sarkozy tourne le dos à la traditionnelle conception de la laïcité dite «à la française». «Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes», a-t-il martelé en voulant «assumer pleinement le passé de la France et ce lien particulier qui a si longtemps uni notre nation à l'Église». Une manière de se démarquer de son prédécesseur qui, en 1996, n'avait pas souhaité assister à Reims à la messe de Jean-Paul II marquant le quinzième centenaire du baptême de Clovis. Le successeur de Jacques Chirac n'est pas loin d'un exercice de repentance lorsqu'il rappelle que «la République laïque a longtemps sous-estimé l'importance de l'aspiration spirituelle» et qu'il souligne : «La laïcité n'a pas le pouvoir de couper la France de ses racines chrétiennes. Elle a tenté de le faire. Elle n'aurait pas dû.»
Cette défense d'une «laïcité positive» n'est pas nouvelle chez Sarkozy. ... Il avait ... «rodé» ce discours dans son livre d'entretiens avec le dominicain Philippe Verdin et le philosophe Thibaud Collin, La République, les Religions, l'Espérance (Cerf).
Ces propos constituent une nouveauté historique, une première lézarde dans l'édifice maçonnico-laïciste construit directement contre l'Eglise en 1905. En somme, Sarkozy explique que la séparation de la France avec ses racines chrétiennes (comprendre la séparation de l'Eglise et de l'Etat de 1905), fut une erreur. Il rejoint ainsi l'avis du pape Saint Pie X qui qualifia cette séparation de "pernicieuse erreur" dans l'encyclique de 1906, Vehementer nos.
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