Rediff.
Louis XVI, Ecu, Sit nomen Domini benedictum, 1774
Louis XVI est conduit à la Convention pour y être jugé - gravure du temps
Louis XVI au pied de l'échafaud - par Benezech - Musée de Versailles
A l'heure où l'on peut vraiment dire qu'"en coupant la tête à son Roi, la France s'est suicidée", nous rendons hommage au saint Roi, "roi-martyr" (Pie VI), mis à mort (21 janvier 1793) en haine de la foi et pour son attachement aux dogmes catholiques. Les assassins de Louis XVI osèrent prendre pour prétexte qu'il était un traître et un tyran; jamais, dans aucune nation, prince ne mérita moins que lui de telles épithètes; son malheur, comme le nôtre, fut précisément sa trop grande indulgence pour les conventionnels et leurs hideux partisans, traîtres à la patrie, infidèles à toutes ses traditions et à ses gloires, tyrans persécuteurs de l'Eglise de Dieu.
"Louis XVI est à n'en pas douter, l'un des personnages les plus importants de l'Histoire. Parce qu'il a fait et parce qu'il a laissé faire. Ce qu'il a fait: la guerre contre l'Angleterre pour l'indépendance des Etats-Unis d'Amérique, et la convocation des états généraux. Ce qu'il a laissé faire: la Révolution"
(Source: Jean de Viguerie, Historia, Thématique, Louis XVI, n°99 janvier-Févrer 1999, p. 16).
"Il souhaite une amélioration du régime et même une transformation de la monarchie. Ces idées lui viennent à la fois de ses maîtres (surtout de La Vauguyon, son gouverneur, et de Jacob Nicolas Moreau, son professeur d'histoire), de son arrière grand-père, le roi Stanislas surnommé "le roi bienfaisant", et l'un de ses ministres qui est aussi son ami, et sera son défenseur, Malesherbes. Ce sont des idées modernes, des idées qui n'avaient jamais été enseignées ni à Louis XIV ni à Louis XV, et qui sont tout à fait étrangère à la conception traditionnelle de la monarchie française. C'est un curieux mélange des auteurs de la fin du XVIIe siècle, en particulier Fénelon que ses maîtres lui ont fait lire dans sa jeunesse, et des théoriciens des "Lumières" qu'il a lus de sa propre initiative, une fois son éducation achevée.
"L'ensemble forme un système parlementaire, égalitaire et moraliste. Parlementaire: disciple de Fénelon, Louis XVI juge nécessaire une représentation nationale; il ne répugne pas à la convocation des états généraux, à leur éventuelle permanence, et même à leur participation, sous la forme d'une "assemblée nationale" - c'est lui qui emploie le premier l'expression... -, au travail législatif. Egalitaire: Louis XVI ne pense pas être d'une autre essence que ses sujets. Quand il était un petit enfant, on lui faisait copier cet exemple d'écriture: "Vous êtes exactement égal par nature aux autres hommes". A Louis XIV enfant on dictait: "L'hommage est dû aux rois; ils font ce qui leur plaît". Moraliste enfin: pour Louis XVI comme pour ses maîtres, la politique n'est pas soumise à la morale, elle s'identifie à elle. Autrement dit, un bon roi n'est qu'un bon roi. Le roi est un chef, mais seulement comme peut l'être un père de famille. Il vit dans la plus grande simplicité, ne se souciant que de la prospérité matérielle de ses peuples. Bel idéal assurément mais incomplet, l'autorité n'y trouvant guère sa place. Le roi oublie que pour gouverner, il faut d'abord commander. Il ne se départira jamais de cette conception philanthrophique du pouvoir. Il restera jusqu'au bout fidèle à cet idéal. Le 11 mars 1791, donnant ses instructions à l'abbé d'Avaux, précepteur du dauphin, il lui écrira ceci: "Le premier devoir d'un roi est de rendre son peuple heureux..."
"On a tout appris au futur roi, sauf l'art de gouverner. Il est bourré de doctrines, de principes, de formules, mais il ne sait pas comment faire. Le futur Louis XIII assistait au conseil, assis entre les jambes de son père. Mazarin avait initié Louis XIV à la pratique du gouvernement. Le régent et Dubois en avaient fait autant pour Louis XV. Au futur Louis XVI, aucune formation de ce genre n'a jamais été donnée. Avant son accession au trône, il n'a pas assisté une seule fois au Conseil, il n'a pas reçu le moindre apprentissage de la décision"
(Source : Jean de Viguerie, Historia, Thématique, Louis XVI, n°99 janvier-Févrer 1999, p. 18-19).
La date du 21 janvier est et demeure un jour de deuil national. Par une loi portée le 19 janvier 1816, cet anniversaire était déclaré un jour de prière et d'expiation; pendant quinze ans, la France chrétienne célébra dans l'afflciation et le repentir cette date funèbre. Après la révolution de Juillet et les "trois glorieuses", le 21 janvier ne fut observé que par les serviteurs dévoués de l'ancienne monarchie; en 1833, malgré les efforts de la Chambre des Pairs, la loi du deuil national fut abrogée (Thureau-Dangin, La Monarchie de Juillet, t. II, p. 61-62.) Toutefois, le texte même du décret d'abrogation appelait le 21 janvier un "jour funeste et à jamais déplorable"; et devant la Chambre des Pairs, le duc de Broglie s'écriait avec une éloquente fermeté : "Quant au 21 janvier,... point de molle complaisance; point de sophisme; point d'oubli non plus. Au temps où nous vivons, lorsque l'ouragan des révolutions gronde sur la tête des peuples et des rois, il importe à la France, il importe au monde de n'en pas perdre la mémoire".
Les haines passent; mais l'histoire reste. Les divisions peuvent s'éteindre, les partis peuvent se rapprocher; mais ce qui fut un crime ne saurait devenir une vertu; l'ignominie ne saurait, en vieillissant, prendre les teintes de la gloire. La place de Louis XV où 2800 têtes tombèrent, après celle de Louis XVI, sous le couteau de la guillotine, pourra mériter un jour son nom actuel de place de la Concorde; mais le lundi 21 janvier 1793, à dix heures vingt-deux minutes du matin (Beaucourt), au milieu de cette même place nommée alors place de la Révolution, "entre les Champs-Elysées et la statue (en plâtre) de la Liberté, et à quinze pas du socle de cette statue" (Récit d'un témoin oculaire, Beaucourt); tout à côté du piédestal qui supportait naguère la statue de Louis XV; à peu près exactement à l'endroit occupé aujourd'hui par l'obélisque; sur un échaffaud "très élevé" (Courrier de l'Egalité, 22 janvier 1793), entouré de canons et disposé de façon que le mourant "fit face à la maison des Tuileries" (Le républicain, 22 janvier 1793), il s'est commis un meurtre dont rien ne lavera la souillure, et duquel on peut dire comme Macbeth: "Quand même l'océan passerait sur cette tache, l'océan ne l'effacerait pas."
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