Nous avons vu hier que le "piss christ", "oeuvre photographique" d'Andres Serrano exposé à l’hôtel de Caumont en Avignon, mettant en scène un crucifix trempé dans son urine, était illégal et que ceux qui l'ont détruit ont agi par une défense légitime.
Nous pouvons dire aujourd'hui que si on s'attaque au crucifix, une des figures centrales du christianisme, alliance de Dieu avec tous les hommes, et symbole par lequel tous les hommes sont sauvés, on s'attaque à l'ensemble de l'humanité, des croyants et pas seulement aux chrétiens. On s'attaque à la première des libertés, la liberté de croire, et donc au premier droit de l'homme.
La provocation du "piss christ" tombe durant la Semaine sainte et en Avignon, cité des papes; Son auteur, Andres Serrano, spécialiste de la "transgression", est l'homme qui aura réalisé le plein aboutissement de l'"art contemporain", en le transformant en un business dont les moteurs sont le scandale et l'argent. Rien d'étonnant là-dedans, l'histoire a montré que lorsque le monde laïque cesse de s'originer en Dieu, il se coupe de la transcendance, déchoit de son créateur et telle l'étoile de Lucifer précipitée du ciel (Esaïe XIV, 12; Apocalypse IX, 1), tombe dans la vulgarité et l'horreur. Le XXe siècle en témoigne.
Le jour où les autorités comprendront l'erreur politique majeure de prendre ce vulgaire "piss christ" comme une "oeuvre d'art" et d'en proposer des expositions aux frais du contribuable, il sera peut-être trop tard. Les dégâts dans les âmes auront été incalculables. Sans compter le danger pour la démocratie que représente un tel acte.
L'historien des religions Odon Vallet a estimé lui aussi mardi que l'oeuvre d'Andrès Serrano en Avignon, en plus d'être "indigne de la personne de Jésus-Christ" était une "provocation" dont "on peut comprendre que certains chrétiens tiennent à se défendre.
... Les seuls liquides que le Christ a rejetés sur la croix, ce sont le sang et l'eau."
A la question : "Aurait-on pu organiser ce type d'exposition montrant un Coran trempant dans l'urine ?", l'historien répond : "On n'aurait pas osé l'organiser. Avec les catholiques, les risques de représailles sont beaucoup plus faibles". (1)
Le lendemain, dans Le Parisien du 20 avril, Odon Vallet déclare encore (tout en refusant cette fois-ci l'action violente): "Si on avait trempé un Coran ou une Bible hébraïque dans de l'urine, jamais une telle +oeuvre+ n'aurait été exposée. Rappelons-nous les caricatures de Mahomet (parues dans un journal danois en 2005, ndlr). La République étant laïque, elle doit avoir la même attitude à l'égard de toutes les religions. Et si on s'attaque à une figure du catholicisme, c'est probablement que les risques sont moins grands qu'en s'attaquant à une figure de l'Islam. L'artiste ne risque pas le même sort que Salman Rushdie et ses "Versets sataniques" (publiés en 1988), qui ont fait l'objet d'une fatwa.
... En 1968, il était +interdit d'interdire+. Aujourd'hui, certains pensent qu'interdire est un devoir d'Etat.
Il y a une jurisprudence du Conseil d'Etat qui permet à un maire d'interdire un film, une exposition, en fonction du contexte local en cas de menaces de troubles à l'ordre public. Sont donc concernées les autorités nationales et locales." (2)
Sources:
(1) Sud-Ouest, Piss Christ : "indigne de Jésus-Christ" pour Odon Vallet, 19 avril 2011 08h52 http://www.sudouest.fr/2011/04/19/-375540-4583.php
(2) Le Parisien, Affaire Serrano: "L'indignation oui, l'acte de violence non", dit Odon Vallet, Publié le 19.04.2011, 14h48 http://www.leparisien.fr/flash-actualite-culture/affaire-serrano-l-indignation-oui-l-acte-de-violence-non-dit-odon-vallet-19-04-2011-1414428.php