« Je recommande à mon fils s’il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, [...] qu’il ne peut faire le bonheur des Peuples qu’en régnant suivant les Lois, mais en même temps qu’un Roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire, et qu’autrement étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile. » (Testament de Louis XVI)
Christ Roi
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Le Crif sifflerait-il la fin de la récréation ? Le "Conseil représentatif des israélites de France", désormais "des institutions juives de France"... sic, et derrière lui, n'en doutons pas très bientôt, toute la caste des obsessionnels mondialistes au garde-à-vous, de pleurnicher : "Sondage après sondage, élection partielle après élection partielle une tendance semble très nettement s'esquisser pour les prochaines élections régionales de mars 2010. Le Front National serait en très forte hausse.Ainsi, la côte de popularité des leaders du FN culmine à son plus haut niveau depuis plusieurs années. Jean-Marie Le Pen est à 20% d'opinion favorable, sa fille, Marine le Pen est à 29%."
Unsondage en lignesur les Régionales montre effectivement que certains se sont défoulé. On ne devrait pas tarder à observer la mise en place de la traditionnelle campagne de diabolisation dans ce genre d'occasions : "c'est le retour des Heures Les Plus Sombres De Notre Histoire" (HLPSDNH)... "Un Danger Pour La Démocratie" (DPLD), etc.
Le visa fr å N Venjan est une ballade médiévale suédoise d'une vierge obtenant l'eau de bien, quand un chevalier dans l'armure brillante démasque soudainement la demande de sa main. Elle répond qu'elle acceptera s'il va chercher ses trois roses rouges.
Le chevalier échoue à trouver les fleurs (probablement parce que cela a lieu au milieu de l'hiver suédois) donc il demande à un peintre de peindre trois roses rouges au lieu de cela. Avec la peinture en main, il retourne à la vierge qui est très étonnée de le voir et même plus ainsi quand elle voit la peinture.
"J'ai dit cela, c'était seulement une plaisanterie", dit-elle.
"S'il en est ainsi, je reçois la plaisanterie", dit-il et eux-deux ensuite vivèrent heureux pour toujours.
Les ballades médiévales sont étranges, parfois.
Visa från Venjan
Un très vieil air de Venjan dans Dalarna, la Suède. Les images sont deVenjanet des secteurs environnants. Les cornemuses sont John Walsh 2 pipes de navette de drone(faux-bourdon).
Comment jouer "le Visa fr å N Venjan" (la chanson de Venjan) sur des cornemuses suédoises.
Les Suisses refusent de se faire minarétiser, la Ligue anti-diffamation(A.D.L.),ONGfondée par l'organisation "laïque" franc-maçonnique B'nai B'rithaux Etats-Unis, recommande vivement au gouvernement de la Suisse d'être vigilant dans son engagement à la défense de la liberté de religion.
"La Fédération de Communautés juives suisses (FSJC) a clairement exposé son opposition à l'initiative avant le vote et a exprimé sa déception aurésultat", la déclaration a-t-elle ajouté.
Selon l'ADL, "ce n'est pas la première fois qu'un vote populaire suisse a été utilisé pour promouvoir l'intolérance religieuse. Il y a un siècle, un référendum suisse a interdit l'abattage rituel juif dans une tentative de chasser sa population juive. Nous partageons la préoccupation exposée ... que ceux qui ont introduit la campagne anti-minarets pourraient essayer plus en avant d'éroder la liberté religieuse par des moyens semblables."
Autorités publiques, Conseiller général, maire et conseillers municipaux du côté de l'abbé Michel qui applique le Motu proprio Summorum Pontificum du pape Benoît XVI, malgré l'évêque...
A noter l'aube grotesque couleurs arc-en-ciel de l'évêque, couleurs d'organisations para franc-maçonniques souterraines oeuvrant pour le "dialogue inter-religieux", le "Nouvel ordre mondial" et/ou une religion mondiale (comme ici "Unitariens" ou là "Sant Egidio"). Cet habit est-il réglementaire ?
Dans le reportage de France 3, l’abbé Jean Vivien, curé du nouveau groupement paroissial, parle de plusieurs actes de désobéissance de l’abbé Michel, sans jamais dire lesquels. Il serait temps que l’évêché d’Évreux soit plus clair. Il n’y a rien sur cette affaire sur le site du diocèse. Étrange silence. Source :Summorum Pontificum observatus
Hier, lors de la messe de 17h (forme extraordinaire), l'abbé Michel a demandé d'être nombreux dimanche prochain, surtout pour la messe de 10h. Il a indiqué que son dossier a été constitué en bonne et due forme et qu'il est défendu en ce moment même à Rome.
Depuis deux mois, l'église St Pierred'Orthez (Pyrénées-Atlantiques), des XIV et XVe siècles, est la cible régulière de jets de produits alimentaires. L'abbé Lahon qui évoque une "atteinte au patrimoine" ne croit pas au simple dérapage de fêtards émêchés... Un liquide visqueux maculait un petit bout de façade hier matin... Il a été procédé au remplacement des ampoules brisées de l'étoile lumineuse installée pour les fêtes... L'abbé observe en tous cas que ces faits se répètent trop régulièrement (Ndlr. dans l'indifférence politico-médiatique totale...) pour n'être simplement attribués qu'au délire alcoolisé d'un groupe de jeunes... Les candélabres ont failli disparaître en plein jour. L'abbé Lahon a par ailleurs déposé une plainte il y a quelques jours pour tentative de vol..."
Voici une courbe qui résume tout et qui est très optimiste, attendu qu'elle ne prend pas en ligne de compte les métissages. La courbe des Européens blancs s'arrête vers 2150-2160.
"Hymne til sankt Magnus". Une chanson norvégienne religieuse de l'Orkneys, année 1200. L'image est Borgund Stavkirke en Norvège, les églises comme celle-ci existent seulement en Norvège et sont de l'âge viking (et certaines du Moyen Âge). Elles sont une grande partie du peu qui reste d'architecture nordique de l'âge viking.
Le "motet", du latin motetus, « petit mot » — est une composition musicale apparue au XIIIe siècle, à une ou plusieurs voix, avec ou sans accompagnement musical, généralement religieuse, courte et écrite sur un texte en latin.
Guillaume de Machaut- (c.1300-1377), était le plus célèbre écrivain et compositeur français du XIV° siècle. Il a marqué pendant au moins un siècle la production artistique européenne...
1) Fins cuers dous m11 - 3'16" 2) O livoris feritas m9 - 3'17" 3) Plange, regni respublica m22 - 3'31"
"Quinze responsables chrétiens palestiniens (voir le site, fichier Pdf), dont l’ex-Patriarche Michel Sabbah, l’évêque luthérien Munib Younan et des théologiens de renom, ont lancé un appel le 11 décembre pour dénoncer l’occupation israélienne des terres palestiniennes" et condamner comme "éloignée des enseignements chrétiens" toute théologie qui légitime l'occupation israélienne, c'est-à-dire le sionisme "chrétien". "Il n’y a pas de chrétiens évangéliques parmi les signataires, sans doute parce qu’ils font une lecture différente de la Bible", c'est-à-dire une lecture littérale fondamentaliste (lire cette remarquable étude de fond, "le sionisme et l'Antéchrist", publiée sur le site La Question.net).
Ils demandent aux Églises chrétiennes dans le monde de soutenir cette démarche. Le document, d’une dizaine de pages, est intitulé Kairos Palestine, ce que l’on pourrait traduire par « le moment que Dieu a choisi d’agir pour la Palestine » (1). Il fait référence à un texte similaire produit en 1985 par les Églises d’Afrique du Sud qui résistaient à l’apartheid. Il avait grandement permis de mobiliser l’opinion publique dans le pays et à l’étranger.
Justice. Le « document de foi et de travail » des chrétiens palestiniens a de quoi mobiliser les masses. Aux accents clairement prophétiques, se référant notamment à Jérémie (“Ils disent ‘Paix ! Paix !’ et il n’y a point de paix”. Jr 6,14), ils présentent leurs intentions ainsi : « En ce moment historique, nous chrétiens palestiniens, nous déclarons que l’occupation militaire de notre terre est un péché contre Dieu et contre l’humanité, et que toute théologie qui légitime l’occupation est éloignée des enseignements chrétiens.
Extraits : "Le mur de séparation, qui a été construit sur les terrains palestiniens, en a
confisqué une grande partie, a converti nos villes et nos villages en prisons et en a fait
des cantons séparés et dispersés. Gaza, après la guerre cruelle déclenchée par Israël en
décembre 2008 et janvier 2009, continue à vivre dans des conditions inhumaines, sous
embargo permanent et reste isolée géographiquement du reste des Territoires
palestiniens.
1.1.2 Les colonies israéliennes qui nous dépouillent de notre terre, au nom de
Dieu ou au nom de la force, contrôlent nos ressources naturelles, surtout l’eau et les
terres agricoles, dont elles privent des centaines de milliers de Palestiniens. Elles sont
aujourd’hui un obstacle face à toute solution politique
1.1.3 L’humiliation à laquelle nous sommes soumis chaque jour aux points de
contrôle militaires, pour nous rendre à notre travail, à nos écoles ou à nos hôpitaux.
1.1.4 La séparation entre les membres d’une même famille, qui rend la vie
familiale impossible pour des milliers de Palestiniens, lorsque l’un des époux n’est pas
porteur d’une carte d’identité israélienne.
1.1.5 La liberté religieuse elle-même, à savoir la liberté d’accès aux lieux saints,
devient limitée, sous prétexte de sécurité. Les lieux saints de Jérusalem sont
inaccessibles à un grand nombre de chrétiens et de musulmans de la Cisjordanie et de
Gaza. Les gens de Jérusalem eux-mêmes ne peuvent accéder à leurs lieux saints
certains jours de fêtes, de même que certains de nos prêtres arabes ne peuvent entrer à
Jérusalem sans difficultés.
1.1.6 Les réfugiés font partie de notre réalité. La plupart d’entre eux vivent
encore dans les camps dans des situations difficiles inacceptables pour les êtres
humains. Eux, qui ont le droit de retour, attendent ce retour depuis des générations.
Quel sera leur sort ?
1.1.7 Les milliers de personnes détenues dans les prisons israéliennes font elles
aussi partie de notre réalité. Les Israéliens remuent ciel et terre pour un seul prisonnier,
mais ces milliers de prisonniers palestiniens qui croupissent dans les prisons
israéliennes, quand verront-ils la liberté ?
1.1.8 Jérusalem est le coeur de notre réalité. Elle est en même temps symbole de
paix et signe de conflit. Après que le “mur” a créé une séparation entre les quartiers
palestiniens de la ville, les autorités israéliennes ne cessent de la vider de ses habitants
palestiniens, chrétiens et musulmans. On leur confisque leur carte d'identité, c'est-à-dire
leur droit de résider à Jérusalem. Leurs maisons sont démolies ou confisquées.
Jérusalem, ville de la réconciliation, est devenue la ville de la discrimination et de
l’exclusion, et donc source de conflit au lieu d’être source de paix.
1.2 Par ailleurs, Israël tourne en dérision le droit international et les résolutions
internationales, avec l’impuissance du monde arabe comme de la communauté
internationale face à ce mépris. Les droits de l’homme sont violés. Malgré les multiples
rapports des organisations locales et internationales des droits de la personne,
l’oppression continue.
1.2.1 Les Palestiniens de l'Etat d’Israël, tout en étant des citoyens ayant tous les
droits et les devoirs que leur confère la citoyenneté, ont eux aussi subi une injustice
historique et ne cessent de souffrir de politiques discriminatoires. Eux aussi attendent
d’obtenir tous leurs droits et d’être traités à égalité avec tous les citoyens de l'Etat.
1.3 L’émigration est une autre dimension de notre réalité. L’absence de toute
vision ou espoir de paix et de liberté a poussé les jeunes, chrétiens et musulmans, à
émigrer. Le pays se voit ainsi privé de sa ressource la plus importante et la plus riche :
une jeunesse instruite. La diminution du nombre de chrétiens, en particulier en
Palestine, est une des graves conséquences de ce conflit, de l’impuissance et de l’échec
aux niveaux local et international à trouver une solution globale au problème.
1.4 Face à cette réalité les Israéliens prétendent justifier leurs actes comme
actes de légitime défense. C’est pourquoi l’occupation continue, de même que les
punitions collectives et les représailles de toutes sortes contre les Palestiniens. C’est là,
à notre avis, une vision renversée des choses. Oui, il y a une résistance palestinienne à
l’occupation. Mais, précisément, s’il n’y avait pas d’occupation, il n’y aurait pas de
résistance ; il n’y aurait eu non plus ni peur ni insécurité. Voilà ce que nous constatons,
et nous appelons les Israéliens à mettre fin à l’occupation. Ils verront alors un nouveau
monde, dans lequel il n’y a ni peur ni menaces, mais sécurité, justice et paix.
1.5 La riposte palestinienne face à cette réalité a revêtu de nombreuses formes.
Certains ont choisi la voie des négociations : c'est là la position officielle de l'Autorité
palestinienne. Mais cela n'a pas fait avancer le processus de paix. D'autres partis
politiques ont eu recours à la résistance armée. Israël s'en est servi comme prétexte
pour accuser les Palestiniens d'être des terroristes, ce qui lui a permis d'altérer la
véritable nature du conflit, le présentant comme une guerre israélienne contre le
terrorisme et non comme une résistance palestinienne légitime à l'occupation
israélienne.
1.5.1 Le conflit interne entre les Palestiniens, ainsi que la séparation de Gaza du
reste des territoires palestiniens n'ont fait qu'aggraver la tragédie. Il convient aussi de
noter que bien que la division ait affecté les Palestiniens eux-mêmes, la responsabilité
pèse pour beaucoup sur la communauté internationale, car elle a refusé d'accueillir
positivement la volonté du peuple palestinien telle qu'elle a été exprimée avec les
résultats des élections menées démocratiquement et légalement en 2006.
Encore une fois, nous proclamons que notre parole chrétienne, au milieu de
toute notre tragédie, est une parole de foi, d'espérance et d'amour." (Extrait dudocument)
... Ces chrétiens réussiront-ils à susciter un mouvement d’indignation d’ampleur ? Pas évident. À ce jour (15 décembre), il a été signé par quelques centaines de chrétiens palestiniens. Les injustices en Palestine peuvent ne pas être aussi manifestes que l’était l’apartheid, aux yeux des Églises. Si les signataires regroupent des orthodoxes, des catholiques, des luthériens et des anglicans qui occupent des postes de responsabilité très importants, il manque plusieurs noms de poids parmi les signataires, dont l’actuel Patriarche catholique de Jérusalem, Mgr Fouad Twal. Il n’y a pas de chrétiens évangéliques parmi les signataires, sans doute parce qu’ils font une lecture différente de la Bible. L’appel n’a pas non plus été «repris» d’une façon claire par l’institution la plus influente à l’étranger : le Vatican. En revanche, le Conseil œcuménique des Églises (349 Églises) a grandement participé à la publication du texte, notamment sur son site, mais il n’appelle pas à le soutenir. On le trouve également sur le site de la Fédération protestante de France. L’Église catholique française, elle, ne s’exprime pas sur le sujet.
1. Le mot grec kairos signifie « moment de grâce que Dieu donne pour agir ».
Pour rappel, lors de son voyage en Terre sainte en mai 2009, Benoît XVIa appeléà la destruction du mur israélien, qu'il aqualifiéde "tragique". "J'ai vu le mur qui fait intrusion dans vos territoires, séparant des voisins et divisant des familles. Bien que les murs peuvent être facilement construits, nous savons qu'ils ne subsistent pas toujours. Ils peuvent être abattus",a ditle pape, devant le président palestinien Mahmoud Abbas.
Communiqué de l'ACIM : Le GENDER, un nouveau totalitarisme menant à la persécution
En cette période de la paix de Noël, il faut hélas déplorer une nouvelle guerre terrible et insidieuse se déclarant contre le catholicisme, voire toute la chrétienté. L'idéologie du GENDER (ou genre) considère l'orientation sexuelle vers la féminité et la masculinité comme issue d'une culture judéo-chrétienne contraire à l'égalité. Il faut que tous les citoyens soient libres de s'orienter dans le sens désiré, et de choisir leur propre identité sexuelle. Ce qui va à l'encontre des plus élémentaires notions, à la fois génétiques, anatomiques, physiologiques, psychologiques, mentales et sociales. La promotion de l'homosexualité procède de l'idéologie du GENDER. En France, on a vu avant Noël des manifestants protester avec violence contre la vente de poupées à des petites filles et de voitures aux petits garçons. Anecdotique ? La progression des autorisations légales de mariages d'homosexuels dans divers pays vise à dissoudre la famille traditionnelle considérée comme une notion obsolète.
La Grande-Bretagne est à la pointe de cette idéologie. Pas une offre d'emploi ne faisant référence au GENDER. Un pasteur est en prison pour avoir dénoncé en chaire l'homosexualité. En 2007, les œuvres catholiques d'adoption, obligées par la loi à placer des enfants chez des couples homosexuels ont pour les deux tiers fermé leurs portes, le troisième tiers retirant le nom de catholique de leur appellation. Mais surtout, il a été créé un « Ministère de l'Egalité » confié à une dénommée Harriet Harman. Celle-ci vient d'annoncer un projet de loi sur « l'égalité des genres ». Il en résulterait que quiconque s'opposerait à ce que les prêtres soient mariés, homosexuels, concubinaires, serait lourdement condamné. Les clôtures des moines et des moniales sauteraient au nom de la discrimination liée au sexe. Ce qui ferait entrer l'Eglise catholique d'Angleterre en une guerre frontale avec l'Etat lui-même. L'épiscopat anglais, s'il s'opposait à cette loi au nom de la liberté de conscience et d'exercice de la religion, annonce qu'un « torrent » d'amendes diverses aboutira rapidement à la séquestration des biens de l'Eglise et à l'emprisonnement de ses représentants. Les évêques ont déclaré que ce clash visait une éradication délibérée du catholicisme dans le pays notamment par la suppression de la messe en public, la laïcisation des écoles catholiques par l'évacuation de l'enseignement religieux et de tous les symboles catholiques, notamment des crucifix. Assertion démentie par le gouvernement ; lequel précise que les prêtres refusant d'appliquer le projet de loi ne seraient pas poursuivis à la condition suivante : plus de 51 % de leur activité doit être réservé au culte et aux prêches... Ce qui est évidemment strictement illusoire précisent les évêques. Un amendement au projet de loi visant à protéger l'Eglise vient d'être repoussée par 314 voix contre 170. Le roi Henri VIII d'Angleterre faisait écarteler les prêtres catholiques. Celui de M. Gordon Brown les condamnera à l'exil. (Info Catholic Herald 11 et 25 décembre 2009). Paradoxalement le premier ministre britannique a proposé à l'ancien primat le cardinal Murphy O'Connor une place au sein de la Chambre des Lords. Lequel a refusé.
Il y a plusieurs manières d’aborder l’histoire : - par l’approche scientifique, par l’historiographie, la critique de texte et la libre révision des acquis - par le mythe fondateur.
« Sainte Geneviève, patronne des Parisiens : entre histoire et merveilleux » appartient à la deuxième catégorie. C’est une des grandes figures féminines de l’histoire de France avec Jeanne d’Arc et Jeanne Hachette. A mi-chemin de la Sainte et de la déesse guerrière, ces Athéna christianisées font partie de la mémoire française. En ces temps de débat sur l’identité française, ces figures de résistantes sont à redécouvrir entre histoire et légende.
Sainte Geneviève, patronne des Parisiens : entre histoire et merveilleux
Une femme de noble origine
Genovefa serait née vers 412 – 423, soit environ 1000 ans avant Jeanne d’Arc, de l’union de la gallo-romaine Gerontia et du franc romanisé Severus, ancien officier de l’état-major impérial devenu membre du conseil municipal (curia) de Lutèce. L’image de la bergère gardant ses moutons qui lui est souvent associée relève plus de la légende poétique que de la vérité historique, car notre sainte patronne appartenait, par ses origines et par les fonctions qu’elle exerça après avoir succédé à son père, à l’aristocratie gallo-romaine. Elle avait au préalable pris le voile dès l’adolescence, exerçant au sein de l’Eglise la charge de catéchumène des femmes en tant que diaconesse.
Des troubles dans la cité.
L’invasion des Huns allait révéler les charismes religieux et politiques exceptionnels de Geneviève. Poursuivant vers l’ouest une avance foudroyante, Attila traverse le Rhin en 451 ; son immense armée composée de nomades asiatiques aux mœurs barbares et cruelles, suivis de peuples germaniques acquis à leur vainqueur, prend Metz le 7 avril, jour de vendredi saint, et soumet la ville au pillage et au massacre. La nouvelle sème la panique dans la Gaule du nord, et les Parisiens, se sentant menacés, cherchent à fuir leur ville par tous les moyens. C’est alors que Geneviève se dresse face à une foule en délire qui veut la lapider; elle affirme que Dieu sauvera la ville si ses habitants osent prendre leur sort en mains et résister. Les femmes se laissent gagner par la ferveur de son espérance et la suivent dans le baptistère Saint-Jean-Le-Rond, au cœur de l’île de la Cité : leurs ardentes prières finissent par convaincre les hommes de ne pas déserter et de défendre leur ville.
451 : Attila vaincu aux Champs catalauniques
Finalement Attila épargna Paris : son objectif principal était d’arracher au roi des Wisigoths la ville de Toulouse, et pour atteindre ce but il lui fallait au plus vite gagner Orléans afin d’y franchir la Loire, en empruntant les voies romaines menant de Troyes à Sens passer par Lutèce l’eût obligé à faire un crochet inutile. L’échec du roi des Huns à Orléans défendue par son vaillant évêque Saint Aignan, le 14 juin, suivie d’une défaite plus cuisante encore aux Champs Catalauniques six jours plus tard, retourna complètement la situation de Geneviève, désormais parée d’un prestige exceptionnel.
Une Sage administratrice
Elle passera le reste de sa vie à la tête de sa bonne ville de Lutèce dans d’impressionnantes dévotions, priant, jeûnant, soignant les malades, mais aussi dans l’exercice de l’autorité municipale. Elle employa sa considérable fortune à servir les pauvres, notamment quand la famine sévissait. Elle accomplit de périlleux voyages sur la Seine et la Marne, à la recherche de blé pour ravitailler son peuple affamé alors que Clovis assiégeait sa ville en 486. Le roi des Francs restait alors fidèle à ses dieux païens, et Geneviève ne lui ouvrit les portes qu’après sa conversion au catholicisme et son baptême, en 496. Elle serait morte le 3 janvier 502, vénérée de tout son peuple, honorée de l’amitié de la reine Clothilde et du roi Clovis. Celui-ci plaça le tombeau de la sainte dans la basilique Saint Pierre et Saint Paul qu’il faisait construire sur le mont Leucotitius. L’afflux des pèlerins dès le VIème siècle, alors que Geneviève venait à peine d’être canonisée, et tout au long du Moyen Age fut tel que l’on ne désigna plus l’église et la colline sur laquelle elle avait été érigée que du nom de la patronne de Paris.
Sainte Geneviève au long des siècles
Durant les treize siècles qui séparent Clovis de Louis XV, les rois prodiguèrent leurs largesses à la patronne de leur capitale en protégeant l’ordre des Génovéfains, établis sur la rive gauche, non loin de l’Université, de même que le bon peuple de Paris processionnait derrière la châsse de la sainte en cas de catastrophe naturelle : inondations, sècheresse, épidémies, ou lorsque la ville était assiégée par l’ennemi comme en 885 : les reliques de Sainte Geneviève, écrit le chroniqueur Abbon (*), firent reculer les Vikings en un point névralgique des combats, sur la pointe orientale de l’île de la Cité, là où s’élève depuis 1920 la statue de Landowski, sur le bord méridional du Pont de la Tournelle, face à l’Institut du Monde arabe… La Révolution voulut briser le lien unissant le peuple de Paris à sa patronne : les Jacobins, après s’être emparés de la précieuse châsse, brûlèrent ses reliques en Place de Grève, puis désaffectèrent l’église Sainte Geneviève que Louis XV avait fait construire en style néo-classique en remplacement de l’ancien sanctuaire qui tombait en ruine, pour le transformer en temple néo-païen voué au culte des grands hommes de la patrie, qu’ils dénommèrent Panthéon. En plein siècle de rationalisme, le malheur des temps réveilla les coutumes ancestrales : les 5 ,6 et 7 septembre 1914, un triduum de prières attira une foule considérable sur le tombeau de pierre de la Sainte en l’Eglise Saint-Etienne-du-Mont. Ces dates coïncident avec le début de la bataille de la Marne, qui éloigna le danger d’une défaite imminente. Il est troublant de constater que le point extrême de l’avancée allemande se situe à Barcy, village bâti sur des terres ayant appartenu à Geneviève, et qu’à l’autre extrémité du front l’armée d’occupation s’était arrêtée à Ste-Geneviève de Lorraine… Il est peut-être aussi troublant d’apprendre que le Pape Jean XXIII, en 1962, confia la gendarmerie française à la sainte patronne des Parisiens, comme s’il prévoyait l’insécurité à venir.
Que reste-t-il de sainte Geneviève en ce début de XXIe siècle, temps de dérision à l’égard du surnaturel chrétien? Une grande figure de résistante, puisant sa force et sa tendresse miséricordieuse toute féminine dans sa foi. Une merveilleuse héroïne pour la mémoire vivante de notre peuple. Qui sait si nos reniements actuels ne seront pas effacés par sa puissante intercession ? « Et quand aura volé la dernière hirondelle, Et quand il s’agira d’un bien autre printemps » (Charles Péguy, Tapisserie de Sainte Geneviève et de Jeanned’Arc, 1912).
(*) Note de la rédaction de Polémia : Abbon de Saint-Germain-des-Prés (né vers 850 en Neustrie, mort vers 922) était moine de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Il est l’auteur vers 897, d’un poème intitulé à l’origine De la guerre de Paris, mais plus connu sous le titre Histoire du siège de Paris par les Normands, la principale source sur cet événement qui vit les Vikings aux portes de Paris. Il s’agit d’une Relation en vers latin du siège de Paris par les Normands en 886, dont Abbon avait été témoin.
Image :La Gaule chrétienne Sainte Geneviève protège Paris Illustration tirée du livre Histoire de France pour les cours élémentaires en 1960
L’association Paris-Fierté organise dimanche 3 janvier 2010 (départ 17h du parvis de Notre Dame) une marche de la Fierté parisienne et d’hommage à Sainte Geneviève :http://www.parisfierte.com/
La femme au "Moyen Âge" avait une condition inférieure à celle des hommes entendons nous partout. "Elle avait moins de droits que les hommes", etc.... Rien n'est plus faux ! La femme au Moyen Âge avait par exemple autant de "droits" et de pouvoir que l'homme aujourd'hui ! Très certainement même bénéficiait-elle d'une bien meilleure considération que de nos jours...
Là encore, il s'agit donc de la part des ennemis de l'Eglise (la propagandes des sociétés de pensée) de noircir cette glorieuse époque et par là atteindre le fondement de notre antique société chrétienne.
Dans son livre "Un homme, un vote ?", le médiéviste Jacques Heers, spécialiste de l’histoire du "Moyen Âge", explique que :
"l'exclusion de la femme ne date absolument pas des 'siècles obscurs' mais vint bien plus tard, de la modernité. Au moment même où l'on proclamait les droits de l'homme, l'égalité de tous et la libération des opprimés, nos lois françaises ont interdit, et pour de longues années, aux femmes de prendre part aux affaires de l'Etat. Les défenseurs des trois grandes vertus, inscrites aux frontons des édifices publics, et des temples républicains, décidèrent qu'elles devaient rester en leurs foyers"
Une historienne qui démonte un certain nombre d'idées fausses: Régine Pernoud
L'historienne Régine Pernoud a beaucoup écrit sur le Moyen Âge et sur les femmes de cette époque. Elle est notamment l'auteur d'une agréable biographie sur Aliénor d'Aquitaine [1]. "Les deux filles d'Eleonore d’Aquitaine ou d'Aliénor(e), d'avec Louis VII, Alix de Blois et Marie de Champagne diffusèrent dans les régions septentrionales la poésie courtoise et le roman courtois. Marie, la fille aînée d'Aliénor aurait emmené avec elle son poète, Chrétien de Troyes.
Le retour du Croisé - Hugues de Vaudémont parti en 1147, retouve son épouse (XIIe siècle), Nancy, Musée Lorrain
"…Ainsi l'osmose était-elle complète entre le départ pour la croisade qui marquait pour le chevalier le dépassement suprême, et ce thème de l'amour courtois qui fut peut-être la plus haute invention de notre Moyen Age" (Régine Pernoud, Richard Cœur de Lion, Fayard, Mesnil-sur-l'Estrée 1988, p. 222).
"Toutes nos épopées, depuis La Chanson de Roland jusqu'au cycle de Guillaume d'orange, reflètent le souci qui domine l'époque, celui d'arracher les Lieux saints à l'Islam..." (Régine Pernoud, Richard Cœur de Lion, Fayard, Mesnil-sur-l'Estrée 1988, p. 217).
"Alix, femme de Thibaut de Blois, et Marie, femme d'Henri Ier de Champagne, étaient l'une et l'autre, filles d'Aliénor d'Aquitaine; de leur mère elles avaient hérité le goût des lettres, et c'est toute une vie culturelle qui s'épanouit avec elles.
"L'un des plus grands noms de notre littérature, Chrétien, est un clerc, et peut-être un chanoine de Troyes; sa carrière d'écrivain – entre 1160 et 1185 – a été protégée successivement par Marie de Champagne et par son fils Henri Ier d'Angleterre dit Henri Beauclerc; on lui attribue des chansons courtoises, mais surtout il est le grand initiateur de ces romans de chevalerie qui vont créer des types inoubliables, comme celui de Lancelot et de Perceval... On doit à Chrétien de Troyes cinq romans: Éreci, Cligès, Yvain ou le Chevalier au Lion, le conte de La Charrette (Lancelot), et surtout Perceval ou le conte du Graal. Tous sont d'admirables créations poétiques, transposant dans le roman cette 'quête de la Personne' qui fait le centre de la société chevaleresque. Un savant romaniste, Reto Bezzola, a montré de nos jours l'importance de ce premier roman d'Érec, qui commence où finirait un roman moderne: par le mariage des deux héros. Érec épouse Énide à la cour du roi Arthur. Tous deux sont parfaitement heureux, mais ils sentent obscurément que quelque chose manque à cet amour, qui les enferme dans un tête-à-tête. Et c'est le départ, la recherche de l'aventure, de l'épreuve qui "va mettre en valeur le sentiment héroïque de la vie"; après quoi, ils pourront revenir prendre leur place dans la société, l'un étant 'le Chevalier', l'autre 'la Dame': ils ont mis leur amour au service des autres.
"Tout roman de chevalerie est ainsi l'affabulation des grands thèmes qui composent l'idéal chevaleresque:
- la fidélité à la parole donnée,
- la générosité dans le don de soi,
- la recherche de la valeur qui s'affirme par des exploits – le tout à travers un langage symbolique où chaque détail possède sa signification.
"C'est ainsi que, pour le public qui écoutait déclamer ces poèmes, il n'était pas une notation de couleur qui fût indifférente: un chevalier qui revêtait une tunique rouge s'en allait au sacrifice, tel autre pourvu d'une armure blanche allait à la victoire; à travers chacun d'eux surtout, vivait ce 'culte de la femme' qui caractérise l'époque: l'amour qu'on lui voue se tempère de respect; c'est l'amour courtois.
"Il allait être illustré en poésie lyrique par l'un des comtes de Champagne, Thibaut IV, qu'on appelle le Chansonnier, poète délicat qui tomba amoureux de la reine en personne, Blanche de Castille. Il lui dédia ces vers:
Celle que j'aime est de telle seigneurie Que sa beauté me fait outrecuider… La grande beauté qui m'éprend et agrée Et sur toutes est la plus désirée M'a enlacé le cœur en sa prison…
"Blanche de Castille était de celles qui pouvaient inspirer respect autant qu'amour, et la passion du trouvère a joué son rôle dans l'histoire, puisque c'est elle qui permit le règlement d'une sorte de rébellion féodale née lors de la jeunesse de Saint Louis. Thibaut abandonna le parti des mécontents, ce dont ceux-ci ne se relevèrent pas... Par la suite, son fils Thibaut V devait épouser la fille de Saint Louis, Isabelle. Quant au chansonnier, il était mort à Pampelune, ayant recueilli l'héritage de la Navarre à la mort de son cousin Sanche VII. Enfin, un autre mariage allait faire entrer la Champagne dans le domaine royal: celui de Jeanne (fille et unique héritière du dernier comte de Champagne, Henri III, frère de Thibaut V), avec Philippe IV le Bel.
"On peut citer toute une pléiade de poètes champenois à l'époque: Gace Brûlé, Conon de Béthune, Huon d'Oisy. Plusieurs sont de grands seigneurs, comme Conon de Béthune, ou comme ce châtelain de Coucy qui, avec le comte de Champagne, fit entrer la croisade dans l'amour courtois: le poète s'exposait au mépris de sa Dame s'il refusait de partir pour cette grande aventure. S'il partait, c'était les tourments de la séparation. En fait, Guy de Coucy devait mourir en mer lors d'une croisade de barons.
"C'est cette même croisade qui donna lieu à la première grande œuvre de prose écrite dans notre langue. Les chroniqueurs jusqu'alors ne s'étaient exprimés qu'en latin: Geoffroi de Villehardouin, l'un des chefs de l'expédition, la raconta en français dans une langue magnifique. Il faut aller voir, sur la route de Troyes à Nancy, entre Brantigny et Auzon, les restes du château où naquit notre premier grand historien de langue française, dans une région où les noms à chaque pas rappellent la croisade, puisque l'église (restes du XIIIe s.) et le château de Villehardouin ne sont pas loin de Brienne, et qu'un seigneur Jean de Brienne devait être roi de Jérusalem.
"C'est encore la croisade, et c'est encore un Champenois, qui devaient donner naissance à une autre grande œuvre de prose au milieu du XIIIe s. : Joinville en effet accompagna, en 1248, Saint Louis à la croisade, et beaucoup plus tard, à la demande de Jeanne de Navarre, entreprit de raconter ses souvenirs personnels sur le roi qu'il avait appris à connaître, donc à aimer, au cours de cette croisade. Nous retrouvons le souvenir de Joinville dans la ville du même nom. Vaucouleurs même est un souvenir de Joinville, sénéchal de Champagne pour le compte du roi: c'est Joinville qui a donné à la ville sa charte de franchise. Cette charte existe encore aux Archives nationales et porte au revers, de la main du chevalier: "Ce fut fait par moy" (Georges et Régine Pernoud, Le tour de France médiévale, L'histoire buissonnière, Stock, Évreux 1982, p. 248-250).
Le Moyen Age a amélioré la condition féminine et augmenté les droits de la femme
Par rapport à la société antique en général, et la culture romaine en particulier, le Moyen Age voit incontestablement s'améliorer les droits de la femme et ce - n'en déplaise aux prétendus "philosophes", sociétés de pensées et autres féministes des temps "modernes" - grâce à l'action bienfaisante de l'Eglise.
Toutes les traditions de l'ancien monde plaçaient la femme à la tête du mal
"Le genre humain le savait; toutes les traditions de l'ancien monde plaçaient la femme à la tête du mal: toutes les traditions du monde nouveau devront la placer à la tête du bien.
"En se redisant les unes aux autres : C'est la femme qui est la cause de tous nos malheurs (A muliere initium factum est peccati, et per illam omnes morimur. Eccles., XXV, 33.), les générations antiques avaient accumulé sur la tête de la femme une masse de haine et de mépris, qui avait fait de l'ancienne compagne de l'homme le plus abject et le plus misérable des êtres. En se répétant jusqu'au seuil de l'éternité: C'est à la femme que nous devons tous nos biens, les générations nouvelles environneront la femme d'une vénération et d'une reconnaissance, qui en feront l'être le plus respecté et le plus saintement aimé de tous ceux que Dieu a tirés du néant" (Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 154-155.)
Une situation inférieure de la femme dans le droit romain
"Pour comprendre ce qu'a été, à l'origine, la libération de la femme, il est bon de savoir ce qu'était la condition féminine en occident, c'est-à-dire dans le monde romain, au Ier siècle de notre ère: juristes et historiens du droit nous renseignent avec une parfaite clarté à ce sujet.
"Mieux qu'aux œuvres littéraires en effet, ou aux exemples individuels cités ici et là, c'est au droit, plus précisément, à l'histoire du droit qu'il convient de se reporter si l'on veut connaître les mœurs; le droit les révèle, et il les modèle aussi: à travers son histoire se reflètent les évolutions, et les perpétuelles interférences entre gouvernants et gouvernés, entre ce qui est voulu et ce qui est vécu.
"Or, le droit romain est sans doute le mieux connu des divers systèmes de la législation antique; il a fait l'objet d'études très abondantes et très détaillées. L'admiration qu'on lui a portée depuis le XIIIe siècle et plus encore depuis le XVIe s'est traduite en de multiples traités, recherches et commentaires; et par la suite ses dispositions ont été pour la plupart adoptées par notre code Napoléon, au XIXe siècle" (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 19)
"En ce qui concerne la femme, l'essentiel de ce droit a été lumineusement exposé par le juriste Robert Villers:
"A Rome, la femme, sans exagération, ni paradoxe, n'était pas sujet de droit… Sa condition personnelle, les rapports de la femme avec ses parents ou avec son mari sont de la compétence de la domus dont le père, le beau-père ou le mari sont (p. 20) les chefs tout-puissants… La femme est uniquement un objet (On consultera l'article de Robert Villers: Le statut de la femme à Rome jusqu'à la fin de la République, dans le recueil de la Société Jean-Bodin consacré à la femme, t. Ier, Bruxelles, 1959, p. 177-189. Voir également, dans le même recueil, l'étude de Jean Gaudemet: Le statut de la femme dans l'Empire romain, p. 191-222, et celle de F. Ganshof: Le statut de la femme dans la monarchie franque, t. II, 1962, p. 5-58).
"Même lorsque, sous l'Empire, sa condition s'améliore, le pouvoir absolu du père se faisant un peu moins rigoureux, les historiens constatent:
"L'idée qui prévaut chez les juristes de l'Empire – et ils ne font qu'exprimer sur ce point le sentiment commun des Romains – est celle d'une infériorité naturelle de la femme".
"Aussi bien la femme n'exerce-t-elle aucun rôle officiel dans la vie politique et ne peut-elle remplir aucune fonction administrative: ni dans l'assemblée des citoyens, ni dans la magistrature, ni dans les tribunaux. La femme romaine n'est cependant pas confinée dans le gynécée comme l'était la femme grecque, ni comme le sera plus tard la femme dans les civilisations de l'Islam, claquemurée dans un harem; elle peut prendre part aux fêtes, aux spectacles, aux banquets, encore qu'elle n'ait pas d'autres droits que celui d'être assise, alors que la coutume veut que l'on mange couché à l'époque. Dans les faits, le pouvoir du père quant au droit de vie et de mort sur ses enfants reste entier: sa volonté, par exemple pour le mariage de sa fille, demeure "très importante"; en cas d'adultère, lui seul a le droit de tuer la fille infidèle, l'époux n'ayant que le droit d'occire son complice; l'adultère du fils, en revanche, ne sera sanctionné que sous le Bas-Empire par la restitution de la dot de la femme.
"Somme toute, la femme, pas plus que l'esclave, n'existe pas à proprement parler au regard du droit romain; si le légiste s'occupe de son sort, c'est surtout à propos de la dévolution ou de l'administration de ses biens: il fixe la part qui lui revient de l'héritage paternel, lui interdit (par la loi Voconia en 169 av. J.-C.) d'hériter de grosses fortunes – disposition difficilement contrôlable, et de ce fait peu appliquée; et, vers la fin du IIIe siècle après J.-C., prend quelques mesures pour empêcher que cette dot ne soit totalement confondue avec les biens du mari qui administre tout.
"Les adoucissements à la condition féminine n'interviennent donc que tardivement, sous l'Empire et surtout le Bas-Empire, et ce n'est aussi que durant cette dernière période qu'on prévoit pour elle quelque sanction en matière de rapt ou de viol" (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 20).
La protection de la femme dans l'appareil législatif du Bas-Empire est un évènement dans l'histoire du droit des femmes qui se produit avec la prédication de l'Evangile (Régine Pernoud)
"Quelle que soit d'ailleurs cette protection à laquelle l'appareil législatif fait place à peu à peu – et il en a été de même dans beaucoup de civilisations – c'est un évènement décisif qui se produit dans le destin des femmes avec la prédication de l'Évangile. Les paroles du Christ, prêchées par les apôtres à Rome et dans les différentes parties de l'Eglise, ne comportaient pour la femme aucune mesure de "protection", mais énonçaient de la façon la plus simple et la plus bouleversante l'égalité foncière entre l'homme et la femme: "Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre commet un adultère à l'égard de la première; et si une femme répudie son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère" (Marc X, 11-12; Matthieu XIX, 9). A cette équation très catégorique qui avait provoqué dans l'entourage de Jésus une stupeur indignée – ("Si telle est la condition de l'homme vis-à-vis de la femme, mieux vaut ne pas se marier!") – s'ajoutaient de multiples traits rapportés par les Evangiles: c'était à une femme que le Christ avait d'abord fait la révélation, importante entre toutes, de la vie nouvelle: adorer Dieu en esprit et en vérité; il avait refusé de condamner la femme adultère, lui disant simplement: "Va et ne pèche plus", et c'était à des femmes qu'il était d'abord apparu après cette résurrection" (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 20-21).
"Cette attitude, cet enseignement sans précédent vont avoir une première conséquence qu'illustre la remarque curieuse faite par le P. Georges Naïdenoff. Ayant relevé dans le Petit Larousse les noms cités pour les IIe et IIIe siècles de notre ère, il trouve beaucoup plus de femmes que d'hommes dans sa liste. Parmi les noms d'hommes, avec celui de Plotin, de l'écrivain Aulu-Gelle et du grand Origène, le dictionnaire ne mentionne guère que celui de saint Sébastien; en revanche, il nomme vingt et une femmes, dont Zénobie, reine de Palmyre, et Faustine, femme de l'empereur Antonin; les dix-neuf autres sont des saintes, des femmes que l'Eglise a mises sur les autels. Cette abondance de noms féminins, qui ont subsisté pour le grand public quand disparaissaient ceux des éphémères empereurs de ces deux siècles, souligne l'importance de ces saintes, presque toutes des jeunes femmes, des jeunes filles mortes pour affirmer leur foi. Agathe, Agnès, Cécile, Lucie, Catherine, (p. 22) Marguerite, Eulalie, et tant d'autres auront donc – et nous chercherions vainement leur équivalent dans le monde antique – survécu dans la mémoire des hommes" (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 21-22).
"Somme toute, entre le temps des apôtres et celui des Pères de l'Eglise, pendant ces trois cents ans d'enracinement, de vie souterraine que résume l'image des "catacombes", de qui est-il question dans l'Eglise ? De femmes. Ce sont des femmes que l'on célèbre. Dans la page fameuse des martyrs de Lyon (v. 177), Blandine est présente à côté de l'évêque smyrniote saint Pothin; une telle attention portée à une fille qui n'était qu'une esclave et par conséquent aurait pu être mise à mort sur l'ordre de son maître devait être bien choquante pour les milieux païens. Plus choquante encore, la revendication de filles comme Agnès, issue d'une famille patricienne, ou Cécile ou Lucie ou tant d'autres, que leur légende a certes auréolées, mais dont nous savons en toute certitude qu'elles furent dans leur monde et dans leur milieu des contestataires. Que prétendaient-elles en effet ? Refuser l'époux que leur père leur destinait et garder la virginité "en vue du royaume de Dieu".
"Nous mesurons mal aujourd'hui ce que leurs revendications avaient en leur temps d'anormal, voire de monstrueux: à Rome, la patria potestas, le pouvoir du père, était absolu, nous l'avons vu, sur la famille et notamment sur les enfants à leur naissance; tous les juristes ont relevé ce qu'on appelle la "disparition forcée des cadettes"; en effet, si le père était tenu de conserver à la naissance les enfants mâles en raison des besoins militaires (sauf s'ils étaient mal formés ou jugés trop chétifs), il ne gardait en général qu'une seule fille, l'aînée; c'est tout à fait exceptionnellement qu'on voit mention de deux filles dans une famille romaine. Et il est significatif que chaque garçon reçoive un praenomen (prénom), marque de personnalité qui le distingue de ses frères, tandis que la fille, l'aînée généralement, ne porte qu'un nom, celui de la famille paternelle; ainsi, dans la gens Cornelia, la fille s'appelle Cornelia, ses frères sont Publius Cornelius, Gaius Cornelius, etc. Pas de nom personnel donc pour la fille, mais seulement celui du père.
"Ces filles que leur père n'avait donc laissé vivre à leur (p. 23) naissance que dans un geste de bonté, ou dans le souci de perpétuer la famille, voilà qu'elles désobéissaient à ses ordres, qu'elles refusaient le mariage en vue duquel la vie leur avait été conservée, qu'elles affichaient avec arrogance une volonté propre que toute la société leur déniait. Elles se mettaient en contradiction avec les structures intimes de la civilisation, des lois, des mœurs, du monde romain, c'est-à-dire du monde connu d'alors; nous n'avons guère pour apprécier le scandale que des points de comparaison, malgré tout assez faibles, avec les sociétés islamiques, lesquelles reçoivent cependant aujourd'hui quelques échos du monde occidental où la liberté de la femme n'est généralement plus mise en question. A Rome et dans l'Empire romain, la nouveauté de l'attitude de ces filles était radicale. Nier l'autorité du père de famille, le seul citoyen à part entière, propriétaire, chef militaire et grand prêtre, dans son foyer comme dans sa ville, c'était ébranler le fondement de toute une société; et à l'époque on ne s'y est pas trompé. Il est bien compréhensible que devant une prétention aussi exorbitante leur père ait usé de ce droit de vie et de mort que de toute façon la loi lui conférait" (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 22-23).
"Ce n'est que vers l'an 390, à la fin du IVe siècle, que la loi civile retire au père de famille le droit de vie et de mort sur ses enfants (voir Robert Etienne, La conscience médicale antique et la vie des enfants, dans Annales de démographie historique, 1973, numéro consacré à Enfant et Société). Avec la diffusion de l'Evangile, disparaissait la première et la plus décisive des discriminations entre les sexes: le droit de vivre accordé aussi bien aux filles qu'aux garçons. Dès ce moment, la vision chrétienne de l'homme, le respect de la vie proclamé par la Bible, par l'Evangile, sont suffisamment entrés dans les mœurs pour que s'implante peu à peu le respect de la personne, qui pour les chrétiens s'étend à toute vie, même – et c'est presque paradoxal à l'époque – à celle de l'enfant né ou à naître. En effet, comme l'écrit l'un des derniers historiens de la question (Robert Etienne): "La juridiction antique est implacablement logique avec elle-même. Le droit à l'infanticide est un des attributs de la patria potestas. Un père peut refuser l'enfant que la mère vient de mettre au monde, à plus forte raison peut-on lui reconnaître des droits sur un embryon, embryon qui n'a aucune qualité juridique, n'est même pas considéré (p. 24) comme humain. Au contraire, pour les chrétiens, intervenir dans la génération à quelque moment que ce soit, c'est toucher à l'œuvre de Dieu. Et l'on comprend que saint Basile ait jugé que c'était une distinction "tirée par les cheveux" de savoir si "le fœtus est formé ou non" en cas d'avortement" (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 23-24).
"Ont-elles, ces contestataires, mesuré dans toute son étendue la valeur de leur revendication ? …historiquement parlant, leur revendication de liberté contenait toutes les autres; prononcer librement le vœu de virginité revenait à proclamer la liberté de la personne et son autonomie de décision. Ces jeunes femmes, ces jeunes filles qui meurent parce qu'elles ont fait un choix libre et se sont vouées à un époux autre que celui qu'on leur destinait fondent l'autonomie de la personne. Saint Paul l'avait dit: "Il n'y a ni Grec, ni Juif, ni homme, ni femme"; ce qui compte désormais, c'est la "personne". Jusqu'à cette époque, persona, c'était le masque qu'on utilisait au théâtre et qui marquait le personnage. Dès lors le terme change se charge d'une signification nouvelle qui répond à une réalité nouvelle: ainsi les chrétiens avaient-ils à se forger un vocabulaire pour la prédication de l'Evangile; et de même que les mots: salut, grâce, charité, eucharistie, ont été forgés, ou que leur sens s'est renouvelé, sous l'influence de la Bonne Nouvelle ou pour la répandre, de même voit-on apparaître ce sens, ce terme de personne. Désormais, non seulement la (p. 26) femme mais encore l'esclave et l'enfant sont des personnes. Le terme est au-delà, lié à chacune des Personnes de la Trinité divine; et ce sens, ardemment discuté à travers les premiers conciles, devient lui-même inséparable de la signification profonde qu'il revêt pour l'humanité" (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 25-26).
"Et c'est la femme d'abord qui en bénéficiera. La situation faite aux vierges et aux veuves dès la primitive Elise mérite en effet qu'on s'y arrête. Ce sont là deux types de solitude qui entraînaient dans le monde antique, juif ou païen, une sorte de malédiction. Sans aller jusqu'à immoler la veuve sur le bûcher de son époux défunt comme dans certaines religions asiatiques, on la considère comme l'être sacrifié par excellence; seules quelques veuves riches échappent, en tout cas dans l'Antiquité classique, à la détresse qui est le lot normal de celle qui a perdu son mari. Or, si l'on se reporte aux Actes des Apôtres, on constate que les veuves sont les premières assistées dans la communauté chrétienne. Très tôt d'ailleurs on passera de l'assistance à une véritable fonction dévolue aux veuves comme aux vierges; au point que saint Paul détaillera les qualités nécessaires aux veuves pour tenir leur place dans l'Eglise et y assumer un rôle actif: il suffit de parcourir ses épîtres ou le récit de saint Luc pour constater la place que tiennent les femmes dans la diffusion de l'Evangile dès la primitive Eglise.
"Quant à la virginité, elle faisait l'objet dans la Rome païenne d'un certain respect… Les Vestales, gardiennes du feu sacré dans la Cité, étaient fort honorées, mais celles qui violaient leur vœu de chasteté étaient enterrées vives. Désignées par leur père et conduites par lui au temple dès leur petite enfance, elles y demeuraient trente ans; leur statut portait donc une fois encore la marque de la patria potestas, du pouvoir du père, alors que le vœu de virginité prononcé par les chrétiens, d'ailleurs par des hommes aussi bien que par des femmes, a fondé en fait la valeur de la personne face au couple. C'est d'une importance radicale pour la femme, d'où leur rôle déterminant dans la propagation de la foi, notamment dans les milieux de l'aristocratie romaine: "Une première conversion acquise au milieu du IVe siècle concerne les femmes… Les hommes, dans l'ensemble, restent païens… A la génération suivante, ils acceptent d'épouser des chrétiennes, et par celles-ci la religion nouvelle s'acclimate bientôt, si bien qu'à partir des années 400, elle devient dominante (Jean Daniélou et Henri Marrou, Nouvelle Histoire de l'Eglise, t. Ier, p. 339)". Dans la première génération, on ne peut guère citer comme sénateur chrétien que Pammachius; par la suite, le milieu sénatorial romain, jusqu'alors bastion de la résistance païenne face aux empereurs chrétiens, adopte à son tour l'Evangile" (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 26).
La femme au Moyen Age avait autant de droits que l'homme
Il faut relever ici l'influence des femmes, qui fut si vivante au Moyen Age et qui allait voir son plein épanouissement aux XIIe et XIIIe siècles.
Tout en étant exceptionnelle, la vie d'Aliénor témoigne du comportement très libre des femmes au Moyen Âge.
Elles ont le droit de vote.
Elles suivent leur mari à la croisade,
Elles étudient,
Elles animent des cours, etc.
L'abbaye de Fontevrault réunissait deux communautés d'hommes et une communauté de femmes sous l'autorité... d'une abbesse.
Au Moyen Age, les femmes votaient
"On doit considérer les droits essentiels dont bénéficie la femme au Moyen Age. Dans les assemblées urbaines ou les communes rurales, les femmes, lorsqu'elles sont chefs de famille, possèdent le droit de vote." (Jean Sévillia, Historiquement correct. Pour en finir avec le passé unique, Perrin, Saint-Amand-Montrond 2003, p. 22).
Après la révolution de 1789, censée apporter la Liberté, il faudra attendre 1945 pour voir le droit de vote reconnu à la femme...
Elles administraient
Les femmes administrent et gèrent de grands domaines comme le feraient des hommes.
"Le XVIIIe siècle européen compte une Catherine de Russie, une Marie-Thérèse d'Autriche; mais que dire du pouvoir de la reine en France à la cour de Louis XV comme à celle de Louis XVI ? Dans l'alcôve ou dans la coulisse, sans doute… Qui aurait admis en 1715, en attendant la majorité du Dauphin, une régente au lieu du régent ? Pourtant le règne d'une femme avait paru tout naturel, en semblable circonstance, au XIIIe siècle. Et l'on n'en finirait pas d'énumérer, à l'époque féodale et encore aux temps médiévaux, les femmes qui ont dirigé et administré des domaines parfois très étendus.
"John Gilissen a fait remarquer: "Presque toutes les principautés laïques belges ont été gouvernées par des femmes à l'un ou l'autre moment de leur histoire: citons les comtesses Jeanne (1205-1244) et Marguerite de Constantinople (1244-1280), en Flandre et Hainaut, la duchesse Jeanne en Brabant (1355-1406), Marguerite de Bavière en Hainaut (1345-1356), Marie de Bourgogne pour l'ensemble des principautés (1477-1482)". De combien de fiefs en France pourrait-on en dire autant! (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 215)
"L'exercice du pouvoir suprême ne les empêche pas pour autant d'être pleinement femmes. Elles n'ont aucunement le souci d'imiter ou de copier un modèle masculin. Dans leur comportement, même lorsqu'elles agissent sur le terrain politique ou militaire, elles restent femmes, essentiellement. Rappelons deux exemples bien frappants: celui de Blanche de Castille arrivant au siège du château de Bellême en 1229 et constatant que l'armée est littéralement paralysée par le froid; elle fait aussitôt tailler du bois dans les forêts alentour, et réchauffe ses gens qui retrouvent du même coup leur ardeur pour terminer un siège traînant depuis plusieurs semaines" Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 216).
"De même chez Jeanne d'Arc trouve-t-on, en même temps que l'élan au combat, la tendresse de la femme quand elle se penche sur un Anglais blessé, et un bon sens quasi maternel devant une armée qui se bat depuis l'aube: "Reposez-vous, mangez et buvez"; après quoi, ce 7 mai 1429, ses compagnons enlèvent la bastille des Tourelles, objet de leurs assauts.
"Plus subtilement, c'est toute une atmosphère correspondant à la vie courtoise qui entoure ces comtesses, ces reines dont l'action politique a été si prudente, si tenace parfois. Elles ne sacrifient rien de ce qui fait l'originalité de la femme. La personne d'Aliénor d'Aquitaine suffirait à le prouver, mais, les exemples abondent en ce domaine" (Régine Pernoud, ibid, p. 216).
"Chez les paysans, les artisans ou les commerçants, il n'est pas rare que la femme dirige l'exploitation, l'atelier ou la boutique. A la fin du XIIIe siècle, à Paris, on trouve des femmes médecins, maîtresses d'école, apothicaires, teinturières ou religieuses (Jean Sévillia, Historiquement correct, Pour en finir avec le passé unique, Perrin? Saint-Amand-Montrond 2003, p. 22-23)
D'Héloïse à Hildegarde de Bingen, on ne compte pas les hautes figures féminines de la chrétienté médiévale. Au XIIe siècle, la première abbesse de Fontevraud, Pétronille de Chemillé, nommée à vingt-deux ans, commande un monastère regroupant une communauté d'hommes et une communauté de femmes. Les moines ne se sont jamais plaints d'être dirigés par une femme...
Et les reines ? Couronnées comme le roi, elles exercent le pouvoir en son absence. Aliénor d'Aquitaine ou Blanche de Castille, quelques-unes de ces femmes dominent leur époque (Jean Sévillia, Historiquement correct, Pour en finir avec le passé unique, Perrin? Saint-Amand-Montrond 2003, p. 23-24).
On se rappellera la réplique du roi Saint Louis prisonnier des Musulmans en Egypte lui demandant combien il voudrait donner d'argent au sultan pour sa libération:
Le roi répondit que si le sultan voulait prendre de lui une somme raisonnable de deniers, il demanderait à la reine qu'elle les payât pour leur délivrance.
"Et ils dirent: "Pourquoi ne voulez-vous pas vous y engager ?"
"Le roi leur répondit qu'il ne savait si la reine (Marguerite de Provence) le voudrait faire, parce qu'elle était la maîtresse..." (Régine Pernoud, Les hommes de la Croisade, Taillandier, Mayenne 1977, p. 297).
La femme au moyen Age travaillait autant que l'homme
"...Au Moyen Age, la femme travaille à peu près autant que l'homme, mais non dans les mêmes opérations. D'après les comptes de drapiers, on s'aperçoit que, par exemple, sur quarante et un ouvriers nommés, il y a vingt femmes pour vingt et un hommes" (Georges et Régine Pernoud, Le tour de France médiévale, L'histoire buissonnière, Stock, Évreux 1982, p. 278).
Au Moyen Âge, les femmes... travaillent, notamment dans les champs ! Comme le montre cette belle enluminure du Psautier de Luttrell (British Library, Add. MS 42130, copié vers 1330), où l'on voit des femmes faucher le blé, qu'un homme ramasse en gerbes ensuite. Cf. https://x.com/AgeMoyen/status/1881989921688387951
Mais les métiers trop fatigants lui étaient interdits
"Ce que l'on interdit, ce sont les métiers jugés trop fatigants pour elles. Ainsi du tissage: tant qu'il a été pratiqué de façon artisanale, il a été œuvre de femme, notamment dans l'Antiquité; au moyen Age, il est ouvrage d'homme. De même, dans la tapisserie, défendait-on aux femmes la tapisserie de haute lisse, jugée trop fatigante pour elles puisqu'elle oblige à tenir les bras étendus. Les règlements précisent qu'elles doivent être munies d'un tablier de cuir, cela afin de protéger leurs vêtements et de garantir aussi la netteté de leur travail" (Georges et Régine Pernoud, Le tour de France médiévale, L'histoire buissonnière, Stock, Évreux 1982, p. 278).
La femme écrivait
‘’Imaginez une femme : elle perd son mari, ses appuis familiaux et financiers ; imaginez aussi qu'elle a trois enfants à charge, sa nièce, sans oublier sa mère ; dites-vous aussi que cette femme, dans sa situation, se sent pourtant inspirée et commence à écrire : des poèmes, des traités philosophiques, politiques, militaires ou éducatifs, et même un récit rêvant d'une cité sans hommes. Et mieux que cela : qu'elle est lue, aimée, reconnue...
"Ajoutez maintenant à cela le décor de la fin du XIVème siècle en France, à la cour. Vous y êtes ?
"C'est bien cela, vous n'imaginez pas : c'est la vie et l'oeuvre, bien réelles, de Christine de Pizan !’’ (Sarah Delale docteure en littérature, Pourquoi lire Christine de Pizan, celle qui imaginait au Moyen Âge une cité sans hommes ?" Radio France )
Elle était "efficacement protégée"
"L'historien de Lille a pu écrire: 'La moindre ménagère faisant son marché était efficacement protégée'.
"Protégée aussi bien contre la fraude, qui atteint toujours davantage les petites gens, que contre la vie chère, provenant des abus de l'intermédiaire...
"Car, à l'époque, le consommateur direct a priorité absolue sur le revendeur. Ainsi, à Paris – qu'il s'agisse de n'importe quel achat: blé, œufs, fromages, vins –, le consommateur qui intervient avant que le denier à Dieu (les arrhes) ait été remis à l'acheteur ou même pendant qu'il le remet, au moment où on ferme le sac, a le droit de se faire céder la marchandise. Partout, on règle sévèrement le lieu où les revendeurs doivent se tenir pour être facilement distingués de ceux qui vendent le produit de leur propre travail. Ainsi, à Marseille, les revendeurs de poisson ne pouvaient se tenir qu'au grand marché; à la poissonnerie, l'acheteur était sûr de ne rencontrer que des pêcheurs vendant le produit de leur pêche. De plus – et cela se retrouve dans les villes aussi éloignées que Provins et Marseille –, le revendeur ne peut acheter qu'à partir de midi. Toute la matinée est réservée à celui qui achète pour sa consommation familiale.
"C'est, on le voit, le contraire de ce qui se passe de nos jours, où l'acheteur privé ne peut se servir directement chez le marchand de gros, encore moins chez le producteur.
"Pour les matériaux les plus chers, comme les matériaux de construction, bois, tuiles etc., les obligations allaient plus loin encore: pendant quinze jours, lorsque avaient été débarqués sur le port de Marseille des bois de charpente, seuls avaient le droit d'acheter les acheteurs privés; et pendant huit jours encore, ceux qui avaient laissé passer les délais pouvaient se faire rétrocéder au prix coûtant la marchandise acquise par le revendeur" (Georges et Régine Pernoud, Le tour de France médiévale, L'histoire buissonnière, Stock, Évreux 1982, p. 280-281).
Les démêlés matrimoniaux du Roi prouvaient le pouvoir de la Reine
Sous Philippe Auguste (1180-1223), fils de Louis VII et d’Adèle de Champagne, longtemps surnommé Dieudonné car né tard du second mariage de Louis VII (1137-1180) après son divorce d’avec Aliénor d’Aquitaine, les démêlés matrimoniaux du roi prouvent le pouvoir de la reine:
"En 1193, il épouse une jeune princesse du Nord, Isambour, ou Ingeborge ou encore Ingeburge de Danemark. Que se passe-t-ils entre eux pendant la nuit de noces ? En tout cas, le mariage n'est pas consommé... Philippe Auguste prend progressivement Ingeborge en horreur, puis la répudie. Il la brutalise et se comporte très mal avec elle. C'est tragique pour la malheureuse reine: jeune, innocente, ne connaissant ni le pays ni sa langue, elle ne comprend pas ce qui lui arrive et continue d'aimer le roi. Cependant Philippe ne se prive pas d'avoir de nombreuses maîtresses et de nombreux bâtards, mais aucun ne peut lui succéder. Les évêques français tranchent et annulent le mariage, sans difficulté puisque celui-ci n'a pas été consommé. Philippe Auguste épouse alors une princesse flamande, Agnès de Méranie, qui lui donne deux enfants. C'est alors qu'a lieu, symboliquement, peut-être le plus grand bras de fer de l'histoire du mariage. Philippe Auguste a en face de lui Innocent III, le plus grand pape du Moyen Âge, qui refuse l'annulation du mariage et casse la décision des évêques français. Innocent III considère que, selon le droit canon, seule la reine peut demander l'annulation car c'est elle qui est frustrée. Or, Ingeborge ne demande rien. Le pape refuse de céder. Il excommunie Philippe Auguste et place le royaume en interdit: aucune cérémonie religieuse ne peut être célébrée en France. C'est une mesure terrible qui incite le peuple à la révolte. La mort rapide de la seconde reine, nullement coupable puisque le premier mariage a été annulé par les évêques français, aide au règlement de l'affaire. Le roi accepte de reprendre Ingeborge en échange de la reconnaissance des enfants qu'il a eus d'Agnès de Méranie. Celle-ci est comptée comme reine car elle est innocente; elle n'a fait qu'obéir aux évêques; ses enfants sont considérés comme légitimes et peuvent entrer dans la succession. Ingeborge, dont le mariage n'a jamais été annulé, revient: elle finit sa vie en reine et épouse, en brodant pour son cher Philippe, repentant et apaisé, qu'elle a toujours adoré même s'il a été injuste avec elle. Dans cette affaire, les évêques français ont fini par reconnaître qu'Innocent III avait raison. Ils ont un sens du sacrement et de la valeur spirituelle suffisamment grand pour comprendre que la justice et l'égalité entre les hommes et les femmes justifient la position du pape.
"C'est la plus grande victoire jamais remportée par la cause féminine, n'en déplaise aux professionnels du féminisme 'politiquement et intellectuellement correct'..." (Pierre Chaunu, Éric Mension-Rigau, Baptême de Clovis, baptême de la France, De la religion d'État à la laïcité d'État, Éditions Balland, Paris 1996, p. 167-168).
Voir aussi sur Ingeborg, l'ouvrage de Régine Pernoud et de Geneviève de Cant, Isambour, le reine captive, Éditions Stock 1987).
Les femmes perdront leurs droits à la "Renaissance"
"Les femmes perdront leur autonomie à la "Renaissance", quand les juristes ressusciteront le droit romain et le statut d'infériorité féminine qui s'y attache... (Comme quoi la dite 'Renaissance' n'a pas été un progrès pour tout le monde...) (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 171).
Une osmose entre les usages francs germaniques et les coutumes celtiques gauloises
"Les usages des peuples dits barbares qui se sont installés en Gaule par les armes ou pacifiquement aux Ve- VIe siècles étaient de toute évidence beaucoup plus proches des coutumes celtiques que ne pouvaient l'être la loi et l'administration romaine.
"Si bien que l'Empire s'étant effondré, (p. 172) l'osmose s'est faite sans trop de heurts, semble-t-il, entre ces Celtes, qui composent toujours l'ensemble de la population de la Gaule, et les Francs, les Burgondes, les Wisigoths qui s'y implantent" (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 171).
Les peuples celtique, germanique, nordique, étaient ouverts à la nouveauté des principes évangéliques
"Pour l'ensemble de ces peuples, le noyau, la structure essentielle de la société, c'est la famille, la parenté des êtres issus d'un même sang. C'est sur la solidarité créée par les liens naturels qu'elle repose, non comme à Rome sur l'autorité du père: différence qui entraîne des conséquences importantes, entre autres la stabilité du groupe familial, indestructible en droit puisque due au sang même de l'individu. La famille est donc un état de fait découlant de l'association naturelle entre parents issus d'un même ménage. Ce type de famille n'a rien à voir avec la tribu, non plus qu'avec la structure autoritaire et "monarchique" que connaissait l'Antiquité.
"Les peuples d'origine celtique, germanique, nordique, étaient donc de par leurs coutumes, et en dépit de moeurs rudes, relativement ouverts à la nouveauté des principes évangéliques.
"Le régime familial le disposait à reconnaître le caractère indissoluble de l'union de l'homme et de la femme, et chez les Francs par exemple, on constate que le wehrgeld, le prix du sang, est le même pour la femme et pour l'homme, ce qui implique un certain sens de l' égalité" (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 172).
Le mariage catholique
Egalité des droits dans le mariage catholique: une nouveauté historique améliorant la condition de la femme
"Or, à trois reprises, l'Evangile proclame: "Que l'homme ne sépare pas ce que Dieu a uni" (saint Matthieu V, 31-32 et XIX, 3-9; saint Luc XVI, 18; saint Marc X, 2-12). La foi chrétienne plus exigeante sur ce point que l'Ancien testament, établissait donc la permanence de l'union de l'homme et de la femme dans une égalité totale et réciproque.
L'Eglise au cours du temps aura donné, aux innombrables difficultés d'ordre pratique qu'entraîne cette prescription, des réponses qui ont souvent varié selon les circonstances, mais non quant au fond. Comme le remarque Gabriel Le Bras, dans la conclusion de sa longue étude (Le mariage dans la théologie et le droit de l'Eglise du XIe au XIIIe siècles, dans Cahiers de civilisation médiévale, XIe année, n°2, avril-juin 1968, p. 191-202. Se reporter aussi à son article Mariage dans le Dictionnaire de Théologie catholique, t. IX, col. 2044, 2317)): "Depuis les origines du chritianisme jusqu'à nos jours, la croyance fondamentale (l'égalité dans le mariage) n'a point changé. Le mariage est un (p. 173) sacrement institué par Dieu pour procurer à la famille les grâces nécessaires". A condition que le terme famille soit entendu dans son sens véritable (catholique), c'est-à-dire que l'on y considère autant le bien de chacune des personnes qui la composent (mari, femme et enfants) que celui de l'ensemble, cette définition est valable pour toute la Chrétienté.
C'est en cela que la conception chrétienne du mariage intéresse au premier chef l'histoire de la femme.
Cette égalité établie joue en sa faveur.
En un temps où l'on considère la femme comme la chose de l'homme, guère plus que l'esclave dans le monde romain, mieux protégée dans le monde "barbare", mais encore loin de l'égalité des droits, on imagine l'anomalie que peuvent constituer les affirmations évangéliques que reprend Saint Paul [2]... Car celui-ci que l'on présente souvent (aujourd'hui) comme misogyne et antiféministe convaincu, a certes multiplié à l'adresse des femmes des recommandations quant à la pudeur, au silence, à la modestie; ..."toutefois la femme n'est pas séparable de l'homme ni l'homme de la femme dans le Seigneur; car, de même que la femme a été tirée de l'homme, l’homme pareillement naît de la femme, et tout vient de Dieu" (Ière épître aux Corinthiens).
Il reste que nous mesurons mal aujourd'hui ce que pouvait avoir de totalement nouveau la symétrie absolue, l' égalité complète que suppose, tiré de la même épître, le résumé lapidaire qu'il (saint Paul) fait des obligations réciproques des deux conjoints dans le mariage:
"La femme n'est pas la maîtresse de son corps, il est à son mari. Le mari n'est pas davantage (p. 174) le maître de son corps, il est à la femme" (I Cor. VII, 4).
"On mesure la distance qui séparait cette conception (l' égalité)de celles (des conceptions) qui régnaient dans le monde (romain) d'alors, lorsqu'on se souvient que selon le droit romain, la fille, perpétuelle mineure, passe de la tutelle de son père à celle de (p. 175) son époux, et que la femme adultère doit être punie de mort, alors que l'adultère du mari n'est pas sanctionné (sinon très tard dans le Bas-Empire: III-Ve s. ap. J.-C.)" (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 172)
"Dans la vie quotidienne pourtant, le précepte se heurtait à de dures réalités (persistance du droit romain ou des coutumes barbares). Il reste que la doctrine chrétienne du mariage s'est édifiée peu à peu sur cette base fondamentale de l'union entre deux êtres sur un pied d' égalité [nouveauté alors révolutionnaire dans le monde encore imprégné de droit romain...], union indissoluble et comportant pour chacun des devoirs réciproques..." (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 174).
Honorabilité de la virginité comme du mariage
"...aux yeux des chrétiens, dès les débuts de l'Eglise, virginité et mariage sont également honorés.
"Dès le IIe siècle, saint Irénée de Lyon, face aux gnostiques, montrait que culpabiliser le mariage, voir dans la chair la cause du péché, était faire insulte au Créateur; plus encore, saint Paul donne au mariage un sens mystique: dans l'union de l'homme et de la femme, il voit le symbole de l'union du Christ et de l'Eglise. Telle est la conclusion qu'il développe dans l'épître aux Éphésiens (V, 22-33): "Que les femmes se soumettent à leur mari comme au Christ… Vous, les hommes, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l'Eglise…" (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 174).
Adoucissements apportées aux coutumes barbares
"Les adoucissements apportés aux coutumes "barbares" sont eux-mêmes significatifs... C'est ainsi qu'à la fin de l'époque franque, on ne reconnaît plus au mari le droit de tuer sa femme "que pour juste cause"... Pourtant, répétons-le, ces coutumes franques étaient, dès l'origine, comme les coutumes burgondes, les plus favorables à la femme que la plupart des autres coutumes, saxonnes par exemple, et plus tard normandes" (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 175).
Apparition du principe catholique de la liberté du consentement dans le mariage
"Aussi bien, le souci des hommes d'Eglise durant ce que l'on peut appeler la période franque, aux VIe-VIIe siècles, c’est non seulement d'adoucir les mœurs, mais aussi et surtout, tout en maintenant la stabilité du mariage, d'assurer aux futurs époux le libre consentement à l'union conjugale" (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 175).
"Dès le VIIIe siècle, l'Eglise a écarté le consentement des parents jusqu'alors considéré comme nécessaire pour la validité du mariage (entendons: des pères, père et mère). L'autorisation du père et de la mère ne paraît plus indispensable aux yeux de l'Eglise, et cela de moins à mesure que se dégage la valeur sacramentelle du mariage: ce sont l'époux et l'épouse qui sont les ministres du sacrement, le prêtre lui-même n'étant là que comme témoin. L'évolution est nette au cours du temps: à mesure qu'est mieux dégagé le sens du sacrement qui fait des époux eux-mêmes les ministres du mariage, on insiste sur l'importance de leur consentement réciproque aux dépens de l'approbation des pères et mères, de la famille, même aux dépens du prêtre dont la présence signifie seulement celle de l'Eglise entière et atteste le caractère sacré de l'union conjugale… D'abord un peu floue, hésitante et influencée durant les premiers siècles de l'Eglise par les habitudes normales et courantes dans le monde romain, la pratique du mariage s'affermit dès le VIIIe siècle lorsque l'on (p. 183) écarte le consentement des parents comme condition de validité. Elle est énoncée avec une grande clarté au XIIe siècle. L'historien du droit René Metz en a bien fait ressortir les principales étapes (René Metz, Le statut de la femme en droit canonique médiéval, dans le Recueil de la société Jean-Bodin sur La femme, IIe partie, t. XII, Bruxelles 1962, p. 59-113): avec un Hugues de Saint-Victor, un Pierre Lombard, l'Eglise dégage nettement que ce qui fait le mariage, c'est la volonté de chacun des époux de réaliser l'association conjugale (Dictionnaire de théologie catholique, t; IX, article 'Mariage')…" (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 182).
Régression du principe du libre consentement à la "Renaissance"
"Et c'est en réalité à une curieuse régression qu'on assistera dans la suite des temps. Car sous l'influence de la renaissance du droit romain, qui en Italie commence à se dessiner dès le XIIe siècle et en France passe dans les mœurs et dans la pratique juridique au XVIe siècle, des tendances se font jour qui restreignent la liberté des jeunes époux...
"Lors du Concile de Trente, en effet, on assiste à des joute oratoires très passionnées à propos du mariage, et les délégués français, porte-parole du pouvoir royal, se font remarquer parmi les plus acharnés pour combattre la liberté des époux et rétablir le consentement des parents en fait de mariage; lors des sessions qui se déroulèrent entre 1547 et 1562 sur le sujet, et qui allaient être reprises en 1563, l'influence de la délégation française fut vivement sentie; un édit de Henri II, dès 1556, avait donné aux parents le droit de déshériter ceux de leurs enfants qui se seraient mariés sans leur accord. C'était restituer, quoique partiellement, l'ancienne patria potestas, et il s'agissait d'obtenir de l'Eglise rassemblée qu'elle ratifie cette tendance, en réalité, on le voit, fort réactionnaire; ce qui fut acquis, en tout cas, c'est toute une législation nouvelle tendant à renforcer la publicité du mariage et à la rendre obligatoire pour sa validité.
"Dans les faits, cela revenait à amplifier aussi bien le rôle des parents que celui du prêtre: le mariage devait être célébré dans l'église par le curé des contractants ou un prêtre qu'il aurait autorisé, en présence d'au moins deux ou trois témoins; le prêtre désormais interroge chacun des époux, et reçoit leur consentement; c'est lui qui prononce les paroles de consécration suivies de la bénédiction nuptiale. On y ajoute le devoir pour ce curé de tenir correctement et régulièrement le registre paroissial, devenu de nos jours registre d'état civil.
"Sans renier les efforts des papes et des canonistes de l'époque féodale pour faire reconnaître que ce sont les époux eux-mêmes qui sont ministres du sacrement, ces diverses prescriptions restreignaient considérablement leur liberté; en concluant son étude, René Metz fait remarquer que "le droit canonique médiéval était plus féministe dans la pratique que ne l'est le droit canonique contemporain..." (il écrit cela en 1962...); il met l'accent sur la méfiance envers la femme qui perce dans la plupart des explications de juristes et canonistes entourant ces dispositions.
"Méfiances qui, du reste, s'étendent aux jeunes époux eux-mêmes, car dans le même temps se trouve reculé considérablement l'âge de la majorité qui détermine l'âge du mariage: (p. 186) pour les garçons, il est fixé à vingt ans, pour les filles à dix-huit ans, cela dans l'église universelle. En France, dans le même temps, l'âge de la majorité redevenait ce qu'il avait été à l'époque romaine: vingt-cinq ans, du moins pour les garçons, puisque le cas des filles était différent et qu'en fait elles n'étaient jamais majeures.
"Or, pendant la période féodale ce n'est pas sans quelques étonnements que nous constatons que les filles sont majeures dans la plupart des coutumes à l'âge de douze ans, les garçons à quatorze ans. Cette question de la majorité, fort importante en ce qui concerne justement la validité du mariage, et pour la vie en général au sein de la société, mérite qu'on y insiste; elle a un peu varié suivant les coutumes. Ainsi, dans certaines régions comme la Champagne, dans les familles nobles, la majorité est reculée à quinze ans pour les filles, dix-huit ans pour les garçons. Mais pour l'ensemble des familles roturières, les âges respectifs de douze et quatorze ans constituent l'usage normal" (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 184).
Détérioration de la situation de la femme dans l'administration des biens à la dite "Renaissance"
"Comme on le voit, la situation de la femme dans le mariage s'est considérablement détériorée entre les temps médiévaux et les temps classiques, et cela se manifeste notamment dans l'administration de ses biens.
Jean Portemer, qui a étudié le statut de la femme entre le XVIe siècle et la rédaction du Code civil, l'a souligné (Jean Portemer, Le statut de la femme en France depuis la réformation des coutumes jusqu'à la rédaction du Code civil, dans l'étude sur La femme, publiée par la société Jean-Bodin, IIe partie, t; XII, Bruxelles 1962, p. 447-497. Voir notamment les pages 454-455); il rappelle que, beaucoup plus sourcilleuse que celle de l'Eglise, la législation royale exige le consentement des parents au mariage, parfois jusqu'à l'âge de trente ans..." (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 188).
A la "Renaissance" la femme devient une personne beaucoup plus effacée de la scène juridique qu'un mineur (résurrection du droit romain)
Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 188:
"L'aggravation est sensible, conclut-il (Jean Portemer), par rapport aux siècles antérieurs où seule la communauté de biens, et non la femme elle-même, avait le mari pour seigneur et maître. Sa puissance, le mari l'exerce non pour protéger une incapable, mais dans son intérêt propre, à raison de sa qualité de supérieur et de chef de la société conjugale. Elle fait de la femme mariée, non 'une perpétuelle mineure', selon l'expression consacrée, mais en réalité une personne beaucoup plus effacée qu'un mineur de la scène juridique!". Un mineur peut agir validement dans quelques cas, alors que tous les actes de la femme sont frappés de nullité, s'ils n'ont été approuvés par le mari. Les juristes de l'Ancien Régime, tout imbus de droit romain, n'auront fait que renforcer ces dispositions (qui seront plus tard consacrées par le code Napoléon...)
… "Le mariage, en formant une société entre le mari et la femme dont le mari est le chef, donne au mari, en la qualité qu'il a de chef de cette société, un droit de puissance sur la personne de la femme qui s'étend aussi sur ses biens… La puissance du mari sur la personne de la femme consiste par le (p. 189) droit naturel dans le droit qu'a le mari d'exiger d'elle tous les devoirs de soumission qui sont dus à un supérieur, etc."
On se trouve loin, très loin de la mentalité des temps féodaux, celle où un Vincent de Beauvais, résumant des idées émises dès le VIIe siècle par Isidore de Séville, et reprises largement au XIIe siècle par Hugues de Saint-Victor, disait de la position de la femme par rapport à l'homme: "nec domina, nec ancilla, sed socia (ni maîtresse, ni servante, mais compagne)" [socia ayant le sens qui s'est conservé dans le terme associé].
C'est au XVIe siècle que la femme devient juridiquement une "incapable"...
"Le juriste Pierre Petot, qui a spécialement étudié le statut de la femme dans les pays coutumiers français (toujours dans le même recueil édité par la société Jean-Bodin, voir l'étude de Pierre Petot et André Vandenbossche, Le statut de la femme dans les pays coutumiers français du XIII au XVIIe siècle, IIe partie, t. XII, p. 243-254), fait remarquer que les intérêts pécuniaires de la femme même mariée sont au XIIIe siècle solidement protégés; elle demeure propriétaire de ses biens propres; le mari en a l'administration, la jouissance, ce qu'on appelle alors la saisine, c'est-à-dire l'usage, mais il ne peut en disposer; les biens de sa femme sont totalement inaliénables; en revanche, la femme mariée participe de droit à tout ce que le ménage peut acquérir et, en cas de décès de son époux, elle a la jouissance d'une partie des biens propres de celui-ci: la moitié dans les familles roturières, le tiers chez les nobles dans la plupart des coutumes; il relève aussi qu'une femme qui exerce un commerce peut témoigner en justice pour tout ce qui se rattache à l'exercice de ce commerce. Elle remplace sans autorisation préalable son mari s'il est absent ou empêché. Jusqu'à la fin du XVe siècle, en effet, elle jouit de ce qu'on appelle la "capacité juridique"; ce n'est qu'au XVIe siècle qu'elle devient juridiquement incapable, le contrôle du mari sur les actes de son épouse étant de plus en plus rigoureux: les actes de la femmes sont nuls si elle n'a pas obtenu l'autorisation de son époux. On suit parfaitement à travers les théories des juristes, notamment Tiraqueau et Dumoulin, cette progression du pouvoir marital qui aboutit à faire de la femme mariée une incapable, ce que consacrera au début du XIXe siècle le code Napoléon; il y (p. 190) avait là un retour au droit romain que les auteurs du chapitre consacré à la loi romaine dans l'ouvrage important de Crump et Jacobs sur le Legs du Moyen Age ont analysés non sans humour: Dialecticiens et juristes, disent-ils se sont efforcés de rattacher à la loi et à la pensée romaines des systèmes qui parfois étaient complètement étrangers, "leur désir de réconcilier toutes contradictions et de trouver l'autorité romaine en des solutions pratiques qui étaient l'inverse de celle des Romains a conduit à de puérils coupages de cheveux en quatre et à une grande inexactitude doctrinale".
"C'est néanmoins l'obsession qui a régné, dans les écoles de droit comme à l'université en général, et a eu pour effet de réduire à néant la maîtrise que la femme avait auparavant exercée sur ses biens. Tous les historiens du droit sont ici d'accord: "La femme séparée, par exemple, est moins favorisée [au XVIIe s.] qu'à la fin du Moyen Age, où non seulement elle recouvrait l'administration de ses biens (en cas de séparation), mais encore pouvait en disposer librement. Désormais, la puissance du marie est telle que, malgré sa disqualification, son autorisation est indispensable à sa femme quand celle-ci désire aliéner ses immeubles" (Jean Portemer).
"La question du droit de succession des femmes demanderait, elle aussi, de long développements: n'a-t-on pas, au début du XIVe siècle, invoqué certaine "loi salique" qui eût interdit à la femme de succéder aux fiefs, les hommes y étant seuls autorisés; effectivement, dans le droit franc primitif, (p. 191) telle était la coutume. Mais si l'on sait que dès le milieu du VIe siècle cette restriction est limitée au bien de famille héréditaire (ce que plus tard on nommera le "chef-manoir", la demeure principale); si l'on ajoute que, dès le règne de Childéric Ier (561-584), un édit fameux sous le nom d'édit de Neustrie transforme cette incapacité elle-même en un second rang de succession (c'est-à-dire que les filles peuvent succéder à défaut de fils, les sœurs à défaut de frères) et que, de toute façon, en dehors du manoir principal, les acquisitions de la famille sont également partagées entre filles et garçons; qu'enfin, dans la pratique, et toujours chez les roturiers, toutes discriminations cessent d'être impératives dès le VIIe siècle aussi bien chez les Francs, les Ripuaires que les Wisigoths, Burgondes, Alamans, Bavarois, etc., on jugera combien était spécieuse l'argumentation des légistes du XIVe siècle lorsqu'ils invoquaient solennellement la "loi salique" pour renforcer la première décision, prise par Philippe le Bel à la veille de sa mort, interdisant aux femmes de recueillir la succession de fiefs nobles! Nous aurons l'occasion d'en reparler à propos du pouvoir politique que la femme exerce pendant toute la période féodale.
"Pendant cette période aussi l'usage veut que, si la femme apporte une dot, le mari de son côté lui constitue ce que l'on appelle un douaire; et l'on constate, dans le cas, par exemple, des reines, qui jouissent d'un douaire important, qu'elles l'administrent elles-mêmes pendant la vie et après la mort de leur époux.
"Il n'était pas sans intérêt de s'étendre un peu sur une législation dont nous retrouvons à chaque instant la conséquence dans la vie économique du temps. On voit les femmes vendre, acheter, conclure des contrats, administrer des domaines, et finalement faire leur testament avec une liberté que seront loin d'avoir leurs sœurs du XVIe et plus encore des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles…" Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 189).
Le code civil supprimera encore des droits à la femme
Le Code civil de Napoléon Ier, plus romain que nature, aggravera encore cette situation...
La femme aujourd'hui
Aujourd'hui, les "féministes" travaillant soit-disant à la "libération" de la femme ne voient pas qu'elles détruisent l'image de la femme et ce que la femme a de plus précieux, sa dignité. Elles opèrent un incroyable retour en arrière, au-delà du "Moyen Age" tant décrié, pour redonner à la femme le statut qu'elle avait en pleine antiquité, celui d'une chose. C'est un peu caricaturer, mais il y a de cela lorsque l'on voit aujourd'hui ainsi dégradé l'image de la femme. Ces prétendues féministes ne voient pas qu'elles travaillent à l'affichage du corps féminin sur tous les écrans, sur toutes les affiches et sur toutes les publicités; la femme devient un pur objet de consommation dont il s'agit de cultiver l'image pour l'occasion, et celle d'une femme dite "libérée" tant qu'à faire... C'est le retour à la soumission et à l'esclavage pur et simple de la femme. C'est le retour à une barbarie que tant de siècles de civilisation chrétienne et de civilisation catholique, avait réussi à éradiquer. Voilà donc l'icnroyable retour en arrière que nous vante les féministes. Une régression inadmissible.
Ces féministes, ces femmes "libérées", toutes ces "féministes", ces "chiennes de garde" comme elle se targuent de s'appeler [...], de quoi ou de qui sont-elles libérées ? Ne sont-elles pas en réalité des véritables tue-l'Amour, de vraies sectaires endoctrinées, fanatisées, adeptes d'une "culture de mort", remplies d'égoïsme, d'égocentrisme et de nombrilisme ?
Depuis 1975 et la légalisation de l'avortement, c'est, à raison de 200 000 avortements par an, plus de six millions d'enfants qui ont été assassinés dans le ventre de leurs mères et à qui l'on a enlevé définitivement toute chance de vie et sans appel possible... Un génocide total du peuple français et au-delà, des peuples occidentaux plus particulièrement touchés par la culture de mort.
Le livre de Régine Pernoud: "La femme au temps des cathédrales"
(Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980.)
Introduction de l'auteur
"...l'idée d'étudier l'histoire de la femme m'était venue lorsque je travaillais à mon livre sur la bourgeoisie en France; une remarque s'est alors peu à peu imposée à moi: la place de la femme au sein de la société semblait en effet s'amenuiser dans la proportion où la puissance du bourgeois s'étendait, s'affermissait, où il joignait au pouvoir économique et administratif le pouvoir politique. Dès ce moment, à travers les soubresauts qui vont de l'Ancien Régime à l'avènement de la Monarchie de Juillet, la femme est tout à fait éclipsée de la scène. Les Mémoires d'une femme intelligente comme le fut Elisa Guizot attestent l'effacement désabusé qui est exigé d'elle.
"C'est donc une réaction naturelle qui m'amena, après des années passées à suivre le bourgeois de sa naissance aux temps modernes, à étudier la place de la femme dans la société, notamment aux époques qu'on pourrait appeler pré-bourgeoises, si le terme n'était pas trop restrictif: au temps d'Héloïse, d'Aliénor, de la reine Blanche de Castille, et même plus tard, lorsqu'entre en scène la femme la plus connue du monde: d'Arc Jeanne d'Arc.
"L'ensemble de son évolution fait penser à ces roues de Fortune où l'on voit un personnage qui monte, qui triomphe quelque temps, puis amorce sa descente pour retomber au plus bas. Selon cette image si familière à l'iconographie médiévale, l'apogée [de la place de la femme dans la société] correspondrait à l'Age féodal: du Xe à la fin du XIIIe siècle…. Les femmes exercent alors, incontestablement, une influence que n'ont pu avoir ni les belles frondeuses du XVIIe siècle, ni les sévères anarchistes du XIXe.
"Cette influence décroît manifestement durant les deux siècles suivants, ceux auxquels je réserve l'appellation de temps médiévaux. Les XIVe et XVe siècles représentent bien en effet un âge "moyen", au cours duquel la mentalité change, spécialement à l'égard de la femme. Et la roue de Fortune ne tarde pas à l'entraîner vers une éclipse dont elle émerge de nouveau en notre XXe siècle.
"Mais, le mouvement constaté, il était indispensable d'en chercher les origines: comment a-t-on pu passer du statut de la femme dans l'Antiquité classique gréco-romaine, voire dans le passé celtique et germanique, à celui de l'Age féodal? D'où est venue cette mutation évidente, encore que lente à s'imposer dans les mœurs (mais l'historien sait, d'expérience, combien toute nouveauté met de temps à s'imposer, et qu'une maturation est nécessaire, inexorablement, du germe au fruit)?" (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 7-8).
Clotilde (p.13)
C'est avec l'arrivée d'une femme que notre histoire devient l'histoire de France.
"C'est avec l'arrivée d'une femme que notre histoire devient l'histoire de France. Clovis, roi des Francs Saliens, qui originaires des environs de Tournai, ont conquis une bonne partie du nord de la Gaule, envoie chercher à Genève, pour en faire son épouse, Clotilde, nièce de Gondebaud, roi des Burgondes" (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 13).
"À l'occasion d'une des nombreuses ambassades envoyées par Clovis en Burgondie", écrit Grégoire de Tours, l'historien de ces Francs qui vont "faire la France", "ses envoyés rencontrèrent la jeune Clotilde. Ils informèrent Clovis de la grâce et de la sagesse qu'ils constatèrent en elle et des renseignements qu'ils avaient recueillis sur son origine royale. Sans tarder, il la fit demander en mariage à Gondebaud; celui-ci[…] la remit aux envoyés, qui se hâtèrent de l'amener à Clovis. À sa vue, le roi fut enchanté et l'épousa, bien qu'une concubine lui eût déjà donné auparavant un fils, Thierry".
"Lorsqu'en étudie l'histoire de l'Occident, il est frappant de voir à quel point elle a été masculine jusqu'à ce Ve siècle...
"Combien de femmes pourrait-on citer à travers les siècles d'existence de Rome et de sa domination ? Certes, on a retenu le nom d'Agrippine, la mère de Néron, mais elle le doit plus à Racine qu'à Tacite. De nombreuses monnaies portent l'effigie de Faustine, mais que sait-on d'elle ? Les manuels d'histoire romaine qu'on infligeait jadis aux (p. 14) écoliers, si prolixes pourtant sur la civilisation antique, ne mentionnaient même pas cette impératrice qui n'a pour elle que son profil de médaille.
"Avec Clotilde, la présence de la femme se fait évidente, et son influence certaine; cette jeune fille, qui vient du territoire des Helvètes, est de famille royale; ses parents règnent sur la Burgondie (notre future Bourgogne). Tous les historiens ont relevé le rôle capital qu'elle joue en obtenant de son époux païen qu'il se convertisse à la foi chrétienne. Le baptême de Clovis, pour les érudits les plus scrupuleux comme pour les chroniqueurs les plus divagants, reste le premier jalon de notre histoire, et sa représentation au faîte de la cathédrale de Reims a traversé les siècles. Or, c'est une femme qui l'a obtenu. Décision essentielle dans la mesure où l'ensemble du peuple sur lequel Clovis, par ses victoires successives, va peu à peu exercer une suprématie (peut-être plus nominale que réelle, mais qui lui donnera une première fois son unité) est chrétien. Le pouvoir laïc, celui de l'empereur romain, force militaire ou administration civile, s'est disloqué et effondré au cours du Ve siècle; seule l'organisation religieuse, celle qui d'une cité à l'autre relie entre eux les évêques et à travers eux l'ensemble d'un peuple dont l'évangélisation avait été acquise dès le siècle précédent.
"Cette conversion a donc à la fois un caractère religieux et politique. Clotilde ne l'aura pourtant pas arrachée sans peine.
"Grégoire de Tours nous fait part successivement de ses supplications, de ses échecs, des méfiances du roi. Telle que nous l'a transmise l'historien, l'argumentation de la reine auprès du païen,a dorant les idoles, n'est pas sans intérêt: "Les dieux que vous vénérez ne sont rien, incapables qu'ils sont de se subvenir ni de pourvoir aux besoins d'autrui. Ce sont des idoles de bois, de pierre ou de métal… Ce sont des magiciens, leur pouvoir n'est pas d'origine divine. Le Dieu à qui il faut rendre un culte, c'est celui dont la parole a tiré du néant le ciel, la terre, la mer et tout ce qu'ils renferment… C'est par un effet de sa volonté que les champs produisent (p. 15) des récoltes, les arbres des fruits, les vignes des raisins; c'est de sa main que le genre humain a été créé. Grâce à sa libéralité, la création tout entière est au service de l'homme, lui est soumise et le comble de ses bienfaits". Clovis hésite, veut "une preuve" de la divinité de ce Dieu, une preuve de puissance. Et ce qui va se passer est déchirant pour Clotilde: elle a un premier fils; elle insiste pour qu'il soit baptisé et, devançant l'approbation de Clovis, elle fait, dit Grégoire de Tours, "tapisser l'église de voiles et de tentures pour que le rite incite à la croyance celui que ses paroles ne réussissaient pas à toucher". Clovis, certainement, est sensible à la beauté des choses; il le prouvera plus tard lorsque, entrant dans l'église de Reims, il s'arrêtera interdit sur le seuil, demandant si c'est cela le paradis. L'enfant est donc baptisé et reçoit le nom d'Ingomer; or, il meurt quelques jours après.
La réaction de Clotilde que nous transmet Grégoire de Tours dément de manière écrasante nos préjugés concernant ces époques "superstitieuses": durement atteinte par la mort de son fils, par le courroux de son époux, l'un et l'autre anéantissant ses souhaits les plus ardents, elle déclare sereinement: "Je remercie Dieu Tout-Puissant, créateur de toutes choses, qui a fait à mon indignité l'honneur d'ouvrir son royaume à celui que j'ai engendré. Mon âme n'a pas été atteinte par la douleur, car, je le sais, enlevé de ce monde dans l'innocence baptismale, mon fils se nourrit de la contemplation de Dieu".
Quelque temps après, Clotilde met au monde un autre fils, Clodomir; elle le fait baptiser comme le premier; comme celui-ci, il tombe malade peu après; mais, ajoute le chroniqueur, "grâce aux prières de sa mère, l'enfant se rétablit sur l'ordre du Seigneur".
Ce n'est que plus tard, et après une épreuve personnelle où sa propre force s'est trouvée en échec, que Clovis invoquera "le Dieu de Clotilde" et demandera le baptême. Inutile de s'étendre sur cette scène maintes fois racontée, sinon pour souligner la présence de Clotilde auprès de la cuve baptismale où son époux est plongé, recevant l'onction et l'eau sainte des mains de l'évêque saint Rémi.
(p. 17) … S'il y avait à Paris une personnalité célèbre, c'était bien la Vierge de Nanterre, Geneviève. Née vers 422, Geneviève a près de soixante-dix ans au moment où Clotilde épouse Clovis, mais elle ne mourra qu'un an après Clovis lui-même, le 3 janvier 512, à quatre-vingt-neuf ans.
Clotilde et Clovis rencontrent Geneviève alors qu'elle mène, dans une petite maison proche de l'ancien baptistère de Saint-Jean-le-Rond, la vie des recluses – celles que nous appellerions des religieuses cloîtrées. Trois fois par jour, elle quitte sa demeure pour se rendre à l'église proche y chanter l'office. Vie toute de silence et de prières, de retraite et d'effacement: les recluses font un long carême de l'Épiphanie à Pâques, et l'on n'entend alors d'elles que le chant des psaumes, lorqu'elles se réunissent à l'église. Pourtant Geneviève en une circonstance, a élevé la voix; c'était en 451 – elle avait vingt-huit ans – au moment où la population de Paris, affolée à l'approche des Huns, s'apprêtait à quitter la ville dans un de ces exodes lamentables que notre XXe s. peut mieux qu'un autre imaginer. Les Huns sont des envahisseurs terrifiants, plus terrifiants encore que ceux que nous avons connus en notre temps; ils font partie de ces Mongols contre lesquels les Chinois ont édifié la Grande Muraille; devant eux avaient fui la plupart de ces "peuples barbares" qui au Ve siècle se répartissaient sur tout notre territoire, et c'est à la poussée des Mongols qu'on attribue leur vaste mouvement de migrations.
Rôle actif des femmes dans l'évangélisation de l'Europe
"A la suite d'Attila donc, les Huns se dirigeaient vers Paris, après avoir brûlé, le 10 avril précédent, veille de Pâques, la cité de Metz. Or, Sainte Geneviève, devant la porte de son baptistère, exhorte la population à ne pas fuir, promettant à tous que les Huns n'entreraient pas dans leur ville. La prophétie, sur le moment, parut si insensée que quelques-uns s'en prirent à Geneviève; on menace de la jeter dans la Seine; Geneviève tient tête, empêche la population de courir à ce qui eût été son propre désastre – et les évènements lui donnent raison. Les Huns, repoussés devant Orléans et devant Troyes grâce à la résolution des évêques Aignan et (p. 18) Loup qui ont soutenu le courage des assiégés, sont définitivement vaincus dans cette bataille fameuse du Campus Mauriaci (sans doute Méry-sur-Seine). Dès lors, dans tout le monde connu, on parle de Geneviève… Jusqu'en Syrie: on sait de façon certaine que Siméon Stylite, l'ermite à la colonne, a chargé des marchands syriens de saluer pour lui la vierge Geneviève, quand ils parviendront à Paris.
"Il est extraordinaire de constater le rôle actif que les femmes jouent dans le domaine de l'évangélisation, en ce temps où l'Occident hésite entre le paganisme, arianisme et foi chrétienne. Sous cette influence, Clovis s'était singularisé parmi les barbares en se faisant baptiser dans la communion avec Rome, alors qu'autour de lui Ostrogoths, Wisigoths, Vandales, Burgondes avaient embrassé l'hérésie d'Arius, laquelle, née deux siècles plus tôt, s'était propagée non seulement en Orient, à Byzance, où plusieurs empereurs l'avaient adoptée, mais encore en Occident parmi les vastes populations "barbares".
"En ce VI e siècle, Clotilde n'est pas une isolée: en Italie, Théodelinde, une Bavaroise, qui épouse le roi lombard Agilulf, arien lui aussi, parvient à faire donner le baptême catholique à leur fils Adaloald; la conversion de l'Italie du Nord à la foi chrétienne sera plus ou moins le prolongement de cette action d'une femme. En Espagne, le duc de Tolède, Léovigilde, restaure l'autorité royale et épouse en 573 la catholique Théodosia, qui le convertit au catholicisme. Précisons qu'elle a de qui tenir, puisqu'elle est la sœur de trois évêques: Léandre, Fulgence et le grand Isidore de Séville. Quelque vingt ans plus tard, en 597, Berthe de Kent obtiendra en Angleterre du roi Ethelbert qu'il se fasse baptiser. [Et cette action des femmes est à peu près simultanée dans notre Occident].
"C’est résumer un double fait de civilisation: à la fois (p. 19) l'entrée des femmes dans l'histoire lorsque se développe la foi chrétienne et le zèle qu'elles manifestent pour implanter celle-ci. Aux pays énumérés, il faudrait en effet ajouter la Germanie, où des religieuses ont été les ardentes auxiliaires de saint Boniface, et jusqu'à la Russie, où la première baptisée fut Olga, princesse de Kiev, tandis que plus tard les pays baltes devront leur conversion à Hedwige de Pologne. Partout, on constate le lien entre la femme et l'Évangile si l'on suit, étape par étape, évènements et peuples dans leur vie concrète.
"À se demander s'il n'y aurait pas là, en effet, plus qu'une coïncidence.
(Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 17-19).
Un nouveau type de femme: la religieuse (p. 33)
"L'une des premières fondations que l'on doive mentionner est celle du monastère Sainte-Croix de Poitiers où allaient naître les premiers signes, les premiers accents de ce qui sera la tradition courtoise, hors de laquelle on ne peut comprendre ni la littérature ni la civilisation féodales.
"Son histoire commence par les mésaventures de la reine Radegonde. Fille du roi de Thuringe Berthaire, elle avait été emmenée comme esclave à la cour du roi franc Clotaire Ier, en même temps que son jeune frère; sa beauté ne tarda pas à la faire remarquer par le roi, qui l'épousa; mais quelque temps après, Clotaire, dans un accès de fureur, faisait massacrer le frère de Radegonde, et celle-ci s'enfuit, d'abord à Soissons auprès de l'évêque Médard qui était honoré comme un saint, puis bientôt à Poitiers, dans le monastère qu'elle-même avait fondé... Clotaire devait tenter en vain de la faire revenir au foyer conjugal [...]; à sa mort, Radegonde prit le voile dans ce même monastère Sainte-Croix où elle vivait dans la retraite, entourée d'un renom de sainteté qui la rendait célèbre dans toute la Gaule. Avec Agnès, l'abbesse du couvent, sa fille spirituelle, elle se rendit à Arles pour étudier la règle de saint Césaire; un exemplaire de cette règle fut rédigé à leur intention par l'abbesse Liliola qui confia le manuscrit au roi franc Chilpéric pour qu'il le remît lui-même au monastère Sainte-Croix, l'an 570.
"Venance Fortunat était alors intendant de Sainte-Croix de Poitiers. Ce poète, qui devait marquer d'une trace si profonde les lettres de l'époque, était né près de Trévise à Valdobiadene, vers 530; il avait fréquenté les écoles d'Aquilée (p. 40) et de Ravenne. Pénétré de poésie antique, celle de Virgile, d'Ovide, il représentait une culture raffinée, encore florissante en Italie, mais qui ne trouvait guère de représentants ailleurs, en ce temps où l'Empire romain s'était effondré et avec lui les restes de la culture qu'il portait. En 565, menacé de cécité, Fortunat entreprend un pèlerinage sur la tombe de Martin de Tours... En Gaule, il ne tarda pas à devenir un peu le poète officiel, se signalant d'abord par un long épithalame à l'occasion du mariage du roi d'Austrasie Sigebert avec Brunehaut, à Metz, en 566. Désormais, tous les évènements officiels à la cour des rois francs seront l'occasion de faire appel au talent de Fortunat, qu'ils 'agisse de festin de noces ou de consolations pour des morts. On a tout dit sur les mœurs brutales à la cour des rois francs – où s'illustra dans ce domaine la terrible Frédégonde – sans mentionner toujours qu'un courant poétique n'y circulait pas moins, stimulé en particulier par les femmes et aussi, notons-le, par les évêques; c'est ainsi que Fortunat devint rapidement le correspondant de Grégoire de Tours et de l'évêque Léonce de Bordeaux; la liste est longue de ses messages adressés à des prélats ou gens d'Eglise pour lesquels il composa aussi des épitaphes en vers.
"Fortunat ne tarde pas à être attiré par la réputation de la reine Radegonde; il arrive à Poitiers en 567, entre dans les ordres, et assure l'intendance du couvent de Sainte-Croix avant d'en devenir l'aumônier vers 576; il compose pour (p. 41) Radegonde et pour Agnès des poèmes qui allaient assurer son renom; c'est à leur demande aussi qu'il rédige les deux hymnes Pange lingua gloriosi et Vexilla Regis prodeunt, qu'on continua de chanter dans l'Eglise jusqu'au Xe siècle, 1500 ans après leur création…
"Ce sont déjà des poèmes courtois que Fortunat adresse à la reine et à l'abbesse, pénétrés d'admiration, d'amour, de respect. Reto Bezolla a montré combien ces sentiments nouveaux doivent au culte de la Vierge, si important dans les cinq premiers siècles chrétiens, qui mène à une vision inédite de la femme, destinée à s'épanouir aux temps féodaux (Reto Bezzola, Les Origines et la Formation de la littérature courtoise en Occident, Bibliothèque de l'Ecole des hautes études, fasc. 286, Paris 1958-1963, 5 vol., grand in-8°. Voir en particulier t. Ier, p. 55 et suiv.).
"À l'occasion de la consécration d'Agnès comme abbesse du couvent (elle n'avait guère plus de vingt ans), Fortunat salue en elle la vierge, la mère, la dame: virgo, mater, domina, ces noms mêmes dont on salue la Vierge Marie.
"Autrement dit, on peut voir dans cette abbaye Sainte-Croix de poitiers une première esquisse de ce que sera dans la poésie courtoise l'idéal de la femme, et en la reine Radegonde la première de ces dames qui, tout en inspirant la poésie, ont influé sur leur temps et l'ont pénétré d'une douceur nouvelle.
"La géographie des moniales comporte pour le VIe s. en France, en dehors de Saint-Jean d'Arles et Sainte-Croix de (p. 42) Poitiers, deux monastères, l'un aux Andelys institué par la reine Clotilde, l'autre à Tours par une noble dame nommée Ingetrude et sa fille Berthegonde; cette dernière étant déjà mariée dut d'ailleurs, sous menace d'excommunication, regagner le foyer conjugal…
"Au siècle suivant, on note, entre autres, dans la partie Nord de la France, le monastère de Chelles fondé par la reine Bathilde qui, comme Radegonde, était une ancienne captive, renommée pour son extrême beauté; cette Anglaise, devenue la femme du roi Clovis II, devait faire la preuve de ses qualités d'administratrice en le remplaçant à la tête du royaume lorsque, terrassé par la maladie, il devint incapable de gouverner. Bathilde se retira ensuite dans son couvent de Chelles. Cette abbaye aura, près de cent ans plus tard, pour abbesse la sœur de Charlemagne, Gisèle, une femme lettrée qui sera en rapport avec le savant Alcuin, lequel lui dédie quelques-uns de ses ouvrages, et aussi avec Théodulfe, l'évêque d'Orléans, qui lui fait cadeau d'un précieux psautier; en cette époque où l'on aime les surnoms poétiques, Gisèle sera appelée Lucia, selon l'usage de l'académie Palatine dont l'empereur fait un instrument de renouveau pour la culture qu'il entend favoriser" (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 39-42)
Les femmes et l'éducation (p. 53)
Dhuoda, Manuel pour mon fils
"Pendant des années, les jeunes Français ont appris à l'école que le plus ancien traité d'éducation était dû à Rabelais, suivi de près par Montaigne. Personne ne s'avisait de leur parler de Dhuoda.
"Et pour cause: le nom de Dhuoda n'a été pendant fort longtemps connu que de rares spécialistes du haut Moyen Age. Aujourd'hui, son Manuel pour mon fils est traduit et publié, dans une édition commode (Dhuoda, Manuel pour mon fils. Introduction, texte critique, notes, par Pierre Riché. Traduction par Bernard de Vregille et Claude Mondésert. Coll. "Sources chrétiennes", N° 225, Paris, éd. Du Cerf, 1975).
"Pierre Riché, à qui l'on doit cette initiative, fait remarquer que "c'est la seule œuvre littéraire de ce genre". C'est en tout cas, et de beaucoup, le plus ancien traité d'éducation, puisqu'il fut composé au milieu du IXe siècle (très exactement entre le 30 novembre 841 et le 2 février 843). Qu'il fût l'œuvre d'une femme n'a rien à la réflexion de très surprenant: les questions d'éducation ne sont-elles pas au premier chef du ressort de la femme ?
"Celle qui a porté et nourri l'enfant ne serait-elle pas plus douée que quiconque pour savoir d'instinct comment lui faciliter la pleine maturité, lui permettre d'acquérir sa personnalité propre, de se "réaliser" ?
"C'est en tout cas un témoignage infiniment précieux sur la mentalité et le degré de culture en ce IXe siècle encore si obscur pour nous…
"Dhuoda appartenait à une noble famille, peut-être même à la famille impériale; comme elle a environ quarante ans lorsqu'elle écrit, elle a pu connaître Charlemagne dans son enfance. En 841, l'année où elle entreprend la rédaction de son ouvrage, l'Empire se disloque; le fils de Charlemagne, ce Louis Ier le Pieux, qu'autrefois on surnommait si bien "le Débonnaire", a vu ses enfants se révolter contre son autorité. Après sa mort, en juin 840, ils se disputent le pouvoir. Dhuoda commence à écrire l'année même de la bataille de Fontenay-en Puisaye (22 juin 841), laquelle ne règle pas le conflit entre les trois fils: Charles II qu'on appelle le Chauve, Louis II de Germanie qu'on dit le Germanique et Lothaire qui revendique l'Empire; sans parler de Pépin qui, lui, a reçu l'Aquitaine en partage. C'est même à cette occasion que seront prononcés les fameux serments de Strasbourg en 842, qui lient les soldats de Louis et ceux de Charles; c'est le premier texte en langue française qu'on appelle romane, et en langue allemande qu'on nommera plus tard le haut-allemand. Il fallait bien que les soldats des deux camps puissent comprendre à quoi leur serment les engageait! Dhuoda, elle, écrit en latin, qui reste la langue des gens cultivés" (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 54).
Le premier des principes
"Le premier des principes que Dhuoda pose? Aimer: "Aime Dieu, cherche Dieu, aime ton petit frère, aime les amis et les compagnons au milieu desquels tu vis à la cour royale ou impériale, aime les pauvres et les malheureux", enfin "aime tout le monde pour être aimé de tous, chéris-les pour en être chéri; si tu les aimes tous, tous t'aimeront; si tu aimes chacun, ils t'aimeront tous"; et encore: "Quant à toi, mon fils Guillaume, chéris et reconnais celui ou ceux de qui tu désires être reconnu; aime, vénère, accueille et honore tout le monde afin que tu mérites de recevoir de tous la réciprocité" (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 56-57)
La Bible, fondement de tout savoir
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"L'amour, cette invention du XIIe siècle…"
"Je tiens pour certain que tous les biens de cette vie sont donnés par Dieu pour faire votre volonté et celles des autres dames. Il est évident et pour ma raison absolument clair que les hommes ne sont rien, qu'ils sont incapables de boire à la source du bien s'ils ne sont pas mus par les femmes. Toutefois, les femmes étant l'origine et la cause de tout bien, et Dieu leur ayant donné une si grande prérogative, il faut bien qu'elles se montrent telles que la vertu de ceux qui font le bien incite les autres à en faire autant; si leur lumière n'éclaire personne, elle sera comme la bougie dans les ténèbres (éteinte), qui ne chasse ni n'attire personne. Ainsi il est manifeste que chacun doit s'efforcer de servir les dames afin qu'il puisse être illuminé de leur grâce; et elles doivent faire de leur mieux pour conserver les cœurs des bons dans les bonnes actions et honorer les bons pour leur mérite. Parce que tout le bien que font les êtres vivants est fait par l'amour des femmes, pour être loué par elles, et pouvoir se vanter des dons qu'elles font, sans lesquels rien n'est fait dans cette vie qui soit digne d'éloge".
"Cette pétition de principe est lancée dans un ouvrage bien connu, reflétant parfaitement la mentalité du XIIe siècle, le Traité de l'amour d'André le Chapelain: ouvrage savant, rédigé en latin par un clerc attaché à la comtesse Marie de Champagne, fille d'Aliénor d'Aquitaine et de son premier époux, le roi de France Louis VII; ouvrage, ajoutons-le, assez déroutant pour nous. Il se dit inspiré de l' Art d'aimer (p. 112) d'Ovide, mais ses conceptions n'ont plus grand-chose à voir avec celles du poète antique et prennent leur source uniquement dans les usages de la société féodale. Le nœud, la page essentielle, qui fait le centre de l'ouvrage, est probablement ce tableau élaboré par Le Chapelain, d'un Palais d'amour au milieu du monde, où trône l'amour. Trois portes dans ce palais, devant lesquelles sont groupées les dames: devant la première, celles qui écoutent la voix d'amour; devant la seconde, celles qui refusent de l'écouter; devant la troisième, celles qui n'écoutent que le désir, qui sont mues seulement par la sexualité. Seules les premières sont honorées par les chevaliers; les autres sont abandonnées à leur sort. "Seules les femmes qui entrent dans l'ordre de la chevalerie d'amour sont jugées dignes d'éloges par les hommes et pour leur probité sont renommées dans toutes les cours. Tout ce qu'on voit s'accomplir de grand dans le siècle est inconcevable s'il ne tire son origine de l'amour..." (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 111).
La courtoisie: la dame, "éducatrice de l'Occident"
"Ces "œuvres de courtoisie", quelles sont-elles ? …Qu'est-ce que la courtoisie ? Que doit-on faire pour être courtois et répondre aux exigences de l'étrange doctrine à travers laquelle s'expriment les cœurs et les coutumes de toute une société ? A trois reprises André le Chapelain revient sur la question et énonce règles et théories de cet art délicat.
"Une première fois – et c'est tout à fait significatif – une noble dame explique à un homme du peuple, donc de condition inférieure à elle, ce qu'il doit faire, quelle conduite tenir s'il veut mériter son amour.
"Ici se révèle pleinement la dame éducatrice de l'Occident, et sous un jour inattendu puisque dans la société féodale, qu'on sait par ailleurs (p. 113) très hiérarchisée, le premier énoncé des règles de la courtoisie se trouve précisément combler la distance entre la "haute dame" et l'"homme du commun".
"La première des 'œuvres de courtoisie', c'est ce que la dame appelle la largesse (la générosité): "Qui veut être jugé digne de militer dans l'armée d'amour, il doit d'abord n'avoir aucune trace d'avarice, mais de répandre en largesses et autant que possible étendre cette largesse à tous". Entendons, bien sûr, générosité morale autant que matérielle: celui qui veut être un amant véritable selon les règles de courtoisie doit révérer son seigneur, ne jamais blasphémer Dieu ni les saints, être humble envers tous et servir tout le monde, ne dire du mal de personne (les médisants sont exclus des châteaux de courtoisie), ne pas mentir, ne se moquer de personne, surtout pas des malheureux, éviter les querelles, et faire son possible pour réconcilier ceux qui se disputent. On lui concède, en fait de distractions, le jeu de dés, mais avec modération: qu'il lise plutôt, qu'il étudie ou se fasse raconter les hauts faits des anciens. Il lui faut aussi être courageux, hardi, ingénieux. Il ne doit pas être l'amant de plusieurs femmes, mais le serviteur dévoué d'une seule. Il doit se vêtir et se parer de façon raisonnable, être sage, aimable et doux envers tout le monde.
"Une seconde fois, André le Chapelain répète les règles d'amour, mais alors sous forme de douze sentences énoncées par le roi d'amour lui-même.
"Enfin elles sont redites une troisième fois, à l'occasion d'un conte que tient une large partie de l'ouvrage; André le Chapelain y détaille les aventures d'un chevalier de Bretagne qui, à la cour du roi Arthur, après sa victoire dans les épreuves qu'on lui a imposées, en a recueilli le prix. C'est ce qu'il nomme le prix de l'Epervier: de la perche de l'épervier, il a détaché une charte, où est inscrite la règle d'amour. Le ton en est à peu près le même:
I. Le mariage n'est pas une excuse valable pour ne pas aimer.
II. Qui n'est pas jaloux ne peut aimer.
III. Personne ne peut être lié par deux amours.
IV. L'amour croît ou diminue sans cesse.
V. (p. 114) Ce qu'un amant prend de l'autre contre sa volonté n'a pas de saveur, etc.
"Il est aussi question de l'avarice, de ce qu'on ne peut aimer une personne qu'on ne pourrait épouser, que celui qui aime doit en garder le secret, qu'un amour facile est méprisable, que la difficulté en augmente le prix, que "Amour ne peut rien refuser à l'amour"…
"… Il ne manque pas d'insister sur un aspect de l'amour courtois: à savoir que la noblesse véritable est celle des mœurs et des manières, et qu'elle vaut infiniment plus en courtoisie que celle de la naissance: celui ou celle qui est prié d'amour ne doit pas demander si celui qui l'aime est noble ou non de naissance, mais s'il l'emporte sur les autres en bonnes mœurs et en "probité". Ce terme qui revient maintes fois, s'applique à celui ou celle qui a fait la preuve de sa valeur. A plusieurs reprises cette noblesse de courtoisie reviendra dans les dialogues imaginaires du Traité de l'amour. C'est l'un des thèmes fondamentaux de la courtoisie que l'amour vrai affine l'homme et la femme et que les obstacles rencontrés ne font qu'exalter leur noblesse et leur valeur. Il est bien clair aux yeux du Chapelain "qu'il convient mieux à qui est noble dans ses mœurs de se choisir un amant de mœurs nobles que de chercher quelqu'un de haut placé, mais "inculte" et à l'inverse, il s'indigne contre les femmes qui se donnent le nom de dame, de demoiselle "seulement parce qu'elles sont d'origine noble ou épouses d'un gentilhomme; mais ajoute-t-il, la seule sagesse et la noblesse des mœurs rendent la femme digne d'un tel titre".
"(p. 115) Ainsi, née dans les cours, c'est-à-dire au château, la courtoisie n'est pourtant pas seulement affaire de naissance; bien plutôt de manières, d'éducation, d'une finesse acquise et que l'amour développe parce que c'est essentiellement l'amour qui l'a suscitée.
"Le Traité de l'Amour d'André le Chapelain est un guide sûr pour connaître la courtoisie, ses exigences, ses préceptes et ses usages (ce serait le manifeste de la courtoisie). Mais ce n'est pas, tant s'en faut, l'unique source.
"A parcourir les lettres du temps, on trouve, sous les formes les plus variées, de la poésie la plus haute aux simples divertissements, le témoignage de ce qui oriente toute une société, lui donne sa teinte originale, la marque comme un sceau. C'est encore et toujours la courtoisie, ou si l'on préfère la chevalerie, qui s'exprime dans les cours d'amour.
"Qu'étaient ces fameuses cours d'amour ? … (p. 116) tous les textes du temps les (femmes) montrent exerçant dans ces cours les fonctions de "juge"… On pourrait se demander s'il ne s'agissait pas simplement d'une sorte de jeu de société, et de société surtout féminine.
"C'est d'ailleurs principalement par l'ouvrage d'André le Chapelain que nous connaissons les cours d'amour; il rapporte plusieurs jugements émis par de hautes dames qui nous sont bien connues historiquement, comme Aliénor d'Aquitaine, Adèle de Champagne, Ermengarde de Narbonne ou encore Marie de Champagne, fille d'Aliénor, laquelle eut, comme sa mère, un rôle de premier plan dans les milieux littéraires du temps et exerça sur les lettres et la vie en général, dans les cours, une influence profonde. Et il a fallu une singulière méconnaissance de la vie aux temps féodaux pour que puissent circuler des erreurs comme celles auxquelles nous avons fait allusion. En réalité il en est de la "cour" et du "jugement" comme de l'hommage féodal. L'une des fonctions du seigneur était de rendre la justice; c'était même sa fonction essentielle après la défense du domaine et de "ses hommes", ceux qui lui étaient attachés par un lien personnel.
"Aussi a-t-on imaginé la dame exerçant, à l'image du seigneur, une sorte de fonction judiciaire en ce domaine, attirant entre tous, de la relation amoureuse. Le jugement d'amour, la cour d'amour, sont les compléments et équivalents de la fidélité, de l'hommage vassalique, tels que les exprime aussi la poésie des troubadours; que ces jugements soient rendus par des femmes montre seulement à quel point la transformation de la femme en suzeraine était familière à la mentalité du temps.
"En ces jugements émis dans les cours d'amour répondent aux règles énoncées dans l'ouvrage d'André le Chapelain. Ils développent toute une casuistique amoureuse: un cas suscite un débat suivi de jugement. Imitation, presque parodique, de la cour de justice, dans laquelle d'ailleurs plus d'une fois des femmes ont joué effectivement le rôle du juge lorsqu'elles se trouvaient à la tête d'un domaine seigneurial (p.117) comme ce fut le cas pour Aliénor ou pour Blanche de Castille... Dames et chevaliers examinent les cas qui leur sont soumis, en discutent et recourent au besoin à l'arbitrage de ceux, ou surtout de celles, qui sont réputés les plus experts en courtoisie, cette forme haute et raffinée des rapports amoureux…
"L'une des dames énonce un cas, par exemple l'un de ceux que cite André le Chapelain: "Quelqu'un qui jouit d'un amour comblé demande avec insistance l'amour d'une autre femme, tout comme s'il était libre de son premier amour; celle-ci lui accorde pleinement les désirs de son cœur, qu'il lui avait demandés de façon fort pressante. Lui, une fois pris le fruit de son ardeur, requiert à nouveau les faveurs de la première dame et se refuse à la seconde. Quelle doit être la sanction pour cet homme criminel ?" Entre autres jugements, le Chapelain a retenu celui de la comtesse de Flandre: "L'homme (p. 118) qui a usé d'une pareille fraude mérite d'être entièrement privé de l'amour de toutes les deux et ne doit plus jouir à l'avenir des faveurs d'aucune honnête femme, car c'est la volupté désordonnée qui règne en lui, volupté qui est absolument ennemie de l'amour".
"Autre question: l'absence. "L'absence ne doit pas être empêchement à l'amour, s'accorde-t-on à répondre, et l'amante dont l'amant est absent serait gravement coupable si elle le trompait pendant ce temps; le fait qu'elle ne lui envoie ni lettre ni message peut être seulement une ruse de femme pour éprouver l'amour de cet homme lorsqu'il est au loin; cela peut être aussi prudence pour elle, dans la crainte que quelqu'un n'aille ouvrir ses lettres et découvrir leur amour".
"… (p. 119) Il y a l'amour conjugal, un liens table, et auquel – Marie de Champagne y insiste – ni l'un ni l'autre des époux ne doit se dérober, et il y a cette autre forme d'amour dont il est dit expressément que rien ne lui nuit plus que la volupté, et qui se somme courtoisie. En ce domaine, la femme règne, commande, exige; elle porte des ordonnances et des jugements; les uns et les autres supposent de la part de ceux qui l'entourent une forme de soumission, une observance amoureuse sans défaut, mais encore un raffinement, dans les mœurs et l'expression, qui incite à se dépasser continuellement; la courtoisie est comme un état second de l'amour; elle implique en tout cas que l'on distingue ce qui mérite le nom d'amour de ce qui, dans l'état de mariage ou dans les relations extra-conjugales, est uniquement sexualité.
"(p. 122) Car tel est le trait essentiel de la poésie courtoise: née dans la société féodale, elle en est l'émanation. L'essence même du lien féodal, liant seigneur et vassal, était un engagement de fidélité réciproque, l'un offrant son ide, l'autre sa protection. Et c'est une semblable promesse qui unit le poète à la dame. Celle-ci est pour lui "le seigneur"; il lui voue fidélité; toute sa vie, tous ses actes, tous ses poèmes lui seront offerts en hommage. Le terme "hommage" est aussi celui qui désigne le geste du vassal s'agenouillant devant le seigneur pour en recevoir le baiser qui symbolise la paix, et constitue un engagement d'amour mutuel. La dame est donc pour lui la suzeraine; il s'abandonne à sa volonté et trouvera toute sa joie à l'accomplir, dût-il en souffrir….
"Cette dame si haut placée dans l'esprit du poète inspire naturellement le respect. Mieux encore: une sorte de crainte révérencielle. Elle est inaccessible; le poète s'humilie toujours devant elle, soit qu'il s'agisse effectivement d'une (p. 123) dame de haute noblesse (mais nous avons vu, dans les dialogues d'André le Chapelain que les différences sociales sont gommées par la "chevalerie d'amour"), soit que le poète estime infranchissable la distance qui le sépare d'elle, en raison même de l'admiration qu'il lui a dévouée" (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 112-122).
La femme en 1789
Sous l'Ancien Régime, les femmes régnaient à la cour et à la ville, sur les mœurs et dans les lettres
"La personnalité la plus importante de la Cour de France sous Louis XVI a été la reine" (Frantz Funck-Brentano, L'Ancien Régime, Les Grandes études Historiques, Librairie Arthème Fayard, Paris 1926, p. 295).
En rédigeant et en proclamant à la face du monde les droits de l'homme, les tribuns de la révolution n'oublient-ils pas les droits "de la femme" ? S'ils se soucient peu d'elles, c'est sans doute par réaction contre ce XVIIIe siècle qui a été un siècle de quasi souveraineté féminine..." (René Sédillot, Le coût de la Révolution française, Vérités et Légendes, Perrin Mesnil-sur-l'Estrée 1987, p. 82).
De Mme de Maintenon à Mme de Pompadour, les femmes ont régné à la cour et à la ville, sur les mœurs et dans les lettres. "Le règne du cotillon", disait Frédéric II. Le règne des salons, bien davantage: Mmes du Deffand, Geoffrin, de Lespinasse, d'Holbach, Helvétius, faisaient la loi sur les beaux esprits, et quelquefois sur les grands esprits. Mlle de Scudéry ne dictait la mode que chez les précieuses, mais Mme d'Épinay comblait Rousseau, Mme du Châtelet éblouissait Voltaire (René Sédillot, ibid., p. 83).
Le Persan de Montesquieu admirait comme, à Versailles ou à Paris, les femmes avaient de poids politique. C'est par leurs mains, écrit-il, que "passent toutes les grâces et quelquefois les injustices". Les femmes "forment une espèce de république dont les membres, toujours actifs, se secourent et se servent mutuellement; c'est comme un nouvel état dans l'État… On se plaint en Perse de ce que le royaume est gouverné par deux ou trois femmes. C'est bien pis en France, où les femmes en général gouvernent, et non seulement prennent en gros, mais même se partagent en détail toute l'autorité..."
"Dans le chapitre qui conclut Les Mots des femmes, Mona Ozouf [...] a proposé les explications les plus convaincantes et les plus subtiles. Dans les salons d'Ancien Régime, elle voit l'origine d'une expérience particulière qui donne aux femmes de ce pays l'impression d'avoir voix au chapitre." (Dictionnaire de philosophie politique, Sous la dir. De Philippe RAYNAUD et Stéphane RIALS, PUF, Paris 2012, p. 283.)
"La Révolution est anti-féministe" (René Sédillot)
"Les grands acteurs de la Révolution sont de fervents lecteurs de Rousseau, et celui-ci ne prévoit pas la participation des femmes à la république née du contrat social." (Dictionnaire de philosophie politique, Sous la dir. De Philippe RAYNAUD et Stéphane RIALS, PUF, Paris 2012, p. 280.)
"À l'inverse, à l'enseigne de Rousseau, la révolution est hardiment antiféministe. Jean-Jacques a donné le ton: "La dépendance est un état naturel aux femmes", professe-t-il. "La femme est faite pour céder à l'homme", assure l'Émile...
"Condorcet, qui avait plaidé la cause des femmes avant la Révolution, reste muet pendant la tourmente...
"Les cahiers de doléance, en 1789, présentent fort peu de revendications féminines, peut-être parce que les femmes, comblées par le siècle, n'ont rien à revendiquer. Exception qui confirme la règle, la belle et riche Olympe de Gouges, veuve joyeuse, fondatrice du club des Tricoteuses, rédige en 1791 une "déclaration des droits de la femme et de la citoyenne". Elle y présente cette requête: "puisque la femme a le droit de monter sur l'échafaud, elle doit avoir celui de monter à la tribune"... Robespierre, qui lui refuse ce dernier droit, lui reconnaître premier: il fait arrêter et guillotinée l'effrontée Olympe...
"D'autres femmes tiennent leur place dans la révolution. Elles sont émeutières lors des journées d'octobre, victimes avec Mme Roland ou Lucile Desmoulins, agitatrices avec Claire Lacombe, figurantes de grand spectacle quand on en fait la déesse Liberté ou la déesse Raison. Ce ne sont là que des seconds rôles.
"Les femmes d'action sont dans l'autre camp, avec Charlotte Corday ou les amazones de la guerre de Vendée
"Couronnant l'œuvre misogyne de la révolution, Napoléon apporte sur le continent les traditions patriarcales de son île: en Corse, la femme sert le repas, mange debout, à moins qu'elle ne s'asseye sur la pierre de l'âtre... L'empereur respecte sa mère, mais tient ses sœurs pour des sottes. Dans son code civil, la femme reste une mineure. Elle doit obéissance à son mari (article 213). Sans le secours de celui-ci, elle ne peut ni ester en justice, ni aliéner ses avoirs. Cette incapacité est conforme au sentiment qu'en a Napoléon. "Pour une qui nous inspire quelque chose de bien, il en est cent qui nous font faire des sottises." S'il inscrit le divorce dans le Code, c'est pour permettre à l'homme de se libérer, et d'abord pour se le permettre à lui-même…" (René Sédillot, Le coût de la Révolution française, Vérités et Légendes, Perrin Mesnil-sur-l'Estrée 1987, p. 84).
« Quant au vote des femmes, il avait été rejeté par les républicains par crainte de l'influence néfaste du clergé sur le sexe faible : ''Non, la femme n'est pas égale de l'homme, proclamait en 1881 l'éditorialiste de La République maçonnique, non, il n'y a égalité ni morale ni physique entre ces deux êtres. (…) A l'homme l'action extérieure, à lui la lutte de la vie et de la tribune. (…) A la femme l'action lente, douce et persévérante du foyer.''
« Infatigable contempteur du régime républicain, Charles Maurras avait observé au contraire en 1910 : ''Quoi de plus arbitraire que d'exclure les femmes ? On dit que c'est injuste... Ce n'est pas injuste, c'est idiot !''
« Horresco referens : l'accès des femmes au droit de vote apparut pour la première fois dans le droit français dans le projet de Constitution publié le 30 janvier 1944, par le Maréchal Pétain ! »
(SOURCE: Michel de JAEGHERE, éditorial Ce que c'est que la République, in Le Figaro Histoire, août-septembre 2024, n° 75 Alexandre le Grand, l'empire impossible, p 4-5.)
"On se demande parfois (rien n'est jamais irréversible dans l'histoire des peuples comme des individus) si l'effort actuel de libération de la femme ne risque pas d'avorter...; car il marque pour elle une tendance suicidaire...: se nier elle-même en tant que femme..., se satisfaire à copier les comportements de son partenaire..., chercher à reproduire comme une sorte de modèle idéal et parfait, en se refusant d'emblée toute originalité.
"... N'est-il pas paradoxal que l'on conserve, d'un héritage dont la richesse est indéniable, précisément le legs le plus pernicieux: la tentation totalitaire, celle qui consiste à vouloir réduire tous les individus à un schème unique, qui n'admet d'égalité que dans l'uniformité?
"Les femmes se contenteront-elles longtemps d'être des hommes forcément manqués – à moins d'une mutation gigantesque de l'humanité qui d'ailleurs serait aussi sa 'fin' ?
"La copie est un bon exercice d'école: elle n'a jamais produit de chef-d'œuvre. Que n'inventons-nous, nous autres femmes, les solutions propres à notre temps ? n'avons-nous rien d'original à proposer au monde, par exemple devant des lacunes qui s'avèrent graves aujourd'hui ? Qui nous dit qu'il ne faudrait pas une solution féminine pour mettre terme à l'injustice généralisée qui fait que, dans notre univers rationnel et planifié, deux êtres humains sur trois ne mangent pas à leur faim ? Est-il sûr que la violence qui jusqu'ici n'a fait que l'aggraver pourra seule résorber ce mal-là ?
"... En combien de domaines la femme pourrait-elle se manifester efficacement: tous ceux qui touchent au respect de la personne (c'est-à-dire, pour chacun de nous, au respect de l'autre), à l'éducation et au bonheur de l'enfance. N'est-il pas curieux en effet que, depuis que le monde est monde, alors que les souvenirs d'enfance – dureté, angoisse ou tendresse – tiennent une telle place chez l'adulte, on se souci tellement peu d'apporter à chaque enfant ce dont il a surtout besoin dans ses premières années: une certaine chaleur, un entourage rassurant?... Ne serait-ce pas aux femmes d'y penser ?
"Mais tout cela nécessite de toute évidence un effort d'invention, d'attention à leur temps. La conviction aussi qu'on ne s'affirme qu'en créant, et – beaucoup le reconnaissent aujourd'hui – que c'est 'la différence qui est créatrice'..." (Jacques de Bourbon-Busset, dans son intervention lors de la séance finale du Colloque d'Orléans, le 12 octobre 1979, cité dans Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 287).
« La période de la Révolution française marqua même un recul pour les femmes en termes de droits et de possibilités de participer à la sphère publique.
Plusieurs féministes considèrent que la sortie du Moyen Âge en Europe est marquée par plusieurs reculs pour les femmes.
Voir parmi d'autres, Sivia FEDERECI, Caliban and the Witch: Women, the Body and Primitive Accumulations, Brooklyn, Autonomedia, 2014)" (F. DUPUIS-DERI, ibid., p. 69.)
... Le pouvoir thermidorien (1794-1795, Ndlr.) va finalement voter une loi qui interdit aux femmes de s'assembler dans la rue et qui les force à "se retirer dans leur domicile et ordonne l'arrestation de celles qui se trouveraient attroupées au-dessus du nombre de cinq."
Le directeur Napoléon Bonaparte scellera leur sort avec l'article 1124 de son code civil, où il est précisé que "les personnes privées de droits juridiques sont les mineurs, les femmes mariées, les criminels, les débiles mentaux".
... Mieux informée ou moins hypocrite que le sénateur socialiste (Robert Badinter qui avait déclaré en janvier 1999 au Sénat, que "le contribution la plus précieuse que la France aura apportée à cette idée démocratique, c'est... une république composée de citoyens qui jouissent de droits semblables sans distinction entre eux." Ndlr.), Maria DERAISMES, une féministe française, discutait de la Révolution française lors d'une conférence intitulée "La femme dans la démocratie ?" prononcée le 19 février 1870, et rappelait l'exclusion des femmes qui avait marqué l'histoire du républicanisme français; Maria DERAISMES, Ce que veulent les femmes: Articles et conférences de 1869-1891, Paris, Syros, 1980 [1869], p. 85-85.» (F. DUPUIS-DERI, ibid., p. 266-267.)
"La Grande nuit du Code civil
"En 1804, l'inégalité des hommes et des femmes est inscrite dans la loi. Le code civil (1804) inscrit dans la loi l'inégalité des sexes. Le mari est 'le juge souverain et absolu de l'honneur de la famille'. [...] Ennemi numéro un des féministes, le Code civil est, à partir de la fin du XIXe siècle, réformé par touches successives, pas toujours applicables ou appliquées.
"En se mariant, la femme devient une incapable juridique - elle le demeurera jusqu'en 1938; le mari est le chef de la famille et de la communauté, aussi l'épouse lui doit-elle obéissance. [...] Les relations sexuelles sont un devoir, aussi le viole entre époux n'est-il reconnu qu'en 1990. Les époux se doivent fidélité, mais seul le mari a le droit de contrôler la correspondance de son épouse, et ce jusqu'en 1938. Le Code admet que le mari peut joindre 'la force à l'autorité', avec modération. L'adultère, [...] commis par l'épouse est plus sévèrement puni car il peut introduire dans la famille une descendance illégitime; il est reconnu comme tel par tout type de preuve. Celui du mari ne 'lest que par flagrant délit ou par la production d'une correspondance entre les deux amants. Surtout, sil l'adultère féminin est dans tous les cas condamnable (trois mois à deux ans de prison), l'infidélité masculine ne l'est que si l'époux a installé sa maîtresse au domicile conjugal (amende de 100 à 2000 francs).
"[...] Le père a seul l'autorité parentale jusqu'en 1970. L'épouse ne peut être tutrice, ni membre du conseil de famille. Les régimes matrimoniaux privilégient le mari; en communauté de biens, même réduite aux acquêts, ou sans contrat, le mari gère les biens communs et les biens propres de l'épouse. La gestion des biens des enfants mineurs revient au père. En cas de décès l'épouse n'est ni héritière ni usufruitière. [...] Une femme mariée ne peut ni témoigner dans les actes civils ou notariés, ni ester en justice. L'autorisation martiale est requise pour de nombreux actes de la vie quotidienne: ainsi les épouses devront-elles attendre 1881 pour pouvoir ouvrir un livret de caisse d'épargne, 1885 pour s'affilier à une caisse de retraite, 1907 pour toucher leur salaure, 1920 pour se syndiquer, 1938 pour séjourner dans un établissement de soins, s'inscrire à l'université ou signer et recevoir un chèque, 1965 pour ouvrir un compte en banque, accepter un emploi ou un engagement artistique." (La Véritable Histoire des Femmes, De l'Antiquité à nos Jours, Présenté par Yannick RIPA, L'Histoire, Nouveau Monde Éditions, Paris 2019, pp. 209-210.)
La féministe Olympe de Gouges, qui sous la Révolution dite française était contre l'esclavagisme et avait rédigé une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne qui incluait les femmes dans une perspective réellement universaliste..., se positionnait pour une monarchie modérée. Elle sera guillotinée le 3 novembre 1793. (Cf.F. DUPUIS-DERI, ibid., p. 265.)
Add. 17/01/2020. Le consentement dans le mariage est une révolution introduite avec l'institution du mariage chrétien qui revenait sur la pratique du mariage forcé hérité du droit romain où la femme romaine est une mineure, sous la coupe du pater familias, puis du mari. Voici quelques lignes de Jacques Le Goff sur ce sujet :
"Le christianisme a libéré les femmes. [...] Voyez [...] la réflexion qu'a menée l'Église sur [...] le mariage, afin d'aboutir à cette institution typiquement chrétienne formalisée par le IVe siècle concile de Latran en 1215, [...] un acte qui ne peut avoir lieu qu'avec l'accord plein et entier des deux adultes concernés (consentement). [...] Le mariage est impossible sans l'accord [...] de l'épouse : la femme ne peut pas être mariée contre son gré, elle doit avoir dit oui. (Michel SOT, La Genèse du mariage chrétien, L'Histoire n°63, pp. 60-65). [...] C'est une de mes idées favorites, confortée par le progrès des études historiques : le Moyen-Âge, [...] a été aussi et surtout un moment décisif dans la modernisation de l'Occident." (Jacques Le Goff, L'histoire n° 245, cité dans La Véritable Histoire des Femmes, De l'Antiquité à nos Jours, Présenté par Yannick RIPA, L'Histoire, Nouveau Monde Éditions, Paris 2019, pp. 67-82.)
Le site Vive le Roy nous livre une nouvelle étude de fond. Un peu long, mais capital pour comprendre le fonctionnement du système "libre et égal" : "Groupes réducteurs et noyaux dirigeants (1973)".
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Comment ces étudiants sérieux, après seulement quelques participations aux AG de grévistes, se sont-ils mutés, pour les uns en révolutionnaires hargneux et violents, et pour les autres en couards prêts à toutes les concessions ? Comment cette Conférence des Évêques de France a-t-elle pu déboucher sur des déclarations aussi insipides, consensuelles et pusillanimes ? C’est que ces deux groupes — et tant d’autres avec eux — ont en commun leur mode de fonctionnement en société de pensée. Catholiques, monarchistes et autres défenseurs du droit naturel ! impossible de survivre en démocratie sans s’instruire au préalable de cette technique de subversion de la pensée réaliste.
Nous publions ici un large extrait de l’ouvrage Groupes réducteurs et noyaux dirigeants dans sa version de 1973. Un grand merci à son auteur-éditeur ― Adrien Loubier ― d’avoir permis à VLR la mise en ligne exclusive de ce travail capital.
On lira avec intérêt l’ouvrage complet que l’on peut commander aux Éditions Sainte-Jeanne-d’Arc, Les Guillots, 18260 Villegenon.
UN CERTAIN GENRE DE GROUPE
Voilà une expression qui peut paraître hermétique ; elle exprime pourtant assez bien le problème que nous allons nous efforcer de cerner dans les lignes qui suivent.
En effet nous n’avons pas l’intention de nous livrer à une étude exhaustive d’une espèce particulière de groupe humain, telle que :
syndicats,
groupes de travail,
clubs idéologiques,
cercles d’action catholique,
symposium,
forum,
séminaire,
recyclage,
ou tant d’autres prétextes réguliers ou occasionnels de réunions.
C’est plutôt aux caractères qu’ils peuvent avoir en commun, à leur forme sociologique, que nous voudrions nous attacher.
C’est pourquoi nous commencerons en parlant d’un certain genre de groupe, que nous définirons, non pas par son étiquette ou son profil extérieur, mais par les lois qui régissent sa nature et son fonctionnement interne.
Nous allons évoquer un certain genre de groupe que l’on pourra aisément reconnaître un peu partout grâce à sa règle du jeu et à son mode de vie, quelle que soit la raison immédiate qui a provoqué sa réunion.
Enfin, si nous disons « un certain genre de groupe », c’est en vue d’éviter toute globalisation ou généralisation abusive.
LA RÈGLE DU JEU
Ce spécialiste de “pédagogie non directive”, vient de rassembler douze personnes autour d’une table pour leur faire « prendre conscience » des nécessités d’un “recyclage” …
Une dizaine de personnes se sont réunies pour « échanger » sur une actualité brûlante qui « fait problème ».
Deux cents étudiants se sont regroupés dans un amphithéâtre pour mettre au point une “plate-forme de revendications”, etc.
Parmi les modes de déroulement possible de ce genre de réunion, la plus courante à l’heure actuelle est certainement celle que nous allons définir ici. Mais la manière dont nous allons procéder, suppose que l’on mette en évidence ce qui n’est souvent que diffus, latent, implicite. Nous emploierons, dans ce but, certains mots clés, frappés en gros caractères.
Deux principes de base : Liberté - Égalité
Tout d’abord, on peut dégager deux règles essentielles :
La première est la liberté absolue pour les délibérants de penser et de dire ce qu’ils veulent. Cette règle peut être implicite, ou posée ouvertement en absolu. Aucune contrainte, (sauf celle-là). Chacun doit être libre de parler quand il veut. Aucune norme aucune loi objective, aucune référence morale, aucun dogme, n’est reconnu a priori. À chacun sa vérité, ses convictions, son opinion.
La seconde règle est l’égalité des délibérants. Ici encore la chose peut être implicitement admise, simplement parce que tel est l’état moyen des esprits. On peut aussi la voir explicitée, posée clairement comme une règle du jeu par l’une des personnes présentes, ou par un animateur. C’est pourquoi ce genre de groupe se réunit souvent autour d’une table ronde, dont la forme même marque l’absence de hiérarchie, garantie de l’égalité des participants.
Il est important de remarquer que ces deux règles sont réciproques l’une de l’autre. Sans l’égalité des membres, l’un d’eux pourrait imposer son avis, son idée, son point de vue ou son expérience. Il n’y aurait plus de liberté. L’une garantit l’autre. L’une est indispensable à l’autre.
Les deux tendent à la même fin. Cette fin, nous l’appellerons “libéralisation maximale” .
En effet, la philosophie générale de ces deux principes, qu’elle soit explicite ou implicite, est que les participants de la réunion soient libérés au maximum de toute loi comme de toute autorité. Ainsi, dira-t-on parfois, les individus qui composent le groupe seront dégagés des « habitudes », des « préjugés », des « tabous », des « inhibitions », qui les « conditionnent ».
La règle du jeu est-elle possible ?
Mais la règle du jeu rend celui-ci apparemment impossible. Si l’on met en présence des personnes nécessairement diverses par l’âge, le sexe, l’expérience, etc., leur connaissance du problème que l’on va mettre en débat sera “inégale”. Ainsi, les avis seront différents.
Au nom de la liberté, chacun exprimera son point de vue. Tout naturellement on cherchera à convaincre les autres que l’on a raison.
Or, au nom de l’égalité, aucune autorité n’est reconnue pour prendre une décision, ou simplement pour imposer les compétences ou l’expérience de quelqu’un.
Dès lors, la réunion devient une série d’exposés divergents dont la résultante moyenne est nulle. C’est ce qu’on appelle généralement un “tour de table”. La machine va-t-elle rester bloquée avant d’avoir commencé à tourner ? Aucune décision, aucun acte ne pourra-t-il se dégager de la réunion ? Pourtant l’on veut « faire marcher l’appareil ». Implicitement ou explicitement, la libéralisation maximale n’est-elle pas souhaitée par tous ?
Dès lors, elle devient l’objectif essentiel de la réunion, et prend le pas sur le prétexte autour duquel elle fut organisée.
Cette obstination peut être due à la volonté méthodique d’un technicien de groupe, d’un animateur socioculturel, d’un psychotechnicien, ou simplement d’un manipulateur astucieux.
Mais elle peut aussi naître spontanément de l’état moyen des esprits. Il suffit pour cela que la majorité soit convaincue qu’il n’ y a pas de vérité objective, donc pas de réalité susceptible de s’imposer à tous comme norme de pensée ou d’action.
Dès lors en effet, la liberté des délibérants devient un absolu, car chacun paraît en droit de se forger une vérité relative, qui sera son opinion. Et puisqu’elle ne sera que son opinion, elle ne peut avoir plus de poids qu’une autre, car elle n’est pas moins subjective. L’égalité paraît donc nécessaire.
Argument moteur : La Fraternité
Mais il répugne à la nature humaine de parler sans but. L’étalage d’opinions contradictoires est irritant, et provoque un « blocage » des esprits. Pour que l’on puisse continuer de réaliser le « travail social » que l’on recherche, il faut trouver une « motivation » au groupe, lui maintenir sa cohésion. Il faut un “argument moteur”.
C’est aux mêmes principes libéraux que l’on va demander de le fournir.
Puisqu’il n’y a pas de vérité, mais seulement des opinions, il est indispensable de s’unir pour en forger une qui sera celle du groupe.
Puisqu’il n’y a pas de loi extérieure à celui-ci, à laquelle on doive se soumettre, il faut en forger une qui lui soit intérieure, c’est à dire basée sur la volonté générale. Ce sera en somme la résultante des opinions, égales entre elles, des personnes qui forment le groupe, ou si l’on veut, l’opinion moyenne.
Cet argument moteur peut se résumer ainsi :
Messieurs, seuls nous ne pouvons rien ; livrés à notre individualisme, notre opinion sera inutile. Or il faut bien déboucher sur quelque chose, ce qui suppose de nous unir, d’établir une fraternité entre nous. Quitte à renoncer parfois à quelque chose de notre opinion personnelle, nous devons nous forger une volonté commune. Grâce à cette union nous serons plus forts.
LES LOIS DE FONCTIONNEMENT DE CE GENRE DE GROUPE
Continuons maintenant par un examen de la vie du groupe. Mais soulignons au passage que la nature même d’une analyse comme celle-ci impose de décrire successivement des phénomènes qui sont généralement plus ou moins simultanés.
Loi de réduction
Autour de la table ronde, les délibérants vont donc se trouver “unis” par la nécessité fictive d’élaborer leur « motion commune ».
Mais si tous les avis sont libres de se former et de s’exprimer, ils sont toutefois plus ou moins vrais, c’est-à-dire que les jugements formulés par les uns et les autres seront plus ou moins en concordance avec la réalité actuelle ou possible. Autrement dit : l’intelligence, la formation ou l’expérience de certains participants est plus grande que celle des autres, quant au sujet étudié. Et ceux-là sont toujours les moins nombreux. Nous sommes ici en présence d’un phénomène statistique, couramment analysé par la distribution en cloche, dite « loi de Gauss ». Ce petit nombre de gens compétents a donc une valeur de connaissance positive à apporter au groupe. Dans un contexte de vie normale, on dira que leur « avis fait autorité ».
Mais ici, aucune autorité n’est admise. La fiction de l’égalité doit être préservée. Ceux dont l’opinion est différente, doivent avoir la liberté d’opiner. Et leur nécessaire fraternité n’a pas pour but la connaissance d’une réalité, mais l’élaboration d’une opinion.
Alors se produit un brassage d’idées, d’avis différents. Plus ils sont variés et nombreux, plus la connaissance de la réalité sera troublée. Peu à peu elle paraîtra incertaine. De cette confusion, alors, naîtront dans les esprits divers amendements, de nouvelles variantes, d’autres opinions. La confusion tend donc à croître.
Ceux qui y voyaient clair tout à l’heure, ont déjà l’esprit barbouillé. D’aucuns ont envie de s’en aller… Mais l’union commande… Il faut se mettre d’accord sur un fond qui soit susceptible de rassembler les suffrages. Pour cela, chacun doit faire un effort. Ceux qui ont plus d’expérience et d’intelligence du problème étudié sont donc sollicités d’abandonner une part de leur avis personnel, au moins dans le cadre du groupe.
On trouvera donc finalement une motion commune, mais celle-ci s’établira par une réduction de la correspondance entre les idées et la réalité. Il est évident en effet, qu’un accord entre des personnes de jugements différents, basés sur des compétences différentes, ne peut être trouvé que sur un minimum commun. D’autant qu’au nom de l’égalité, les opinions du grand nombre de ceux qui en savent le moins, tendent à l’emporter sur les avis du petit nombre de ceux qui en savent le plus. L’effet de masse jouant ainsi, le degré de connaissance moyen se trouve naturellement nivelé au plus bas.
Nous arrivons donc à la première loi que l’on peut énoncer ainsi :
Théorème 1 : LOI DE RÉDUCTION
Des égaux délibérants, groupés suivant le principe de la liberté de pensée, ne peuvent fraterniser autour d’une motion commune qu’en opérant une réduction dans leur connaissance de la réalité.
Ainsi, l’argument moteur de la fraternité conduira à abandonner plus ou moins aisément ce qu’on se sera habitué à ne plus considérer que comme son opinion.
Loi de sélection
Et le mécanisme continue à tourner. À la réunion suivante, les propositions seront encore plus confuses.
D’aucuns trouveront que certains points doivent être remis en cause.
Des difficultés d’application ont surgi, qui vont poser de nouvelles questions et compliquer le problème.
Ceux qui n’ont pas encore perdu de vue le réel actuel ou possible, sont excédés par tant de discours, ou deviennent moins sûrs d’eux-mêmes.
Ceux qui aiment bavarder, se plaisent au jeu.
Ainsi, tandis que de nouvelles réductions tendent à s’opérer, une sélection commence à se produire.
En effet, dans le jeu qui est en train de s’accélérer, tous ne brillent pas également.
En particulier les hommes d’œuvre, ceux qui sont le plus portés à l’effort, à la réalisation, au concret, sont mal à l’aise. Ils sont lourds de leur expérience, peu brillants en paroles, et plus naturellement portés à démontrer la vérité par l’efficacité, qu’à convaincre par des discours. Les « dynamiciens » diront qu’ils constituent un “poids mort”. Tôt ou tard, suivant leur degré de réduction ou leur tempérament, leur bon sens va se révolter. Ils voudront « faire entendre raison ». Mais cela n’est possible qu’en contrariant le sens de rotation des rouages d’un mécanisme qui est déjà en pleine vitesse et en pleine accélération. Dès lors, il y a choc.
Et dans ce choc, si la personnalité n’est pas assez solide, elle peut être broyée par les dents de l’engrenage, et “passée à la moulinette”. Telle personne reviendra alors de ces séries de tables rondes, désorientée, désabusée, l’esprit troublé, ayant perdu confiance en elle-même, et prête à toutes les réformes, révolutions ou remises en question, pourvu qu’un meneur lui fasse croire qu’elles sont l’expression de la volonté générale ; ou bien, écœurée, elle se réfugiera dans un relativisme absolu. En bref, on aura désappris quelque chose, on aura été réduit, recyclé, etc.
Ou bien le choc sera celui d’une personnalité solide, et alors elle rebondira sur les dents de l’engrenage, et elle sera rejetée. Rejet qui peut se manifester calmement par une absence volontaire à la prochaine réunion, ou par des altercations de plus en plus violentes assorties d’un départ fracassant, commenté avec mépris et moquerie par ceux qui restent. Rejet qui peut être encore une pure et simple expulsion de ce gêneur, de ce “poids mort”, qui ramène constamment sur le tapis son expérience, ou les contraintes du réel. Tel ingénieur peut être prié plus ou moins poliment de quitter le séminaire où son attitude le rend indésirable. Tel monsieur respectable fut conspué et expulsé entre deux “gorilles” dans une assemblée de la Sorbonne en 1968.
Et tandis que ceux qui pourraient apporter le plus de vérité au groupe sont peu à peu mis en retrait, c’est au contraire les moins solides qui vont se trouver “en vedette”. Plus “légers” de connaissances, dépourvus d’expérience, moins préoccupés de la réalité objective, ce sont les bavards, les plumitifs, les étudiants prolongés en professeurs, bref ceux que l’on qualifie couramment aujourd’hui “d’intellectuels”, qui vont briller. Peu enclins à l’effort des réalisations, et aux recoupements qu’elles imposent sans cesse, ceux-ci ont depuis longtemps trouvé plus commode les succès oratoires. Or dans le « travail social » en cours, l’essentiel est justement de savoir convaincre en parole. C’est l’ère du parlementarisme qui s’offre à eux, dans lequel ils vont se sentir particulièrement à l’aise.
En somme, il s’opère ici, un triage analogue à celui des minerais, qui met en jeu la flottaison par différence de densité des éléments moins lourds. Nous voyons donc apparaître la loi de sélection, que l’on peut résumer ainsi :
Théorème II : LOI DE SELECTION
Dans une assemblée d’égaux délibérants, groupés suivant le principe de la liberté de pensée, la réduction consentie au nom de la fraternité, s’accompagne d’une sélection parmi les individus présents. Cette sélection tend à éliminer les personnalités les plus riches, et à mettre en vedette celles qui sont “réduites” d’avance.
Ces deux lois, réduction de la pensée et éliminations des personnalités fortes, semblent condamner les groupes réducteurs à, la disparition. Logiquement, ils devraient tendre à s’éliminer d’eux-mêmes, car ils fonctionnent à rebours de la réalité. Or nous assistons, depuis deux cents ans, à leur multiplication, devenue quasi exponentielle dans les dernières décades. Il faut donc en chercher la raison dans l’analyse d’autres phénomènes.
Travaux pratiques [proposés par VLR]
Introduction
En guise d’exercice (ou de récréation) et à la lumière de l’étude précédente, on pourra analyser les documents suivants en s’efforçant de déterminer par exemple si :
les animateurs ont les compétences ou l’autorité pour traiter des sujets abordés par le groupe.
l’autorité est nettement perçue ou la liberté et l’égalité implicites.
les animateurs manifestent et usent de leur autorité pour dire ce qui est, ou au contraire, pour que le groupe élabore “sa” vérité sur une base réduite commune.
il y a adéquation entre d’une part le niveau, l’autorité, la compétence et la capacité d’action des participants et, d’autre part, la complexité et l’échelle des problèmes traités.
le public est là pour enrichir sa connaissance du réel ou pour “refaire le monde”.
le leitmotiv de la réunion est la défense d’un bien commun concret ou une fraternité — on dirait aujourd’hui solidarité — artificielle.
ce qui ressort de concret de ces réunions, mis à part l’élaboration de motions dont l’ambition est de participer à une prise de conscience universelle en faveur d’objectifs flous mais politiquement corrects.
Premier document
Affiche invitant les étudiants à une AG pour discuter de la Loi sur la Réforme de l’Université en avril 2009.
VENEZ NOMBREUX DÉFENDRE VOS IDÉES !
Les Assemblées Générales ne sont “légitimées” que par le nombre de leurs participants quelles que soient leurs convictions, aussi les incitations pour y participer se font-elles toujours très pressantes.
Deuxième document
La Politique agricole commune en question « Développer la solidarité »
PAC-Solidarite
Deux cents personnes ont participé à la réunion sur la Politique agricole commune, organisée à la Maison diocésaine par les Chrétiens en monde rural et le M.R.J.C. Pour moitié des agriculteurs et pour moitié des jeunes en formation.
Prêtre et économiste, Laurent L. est parti de la situation de trois exploitations d’Ille-et-Vilaine. Ses constats : le monde agricole est peu uni de par la spécialisation. Chaque exploitation est devenue individuelle. Chaque exploitant ne pense pas sa production comme un élément clans l’ensemble de l’agriculture.
Or, c’est dans cette dernière direction que L. L. invite à regarder, en préconisant le développement de la solidarité à l’intérieur de projets globaux.
solidarité entre aujourd’hui et demain.
solidarité entre Nord et Sud. On sait maintenant que le développement des pays du tiers-monde passe par l’accès de ces pays à la production. Dès lors, cela suppose qu’ici on ne produise dans la limite de ce qui peut être vendu.
solidarité encore entre les différents producteurs et avec les autres catégories socio-professionnelles.
On a redit que l’agriculteur peut prétendre à de nouvelles fonctions, par exemple dans le domaine de l’environnement ou des besoins sociaux. L’Évangile a été appelé pour éclairer la dimension chrétienne. Ce qui a donné lieu à un débat intéressant sur le sens de l’homme dans la Création. La démarche aura une suite le 7 février à la salle paroissiale Saint-Paul à Rennes.
Troisième document
Saint-Ouen : 4 000 chrétiens en “états généraux” Pour un nouveau concile
Etats généraux de l’espérance
Quatre mille chrétiens ont participé ce week-end à Saint-Ouen, près de Paris, aux premiers “états généraux de l’espérance”. Ils ont demandé la convocation d’un nouveau concile.
PARIS. - La critique et la dénonciation ont revêtu ce week-end à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) les couleurs de la fête. « L’appel au dialogue » lancé en 1989 par mille huit cents déçus d’une Église « autoritaire, méprisante et recroquevillée sur elle-même » a bien été entendu, selon Georges Montaron, le directeur de Témoignage Chrétien initiateur de ce rassemblement : quatre mille fidèles étaient samedi et dimanche au rendez-vous des premiers “états généraux de l’espérance” .
Quatre mille fidèles, « quatre mille paroles pour l’an 2 000 » : jeux scéniques, orchestre, quatuor classique ont annoncé le désir « d’une citoyenneté nouvelle » dans une Église « toujours trop frileuse ».
Priorité à cinq thèmes :
L’espérance et la présence de quatre évêques (1), dont Mgr Daloz, représentant le président de l’épiscopat, invitaient certes à la pondération et au changement de ton ; les débats n’ont pas manqué, cependant, de raviver les passions.
Pour des ministres élus
« Oui, il existe une morale universelle à laquelle tout être humain peut se référer », explique France Quéré dans le carrefour sur l’éthique.
« Les valeurs ne sont pas Immuables, lui répond quelqu’un. Elles sont remises en question, tout comme les hiérarchies qui les prônent. »
Venus « expérimenter la démocratie dans l’Église », les 4000 fidèles optent pour la création d’instances destinées à gérer… les conflits. Ils répondent au manque de prêtres par « l’élection de ministres à temps partiel, sans discrimination de sexe, ni de situation matrimoniale ».
« Ne soyons pas des fossoyeurs des espérances déçues », demande Geneviève Jacques, secrétaire générale de la Cimade, en intervenant sur les moyens de « bâtir une économie solidaire ».
Vatican II dépassé
« Quatre conciles en cinq siècles, c’est trop peu », conclut, unanime, l’atelier sur « la démocratie dans l’Église » : il réclame un nouveau concile, « plus représentatif et plus œcuménique que Vatican II ».
« Vatican II est déjà dépassé , explique Edmond Vandermersch, l’un des organisateurs du rassemblement. L’Église doit s’activer si elle veut suivre le train. »
La marche risque d’être difficile : depuis Vatican II, ces fidèles ont pris de l’âge et le renouvellement se fait attendre. Devant l’ampleur de la tâche soulevée par l’assemblée, la musique d’un téléfilm américain choisi pour ces premiers états généraux apparaît bien ambitieuse. Peut-être trop ? Son titre : « Mission impossible »…
P. B.
(1) Lucien Daloz (Besançon), Guy Deroubaix (Saint-Denis), Jacques Gaillot (Évreux), André Lacrampe (Mission de France).
Quatrième document
Un seul toit pour six religions, rue de Châtillon Un lieu d’apprentissage de la fraternité et de la paix
Maison Inter Religions
Ce n’est pas un hasard si le centre interreligions a ouvert ses portes, 7, rue de Châtillon, en pleine guerre du Golfe. Au moment où les armes risquent de dresser les uns contre les autres des hommes de confessions religieuses différentes, à Rennes, quelques pionniers font le pari « qu’entre croyants, dans le respect des convictions de chacun, il est possible d’apprendre ce qu’est la paix et la fraternité ». Un pari qu’ils ne veulent plus tenir seuls. Ils proposent aux membres de leurs communautés de les rejoindre.
C’est un local modeste, de petite dimension, promis d’ailleurs à la démolition. Il constitue pourtant une première en France. Six religions sous un même toit. Du jamais vu. Pour en arriver là, il a fallu du temps. Tout a commencé en octobre 1988 par une invitation lancée par les catholiques aux protestants, orthodoxes, Israélites, musulmans et bouddhistes.
En dix-huit mois, les sept représentants se sont vus huit fois. Premier résultat :
une déclaration commune sur le droit des plus pauvres, à l’occasion de l’année des droits de l’homme. Elle a été exposée à la mairie pendant plusieurs mois. Les bouddhistes l’ont même placée dans leur grande pagode de Paris.
Une nouvelle déclaration a été signée en septembre 1990 sur les droits des enfants.
C’est dans ce contexte qu’est survenue la guerre du Golfe. De quoi mettre à l’épreuve la solidité du groupe. En fait, elle est l’occasion d’un nouveau pas en avant. Outre une troisième déclaration qui dépasse le conflit du Moyen-Orient, pour évoquer tous ceux qui se prolongent dans le monde, la décision a été prise d’avoir pignon sur rue.
Ne pas se cacher les différences
Que se passera-t-il dans le local de la rue de Châtillon ? Une permanence y sera organisée selon une fréquence à définir, plutôt l’après-midi entre 14 h 30 et 19 h On pourra s’y renseigner, échanger. Les grandes fêtes propres à chaque religion y seront solennisées. On pense
au carême chrétien,
au ramadan musulman,
à la pâque juive,
à la fête des morts bouddhiste.
Le Dr Saur suggère d’organiser une rencontre sur l’alimentation et la spiritualité. Précédemment, un échange a eu lieu sur la manière d’approcher la mort.
Pour avoir cheminé ensemble depuis tant de mois, les partenaires savent qu’il ne faut pas aller trop vite. C’est ainsi que la prière en commun n’est pas envisagée :
« Le moment n’est pas venu , observe Éric Granet, qui fait partie de la communauté Israélite. Les mots que nous employons ne recouvrent pas la même réalité. »
« On ne veut pas se cacher les différences, précise le P. Pontais. La réalité est trop complexe. Autrement, nous passerions à côté. Nous ne voulons pas faire une moyenne entre nous. Ce ne serait respecter personne ».
C’est pourquoi le terme « Dieu » a été supprimé d’une déclaration par égard pour les bouddhistes qui ne le demandaient pas.
Un représentant de la communauté musulmane attend de ce lieu « d’être connu dans ce qu’on a d’essentiel pour être reconnu à l’Intérieur de nos communautés. » C’est bien là tout l’enjeu. Est-ce que cet élan parti de quelques-uns s’étendra aux communautés elles-mêmes ?
LES NOYAUX DIRIGEANTS
La doctrine imaginée
Un véritable lavage sociologique des cerveaux peut donc s’opérer autour de la table ronde d’un recyclage ou d’un séminaire, comme au cours de la réunion d’une section syndicale, ou d’une commission de travail qui « cherche sa motivation ».
Mais il convient de bien remarquer que cette réduction du réel dans les esprits, s’accompagne d’une création. En effet, la libéralisation qui s’accentue “affranchit” les intelligences, élimine les contraintes du monde extérieur, met les opinions à l’abri des cruels impératifs de la réalité.
Le Travail Social passe de l’attaque à la défense : pour affranchir la pensée, il l’isole du monde et de la vie, au lieu de les lui soumettre. Il élimine le réel dans l’esprit au lieu de réduire l’inintelligible dans l’objet ». (Augustin Cochin).
La pensée est enfin libre. La troupe raisonnante peut alors “créer” un monde imaginaire dont elle sera maîtresse. L’ère des « lumières », de la « raison souveraine », de la « libre pensée », est ouverte.
Que restera-t-il de ce travail après la réunion ?
Les motions qu’il produira fondront généralement comme du beurre au soleil des réalités.
Mais le mode de pensée des hommes aura été modifié. Détournée de son application à la réalité actuelle ou possible, leur intelligence n’évoluera plus que sur les nuées de l’idéalisme. Et cela peut aller fort loin ! Nous ne citerons qu’un exemple, celui de Carrier, le « bourreau de Nantes », qui s’écriait en massacrant les femmes et les enfants : « Nous ferons périr la moitié de la France plutôt que d’abandonner notre idée ». Entendez : Nous ferons périr la réalité d’un peuple, plutôt que d’abandonner la nuée de notre rêve. Tel était le fruit du travail social des clubs jacobins.
À la limite, le réel deviendra l’ennemi qu’il faut détruire, pour qu’il puisse faire place à la création du monde imaginaire que l’on a rêvé.
Nous sommes donc en présence d’un corollaire de la loi de réduction qui peut se résumer ainsi :
Corollaire 1 : LA DOCTRINE IMAGINÉE
La réduction du rapport des idées à la réalité au sein d’un groupe, entraîne la création d’une “doctrine imaginée” autour de l’opinion moyenne des personnes qui le constituent. Cette doctrine imaginée est d’autant plus haut placée sur les nuées que la réduction aura été plus intense.
Les princes des nuées
Mais si certains sont plus réfractaires que d’autres au processus de réduction, il en va de même pour le jeu de cette création. Ceux qui sont plus “légers” y sont plus doués et tendent à voler plus haut. Plus commodément entraînés par les courants d’air dominants de l’opinion moyenne , ils sont plus facilement “dans le vent”. Tandis que les personnalités les plus solides, les esprits les plus réalistes, sont incapables d’assimiler ce jeu qui contredit leur naturel, les “beaux parleurs” sont au contraire dans leur élément. Les voici enfin libres de satisfaire leur tendance à l’idéalisme, voire même de se venger de ce monde du réel, qui ne leur a accordé qu’un rôle médiocre, en rêvant un univers qui leur convient ! C’est tout de même plus commode que de se heurter à celui qui existe. C’est aussi plus exaltant pour l’orgueil de l’homme que de se soumettre humblement à l’ordre des choses. Nous retrouvons donc ici un corollaire de la loi de sélection que l’on peut résumer ainsi :
Corollaire 2 : LES PRINCES DES NUÉES
Les personnalités peu consistantes, mais parfois brillantes, que le groupe réducteur tend à sélectionner, sont tout naturellement les princes des nuées de la doctrine imaginée. Ils en sont les parlementaires.
Le gouvernement du Groupe
Mais le groupe pris en lui-même, n’est qu’une entité dépourvue de personnalité. Du point de vue de la pensée comme du point de vue de l’action, le groupe n’est rien de plus que le rassemblement d’un certain nombre d’individus. Il n’est donc pas plus capable de penser que d’agir. Parler de conscience ou de décision collective, c’est créer un mythe, c’est prendre une fiction pour une réalité. Ce à quoi porte tout naturellement ce petit “jeu de société”.
En effet sans aller bien loin, à l’issue de la réunion ou pendant celle-ci, il va bien falloir proposer une motion qui sera censée représenter la doctrine imaginée par la prétendue conscience collective. Un de nos lecteurs a-t-il déjà vu un groupe écrire une motion ? Bien sûr que non ! Pour écrire il faut un porte-plume. Pour tenir le porte-plume il faut une main. Et pour guider la main il faut une intelligence et une volonté personnelle.
La réalité la plus matérielle et la plus immédiate renvoie donc brutalement l’acte collectif dans les nuages. Il faut que quelqu’un écrive pour les autres. Et ce quelqu’un sera tout naturellement un prince des nuées sélectionné par le mécanisme ; généralement un “chic type” pas très doué, qui bravement acceptera la corvée. Mais dès les premiers mots, il va se sentir perdu. Comment présenter le papier ? Quels mots employer ? Depuis le temps qu’on parle, on a dit tant de choses diverses et contradictoires ! Comment les résumer ?
Alors un autre prince des nuées, ou plusieurs autres, vont l’aider. On lui suggérera la présentation. Telle phrase lui sera dictée, tel mot suggéré plutôt qu’un autre.
Et voici que le gouvernement du groupe s’organise, à l’insu du plus grand nombre, et parfois même, au début, de ceux qui en seront les tenants. Peu à peu, un petit noyau va se former, constitué généralement par des ratés ou des aigris, qui sont plus particulièrement portés à imaginer un monde fait pour eux, puisque celui du réel les a méconnus.
Ceux là ont souvent déjà quelques idées de la “nuée” sur laquelle ils voudraient s’installer. Non seulement leur horreur du réel les met particulièrement à l’aise dans la libéralisation maximale qui s’opère, mais voici que s’offre à eux un pouvoir très réel, bien qu’occulte.
D’un côté l’assemblée d’égaux délibérants se présente à eux comme une pâte molle, comme un troupeau sans chef.
Ils y discernent déjà les ennemis des nuées, les “moutons noirs”, ceux contre lesquels ils ont tant de rancœur à satisfaire, et dont ils sentent le malaise.
Ils y reconnaissent aussi les inconsistants faciles à manier, les “braves gens” qui n’y voient pas très clair, les vaniteux et les “beaux parleurs”. Et ils perçoivent aussi leurs semblables.
De l’autre côté, ils voient une ou deux “cloches” munies d’un porte-plume dont elles ne savent que faire, mais flattées de la confiance que leur a fait l’assemblée. Alors on se glisse. On suggère. On infléchit. Au besoin on dicte. On fait parler celui-ci, on isole celui-là…. Une difficulté s’élève ? On rappelle l’égalité. On égare la discussion. On renvoie la question au groupe …
Et celui, ou ceux, qui commencent à “tirer les ficelles” constatent que cela marche. Le mécanisme tourne. Mais il ne tourne plus seul. Maintenant, quelqu’un commande et gouverne son mouvement. Son noyau dirigeant est en place.
Alors des actes sont possibles. Naturellement, l’illusion de la décision collective sera maintenue à tout prix. Mais ce que l’on désignera ainsi, ne sera rien de plus que l’aval par oui ou par non d’une décision personnelle, adoptée par un nombre très restreint de dirigeants “de fait”, dont l’accord profond réside dans leur état de princes des nuées.
En définitive, le groupe ne sera plus qu’un troupeau manipulé, dont les individus ne pourront qu’approuver des motions écrites par une personne, et proposées par une autre. Le rêve égalitaire et libéral mènera donc à la dictature occulte d’une minorité irresponsable.
Phénomène que l’on peut retrouver à tous les niveaux de la vie sociale,
dans le conseil d’administration d’une société anonyme ou
dans un parlement,
dans un groupe d’action catholique ou
dans un synode d’évêques,
dans un syndicat ou dans une coopérative….
Ici encore la réalité quotidienne nous les met parfois sous les yeux : synarchie, Franc-Maçonnerie, technocratie, Assemblée permanente, Gouvernement du “parti”. Tous systèmes qui mettent en jeu des manipulations successives par des « cercles intérieurs » de plus en plus restreints.
Le fonctionnement reste toujours le même. Le plus souvent aucun pouvoir officiel n’appartient au noyau dirigeant, pas même la moindre présidence. Donc aucune responsabilité ne peut lui être infligée. Si cela tourne mal, c’est la potiche qui tient l’estrade que l’on casse ! Une autre la remplace. Mais le noyau dirigeant demeure.
Les Francs-Maçons du siècle dernier appelaient ce mode de gouvernement « l’art royal ». « Art royal », certes, mais d’un roi sans nom, sans responsabilité, et sans autre couronne que la satisfaction de sa volonté de puissance.
La technique de groupe méthodique
Nous avons mis en relief volontairement la constitution en quelque sorte spontanée du noyau dirigeant. Dans les débuts, en effet, l’amorçage du phénomène sociologique des groupes réducteurs peut en quelque sorte fonctionner tout seul.
Mais il n’en va pas ainsi longtemps.
Si le noyau dirigeant ne prend pas sa place aux commandes de l’appareil, l’existence même de celui-ci ne passera pas le cap de la première ou de la deuxième réunion. Livré à lui-même il se démantèlera tout seul.
Mais plus le consensus social est porté au vague des idées, au libéralisme et à l’égalitarisme, plus il y a de chances qu’un prince des nuées soit là pour prendre les choses en main. Aussi ne faut-il pas s’étonner si l’appareil semble parfois fonctionner tout seul.
Spontanéité qui peut faire illusion, et rendre même difficile le discernement des vraies causes du phénomène. « Comment ce groupe, animé semblait-il des meilleures intentions, a-t-il pu en arriver là ? » dira-t-on en lisant ses motions ou en constatant la réduction opérée dans ses membres. Et l’on se condamnera à ne pas voir les vraies racines du mal, si l’on se borne à chercher qui a pu organiser une telle corruption.
Car, si une organisation existe après un certain temps il pouvait fort bien ne pas y en avoir au début. Et pour comble, la partie apparente de cette organisation n’en est que la façade. Derrière le président potiche, rarement on aura discerné les vrais moteurs du noyau dirigeant, dont l’efficacité repose sur le fait qu’on les ignore.
Ainsi avons nous voulu insister sur les vraies racines de ce mécanisme sociologique, qui résident dans sa règle du jeu, ainsi que sur son fonctionnement le plus général. Mais il est évident que la courbe du milieu est encore plus accentuée, la libéralisation maximale plus rapide, la réduction plus efficace, la sélection plus intense, lorsque le jeu est méthodiquement organisé par une équipe d’animation. Plus les engrenages sont clairement définis au départ et fermement maintenus en place, plus on commande consciencieusement leur mise en rotation, plus les phénomènes que nous venons d’étudier sont rapides. Ils sont aussi plus évidents.
C’est par exemple la technique de groupe systématisée, avec ses diverses applications, telles que « pédagogie non directive », « libre expression », « recyclages », « séminaires », etc.. C’est encore la forme d’action des groupes de pression à structure des cercles intérieurs : PSU, franc-maçonnerie, Action catholique centralisée, clubs idéologiques, etc.. Ici la libéralisation maximale est préalablement recherchée. Point n’est besoin qu’un noyau prenne conscience du mode de fonctionnement de l’appareil. Sa forme est connue auparavant, au moins par certains, et sa fin méthodiquement poursuivie.
Mais toujours on retrouvera les mêmes principes de base, Liberté, Égalité, Fraternité, et le mécanisme social auquel ils aboutissent. Le fonctionnement sera lui aussi le même, et l’on y retrouvera les mêmes lois de réduction et de sélection.
UN AUTRE GENRE DE GROUPE
Après l’analyse précédente, il peut être utile d’envisager au moins sommairement, les bases sur lesquelles un travail de groupe constructif peut s’établir. Nous supposons naturellement que la constitution de ce groupe est légitime et souhaitable.
Dès le départ, nous avons vu que le dyptique Liberté-Égalité semblait vouloir faire éclater le groupe. Pour lui maintenir son objectif de libéralisation maximale, pour en faire un groupe réducteur, il a fallu s’entêter.
Mais on peut aussi réagir plus sainement. Le simple bon sens y suffit. Quand on a remué des idées pendant un moment, que la structure du groupe rend difficile son fonctionnement, et tend à l’écarter de la réalité, il apparaît tout simplement nécessaire de réviser sa forme. C’est ce que nous allons faire ici.
La liberté du libéral
En premier lieu, faut-il accepter inconsidérément la liberté d’opinion comme un absolu en soi ? Que recouvre en fait l’attitude du “libre penseur” ? Un examen critique s’impose ici.
La liberté selon le dictionnaire Larousse, c’est l’absence de contrainte. Mais si l’on prend à la lettre cette définition, elle peut conduire aux absurdités les plus énormes.
Supposons par exemple que Pierre se trouve dans sa chambre au premier étage. Il a pleine liberté de se déplacer, en ce sens qu’il n’est pas contraint de rester en place, ou de se mouvoir dans telle direction plutôt que dans telle autre.
S’il veut maintenant sortir de la chambre où il se trouve, il sera libre de le faire, mais à condition de passer par la porte. S’il prétend traverser un mur au nom de sa liberté, il se cassera le nez.
Et si Pierre veut descendre au rez-de-chaussée, il est libre de le faire, mais à condition de passer par l’escalier.
S’il se jette par la fenêtre, il risque fort de se blesser.
Autrement dit, Pierre ne sera libre qu’à condition de soumettre sa volonté aux multiples contraintes de la réalité qui l’entoure.
Mais cet homme peut refuser cette soumission, et adorer stupidement sa prétendue liberté. Celle-ci devient alors pour lui la licence de faire n’importe quoi. Se jeter par la fenêtre, par exemple. Au besoin vous chercherez à l’en empêcher. Mais alors vous le contraindrez à se soumettre à la réalité. Cessera-t-il d’être libre ? Ce faisant, porterez-vous atteinte à sa liberté ? Évidemment non ; au contraire.
Car, si cet homme nie la pesanteur et se jette dans le vide, en fait, c’est qu’il n’est plus libre. Il est devenu fou, ce qui est une contrainte mentale.
Ou bien, s’il se trompe, sa liberté cesse lorsqu’il a posé son acte. Ensuite il devient le jouet d’une force qu’il ne peut plus maîtriser. Il tombe et il subit les conséquences de sa chute.
Sur le plan moral, intellectuel, pédagogique ou professionnel, le libéral, le libre penseur, nos égaux délibérants de tout à l’heure, refusent en fait les contraintes de la réalité. Ce sont des fous qui nient la pesanteur. Et comme eux, ils cessent d’être libres, et deviennent esclaves de leurs passions, de leurs désirs, de leurs ambitions, des rêves qu’ils construisent sur les nuées, puis des conséquences des actes que leur déraison leur aura fait poser.
La vraie liberté
Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres.
St. Jean 8-32.
Pour qu’il y ait liberté, il faut en effet reconnaître d’abord l’ordre des choses, les lois qui régissent la matière, celles qui gouvernent l’ordre moral, physiologique, social, professionnel, etc.
Pour cela il faut rechercher l’accord, l’identité entre sa pensée et la réalité. C’est l’acte même d’intelligence, de intelligere, connaître, lire dans les choses. Au terme de cet accord, il y a la vérité, qui sera d’autant plus complète qu’il sera parfait. C’est alors que l’on sera libre.
Libre par exemple de construire un escalier, un ascenseur, un avion ou une fusée, pour vaincre la force de pesanteur en se soumettant à son existence et à ses lois. « On ne commande à la nature qu’en lui obéissant », disait Francis Bacon.
Ainsi pour construire un pont, il faut d’abord étudier les lois de la mécanique, afin de les vaincre en s’y soumettant. Plus l’ingénieur les a comprises, mieux il pourra s’appuyer sur leur réalité, plus son pont sera réussi.
De même celui qui prétend construire une société, une pédagogie, une entreprise ou une profession, doit d’abord étudier les réalités objectives, les lois naturelles, l’ordre des choses, dans le domaine à l’amélioration duquel il prétend appliquer ses efforts. Plus il en aura l’intelligence, plus son œuvre sera réussie.
Ainsi, dans un <
em class="spip">groupe réaliste ( par opposition au groupe réducteur) ce n’est pas la liberté qui sera posée comme absolue au départ. Elle doit au contraire devenir le but à atteindre. Et pour atteindre à cette liberté, le moyen qui doit être affirmé tout d’abord, c’est la soumission au réel. Alors les intelligences pourront pénétrer cette réalité et trouver la vérité, qui seule peut rendre libre.
Égalité et Hiérarchie
Depuis plus de trente ans que je tiens la plume philosophique, j’ai toujours représenté la souveraineté du peuple comme une mystification oppressive, et l’égalité comme un ignoble mensonge.
Auguste Comte
« Si tu manges ce fruit tu seras l’égal de Dieu ». Le Serpent
Quant au problème de l’égalité, elle apparaît bien comme la première des nuées, celle qu’engendre directement le libéralisme. S’il est possible de défendre la vraie liberté en prenant le contre-pied de l’attitude libérale, ici, rien ne peut être tenté. L’égalité n’est pas récupérable. Elle n’est qu’une redoutable contradiction de la réalité.
Elle est tout d’abord une notion mathématique qui ne peut s’appliquer qu’à la quantité. L’employer en parlant des personnes est donc déjà au niveau des mots, une absurdité. Deux personnes sont en effet différentes. Elles peuvent à la rigueur peser aussi lourd l’une que l’autre, et l’on pourra dire que leurs poids sont égaux. Mais dire que « les hommes sont égaux entre eux » est aussi dépourvu de sens que de dire : « deux champs sont égaux », ou « deux villes sont égales. »
Quant au sens que l’on cherche à faire passer sous ce mot d’égalité, il n’est que le refus de la réalité. Et la réalité, c’est qu’une quelconque des qualités d’un individu n’est que très accidentellement l’égale de celle d’un autre ; c’est qu’il est impossible que toutes les qualités d’un individu soient égales à celles d’un autre ; c’est que de deux individus, l’un est toujours supérieur à l’autre, au moins dans un domaine particulier, sinon dans l’ensemble de ses dons.
La réalité c’est qu’il y a inégalité et diversité.
L’un est plus adroit, l’autre pèse plus lourd ;
l’un est plus travailleur, l’autre plus vertueux ;
l’un est plus intelligent, l’autre plus doué de mémoire, etc.
Et ce sont justement ces inégalités qui rendent possible la vie sociale. Car dans toute société, il faut
des mathématiciens pour calculer,
des chefs pour gouverner,
des hommes habiles pour travailler de leurs mains,
des hommes sages pour gérer,
des inventeurs pour inventer,
des entrepreneurs pour entreprendre,
des guerriers pour défendre la cité…
Rechercher l’égalité, c’est tuer la vie sociale. Un groupe d’égaux délibérants, tel que nous l’avons vu, n’est pas une société, c’est une dissociété. C’est pourquoi l’argument de la fraternité, de l’union nécessaire, est indispensable pour lui maintenir un semblant de cohésion, et le livrer aux mains des manipulateurs.
La mystification oppressive de la souveraineté du peuple conduira les égaux, par le chemin de la réduction, à la tyrannie des noyaux dirigeants. Devant eux ils ne seront plus un peuple, mais un troupeau de moutons, munis chacun d’un bulletin de vote.
Tant pis pour eux si leur jalousie les a rendus assez vils, pour ne pas accepter la réalité de leurs infériorités comme celles de leurs supériorités ; tant pis pour eux si leur orgueil les a rendus assez sots pour croire à l’ignoble mensonge social de l’égalité, ou confondre celle-ci avec la justice. Même au ciel, enseigne l’Église, il y a des hiérarchies.
À rebours de cette attitude, la soumission au réel doit reconnaître les inégalités, parce qu’elles sont un fait, et parce qu’elles sont un bienfait. Le groupe réaliste devra donc s’appuyer sur elles comme sur le fondement de toute vie sociale.
Il comportera une hiérarchie,
la reconnaissance des compétences de chacun,
la définition des rôles, des missions, des responsabilités.
Sous une direction clairement définie, chacun pourra alors apporter aux autres ce qu’il sait, donc accroître leur connaissance du réel. En bref
on apprendra quelque chose au lieu de désapprendre ;
on s’enrichira d’un peu plus de vérité, au lieu de s’appauvrir et de se réduire ;
enfin on pourra construire au lieu de détruire.
« La soumission est la base du perfectionnement », disait Auguste Comte.
La vraie Fraternité
Il faut distinguer entre l’Union “artificielle” fondée sur des théories et des principes, et l’Union “réelle” fondée sur des faits.
Quant à la cohésion du groupe réaliste, il importe de bien voir que c’est autour de sa finalité qu’elle peut prendre une réelle consistance.
Le groupe n’est pas une nécessité en soi. Pour que son existence soit utile, il faut qu’il réunisse des personnes qui ont un bien commun à défendre ou à promouvoir. Un bien commun, c’est-à-dire un bien personnel commun à ceux qui se réunissent, un intérêt réel qui est propre à chacun d’eux. Alors, la finalité du groupe sera la réunion des efforts de plusieurs personnes pour défendre ou promouvoir le bien qui leur est commun.
Tandis que dans les groupes réducteurs, on ne rencontre généralement que des motifs de réunion vagues et lointains :
la Paix au Vietnam ;
l’apostolat de l’église ;
le bonheur de l’humanité.
Motifs de réunion qui ne sont que des finalités apparentes, impropres à créer le lien d’une vraie fraternité, mais propres à ouvrir la voie des nuées. Ces finalités apparentes cachent bien souvent la vraie finalité des groupes réducteurs, qui se trouve exprimée dans leur forme sociologique même, par la pratique de laquelle on veut réaliser la démocratie égalitaire.
Pour le groupe réaliste, au contraire, son existence n’est pas plus une fin en soi que sa forme. Celle-ci est organisée, dans ses principes essentiels, selon l’ordre des choses.
La soumission au réel en est la base.
Sa structure est hiérarchique.
Sa finalité est constituée autour d’un bien commun, base de la vraie fraternité entre ses membres.
Est-ce à dire que tous sont d’accord, qu’aucune divergence n’existe, qu’aucun problème ne se posera ? Certes non. Ce serait rêver que de le croire, même s’il peut être souhaitable de rechercher cette unité. Mais tous admettent au moins que la vérité n’est pas la moyenne de deux avis divergents, et que si deux personnes se contredisent, l’une au moins se trompe.
Dès lors, il ne sera pas demandé à l’un ou à l’autre de renoncer à tout ou partie de son avis pour adhérer à « l’opinion du groupe ». Mais on écoutera celui qui est le plus compétent, et le chef décidera sous sa responsabilité.
Dès lors l’action, non exempte d’erreur bien sûr, sera possible. Et cette action amènera l’épreuve du réel.
Si la décision a été sage, elle portera ses fruits.
Si l’on s’est trompé, on devra se soumettre à la réalité, réviser ses positions, acquérir un peu plus de vérité, donc de liberté.
Ainsi le perfectionnement sera le fruit de l’effort de soumission à l’ordre des choses, autant qu’à l’autorité de ceux qui sont supérieurs par les compétences ou par la charge.
La cohésion du groupe sera assurée par sa hiérarchie et par les différenciations des rôles de chacun, plutôt que par la volonté de créer une union illusoire autour d’un plus petit commun diviseur.
CONCLUSION
En matière de conclusion, il n’est pas inutile de remarquer encore que la forme de la structure sociologique d’un groupe humain ne tient ni à son apparence, ni à ses buts. Elle dépend bien plutôt de la mentalité moyenne des gens, ou de ce que recherchent vraiment ceux qui la conçoivent ou la suscitent.
Un syndicaliste de pointe déclarait un jour que ce qui comptait le plus à ses yeux, ce n’était pas les buts du syndicalisme, mais les moyens qu’on y utilise. « Ce sont eux, disait-il, qui déterminent le comportement psychologique par lequel les hommes se transforment progressivement. »
Au sortir de l’assemblée générale d’un groupement d’agriculteurs, l’un d’eux s’étonnait de ce que tant de discours aient produit si peu de décisions concrètes. « Mais Monsieur, lui fut-il répondu, le but n’est pas de décider quelque chose, le but est de transformer les gens. »
Propos révélateurs qui prouvent que le premier but d’un groupe réducteur n’est pas la finalité apparente qui lui est proposée, mais bien la transformation des hommes. Il s’agit avant tout de les forcer à vivre la démocratie égalitaire que certains voudraient réaliser.
Rappelons simplement ici la phrase de Karl Marx : « Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières, mais il s’agit de le transformer. » (II thèse sur Feuerbarch)
Mais le revirement tient à peu de choses : qu’une ou deux personnes perçoivent à temps les racines sociologiques du phénomène qui s’amorce, et tout est renversé. L’autorité d’une personne peut suffire pour que la structure du groupe soit radicalement modifiée. Tout comme l’usure, le conformisme, ou la maladie d’un responsable, peuvent suffire à soumettre un groupe réaliste au règne des nuées.
Ainsi paraît-il essentiel d’éclairer les intelligences sur les vraies causes du mal social actuel. C’est à cette tâche que cette modeste étude voudrait contribuer.
Le site "Médiats France Libre" publieun article intéressant deRoland Hureaux, montrant que la France et l'Europe se sont construits contre l'idée impériale au fil des siècles ("L’identité française ne se sépare pas de l’identité européenne") et qu'aujourd'hui, elles risquent de se perdre en se mettant à la remorque de l'idéologie néo-impérialiste du Nouvel Ordre Mondial d'unBrzezinski.
Nous pourrions ajouter qu'historiquement, la France a été anti-impérialiste qu'autant elle était fidèle à sa nature monarchique et catholique, et qu'elle s'est fourvoyée dans l'impérialisme à chaque fois qu'elle s'en est écartée, jusqu'à a oublier sa nature profonde et sombrer dans des chimères (impérialismes des Lumières laïcistes, révolutionnaire, bonapartiste, colonialiste, et à présent mondialiste... Un seul trait commun relie tous ces impérialismes : l'anti-catholicisme).
Nous passons sur le contre-sens complet fait par l'auteur (passages soulignés en rouge par nos soins) sur lesLumières, les cités grecques (en réalitédes oligarchies) et la démocratie qui seraient, selon lui, des éléments de cet anti-impérialisme français et européen, alors qu'ils sont au contraire les moteurs actuels de l'Empire démo-libéral (Ex : "croisade pour la liberté et la démocratie" d'unGeorge Bush). L'auteur termine sur cette remarque essentielle : "Loin de se replier sur elle-même, la France, en se souciant de son identité, ne fait que défendre, comme elle l’a toujours fait, l’identité de l’Europe".
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L’identité française ne se sépare pas de l’identité européenne. Dire cela n’a rien à voir avec une quelconque perspective supranationale, au contraire. L’Europe est entrée dans l’histoire avec les cités grecques. C’est leur amour passionné de la liberté qui s’est exprimé àMarathon, auxThermopyles, àSalamine, àPlatées, contre ce que les marxistes devaient appeler plus tard le « despotisme oriental ».
Même refus d’une monarchie orientale avec la victoire, plus ambigüe, d’Octaveà Actium, contre Antoine et Cléopâtre.
Tout en sauvant la façade républicaine, Octave, devenu Auguste, n’en imposa pas moins à Rome un modèle impérial, au mépris de la tradition romaine et de l’esprit de liberté des peuples moins avancés, Celtes, Ibères ou Germains. Mais au bout de quelques siècles, l’Europe, sous le choc des barbares, revint, avec la bénédiction de l’Eglise, à un nouveau type de morcellement. Cette Europe où, depuis l’Edit de Caracalla(212) , tous les hommes libres sont citoyens ne supporte plus les pouvoirs trop lointains. En se partageant l’Empire, Les Francs en Gaule, les Wisigoths en Espagne, les Ostrogoths en Italie, les Angles et les Saxons en Angleterre, les Suèves au Portugal esquissent la carte politique de l’Europe actuelle : des entités politiques de taille moyenne, sous-dimensionnées par rapport aux grands empires byzantin ou arabe mais où le pouvoir semble plus à portée du grand nombre , jusqu’à l’émiettement féodal.
Les tentatives de reconstituer un grand bloc européen de type impérial sur le modèle romain ne manquèrent pas: Charlemagne, le Saint Empire romain germanique, les Habsbourg, jusqu’à Napoléon et Hitler, mais elles firent les unes après les autres long feu. Il est significatif qu’ au XXe siècle les totalitarismes s’emparèrent des deux nations qui s’étaient vu un moment héritières de Rome, l’Allemagne des Kaiser, la Russie des Czars (deux déformations de César) Mais ils n’ont eu , eux aussi, qu’un temps.
Cette histoire tourmentée fait-elle, autant qu’on le dit, de l’ Europe une terre de brassage ethnique ? Elle le fut sans doute au premier millénaire, par l’esclavage d’abord, par les invasions ensuite. Très peu depuis l’an Mil. Au temps des invasions, les nouveaux venus tentaient de s’imposer par le fer et par le feu. Mais ils ne gagnaient pas vraiment : soit qu’ils fussent défaits sur les champs de bataille (les Huns, les Hongrois, les Turcs), soit qu’ils se soient assimilés à la civilisation des premiers occupants : destin de la plupart des peuples germains du Ier millénaire. Les Arabes, seuls, imposèrent leur civilisation en Espagne, mais ils en furent finalement rejetés, comme les Turcs devaient l’être des Balkans.
Et la France dans cette histoire, dira-t-on ?A un degré suréminent, elle porte cette vocation européenne de liberté, elle en est l’emblème.
Emblématique déjà par sa position : le seul qui soit à la fois sur la Mer du Nord, l’Atlantique et la Méditerranée, maritime et continental (au sens de MacKinder) , latin et franc , catholique mais teinté de protestantisme, chrétien mais inspirateur des Lumières, notre pays est à lui seul un condensé de l’Europe.
Comme jadis les cités grecques, il incarna tout au long de l’histoire – sauf l’exception napoléonienne – la résistance à la tentation impériale paneuropéenne : contre le Saint Empire, contre les Habsbourg, contre le Reich bismarkien.
Redécouvrant à la fin du XVIIIe siècle les valeurs de la démocratie grecque, les Français, comme les Grecs jadis, sont bien les Européens par excellence. Ils sont un peu à l’Europe, ce que l’Europe est au monde. Leur identité, c’est d’abord cela.
Tout cela appartient –il au passé ?
Loin de nous l’idée d’oublier ce que la chute du rideau de fer doit à des acteurs non-européens, Américains bien sûr mais aussi Afghans. Reste que cet événement résulta aussi du combat de grands Européens ; Jean Paul II, Walesa et d’autres et doit être considéré comme une grande victoire de la civilisation européenne.
En refusant avec plus de détermination que d’autres l’ultime menace soviétique qu’exprimait la prolifération des euromissiles, notre pays réagit alors en conformité avec son sens séculaire de la liberté.
Comment dès lors s’étonner que la France doute de son identité dès lors que de nouvelles menaces semblent, à tort ou à raison, lui rappeler ce que, tout au long de l’histoire, elle a, comme les autres Européens, rejeté ?
Toujours ouverte aux autres cultures, y compris arabe, comment se résignerait-elle à ce que l’Europe appartienne jamais à l’oumma , ainsi que l’envisagent certains islamistes ?
Comment pourrait-elle accepter que certains faucons américains, tel Zbigniew Brzezinski, prônent la mise en tutelle de l’Europe au sein d’un nouvel ordre impérial ?
Comment ne serait-elle pas inquiète, elle qui, presque tout au long de son histoire, a combattu les empires, d’entendre Barrosodire : « parfois j'aime comparer l'Union Européenne en tant que création, à l'organisation des empires »,même s’il ajoute qu’il s’agira du « premier empire non impérial » (1). De quelque manière que cela soit dit, il n’est en tous les cas pas dans la vocation de la construction européenne de substituer à la variété colorée de ses personnalités nationales, la grisaille d’un soft power bureaucratique.
Loin de se replier sur elle-même, la France, en se souciant de son identité, ne fait que défendre, comme elle l’a toujours fait, l’identité de l’Europe.
Roland HUREAUX
(1) Conférence de presse à Strasbourg ; 10 juillet 2007,
Si le Royaume du Christ "n'est pas de ce monde", cela ne saurait aucunement signifier, comme on l'entend par erreur, que sa royauté ne s'exerce pas sur ce monde (puisqu'Il en est le Créateur)... Le Christ ne tire pas sa royauté de ce monde, mais d'en-Haut.
Une année s'achève, une nouvelle démarre, une grande année pour la France j'espère. Sachons imiter les lituaniens de Salcininkai (l'exemple nous vient de l'est) qui, - interprétion saine et authentique de la laïcité -, viennentde proclamer le Christ Roi de leur municipalité !
Vive le Christ "Roi de France", pour une France libre, indépendante et souveraine !
Bonne et heureuse année à tous ! Spécialement à nos seniorsrelégués à la misère..., à nos frères et soeurs chrétiens persécutésici en France, mais aussidans le mondepour l'annonce de l'Evangile... Tenez bon ! Son Règne est proche !
N'oublions pas de prier pour nos tyrans totalitaires, Nicolas Sarkozy, Eric Besson, François Fillon, etc., et le salut de leurs âmes ! Ils veulent éliminer les Français, changer le peuple, créer l'homme nouveau... (thème des totalitaires Lénine et Staline avec l'homo sovieticus, Hitler avec l'homme aryen...), éliminer les nauséabonds, "faire la France d'après" (faire l'homme métissé, Sarkozy: objectif métissage laïque et obligatoire, "méthodes plus contraignantes encore"..), mais la France, elle, et les Français, continuent de vivre, malgré ces persécutions.
LeTe Deumest un hymne chrétien, titre abrégé de l'expression latine Te Deum laudamus (Dieu, nous te louons). Charpentier a composé six Te Deum, bien que seulement quatre d'entre eux soient conservés jusqu'ici.
Il semble qu'il ait composé cette pièce pour la célébration de la Bataille et de la Victoire de Steinkerque en août 1692.
La composition contient trois parties:
1. Prélude. 2. Te Deum laudamus. 3. Te aeternum Patrem. 4. Pleni sunt coeli et terra. 5. Te per orbem terrarum. 6. Tu devicto mortis aculeo. 7. Te ergo quaesumus. 8. Aeterna fac sum Sanctis tuis. 9. Dignare, Domine. 10. In te, Domine, speravi.
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La Bataille de Steinkerque
En 1692, laguerre de la ligue d'Augsbourgfait rage. ... Fin juillet, leMaréchal de Luxembourg, commandant de l'armée des Flandres, s'installe vers Enghien pour se rapprocher des forces coalisées ennemies anglo-hollandaises deGuillaume III d'Orange. Mais un agent français est arrêté le 31 par l'Electeur de Bavière. "Retourné" par l'ennemi, le bougre est contraint de se lancer dans une opération de désinformation à l'encontre de son ancien employeur, et envoie une missive au Maréchal. Le 2 août,de Luxembourgapprend par son espion que les Coalisés feront "grand fourrage" le lendemain, sur la droite française, et s'attend donc à une belle journée calme... Pourtant, le Comte de Tracy découvre que l'ennemi se livre à de considérables mouvements de troupes et avertit son supérieur.
... Le 3 août au matin, l'armée française est attaquée. Les effectifs en question sont quasi identiques, avec environ 80.000 hommes de part et d'autre. Pris de court, leMaréchal de Luxembourgordonne à ses brigades de se ranger en ligne dès que possible, et masse son infanterie en un pâté de 5 rangs. La cavalerie est déployée derrière l'infanterie, et sur les ailes afin de couvrir les flancs.
Extrait de F. Bluche (dir.), Dictionnaire du Grand Siècle, Fayard, 1990.
A neuf heures, l'ennemi débouche entre Rebecq et le Petit-Enghien, au nord de Steinkerque (aujourd'hui Steenkerque en Belgique wallonne). Heureusement, le terrain très accidenté entrave son avance. Il faudra une heure pour que les coalisés soient au contact, ce qui ôte quelque peu l'effet de surprise. Les Coalisés portent leur coups sur l'aile droite de nos glorieuses troupes. Les Princes (le duc de Bourbon, le Prince de Conti, le futur Régent alors Duc de Chartres et adolescent, le Duc de Vendôme...) eux-mêmes donnent l'exemple en chargeant à la tête des troupes de la Maison du Roi, à peine vêtus (entendez la cravate mal nouée, nous y reviendrons). Toute cohésion tactique est illusoire en un lieu si peu commode. Par fraction séparée, toutes les lignes françaises prendront part à l'action. Par ailleurs, au cours de l'engagement, les piquiers abandonnent leurs armes obsolètes pour ramasser les fusils de l'ennemi. Enfin, le Maréchal de Boufflers arrive d'Enghien à marche forcée avec ses dragons, au son du canon. Grouchy aurait dû en prendre de la graine le jour de Waterloo... Il charge la cavalerie ennemie avec intrépidité.
Partout, la ligne française est triomphante A la tombée de la nuit,Guillaume IIIfait retraite, en bon ordre. Il a perdu 10.000 soldats, 1.300 prisonniers, 9 drapeaux qui iront décorer la nef de Notre-Dame, 10 canons. Selon Voltaire, le peuple est en liesse "Les acclamations et la joie allaient jusqu'à la démence" écrit t-il dans son Siècle de Louis XIV.
Ndlr. Toute la France catholique se lève contre cet "évêque" d'Evreux qui me semble être un franc-mac. --------------------------
« Le diocèse d’Évreux est l’un des plus sinistrés de France. Après Mgr Gaillot et Mgr David, Mgr Nourrichard gère la faillite d’une terre jadis chrétienne, où les églises se ferment les unes après les autres, les catéchismes sont désertés, les vocations découragées, les finances asséchées.
Dans ce désert, un prêtre, l’abbé Francis Michel, maintient la plus vivante des paroisses, Thiberville. Il se trouve que ce curé, qui n’est pas issu du monde traditionaliste mais qui est profondément traditionnel, c'est-à-dire catholique, a appliqué par anticipation leMotu Proprio Summorum Pontificumdu pape Benoît XVI, depuis de longues années. Chez lui sont célébrées des messes dans la forme dite aujourd’hui « extraordinaire » et des messes dans la forme « ordinaire », mais de la manière conforme aux voeux de Benoit XVI et « tourné » vers le Seigneur. Le résultat ? Thiberville et les 17 clochers que dessert l’abbé Michel forment l’ensemble catholique le plus vivant et le plus missionnaire – le seul encore vivant – du diocèse d’Évreux : église de Thiberville comble à toutes les messes, desserte « tournante » des autres églises, catéchismes, participation active des fidèles, foule d’enfants de chœur, scoutisme, confréries, toutes les églises magnifiquement restaurées, enterrements célébrés par le curé lui-même, etc. Ces paroisses où la communion de tous les catholiques est vécue de manière exemplaire est un modèle d’application de la volonté du Pape. Au-delà de toutes les autres raisons avancées, c’est pour cela que l’évêque voudrait faire disparaître le culte à Thiberville. L’idéologie de « l’esprit du Concile », avec 40 ans de retard, doit s’y appliquer. Après bien des épisodes, Mgr Nourrichard va tenter d’enterrer cette expérience : dimanche prochain, le 3 janvier, il se rendra à Thiberville avec ses collaborateurs et, lors de la messe de 10h, il annoncera avec « douleur » sa décision sans appel : la paroisse de Thiberville n’aura plus de curé propre et sera jointe à un « ensemble paroissial ». La mort du catholicisme paroissial plutôt que le recul de l’idéologie.
A Thiberville et dans tout le canton, c’est la consternation. D’abord parce qu’on y aime beaucoup l’abbé Michel et ensuite parce que l’évêque ne le remplacera pas. Tous les élus locaux de la région et tous les paroissiens seront présents pour dire leur soutien à ce prêtre très populaire, qui a pu commettre des maladresses mais dont le tort principal, pour son évêque, est d’être trop « papiste ». Le dimanche 3 janvier, la protestation catholique du Peuple de Dieu se fera dans le plus grand calme pour demander qu’à Thiberville la volonté du Pape soit appliquée.
Nota : L'abbé Francis Michel vient fidèlement pour la célébration de la Messe de Requiem à l'emplacement de l'échafaud du Roy martyr tous les ans au mois de janvier.
------------------------- Add. "ce comité daté de mai 2008 (voir source en bas)
Pour en savoir plus, manifester votre soutien à la paroisse de Thiberville ou signer la pétition vous pouvez écrire à thiberville27@yahoo.fr
Vous pouvez également écrire aux adresses ci-dessous pour témoigner de votre indignation :
Nonciature apostolique en France Le Nonce apostolique est le représentant du Pape en France. Tous les courriers ou dossiers que voudront lui adresser les fidèles de France, serons transmis par lui, et au plus vite, vers les différents services du Saint-Siège.
Nonciature Apostolique en France 10, avenue du Président Wilson 75116 PARIS France Fax : 01 47 23 65 44 noncapfr@wanadoo.fr
Commission Ecclesia Dei Il est très important que cette commission chargée par le Saint-Père de s’occuper des catholiques attachés à la forme extraordinaire du rite latin soit régulièrement informée des joies et des difficultés rencontrées par les fidèles dans leurs relations avec les Églises locales.
Piazza del S. Uffizio, 11 00193 Rome Italie Fax : 00 39 06 69 88 34 12 eccdei@ecclsdei.va
-------------------------- L'Association Pro Liturgia (défense de la messe dans le rite ordinaire) enparle:
Des prêtres révoqués
"Le 3 janvier,Mgr Nourrichard, Evêque d'Evreux, se rendra à Thiberville (Eure) pour annoncer la révocation de l'Abbé Francis Michel, Curé d'une quinzaine de clochers. Cet ensemble paroissial est le plus vivant du diocèse d'Évreux: église de Thiberville comble à toutes les messes et dans les autres églises du secteur, catéchismes, participation active des fidèles, nombreux enfants de chur, confréries... Les messes sont célébrées soit sous la forme ordinaire en latin, versus orientem, soit sous la forme extraordinaire. L'Abbé Francis Michel ne saurait donc plus fidèle aux enseignements de l'Eglise. C'est probablement cette fidélité qui pousse Mgr Nourrichard à priver la paroisse de Thiberville de son Curé. Les clochers du secteur paroissial seront par la suite réunis à l' "ensemble paroissial" de Bernay. Le cas de l'Abbé Francis Michel n'est pas isolé. Dans le diocèse de Strasbourg, où l'on commence aussi à manquer singulièrement de prêtres,Mgr Gralletplacardise un prêtre qui souhaitait continuer, tant que sa santé le lui permettait, à exercer son ministère sacerdotal au service d'une communauté religieuse. Brutalement, ce prêtre est contraint de célébrer la Messe seul, dans sa chambre... (témoignage de fidèles qui ont assisté à cette messe pour ne pas laisser le prêtre seul). Décidément, les mots "sacerdoce", "liturgie", "pastorale", "solidarité", "charité", "ouverture", "accueil"... n'ont pas le même sens pour certains évêques de France que pour le commun des fidèles. Il faudra tenir compte de cette réalité... pastorale.
Les évêques de France et la liturgie
(...)Pour être exact, le titre aurait dû être: "Mgr Nourrichard, comme presque tous les évêques de France, s'oppose à la liturgie de l'Eglise". Voilà: c'est tout, et c'est laréalité. Les évêques de France, dans leur majorité, ne veulent pas du rite romain tout court, qu'il soit "ordinaire" ou "extraordinaire" (d'ailleurs ils ne connaissent vraiment ni l'un ni l'autre); ils ne veulent pas ce qui vient de Rome; il ne veulent pas de ce qui de près ou de loin peut leur faire songer à quelque chose de "traditionnel" (s'ils acceptent d'être habillés en évêque, c'est uniquement en présence du pape car ils savent qu'à ce moment-là ils ne seront pas suspectés d'être trop "tradis"); il ne veulent pas de ces prêtres trop "classiques" et trop fidèles aux enseignements du Magistère qui, en remplissant leurs églises, mettent en évidence l'inefficacité de la pastorale liturgique officielle de l'épiscopat français. Il n'y a malheureusement pas que dans le diocèse d'Evreux que des prêtres ouvertement "romains" sont placardisés et privés d'exercer un ministère...
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Regardez ce que l'on trouve sur le site du diocèse d'Evreux, c'était en 2007 : la chahada, ou profession de foi islamique qu'il n'y a d'autre divinité qu'Allah, l'Unique et le Seul digne d'être adoré; et que Mohammed est Son Pophète... via le Forum catholique
"cartes de Voeux pour l'Aid El Fitr, lors de cette messe pontificale concélébrée fut apporté lors de la procession des offrandes, avec le code du travail et l'étendart Baussant (pauvres Croisés ! ), la profession de foi musulmane" (!) :
• Bilan dans La Croix. Non pas de l’année qui s’achève, mais du désastre catholique, sur quarante ans, de 1965 (fin du Concile) à 2005 (élection de Benoît XVI). C’est le désastre des « messalisants », c’est-à-dire des catholiques allant chaque dimanche à la messe. En 1965, ils étaient 27 % de la population française. Ils ne sont plus que 4,5 % en 2005.
Ce bilan catastrophique se fonde sur une comparaison, aux diverses époques, de sondages d’opinion. Les sondages ne sont pas une science exacte. Mais ils ne peuvent pas inventer une chute de 27 à 4,5. La France est aujourd’hui, selon La Croix (et l’Ifop), « le pays catholique où la pratique dominicale est la plus basse ».
• Cette chute verticale de l’assistance à la messe est d’environ 12 % sous le pontificat de Paul VI et 11 % sous celui de Jean-Paul II. Puisqu’il s’agit de la messe, il est inévitable d’observer qu’un tel désastre est contemporain de l’interdiction de la messe traditionnelle par l’obligation d’une messe nouvelle en français.
On invoquera d’autres causes au désastre. Mais la messe en français reste la principale cause prochaine. Il faut se souvenir des raisons de l’institution d’une messe nouvelle, telles qu’elles ont été énoncées par Paul VI. Il s’agissait de sacrifier le latin et les magnifiques vêtements de la liturgie traditionnelle, dont il ne niait pas l’éclat merveilleux, mais qui étaient selon lui un obstacle à la participation des masses populaires, des journalistes et des hommes d’affaires. La nouvelle messe était donc explicitement imposée pour remplir les églises. Elle les a vidées.
• Isabelle de Gaulmyn, qui présente et commente ces chiffres terribles dans La Croix, s’en montre modérément atterrée. Elle a cru bon d’aller en demander l’explication à un « historien à l’Ecole pratique des hautes études ». On l’a connue moins mal inspirée. Ce personnage se nomme Denis Pelletier, et il a donné l’époustouflante consultation que voici :
« La courbe plonge à partir des années 1970, au moment où, après l’audace post-conciliaire des débuts, l’Eglise revenait à des positions plus classiques. »
Les années 1970 sont au contraire celles où bat son plein la plus spectaculaire et la plus scandaleuse « audace post-conciliaire », la suppression de la messe traditionnelle, abusivement remplacée par la messe en français, bavarde et démago.
Isabelle de Gaulmyn s’appuie sur la sentence paradoxale de l’historien Pelletier pour accentuer le paradoxe :
« La courbe historique [du désastre] montre en tout cas que l’on ne peut attribuer, comme certains l’ont fait, ce décrochage à Vatican II. »
Ah, bon, l’essentiel est sauvé.
• A la page suivante du même numéro de La Croix (29 décembre), Frédéric Mounier, qui a remplacé à Rome Isabelle de Gaulmyn, nous rapporte un propos bien consolant du cardinal Poupard :
« Il faut se souvenir de l’homélie de Paul VI lors de l’ouverture de son pontificat. Pour lui, avant de parler, l’Eglise devait se faire écoute. Ce fut le thème de sa première encyclique. De même (…), il n’a pas condamné la jeunesse en ébullition. Il s’est interrogé : – Saurons-nous les comprendre ? »
Que le Cardinal se rassure. On s’en est beaucoup souvenu. La hiérarchie ecclésiastique, sauf Benoît XVI et quatre ou cinq évêques, écoute d’abord, écoute avant tout, écoute énormément les « tendances actuelles ». Si bien que ce n’est plus guère : « Allez enseigner toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (Mt 28, 19). Ce n’est plus guère ; « Allez dans le monde entier, proclamer l’Evangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas sera condamné » (Mc 16,15-16). C’est plutôt : Allez écouter ce qu’on dit dans le monde, comprenez leurs désirs, accompagnez leurs problèmes…
Alors, qu’on ne s’étonne pas : même les chiffres se mettent à hurler.
PARIS (NOVOPress) – Après six ans de séparation, le groupe de rock celtique irlandais a repris les chemins de la scène pour une grande tournée européenne. Pas moins de dix-huit concerts auront lieu en France. Entre le 1er mars (Lille) et le 14 avril (Amiens), le groupe se produira notamment à Saint-Herblain, près de Nantes (5 mars), Toulouse (8 mars), Lyon (21 mars), Paris (22 mars et 12 avril), Rennes (2 avril) ou Nice (10 avril).
La spécificité des Cranberries provient avant tout de la personnalité de sa chanteuse, Dolores O’Riordan, qui est aussi l’auteur de la plupart des textes du groupe. Pacifiste (comme dans Zombie ou Bosnia), elle est aussi une patriote irlandaise intransigeante (God be with you - Ndlr. "Dieu avec toi Irlande") et une fervente catholique qui n’hésite pas, avec TheIcicle Melts, à pleurer le « bébé défunt », celui qui a été arraché, avant son terme, au ventre de sa mère. Elle est également l’interprète d’Ave Maria, chanson titre du film de Mel Gibson, La Passion du Christ.
En décembre 1994, elle avait accordé aux Inrockuptibles un entretien qui tranchait avec le discours habituellement tenu par les « pop stars ». A la question : « Parler comme le National Front, à 23 ans, ne vous dérange pas ? », Dolores O’Riordan avait répondu :« Ça ne me pose aucun problème. Je me souviens de ces mots : “Œil pour œil, dent pour dent.“ Si je devais commettre un crime un jour, j’accepterais volontiers la peine de mort. Il est temps que les choses soient reprises en main sur cette planète, que le crime soit puni à sa juste valeur. Si on perdait moins de temps avec les criminels, on pourrait s’occuper des vrais problèmes, comme les famines. Je suis sur cette terre pour aider les autres, car il y aura un Jugement dernier. »
The Cranberries, c’est du rock engagé, agréable à écouter et qui, surtout, a su séduire le plus grand nombre grâce à ses qualités musicales. En attendant que les groupes français partageant le même engagement ne soient plus condamnés à jouer dans des caves ou des arrière-salles de bistrot, sachez qu’il reste encore des places pour les dix-huit « grand-messes » des Cranberries en France. Et pas forcément pour très longtemps…
------------------------------------- The Cranberries est un groupe engagé pro-vie, contre l'avortement, et pour la peine de mort pour les criminels et les pédophiles... Cela devient si rare..
Souvenir :
The Cranberries - 05 The Icicle Melts " Live In Paris " Cettre chanson pleure le « bébé défunt »,celui qui a été arraché, avant son terme, au ventre de sa mère..
The Cranberries - Linger
The Cranberries - 04 Ode To My Family " Live In Paris "
sans oublier le titre Zombie (live) dénonçant la guerre civile en Irlande
On trouve en effet sur le site de la CEF,les voeux du Conseil Français du Culte Musulman. Sans aucune réserve. Mohammed Moussaoui se lamente de l'interdiction des minarets en Suisse, mais ne dit absolument rien des attentats qui ont endeuillé les chrétiens d'Irak la nuit de Noël, ni des attaques d'églises par des musulmans en Indonésie, ni des persécutions au Pakistan ou en Egypte, ni de l'interdiction de construire des églises en Arabie Saoudite, ni des églises concédées au Qatar et aux Emirats sans signe chrétien extérieur... Car l'islam est viscéralementanti-chrétien, comme cela est écrit dans le Coran.
Et la Conférence épiscopale cautionne cela. C'est un véritable scandale.
29/12/2009 18:15 VILNIUS, 29 déc 2009 (AFP) - Jésus-Christ devient "roi" d'une municipalité de Lituanie
Les conseillers municipaux d'une petite ville de Lituanie, un pays à forte majorité catholique, ont "intronisé Jésus-Christ comme roi" de leur localité, dans l'espoir de regonfler le moral de la population en cette époque de crise économique. "Introniser Jésus-Christ comme roi de notre municipalité, c'est déclarer solennellement qu'il est notre souverain et protecteur", a déclaré le maire de Salcininkai (sud-est), Zdzislav Palevic, cité par l'agence de presse balte BNS.
"Pendant cette période difficile pour le pays, quand la crise touche le monde entier, le rôle du Christ devient important non pas seulement dans la vie personnelle des gens, mais aussi dans la vie politique et culturelle", proclame l'acte d'intronisation adopté à l'unanimité.
"Ce n'est pas une décision qui pourrait faire du mal. La région est très catholique, et si cela peut encourager la population à respecter les dix commandements, pourquoi pas ?", a expliqué à l'AFP par téléphone Leonarda Stancikiene, l'une des 25 membres du conseil municipal.
Cette ville de près de 7.000 habitants, en majorité des Polonais de souche, est située à une cinquantaine de kilomètres au sud de Vilnius qui fut la première ville lituanienne à avoir confié son sort à Jésus-Christ.
Dans un acte adopté le 12 juin dernier, la région de Vilnius s'était placée sous la protection du Christ "pour éviter des erreurs douloureuses, les dangers et les menaces".
La Lituanie, une ancienne république de l'URSS devenue indépendante en 1990 puis membre de l'UE en 2004, est un Etat laïc, mais la religion catholique demeure une composante essentielle du pays.
Avant la prestation de serment de la nouvelle présidente, Dalia Grybauskaite, c'est l'évêque de Vilnius, le cardinal Audrys Backis qui a prononcé une allocution au parlement. Des messes solennelles sont généralement célébrées à l'occasion des grandes fêtes nationales.
Cate Ouestest un site catholique né de la coopération des 9 services diocésains de catéchèse de la Province de Rennes. L'archevêque de Rennes est Mgr d'Ornellas. Une équipe d’écriture, composée d’une dizaine de personnes issues de ces diocèses a conçu les animations. Le tout a coûté 60 000€. Le site propose des animations interactives aux enfants et jeunes déjà catéchisés ou en lien avec l’Eglise mais aussi à tous ceux qui sont en recherche, ainsi que les personnes en situation de handicap. Mgr d'Ornellas se réjouit :
"Il ne s’agit pas d’un enseignement asséné, le catéchiste est d’abord un témoin. L’enfant, accompagné ou non, garde la maîtrise de son parcours sur la Toile, au fil des questions et des réponses qu’il obtient."
On dirait du catéchisme enseigné selon la pseudo-pédagogie de l'Education nationale : rien n'est enseigné à l'enfant-roi, qui doit découvrir les choses par lui-même... On sait pourtant quels résultats catastrophiques ce pédagogisme a provoqué.
Et il y a de quoi s'inquiéter : quand on litla page consacrée au baptême(destinée aux adultes), on ne trouve aucune trace du péché originel. Or quel est l'intérêt d'être baptisé s'il n'y a pas un péché originel à laver ?Source
L'organisation "laïque" franc-maçonnique exclusivement juiveB'nai B'rith"a lancé une pétition contre la décision de l'Eglise catholique de béatifier Pie XII qui a, selon elle , 'laissé s'accomplir les crimes nazis'". (Sources :1 L'Express, AFP; 2 France24; 3 7sur7.be; 4 Lesechos.fr)
Cette organisation soit-disant "laïque", exclusivement juive... se mêlant des affaires catholiques, apostoliques et romaines,avaitappelé en janvier 2009 à s'opposer à la réhabilitation des catholiques traditionalistes par Benoît XVI, par un rassemblement le 1er février à 11h00 devant la représentation diplomatique du Vatican à Paris, au 10 Avenue du président Wilson dans le XVIe arrondissement.
"En mars 1986, alors que la droite venait de remporter les élections législatives, les associationsB'nai B'rith, dans un communiqué au journal Le Monde (26 mars 1986), rappelaient à Chirac ses promesses:
"Les B.B. lancent un appel à la vigilance, attirent l'attention des partis de la nouvelle majorité [le Rpr et l'Udf] contre toute tentation de vouloir reprendre les slogans extrémistes sur l'insécurité et les idées xénophobes à l'encontre des immigrés, et rappellent aux représentants de ces partis leurs engagements pris, au cours des forums du B.B., devant la communauté, déclarations reprises après proclamations des résultats du vote, de ne s'allier en aucun cas au Front national".
L'engagement pris par Chirac devant les B'nai B'rith lui permit d'être élu "président de la république" en 1995... Source: Paul Chaussée, Miracle et message du Saint-Suaire, Ulysse, Le Poiré-sur-Vie, Vendée, 1999, p. 167, note 30.
Une video à montrer aux retraités qui sont aux avant-postes pour voter Ump, imaginant ainsi préserver leur pouvoir d'achat... Toutes les classes sociales françaises sont à présent attaquées, sarclées et éliminées. Pas de pitié, les zélites oligarchiques ont décidé d'accélérer, "Méthodes plus contraignantes encore".. ..."Changer le monde" avec les jeunes de l'Ump Détruire et éliminer la France sclérosée...
Saint Patrick, dans Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 141.
Patrice ou Patrick, apôtre de l'Irlande en 432, naquit en France en 385 sur le territoire de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) selon l'opinion la plus probable, dans...
Avez-vous déjà entendu Marie être appelée "Étoile de la Mer" ? Dans la tradition catholique, ce titre - Stella Maris - est l'un de ses plus anciens et de ses plus poétiques. Il ne s'agit pas seulement de jolis mots ; il est chargé de sens quant à son...
Illustration extraite du pied de la croix qui est au-dessus de l'autel de la Basilique Sainte-Claire d'Assise. Bienheureuse Bénédicte, clarisse (+1260) Appelée aussi Benoîte, elle était clarisse au couvent de Saint-Damien dont l'abbesse n'était autre...
Le nom et le grade de ce soldat, non précisés dans les évangiles, lui ont été attribués par des écrits ultérieurs.
Le centurion qui était là en face de Jésus, voyant comment il avait expiré, s'écria: "Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu!" (Marc...
Sainte Louise de Marillac, dans Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p. 130.
Louise de Marillac, naquit le 12 août 1591, à Ferrières-en-Brie où elle fut baptisée avant que son père, dont elle était la fille naturelle ne s'installât...
"En tant que catholique, d'origine juive et converti du protestantisme, je rejette catégoriquement le sionisme chrétien et le Talmud en général. Tous deux sont antéchristiques. Les Juifs ne peuvent trouver leur accomplissement que dans l'Église catholique....
Le Saint Graal est la relique chrétienne la plus fameuse. Mais le "Saint Graal" originel n’était PAS la coupe de la Dernière Cène. La véritable histoire du Graal est bien plus étrange que cela...
Pendant les mille premières années du christianisme, personne...
Sainte Mathilde de Germanie, Reine
Mathilde est la fille du comte saxon Théodoric (Thiadrich) et de son épouse Reinhild d'origine dano-frisonne. On compte parmi ses ancêtres plusieurs chefs des Saxons, dont Widukind, le principal adversaire du roi franc...
Rodrigo de Córdoba - tableau de Bartolomé Esteban Murillo (1618-1682) - musée de Dresde
Saint Rodrigue avait deux frères vivant à Cordoue sous la domination arabe. L'un était chrétien et l'autre musulman ; ils se battaient souvent pour des questions de...
Martyrologe Romain : À Arezzo, en Toscane, l’an 1319, la bienheureuse Justine Francucci Bezzoli, vierge, moniale bénédictine, qui termina sa vie en recluse. (1) Justine Bezzoli est née à Arezzo vers 12601. Très jeune, elle est portée vers la piété, la...