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« Je recommande à mon fils s’il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, [...] qu’il ne peut faire le bonheur des Peuples qu’en régnant suivant les Lois, mais en même temps qu’un Roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire, et qu’autrement étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile. » (Testament de Louis XVI)
Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.
Père céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils, Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit-Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit, qui procédez du Père et du Fils, ayez pitié de nous.
Esprit du Seigneur, qui, au commencement du monde, planiez sur les eaux et les avez rendues fécondes, ayez pitié de nous.
Esprit, par l'inspiration duquel les saints hommes de Dieu ont parlé, ayez pitié de nous.
Esprit dont l'onction nous apprend toutes choses, ayez pitié de nous.
Esprit, qui rendez témoignage de Jésus-Christ, ayez pitié de nous.
Esprit de Vérité, qui nous instruisez de toutes choses, ayez pitié de nous.
Esprit qui êtes survenu en Marie, ayez pitié de nous.
Esprit du Seigneur qui remplissez toute la terre, ayez pitié de nous.
Esprit de Dieu, qui êtes en nous, ayez pitié de nous.
Esprit de Sagesse et d'Intelligence, ayez pitié de nous.
Esprit de Conseil et de Force, ayez pitié de nous.
Esprit de Science et de Piété, ayez pitié de nous.
Esprit de Crainte du Seigneur, ayez pitié de nous.
Esprit de Grâce et de miséricorde, ayez pitié de nous.
Esprit de Force, de dilection et de sobriété, ayez pitié de nous.
Esprit de Foi, d'Espérance, d'Amour et de Paix, ayez pitié de nous.
Esprit d'humilité et de chasteté, ayez pitié de nous.
Esprit de bonté et de douceur, ayez pitié de nous.
Esprit de toutes sortes de grâces, ayez pitié de nous.
Esprit qui sondez même les secrets de Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit qui priez pour nous par des gémissements ineffables, ayez pitié de nous.
Esprit qui êtes descendu sur Jésus-Christ sous la forme d'une Colombe, ayez pitié de nous.
Esprit par lequel nous prenons une nouvelle naissance, ayez pitié de nous.
Esprit qui remplissez nos cœurs de charité, ayez pitié de nous.
Esprit d'adoption des enfants de Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit qui avez paru sur les disciples sous la figure de langues de feu, ayez pitié de nous.
Esprit dont les apôtres ont été remplis, ayez pitié de nous.
Esprit qui distribuez vos dons à chacun selon votre volonté, ayez pitié de nous.
De tout mal, délivrez-nous, Seigneur.
De tout péché, délivrez-nous, Seigneur.
Des tentations et des embûches du démon, délivrez-nous, Seigneur.
De la résistance à la Vérité connue, délivrez-nous, Seigneur.
De l'obstination et de l'impénitence, délivrez-nous, Seigneur.
De toute souillure de corps et d'esprit, délivrez-nous, Seigneur.
De l'esprit de fornication, délivrez-nous, Seigneur.
De tout mauvais esprit, délivrez-nous, Seigneur.
Par votre éternelle procession du Père et du Fils, délivrez-nous, Seigneur.
Par la conception de Jésus-Christ qui s'est faite par votre opération, délivrez-nous, Seigneur.
Par votre descente sur Jésus-Christ dans le Jourdain, délivrez-nous, Seigneur.
Par votre descente sur les disciples, délivrez-nous, Seigneur.
Dans le grand jour du Jugement, délivrez-nous, Seigneur.
Pauvres pécheur, nous vous prions, écoutez-nous,
Afin que, vivant par l'Esprit, nous agissions aussi par l'Esprit, nous vous prions, écoutez-nous.
Afin que, nous souvenant que nous sommes temple du Saint-Esprit, nous ne le profanions jamais, nous vous prions, écoutez-nous.
Afin que, vivant selon l'esprit, nous n'accomplissions pas les désirs de la chair, nous vous prions, écoutez-nous.
Afin que nous mortifiions les œuvres de la chair, nous vous prions, écoutez-nous.
Afin que nous ne Vous contristions pas, Vous qui êtes le Saint-Esprit de Dieu, nous vous prions, écoutez-nous.
Afin que nous ayons soin de garder l'unité de l'esprit dans le lien de la paix, nous vous prions, écoutez-nous.
Afin que nous ne croyions pas facilement à tout esprit, nous vous prions, écoutez-nous.
Afin que nous éprouvions les esprits, s'ils sont de Dieu, nous vous prions, écoutez-nous.
Afin que Vous renouveliez en nous l'esprit de droiture, nous vous prions, écoutez-nous.
Afin que Vous nous fortifiiez par votre Esprit souverain, nous vous prions, écoutez-nous.
Agneau de Dieu, qui ôtez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui ôtez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui ôtez les péchés du monde, ayez pitié de nous.
Oraison :
Nous vous supplions, Seigneur, de nous assister sans cesse par la vertu de votre Esprit-Saint, afin que, purifiant par sa miséricorde les taches de nos cœurs, il nous préserve encore de tous les maux. Par Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Ainsi soit-il.
Le révérend père Charles MAIGNEN
Frère de Saint-Vincent-de-Paul
Auteur de l’opuscule « la souveraineté du peuple est une hérésie. »
Nous voudrions apporter notre contribution au débat sur la forme de la constitution européenne par le rappel de quelques principes et vérités élémentaires.
Le père Charles Maignen dans une étude sur la souveraineté populaire aborde une question qui intéresse tous les juristes et surtout bien sûr les juristes catholiques.
Le dogme de la souveraineté du peuple n'est plus remis en question si ce n'est par la doctrine traditionnelle de l'Eglise qui est largement oubliée ou niée non seulement par les néo -catholiques de l'église conciliaire, mais par tous les tenants des doctrines libérales qui se sont installés dans l'Eglise depuis deux siècles.
« Omnis potestas a Deo » ou bien « Omnis potestas a populo »
L'argutie consiste à fausser le problème en prétendant que cette souveraineté vient (peut-être ?) de Dieu mais passe nécessairement par le suffrage populaire.
Charles Maignen est né en 1858 ; il est le neveu du Père Maurice Maignen qu'il rejoint, à vingt ans, dans la congrégation des Frères de Saint-Vincent-de-Paul. Envoyé en 1881 au Séminaire français de Rome, il y organise une « Conférence » en liaison avec l'oeuvre des cercles catholiques d'ouvriers. Il gagne la confiance du supérieur, le Père Eschbach, qu'il tient au courant des publications concernant les questions sociales.
Il est ordonné prêtre à Rome en 1884. Docteur en théologie, attaché d'abord, à Paris, à l'Association des jeunes ouvriers de Notre-Dame de Nazareth, il devient en 1886 le premier aumônier de l'A.C.J.F. et y assume, en outre, la direction de la section des Etudes. Très informé de la recherche doctrinale poursuivie à Rome, il propose une «fidélité inventive » dans le domaine social.
Pour garder l'unité et le dynamisme de I'A.C.J.F., Albert de Mun la soustrait à une dépendance trop étroite de l'épiscopat en transférant aux Jésuites la charge d'aumônier. Fin décembre 1887, le Père Le Tallec remplace l'abbé Maignen qui garde la direction des Études.
Mais, royaliste, Maignen désapprouve l'adhésion d'A. de Mun à l'encyclique de Léon XIII sur le Ralliement et il quitte l'A.C.J.F. en 1892. En 1894, il perd sa charge de directeur du Cercle catholique de Montparnasse, pour avoir soutenu Drumont contre A. de Mun qui avait appuyé le gouvernement dans le vote des « lois scélérates ».
Après un passage à l'oeuvre des Orphelins apprentis d'Auteuil, l'abbé Maignen reste sans fonction précise durant une dizaine d'années qu'il emploie à combattre les courants novateurs. En 1898, il publie un livre contre l'américanisme et le Père Hecker : Le Père Hecker est-il un saint ? Contre la tendance démocrate, le Congrès de Bourges de 1900 et les abbés Lemire, Birot, Naudet et Dabry, il publie en 1901: `Nationalisme, catholicisme, révolution.
Sur le même sujet, en réponse au livre du P. Maumus : La République et la politique de l'Église, ilavait rédigé en 1892, la brochure dont nous publions ici un extrait.
Dans `Nouveau catholicisme et nouveau clergé’, qu'il publie en 1902, il s'attaque au modernisme. Il s'en prend aux articles d'A. Firmin (pseudonyme de l'abbé Loisy) parus dans la Revue du clergé français. Dans La Vérité, puis La Vérité française, hostile au Ralliement, organe né d'une scission dans la rédaction de L'Univers, en 1893, et qu'il a contribué à fonder avec Élise Veuillot, il multiplie les articles ; en 1903, il y dénonce les ouvrages de Loisy : 'L'Evangile et l'Église' et `Autour d'un petit livre’.
Le premier « détruit l'édifice catholique tout entier, depuis les fondements jusqu'au faîte, sans en respecter aucune partie et menace la foi des simples ». Charles Maignen estime que « l'esprit nouveau inspire chaque jour des témérités plus grandes à ceux qui ont entrepris de rajeunir l'Église en la réconciliant avec le siècle », et il réclame des « exécutions nécessaires » et des « mesures suprêmes ».
Le second ouvrage prouve le dualisme intellectuel de Loisy, et Maignen montre l'étendue des ravages accomplis déjà dans l'Église. Pour lui, tous les novateurs ont partie liée, « depuis les Annales de philosophie chrétienne jusqu'au Sillon en passant par la Justice sociale... »
Il attaque aussi Blondel dont le système, dit-il, « altère ou plutôt détruit la notion du miracle, d'accord avec l'exégèse de M. Loisy qui vient lui prêter appui et en doubler le danger ». Charles Maignen ne cessera plus de pourfendre le « nouveau catholicisme » : par là, il désigne tous les courants qui dérivent du catholicisme libéral et dans lesquels il discerne la menace d'un schisme.
Sous le supériorat du Père Anizan, Charles Maignen est envoyé à Tournai, à la maison mère dela Congrégation. Sous le pseudonyme de Vincent Després, il correspond avec Mgr Benigni, le chef du Sodalitium Pianum, autrement dit La Sapinière.
Lorsque Pie X dépose le P. Anizan, au début de 1914, Maignen est appelé à Rome comme recteur du scolasticat. En 1917, il est nommé procureur général de sa Congrégation et qualificateur du Saint-Office.
En 1933, Charles Maignen a résumé sa pensée dans `La doctrine sociale de l'Église d'après les encycliques’. Il meurt en 1937.
(D’après M. l’Abbé N. PINAUD dans « Le Donjon « de février 2004.)
Doctrine des théologiens sur l'origine de la société et du pouvoir civil
‘Suffrage universel — Mensonge universel’ Pie IX
Quelle est l'origine de la société civile ?
Avant de répondre à cette question, il est nécessaire d'en bien préciser le sens, car l'origine de la société peut être considérée au point de vue de l'histoire ou au point de vue de la doctrine.
C'est à la philosophie chrétienne, que nous demanderons d'abord de nous répondre et de nous dire pour quelles raisons il est nécessaire à l'homme de vivre en société.
L'homme, dit Saint-Thomas d'Aquin(1), ne peut se suffire à lui seul(2).
Comment un individu isolé pourrait-il se procurer tout ce qui est nécessaire à sa nourriture ? Comment se préparerait-il des vêtements, des remèdes, un abri ? Comment fabriquerait-il, en même temps, ses instruments de travail ?
Restant seul, il ne pourrait faire de son temps et de ses forces une part suffisante pour accorder à l'étude, au travail manuel et aux soins de sa nourriture ce qui est nécessaire, cependant, pour qu'un homme arrive au complet développement de ses forces physiques et de ses facultés morales.
Il est vrai que les philosophes du XVIII° siècle ont prétendu que cet état d'ignorance et d'isolement était l'état naturel de l'homme ; mais, par une contradiction singulière, ils avouaient que si l'humanité n'était sortie de cet état de nature, pour se constituer en sociétés, elle eût infailliblement péri.
Singulier état de nature, assurément, qui eût mené la nature humaine à sa destruction !
Cet aveu seul peut suffire à prouver la vérité de la thèse catholique : car l'état naturel d'une créature doit être favorable à sa conservation et au perfectionnement de ses facultés.
Or, cet état, qui favorise la conservation et l'amélioration de l'espèce humaine, c'est l'état social.
Le véritable état de nature est donc celui de l'homme vivant en société avec ses semblables.
Mais il y a plusieurs sortes de sociétés parmi les hommes.
La première, la plus naturelle, la plus nécessaire de toutes, c'est la famille, qui fournit à l'homme les premiers secours, et les plus indispensables, à la conservation et au bien-être de la vie.
C'est elle qui,par le mariage, assure la multiplication du genre humain sur la terre; c'est elle qui procure à l'enfance les soins multiples qu'exigent la délicatesse de son corps et l'ignorance de son esprit ; c'est elle qui donne les affections pures et fidèles.
Mais elle n'est pas la seule société nécessaire. Ce que nous avons dit de l'individu isolé peut, dans une certaine proportion, s'appliquer à la famille, si elle ne trouve dans une société plus étendue et plus forte le complément dont elle a besoin.
Elle aussi ne peut se suffire entièrement à elle-même.
Pourra-t-elle, par ses seules ressources, exercer les industries multiples que suppose un degré convenable d'aisance et de bien-être dans le vêtement, la nourriture et l'habitation ? Ses membres pourront-ils, à eux seuls, acquérir les connaissances nombreuses et difficiles que suppose l'exercice convenable de ces différentes industries ? Pourront-ils se livrer à l'étude des sciences, dans la mesure où elles sont nécessaires au développement normal de l'intelligence ? Enfin seront-ils en mesure de résister à leurs ennemis et de se faire justice eux-mêmes, sans blesser les droits d'autrui ?
Une famille isolée, placée en dehors de toute société, et n'ayant rien, qu'elle ne doive tirer de ses propres ressources, sera nécessairement dans une grande indigence des biens dont l'homme a besoin pour le développement de ses facultés.
Ainsi, les familles sont amenées par la nécessité à s'unir en une société plus parfaite, comme les individus sont poussés par une nécessité encore plus impérieuse à se grouper autour d'un foyer.
Cette société, appelée à suppléer à l'insuffisance de la société domestique et à assurer, en même temps, sa conservation et sa prospérité, dans l'ordre public, est désignée communément par les auteurs sous le nom de société civile ou société politique ; son origine, sa raison d'être, c'est la loi naturelle elle-même, c'est-à-dire Dieu, qui en est la règle et l'auteur.
C'est Dieu qui a fait l'homme, tel qu'il ne puisse vivre sans l'institution de la famille ; c'est donc Dieu qui est l'auteur de la famille. C'est Dieu, auteur de la famille qui a fait cette société première insuffisante par elle-même, en sorte que les familles aient une tendance naturelle à s'unir pour former la société civile ; Dieu est donc l'auteur de la société civile.
Ainsi, la cause première de la société civile, c'est Dieu ; sa cause prochaine, c'est la nature de l'homme, sa cause immédiate, c'est la nature de la famille.
Telle est, en quelques mots, la réponse de la philosophie catholique à notre question : Quelle est l'origine de la société civile ? (3)
Interrogeons maintenant l'histoire. Il ne s'agit pas ici de remonter à l'origine de chaque société civile, de chaque nation, mais seulement à l'origine de la première société, de celle avant laquelle il n'existait que des familles.
L'histoire des origines de notre race est tout entière contenue dans les premiers chapitres dela Genèse ; les faits qu'elle rapporte sont attestés par l'autorité même de Dieu : il n'y en a donc pas qui puissent présenter un plus grand caractère de certitude.
Nous trouvons, dans ces faits, une confirmation éclatante de la doctrine formulée plus haut.
Au commencement, Dieu crée un seul homme, mais il ajoute bientôt : « Il n'est pas bon que l'homme soit seul (4) ». Il lui donne une compagne, « adjutorium simile sibi »(5), et la famille est fondée.
L'homme pécha, avant que la famille eût pu donner naissance à une autre société ; faut-il en conclure que la société civile n'aurait pas existé si Adam eût persévéré dans l'état d'innocence ?
Ce serait trop se hâter de résoudre une question sur laquelle de grands théologiens ont des opinions contraires et qui, d'ailleurs, est indifférente.
En tout cas, il est de fait que la société civile, supposant la pluralité des familles, n'a pu se former et ne s'est formée, en réalité, qu'après une certaine propagation du genre humain sur la terre.
Toutefois, la formation de la société fut contemporaine des premiers hommes.La Genèse fait, pour la première fois, mention de la fondation d'une ville, après le meurtre d'Abel par son frère (6).
Caïn ne fut pas le seul fils d'Adam qui donnât naissance à une cité, et, avant la fin de sa longue carrière, le père de tous les hommes put voir des villes nombreuses et florissantes sortir de cette terre que Dieu lui avait donnée pour être fécondée par son travail.
Le fait primordial qui a déterminé la formation des anciennes sociétés politiques, c'est l'extension et la multiplication des familles issues d'une même souche, lui restant unies d'abord par des liens purement domestiques, puis, peu à peu, par des relations d'un caractère public et juridique.
Ensuite, la conquête, les traités ou le libre consentement de plusieurs, ont servi de point de départ à la formation d'un grand nombre d'États ; mais la communauté d'origine reste le fait naturel qui donne naissance aux cités. C'est ce que Cicéron exprimait ainsi : « Prima societas in ipso conjugio est, proxima in liberis, deinde una domus, communia omnia. Id autem est principium urbis et quasi seminarium reipublicae ». (De Officiis).
Ainsi, la philosophie et l'histoire s'accordent pour affirmer que la société est voulue et exigée par la nature, et que les théories du Contrat social ne sont pas moins en contradiction avec les faits qu'avec la raison.
Dans l'Encyclique « Immortale Dei » le Souverain Pontife a résumé la doctrine catholique : « L'homme, dit-il, est né pour vivre en société, car ne pouvant dans l'isolement ni se procurer ce qui est utile et nécessaire à la vie, ni acquérir la perfection de l'esprit et du coeur ;la Providence l'a fait pour s'unir à ses semblables en une société tant domestique que civile, seule capable de fournir ce qu'il faut à la perfection de l'existence ». Déjà, dans l'Encyclique « Diuturnum illud », le Pape avait dit plus brièvement encore et avec plus de force : « Magnus est error non videre, id quod manifestum est, homines, quum non sint solivagum genus, citra liberam ipsorum voluntatem ad naturalem communitatem esse natos » ; et, parlant du Contrat social, il ajoutait : « Ac praeterea, pactum quod praedicant, est aperte commentitium et fictum. »
L'enseignement de l'Église est donc très nettement formulé sur ce point, et les catholiques ne peuvent hésiter à le suivre.
II
Quelle est la nature et la fin de la société civile ou politique?
1° Nature de la société civile.
La société civile est une société naturelle, nécessaire, parfaite et organique. Elle est naturelle, ce qui ne veut pas seulement dire qu'elle est conforme à la nature de l'homme et que les principes de la raison naturelle suffisent, par eux-mêmes, à sa constitution et à son fonctionnement ; cela implique encore que ses lois fondamentales, sa constitution essentielle, sont dictées et imposées par la nature et qu'il n'est pas loisible à l'homme d'en méconnaître les principes et d'en violer les prescriptions.
De même que, pour la société domestique, l'unité et l'indissolubilité du lien conjugal sont imposées aux hommes par une volonté supérieure, de même, pour la société civile, il est des lois qui s'imposent au législateur lui-même, qu'il n'a pas le pouvoir d'enfreindre, mais qu'il a le devoir de reconnaître et de sanctionner.
Tous les droits et tous les devoirs, même dans l'ordre civil, ne dérivent donc pas de la loi humaine ; l'État n'en est pas l'auteur et la source ; mais il est des droits imprescriptibles dont il a le devoir de se faire le protecteur et le gardien. C'est pourquoi, la proposition suivante a été condamnée dans le Syllabus :
39. L'État, comme étant l'origine et la source de tous les droits, jouit d'un droit qui n'est circonscrit par aucune limite.
La société civile est, en second lieu, une société nécessaire, c'est-à-dire qu'elle n'est pas seulement conforme et proportionnée à la nature de l'homme, mais que cette même nature exige qu'une telle société existe.
Ce qui a été dit précédemment sur l'origine de la société civile peut servir à prouver cette nécessité et à en expliquer la nature.
L'existence de la société civile est nécessaire au complet et parfait développement de l'espèce humaine ; elle n'est pas rigoureusement et directement exigée pour la conservation de chaque individu et de chaque famille considérée séparément
Nous verrons combien cette remarque est importante quand nous traiterons du but de la société.
La société civile est encore une société parfaite. On désigne, dans l'Ecole, sous le nom de société parfaite ou complète celle qui possède, par elle-même, tous les moyens d'atteindre son but, en sorte qu'elle n'est pas destinée à trouver dans une société supérieure son complément et sa perfection.
C'est ce que le Souverain Pontife a plus brièvement exprimé dans l'encyclique Immortale Dei, en rappelant que l'Église est une société parfaite ; Elle possède, en soi et par elle-même, toutes les ressources qui sont nécessaires à son existence et à son action.
La société civile répond bien à cette définition de la société parfaite ; elle possède tous les moyens naturels de procurer à l'homme la félicité de cette vie, puisqu'elle supplée, en cela, tout ce qui manque à la société domestique ; et elle n'est pas destinée à faire partie d'une société supérieure de même ordre, puisque nous ne voyons pas, dans l'ordre naturel, de société à laquelle elle puisse être subordonnée.
Ainsi, la société civile est justement considérée comme une société parfaite, et le pouvoir suprême lui appartient dans les choses purement temporelles.
C'est encore l'enseignement du Saint-Père, dans la même encyclique ; parlant des deux sociétés, l'Église et l'Etat, il dit : Chacune d'elles, en son genre, est souveraine.
Enfin, la société civile est une société organique, c'est-à-dire qu'à l'exemple des corps vivants dont les membres ne sont pas animés d'un mouvement purement mécanique, mais jouissent chacun d'une vie propre, bien que dépendante de la vie du corps tout entier, la société civile se compose d'organes dont la vie et la constitution sont distinctes de la sienne, tout en lui restant subordonnés. Ces organes vitaux de la société civile, ce sont ses membres, c'est-à-dire les familles, les communes, les provinces : car la société civile ne se compose pas d'individus, elle se compose de sociétés moindres, antérieures à elle par leur nature, plus strictement nécessaires et plus directement instituées de Dieu: Ces sociétés ont leurs droits et leur constitution propres, que la société civile n'a pas le droit d'altérer ou de méconnaître, mais qu'elle a le devoir de sauvegarder.
La société civile n'est donc pas une collection d'individus égaux, mais une hiérarchie de sociétés subordonnées, auxquelles les individus peuvent appartenir à différents titres et dans lesquelles ils exercent des magistratures et des fonctions en rapport avec leur condition.
La constitution des sociétés modernes est loin de présenter ce caractère ; c'est là son tort et son malheur. Fondée pour l'individu, ne connaissant d'autres droits que les droits individuels et les droits de l'État, cette constitution sociale est fatalement conduite à osciller entre le libéralisme et le socialisme, pour tomber enfin dans une complète dissolution.
Toute définition de la société civile qui ne la présente pas comme un corps moral naturel, nécessaire, complet et hiérarchiquement organisé, doit donc être rejetée.
Mais il n'est pas possible de connaître la véritable nature et les caractères essentiels de la société civile, si l'on n'en précise nettement le but, la fin.
2° Fin de la société civile.
Il résulte de la constitution organique de la société civile que sa fin propre et immédiate ne peut être ni le bien individuel de chaque homme, ni le bien privé de chaque famille, mais le bien commun des familles et des autres associations qui lui sont subordonnées.
Ce bien commun est un bien temporel : car le bien spirituel est la fin propre de l'Église, et on ne saurait l'assigner pour but immédiat à la société civile, sans amener entre les deux pouvoirs une inévitable et funeste confusion ; c'est, de plus, un bien extérieur : car le bien intérieur, même temporel, de chaque homme est d'ordre individuel et privé, nullement d'ordre social ; enfin, ce bien temporel que doit procurer l'union des familles en une société parfaite consiste dans l'ordre et la prospérité publiques.
Cet ordre et cette prospérité ne sauraient être limités aux seules conditions matérielles de la vie, et doivent s'étendre à l'ordre moral tout entier ; en effet, le bonheur de l'homme, même en cette vie, ne consiste pas uniquement, ni même principalement, dans la satisfaction des exigences du corps ; il dépend surtout des dispositions intellectuelles et morales de l'âme ; la société civile ne serait donc pas une société naturelle et parfaite dans son ordre, ni même une société vraiment humaine, si elle ne tendait à procurer la félicité temporelle conformément à la nature de l'homme dans ce qu'il y a en elle de plus élevé et de proprement humain. La société doit donc pourvoir, par des moyens proportionnés à sa nature, au perfectionnement intellectuel et moral de l'homme.
Si nous voulons embrasser dans une même définition toute l'étendue de la fin de la société civile, nous dirons donc : La société civile a pour but le bien commun temporel de l'homme tout entier, en tant que ce bien peut être obtenu par les actions extérieures (7)
Ainsi, c'est donner une définition incomplète et tronquée du but de la société, que de lui assigner la protection des droits et de la liberté de chacun, ou le maintien de la paix et de la sécurité publiques ; elle doit tendre à procurer le bien temporel de l'homme dans toute sa plénitude et son extension, mais seulement dans l'ordre public et en dehors de la sphère d'action des individus, des familles ou des associations.
Ainsi, le rôle de la société est très étendu : il atteint tout ce qui intéresse le bonheur et le perfectionnement de l'homme en cette vie, mais les limites en sont très nettement définies, puisque sa raison d'être et sa mission cessent là où commencent celles de la famille et des autres organes du corps social.
Cette conception de la fin de la société civile permet seule de rester à égale distance entre les deux écueils les plus redoutables en ces matières : le libéralisme et le socialisme.
(1) De regimine Principum, lib. I, cap. I.
(2) :Cf Charles Maurras — Mes Idées politiques
(3)Taparelli : Essai théorique de Droit naturel ; cardinal Zigliara : Philosophia moralis ; Mgr Cavagnis : Notions de droit public naturel et ecclésiastique.
(4) 2. Genèse : Chap. II, v.18.
(5) Ibidem.
(6)Genèse : Chap. IV, v. 17.
(7) Mgr Cavagnis : Notions de Droit public naturel et ecclésiastique

Pie IX
Le christianisme est le fils, non de la tradition juive, mais de la pensée païenne. Il n'y a aucun doute à cet égard : c'est la conclusion à laquelle aboutit, comme Pierre Chaunu, J.T. Noonan, dans son traité Contraception et mariage (Paris, éd. du Cerf, 1969).
C'est ce qu'exprime aussi, de manière plus générale, Michel Meslin, directeur du département de science des religions à la Sorbonne, lorsqu'il écrit : "Le fondement critique et rationnel de la culture antique était indispensable à l'explication des dogmes chrétiens" (Histoire de l'Eglise par elle-même, introduction à l'Eglise antique, p. 22). Et lorsqu'il note que les catégories du stoïcisme servirent aux chrétiens pour expliquer jusqu'à la génération du Verbe, deuxième personne de la Trinité.
Comment s'étonner dès lors que, pour la chrétienté médiévale, dans ses plus hautes lucidités, le stoïcien Sénèque ait été une sorte de Père de l'Eglise ? Notamment pour les Cisterciens : la référence à Sénèque abonde dans l'"humanisme cistercien". Nous avons devant les yeux une de ces références dans un manuscrit cistercien de 1292, provenant très probablement du Collège Saint-Bernard, et riche d'inédits, que nous avons récemment retrouvé.
Notre citation de Michel Meslin et de son rattachement de l'explication chrétienne à la filiation païenne, particulièrement stoïcienne, rendra moins surprenant un autre aspect de cette filiation. Celui qui réfute le dernier point de la mise en cause de l'Eglise par les néo-paganisants : la prétendue destruction, par le christianisme, des élites naturelles de l'Empire romain, nouvelle forme du meurtre de la société antique.
Païens jusqu'au bout
Le christianisme n'a nullement détruit les élites païennes. Ces élites ont subsisté jusqu'à l'installation des Barbares dans l'Empire. Le montrait déjà il y a trois cent ans l'Histoire des oracles de Fontenelle (1687) copiant d'ailleurs l'Histoire nouvelle du chroniqueur antique Zozime et d'autres chroniqueurs du temps.
Dans le seconde moitié du IVe siècle, sous Valens en Orient et sous les Valentiniens en occident "des personnes de grande considération" continuaient à sacrifier aux dieux. A la fin du IVe siècle, sous Théodose, "tout le Sénat tenait encore pour le paganisme" et les Vestales habitaient toujours le "Temple de la Mère des dieux". A la même époque, le sénateur païen Symmaque était toujours préfet de Rome (384), puis consul (391). Saint Ambroise ayant dû combattre pour s'opposer aux initiatives de ce dernier en faveur du culte païen, nota dans la polémique qui s'ensuivit que les païens devaient être satisfaits de voir les places publiques, les portiques et les bains toujours remplis des statures de leurs dieux.
Le gouvernement de l'Empire était toujours assumé par des païens : avec Symmaque, son collègue sénateur Prétextat.
Lors même que Rome était assiégée par Alaric en 410, elle était encore pleine de statues païennes, puisqu'on les dépouilla ou fondit pour financer la défense, vaine on le sait. Pourtant, nulle part on ne voit de personnalité païenne défendre efficacement la société romaine contre les Barbares. Partout cette défense est assurée par les évêques qui seront ainsi les derniers représentants authentiques de la romanitas, de saint Aignan à Orléans, à saint Loup à Troyes, à saint Sidoine Apollinaire en Auvergne, au pape saint Léon à Rome.
Quel plus typique représentant de la romanitas de l'extrême fin de l'Empire que cet évêque de Gaule, Sidoine Apollinaire (432-489), lui qui n'a cessé de proclamer "Nôtre est César" ?
Là encore sous Julien
C'est que, comme le constataient les hommes entourant l'empereur Julien revenu au paganisme de 361 à 363, l'Empire romain n'était plus qu'une res publica exinanita, un Etat épuisé. Julien lui-même était parfaitement conscient que l'effondrement intérieur du paganisme en était la cause. Souverain pontife du culte païen, il écrit à Arsacius, pontife de Galatie, qu'il faut transporter dans le paganisme les vertus du christianisme : la charité pour les étrangers et les pauvres (en créant comme les chrétiens des hôpitaux), l'indépendance à l'égard des faveurs du pouvoir. Il faut que les prêtres païens s'abstiennent désormais de fréquenter les spectacles et les cabarets..., quittent les emplois bas ou infâmes, évitent de se montrer les suppôts des gouverneurs...
"La pensée païenne... a perdu tout dynamisme. La seule force intellectuelle agissante est le christianisme, qui s'impose dans tous les domaines. Toutes les valeurs sont révisées sous l'angle chrétien" (Jacques Pirenne, Grands courants de l'histoire universelle, le pôle syncrétisme de la pensée antique, Neuchâtel-Paris, 1959, t. I, p. 403).
Le pouvoir laïque lui-même, tel que modelé par le totalitarisme païen de Dioclétien, n'était plus que le fonctionnarisme sans âme d'un centralisme tatillon et aveugle. Toute collaboration entre le pouvoir et la population avait cessé. Les assemblées provinciales et les administrations des cités, autrefois composées d'élus locaux formant de véritables gouvernements autonomes, n'étaient plus que des réunions de fonctionnaires ou d'oligarques fonctionnarisés, les décurions.
Seule l'Eglise, dans ce désert politique et moral, maintenait la grande tradition de la romanité. Seuls les évêques étaient élus par le peuple, tout en assumant pleinement le pouvoir aristocratique. Les évêques étaient ainsi seuls véritables représentants des populations; le citoyen romain ne l'était plus que dans l'Eglise.
Or, par là encore, le christianisme n'était pas le fils de la tradition juive, de sa pensée institutionnelle embryonnaire réduite à un simpliste monarchisme racial. Le christianisme était de nouveau, dans toute sa stature sociale historiquement si féconde, le fils du meilleur de la pensée païenne. Et, de nouveau, le fils de la pensée stoïcienne. Jacques Pirenne l'a dit, avec une belle rigueur : "L'Eglise réalisa parfaitement l'organisation du pouvoir préconisé, depuis Sénèque, par les Stoïciens. Démocratique dans le recrutement du clergé et notamment des évêques, aristocratique dans la forme qu'elle se donnait en leur conférant le droit de légiférer et d'administrer, monarchique par sa hiérarchie qui donnait à l'évêque de Rome la prééminence." (ibid., p. 392).
Conclusion
L'Eglise était la haute-gréco-romanité, la seule capable de survivre, et elle le reste. La morale sexuelle stoïcienne, fait de civilisation essentiel, est toujours la sienne. Contre le laxisme de nouveau répandu en dehors d'elle.
L'organisation stoïcienne du pouvoir, largement en fait, entièrement en esprit, est toujours la sienne. Ses ennemis idéologiques sont toujours les adversaires de ses "pères" Sénèque, Platon, Aristote. Les peuples de la gréco-romanité, en Occident, sont toujours les siens.
Lorsque 'la Réforme' lui impose sa grande cassure, cherche à la ramener au 'pur biblisme', ce sont les peuples de la gréco-romanité qui lui restent inébranlablement fidèles, qui se refusent à la réduction à la seule tradition juive. La ligne de démarcation - on l'a cent fois remarqué - est, en gros, au coeur de l'Europe, la frontière même de la gréco-romanité, le limes antique joignant le Rhin au Danube. Un historien allemand le constate : "La réforme fait irruption dans la théologie platonicienne et aristotélicienne du Moyen Âge, tout comme les Germains barbares ont fait irruption dans la civilisation gréco-romaine" (Julius Schmidhauser, cité par Jean-Edouard Spenlé, La Pensée allemande de Luther à Nietzsche, Paris, 1934, p. 13, note 1).
Et Fernand Braudel, qui le cite, peut conclure : "Ce qui restait de l'Empire romain... aura bien mieux résisté au XVIe siècle qu'au Ve" (La Méditerranée à l'époque de Philippe II, Paris, 1966, t. II, p. 105). C'est qu'au XVIe siècle l'Eglise assumait elle-même, de toutes ses forces gouvenant socialement sans partage, la défense de la gréco-romanité philosophique et culturelle. La gentilité occidentale était entièrement passée au Christ. Le Saint-Esprit avait fait son oeuvre de "récapitulation". Il n'y avait plus de païens. Et les efforts des judéo-chrétiens de la mer latine en faveur de la Réforme, notamment en Espagne et en Italie ceux des Valdès, se brisaient sur le roc romain. La démonstration était sans faille. Elle continue !
Les Valdès, en Espagne, deux frères écrivains de qualité, chrétiens espagnols de naissance juive, célébrés aujourd'hui par les rares protestants ibériques. L'un, Alonso, écrivit un pamphlet contre la Papauté et tenta de pousser Charles Quint, dont il était le secrétaire principal, à ratifier la réforme de Luther et de Mélanchton. L'autre, Juan, linguiste, installa une pré-Réforme avancée à Naples, alors espagnole, après avoir été valet de chambre du pape Clément VII. L'Inquisition d'Espagne mit en garde contre leur influence, d'ailleurs très peu acceptée. Nous les connaissons bien pour avoir retrouvé d'importantes archives de leur famille.
Une autre démonstration convaincra d'un seul coup d'oeil, tout esprit impartial. La comparaison de trois cartes : celle de l'extension territoriale du christianisme aux IIIe et IVe siècles, celle des invasions barbares, et celle de l'Empire romain chrétien d'Orient au VIe siècle. Ces cartes se trouvent aussi bien dans les Grands courants de Pirenne, dans la Méditerranée dirigée par Braudel, dans l'Histoire de l'Eglise par elle-même de Loew et Meslin, dans le Grand Larousse encyclopédique, etc.

On constate immédiatement, par la comparaison de ces cartes, que les invasions barbares ont pénétré l'Empire romain là où il n'était pas christianisé.
Les Francs par les bouches du Rhin; les Alamans, Suèves, Burgondes, Lombards par le Rhin moyen; les Vandales, Ostrogoths, Wisigoths et Alains par le Danube moyen. On constate aussi que les invasions barbares n'ont été bloquées qu'à l'Est, devant le Bosphore, l'Egée et l'Asie mineure, seule partie de l'Empire romain massivement chrétienne au IVe siècle.

On constate encore, revenant à l'ouest, que la seule contre-attaque victorieuse de l'Empire romain, contre les Barbares, celle débouchant d'Orient sous Justinien, au VIe siècle, rétablit la romanité seulement dans les zones de christianisme majoritaire. L'Italie y compris, la Vénétie d'Aquilée, la Tripolitaine, le Maghreb carthaginois et numide, l'Andalousie, et la portion du Rif qui lui fait face où, fait frappant, la romanité chrétienne, à Ceuta, subsistera exactement jusqu'à la conquête musulmane de l'Espagne. Ce cheminement de la reconquête romaine, atteignant des extrémités géographiques apparemment aberrantes (quelle distance de Ceuta à Constantinople!) est révélateur. Il répondait à un appel, était une croisade. A la fin de l'Empire, l'authentique et volontaire romanité est bien la romanité chrétienne.
La plus longue vie historique de la romanité est celle de sa partie toute chrétienne, l'Empire de Byzance, qui dure un millénaire de plus que celle de sa partie majoritairement païenne (Ve-XVe siècle) l'Empire d'Occident. Un Empire de Byzane profondément romain, jusque dans ce qui était a-chrétien, puisque nous lui devons la codification définitive du droit romain, cette essence a-chrétienne de Rome.
Que cet empire de Byzance fût de plus en plus grec tout en restant romain (les Ottomans appelaient les Byzantins les Roms), avec un sens du mystère, de la transcendance et de la joie eschatologique plus vivement présent que dans la chrétienté latine, très rationnelle, ne fait que renforcer encore la démonstration. La Grèce et Rome, ces deux colonnes de la tradition antique, peuplaient librement de leurs traditions particulières l'espace de la basilique chrétienne, leur commune demeure.
Aujourd'hui, encore qu'est-ce que le prestige mondial du pape. Le souverain Pontife (titre romain païen), ce prestige incarné par Jean-Paul II et à présent Benoît XVI ? Sinon, de la part du Christ, le prestige de l'aristocratie morale qu'appelaient de leurs voeurs les pythagoriciens grecs, et le prestige de la monarchie du plus digne, quelle que soit sa race, à laquelle aspiraient les stoïciens gréco-romains ? Des prestiges toujours soutenus par la rigueur romaine. L'avenir de notre monde devra certainement beaucoup à ces valeurs divinement confluente d'une symbiose bimillénaire.
Source : Jean Dumont, L'Eglise au risque de l'histoire, préface de Pierre Chaunu de l'Institut, Editions de Paris, Ulis 2002, p. 47-52.
- Lire aussi sur ce sujet : Pour en finir avec l'expression "judéo-christianisme"
Nous assistons à l'inauguration de la réhabilitation du Prieuré de Sainte Victoire, un lieu exceptionnel situé à 900 mètres d'altitude. Un merveilleux balcon offrant une vue sublime sur la campagne aixoise. L'occasion de rendre hommage à l'association des Amis de Sainte Victoire et à tous ses membres et partenaires, dont le but a toujours été de restaurer la chapelle, le monastère devenu refuge, construits au 17 ème siècle.
"Du sein de la Vierge il est né, à la fois Serviteur et Seigneur ; Serviteur pour oeuvrer, Seigneur pour commander, afin d'enraciner dans le coeur des hommes un Royaume pour Dieu. [Où l'on voit que le messie n'est pas un messie à la manière des juifs fondamentalistes qui attendaient un roi politique - et attendent toujours - qui devaient faire plier sous son joug les nations du monde entier et des goyim des esclaves d'"Israël" (interprétation fondamentaliste, c'est-à-dire littérale des textes de l'Ancien Testament), mais un roi dans nos coeurs à tous les hommes].
La force de l'âme est dans ses puissances, ses passions et ses facultés. Si la volonté les tourne vers Dieu et les tient à l'écart de tout ce qui n'est pas Dieu, l'âme garde pour Dieu toute sa force ; elle l'aime vraiment de tout son pouvoir, comme le Seigneur lui-même le commande.
Se rechercher soi-même en Dieu, c'est rechercher les douceurs et les consolations de Dieu, et cela est contraire au pur amour de Dieu.
C'est un grand mal d'avoir en vue les biens de Dieu plutôt que Dieu lui-même, l'oraison et le détachement.
Il y en a beaucoup qui cherchent en Dieu leurs consolations et leurs goûts, et désirent que sa Majesté les comble de ses faveurs et de ses dons ; mais le nombre de ceux qui prétendent lui plaire et lui donner quelque chose à leurs dépens, en méprisant leur propre intérêt, est très petit.
Il y a peu d'hommes spirituels, même parmi ceux que l'on regarde comme très avancés dans la vertu, qui acquièrent une parfaite détermination pour le bien. Ils n'arrivent jamais à se renoncer entièrement sur quelque point de l'esprit du monde ou de la nature, ni à mépriser ce qu'on dira ou ce qu'on pensera d'eux, quand il s'agit d'accomplir par amour pour Jésus Christ des oeuvres de perfection et de détachement...
Celui qui ne veut que Dieu seul ne marche pas dans les ténèbres, quelque pauvre et privé de lumière qu'il puisse être à ses propres yeux...
L'âme qui, au milieu des sécheresses et des délaissements, conserve toujours son attention et sa sollicitude pour servir Dieu, pourra avoir de la peine et craindre de ne pas réussir ; mais, en réalité, elle offrira à Dieu un sacrifice de très agréable odeur (Gn 8,21).
Source : Saint Jean de la Croix (1542-1591), carme, docteur de l'Église, Avis et maximes (121-143 in trad. Seuil 1945, p. 1199) Commentaire du jour
Deux citations sur le "sacrifice" :
"Une armée formidable et une nuée de barbares va fondre sur cette isle (Malte) ce sont les ennemis de Jésus-Christ : ... Heureux ceux qui, pour une si bonne cause, consommeront les premiers leur sacrifice ! Mais, pour nous en rendre dignes, allons mes chers frères, renouveler nos voeux aux pieds des autels, et que chacun puise dans le sang-même du Sauveur des hommes, et dans la pratique fidèle des sacrements, ce généreux mépris de la mort qui peut seul nous rendre invincibles." (Jean de la Valette Parisot, Grand Maître de l'Ordre de Malte, à l'occasion du grand siège de Malte en 1565).
[L]e sacrifice est une loi de la vie. [...] Il n'y a ni grandeur, ni beauté, ni sainteté sans sacrifice. Mais le sacrifice n'est pas une vertu réservée aux héros ou aux saints. Il doit être pratiquer par tous, car il est une nécessité spécifique de la vie humaine." (Alexis Carrel, Réflexions sur la conduite de la vie).
ROME, Mercredi 3 juin 2009 (ZENIT.org) - Après l’attentat meurtrier de l’église de l’Assomption, les chrétiens refusent de céder aux menaces des extrémistes hindous et manifestent pour la paix, rapporte « Eglises d’Asie » (EDA), l’agence des Missions étrangères de Paris.
Une grande manifestation organisée conjointement par les catholiques et les protestants a réuni, dimanche 31 mai, plus de 7 000 chrétiens à Katmandou, ainsi que de nombreux autres groupes dans une quinzaine de localités népalaises.
Tous protestaient contre l’attentat à la bombe meurtrier du 23 mai dernier dans l’église de l’Assomption, principale église catholique du Népal, qui a fait deux morts et plus d’une quinzaine de blessés graves dont l’un, la mère de l’une des victimes, vient de décéder des suites de ses blessures.
Malgré les fortes pluies de la mousson, les participants, comprenant un grand nombre de protestants (au nombre de 4 000 environ), de catholiques (plus de 3 000, venus des trois paroisses de Katmandou) ainsi que des hindous et des musulmans, ont rallié le cœur de la capitale en une « Marche de la paix et de la non-violence, contre le meurtre, la violence et le terrorisme ».
... Comme les premiers indices trouvés sur les lieux du drame le laissaient supposer, le groupuscule hindouiste, l’Armée de Défense du Népal (Nepal Defence Army, NDA), a confirmé le 29 mai sa responsabilité dans l’attentat, par une déclaration menaçante : « Nous voulons que le million de chrétiens quitte le pays, sinon nous mettrons un million de bombes dans toutes les maisons où vivent les chrétiens et nous les ferons exploser. » Suite
ROME, Mercredi 3 juin 2009 (ZENIT.org) - Les jeunes ne connaissent aujourd’hui « plus rien ou presque de la doctrine catholique », a déploré le Secrétaire de la Congrégation pour l’éducation catholique et Président de la Commission doctrinale des évêques de France Mgr Jean-Louis Bruguès, de en évoquant l’impact de la sécularisation qui a « profondément transformé nos Eglises ».
Lors d’une rencontre avec les recteurs des séminaires pontificaux, le secrétaire de la Congrégation pour l’éducation catholique a souligné l’importance de revoir les « programmes de formation » de ces jeunes qui n’ont plus aucun « background culturel ». Son intervention a été publiée le 3 juin dans L’Osservatore Romano.
« Je suis convaincu depuis longtemps que la sécularisation est devenue un terme-clé pour penser dans notre société, aujourd’hui, mais aussi dans notre Eglise », a affirmé Mgr Bruguès.
« Quelle que soit la forme qu’elle a prise, la sécularisation a provoqué dans nos pays un écroulement de la culture chrétienne », a-t-il expliqué. « Les jeunes qui se présentent dans nos maisons de formation ne connaissent plus rien ou presque de la doctrine catholique, de l’histoire de l’Eglise et de ses coutumes ». « Cette inculture généralisée nous oblige à effectuer des révisions importantes dans la pratique suivie jusqu’à aujourd’hui ».
Pour le haut prélat français, cette « confrontation avec la sécularisation dans nos sociétés a profondément transformé nos Eglises ». « Nous sommes passés d’une Eglise ‘d’appartenance’, dans laquelle la foi était donnée à la naissance, à une Eglise de ‘conviction’, où la foi se définit comme un choix personnel et courageux, souvent en opposition avec son groupe d’origine ».
... Pour Mgr Bruguès, « l’environnement social d’appartenance ne les soutient plus : ils ont choisi d’être prêtres par conviction et ont renoncé, pour cette raison, à toute ambition sociale ».
Pour ces jeunes à qui il manque « le background culturel nécessaire », Mgr Bruguès a prescrit « une période - d’une année ou plus - de formation initiale, de ‘rattrapage’, d’un genre en même temps catéchétique et culturel ». « Les programmes peuvent être conçus de manière différente, en fonction des besoins spécifiques du pays ». « Personnellement, je pense volontiers à une année complète pour l’assimilation du Catéchisme de l’Eglise catholique, qui se présente comme un compendium très complet », a-t-il ajouté.