A dire vrai, sauf immense surprise, ce sera Nicolas ou François. Les sondages, manipulés et trompeurs, reflètent, cependant, des tendances fortes. Il faut se faire une raison; ce sera comme d’habitude dans notre démocratie exemplaire. C’est à dire que les Français s’apprêtent à voter pour l’un des camps qui la dirige depuis, disons pour ne pas aller trop loin, 30 ans. Depuis 30 ans, une fois la Droite, une fois la Gauche, deux fois la Droite, etc.
On en connaît le résultat. Notre pays ne cesse, objectivement, de s’enfoncer. Notre pays recule en influence et en puissance économique. Depuis Coluche, qui n’a fait que constater que, malgré l’abbé Pierre -tiens ça fait plus que 30 ans- tout allait plus mal, tout n’a fait qu’empirer. La pauvreté gagne des pans entiers de population. On vit dans des voitures; on squatte, on mendie. On meurt de froid. Les seuls à s’en tirer sont les petites brutes de l’économie parallèle des quartiers d'immigrés ou l'oligarchie du Cac 40. Tout se dégrade. deux vieux amis....
C’est le déclin global. L’Europe, qui devait nous sauver, nous enfonce. La crise est hors de contrôle. Notre souveraineté est une peau de chagrin. Les syndicats participent, par irresponsabilité, à la fragilisation de nos entreprises, dont les patrons ne sont guère toujours généreux et reconnaissants envers leurs ouvriers, etc. Partout, l'égoïsme et l'individualisme. Partout, constat d’échec!
Le changement dans la continuité: plus ça change et plus ç'est pire
Pourtant, les Français s’en contentent. Sinon, ils voteraient pour une rupture complète avec ce régime. Ils n’auraient même pas besoin de descendre dans la rue pour se révolter; le bulletin suffirait. Il ne s'agit pas de courage physique, mais de courage moral; le plus rare.
La Droite se raccroche à un sauveur-naufrageur et, à Gauche, les "indignés" des injustices sont surtout résignés et bornés. Il y a ceux qui pensent, sincèrement, que, avec le retour de la Gauche cela va aller mieux. Mais, chaque fois que la Gauche est revenue cela a été pire (pas pire que la Droite d’ailleurs), mais que la dernière fois. Et chaque fois que la Droite a pris sa revanche, cela a été pire (pas pire que la Gauche) mais que la dernière fois... ...on se voit le matin...
Nous sommes dans la République du mal en pis. Système pourtant indépassable et tabou. Il faut donc l’admettre: notre peuple accepte son déclin et veut simplement qu’il soit le moins douloureux possible. Comme un vieillard geignard, en fin de vie. Chaque fois, il vote pour celui qui n’est pas aux affaires, espérant qu’il fera moins mal. Mais il accepte le déclin, comme la Gauche socialiste accepte de gérer le capitalisme.
Il y a, dans ce fatalisme démocratique, quelque chose de désespérant. C’est cependant la réalité: à l’effort douloureux, les Français préfèrent une lente agonie sous anesthésiants. Ils n'on sont pas les plus grands consommateurs d'Europe d'anxiolytiques pour rien. La démocratie leur donne l’illusion de croire prendre en main leur destin, à chaque élection. Mais ils votent pour les différents-identiques, se doutant que ça ne marchera pas et que ce sera de pire en pire.
Les lâches et les crétins souffriront quand même
Faut-il désespérer de ce peuple ? On peut en tout cas le laisser face à ses responsabilités ou plutôt à son irresponsabilité. Et cela s'aggrave avec la médiatisation de la débilité du débat politique réduit au spectacle et aux références hitlériennes. Quand Claude Guéant, qui a oublié sa prépa, ignore ce qu’est une civilisation, dit que c’est une attitude supérieure de défendre les droits de la femme que des les opprimer, un obscur député (parlant de France obscure), apparenté socialiste des îles et dont le nom ne mérite même pas d’être cité, compare cette déclaration à un argumentaire nazi, donc aux camps de concentration sans oublier, au passage, l’esclavage et la colonisation... ...et on se fait une bouffe le soir au CRIF
On est tout de même dans le pire des déclins, celui de l’intelligence politique. Même intelligente, la démocratie électorale est un régime périlleux. Alors sans…. Mais, finalement, la débilité n’est pas souffrance et, on l’a bien compris, l’essentiel est de souffrir le moins possible. On en prend le pari ; ce ne sera pas encore très longtemps possible. Les lâches et les crétins souffriront comme les autres. Il y a une justice.