La chute des vocations ainsi que la faiblesse théologique et les options pastorales de bien des prêtres d'aujourd'hui s'expliquent en grande partie par ce qui s'est passé dans les séminaires de France à partir des années 1970. Bien que le témoignage rapporté ci-dessous concerne un diocèse précis, il reflète parfaitement ce qui s'est passé dans l'ensemble des séminaires diocésains et interdiocésains de France:
"(...) Monseigneur et ses vicaires généraux étaient vigilants vis-à-vis des "déviants" que nous étions, je n'avais aucun doute à me faire à ce sujet. Pas un clerc n'aurait pu faire illusion plus que quelques mois, même en s'y entendant à jargonner comme les prêtres à la mode. J'ai connu personnellement plusieurs séminaristes qui ont échoué alors qu'ils parlaient pourtant le "clergé français" sans accent. Ils savaient sans rire "réarticuler leur foi au niveau de leur vécu et se laisser réinterpeller par le questionnement existentiel d'une pastorale d'ensemble qui fait problème". Rien n'y fit. Soumis quotidiennement à la surveillance omniprésente et au lavage de cerveau d'une équipe de "révision de vie", ils ne purent tenir plus de quelques mois ou de quelques années, pour les plus coriaces, et furent éjectés par le système. Dans un régime de délation généralisée - on ne pouvait être ordonné ou même passer en année supérieure sans l'avis favorable de l'équipe -, celui qui faisait preuve de la moindre faiblesse, de la moindre réticence à hurler avec les loups ou à dévoiler chaque coin de son âme, était immanquablement suspecté quand bien même il eût tenu le coup du point de vue nerveux. Au bout de quelques "partages d'Evangile", on était en général catalogué et mis à l'index. Le moins rapide à s' "apitoyer" sur la tiédeur progressiste des autres risquant d'être la victime de l' "équipe", il régnait dans les séminaires un climat de surenchère tel que rien ne pouvait échapper aux autorités.
L'évêque ou les responsables des vocations n'avaient même pas à intervenir. Les sulpiciens ou les carmes qui dirigeaient les séminaires détectaient sans coup férir les mal-pensants. Ceux-ci étaient convoqués chez le supérieur en fin d'année et on leur expliquait le plus sérieusement du monde qu'ils n'étaient pas épanouis, qu'ils n'avaient pas l'esprit d'équipe, qu'ils n'avaient pas une foi adulte... et que, pour leur bien, on leur conseillait de partir. Et même si l'évêque les avait en estime, il était inutile d'aller le voir. Celui-ci, terrorisé par les commissions ou les bureaux, "ne pouvait rien faire". Il n'aurait pas osé s'opposer aux décisions du supérieur d'un séminaire régional.
A supposer même qu'un jeune ait été assez fort pour résister au lavage de cerveau et donner le change au séminaire, il se trouvait rapidement confronté dans son diocèse à de tels cas de conscience qu'il lui fallait soit perdre son âme en participant à l'inacceptable, soit se mettre de lui-même hors jeu en exprimant un refus. Il faut savoir en effet que pendant les vacances scolaires et au cours d'une succession interminable de stages venant repousser à l'infini la fin de leurs études, les séminaristes se voyaient intégrés pour la pastorale dans des équipes de prêtres et de laïcs particulièrement "choisies". Et là, que faire si le curé les invitait à participer à une Eucharistie qu'il disait en civil avec un bout de pain et un gobelet de rouge sur la table de cuisine, si un vicaire les envoyait après la messe remettre dans la boîte avec les autres ce qui restait d'hostie consacrées, s'ils devaient participer à une réunion où on expliquait aux jeunes que les "expériences" sexuelles étaient tout à fait normales, ou s'ils entendaient enseigner aux enfants du catéchisme que "Jésus était un homme comme les autres"? Ou bien ils acceptaient une fois, et au nom de quoi auraient-ils alors refusé ou protesté plus tard, ou bien ils s'opposaient et c'en était fait de leur accession au sacerdoce. Ils étaient renvoyés pour cause d'inadaptation à la "pastorale du diocèse".
On connut même le cas, dans le diocèse de M., d'un jeune que l'évêque, Mgr Louis K., successeur de Mgr M., avait admis au diaconat, et qu'il refusa ensuite d'ordonner prêtre, le laissant dans une situation impossible au mépris du droit canonique. Ce diacre, qui avait le tort rédhibitoire de porter le clergyman, ne se laissa pas faire. Il engagea un procès à Rome contre son évêque, procès qu'il aurait gagné à coup sûr, car on ne peut refuser l'ordination sacerdotale à quelqu'un qui a accédé au diaconat en vue du sacerdoce, sauf pour des raisons graves touchant à la foi ou aux moeurs. Malheureusement, Mgr K. ne fut jamais condamné: le diacre, entre-temps, était ordonné prêtre dans le sud de la France par un évêque intelligent, et il retira sa plainte...
Quelqu'un d'extérieur à la question imaginera peut-être qu'il suffisait à ces jeunes d'adopter un profil bas, d'avaler des couleuvres, de se taire et de feindre jusqu'à leur ordination. Après tout, n'était-ce pas être profondément fidèle au Saint-Père et à l'Eglise que de durer pour devenir prêtre malgré l'orage afin que Rome trouve plus tard dans les diocèses des hommes sur qui compter pour redresser peu à peu la situation, au fil des nouvelles nominations d'évêques? En réalité, la chose était pratiquement impossible, et je ne connais que très peu de jeunes qui se soient crus autorisés en conscience à user d'un tel subterfuge et qui aient pu le mener à terme.
Résister jour après jour au bourrage de crâne et à l'inquisition permanente d'une équipe de "révision de vie" pour laquelle vous taire suffit à vous rendre suspect représente déjà, aux dires de ceux qui en ont fait l'expérience, une performance psychologique peu commune. Certains jeunes, j'en connais, qui après avoir traîné de longues années dans les séminaires de l'époque ont finalement été écartés, y ont laissé leur santé mentale. Mais, plus important encore, une telle attitude fut jugée par beaucoup inacceptable sur le plan moral. On ne peut collaborer à ce qui est vraiment mal, même en vue d'un bien futur. De plus, il faut savoir que pour un séminariste appelé aux ordres, comme pour un prêtre, l'union vraie avec l'évêque est quelque chose de spirituellement très important. Bien peu de jeunes ont pu considérer qu'une sorte de duplicité provisoire était envisageable en ce domaine afin d'être appelés au sacerdoce.
Et en admettant même qu'un évêque, plus ou moins dupe ou capable de davantage d'indépendance et de largeur d'esprit, ait appelé ces jeunes aux ordres (...), leur épreuve n'aurait pas pris fin pour autant. Le courage des évêques allait rarement jusqu'à soutenir ces nouveaux prêtres différents ou à les protéger des confrères et du conseil épiscopal.
Or, vis-à-vis de ces jeunes prêtres en clergyman, très motivés, et décidés en tout à obéir scupuleusement à Rome, la hargne des aînés, en civil, plus vagues dans leur enseignement et plus "horizontaux" dans leur action pastorale, est souvent très réelle. Elle prend quelquefois un tour difficilement imaginable pour un laïc, de la part de gens pour lesquels la tolérance est le grand enseignement du concile. (...)" (1)
C'est donc ainsi que les séminaires français se sont vidés et que s'est accélérée la chute des vocations dont se plaignent aujourd'hui les évêques sans chercher à voir que pour la juguler, il faudrait revoir de A à Z la pastorale qui se fait dans les diocèses.
Comme l'a fait remarquer Mgr Gaidon (2), n'ont pu alors rester dans ces séminaires défaillants des années 1970-80 que des esprits faibles capables, en l'absence de formation théologique solide, de se contenter d'une religiosité où ne devait primer que l'émotionnel et les bons sentiments.
Ce sont ces jeunes séminaristes d'hier, privés de formation théologique solide et desquels on a extirpé le sensus Ecclesiae véritable, qui forment le noyau (encore) influent du clergé d'aujourd'hui.
Notes.
(1) Patrick CHALMEL, Ecône ou Rome; le choix de Pierre. Ed. Fayard.
(2) Mgr Maurice GAIDON, Un évêque français entre crise et renouveau de l'Eglise, Ed. de l'Emmanuel.
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Exemple ahurissant de cette "pastorale" à revoir de A à Z : l'autel qui roule...
Il faut toujours se souvenir, en effet, que la "communauté" locale est l'élément principal aux yeux de l' "Eglise-qui-coule-en-France". La "communauté" remplace insensiblement mais sûrement la notion d'Eglise. Exactement comme pour les "communautés" issues de la réforme luthérienne. D'ailleurs, sur le site internet de la paroisse, on découvre que le prêtre responsable de la paroisse parle "au nom de l'équipe animatrice"... Comme le pasteur protestant, il n'est plus que le délégué, le porte-parole, de la communauté locale. Si la théologie de ce prêtre est le reflet de ce qui est enseigné au séminaire diocésain, il y a vraiment de quoi s'inquiéter.
Il y a aussi, dans le choeur restauré, des petites fenêtres bleues "qui disent quelque chose d'une présence". Jusqu'ici, le fidèle catholique croyait naïvement que dans une église, c'était le tabernacle qui indiquait l'endroit de la Présence réelle. Grosse erreur! Ce sont les fenêtres.
Mais le nec plus utra de cette restauration de l'église Sainte-Marie est l'autel: il est désormais monté sur roulettes afin de pouvoir être déplacé pour "moduler l'espace" et être éventuellement "mis en avant de la scène" (sic).
Un autel sur roulettes? A quand le célébrant en patins et l'animatrice en skateboard?
Source: http://pagesperso-orange.fr/proliturgia/Informations.htm
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L'association Pro Liturgia , 9c, avenue G. Clemenceau, -F-67560 ROSHEIM, reçoit régulièrement des quantités de témoignages montrant que les célébrations liturgiques sont très loin d'être conformes à ce que demandent l'Eglise. Presque partout on constate des abus plus ou moins graves: certains fidèles ne s'en offusquent plus tandis que d'autres, qui demandent à temps et à contretemps que la liturgie soit respectée, se heurtent à des fins de non-recevoir.
Pour tous les fidèles qui refusent que la liturgie soit blessée, défigurée, et pour tous ceux qui souffrent de ne pouvoir trouver, le dimanche, une messe digne de ce nom, elle rappelle l'existence de l'Instruction Redemptionis Sacramentum sur certaines choses à observer et à éviter concernant la très sainte Eucharistie, donnée à Rome par le Cardinal Arinze, Préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, le 25 mars 2004, ainsi que l'"Instruction sur quelques questions concernant la collaboration des fidèles laïcs au ministère des prêtres", donnée par Jean-Paul II, le 13 août 1997. (Ndlr. "Les fidèles non-ordonnés ne détiennent aucun droit à exercer des tâches ou fonctions réservées aux ministres ordonnés...")
Exemple. "Article 8, § 2. Pour que le ministre extraordinaire (Ndlr. un laïc), durant la célébration eucharistique, puisse distribuer la sainte Communion, il est nécessaire ou bien qu'il n'y ait pas d'autres ministres ordinaires présents, ou bien que ceux-ci soient vraiment empêchés.(99) Il peut remplir aussi cette charge quand, à cause d'une participation particulièrement nombreuse de fidèles désireux de recevoir la sainte Communion, la célébration eucharistique se prolongerait excessivement en raison de l'insuffisance de ministres ordonnés. (100)"
Constituent donc des abus liturgiques criants: ceci, ceci, ceci, ceci, ceci, ceci ... etc.
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- "L'Eglise-qui-est-en-France n'est plus la même que l'Eglise catholique romaine" (Denis Crouan - Association Pro Liturgia)
- La catéchèse de l'église-qui-est-en-France produit ses fruits (chiffres comparatifs du nombre de baptêmes, confirmations, mariages, entre 2008 et 2010, donnés par le Guide de l'Eglise catholique en France 2011)
- Fossoyeurs de la foi : Denis Crouan parle de programmation de la chute des vocations et de la pratique religieuse