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Christ Roi

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19 septembre 2012 3 19 /09 /septembre /2012 15:07

Mis à jour le 14-07-2023

"Le bonheur est inséparable de la possession de la vérité" (Saint Augustin, Les Confessions, liv. Xe, chap. XXIII)

 

III - La représentation de la société par corps plutôt que par têtes

 

(1) Le mensonge de la démocratie "gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple" : la démocratie n'a jamais existé nulle part

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/67/Pericles_Pio-Clementino_Inv269.jpg/220px-Pericles_Pio-Clementino_Inv269.jpgContrairement à la légende, dans l'Antiquité, à Athènes, la démocratie n'existait pas. Celui qui dirigeait Athènes, Périclès, le pseudo-inventeur de la "démocratie", dirigeait la foule, il ne se laissait pas diriger par elle. L'historien Thucydide écrit: "au lieu de se laisser diriger par elle, il la dirigeait. [...] Sous le nom de démocratie c’était en fait le premier citoyen qui gouvernait » (Thucydide, Guerre du péloponnèse, II, 65).

"Le despote démocratique est proche des philosophes. 'Périclès [...] apprit la philosophie d'Anaxagore; et il confia au sophiste Protagoras une charge importante'. (Histoire universelle de la Philosophie, Nagel, Genève, 1962, p. 73, in Alain PASCAL, L'Intelligence du christianisme, tome1, L'Humanité en quête de Dieu, éd. Du Verbe haut 2022, p 356.)

Périclès "est issu d'une famille puissante et riche et il devient le chef du parti démocratique. L'argent est ainsi pour quelque chose à l'établissement de la démocratie en Grèce. [...] Les philosophes ont provoqué la chute de la Grèce, mais aussi la Démocratie. [...] Après la victoire des Athéniens sur les Perses (en - 480 à Salamine), Athènes devient la première des cités grecques et Périclès accède au pouvoir, hélas, pour la Grèce. En effet, Périclès inaugure la Démocratie et est à l'origine de la guerre du Péloponnèse, donc est doublement responsable de la disparition de la civilisation grecque. [...] Périclès commence la guerre contre Sparte en - 431 et Sparte triomphera d'Athènes en - 404. [...] C'est après la mort de Périclès, lors de la troisième guerre du Péloponnèse, mais le chef démocrate est responsable d'avoir commencé la guerre, et pas uniquement pour des questions de rivalités citadines, de doctrines politiques aussi. Sous Périclès, la démocratique Athènes attaque une rivale aristocratique. Or, la Démocratie, c'est la fin de la grandeur d'Athènes, et bientôt de la Grèce entière.

"[...] Cette démocratie est bien entendu un mensonge, parce que, [...] Périclès est un démagogue et un despote. Ainsi, après la mort de Cimon (450), il frappe l'historien Thucydide d'ostracisme, car il veut que l'on assure sa gloire personnelle et que l'on vante la Démocratie.

"[...] La démocratie à Athènes est une ploutocratie, donc déjà l'avènement du Dieu Argent.

"La Grèce traditionnelle était une société religieuse et aristocratique, et le Ve siècle est celui de la désacralisation, mais aussi de la décadence, en grande partie par la faute de Périclès, car il substitue la Démocratie à un régime aristocratique qui honorait les héros des guerres contre la Perse. [...] Et le peuple n'y a rien gagné, ni la liberté, ni la paix. Car, hors l'imagerie de l'histoire officielle, la Démocratie n'a jamais offert la liberté au peuple. La Démocratie à Athènes, ce n'est plus le pouvoir de quelques-uns, les aristocrates, mais celui d'une minorité active, quarante mille citoyens mâles qui tiennent sous leur coupe quatre cent mille habitants. Ce ne sont plus des héros guerriers, ce sont des riches qui imposent leur loi et exploitent le peuple. La première Démocratie est une ploutocratie.  La foule des citoyens se réunit sur l'agora. Le pouvoir n'est plus aux chefs valeureux, mais aux hâbleurs. Il n'y a plus de légimité et la foule abusée s'en remet au plus menteur, à celui qui a gagné le plus de clients par l'argent, mais aussi par le soutien d'artistes et la complicité d'intellectuels. Avec la Démocratie, le grand nombre est soumis au petit nombre qui sert un despote, le plus à même de perpétuer le 'Système', et ce petit nombre n'est plus au service d'une nation sacrée, car le pouvoir est devenu profane.

"[...] Au Ve siècle, [...] la guerre part d'Athènes contre Sparte, et elle est perdue par Athènes, car le peuple ne peut pas mourir pour ses exploiteurs. Cependant, la victoire de Sparte n'est pas suivie de lendemains qui chantent parce que le virus démocratique est entré dans les esprits. Partout, c'est déjà la nouvelle 'religion'.

"La grandeur de la Grèce était liée à l'Olympe. [...] Quand la philosophie supplante la religion, la décadence et la violence suivent. L'anthropocentrisme privilégie la satisfaction des désirs individuels et exclut le sacrifice de la communauté. [...] Et la Grèce va subir l'invasion macédonienne puis romaine.

"[...] La Démocratie s'accompagne d'un monopole culturel d'Initiés (d'Eleusis) qui provoquent la mise à mort de la civilisation occidentale en la rendant apostate de sa religion. La comparaison du Siècle de Périclès avec le Siècle des Lumières s'impose donc plus que jamais !

"[...] Le premier à l'illustrer est Eschyle (v. 525 - 456), dans la mouvance de Pythagore (et probablement membre de sa secte). Eschyle naît à Eleusis, donc prédestiné à être initié à l'orphisme, dont ses tragédies se font l'écho. Par exemple, dans son Prométhée enchaîné, il fait un portrait de Prométhée très différent de celui d'Hésiode. Pour Eschyle, Prométhée n'est pas responsable du malheur de l'humanité (celui qui est puni par Zeus pour avoir volé la connaissance aux dieux), mais 'le plus grand héros civilisateur' (Eliade). Eschyle fait de Prométhée l'héritier des initiés aux secrets de métiers et ceux qui possèdent la 'science', donc un Initié, ce pourquoi aussi il l'innocente du Mal. Et si le Mal n'est plus le fait de l'homme, il faut qu'il soit en Zeus. Voilà une accusation qui n'a pas fini de nuire (on la retrouvera portée contre le dieu chrétien dans la gnose avant l'Humanisme)." (Alain PASCAL, L'Intelligence du christianisme, tome1, L'Humanité en quête de Dieu, éd. Du Verbe haut 2022, p 342, 349-355.)

 

"La démocratie peut bien établir une égalité de droit et d'influence entre les membres du corps politique, elle ne peut supprimer l'inégalité que la nature a établie entre les hommes.

... Athènes considérait ses citoyens si égaux que de nombreuses charges étaient conférées par la voie du tirage au sort, mais le gouvernement réel n'en était pas moins l'affaire de Périclès" (Patrice Gueniffey, La Politique de la Terreur, Essai sur la violence révolutionnaire, Fayard 2000, réed. Tel Gallimard, Mesnil-sur-l'Estrée 2003, p. 106.)

 

La démocratie athénienne n'avait guère la côte cher les auteurs antiques. Elle était accusée de corrompre les masses (déjà...) en rétribuant les services publics.

 

Les poètes comiques, tel Aristophane se moquaient de l'"Olympien" Périclès.

"La très grande majorité des penseurs grecs ont été hostiles à ce système" (Yves-Marie Adeline, Histoire mondiale des idées politiques,Ellipses, Paris 2007, p. 94.)

 

Platon, dans Gorgias (qui n'est certes pas le Platon de La République, présentant l'état d'un collectivisme parfait, sorte d'ancêtre de l'Etat totalitaire) met en effet en scène son maître Socrate aux prises avec le sophiste relativiste Calliclès (sorte d'ancêtre de nos actuels francs-maçons). Calliclès tentait de convaincre Socrate de l'illégitimité de la morale. Pour Calliclès, la morale objective n'existait pas, chacun pouvait se constituer sa propre morale, une morale subjective.

Socrate, scandalisé par ce relativisme aboutissant à une remise en question de la vérité et à une réduction de la pensée à un simple utilitarisme, lui répondit qu'il avait entendu "dire que Périclès a rendu les Athéniens paresseux, lâches, bavards et avides d'argent, en établissant le premier un salaire pour les fonctions publiques" (Gorgias 515 b-515e), et qu'il avait livré Athènes à la canaille, démoralisé les honnêtes gens et préparé ainsi la ruine de la cité..."

Que de ressemblances avec 1789 ! "Tu vantes, lui dit-il, des hommes qui ont régalé les Athéniens en leur servant tout ce qu'ils désiraient... Mais, ... ils (ces hommes) n'avaient point en vue la témpérance et la justice. ... Quand viendra l'accès de faiblesse, les Athéniens accuseront ceux qui se trouveront là et donneront des conseils, mais ils n'auront que des éloges pour les Thémistocle, les Cimon, les Périclès, auteurs de leurs maux" (Gorgias, 518 e - 519 a.)  

Le platonisme définissait de cette manière l'idée du bien comme principe de l'être intelligent par quoi il découvrait Dieu, c'est-à-dire qu'il définissait l'existence d'une morale objective tendant à la ressemblance à Dieu, donc la vérité. Le platonisme constituait la première énonciation d'un système spiritualiste complet, qui devait être aussi le modèle classique antigonien d'une vérité et d'une morale objective à rechercher et à découvrir, sans quoi nous tombons dans la tyrannie. Sur le caractère réellement oligarchique de la démocratie athénienne (d'oligarchia, "gouvernement du petit nombre, gouvernement d'une minorité), voir Mogens H. Hansen, La Démocratie athénienne à l'époque de Démosthène, Structure, principes et idéologies , 1991, trad. S. Bardet et Ph. Gauthier, Les Belles Lettres, Paris 1993, p. 307-330.)

 

Le philosophe et historien Xénophon, autre élève de Socrate, encouragé par l'enseignement qu'il reçut de son maître, s'opposait par principe au démocratisme. La condamnation de Socrate par le régime démocratique ne fit que le confirmer dans ses sentiments. En quoi cette condamnation était-elle juste ? Parce que la démocratie serait juste ?

Reprenant la technique socratique du dialogue, Xénophon se paie la tête de Périclès. Dans les Mémorables, il imagine un Périclès vieilli aux prises avec le jeune Alcibiade. Ce dernier lui demande une définition précise de la loi. Périclès répond : 

 

- 'La loi est toute délibération en vertu de laquelle le peuple assemblé décrète ce que l'on doit faire ou non'.

- Alcibiade glisse malicieusement : 'Et qu'ordonne de faire le peuple ? Le bien ou le mal ?'

- Périclès s'indigne de cette insolence: 'Voyons jeune homme! Le bien, naturellement! Voudrais-tu que le peuple ordonne le mal ?'

- Non bien sûr... Alcibiade demande : 'à propos, si l'autorité qui prescrit la loi n'est pas le peuple, mais seulement une oligarchie, est-ce encore la loi ?

- Oui reconnaît... Périclès. Dès que le gouvernement ordonne quelque chose, cela s'appelle une loi.

- Bien. Mais si cette autorité n'est même plus une oligarchie, mais seulement un tyran ? Ce qu'il ordonne mérite-t-il encore le nom de loi ?

Périclès est un peu gêné, mais objectivement il estime que, en dehors de ce que l'on pense du contenu même de cette loi, si c'est le pouvoir, quel qu'il soit, qui a prescrit cette loi, il faut bien l'appeler une loi.

 

Sur le fond, l'auteur (Xénophon) soulève une vraie question : le nombre suffit-il à fonder la raison ? Le nombre suffit-il à garantir que la loi veut le bien ?" (Cf. Yves-Marie Adeline, Histoire mondiale des idées politiques,Ellipses, Paris 2007, p. 107-108.)

 

De même en 1789, les lointains descendants de Périclès, inventaient l'idée de vertu, sorte de conscience civique rousseauiste, non comme obéissance à une majorité (système électoral) ou à des représentants parlant au nom de la nation ou du peuple (députés), mais comme obéissance à la loi, considérée comme bonne et juste dès lors que partant de tous les individus elle s'applique à tous (peu importe si la loi est juste ou injuste, bonne ou pas. Tel est le vrai sens de la souveraineté populaire chez Rousseau.)

 

"Les principes expliqués par Périclès triomphent au Ve siècle av. J.-C., échouent, disparaissent, connaissent une éclipse de vingt siècles." (Y.-M. Adeline, ibid., p. 464.)

 

patriciens-t3016.jpgÀ Rome, la "république romaine", fondée par les Etrusques, était d'abord une dictature plus oligarchique que monarchique, avec un roi. Suite au coup d'Etat de Pélopidas qui chassa les oligarches, s'instaura une démocratie populaire. La "république romaine" devenait un régime d'assemblée unique (le Sénat de Rome) que dirigeait la caste fermée des patriciens au détriment de la plèbe (le peuple). Cette assemblée se livra à de redoutables combats d'influences aboutissant à des guerres civiles et armées mobilisant les légions des généraux-sénateurs. L'empire y mit un terme...

 

La république romaine qui était théoriquement une démocratie, puisque les lois devaient être approuvées par une assemblée de citoyens, était en fait "organisée en aristocratie, ou oligarchie à base élargie", puisqu'elle était "gouvernée par un assez petit groupe de gens appartenant à une cinquantaine de familles (comme à Athènes, ndlr.), détenant régulièrement toutes les magistratures... Durant toute l'époque républicaine, les plus hautes charges politiques, militaires et religieuses étaient monopolisées par les nobles." (Dictionnaire de l'Antiquité, mythologie, littérature, civilisation, sous la direction de M.C. Howatson, Bouquins Robert Laffont, Turin 1998, p. 857.)

 

Rome demeure [...] une sorte de république oligarchique. [...] Au IIe siècle, un tiers des consuls sont issus de seulement six familles. [...] Ce pouvoir endogame est monopolisé par quelques familles qui sont toutes alliées entre elles. Ces hommes se nomment les optimates - on parlerait aujourd'hui de cartels ; la République, avec tous ses rouages politiques, militaires en quête de pouvoir, d'argent et de gloire. Au début de la révolte de Spartacus, le Sénat de Rome compte 600 membres, mais parmi eux seule une élite très étroite détient la réalité du pouvoir. (Eric TEYSSIER, Spartacus, Entre le mythe et l'histoire, Perrin, Tempus, Paris 2012, p. 19-26.)

 

En 1789, comme sous Périclès, "dans le régime démocratique, ... (e)n théorie, le nouveau citoyen se voit reconnaître un pouvoir de contribuer à la formation des décisions, ... Mais en réalité, il a moins de prise sur la décision qu'il n'en a jamais eu (Voir P. Gueniffey, Le Nombre et la raison, p. 208-213). En effet, la participation démocratique" transfère "le pouvoir théoriquement possédé par les individus à une oligarchie composée de professionnels de la politique. Cette oligarchie trie les problèmes et définit les termes dans lesquels ils peuvent être résolus, médiation indispensable pour transmuer la poussière des volontés individuelles en 'volonté collective'. La toute-puissance de la 'machine', ou du parti, est la réalité de la liberté du citoyen moderne. ...[L]e pouvoir réel se trouve entre les mains du 'cercle intérieur'. ... [L]e peuple est réellement dépossédé de son pouvoir au profit du parti indispensable au fonctionnement de la démocratie. ... [L]e mensonge: la dictature d'une minorité prétendant énoncer la Volonté générale au nom du peuple mais à la place du peuple" (Patrice Gueniffey, La Politique de la Terreur, Essai sur la violence révolutionnaire, Fayard 2000, réed. Tel Gallimard, Mesnil-sur-l'Estrée 2003, p. 206-207).

 

Augustin Cochin a montré en fait que "l'égalité pure - théorique - entre les individus réduits à leur volonté a pour nécessaire contrepartie pratique la transgression du principe (égalitaire), non par la réinstitution subreptice de l'ascendant des supériorités sociales réelles, mais par la formation d'une oligarchie militante et cachée, confisquant la démocratie à son profit.
'La clé secrète du jacobinisme', écrit François Furet, 'c'est la machine cachée à l'ombre du Peuple'; ou encore, pour citer Cochin : le système 'repose sur cette règle essentielle ... que tout vote officiel de la société [de pensée] est précédé, déterminé par une délibération officieuse du cercle intérieur'. tout groupe social est profane par rapport à un groupe initié, plus restreint, plus uni, plus actif, plus clairvoyant'. La machine décide, le peuple opine" (Patrice Gueniffey, Le Nombre et la Raison, La Révolution française et les élections, préface de François Furet, Editions de l'Ecole des Hautes Etudes en sciences sociales, Paris 1993, p. 22.)

 

 

http://www.laprocure.com/cache/couvertures_mini/9782262033330.jpgLes "élections" de juin 1791 se traduisirent par une forte abstention. "La participation avait atteint son étiage; elle ne devait plus remonter de façon significative, les consultations organisées les années suivantes,... n'ayant jamais mobilisé plus du cinquième des électeurs. ... En l'absence de votants, le système électif se transforme très vite en un système de cooptation, les uns accédant aux charges que les autres viennent de quitter, et réciproquement. La promotion aux responsabilités se fait en circuit fermé : les fonctionnaires peuplent les assemblées chargées d'élire les fonctionnaires. ...La réalité du système répondait à un besoin, celui de la formation d'une classe politique ... qui soit assurée de la continuité en étant délivrée de l'incertitude inséparable du suffrage universel. Mais l'oligarchie née de ces pratiques n'était pas moins un démenti des attentes. On imaginait en effet avec une certaine ingénuité que la vertu première d'un système électif consistait à assurer le renouvellement permanent du personnel dirigeant et l'élargissement constant de son recrutement. On n'imaginait pas que l'élection puisse conduire à la formation d'une 'classe' politique distincte du reste de la société" (Patrice Gueniffey, Histoire de la Révolution et de l'Empire, Perrin, Collection Tempus, Paris 2011, p. 86-88).

 

"L'exercice du suffrage, quel qu'en fût le régime, censitaire ou universel, a été l'affaire de minorités dont les 'candidats' se disputaient les voix" (François Furet, Mona Ozouf, Dictionnaire critique de la Révolution française, Champs Flammarion, Manchecourt 1992, p. 127.)

 

"Ce qu'il y a de sûr, c'est que le régime représentatif exclut directement l'exercice de la souveraineté, surtout dans le système français où les droits du peuple se bornent à nommer ceux qui nomment; où non seulement il ne peut donner de mandats spéciaux à ses 'représentants', mais où la loi prend soin de briser toute relation entre eux et leurs provinces respectives, en les avertissant qu'ils ne sont point envoyés par ceux qui les ont envoyés, mais par la Nation; grand mot infiniment commode parce qu'on en fait ce qu'on veut. En un mot, il n'est pas possible d'imaginer une législation mieux calculée pour anéantir les droits du peuple. Il avait donc bien raison, ce vil conspirateur jacobin [Ndlr. Gracchus Babeuf 1760-1797, ce révolutionnaire fut arrêté le 10 mai 1796 et guillotiné un an après le 27 mai 1797], lorsqu'il disait rondement dans un interrogatoire judiciaire: Je crois le gouvernement actuel usurpateur de l'autorité, violateur de tous les droits du peuple qu'il a réduit au plus déplorable esclavage. C'est l'affreux système du bonheur d'un petit nombre, fondé sur l'oppression de la masse. Le peuple est tellement emmuselé, tellement environné de chaînes par ce gouvernement aristocratique, qu'il lui devient plus difficile que jamais de les briser (Interrogatoire de Babeuf, juin 1796)." (Joseph de Maistre, Œuvres, Edition établie par Pierre Glaudes, Bouquins Robert Laffont, Paris 2007, p. 222-223.)

 

"Jusqu'au bout, les hommes de la Révolution auront refusé de faire des électeurs, même au second degré, les arbitres de la dévolution du pouvoir" (François Furet, préface in Patrice Gueniffey, Le Nombre et la Raison, La Révolution française et les élections, préface de François Furet, Editions de l'Ecole des Hautes Etudes en sciences sociales, Paris 1993, p. XI.)

 

"Délibérer, légiférer, dire et incarner ... la volonté 'nationale' ... telle est la vaste prérogative donnée par la Révolution - Assemblée constituante, Assemblée Législative, et Convention ensemble - à la représentation nationale, à l'abri de tout contrôle d'en bas; si vaste que Carré de Malberg l'a analysée comme un 'absolutisme parlementaire', et Marcel Gauchet, comme un 'rousseauisme à représentants'" (François Furet, préface in Patrice Gueniffey, Le nombre et la raison, ibid., p. V-VI.)

 

 

Au fil du temps, "les Français voient fleurir de nouveaux partis et de nouveaux sigles qui n'ont pas toujours de sens bien précis et changent au gré des modes. L'art consiste, pour les uns, à maintenir une référence au "socialisme", présenté comme un garant de la justice sociale, des privilèges et des monopoles; pour les autres, à fondre en un seul titre et quel que soit l'ordre plusieurs mots porteurs de grands symboles: Démocratie, Peuple, France ou Français, plus rassemblement ou Union. Ces partis décident de tout et tiennent d'une main ferme les ressorts des scrutins. [N]i le président ni même les députés, représentants du Peuple, ne sont  désignés par les seules élections. Les citoyens n'ont pas le libre choix des candidats; ceux-ci leur sont dictés, imposés, par des instances où ils n'ont pas la parole et par des stratèges que, généralement ils n'ont pas nommés" (Jacques Heers, Un Homme un vote? Editions du Rocher, Monaco 2007, p. 188-189). 
 

http://johanlivernette.files.wordpress.com/2012/08/democratie-bombes.jpg?w=490Ces instances, ces stratèges, les amis du parti sont les actionnaires de grandes compagnies qui attendent un retour sur leurs commandites. Les hommes mis en place ne sont que des guignols, des pantins manipulés par ces groupes. Ce système est dirigé comme standard planétaire et est imposé par la force aux Etats rebelles, au nom de la "démocratie" et de la liberté.
 

"On ne choisit pas, on ne délègue personne: on se borne à approuver un choix déjà fait par d'autres. Un choix fait par qui? Eh bien, par les dirigeants du parti, par le comité central, par le comité directeur, par le bureau, par le centre national... Si bien que ces députés que nous croyons élire, ils sont en réalité sélectionnés, ils nous sont en réalité imposés par la caste gouvernementale déjà en place, laquelle, agissant comme toutes les oligarchies, s'agrège les sujets qui lui conviennent et dont le caractère, les penchants, les alliances ont été soigneusement éprouvés. Nous croyons vivre sous un régime de suffrage universel, en réalité nous vivons sous un régime de cooptation" (Maurice Bardèche,  Les Temps modernes, Editions Les Sept Couleurs, Montargis 1956, p. 25-26).
 
"Cette impuissance du peuple, cette dépossession du peuple, c'est la contradiction fondamentale des démocraties modernes. Elles veulent défendre la démocratie sous prétexte que la démocratie est le pouvoir du peuple. Et elles défendent la démocratie en empêchant qu'il puisse y avoir sur la scène politique autre chose que des partis démocratiques... La démocratie ainsi conçue se retourne contre le peuple. Elle lui assure une liberté qui n'est qu'un mot, elle lui donne un bulletin de vote qui est sans valeur" (Maurice Bardèche, ibid., p. 32-33).  
"Les puissances occultes qui dominent la société contemporaine ont parfaitement compris que dans un système politique basé sur la loi du Nombre, seul l'Argent pouvait influencer le Nombre, que l'Intelligence ne gagnerait la masse à ses idées qu'aidée par l'Argent : l'Argent qui signifie le moyen de communication, le véhicule de la pensée" (Jacques Ploncard d'Assac, Les idées qui tuent, Société de philosophie politique, Lisbonne 1971, p. 13-14).

    

La belle "démocratie" issue des principes de 1789 instituant la "Volonté générale" comme le peuple "choisissant" ses "représentants" - eux-mêmes choisis par d'autres instances non-élues triant les problèmes et définissant les termes et les limites dans lesquels ils pourront être résolus - n'est rien d'autre qu'une oligarchie.

 

La liberté proclamée dans ces conditions confine au ridicule : le peuple déclaré "libre" n'a de liberté que la liberté de l'oiseau dans sa cage, libre d'aller d'un barreau à l'autre, ou celle d'un prisonnier dans sa cellule, libre d'aller d'un mur à l'autre, sans jamais pouvoir sortir de sa cellule. Cette image n'est pas excessive. Ainsi, selon l'article bien nommé "89"... de la Constitution de la Ve république actuellement en vigueur, "La forme républicaine du Gouvernement ne peut faire l'objet d'une révision". C'est la dernière phrase de la constitution de 1958. Le peuple tout en étant déclaré "libre" et source de la loi via la Volonté générale ne peut revenir sur la "forme républicaine du gouvernement", même s'il le voulait, cela ne lui est pas permis. Le peuple n’est donc pas "libre", ni même "souverain".  

 

Un exemple concret de ce refus opéré par les révolutionnaires, de laisser libre le peuple de choisir (entre république ou monarchie) est celui de 1797. Cette année-là, un coup d'Etat opéré par trois directeurs - Barras, Reubell, La Revellière, le 18 fructidor an V, 4 septembre 1797 - avec l'appui de Bonaparte, contre leurs deux collègues Carnot et Barthélemy "annihile... l'écrasant succès des royalistes aux élections législatives, qui pouvait ouvrir la voie à une restauration monarchique" (Frédéric Bluche, Stéphane Rials, Jean Tulard, La Révolution française, Que-sais-je ? Puf, Vendôme 2004, p. 116.) Autrement dit, encore une fois, une minorité refuse le jugement "souverain" du peuple... On verra la chose se reproduire en 2005 par exemple, lorsque le referendum rejeté par le peuple français sur le Traité européen fut malgré tout imposé de force au "Parlement" sur décision de Nicolas Sarkozy.

 

 

Patrice Gueniffey explique en ourtre, que de ce système "représentatif" ... "on ne peut dire qu'un peuple est libre parce qu'il jouit de la faculté d'élire ses gouvernants" (les électeurs sélectionnent ceux qui décideront en leur nom sans réellement les choisir) ou même parce qu'il jouit de la faculté "de choisir une politique plutôt qu'une autre parmi les programmes qui lui sont proposés" (les termes des problèmes sont délimités par d'autres instances non-élues), ... il s'agit là, écrit-il, "de conditions indispensables à la liberté, mais en elles-mêmes insuffisantes. Un peuple est libre lorsqu'il dispose de moyens qui lui permettront d'approuver ou de sanctionner régulièrement" (P. Gueniffey, La Politique de la Terreur, Essai sur la violence révolutionnaire, Fayard 2000, réed. Tel Gallimard, Mesnil-sur-l'Estrée 2003,  p. 210.)

 
Cette approbation et cette sanction impliquent des suffrages réguliers, sans doute, mais aussi et surtout que l'élu suprême de la nation, le président de la République, ne marche pas sur la décision claire des Français exprimée dans un referendum. Elle implique aussi de supprimer une "représentation" par têtes qui n'est que le masque d'une oligarchie. Et surtout elle implique d'instituer à la place de la représentation par têtes une représentation sincère des citoyens, représentés par corps, dotée de mandats impératifs, sans lesquels les élus en gros font ce qu'ils veulent. Cette représentation a en outre l'intérêt de courcircuiter la division des Français et son instrumentalisation par le système des partis politiques.

 

 

(2) Le mépris d'un peuple jugé "stupide", appelé la "populace", est à l'origine de l'adoption du régime "représentatif" par têtes.

 

La représentation par têtes permet la confiscation du pouvoir par une oligarchie "éclairée" - toujours en lien avec la banque - régime représentatif qui incarne le  soit-disant "pouvoir du peuple par le peuple pour le peuple".

 

http://t2.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcRJ08Rnvmi3Xd46HmfW8mlKbxy3-0odjJFf-tDqvN8eDlGTebtQ&t=1Tocqueville (dans La Démocratie en Amérique) percevait qu'un Etat sans religion devenait lui-même une religion. C'est particulièrement vrai dans la démocratie moderne dite "représentative", où la libre définition du bien et du mal, des valeurs collectives, est laissée au choix d'une 'majorité'" par le jeu de la Volonté générale. La religion devait empêcher l'état démocratique "de tout concevoir", lui défendait "de tout oser" (Tocqueville cité in Yves-Marie Adeline, Histoire mondiale des idées politiques,Ellipses, Paris 2007,p. 372.) Mais très vite, la démocratie représentative, suivant sa pente naturelle du nombre, s'est émancipée de cette exigence morale et du frein représenté par la religion.

 

Le projet de Tocqueville consistant donc à se servir de la religion comme contre-pouvoir, refuge de valeurs stables et antigoniennes (une morale d'obligation, de ob-ligere: lier par le haut), rempart à la tyrannie démocratique  est inopérante quand le régime soit-disant "représentatif" du peuple ne représente que les intérêts de l'oligarchie.

 

 

Pour solutionner ce problème de la confiscation du pouvoir par une minorité ploutocratique (banque) il faut penser et réfléchir à un autre type de "représentation" que le régime "représentatif" qui est issu de 1789.

L'idée est d'affranchir la "représentation" des principes révolutionnaires hérités de 1789 [voir la Ière partie : âge d'or, homme nouveau, volontarisme, constructivisme, volonté humaine, volonté générale, souveraineté nationale] et de permettre à tous les corps de la nation de participer réellement à la vie politique suivant leurs poids réels dans la société. Cette représentation sincère existait sous l'Ancien Régime sous la forme des Etats généraux où les députés étaient dotés de mandats impératifs de sorte qu'ils ne pussent être otages d'intérêts oligarchiques. Dans tous les cas, et quoiqu'il en soit de l'histoire des Etats généraux,  "absolutus, venant du verbe absolvere (délier), ... monarchia absoluta signifie monarchie sans liens, et non pas sans limites" (François Bluche, Louis XIV, Fayard, Paris 2002, p. 186.) La personne du roi était indépendante, elle ne dépendait d'aucune puissance (d'argent), d'aucun parti, d'aucun lobby... Ceci explique pourquoi la banque au XVIIIe siècle a tout fait pour supprimer la monarchie "absolue" de droit divin. Un roi indépendant et souverain est bien plus difficile à corrompre qu'une majorité de députés "représentatifs".

 

Dans ces conditions, il faudra bien cerner le rôle réel des "partis politiques" et analyser de quelle manière leurs dirigeants sont des pantins aux mains de l'oligarchie. 

 

« On aurait donc bien tort de croire que l'ancien régime fut un temps de servilité et de dépendance. Il y régnait beaucoup plus de liberté qu'aujourd'hui. »
(Alexis de Tocqueville, L'Ancien Régime et la Révolution, 1856)

 

Rappelons que dans la rhétorique révolutionnaire de 1789, le "peuple" est tenu comme "toujours prompt à l'erreur". Quantité de textes illustrent le propos.

 

"Citons Condorcet : 'Comme ces Messieurs - il s'agit des parlementaires - ignorent l'opinion ou la méprisent, ils ne seront jamais jaloux que d'avoir les faveurs de la populace', (Correspondance inédite de Condorcet et de Turgot, p. 202). Et encore Condorcet, Réflexions sur le commerce des blés, Londres, 1776, p. 140 : 'Quand on parle d'opinion, il faut en distinguer trois espèces : l'opinion des gens éclairés, qui précède l'opinion publique et finit par lui faire la loi; l'opinion dont l'autorité entraîne l'opinion du peuple ; l'opinion populaire enfin, qui reste celle de la partie du peuple la plus stupide et la plus misérable..." (Condorcet cité in Mona Ozouf, L'homme régénéré, Essais sur la révolution française, Nrf Editions Gallimard, Mayenne 1989, p. 33).

 

"Pour d'Holbach, 'quoiqu'on nous répète tous les jours que l'homme est un être raisonnable, il n'y a qu'un très petit nombre d'individus de l'espèce humaine qui jouissent réellement de la raison ou qui aient les dispositions et l'expérience qui la constituent' (D'Holbach, Système de la Nature, 1770, t. 1, p. 129, cité in  Xavier Martin, Nature humaine et Révolution française, Du siècle des Lumières au Code Napoléon, Dominique Martin Morin, Mayenne 2002, p. 219.)

 

... Pour Voltaire, le peuple français 'sera toujours un peuple ignorant et faible, qui a besoin d'être conduit par le petit nombre des hommes éclairés' (A Chamfort, en 1764; Voltaire, Corr., t. 7., p. 624, cité in X. Martin, ibid., p. 219-220.)

 

... [A]ux yeux de Rousseau, il ne convient pas de dilapider les connaissances auprès d''une populace indigne d'en approcher' (Rousseau, Discours sur les Sciences et les Arts, 1750, dans oeuvres complètes, t. 3., p. 29. Un thème si voltairien (Cf. Par ex. Voltaire, Corr. t. 8, p. 819, en 1767, à Frédéric II, sur la 'canaille qui n'est pas digne d'être éclairée'.); la 'multitude aveugle' avait besoin d'un grand législateur pour faire à sa place le contrat social (Rousseau, Contrat social, 1762, L. II, chap. 6, p. 380, cité in X. Martin, ibid., p. 219-220.) 219-220.)

 

... On comprend dans ces conditions, que Cabanis ait pu saluer dans la constitution du Consultat ce qu'il appelle 'la bonne démocratie', pour cette raison expresse, et sans ambiguïté, que rien ne s'y ferait par le peuple !" (X. Martin, ibid., p. 221.)

 

Ce mépris du peuple explique pourquoi les démocrates républicains ont choisi de limiter l'exercice réel du pouvoir à la désignation de "représentants" choisis par eux-mêmes.

 

"Les sophistes l'ont dit, pour le triomphe de leur égalité et de leur liberté, il faut que les suffrages cessent de se peser par ordre, qu'ils se comptent par têtes." (A. Barruel, ibid., p. 456). Pour le triomphe de l'égalité, sans doute, mais pour le triomphe de la liberté, c'est moins sûr !

 

S'agissant de cette "liberté", il se pose ici un problème d'ordre philosophique. Yves-Marie Adeline se demande si le souci de l'égalité, la représentation par têtes, c'est-à-dire le nombre, suffisent à "fonder la raison" et à "garantir que la loi veut le bien ?" (Cf. Yves-Marie Adeline dans  Histoire mondiale des idées politiques, Ellipses, Paris 2007, p. 108.) Le bien donc la liberté du peuple. Or, le nombre (représentation par têtes) ne fait pas toujours la vérité, et l’erreur ne devient pas vérité en se multipliant. C'est donc que le bien et la liberté du peuple ne peuvent être induits du nombre, mais d'un autre fondement, comme nous le verrons ci-dessous.

 

Dans le régime dit "représentatif", les élus ont des mandats indirects, ils sont indépendants de leurs commettants, et sont transformés en "représentants" de la nation ... "chargés, nous dit François Furet, de la part véritablement royale du procès politique: élaborer par leur délibération collective la volonté nationale. ... Délibérer, légiférer, dire et incarner cette volonté ... telle est la vaste prérogative donnée par la Révolution - Assemblée constituante, Assemblée Législative, et Convention ensemble - ... à la 'représentation nationale', à l'abri de tout contrôle d'en-bas; si vaste que Carré de Malberg l'a analysée comme un 'absolutisme parlementaire' et Marcel Gauchet, plus récemment, comme un 'rousseauisme à représentants'." (F. Furet, préface in Patrice Gueniffey, Le Nombre et la Raison, La Révolution française et les élections , préface de François Furet, Editions de l'Ecole des Hautes Etudes en sciences sociales, Paris 1993, p. V-VI.)

 

Pourquoi nous ne fêtons pas 1789 Vidéo basée sur le poème que Pierre d'Angles fit en janvier 1989, afin d'expliquer son refus de fêter le bicentenaire de la révolution de 1789.

De la continuité à la souveraineté, de la paix favorisée par une paisible dévolution du pouvoir à l'économie d'argent réalisée (une monarchie héréditaire est moins honéreuse qu'une république : chaque élection "démocratique" coûte une fortune), de la vue politique à long terme à la représentation nationale (la monarchie est l'emblème national par excellence), de la mémoire à l'unité nationale, de la compétence à la responsabilité, de la légitimité à la liberté, de la démocratie sincère à la représentation réelle, autant d'arguments en faveur de la monarchie, autant d'arguments qui renvoient définitivement l'"élection" et le régime dit "représentatif" aux rangs d'expériences funestes.

 
Le Livre noir de la Révolution française explique que dans la représentation par têtes, dans le parlementarisme représentatif (en réalité oligarchique) issu de 1791, "c'est le principe de la dictature, de la tyrannie sans bornes, sans entrave, de la majorité parlementaire. ... "Aucune barrière ni droit naturel ni règle constitutionnelle" ne devait s'opposer, selon Mirabeau, à une majorité législative (en l'occurrence issue d'une minorité activiste dans le pays). Ce régime n'est en fait qu'une forme de la tyrannie. Sous l'angle de l'Etat de droit, elle marque une régression par rapport à la pratique, au XVIIIe siècle, de l'Ancien Régime. C'est ce que Hayek appelle une "démocratie illimitée", ce que Benjamin Constant avait stigmatisé comme une "souveraineté illimitée" (Le Livre noir de la Révolution française, Les Editions du Cerf, Paris 2008, p. 14) et Carré de Malberg, un "absolutisme parlementaire" ou un "parlementarisme absolu" (Raymond Carré de Malberg, Contribution à la théorie générale de l'Etat, Editions du CNRS, Paris 1962, vol. 2, chap. 2 : le gouvernement représentatif.) Sur Christroi, nous appelons ce régime, république absolue de droit occulte ou maçonnique, tout simplement.
 
Mais comment sortir de l'absolutisme parlementaire ?
 
La séparation de la franc-maçonnerie et de l'Etat est déjà une première étape nécessaire si l'on veut courcircuiter la menace d'une direction occulte de la "représentation". Cette séparation permettra de retrouver une juste délibération sans qu'une oligarchie cachée y mette son nez. Le souci de transparence démocratique doit être mis en avant, contre le despotisme de l'oligarchie.
 
Dans un deuxième temps on réfléchira à la manière de doter les députés, comme sous l'Ancien Régime, de mandats impératifs. Il s'agit de supprimer les mandats indirects organisés par l'arrêté du 17 juin 1789 qui transformait les Etats généraux composés de mandataires des trois ordres dotés de mandats impératifs, en une assemblée 'représentant' soit-disant la nation et de députés dotés de mandats non-impératifs.
 
Dans cette étape, il s'agit de réfléchir à la manière de revenir à une représentation organique, plus réelle et concrète des Français, réalisée non plus par têtes (représentation individualiste) mais par poids des corps dans la société (poids des cadres, employés, ouvriers, familles, fonctionnaires, artisans, professions libérales, étudiants, etc.). De la sorte la puissance de nuisance des partis politiques, sera circonscrite, la justice et le droit rétablis.
 
(3) La démocratie royale organique ou système de représentation par corps plutôt que par têtes
 
"La démocratie c'est ce que Bonald appelle "la division légale de l’unité du pouvoir. Or Bonald explique que la loi première de toute société, son dogme fondamental, c'est l'unité du pouvoir : tout royaume qui s’écartera donc de cette unité sera désolé : désolé par les factions, désolé par les haines, désolé par les ambitions ; il sera désolé et détruit, car deux pouvoirs forment deux sociétés toujours en guerre l’une contre l’autre" (Bonald Cité par Paul Bourget et Michel Salomon in Bonald, librairie Bloud & Cie, Paris, 1905, p.218.)
 
"Les partis doivent disparaître. Personne n'est jamais né membre d'un parti politique; par contre, nous sommes nés membres d'une famille; nous sommes tous voisins dans une municipalité; nous peinons tous dans l'exercice d'un travail. Or, si ce sont là nos unités naturelles, si la famille, la municipalité et la corporation sont les cadres dans lesquels nous vivons, pourquoi aurions-nous besoin de l'instrument intermédiaire et pernicieux des partis qui, pour nous unir en des groupements artificiels, commencent par nous désunir dans nos réalités authentiques ?" (José Antonio Primo de Rivera in Jacques Ploncard d'Assac, Doctrines du nationalisme, Edition du Fuseau, Meaux 1965, p. 165).

"La France est déchirée parce que ceux qui la gouvernent ne sont pas hommes d'Etat, mais hommes de parti. Honnêtes, ils songent seulement au bien d'un parti; malhonnêtes, à remplir leurs poches. Les uns et les autres sont les ennemis de la France. La France n'est pas un parti" (Charles Maurras, La Dentelle du rempart, Choix de pages civiques en prose et en vers (1886-1936), Préface de Bernard Grasset, Editions Bernard Grasset, Mayenne 1937, p. 120.)

"[S]ous le nom de souveraineté nationale, on aura le régime de l'Anonymat, de l'Irresponsabilité, de l'Election, de l'Argent et de l'Etranger" (Charles Maurras, L'Ordre et le désordre, Les idées positives et la Révolution, Les Îles d'Or Editions Self, Paris 1948, p. 52).

Conférence de Patrice Gueniffey sur la Révolution française et l'Empire aux Jeudi La Procure 28/05/11

Avec la Volonté générale, en 1789, Patrice Gueniffey dans la video ci-dessus (à partir de 18:05) explique que "le peuple est confisqué, on se met à sa place..."

En mettant la volonté du peuple (Volonté générale) au-dessus de la loi pour renverser la loi existante,  les révolutionnaires ont détruit l'idée même de la loi. Par la suite, explique Patrice Gueniffey, on a gardé cette Volonté générale pour renverser la constitution révolutionnaire. A partir de là, dit-il, il n'y a plus de loi qui tienne devant la volonté supérieure du peuple ou de ceux qui sauront incarner le peuple... Dès lors comment fonder la loi ? Comment fonder une nouvelle légitimité politique sur une destruction de l'ancienne ? Les révolutionnaires essaient un peu toutes les formules pour essayer de résoudre une question et une seule: comment refonder une légimité politique sur la destruction de l'ancienne ? Et c'est dans ce problème que s'épuise la Révolution depuis 1789 jusqu'à aujourd'hui d'ailleurs, la France ne va jamais sortir de ce problème. C'est-à-dire que le consensus sur les formes politiques ne se refera plus: il existait sous la forme monarchique du gouvernement et une fois la monarchie décapitée, l'accord sur les formes politiques ne se fera plus. Et comme en plus, en France, il n'y a pas d'accord sur les formes sociales, il y a une impossibilité de refonder une légitimité politique sur cette destruction radicale de 1789. Les révolutionnaires s'épuisent et cherchent toutes les formules, ils expérimentent et cela ne marche jamais...
 
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/d/d4/Karl_Marx_001.jpg/220px-Karl_Marx_001.jpgAu XXe siècle, une expérience similaire consistant à prétendre atteindre la "démocratie" et la liberté par la table rase et le dogme du gouvernement "au nom du peuple, par le peuple" a été entreprise par le communisme sur la base révolutionnaire de la "fin sanctifiant les moyens" (voir Iere partie).
 
Ainsi, "la notion de guerre civile est au coeur du projet communiste, tel qu'il apparaît dès 1848 dans le Manifeste du Parti communiste où Marx, évoquant la lutte des classes, parle de 'la guerre civile plus ou moins latente au sein de la société actuelle, jusqu'au point où elle éclate en révolution ouverte et où le prolétariat jette les fondations de sa domination par le renversement violent de la bourgeoisie'. 
La conclusion du  Manifeste est fort claire : 'Les communistes déclarent ouvertement qu'ils ne peuvent atteindre leurs objectifs qu'en détruisant par la violence l'ancien ordre social'" (Stéphane Courtois, Communisme et totalitarisme, Tempus, Paris 2009, p. 76.)
Le mot "communisme" "prendra tout son sens avec Marx et Engels, auteurs du Manifeste du Parti communiste, datant de 1848. 'Communisme' et 'communiste' deviennent alors synonymes de 'marxisme' et 'marxiste'. (S. courtois, ibid., p. 310.)
 
Dès 1914-1915, Lénine s'empare de cette conclusion de Marx, dans le Manifeste de 1848, "pour inaugurer un slogan appelé à un grand retentissement : 'tranformer la guerre impérialiste en guerre civile'" (S. courtois, ibid., p. 77.)
"Après avoir visé une classe sociale et après l'échec de la révolution de 1848 en Europe centrale, Marx stigmatisa dans son journal, La Nouvelle gazette rhénane, les petits peuples contre-révolutionnaires, qualifiés de 'déchets de peuples'" (S. courtois, ibid., p. 371.)
"Le dernier acte se joue le 18 janvier 1918, d'abord dans la rue, où Lénine, pour la première fois depuis mars 1917, fait tirer sur une manifestation pacifique de partisans de l'Assemblée, provoquant une douzaine de morts et des dizaines de blessés. ... La nuit même l'Assemblée est dispersée par la force. ... L'assassinat prémédité de la première assemblée élue en Russie au suffrage universel - et la dernière avant 1991 - ... officialise la naissance du régime totalitaire" (S. courtois, ibid., p. 86-87.)
 
En fait, il est temps de se pencher sur ce problème, ce n'est pas la Volonté générale qui fonde la loi et la légitimité (article 3 de la Déclaration des droits de l'homme de 1789 stipulant que "'le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation'"), ce qui fonde la loi, c'est sa conformité ou non au droit naturel, un droit supérieur aux hommes, un droit que les hommes n'ont pas choisi et auquel ils doivent se soumettre sous peine de tomber dans l'illégimité et la tyrannie.
 
Le gouvernement du nombre ne fonde pas la légitimité (des décisions prises par une majorité ne sont pas toujours justes ni bonnes), mais le droit naturel seul, c'est-à-dire Dieu et le Décalogue... Autrement dit, la démocratie moderne fondant la loi dans le nombre via la Volonté générale est une impasse, dans laquelle continuent de se débattre les démocraties modernes sans jamais trouver la solution, roulant ainsi de révolutions en révolutions, de tyrannies en oligarchies...
 
Dans son livre "Les Origines philosophiques du libéralisme", Lucien Jaume a bien identifié le "conflit possible entre les droits que l'on reconnaît à l'individu (les droits de l'homme) et la loi soupçonnée de potentialités liberticides, étant donné que, bien qu''expression de la volonté générale', la loi (dans le système hérité de 1789, Ndlr.) est concrètement la volonté des majorités, qui peuvent léser la minorité, ou l'individu..." (Lucien Jaume, Les Origines philosophiques du libéralisme , 2000, réed. Champs essais, Paris 2010, p. 122.)
 
Dans son livre Jeanne d'Arc et la Monarchie (1910), l'abbé Vial explique que la représentation par poids suivant la hiérarchie, la logique et le bon sens, c'est la raison, la justice et (l'Etat de) droit qui triomphe, quand dans la seconde, les votes étant comptés au lieu d'être pesés, c'est le triomphe de l'irrationnel, de l'injustice et de la folie: la destruction même de la loi en somme.
En fait, la représentation par poids est toujours juste là où la représentation par têtes ne l'est que par exception. Et cette représentation par poids permet précisément la légitimité politique que recherche en vain les révolutionnaires fondant la loi dans ce dogme funeste et fou de la Volonté générale. Recherche dans laquelle s'épuisent tous les gouvernements depuis 1789.
 
Sur le site "Démocratie royale", on peut lire : "La Démocratie en France avant la révolution française s'exerçait à l'intérieur des corps sociaux corporatifs, une démocratie qui a duré 7 siècles non seulement en France d'ailleurs mais dans la majorité des peuples européens surtout à l'ouest.
 
"Cette démocratie n'arrangeant pas les nouvelles fortunes financières, ils la firent abolir définitivement dans leur schéma le 4 août 1789, en abolissant les corporations par la suppression des privilèges de celles-ci et des provinces, le peuple a plus perdu le 4 août que la Noblesse et le Clergé.
 
"La seule démocratie vertueuse est celle qui s'exerce donc à l'intérieur de corps sociaux car les hommes ont alors à l'intérieur de ceux-ci des intérêts réellement communs pragmatiques et non idéologiques et peuvent ainsi exercer leurs mandats électifs de défense du corps social au mieux."
 
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