Nationspresse.infos publie la Lettre ouverte de Marine Le Pen à Carl Lang en réponse à la Lettre ouverte de Carl Lang aux militants du Front national. En gras, les observations qui me semblent essentielles.
Carl,
J’ai bien reçu, comme l’ensemble des cadres et de la presse, ta lettre ouverte, qui se révèle être un véritable réquisitoire auquel tu me contrains de répondre.
... Pourquoi, Carl, te sens-tu obligé de mentir pour te justifier ?
Es-tu à ce point désinformé ?
Tu as, quoi qu’il en soit, la mémoire courte et je vais te la rafraîchir.
Voici mes vraies déclarations au micro de RTL : « Mon sens de l’honneur m’interdit de participer à un lynchage ou à une chasse aux sorcières à l’égard d’un patriote convaincu (Bruno Gollnisch, ndlr). Ceci étant dit, je désapprouve sans ambigüités et sincèrement ces propos (….). Je dis que tout propos tendant évidemment à nourrir cette suspicion (celle d’antisémitisme qui pèse injustement sur le FN) ou à créer une quelconque ambigüité sur ce sujet me paraît malvenu (….) ».
Admets que nous sommes bien loin des propos que mensongèrement tu me prêtes.
Tu ne peux ignorer non plus que j’ai, au Bureau Politique suivant, voté la motion de soutien à Bruno. J’ai encore, il y a quelques jours, face à 70 lycéens du Lycée Balzac, dans un véritable procès de Moscou télévisé, assumé toutes les déclarations de tous les dirigeants du FN.
En as-tu fait autant, Carl ?
Toi qui déclarais, à ce sujet, dans Le Monde du 14 janvier 2005, « les propos de M. Le Pen (sur l’occupation, ndlr) n’engagent que monsieur Le Pen, comme ceux de M. Gollnisch n’engagent que M. Gollnisch ».
On a déjà vu démonstration de soutien et de solidarité plus claire, n’est-ce pas ?
Bref, es-tu franc et sincère dans ce dossier ?
Tu évoques ensuite ma prise de distance, durant quelques semaines, à la suite des déclarations du Président en 2005, pour asséner ton jugement sans appel : « je n’ai plus confiance en ses capacités de résistance à la diabolisation, et de solidarité dans l’épreuve ».
A l’aune de tes déclarations - ci-dessus reproduites - , c’est, tu l’admettras, à mourir de rire !
C’est vrai, j’ai pendant quelques semaines, « séché » le Bureau Exécutif, ayant le sentiment que l’on remettait en cause au plus haut niveau la nécessaire dédiabolisation du mouvement.
Cette dédiabolisation, je ne l’ai jamais entendue comme un affadissement de notre message, mais comme une lutte essentielle contre les accusations de « racisme », « fascisme », « nazisme », « antisémitisme » que certains portent injustement et scandaleusement contre le Front National.
... Comme je l’ai rappelé plus haut, je trouve ma candidature dans la grande région Nord-Ouest au moins aussi légitime que la tienne, compte tenu des résultats et de la dynamique que j’ai apportés au mouvement dans cette région, avec mes colistiers et militants.
... Revenons, puisque tu y reviens toi-même, à l’élection présidentielle.
Là encore, les critiques pleuvent !
J’aurais - car si j’ai bien compris j’ai tout décidé et fait toute seule, sans l’avis du candidat, sans l’avis du Bureau Politique, sans celui du Bureau Exécutif, sans l’avis du Bureau de campagne - « délepénisé Le Pen ».
Vaste programme !
Tu m’accordes plus de pouvoir que je n’en ai.
La vérité est que la tonalité de la campagne de 2007 était totalement similaire à celle de 2002, que tu avais trouvée si bonne.
La vérité est que contrairement à ce que tu affirmes, la dénonciation de l’immigration n’a probablement jamais été aussi présente que lors de cette campagne, durant laquelle, sur tous les tons et dans tous les medias, Jean-Marie Le Pen a rappelé notre exigence d’une immigration-zéro. J’ai moi-même porté ce discours de fermeté dans les innombrables medias sur lesquels je me suis exprimée.
La vérité est que nos thèmes de campagne ont fait l’objet d’un véritable hold-up de la part de Nicolas Sarkozy, de manière aussi cynique que méthodique, et qu’ils sont bien présomptueux, les « Yaka », et les « Fokon », qui, n’ayant rien fait pendant la campagne viennent par la suite donner des leçons et trouver des solutions miracles.
Enfin, argument ultime, tu me reproches la dalle d’Argenteuil…
Alors que je sais que tu sais que j’ai découvert ce discours au dernier moment.
Trop tard pour discutailler du bien fondé, de l’opportunité ou du fond de cette intervention, que tu isoles arbitrairement, au milieu de centaines d’autres. J’en fus, pour ma part, solidaire, sans discuter.
Quant à ma déclaration - là encore, une parmi des centaines d’autres - évoquant la candidature de Jean-Marie Le Pen comme « la candidature de rassemblement du peuple français, débarrassé des spécificités religieuses, ethniques, etc », je ne comprends toujours pas ce qu’elle a de choquant, le Front national s’étant toujours présenté comme le parti qui défend les Français, quels que soient leur parcours politique, leur race, leur religion - ou leur absence de religion. Cette évidence, je te le rappelle, est inscrite dans les statuts du Front national.
Tu termines ton courrier par une insinuation scandaleuse, en laissant entendre que le Front National t’aurait proposé de te payer pendant deux ans pour obtenir ton retrait. C’est faux !
Le Front National, au cas où tu aurais accepté la seconde place, t’a tout naturellement proposé de te permettre d’atteindre ta retraite, dans l’hypothèse où tu ne serais pas réélu.
Carl, tu as fait toute ta « carrière » au Front National. Je trouvais qu’il était normal, en cas d’insuccès, de ne pas te laisser sans ressources, t’obligeant ainsi à redevenir, à 52 ans, kinésithérapeute.
Tu réussis donc le tour de force de présenter cette expression de la solidarité du mouvement envers un de ses cadres comme une basse tentative de corruption. C’est d’une profonde malhonnêteté, et là encore, c’est indigne.
Voilà comment, Carl, tu as habillé ton départ, trouvé de fausses excuses - jusqu’à la dénaturation des faits - en te servant de moi comme d’un bouc-émissaire à ta décision de dissidence.
La vérité est que tu as développé une hostilité personnelle et irrationnelle à mon égard depuis que je suis revenue en 2007, dans « ta » région.
J’en veux pour preuve l’absence totale, de ta part, d’un seul message d’encouragement, ni le soir des Législatives, ni même le soir des municipales, alors que tu es le Président du groupe Front National à la région.
Mais surtout, et c’est encore plus révélateur, l’absence totale du moindre signe d’amitié ni même de solidarité lors de l’agression à main armée dont j’ai été victime à la braderie d’Hénin-Beaumont !
Tu vois, il n’est pas utile de tordre la vérité pour tenter d’habiller cette hostilité – dois-je parler de haine ? - de considérations politiques farfelues.
Tu n’as donc plus, dis-tu, confiance, « ni politiquement, ni humainement » en Marine Le Pen.
Eh bien je suis obligé de m’en féliciter, tant je constate au vu de ton entourage humain et politique, la fragilité de ton jugement.
Tu n’as pas confiance politiquement en moi ? Tu réserves, il est vrai, ta confiance à monsieur Dubout, qui, après avoir obtenu 12% des voix au premier tour des municipales à Calais, a trahi les électeurs du Front National en retirant sa liste pour permettre l’élection du candidat UMP (qui gouverne depuis avec les socialistes), les privant ainsi de représentants, donc de défenseurs, à l’Assemblée communale.
Tu réserves, il est vrai, ta confiance, à Dominique Slabolepszy, qui après avoir vainement tenté de monter une liste dissidente aux municipales avec l’UMP locale, fait le rêve sur son blog d’un accord avec le MPF dont tout le monde sait qu’il est une roue de secours d’une majorité UMP en train de ruiner et de dénaturer la France.
Tu réserves, il est vrai, humainement, ta confiance aux conseillers régionaux de ton groupe, qui, violant leurs engagements sur l’honneur, ont brutalement cessé de reverser leur quote-part au Front National, dans le but évident d’asphyxier leurs propres fédérations, au moment où la trésorerie du FN traversait une période critique.
Tu réserves, il est vrai, humainement ta confiance à Christian Baeckeroot, qui a lâchement et publiquement insulté Roger Holeindre, en ces termes indignes : « tu es une merde, un salopard, une ordure, je l’ai toujours su ».
Tu réserves, il est vrai, humainement, ta confiance, à Fernand Le Rachinel, qui a grossièrement surfacturé le Front national (ce que l’expertise judiciaire que nous avons obtenue démontrera), au risque de le faire sombrer financièrement et d’obérer son avenir.
Tu réserves, il est vrai, humainement, ta confiance à Philippe Bernard, ton bras droit, pourtant mis en examen pour « faux et falsifications, abus de confiance et escroquerie » au détriment du Front national, partie civile dans cette affaire. Tu es même allé jusqu’à lui réitérer ta « confiance » postérieurement à la révélation de ces faits, en lui confiant la trésorerie de l’association des élus du Nord-Pas de Calais !
Tu réserves, il est vrai, humainement, ta confiance à ton assistant, monsieur Frédéric Butez, mis en examen dans l’affaire Bernard….
Je continue ?
Dans ces conditions, Carl, je me félicite que tu n’aies pas confiance en moi.
Somme toute, le plus important à mes yeux est la confiance des adhérents du Front National, qu’ils ont exprimée en me plaçant en seconde position, derrière Bruno, au Comité Central, lors du dernier Congrès.
Je regrette simplement que tu prennes le risque d’affaiblir notre mouvement au moment où, plus que jamais, la France a besoin de lui.
Crois bien que j’aurais préféré garder tout cela pour moi, mais j’ai été élevée dans la famille Front National, dans l’esprit Front National où l’on m’a appris que tout ne vaut pas tout, que la vérité est supérieure au mensonge, la sincérité aux postures et la droiture à la déloyauté.
Ce courrier n’en est que la légitime expression.
Marine Le Pen