commenter cet article …
« Je recommande à mon fils s’il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, [...] qu’il ne peut faire le bonheur des Peuples qu’en régnant suivant les Lois, mais en même temps qu’un Roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire, et qu’autrement étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile. » (Testament de Louis XVI)
Chez Obama, durant la fermeture de l'administration américaine, il est interdit aux prêtres des armées de dire la messe mais pas aux policiers de les arrêter s’ils le font !
Les pretres menacés d’arrestation s’ils officient auprès des militaires pendant le shutdown
Déroulement consternant : certains prêtres des armées sont confrontés à une menace d’arrestation s’ils célèbrent la messe ou pratiquent leur foi sur les bases militaires durant le shutdown.
« Avec le shutdown gouvernemental de nombreux services gouvernementaux et de prêtres contractuels Catholiques qui officient sur les bases militaires à travers le monde se voient interdits de travailler – même s’ils sont volontaires » écrit John Schlageter, conseilller général pour l’Archidiocèse du Service des Armées aux U.S.A, dans une lettre ouverte publiée cette semaine (le 3 octobre 2013 NdCR.). « Pendant le shutdown il est illégal pour eux de célébrer les offices et ils sont menacés d’arrestation s’ils ne se conforment pas à cet interdit » .
Selon son site, l’Archidiocèse pour les Armées est l’organisme qui « assure tous les services pastoraux et spirituels de l’Eglise Catholique à toutes les Forces Armées des U.S.A ».
Dans son message Schlageter s’inquiète de ces restrictions alors que le Dimanche approche. «Si le shutdown continue durant le weekend il n’ y aura pas, ce Dimanche, de prêtres catholiques pour célébrer la Messe dans les chapelles des bases militaires où des prêtres sont contractualisés par le gouvernement ».
À défaut des prêtres catholiques contractualisés les militaires comptent sur des prêtres civils pour officier à leur place. « Hors ces prêtres civils ne sont pas autorisés à officier sur les bases » écrit Schlageter.
Un homme de loi républicain du House Intelligence Committee affirme au Daily Caller vendredi (4 octobre NdCR.) que ceci est un « est une atteinte à la Constitution. »
« Les droits constitutionnels d'entre ceux qui mettent leurs vies sur la ligne pour cette nation ne finissent pas avec une fermeture du gouvernement » a dit vendredi Mike Pompeo, un gradé de l'académie militaire de West Point et un vétéran d'armée, dans une déclaration au Kansas Rep. « C'est complètement irresponsable pour le président (Obama) de tourner le dos aux premiers droits d'Amendement de chaque Américain en supprimant le contrat du clergé militaire. »
« La stratégie du président pendant l'arrêt, doit créer autant de douleur que possible. Cependant, cette action croise une ligne constitutionnelle d'entravement à l'exercice du droit de pratiquer sa religion pour chaque service américain », ajoute Pompeo.
(merci à Truth)
‘« Monseigneur Léonard réclame le retour des croyants dans les églises pour les enterrements et a dès lors décidé d'interdire les célébrations religieuses dans les crématoriums dès 2015, peut-on lire samedi (5 octobre NdCR.) dans Sudpresse , Het Nieuwsblad et De Standaard. Dès 2015, les prêtres ne pourront se rendre dans les crématoriums que pour y prononcer de petites prières, d'une dizaine de minutes pas plus, et ne pourront donc plus y tenir des offices complets, ce qui se fait pourtant aujourd'hui lors de quatre crémations sur dix.
Le but est de "faire revenir les croyants dans les églises pour les funérailles", précise Monseigneur Léonard. Un courrier en ce sens a été envoyé à tous les prêtres du pays.
Une décision prise non pas contre les crématoriums mais en faveur des églises, insiste le porte-parole de l'Eglise, Tommy Scholtes, qui précise que la décision a été prise en concertation avec l'ensemble des évêques.
Réf. Monseigneur Léonard déclare la guerre aux crémations
Au lieu d’y aller de leurs propres commentaires biaisés, l’agence « Belga » et « La Libre » auraient mieux fait de préciser clairement si cette heureuse décision était le fait de Mgr Léonard pour l’archidiocèse de Malines-Bruxelles ou de tous les évêques de Belgique pour l’ensemble des diocèses du pays, ce qui semble être le cas si un courrier en ce sens a été envoyé à tous les prêtres du pays.
Dans l'éditorial dans la revue Pastoralia du mois d’avril 2013, sous le titre « Comme le grain de blé jeté en terre…», Mgr Léonard avait exprimé la position de l'Eglise sur la crémation :
"L’Eglise catholique n’est pas radicalement opposée à la crémation, même si elle exprime une nette préférence pour l’inhumation. Mais je note au passage que, si j’ai bien compris les commentaires des gestionnaires, les fidèles de l’Eglise orthodoxe et ceux du judaïsme et de l’Islam, recourent très peu, voire pas du tout, à la crémation, même si elle coûte moins cher que l’enterrement. Je salue donc la force de conviction de ceux et celles qui, préférant ne pas recourir à la crémation de leurs proches, sont prêts à en payer le prix.
La raison pour laquelle l’Eglise catholique préfère l’inhumation à la crémation est d’ordre symbolique. La réduction en cendres, surtout accompagnée de dispersion, suggère un anéantissement de notre corps terrestre, sa volatilisation intégrale. Par contre, même si ce qui se passe en terre n’est pas très joli, l’inhumation évoque plutôt le grain de blé qui, jeté en terre, y pourrit, certes, mais en vue d’une renaissance et d’une éternelle fructification."
Dans ce témoignage, Mgr Léonard se fait l’écho de la disposition suivante du droit de l’Eglise : « L’Église recommande vivement que soit conservée la pieuse coutume d’ensevelir les corps des défunts ; cependant elle n’interdit pas l’incinération, à moins que celle-ci n’ait été choisie pour des raisons contraires à la doctrine chrétienne » (Code de Droit Canonique, c. 1176, § 3).
Source : http://belgicatho.hautetfort.com/archive/2013/04/26/incinerer-ou-inhumer.html
Une famille qui vivrait comme l’État, ça donnerait quoi ?
Publié le 5/10/2013
Lorsqu'on a un gros, un énorme déficit budgétaire chronique et une dette abyssale, babylonesque, voire une hippopodette, il est difficile d'appréhender l'ampleur du désastre. Cependant, celui-ci devient évident lorsqu'on ramène l'exercice budgétaire du pays à l'échelle d'un ménage.
Par h16 et Baptiste Créteur.
Le droit français a longtemps fait du comportement d'un bon père de famille la norme comportementale de bon usage et de saine gestion ; le bon père de famille est soucieux des biens et intérêts qui lui sont confiés comme s'ils étaient les siens propres. Pour connaître le statut de nos chers dirigeants, ramenons la politique budgétaire de la France à l'échelle d'un ménage.
L’État français disposait, dans le budget 2013, de 240 milliards d'euros de ressources pour 302 milliards d'euros de charges (= dépenses NdCR.). La dette publique, elle, se montait à 1 912 milliards d'euros. Ces chiffres, pleins de zéros difficiles à lire et dans des unités de mesure, la dizaine ou la centaine de milliards, assez difficiles à appréhender, sont des chiffres prévisionnels ; ils ont été votés par les parlementaires, en toute décontraction. Comme chaque année, il est parfaitement raisonnable d'attendre que la réalité sera encore pire. Oui.
Comparons cela à un ménage moyen. Avec ses 2 410 euros de revenu net mensuel, notre ménage moyen, s'il se comportait comme l’État français, dépenserait 3 032 euros chaque mois - avec un découvert mensuel de 622 euros.
Ramené à l'année, les 28 920 euros de revenus sont loin de suffire pour dépenser 36 391 euros, et le ménage doit donc emprunter 7 471 euros - alimentant un total d'endettement de 230 396 euros. Oui, 8 fois son revenu annuel.
[...] On comprend mieux, au regard de ces chiffres, la gestion que font les hommes politiques de leur propre patrimoine et leur incapacité à épargner - si tant est que leurs déclarations puissent être crues. Compte tenu du respect qu'ils ont pour la parole publique et les engagements qu'ils prennent, rien n'est moins sûr ; entre Jérôme Cahuzac qui, lui, a su épargner, et la pause fiscale dont tout le monde, meurtri, attend l'arrêt aussitôt que possible, l'honnêteté de nos dirigeants pose question.
[...] Aucun ménage ne parviendrait à faire accepter un découvert de 25% de ses revenus chaque mois, surtout compte-tenu de son profil d'endettement. Les ménages français sont, en moyenne, endettés à hauteur de 80% de leurs revenus, pas 800%, comme l’État actuellement (230 396 euros de dettes pour 28 920 de revenus). Mais il est vrai qu'aucun ménage n'a la bombe atomique, une armée d'inspecteurs du fisc secondée par une armée de policiers, de gendarmes et de soldats outillés et entraînés pour éviter toute confusion maladroite entre "contribuable" (qui paye et se tait) et "citoyen" (qui est armé et entend se défendre tout seul comme un grand).
Au passage, cette dette génère un coût important pour la famille France ; elle paye chaque mois 563 euros pour éponger les intérêts de sa dette, sans même songer à rembourser (rappelons que la famille France s'endette chaque mois, et qu'il lui est impossible, par on ne sait quelle misère, de mettre le moindre sou de côté - le prix du caviar s'envole, dirait-on).
Sur 3 033 euros de dépenses au total, cette hypothétique (mais dépensière) famille France consacre 382 euros à l'achat d'armes diverses, dont des drones dépassés qui font un peu pitié, en plus de 177 euros pour sa sécurité pure, ce qui fait déjà 559 euros. S'y ajoutent 641 euros pour l'enseignement scolaire et 260 pour l'enseignement supérieur et la recherche, avec un résultat qu'on qualifiera pudiquement de mitigé, pour un total atteignant déjà 1 460 euros sur ces seuls trois postes. Avec les 563 euros de la dette, c'est déjà plus des 2/3 que la famille France aurait déjà dépensée.
Les autres petits postes de dépense sont aussi édifiants : 26 euros pour la culture (sachons vivre), plus 12 pour les médias, le livre et l'industrie culturelle (sachons vivre) ; 5 euros pour le sport, la jeunesse et la vie associative (sachons vivre, que diable !) ; à côté, 13 euros pour la santé (sachons tomber malade ?) paraissent bien insignifiants à la famille France, qui dépense 103 euros pour favoriser l'emploi. Sans grand succès.
Si la famille France était notée par des agences de notation, le ménage "État français" serait vraisemblablement assez loin du triple A. Heureusement, rassurez-vous : l’État français n'est pas vraiment un ménage, et personne n'entend considérer que le gouvernement français pourrait se rapprocher d'une gestion de "bon père de famille". Faut pas déconner. Car le ménage "État français" dispose d'une arme secrète pour se renflouer : le patrimoine de tous les ménages français. Si le ménage France n'existe pas et fait à peu près n'importe quoi de l'argent qui lui est confié, ce n'est heureusement pas le cas de l'écrasante majorité des ménages français, ménages politiciens inclus. Et ça, l’État l'a bien compris : non content de leur prélever pas loin de la moitié de leurs revenus, il peut à tout moment leur confisquer tout ou partie de leur patrimoine. Ça s'est déjà vu, dans le passé en France, et récemment en Europe ; les Chypriotes s'en souviennent.
Non, décidément, la gestion que font les hommes politiques du budget ne correspond pas à celle qu'en ferait un bon père de famille. Ou alors, "bon père de famille" comprend l'homme bourru et alcoolique, vivant d'expédients et de petits larcins minables d'une journée à l'autre, frappant femme et enfants lorsque l'argent ne rentre pas assez - ce qui étend la notion très au-delà de ce qu'elle pourrait signifier intuitivement...
Les politiciens comptent sur vous pour, un jour ou l'autre, éponger les dettes, leurs dettes, celles qu'ils ont contractées en votre nom pour non pas vous aider, vous servir, mais pour rester au pouvoir. Et ce jour approche plus que vous ne le croyez.
À vous de voir si vous êtes d'accord, mais sachez qu'il faut agir vite : ils ne vous demanderont pas votre avis.
Source: http://www.contrepoints.org/2013/10/05/140641-famille-vivrait-letat-ca-donne https://fr-fr.facebook.com/Hollandouille1er/posts/604626179581209
. En France, un shutdown budgétaire ne serait pas possible : le Parlement n'y est "pas un contre-pouvoir efficace". Ne pas voter le budget ne s'y est "jamais produit" ! (Nicolas Doze).
. François Hollande augmente la dette sans croissance. Cherchez l'erreur !
. Dette grecque et "saut qualitatif" (Nicolas Sarkozy, 21 juillet 2011)
Le shutdown nous offre deux ans de répit.
Le Figaro : UE/USA : négociations cruciales interrompues à cause du shutdown
Objectif: parvenir à un accord, au mieux dans deux ans, qui élimine au maximum les obstacles au commerce entre les deux rives de l'Atlantique.
Les bénéfices économiques d'un accord, pour l'UE, sont évalués entre 0,3 % et 1 % de croissance supplémentaire. Quels sont les enjeux et obstacles de cette négociation menée par Ignacio Garcia Bercero, représentant de l'UE, et Michael Froman, émissaire de la Maison-Blanche?
Le sujet divisait les Européens. Menaçant d'opposer son veto, Paris a obtenu que l'audiovisuel soit exclu des négociations. L'UE entend ainsi préserver les mesures de soutien à la culture, notamment les aides au cinéma.
Les deux parties souhaitent exporter davantage de produits agricoles, des produits laitiers côté européen et de la viande pour les Américains. Mais l'UE ne veut ouvrir ses portes ni au bœuf aux hormones américain ni aux OGM. Elle souhaite faire reconnaître ses appellations géographiques (type AOC). Les normes sanitaires et environnementales seront l'objet d'âpres marchandages.
Contre l'avis de Wall Street, Washington voudrait exclure les services financiers de l'accord. Le gouvernement américain redoute que les banques américaines profitent d'une harmonisation des règles pour réclamer moins de contrôles (mais c'est pourtant bien vers cette "harmonisation des règles" (sic) au niveau mondial que l'on se dirige ! Cherchez l'erreur ! NdCR). Le Figaro présente la chose du point de vue favorable au lobby bancaire, en expliquant que "l'exclusion des services financiers serait un revers pour les banques européennes qui souhaitent un accès plus facile à Wall Street" !
En juillet 2013, Washington a décidé d'exclure les services financiers de la négociation sur l'accord de libre-échange UE-États-Unis, qui vient de démarrer. Le secrétaire américain au Trésor a prévenu le commissaire européen Michel Barnier. Jacob Lew, secrétaire au Trésor, veut exclure les services financiers dans la négociation de l'accord de libre échange entre l'Europe et les États-Unis. La nouvelle a été annoncée le 16 juillet 2013 à Washington, à l'issue d'une rencontre entre le secrétaire au Trésor et Michel Barnier, commissaire européen au marché intérieur, en charge des services financiers.
L'administration Obama redoute qu'une harmonisation des normes bancaires transatlantiques ne conduise à une dilution de la réglementation américaine, très stricte. L'industrie bancaire américaine, quant à elle, continue de soutenir la demande de l'UE, car elle s'oppose contre les nouvelles normes issues de la Loi Dodd-Frank de 2010, loi critiquée par Wall Street.
Les Européens, plus royalistes que le roi en somme, ... accusent l'Amérique de vouloir imposer ses normes à des banques qui exercent l'essentiel de leurs activités hors des États-Unis.
Le scandale de l'espionnage de leurs partenaires par les Américains, (scandale révélé par Edward Snowden qui a dû se réfugier en Russie... NdCR.), a mis sur la table le sujet de la protection des données personnelles. Il sera discuté pour la première fois dans une négociation commerciale.
Les barrières douanières vont être démantelées pour des secteurs déjà sinistrés comme le textile, les fruits et légumes : "Les droits de douanes entre les deux parties sont faibles: 3 % à 4 % en moyenne. Mais ils sont bien plus élevés sur certains biens comme l'habillement (32 % à 42 %), les fruits et légumes (35 %) ou le fromage (100 %!). Les négociations visent à les faire baisser."
Les normes techniques, sociales et environnementales dressent contre le libre-échange des barrières non tarifaires efficaces. Leur élimination sera complexe. Mais des normes communes à l'UE et aux États-Unis deviendraient incontournables pour le reste du monde.
Avant même que la zone de libre-échange transatlantique commence (et donc avant le shutdown salutaire du 1er octobre, NdCR.) Washington avait mis l'UE et la France en garde contre toute velléité de réduire le champ de la discussion. «Si le mandat confié à la Commission est affaibli, il y aura un prix à payer», avait averti l'ambassadeur américain William Kennard dans le Financial Times.
Incroyable, sur le site Egalité & réconciliation : le garde du corps de François Hollande est un skinhead ex-néo-nazi et responsable de la LDJ ! Vrai ou pas ? À lire sur http://www.egaliteetreconciliation.fr/Le-garde-du-corps-de-Francois-Hollande-est-un-Skinhead-ex-neo-Nazi-et-responsable-de-la-LDJ-10806.html
Ce personnage, responsable de deux agressions sur Alain Soral, lui a écrit pour se plaindre ! http://www.egaliteetreconciliation.fr/Le-chef-de-la-LDJ-responsable-de-deux-agressions-sur-Alain-Soral-nous-ecrit-pour-se-plaindre-10879.html
Dernier flingué en vol, l’humoriste Jean Roucas qui déplorait hier, dans une interview donnée à Nice Matin, la chasse à l’homme dont il est l’objet depuis quinze jours. « Ce qui m’a choqué et qui me choque encore, c’est qu’on m’interdise de travailler, parce que j’ai affiché mes sympathies politiques », dit-il.
Puis évoquant Bertrand Cantat « qui vient de sortir un album et va probablement refaire une tournée », et dont on nous rebat les oreilles depuis quelques jours, Jean Roucas constate « avec effroi, que la gauche caviar qui tient les rênes du métier du spectacle pardonne plus facilement à un type qui a massacré sa femme à coups de poing qu’à moi qui ai eu tort de dire mes sympathies ».
Source et suite: http://www.bvoltaire.fr/mariedelarue/mieux-vaut-massacrer-femme-quadherer-au-fn,37397
Video Jean Roucas: "On pardonne plus facilement à Bertrand Cantat qu’à moi"
Le shutdown budgétaire aux Etats-Unis empêche les négociations du Traité transatlantique qui étaient prévues la semaine prochaine à Bruxelles.
L'administration d'Obama a faire savoir aujourd'hui que les Etats-Unis suspendent les négociations sur l'accord de libre-échange avec l'Union Européenne à cause du blocage partiel du gouvernement américain.
Selon un communiqué de l'administration américaine, le représentant américain au Commerce Michael Froman a appelé le son homologue européen Karel De Gucht pour lui annoncer que les représentants américains ne pourraient pas se rendre à Bruxelles pour les négociations prévues la semaine prochaine à cause du blocage budgétaire.
Washington et l'Union européenne devaient tenir une seconde cession de négociations sur le Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement.
En France, un shutdown budgétaire ne serait pas possible : le Parlement n'y est "pas un contre-pouvoir efficace". Ne pas voter le budget ne s'y est "jamais produit" (Nicolas Doze).
Add. 5 octobre 2013, 11h12. Le shutdown nous offre un répit de deux ans : UE/USA : négociations cruciales interrompues à cause du shutdown
Objectif: parvenir à un accord, au mieux dans deux ans, qui élimine au maximum les obstacles au commerce entre les deux rives de l'Atlantique.
Les bénéfices économiques d'un accord, pour l'UE, sont évalués entre 0,3 % et 1 % de croissance supplémentaire. Quels sont les enjeux et obstacles de cette négociation menée par Ignacio Garcia Bercero, représentant de l'UE, et Michael Froman, émissaire de la Maison-Blanche?
Le sujet divisait les Européens. Menaçant d'opposer son veto, Paris a obtenu que l'audiovisuel soit exclu des négociations. L'UE entend ainsi préserver les mesures de soutien à la culture, notamment les aides au cinéma.
Les deux parties souhaitent exporter davantage de produits agricoles, des produits laitiers côté européen et de la viande pour les Américains. Mais l'UE ne veut ouvrir ses portes ni au bœuf aux hormones américain ni aux OGM. Elle souhaite faire reconnaître ses appellations géographiques (type AOC). Les normes sanitaires et environnementales seront l'objet d'âpres marchandages.
Contre l'avis de Wall Street, Washington voudrait exclure les services financiers de l'accord. Le gouvernement américain redoute que les banques américaines profitent d'une harmonisation des règles pour réclamer moins de contrôles (mais c'est pourtant bien vers cette "harmonisation des règles" (sic) au niveau mondial que l'on se dirige ! NdCR). Le Figaro présente la chose du point de vue favorable au lobby bancaire, en expliquant que "l'exclusion des services financiers serait un revers pour les banques européennes qui souhaitent un accès plus facile à Wall Street".
En juillet 2013, Washington a décidé d'exclure les services financiers de la négociation sur l'accord de libre-échange UE-États-Unis, qui vient de démarrer. Le secrétaire américain au Trésor a prévenu le commissaire européen Michel Barnier. Jacob Lew, secrétaire au Trésor, veut exclure les services financiers dans la négociation de l'accord de libre échange entre l'Europe et les États-Unis. La nouvelle a été annoncée le 16 juillet 2013 à Washington, à l'issue d'une rencontre entre le secrétaire au Trésor et Michel Barnier, commissaire européen au marché intérieur, en charge des services financiers.
L'administration Obama redoute qu'une harmonisation des normes bancaires transatlantiques ne conduise à une dilution de la réglementation américaine, très stricte. L'industrie bancaire américaine, quant à elle, continue de soutenir la demande de l'UE, car elle s'oppose contre les nouvelles normes issues de la Loi Dodd-Frank de 2010, loi critiquée par Wall Street.
Les Européens, plus royalistes que le roi en somme, ... accusent l'Amérique de vouloir imposer ses normes à des banques qui exercent l'essentiel de leurs activités hors des États-Unis.
Le scandale de l'espionnage de leurs partenaires par les Américains, (scandale révélé par Edward Snowden qui a dû se réfugier en Russie... NdCR.), a mis sur la table le sujet de la protection des données personnelles. Il sera discuté pour la première fois dans une négociation commerciale.
Les barrières douanières vont être démantelées pour des secteurs déjà sinistrés comme le textile, les fruits et légumes : "Les droits de douanes entre les deux parties sont faibles: 3 % à 4 % en moyenne. Mais ils sont bien plus élevés sur certains biens comme l'habillement (32 % à 42 %), les fruits et légumes (35 %) ou le fromage (100 %!). Les négociations visent à les faire baisser."
Les normes techniques, sociales et environnementales dressent contre le libre-échange des barrières non tarifaires efficaces. Leur élimination sera complexe. Mais des normes communes à l'UE et aux États-Unis deviendraient incontournables pour le reste du monde.
Avant même que la zone de libre-échange transatlantique commence (et donc avant le shutdown salutaire qui nous offre une période de répit) Washington avait mis l'UE et la France en garde contre toute velléité de réduire le champ de la discussion. «Si le mandat confié à la Commission est affaibli, il y aura un prix à payer», a averti l'ambassadeur américain William Kennard dans le Financial Times.
. Zone de libre-échange transatlantique : ce que les médias n’ont jamais dit… (Pierre Hillard)
. Traité transatlantique: Entretien d'Hervé Juvin à Pro Russia
La science politique moderne enseigne que les parlements modernes sont faits pour voter les impôts, et par ce biais contrôler l'affectation des impôts par "le peuple". Ce serait même là une des prérogatives historiques des parlements. Or, en France, rien n'est plus faux. La fermeture des services publics aux Etats-unis le 1er octobre ne pourraient pas se produire chez nous, si tant est qu'elle aille jusqu'au bout aux Etats-Unis.
Nicolas Doze, le 2 octobre sur BFM Business, a ainsi remis en question l'efficacité du parlement français en tant que "contre-pouvoir", c'est-à-dire la "séparation des pouvoirs" dont tout le monde sait qu'elle n'est qu'une confusion des pouvoirs dans les "démocraties".
"Le Parlement français n'a pas le pouvoir aujourd'hui d'imposer une fermeture administrative à l'Etat. La seule chose qu'il pourrait faire, la seule arme dont il disposerait serait de ne pas voter le budget, mais cela ne s'est jamais produit", explique-t-il. ... "On passe notre temps finalement à faire une saignée dans le bras gauche pour mettre une perfusion dans le bras droit. ... Le Parlement n'est pas un contre-pouvoir efficace. Dans une démocratie normale il le serait. Notre parlement vote des trous, alors que la vocation du parlement est d'éviter de voter des trous... On n'a pas de solutions aujourd'hui sous la main pour sortir de ce cercle vicieux infernal qui nous emmène éternellement dans les mêmes discours et les mêmes gadins", ajoute-t-il.
Pour la énième fois, Hollande promet que "les couacs, c'est fini"
Le recadrage effectué après la polémique sur les Roms est le dernier en date d'une longue série.
Par Bastien Hugues
Mis à jour le 03/10/2013 | 10:53 , publié le 03/10/2013 | 10:28
François Hollande l'a promis : après la brûlante polémique sur les Roms, le chef de l'Etat a juré, mercredi 2 octobre, que "c'[était] la dernière fois" qu'il aurait à recadrer ses ministres. Un air de déjà vu ? Et pour cause ! Depuis le 6 mai 2012, le président de la République et le Premier ministre ont eu de multiples occasions de "recadrer" les membres du gouvernement, de les "mettre en garde", de les "avertir", de siffler la fin de la récré… Francetv info revient sur tous ces avertissements restés, jusqu'à présent, sans véritables effets.
18 mai 2012, les couacs, face à "la concertation"
C'est le premier couac du quinquennat. Invité de France Inter ce matin-là, le ministre de l'Education, Vincent Peillon, annonce le retour de la semaine de cinq jours à l'école primaire, et ce dès la rentrée 2013. Vingt-quatre heures plus tard, le chef du gouvernement, Jean-Marc Ayrault, adresse un avertissement à son ministre, comme à l'ensemble de ses collègues : "La méthode, c'est la concertation."
"Il ne s'agit bien sûr pas d'interdire aux ministres de parler et d'évoquer des pistes de réflexion, explique-t-on du côté de Matignon. Mais il s'agit de parler quand on a quelque chose à dire et non pas de se lancer dans une quête frénétique des médias."
9 septembre 2012 : les couacs, "c'est fini"
Quelques mois plus tard, François Hollande est contraint de constater que, malgré la mise en garde de Jean-Marc Ayrault, les couacs se sont bel et bien multipliés. Sur TF1 pour son interview de rentrée, le chef de l'Etat hausse le ton : de la cacophonie, "il y en a toujours dans tous les gouvernements", relativise-t-il, mais cette fois, "c'est fini", promet-il.
"Quelques ministres ont fait leur apprentissage, et parfois se sont laissé aller à des commentaires qui n'avaient pas grand-chose à voir avec leur ministère, embraye Jean-Marc Ayrault sur Europe 1. C'est terminé. Je crois que les choses sont claires."
23 octobre 2012 : les couacs, "c'est terminé"
Divisions sur le droit de vote des étrangers aux élections locales, hésitations sur le traité budgétaire européen, atermoiements sur la procréation médicalement assistée, divergences sur la dépénalisation du cannabis... Un mois plus tard, le Premier ministre se sent obligé de répéter sa mise en garde.
"Le temps de l'apprentissage est terminé, martèle Jean-Marc Ayrault en marge d'un déplacement. Chaque membre du gouvernement n'a qu'une obligation : travailler sur la partition qui lui a été donnée, c'est-à-dire la partition gouvernementale et la part qu'il a à y prendre."
3 janvier 2013 : les couacs, face aux "individualités"
Rebelote en début d'année. Lors du premier Conseil des ministres, François Hollande sermonne les siens : "Un gouvernement, ce n’est pas une addition d’individualités, c’est un ensemble qui a son identité, son image, sa personnalité. Et aussi son chef. C’est ainsi que vous devez agir. En équipe."
"Il peut y avoir des débats au sein du gouvernement, ajoute le président de la République. Une fois l’arbitrage du Premier ministre intervenu, sous mon autorité, il vous engage, sans restriction, sans exception et sans exclusive." Promis : en 2013, il n'y aura plus de couacs.
10 avril 2013 : les couacs, face à "la politique conduite"
L'exécutif mène-t-il une politique d'austérité ? C'est ce que pensent un certain nombre de ministres, comme Arnaud Montebourg, Cécile Duflot, Benoît Hamon, ou Christiane Taubira. Les critiques, émises publiquement par les intéressés, font tâche.
"Aucun ministre ne peut remettre en cause la politique qui est conduite !", déplore François Hollande dans une allocution à l'Elysée. Quatre jours plus tard, Arnaud Montebourg esquive l'avertissement : "Un gouvernement ce n'est pas une caserne. Nous ne sommes pas tous au garde-à-vous."
3 juillet 2013 : les couacs, et le "principe de solidarité"
Delphine Batho commet le couac de trop. Après avoir dénoncé "un mauvais budget" pour l'écologie, la ministre est poussée à la démission. Pour François Hollande, Delphine Batho a en effet "manqué au principe majeur de solidarité gouvernementale".
"Il y a une règle que chacun doit comprendre, dans un gouvernement il n'y a pas deux politiques, appuie Jean-Marc Ayrault. Il n'y a qu'une ligne au gouvernement (...) La solidarité gouvernementale est la garantie de l'efficacité."
25 août 2013 : les couacs, et "les partitions en solo"
Deux mois plus tard, le Premier ministre monte à nouveau au créneau pour dénoncer l'attitude de certains de ses ministres. A l'université d'été du PS, Jean-Marc Ayrault se place du côté des militants socialistes, qui ne comprennent pas "que les jeux personnels puissent ruiner les efforts que nous faisons collectivement pour réussir". Le soir, sur France 2, il demande une dernière fois ses ministres à ce "qu'il n'y ait plus de partitions en solo".
2 octobre 2013 : les couacs, "c'est la dernière fois !"
En vain. Jean-Marc Ayrault n'est visiblement pas entendu. Par médias interposés, Manuel Valls et Cécile Duflot s'écharpent violemment au sujet de l'intégration des Roms en France. Après une semaine de polémique, François Hollande finit par intervenir. Le chef de l'Etat recadre une énième fois son gouvernement en Conseil des ministres. Mais cette fois, il le promet, en détachant distinctement les syllabes : "C'est la dernière fois." La dernière fois… avant la prochaine ?
via https://fr-fr.facebook.com/Hollandouille1er/posts/603850499658777
En cette fête de saint François, lors de sa rencontre avec les pauvres au siège de l’évêché d'Assise, dans la Salle du dépouillement, là où le 'poverello' se délesta de ses vêtements devant son père en signe de renonciation aux biens terrestres, le pape a improvisé un discours dans lequell il a appelé à se "dépouiller de l'esprit du monde". (1)
Le pape François est le premier pape a visiter la fameuse salle du dépouillement de Saint François, depuis 800 ans. (2)
La route du dépouillement est la seule route possible pour un chrétien, estime le pape qui appelle au « courage de se dépouiller », non pas de l'argent, mais de la « mondanité spirituelle », de « l'esprit du monde », qui est « la lèpre, le cancer de la société, l'ennemi de Jésus ». (3)
Rencontre avec les pauvres et avec les personnes dans le besoin assistées par la Caritas, à l'évêché. Visite pastorale du Pape François à Assise.
Direct du 04/10/2013. Source: http://www.youtube.com/watch?list=UUg0L6cPMNLv1gjsyzYqMG7g&v=SCpxkG2PGLs
Sous une pluie fine, ils sont arrivés par milliers de tous les coins de l’Italie, vers la colline du Poverello, comme aimantés en cette fête historique de saint François.(4)
À Assise, « le pape ira déshabiller l’Eglise. Il ôtera les habits des évêques, des cardinaux, les siens » : des fantaisies de la presse selon le pape François. Car l’Eglise, c’est nous tous, l’Eglise, c’est nous tous », a martelé le Pape. « Nous tous nous devons nous dépouiller. De quoi doit se dépouiller l’Eglise ? D’un grave danger qui menace le monde entier : la mondanité. C’est une idole, pas Dieu. L’idolâtrie est le pêché le plus grand. »
SE DEPOUILLER DE L'ESPRIT DU MONDE
Cité du Vatican, 4 octobre 2013 (VIS). Le Saint-Père a accompli la seconde étape de sa visite à l'évêché d'Assise, dans la salle où en 1206 François se dépouilla publiquement de ses biens et de ses vêtements, reniant son père Pierre qui l'avait traîné devant le tribunal ecclésiastique et proclamant Dieu comme son véritable père. Là le Pape François, le premier Pape à visiter cette salle, a retrouvé les pauvres assistés par la Caritas. Improvisant de nouveau il a évoqué la presse qui n'a cessé ces derniers temps d'annoncer qu'en ce lieu il aurait dépouillé l'Eglise: "Mais de quoi le Pape pourrait donc dépouiller l'Eglise? Les vêtements du Pape, des Cardinaux et des Evêques!". Il se dépouillera lui même, assuraient certains journalistes.
"Mais l'Eglise, c'est nous tous les baptisés qui devons suivre le chemin de Jésus, un chemin de dépouillement jusqu'à l'humiliation de la croix. Pour être vraiment des chrétiens, il n'existe pas d'autre voie. Serait-il possible d'avoir un christianisme plus humain, se demandent certains, c'est à dire sans croix, sans Jésus et sans dépouillement? Ce serait alors un christianisme de vitrine, doucereux, où les chrétiens seraient comme de jolis gâteaux en devanture. Un christianisme peut-être superbe mais pas chrétien. Alors de quoi donc l'Eglise devrait-elle se dépouiller? Je réponds qu'elle doit se dépouiller maintenant d'un gravissime péché, qui menace chacun de ses membres. Ce danger c'est la mondanité, l'esprit du monde. Le chrétien ne peut le suivre et le rechercher car il porte à la vanité, à l'arrogance et à l'orgueil. Cet esprit n'est pas Dieu mais une idole, et l'idolâtrie est le suprême péché".
"Lorsque les media parlent d'elle, ils croient que l'Eglise ne sont que le clergé et les religieux, les évêques, les Cardinaux et le Pape. Or, comme je viens de le dire, l'Eglise c'est nous tous. Nous devons donc tous nous dépouiller de l'esprit du monde qui est contraire aux Béatitudes et à l'Esprit de Jésus. Cet esprit mondain nous rend malades. Quelle tristesse qu'un chrétien croyant dans la sécurité que lui donnerait à la fois le monde et la foi! Non, on ne peut mêler les deux esprits. L'Eglise ne peut que rejeter l'esprit du monde qui porte à l'idolâtrie. Jésus a bien dit qu'on ne saurait servir deux maîtres. Soit Dieu soit l'Argent, qui est rempli de l'esprit du monde. Les chrétiens ne peuvent suivre la voie de l'argent, de la vanité et de l'orgueil. Quelle tristesse d'effacer d'une main ce que l'autre écrit. Seulement Dieu et l'Evangile! Jésus, qui s'est fait serviteur, n'a pas suivi l'esprit du monde... Tant de vous ont été dépouillés par la sauvagerie de ce monde, qui n'offre rien ni assistance ni travail, qui ne se préoccupe pas qu'il y ait des enfants mourant de faim, des familles privées de la dignité de nourrir ses membres, tant de personnes forcées de fuir à la recherche de la liberté". Quelle horreur de voir tous ces gens morts hier devant Lampedusa! Aujourd'hui est un jour de deuil. Voilà à quoi conduit l'esprit du monde. Il est vraiment ridicule qu'un chrétien, qu'il soit ecclésiastique, religieux ou laïc, suive cette voie homicide. La mondanité spirituelle tue elle aussi, elle tue l'âme, elle tue les gens, elle tue l'Eglise! Lorsqu'en ce lieu François se dépouilla...c'est Dieu qui lui procura la force de rappeler ainsi ce que Jésus disait de l'esprit de ce monde, de sa prière pour que nous soyons sauvés de cet esprit. Sollicitons encore aujourd'hui la grâce du Seigneur pour que chacun de nous ait la force de se dépouiller, non de quelques sous mais de l'esprit du monde, véritable lèpre et cancer de la société, véritable ennemi de Jésus et de la Révélation".
A la conclusion de la rencontre, le Pape François a remercié l'assistance de l'avoir accueilli et demandé qu'on prie pour lui: "Priez pour moi qui en ai tant besoin" (5)
Ce matin, le Saint-Père a célébré la messe en plein air sur la Place de la Basilique Supérieure Saint-François d'Assise, là où avaient eu lieu les prières pour la paix de 1986 avec Jean Paul II et de 2011 avec Benoît XVI.
En expliquant le choix de son saint patron, Jorge Mario Bergoglio livre ce qui l’inspire :
« La rencontre avec Jésus le conduisit à se dépouiller d’une vie aisée et insouciante, pour épouser « Dame Pauvreté » et vivre en vrai fils du Père qui est aux cieux. Pour saint François, ce choix indiquait une manière radicale d’imiter le Christ, de se revêtir de Celui qui, de riche qu’il était, s’est fait pauvre afin de nous enrichir par sa pauvreté (cf. 2Co 8, 9). Durant toute la vie de François aimer les pauvres et imiter le Christ allait de pair, étaient deux éléments inséparables, les deux faces d’une même médaille. » (6)
Un peu auparavant, lors de la première étape de son « pèlerinage » à Assise, le pape François avait rendu visite à plusieurs dizaines d’enfants handicapés et malades de l’Institut Séraphique. Il y avait lancé un appel à « soigner » les « plaies de Jésus », ces plaies qui ont besoin « d'être écoutées, d'être reconnues », a-t-il déclaré : « Jésus est caché dans ces jeunes, dans ces enfants, dans ces personnes. Sur l'autel nous adorons la Chair de Jésus, en eux nous trouvons les plaies de Jésus… le chrétien qui adore Jésus, qui le cherche, saura reconnaître ses plaies », a-t-il souligné avec force.
Que retenir de son homélie ?
« Qui se laisse regarder par Jésus Crucifié est recréé, devient une nouvelle créature. C'est de là que part tout : l'expérience de la Grâce qui transforme, le fait d'être aimé sans mérite, et en étant pécheur », a expliqué François.
La relation avec Jésus : un regard qui donne la vie
Saint François d'Assise montre d'abord qu' "être chrétien est un rapport vital avec la Personne de Jésus, c'est se revêtir de Lui, c'est une assimilation à Lui", a expliqué le Pape. "Le chemin de François vers le Christ part du regard de Jésus sur la Croix". D'après le Saint-Père, "le Crucifix ne nous parle pas de défaite, d'échec, [mais] d'une mort qui est vie, qui génère la vie". "Qui se laisse regarder par Jésus crucifié est re-créé, il devient une "nouvelle créature" ".
Suivre le Christ et trouver la paix
Le témoignage de Saint François révèle que celui qui "suit le Christ reçoit la véritable paix, celle que Lui seul, et non pas le monde, peut nous donner". Pour le Pape, "la paix de Saint François est celle du Christ", un "joug" donné par le commandement : "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés" (Jean, 13, 34). Mais le Saint-Père précise que "ce joug ne peut pas se porter avec arrogance, avec présomption, avec orgueil [...] mais seulement avec douceur et humilité du cœur".
Le respect de toute forme de vie
Dernier aspect du témoignage de Saint François : "le respect pour tout ce que Dieu a créé". Il manifeste que "l'homme est appelé à prendre soin de l'homme, que l'homme est au centre de la création, à l'endroit où Dieu, le Créateur, l'a voulu".
Le Pape François a ensuite lancé un appel au respect de la vie et à la paix dans le monde : "De cette Cité de la Paix, je répète avec la force et la douceur de l’amour : respectons la création, ne soyons pas des instruments de destruction ! Respectons tout être humain : que cessent les conflits armés qui ensanglantent la terre, que se taisent les armes et que partout la haine cède la place à l’amour, l’offense au pardon et la discorde à l’union. Écoutons le cri de ceux qui pleurent, souffrent et meurent à cause de la violence, du terrorisme ou de la guerre, en Terre Sainte, si aimée de saint François, en Syrie, au Moyen-Orient, dans le monde entier".
Puis il a évoqué "l’Italie [qui] célèbre saint François comme son Patron", invitant à prier "pour la Nation italienne, pour que chacun travaille toujours pour le bien commun, en regardant ce qui unit plus que ce qui divise".
Prières à François et prière de François
L'homélie du Pape fut rythmée par trois prières adressées à Saint François d'Assise, venant conclure chaque partie dédiée à un aspect du témoignage du Saint :
Pour terminer son homélie, le Pape François a rendu hommage au Saint dont il porte le nom, en reprenant la prière du "Poverello di Assisi" : « Je te prie donc, o Seigneur Jésus Christ, père des miséricordes, de ne pas daigner regarder notre ingratitude, mais de te souvenir toujours de la pitié surabondante que tu as manifestée [dans cette ville], afin qu’elle soit toujours le lieu et la demeure de ceux qui vraiment te connaissent et glorifient ton nom béni et très glorieux dans les siècles des siècles. Amen » (Miroir de perfection, 124, FF, 1824). (7)
Sources:
(2) http://www.zenit.org/fr/articles/se-defaire-de-toute-mondanite-spirituelle-lepre-de-la-societe
La nouvelle conception de la conscience donnée par le Pape François, qui semblait tomber dans le relativisme dans un entretien à la Repubblica, a secoué le monde catholique. Belgicatho a réagi en publiant hier un texte de Mgr Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles, qui précise que si chacun agit bien quand il agit conformément à sa perception du bien, c'est à la "condition expresse" que cette perception rejoigne "les exigences objectives de la loi naturelle" et, de la sorte, "se conforme à la volonté de Dieu". Cette précision ménage la position traditionnelle de l'Eglise d'une conscience juste dirigée par la grâce.
Une seconde réaction publiée aujourd'hui sur le site de l'hebdo La Vie, qualifiée de « paposcopie » par Belgicatho, décortique la méthode du Pape et titre « malaise dans la communication » (du Pape).
4/10/2013 : La conscience personnelle : dernier juge en matière morale ? Un enseignement de Mgr Léonard.
Alors que beaucoup de catholiques se disent désorientés par ce qu’ils lisent ces jours-ci dans la presse sur la portée exacte de l’enseignement de l’Eglise en cette matière, il est peut-être bon de rappeler ce qu’écrivait, voici un an à peine (juin 2012), Monseigneur Léonard dans les « Pastoralia » de l’archidiocèse de Malines-Bruxelles :
« La loi morale, fondée ultimement en Dieu et reconnue activement par notre raison, doit toujours être mise en œuvre par notre engagement libre. Nous ne sommes pas que raison pure. Nous sommes aussi une liberté unique. Entre la voix de la raison en moi et ma conscience individuelle il y a donc une distance que doit combler mon jugement « pratique » (orienté vers l’action), guidé par la vertu de prudence ou de discernement : « Moi, concrètement, je dois, en telle situation, faire ceci et éviter cela ». Ainsi comprise, la conscience personnelle est la norme subjective de la moralité de nos actes, c’est-à-dire la norme morale telle qu’elle retentit dans la conscience unique de chacun. En effet, aussi objective soit-elle, la valeur morale ne peut s’adresser à moi et m’obliger qu’en passant à travers les évidences et les opacités de ma conscience personnelle. C’est forcément tel que je le perçois que le bien objectif m’interpelle. En ce sens, la norme subjective de la moralité est la règle ultime de la vie morale. À tel point que si, de bonne foi et sans faute de ma part, je me trompe dans mon jugement moral, j’agis moralement bien alors même que je pose un acte objectivement répréhensible.
Dire que j’agis bien quand j’agis conformément à ma perception du bien ou, en d’autres termes, reconnaître que la raison pratique ne m’oblige qu’à travers le prisme de ma conscience personnelle pourrait sembler conduire au subjectivisme et nous conduire aux impasses d’une pure morale de la sincérité. Il n’en est rien. Ma conscience est, certes, la norme subjective ultime de ma vie morale, mais à la condition expresse que je cherche honnêtement à rejoindre les exigences objectives de la loi naturelle. Agir autrement reviendrait à considérer que le sujet est l’auteur même de la valeur morale. Or ma conscience est bien le juge qui apprécie en dernière instance la valeur, mais elle n’est pas pour autant son fondement ! Un peu comme en droit un juge apprécie, en dernière analyse, le comportement d’un prévenu, mais sans être la source du code qui inspire son jugement.
Pour être dans la vérité (et pas seulement dans la sincérité) et faire effectivement le bien, je dois donc éclairer ma conscience et l’éduquer afin que mon jugement personnel se rapproche autant que possible du jugement idéal de la raison droite, se soumette ainsi à la loi morale et, de la sorte, se conforme à la volonté de Dieu. Comme chrétiens, nous aurons donc à nous laisser éclairer non seulement par notre réflexion, mais encore par l’enseignement de Jésus, du Nouveau Testament et de l’Église. À cette condition seulement, je puis dire que j’agis bien si je me décide à l’action selon ma conscience.
Pour le dire autrement, le sujet ne mesure la valeur morale à mettre en œuvre par sa liberté qu’en se laissant d’abord mesurer par elle. Il est son ultime juge, mais non son auteur. De ce point de vue, j’ai toujours trouvé légère l’attitude des Conférences épiscopales qui, après la parution de l’encyclique « Humanae Vitae », ont laissé entendre que chacun pouvait agir selon sa conscience (y compris contre l’appel lancé par Paul VI) à la condition d’être bien informé sur la question et, sur base de cette compétence, de s’être forgé une opinion contraire.
Mais, en morale, il ne s’agit jamais seulement d’être bien « informé », mais « de se laisser former » par la Parole de Dieu et par le Magistère de l’Église ».
Source : Belgicatho. http://belgicatho.hautetfort.com/archive/2013/10/03/la-conscience-personnelle-dernier-juge-en-matiere-morale-un.html via http://www.proliturgia.org/
Jean Mercier, chroniqueur de l’hebdomadaire « la Vie » » a publié aujourd'hui cette « paposcopie » sur le site du journal :
« François multiplie les interviews choc, suscitant la perplexité sur sa stratégie de communication. Se pose le problème des différents statuts de sa parole, et notamment lorsque la parole intime se trouve élevée à l'état de parole officielle.
Le Père Federico Lombardi en a vu d'autres. Mais, ce mardi 2 octobre, à la salle de presse du Vatican, il avait du mal à cacher son embarras devant les questions des journalistes, au lendemain de l'interview du pape par le journaliste Eugenio Scalfari dans la Repubblica. Un embarras, voir un malaise, qui est partagé par nombre de témoins que j'ai pu rencontrer au fil de deux journées et demie, au Vatican et ailleurs dans Rome, alors que se déroulait la première rencontre du G8, le « Conseil des Cardinaux » destiné à réformer la gouvernance de l'Eglise.
Une interrogation sur le contenu
L'interview est parue onze jours après la publication de l'interview du pape dans la Civilta Cattolica, au propos très fort, dans lequel le pape s'en prenait aux catholiques rigides d'un point de vue dogmatique, repliés sur des formes du passé, attachés à une vision monolithique, à une Eglise du « laboratoire ». Une véritable charge dans laquelle certains ont pu lire un désaveu du pontificat précédent, à travers différentes « touches » (notamment l'évocation du Vetus Ordo en matière liturgique, avec un ton un peu condescendant, donne l'impression que François désavoue Benoît), et donc une réhabilitation d'un catholicisme de nature progressiste, selon une lecture « politique », toujours difficile à écarter.
L'interview de Scalfari, si rapprochée dans le temps, renforce l'ambiance de l'interview « des jésuites », notamment avec la dénonciation virulente du cléricalisme et de l'esprit de cour, du narcissisme de certains puissants de l'Eglise. Elle peut donner l'impression que le pape en fait trop, alors même que l'interview précédent n'a pas été encore totalement assimilée, et que la lettre à Scalfari est récente... puisqu'elle date du 11 septembre.
De plus, François, à la demande de son interlocuteur athée, revient sur la question de la vérité du bien et du mal. Dans sa lettre à Scalfari, François faisait preuve d'une stupéfiante ouverture face à la question de l'obéissance à sa conscience, en expliquant que « Le péché, même pour celui qui n’a pas la foi, c’est d’aller contre sa conscience. Écouter et obéir à celle-ci signifie, en effet, se décider face à ce qui est perçu comme bien ou comme mal. Et c’est sur cette décision que se joue la nature bonne ou mauvaise de nos actions ».
Devant Scalfari en personne, qui voulait s'assurer de ce qu'il pensait, le pape a enfoncé le clou : « Tout être humain possède sa propre vision du bien, mais aussi du mal. Notre tâche est de l'inciter à suivre la voie tracée par ce qu'il estime être le bien. (…) Chacun a sa propre conception du bien et du mal et chacun doit choisir le bien et combattre le mal selon l'idée qu'il s'en fait. Il suffirait de cela pour vivre dans un monde meilleur."
De telles paroles pourraient faire conclure à une vision relativiste, ou du moins opposée à celle promue par les deux papes, Jean Paul II et surtout Benoît XVI, qui a dénoncé le relativisme.
Le problème déontogique
La dimension polémique des paroles du pape, sa dénonciation de certaines réalités – même si les deux tiers de la conversation avec Scalfari ne sont pas de nature polémique – ont conduit les journalistes à poser des questions de nature technique sur cet interview. Très embarrassé, le père Lombardi a expliqué, par petites touches, que le texte n'a pas été relu par le pape – au contraire de l'interview de la Civilta Cattolica (et des revues jésuites). L'interview s'est fait « à la confiance », aucun témoin n'y a assisté, et on ne sait pas exactement s'il existe un enregistrement. De plus, le Père Lombardi s'est montré incapable d'expliquer la logique d'une publication de l'interview de Scalfari si rapidement après l'interview donné aux revues jésuites. Le pape, en effet, a pris sur lui l'initiative d'inviter Scalfari à venir le rencontrer, sans demander son avis à quiconque. Et pas à Lombardi, apparemment...
La question récurrente dans la salle de presse était de savoir si les propos du pape ont été prononcés tels quels ? La question n'est pas vaine de la part de journalistes dont c'est le métier de faire des interviews, et qui savent qu'une bonne « ITV » n'est pas la pure et simple retranscription d'un échange, mais le fruit d'un travail de type éditorial.
C'est pour cela que l'on fait relire le texte final à l'intéressé, pour être sûr de ne pas trahir sa pensée, voire lui permettre de revenir sur certains mots qui « passent » à l'oral mais revêtent à l'écrit une dimension plus solennelle, et peuvent avoir un impact disproportionné. Voire aussi parce que des propos échangés dans l'intimité d'une conversation n'ont pas forcément à être publiés sur la place publique, ou bien sous une forme plus atténuée, moins polémique.
En tout état de cause, on sait donc que le pape n'a pas eu l'occasion de relire, crayon en main, son interview choc à Scalfari, et donc de préciser sa pensée. Mais le Père Lombardi a assuré que le pape n'avait pas sourcillé face au texte paru. De plus, le quotidien du Saint Siège, l'Osservatore Romano, a repris le texte dans ses pages, ce qui vaut pour validation implicite. Mais l'on s'interroge tout de même : le propos du pape, parce qu'il est pape, peut-il être traité "à la confiance", alors que les enjeux sont si importants. On retrouve ici les enjeux que j'ai exposés sur les risques encourus lorsque le pape court-circuite les médiations institutionnelles, qui sont garantes d'une communication sereine et sans controverse possible.
Le statut de la parole du pape
Devant les journalistes de la salle de presse du Vatican, le Père Lombardi a expliqué qu'il existe des niveaux différents d'expression de la parole du pape. Une encyclique n'a pas même valeur qu'une conversation au téléphone ou en tête à tête. Ce qui est évident... Or la planète médiatique, elle, ne fait aucunement la différence entre ces différents niveaux de parole. Le problème ici est que le pape ne semble pas être conscient que les medias mettent tout sur le même niveau. François s'était déjà laissé aller à des confidences sur le lobby gay du Vatican face à des religieux sudaméricains qui se sont retrouvées sur le web, suscitant une tempête sur internet.
Un prêtre français rencontré à Rome, m'a donné son éclairage, et notamment sur l'impression que le pape donne d'être trop accommodant face à ses interlocuteurs (voir mon blog sur le pape est il démago ?) ou relativiste sur la question du Bien et du Mal (si tant est que nos choix se fassent entre le bien et le mal, c'est plus souvent entre deux maux !) « En tant que prêtres, nous sommes obligés de nous adapter à notre interlocuteur. Il est fort possible que face à un athée, je sois obligé de sortir de mes lignes pour aller chercher mon interlocuteur là où il en est, quitte à en rabattre sur un certain purisme, quitte à prendre des distances avec ce que je prêche habituellement en chaire, quitte à me montrer un peu laxiste, bien sûr. Car l'important est de rencontrer cette personne. C'est toute la question de la casuistique. En bon jésuite, François va très loin pour chercher la brebis perdue, si je puis dire, dans le cas de Scalfari. Il a raison de relativiser un peu la vérité au profit de la miséricorde. Le problème ici est que cette « casuistique » est rendue publique, et qu'elle revête le statut d'une parole officielle de l'Eglise par le biais des médias, alors qu'elle aurait dû rester entre Scalfari et le pape, comme la parole que l'on échange au confessionnal. Au confessionnal, un prêtre n'a pas la même posture face à un athée en questionnement et un catholique pratiquant déjà très engagé dans la foi. Il sera plus cool avec le premier, plus exigeant avec le second. C'est logique »
En quelque sorte, cet épisode et ce malaise posent une question sur la façon dont, à l'avenir, le Vatican doit gérer cette façon qu'a le pape de permettre que soient rendues publiques ses conversations privées, c'est à dire que sa casuistique apparaisse, sur la place publique, comme LE Magistère. On a déjà eu le problème avec les retranscriptions de ses conversations téléphoniques... Cette confusion risque de susciter une forte perplexité car le catholique est fondé à y voir une sorte de contradiction, soit avec d'autres paroles plus « réacs » de Bergoglio-François, soit avec Ratzinger. La chose est d'autant plus risquée que le pape émérite est encore vivant et que certains pourraient être tentés d'entonner l'air du « Rendez nous Benoit XVI !». Rien ne serait plus périlleux qu'une forme de schisme larvé entre deux sensibilités, l'une nostalgique du pape émérite, l'autre enthousiaste du nouveau pape. Pour l'instant, il manque à certains le logiciel qui nous permettrait de comprendre la volonté profonde du pape quand il en fait des tonnes et semble se distancier de son prédécesseur.
D'autres observateurs ont trouvé le logiciel. Ils soulignent au contraire que le pape, qui est très « politique » (=stratégique), sait très bien ce qu'il fait avec son plan média apparemment erratique, quitte à créer l'émoi chez certaines de ses troupes... La multiplication des interviews et autres coups de fil correspondrait à une très forte volonté chez François de se garantir un très fort capital de confiance et de sympathie auprès de la presse profane italienne avant de réellement passer à l'attaque pour faire le grand ménage : il est question que le pape frappe très fort au niveau de la Curie, « coupe » des têtes sans faire de sentiments, et démantèle au passage le lobby gay (paraît-il très nocif en raison des menaces de chantage qui peuvent faire s'effondrer le système). Les adversaires en interne de ce grand coup de nettoyage pourraient se déchaîner à travers la révélation des scandales, de façon à déstabiliser son entreprise. Pour se faire, le pape a besoin d'un très fort soutien médiatique pour limiter les dégâts, d'une Francescomania à toute épreuve, afin de réussir son opération « mains propres ». C'est ce qui expliquerait que ce jésuite fasse sa casuistique au grand jour, et non pas dans le secret d'un parloir, quitte à décontenancer les cathos classiques. Ceux-ci au fond, n'auraient guère de soucis à se faire, parce que le pape n'a guère l'intention de mener une politique ultra progressiste, et, même si sa rhétorique le laisse imaginer, il sera très fidèle à Benoît XVI sur le fond des choses. Qui vivra verra.
Source: http://www.lavie.fr/sso/blogs/post.php?id_post=2938&id_blog=71
Add. 18 novembre 2013, 21h47. L'interview du pape François au quotidien "Repubblica" retirée du site du Saint-Siège. Le Porte-parole du Vatican, le père Lombardi, a déclaré que "le texte est fiable dans son sens général, mais pas dans les formulations isolées entre guillemets, n'ayant pas été révisé mot à mot".
«Supprimée» la conversation avec Scalfari. Qu'est-ce que cela signifie?
Riccardo Cascioli
16/11/2013
http://www.lanuovabq.it/it
-----
Depuis hier, le texte de l'entretien entre le pape François et le fondateur du quotidien La Repubblica Eugenio Scalfari, n'apparaît plus sur le site Internet du Saint-Siège <www.vatican.va>.
Comme on s'en souvient, le Pape avait reçu Scalfari au Vatican après la publication sur la Repubblica de la lettre que le pape François lui avait envoyée en réponse à deux articles du même Scalfari. Le journaliste avait alors également publié le contenu de la conversation du Vatican, qui a été retirée hier du site du Saint-Siège. Pour expliquer la décision, le porte-parole du Vatican le père Federico Lombardi, a déclaré que «le texte est fiable dans son sens général, mais pas dans les formulations isolées entre guillemets, n'ayant pas été révisé mot à mot» (ndt: la faute à qui? et pourquoi?).
En substance, a dit le père Lombardi, «en l'ôtant, on a fait une mise au point sur la nature de ce texte. Il y avait une ambiguïté et un débat sur sa valeur».
Source: http://benoit-et-moi.fr/2013-III/actualites/amateurisme.html
. Deux nouvelles réactions à la nouvelle conception de la conscience chez le Pape François
La résolution du Conseil de l'Europe du 2 octobre 2013 définissant la circoncision des garçons pour motifs religieux, pratiquée dans le judaïsme et l'islam, comme une «violation de l'intégrité physique» a été condamnée aujourd'hui par Israël qui «appelle le Conseil à revenir immédiatement sur cette résolution».
L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a adopté mardi (par 78 voix pour, 13, contre, 15 absentions) une résolution invitant les Etats membres à prendre des mesures contre les «violations de l'intégrité physique des enfants». Elle appelle à «condamner publiquement les pratiques les plus préjudiciables, comme les mutilations génitales féminines (excision, NDLR) et adopter la législation les interdisant».
Le ministère israélien des Affaires étrangères accuse cette résolution d'alimenter «les tendances racistes et haineuses en Europe».
La résolution européenne préconise d'«adopter des dispositions juridiques spécifiques pour que certaines interventions et pratiques ne soient pas réalisées avant qu'un enfant soit en âge d'être consulté». Chez les juifs et les musulmans, la circoncision est ordinairement pratiquée dans la semaine qui suit la naissance.
. Allemagne: La circoncision pour des raisons religieuses est désormais interdite
La liberté d'expression du Pape François continue de secouer la toile. Entre vraies et fausses interviews ! Texte de Jean-Marie Guénois au Figaro qui titre : "La vraie fausse interview du pape François" :
Formules chocs, dialogue très vivace, entre le pape François et Eugenio Scalfari, 89 ans, laïque et anticlérical affiché, fondateur du quotidien de gauche La Repubblica, l'«interview» publiée sur trois pages, mardi 1er octobre, a fait sensation. Petit florilège de citations attribuées au Pape: «Dieu n'est pas catholique» ; «les chefs de l'Église ont souvent été narcissiques» ; «quand je me trouve confronté à un clérical, je deviens soudainement anticlérical » ; «la vision vaticano-centriste (de la curie, NDLR) néglige le monde qui nous entoure. Je ne partage pas cette vision et je ferai tout pour la changer» ; «les pères conciliaires savaient qu'ouvrir à la culture moderne signifiait œcuménisme religieux et dialogue avec les non-croyants. Depuis ce temps il a été fait assez peu dans cette direction. J'ai l'humilité et l'ambition de vouloir le faire». Devant la verdeur du texte, un doute s'est installé, mercredi, à Rome sur les conditions de recueil de cette interview. Embarrassé, le Vatican a reconnu qu'il ne s'était pas agi d'une interview mais d'une conversation à bâtons rompus dans un cadre privé, non destiné à publication. Que le texte n'avait «pas été revu par le Pape». Que «sans être une encyclique» «la substance de l'entretien» y était mais que le document n'avait «pas d'autorité» particulière. Le Figaro a interrogé Eugenio Scalfari sur les conditions de recueil de cet entretien. Celui-ci a confirmé jeudi que «l'interview n'a pas été enregistrée et qu'aucune note n'a été prise» mais que le texte, affirme-t-il, a été «approuvé» par le Pape «avant publication». Un texte, donc, intéressant mais à ne pas forcément prendre au pied de la lettre.
1° Le titre ne correspond pas avec l'information délivrée dans le corps de l'article. Il s'agit d'une méthode de désinformation bien connue consistant à écrire en titre le contraire de ce que l'objet informatif recouvre.
2° Ou bien il s'agit d'une "fausse interview" ou bien il s'agit d'une vraie interview.
3° Soit il y a eu une autorisation de publication, soit il n'y n'y en a pas eu, dans les deux cas, il y a bien un entretien. En aucun cas peut-on donc parler de "vraie fausse interview", expression oxymorique qui ne veut rien dire...
4° Cet entretien du pape à la Repubblica publié le 1er octobre a fait l'objet le lendemain 2 octobre d'un commentaire du directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, le Père Lombardi, selon lequel cet entretien est "fiable, car celui qui a publié l'entretien, autorisé par le pape, est une personne faisant autorité et responsable". Le Père Lombardi explique qu'il s'agit d'"un dialogue sans préjudice et sans diaphragmes [...]". Il ne s'agit donc pas d'une "fausse interview" comme le titre Le Figaro, titre et texte repris tel quel malheureusement, sans vérification et sans discernement, comme parole d'Evangile, par certains sites catholiques. Selon le Père Lombardi, la publication de cet entretien a même été autorisée par le Pape. Cet entretien est donc devenu une "interview" proprement dite.
4° Le célèbre vaticaniste italien Sandro Magister a fait hier une critique de cet entretien. Source originale à lire sur Chiesa : http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350615?fr=y
Ce qui pose question en fait, et qui est assez inquiétant au plan de l'annonce de l'Evangile comme de la pensée réelle du Pape, c'est le double langage de celui-ci, selon qu'il s'exprimerait officiellement ou en aparté. Une pensée officieuse qu'il prendrait soin de corriger s'il devait s'exprimer officiellement devant des catholiques.
Add. 18h25. Extrait d'un texte de Jean Mercier publié aujourd'hui sur La Vie : le texte de l'entretien à la Repubblica a été repris dans les pages de l'Osservatore Romano, "ce qui vaut validation implicite" :
"En tout état de cause, on sait donc que le pape n'a pas eu l'occasion de relire, crayon en main, son interview choc à Scalfari, et donc de préciser sa pensée. Mais le Père Lombardi a assuré que le pape n'avait pas sourcillé face au texte paru. De plus, le quotidien du Saint Siège, l'Osservatore Romano, a repris le texte dans ses pages, ce qui vaut pour validation implicite."
Source: http://www.lavie.fr/sso/blogs/post.php?id_post=2938&id_blog=71
Suite à la déclaration du pape François le 1er octobre dans la Repubblicca, dans laquelle le pape François expliquait que "chacun de nous a sa propre vision du bien et du mal" et qu'il doit choisir le bien et combattre le mal tels qu'il les conçoit, le lendemain, 2 octobre, il faisait une nouvelle déclaration par laquelle il infirmait la déclaration de la veille, et indiquait la nécessité de la grâce de Dieu pour vivre dans la charité. Les deux propositions du 1er et du 2 octobre se contredisaient. Ou bien l'homme est seul juge du bien et du mal et cela suffit pour "vivre dans un monde meilleur", ou bien il a besoin de la grâce "pour vivre dans la charité". Mais le directeur de la Salle de Presse du Saint-Siège, le père Lombardi, expliquait que la déclaration du 1er octobre était "fiable" parce que le Pape François se sentait "libre de communiquer".
Le site d'information traditionaliste de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, La Porte latine a réagi dès hier par un communiqué " La liberté d'expression du pape secoue l'Église", et le journaliste italien, Sandro Magister, aujourd'hui, a publié une analyse décrivant le "virage de François" qu'il qualifie de "net renversement de ligne" par rapport à l'enseignement de Jean-Paul II, de Benoît XVI, "et d’autres papes qui l’ont précédé" ! Avec une " définition tellement subjective de la conscience, dans laquelle l'individu apparaît comme la seule instance de décision", explique-t-il, "la différence existant entre lui et les papes qui l'ont précédé apparaît de plus en plus nettement. Dans ce qu'il dit et dans ce qu'il fait"... Une précision doctrinale de la part du Saint-Siège serait la bienvenue...
La liberté d'expression du pape secoue l'Église - 02 octobre 2013
L'interview du pape François au quotidien "Repubblica" alimente des interrogations au Vatican sur son attachement aux dogmes
Le pape François risque d'apparaître "relativiste" - enclin à ne pas donner une valeur absolue aux dogmes -, dans son interview(1) au quotidien Repubblica, estimaient mercredi des experts du Vatican, décelant un malaise à propos de sa liberté d'expression.
La conférence de presse convoquée par le père Federico Lombardi pour évoquer le "G8" des cardinaux sur la réforme de l'Église s'est rapidement transformée mercredi en un tir nourri de questions sur les modalités dans lesquelles cette interview a été réalisée par le fondateur athée du journal Eugenio Scalfari, le niveau de fiabilité des propos du pape, la fidélité des phrases rapportées.
L'Église doit renforcer son dialogue avec les non croyants, affirmait en substance le pape François dans ce dialogue. Mais il accusait aussi les chefs de l'Église d'avoir "été souvent narcissiques", confiait se sentir parfois "anticlérical". Deux passages surtout ont ému dans les milieux catholiques : quand il a dit que "le prosélytisme est une bêtise", ou quand il a donné l'impression de relativiser la vérité chrétienne : "Chacun de nous, a argumenté le pape, a sa vision du bien et aussi du mal (...). Chacun doit choisir de suivre le bien et combattre le mal comme lui le conçoit. Cela suffirait pour améliorer le monde."
Une interview "fidèle"
Pressé de questions, le père Lombardi a relevé que cette interview n'est pas "un texte du magistère, mais une transcription d'une conversation avec une personne qui a été autorisée à la publier". Le porte-parole part du principe qu'elle "a été enregistrée" et qu'elle "est fidèle".
Selon le père jésuite, le pape inaugure "un nouveau mode d'expression auquel nous n'étions pas habitués. C'est une autre nouveauté du pape, un terrain nouveau".
Cette interview "sans préjugés ni filtres démontre sa disponibilité à l'égard d'un monde non croyant pas toujours bienveillant", a-t-il dit. "Il n'y a pas eu une révision du texte" avant sa publication, François "ne l'ayant pas relu" comme il avait relu sa longue interview à la revue jésuite Civilta Cattolica, deux semaines plus tôt, a dit le père Lombardi.
"Il n'y a eu aucune raison d'apporter des corrections. Si le pape avait eu l'intention de démentir ou de dire qu'il y avait eu de mauvaises interprétations, il l'aurait dit", a remarqué le porte-parole. Le fait qu'elle ait ensuite été rapportée par le quotidien du Vatican, l'Osservatore Romano, "lui attribue une authenticité".
Source: http://www.laportelatine.org/vatican/sanctions_indults_discussions/27_juin_2013/02_10_2013_pape_francois_interrogation_attachement_aux_dogmes.php via http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=733746
Or, vu que "Chacun doit choisir de suivre le bien et combattre le mal comme lui le conçoit,", cette déclaration étant jugée "fidèle" par le porte-parole du Saint-Siège, l'Eglise et ses sacrements devient inutile, l'Incarnation du Verbe en vue du rachat du monde des conséquences du péché originel, inutile, et la Rédemption elle-même, inutile. Une précision du Pape devient urgente...
Réaction aujourd'hui, 3 octobre, de Sandro Magister sur Chiesa : "Le virage de François"
Le virage de François
Il a dévoilé le véritable programme de son pontificat dans deux interviews et dans une lettre adressée à un intellectuel athée. La différence existant entre lui et les papes qui l'ont précédé apparaît de plus en plus nettement. Dans ce qu'il dit et dans ce qu'il fait
par Sandro Magister
ROME, le 3 octobre 2013 – La première réunion, ces jours-ci, des huit cardinaux appelés en consultation par le pape François et la visite qu’il fera demain à Assise, la ville du saint dont il a pris le nom, sont des actes qui caractérisent certainement ce début de pontificat.
Toutefois, si l’on veut en définir la ligne, quatre événements médiatiques, qui ont eu lieu au cours du mois qui vient tout juste de s’achever, le caractérisent encore mieux :
- l'interview qui a été accordée par le pape Jorge Mario Bergoglio à "La Civiltà Cattolica",
- la lettre par laquelle il a répondu aux questions qui lui avaient été posées publiquement par Eugenio Scalfari (photo), le fondateur du principal quotidien laïc italien, "La Repubblica",
- son entretien-interview organisé ultérieurement avec ce même Scalfari,
- et la lettre répondant à un autre champion de l'athéisme militant, le mathématicien Piergiorgio Odifreddi, lettre qui a été écrite non pas par le pape actuel mais par son prédécesseur, vivant.
Ceux qui veulent comprendre dans quelle direction le pape François veut marcher et en quoi il s’éloigne de Benoît XVI et d’autres papes qui l’ont précédé n’ont qu’à étudier et confronter ces quatre textes.
*
Dans l’interview que le pape Bergoglio a accordée à "La Civiltà Cattolica" il y a un passage qui a été universellement perçu comme un net renversement de ligne par rapport non seulement à Benoît XVI mais également à Jean-Paul II :
"Nous ne pouvons pas insister seulement sur les questions liées à l’avortement, au mariage homosexuel et à l’utilisation de méthodes contraceptives. Ce n’est pas possible. Je n’ai pas beaucoup parlé de ces choses et on me l’a reproché. Mais lorsqu’on en parle, il faut le faire dans un contexte précis. La pensée de l’Église, nous la connaissons et je suis fils de l’Église, mais il n’est pas nécessaire d’en parler en permanence. Les enseignements, tant dogmatiques que moraux, ne sont pas tous équivalents. Une pastorale missionnaire n’est pas obsédée par la transmission désarticulée d’une multitude de doctrines à imposer avec insistance. L’annonce de type missionnaire se concentre sur l’essentiel, sur le nécessaire, qui est aussi ce qui passionne et attire le plus, ce qui rend le cœur tout brûlant, comme l’eurent les disciples d’Emmaüs. Nous devons donc trouver un nouvel équilibre, autrement l’édifice moral de l’Église risque lui aussi de s’écrouler comme un château de cartes, de perdre la fraîcheur et le parfum de l’Évangile".
Évidemment, le pape François est bien conscient du fait que, pour les deux papes qui l’ont précédé, la priorité absolue était également l'annonce de l’Évangile ; que, pour Jean-Paul II, la miséricorde de Dieu était tellement centrale qu’il lui consacrait un dimanche de l'année liturgique ; que Benoît XVI a consacré précisément à Jésus vrai Dieu et vrai homme le livre de sa vie de théologien et de pasteur ; que, en somme, rien de tout cela ne le sépare d’eux.
Le pape François saura aussi que la même considération est également valable pour les évêques qui, plus que tous, ont agi en pleine harmonie avec les deux papes qui l’ont précédé. Par exemple, en Italie, le cardinal Camillo Ruini, dont le "projet culturel" a centré des événements pivots précisément sur Dieu et sur Jésus.
Cependant il y avait, chez Karol Wojtyla comme chez Joseph Ratzinger ou chez des pasteurs tels que Ruini ou encore, aux États-Unis les cardinaux Francis George et Timothy Dolan, l'intuition que l’annonce de l’Évangile ne peut pas être dissociée, aujourd’hui, d’une lecture critique de la nouvelle vision progressiste de l’homme, qui forme un contraste radical avec l'homme créé par Dieu à son image et à sa ressemblance, et d’une action de direction pastorale qui en découle.
Et c’est là que le pape François se différencie. Dans l’interview qu’il a accordée à "La Civiltà Cattolica" il y a un autre passage-clé. Au père Antonio Spadaro qui l’interroge sur l’actuel "défi anthropologique", il répond de manière évasive. Il montre qu’il n’a pas perçu la gravité historique du changement de civilisation analysé et contesté avec vigueur par Benoît XVI et, avant celui-ci, par Jean-Paul II. Il montre qu’il est convaincu qu’il vaut mieux répondre aux défis de l’époque actuelle par la simple annonce du Dieu miséricordieux, de ce Dieu "qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et qui fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes".
En Italie, mais pas seulement dans ce pays, cette orientation alternative à Jean-Paul II, à Benoît XVI et au cardinal Ruini était représentée par le cardinal jésuite Carlo Maria Martini.
Aux États-Unis, elle était représentée par le cardinal Joseph L. Bernardin, avant que le leadership de la conférence des évêques ne passe aux cardinaux George et Dolan, très fidèles à Wojtyla et à Ratzinger.
Les disciples et admirateurs de Martini et de Bernardin voient aujourd’hui en François le pape qui concrétise leurs espoirs de revanche.
Le cardinal Martini était et continue à être très populaire y compris dans l'opinion publique extérieure et hostile à l’Église et le même phénomène se produit pour le pape actuel.
*
L’échange de lettres et le dialogue ultérieur entre le pape François et l'athée proclamé Scalfari contribuent à expliquer cette popularité du pape y compris "in partibus infidelium".
Il y avait déjà, dans l'article du 7 août où Scalfari posait des questions au pape actuel, un passage qui donnait des indications sur l’opinion positive que le fondateur de "la Repubblica" avait de lui:
“Votre mission contient deux nouveautés scandaleuses : l’Église pauvre de François, l’Église horizontale de Martini. Et une troisième : un Dieu qui ne juge pas mais qui pardonne. Il n’y a pas de damnation, il n’y a pas d’enfer”.
Ayant reçu et publié la lettre de réponse du pape Bergoglio, Scalfari l’a commentée, ajoutant avec satisfaction cette autre considération :
"Jamais la chaire de saint Pierre n’avait fait preuve d’une ouverture d’une telle ampleur vers la culture moderne et laïque, d’une vision aussi profonde en ce qui concerne la conscience et son autonomie".
En affirmant cela, Scalfari se référait en particulier à ce que le pape François lui avait écrit à propos de la primauté de la conscience :
“La question porte sur l’obéissance de chacun à sa conscience. Le péché, même dans le cas de quelqu’un qui n’a pas la foi, existe lorsque l’on va contre sa conscience. Écouter celle-ci et lui obéir signifie, en effet, prendre une décision face à ce qui est perçu comme bon ou comme mauvais. Et c’est la nature de cette décision qui détermine si ce que nous faisons est bon ou mauvais”.
Le pape François n’avait rien ajouté d’autre. Et certains lecteurs avertis se sont demandé comment pouvait être formée cette définition tellement subjective de la conscience, dans laquelle l'individu apparaît comme la seule instance de décision, avec l'idée de conscience comme cheminement de l'homme vers la vérité, idée approfondie par des siècles de réflexion théologique, depuis Augustin jusqu’à Newman, et rappelée avec vigueur par Benoît XVI.
Mais, lors de son entretien ultérieur avec Scalfari, le pape François a été encore plus drastique dans sa réduction de la conscience à un acte subjectif :
"Chacun de nous a sa propre vision du bien et du mal et il doit choisir de suivre le bien et de combattre le mal tels qu’il les conçoit. Cela suffirait pour changer le monde".
Dès lors il n’est pas étonnant que Scalfari, homme des Lumières et athée, ait écrit qu’il "était parfaitement d’accord" avec ces expressions de Bergoglio à propos de la conscience.
De même que l’on n’est pas non plus surpris par l’accueil bienveillant qu’il réserve à ces autres propos du pape, qui constituent presque un programme pour le nouveau pontificat, autrement dit "le plus urgent des problèmes auxquels l’Église est confrontée" :
"Notre objectif n’est pas le prosélytisme mais l'écoute des besoins, des désirs, des déceptions, du désespoir, de l’espérance. Nous devons redonner l’espérance aux jeunes, aider les vieux, ouvrir vers l’avenir, répandre l'amour. Pauvres parmi les pauvres. Nous devons inclure les exclus et prêcher la paix. Vatican II, inspiré par le pape Jean et par Paul VI, a décidé de regarder l’avenir avec un esprit moderne et d’ouvrir à la culture moderne. Les pères conciliaires savaient qu’ouvrir à la culture moderne voulait dire œcuménisme religieux et dialogue avec les incroyants. Depuis ce moment-là, très peu a été fait dans cette direction. J’ai l’humilité et l’ambition de vouloir le faire".
Il n’y a rien, dans ce programme de pontificat, qui puisse ne pas être apprécié par l'opinion laïque dominante. Même le jugement selon lequel Jean-Paul II et Benoît XVI auraient fait "très peu" en matière d’ouverture à l’esprit moderne est en ligne avec cette opinion. Le secret de la popularité du pape François réside dans la générosité avec laquelle il se conforme aux attentes de la "culture moderne" et dans l’adresse avec laquelle il esquive ce qui pourrait devenir un signe de contradiction.
En cela aussi, il se différencie nettement de ses prédécesseurs, Paul VI compris. Il y a, dans l’homélie prononcée à la mort du pape Giovanni Battista Montini, le 10 août 1978, par Ratzinger, qui était alors archevêque de Munich, un passage qui est extraordinairement éclairant, notamment en raison de son appel à la conscience "qui se mesure sur la vérité" :
"Un pape qui, aujourd’hui, ne ferait pas l’objet de critiques manquerait à son devoir vis-à-vis de cette époque. Paul VI a résisté à la télécratie et aux sondages d’opinion, les deux puissances dictatoriales actuelles. Il a pu le faire parce qu’il ne prenait pas comme paramètre le succès et l’approbation, mais bien la conscience, qui se mesure sur la vérité, sur la foi. Et c’est pour cette raison que, en de nombreuses occasions, il a cherché le compromis : la foi laisse beaucoup de choses ouvertes, elle offre un large spectre de décisions, elle impose comme paramètre l’amour, qui se sent des obligations envers le tout et qui impose donc beaucoup de respect. Voilà pourquoi il a pu être inflexible et décidé lorsque l’enjeu était la tradition essentielle de l’Église. En lui cette dureté ne résultait pas de l’insensibilité de celui dont le cheminement est dicté par le plaisir du pouvoir et par le mépris envers les gens, mais de la profondeur de sa foi, qui l’a rendu capable de supporter les oppositions".
*
Une confirmation de ce qui différencie le pape François de ses prédécesseurs est justement arrivée sous la forme de la lettre par laquelle Ratzinger-Benoît XVI – mettant fin au silence qui a suivi sa démission – a répondu au livre "Caro papa, ti scrivo" [Cher pape, je t’écris] qu’avait publié en 2011 le mathématicien Piergiorgio Odifreddi.
Les deux derniers papes dialoguent volontiers, l’un comme l’autre, avec des athées proclamés et des leaders d'opinion laïcs, mais ils le font sous des formes très différentes. Alors que François esquive les pierres de scandale, Ratzinger, lui, les met en évidence.
Il suffit, pour s’en rendre compte, de lire ce passage de la lettre qu’il a adressée à Odifreddi :
"Ce que vous dites à propos du personnage de Jésus n’est pas digne de votre rang scientifique. Si vous posez la question comme si, au fond, on ne savait rien à propos de Jésus et s’il n’y avait rien de vérifiable à Son sujet, en tant que personnage historique, alors je ne peux que vous inviter, de manière décidée, à vous rendre un peu plus compétent au point de vue historique. Pour cela je vous recommande surtout les quatre volumes que Martin Hengel (exégète à la Faculté de théologie protestante de Tübingen) a publiés avec Maria Schwemer : c’est un excellent exemple de précision et de très vaste information historique. Face à cela, les propos que vous tenez au sujet de Jésus sont hasardeux et vous ne devriez pas recommencer. Il est malheureusement incontestable que, dans l’exégèse, beaucoup de choses peu sérieuses ont été écrites. Le séminaire américain consacré à Jésus que vous citez aux pages 105 et suivantes ne fait que confirmer une fois de plus ce qu’Albert Schweitzer avait noté à propos de la Leben-Jesu-Forschung (recherches sur la vie de Jésus), à savoir que ce que l’on appelle le 'Jésus historique' est, le plus souvent, le reflet des idées des auteurs. Cependant ces formes peu réussies de travail historique ne compromettent pas du tout l'importance de la recherche historique sérieuse, qui nous a conduits à des connaissances vraies et sûres en ce qui concerne l'annonce et le personnage de Jésus".
Et plus loin il ajoute :
"Si vous voulez remplacer Dieu par 'La Nature', il reste la question de savoir qui est ou ce qu’est cette nature. Vous ne la définissez nulle part et elle apparaît donc comme une divinité irrationnelle qui n’explique rien du tout. Toutefois je voudrais surtout vous faire encore remarquer que, dans votre religion de la mathématique, il reste trois thèmes fondamentaux de l'existence humaine qui ne sont pas pris en considération : la liberté, l'amour et le mal. Je suis étonné que vous liquidiez, en un seul aperçu, la liberté qui, cependant, a été et est toujours la valeur portante de l'époque moderne. Dans votre livre l'amour n’apparaît pas et même à propos du mal il n’y a aucune information. Quoi que la neurobiologie dise ou ne dise pas à propos de la liberté, celle-ci est présente dans le drame réel de notre histoire comme une réalité déterminante et elle doit être prise en considération. Mais votre religion mathématique ne connaît aucune information relative au mal. Une religion qui laisse de côté ces questions fondamentales reste vide.
"La critique que je fais de votre livre est dure en partie. Mais la franchise fait partie du dialogue ; ce n’est qu’ainsi que la connaissance peut progresser. Vous avez été très franc et vous accepterez donc que je le sois, moi aussi. Mais, en tout cas, je porte un jugement très positif sur le fait que vous ayez, à travers votre confrontation avec mon 'Introduction au christianisme', cherché un dialogue aussi ouvert avec la foi de l’Église catholique et que, en dépit de toutes les oppositions, dans le domaine central, les convergences ne soient pas du tout absentes".
*
Jusqu’ici il n’a été question que de ce qui avait été dit. Mais les faits aussi commencent à différencier les deux derniers papes l’un de l’autre.
L’interdiction qui a été faite par le pape Bergoglio à la congrégation des religieux franciscains de l'Immaculée de célébrer la messe selon le rite ancien a été une restriction réelle de la liberté de célébrer selon ce rite que Benoît XVI avait assurée à tous.
Il ressort des conversations qu’il a eues avec les gens qui lui rendent visite que Ratzinger lui-même a perçu cette restriction comme un "vulnus" à son motu proprio de 2007 "Summorum pontificum".
Dans l’interview qu’il a accordée à "La Civiltà Cattolica" le pape François a liquidé la libéralisation de l’usage du rite ancien décidée par Benoît XVI en la qualifiant de simple "choix prudentiel lié à l’aide apportée à des personnes qui avaient cette sensibilité particulière", alors que l'intention explicite de Ratzinger – qu’il avait exprimée en son temps dans une lettre adressée aux évêques du monde entier – était au contraire que "les deux formes d’utilisation du rite romain puissent s’enrichir réciproquement".
Dans cette même interview le pape François a défini la réforme liturgique postconciliaire comme "un service au peuple en tant que relecture de l’Évangile à partir d’une situation historique concrète". Cette définition est fortement réductrice par rapport à la conception de la liturgie qui était celle de Ratzinger, théologien et pape.
De plus, toujours dans ce domaine, le pape François a remplacé en bloc, le 26 septembre dernier, les cinq consulteurs du service des célébrations liturgiques pontificales.
Parmi ceux qui ont été renvoyés, il y a, par exemple, le père Uwe Michael Lang, un liturgiste dont le livre le plus important, consacré à l'orientation "vers le Seigneur" de la prière liturgique, a été préfacé par Ratzinger lui-même.
Alors que, parmi ceux qui ont été nommés, il y a des liturgistes beaucoup enclins à soutenir le style de célébration du pape François, lui aussi visiblement éloigné de l’"ars celebrandi", inspiré, de Benoît XVI.
__________
L'interview accordée à "La Civiltà Cattolica" par le pape François, qui a été publiée en plusieurs langues le 19 septembre :
> Interview du pape François
La lettre adressée par le pape à Eugenio Scalfari, qui a été publiée dans "La Repubblica" du 11 septembre :
> "Pregiatissimo Dottor Scalfari…"
L’entretien ultérieur entre le pape et Scalfari, qui a eu lieu le 24 septembre à la résidence Sainte-Marthe, au Vatican, et qui a été publié dans "La Repubblica" du 1er octobre :
> Il papa a Scalfari : Così cambierò la Chiesa
Les passages de la lettre de Joseph Ratzinger à Piergiorgio Odifreddi qui ont été publiés en avant-première dans "la Repubblica" du 24 septembre :
> Ratzinger : Caro Odifreddi, le racconto chi era Gesù
__________
Avant d’être en contact avec le pape Bergoglio, Scalfari l’a été, de manière encore plus intense, avec le cardinal jésuite Carlo Maria Martini, archevêque de Milan de 1979 à 2002.
En particulier, Scalfari avait consacré un compte-rendu très favorable au livre qui est peut-être le plus révélateur de la vision du christianisme et de l’Église qui était celle de ce cardinal, "Conversations nocturnes à Jérusalem. Sur le risque de la foi", publié en 2008, un livre très lu et très discuté dans et hors de l’Église :
> Dieu n'est pas catholique. Parole de cardinal
En tant qu’athée déclaré, Scalfari a écrit qu’il trouvait réconfortant que "pour Martini, le Fils de l'Homme soit beaucoup plus prégnant que le Fils de Dieu".
A l'époque, une expression employée par Martini dans ce livre avait marqué les esprits : "On ne peut pas rendre Dieu catholique". Il est significatif qu’elle soit réapparue dans la bouche du pape François lors de l’entretien avec Scalfari, le 24 septembre dernier : "Je crois en Dieu. Pas en un Dieu catholique, il n’existe pas de Dieu catholique, il existe Dieu".
__________
À propos de l'apogée et du crépuscule du leadership exercé par le cardinal Joseph L. Bernardin dans l’Église catholique des États-Unis, une analyse approfondie est celle qui a été publiée par George Weigel dans le magazine "First Things" au mois de février 2011 :
> The End of the Bernardin Era
__________
Benoît XVI a réfléchi à la question de la conscience en particulier en 2010, au cours de son voyage en Grande-Bretagne marqué par la béatification de John Henry Newman et plus encore dans le discours de vœux adressé à la curie romaine avant Noël de cette même année :
> "Conscience signifie la capacité de l’homme à reconnaître la vérité..."
Quant à l'homélie prononcée à la mort de Paul VI par celui qui était alors le cardinal Ratzinger, elle contient également une référence à la conscience "qui se mesure à la vérité" et elle a été publiée pour la première fois au début du mois d’août dernier dans un numéro spécial de "L'Osservatore Romano", à l’occasion du cinquantième anniversaire de l'élection du pape Montini.
__________
Traduction française par Charles de Pechpeyrou.
__________
[...]
Pour d'autres informations et commentaires, voir le blog que tient Sandro Magister, uniquement en italien:
__________
3.10.2013
Source: http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350615?fr=y
Add. 4 octobre 2013 10h44. Texte de l'entretien avec François, publié en français sur Repubblica :
Le Pape à Scalfari :"Ainsi je changerai l'Église"
EXCLUSIF Dans Repubblica, le dialogue avec François:"Repartir du Concile, s'ouvrir a' la culture moderne". L'entretien au Vatican après la lettre de Bergoglio a' Repubblica:"Essayer de vous convertir ? Le prosélytisme est une pompeuse absurdité. Il faut se connaître et s'écouter les uns les autres"
par EUGENIO SCALFARI
Le Pape à Scalfari :"Ainsi je changerai l'Église" Pape François (ansa)
Le Pape François me dit ceci :"Les maux les plus graves qui affligent le monde aujourd'hui sont le chômage des jeunes et la solitude dans laquelle sont abandonnés les vieillards. Les personnes âgées ont besoin de soins et de compagnie ; les jeunes de travail et d'espérance, mais ils n'ont ni l'un ni l'autre et, hélas, ils ne les recherchent même plus. Ils ont été écrasés par le présent. Dites-moi : peut-on vivre écrasé par le présent ? Sans mémoire du passé et sans désir de se projeter dans l'avenir en construisant un projet, un avenir, une famille ? Peut-on continuer ainsi ? Voilà, selon moi, le problème le plus urgent auquel l'Église est confrontée."
Votre Sainteté, lui dis-je, c'est avant tout un problème politique et économique qui concerne les États, les gouvernements, les partis, les associations syndicales.
"Oui, vous avez raison, mais ce problème concerne aussi l'Église, je dirai même surtout l'Église car cette situation ne blesse pas seulement les corps, mais aussi les âmes. L'Église doit se sentir responsable des âmes, comme des corps."
Votre Sainteté, vous dites que l'Église doit se sentir responsable. Dois-je en déduire que l'Église n'est pas consciente de ce problème et que vous souhaitez la sensibiliser ?
"Dans une large mesure, cette conscience existe mais ce n'est pas encore suffisant. Je désire qu'elle soit plus forte. Ce n'est pas le seul problème auquel nous soyons confrontés, mais c'est surement le plus urgent et le plus dramatique"
La rencontre avec le Pape François a eu lieu mardi dernier chez lui, a' la résidence Santa-Marta, dans une pièce minuscule meublée d'une table et de cinq ou six chaises, avec pour tout ornement un tableau accroché au mur. L'entretien avait été précédé d'un appel téléphonique que, de ma vie, je n'oublierai jamais.
Il était deux heures et demie de l'après-midi. Mon téléphone sonne et la voix de ma secrétaire, au comble de l'agitation, me dit :"J'ai le Pape en ligne, je vous le passe tout de suite."
Je demeure sans voix tandis que celle de Sa Votre Sainteté, a' l'autre bout du fil dit :"Bonjour, je suis le Pape François."Bonjour, Votre Sainteté - dis-je - en ajoutant aussitôt : Je suis bouleversé, je ne m'attendais pas a' ce que vous m'appeliez."Pourquoi bouleversé ? Vous m'avez écrit une lettre en demandant a' faire ma connaissance. Ce désir étant réciproque, je vous appelle pour fixer un rendez-vous. Voyons mon agenda: mercredi, je suis pris, lundi aussi, seriez vous libre mardi ?". Je lui réponds : c'est parfait.
"L'horaire n'est pas des plus pratiques, a' 15 heures, cela vous va ? Sans cela, je vous propose une autre date"
Votre Sainteté, l'heure me convient."Alors, nous sommes d'accord : mardi 24 a' 15 heures. A Santa-Marta. Il vous faudra rentrer par la porte du Saint-Office."
Je ne sais comment clore l'appel et me hasarde a' lui demander : puis-je vous donner une accolade par téléphone."Mais oui, certainement, et je fais de même, en attendant de pouvoir nous saluer ainsi personnellement. A bientôt"
Me voici arrivé. Le Pape entre et me serre la main, nous nous asseyons. Le Pape sourit et me dit :"Certains de mes collaborateurs qui vous connaissent m'ont averti que vous allez essayer de me convertir."
A ce trait d'esprit, je réponds : mes amis vous prêtent la même intention a' mon endroit.
Il sourit et répond :"Le prosélytisme est une pompeuse absurdité, cela n'a aucun sens. Il faut savoir se connaître, s'écouter les uns les autres et faire grandir la connaissance du monde qui nous entoure. Il m'arrive qu'après une rencontre j'ai envie d'en avoir un autre car de nouvelles idées ont vu le jour et de nouveaux besoins s'imposent. C'est cela qui est important : se connaître, s'écouter, élargir le cercle des pensée. Le monde est parcouru de routes qui rapprochent et éloignent, mais l'important c'est qu'elles conduisent vers le Bien"
Votre Sainteté, existe-t-il une vision unique du Bien ? Et qui en décide ?
"Tout être humain possède sa propre vision du Bien, mais aussi du Mal. Notre tâche est de l'inciter a' suivre la voie tracée par ce qu'il estime être le Bien."
Votre Sainteté, vous-même l'aviez écrit dans une lettre que vous m'avez adressée. La conscience est autonome, disiez-vous, et chacun doit obéir a' sa conscience. A mon avis, c'est l'une des paroles les plus courageuses qu'un Pape ait prononcée.
"Et je suis prêt a' la répéter. Chacun a' sa propre conception du Bien et du Mal et chacun doit choisir et suivre le Bien et combattre le Mal selon l'idée qu'il s'en fait. Il suffirait de cela pour vivre dans un monde meilleur."
L'Église s'emploie-t-elle a' cela?
"Oui, nos missions poursuivent ce but : repérer les besoins matériels et immatériels des personnes et chercher a' les satisfaire comme nous le pouvons. Vous savez ce qu'est l''agapé' ?".
Oui, je le sais.
"C'est l'amour pour les autres, tel que Notre Seigneur l'a enseigné. Ce n'est pas du prosélytisme, c'est de l'amour. L'amour pour autrui, qui est le levain du bien commun".
Aime ton prochain comme toi-même.
"Oui, c'est exactement cela."
Jésus prêchait que l'agapé, l'amour pour les autres, est la seule façon d'aimer Dieu. Corrigez-moi si je me trompe.
"Non, c'est bien cela. Le Fils de Dieu s'est incarné pour faire pénétrer dans l'âme des hommes le sentiment de la fraternité. Tous les frères et tous les enfants de Dieu. Abbà, ainsi qu'il appelait le Père. Je suis la Voie, disait-il. Suivez-moi et vous trouverez le Père et vous serez tous ses enfants et il se complaira en vous. L'agapé, l'amour de chacun de nous pour tous les autres, des plus proches aux plus lointains, est justement la seule manière que Jésus nous a indiquée pour trouver la voie du salut et des Béatitudes."
Toutefois, l'exhortation de Jésus, nous le rappelions tout a' l'heure, est que l'amour pour le prochain doit être égal a' celui que nous avons pour nous-mêmes. Par conséquent, ce que l'on a coutume d'appeler le narcissisme est reconnu comme valable, positif, au même titre que l'autre. Nous avons longuement discuté de cette question.
"Je n'aime pas - disait le Pape - le mot narcissisme, qui indique un amour sans bornes pour soi-même qui ne convient pas parce qu'il peut produire de très graves dommages non seulement dans l'âme de celui qui en est atteint, mais aussi dans la relation avec les autres et avec la société. Le vrai problème c'est que ceux sont touchés par cette affection, qui est en quelque sorte un trouble mental, sont généralement les personnes qui détiennent le plus de pouvoir. Les dirigeants sont bien souvent des Narcisses."
Maints dirigeants au sein de l'Église l'ont été eux aussi.
"Vous savez ce que j'en pense ? Les dirigeants de l'Église ont été souvent des narcisses en proie aux flatteries et aux coups d'aiguillons de leurs propres courtisans. L'esprit de cour est la lèpre de la papauté."
La lèpre de la papauté, c'est bien l'expression utilisée par vous. Mais quelle est cette cour ? Faites-vous allusion a' la Curie ? ai-je demandé.
"Non, il peut y avoir parfois des courtisans dans la Curie, mais la Curie dans son ensemble, ce n'est pas cela. Elle correspond a' ce que l'on a coutume d'appeler l'intendance dans une armée. En tant que telle, elle gère les services dont le Saint-Siège a besoin, mais elle a un défaut : elle est 'vaticano-centrée'. Elle voit et suit les intérêts du Vatican, qui sont encore en majorité des intérêts temporels. Cette vision axée sur le Vatican néglige le monde qui nous entoure. Je ne partage pas cette vision et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour la modifier. L'Église est ou doit redevenir une communauté du peuple de Dieu et les religieux, les curés, les Évêques ayant charge d'âmes sont au service du peuple de Dieu. L'Église c'est cela. Il ne faut pas confondre l'appellation avec celle du Saint-Siège, dont la fonction est importante, certes, mais qui est au service de l'Église. Je n'aurais pu avoir pleinement foi en Dieu et en son Fils si je n'avais pas été formé au sein de l'Église et j'ai eu la chance de me trouver, en Argentine, au sein d'une communauté sans laquelle je n'aurais jamais pris conscience de ce que j'étais et de ma foi."
Votre vocation est-elle née en vous lorsque vous étiez jeune ?
"Non, pas très jeune. Ma famille me destinait a' un métier, pour travailler et gagner un peu d'argent. J'allai a' l'Université. J'eus a' cette époque une enseignante pour laquelle j'éprouvai du respect et de l'amitié. C'était une fervente communiste. Souvent, elle me lisait ou me donnait a' lire des textes du Parti communiste. C'est ainsi que je me familiarisai également avec cette conception très matérialiste. Je me souviens qu'elle me procura aussi le communiqué des communistes américains en faveur des époux Rosenberg, après leur condamnation a' mort. La femme dont je viens de vous parler a été arrêtée, torturée et assassinée par la dictature qui était alors au pouvoir en Argentine."
Le communisme vous avait-il séduit ?
"Son matérialisme n'eut pas prise sur moi. Mais l'avoir abordé par l'intermédiaire d'une personne courageuse et honnête m'a été utile et j'ai compris certaines choses, notamment une dimension sociale que je retrouvai par ailleurs dans la doctrine sociale de l'Église."
La théologie de la libération, qui a été excommuniée par le Pape Wojtyla, était assez répandue en Amérique latine.
"Oui, bon nombre de ses représentants étaient des Argentins."
Estimez-vous que le Pape ait eu raison de les combattre ?
"Il est certain qu'ils prolongeaient la théologie qu'ils professaient dans la sphère politique, mais nombre d'entre eux étaient des croyants qui avaient une haute idée de la notion d'humanité."
Votre Sainteté ; me permettez-vous de vous dire a' mon tour quelque chose de ma formation culturelle ? J'ai été élevé par une mère très catholique. A 12 ans, j'ai même gagné un concours de catéchisme entre toutes les paroisses de Rome et a' cette occasion le Vicariat m'a remis un prix. Je communiais chaque premier vendredi du mois, bref, j'étais croyant et pratiquant. Mais tout a changé pendant mes études secondaires. Au lycée, je lus entre autres textes de philosophie qui étaient au programme, le "Discours de la méthode" de Descartes et je fus frappé par la phrase que nous connaissons bien "Je pense, donc je suis." Le"je"devint ainsi la base de l'existence humaine, le siège autonome de la pensée.
"Descartes n'a cependant jamais renié la foi du Dieu transcendant"
C'est vrai, mais il avait jeté le fondement d'une vision complètement différente. J'empruntai ce parcours et, corroboré par d'autres lectures, parvins dans les contrées où je me trouve aujourd'hui.
"Cependant, si j'ai bien compris, vous êtes non-croyant mais pas anticlérical. Ce sont deux choses bien différentes."
C'est vrai, je ne suis pas anticlérical, mais je le deviens quand je rencontre un tenant du cléricalisme.
Il me sourit et me répond :"Cela m'arrive aussi, lorsque j'en ai un devant moi et je deviens soudain anticlérical. Le cléricalisme ne devrait rien avoir a' faire avec le christianisme. Saint Paul fut le premier a' s'adresser aux Gentils, aux païens, aux croyants d'autres religions ; il fut le premier a' nous enseigner cela."
Puis-je vous demander, Votre Sainteté, quels sont les saints que vous ressentez comme les plus proches de votre âme, ceux sur lesquels s'est formée votre expérience religieuse ?
"Saint-Paul est celui qui a précisé les fondements de notre religion et de notre crédo. Sans lui, nous ne saurions être des chrétiens conscients. Il a traduit la prédication du Christ en une structure doctrinaire qui, même après les mises a' jour successives des penseurs, théologiens et pasteurs d'âmes, a résisté et résiste toujours, depuis deux mille ans. Et puis Augustin, Benoît et Thomas et Ignace. Et naturellement François. AI-je besoin d'expliquer pourquoi ?."
François - qu'il me soit permis d'appeler ainsi le Pape puisque lui-même semble nous y inviter, par sa façon de parler, de sourire, par ses exclamations de surprise ou d'assentiment - me regarde comme pour m'encourager a' poser enfin des questions plus audacieuses et embarrassantes pour celui qui dirige l'Église. De sorte que je l'interroge : de Paul, vous avez expliqué l'importance et le rôle, mais de tous les saints que vous avez nommés, j'aimerais connaître celui qui est le plus proche de votre âme ?
"Vous me demandez un classement mais les classements sont faciles a' faire si l'on parle de sport ou d'affaires similaires. Je pourrais tout au plus vous énumérer les meilleurs footballers argentins. Mais pour les Saints...."
Vous connaissez le proverbe "Scherza coi fanti ma lascia stare i santi" qui invite a' ne pas plaisanter sur des choses sérieuses ?
"Justement. Je ne veux toutefois éluder votre question, car vous ne m'avez pas demandé un classement sur leur importance culturelle et religieuse, mais sur la proximité avec mon âme. Alors, je dis : Augustin et François."
Pas Ignace, qui est le fondateur de l'Ordre auquel vous appartenez?
"Ignace, pour des raisons évidentes, est celui que je connais le mieux. Il a fondé notre Ordre. Je vous rappelle que Carlo Maria Martini, que vous et moi apprécions beaucoup, en provenait lui aussi. Les jésuites ont été et demeurent le levain - pas le seul, mais sans doute le plus efficace - de la catholicité : culture, enseignement, témoignage missionnaire, fidélité au Saint-Pontife. Mais Ignace, fondateur de la Compagnie de Jésus, était aussi un réformateur et un mystique. Surtout un mystique."
Et vous pensez que les mystiques ont joué un rôle important pour l'Église ?
"Un rôle fondamental. Une religion sans mystiques et une philosophie."
Avez-vous une vocation mystique ?
"Quel est votre avis sur la question."
Il me semble que non.
"Et vous avez probablement raison. J'adore les mystiques ; Saint François lui-même, dans bien des aspects de sa vie, en fut un mais je ne crois pas avoir personnellement cette vocation. Encore faut-il s'entendre sur la signification profonde du terme. Le mystique réussit a' se dévêtir du faire, des faits, des objectifs et même de la pastorale missionnaire pour s'élever, jusqu'à atteindre la communion avec les Béatitudes. De brefs moments qui cependant remplissent toute une vie."
Cela vous est-il jamais arrivé ?
"Rarement. Par exemple, quand le Conclave m'a élu Pape. Avant d'accepter, je demandai la permission de me retirer quelques minutes dans la pièce adjacente a' celle du balcon qui donne sur la place. Ma tête était totalement vide et j'étais envahi par l'angoisse. Pour la dissiper et me détendre, je fermai les yeux et je demeurai sans aucune pensée, pas même celle de refuser la charge, comme le permettrait la procédure liturgique. A un certain moment, une grande lumière m'envahit, qui dura un bref instant, mais me parut infiniment long. Puis la lumière disparut et je me levai d'un bond pour me diriger vers la pièce où m'attendaient les cardinaux et la table sur laquelle reposait l'acte d'acceptation. J'y apposai ma signature, le cardinal camerlingue le contresigna, puis nous sortîmes et l''Habemus Papam' fut prononcé."
Nous demeurâmes un peu en silence, puis je dis : nous parlions des saints qui vous sont proches et nous en étions restés a' Augustin. Voulez vous me dire pourquoi vous le sentez très proche de vous?
"Pour mon prédécesseur aussi, Saint Augustin est un point de référence. Ce saint, dont la vie a été marquée par de nombreuses vicissitudes, a modifié plusieurs fois sa position doctrinaire. Il a prononcé des paroles très dures a' l'égard des juifs, que je n'ai jamais approuvées. Il a écrit de nombreux livres et l'œuvre qui me semble la plus révélatrice de son intimité intellectuelle et spirituelle ce sont les 'Confessions', qui contiennent aussi des manifestations de mysticisme mais, contrairement a' ce que d'aucuns soutiennent, il n'est pas du tout l'héritier de Paul. Il voit l'Église et la foi de manière profondément différente de celui-ci, peut-être aussi parce que quatre siècles se sont écoulés entre l'un et l'autre."
Quelle est cette différence, Votre Sainteté?
"Elle tient pour moi a' deux aspects, qui sont essentiels. Augustin se sent impuissant face a' l'immensité de Dieu et aux devoirs qui incombent au chrétien et a' l'Évêque qu'il est. Il ne le fut absolument pas dans les faits, et pourtant il estimait en toute situation être au-dessous de ce qu'il voulait ou devait faire. Et puis la grâce dispensée par le Seigneur comme élément fondateur de la foi. De la vie. Du sens de la vie. Celui qui n'est pas touché par la grâce aura beau être sans peur et sans reproche, comme on dit, il ne sera jamais comme une personne touchée par la grâce. Telle est l'intuition d'Augustin."
Vous sentez-vous touché par la grâce ?
"Cela, personne ne peut le savoir. La grâce ne fait pas partie de la conscience ; elle est la quantité de lumière que nous avons dans l'âme, elle n'est pas faite de sagesse, ni de raison. Vous-même, totalement a' votre insu, pourriez être touché par la grâce."
Sans la foi ? Moi, un non-croyant ?
"La grâce intéresse l'âme."
Je ne crois pas dans l'âme.
"Vous n'y croyez pas mais vous en avez une."
Votre Sainteté, nous avions dit que vous n'aviez guère l'intention de me convertir, d'ailleurs je crois que vous n'y arriveriez pas.
"Cela, personne ne peut le savoir mais il est vrai, en tout cas, je n'en ai pas l'intention."
Et François?
"Il est grand parce qu'il est tout a' la fois. Homme qui veut faire, qui veut construire, qui fonde un Ordre est sa règle, qui est itinérant et missionnaire, qui est poète et prophète, qui est un mystique. Il a constaté le mal sur lui-même et il en est sorti, il aime la nature, les animaux, le brun d'herbe dans le pré, les oiseaux qui volent dans le ciel, mais surtout, il aime les personnes, les enfants, les vieillards, les femmes. Il est l'exemple le plus lumineux de l'agapé dont nous parlions tout a' l'heure."
Vous avez raison, Votre Sainteté, la description est parfaite. Mais pourquoi aucun de vos prédécesseurs n'a-t-il jamais choisi ce nom ? Et en toute probabilité, selon moi, aucun de vos successeurs ?
"Sur ce dernier point, ne préjugeons pas de l'avenir. C'est vrai, avant moi, personne ne l'avait choisi. Nous touchons ici au cœur du problème. Vous voulez boire quelque chose ?"
Merci, peut-être un verre d'eau.
Il se lève, ouvre la porte et prie un collaborateur qui se trouve a' l'entrée d'apporter deux verres d'eau. Il me demande si je souhaite boire un café. Je réponds par la négative. La carafe d'eau arrive. A la fin de notre conversation, mon verre sera vide, mais il n'aura pas touché au sien. Il s'éclaircit la voix et poursuit.
"François voulait un ordre mendiant qui fût aussi itinérant. Des missionnaires a' la recherche d'occasions pour rencontrer, écouter, dialoguer, aider, répandre la foi et l'amour. Surtout l'amour. Il avait ce rêve d'une Église pauvre, qui aurait soin des gens, qui recevrait des aides matérielles et les utiliserait pour soutenir les autres, sans se soucier d'elle même. Huit cents ans se sont écoulés depuis et les temps ont changé, mais l'idéal d'une Église missionnaire et pauvre reste plus que fondée. C'est bien l'Église qu'ont prêchée Jésus et ses disciples."
Vous les chrétiens, êtes devenus une minorité. Même en Italie, ce pays désigné comme le 'jardin du Pape', les catholiques pratiquants comptent pour 8 a' 15 pour cent de la population, d'après les sondages, et les catholiques qui se déclarent tels mais ne pratiquent pas représentent a' peine 20 pour cent. Il y a un milliard de catholiques et plus dans le monde et, avec les autres Églises chrétiennes, vous dépassez le milliard et demie, mais la planète est peuplée de 6 - 7 milliards de personnes. Vous êtes nombreux, certes, particulièrement en Afrique et en Amérique latine, mais néanmoins en minorité.
"Nous l'avons toujours été, mais le thème d'aujourd'hui est autre. Personnellement, je pense qu'être une minorité est même une force. Nous devons être un levain de vie et d'amour et le levain est une quantité infiniment plus petite que la masse de fruits, de fleurs et d'arbres qui naissent de ce levain. Il me semble avoir déjà dit au début de nos propos que notre objectif n'est pas le prosélytisme mais l'écoute des besoins, des vœux, des illusions perdues, du désespoir, de l'espérance. Nous devons rendre espoir aux jeunes, aider les vieux, nous tourner vers l'avenir, répandre l'amour. Pauvres parmi les pauvres. Nous devons ouvrir la porte aux exclus et prêcher la paix. Le Concile Vatican II, inspiré par le Pape Jean et par Paul VI, a décidé de regarder l'avenir dans un esprit moderne et de s'ouvrir a' la culture moderne. Les pères conciliaires savaient que cette ouverture a' la culture moderne était synonyme d'œcuménisme religieux et de dialogue avec les non-croyants. Après eux, on fit bien peu dans cette direction. J'ai l'humilité et l'ambition de vouloir le faire."
D'autant que - me permettrai-je d'ajouter - la société moderne, partout dans le monde, traverse en ce moment une crise profonde qui touche l'économie, certes, mais aussi la sphère sociale et spirituelle. Au début de notre rencontre, vous avez décrit une génération écrasée par le présent. Nous aussi, non-croyants nous ressentons cette souffrance presque anthropologique. Pour cela, nous voulons dialoguer avec les croyants et avec leur représentant le meilleur.
" Je ne sais si je suis le meilleur de ses représentants, mais la Providence m'a placé a' la tête de l'Église et du Diocèse de Pierre. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour remplir le mandat qui m'a été confié."
Jésus, vous l'avez rappelé, a dit ; aime ton prochain comme toi-même. Pensez-vous que ce précepte soit devenu réalité ?
"Hélas, non. L'égoïsme a augmenté et l'amour envers les autres a diminué."
C'est donc l'objectif qui nous réunit : atteindre au moins la même courbe d'intensité pour ces deux versants de l'amour. Votre Église est-elle préparée et équipée pour accomplir cette tâche?
"Comment voyez-vous la chose ?".
Je pense que l'amour pour le pouvoir temporel est encore plus fort entre les murs du Vatican et dans la structure institutionnelle de toute l'Église. Je pense que l'Institution prédomine sur l'Église pauvre et missionnaire que vous appelez de vos vœux.
"Effectivement, il en est ainsi et, dans ce domaine, il n'y a pas de miracle. Je vous rappelle que François lui-même, a' son époque, dut négocier longuement avec la hiérarchie romaine et avec le Pape pour faire reconnaître la règle de son Ordre. Finalement, il obtint gain de cause au prix de vastes compromis."
Devrez-vous suivre la même voie?
"Je ne suis pas François d'Assise et je n'ai ni sa force ni sa sainteté. Mais je suis l'Évêque de Rome et le Pape du monde catholique. J'ai décidé comme première chose de nommer un groupe de huit cardinaux pour former mon conseil. Pas de courtisans, mais des personnalités sages et animées des mêmes sentiments que les miens. C'est l'amorce d'une Église qui ne fonctionne pas seulement selon une hiérarchie verticale, mais aussi horizontalement. Quand le Cardinal Martini en parlait en mettant l'accent sur les Conciles et les Synodes, il savait pertinemment combien ce chemin était long et difficile a' parcourir. Avec prudence, mais fermeté et ténacité."
Et la politique ?
"Pourquoi posez-vous la question ? Je vous ai déjà dit que l'Église ne s'occupera pas de politique."
Cependant, il y a quelques jours, vous avez adressé un appel pour inviter les catholiques a' s'engager au plan civil et politique.
"Je ne me suis pas adressé uniquement aux catholiques mais a' tous les hommes de bonne volonté. J'ai dit que la politique est la première des activités civiles et qu'elle a son propre champ d'action, qui n'est pas celui de la religion. Les institutions politiques sont laïques par définition et opèrent dans des domaines indépendants. Mes prédécesseurs, depuis déjà de nombreuses années, n'ont cessé de le dire, chacun a' sa manière. Je crois que les catholiques engagés dans la politique portent en eux les valeurs de la religion avec toute la maturité de conscience et les compétences nécessaires pour les mettre en œuvre. L'Église ne franchira jamais les limites de sa tâche, qui est d'exprimer et de communiquer ses valeurs - du moins tant que j'y serai."
Mais l'Église n'a pas toujours agi ainsi.
"En réalité, presque jamais. Très souvent l'Église en tant qu'institution a été dominée par l'attachement au pouvoir temporel et de nombreux représentants et hautes personnalités catholiques voient encore les choses ainsi. A mon tour, maintenant, de vous poser une question : vous, laïc, qui ne croyez pas en Dieu, en quoi croyez-vous ? Vous êtes un écrivain et un penseur. Vous croyez sûrement en quelque chose, vous avez sûrement des valeurs dominantes. Ne me répondez pas par des mots comme honnêteté, recherche, vision du bien commun, qui sont autant de principes et de valeurs essentiels. Non ce n'est pas le sens de ma question. Je vous demande ce que vous pensez de l'essence du monde, ou plutôt, de l'univers. Vous vou
Je vous suis reconnaissant de m'avoir posé la question. Voici ma réponse : je crois dans l'Être, c'est-à-dire le tissu d'où jaillissent les formes, les Entités.
"Et moi, je crois en Dieu. Pas dans un Dieu catholique, car il n'existe pas de Dieu catholique, il existe un Dieu. Et je crois en Jésus Christ, son incarnation. Jésus est mon maître et mon pasteur, mais Dieu, le Père, Abbà, est la lumière et le Créateur. Tel est mon Être. Dites-moi, sommes-nous si éloignés l'un de l'autre ?"
Nous sommes éloignés dans les pensées, mais semblables en tant que personnes, animées inconsciemment de nos instincts qui se transforment en pulsions, en sentiments, en volonté, en pensée et en raison. En cela, nous sommes semblables.
"Mais ce que vous appelez l'Être, pouvez vous me dire comment vous le définissez en pensée?"
L'Être est un tissu d'énergie. Énergie chaotique mais indestructible et dans un état de chaos perpétuel. De cette énergie émergent les formes quand l'énergie arrive au point d'explosion. Les formes ont leurs propres lois, leurs champs magnétiques, leurs éléments chimiques, qui se combinent de manière aléatoire, évoluent et enfin s'éteignent mais leur énergie ne disparaît pas. L'homme est probablement le seul animal doué d'une pensée, du moins sur notre planète et dans notre système solaire. J'ai dit qu'il est animé d'instincts et de désirs mais j'ajoute qu'il porte en lui une résonnance, un écho, une vocation de chaos.
"Bien. Je ne vous invitais pas a' résumer votre philosophie et ce que vous m'avez dit me suffit. J'observe pour ma part que Dieu est lumière qui illumine les ténèbres même s'il ne les dissipe pas, et qu'une étincelle de cette lumière divine est au-dedans de chacun d'entre nous. Dans la lettre que je vous ai écrite, je me souviens vous avoir dit que notre espèce, comme d'autres, s'éteindra mais la lumière de Dieu, elle, ne s'éteindra pas, qui finalement envahira toutes les âmes et alors tout sera dans tous."
Oui, je m'en souviens très bien ; vous avez écrit"toute la lumière sera dans toutes les âmes"ce qui - si je puis me permettre - donne davantage l'idée de l'immanence que de la transcendance.
"La transcendance demeure parce que cette lumière, toute la lumière qui est dans tous, transcende l'univers et les espèces qui l'habitent durant cette phase. Mais revenons au présent. Nous avons franchi un pas dans notre dialogue. Nous avons constaté que dans la société et dans le monde où nous vivons, l'égoïsme s'est développé beaucoup plus que l'amour pour les autres et que les hommes de bonne volonté, chacun avec sa force et ses compétences, doivent opérer pour que l'amour envers les autres augmente jusqu'à égaler, voire dépasser l'amour envers soi-même."
Ici, la politique entre en jeu.
"Sans aucun doute. Personnellement, je pense que ce que l'on désigne par 'libéralisme sauvagè ne fait que rendre plus forts les forts tandis qu'il affaiblit les faibles et aggrave l'exclusion. Il faut une grande liberté, une absence totale de discrimination, pas de démagogie et beaucoup d'amour. Il faut des règles de comportement et aussi, au besoin, des interventions directes de l'État, pour corriger les disparités les plus intolérables."
Votre Sainteté, vous êtes certainement un homme de foi, touché par la grâce, animé de la volonté de relancer une Église pastorale, missionnaire, régénérée et non attachée au pouvoir temporel. Mais a' bien vous écouter et pour autant que je puisse comprendre, vous êtes et vous serez un Pape révolutionnaire. Pour moitié jésuite et pour moitié disciple de François, un alliage qui ne s'était peut-être jamais vu. Et puis, vous aimez "I Promessi Sposi" de Manzoni, Holderlin, Leopardi et surtout Dostoevskij, le film"La strada"et"Prova d'orchestra"de Fellini,"Roma città aperta"de Rossellini et encore les films d'Aldo Fabrizi.
"Ces films me plaisent car je les regardais avec mes parents, lorsque j'étais enfant."
Voilà. Puis-je vous suggérer de voir deux films sortis depuis peu ?"Viva la libertà"et le film d'Ettore Scola sur Fellini. Je suis certain qu'ils vous plairont. À propos du pouvoir, lui dis-je, savez-vous qu'à vingt ans, j'ai fait un mois et demie d'exercices spirituels chez les jésuites ? Les nazis occupaient Rome et j'avais fui la conscription. Nous étions passibles de la peine de mort. Les jésuites nous accueillirent a' la condition que nous aurions suivi les exercices spirituels pendant toute la durée de notre séjour chez eux. Ainsi fut fait.
"Mais il est impossible de résister a' un mois et demie d'exercices spirituels", s'exclame-t-il stupéfait et amusé.
Je lui raconterai la suite la prochaine fois. Nous nous saluons par une accolade. Nous franchissons le court escalier qui mène vers le portail. Je pris le Pape de ne pas m'accompagner mais il l'exclut d'un geste. "Nous parlerons aussi du rôle des femmes dans l'Église. Je vous rappelle que l'Église est un mot féminin."
Et nous parlerons aussi, si vous le voulez bien, de Pascal. J'aimerais connaître votre pensée sur cette grande âme.
"Transmettez a' tous les membres de votre famille ma bénédiction et demandez-leur de prier pour moi. Quant a' vous, pensez a' moi souvent."
Nous nous serrons la main et il reste debout, les deux doigts levés en signe de bénédiction. Je le salue a' travers la vitre. Le Pape François, c'est tout cela. Si l'Église devient un jour ainsi qu'il la conçoit et qu'il la souhaite, une époque sera décidément révolue.
Traduzione di Isabelle Marbot-Bianchini
Add. 4 octobre 2013, 18h36. Premières solutions à la nouvelle conception de la conscience du Pape François : Un enseignement de Mgr Léonard et une "paposcopie" de Jean Mercier sur La Vie
Add. 18 novembre 2013, 21h44. L'interview du pape François au quotidien "Repubblica" retirée du site du Saint-Siège. Le Porte-parole du Vatican, le père Lombardi, a déclaré que "le texte est fiable dans son sens général, mais pas dans les formulations isolées entre guillemets, n'ayant pas été révisé mot à mot".
«Supprimée» la conversation avec Scalfari. Qu'est-ce que cela signifie?
Riccardo Cascioli
16/11/2013
http://www.lanuovabq.it/it
-----
Depuis hier, le texte de l'entretien entre le pape François et le fondateur du quotidien La Repubblica Eugenio Scalfari, n'apparaît plus sur le site Internet du Saint-Siège <www.vatican.va>.
Comme on s'en souvient, le Pape avait reçu Scalfari au Vatican après la publication sur la Repubblica de la lettre que le pape François lui avait envoyée en réponse à deux articles du même Scalfari. Le journaliste avait alors également publié le contenu de la conversation du Vatican, qui a été retirée hier du site du Saint-Siège. Pour expliquer la décision, le porte-parole du Vatican le père Federico Lombardi, a déclaré que «le texte est fiable dans son sens général, mais pas dans les formulations isolées entre guillemets, n'ayant pas été révisé mot à mot» (ndt: la faute à qui? et pourquoi?).
En substance, a dit le père Lombardi, «en l'ôtant, on a fait une mise au point sur la nature de ce texte. Il y avait une ambiguïté et un débat sur sa valeur».
Source: http://benoit-et-moi.fr/2013-III/actualites/amateurisme.html
Curieusement la carte des suppressions ou restructurations des régiments ne touche pas les zones sous contrôle socialiste (à part Dijon du maire PS Rebsamen), mais celles dirigées par l'"extrême-droite" (Orange), l'extrême-gauche (Varennes-sur-Allier), ou la droite (Orléans, Luxeuil-les-Bains). Il faut préserver le vote socialiste dans les zones qui ont élu les socialiste et ruiner les autres...
Armée : Jean-Yves Le Drian détaille les unités supprimées
Programmés pour 2014, les 23.500 suppressions de postes et les mouvements d'unités provoquent déjà la colère d'élus des territoires concernés.
À Carcassonne, à Orange ou dans l'Allier, les militaires sont à l'écoute. Le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian clarifie ce jeudi l'avenir de leur régiment. Présentée début août, la Loi de programmation militaire (LPM) prévoit notamment 23.500 suppressions de postes supplémentaires à la défense, durant la période 2014-2019. Le 4e Régiment de dragons de Carpiagne, près de Marseille, a d'ores et déjà appris sa dissolution.
La réforme doit, selon le ministre, entraîner des fermetures «très peu nombreuses» de sites mais s'accompagnera de nombreux «mouvements d'unités». Le ministre a promis de «dialoguer» avec les militaires et les élus inquiets.
«Sentiment de lassitude» chez certains officiers
Parce qu'elle s'ajoute aux 54.000 postes déjà supprimés entre 2008 et 2013, cette nouvelle baisse des effectifs est celle de trop pour de nombreux militaires. «Tout ceci accentue les inquiétudes du personnel et contribue à alimenter un sentiment de lassitude», souligne le général Ract-Madoux.
Un mécontentement exprimé notamment dans un «Manifeste pour la sauvegarde de nos armées» diffusé par un cercle de réflexion baptisé «les sentinelles», regroupant des officiers et d'anciens officiers, qui dénoncent anonymement une «entreprise de démolition des armées».
La colère des élus
Le plan de restructuration suscite surtout des critiques en région. Parmi les premières unités touchées, le 1er Régiment étranger de cavalerie (REC) quittera Orange, dans le Vaucluse, avec ses 900 hommes. Il rejoindra Carpiagne, dans les Bouches-du-Rhône, qui perd le 4e régiment de dragons. Sans attendre l'annonce officielle, le maire extrême-droite d'Orange, Jacques Bompard, a appelé élus et habitants à manifester samedi pour dénoncer le «peu d'attention apportée par ce gouvernement à la concertation».
Colère également du président communiste du Conseil général de l'Allier, Jean-Paul Dufrègne (PCF) qui dit avoir été informé mercredi matin de «la fermeture, en 2014 et 2015, de la base aérienne de Varennes-sur-Allier où travaillent 236 personnes, dont 98 civils». «Je refuse une telle situation: l'Allier est déjà mutilé par toutes les fermetures d'entreprises de ces dernières années», écrit-il dans un communiqué.
Face aux critiques, Jean-Yves Le Drian estime avoir préservé l'effort de défense de la France en période de crise. Face aux exigences de Bercy et avec «l'appui du chef de l'Etat», le ministre de la Défense se félicite d'avoir pu garantir une enveloppe de 31,4 milliards d'euros par an jusqu'en 2015.
Visite mouvementée pour François Hollande hier 2 octobre au 22e sommet de l'élevage de Cournon d'Auvergne dans le Puy-de-Dôme. À son arrivée, mais aussi dans les allées du salon, le président s'est fait sifflé. Un journaliste donne pour une fois le micro à un des manifestants pour lui demander "pourquoi ces sifflets, quelles sont les raisons de la colère de ces éleveurs" ?
Réponses directes : - "Je ne suis pas d'accord pour tout ce qu'il fait. Il ne nous a jamais soutenus, et il ne le fera jamais"; - "On voudrait des actes. Les entreprises n'ont pas le droit de vendre à perte mais nous on a le droit !"
Source: https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=APBmfa4ukRI via https://fr-fr.facebook.com/Hollandouille1er/posts/603621989681628
. Florange : accueil de François Hollande sous les huées et les sifflets
Dette publique : la cote d’alerte est dépassée
Par Hervé Baculard
jeudi 3 octobre 2013 04:33
La cote d'alerte est dépassée. Selon l'Insee la dette publique française est passée pendant les 6 premiers mois de l'année de 90,2% à 93,4% du PIB. C'est 80 milliards de dette supplémentaire, l'essentiel de ce gonflement provenant de la dette de l'Etat ; celles des collectivités locales et de la Sécurité Sociale restant relativement stables sur cette période. A ce rythme-là, l'endettement public français excédera 2000 milliards d'euros avant la fin du premier trimestre 2014.
Outre l'injustice du fardeau qu'elle fera peser sur les générations futures, cette dette astronomique constitue une vraie menace à court terme. Les seuls intérêts de cette dette s'élèvent déjà à près de 50 milliards par an. La hausse des taux d'intérêt semble inéluctable dans les années qui viennent, et chaque pour-cent supplémentaire gonflerait cette charge annuelle de 20Mds d'euros supplémentaires.
Le risque est considérable pour l'économie
Dans un contexte où il deviendrait suicidaire de continuer à accroitre la charge fiscale, le pays n'a d'autre choix que de réduire de façon importante le coût de son secteur public. Les efforts réalisés pour commencer à maitriser la dépense sont certes louables mais absolument pas à la mesure des enjeux. Il est urgent d'entreprendre le vrai train de réformes structurelles qui seul pourra rompre ce cercle vicieux dans lequel le pays est engagé. Les pistes sont connues : des voixse sont exprimées dans son ouvrage collectif « Compétitivité AAA » pour en tracer les principales pistes tant pour l'Etat, que pour les collectivités territoriales et le système social.
Le temps du courage et de l'action est venu. J'appelle de mes vœux cette prise de conscience et ce passage à l'acte.
via https://fr-fr.facebook.com/Hollandouille1er/posts/603799699663857
. Francois Hollande et la dette publique ! Accablant
. François Hollande augmente la dette sans croissance. Cherchez l'erreur !
. Le fiasco budgétaire de François Hollande : les impôts augmentent, le déficit aussi...
. Comprendre l'origine de la dette (en quelques minutes...)
. Dette grecque et "saut qualitatif" (Nicolas Sarkozy)
. Jérôme Cahuzac estime avoir moins menti que François Hollande
. Le déficit public a plus dérapé que prévu, la dette atteint un nouveau record (29 mars 201
Sommet de l'horreur et de la honte, aucune réaction au Palais de l'Élysée ni au gouvernement ! Dans une lettre au ministre de la Défense Le Drian, datée du 9 septembre 2013 (copie faite à Manuel Valls, ministre de l'Intérieur), le président de la LICRA Alain Jakubowicz a expliqué rien moins - acrochez-vous ! - que la quenelle des militaires seraient "un salut nazi inversé signifiant la sodomisation des victimes de la Shoah". L'expression est malheureuse. Dieudonné, sous le choc, évoque le "degré de maladie mentale pour écrire ce genre de choses". Cette lettre de Jakubowicz confirme en tous les cas les thèses d'Hervé Ryssen dans ses livres : le judaïsme projette ses propres tares et obsessions sur le reste de l'humanité en pratiquant l'inversion accusatoire. "Nous sommes particulièrement choqués que des militaires, devant une synagogue, insultent la communauté juive et salissent la mémoire de ceux qui ont péri pendant la seconde guerre mondiale", écrit Alain Jakubowicz. Mais n'est-ce pas plutôt lui qui salit la mémoire des victimes de la Shoah en faisant ce type rapprochement indigne et en l'écrivant ? Il demande que "des sanctions exemplaires soient prises" à l'encontre des deux militaires et que "les mesures nécessaires soient prises pour faire cesser ces comportements antisémites".
"Le Drian est cerné" :
Dieudonné cite le général de Gaulle, "La France a perdu une bataille mais la France n'a pas perdu la guerre".
. Quenelle Charte de la laïcité : une religion d’Etat pour tous !
Après avoir déclaré hier - ce que d'aucuns ont appellé une position soixante huitarde - ("chacun de nous a sa vision du bien et aussi du mal. Nous devons encourager les gens à s’orienter vers ce qu’ils pensent être bon. Tout le monde a sa propre idée du bien et du mal et doit choisir de suivre le bien et combattre le mal comme il les conçoit. Cela suffirait pour faire du monde un endroit meilleur") que nous appellerons "proposition 1", le Pape François a fait aujourd'hui une déclaration plus conforme à l'enseignement traditionnel de l'Eglise, que nous appellerons "proposition 2".
Dans sa catéchèse à l'audience générale du mercredi, le Pape a rappelé ce matin en effet que pour faire le Bien, pour "vivre dans la charité" dit-il, on ne peut pas se contenter de sa "propre idée du bien et du mal", comme il disait la veille, mais il faut la "grâce" de Dieu : "Par sa grâce (du Christ) nous devenons capables, malgré notre faiblesse de vivre dans la charité", a-t-il déclaré.
Le pape François : « comment une Eglise composée de pécheurs peut être sainte ? »
"Bien qu’elle soit constituée d’hommes pécheurs, nous professons, dans le Credo, que l’Eglise est sainte. Elle est sainte car elle vient de Dieu qui est saint et qui ne saurait l’abandonner. Elle est indissolublement unie au Christ qui s’est livré pour elle, et qu’il conduit par l’action du Saint-Esprit. L’Eglise n’est pas constituée de gens parfaits, mais elle accueille tous les pécheurs, pour les conduire à la sainteté. Elle est la maison de tous. Tous, faibles et pécheurs, perdus ou découragés, nous pouvons vraiment y être renouvelés, transformés, par la rencontre du Seigneur qui nous sanctifie. Par sa grâce nous devenons capables, malgré notre faiblesse de vivre dans la charité, pour la gloire de Dieu et le service du prochain."
Source: http://www.news.va/fr/news/le-pape-francois-comment-une-eglise-composee-de-pe
Ou bien nous n'avons pas besoin de la grâce de Dieu, chacun décide effectivement de ce qui est bien ou mal (c'est le relativisme franc-maçonnique par exemple, ou l'hérésie de Pélage), et cela suffit, et c'est très bien comme cela comme a semblé le dire hier François (proposition 1). Ou bien au contraire nous avons besoin de la grâce de Dieu pour "devenir capables de vivre dans la charité", ce que le Pape dit aujourd'hui (proposition 2). Les deux propositions ne semblent pas pouvoir être tenues et enseignées comme également vraies, le Catéchisme ne le fait d'ailleurs pas.
Le Bien, la vie avec Dieu, ne peut pas être à la fois ce que chacun se définit "selon sa propre vision du bien et du mal" (ce qui conduirait concrètement à légitimer la doctrine qui appelerait bien, le mal, vertu, le péché, ou mensonge, la vérité ! sans que cela soit condamnable; une personne qui vivrait dans le péché se verrait justifiée !) et ce que l'on découvre "par la grâce de Dieu". C'est l'un ou l'autre.
À moins que le Pape ne complète demain cette nouvelle doctrine de la grâce par l'homme qui s'en remet donc à son propre jugement ? Ca devient compliqué à Rome...
Pour rappel : Catéchisme de l'Eglise catholique sur la grâce et la justification (articles 1987, 1992, 1993, 1999, 2000) :
2000 La grâce sanctifiante est un don habituel, une disposition stable et surnaturelle perfectionnant l’âme même pour la rendre capable de vivre avec Dieu, d’agir par son amour. On distinguera la grâce habituelle, disposition permanente à vivre et à agir selon l’appel divin, et les grâces actuelles qui désignent les interventions divines soit à l’origine de la conversion soit au cours de l’œuvre de la sanctification.
1999 La grâce du Christ est le don gratuit que Dieu nous fait de sa vie infusée par l’Esprit Saint dans notre âme pour la guérir du péché et la sanctifier : C’est la grâce sanctifiante ou déifiante, reçue dans le Baptême. Elle est en nous la source de l’œuvre de sanctification (cf. Jn 4, 14 ; 7, 38-39) :
Si donc quelqu’un est dans le Christ, c’est une création nouvelle ; l’être ancien a disparu, un être nouveau est là. Et le tout vient de Dieu qui nous a réconciliés avec lui par le Christ (2 Co 5, 18).
Source: http://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P6T.HTM
1987 La grâce du Saint-Esprit a le pouvoir de nous justifier, c’est-à-dire de nous laver de nos péchés et de nous communiquer " la justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ " (Rm 3, 22) et par le Baptême (cf. Rm 6, 3-4)
1992 La justification nous a été méritée par la Passion du Christ qui s’est offert sur la Croix en hostie vivante, sainte et agréable à Dieu et dont le sang est devenu instrument de propitiation pour les péchés de tous les hommes. La justification est accordée par le Baptême, sacrement de la foi. Elle nous conforme à la justice de Dieu qui nous rend intérieurement justes par la puissance de sa miséricorde. Elle a pour but la gloire de Dieu et du Christ, et le don de la vie éternelle (cf. Cc. Trente : DS 1529)
1993 La justification établit la collaboration entre la grâce de Dieu et la liberté de l’homme. Elle s’exprime du côté de l’homme dans l’assentiment de la foi à la Parole de Dieu qui l’invite à la conversion.
1994 La justification est l’œuvre la plus excellente de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus et accordé par l’Esprit Saint.
1995 L’Esprit Saint est le maître intérieur. En faisant naître l’ "homme intérieur " (Rm 7, 22 ; Ep 3, 16), la justification implique la sanctification de tout l’être
Source: http://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P6S.HTM
Add. 19h47. Pour le père Lombardi, directeur de la Salle de Presse du Saint-Siège, l'entretien publié le 1er octobre dans le journal italien La Repubblica (proposition 1), "le Pape François "se sent libre de communiquer".
Le père Federico Lombardi a dû répondre aux questions des journalistes réunis en conférence de presse au Vatican. Les questions portaient principalement sur deux récents évènements qui ont suscité beaucoup de nombreux commentaires dans les médias : les réunions du Conseil des Cardinaux et la longue interview du Pape François publiée dans le quotidien italien La Repubblica (proposition 1). [...] il s'agit d' "un dialogue sans préjudice et sans diaphragmes [...]. Il suffit de penser aux personnes qu'il (le pape François) rencontre pendant les audiences ou les différentes rencontres", déclare Le porte-parole du Saint-Siège, qui explique que "le Pape se sent libre de communiquer avec différents genres d'expressions, c'est à nous d'en comprendre la valeur [...]".
[...] le Père Lombardi précise que ce "n'est pas un document écrit du Pape, ni revu par lui". Toutefois, "le sens de ce qui a été exprimé est fiable", car "celui qui a publié le contenu de l'entretien, autorisé par le Pape, est une personne faisant autorité et responsable".
Source: http://radionotredame.net/2013/vie-de-leglise/conseil-des-cardinaux-interview-du-pape-les-explications-du-pere-lombardi/ via http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=733657
Autrement dit, entre la proposition 1 et 2 ce serait la même chose, parce que "le Pape François "se sent libre de communiquer" !
Add. 3 octobre 2013 15h55. Le site d'information traditionaliste de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, La Porte latine a publié un communiqué hier 2 octobre :
La liberté d'expression du pape secoue l'Église - 02 octobre 2013
L'interview du pape François au quotidien "Repubblica" alimente des interrogations au Vatican sur son attachement aux dogmes
Le pape François risque d'apparaître "relativiste" - enclin à ne pas donner une valeur absolue aux dogmes -, dans son interview(1) au quotidien Repubblica, estimaient mercredi des experts du Vatican, décelant un malaise à propos de sa liberté d'expression.
La conférence de presse convoquée par le père Federico Lombardi pour évoquer le "G8" des cardinaux sur la réforme de l'Église s'est rapidement transformée mercredi en un tir nourri de questions sur les modalités dans lesquelles cette interview a été réalisée par le fondateur athée du journal Eugenio Scalfari, le niveau de fiabilité des propos du pape, la fidélité des phrases rapportées.
L'Église doit renforcer son dialogue avec les non croyants, affirmait en substance le pape François dans ce dialogue. Mais il accusait aussi les chefs de l'Église d'avoir "été souvent narcissiques", confiait se sentir parfois "anticlérical". Deux passages surtout ont ému dans les milieux catholiques : quand il a dit que "le prosélytisme est une bêtise", ou quand il a donné l'impression de relativiser la vérité chrétienne : "Chacun de nous, a argumenté le pape, a sa vision du bien et aussi du mal (...). Chacun doit choisir de suivre le bien et combattre le mal comme lui le conçoit. Cela suffirait pour améliorer le monde." (proposition 1)
Une interview "fidèle"
Pressé de questions, le père Lombardi a relevé que cette interview n'est pas "un texte du magistère, mais une transcription d'une conversation avec une personne qui a été autorisée à la publier". Le porte-parole part du principe qu'elle "a été enregistrée" et qu'elle "est fidèle".
Selon le père jésuite, le pape inaugure "un nouveau mode d'expression auquel nous n'étions pas habitués. C'est une autre nouveauté du pape, un terrain nouveau".
Cette interview "sans préjugés ni filtres démontre sa disponibilité à l'égard d'un monde non croyant pas toujours bienveillant", a-t-il dit. "Il n'y a pas eu une révision du texte" avant sa publication, François "ne l'ayant pas relu" comme il avait relu sa longue interview à la revue jésuite Civilta Cattolica, deux semaines plus tôt, a dit le père Lombardi.
"Il n'y a eu aucune raison d'apporter des corrections. Si le pape avait eu l'intention de démentir ou de dire qu'il y avait eu de mauvaises interprétations, il l'aurait dit", a remarqué le porte-parole. Le fait qu'elle ait ensuite été rapportée par le quotidien du Vatican, l'Osservatore Romano, "lui attribue une authenticité".
Source: http://www.laportelatine.org/vatican/sanctions_indults_discussions/27_juin_2013/02_10_2013_pape_francois_interrogation_attachement_aux_dogmes.php via http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=733746
"Il n'y a eu aucune raison d'apporter des corrections. Si le pape avait eu l'intention de démentir ou de dire qu'il y avait eu de mauvaises interprétations, il l'aurait dit".
Or, vu que "Chacun doit choisir de suivre le bien et combattre le mal comme lui le conçoit,", cette déclaration étant jugée "fidèle" par le porte-parole du Saint-Siège, l'Eglise et ses sacrements devient inutile, l'Incarnation du Verbe en vue du rachat du monde des conséquences du péché originel, inutile, et la Rédemption elle-même, inutile. Une précision du pape devient urgente...
Réaction aujourd'hui, 3 octobre, de Sandro Magister sur Chiesa : "Le virage de François"
Le virage de François
Il a dévoilé le véritable programme de son pontificat dans deux interviews et dans une lettre adressée à un intellectuel athée. La différence existant entre lui et les papes qui l'ont précédé apparaît de plus en plus nettement. Dans ce qu'il dit et dans ce qu'il fait
par Sandro Magister
ROME, le 3 octobre 2013 – La première réunion, ces jours-ci, des huit cardinaux appelés en consultation par le pape François et la visite qu’il fera demain à Assise, la ville du saint dont il a pris le nom, sont des actes qui caractérisent certainement ce début de pontificat.
Toutefois, si l’on veut en définir la ligne, quatre événements médiatiques, qui ont eu lieu au cours du mois qui vient tout juste de s’achever, le caractérisent encore mieux :
- l'interview qui a été accordée par le pape Jorge Mario Bergoglio à "La Civiltà Cattolica",
- la lettre par laquelle il a répondu aux questions qui lui avaient été posées publiquement par Eugenio Scalfari (photo), le fondateur du principal quotidien laïc italien, "La Repubblica",
- son entretien-interview organisé ultérieurement avec ce même Scalfari,
- et la lettre répondant à un autre champion de l'athéisme militant, le mathématicien Piergiorgio Odifreddi, lettre qui a été écrite non pas par le pape actuel mais par son prédécesseur, vivant.
Ceux qui veulent comprendre dans quelle direction le pape François veut marcher et en quoi il s’éloigne de Benoît XVI et d’autres papes qui l’ont précédé n’ont qu’à étudier et confronter ces quatre textes.
*
Dans l’interview que le pape Bergoglio a accordée à "La Civiltà Cattolica" il y a un passage qui a été universellement perçu comme un net renversement de ligne par rapport non seulement à Benoît XVI mais également à Jean-Paul II :
"Nous ne pouvons pas insister seulement sur les questions liées à l’avortement, au mariage homosexuel et à l’utilisation de méthodes contraceptives. Ce n’est pas possible. Je n’ai pas beaucoup parlé de ces choses et on me l’a reproché. Mais lorsqu’on en parle, il faut le faire dans un contexte précis. La pensée de l’Église, nous la connaissons et je suis fils de l’Église, mais il n’est pas nécessaire d’en parler en permanence. Les enseignements, tant dogmatiques que moraux, ne sont pas tous équivalents. Une pastorale missionnaire n’est pas obsédée par la transmission désarticulée d’une multitude de doctrines à imposer avec insistance. L’annonce de type missionnaire se concentre sur l’essentiel, sur le nécessaire, qui est aussi ce qui passionne et attire le plus, ce qui rend le cœur tout brûlant, comme l’eurent les disciples d’Emmaüs. Nous devons donc trouver un nouvel équilibre, autrement l’édifice moral de l’Église risque lui aussi de s’écrouler comme un château de cartes, de perdre la fraîcheur et le parfum de l’Évangile".
Évidemment, le pape François est bien conscient du fait que, pour les deux papes qui l’ont précédé, la priorité absolue était également l'annonce de l’Évangile ; que, pour Jean-Paul II, la miséricorde de Dieu était tellement centrale qu’il lui consacrait un dimanche de l'année liturgique ; que Benoît XVI a consacré précisément à Jésus vrai Dieu et vrai homme le livre de sa vie de théologien et de pasteur ; que, en somme, rien de tout cela ne le sépare d’eux.
Le pape François saura aussi que la même considération est également valable pour les évêques qui, plus que tous, ont agi en pleine harmonie avec les deux papes qui l’ont précédé. Par exemple, en Italie, le cardinal Camillo Ruini, dont le "projet culturel" a centré des événements pivots précisément sur Dieu et sur Jésus.
Cependant il y avait, chez Karol Wojtyla comme chez Joseph Ratzinger ou chez des pasteurs tels que Ruini ou encore, aux États-Unis les cardinaux Francis George et Timothy Dolan, l'intuition que l’annonce de l’Évangile ne peut pas être dissociée, aujourd’hui, d’une lecture critique de la nouvelle vision progressiste de l’homme, qui forme un contraste radical avec l'homme créé par Dieu à son image et à sa ressemblance, et d’une action de direction pastorale qui en découle.
Et c’est là que le pape François se différencie. Dans l’interview qu’il a accordée à "La Civiltà Cattolica" il y a un autre passage-clé. Au père Antonio Spadaro qui l’interroge sur l’actuel "défi anthropologique", il répond de manière évasive. Il montre qu’il n’a pas perçu la gravité historique du changement de civilisation analysé et contesté avec vigueur par Benoît XVI et, avant celui-ci, par Jean-Paul II. Il montre qu’il est convaincu qu’il vaut mieux répondre aux défis de l’époque actuelle par la simple annonce du Dieu miséricordieux, de ce Dieu "qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et qui fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes".
En Italie, mais pas seulement dans ce pays, cette orientation alternative à Jean-Paul II, à Benoît XVI et au cardinal Ruini était représentée par le cardinal jésuite Carlo Maria Martini.
Aux États-Unis, elle était représentée par le cardinal Joseph L. Bernardin, avant que le leadership de la conférence des évêques ne passe aux cardinaux George et Dolan, très fidèles à Wojtyla et à Ratzinger.
Les disciples et admirateurs de Martini et de Bernardin voient aujourd’hui en François le pape qui concrétise leurs espoirs de revanche.
Le cardinal Martini était et continue à être très populaire y compris dans l'opinion publique extérieure et hostile à l’Église et le même phénomène se produit pour le pape actuel.
*
L’échange de lettres et le dialogue ultérieur entre le pape François et l'athée proclamé Scalfari contribuent à expliquer cette popularité du pape y compris "in partibus infidelium".
Il y avait déjà, dans l'article du 7 août où Scalfari posait des questions au pape actuel, un passage qui donnait des indications sur l’opinion positive que le fondateur de "la Repubblica" avait de lui:
“Votre mission contient deux nouveautés scandaleuses : l’Église pauvre de François, l’Église horizontale de Martini. Et une troisième : un Dieu qui ne juge pas mais qui pardonne. Il n’y a pas de damnation, il n’y a pas d’enfer”.
Ayant reçu et publié la lettre de réponse du pape Bergoglio, Scalfari l’a commentée, ajoutant avec satisfaction cette autre considération :
"Jamais la chaire de saint Pierre n’avait fait preuve d’une ouverture d’une telle ampleur vers la culture moderne et laïque, d’une vision aussi profonde en ce qui concerne la conscience et son autonomie". (proposition 1, NdCR.)
En affirmant cela, Scalfari se référait en particulier à ce que le pape François lui avait écrit à propos de la primauté de la conscience :
“La question porte sur l’obéissance de chacun à sa conscience. Le péché, même dans le cas de quelqu’un qui n’a pas la foi, existe lorsque l’on va contre sa conscience. Écouter celle-ci et lui obéir signifie, en effet, prendre une décision face à ce qui est perçu comme bon ou comme mauvais. Et c’est la nature de cette décision qui détermine si ce que nous faisons est bon ou mauvais”.
Le pape François n’avait rien ajouté d’autre. Et certains lecteurs avertis se sont demandé comment pouvait être formée cette définition tellement subjective de la conscience, dans laquelle l'individu apparaît comme la seule instance de décision, avec l'idée de conscience comme cheminement de l'homme vers la vérité, idée approfondie par des siècles de réflexion théologique, depuis Augustin jusqu’à Newman, et rappelée avec vigueur par Benoît XVI.
Mais, lors de son entretien ultérieur avec Scalfari, le pape François a été encore plus drastique dans sa réduction de la conscience à un acte subjectif :
"Chacun de nous a sa propre vision du bien et du mal et il doit choisir de suivre le bien et de combattre le mal tels qu’il les conçoit. Cela suffirait pour changer le monde". (proposition 1, NdCR.)
Dès lors il n’est pas étonnant que Scalfari, homme des Lumières et athée, ait écrit qu’il "était parfaitement d’accord" avec ces expressions de Bergoglio à propos de la conscience.
De même que l’on n’est pas non plus surpris par l’accueil bienveillant qu’il réserve à ces autres propos du pape, qui constituent presque un programme pour le nouveau pontificat, autrement dit "le plus urgent des problèmes auxquels l’Église est confrontée" :
"Notre objectif n’est pas le prosélytisme mais l'écoute des besoins, des désirs, des déceptions, du désespoir, de l’espérance. Nous devons redonner l’espérance aux jeunes, aider les vieux, ouvrir vers l’avenir, répandre l'amour. Pauvres parmi les pauvres. Nous devons inclure les exclus et prêcher la paix. Vatican II, inspiré par le pape Jean et par Paul VI, a décidé de regarder l’avenir avec un esprit moderne et d’ouvrir à la culture moderne. Les pères conciliaires savaient qu’ouvrir à la culture moderne voulait dire œcuménisme religieux et dialogue avec les incroyants. Depuis ce moment-là, très peu a été fait dans cette direction. J’ai l’humilité et l’ambition de vouloir le faire".
Il n’y a rien, dans ce programme de pontificat, qui puisse ne pas être apprécié par l'opinion laïque dominante. Même le jugement selon lequel Jean-Paul II et Benoît XVI auraient fait "très peu" en matière d’ouverture à l’esprit moderne est en ligne avec cette opinion. Le secret de la popularité du pape François réside dans la générosité avec laquelle il se conforme aux attentes de la "culture moderne" et dans l’adresse avec laquelle il esquive ce qui pourrait devenir un signe de contradiction.
En cela aussi, il se différencie nettement de ses prédécesseurs, Paul VI compris. Il y a, dans l’homélie prononcée à la mort du pape Giovanni Battista Montini, le 10 août 1978, par Ratzinger, qui était alors archevêque de Munich, un passage qui est extraordinairement éclairant, notamment en raison de son appel à la conscience "qui se mesure sur la vérité" :
"Un pape qui, aujourd’hui, ne ferait pas l’objet de critiques manquerait à son devoir vis-à-vis de cette époque. Paul VI a résisté à la télécratie et aux sondages d’opinion, les deux puissances dictatoriales actuelles. Il a pu le faire parce qu’il ne prenait pas comme paramètre le succès et l’approbation, mais bien la conscience, qui se mesure sur la vérité, sur la foi. Et c’est pour cette raison que, en de nombreuses occasions, il a cherché le compromis : la foi laisse beaucoup de choses ouvertes, elle offre un large spectre de décisions, elle impose comme paramètre l’amour, qui se sent des obligations envers le tout et qui impose donc beaucoup de respect. Voilà pourquoi il a pu être inflexible et décidé lorsque l’enjeu était la tradition essentielle de l’Église. En lui cette dureté ne résultait pas de l’insensibilité de celui dont le cheminement est dicté par le plaisir du pouvoir et par le mépris envers les gens, mais de la profondeur de sa foi, qui l’a rendu capable de supporter les oppositions".
*
Une confirmation de ce qui différencie le pape François de ses prédécesseurs est justement arrivée sous la forme de la lettre par laquelle Ratzinger-Benoît XVI – mettant fin au silence qui a suivi sa démission – a répondu au livre "Caro papa, ti scrivo" [Cher pape, je t’écris] qu’avait publié en 2011 le mathématicien Piergiorgio Odifreddi.
Les deux derniers papes dialoguent volontiers, l’un comme l’autre, avec des athées proclamés et des leaders d'opinion laïcs, mais ils le font sous des formes très différentes. Alors que François esquive les pierres de scandale, Ratzinger, lui, les met en évidence.
Il suffit, pour s’en rendre compte, de lire ce passage de la lettre qu’il a adressée à Odifreddi :
"Ce que vous dites à propos du personnage de Jésus n’est pas digne de votre rang scientifique. Si vous posez la question comme si, au fond, on ne savait rien à propos de Jésus et s’il n’y avait rien de vérifiable à Son sujet, en tant que personnage historique, alors je ne peux que vous inviter, de manière décidée, à vous rendre un peu plus compétent au point de vue historique. Pour cela je vous recommande surtout les quatre volumes que Martin Hengel (exégète à la Faculté de théologie protestante de Tübingen) a publiés avec Maria Schwemer : c’est un excellent exemple de précision et de très vaste information historique. Face à cela, les propos que vous tenez au sujet de Jésus sont hasardeux et vous ne devriez pas recommencer. Il est malheureusement incontestable que, dans l’exégèse, beaucoup de choses peu sérieuses ont été écrites. Le séminaire américain consacré à Jésus que vous citez aux pages 105 et suivantes ne fait que confirmer une fois de plus ce qu’Albert Schweitzer avait noté à propos de la Leben-Jesu-Forschung (recherches sur la vie de Jésus), à savoir que ce que l’on appelle le 'Jésus historique' est, le plus souvent, le reflet des idées des auteurs. Cependant ces formes peu réussies de travail historique ne compromettent pas du tout l'importance de la recherche historique sérieuse, qui nous a conduits à des connaissances vraies et sûres en ce qui concerne l'annonce et le personnage de Jésus".
Et plus loin il ajoute :
"Si vous voulez remplacer Dieu par 'La Nature', il reste la question de savoir qui est ou ce qu’est cette nature. Vous ne la définissez nulle part et elle apparaît donc comme une divinité irrationnelle qui n’explique rien du tout. Toutefois je voudrais surtout vous faire encore remarquer que, dans votre religion de la mathématique, il reste trois thèmes fondamentaux de l'existence humaine qui ne sont pas pris en considération : la liberté, l'amour et le mal. Je suis étonné que vous liquidiez, en un seul aperçu, la liberté qui, cependant, a été et est toujours la valeur portante de l'époque moderne. Dans votre livre l'amour n’apparaît pas et même à propos du mal il n’y a aucune information. Quoi que la neurobiologie dise ou ne dise pas à propos de la liberté, celle-ci est présente dans le drame réel de notre histoire comme une réalité déterminante et elle doit être prise en considération. Mais votre religion mathématique ne connaît aucune information relative au mal. Une religion qui laisse de côté ces questions fondamentales reste vide.
"La critique que je fais de votre livre est dure en partie. Mais la franchise fait partie du dialogue ; ce n’est qu’ainsi que la connaissance peut progresser. Vous avez été très franc et vous accepterez donc que je le sois, moi aussi. Mais, en tout cas, je porte un jugement très positif sur le fait que vous ayez, à travers votre confrontation avec mon 'Introduction au christianisme', cherché un dialogue aussi ouvert avec la foi de l’Église catholique et que, en dépit de toutes les oppositions, dans le domaine central, les convergences ne soient pas du tout absentes".
*
Jusqu’ici il n’a été question que de ce qui avait été dit. Mais les faits aussi commencent à différencier les deux derniers papes l’un de l’autre.
L’interdiction qui a été faite par le pape Bergoglio à la congrégation des religieux franciscains de l'Immaculée de célébrer la messe selon le rite ancien a été une restriction réelle de la liberté de célébrer selon ce rite que Benoît XVI avait assurée à tous.
Il ressort des conversations qu’il a eues avec les gens qui lui rendent visite que Ratzinger lui-même a perçu cette restriction comme un "vulnus" à son motu proprio de 2007 "Summorum pontificum".
Dans l’interview qu’il a accordée à "La Civiltà Cattolica" le pape François a liquidé la libéralisation de l’usage du rite ancien décidée par Benoît XVI en la qualifiant de simple "choix prudentiel lié à l’aide apportée à des personnes qui avaient cette sensibilité particulière", alors que l'intention explicite de Ratzinger – qu’il avait exprimée en son temps dans une lettre adressée aux évêques du monde entier – était au contraire que "les deux formes d’utilisation du rite romain puissent s’enrichir réciproquement".
Dans cette même interview le pape François a défini la réforme liturgique postconciliaire comme "un service au peuple en tant que relecture de l’Évangile à partir d’une situation historique concrète". Cette définition est fortement réductrice par rapport à la conception de la liturgie qui était celle de Ratzinger, théologien et pape.
De plus, toujours dans ce domaine, le pape François a remplacé en bloc, le 26 septembre dernier, les cinq consulteurs du service des célébrations liturgiques pontificales.
Parmi ceux qui ont été renvoyés, il y a, par exemple, le père Uwe Michael Lang, un liturgiste dont le livre le plus important, consacré à l'orientation "vers le Seigneur" de la prière liturgique, a été préfacé par Ratzinger lui-même.
Alors que, parmi ceux qui ont été nommés, il y a des liturgistes beaucoup enclins à soutenir le style de célébration du pape François, lui aussi visiblement éloigné de l’"ars celebrandi", inspiré, de Benoît XVI.
__________
L'interview accordée à "La Civiltà Cattolica" par le pape François, qui a été publiée en plusieurs langues le 19 septembre :
> Interview du pape François
La lettre adressée par le pape à Eugenio Scalfari, qui a été publiée dans "La Repubblica" du 11 septembre :
> "Pregiatissimo Dottor Scalfari…"
L’entretien ultérieur entre le pape et Scalfari, qui a eu lieu le 24 septembre à la résidence Sainte-Marthe, au Vatican, et qui a été publié dans "La Repubblica" du 1er octobre :
> Il papa a Scalfari : Così cambierò la Chiesa
Les passages de la lettre de Joseph Ratzinger à Piergiorgio Odifreddi qui ont été publiés en avant-première dans "la Repubblica" du 24 septembre :
> Ratzinger : Caro Odifreddi, le racconto chi era Gesù
__________
Avant d’être en contact avec le pape Bergoglio, Scalfari l’a été, de manière encore plus intense, avec le cardinal jésuite Carlo Maria Martini, archevêque de Milan de 1979 à 2002.
En particulier, Scalfari avait consacré un compte-rendu très favorable au livre qui est peut-être le plus révélateur de la vision du christianisme et de l’Église qui était celle de ce cardinal, "Conversations nocturnes à Jérusalem. Sur le risque de la foi", publié en 2008, un livre très lu et très discuté dans et hors de l’Église :
> Dieu n'est pas catholique. Parole de cardinal
En tant qu’athée déclaré, Scalfari a écrit qu’il trouvait réconfortant que "pour Martini, le Fils de l'Homme soit beaucoup plus prégnant que le Fils de Dieu".
A l'époque, une expression employée par Martini dans ce livre avait marqué les esprits : "On ne peut pas rendre Dieu catholique". Il est significatif qu’elle soit réapparue dans la bouche du pape François lors de l’entretien avec Scalfari, le 24 septembre dernier : "Je crois en Dieu. Pas en un Dieu catholique, il n’existe pas de Dieu catholique, il existe Dieu".
__________
À propos de l'apogée et du crépuscule du leadership exercé par le cardinal Joseph L. Bernardin dans l’Église catholique des États-Unis, une analyse approfondie est celle qui a été publiée par George Weigel dans le magazine "First Things" au mois de février 2011 :
> The End of the Bernardin Era
__________
Benoît XVI a réfléchi à la question de la conscience en particulier en 2010, au cours de son voyage en Grande-Bretagne marqué par la béatification de John Henry Newman et plus encore dans le discours de vœux adressé à la curie romaine avant Noël de cette même année :
> "Conscience signifie la capacité de l’homme à reconnaître la vérité..."
Quant à l'homélie prononcée à la mort de Paul VI par celui qui était alors le cardinal Ratzinger, elle contient également une référence à la conscience "qui se mesure à la vérité" et elle a été publiée pour la première fois au début du mois d’août dernier dans un numéro spécial de "L'Osservatore Romano", à l’occasion du cinquantième anniversaire de l'élection du pape Montini.
__________
Traduction française par Charles de Pechpeyrou.
__________
[...]
Pour d'autres informations et commentaires, voir le blog que tient Sandro Magister, uniquement en italien:
__________
3.10.2013
Source: http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350615?fr=y
Add. 4 octobre 2013, 18h47. Premières solutions à la nouvelle conception de la conscience du Pape François : Un enseignement de Mgr Léonard et une "paposcopie" de Jean Mercier sur La Vie
En effet, le gouvernement socialiste a annoncé, dans le rapport économique, social et financier qu’il a adressé mardi 1er octobre à la Commission européenne, une baisse du taux des prélèvements obligatoires qui serait effective qu’à partir de 2017, soit à la fin du quinquennat de François Hollande.
Le site Francetv info est revenu sur ces annonces :
Source (et suite): http://www.francetvinfo.fr/economie/impots/les-impots-baisseront-a-partir-de-2017_424703.html via http://www.nationspresse.info/aucune-baisse-dimpots-nest-prevue-avant-2017/?
. Nicolas Doze décrypte les mensonges de François Hollande lors de son interview du 15 septembre 2013
. Moi président augmente les impôts en 2013 et 2014
. Pierre Moscovici «très sensible au ras-le-bol fiscal»
. Le fiasco budgétaire de François Hollande : les impôts augmentent, le déficit aussi...
Les Québécois n'ont jamais rejeté la religion catholique. C’est ce que viennent confirmer les maisons de sondage jour après jour. Et pourtant, à écouter les discours dans nos médias, « on » n’en finit plus d’affirmer qu’« on » a mis la religion dehors volontairement.
[...]
ON?
Pas la majorité du peuple québécois, mais une petite élite athée regroupée autour du Mouvement laïque québécois qui n’a jamais toléré l’existence d’une transcendance reconnue par la population et travaille depuis des décennies à éradiquer progressivement les traces du christianisme sur le territoire québécois. Le procès fait par le Mouvement laïque québécois contre le Maire Tremblay et la prière traditionnelle centenaire à l’hôtel de ville en est un exemple flagrant, alors que la majorité de la population approuve la résistance du maire Tremblay.
Rappelons que le premier ministre Lesage affirmait avoir perdu ses élections aux mains de Daniel Johnson père parce qu’il avait retiré des mains du clergé le contrôle de l’éducation et que la perte de confessionnalité des commissions scolaires et des écoles s’est faite contre la volonté majoritaire de la population québécoise. De même pour l’instauration du cours d’Éthique et Culture religieuse que le bon sens populaire n’a jamais et n’aurait jamais demandé…
Ce qui est très étonnant dans ce débat, c’est justement le discours de réécriture de l’histoire sur la Révolution tranquille faite par « les Québécois »… Non, jamais les Québécois n’ont voulu l’exclusion de leur religion chrétienne.
Seul un petit groupe d’intellectuels intolérants s’est arrogé le droit de parler au nom des « Québécois ». Il est étonnant que des journalistes et des éditorialistes bien renseignés feignent de s’en étonner…
(L'éditorialiste André Pratte) Sur le site du journal La Presse du 24 septembre 2013 :
" (...)
Cela dit, l’opinion de la majorité «de souche» n’est pas dépourvue de paradoxes. Par exemple, l’extraordinaire attachement au catholicisme. Je sais bien que cette attachement est de nature culturelle plutôt que religieuse. Nous aimons les traditions, le rappel de notre histoire, l’architecture imposant des églises. Néanmoins, comme le Québec est censé avoir rompu radicalement avec l’Église, je trouve étonnant que, selon notre récent sondage CROP:
- 78% des Québécois trouvent «important de préserver les symboles historiques catholiques;
- 56% estiment que «la religion catholique devrait avoir un statut spécial au Québec.
Où est passée notre colère contre les curés qui, selon nos historiens et nos souvenirs, nous auraient si durement dominés? N’aurions-nous pas dû souhaiter la disparition de tout ce qui nous rappelle cette époque supposément pénible?
(...) Pourtant, toujours selon le sondage CROP:
- 62% des Québécois disent appartenir à une religion. «Appartenir», ce n’est pas rien.
- 61% des personnes interrogées affirment que «ma religion est importante pour moi». De quelle religion parlent-elles? Du catholicisme? Je pensais qu’on l’avait rejeté…
(...) Chose certaine, le Québécois moyen ne semble pas aussi éloigné de la religion, catholique ou autre, qu’on l’entend souvent dire. (...)
Source: http://blogues.lapresse.ca/edito/2013/09/24/nos-paradoxes-religieux/
Peut-être que la minorité du « ON » devrait cesser de s'imaginer qu'elle parle au nom du peuple québécois? Et ce « ON », selon les sondages, c'est le laïc intolérant et fermé, flirtant avec le Mouvement laïc québécois, dont le sociologue Guy Rocher, prix Condorcet 2009, est l'illustration...
(Guy Rocher, co-auteur du rapport Parent que la population avait rejeté, est l'un des propagateur de la fable « historique » sur le « rejet » de la population québécoise de la foi chrétienne.)
Source : http://www.cqv.qc.ca/fr/les-quebecois-nont-jamais-rejete-la-religion-catholique-et-chretienne-de-nouveaux-sondages-le-confir via http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=733557
Malgré l'annonce tonitruante, le 14 août dernier, d'un rebond de la croissance (dû à un hiver plus froid) (+0,5%), malgré la "boîte à outils" d'un François Hollande qui affirmait le 14 juillet, "la reprise est là", le 8 août "il y a quelque chose qui se passe"..., la hausse des défaillances d'entreprises s'est plus que confirmée cet été (+ 4,4 %) ! Résultat : 174.000 emplois en moins sur un an !
Au 21 septembre 2013, la croissance ne démarre toujours pas...
Le Figaro: Niveau record des défaillances d'entreprises cette année
Malgré la bonne surprise du rebond de la croissance au deuxième trimestre (+ 0,5 %), après six mois de repli, peut-on pour autant parler de reprise en France? Pas encore au regard de la hausse des défaillances d'entreprises observée sur le début de l'année (+ 2,1 % au premier semestre) et qui s'est plus que confirmée cet été (+ 4,4 %), se traduisant par la destruction de 174.000 emplois sur un an, indique Euler Hermes, le leader mondial de l'assurance-crédit.
[...] Toutes les régions, sauf trois (Paca, Limousin et Basse-Normandie), sont touchées et la majorité des secteurs d'activité sont concernés, avec en particulier des niveaux de défaillances records dans l'hébergement restauration (+ 16,4 %), les services aux entreprises (+ 11,5 %), le commerce automobile (+ 10,2 %), le commerce de détail (+ 8 %) et les services aux particuliers (+ 7,4 %).
[...] Malgré la mise en place par le gouvernement d'une «boîte à outils» pour encourager l'investissement (Bpifrance, CICE, CIR, Programme investissement avenir, réforme du code des assurances…), les entreprises restent sous pression avec un taux de marge au plus bas.
via https://fr-fr.facebook.com/Hollandouille1er/posts/603404829703344
. "La reprise est là" (François Hollande, 14 juillet 2013)
. François Hollande sur la croissance : «il y a quelque chose qui se passe» (8 août 2013)
Une catholique mexicaine, mère de neuf enfants, qui a connu le cardinal Bergoglio quand il était archevêque de Buenos Aires, écrit au pape François pour lui exprimer sa perplexité face à ses prises de position ambivalentes et lui demander d'appeler "le pain, pain et le vin, vin, péché, péché et vertu, vertu".
Perplexité
Une lettre au Pape François
Je partage avec vous (ndt: les lecteurs du blog) la lettre que j’ai envoyée ce matin à notre Pape François. Je pense qu’il la recevra d’ici deux jours à partir d’aujourd’hui.
Huixquilucán, Mexique, le 23 septembre 2013
---
Très cher Pape François,
J’ai beaucoup de plaisir à avoir cette opportunité de te saluer.
Tu ne te rappelles sûrement pas de moi et je le comprends, car, en voyant tant de personnes chaque jour, il doit être très difficile pour toi de te rappeler les personnes avec lesquelles tu as dialogué, et vécu un instant de ta vie.
Tout au long des dernières 12 années, nous nous sommes rencontrés, toi et moi, plusieurs fois, dans des réunions, des rencontres et des congrès de l’Église, qui se sont déroulés dans des villes d’Amérique centre et du sud sur différents sujets (communication, catéchisme, éducation), ce qui m’a donné l’occasion de vivre avec toi plusieurs jours, en dormant sous le même toit, en partageant la même salle à manger et jusqu’à la même table de travail.
À cette époque tu étais l’archevêque de Buenos Aires et j’étais la directrice d’un important média catholique. Maintenant tu n’es rien de plus et rien de moins que le Pape et moi… seulement une mère de famille, chrétienne, avec un époux très bon et neuf enfants, qui donne des cours de mathématiques et qui essaie de collaborer le mieux qu’elle peut avec l’Église, du lieu où Dieu l’a mise.
De ces réunions auxquelles nous nous sommes trouvés ensemble, il y a déjà quelques années, je me rappelle que, à plus d’une occasion, tu t’es adressé à moi en me disant : « Fillette, appelle-moi Jorge Mario, nous sommes amis », à quoi j’ai répondu apeurée : « En aucune façon, M. le Cardinal ! Dieu me préserve de tutoyer l’un de ses princes sur la Terre ! »
Maintenant, au contraire, oui, j’ose te tutoyer, car tu n’es plus le Card. Bergoglio, mais le Pape, mon Pape, le doux Christ sur la terre, à qui j’ai la confiance de m’adresser comme à mon propre père.
Je me suis décidée à t’écrire parce que je souffre et j’ai besoin que tu me consoles . Je vais t’expliquer ce qui m’arrive, en essayant d’être la plus brève possible. Je sais que tu aimes consoler ceux qui souffrent et maintenant je suis l’un de ceux-là.
Quand j’ai fait pour la première fois ta connaissance, alors que tu étais le cardinal Bergoglio, et durant ces moments de vie partagée proche l’un de l’autre, cela a attiré mon attention et m’a déconcertée que tu ne faisais jamais les choses comme les autres cardinaux et évêques. Pour donner quelques exemples, tu étais le seul d’entre eux à ne pas faire la génuflexion face au Saint Sacrement ni durant la Consécration ; si tous les évêques se présentaient en soutane ou en costume qui allait jusqu’aux talons, parce que c’est ainsi que les normes de la réunion le demandaient, tu te présentais en costume de ville avec le col romain. Si tous s’asseyaient aux places réservées pour les évêques et les cardinaux, tu laissais le siège vide du cardinal Bergoglio, et tu t’asseyais même à l’arrière, en disant : « ici je suis mieux, ici je me sens plus à l’aise ». Si les autres arrivaient dans une voiture correspondant à leur dignité d’évêque, toi tu arrivais, plus tard que les autres, occupé et pressé, en racontant à haute voix tes rencontres dans le transport en commun public que tu avais choisi pour arriver à la réunion.
En voyant ces choses, - quelle honte de le raconter !, je me disais en moi-même :
– « Eh bien…quelles envies d’attirer l’attention! Parce que, si on veut être vraiment humble et simple, il serait mieux se comporter comme les autres évêques pour passer inaperçu ? »
Mes amis argentins qui eux aussi assistaient à ces réunions, remarquèrent d’une certaine manière mon désaccord et me disaient :
- « Non, non tu n’es pas la seule. Il nous déconcerte toujours, car nous savons qu’il a les critères clairs puisque dans ses discours formels, il montre des convictions et une certitude toujours fidèles au Magistère et à la Tradition de l’Église ; c’est un courageux et fidèle défense de la droite doctrine. Mais… au paraître, il aime avoir un bon accueil de tous et être bien avec tout le monde, de sorte qu’il peut un jour dire un discours à la télévision contre l’avortement et le jour suivant à la même télévision, apparaître en train de bénir les féministes pro-avortement sur la « Plaza de Mayo » ; il peut dire un discours merveilleux contre les francs-maçons et, quelques heures après, être en train de dîner et de trinquer avec eux au Rotary Club » .
Mon cher Pape François, celui qui fut le cardinal Bergoglio, que j’ai connu de près: un jour parlant avec animation avec Mgr Duarte et Mgr Aguer au sujet de la défense de la vie et de la Liturgie et, ce même jour, au dîner, conversant, toujours avec animation, avec Mgr Ysern et Mgr Rosa Chávez au sujet des communautés de base et les terribles barrières que signifient « les enseignements dogmatiques » de l’Église. Un jour, ami du Cardinal Cipriani et du Cardinal Rodríguez Maradiaga, parlant de l’éthique de l’entreprise et contre les idéologies New Age et, un instant après, ami de Casaldáliga et de Boff, en parlant de la lutte des classes et de la « richesse » que les techniques orientales peuvent apporter à l’Église .
Avec ces antécédents, tu comprendras que j’ai ouvert des yeux énormes quand j’ai entendu ton nom après le “Habemus Papam” et depuis lors (avant que tu ne le demandes) j’ai prié pour toi et pour ma chère Église. Et je n’ai cessé de le faire, pas même un seul jour, depuis lors.
Quand je t’ai vu sortir au balcon, sans mitre (ce n'est pas la coutume de porter une mitre en cette occasion) et sans mozette, rompant le protocole du salut et la lecture du texte en latin (pour la bénédiction), en cherchant avec cela à te différencier du reste des Papes de l’histoire, j’ai dit en souriant préoccupée au fond de moi:
- « Oui, il n’y a pas de doute. Il s’agit du cardinal Bergoglio ».
Dans les jours qui ont suivi ton élection, tu m’as donné plusieurs occasions pour confirmer que tu étais le même que celui que j’avais connu de près, toujours cherchant à être différent, donc tu as demandé des choses différentes, un anneau différent, une croix différente, une chaise différente et même une chambre et une maison différente du reste des Papes, qui toujours s’étaient accommodés du déjà existant, sans requérir des choses « spéciales » pour eux.
En ces jours-là j’étais en train de récupérer de la douleur immense que je ressentais de la renonciation de mon très cher et très admiré Pape Benoît XVI, avec lequel je m’étais identifiée dès le début d’une manière extrême, par la clarté de ses enseignements (c’est le meilleur professeur du monde), par sa fidélité à la Sainte Liturgie, pour son courage à défendre la droite doctrine au milieu des ennemis de l’Église et pour mille choses de plus que je ne vais pas énumérer.
Avec lui au gouvernail de la Barque de Pierre, je sentais que je marchais sur la terre ferme. Et avec sa renonciation, j’ai senti que la terre disparaissait sous mes pieds mais je l’ai compris, car réellement les vents étaient trop tempétueux et la papauté signifiait quelque chose de trop rude pour ses forces diminuées par l’âge, dans la terrible et violente guerre culturelle qu’il livrait. Je me sentais comme abandonnée au milieu de la guerre, en plein tremblement de terre, dans le plus féroce d’un ouragan et ce fut le moment où tu es arrivé pour le remplacer à la barre du gouvernail ! Nous avons un capitaine de nouveau, rendons grâce à Dieu ! J’avais complètement confiance (sans aucun doute sur le moyen) en ce que, avec l’assistance de l’Esprit Saint, avec la prière des tous les fidèles, avec le poids de la responsabilité, avec le conseil de l’équipe de travail au Vatican et avec la conscience d’être observé par le monde entier, le Pape François laisserait derrière les choses spéciales et les ambivalences du Cardinal Bergoglio et prendrait immédiatement le commandement de l’armée, pour, avec des forces renouvelées, continuer sur ses pas dans la lutte intense que son prédécesseur venait de livrer.
Mais, à ma grande surprise et confusion, mon nouveau général, au lieu de prendre les armes en arrivant, a commencé son mandat en utilisant le temps du Pape pour téléphoner à son coiffeur, à son dentiste, à son gardien et à son vendeur de journaux , attirant les regards sur sa personne et non vers les affaires relevant de la papauté .
Six mois ont passé depuis lors et je reconnais avec affection et émotion que tu as fait des trillons de bonnes choses.
J’aime beaucoup (énormément) tes discours formels (aux politiques, aux gynécologues, aux communicants, à la Journée de la Paix, etc.) et tes homélies lors des Fêtes Solennelles, parce qu’en elles, on note une minutieuse préparation et une profonde méditation de chaque parole employée. Tes paroles, dans ces discours et homélies ont été un véritable aliment pour mon esprit. J’aime beaucoup que les gens t’aiment et t’applaudissent. Tu es mon Pape, le Chef Suprême de mon l’Église, de l’Église du Christ !
Cependant, et c’est la raison de ma lettre, je dois te dire que j’ai aussi souffert (et souffre) de beaucoup de tes paroles, parce que tu as dit des choses que j’ai ressenties comme des estocades dans le bas ventre à mes intentions sincères de fidélité au Pape et au Magistère.
* * *
Je me sens triste, oui, mais le meilleur mot pour exprimer mes sentiments actuels c’est la perplexité. Je ne sais, vraiment pas ce que je dois faire, je ne sais ce que je dois dire et ce que je dois taire, je ne vers où tirer ou lâcher. J’ai besoin que tu m’orientes, cher Pape François. Vraiment je souffre, et beaucoup, de cette perplexité qui me maintient immobile.
Mon grave problème est que j’ai consacré une grande partie de ma vie dans l’étude de la Sainte Écriture, de la Tradition et du Magistère, avec comme objectif d’avoir des raisons fermes pour défendre ma foi. Et maintenant, beaucoup de ces bases fermes sont devenues contradictoires avec ce que mon cher Pape fait et dit. Je suis perplexe, vraiment, et j’ai besoin que tu me dises ce que je dois faire.
Je m’explique avec quelques exemples :
Je ne peux pas applaudir un Pape qui ne fait pas la génuflexion face au Saint Sacrement ni au moment de la Consécration comme le marque le rituel de la Messe, mais je ne peux pas non plus le critiquer car c’est le Pape!
Benoît XVI nous a demandé dans la lettre apostolique Ecclesiae Unitatem que nous informions l’évêque du lieu des infidélités et des abus liturgiques que nous verrions. Mais… dois-je informer le Pape, ou qui au-dessus de lui, que le Pape ne respecte pas la liturgie ? Ou que le Pape ne s’y reporte pas ? Je ne sais ce que je dois faire. Je désobéis aux indications de notre Pape émérite.
Je ne peux pas me sentir heureuse de ce que tu aies éliminé l’usage de la patène et des prie-Dieu pour les communiants, et cela m’enchante encore moins que tu ne t’abaisses jamais à donner la communion aux fidèles, que tu ne te nommes pas « le Pape » mais seulement « l’évêque de Rome », que tu n’utilises plus l’anneau du pécheur, mais de cela non plus je ne peux pas me plaindre, car tu es le Pape !
Je ne peux pas me sentir fière de ce que tu aies lavé les pieds d’une femme musulmane le Jeudi Saint, car c’est une violation des normes liturgiques, mais je ne peux en dire un mot, car tu es le pape, celui que je respecte et à qui je dois être fidèle !
J’ai beaucoup souffert quand tu as puni les frères franciscains de l’Immaculée parce qu'ils célébraient la Messe dans le rite ancien car ils avaient la permission expresse de ton prédécesseur, par le motu proprio "Summorum Pontificum". Et les punir signifie aller contre les enseignements des Papes antérieurs. Mais à qui puis-je conter ma souffrance ? Tu es le Pape!
Je n’ai su quoi penser ni quoi dire quand tu t’es moqué publiquement du groupe qui t’a envoyé une petit couronne spirituelle en les appelant « ceux qui comptent les prières ». La couronne spirituelle est une très belle tradition dans l’Église, que dois-je penser, si mon Pape n’aime pas et qu’ils se moquent de ceux qui les ont offerts ( cf. benoit-et-moi.fr/2013-II/articles/le-pape-franois-dialogue-avec-la-clar et également benoit-et-moi.fr/2013-II/articles/le-conte-du-confessionnal)?
J’ai mille amis « pro-vie » qui, étant des catholiques d’excellence, tu les as renversés, il y a quelques jours quand tu les as nommés obsédés et obsessionnels. Que dois-je faire ? Les consoler, en adoucissant faussement tes paroles ou les blesser plus en répétant ce que tu as dit d’eux, pour vouloir être fidèle au Pape et à ses enseignements ?
Aux JMJ tu as appelé les jeunes « à provoquer la pagaille dans les rues ». Le mot « pagaille ». Le mot « pagaille », à ce que j’en sais, est synonyme de désordre, chaos, confusion. Vraiment c’est cela que tu veux que les jeunes chrétiens provoquent dans les rues? N’y a-t-il pas assez de confusion et de désordre pour l’augmenter ?
Je connais beaucoup de femmes célibataires d’un certain âge (vieilles filles) qui sont pleines de joie, très sympathiques et très généreuses et qui se sont senties de vrais rebuts quand tu as dit aux religieuses qu’elles ne devaient pas avoir des têtes de vieilles filles. Tu as fait sentir très mal mes amies et moi j’ai eu mal à l’âme pour elles, car il n’y a rien de mal à être restée célibataire et consacrer sa vie aux bonnes œuvres. Que dois-je dire à mes amis « veilles filles » ? Que le Pape ne parlait pas sérieusement (chose que ne peut faire un Pape) ou mieux je leur dis que je soutiens le Pape dans le fait que toutes les vieilles filles ont des têtes de religieuses aigries .
Il y a deux semaines environ tu as dit que « ce que nous étions en train de vivre, c’était l’un des meilleurs temps de l’Église ». Comment le Pape peut-il dire cela, quand nous savons qu’il y a des millions de jeunes catholiques qui vivent en concubinage et tant d’autres millions de mariés catholiques qui prennent des moyens de contraception, quand le divorce est « notre pain quotidien » et que des millions de mères catholiques tuent leurs enfants à naître avec l’aide de médecins catholiques, quand il y a des millions d’entrepreneurs catholiques qui laissent pas guider par la doctrine sociale de l’Église catholique, mais par l’ambition et l’avarice ; quand il y a des milliers de prêtres qui commettent des abus liturgiques ; quand il y a des centaines de millions de catholiques qui n’ont jamais eu une rencontre avec le Christ et ne connaissent même pas l’essentiel de la doctrine… Est-ce le meilleur temps de l’Église ?
Quand tu l’as dit, cher Pape, j’ai été atterrée en pensant que tu le disais sérieusement. Si le capitaine ne voit pas l’iceberg qu’il y a droit devant, il est très probable que nous nous écraserons contre lui. Tu le disais sérieusement parce que tu le crois sérieusement ou c’était « seulement une façon de dire » .
Beaucoup de grands prédicateurs se sont sentis désolés en apprenant que tu avais dit qu’il ne faillait plus parler des thèmes sur lesquels l’Église a déjà parlé et qui sont écrits dans le Catéchisme. Dis-moi, cher Pape François, que devons-nous faire alors nous les chrétiens qui voulons être fidèles au Pape et aussi au Magistère de l’Église et à la Tradition? Devons-nous cesser de prêcher alors que Saint Paul nous a dit de le faire à temps et contretemps? Nous en finissons avec les courageux prédicateurs, nous les forçons à se taire, pendant que nous câlinons les pécheurs et qu’avec douceur nous leur disons, s’ils le peuvent et s’ils le veulent, de lire le Catéchisme pour qu’ils sachent ce que l’Église dit .
Chaque fois que tu parles des « bergers à l’odeur de brebis », je pense à tous ces prêtres qui se sont laissés contaminer par les choses du monde et qui ont perdu leur arome sacerdotal pour acquérir une certaine odeur de pourriture. Moi, je ne veux pas de bergers à l’odeur de brebis, mais des brebis qui ne sentent pas le fumier parce que leur berger les soigne et les maintient toujours propres.
Il y a quelques jours tu as parlé de la vocation de Matthieu avec ces mots: « Le geste de Matthieu m’impressionne. Il s’accroche à son argent, comme en disant : Non, non à moi ! Non, c’est argent est le mien ! » Je n’ai pu éviter de comparer tes mots avec l’Évangile (Mt 9-9), contre ce que le même Matthieu dit de sa vocation: « Et Jésus sortant de là, vit un homme qui était assis en face de la maison du percepteur, lequel s’appelait Matthieu, et il lui dit : suis-moi. Et celui-ci se leva et le suivit ».
Je ne peux pas voir où est l’attachement à l’argent (je ne le vois pas non plus dans le tableau du Caravagge). Je vois deux histoires différentes et une exégèse équivoque. Qui dois-je croire l’Évangile ou le Pape, si je veux (comme en vérité je le veux) être fidèle à l’Évangile et au Pape ?
Quand tu as parlé de la femme qui vit en concubinage après son divorce et un avortement, tu as dit que « maintenant elle vit en paix ». Je me demande : Une femme qui s’est volontairement éloignée de la grâce de Dieu peut-elle vivre en paix ?
Les Papes antérieurs, de Saint Pierre à Benoît XVI, ont dit qu’il n’est pas possible de rencontrer la paix loin de Dieu, mais le Pape François l’a affirmé. Que dois-je appuyer, le magistère de toujours ou cette nouveauté ? Dois-je affirmer, à partir d’aujourd’hui, pour être fidèle au Pape, que la paix peut se trouver dans une vie de péché ?
Ensuite tu as lâché la question mais tu l’as laissée sans réponse sur ce que doit faire le confesseur, comme si tu voulais ouvrir la boite de Pandore, en sachant qu’il y a des centaines de prêtres qui, d’une manière erronée, conseillent de poursuivre dans le concubinage. Pourquoi mon Pape, mon cher Pape, ne nous a pas dit en quelques mots ce que l’on doit conseiller dans des cas comme celui-là, au lieu d’ouvrir le doute dans des cœurs sincères?
J’ai connu le cardinal Bergoglio sur un plan presque familial et je suis un fidèle témoin de ce qu’il est un homme intelligent, sympathique, spontané, très rigolo et très spirituel. Mais je n’aime pas que la presse publie tous ses dits et mots d’esprit, car tu n’es pas un curé de village, tu n’es plus l’archevêque de Buenos Aires, maintenant tu es le Pape ! Et chaque mot que tu dis comme Pape acquiert une valeur de magistère ordinaire pour beaucoup d’entre nous qui te lisons et t’écoutons .
Enfin, j’ai déjà écrit de trop en abusant de ton temps, mon bon Pape. Avec les exemples que je t’ai donnés (bien qu’il y en ait beaucoup d’autres) je crois que j’ai laissé bien claire la douleur due à l’incertitude et à la perplexité dans lesquelles je vis.
Il n’y a que toi qui puisses m’aider. J’ai besoin d’un guide qui éclaire mes pas sur la base de laquelle l’Église a toujours parlé, qu’elle parle avec courage et clarté, qu’elle n’offense pas ceux de nous qui travaillons pour être fidèles au mandat de Jésus, qui appelle « le pain, pain et le vin, vin, péché, péché et vertu, vertu, même si avec cela il risque sa popularité. J’ai besoin de ta sagesse, de ta fermeté et ta clarté. Je te demande ton aide, s’il te plait, car je souffre beaucoup.
Je sais que Dieu t’a doté d’une intelligence très vive, de sorte que, en essayant de me consoler par moi-même, j’ai pu imaginer que tout ce que tu fais et dis, fait partie d’une stratégie pour déconcerter l’ennemi, en te présentant devant lui avec un drapeau blanc et en arrivant ainsi à ce qu’il baisse la garde. Mais j’aimerais que tu partages ta stratégie avec nous qui luttons à ton côté, car, en plus de déconcerter l’ennemi, tu nous déconcertes aussi et nous ne savons pas de quel côté est notre garnison et de quel côté est le front ennemi.
Je te remercie, une fois de plus, de toutes les bonnes choses que tu as faites et dites, à l’occasion des grandes fêtes, quand tes homélies et tes discours ont été si beaux, parce que vraiment ils m’ont énormément servis. Tes paroles m’ont encouragé et poussé à aimer plus, à aimer toujours et à montrer au monde entier le visage d’amour de Jésus.
Je t’adresse une étreinte filiale très affectueuse, mon cher Pape, avec l’assurance de mes prières. Je te demande aussi les tiennes, pour moi et pour ma famille dont je t’adresse en P.J. une photographie, pour que tu puisses prier pour nous, avec des visages et des corps connus.
Ta fille qui t’aime et prie tous les jours pour toi.
Lucrecia Rego de Plana
Source: http://benoit-et-moi.fr/2013-III/actualites/un-cahier-de-doleances-pour-franois.html
François verse-t-il dans le pélagianisme (hérésie condamnée par le pape Zosime en 418) ? Si tel était le cas, nous aurions pour la première fois un pape hérétique. Ce qui n'est pas possible en vertu de l'infaillibilité pontificale qui empêche que le pape en matière de dogmes profère des hérésies. À moins que le pape qui ne se nomme pas « le Pape » mais seulement « l’évêque de Rome » (Source: "Lettre au Pape" d'une catholique mexicaine, Lucrecia Rego de Planias, 29/9/2013) ne soit plus pape ?
Nous apprenons aujourd'hui avec beaucoup de surprise sur Pro Liturgia, un site défenseur de la messe Paul VI célébrée telle que le demande l'Eglise (respect des rubriques, dignité de la liturgie, latin), peu coutumier de ce genre d'information critique contre le pape, que François prône à présent une curieuse conception du bien : "Chacun de nous" aurait "sa vision du bien et aussi du mal" et nous devrions "encourager les gens à s'orienter vers ce qu'ils pensent être bon". Question toute simple: si la personne pense que le satanisme c'est le bien et que c'est bon pour elle, doit-on l'encourager dans cette voie ? Ca devient de plus en plus compliqué à Rome.
1/10/2013 : Un journaliste demande au Pape François : « Votre Sainteté, existe-t-il une vision unique du bien ? Qui définit cette vision ? » Le Pape répond : « Chacun de nous a sa vision du bien et aussi du mal. Nous devons encourager les gens à s’orienter vers ce qu’ils pensent être bon. »
Le journaliste reprend : « (...) La conscience est autonome, vous avez dit, et chacun doit obéir à sa conscience. Je pense que cela est une des affirmations les plus courageuses énoncées par un pape. » Le Souverain Pontife poursuit : « Et je le répète ici. Tout le monde a sa propre idée du bien et du mal et doit choisir de suivre le bien et combattre le mal comme il les conçoit. Cela suffirait pour faire du monde un endroit meilleur. »
Or, dans l’Encyclique « Veritatis Splendor » du Bx Jean-Paul II, on lit :
« Dans certains courants de la pensée moderne, on en est arrivé à exalter la liberté au point d’en faire un absolu, qui serait la source des valeurs. C’est dans cette direction que vont les doctrines qui perdent le sens de la transcendance ou celles qui sont explicitement athées. On a attribué à la conscience individuelle des prérogatives d’instance suprême du jugement moral, qui détermine d’une manière catégorique et infaillible le bien et le mal. A l’affirmation du devoir de suivre sa conscience, on a indûment ajouté que le jugement moral est vrai par le fait même qu'il vient de la conscience. Mais, de cette façon, la nécessaire exigence de la vérité a disparu au profit d'un critère de sincérité, d’authenticité, d’ « accord avec soi-même », au point que l’on en est arrivé à une conception radicalement subjectiviste du jugement moral.
Comme on peut le saisir d’emblée, la crise au sujet de la vérité n’est pas étrangère à cette évolution. Une fois perdue l’idée d'une vérité universelle quant au Bien connaissable par la raison humaine, la conception de la conscience est, elle aussi, inévitablement modifiée : la conscience n’est plus considérée dans sa réalité originelle, c’est-à-dire comme un acte de l’intelligence de la personne, qui a pour rôle d’appliquer la connaissance universelle du bien dans une situation déterminée et d’exprimer ainsi un jugement sur la juste conduite à choisir ici et maintenant ; on a tendance à attribuer à la conscience individuelle le privilège de déterminer les critères du bien et du mal, de manière autonome, et d’agir en conséquence. Cette vision ne fait qu’un avec une éthique individualiste, pour laquelle chacun se trouve confronté à sa vérité, différente de la vérité des autres. Poussé dans ses conséquences extrêmes, l’individualisme débouche sur la négation de l’idée même de nature humaine. »
Source: http://www.proliturgia.org/
Autres source : http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=733408
L'original en italien, dans la repubblica.it : «Ciascuno di noi ha una sua visione del Bene e anche del Male. Noi dobbiamo incitarlo a procedere verso quello che lui pensa sia il Bene». « Chacun de nous a sa vision du bien et aussi du mal. Nous devons encourager les gens à s’orienter vers ce qu’ils pensent être bon. »
Le texte en français : http://www.repubblica.it/cultura/2013/10/01/news/le_pape_a_scalfari_ainsi_je_changerai_l_glise-67693549/
Pélage était un breton de la fin du IVe siècle. Sa doctrine fut condamnée comme hérétique par le pape Zosime en 418 car Pélage niait l'existence du péché originel, c'est-à-dire la nature dégradée de l'homme depuis le péché d'Adam et Eve, enseignait que l'homme était en lui-même et par nature capable de choisir le bien (comme semble le faire ici François) et d'atteindre à la sainteté par ses propres forces et par son libre arbitre. Ce qui revenait à nier la grâce, ce don extraordinaire qui est fait par Notre-Seigneur, dont il parlait avec la Samaritaine. Si scires donum Dei, "Si tu connaissais le don de Dieu" (Jn., IV, 10.)
Add. 2 octobre 2013, 16h37. Au lendemain de sa déclaration mai-soixanthuitardisante "chacun de nous a sa vision du bien et aussi du mal. Nous devons encourager les gens à s’orienter vers ce qu’ils pensent être bon. Tout le monde a sa propre idée du bien et du mal et doit choisir de suivre le bien et combattre le mal comme il les conçoit", le Pape François a fait aujourd'hui une déclaration contraire, davantage conforme à l'enseignement catholique traditionnel.
Dans sa catéchèse à l'audience générale du mercredi, en effet, dorénavant, pour faire le bien, pour "vivre dans la charité" dit-il, on ne peut plus se satisfaire de ses propres forces et se limiter à sa "propre idée du bien et du mal", comme il disait la veille, mais la grâce de Dieu est nécessaire. "Par sa grâce (du Christ) nous devenons capables, malgré notre faiblesse de vivre dans la charité", a-t-il déclaré.
"Bien qu’elle soit constituée d’hommes pécheurs, nous professons, dans le Credo, que l’Eglise est sainte. Elle est sainte car elle vient de Dieu qui est saint et qui ne saurait l’abandonner. Elle est indissolublement unie au Christ qui s’est livré pour elle, et qu’il conduit par l’action du Saint-Esprit. L’Eglise n’est pas constituée de gens parfaits, mais elle accueille tous les pécheurs, pour les conduire à la sainteté. Elle est la maison de tous. Tous, faibles et pécheurs, perdus ou découragés, nous pouvons vraiment y être renouvelés, transformés, par la rencontre du Seigneur qui nous sanctifie. Par sa grâce nous devenons capables, malgré notre faiblesse de vivre dans la charité, pour la gloire de Dieu et le service du prochain."
Source: http://www.news.va/fr/news/le-pape-francois-comment-une-eglise-composee-de-pe
De ces deux déclarations, celle du 1er octobre et celle du 2 octobre, il y en a une vraie et une fausse. Le Bien ne peut pas être à la fois ce que chacun se définit "selon sa propre vision du bien et du mal" (ce qui conduirait par exemple à appeler bien, le mal, vertu, le péché, mensonge, la vérité, etc.) et être en même temps un don de Dieu qui nous est possible de découvrir "par sa grâce". C'est l'un ou l'autre. Cela ne peut être les deux à la fois.
Add. 4 octobre 2013, 18h48. Premières solutions à la nouvelle conception de la conscience du Pape François : Un enseignement de Mgr Léonard et une "paposcopie" de Jean Mercier sur La Vie
Add. 18 novembre 2013, 21h35. L'interview du pape François au quotidien "Repubblica" retirée du site du Saint-Siège. Le Porte-parole du Vatican, le père Lombardi, a déclaré que "le texte est fiable dans son sens général, mais pas dans les formulations isolées entre guillemets, n'ayant pas été révisé mot à mot".
«Supprimée» la conversation avec Scalfari. Qu'est-ce que cela signifie?
Riccardo Cascioli
16/11/2013
http://www.lanuovabq.it/it
-----
Depuis hier, le texte de l'entretien entre le pape François et le fondateur du quotidien La Repubblica Eugenio Scalfari, n'apparaît plus sur le site Internet du Saint-Siège <www.vatican.va>.
Comme on s'en souvient, le Pape avait reçu Scalfari au Vatican après la publication sur la Repubblica de la lettre que le pape François lui avait envoyée en réponse à deux articles du même Scalfari. Le journaliste avait alors également publié le contenu de la conversation du Vatican, qui a été retirée hier du site du Saint-Siège. Pour expliquer la décision, le porte-parole du Vatican le père Federico Lombardi, a déclaré que «le texte est fiable dans son sens général, mais pas dans les formulations isolées entre guillemets, n'ayant pas été révisé mot à mot» (ndt: la faute à qui? et pourquoi?).
En substance, a dit le père Lombardi, «en l'ôtant, on a fait une mise au point sur la nature de ce texte. Il y avait une ambiguïté et un débat sur sa valeur».
Source: http://benoit-et-moi.fr/2013-III/actualites/amateurisme.html