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11 octobre 2013 5 11 /10 /octobre /2013 22:59

2013-10-11 Radio Vatican

Le pape François a confirmé la sainteté de la mystique italienne Angèle de Foligno (1248-1309). Il a ainsi “inscrit au catalogue des saints“ cette figure marquante du charisme franciscain. Le Bureau de presse du Saint-Siège a rendu publique deux jours plus tard la promulgation des décrets présentés au pape par le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation des causes des saints.

Angèle de Foligno, dont le culte a débuté à sa mort, était jusqu’alors considérée comme sainte uniquement par la vox populi. Née dans une famille aisée à Foligno, dans le centre de l’Italie, non loin d’Assise, elle s’est convertie sur le tard après une vie dissolue. A la mort de son mari et de ses enfants, Angèle de Foligno entre dans le Tiers-ordre franciscain et mène une vie de prière et de mortifications. Elle a eu plusieurs visions du Christ et de sa Passion. Elle fut déclarée bienheureuse par Clément XI en 1701. (1)
Certains personnages sont parfois béatifiés ou canonisés par la vox populi sans que l’Eglise ne soit intervenue. En octobre 1982, Jean Paul II avait publié un Motu Proprio pour autoriser le culte officiel du bienheureux Fra Angelico (vers 1400-1445). Le célèbre peintre et dominicain italien avait été considéré et appelé “beato“ dès après sa mort.

 

Sources: http://www.news.va/fr/news/le-pape-confirme-la-saintete-dangele-de-foligno

 

Biographie

 

Les parents d'Angèle étaient aisés, probablement nobles. Elle s'est mariée jeune, à vingt ans, et a eu plusieurs fils. Elle mena pendant des années une vie insouciante, consacrée aux plaisirs.

Elle décida un jour de se confesser, mais elle avait commis tellement de péchés qu'elle n'osa tout avouer au prêtre. Elle alla ensuite communier, tout en sachant que cette communion était sacrilège, puisqu'elle avait caché certains péchés lors de sa confession.

C'est alors qu'elle eut une vision de François d'Assise, mort une vingtaine d'années avant sa naissance. Elle entra alors résolument dans la voie de la pénitence et n'eut plus qu'un désir : en réponse d'amour, accorder sa vie à celle du Christ.


Image illustrative de l'article Angèle de FolignoÀ la suite de cette vision, elle passa de longues heures en prière, multiplia les mortifications et distribua son argent aux pauvres. Tout le monde, parmi les siens, la crut folle. Ensuite elle perdit coup sur coup sa mère, son mari et ses enfants. En 1288, tous les membres de sa famille proche étaient morts. C'est alors qu'elle se convertit totalement et prit brusquement conscience qu'elle avait trop longtemps négligé Dieu et les sacrements.

En 1291, elle fut admise dans le Tiers Ordre de saint François. Elle se plongea alors encore plus profondément dans la prière, vit à plusieurs reprises le Christ lui apparaître, dans des manifestations de mysticisme qui effrayaient son entourage. Elle bénéficia de nombreuses visions de la Passion du Christ, qui devinrent de plus en plus réalistes.


En particulier, un Jeudi Saint, Angèle de Foligno rapporte qu'après un silence de plusieurs jours durant la Semaine Sainte, elle entendit le Christ prononcer cette phrase qui la bouleversa : Ce n'est pas pour rire que je t'ai aimée. (Livre des révélations de Sainte Angèle de Foligno, chapitre XXXIII)

Peu à peu, elle s’apaisa et connut une vieillesse plus sereine. Elle mourut en 1309.

Un texte inspiré — écrit en latin — vibrant d'amour, à la fois humble et impétueux dans l'expression des grandes visions qui le traversent, nous a transmis l'enseignement de la religieuse italienne. Connu sous le titre Le Livre d'Angèle de Foligno, il est considéré comme l'un des purs chefs-d'œuvre de l'écriture mystique. Ce n'est pas un ouvrage spéculatif mais le témoignage d'une expérience vécue : celle de l'irruption du Dieu sensible au cœur, dans l'existence d'une femme qui, ayant tout perdu, se laissa perdre elle-même dans l'amour du Christ.

Angèle de Foligno fut déclarée bienheureuse par le pape Clément XI le 11 juillet 1701. Elle est fêtée le 4 janvier.

Canonisée par canonisation équipollente le 9 octobre 2013 par le pape François. (2)

 

Sources:

 

(1) http://www.news.va/fr/news/le-pape-confirme-la-saintete-dangele-de-foligno

(2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Ang%C3%A8le_de_Foligno

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11 octobre 2013 5 11 /10 /octobre /2013 22:58

Lors de la messe de ce matin, le Pape François a demandé de la vigilance face au démon dont les tromperies sont à prendre au au sérieux.

 

2013-10-11 Radio Vatican

Nous devons toujours rester vigilants face aux tromperies du démon. C’est ce qu’a affirmé le Pape François lors de la messe de ce matin en la chapelle de la maison Sainte Marthe.

Le Pape a souligné que le mal ne peut être vaincu par des comportements « à moitié » et qu’il faut suivre Jésus sans tergiversations. Il a également rappelé que nous ne devons pas confondre, relativiser la vérité dans la lutte contre le démon.

Jésus chasse les démons et quelqu’un commence à donner des explications pour « diminuer la force du Seigneur » : en concentrant l’homélie sur l’Évangile du jour, le Pape a souligné qu’il y a toujours la tentation de vouloir amoindrir le personnage de Jésus comme si il était « tout au plus un guérisseur », qu’il ne faut pas vraiment prendre « au sérieux ». Un comportement, a-t-il observé, qui est arrivé à nos jours ».



Ne pas minimiser la réalité du démon

« Il y a certains prêtres lorsqu’ils lisent ce passage de l’Évangile, celui-ci mais également d’autres passages, disent : Mais Jésus a guéri une personne d’une maladie mentale. Ils ne lisent pas ceci, n’est-ce pas ? C’est vrai qu’en ce temps-là nous pouvions confondre une épilepsie avec le fait d’être possédé par le démon ; mais il est également vrai qu’il y avait un démon ! Et nous n’avons pas le droit de minimiser la chose, comme pour dire : «Tous ceux-ci n’étaient pas possédés par le démon, c’étaient des malades mentaux. Non ! La présence du démon figure dans la première page de la Bible et la Bible finit avec la présence du démon, avec la victoire de Dieu sur le démon ». C’est pour cela, a averti le Pape, qu’ « il ne faut pas être naïf ».
Le Pape a donc fait remarquer que le Seigneur nous donne certains critères pour « discerner » la présence du mal et pour aller « sur la voie chrétienne lorsqu’il y a des tentations ». Un des critères est de « ne pas suivre la victoire de Jésus sur le mal seulement « à moitié ». Le Seigneur dit « Ou tu es avec moi ou tu es contre moi ». Jésus, a souligné le Pape, est venu détruire le démon, « nous offrir la libération de « l’esclavage du démon sur nous ». Et, a-t-il averti, nous ne pouvons pas dire qu’ainsi « nous exagérons ». « A ce point-là, il n’y a pas de nuances. Il y a une lutte et une lutte où se joue le salut, le salut éternel de chacun de nous ». Il y a ensuite le critère de la vigilance. « Nous devons toujours être vigilants – a exhorté le Pape- être vigilant face à la tromperie, à la séduction du mal. »

Un démon est chassé, un démon revient !

«Lorsque l’esprit impur sort de l’homme, il rôde dans des endroits déserts cherchant un soulagement mais comme il n’en trouve pas, il dit : « Je reviens dans ma maison, là d’où je suis sorti. » Et quand il la trouve balayée et ornée, il va prendre sept autres esprits pires que lui, ils viennent et s’installent. Et ainsi, « l’ultime condition de cet homme devient pire que la précédente ». « l’Évangile d’aujourd’hui, a ajouté le Pape, commence par le démon chassé et finit avec le démon qui revient ! Saint-Pierre le disait « Il est comme un lion féroce qui rôde autour de nous ».
« C’est ainsi. Mais Père, vous êtes un peu antique ! Vous nous faites peur avec ces choses. Non, pas moi ! C’est l’Évangile ! Et ce ne sont pas des mensonges : c’est la parole du Seigneur ! Nous demandons au Seigneur la grâce de prendre ces choses au sérieux. Il est venu lutter pour notre salut. Il a vaincu le démon ! S’il vous plait, ne faisons pas d’affaires avec le démon. Il cherche à retourner à la maison, à prendre possession de nous… Ne pas relativiser, être vigilent ! Et toujours avec Jésus. »

 

 

Source: http://www.news.va/fr/news/le-pape-francois-exhorte-a-la-vigilance-face-au-de

 

 

. Le pape François parle du démon et rappelle l'Eglise à l'ordre (14 mars 2013)

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11 octobre 2013 5 11 /10 /octobre /2013 22:41

Le Vatican félicite l’Eglise sud-coréenne pour son dynamisme et l’invite à ne pas céder au matérialisme ambiant Le Vatican félicite l’Eglise sud-coréenne pour son dynamisme et l’invite à ne pas céder au matérialisme ambiant.

 

 

10/10/2013

 

 

La visite en Corée du Sud de Mgr Filoni, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, a été l’occasion d’un bilan pour l’Eglise catholique dont le cardinal a souligné le dynamisme et l’élan missionnaire, tout en mettant en garde les fidèles contre la tentation séculariste et bureaucratique, héritages de la tradition confucéenne.

 

[...] En 1949, les catholiques de Corée du Sud ne représentaient que 1,1 % de la population et étaient encadrés par 81 prêtres (1). La croissance numérique a commencé peu après Vatican II avec 2,5 % de catholiques au milieu des années 1960. Cette année 2013, les fidèles ont dépassé les 10 % de la population, et l’Eglise compte 4 600 prêtres et plus de 1 500 séminaristes.

« Aujourd’hui, l’Eglise catholique de Corée est riche en prêtres, en religieux et en religieuses, en séminaristes et en associations de laïcs ainsi qu’en figures historiques » (comme le cardinal Kim Sou-hwan), a résumé Mgr Filoni, qui a ajouté que l’esprit missionnaire soufflait sur la communauté catholique sud-coréenne « non seulement ad intra mais également ad extra », envoyant « plusieurs centaines de missionnaires dans près de 80 pays du monde ».

Mais « ne vous contentez pas du prestige dont l’Eglise jouit dans votre pays, ni de la progression dans les statistiques, aussi significatives soient-elles », a-t-il averti, expliquant que « le plus dur restait à faire (…) dans le domaine de l’audace missionnaire ».

Le cardinal a achevé son allocution par de nouvelles exhortations à voir « les dangers qui guettaient » une Eglise par ailleurs vivante et dynamique, comme la contagion du matérialisme ambiant et l’obsession du rendement. « Un des dangers qui menacent un pays ayant une forte prédilection pour la technologie peut être une certaine propension à la bureaucratisation, au rendement ou à l’efficacité professionnelle, aux dépens d’une vision plus personnelle de l’être humain, comme si l’Eglise était une entreprise à but non lucratif ou une sorte de ‘pieuse ONG’», a-t-il expliqué.


[...] Au sanctuaire des Martyrs de Choltusan le 5 octobre, Mgr Filoni a rappelé les fondements de l’Eglise de Corée dans le sang des martyrs, lesquels invitaient tous les fidèles « à la sainteté et à une fidélité généreuse au Christ ». La sainteté « n’est pas un accessoire de la foi », a-t-il poursuivi, ajoutant que « l’Eglise qui était en Corée avait besoin aujourd’hui de l’exemple des saints martyrs pour retrouver vigueur et force, (…) devenir levain et ferment, être un instrument de communion et de paix dans le Christ ».

Lors de la messe célébrant le jubilé du diocèse de Suwon le 3 octobre, plus de 45 000 fidèles s’étaient rassemblés dans un grand stade de la ville, pour assister à la célébration dirigée par le cardinal Filoni aux côtés de Mgr Matthias Ri Iong-hoon, évêque de Suwon.

Le diocèse de Suwon est le deuxième territoire ecclésiastique catholique en Corée du Sud après Séoul : il accueille 430 prêtres pour un million de catholiques et un nombre croissant de vocations (2). « L’effort d’évangélisation, a expliqué Mgr Ri Iong-hoon à l’agence Fides, a vu un renforcement constant des paroisses, qui sont désormais 202 avec une moyenne de 4 000 catholiques chacune. » Très engagé dans le domaine social, comme la plupart des diocèses catholiques en Corée du Sud, Suwon « pratique l’accueil et l’assistance aux immigrés (…), a mis en place un service de pastorale des prisons, et consacré un secteur spécifique de la Caritas pour s’occuper de l’accompagnement des ressortissants de Corée du Nord », a encore précisé Mgr Ri Iong-hoon.

Dans le domaine scolaire, l’Eglise de Suwon gère également 40 écoles maternelles, cinq écoles primaires, deux lycées pour un total de 3 000 jeunes inscrits, avec « plus de 30 associations et mouvements ecclésiaux offrent une contribution fondamentale à l’action pastorale ».

« [Les échanges avec Mgr Filoni ] nous ont encouragés à devenir davantage missionnaires, conclut Mgr Yeom Soo-jung, évêque de Séoul, dans l’Osservatore Romano du 9 octobre dernier. L’Eglise de Corée a reçu beaucoup de soutien de la part d’autres Eglises. Désormais, il est temps pour elle d’aider les Eglises dans le besoin, surtout celles du Sud-Est asiatique où l’œuvre d’évangélisation est urgente. Je crois que c’est la mission que Dieu lui a confiée. »

 

Notes  

 

(1) Sur l’histoire de l’évangélisation en Corée, voir http://eglasie.mepasie.org/asie-du-nord-est/coree-du-sud/2003-11-01-leglise-catholique-de-coree-fete-ses-103-martyrs
(2) Le séminaire interdiocésain de Suwon accueille 190 séminaristes et 1 300 jeunes des collèges fréquentent un cours propédeutique pour entrer au séminaire. Suffragant de l’archidiocèse de Séoul, le diocèse de Suwon, érigé en 1963 par le pape Paul VI, compte aujourd’hui 7 565 000 habitants dont 787 000 catholiques, 198 paroisses, 456 prêtres dont 73 religieux, 177 religieux non prêtres et 1 433 religieuses.

 

Source: http://eglasie.mepasie.org/asie-du-nord-est/coree-du-sud/2013-10-10-le-vatican-felicite-l2019eglise-sud-coreenne-pour-son-dynamisme-et-l2019invite-a-ne-pas-ceder-au-materialisme-ambiant

via http://belgicatho.hautetfort.com/archive/2013/10/11/dix-fois-plus-de-fideles-et-55-fois-plus-de-pretres-5193974.html

 

. Saint André Kim, Paul Chong et 101 compagnons, martyrs de Corée (1839-1867)

. Le catholicisme : religion qui progresse le plus vite actuellement en Corée (7 janvier 2011)

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10 octobre 2013 4 10 /10 /octobre /2013 22:38

BlasonEntre autres très beaux témoignages, une jeune religieuse catholique augustine québecquoise prend la défense des femmes musulmanes qui portent le voile et sont « la cible de toute la haine qui sort de cette charte ("des valeurs québecquoises") ». Les Augustines sont présentes depuis plus de 375 ans au Québec; elles oeuvrent dans les hôpitaux. Le gouvernement québecquois va leur demander de les quitter.. C'est en 1639 que la congrégation des Augustines de la Miséricorde de Jésus ouvrit l'Hôtel-Dieu de Québec, le premier hôpital de la Nouvelle-France.

 

 

Dans le cadre du pèlerinage jeunesse 2013, des jeunes confient l'importance de témoigner de leur foi par leur comportement et par des signes visibles.

 

Source video : http://www.gloria.tv/?media=510066

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5 octobre 2013 6 05 /10 /octobre /2013 18:53

‘« Monseigneur Léonard réclame le retour des croyants dans les églises pour les enterrements et a dès lors décidé d'interdire les célébrations religieuses dans les crématoriums dès 2015, peut-on lire samedi (5 octobre NdCR.) dans Sudpresse , Het Nieuwsblad et  De Standaard. Dès 2015, les prêtres ne pourront se rendre dans les crématoriums que pour y prononcer de petites prières, d'une dizaine de minutes pas plus, et ne pourront donc plus y tenir des offices complets, ce qui se fait pourtant aujourd'hui lors de quatre crémations sur dix.

Le but est de "faire revenir les croyants dans les églises pour les funérailles", précise Monseigneur Léonard. Un courrier en ce sens a été envoyé à tous les prêtres du pays.

Une décision prise non pas contre les crématoriums mais en faveur des églises, insiste le porte-parole de l'Eglise, Tommy Scholtes, qui précise que la décision a été prise en concertation avec l'ensemble des évêques.

 

 

Réf. Monseigneur Léonard déclare la guerre aux crémations

Au lieu d’y aller de leurs propres commentaires biaisés, l’agence « Belga » et « La Libre » auraient mieux fait de préciser clairement si cette heureuse décision était le fait de Mgr Léonard pour l’archidiocèse de Malines-Bruxelles ou de tous les évêques de Belgique pour l’ensemble des diocèses du pays, ce qui semble être le cas si un courrier en ce sens a été envoyé à tous les prêtres du pays.


Source: http://belgicatho.hautetfort.com/archive/2013/10/05/monseigneur-leonard-declare-la-guerre-aux-cremations-5188822.html

 

Dans l'éditorial dans la revue Pastoralia du mois d’avril 2013, sous le titre « Comme le grain de blé jeté en terre…», Mgr Léonard avait exprimé la position de l'Eglise sur la crémation :

 

"L’Eglise catholique n’est pas radicalement opposée à la crémation, même si elle exprime une nette préférence pour l’inhumation. Mais je note au passage que, si j’ai bien compris les commentaires des gestionnaires, les fidèles de l’Eglise orthodoxe et ceux du judaïsme et de l’Islam, recourent très peu, voire pas du tout, à la crémation, même si elle coûte moins cher que l’enterrement. Je salue donc la force de conviction de ceux et celles qui, préférant ne pas recourir à la crémation de leurs proches, sont prêts à en payer le prix.

La raison pour laquelle l’Eglise catholique préfère l’inhumation à la crémation est d’ordre symbolique. La réduction en cendres, surtout accompagnée de dispersion, suggère un anéantissement de notre corps terrestre, sa volatilisation intégrale. Par contre, même si ce qui se passe en terre n’est pas très joli, l’inhumation évoque plutôt le grain de blé qui, jeté en terre, y pourrit, certes, mais en vue d’une renaissance et d’une éternelle fructification."


Dans ce témoignage, Mgr Léonard se fait l’écho de la disposition suivante du droit de l’Eglise : « L’Église recommande vivement que soit conservée la pieuse coutume d’ensevelir les corps des défunts ; cependant elle n’interdit pas l’incinération, à moins que celle-ci n’ait été choisie pour des raisons contraires à la doctrine chrétienne » (Code de Droit Canonique, c. 1176, § 3).


 

Source : http://belgicatho.hautetfort.com/archive/2013/04/26/incinerer-ou-inhumer.html

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4 octobre 2013 5 04 /10 /octobre /2013 17:59

En cette fête de saint François, lors de sa rencontre avec les pauvres au siège de l’évêché d'Assise, dans la Salle du dépouillement, là où le 'poverello' se délesta de ses vêtements devant son père en signe de renonciation aux biens terrestres, le pape a improvisé un discours dans lequell il a appelé à se "dépouiller de l'esprit du monde". (1)

 


Le pape François est le premier pape a visiter la fameuse salle du dépouillement de Saint François, depuis 800 ans. (2)


La route du dépouillement est la seule route possible pour un chrétien, estime le pape qui appelle au « courage de se dépouiller », non pas de l'argent, mais de la « mondanité spirituelle », de « l'esprit du monde », qui est « la lèpre, le cancer de la société, l'ennemi de Jésus ». (3)

 

 

Rencontre avec les pauvres et avec les personnes dans le besoin assistées par la Caritas, à l'évêché. Visite pastorale du Pape François à Assise.
Direct du 04/10/2013. Source: http://www.youtube.com/watch?list=UUg0L6cPMNLv1gjsyzYqMG7g&v=SCpxkG2PGLs

 

Sous une pluie fine, ils sont arrivés par milliers de tous les coins de l’Italie, vers la colline du Poverello, comme aimantés en cette fête historique de saint François.(4)



À Assise, « le pape ira déshabiller l’Eglise. Il ôtera les habits des évêques, des cardinaux, les siens »  : des fantaisies de la presse selon le pape François. Car l’Eglise, c’est nous tous, l’Eglise, c’est nous tous », a martelé le Pape. « Nous tous nous devons nous dépouiller. De quoi doit se dépouiller l’Eglise ? D’un grave danger qui menace le monde entier : la mondanité. C’est une idole, pas Dieu. L’idolâtrie est le pêché le plus grand. »

 

ea34b0d7e8cba7af344ef82e1890c7c71.jpgSE DEPOUILLER DE L'ESPRIT DU MONDE


Cité du Vatican, 4 octobre 2013 (VIS). Le Saint-Père a accompli la seconde étape de sa visite à l'évêché d'Assise, dans la salle où en 1206 François se dépouilla publiquement de ses biens et de ses vêtements, reniant son père Pierre qui l'avait traîné devant le tribunal ecclésiastique et proclamant Dieu comme son véritable père. Là le Pape François, le premier Pape à visiter cette salle, a retrouvé les pauvres assistés par la Caritas. Improvisant de nouveau il a évoqué la presse qui n'a cessé ces derniers temps d'annoncer qu'en ce lieu il aurait dépouillé l'Eglise: "Mais de quoi le Pape pourrait donc dépouiller l'Eglise? Les vêtements du Pape, des Cardinaux et des Evêques!". Il se dépouillera lui même, assuraient certains journalistes.

 

"Mais l'Eglise, c'est nous tous les baptisés qui devons suivre le chemin de Jésus, un chemin de dépouillement jusqu'à l'humiliation de la croix. Pour être vraiment des chrétiens, il n'existe pas d'autre voie. Serait-il possible d'avoir un christianisme plus humain, se demandent certains, c'est à dire sans croix, sans Jésus et sans dépouillement? Ce serait alors un christianisme de vitrine, doucereux, où les chrétiens seraient comme de jolis gâteaux en devanture. Un christianisme peut-être superbe mais pas chrétien. Alors de quoi donc l'Eglise devrait-elle se dépouiller? Je réponds qu'elle doit se dépouiller maintenant d'un gravissime péché, qui menace chacun de ses membres. Ce danger c'est la mondanité, l'esprit du monde. Le chrétien ne peut le suivre et le rechercher car il porte à la vanité, à l'arrogance et à l'orgueil. Cet esprit n'est pas Dieu mais une idole, et l'idolâtrie est le suprême péché".

"Lorsque les media parlent d'elle, ils croient que l'Eglise ne sont que le clergé et les religieux, les évêques, les Cardinaux et le Pape. Or, comme je viens de le dire, l'Eglise c'est nous tous. Nous devons donc tous nous dépouiller de l'esprit du monde qui est contraire aux Béatitudes et à l'Esprit de Jésus. Cet esprit mondain nous rend malades. Quelle tristesse qu'un chrétien croyant dans la sécurité que lui donnerait à la fois le monde et la foi! Non, on ne peut mêler les deux esprits. L'Eglise ne peut que rejeter l'esprit du monde qui porte à l'idolâtrie. Jésus a bien dit qu'on ne saurait servir deux maîtres. Soit Dieu soit l'Argent, qui est rempli de l'esprit du monde. Les chrétiens ne peuvent suivre la voie de l'argent, de la vanité et de l'orgueil. Quelle tristesse d'effacer d'une main ce que l'autre écrit. Seulement Dieu et l'Evangile! Jésus, qui s'est fait serviteur, n'a pas suivi l'esprit du monde... Tant de vous ont été dépouillés par la sauvagerie de ce monde, qui n'offre rien ni assistance ni travail, qui ne se préoccupe pas qu'il y ait des enfants mourant de faim, des familles privées de la dignité de nourrir ses membres, tant de personnes forcées de fuir à la recherche de la liberté". Quelle horreur de voir tous ces gens morts hier devant Lampedusa! Aujourd'hui est un jour de deuil. Voilà à quoi conduit l'esprit du monde. Il est vraiment ridicule qu'un chrétien, qu'il soit ecclésiastique, religieux ou laïc, suive cette voie homicide. La mondanité spirituelle tue elle aussi, elle tue l'âme, elle tue les gens, elle tue l'Eglise! Lorsqu'en ce lieu François se dépouilla...c'est Dieu qui lui procura la force de rappeler ainsi ce que Jésus disait de l'esprit de ce monde, de sa prière pour que nous soyons sauvés de cet esprit. Sollicitons encore aujourd'hui la grâce du Seigneur pour que chacun de nous ait la force de se dépouiller, non de quelques sous mais de l'esprit du monde, véritable lèpre et cancer de la société, véritable ennemi de Jésus et de la Révélation".

A la conclusion de la rencontre, le Pape François a remercié l'assistance de l'avoir accueilli et demandé qu'on prie pour lui: "Priez pour moi qui en ai tant besoin" (5)

 

Ce matin, le Saint-Père a célébré la messe en plein air sur la Place de la Basilique Supérieure Saint-François d'Assise, là où avaient eu lieu les prières pour la paix de 1986 avec Jean Paul II et de 2011 avec Benoît XVI.


En expliquant le choix de son saint patron, Jorge Mario Bergoglio livre ce qui l’inspire :
 
«  La rencontre avec Jésus le conduisit à se dépouiller d’une vie aisée et insouciante, pour épouser « Dame Pauvreté » et vivre en vrai fils du Père qui est aux cieux. Pour saint François, ce choix indiquait une manière radicale d’imiter le Christ, de se revêtir de Celui qui, de riche qu’il était, s’est fait pauvre afin de nous enrichir par sa pauvreté (cf. 2Co 8, 9). Durant toute la vie de François aimer les pauvres et imiter le Christ allait de pair, étaient deux éléments inséparables, les deux faces d’une même médaille. » (6)

 


Un peu auparavant, lors de la première étape de son « pèlerinage » à Assise, le pape François avait rendu visite à plusieurs dizaines d’enfants handicapés et malades de l’Institut Séraphique. Il y avait lancé un appel à « soigner » les « plaies de Jésus », ces plaies qui ont besoin « d'être écoutées, d'être reconnues », a-t-il déclaré : «  Jésus est caché dans ces jeunes, dans ces enfants, dans ces personnes. Sur l'autel nous adorons la Chair de Jésus, en eux nous trouvons les plaies de Jésusle chrétien qui adore Jésus, qui le cherche, saura reconnaître ses plaies », a-t-il souligné avec force.

 

 

Que retenir de son homélie ? 

 


« Qui se laisse regarder par Jésus Crucifié est recréé, devient une nouvelle créature. C'est de là que part tout : l'expérience de la Grâce qui transforme, le fait d'être aimé sans mérite, et en étant pécheur », a expliqué François.

 

La relation avec Jésus : un regard qui donne la vie

Saint François d'Assise montre d'abord qu' "être chrétien est un rapport vital avec la Personne de Jésus, c'est se revêtir de Lui, c'est une assimilation à Lui", a expliqué le Pape. "Le chemin de François vers le Christ part du regard de Jésus sur la Croix". D'après le Saint-Père, "le Crucifix ne nous parle pas de défaite, d'échec, [mais] d'une mort qui est vie, qui génère la vie". "Qui se laisse regarder par Jésus crucifié est re-créé, il devient une "nouvelle créature" ".

 

Suivre le Christ et trouver la paix


Le témoignage de Saint François révèle que celui qui "suit le Christ reçoit la véritable paix, celle que Lui seul, et non pas le monde, peut nous donner". Pour le Pape, "la paix de Saint François est celle du Christ", un "joug" donné par le commandement : "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés" (Jean, 13, 34). Mais le Saint-Père précise que "ce joug ne peut pas se porter avec arrogance, avec présomption, avec orgueil [...] mais seulement avec douceur et humilité du cœur".

 

Le respect de toute forme de vie


Dernier aspect du témoignage de Saint François : "le respect pour tout ce que Dieu a créé". Il manifeste que "l'homme est appelé à prendre soin de l'homme, que l'homme est au centre de la création, à l'endroit où Dieu, le Créateur, l'a voulu".

Le Pape François a ensuite lancé un appel au respect de la vie et à la paix dans le monde : "De cette Cité de la Paix, je répète avec la force et la douceur de l’amour : respectons la création, ne soyons pas des instruments de destruction ! Respectons tout être humain : que cessent les conflits armés qui ensanglantent la terre, que se taisent les armes et que partout la haine cède la place à l’amour, l’offense au pardon et la discorde à l’union. Écoutons le cri de ceux qui pleurent, souffrent et meurent à cause de la violence, du terrorisme ou de la guerre, en Terre Sainte, si aimée de saint François, en Syrie, au Moyen-Orient, dans le monde entier".

Puis il a évoqué "l’Italie [qui] célèbre saint François comme son Patron", invitant à prier "pour la Nation italienne, pour que chacun travaille toujours pour le bien commun, en regardant ce qui unit plus que ce qui divise".

 

Prières à François et prière de François


L'homélie du Pape fut rythmée par trois prières adressées à Saint François d'Assise, venant conclure chaque partie dédiée à un aspect du témoignage du Saint :

  • "Nous nous adressons à toi, François, et nous te demandons : apprends-nous à rester devant le Crucifié, à nous laisser regarder par Lui, à nous laisser pardonner et recréer par son amour".
  • "Nous nous adressons à toi, François, et nous te demandons : apprends-nous à être des « instruments de paix », de la paix qui a sa source en Dieu, la paix que le Seigneur Jésus nous a apportée".
  • "Nous nous adressons à toi, François, et nous te demandons : obtiens-nous de Dieu, dans notre monde, le don de l’harmonie, de la paix et du respect pour la création !"

Pour terminer son homélie, le Pape François a rendu hommage au Saint dont il porte le nom, en reprenant la prière du "Poverello di Assisi" : « Je te prie donc, o Seigneur Jésus Christ, père des miséricordes, de ne pas daigner regarder notre ingratitude, mais de te souvenir toujours de la pitié surabondante que tu as manifestée [dans cette ville], afin qu’elle soit toujours le lieu et la demeure de ceux qui vraiment te connaissent et glorifient ton nom béni et très glorieux dans les siècles des siècles. Amen » (Miroir de perfection, 124, FF, 1824). (7)

 

 

Sources:

 

(1) http://fr.radiovaticana.va/news/2013/10/04/le_pape_:d%C3%A9pouillons-nous_de_la_mondanit%C3%A9_qui_tue_l%C3%A2me/fr1-734211

(2) http://www.cath.ch/detail/le-pape-fran%C3%A7ois-rencontre-plusieurs-dizaines-de-pauvres-%C3%A0-assise

(2) http://www.zenit.org/fr/articles/se-defaire-de-toute-mondanite-spirituelle-lepre-de-la-societe

(3) http://www.lavie.fr/religion/catholicisme/pape-francois-a-assise-on-ne-peut-pas-vivre-selon-l-esprit-du-monde-04-10-2013-44881_16.php

(4) http://belgicatho.hautetfort.com/archive/2013/10/04/se-depouiller-une-invitation-a-la-radicalite-evangelique-518.html

(5) http://www.aleteia.org/fr/religion/actualites/le-pape-francois-a-assise-depouillons-nous-de-lesprit-du-monde-5165374630789120

(6) http://radionotredame.net/2013/vie-de-leglise/lhomelie-du-pape-a-assise-qui-suit-le-christ-recoit-la-paix-veritable/

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4 octobre 2013 5 04 /10 /octobre /2013 15:58

 

La nouvelle conception de la conscience  donnée par le Pape François, qui semblait tomber dans le relativisme dans un entretien à la Repubblica, a secoué le monde catholique. Belgicatho a réagi en publiant hier un texte de Mgr Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles, qui précise que si chacun agit bien quand il agit conformément à sa perception du bien, c'est à la "condition expresse" que cette perception rejoigne "les exigences objectives de la loi naturelle" et, de la sorte, "se conforme à la volonté de Dieu". Cette précision ménage la position traditionnelle de l'Eglise d'une conscience juste dirigée par la grâce.

 

Une seconde réaction publiée aujourd'hui sur le site de l'hebdo La Vie, qualifiée de « paposcopie » par Belgicatho, décortique la méthode du Pape et titre « malaise dans la communication » (du Pape).

 

 

4/10/2013 : La conscience personnelle : dernier juge en matière morale ? Un enseignement de Mgr Léonard.


Alors que beaucoup de catholiques se disent désorientés par ce qu’ils lisent ces jours-ci dans la presse sur la portée exacte de l’enseignement de l’Eglise en cette matière, il est peut-être bon de rappeler ce qu’écrivait, voici un an à peine (juin 2012), Monseigneur Léonard dans les « Pastoralia » de l’archidiocèse de Malines-Bruxelles :

 

 

images (5).jpg« La loi morale, fondée ultimement en Dieu et reconnue activement par notre raison, doit toujours être mise en œuvre par notre engagement libre. Nous ne sommes pas que raison pure. Nous sommes aussi une liberté unique. Entre la voix de la raison en moi et ma conscience individuelle il y a donc une distance que doit combler mon jugement « pratique » (orienté vers l’action), guidé par la vertu de prudence ou de discernement : « Moi, concrètement, je dois, en telle situation, faire ceci et éviter cela ». Ainsi comprise, la conscience personnelle est la norme subjective de la moralité de nos actes, c’est-à-dire la norme morale telle qu’elle retentit dans la conscience unique de chacun. En effet, aussi objective soit-elle, la valeur morale ne peut s’adresser à moi et m’obliger qu’en passant à travers les évidences et les opacités de ma conscience personnelle. C’est forcément tel que je le perçois que le bien objectif m’interpelle. En ce sens, la norme subjective de la moralité est la règle ultime de la vie morale. À tel point que si, de bonne foi et sans faute de ma part, je me trompe dans mon jugement moral, j’agis moralement bien alors même que je pose un acte objectivement répréhensible.

Dire que j’agis bien quand j’agis conformément à ma perception du bien ou, en d’autres termes, reconnaître que la raison pratique ne m’oblige qu’à travers le prisme de ma conscience personnelle pourrait sembler conduire au subjectivisme et nous conduire aux impasses d’une pure morale de la sincérité. Il n’en est rien. Ma conscience est, certes, la norme subjective ultime de ma vie morale, mais à la condition expresse que je cherche honnêtement à rejoindre les exigences objectives de la loi naturelle. Agir autrement reviendrait à considérer que le sujet est l’auteur même de la valeur morale. Or ma conscience est bien le juge qui apprécie en dernière instance la valeur, mais elle n’est pas pour autant son fondement ! Un peu comme en droit un juge apprécie, en dernière analyse, le comportement d’un prévenu, mais sans être la source du code qui inspire son jugement.

Pour être dans la vérité (et pas seulement dans la sincérité) et faire effectivement le bien, je dois donc éclairer ma conscience et l’éduquer afin que mon jugement personnel se rapproche autant que possible du jugement idéal de la raison droite, se soumette ainsi à la loi morale et, de la sorte, se conforme à la volonté de Dieu. Comme chrétiens, nous aurons donc à nous laisser éclairer non seulement par notre réflexion, mais encore par l’enseignement de Jésus, du Nouveau Testament et de l’Église. À cette condition seulement, je puis dire que j’agis bien si je me décide à l’action selon ma conscience.

Pour le dire autrement, le sujet ne mesure la valeur morale à mettre en œuvre par sa liberté qu’en se laissant d’abord mesurer par elle. Il est son ultime juge, mais non son auteur. De ce point de vue, j’ai toujours trouvé légère l’attitude des Conférences épiscopales qui, après la parution de l’encyclique « Humanae Vitae », ont laissé entendre que chacun pouvait agir selon sa conscience (y compris contre l’appel lancé par Paul VI) à la condition d’être bien informé sur la question et, sur base de cette compétence, de s’être forgé une opinion contraire.

Mais, en morale, il ne s’agit jamais seulement d’être bien « informé », mais « de se laisser former » par la Parole de Dieu et par le Magistère de l’Église ».

 

Source : Belgicatho. http://belgicatho.hautetfort.com/archive/2013/10/03/la-conscience-personnelle-dernier-juge-en-matiere-morale-un.html via http://www.proliturgia.org/

 

Jean Mercier, chroniqueur de l’hebdomadaire « la Vie » » a publié aujourd'hui cette « paposcopie » sur le site du journal :


« François multiplie les interviews choc, suscitant la perplexité sur sa stratégie de communication. Se pose le problème des différents statuts de sa parole, et notamment lorsque la parole intime se trouve élevée à l'état de parole officielle.

Le Père Federico Lombardi en a vu d'autres. Mais, ce mardi 2 octobre, à la salle de presse du Vatican, il avait du mal à cacher son embarras devant les questions des journalistes, au lendemain de l'interview du pape par le journaliste Eugenio Scalfari dans la Repubblica. Un embarras, voir un malaise, qui est partagé par nombre de témoins que j'ai pu rencontrer au fil de deux journées et demie, au Vatican et ailleurs dans Rome, alors que se déroulait la première rencontre du G8, le « Conseil des Cardinaux » destiné à réformer la gouvernance de l'Eglise.


Une interrogation sur le contenu


L'interview est parue onze jours après la publication de l'interview du pape dans la Civilta Cattolica, au propos très fort, dans lequel le pape s'en prenait aux catholiques rigides d'un point de vue dogmatique, repliés sur des formes du passé, attachés à une vision monolithique, à une Eglise du « laboratoire ». Une véritable charge dans laquelle certains ont pu lire un désaveu du pontificat précédent, à travers différentes « touches » (notamment l'évocation du Vetus Ordo en matière liturgique, avec un ton un peu condescendant, donne l'impression que François désavoue Benoît), et donc une réhabilitation d'un catholicisme de nature progressiste, selon une lecture « politique », toujours difficile à écarter.

L'interview de Scalfari, si rapprochée dans le temps, renforce l'ambiance de l'interview « des jésuites », notamment avec la dénonciation virulente du cléricalisme et de l'esprit de cour, du narcissisme de certains puissants de l'Eglise. Elle peut donner l'impression que le pape en fait trop, alors même que l'interview précédent n'a pas été encore totalement assimilée, et que la lettre à Scalfari est récente... puisqu'elle date du 11 septembre.

De plus, François, à la demande de son interlocuteur athée, revient sur la question de la vérité du bien et du mal. Dans sa lettre à Scalfari, François faisait preuve d'une stupéfiante ouverture face à la question de l'obéissance à sa conscience, en expliquant que « Le péché, même pour celui qui n’a pas la foi, c’est d’aller contre sa conscience. Écouter et obéir à celle-ci signifie, en effet, se décider face à ce qui est perçu comme bien ou comme mal. Et c’est sur cette décision que se joue la nature bonne ou mauvaise de nos actions ».

Devant Scalfari en personne, qui voulait s'assurer de ce qu'il pensait, le pape a enfoncé le clou : « Tout être humain possède sa propre vision du bien, mais aussi du mal. Notre tâche est de l'inciter à suivre la voie tracée par ce qu'il estime être le bien. (…) Chacun a sa propre conception du bien et du mal et chacun doit choisir le bien et combattre le mal selon l'idée qu'il s'en fait. Il suffirait de cela pour vivre dans un monde meilleur."

De telles paroles pourraient faire conclure à une vision relativiste, ou du moins opposée à celle promue par les deux papes, Jean Paul II et surtout Benoît XVI, qui a dénoncé le relativisme. 

 

Le problème déontogique


La dimension polémique des paroles du pape, sa dénonciation de certaines réalités – même si les deux tiers de la conversation avec Scalfari ne sont pas de nature polémique – ont conduit les journalistes à poser des questions de nature technique sur cet interview. Très embarrassé, le père Lombardi a expliqué, par petites touches, que le texte n'a pas été relu par le pape – au contraire de l'interview de la Civilta Cattolica (et des revues jésuites). L'interview s'est fait « à la confiance », aucun témoin n'y a assisté, et on ne sait pas exactement s'il existe un enregistrement. De plus, le Père Lombardi s'est montré incapable d'expliquer la logique d'une publication de l'interview de Scalfari si rapidement après l'interview donné aux revues jésuites. Le pape, en effet, a pris sur lui l'initiative d'inviter Scalfari à venir le rencontrer, sans demander son avis à quiconque. Et pas à Lombardi, apparemment...

La question récurrente dans la salle de presse était de savoir si les propos du pape ont été prononcés tels quels ? La question n'est pas vaine de la part de journalistes dont c'est le métier de faire des interviews, et qui savent qu'une bonne « ITV » n'est pas la pure et simple retranscription d'un échange, mais le fruit d'un travail de type éditorial.

C'est pour cela que l'on fait relire le texte final à l'intéressé, pour être sûr de ne pas trahir sa pensée, voire lui permettre de revenir sur certains mots qui « passent » à l'oral mais revêtent à l'écrit une dimension plus solennelle, et peuvent avoir un impact disproportionné. Voire aussi parce que des propos échangés dans l'intimité d'une conversation n'ont pas forcément à être publiés sur la place publique, ou bien sous une forme plus atténuée, moins polémique.

En tout état de cause, on sait donc que le pape n'a pas eu l'occasion de relire, crayon en main, son interview choc à Scalfari, et donc de préciser sa pensée. Mais le Père Lombardi a assuré que le pape n'avait pas sourcillé face au texte paru. De plus, le quotidien du Saint Siège, l'Osservatore Romano, a repris le texte dans ses pages, ce qui vaut pour validation implicite. Mais l'on s'interroge tout de même : le propos du pape, parce qu'il est pape, peut-il être traité "à la confiance", alors que les enjeux sont si importants. On retrouve ici les enjeux que j'ai exposés sur les risques encourus lorsque le pape court-circuite les médiations institutionnelles, qui sont garantes d'une communication sereine et sans controverse possible.


Le statut de la parole du pape


Devant les journalistes de la salle de presse du Vatican, le Père Lombardi a expliqué qu'il existe des niveaux différents d'expression de la parole du pape. Une encyclique n'a pas même valeur qu'une conversation au téléphone ou en tête à tête. Ce qui est évident... Or la planète médiatique, elle, ne fait aucunement la différence entre ces différents niveaux de parole. Le problème ici est que le pape ne semble pas être conscient que les medias mettent tout sur le même niveau.   François s'était déjà laissé aller à des confidences sur le lobby gay du Vatican face à des religieux sudaméricains qui se sont retrouvées sur le web, suscitant une tempête sur internet.

Un prêtre français rencontré à Rome, m'a donné son éclairage, et notamment sur l'impression que le pape donne d'être trop accommodant face à ses interlocuteurs (voir mon blog sur le pape est il démago ?) ou relativiste sur la question du Bien et du Mal (si tant est que nos choix se fassent entre le bien et le mal, c'est plus souvent entre deux maux !) « En tant que prêtres, nous sommes obligés de nous adapter à notre interlocuteur. Il est fort possible que face à un athée, je sois obligé de sortir de mes lignes pour aller chercher mon interlocuteur là où il en est, quitte à en rabattre sur un certain purisme, quitte à prendre des distances avec ce que je prêche habituellement en chaire, quitte à me montrer un peu laxiste, bien sûr. Car l'important est de rencontrer cette personne. C'est toute la question de la casuistique. En bon jésuite, François va très loin pour chercher la brebis perdue, si je puis dire, dans le cas de Scalfari. Il a raison de relativiser un peu la vérité au profit de la miséricorde. Le problème ici est que cette « casuistique » est rendue publique, et qu'elle revête le statut d'une parole officielle de l'Eglise par le biais des médias, alors qu'elle aurait dû rester entre Scalfari et le pape, comme la parole que l'on échange au confessionnal. Au confessionnal, un prêtre n'a pas la même posture face à un athée en questionnement et un catholique pratiquant déjà très engagé dans la foi. Il sera plus cool avec le premier, plus exigeant avec le second. C'est logique »

En quelque sorte, cet épisode et ce malaise posent une question sur la façon dont, à l'avenir, le Vatican doit gérer cette façon qu'a le pape de permettre que soient rendues publiques ses conversations privéesc'est à dire que sa casuistique apparaisse, sur la place publique, comme LE Magistère. On a déjà eu le problème avec les retranscriptions de ses conversations téléphoniques... Cette confusion risque de susciter une forte perplexité car le catholique est fondé à y voir une sorte de contradiction, soit avec d'autres paroles plus « réacs » de Bergoglio-François, soit avec Ratzinger. La chose est d'autant plus risquée que le pape émérite est encore vivant et que certains pourraient être tentés d'entonner l'air du « Rendez nous Benoit XVI !». Rien ne serait plus périlleux qu'une forme de schisme larvé entre deux sensibilités, l'une nostalgique du pape émérite, l'autre enthousiaste du nouveau pape. Pour l'instant, il manque à certains le logiciel qui nous permettrait de comprendre la volonté profonde du pape quand il en fait des tonnes et semble se distancier de son prédécesseur.

D'autres observateurs ont trouvé le logiciel. Ils soulignent au contraire que le pape, qui est très « politique » (=stratégique), sait très bien ce qu'il fait avec son plan média apparemment erratique, quitte à créer l'émoi chez certaines de ses troupes... La multiplication des interviews et autres coups de fil correspondrait à une très forte volonté chez François de se garantir un très fort capital de confiance et de sympathie auprès de la presse profane italienne avant de réellement passer à l'attaque pour faire le grand ménage : il est question que le pape frappe très fort au niveau de la Curie, « coupe » des têtes sans faire de sentiments, et démantèle au passage le lobby gay (paraît-il très nocif en raison des menaces de chantage qui peuvent faire s'effondrer le système). Les adversaires en interne de ce grand coup de nettoyage pourraient se déchaîner à travers la révélation des scandales, de façon à déstabiliser son entreprise. Pour se faire, le pape a besoin d'un très fort soutien médiatique pour limiter les dégâts, d'une Francescomania à toute épreuve, afin de réussir son opération « mains propres ». C'est ce qui expliquerait que ce jésuite fasse sa casuistique au grand jour, et non pas dans le secret d'un parloir, quitte à décontenancer les cathos classiques. Ceux-ci au fond, n'auraient guère de soucis à se faire, parce que le pape n'a guère l'intention de mener une politique ultra progressiste, et, même si sa rhétorique le laisse imaginer, il sera très fidèle à Benoît XVI sur le fond des choses. Qui vivra verra.

 

Source: http://www.lavie.fr/sso/blogs/post.php?id_post=2938&id_blog=71 

via http://belgicatho.hautetfort.com/archive/2013/10/04/pape-francois-malaise-dans-la-communication-5187931.html

Add. 18 novembre 2013, 21h47. L'interview du pape François au quotidien "Repubblica" retirée du site du Saint-Siège. Le Porte-parole du Vatican, le père Lombardi, a déclaré que "le texte est fiable dans son sens général, mais pas dans les formulations isolées entre guillemets, n'ayant pas été révisé mot à mot".


«Supprimée» la conversation avec Scalfari. Qu'est-ce que cela signifie?
Riccardo Cascioli
16/11/2013
http://www.lanuovabq.it/it
-----

Depuis hier, le texte de l'entretien entre le pape François et le fondateur du quotidien La Repubblica Eugenio Scalfari, n'apparaît plus sur le site Internet du Saint-Siège <www.vatican.va>.
Comme on s'en souvient, le Pape avait reçu Scalfari au Vatican après la publication sur la Repubblica de la lettre que le pape François lui avait envoyée en réponse à deux articles du même Scalfari. Le journaliste avait alors également publié le contenu de la conversation du Vatican, qui a été retirée hier du site du Saint-Siège. Pour expliquer la décision, le porte-parole du Vatican le père Federico Lombardi, a déclaré que «le texte est fiable dans son sens général, mais pas dans les formulations isolées entre guillemets, n'ayant pas été révisé mot à mot» (ndt: la faute à qui? et pourquoi?).
En substance, a dit le père Lombardi, «en l'ôtant, on a fait une mise au point sur la nature de ce texte. Il y avait une ambiguïté et un débat sur sa valeur».

 

Source: http://benoit-et-moi.fr/2013-III/actualites/amateurisme.html

 

 

. "Vraie fausse interview du Pape" : Désinformation du Figaro sur l'entretien du Pape François à la Repubblica

. Deux nouvelles réactions à la nouvelle conception de la conscience chez le Pape François


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3 octobre 2013 4 03 /10 /octobre /2013 15:07

Suite à la déclaration du pape François le 1er octobre dans la Repubblicca, dans laquelle le pape François expliquait que "chacun de nous a sa propre vision du bien et du mal" et qu'il doit choisir le bien et combattre le mal tels qu'il les conçoit, le lendemain, 2 octobre, il faisait une nouvelle déclaration par laquelle il infirmait la déclaration de la veille, et indiquait la nécessité de la grâce de Dieu pour vivre dans la charité. Les deux propositions du 1er et du 2 octobre se contredisaient. Ou bien l'homme est seul juge du bien et du mal et cela suffit pour "vivre dans un monde meilleur", ou bien il a besoin de la grâce "pour vivre dans la charité". Mais le directeur de la Salle de Presse du Saint-Siège, le père Lombardi, expliquait que la déclaration du 1er octobre était "fiable" parce que le Pape François se sentait "libre de communiquer".

 

Le site d'information traditionaliste de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, La Porte latine a réagi dès hier par un communiqué " La liberté d'expression du pape secoue l'Église", et le journaliste italien, Sandro Magister, aujourd'hui, a publié une analyse décrivant le "virage de François" qu'il qualifie de "net renversement de ligne" par rapport à l'enseignement de Jean-Paul II, de Benoît XVI, "et d’autres papes qui l’ont précédé" ! Avec une " définition tellement subjective de la conscience, dans laquelle l'individu apparaît comme la seule instance de décision", explique-t-il, "la différence existant entre lui et les papes qui l'ont précédé apparaît de plus en plus nettement. Dans ce qu'il dit et dans ce qu'il fait"... Une précision doctrinale de la part du Saint-Siège serait la bienvenue...



 

La liberté d'expression du pape secoue l'Église - 02 octobre 2013


pape_francois_1310.jpg

L'interview du pape François au quotidien "Repubblica" alimente des interrogations au Vatican sur son attachement aux dogmes

Le pape François risque d'apparaître "relativiste" - enclin à ne pas donner une valeur absolue aux dogmes -, dans son interview(1) au quotidien Repubblica, estimaient mercredi des experts du Vatican, décelant un malaise à propos de sa liberté d'expression.

La conférence de presse convoquée par le père Federico Lombardi pour évoquer le "G8" des cardinaux sur la réforme de l'Église s'est rapidement transformée mercredi en un tir nourri de questions sur les modalités dans lesquelles cette interview a été réalisée par le fondateur athée du journal Eugenio Scalfari, le niveau de fiabilité des propos du pape, la fidélité des phrases rapportées.

L'Église doit renforcer son dialogue avec les non croyants, affirmait en substance le pape François dans ce dialogue. Mais il accusait aussi les chefs de l'Église d'avoir "été souvent narcissiques", confiait se sentir parfois "anticlérical". Deux passages surtout ont ému dans les milieux catholiques : quand il a dit que "le prosélytisme est une bêtise", ou quand il a donné l'impression de relativiser la vérité chrétienne : "Chacun de nous, a argumenté le pape, a sa vision du bien et aussi du mal (...). Chacun doit choisir de suivre le bien et combattre le mal comme lui le conçoit. Cela suffirait pour améliorer le monde."



Une interview "fidèle"

Pressé de questions, le père Lombardi a relevé que cette interview n'est pas "un texte du magistère, mais une transcription d'une conversation avec une personne qui a été autorisée à la publier". Le porte-parole part du principe qu'elle "a été enregistrée" et qu'elle "est fidèle".

Selon le père jésuite, le pape inaugure "un nouveau mode d'expression auquel nous n'étions pas habitués. C'est une autre nouveauté du pape, un terrain nouveau".

Cette interview "sans préjugés ni filtres démontre sa disponibilité à l'égard d'un monde non croyant pas toujours bienveillant", a-t-il dit. "Il n'y a pas eu une révision du texte" avant sa publication, François "ne l'ayant pas relu" comme il avait relu sa longue interview à la revue jésuite Civilta Cattolica, deux semaines plus tôt, a dit le père Lombardi.

"Il n'y a eu aucune raison d'apporter des corrections. Si le pape avait eu l'intention de démentir ou de dire qu'il y avait eu de mauvaises interprétations, il l'aurait dit", a remarqué le porte-parole. Le fait qu'elle ait ensuite été rapportée par le quotidien du Vatican, l'Osservatore Romano, "lui attribue une authenticité".

 

Source: http://www.laportelatine.org/vatican/sanctions_indults_discussions/27_juin_2013/02_10_2013_pape_francois_interrogation_attachement_aux_dogmes.php via http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=733746

 

Or, vu que "Chacun doit choisir de suivre le bien et combattre le mal comme lui le conçoit,", cette déclaration étant jugée "fidèle" par le porte-parole du Saint-Siège, l'Eglise et ses sacrements devient inutile, l'Incarnation du Verbe en vue du rachat du monde des conséquences du péché originel, inutile, et la Rédemption elle-même, inutile. Une précision du Pape devient urgente...

 

 

 

Réaction aujourd'hui, 3 octobre, de Sandro Magister sur Chiesa : "Le virage de François"

 

Le virage de François

 

Il a dévoilé le véritable programme de son pontificat dans deux interviews et dans une lettre adressée à un intellectuel athée. La différence existant entre lui et les papes qui l'ont précédé apparaît de plus en plus nettement. Dans ce qu'il dit et dans ce qu'il fait

 

par Sandro Magister

 

 

ROME, le 3 octobre 2013 – La première réunion, ces jours-ci, des huit cardinaux appelés en consultation par le pape François et la visite qu’il fera demain à Assise, la ville du saint dont il a pris le nom, sont des actes qui caractérisent certainement ce début de pontificat.

 

Toutefois, si l’on veut en définir la ligne, quatre événements médiatiques, qui ont eu lieu au cours du mois qui vient tout juste de s’achever, le caractérisent encore mieux :

 

- l'interview qui a été accordée par le pape Jorge Mario Bergoglio à "La Civiltà Cattolica",

 

- la lettre par laquelle il a répondu aux questions qui lui avaient été posées publiquement par Eugenio Scalfari (photo), le fondateur du principal quotidien laïc italien, "La Repubblica",

 

- son entretien-interview organisé ultérieurement avec ce même Scalfari,

 

- et la lettre répondant à un autre champion de l'athéisme militant, le mathématicien Piergiorgio Odifreddi, lettre qui a été écrite non pas par le pape actuel mais par son prédécesseur, vivant.

 

Ceux qui veulent comprendre dans quelle direction le pape François veut marcher et en quoi il s’éloigne de Benoît XVI et d’autres papes qui l’ont précédé n’ont qu’à étudier et confronter ces quatre textes.

 

*

 

Dans l’interview que le pape Bergoglio a accordée à "La Civiltà Cattolica" il y a un passage qui a été universellement perçu comme un net renversement de ligne par rapport non seulement à Benoît XVI mais également à Jean-Paul II :

 

"Nous ne pouvons pas insister seulement sur les questions liées à l’avortement, au mariage homosexuel et à l’utilisation de méthodes contraceptives. Ce n’est pas possible. Je n’ai pas beaucoup parlé de ces choses et on me l’a reproché. Mais lorsqu’on en parle, il faut le faire dans un contexte précis. La pensée de l’Église, nous la connaissons et je suis fils de l’Église, mais il n’est pas nécessaire d’en parler en permanence. Les enseignements, tant dogmatiques que moraux, ne sont pas tous équivalents. Une pastorale missionnaire n’est pas obsédée par la transmission désarticulée d’une multitude de doctrines à imposer avec insistance. L’annonce de type missionnaire se concentre sur l’essentiel, sur le nécessaire, qui est aussi ce qui passionne et attire le plus, ce qui rend le cœur tout brûlant, comme l’eurent les disciples d’Emmaüs. Nous devons donc trouver un nouvel équilibre, autrement l’édifice moral de l’Église risque lui aussi de s’écrouler comme un château de cartes, de perdre la fraîcheur et le parfum de l’Évangile".

 

Évidemment, le pape François est bien conscient du fait que, pour les deux papes qui l’ont précédé, la priorité absolue était également l'annonce de l’Évangile ; que, pour Jean-Paul II, la miséricorde de Dieu était tellement centrale qu’il lui consacrait un dimanche de l'année liturgique ; que Benoît XVI a consacré précisément à Jésus vrai Dieu et vrai homme le livre de sa vie de théologien et de pasteur ; que, en somme, rien de tout cela ne le sépare d’eux.

 

Le pape François saura aussi que la même considération est également valable pour les évêques qui, plus que tous, ont agi en pleine harmonie avec les deux papes qui l’ont précédé. Par exemple, en Italie, le cardinal Camillo Ruini, dont le "projet culturel" a centré des événements pivots précisément sur Dieu et sur Jésus.

 

Cependant il y avait, chez Karol Wojtyla comme chez Joseph Ratzinger ou chez des pasteurs tels que Ruini ou encore, aux États-Unis les cardinaux Francis George et Timothy Dolan, l'intuition que l’annonce de l’Évangile ne peut pas être dissociée, aujourd’hui, d’une lecture critique de la nouvelle vision progressiste de l’homme, qui forme un contraste radical avec l'homme créé par Dieu à son image et à sa ressemblance, et d’une action de direction pastorale qui en découle.

 

Et c’est là que le pape François se différencie. Dans l’interview qu’il a accordée à "La Civiltà Cattolica" il y a un autre passage-clé. Au père Antonio Spadaro qui l’interroge sur l’actuel "défi anthropologique", il répond de manière évasive. Il montre qu’il n’a pas perçu la gravité historique du changement de civilisation analysé et contesté avec vigueur par Benoît XVI et, avant celui-ci, par Jean-Paul II. Il montre qu’il est convaincu qu’il vaut mieux répondre aux défis de l’époque actuelle par la simple annonce du Dieu miséricordieux, de ce Dieu "qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et qui fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes".

 

En Italie, mais pas seulement dans ce pays, cette orientation alternative à Jean-Paul II, à Benoît XVI et au cardinal Ruini était représentée par le cardinal jésuite Carlo Maria Martini.

 

Aux États-Unis, elle était représentée par le cardinal Joseph L. Bernardin, avant que le leadership de la conférence des évêques ne passe aux cardinaux George et Dolan, très fidèles à Wojtyla et à Ratzinger.

 

Les disciples et admirateurs de Martini et de Bernardin voient aujourd’hui en François le pape qui concrétise leurs espoirs de revanche.

 

Le cardinal Martini était et continue à être très populaire y compris dans l'opinion publique extérieure et hostile à l’Église et le même phénomène se produit pour le pape actuel.

 

*

 

L’échange de lettres et le dialogue ultérieur entre le pape François et l'athée proclamé Scalfari contribuent à expliquer cette popularité du pape y compris "in partibus infidelium".

 

Il y avait déjà, dans l'article du 7 août où Scalfari posait des questions au pape actuel, un passage qui donnait des indications sur l’opinion positive que le fondateur de "la Repubblica" avait de lui:

 

“Votre mission contient deux nouveautés scandaleuses : l’Église pauvre de François, l’Église horizontale de Martini. Et une troisième : un Dieu qui ne juge pas mais qui pardonne. Il n’y a pas de damnation, il n’y a pas d’enfer”.

 

Ayant reçu et publié la lettre de réponse du pape Bergoglio, Scalfari l’a commentée, ajoutant avec satisfaction cette autre considération :

 

"Jamais la chaire de saint Pierre n’avait fait preuve d’une ouverture d’une telle ampleur vers la culture moderne et laïque, d’une vision aussi profonde en ce qui concerne la conscience et son autonomie".

 

En affirmant cela, Scalfari se référait en particulier à ce que le pape François lui avait écrit à propos de la primauté de la conscience :

 

“La question porte sur l’obéissance de chacun à sa conscience. Le péché, même dans le cas de quelqu’un qui n’a pas la foi, existe lorsque l’on va contre sa conscience. Écouter celle-ci et lui obéir signifie, en effet, prendre une décision face à ce qui est perçu comme bon ou comme mauvais. Et c’est la nature de cette décision qui détermine si ce que nous faisons est bon ou mauvais”.

 

Le pape François n’avait rien ajouté d’autre. Et certains lecteurs avertis se sont demandé comment pouvait être formée cette définition tellement subjective de la conscience, dans laquelle l'individu apparaît comme la seule instance de décision, avec l'idée de conscience comme cheminement de l'homme vers la vérité, idée approfondie par des siècles de réflexion théologique, depuis Augustin jusqu’à Newman, et rappelée avec vigueur par Benoît XVI.

 

Mais, lors de son entretien ultérieur avec Scalfari, le pape François a été encore plus drastique dans sa réduction de la conscience à un acte subjectif :

 

"Chacun de nous a sa propre vision du bien et du mal et il doit choisir de suivre le bien et de combattre le mal tels qu’il les conçoit. Cela suffirait pour changer le monde". 

 

Dès lors il n’est pas étonnant que Scalfari, homme des Lumières et athée, ait écrit qu’il "était parfaitement d’accord" avec ces expressions de Bergoglio à propos de la conscience.

 

De même que l’on n’est pas non plus surpris par l’accueil bienveillant qu’il réserve à ces autres propos du pape, qui constituent presque un programme pour le nouveau pontificat, autrement dit "le plus urgent des problèmes auxquels l’Église est confrontée" :

 

"Notre objectif n’est pas le prosélytisme mais l'écoute des besoins, des désirs, des déceptions, du désespoir, de l’espérance. Nous devons redonner l’espérance aux jeunes, aider les vieux, ouvrir vers l’avenir, répandre l'amour. Pauvres parmi les pauvres. Nous devons inclure les exclus et prêcher la paix. Vatican II, inspiré par le pape Jean et par Paul VI, a décidé de regarder l’avenir avec un esprit moderne et d’ouvrir à la culture moderne. Les pères conciliaires savaient qu’ouvrir à la culture moderne voulait dire œcuménisme religieux et dialogue avec les incroyants. Depuis ce moment-là, très peu a été fait dans cette direction. J’ai l’humilité et l’ambition de vouloir le faire".

 

Il n’y a rien, dans ce programme de pontificat, qui puisse ne pas être apprécié par l'opinion laïque dominante. Même le jugement selon lequel Jean-Paul II et Benoît XVI auraient fait "très peu" en matière d’ouverture à l’esprit moderne est en ligne avec cette opinion. Le secret de la popularité du pape François réside dans la générosité avec laquelle il se conforme aux attentes de la "culture moderne" et dans l’adresse avec laquelle il esquive ce qui pourrait devenir un signe de contradiction.

 

En cela aussi, il se différencie nettement de ses prédécesseurs, Paul VI compris. Il y a, dans l’homélie prononcée à la mort du pape Giovanni Battista Montini, le 10 août 1978, par Ratzinger, qui était alors archevêque de Munich, un passage qui est extraordinairement éclairant, notamment en raison de son appel à la conscience "qui se mesure sur la vérité" :

 

"Un pape qui, aujourd’hui, ne ferait pas l’objet de critiques manquerait à son devoir vis-à-vis de cette époque. Paul VI a résisté à la télécratie et aux sondages d’opinion, les deux puissances dictatoriales actuelles. Il a pu le faire parce qu’il ne prenait pas comme paramètre le succès et l’approbation, mais bien la conscience, qui se mesure sur la vérité, sur la foi. Et c’est pour cette raison que, en de nombreuses occasions, il a cherché le compromis : la foi laisse beaucoup de choses ouvertes, elle offre un large spectre de décisions, elle impose comme paramètre l’amour, qui se sent des obligations envers le tout et qui impose donc beaucoup de respect. Voilà pourquoi il a pu être inflexible et décidé lorsque l’enjeu était la tradition essentielle de l’Église. En lui cette dureté ne résultait pas de l’insensibilité de celui dont le cheminement est dicté par le plaisir du pouvoir et par le mépris envers les gens, mais de la profondeur de sa foi, qui l’a rendu capable de supporter les oppositions".

 

*

 

Une confirmation de ce qui différencie le pape François de ses prédécesseurs est justement arrivée sous la forme de la lettre par laquelle Ratzinger-Benoît XVI – mettant fin au silence qui a suivi sa démission – a répondu au livre "Caro papa, ti scrivo" [Cher pape, je t’écris] qu’avait publié en 2011 le mathématicien Piergiorgio Odifreddi.

 

Les deux derniers papes dialoguent volontiers, l’un comme l’autre, avec des athées proclamés et des leaders d'opinion laïcs, mais ils le font sous des formes très différentes. Alors que François esquive les pierres de scandale, Ratzinger, lui, les met en évidence.

 

Il suffit, pour s’en rendre compte, de lire ce passage de la lettre qu’il a adressée à Odifreddi :

 

http://media01.radiovaticana.va/imm/1_0_731196.JPG"Ce que vous dites à propos du personnage de Jésus n’est pas digne de votre rang scientifique. Si vous posez la question comme si, au fond, on ne savait rien à propos de Jésus et s’il n’y avait rien de vérifiable à Son sujet, en tant que personnage historique, alors je ne peux que vous inviter, de manière décidée, à vous rendre un peu plus compétent au point de vue historique. Pour cela je vous recommande surtout les quatre volumes que Martin Hengel (exégète à la Faculté de théologie protestante de Tübingen) a publiés avec Maria Schwemer : c’est un excellent exemple de précision et de très vaste information historique. Face à cela, les propos que vous tenez au sujet de Jésus sont hasardeux et vous ne devriez pas recommencer. Il est malheureusement incontestable que, dans l’exégèse, beaucoup de choses peu sérieuses ont été écrites. Le séminaire américain consacré à Jésus que vous citez aux pages 105 et suivantes ne fait que confirmer une fois de plus ce qu’Albert Schweitzer avait noté à propos de la Leben-Jesu-Forschung (recherches sur la vie de Jésus), à savoir que ce que l’on appelle le 'Jésus historique' est, le plus souvent, le reflet des idées des auteurs. Cependant ces formes peu réussies de travail historique ne compromettent pas du tout l'importance de la recherche historique sérieuse, qui nous a conduits à des connaissances vraies et sûres en ce qui concerne l'annonce et le personnage de Jésus".

 

Et plus loin il ajoute :

 

"Si vous voulez remplacer Dieu par 'La Nature', il reste la question de savoir qui est ou ce qu’est cette nature. Vous ne la définissez nulle part et elle apparaît donc comme une divinité irrationnelle qui n’explique rien du tout. Toutefois je voudrais surtout vous faire encore remarquer que, dans votre religion de la mathématique, il reste trois thèmes fondamentaux de l'existence humaine qui ne sont pas pris en considération : la liberté, l'amour et le mal. Je suis étonné que vous liquidiez, en un seul aperçu, la liberté qui, cependant, a été et est toujours la valeur portante de l'époque moderne. Dans votre livre l'amour n’apparaît pas et même à propos du mal il n’y a aucune information. Quoi que la neurobiologie dise ou ne dise pas à propos de la liberté, celle-ci est présente dans le drame réel de notre histoire comme une réalité déterminante et elle doit être prise en considération. Mais votre religion mathématique ne connaît aucune information relative au mal. Une religion qui laisse de côté ces questions fondamentales reste vide.

 

"La critique que je fais de votre livre est dure en partie. Mais la franchise fait partie du dialogue ; ce n’est qu’ainsi que la connaissance peut progresser. Vous avez été très franc et vous accepterez donc que je le sois, moi aussi. Mais, en tout cas, je porte un jugement très positif sur le fait que vous ayez, à travers votre confrontation avec mon 'Introduction au christianisme', cherché un dialogue aussi ouvert avec la foi de l’Église catholique et que, en dépit de toutes les oppositions, dans le domaine central, les convergences ne soient pas du tout absentes".

 

*

 

Jusqu’ici il n’a été question que de ce qui avait été dit. Mais les faits aussi commencent à différencier les deux derniers papes l’un de l’autre.

 

Messe-tridentine--quand-le-pr--tre-tourn

L’interdiction qui a été faite par le pape Bergoglio à la congrégation des religieux franciscains de l'Immaculée de célébrer la messe selon le rite ancien a été une restriction réelle de la liberté de célébrer selon ce rite que Benoît XVI avait assurée à tous.

 

Il ressort des conversations qu’il a eues avec les gens qui lui rendent visite que Ratzinger lui-même a perçu cette restriction comme un "vulnus" à son motu proprio de 2007 "Summorum pontificum".

 

Dans l’interview qu’il a accordée à "La Civiltà Cattolica" le pape François a liquidé la libéralisation de l’usage du rite ancien décidée par Benoît XVI en la qualifiant de simple "choix prudentiel lié à l’aide apportée à des personnes qui avaient cette sensibilité particulière", alors que l'intention explicite de Ratzinger – qu’il avait exprimée en son temps dans une lettre adressée aux évêques du monde entier – était au contraire que "les deux formes d’utilisation du rite romain puissent s’enrichir réciproquement".

 

Dans cette même interview le pape François a défini la réforme liturgique postconciliaire comme "un service au peuple en tant que relecture de l’Évangile à partir d’une situation historique concrète". Cette définition est fortement réductrice par rapport à la conception de la liturgie qui était celle de Ratzinger, théologien et pape.

 

De plus, toujours dans ce domaine, le pape François a remplacé en bloc, le 26 septembre dernier, les cinq consulteurs du service des célébrations liturgiques pontificales.

 

Parmi ceux qui ont été renvoyés, il y a, par exemple, le père Uwe Michael Lang, un liturgiste dont le livre le plus important, consacré à l'orientation "vers le Seigneur" de la prière liturgique, a été préfacé par Ratzinger lui-même.

 

Alors que, parmi ceux qui ont été nommés, il y a des liturgistes beaucoup enclins à soutenir le style de célébration du pape François, lui aussi visiblement éloigné de l’"ars celebrandi", inspiré, de Benoît XVI.

 

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L'interview accordée à "La Civiltà Cattolica" par le pape François, qui a été publiée en plusieurs langues le 19 septembre :

> Interview du pape François

La lettre adressée par le pape à Eugenio Scalfari, qui a été publiée dans "La Repubblica" du 11 septembre :

> "Pregiatissimo Dottor Scalfari…"

L’entretien ultérieur entre le pape et Scalfari, qui a eu lieu le 24 septembre à la résidence Sainte-Marthe, au Vatican, et qui a été publié dans "La Repubblica" du 1er octobre :

> Il papa a Scalfari : Così cambierò la Chiesa

Les passages de la lettre de Joseph Ratzinger à Piergiorgio Odifreddi qui ont été publiés en avant-première dans "la Repubblica" du 24 septembre :

> Ratzinger : Caro Odifreddi, le racconto chi era Gesù

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Avant d’être en contact avec le pape Bergoglio, Scalfari l’a été, de manière encore plus intense, avec le cardinal jésuite Carlo Maria Martini, archevêque de Milan de 1979 à 2002.

 

En particulier, Scalfari avait consacré un compte-rendu très favorable au livre qui est peut-être le plus révélateur de la vision du christianisme et de l’Église qui était celle de ce cardinal, "Conversations nocturnes à Jérusalem. Sur le risque de la foi", publié en 2008, un livre très lu et très discuté dans et hors de l’Église :

 

> Dieu n'est pas catholique. Parole de cardinal

 

En tant qu’athée déclaré, Scalfari a écrit qu’il trouvait réconfortant que "pour Martini, le Fils de l'Homme soit beaucoup plus prégnant que le Fils de Dieu".

 

A l'époque, une expression employée par Martini dans ce livre avait marqué les esprits : "On ne peut pas rendre Dieu catholique". Il est significatif qu’elle soit réapparue dans la bouche du pape François lors de l’entretien avec Scalfari, le 24 septembre dernier : "Je crois en Dieu. Pas en un Dieu catholique, il n’existe pas de Dieu catholique, il existe Dieu".

 

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À propos de l'apogée et du crépuscule du leadership exercé par le cardinal Joseph L. Bernardin dans l’Église catholique des États-Unis, une analyse approfondie est celle qui a été publiée par George Weigel dans le magazine "First Things" au mois de février 2011 :

> The End of the Bernardin Era

 

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Benoît XVI a réfléchi à la question de la conscience en particulier en 2010, au cours de son voyage en Grande-Bretagne marqué par la béatification de John Henry Newman et plus encore dans le discours de vœux adressé à la curie romaine avant Noël de cette même année :

 

> "Conscience signifie la capacité de l’homme à reconnaître la vérité..."

 

Quant à l'homélie prononcée à la mort de Paul VI par celui qui était alors le cardinal Ratzinger, elle contient également une référence à la conscience "qui se mesure à la vérité" et elle a été publiée pour la première fois au début du mois d’août dernier dans un numéro spécial de "L'Osservatore Romano", à l’occasion du cinquantième anniversaire de l'élection du pape Montini.

 

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Traduction française par Charles de Pechpeyrou.

 

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Pour d'autres informations et commentaires, voir le blog que tient Sandro Magister, uniquement en italien:

 

> SETTIMO CIELO

 

 

 

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3.10.2013

 

 

Source: http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350615?fr=y

 

 

Add. 4 octobre 2013 10h44. Texte de l'entretien avec François, publié en français sur Repubblica

 

Le Pape à Scalfari :"Ainsi je changerai l'Église"

 

Source: http://www.repubblica.it/cultura/2013/10/01/news/le_pape_a_scalfari_ainsi_je_changerai_l_glise-67693549/

 

EXCLUSIF Dans Repubblica, le dialogue avec François:"Repartir du Concile, s'ouvrir a' la culture moderne". L'entretien au Vatican après la lettre de Bergoglio a' Repubblica:"Essayer de vous convertir ? Le prosélytisme est une pompeuse absurdité. Il faut se connaître et s'écouter les uns les autres"

 

par EUGENIO SCALFARI

 

Le Pape à Scalfari :"Ainsi je changerai l'Église" Pape François (ansa)


Le Pape François me dit ceci :"Les maux les plus graves qui affligent le monde aujourd'hui sont le chômage des jeunes et la solitude dans laquelle sont abandonnés les vieillards. Les personnes âgées ont besoin de soins et de compagnie ; les jeunes de travail et d'espérance, mais ils n'ont ni l'un ni l'autre et, hélas, ils ne les recherchent même plus. Ils ont été écrasés par le présent. Dites-moi : peut-on vivre écrasé par le présent ? Sans mémoire du passé et sans désir de se projeter dans l'avenir en construisant un projet, un avenir, une famille ? Peut-on continuer ainsi ? Voilà, selon moi, le problème le plus urgent auquel l'Église est confrontée."

 

Votre Sainteté, lui dis-je, c'est avant tout un problème politique et économique qui concerne les États, les gouvernements, les partis, les associations syndicales.

"Oui, vous avez raison, mais ce problème concerne aussi l'Église, je dirai même surtout l'Église car cette situation ne blesse pas seulement les corps, mais aussi les âmes. L'Église doit se sentir responsable des âmes, comme des corps."

 

Votre Sainteté, vous dites que l'Église doit se sentir responsable. Dois-je en déduire que l'Église n'est pas consciente de ce problème et que vous souhaitez la sensibiliser ?

"Dans une large mesure, cette conscience existe mais ce n'est pas encore suffisant. Je désire qu'elle soit plus forte. Ce n'est pas le seul problème auquel nous soyons confrontés, mais c'est surement le plus urgent et le plus dramatique"

 

La rencontre avec le Pape François a eu lieu mardi dernier chez lui, a' la résidence Santa-Marta, dans une pièce minuscule meublée d'une table et de cinq ou six chaises, avec pour tout ornement un tableau accroché au mur. L'entretien avait été précédé d'un appel téléphonique que, de ma vie, je n'oublierai jamais.

Il était deux heures et demie de l'après-midi. Mon téléphone sonne et la voix de ma secrétaire, au comble de l'agitation, me dit :"J'ai le Pape en ligne, je vous le passe tout de suite."

 

Je demeure sans voix tandis que celle de Sa Votre Sainteté, a' l'autre bout du fil dit :"Bonjour, je suis le Pape François."Bonjour, Votre Sainteté - dis-je - en ajoutant aussitôt : Je suis bouleversé, je ne m'attendais pas a' ce que vous m'appeliez."Pourquoi bouleversé ? Vous m'avez écrit une lettre en demandant a' faire ma connaissance. Ce désir étant réciproque, je vous appelle pour fixer un rendez-vous. Voyons mon agenda: mercredi, je suis pris, lundi aussi, seriez vous libre mardi ?". Je lui réponds : c'est parfait.

 

"L'horaire n'est pas des plus pratiques, a' 15 heures, cela vous va ? Sans cela, je vous propose une autre date"

Votre Sainteté, l'heure me convient."Alors, nous sommes d'accord : mardi 24 a' 15 heures. A Santa-Marta. Il vous faudra rentrer par la porte du Saint-Office."

Je ne sais comment clore l'appel et me hasarde a' lui demander : puis-je vous donner une accolade par téléphone."Mais oui, certainement, et je fais de même, en attendant de pouvoir nous saluer ainsi personnellement. A bientôt"

 

Me voici arrivé. Le Pape entre et me serre la main, nous nous asseyons. Le Pape sourit et me dit :"Certains de mes collaborateurs qui vous connaissent m'ont averti que vous allez essayer de me convertir."

 

A ce trait d'esprit, je réponds : mes amis vous prêtent la même intention a' mon endroit.

 

Il sourit et répond :"Le prosélytisme est une pompeuse absurdité, cela n'a aucun sens. Il faut savoir se connaître, s'écouter les uns les autres et faire grandir la connaissance du monde qui nous entoure. Il m'arrive qu'après une rencontre j'ai envie d'en avoir un autre car de nouvelles idées ont vu le jour et de nouveaux besoins s'imposent. C'est cela qui est important : se connaître, s'écouter, élargir le cercle des pensée. Le monde est parcouru de routes qui rapprochent et éloignent, mais l'important c'est qu'elles conduisent vers le Bien"

 

Votre Sainteté, existe-t-il une vision unique du Bien ? Et qui en décide ?

"Tout être humain possède sa propre vision du Bien, mais aussi du Mal. Notre tâche est de l'inciter a' suivre la voie tracée par ce qu'il estime être le Bien."

 

Votre Sainteté, vous-même l'aviez écrit dans une lettre que vous m'avez adressée. La conscience est autonome, disiez-vous, et chacun doit obéir a' sa conscience. A mon avis, c'est l'une des paroles les plus courageuses qu'un Pape ait prononcée.

"Et je suis prêt a' la répéter. Chacun a' sa propre conception du Bien et du Mal et chacun doit choisir et suivre le Bien et combattre le Mal selon l'idée qu'il s'en fait. Il suffirait de cela pour vivre dans un monde meilleur."

 

L'Église s'emploie-t-elle a' cela?

"Oui, nos missions poursuivent ce but : repérer les besoins matériels et immatériels des personnes et chercher a' les satisfaire comme nous le pouvons. Vous savez ce qu'est l''agapé' ?".

 

Oui, je le sais.

"C'est l'amour pour les autres, tel que Notre Seigneur l'a enseigné. Ce n'est pas du prosélytisme, c'est de l'amour. L'amour pour autrui, qui est le levain du bien commun".

 

Aime ton prochain comme toi-même.

"Oui, c'est exactement cela."

 

Jésus prêchait que l'agapé, l'amour pour les autres, est la seule façon d'aimer Dieu. Corrigez-moi si je me trompe.

"Non, c'est bien cela. Le Fils de Dieu s'est incarné pour faire pénétrer dans l'âme des hommes le sentiment de la fraternité. Tous les frères et tous les enfants de Dieu. Abbà, ainsi qu'il appelait le Père. Je suis la Voie, disait-il. Suivez-moi et vous trouverez le Père et vous serez tous ses enfants et il se complaira en vous. L'agapé, l'amour de chacun de nous pour tous les autres, des plus proches aux plus lointains, est justement la seule manière que Jésus nous a indiquée pour trouver la voie du salut et des Béatitudes."

 

Toutefois, l'exhortation de Jésus, nous le rappelions tout a' l'heure, est que l'amour pour le prochain doit être égal a' celui que nous avons pour nous-mêmes. Par conséquent, ce que l'on a coutume d'appeler le narcissisme est reconnu comme valable, positif, au même titre que l'autre. Nous avons longuement discuté de cette question.

"Je n'aime pas - disait le Pape - le mot narcissisme, qui indique un amour sans bornes pour soi-même qui ne convient pas parce qu'il peut produire de très graves dommages non seulement dans l'âme de celui qui en est atteint, mais aussi dans la relation avec les autres et avec la société. Le vrai problème c'est que ceux sont touchés par cette affection, qui est en quelque sorte un trouble mental, sont généralement les personnes qui détiennent le plus de pouvoir. Les dirigeants sont bien souvent des Narcisses."

 

Maints dirigeants au sein de l'Église l'ont été eux aussi.

"Vous savez ce que j'en pense ? Les dirigeants de l'Église ont été souvent des narcisses en proie aux flatteries et aux coups d'aiguillons de leurs propres courtisans. L'esprit de cour est la lèpre de la papauté."

 

La lèpre de la papauté, c'est bien l'expression utilisée par vous. Mais quelle est cette cour ? Faites-vous allusion a' la Curie ? ai-je demandé.

"Non, il peut y avoir parfois des courtisans dans la Curie, mais la Curie dans son ensemble, ce n'est pas cela. Elle correspond a' ce que l'on a coutume d'appeler l'intendance dans une armée. En tant que telle, elle gère les services dont le Saint-Siège a besoin, mais elle a un défaut : elle est 'vaticano-centrée'. Elle voit et suit les intérêts du Vatican, qui sont encore en majorité des intérêts temporels. Cette vision axée sur le Vatican néglige le monde qui nous entoure. Je ne partage pas cette vision et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour la modifier. L'Église est ou doit redevenir une communauté du peuple de Dieu et les religieux, les curés, les Évêques ayant charge d'âmes sont au service du peuple de Dieu. L'Église c'est cela. Il ne faut pas confondre l'appellation avec celle du Saint-Siège, dont la fonction est importante, certes, mais qui est au service de l'Église. Je n'aurais pu avoir pleinement foi en Dieu et en son Fils si je n'avais pas été formé au sein de l'Église et j'ai eu la chance de me trouver, en Argentine, au sein d'une communauté sans laquelle je n'aurais jamais pris conscience de ce que j'étais et de ma foi."

 

Votre vocation est-elle née en vous lorsque vous étiez jeune ?

"Non, pas très jeune. Ma famille me destinait a' un métier, pour travailler et gagner un peu d'argent. J'allai a' l'Université. J'eus a' cette époque une enseignante pour laquelle j'éprouvai du respect et de l'amitié. C'était une fervente communiste. Souvent, elle me lisait ou me donnait a' lire des textes du Parti communiste. C'est ainsi que je me familiarisai également avec cette conception très matérialiste. Je me souviens qu'elle me procura aussi le communiqué des communistes américains en faveur des époux Rosenberg, après leur condamnation a' mort. La femme dont je viens de vous parler a été arrêtée, torturée et assassinée par la dictature qui était alors au pouvoir en Argentine."

 

Le communisme vous avait-il séduit ?

"Son matérialisme n'eut pas prise sur moi. Mais l'avoir abordé par l'intermédiaire d'une personne courageuse et honnête m'a été utile et j'ai compris certaines choses, notamment une dimension sociale que je retrouvai par ailleurs dans la doctrine sociale de l'Église."

 

La théologie de la libération, qui a été excommuniée par le Pape Wojtyla, était assez répandue en Amérique latine.

"Oui, bon nombre de ses représentants étaient des Argentins."

 

Estimez-vous que le Pape ait eu raison de les combattre ?

"Il est certain qu'ils prolongeaient la théologie qu'ils professaient dans la sphère politique, mais nombre d'entre eux étaient des croyants qui avaient une haute idée de la notion d'humanité."

 

Votre Sainteté ; me permettez-vous de vous dire a' mon tour quelque chose de ma formation culturelle ? J'ai été élevé par une mère très catholique. A 12 ans, j'ai même gagné un concours de catéchisme entre toutes les paroisses de Rome et a' cette occasion le Vicariat m'a remis un prix. Je communiais chaque premier vendredi du mois, bref, j'étais croyant et pratiquant. Mais tout a changé pendant mes études secondaires. Au lycée, je lus entre autres textes de philosophie qui étaient au programme, le "Discours de la méthode" de Descartes et je fus frappé par la phrase que nous connaissons bien "Je pense, donc je suis." Le"je"devint ainsi la base de l'existence humaine, le siège autonome de la pensée.

"Descartes n'a cependant jamais renié la foi du Dieu transcendant"

 

C'est vrai, mais il avait jeté le fondement d'une vision complètement différente. J'empruntai ce parcours et, corroboré par d'autres lectures, parvins dans les contrées où je me trouve aujourd'hui.

"Cependant, si j'ai bien compris, vous êtes non-croyant mais pas anticlérical. Ce sont deux choses bien différentes."

 

C'est vrai, je ne suis pas anticlérical, mais je le deviens quand je rencontre un tenant du cléricalisme.

Il me sourit et me répond :"Cela m'arrive aussi, lorsque j'en ai un devant moi et je deviens soudain anticlérical. Le cléricalisme ne devrait rien avoir a' faire avec le christianisme. Saint Paul fut le premier a' s'adresser aux Gentils, aux païens, aux croyants d'autres religions ; il fut le premier a' nous enseigner cela."

 

Puis-je vous demander, Votre Sainteté, quels sont les saints que vous ressentez comme les plus proches de votre âme, ceux sur lesquels s'est formée votre expérience religieuse ?

"Saint-Paul est celui qui a précisé les fondements de notre religion et de notre crédo. Sans lui, nous ne saurions être des chrétiens conscients. Il a traduit la prédication du Christ en une structure doctrinaire qui, même après les mises a' jour successives des penseurs, théologiens et pasteurs d'âmes, a résisté et résiste toujours, depuis deux mille ans. Et puis Augustin, Benoît et Thomas et Ignace. Et naturellement François. AI-je besoin d'expliquer pourquoi ?."

 

François - qu'il me soit permis d'appeler ainsi le Pape puisque lui-même semble nous y inviter, par sa façon de parler, de sourire, par ses exclamations de surprise ou d'assentiment - me regarde comme pour m'encourager a' poser enfin des questions plus audacieuses et embarrassantes pour celui qui dirige l'Église. De sorte que je l'interroge : de Paul, vous avez expliqué l'importance et le rôle, mais de tous les saints que vous avez nommés, j'aimerais connaître celui qui est le plus proche de votre âme ?

"Vous me demandez un classement mais les classements sont faciles a' faire si l'on parle de sport ou d'affaires similaires. Je pourrais tout au plus vous énumérer les meilleurs footballers argentins. Mais pour les Saints...."

 

Vous connaissez le proverbe "Scherza coi fanti ma lascia stare i santi" qui invite a' ne pas plaisanter sur des choses sérieuses ?

"Justement. Je ne veux toutefois éluder votre question, car vous ne m'avez pas demandé un classement sur leur importance culturelle et religieuse, mais sur la proximité avec mon âme. Alors, je dis : Augustin et François."

 

Pas Ignace, qui est le fondateur de l'Ordre auquel vous appartenez?

"Ignace, pour des raisons évidentes, est celui que je connais le mieux. Il a fondé notre Ordre. Je vous rappelle que Carlo Maria Martini, que vous et moi apprécions beaucoup, en provenait lui aussi. Les jésuites ont été et demeurent le levain - pas le seul, mais sans doute le plus efficace - de la catholicité : culture, enseignement, témoignage missionnaire, fidélité au Saint-Pontife. Mais Ignace, fondateur de la Compagnie de Jésus, était aussi un réformateur et un mystique. Surtout un mystique."

 

Et vous pensez que les mystiques ont joué un rôle important pour l'Église ?

"Un rôle fondamental. Une religion sans mystiques et une philosophie."

 

Avez-vous une vocation mystique ?

"Quel est votre avis sur la question."

 

Il me semble que non.

"Et vous avez probablement raison. J'adore les mystiques ; Saint François lui-même, dans bien des aspects de sa vie, en fut un mais je ne crois pas avoir personnellement cette vocation. Encore faut-il s'entendre sur la signification profonde du terme. Le mystique réussit a' se dévêtir du faire, des faits, des objectifs et même de la pastorale missionnaire pour s'élever, jusqu'à atteindre la communion avec les Béatitudes. De brefs moments qui cependant remplissent toute une vie."

 

Cela vous est-il jamais arrivé ?

"Rarement. Par exemple, quand le Conclave m'a élu Pape. Avant d'accepter, je demandai la permission de me retirer quelques minutes dans la pièce adjacente a' celle du balcon qui donne sur la place. Ma tête était totalement vide et j'étais envahi par l'angoisse. Pour la dissiper et me détendre, je fermai les yeux et je demeurai sans aucune pensée, pas même celle de refuser la charge, comme le permettrait la procédure liturgique. A un certain moment, une grande lumière m'envahit, qui dura un bref instant, mais me parut infiniment long. Puis la lumière disparut et je me levai d'un bond pour me diriger vers la pièce où m'attendaient les cardinaux et la table sur laquelle reposait l'acte d'acceptation. J'y apposai ma signature, le cardinal camerlingue le contresigna, puis nous sortîmes et l''Habemus Papam' fut prononcé."

 

Nous demeurâmes un peu en silence, puis je dis : nous parlions des saints qui vous sont proches et nous en étions restés a' Augustin. Voulez vous me dire pourquoi vous le sentez très proche de vous?

"Pour mon prédécesseur aussi, Saint Augustin est un point de référence. Ce saint, dont la vie a été marquée par de nombreuses vicissitudes, a modifié plusieurs fois sa position doctrinaire. Il a prononcé des paroles très dures a' l'égard des juifs, que je n'ai jamais approuvées. Il a écrit de nombreux livres et l'œuvre qui me semble la plus révélatrice de son intimité intellectuelle et spirituelle ce sont les 'Confessions', qui contiennent aussi des manifestations de mysticisme mais, contrairement a' ce que d'aucuns soutiennent, il n'est pas du tout l'héritier de Paul. Il voit l'Église et la foi de manière profondément différente de celui-ci, peut-être aussi parce que quatre siècles se sont écoulés entre l'un et l'autre."

 

Quelle est cette différence, Votre Sainteté?

"Elle tient pour moi a' deux aspects, qui sont essentiels. Augustin se sent impuissant face a' l'immensité de Dieu et aux devoirs qui incombent au chrétien et a' l'Évêque qu'il est. Il ne le fut absolument pas dans les faits, et pourtant il estimait en toute situation être au-dessous de ce qu'il voulait ou devait faire. Et puis la grâce dispensée par le Seigneur comme élément fondateur de la foi. De la vie. Du sens de la vie. Celui qui n'est pas touché par la grâce aura beau être sans peur et sans reproche, comme on dit, il ne sera jamais comme une personne touchée par la grâce. Telle est l'intuition d'Augustin."

 

Vous sentez-vous touché par la grâce ?

"Cela, personne ne peut le savoir. La grâce ne fait pas partie de la conscience ; elle est la quantité de lumière que nous avons dans l'âme, elle n'est pas faite de sagesse, ni de raison. Vous-même, totalement a' votre insu, pourriez être touché par la grâce."

 

Sans la foi ? Moi, un non-croyant ?

"La grâce intéresse l'âme."

 

Je ne crois pas dans l'âme.

"Vous n'y croyez pas mais vous en avez une."

 

Votre Sainteté, nous avions dit que vous n'aviez guère l'intention de me convertir, d'ailleurs je crois que vous n'y arriveriez pas.

"Cela, personne ne peut le savoir mais il est vrai, en tout cas, je n'en ai pas l'intention."

 

Et François?

"Il est grand parce qu'il est tout a' la fois. Homme qui veut faire, qui veut construire, qui fonde un Ordre est sa règle, qui est itinérant et missionnaire, qui est poète et prophète, qui est un mystique. Il a constaté le mal sur lui-même et il en est sorti, il aime la nature, les animaux, le brun d'herbe dans le pré, les oiseaux qui volent dans le ciel, mais surtout, il aime les personnes, les enfants, les vieillards, les femmes. Il est l'exemple le plus lumineux de l'agapé dont nous parlions tout a' l'heure."

 

Vous avez raison, Votre Sainteté, la description est parfaite. Mais pourquoi aucun de vos prédécesseurs n'a-t-il jamais choisi ce nom ? Et en toute probabilité, selon moi, aucun de vos successeurs ?

"Sur ce dernier point, ne préjugeons pas de l'avenir. C'est vrai, avant moi, personne ne l'avait choisi. Nous touchons ici au cœur du problème. Vous voulez boire quelque chose ?"

 

Merci, peut-être un verre d'eau.

 

Il se lève, ouvre la porte et prie un collaborateur qui se trouve a' l'entrée d'apporter deux verres d'eau. Il me demande si je souhaite boire un café. Je réponds par la négative. La carafe d'eau arrive. A la fin de notre conversation, mon verre sera vide, mais il n'aura pas touché au sien. Il s'éclaircit la voix et poursuit.

 

"François voulait un ordre mendiant qui fût aussi itinérant. Des missionnaires a' la recherche d'occasions pour rencontrer, écouter, dialoguer, aider, répandre la foi et l'amour. Surtout l'amour. Il avait ce rêve d'une Église pauvre, qui aurait soin des gens, qui recevrait des aides matérielles et les utiliserait pour soutenir les autres, sans se soucier d'elle même. Huit cents ans se sont écoulés depuis et les temps ont changé, mais l'idéal d'une Église missionnaire et pauvre reste plus que fondée. C'est bien l'Église qu'ont prêchée Jésus et ses disciples."

 

Vous les chrétiens, êtes devenus une minorité. Même en Italie, ce pays désigné comme le 'jardin du Pape', les catholiques pratiquants comptent pour 8 a' 15 pour cent de la population, d'après les sondages, et les catholiques qui se déclarent tels mais ne pratiquent pas représentent a' peine 20 pour cent. Il y a un milliard de catholiques et plus dans le monde et, avec les autres Églises chrétiennes, vous dépassez le milliard et demie, mais la planète est peuplée de 6 - 7 milliards de personnes. Vous êtes nombreux, certes, particulièrement en Afrique et en Amérique latine, mais néanmoins en minorité.

"Nous l'avons toujours été, mais le thème d'aujourd'hui est autre. Personnellement, je pense qu'être une minorité est même une force. Nous devons être un levain de vie et d'amour et le levain est une quantité infiniment plus petite que la masse de fruits, de fleurs et d'arbres qui naissent de ce levain. Il me semble avoir déjà dit au début de nos propos que notre objectif n'est pas le prosélytisme mais l'écoute des besoins, des vœux, des illusions perdues, du désespoir, de l'espérance. Nous devons rendre espoir aux jeunes, aider les vieux, nous tourner vers l'avenir, répandre l'amour. Pauvres parmi les pauvres. Nous devons ouvrir la porte aux exclus et prêcher la paix. Le Concile Vatican II, inspiré par le Pape Jean et par Paul VI, a décidé de regarder l'avenir dans un esprit moderne et de s'ouvrir a' la culture moderne. Les pères conciliaires savaient que cette ouverture a' la culture moderne était synonyme d'œcuménisme religieux et de dialogue avec les non-croyants. Après eux, on fit bien peu dans cette direction. J'ai l'humilité et l'ambition de vouloir le faire."

 

D'autant que - me permettrai-je d'ajouter - la société moderne, partout dans le monde, traverse en ce moment une crise profonde qui touche l'économie, certes, mais aussi la sphère sociale et spirituelle. Au début de notre rencontre, vous avez décrit une génération écrasée par le présent. Nous aussi, non-croyants nous ressentons cette souffrance presque anthropologique. Pour cela, nous voulons dialoguer avec les croyants et avec leur représentant le meilleur.

" Je ne sais si je suis le meilleur de ses représentants, mais la Providence m'a placé a' la tête de l'Église et du Diocèse de Pierre. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour remplir le mandat qui m'a été confié."

 

Jésus, vous l'avez rappelé, a dit ; aime ton prochain comme toi-même. Pensez-vous que ce précepte soit devenu réalité ?

"Hélas, non. L'égoïsme a augmenté et l'amour envers les autres a diminué."

 

C'est donc l'objectif qui nous réunit : atteindre au moins la même courbe d'intensité pour ces deux versants de l'amour. Votre Église est-elle préparée et équipée pour accomplir cette tâche?

"Comment voyez-vous la chose ?".

 

Je pense que l'amour pour le pouvoir temporel est encore plus fort entre les murs du Vatican et dans la structure institutionnelle de toute l'Église. Je pense que l'Institution prédomine sur l'Église pauvre et missionnaire que vous appelez de vos vœux.

"Effectivement, il en est ainsi et, dans ce domaine, il n'y a pas de miracle. Je vous rappelle que François lui-même, a' son époque, dut négocier longuement avec la hiérarchie romaine et avec le Pape pour faire reconnaître la règle de son Ordre. Finalement, il obtint gain de cause au prix de vastes compromis."

 

Devrez-vous suivre la même voie?

"Je ne suis pas François d'Assise et je n'ai ni sa force ni sa sainteté. Mais je suis l'Évêque de Rome et le Pape du monde catholique. J'ai décidé comme première chose de nommer un groupe de huit cardinaux pour former mon conseil. Pas de courtisans, mais des personnalités sages et animées des mêmes sentiments que les miens. C'est l'amorce d'une Église qui ne fonctionne pas seulement selon une hiérarchie verticale, mais aussi horizontalement. Quand le Cardinal Martini en parlait en mettant l'accent sur les Conciles et les Synodes, il savait pertinemment combien ce chemin était long et difficile a' parcourir. Avec prudence, mais fermeté et ténacité."

 

Et la politique ?

"Pourquoi posez-vous la question ? Je vous ai déjà dit que l'Église ne s'occupera pas de politique."

 

Cependant, il y a quelques jours, vous avez adressé un appel pour inviter les catholiques a' s'engager au plan civil et politique.

"Je ne me suis pas adressé uniquement aux catholiques mais a' tous les hommes de bonne volonté. J'ai dit que la politique est la première des activités civiles et qu'elle a son propre champ d'action, qui n'est pas celui de la religion. Les institutions politiques sont laïques par définition et opèrent dans des domaines indépendants. Mes prédécesseurs, depuis déjà de nombreuses années, n'ont cessé de le dire, chacun a' sa manière. Je crois que les catholiques engagés dans la politique portent en eux les valeurs de la religion avec toute la maturité de conscience et les compétences nécessaires pour les mettre en œuvre. L'Église ne franchira jamais les limites de sa tâche, qui est d'exprimer et de communiquer ses valeurs - du moins tant que j'y serai."

 

Mais l'Église n'a pas toujours agi ainsi.

"En réalité, presque jamais. Très souvent l'Église en tant qu'institution a été dominée par l'attachement au pouvoir temporel et de nombreux représentants et hautes personnalités catholiques voient encore les choses ainsi. A mon tour, maintenant, de vous poser une question : vous, laïc, qui ne croyez pas en Dieu, en quoi croyez-vous ? Vous êtes un écrivain et un penseur. Vous croyez sûrement en quelque chose, vous avez sûrement des valeurs dominantes. Ne me répondez pas par des mots comme honnêteté, recherche, vision du bien commun, qui sont autant de principes et de valeurs essentiels. Non ce n'est pas le sens de ma question. Je vous demande ce que vous pensez de l'essence du monde, ou plutôt, de l'univers. Vous vou

s êtes sans doute demandé, comme tout le monde, qui nous sommes, d'où nous venons, où nous allons. Un enfant se pose déjà ces questions. Et vous ?"

 

Je vous suis reconnaissant de m'avoir posé la question. Voici ma réponse : je crois dans l'Être, c'est-à-dire le tissu d'où jaillissent les formes, les Entités.

"Et moi, je crois en Dieu. Pas dans un Dieu catholique, car il n'existe pas de Dieu catholique, il existe un Dieu. Et je crois en Jésus Christ, son incarnation. Jésus est mon maître et mon pasteur, mais Dieu, le Père, Abbà, est la lumière et le Créateur. Tel est mon Être. Dites-moi, sommes-nous si éloignés l'un de l'autre ?"

 

Nous sommes éloignés dans les pensées, mais semblables en tant que personnes, animées inconsciemment de nos instincts qui se transforment en pulsions, en sentiments, en volonté, en pensée et en raison. En cela, nous sommes semblables.

"Mais ce que vous appelez l'Être, pouvez vous me dire comment vous le définissez en pensée?"

 

L'Être est un tissu d'énergie. Énergie chaotique mais indestructible et dans un état de chaos perpétuel. De cette énergie émergent les formes quand l'énergie arrive au point d'explosion. Les formes ont leurs propres lois, leurs champs magnétiques, leurs éléments chimiques, qui se combinent de manière aléatoire, évoluent et enfin s'éteignent mais leur énergie ne disparaît pas. L'homme est probablement le seul animal doué d'une pensée, du moins sur notre planète et dans notre système solaire. J'ai dit qu'il est animé d'instincts et de désirs mais j'ajoute qu'il porte en lui une résonnance, un écho, une vocation de chaos.

"Bien. Je ne vous invitais pas a' résumer votre philosophie et ce que vous m'avez dit me suffit. J'observe pour ma part que Dieu est lumière qui illumine les ténèbres même s'il ne les dissipe pas, et qu'une étincelle de cette lumière divine est au-dedans de chacun d'entre nous. Dans la lettre que je vous ai écrite, je me souviens vous avoir dit que notre espèce, comme d'autres, s'éteindra mais la lumière de Dieu, elle, ne s'éteindra pas, qui finalement envahira toutes les âmes et alors tout sera dans tous."

 

Oui, je m'en souviens très bien ; vous avez écrit"toute la lumière sera dans toutes les âmes"ce qui - si je puis me permettre - donne davantage l'idée de l'immanence que de la transcendance.

"La transcendance demeure parce que cette lumière, toute la lumière qui est dans tous, transcende l'univers et les espèces qui l'habitent durant cette phase. Mais revenons au présent. Nous avons franchi un pas dans notre dialogue. Nous avons constaté que dans la société et dans le monde où nous vivons, l'égoïsme s'est développé beaucoup plus que l'amour pour les autres et que les hommes de bonne volonté, chacun avec sa force et ses compétences, doivent opérer pour que l'amour envers les autres augmente jusqu'à égaler, voire dépasser l'amour envers soi-même."

 

Ici, la politique entre en jeu.

"Sans aucun doute. Personnellement, je pense que ce que l'on désigne par 'libéralisme sauvagè ne fait que rendre plus forts les forts tandis qu'il affaiblit les faibles et aggrave l'exclusion. Il faut une grande liberté, une absence totale de discrimination, pas de démagogie et beaucoup d'amour. Il faut des règles de comportement et aussi, au besoin, des interventions directes de l'État, pour corriger les disparités les plus intolérables."

 

Votre Sainteté, vous êtes certainement un homme de foi, touché par la grâce, animé de la volonté de relancer une Église pastorale, missionnaire, régénérée et non attachée au pouvoir temporel. Mais a' bien vous écouter et pour autant que je puisse comprendre, vous êtes et vous serez un Pape révolutionnaire. Pour moitié jésuite et pour moitié disciple de François, un alliage qui ne s'était peut-être jamais vu. Et puis, vous aimez "I Promessi Sposi" de Manzoni, Holderlin, Leopardi et surtout Dostoevskij, le film"La strada"et"Prova d'orchestra"de Fellini,"Roma città aperta"de Rossellini et encore les films d'Aldo Fabrizi.

"Ces films me plaisent car je les regardais avec mes parents, lorsque j'étais enfant."

 

Voilà. Puis-je vous suggérer de voir deux films sortis depuis peu ?"Viva la libertà"et le film d'Ettore Scola sur Fellini. Je suis certain qu'ils vous plairont. À propos du pouvoir, lui dis-je, savez-vous qu'à vingt ans, j'ai fait un mois et demie d'exercices spirituels chez les jésuites ? Les nazis occupaient Rome et j'avais fui la conscription. Nous étions passibles de la peine de mort. Les jésuites nous accueillirent a' la condition que nous aurions suivi les exercices spirituels pendant toute la durée de notre séjour chez eux. Ainsi fut fait.

"Mais il est impossible de résister a' un mois et demie d'exercices spirituels", s'exclame-t-il stupéfait et amusé.

 

Je lui raconterai la suite la prochaine fois. Nous nous saluons par une accolade. Nous franchissons le court escalier qui mène vers le portail. Je pris le Pape de ne pas m'accompagner mais il l'exclut d'un geste. "Nous parlerons aussi du rôle des femmes dans l'Église. Je vous rappelle que l'Église est un mot féminin."

 

Et nous parlerons aussi, si vous le voulez bien, de Pascal. J'aimerais connaître votre pensée sur cette grande âme.

"Transmettez a' tous les membres de votre famille ma bénédiction et demandez-leur de prier pour moi. Quant a' vous, pensez a' moi souvent."

 

Nous nous serrons la main et il reste debout, les deux doigts levés en signe de bénédiction. Je le salue a' travers la vitre. Le Pape François, c'est tout cela. Si l'Église devient un jour ainsi qu'il la conçoit et qu'il la souhaite, une époque sera décidément révolue.

 

Traduzione di Isabelle Marbot-Bianchini

 

Source: http://www.repubblica.it/cultura/2013/10/01/news/le_pape_a_scalfari_ainsi_je_changerai_l_glise-67693549/

 

 

Add. 4 octobre 2013, 18h36. Premières solutions à la nouvelle conception de la conscience du Pape François : Un enseignement de Mgr Léonard et une "paposcopie" de Jean Mercier sur La Vie

 

Add. 18 novembre 2013, 21h44. L'interview du pape François au quotidien "Repubblica" retirée du site du Saint-Siège. Le Porte-parole du Vatican, le père Lombardi, a déclaré que "le texte est fiable dans son sens général, mais pas dans les formulations isolées entre guillemets, n'ayant pas été révisé mot à mot".


«Supprimée» la conversation avec Scalfari. Qu'est-ce que cela signifie?
Riccardo Cascioli
16/11/2013
http://www.lanuovabq.it/it
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Depuis hier, le texte de l'entretien entre le pape François et le fondateur du quotidien La Repubblica Eugenio Scalfari, n'apparaît plus sur le site Internet du Saint-Siège <www.vatican.va>.
Comme on s'en souvient, le Pape avait reçu Scalfari au Vatican après la publication sur la Repubblica de la lettre que le pape François lui avait envoyée en réponse à deux articles du même Scalfari. Le journaliste avait alors également publié le contenu de la conversation du Vatican, qui a été retirée hier du site du Saint-Siège. Pour expliquer la décision, le porte-parole du Vatican le père Federico Lombardi, a déclaré que «le texte est fiable dans son sens général, mais pas dans les formulations isolées entre guillemets, n'ayant pas été révisé mot à mot» (ndt: la faute à qui? et pourquoi?).
En substance, a dit le père Lombardi, «en l'ôtant, on a fait une mise au point sur la nature de ce texte. Il y avait une ambiguïté et un débat sur sa valeur».

 

Source: http://benoit-et-moi.fr/2013-III/actualites/amateurisme.html

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2 octobre 2013 3 02 /10 /octobre /2013 16:11

Après avoir déclaré hier - ce que d'aucuns ont appellé une position soixante huitarde - ("chacun de nous a sa vision du bien et aussi du mal. Nous devons encourager les gens à s’orienter vers ce qu’ils pensent être bon. Tout le monde a sa propre idée du bien et du mal et doit choisir de suivre le bien et combattre le mal comme il les conçoit. Cela suffirait pour faire du monde un endroit meilleur") que nous appellerons "proposition 1", le Pape François a fait aujourd'hui une déclaration plus conforme à l'enseignement traditionnel de l'Eglise, que nous appellerons "proposition 2".

 

Dans sa catéchèse à l'audience générale du mercredi, le Pape a rappelé ce matin en effet que pour faire le Bien, pour "vivre dans la charité" dit-il, on ne peut pas se contenter de sa "propre idée du bien et du mal", comme il disait la veille, mais il faut la "grâce" de Dieu : "Par sa grâce (du Christ) nous devenons capables, malgré notre faiblesse de vivre dans la charité", a-t-il déclaré.

 

http://p6.storage.canalblog.com/60/70/249840/87733195_p.jpgLe pape François : « comment une Eglise composée de pécheurs peut être sainte ? »

 

"Bien qu’elle soit constituée d’hommes pécheurs, nous professons, dans le Credo, que l’Eglise est sainte. Elle est sainte car elle vient de Dieu qui est saint et qui ne saurait l’abandonner. Elle est indissolublement unie au Christ qui s’est livré pour elle, et qu’il conduit par l’action du Saint-Esprit. L’Eglise n’est pas constituée de gens parfaits, mais elle accueille tous les pécheurs, pour les conduire à la sainteté. Elle est la maison de tous. Tous, faibles et pécheurs, perdus ou découragés, nous pouvons vraiment y être renouvelés, transformés, par la rencontre du Seigneur qui nous sanctifie. Par sa grâce nous devenons capables, malgré notre faiblesse de vivre dans la charité, pour la gloire de Dieu et le service du prochain."

 

Source: http://www.news.va/fr/news/le-pape-francois-comment-une-eglise-composee-de-pe

 

Ou bien nous n'avons pas besoin de la grâce de Dieu, chacun décide effectivement de ce qui est bien ou mal (c'est le relativisme franc-maçonnique par exemple, ou l'hérésie de Pélage), et cela suffit, et c'est très bien comme cela comme a semblé le dire hier François (proposition 1). Ou bien au contraire nous avons besoin de la grâce de Dieu pour "devenir capables de vivre dans la charité", ce que le Pape dit aujourd'hui (proposition 2). Les deux propositions ne semblent pas pouvoir être tenues et enseignées comme également vraies, le Catéchisme ne le fait d'ailleurs pas.

 

Le Bien, la vie avec Dieu, ne peut pas être à la fois ce que chacun se définit "selon sa propre vision du bien et du mal" (ce qui conduirait concrètement à légitimer la doctrine qui appelerait bien, le mal, vertu, le péché, ou mensonge, la vérité ! sans que cela soit condamnable; une personne qui vivrait dans le péché se verrait justifiée !) et ce que l'on découvre "par la grâce de Dieu". C'est l'un ou l'autre.

 

À moins que le Pape ne complète demain cette nouvelle doctrine de la grâce par l'homme qui s'en remet donc à son propre jugement ? Ca devient compliqué à Rome...

 

sainte cène.jpg

 

 

Pour rappel : Catéchisme de l'Eglise catholique sur la grâce et la justification (articles 1987, 1992, 1993, 1999, 2000) :

 

2000 La grâce sanctifiante est un don habituel, une disposition stable et surnaturelle perfectionnant l’âme même pour la rendre capable de vivre avec Dieu, d’agir par son amour. On distinguera la grâce habituelle, disposition permanente à vivre et à agir selon l’appel divin, et les grâces actuelles qui désignent les interventions divines soit à l’origine de la conversion soit au cours de l’œuvre de la sanctification.

 

1999 La grâce du Christ est le don gratuit que Dieu nous fait de sa vie infusée par l’Esprit Saint dans notre âme pour la guérir du péché et la sanctifier : C’est la grâce sanctifiante ou déifiante, reçue dans le Baptême. Elle est en nous la source de l’œuvre de sanctification (cf. Jn 4, 14 ; 7, 38-39) :

Si donc quelqu’un est dans le Christ, c’est une création nouvelle ; l’être ancien a disparu, un être nouveau est là. Et le tout vient de Dieu qui nous a réconciliés avec lui par le Christ (2 Co 5, 18).

 

Source: http://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P6T.HTM

 

1987 La grâce du Saint-Esprit a le pouvoir de nous justifier, c’est-à-dire de nous laver de nos péchés et de nous communiquer " la justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ " (Rm 3, 22) et par le Baptême (cf. Rm 6, 3-4)


1992 La justification nous a été méritée par la Passion du Christ qui s’est offert sur la Croix en hostie vivante, sainte et agréable à Dieu et dont le sang est devenu instrument de propitiation pour les péchés de tous les hommes. La justification est accordée par le Baptême, sacrement de la foi. Elle nous conforme à la justice de Dieu qui nous rend intérieurement justes par la puissance de sa miséricorde. Elle a pour but la gloire de Dieu et du Christ, et le don de la vie éternelle (cf. Cc. Trente : DS 1529)


1993 La justification établit la collaboration entre la grâce de Dieu et la liberté de l’homme. Elle s’exprime du côté de l’homme dans l’assentiment de la foi à la Parole de Dieu qui l’invite à la conversion.


1994 La justification est l’œuvre la plus excellente de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus et accordé par l’Esprit Saint.


1995 L’Esprit Saint est le maître intérieur. En faisant naître l’ "homme intérieur " (Rm 7, 22 ; Ep 3, 16), la justification implique la sanctification de tout l’être

 

Source: http://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P6S.HTM

 

 

Add. 19h47. Pour le père Lombardi, directeur de la Salle de Presse du Saint-Siège, l'entretien publié le 1er octobre dans le journal italien La Repubblica (proposition 1), "le Pape François "se sent libre de communiquer".

 

Le père Federico Lombardi a dû répondre aux questions des journalistes réunis en conférence de presse au Vatican. Les questions portaient principalement sur deux récents évènements qui ont suscité beaucoup de nombreux commentaires dans les médias : les réunions du Conseil des Cardinaux et la longue interview du Pape François publiée dans le quotidien italien La Repubblica (proposition 1). [...] il s'agit d' "un dialogue sans préjudice et sans diaphragmes [...]. Il suffit de penser aux personnes qu'il (le pape François) rencontre pendant les audiences ou les différentes rencontres", déclare Le porte-parole du Saint-Siège, qui explique que "le Pape se sent libre de communiquer avec différents genres d'expressions, c'est à nous d'en comprendre la valeur [...]".

 

 

[...] le Père Lombardi précise que ce "n'est pas un document écrit du Pape, ni revu par lui". Toutefois, "le sens de ce qui a été exprimé est fiable", car "celui qui a publié le contenu de l'entretien, autorisé par le Pape, est une personne faisant autorité et responsable".

 

Source: http://radionotredame.net/2013/vie-de-leglise/conseil-des-cardinaux-interview-du-pape-les-explications-du-pere-lombardi/ via http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=733657  

 

Autrement dit, entre la proposition 1 et 2 ce serait la même chose, parce que "le Pape François "se sent libre de communiquer" !  

 

 

Add. 3 octobre 2013 15h55. Le site d'information traditionaliste de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, La Porte latine a publié un communiqué hier 2 octobre :

 

La liberté d'expression du pape secoue l'Église - 02 octobre 2013




L'interview du pape François au quotidien "Repubblica" alimente des interrogations au Vatican sur son attachement aux dogmes

Le pape François risque d'apparaître "relativiste" - enclin à ne pas donner une valeur absolue aux dogmes -, dans son interview(1) au quotidien Repubblica, estimaient mercredi des experts du Vatican, décelant un malaise à propos de sa liberté d'expression.

La conférence de presse convoquée par le père Federico Lombardi pour évoquer le "G8" des cardinaux sur la réforme de l'Église s'est rapidement transformée mercredi en un tir nourri de questions sur les modalités dans lesquelles cette interview a été réalisée par le fondateur athée du journal Eugenio Scalfari, le niveau de fiabilité des propos du pape, la fidélité des phrases rapportées.

L'Église doit renforcer son dialogue avec les non croyants, affirmait en substance le pape François dans ce dialogue. Mais il accusait aussi les chefs de l'Église d'avoir "été souvent narcissiques", confiait se sentir parfois "anticlérical". Deux passages surtout ont ému dans les milieux catholiques : quand il a dit que "le prosélytisme est une bêtise", ou quand il a donné l'impression de relativiser la vérité chrétienne : "Chacun de nous, a argumenté le pape, a sa vision du bien et aussi du mal (...). Chacun doit choisir de suivre le bien et combattre le mal comme lui le conçoit. Cela suffirait pour améliorer le monde." (proposition 1)



Une interview "fidèle"

Pressé de questions, le père Lombardi a relevé que cette interview n'est pas "un texte du magistère, mais une transcription d'une conversation avec une personne qui a été autorisée à la publier". Le porte-parole part du principe qu'elle "a été enregistrée" et qu'elle "est fidèle".

Selon le père jésuite, le pape inaugure "un nouveau mode d'expression auquel nous n'étions pas habitués. C'est une autre nouveauté du pape, un terrain nouveau".

Cette interview "sans préjugés ni filtres démontre sa disponibilité à l'égard d'un monde non croyant pas toujours bienveillant", a-t-il dit. "Il n'y a pas eu une révision du texte" avant sa publication, François "ne l'ayant pas relu" comme il avait relu sa longue interview à la revue jésuite Civilta Cattolica, deux semaines plus tôt, a dit le père Lombardi.

"Il n'y a eu aucune raison d'apporter des corrections. Si le pape avait eu l'intention de démentir ou de dire qu'il y avait eu de mauvaises interprétations, il l'aurait dit", a remarqué le porte-parole. Le fait qu'elle ait ensuite été rapportée par le quotidien du Vatican, l'Osservatore Romano, "lui attribue une authenticité".

 

Source: http://www.laportelatine.org/vatican/sanctions_indults_discussions/27_juin_2013/02_10_2013_pape_francois_interrogation_attachement_aux_dogmes.php via http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=733746

 

"Il n'y a eu aucune raison d'apporter des corrections. Si le pape avait eu l'intention de démentir ou de dire qu'il y avait eu de mauvaises interprétations, il l'aurait dit".

 

Or, vu que "Chacun doit choisir de suivre le bien et combattre le mal comme lui le conçoit,", cette déclaration étant jugée "fidèle" par le porte-parole du Saint-Siège, l'Eglise et ses sacrements devient inutile, l'Incarnation du Verbe en vue du rachat du monde des conséquences du péché originel, inutile, et la Rédemption elle-même, inutile. Une précision du pape devient urgente...

 

 

 

Réaction aujourd'hui, 3 octobre, de Sandro Magister sur Chiesa : "Le virage de François"

 

Le virage de François

 

Il a dévoilé le véritable programme de son pontificat dans deux interviews et dans une lettre adressée à un intellectuel athée. La différence existant entre lui et les papes qui l'ont précédé apparaît de plus en plus nettement. Dans ce qu'il dit et dans ce qu'il fait

 

par Sandro Magister

 

 

ROME, le 3 octobre 2013 – La première réunion, ces jours-ci, des huit cardinaux appelés en consultation par le pape François et la visite qu’il fera demain à Assise, la ville du saint dont il a pris le nom, sont des actes qui caractérisent certainement ce début de pontificat.

 

Toutefois, si l’on veut en définir la ligne, quatre événements médiatiques, qui ont eu lieu au cours du mois qui vient tout juste de s’achever, le caractérisent encore mieux :

 

- l'interview qui a été accordée par le pape Jorge Mario Bergoglio à "La Civiltà Cattolica",

 

- la lettre par laquelle il a répondu aux questions qui lui avaient été posées publiquement par Eugenio Scalfari (photo), le fondateur du principal quotidien laïc italien, "La Repubblica",

 

- son entretien-interview organisé ultérieurement avec ce même Scalfari,

 

- et la lettre répondant à un autre champion de l'athéisme militant, le mathématicien Piergiorgio Odifreddi, lettre qui a été écrite non pas par le pape actuel mais par son prédécesseur, vivant.

 

Ceux qui veulent comprendre dans quelle direction le pape François veut marcher et en quoi il s’éloigne de Benoît XVI et d’autres papes qui l’ont précédé n’ont qu’à étudier et confronter ces quatre textes.

 

*

 

Dans l’interview que le pape Bergoglio a accordée à "La Civiltà Cattolica" il y a un passage qui a été universellement perçu comme un net renversement de ligne par rapport non seulement à Benoît XVI mais également à Jean-Paul II :

 

"Nous ne pouvons pas insister seulement sur les questions liées à l’avortement, au mariage homosexuel et à l’utilisation de méthodes contraceptives. Ce n’est pas possible. Je n’ai pas beaucoup parlé de ces choses et on me l’a reproché. Mais lorsqu’on en parle, il faut le faire dans un contexte précis. La pensée de l’Église, nous la connaissons et je suis fils de l’Église, mais il n’est pas nécessaire d’en parler en permanence. Les enseignements, tant dogmatiques que moraux, ne sont pas tous équivalents. Une pastorale missionnaire n’est pas obsédée par la transmission désarticulée d’une multitude de doctrines à imposer avec insistance. L’annonce de type missionnaire se concentre sur l’essentiel, sur le nécessaire, qui est aussi ce qui passionne et attire le plus, ce qui rend le cœur tout brûlant, comme l’eurent les disciples d’Emmaüs. Nous devons donc trouver un nouvel équilibre, autrement l’édifice moral de l’Église risque lui aussi de s’écrouler comme un château de cartes, de perdre la fraîcheur et le parfum de l’Évangile".

 

Évidemment, le pape François est bien conscient du fait que, pour les deux papes qui l’ont précédé, la priorité absolue était également l'annonce de l’Évangile ; que, pour Jean-Paul II, la miséricorde de Dieu était tellement centrale qu’il lui consacrait un dimanche de l'année liturgique ; que Benoît XVI a consacré précisément à Jésus vrai Dieu et vrai homme le livre de sa vie de théologien et de pasteur ; que, en somme, rien de tout cela ne le sépare d’eux.

 

Le pape François saura aussi que la même considération est également valable pour les évêques qui, plus que tous, ont agi en pleine harmonie avec les deux papes qui l’ont précédé. Par exemple, en Italie, le cardinal Camillo Ruini, dont le "projet culturel" a centré des événements pivots précisément sur Dieu et sur Jésus.

 

Cependant il y avait, chez Karol Wojtyla comme chez Joseph Ratzinger ou chez des pasteurs tels que Ruini ou encore, aux États-Unis les cardinaux Francis George et Timothy Dolan, l'intuition que l’annonce de l’Évangile ne peut pas être dissociée, aujourd’hui, d’une lecture critique de la nouvelle vision progressiste de l’homme, qui forme un contraste radical avec l'homme créé par Dieu à son image et à sa ressemblance, et d’une action de direction pastorale qui en découle.

 

Et c’est là que le pape François se différencie. Dans l’interview qu’il a accordée à "La Civiltà Cattolica" il y a un autre passage-clé. Au père Antonio Spadaro qui l’interroge sur l’actuel "défi anthropologique", il répond de manière évasive. Il montre qu’il n’a pas perçu la gravité historique du changement de civilisation analysé et contesté avec vigueur par Benoît XVI et, avant celui-ci, par Jean-Paul II. Il montre qu’il est convaincu qu’il vaut mieux répondre aux défis de l’époque actuelle par la simple annonce du Dieu miséricordieux, de ce Dieu "qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et qui fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes".

 

En Italie, mais pas seulement dans ce pays, cette orientation alternative à Jean-Paul II, à Benoît XVI et au cardinal Ruini était représentée par le cardinal jésuite Carlo Maria Martini.

 

Aux États-Unis, elle était représentée par le cardinal Joseph L. Bernardin, avant que le leadership de la conférence des évêques ne passe aux cardinaux George et Dolan, très fidèles à Wojtyla et à Ratzinger.

 

Les disciples et admirateurs de Martini et de Bernardin voient aujourd’hui en François le pape qui concrétise leurs espoirs de revanche.

 

Le cardinal Martini était et continue à être très populaire y compris dans l'opinion publique extérieure et hostile à l’Église et le même phénomène se produit pour le pape actuel.

 

*

 

L’échange de lettres et le dialogue ultérieur entre le pape François et l'athée proclamé Scalfari contribuent à expliquer cette popularité du pape y compris "in partibus infidelium".

 

Il y avait déjà, dans l'article du 7 août où Scalfari posait des questions au pape actuel, un passage qui donnait des indications sur l’opinion positive que le fondateur de "la Repubblica" avait de lui:

 

“Votre mission contient deux nouveautés scandaleuses : l’Église pauvre de François, l’Église horizontale de Martini. Et une troisième : un Dieu qui ne juge pas mais qui pardonne. Il n’y a pas de damnation, il n’y a pas d’enfer”.

 

Ayant reçu et publié la lettre de réponse du pape Bergoglio, Scalfari l’a commentée, ajoutant avec satisfaction cette autre considération :

 

"Jamais la chaire de saint Pierre n’avait fait preuve d’une ouverture d’une telle ampleur vers la culture moderne et laïque, d’une vision aussi profonde en ce qui concerne la conscience et son autonomie". (proposition 1, NdCR.)

 

En affirmant cela, Scalfari se référait en particulier à ce que le pape François lui avait écrit à propos de la primauté de la conscience :

 

“La question porte sur l’obéissance de chacun à sa conscience. Le péché, même dans le cas de quelqu’un qui n’a pas la foi, existe lorsque l’on va contre sa conscience. Écouter celle-ci et lui obéir signifie, en effet, prendre une décision face à ce qui est perçu comme bon ou comme mauvais. Et c’est la nature de cette décision qui détermine si ce que nous faisons est bon ou mauvais”.

 

Le pape François n’avait rien ajouté d’autre. Et certains lecteurs avertis se sont demandé comment pouvait être formée cette définition tellement subjective de la conscience, dans laquelle l'individu apparaît comme la seule instance de décision, avec l'idée de conscience comme cheminement de l'homme vers la vérité, idée approfondie par des siècles de réflexion théologique, depuis Augustin jusqu’à Newman, et rappelée avec vigueur par Benoît XVI.

 

Mais, lors de son entretien ultérieur avec Scalfari, le pape François a été encore plus drastique dans sa réduction de la conscience à un acte subjectif :

 

"Chacun de nous a sa propre vision du bien et du mal et il doit choisir de suivre le bien et de combattre le mal tels qu’il les conçoit. Cela suffirait pour changer le monde". (proposition 1, NdCR.)

 

Dès lors il n’est pas étonnant que Scalfari, homme des Lumières et athée, ait écrit qu’il "était parfaitement d’accord" avec ces expressions de Bergoglio à propos de la conscience.

 

De même que l’on n’est pas non plus surpris par l’accueil bienveillant qu’il réserve à ces autres propos du pape, qui constituent presque un programme pour le nouveau pontificat, autrement dit "le plus urgent des problèmes auxquels l’Église est confrontée" :

 

"Notre objectif n’est pas le prosélytisme mais l'écoute des besoins, des désirs, des déceptions, du désespoir, de l’espérance. Nous devons redonner l’espérance aux jeunes, aider les vieux, ouvrir vers l’avenir, répandre l'amour. Pauvres parmi les pauvres. Nous devons inclure les exclus et prêcher la paix. Vatican II, inspiré par le pape Jean et par Paul VI, a décidé de regarder l’avenir avec un esprit moderne et d’ouvrir à la culture moderne. Les pères conciliaires savaient qu’ouvrir à la culture moderne voulait dire œcuménisme religieux et dialogue avec les incroyants. Depuis ce moment-là, très peu a été fait dans cette direction. J’ai l’humilité et l’ambition de vouloir le faire".

 

Il n’y a rien, dans ce programme de pontificat, qui puisse ne pas être apprécié par l'opinion laïque dominante. Même le jugement selon lequel Jean-Paul II et Benoît XVI auraient fait "très peu" en matière d’ouverture à l’esprit moderne est en ligne avec cette opinion. Le secret de la popularité du pape François réside dans la générosité avec laquelle il se conforme aux attentes de la "culture moderne" et dans l’adresse avec laquelle il esquive ce qui pourrait devenir un signe de contradiction.

 

En cela aussi, il se différencie nettement de ses prédécesseurs, Paul VI compris. Il y a, dans l’homélie prononcée à la mort du pape Giovanni Battista Montini, le 10 août 1978, par Ratzinger, qui était alors archevêque de Munich, un passage qui est extraordinairement éclairant, notamment en raison de son appel à la conscience "qui se mesure sur la vérité" :

 

"Un pape qui, aujourd’hui, ne ferait pas l’objet de critiques manquerait à son devoir vis-à-vis de cette époque. Paul VI a résisté à la télécratie et aux sondages d’opinion, les deux puissances dictatoriales actuelles. Il a pu le faire parce qu’il ne prenait pas comme paramètre le succès et l’approbation, mais bien la conscience, qui se mesure sur la vérité, sur la foi. Et c’est pour cette raison que, en de nombreuses occasions, il a cherché le compromis : la foi laisse beaucoup de choses ouvertes, elle offre un large spectre de décisions, elle impose comme paramètre l’amour, qui se sent des obligations envers le tout et qui impose donc beaucoup de respect. Voilà pourquoi il a pu être inflexible et décidé lorsque l’enjeu était la tradition essentielle de l’Église. En lui cette dureté ne résultait pas de l’insensibilité de celui dont le cheminement est dicté par le plaisir du pouvoir et par le mépris envers les gens, mais de la profondeur de sa foi, qui l’a rendu capable de supporter les oppositions".

 

*

 

Une confirmation de ce qui différencie le pape François de ses prédécesseurs est justement arrivée sous la forme de la lettre par laquelle Ratzinger-Benoît XVI – mettant fin au silence qui a suivi sa démission – a répondu au livre "Caro papa, ti scrivo" [Cher pape, je t’écris] qu’avait publié en 2011 le mathématicien Piergiorgio Odifreddi.

 

Les deux derniers papes dialoguent volontiers, l’un comme l’autre, avec des athées proclamés et des leaders d'opinion laïcs, mais ils le font sous des formes très différentes. Alors que François esquive les pierres de scandale, Ratzinger, lui, les met en évidence.

 

Il suffit, pour s’en rendre compte, de lire ce passage de la lettre qu’il a adressée à Odifreddi :

 

http://media01.radiovaticana.va/imm/1_0_731196.JPG"Ce que vous dites à propos du personnage de Jésus n’est pas digne de votre rang scientifique. Si vous posez la question comme si, au fond, on ne savait rien à propos de Jésus et s’il n’y avait rien de vérifiable à Son sujet, en tant que personnage historique, alors je ne peux que vous inviter, de manière décidée, à vous rendre un peu plus compétent au point de vue historique. Pour cela je vous recommande surtout les quatre volumes que Martin Hengel (exégète à la Faculté de théologie protestante de Tübingen) a publiés avec Maria Schwemer : c’est un excellent exemple de précision et de très vaste information historique. Face à cela, les propos que vous tenez au sujet de Jésus sont hasardeux et vous ne devriez pas recommencer. Il est malheureusement incontestable que, dans l’exégèse, beaucoup de choses peu sérieuses ont été écrites. Le séminaire américain consacré à Jésus que vous citez aux pages 105 et suivantes ne fait que confirmer une fois de plus ce qu’Albert Schweitzer avait noté à propos de la Leben-Jesu-Forschung (recherches sur la vie de Jésus), à savoir que ce que l’on appelle le 'Jésus historique' est, le plus souvent, le reflet des idées des auteurs. Cependant ces formes peu réussies de travail historique ne compromettent pas du tout l'importance de la recherche historique sérieuse, qui nous a conduits à des connaissances vraies et sûres en ce qui concerne l'annonce et le personnage de Jésus".

 

Et plus loin il ajoute :

 

"Si vous voulez remplacer Dieu par 'La Nature', il reste la question de savoir qui est ou ce qu’est cette nature. Vous ne la définissez nulle part et elle apparaît donc comme une divinité irrationnelle qui n’explique rien du tout. Toutefois je voudrais surtout vous faire encore remarquer que, dans votre religion de la mathématique, il reste trois thèmes fondamentaux de l'existence humaine qui ne sont pas pris en considération : la liberté, l'amour et le mal. Je suis étonné que vous liquidiez, en un seul aperçu, la liberté qui, cependant, a été et est toujours la valeur portante de l'époque moderne. Dans votre livre l'amour n’apparaît pas et même à propos du mal il n’y a aucune information. Quoi que la neurobiologie dise ou ne dise pas à propos de la liberté, celle-ci est présente dans le drame réel de notre histoire comme une réalité déterminante et elle doit être prise en considération. Mais votre religion mathématique ne connaît aucune information relative au mal. Une religion qui laisse de côté ces questions fondamentales reste vide.

 

"La critique que je fais de votre livre est dure en partie. Mais la franchise fait partie du dialogue ; ce n’est qu’ainsi que la connaissance peut progresser. Vous avez été très franc et vous accepterez donc que je le sois, moi aussi. Mais, en tout cas, je porte un jugement très positif sur le fait que vous ayez, à travers votre confrontation avec mon 'Introduction au christianisme', cherché un dialogue aussi ouvert avec la foi de l’Église catholique et que, en dépit de toutes les oppositions, dans le domaine central, les convergences ne soient pas du tout absentes".

 

*

 

Jusqu’ici il n’a été question que de ce qui avait été dit. Mais les faits aussi commencent à différencier les deux derniers papes l’un de l’autre.

 

L’interdiction qui a été faite par le pape Bergoglio à la congrégation des religieux franciscains de l'Immaculée de célébrer la messe selon le rite ancien a été une restriction réelle de la liberté de célébrer selon ce rite que Benoît XVI avait assurée à tous.

 

Il ressort des conversations qu’il a eues avec les gens qui lui rendent visite que Ratzinger lui-même a perçu cette restriction comme un "vulnus" à son motu proprio de 2007 "Summorum pontificum".

 

Dans l’interview qu’il a accordée à "La Civiltà Cattolica" le pape François a liquidé la libéralisation de l’usage du rite ancien décidée par Benoît XVI en la qualifiant de simple "choix prudentiel lié à l’aide apportée à des personnes qui avaient cette sensibilité particulière", alors que l'intention explicite de Ratzinger – qu’il avait exprimée en son temps dans une lettre adressée aux évêques du monde entier – était au contraire que "les deux formes d’utilisation du rite romain puissent s’enrichir réciproquement".

 

Dans cette même interview le pape François a défini la réforme liturgique postconciliaire comme "un service au peuple en tant que relecture de l’Évangile à partir d’une situation historique concrète". Cette définition est fortement réductrice par rapport à la conception de la liturgie qui était celle de Ratzinger, théologien et pape.

 

De plus, toujours dans ce domaine, le pape François a remplacé en bloc, le 26 septembre dernier, les cinq consulteurs du service des célébrations liturgiques pontificales.

 

Parmi ceux qui ont été renvoyés, il y a, par exemple, le père Uwe Michael Lang, un liturgiste dont le livre le plus important, consacré à l'orientation "vers le Seigneur" de la prière liturgique, a été préfacé par Ratzinger lui-même.

 

Alors que, parmi ceux qui ont été nommés, il y a des liturgistes beaucoup enclins à soutenir le style de célébration du pape François, lui aussi visiblement éloigné de l’"ars celebrandi", inspiré, de Benoît XVI.

 

__________


L'interview accordée à "La Civiltà Cattolica" par le pape François, qui a été publiée en plusieurs langues le 19 septembre :

> Interview du pape François

La lettre adressée par le pape à Eugenio Scalfari, qui a été publiée dans "La Repubblica" du 11 septembre :

> "Pregiatissimo Dottor Scalfari…"

L’entretien ultérieur entre le pape et Scalfari, qui a eu lieu le 24 septembre à la résidence Sainte-Marthe, au Vatican, et qui a été publié dans "La Repubblica" du 1er octobre :

> Il papa a Scalfari : Così cambierò la Chiesa

Les passages de la lettre de Joseph Ratzinger à Piergiorgio Odifreddi qui ont été publiés en avant-première dans "la Repubblica" du 24 septembre :

> Ratzinger : Caro Odifreddi, le racconto chi era Gesù

__________

 

 

Avant d’être en contact avec le pape Bergoglio, Scalfari l’a été, de manière encore plus intense, avec le cardinal jésuite Carlo Maria Martini, archevêque de Milan de 1979 à 2002.

 

En particulier, Scalfari avait consacré un compte-rendu très favorable au livre qui est peut-être le plus révélateur de la vision du christianisme et de l’Église qui était celle de ce cardinal, "Conversations nocturnes à Jérusalem. Sur le risque de la foi", publié en 2008, un livre très lu et très discuté dans et hors de l’Église :

 

> Dieu n'est pas catholique. Parole de cardinal

 

En tant qu’athée déclaré, Scalfari a écrit qu’il trouvait réconfortant que "pour Martini, le Fils de l'Homme soit beaucoup plus prégnant que le Fils de Dieu".

 

A l'époque, une expression employée par Martini dans ce livre avait marqué les esprits : "On ne peut pas rendre Dieu catholique". Il est significatif qu’elle soit réapparue dans la bouche du pape François lors de l’entretien avec Scalfari, le 24 septembre dernier : "Je crois en Dieu. Pas en un Dieu catholique, il n’existe pas de Dieu catholique, il existe Dieu".

 

__________

 

 

À propos de l'apogée et du crépuscule du leadership exercé par le cardinal Joseph L. Bernardin dans l’Église catholique des États-Unis, une analyse approfondie est celle qui a été publiée par George Weigel dans le magazine "First Things" au mois de février 2011 :

> The End of the Bernardin Era

 

__________

 

 

Benoît XVI a réfléchi à la question de la conscience en particulier en 2010, au cours de son voyage en Grande-Bretagne marqué par la béatification de John Henry Newman et plus encore dans le discours de vœux adressé à la curie romaine avant Noël de cette même année :

 

> "Conscience signifie la capacité de l’homme à reconnaître la vérité..."

 

Quant à l'homélie prononcée à la mort de Paul VI par celui qui était alors le cardinal Ratzinger, elle contient également une référence à la conscience "qui se mesure à la vérité" et elle a été publiée pour la première fois au début du mois d’août dernier dans un numéro spécial de "L'Osservatore Romano", à l’occasion du cinquantième anniversaire de l'élection du pape Montini.

 

__________

 

 

Traduction française par Charles de Pechpeyrou.

 

__________

 

[...]

 

 

Pour d'autres informations et commentaires, voir le blog que tient Sandro Magister, uniquement en italien:

 

> SETTIMO CIELO

 

 

 

__________

3.10.2013

 

 

Source: http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350615?fr=y

 

 

 

Add. 4 octobre 2013, 18h47. Premières solutions à la nouvelle conception de la conscience du Pape François : Un enseignement de Mgr Léonard et une "paposcopie" de Jean Mercier sur La Vie

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2 octobre 2013 3 02 /10 /octobre /2013 12:27

DrapeauLes Québécois n'ont jamais rejeté la religion catholique. C’est ce que viennent confirmer les maisons de sondage jour après jour. Et pourtant, à écouter les discours dans nos médias, « on » n’en finit plus d’affirmer qu’« on » a mis la religion dehors volontairement.

 

[...]

ON?



Pas la majorité du peuple québécois, mais une petite élite athée regroupée autour du Mouvement laïque québécois qui n’a jamais toléré l’existence d’une transcendance reconnue par la population et travaille depuis des décennies à éradiquer progressivement les traces du christianisme sur le territoire québécois. Le procès fait par le Mouvement laïque québécois contre le Maire Tremblay et la prière traditionnelle centenaire à l’hôtel de ville en est un exemple flagrant, alors que la majorité de la population approuve la résistance du maire Tremblay.

Rappelons que le premier ministre Lesage affirmait avoir perdu ses élections aux mains de Daniel Johnson père parce qu’il avait retiré des mains du clergé le contrôle de l’éducation et que la perte de confessionnalité des commissions scolaires et des écoles s’est faite contre la volonté majoritaire de la population québécoise. De même pour l’instauration du cours d’Éthique et Culture religieuse que le bon sens populaire n’a jamais et n’aurait jamais demandé…

Ce qui est très étonnant dans ce débat, c’est justement le discours de réécriture de l’histoire sur la Révolution tranquille faite par « les Québécois »… Non, jamais les Québécois n’ont voulu l’exclusion de leur religion chrétienne.

Seul un petit groupe d’intellectuels intolérants s’est arrogé le droit de parler au nom des « Québécois ». Il est étonnant que des journalistes et des éditorialistes bien renseignés feignent de s’en étonner…



(L'éditorialiste André Pratte) Sur le site du journal La Presse du 24 septembre 2013 :



" (...)
Cela dit, l’opinion de la majorité «de souche» n’est pas dépourvue de paradoxes. Par exemple, l’extraordinaire attachement au catholicisme. Je sais bien que cette attachement est de nature culturelle plutôt que religieuse. Nous aimons les traditions, le rappel de notre histoire, l’architecture imposant des églises. Néanmoins, comme le Québec est censé avoir rompu radicalement avec l’Église, je trouve étonnant que, selon notre récent sondage CROP:

- 78% des Québécois trouvent «important de préserver les symboles historiques catholiques;

- 56% estiment que «la religion catholique devrait avoir un statut spécial au Québec.


Où est passée notre colère contre les curés qui, selon nos historiens et nos souvenirs, nous auraient si durement dominés? N’aurions-nous pas dû souhaiter la disparition de tout ce qui nous rappelle cette époque supposément pénible?

 

 

(...) Pourtant, toujours selon le sondage CROP:



- 62% des Québécois disent appartenir à une religion. «Appartenir», ce n’est pas rien.



- 61% des personnes interrogées affirment que «ma religion est importante pour moi». De quelle religion parlent-elles? Du catholicisme? Je pensais qu’on l’avait rejeté…



(...) Chose certaine, le Québécois moyen ne semble pas aussi éloigné de la religion, catholique ou autre, qu’on l’entend souvent dire. (...)

(...) Pourtant, toujours selon le sondage CROP:
 
- 62% des Québécois disent appartenir à une religion. «Appartenir», ce n’est pas rien.
 
- 61% des personnes interrogées affirment que «ma religion est importante pour moi». De quelle religion parlent-elles? Du catholicisme? Je pensais qu’on l’avait rejeté…
 
(...) Chose certaine, le Québécois moyen ne semble pas aussi éloigné de la religion, catholique ou autre, qu’on l’entend souvent dire. (...) 
- See more at: http://www.cqv.qc.ca/fr/les-quebecois-nont-jamais-rejete-la-religion-catholique-et-chretienne-de-nouveaux-sondages-le-confir#sthash.uaT57G5d.dpuf

 

Source: http://blogues.lapresse.ca/edito/2013/09/24/nos-paradoxes-religieux/

 

 

 

Peut-être que la minorité du « ON » devrait cesser de s'imaginer qu'elle parle au nom du peuple québécois? Et ce « ON », selon les sondages, c'est le laïc intolérant et fermé, flirtant avec le Mouvement laïc québécois, dont le sociologue Guy Rocher, prix Condorcet 2009, est l'illustration...

 

 

 

(Guy Rocher, co-auteur du rapport Parent que la population avait rejeté, est l'un des propagateur de la fable « historique » sur le « rejet » de la population québécoise de la foi chrétienne.)

 

 

Source : http://www.cqv.qc.ca/fr/les-quebecois-nont-jamais-rejete-la-religion-catholique-et-chretienne-de-nouveaux-sondages-le-confir via http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=733557

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2 octobre 2013 3 02 /10 /octobre /2013 09:49

Une catholique mexicaine, mère de neuf enfants, qui a connu le cardinal Bergoglio quand il était archevêque de Buenos Aires, écrit au pape François pour lui exprimer sa perplexité face à ses prises de position ambivalentes et lui demander d'appeler "le pain, pain et le vin, vin, péché, péché et vertu, vertu".

 

Perplexité
Une lettre au Pape François

Je partage avec vous (ndt: les lecteurs du blog) la lettre que j’ai envoyée ce matin à notre Pape François. Je pense qu’il la recevra d’ici deux jours à partir d’aujourd’hui.

Huixquilucán, Mexique, le 23 septembre 2013
---

Très cher Pape François,

J’ai beaucoup de plaisir à avoir cette opportunité de te saluer.
Tu ne te rappelles sûrement pas de moi et je le comprends, car, en voyant tant de personnes chaque jour, il doit être très difficile pour toi de te rappeler les personnes avec lesquelles tu as dialogué, et vécu un instant de ta vie.
Tout au long des dernières 12 années, nous nous sommes rencontrés, toi et moi, plusieurs fois, dans des réunions, des rencontres et des congrès de l’Église, qui se sont déroulés dans des villes d’Amérique centre et du sud sur différents sujets (communication, catéchisme, éducation), ce qui m’a donné l’occasion de vivre avec toi plusieurs jours, en dormant sous le même toit, en partageant la même salle à manger et jusqu’à la même table de travail.
À cette époque tu étais l’archevêque de Buenos Aires et j’étais la directrice d’un important média catholique. Maintenant tu n’es rien de plus et rien de moins que le Pape et moi… seulement une mère de famille, chrétienne, avec un époux très bon et neuf enfants, qui donne des cours de mathématiques et qui essaie de collaborer le mieux qu’elle peut avec l’Église, du lieu où Dieu l’a mise.
De ces réunions auxquelles nous nous sommes trouvés ensemble, il y a déjà quelques années, je me rappelle que, à plus d’une occasion, tu t’es adressé à moi en me disant : « Fillette, appelle-moi Jorge Mario, nous sommes amis », à quoi j’ai répondu apeurée : « En aucune façon, M. le Cardinal ! Dieu me préserve de tutoyer l’un de ses princes sur la Terre ! »

Maintenant, au contraire, oui, j’ose te tutoyer, car tu n’es plus le Card. Bergoglio, mais le Pape, mon Pape, le doux Christ sur la terre, à qui j’ai la confiance de m’adresser comme à mon propre père.
Je me suis décidée à t’écrire parce que je souffre et j’ai besoin que tu me consoles . Je vais t’expliquer ce qui m’arrive, en essayant d’être la plus brève possible. Je sais que tu aimes consoler ceux qui souffrent et maintenant je suis l’un de ceux-là.

Quand j’ai fait pour la première fois ta connaissance, alors que tu étais le cardinal Bergoglio, et durant ces moments de vie partagée proche l’un de l’autre, cela a attiré mon attention et m’a déconcertée que tu ne faisais jamais les choses comme les autres cardinaux et évêques. Pour donner quelques exemples, tu étais le seul d’entre eux à ne pas faire la génuflexion face au Saint Sacrement ni durant la Consécration ; si tous les évêques se présentaient en soutane ou en costume qui allait jusqu’aux talons, parce que c’est ainsi que les normes de la réunion le demandaient, tu te présentais en costume de ville avec le col romain. Si tous s’asseyaient aux places réservées pour les évêques et les cardinaux, tu laissais le siège vide du cardinal Bergoglio, et tu t’asseyais même à l’arrière, en disant : « ici je suis mieux, ici je me sens plus à l’aise ». Si les autres arrivaient dans une voiture correspondant à leur dignité d’évêque, toi tu arrivais, plus tard que les autres, occupé et pressé, en racontant à haute voix tes rencontres dans le transport en commun public que tu avais choisi pour arriver à la réunion.

En voyant ces choses, - quelle honte de le raconter !, je me disais en moi-même :
– « Eh bien…quelles envies d’attirer l’attention! Parce que, si on veut être vraiment humble et simple, il serait mieux se comporter comme les autres évêques pour passer inaperçu ? »

Mes amis argentins qui eux aussi assistaient à ces réunions, remarquèrent d’une certaine manière mon désaccord et me disaient :

- « Non, non tu n’es pas la seule. Il nous déconcerte toujours, car nous savons qu’il a les critères clairs puisque dans ses discours formels, il montre des convictions et une certitude toujours fidèles au Magistère et à la Tradition de l’Église ; c’est un courageux et fidèle défense de la droite doctrine. Mais… au paraître, il aime avoir un bon accueil de tous et être bien avec tout le monde, de sorte qu’il peut un jour dire un discours à la télévision contre l’avortement et le jour suivant à la même télévision, apparaître en train de bénir les féministes pro-avortement sur la « Plaza de Mayo » ; il peut dire un discours merveilleux contre les francs-maçons et, quelques heures après, être en train de dîner et de trinquer avec eux au Rotary Club » .

Mon cher Pape François, celui qui fut le cardinal Bergoglio, que j’ai connu de près: un jour parlant avec animation avec Mgr Duarte et Mgr Aguer au sujet de la défense de la vie et de la Liturgie et, ce même jour, au dîner, conversant, toujours avec animation, avec Mgr Ysern et Mgr Rosa Chávez au sujet des communautés de base et les terribles barrières que signifient « les enseignements dogmatiques » de l’Église. Un jour, ami du Cardinal Cipriani et du Cardinal Rodríguez Maradiaga, parlant de l’éthique de l’entreprise et contre les idéologies New Age et, un instant après, ami de Casaldáliga et de Boff, en parlant de la lutte des classes et de la « richesse » que les techniques orientales peuvent apporter à l’Église .

Avec ces antécédents, tu comprendras que j’ai ouvert des yeux énormes quand j’ai entendu ton nom après le “Habemus Papam” et depuis lors (avant que tu ne le demandes) j’ai prié pour toi et pour ma chère Église. Et je n’ai cessé de le faire, pas même un seul jour, depuis lors.

Quand je t’ai vu sortir au balcon, sans mitre (ce n'est pas la coutume de porter une mitre en cette occasion) et sans mozette, rompant le protocole du salut et la lecture du texte en latin (pour la bénédiction), en cherchant avec cela à te différencier du reste des Papes de l’histoire, j’ai dit en souriant préoccupée au fond de moi:

- « Oui, il n’y a pas de doute. Il s’agit du cardinal Bergoglio ».

Dans les jours qui ont suivi ton élection, tu m’as donné plusieurs occasions pour confirmer que tu étais le même que celui que j’avais connu de près, toujours cherchant à être différent, donc tu as demandé des choses différentes, un anneau différent, une croix différente, une chaise différente et même une chambre et une maison différente du reste des Papes, qui toujours s’étaient accommodés du déjà existant, sans requérir des choses « spéciales » pour eux.

En ces jours-là j’étais en train de récupérer de la douleur immense que je ressentais de la renonciation de mon très cher et très admiré Pape Benoît XVI, avec lequel je m’étais identifiée dès le début d’une manière extrême, par la clarté de ses enseignements (c’est le meilleur professeur du monde), par sa fidélité à la Sainte Liturgie, pour son courage à défendre la droite doctrine au milieu des ennemis de l’Église et pour mille choses de plus que je ne vais pas énumérer.

Avec lui au gouvernail de la Barque de Pierre, je sentais que je marchais sur la terre ferme. Et avec sa renonciation, j’ai senti que la terre disparaissait sous mes pieds mais je l’ai compris, car réellement les vents étaient trop tempétueux et la papauté signifiait quelque chose de trop rude pour ses forces diminuées par l’âge, dans la terrible et violente guerre culturelle qu’il livrait. Je me sentais comme abandonnée au milieu de la guerre, en plein tremblement de terre, dans le plus féroce d’un ouragan et ce fut le moment où tu es arrivé pour le remplacer à la barre du gouvernail ! Nous avons un capitaine de nouveau, rendons grâce à Dieu ! J’avais complètement confiance (sans aucun doute sur le moyen) en ce que, avec l’assistance de l’Esprit Saint, avec la prière des tous les fidèles, avec le poids de la responsabilité, avec le conseil de l’équipe de travail au Vatican et avec la conscience d’être observé par le monde entier, le Pape François laisserait derrière les choses spéciales et les ambivalences du Cardinal Bergoglio et prendrait immédiatement le commandement de l’armée, pour, avec des forces renouvelées, continuer sur ses pas dans la lutte intense que son prédécesseur venait de livrer.

Mais, à ma grande surprise et confusion, mon nouveau général, au lieu de prendre les armes en arrivant, a commencé son mandat en utilisant le temps du Pape pour téléphoner à son coiffeur, à son dentiste, à son gardien et à son vendeur de journaux , attirant les regards sur sa personne et non vers les affaires relevant de la papauté .

Six mois ont passé depuis lors et je reconnais avec affection et émotion que tu as fait des trillons de bonnes choses.
J’aime beaucoup (énormément) tes discours formels (aux politiques, aux gynécologues, aux communicants, à la Journée de la Paix, etc.) et tes homélies lors des Fêtes Solennelles, parce qu’en elles, on note une minutieuse préparation et une profonde méditation de chaque parole employée. Tes paroles, dans ces discours et homélies ont été un véritable aliment pour mon esprit. J’aime beaucoup que les gens t’aiment et t’applaudissent. Tu es mon Pape, le Chef Suprême de mon l’Église, de l’Église du Christ !
Cependant, et c’est la raison de ma lettre, je dois te dire que j’ai aussi souffert (et souffre) de beaucoup de tes paroles, parce que tu as dit des choses que j’ai ressenties comme des estocades dans le bas ventre à mes intentions sincères de fidélité au Pape et au Magistère.

* * *

Je me sens triste, oui, mais le meilleur mot pour exprimer mes sentiments actuels c’est la perplexité. Je ne sais, vraiment pas ce que je dois faire, je ne sais ce que je dois dire et ce que je dois taire, je ne vers où tirer ou lâcher. J’ai besoin que tu m’orientes, cher Pape François. Vraiment je souffre, et beaucoup, de cette perplexité qui me maintient immobile.
Mon grave problème est que j’ai consacré une grande partie de ma vie dans l’étude de la Sainte Écriture, de la Tradition et du Magistère, avec comme objectif d’avoir des raisons fermes pour défendre ma foi. Et maintenant, beaucoup de ces bases fermes sont devenues contradictoires avec ce que mon cher Pape fait et dit. Je suis perplexe, vraiment, et j’ai besoin que tu me dises ce que je dois faire.
Je m’explique avec quelques exemples :

Je ne peux pas applaudir un Pape qui ne fait pas la génuflexion face au Saint Sacrement ni au moment de la Consécration comme le marque le rituel de la Messe, mais je ne peux pas non plus le critiquer car c’est le Pape!
Benoît XVI nous a demandé dans la lettre apostolique Ecclesiae Unitatem que nous informions l’évêque du lieu des infidélités et des abus liturgiques que nous verrions. Mais… dois-je informer le Pape, ou qui au-dessus de lui, que le Pape ne respecte pas la liturgie ? Ou que le Pape ne s’y reporte pas ? Je ne sais ce que je dois faire. Je désobéis aux indications de notre Pape émérite.

Je ne peux pas me sentir heureuse de ce que tu aies éliminé l’usage de la patène et des prie-Dieu pour les communiants, et cela m’enchante encore moins que tu ne t’abaisses jamais à donner la communion aux fidèles, que tu ne te nommes pas « le Pape » mais seulement « l’évêque de Rome », que tu n’utilises plus l’anneau du pécheur, mais de cela non plus je ne peux pas me plaindre, car tu es le Pape !

Je ne peux pas me sentir fière de ce que tu aies lavé les pieds d’une femme musulmane le Jeudi Saint, car c’est une violation des normes liturgiques, mais je ne peux en dire un mot, car tu es le pape, celui que je respecte et à qui je dois être fidèle !

J’ai beaucoup souffert quand tu as puni les frères franciscains de l’Immaculée parce qu'ils célébraient la Messe dans le rite ancien car ils avaient la permission expresse de ton prédécesseur, par le motu proprio "Summorum Pontificum". Et les punir signifie aller contre les enseignements des Papes antérieurs. Mais à qui puis-je conter ma souffrance ? Tu es le Pape!

Je n’ai su quoi penser ni quoi dire quand tu t’es moqué publiquement du groupe qui t’a envoyé une petit couronne spirituelle en les appelant « ceux qui comptent les prières ». La couronne spirituelle est une très belle tradition dans l’Église, que dois-je penser, si mon Pape n’aime pas et qu’ils se moquent de ceux qui les ont offerts ( cf. benoit-et-moi.fr/2013-II/articles/le-pape-franois-dialogue-avec-la-clar et également benoit-et-moi.fr/2013-II/articles/le-conte-du-confessionnal)?

J’ai mille amis « pro-vie » qui, étant des catholiques d’excellence, tu les as renversés, il y a quelques jours quand tu les as nommés obsédés et obsessionnels. Que dois-je faire ? Les consoler, en adoucissant faussement tes paroles ou les blesser plus en répétant ce que tu as dit d’eux, pour vouloir être fidèle au Pape et à ses enseignements ?

Aux JMJ tu as appelé les jeunes « à provoquer la pagaille dans les rues ». Le mot « pagaille ». Le mot « pagaille », à ce que j’en sais, est synonyme de désordre, chaos, confusion. Vraiment c’est cela que tu veux que les jeunes chrétiens provoquent dans les rues? N’y a-t-il pas assez de confusion et de désordre pour l’augmenter ?

Je connais beaucoup de femmes célibataires d’un certain âge (vieilles filles) qui sont pleines de joie, très sympathiques et très généreuses et qui se sont senties de vrais rebuts quand tu as dit aux religieuses qu’elles ne devaient pas avoir des têtes de vieilles filles. Tu as fait sentir très mal mes amies et moi j’ai eu mal à l’âme pour elles, car il n’y a rien de mal à être restée célibataire et consacrer sa vie aux bonnes œuvres. Que dois-je dire à mes amis « veilles filles » ? Que le Pape ne parlait pas sérieusement (chose que ne peut faire un Pape) ou mieux je leur dis que je soutiens le Pape dans le fait que toutes les vieilles filles ont des têtes de religieuses aigries .

Il y a deux semaines environ tu as dit que « ce que nous étions en train de vivre, c’était l’un des meilleurs temps de l’Église ». Comment le Pape peut-il dire cela, quand nous savons qu’il y a des millions de jeunes catholiques qui vivent en concubinage et tant d’autres millions de mariés catholiques qui prennent des moyens de contraception, quand le divorce est « notre pain quotidien » et que des millions de mères catholiques tuent leurs enfants à naître avec l’aide de médecins catholiques, quand il y a des millions d’entrepreneurs catholiques qui laissent pas guider par la doctrine sociale de l’Église catholique, mais par l’ambition et l’avarice ; quand il y a des milliers de prêtres qui commettent des abus liturgiques ; quand il y a des centaines de millions de catholiques qui n’ont jamais eu une rencontre avec le Christ et ne connaissent même pas l’essentiel de la doctrine… Est-ce le meilleur temps de l’Église ?

Quand tu l’as dit, cher Pape, j’ai été atterrée en pensant que tu le disais sérieusement. Si le capitaine ne voit pas l’iceberg qu’il y a droit devant, il est très probable que nous nous écraserons contre lui. Tu le disais sérieusement parce que tu le crois sérieusement ou c’était « seulement une façon de dire » .
Beaucoup de grands prédicateurs se sont sentis désolés en apprenant que tu avais dit qu’il ne faillait plus parler des thèmes sur lesquels l’Église a déjà parlé et qui sont écrits dans le Catéchisme. Dis-moi, cher Pape François, que devons-nous faire alors nous les chrétiens qui voulons être fidèles au Pape et aussi au Magistère de l’Église et à la Tradition? Devons-nous cesser de prêcher alors que Saint Paul nous a dit de le faire à temps et contretemps? Nous en finissons avec les courageux prédicateurs, nous les forçons à se taire, pendant que nous câlinons les pécheurs et qu’avec douceur nous leur disons, s’ils le peuvent et s’ils le veulent, de lire le Catéchisme pour qu’ils sachent ce que l’Église dit .

Chaque fois que tu parles des « bergers à l’odeur de brebis », je pense à tous ces prêtres qui se sont laissés contaminer par les choses du monde et qui ont perdu leur arome sacerdotal pour acquérir une certaine odeur de pourriture. Moi, je ne veux pas de bergers à l’odeur de brebis, mais des brebis qui ne sentent pas le fumier parce que leur berger les soigne et les maintient toujours propres.

Il y a quelques jours tu as parlé de la vocation de Matthieu avec ces mots: « Le geste de Matthieu m’impressionne. Il s’accroche à son argent, comme en disant : Non, non à moi ! Non, c’est argent est le mien ! » Je n’ai pu éviter de comparer tes mots avec l’Évangile (Mt 9-9), contre ce que le même Matthieu dit de sa vocation: « Et Jésus sortant de là, vit un homme qui était assis en face de la maison du percepteur, lequel s’appelait Matthieu, et il lui dit : suis-moi. Et celui-ci se leva et le suivit ».

Je ne peux pas voir où est l’attachement à l’argent (je ne le vois pas non plus dans le tableau du Caravagge). Je vois deux histoires différentes et une exégèse équivoque. Qui dois-je croire l’Évangile ou le Pape, si je veux (comme en vérité je le veux) être fidèle à l’Évangile et au Pape ?

Quand tu as parlé de la femme qui vit en concubinage après son divorce et un avortement, tu as dit que « maintenant elle vit en paix ». Je me demande : Une femme qui s’est volontairement éloignée de la grâce de Dieu peut-elle vivre en paix ?
Les Papes antérieurs, de Saint Pierre à Benoît XVI, ont dit qu’il n’est pas possible de rencontrer la paix loin de Dieu, mais le Pape François l’a affirmé. Que dois-je appuyer, le magistère de toujours ou cette nouveauté ? Dois-je affirmer, à partir d’aujourd’hui, pour être fidèle au Pape, que la paix peut se trouver dans une vie de péché ?
Ensuite tu as lâché la question mais tu l’as laissée sans réponse sur ce que doit faire le confesseur, comme si tu voulais ouvrir la boite de Pandore, en sachant qu’il y a des centaines de prêtres qui, d’une manière erronée, conseillent de poursuivre dans le concubinage. Pourquoi mon Pape, mon cher Pape, ne nous a pas dit en quelques mots ce que l’on doit conseiller dans des cas comme celui-là, au lieu d’ouvrir le doute dans des cœurs sincères?

J’ai connu le cardinal Bergoglio sur un plan presque familial et je suis un fidèle témoin de ce qu’il est un homme intelligent, sympathique, spontané, très rigolo et très spirituel. Mais je n’aime pas que la presse publie tous ses dits et mots d’esprit, car tu n’es pas un curé de village, tu n’es plus l’archevêque de Buenos Aires, maintenant tu es le Pape ! Et chaque mot que tu dis comme Pape acquiert une valeur de magistère ordinaire pour beaucoup d’entre nous qui te lisons et t’écoutons .
Enfin, j’ai déjà écrit de trop en abusant de ton temps, mon bon Pape. Avec les exemples que je t’ai donnés (bien qu’il y en ait beaucoup d’autres) je crois que j’ai laissé bien claire la douleur due à l’incertitude et à la perplexité dans lesquelles je vis.

Il n’y a que toi qui puisses m’aider. J’ai besoin d’un guide qui éclaire mes pas sur la base de laquelle l’Église a toujours parlé, qu’elle parle avec courage et clarté, qu’elle n’offense pas ceux de nous qui travaillons pour être fidèles au mandat de Jésus, qui appelle « le pain, pain et le vin, vin, péché, péché et vertu, vertu, même si avec cela il risque sa popularité. J’ai besoin de ta sagesse, de ta fermeté et ta clarté. Je te demande ton aide, s’il te plait, car je souffre beaucoup.

Je sais que Dieu t’a doté d’une intelligence très vive, de sorte que, en essayant de me consoler par moi-même, j’ai pu imaginer que tout ce que tu fais et dis, fait partie d’une stratégie pour déconcerter l’ennemi, en te présentant devant lui avec un drapeau blanc et en arrivant ainsi à ce qu’il baisse la garde. Mais j’aimerais que tu partages ta stratégie avec nous qui luttons à ton côté, car, en plus de déconcerter l’ennemi, tu nous déconcertes aussi et nous ne savons pas de quel côté est notre garnison et de quel côté est le front ennemi.

Je te remercie, une fois de plus, de toutes les bonnes choses que tu as faites et dites, à l’occasion des grandes fêtes, quand tes homélies et tes discours ont été si beaux, parce que vraiment ils m’ont énormément servis. Tes paroles m’ont encouragé et poussé à aimer plus, à aimer toujours et à montrer au monde entier le visage d’amour de Jésus.

Je t’adresse une étreinte filiale très affectueuse, mon cher Pape, avec l’assurance de mes prières. Je te demande aussi les tiennes, pour moi et pour ma famille dont je t’adresse en P.J. une photographie, pour que tu puisses prier pour nous, avec des visages et des corps connus.

Ta fille qui t’aime et prie tous les jours pour toi.

Lucrecia Rego de Plana

 

Source: http://benoit-et-moi.fr/2013-III/actualites/un-cahier-de-doleances-pour-franois.html

 

 

. François verse-t-il dans le pélagianisme ?

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1 octobre 2013 2 01 /10 /octobre /2013 19:57

François verse-t-il dans le pélagianisme (hérésie condamnée par le pape Zosime en 418) ? Si tel était le cas, nous aurions pour la première fois un pape hérétique. Ce qui n'est pas possible en vertu de l'infaillibilité pontificale qui empêche que le pape en matière de dogmes profère des hérésies. À moins que le pape qui ne se nomme pas « le Pape » mais seulement « l’évêque de Rome » (Source: "Lettre au Pape" d'une catholique mexicaine, Lucrecia Rego de Planias, 29/9/2013) ne soit plus pape ?

 

Nous apprenons aujourd'hui avec beaucoup de surprise sur Pro Liturgia, un site défenseur de la messe Paul VI célébrée telle que le demande l'Eglise (respect des rubriques, dignité de la liturgie, latin), peu coutumier de ce genre d'information critique contre le pape, que François prône à présent une curieuse conception du bien : "Chacun de nous" aurait "sa vision du bien et aussi du mal" et nous devrions "encourager les gens à s'orienter vers ce qu'ils pensent être bon". Question toute simple: si la personne pense que le satanisme c'est le bien et que c'est bon pour elle, doit-on l'encourager dans cette voie ? Ca devient de plus en plus compliqué à Rome.



 

http://www.repubblica.it/images/2013/10/01/102703125-9c4322f3-7f37-4a6b-9a0b-6443cd90966b.jpg1/10/2013 : Un journaliste demande au Pape François : « Votre Sainteté, existe-t-il une vision unique du bien ? Qui définit cette vision ? » Le Pape répond : « Chacun de nous a sa vision du bien et aussi du mal. Nous devons encourager les gens à s’orienter vers ce qu’ils pensent être bon. »

Le journaliste reprend : « (...) La conscience est autonome, vous avez dit, et chacun doit obéir à sa conscience. Je pense que cela est une des affirmations les plus courageuses énoncées par un pape. » Le Souverain Pontife poursuit : « Et je le répète ici. Tout le monde a sa propre idée du bien et du mal et doit choisir de suivre le bien et combattre le mal comme il les conçoit. Cela suffirait pour faire du monde un endroit meilleur. »

Or, dans l’Encyclique « Veritatis Splendor » du Bx Jean-Paul II, on lit :

« Dans certains courants de la pensée moderne, on en est arrivé à exalter la liberté au point d’en faire un absolu, qui serait la source des valeurs. C’est dans cette direction que vont les doctrines qui perdent le sens de la transcendance ou celles qui sont explicitement athées. On a attribué à la conscience individuelle des prérogatives d’instance suprême du jugement moral, qui détermine d’une manière catégorique et infaillible le bien et le mal. A l’affirmation du devoir de suivre sa conscience, on a indûment ajouté que le jugement moral est vrai par le fait même qu'il vient de la conscience. Mais, de cette façon, la nécessaire exigence de la vérité a disparu au profit d'un critère de sincérité, d’authenticité, d’ « accord avec soi-même », au point que l’on en est arrivé à une conception radicalement subjectiviste du jugement moral.

Comme on peut le saisir d’emblée, la crise au sujet de la vérité n’est pas étrangère à cette évolution. Une fois perdue l’idée d'une vérité universelle quant au Bien connaissable par la raison humaine, la conception de la conscience est, elle aussi, inévitablement modifiée : la conscience n’est plus considérée dans sa réalité originelle, c’est-à-dire comme un acte de l’intelligence de la personne, qui a pour rôle d’appliquer la connaissance universelle du bien dans une situation déterminée et d’exprimer ainsi un jugement sur la juste conduite à choisir ici et maintenant ; on a tendance à attribuer à la conscience individuelle le privilège de déterminer les critères du bien et du mal, de manière autonome, et d’agir en conséquence. Cette vision ne fait qu’un avec une éthique individualiste, pour laquelle chacun se trouve confronté à sa vérité, différente de la vérité des autres. Poussé dans ses conséquences extrêmes, l’individualisme débouche sur la négation de l’idée même de nature humaine. »

 

Source: http://www.proliturgia.org/

Autres source : http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=733408

  L'original en italien, dans la repubblica.it : «Ciascuno di noi ha una sua visione del Bene e anche del Male. Noi dobbiamo incitarlo a procedere verso quello che lui pensa sia il Bene». « Chacun de nous a sa vision du bien et aussi du mal. Nous devons encourager les gens à s’orienter vers ce qu’ils pensent être bon. »

http://www.repubblica.it/cultura/2013/10/01/news/papa_francesco_a_scalfari_cos_cambier_la_chiesa-67630792/

Le texte en français : http://www.repubblica.it/cultura/2013/10/01/news/le_pape_a_scalfari_ainsi_je_changerai_l_glise-67693549/

 

 

Pélage était un breton de la fin du IVe siècle. Sa doctrine fut condamnée comme hérétique par le pape Zosime en 418 car Pélage niait l'existence du péché originel, c'est-à-dire la nature dégradée de l'homme depuis le péché d'Adam et Eve, enseignait que l'homme était en lui-même et par nature capable de choisir le bien (comme semble le faire ici François) et d'atteindre à la sainteté par ses propres forces et par son libre arbitre. Ce qui revenait à nier la grâce, ce don extraordinaire qui est fait par Notre-Seigneur, dont il parlait avec la Samaritaine. Si scires donum Dei, "Si tu connaissais le don de Dieu" (Jn., IV, 10.)

 

 

Add. 2 octobre 2013, 16h37. Au lendemain de sa déclaration mai-soixanthuitardisante "chacun de nous a sa vision du bien et aussi du mal. Nous devons encourager les gens à s’orienter vers ce qu’ils pensent être bon. Tout le monde a sa propre idée du bien et du mal et doit choisir de suivre le bien et combattre le mal comme il les conçoit", le Pape François a fait aujourd'hui une déclaration contraire, davantage conforme à l'enseignement catholique traditionnel.

Dans sa catéchèse à l'audience générale du mercredi, en effet, dorénavant, pour faire le bien, pour "vivre dans la charité" dit-il, on ne peut plus se satisfaire de ses propres forces et se limiter à sa "propre idée du bien et du mal", comme il disait la veille, mais la grâce de Dieu est nécessaire. "Par sa grâce (du Christ) nous devenons capables, malgré notre faiblesse de vivre dans la charité", a-t-il déclaré.

 

"Bien qu’elle soit constituée d’hommes pécheurs, nous professons, dans le Credo, que l’Eglise est sainte. Elle est sainte car elle vient de Dieu qui est saint et qui ne saurait l’abandonner. Elle est indissolublement unie au Christ qui s’est livré pour elle, et qu’il conduit par l’action du Saint-Esprit. L’Eglise n’est pas constituée de gens parfaits, mais elle accueille tous les pécheurs, pour les conduire à la sainteté. Elle est la maison de tous. Tous, faibles et pécheurs, perdus ou découragés, nous pouvons vraiment y être renouvelés, transformés, par la rencontre du Seigneur qui nous sanctifie. Par sa grâce nous devenons capables, malgré notre faiblesse de vivre dans la charité, pour la gloire de Dieu et le service du prochain."

 

Source: http://www.news.va/fr/news/le-pape-francois-comment-une-eglise-composee-de-pe

 

De ces deux déclarations, celle du 1er octobre et celle du 2 octobre, il y en a une vraie et une fausse. Le Bien ne peut pas être à la fois ce que chacun se définit "selon sa propre vision du bien et du mal" (ce qui conduirait par exemple à appeler bien, le mal, vertu, le péché, mensonge, la vérité, etc.) et être en même temps un don de Dieu qui nous est possible de découvrir "par sa grâce". C'est l'un ou l'autre. Cela ne peut être les deux à la fois.

 

 

Add. 4 octobre 2013, 18h48. Premières solutions à la nouvelle conception de la conscience du Pape François : Un enseignement de Mgr Léonard et une "paposcopie" de Jean Mercier sur La Vie

 

 

Add. 18 novembre 2013, 21h35. L'interview du pape François au quotidien "Repubblica" retirée du site du Saint-Siège. Le Porte-parole du Vatican, le père Lombardi, a déclaré que "le texte est fiable dans son sens général, mais pas dans les formulations isolées entre guillemets, n'ayant pas été révisé mot à mot".


«Supprimée» la conversation avec Scalfari. Qu'est-ce que cela signifie?
Riccardo Cascioli
16/11/2013
http://www.lanuovabq.it/it
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Depuis hier, le texte de l'entretien entre le pape François et le fondateur du quotidien La Repubblica Eugenio Scalfari, n'apparaît plus sur le site Internet du Saint-Siège <www.vatican.va>.
Comme on s'en souvient, le Pape avait reçu Scalfari au Vatican après la publication sur la Repubblica de la lettre que le pape François lui avait envoyée en réponse à deux articles du même Scalfari. Le journaliste avait alors également publié le contenu de la conversation du Vatican, qui a été retirée hier du site du Saint-Siège. Pour expliquer la décision, le porte-parole du Vatican le père Federico Lombardi, a déclaré que «le texte est fiable dans son sens général, mais pas dans les formulations isolées entre guillemets, n'ayant pas été révisé mot à mot» (ndt: la faute à qui? et pourquoi?).
En substance, a dit le père Lombardi, «en l'ôtant, on a fait une mise au point sur la nature de ce texte. Il y avait une ambiguïté et un débat sur sa valeur».

 

Source: http://benoit-et-moi.fr/2013-III/actualites/amateurisme.html

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1 octobre 2013 2 01 /10 /octobre /2013 19:55

Selon le père Lombardi, ce conseil aurait été constitué par le Pape pour lui "offrir des conseils et non pour prendre des décisions".


 

Ce matin, mardi 1er octobre 2013, dans la Bibliothèque privée de l’appartement papal du palais apostolique au Vatican, a commencé la première réunion du Pape François avec le « Conseil des cardinaux » créé le 13 avril dernier et confirmé par le Chirographe du 28 septembre suivant. Comme on le sait, le « Conseil » est formée de huit cardinaux, chargés d’aider l’Evêque de Rome dans le gouvernement de l’Eglise universelle et d’étudier un projet de révision de la constitution apostolique Pastor Bonus sur la Curie romaine.

Les réunions se poursuivront jusqu’au jeudi 3 octobre.

 

Source: http://www.news.va/fr/news/debut-des-reunions-du-pape-avec-le-conseil-des-car

 

le pape veut consulter dans un souci de collégialité

 

Le pape François a officiellement institué ce lundi (30 septembre 2013, NdCR.), par un Chirographe, le « Conseil des Cardinaux » chargé de le conseiller dans le gouvernement de l’Eglise et d’étudier un projet de révision de la Constitution apostolique Pastor Bonus de 1988, sur la curie romaine. Ce groupe coordonné par le cardinal hondurien Oscar Maradiaga, a été créé par le pape le 13 avril dernier. Il possède donc désormais un statut. Ce conseil se réunira, pour la première fois autour du Saint-Père les 1 - 2 et 3 octobre. Une rencontre qui suscite un grand intérêt et de nombreuses interrogations.
Le Vatican a déjà fait savoir qu’il s’agissait d’une première réunion consultative, la première d’une série, et que les participants s’en tiendront aux « critères de réserve quant aux contenus des consultations ». Le père Lombardi a également indiqué la semaine dernière que ce groupe avait été constitué pour offrir des conseils au Pape et non pour prendre des décisions ».

 

Source: http://www.news.va/fr/news/le-pape-veut-consulter-dans-un-souci-de-collegiali

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30 septembre 2013 1 30 /09 /septembre /2013 22:47

Le 27 avril prochain, le pape polonais Jean Paul II et le pape italien Jean XXIII seront canonisés lors d'une célébration unique au Vatican, en la fête de la Divine Miséricorde. Le pape François l'a annoncé ce lundi matin (30 septembre 2013 NdCR.) lors d'un consistoire ordinaire public. Devant les cardinaux, le Pape a confirmé que ces deux figures importantes de l'Eglise catholique, Karol Wojtyla et Angelo Giuseppe Roncalli, papes respectivement entre 1978 et 2005 et entre 1958 et 1963, seront déclarés saints.


Des procédures inédites de canonisation
Jean Paul II sera ainsi canonisé en un temps record, neuf ans seulement après sa mort, notamment parce que Benoît XVI avait choisi de ne pas tenir compte du délai obligatoire de cinq ans pour ouvrir la cause de béatification et de canonisation de son prédécesseur. Quant à Jean XXIII, il sera canonisé sans qu’un miracle n’ait été attribué à son intercession. Cette procédure simplifiée à laquelle le pape François a eu recours est rarissime dans l’histoire récente.
Cette canonisation a suscité la joie du cardinal Paul Poupard, président émérite du Conseil Pontifical pour la culture. Au cours de ses nombreuses années passées à la Curie, le cardinal français a en effet été le collaborateur des deux futurs saints.

La canonisation aura lieu place Saint-Pierre, elle devrait attirer des centaines de milliers de personnes du monde entier, en particulier de très nombreux polonais. Au delà des figures très populaires de Jean Paul II et de Jean XXII, cet évènement témoigne de la place qu'ont les papes dans l'Église et auprès des fidèles au cours de ce dernier siècle, comme l'explique l'historien Christophe Dickès, auteur du "Dictionnaire du Vatican et du Saint-Siège" aux éditions Robert Laffont.

 

Source: http://www.news.va/fr/news/jean-paul-ii-et-jean-xxiii-canonises-le-27-avril-2

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25 septembre 2013 3 25 /09 /septembre /2013 09:32

 

http://media01.radiovaticana.va/imm/1_0_731196.JPG2013-09-24 Radio Vatican


Quelques jours après la publication de la lettre du pape François au fondateur de La Repubblica, le quotidien italien a publié, ce mardi (24 septembre 2013 NdCR.), une autre lettre, cette fois du Pape émérite, Benoît XVI. Il s'agit de sa réponse à un livre du scientifique italien ouvertement athée et anticlérical Piergiorgio Odifreddi. Dans sa longue lettre, Benoît XVI amorce un dialogue avec son interlocuteur. Il s'oppose à son interprétation sur la question de la pédophilie dans le clergé et sur la figure du Jésus historique.

Benoît XVI développe une réponse en quatre points, réagissant à l’ouvrage du mathématicien. Ce livre critique notamment son ouvrage consacré à Jésus de Nazareth et son Introduction au christianisme. Si le Pape émérite reconnaît volontiers que les mathématiques sont la seule science "au sens strict", il souligne toutefois que la théologie a fourni des "résultats remarquables" dans les domaines historique et philosophique. En outre, Benoît XVI affirme que la théologie a pour but de concilier la religion et la raison, deux fonctions "d’importance essentielle pour l’humanité".


Benoît XVI tient à mettre les choses au point

Le pape émérite remercie son interlocuteur pour le "dialogue sérieux" sur ces sujets, mais dénonce ensuite le traitement réservé aux questions du prêtre et de la morale catholique. En ce qui concerne la pédophilie au sein du clergé, Benoît XVI, qui a été en première ligne dans la lutte contre ce scandale, rappelle fermement : "je n’ai jamais cherché à cacher (les) choses". "On ne devrait pas présenter de façon ostentatoire cette déviance comme s’il s’agissait d’une saleté propre au catholicisme", ajoute-t-il. Et d’insister : "On ne peut taire le mal à l’intérieur de l’Eglise, mais on ne peut pas taire non plus le grand sillage de bonté et de pureté que la foi chrétienne a tracé au fil des siècles".

"Ce que vous dites sur la figure de Jésus n’est pas digne de votre rang scientifique", poursuit le pape émérite, s’appuyant sur de nombreux auteurs, revenant avec précision sur ses critiques et conseillant des lectures à son interlocuteur. La réponse de Benoît XVI, caractérisée par une grande érudition et une argumentation solide, rejette avec force certaines affirmations formulées par Piergiorgio Odifreddi sur Jésus de Nazareth et son interprétation exégético-historique.

"Monsieur le professeur, conclut le pape émérite, ma critique est en partie dure. Mais la franchise fait partie du dialogue : c’est seulement de cette façon que la connaissance peut grandir. Vous avez été très franc avec moi, et vous accepterez ainsi que je le sois avec vous". (avec Apic/Imedia)


Extraits de la lettre de Benoît XVI à Odifreddi publiés par le quotidien La Reppublica:


Professeur Odifreddi, (…) Je voudrais Vous remercier pour avoir cherché, jusque dans les détails, de vous confronter avec mon livre et ainsi avec ma foi ; c’est en grande partie ce que j’avais décrit dans mon discours à la Curie Romaine à l’occasion de Noël 2009. Je dois également vous remercier pour la fidélité avec laquelle vous avez traité mon texte, en cherchant sincèrement de lui rendre justice.

Mon jugement à propos de Votre livre est dans son ensemble plutôt contradictoire. J’en ai lu certaines parties avec plaisir et profit. Dans d’autres parties ,par contre, je me suis émerveillé d’une certaine agressivité et de la hardiesse de l’argumentation. (…)

A plusieurs reprises, Vous m’avez fait remarquer que la théologie serait de la science-fiction. A ce propos, je m’émerveille que vous retenez par contre mon livre digne d’une discussion aussi détaillée. Permettez-moi de proposer quatre points relatifs à une telle question :

1. Il est correct d’affirmer que la « science », au sens le plus strict du terme, ce sont seulement les mathématiques mais vous m’avez appris qu’il serait opportun de faire une distinction supplémentaire entre l’arithmétique et la géométrie. Dans toutes ces matières spécifiques, les méthodes scientifiques ont leurs propres formes selon la particularité de leur objet. L’essentiel est d’appliquer une méthode vérifiable, d’exclure l’arbitraire et de garantir la rationalité dans les différentes modalités respectives.

2. Vous devriez pour le moins reconnaître que, dans le cadre de l’histoire et dans celui de la pensée philosophique, la théologie a produit des résultats durables.

3. Une fonction importante de la théologie est celle de maintenir la religion liée à la raison et la raison à la religion. Ces deux fonctions sont d’une importance essentielle pour l’humanité. Dans mon dialogue avec Habermas j’ai démontré qu’il existe des pathologies de la religion et – non moins dangereuses- des pathologies de la raison. Toutes les deux ont besoin l’une de l’autre et les tenir constamment connectées est un devoir important de la théologie.

4. D’autre part, la science-fiction existe dans le cadre de diverses sciences. Ce que Vous exposez à propos des théories concernant le début et la fin du monde dans Heisenberg, Schrödinger, etc., je le désignerais comme science-fiction dans le bon sens du terme : il s’agit de visions et d’anticipations pour arriver à une vraie connaissance mais ce sont précisément seulement des apparitions avec lesquelles nous cherchons à nous rapprocher de la réalité. Le grand style de la science-fiction existe, du reste, également dans la théorie de l’évolution. Le gène égoïste de Richard Dawkins est un exemple classique de science-fiction. Le grand Jacques Monod a écrit des phrases qu’il a sûrement inséré lui-même dans son œuvre comme relevant purement de la science-fiction. Je cite « l’apparition des Vertébrés tétrapodes ..tire justement son origine du fait qu’un poisson primitif « a choisi » d’aller explorer la terre, sur laquelle il était pourtant incapable de se déplacer sinon en sautant de façon maladroite et créant de la sorte, comme conséquence d’une modification de comportement, la pression sélective grâce à laquelle se seraient développés les membres robustes des tétrapodes. Parmi les descendants de cet audacieux explorateur, Magellan de l’évolution, certains peuvent courir à une vitesse supérieure à 70 km à l’heure… » ( citation selon l’édition italienne” Il caso e la necessità”, Milan 2001, pp.117 et sg)

Pour toutes les thématiques discutées jusqu’ici, il s’agit d’un dialogue sérieux pour lequel - comme je l’ai plusieurs fois répété- je suis reconnaissant. Il en est autrement à propos du chapitre sur le prêtre et sur la morale catholique et encore différemment à propos des chapitres sur Jésus. Quant à ce que Vous prononcez sur l’abus moral des mineurs de la part des prêtres, je peux- comme Vous le savez- seulement en prendre acte avec une profonde consternation. Je n’ai jamais cherché de masquer ces choses. Que le pouvoir du mal pénètre jusqu’à ce point dans le monde de la foi est pour nous une souffrance que, d’un côté, nous devons supporter , alors que de l’autre, nous devons dans un même moment, faire tout notre possible afin que d’autres cas similaires ne se reproduisent plus. Ce n’est pas non plus une consolation de savoir que, selon les recherches des sociologues, le pourcentage de prêtres incriminés n’est pas plus élevé que celui présent pour d’autres catégories professionnelles similaires. Dans tous les cas, il ne faudrait pas présenter de façon ostentatoire cette déviation comme si il s’agissait d’une souillure spécifique du catholicisme.

Si il n’est pas permis de se taire à propos du mal dans l’Eglise, il ne faut pas non plus, se taire à propos du grand sillage lumineux de bonté et de pureté que la foi chrétienne a tracé au cours des siècles. Il faut se souvenir des grands personnages pures que la foi a produit- de Benoît de Nurcie et sa sœur Scolastique, de François et Claire d’Assise à Thérèse d’Avila et Jean de la Croix, des grands Saints de la charité comme Vincent de Paul et Camillo de Lellis jusque Mère Térésa de Calcutta et les grandes nobles personnages du 19° siècle. Il est vrai aussi qu’aujourd’hui la foi pousse plusieurs personnes à l’amour désintéressé ,au service pour les autres, à la sincérité et à la justice. (…)

Ce que Vous dites à propos du personnage de Jésus n’est pas digne de Votre rang scientifique.

 

Si Vous posez la question comme si, à propos de Jésus, finalement, nous ne savions rien et que comme personnage scientifique, rien n’est acceptable, alors je peux seulement , d’une façon décidée, Vous inviter à vous rendre un peu plus compétent sur le point de vue historique. Je Vous recommande pour cela surtout les quatre volumes que Martin Hengel (Faculté de théologie protestante de Tübingen) a publié avec Maria Schwemer : c’est un exemple excellent de précision historique et d’amples informations historiques . En face de cela, ce que Vous dites à propos de Jésus est une hardiesse que Vous ne devriez pas répéter. C’est un fait incontestable que dans l’exégèse, beaucoup de choses ont été écrites à propos du manque de sérieux. Le séminaire américain sur Jésus que Vous avez cité aux pages 105 et sg confirme seulement à nouveau ce que Albert Schweitzer avait écrit à propos de « la Leben-Jesu-Forschung « ( Recherche sur la vie de Jésus) et que le soi-disant «Jésus historique » est tout au plus le miroir des idées des auteurs. Pourtant, de telles formes de travail historique mal rédigées ne compromettent pas du tout l’importance de la recherche historique sérieuse, qui nous a porté à de vraies connaissances en ce qui concerne l’annonce et le personnage de Jésus.

(…) En outre, je dois repousser avec vigueur Votre affirmation (page 126) selon laquelle j’aurais présenté l’exégèse historico-critique comme un instrument de l’antéchrist. Traitant du récit des tentations de Jésus, j’ai seulement repris la thèse de Soloviev selon laquelle l’exégèse historico-critique peut être utilisée également dans l’antéchrist- c’est un fait incontestable. Pourtant, dans un même moment - et en particulier dans la prémisse du premier volume de mon livre sur Jésus de Nazareth- j’ai clarifié de façon évidente que l’exégèse historico-critique est nécessaire pour une foi qui ne propose pas de mythes avec des images historiques mais qui réclame une méthode historique vraie : Il faut ainsi également présenter la réalité historique de vos affirmations de façon scientifique. Pour cela il n’est pas non plus correct pour Vous de dire que je me serais intéressé seulement aux fondements inchangés : au contraire, tous mes efforts ont pour objectif de montrer que le Jésus dépeint dans l’Évangile est également le réel Jésus historique ; qu’il s’agit d’une histoire réellement advenue. (…)

Avec le 19°chapitre de Votre livre, nous retournons aux aspects positifs de Votre dialogue avec ma pensée. (…) Même si Votre interprétation du Gv 1,1 est très loin de ce que l’évangéliste entendait dire, il existe pourtant une convergence qui est importante. Mais si vous voulez substituer Dieu avec « La Nature », il reste la question de savoir qui est cette nature ou qu’est-ce que c’est. Vous ne la définissez nulle part et elle apparaît donc comme une divinité irrationnelle qui n’explique rien.

Je voudrais surtout vous faire remarquer que dans Votre religion des mathématiques, trois thèmes fondamentaux de l’existence humaine ne sont pas considérés : la liberté, l’amour et le mal. Je m’émerveille qu’avec un simple geste vous liquidez la liberté qui a pourtant été et est encore actuellement la valeur fondamentale de l’époque moderne. Dans Votre livre, l’amour n’apparaît aucunement et il n’y a aucune information concernant le mal. Qu’importe ce que dit ou ne dit pas la neurobiologie à propos de la liberté, dans le drame réel de notre histoire, elle est présente comme une réalité déterminante et doit être prise en considération. Mais votre religion mathématique n’apporte aucune information sur le mal. Une religion qui néglige ces demandes fondamentales reste vide de sens.

Professeur, ma critique de Votre livre est en partie dure. Mais la franchise fait partie du dialogue ; la connaissance ne peut grandir uniquement de cette façon . Vous avez été très franc et j’espère que Vous accepterez ma critique avec le même esprit. Dans tous les cas, j’évalue positivement le fait qu’à travers Votre confrontation avec mon introduction au christianisme, vous avez cherché un dialogue ouvert avec la foi de l’Eglise catholique et que, nonobstant tous les contrastes, dans le cadre central, il y a plusieurs convergences.

Avec mes cordiales salutations et une bonne continuation dans votre travail.

 

 

Source: http://www.news.va/fr/news/benoit-xvi-repond-a-piergiorgio-odifreddi

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23 septembre 2013 1 23 /09 /septembre /2013 18:05

 

23/9/2013 : Le P. Pascal Vesin, curé à Megève et démis de ses fonctions par son évêque (Mgr Yves Boivineau, évêque d’Annecy, NdCR.) en raison de son appartenance à une loge maçonnique, était allé à Rome où il espérait plaider sa cause auprès du Pape François.

Le prêtre a été reçu dans les dicastères compétents - mais pas par le Pape - où il a été écouté et où, en conclusion, on lui a confirmé que son ministère au service de l’Eglise était incompatible avec son appartenance à la franc-maçonnerie.

Mgr Thomas et Christine Pedotti, qui soutenaient le P. Vesin, l’ont « en travers de la gorge », comme on dit.

Ce que raconte le P. Vesin au sujet de son séjour à Rome est assez instructif. On peut penser que le Pape François est de plus en plus encadré pour l’empêcher de tomber dans certains pièges.

 

Source: http://www.proliturgia.org/

 

Sur ce prêtre franc-maçon démis de ses fonctions, lire aussi : Civitas inquiète le "Grand Orient de France" (2 juin 2013)

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19 septembre 2013 4 19 /09 /septembre /2013 09:51

Mise à jour 13/02/2017

Source: http://www.livescience.com/39661-biblical-era-town-discovered-sea-of-galilee.html

Source: http://www.livescience.com/39661-biblical-era-town-discovered-sea-of-galilee.html

Le lac de TibériadeDalmanoutha, une ville des temps bibliques mentionnée dans l'Evangile selon saint Marc (Mc 8:10), a été découverte en septembre 2013 le long de Mer de la Galilée (ou "Lac de Tibériade"), située à plus de 200 m au-dessous du niveau de la mer et traversée par le fleuve Jourdain. Ce lieu est celui du baptême de Jésus-Christ par saint Jean-Baptiste, mais aussi l'endroit où le Christ navigua avec ses disciples après le miracle de la multiplication des pains. Le bateau daté de deux mille ans et découvert en 1986,  parfois appelé "barque de Pierre" ou "barque de Jésus" a été trouvé sur le littoral de la ville nouvellement découverte.

Riche en poissons, la Mer de Galilée est réputée pour ses tempêtes violentes à cause des différences de température avec les hauteurs environnantes.

 

Voici la traduction de l'article original en anglais (http://www.livescience.com/39661-biblical-era-town-discovered-sea-of-galilee.html).

 

Une ville des temps bibliques découverte le long de Mer de la Galilée

 

On a découvert une ville remontant à plus de 2000 ans sur la côte du nord-ouest de la Mer de Galilée, dans la vallée Ginosar d'Israël.

 

La ville antique peut être Dalmanutha (a aussi orthographié Dalmanoutha), décrit dans l'Évangile de Marc comme l'endroit où Jésus a navigué après avoir alimenté miraculeusement 4000 personnes en multipliant quelques pains et poissons, a déclaré Ken Dark de l'Université de Reading au Royaume-Uni, dont l'équipe, pendant une enquête sur le terrain, a découvert la ville.

 

[NdCR. Après avoir nourri miraculeusement 4000 hommes, saint Marc nous dit que Jésus "monta dans la barque avec ses disciples et se rendit dans la région de Dalmanoutha" (Mc, 8, 10.)]

 

Les archéologues ont aussi déterminé que le célèbre bateau (parfois appelé « barque de Pierre » ou « barque de Jésus » NdCR.) daté d'environ 2000 ans et découvert en 1986, a été trouvé sur le littoral de la ville nouvellement découverte. Le bateau a fait l'objet d'une étude il y a deux décennies mais la découverte de la ville fournit de nouvelles informations sur ce qui se trouve autour.

http://i.livescience.com/images/i/000/056/893/i02/sea-of-galilee-boat.jpg?1379334251

 

Le bateau de la Mer de Galilée est l'artefact le plus célèbre que nous pouvons à présent associer avec la découverte de cette ville. Il date du premier siècle av. J.-C ou après. Bien qu'il ait été découvert en 1986, la découverte de la ville nous indique qu'il a été trouvé sur le littoral de la ville antique.

 

L'évangile dit qu'après l'alimentation de 4000 personnes par la multiplication miraculeuse de quelques poisson et pains, Jésus "monta dans le bateau avec ses disciples et est allé à la région de Dalmanutha. Les Pharisiens sont venus et ont commencé à le questionner pour le tester. Ils lui ont demandé un signe du ciel. Il a soupiré profondément et a dit: 'Pourquoi cette génération demande-t-elle un signe ? En vérité je vous le déclare, il ne sera pas donné de signe à cette génération'. Et les quittant, il remonta dans la barque et il partit pour l'autre rive." (Mc 8, 10-13)

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/a9/JordanRiver_en.svg/280px-JordanRiver_en.svg.png

Sea of Galilee sur la carte, Mer de Galilée

 

Durant l'hiver 1986, un exemplaire unique de barque romaine (longueur 8,3 m, largeur 2,6 m, profondeur 1,2 m) pour la pêche et le transport de marchandises a été découvert dans le lac, près de ce qui est généralement considéré comme l'ancienne Magdala /Tarichée. Le carbone 14 situe la construction de cette barque au premier siècle de notre ère, ce qui lui vaut le surnom de « barque de Pierre » ou « barque de Jésus ».

 

Depuis l'occupation du plateau du Golan en 1967, la rive orientale est entièrement contrôlée par Israël et la Syrie n'est plus un pays limitrophe dans les faits. L'annexion de la région par l'État israélien n'étant pas reconnue par la communauté internationale, cette dernière en demande la restitution à la Syrie. 

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/af/Lambert_Lombard_001.jpg/649px-Lambert_Lombard_001.jpg

Le miracle des sept pains et poissons" par Lambert Lombard, XVIe siècle.

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/ef/Brooklyn_Museum_-_The_Miracle_of_the_Loaves_and_Fishes_%28La_multiplicit%C3%A9_des_pains%29_-_James_Tissot.jpg

James Tissot, Le miracle des pains et des poissons (La multiplicité des pains) - Brooklyn Museum]

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16 septembre 2013 1 16 /09 /septembre /2013 13:44

 

castet315/9/2013 : On apprend sur le site internet de « Riposte catholique » que Mgr Alain Castet, Evêque de Luçon, a pensé donner sa démission au Pape, tellement le gouvernement de son diocèse s’avère ardu.

Il n’est malheureusement pas le seul évêque de France dans ce cas. Les diocèses sont, en effet, dirigés par de puissantes « nomenklaturas » qui regroupent des prêtres sans grande formation théologique et hostiles à tout ce qui vient du Siège apostolique en général et du Souverain Pontife en particulier.

Ces prêtres - heureusement vieillissants - ont organisé depuis une cinquantaine d’années des projets pastoraux calamiteux qui, dans les séminaires, en liturgie, en catéchèse, n’auront fait que des champs de ruines qui sont les terrains de jeux des laïcs les plus engagés dans les secteurs paroissiaux nouvellement créés.

Autant dire que le « système » est bien verrouillé et que l’évêque qui aimerait s’y attaquer pour redresser la situation risquera fort d’y laisser sa santé.

Voilà d’ailleurs pourquoi de nombreux pasteurs diocésains ne font plus rien. Ou plutôt, ils brassent du vent à grand coups de « projets pastoraux » qui leurs permettent de ne pas s’attaquer aux vrais problèmes.

 

 

Source: http://www.proliturgia.org/

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14 septembre 2013 6 14 /09 /septembre /2013 14:05

En cette fête de l'Exaltation de la sainte Croix, nous proposons à nos lecteurs la très ancienne hymne Vexilla Regis Prodeunt. (Merci à Truth pour ses utiles  précisions).

 

  Vexilla Regis Prodeunt, Maitrise Notre Dame de París.

 

Image illustrative de l'article Radegonde de PoitiersVexilla Regis Prodeunt est une hymnne composée au VI siècle par Saint Venance Fortunat à l’occasion de la réception d’un morceau de la Vraie Croix adressée à Sainte Radegonde, Reine des Francs, par l’Empereur Justin II, en 569 où la sainte relique fut transportée de Tours au monastère de Sainte-Croix à Poitiers.

 

 

 

De cette hymne (à écouter également sur http://notredamedesneiges.over-blog.com/article-5212836.html) l'historienne Régine Pernoud nous dit que c’était l’hymne chantée par les premiers pèlerins des Croisades, la Croisade des pauvres et de Pierre l’Ermite.

 

Durant la guerre de Vendée, Vexilla Regis est choisi pour hymne de l'Armée catholique et royale qui le chantait avant les batailles.

 

Un autre écrivain géant de ce siècle, devenu mécréant mais sensible à ce que l’Eglise a apporté de beau, James Joyce, dans le chapitre V de son livre « Portrait de l’artiste en jeune homme » (1917) où il nous parle d’esthétique, évoque Vexilla Regis pour dire :

 

« …. Saint Thomas était poète lui-meme. Il a écrit une hymne pour le Jeudi Saint. Cela commence par les mots : «Pange lingua gloriosi. On dit que c’est le chef-d’oeuvre de l’hymnaire. C’est un chant complexe et apaisant. Je l’aime beaucoup mais aucune hymne n’est comparable à ce funèbre et majestueux cantique processionnel, le Vexilla Regis de Venantius Fortunatus.

 

Lynch se mit à chanter , doucement et solennellement , d’une voix basse et profonde :

 

Impleta sunt quae concinit

 

David fideli carmine

 

Dicendo nationibus

 

Regnavit a ligno Deus.

 

 

 

« Ça , c’est énorme ! dit-il d’un air heureux. Une musique énorme »

 

 

Aujourd’hui voilà ce qu’a renoncé à nous transmettre notre Eglise. C’est par des mécréants que nous en somme réduits à découvrir les beautés que renferme notre héritage catholique.

 

L'Eglise chante traditionnellement cette hymne le Vendredi Saint, le Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur, et pour la Fête de la Croix Glorieuse (Exaltation de la Sainte Croix au 14 septembre) :

 

  Inno Ambrosiano, VEXILLA REGIS PRODEUNT, Schola Gregoriana mediolanensis, Giovanni Vianini, Milan, Italia


1) Vexilla Regis prodeunt, fulget Crucis mysterium,

 

Les étendards du Roi s’avancent, et la lumière de la Croix resplendit de son mystère,

 

Quo carne carnis conditor suspensus est patibulo (qua vita mortem pertulit, et morte vitam protulit).

 

Celui où le Créateur de toute chair est par Sa propre Chair cloué sur la Croix (où la vie a subi la mort, produisant, par la mort, la vie).

 

 

 

2) Quo (Quae) vulneratus (vulnerata) insuper (lanceae), mucrone diro, lanceae (criminum)

 

De Son Coeur transpercé par la pointe cruelle de la lance, Il laisse

 

Ut nos lavaret crimine (sordibus) manavit unda et sanguine.

 

Ruisseler l’eau et le sang afin de nous laver de notre crime.

 

 

 

3) Impleta sunt quae concinit David fideli carmine

 

Voici qu’est accompli ce que chantait David dans son psaume plein de foi,

 

Dicens in (Dicendo) nationibus regnavit a ligno Deus.

 

Proclamant : « Sur les nations, c’est par le bois que règne Dieu. »

 

 

 

4) Arbor decora et fulgida ornata Regis purpura,

 

Arbre splendide de lumière orné de la pourpre royale,

 

Electa digno stipite tam sancta membra tangere.

 

Tronc choisi qui fut jugé digne de toucher des membres si saints.

 

 

 

5) Beata, cuius brachiis saeculi pependit pretium :

 

Arbre bienheureux dont les branches supportent pendu le salut de ce siècle :

 

Statera facta corporis praedamque tulit (tulique preadam) tartari.

 

En échange de ce Corps, l’Enfer a été dépouillé.

 

 

 

Pour les deux dernières strophes, les fidèles se mettent à genoux

 

 

 

6) O Crux ave, spes unica hoc Passionis tempore ! (14 septembre = in hac triumphi gloria !)

 

Salut ô Croix, unique espérance dans les temps de ta Passion (14 septembre = dans la gloire de ton triomphe !)

 

Auge piis justitiam (Piis adauge gratiam) reisque dona veniam (dele crimina).

 

Offre la grâce aux hommes pieux, et le pardon aux pécheurs (et lave les péchés des coupables).

 

 

 

7) Te summa Deus Trinitas (Te, fons salutis Trinitas) collaudet omnis spiritus 

 

C’est Toi, Trinité Suprême, source de notre salut, que loue tout esprit :

 

Quos per Crucis mysterium salvas, rege per saecula. Amen. (Quibus Crucis victoriam largiris adde praemium)

 

Par le mystère de la Croix tu nous sauves et tu nous guéris pour toujours. Amen. (Par la Croix vous nous fîtes vaincre, donnez-nous aussi la couronne)

 

 

 

Strophes supprimées ou modifiées pour la liturgie (au 10ème siècle + par les réformes d'Urbain VIII) :

 

2) Confixa clavis viscera tendens manus, vestigia, redemptionis gratia hic immolata est hostia.

 

7) Fundis aroma cortice, vincis sapore nectare, iucunda fructu fertili plaudis triumpho nobili.

 

8) Salve, ara, salve, victima, de passionis gloria, qua vita mortem pertulit et morte vitam reddidit.

 

Source: http://notredamedesneiges.over-blog.com/article-5212836.html

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13 septembre 2013 5 13 /09 /septembre /2013 23:08

Parution d'une nouvelle traduction française de la Bible le 22 novembre 2013, avec une meilleure traduction notamment du "Notre Père".

 

 

NOUVEAU 13/9/2013 : Vous n’en entendrez peut-être pas parler dans vos paroisses, alors nous vous l’annonçons : le 22 novembre paraîtra une nouvelle traduction française de la Bible destinée à être proclamée dans le cadre de la liturgie.

Elle comportera un certain nombre de changements importants. Ainsi, dans le « Notre Père », les paroles « et ne nous soumets pas à la tentation » seront remplacées par « et ne nous laisse pas entrer en tentation ». Et dans le « Magnificat », les mots « amour » et « race » seront remplacés par « miséricorde » et « descendance ». Le texte des Béatitudes présentera aussi quelques modifications.

Le Cardinal Canizarès Llovera, Préfet de la Congrégation pour le Culte divin, se réjouit de donner ainsi aux fidèles « une Bible liturgique qui leur permettra d’accéder à la source de la foi et de louer le Seigneur dans une langue à la fois compréhensible, claire et magnifique (...) dans la fidélité à la Néo-Vulgate latine qui constitue le modèle de toute Bible catholique. »

 

Source : « Famille Chrétienne », n°1861, 14/20 septembre 2013.

 

Source: http://www.proliturgia.org/

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8 septembre 2013 7 08 /09 /septembre /2013 21:30
Devant une foule particulièrement dense qui remplissait la place Saint-Pierre, le pape François a redit non aujourd'hui à la guerre en Syrie, dénonçant les "guerres commerciales pour vendre des armes" et "la prolifération" de celles-ci, appelant les responsables à "une juste solution au conflit fratricide".
Le pape argentin a demandé aux chrétiens de "renoncer" et de "combattre le mal", en "payant de leur personne". 
"Cela implique, entre autres, de dire non à la haine fratricide et aux mensonges dont on se sert, à la violence sous toutes les formes, à la prolifération des armes et à leur commerce illégal", a-t-il lancé à la prière de l'Angelus.
S'interrogeant sur les raisons des conflits comme en Syrie, il a évoqué en s'écartant de son texte "la guerre commerciale pour vendre des armes".
"L'engagement continue" pour la Syrie, a-t-il ordonné aux chrétiens: "allons de l'avant avec la prière et les oeuvres de paix! Je vous invite à continuer à prier pour que cessent immédiatement la violence et les dévastations! Et pour que l'on travaille avec un engagement renouvelé à une juste solution au conflit fratricide". 

 

Source: http://www.lejdd.fr/International/Depeches/Syrie-le-pape-redit-non-a-la-guerre-627895

 

. "La violence n'exige de nous que notre obéissance au mensonge" (A. Soljenitsyne, à Moscou le 12 février 1974)

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3 septembre 2013 2 03 /09 /septembre /2013 16:11

Selon plusieurs grands journaux italiens, le grand mufti Ahmad Badreddin Hassoun, chef de l'islam sunnite en Syrie, a accueilli favorablement l'appel du pape François à jeûner et prier samedi contre toute solution armée en Syrie : il voudrait même se rendre sur la place Saint-Pierre -- même si sa présence est peu probable -- et a demandé aux fidèles musulmans de s'associer à la prière du pape.

Une autre adhésion insolite a été enregistrée: celle de la ministre italienne des Affaires étrangères, Emma Bonino, une athée convaincue membre du Parti radical connu pour d'âpres luttes dans les années 70 pour le divorce et l'avortement, qui s'est dite prête à jeûner aussi pour la paix. 


Source: http://www.leparisien.fr/politique/en-direct-syrie-paris-avance-des-preuves-assad-menace-la-france-03-09-2013-3103369.php

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1 septembre 2013 7 01 /09 /septembre /2013 19:12

 

Le nouveau pape François Ier hier.Le pape a décrété une journée de jeûne et de prière dans le monde entier samedi prochain 7 septembre pour la paix en Syrie et dans tout le Moyen Orient, dans un appel très solennel lancé aujourd'hui devant des dizaines de milliers de personnes sur la place Saint-Pierre à Rome, lors de la prière de l'Angelus. "Que le cri de la paix s'élève avec force pour un monde de paix", a lancé le pape. "Je condamne avec une particulière fermeté l'usage des armes chimiques. J'ai encore gravées dans l'esprit et le coeur les terribles images des derniers jours", a poursuivi le pape argentin avant de s'écrier: "il y a un jugement de Dieu et un jugement de l'Histoire sur nos actions auquel on ne peut pas échapper !". Mais il s'est élevé à nouveau contre toute intervention armée. "Ce n'est pas l'usage de la violence qui porte la paix. La guerre appelle la guerre. La violence appelle la violence", a-t-il dit.

 

Appelant l'ensemble des chrétiens, mais aussi les fidèles d'autres confessions et les non-croyants à se joindre à cette journée, le pape a annoncé une veillée de prière le 7 septembre, de 19h à 21h. Le pape a appelé au dialogue depuis plusieurs semaines, s'opposant avec force à toute intervention armée en Syrie.

 

Source: http://lci.tf1.fr/monde/institutions/pour-la-syrie-le-pape-decrete-une-journee-de-jeune-dans-le-monde-8256377.html

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22 août 2013 4 22 /08 /août /2013 22:44

Emission KTO : le Purgatoire

 

 

 

Source video :  http://www.gloria.tv/?media=490676

Les sources scripturaires du Purgatoire sont :

 

1 Co 5,4-5 "Ma conscience ne me reproche rien, mais ce n’est pas pour cela que je suis juste : celui qui me soumet au jugement, c’est le Seigneur.

Ainsi, ne portez pas de jugement prématuré, mais attendez la venue du Seigneur, car il mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et il rendra manifestes les intentions des cœurs. Alors, la louange qui revient à chacun lui sera donnée par Dieu."

 

1 P 3, 19-20 Car le Christ, lui aussi, a souffert pour les péchés, une seule fois, lui, le juste, pour les injustes, afin de vous introduire devant Dieu ; il a été mis à mort dans la chair, mais vivifié dans l’Esprit.

C’est en lui qu’il est parti proclamer son message aux esprits qui étaient en captivité. [Ce n'est pas l'enfer car on n'en revient plus de l'enfer.]

Ceux-ci, jadis, avaient refusé d’obéir, au temps où se prolongeait la patience de Dieu, quand Noé construisit l’arche, dans laquelle un petit nombre, en tout huit personnes, furent sauvées à travers l’eau."

 

Mt 12, 31-32 "C’est pourquoi, je vous le dis : Tout péché, tout blasphème, sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera pas pardonné.

Et si quelqu’un dit une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera pardonné ; mais si quelqu’un parle contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné, ni en ce monde-ci, ni dans le monde à venir."

[Ce qui implique qu'il existe dans l'autre monde un lieu où les péchés peuvent être pardonnés comme purifiés par le feu, sauf le péché contre l'Esprit Saint.]

 

1 Co 3, 10-15 "l’ouvrage de chacun sera mis en pleine lumière. En effet, le jour du jugement le manifestera, car cette révélation se fera par le feu, et c’est le feu qui permettra d’apprécier la qualité de l’ouvrage de chacun."

 

Mt 5,26 "Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou."

 

Lc 12, 58-59 "Ainsi, quand tu vas avec ton adversaire devant le magistrat, pendant que tu es en chemin mets tout en œuvre pour t’arranger avec lui, afin d’éviter qu’il ne te traîne devant le juge, que le juge ne te livre à l’huissier, et que l’huissier ne te jette en prison. Je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier centime."

 

Mt 18, 32-35 "Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié.

Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?”

Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait.

C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur."

 

Hb 12, 23 "et vers l’assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux. Vous êtes venus vers Dieu, le juge de tous, et vers les esprits des justes amenés à la perfection." [Dans un endroit où les âmes sont amenés à la perfection]

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17 août 2013 6 17 /08 /août /2013 17:25

2011_02_Tour_de_Garde1.jpgSuite à l'article "Que répondre à un Témoin de Jéhovah", voici un extrait du livre de Raymond Franz (ancien membre du Collège central des Témoins de Jéhovah, excommunié en 1981) : "Crise de conscience, la lutte entre la loyauté envers Dieu et la loyauté envers une religion" (2003), p. 300 à 321.

L'auteur, repenti de ses erreurs, évoque les fluctuations doctrinales de la religion dite des "Témoins de Jéhovah", notamment s'agissant de la fin de temps annoncé pour 1914 par C.T. Russell (1852-1916), fondateur de la Tour de garde (Watchtower society) à Brooklyn (USA).

L'auteur présente l'évolution fluctuante de l'interprétation de cette prophétie . Il évoque "le mal causé" qui a été fait (et est toujours fait) à des générations d'adeptes auxquels le Collège central des TJ enseignait "l'urgence" de 1914, sans qu'aucune demande de pardon ou d'excuses n'ait été réalisée par l'organisation envers les personnes trompées par des  "prédictions apocalyptiques avortées". Il parle de la part des autorités, de "lâcheté morale" et de dénégations. Aujourd'hui quand vous discutez avec un Témoin de Jéhovah il vous souient que 1914 n'est pas une prophétie de fin des temps mais un point de départ. Quoiqu'il en soit, pendant un siècle, il y a eu toutes les interprétations possibles s'agissant de la fin des temps annoncée pour 1914.

 En 1877, Charles Taze Russell et Nelson H. Barbour prédirent la fin des temps pour 1914 : Le royaume du Christ régnera sur la terre entière dès 1914. Les Juifs, considérés encore comme le peuple élu, seront rétablis à la faveur de Dieu; les «saints» seront emportés au ciel (C. T. Russell et N. H. Barbour, Les trois mondes (angl.), 1907.).

En 1891, Russel prédit que 1914 sera l'extrême limite du règne des hommes imparfaits (Charles Taze Russell, Le temps est proche, 1891).

Partant de ces prédictions, Raymond Franz explique : 

 

« Plus de trois décennies, l’année 1914 fut désignée comme le point final des prophéties chronologiques de l’organisation de la Watch Tower. Aujourd’hui, depuis environ huit décennies, cette même date sert de point de départ à la prophétie qui est la motivation principale créant “l’urgence” dans les activités des Témoins de Jéhovah.

 

Probablement aucune autre religion des temps modernes n’est aussi dépendante et n’a autant investi dans une seule date. La revendication de l’organisation des Témoins de Jéhovah à être l’unique canal sur terre et l’instrument de Dieu et du Christ est inséparablement liée à cette date, car on affirme qu’en cette année-là, le Christ a commencé sa “présence invisible” en tant que nouveau roi intronisé, et qu’il a ensuite inspecté les nombreuses religions de ce monde et choisi celle qui était associée à la Watch Tower pour le représenter devant l’humanité entière. Par conséquent, il a reconnu et approuvé ce même groupe comme étant la classe de “l’esclave fidèle et avisé” qu’il a mis à la tête de tous ses biens terrestres. Le Collège Central des Témoins de Jéhovah y puise sa revendication d’autorité, se présentant comme la partie administrative de la classe de “l’esclave fidèle et avisé”. Supprimez 1914 ainsi que sa prétendue signification, et le fondement de son autorité s’évaporerait quasi complètement.

 

Il est évident que le Collège Central a ressenti une grande gêne quant à cette prophétie majeure.

La période attribuée à son accomplissement s’est révélée embarrassante, parce que trop

courte et trop étroite pour couvrir les choses annoncées. Chaque année qui passe ne fait

qu’accentuer le malaise ressenti.

 

Depuis les années 1940, les publications de la Watch Tower ont présenté les paroles de Jésus Christ,En vérité je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive” comme ayant commencé à s’appliquer en cette année 1914. On parlait de la “génération de 1914” et elle était présentée comme se référant à la période pendant laquelle l’accomplissement final des “prophéties des derniers jours” prendrait place et un nouvel ordre apparaîtrait.

 

Dans les années 40, on pensait qu’une “génération” couvrait une période d’environ 30 à 40 ans. Ceci concordait avec l’insistance continuelle portée sur l’extrême brièveté du temps qui restait. Il y avait au moins quelques cas bibliques qui pouvaient être cités à l’appui (Voir par exemple, Nombres 32 :13).

 

Cependant, avec l’arrivée des années 1950, la période de temps couverte par cette définition était en réalité écoulée. Il fallait “l’allonger”, et donc la définition fut changée dans La Tour de Garde du 15 avril 1953 pages 127. Pour la première fois, on définissait la période couvrant une “génération” comme la durée d’une vie entière, donc pas seulement 30 ou 40 ans, mais 70, 80 ans ou plus.

 

Cela semblait donner, momentanément, un intervalle de temps confortable au cours duquel les prédictions annoncées pourraient se produire. Toutefois, les années s’écoulant, l’application du terme “génération de 1914” connut d’autres ajustements et d’autres définitions. Veuillez noter les déclarations soulignées dans ce passage tiré d’un article du périodique Réveillez-vous! du 8 avril 1969 (pages 13,14) :

 

“Jésus parlait manifestement des témoins des évènements qui se produiraient au commencement des 'derniers jours', mais des témoins qui auraient l'âge de comprendre ces évènements. Il voulait dire que certaines personnes vivant au moment de l'apparition du signe des derniers jours, seraient encore en vie, quand Dieu mettrait un terme au présent ordre des choses.

Même si nous supposons que des adolescents de quinze ans étaient à même de comprendre la signification des évènements de 1914, les plus jeunes membres de 'cette génération' auraient aujourd'hui près de 70 ans. Par conséquent, la plus grande partie de la génération dont Jésus parlait est déjà passée, puisque ces gens sont morts. Ceux qui vivent encore sont âgés. Cependant, n'oublions pas que Jésus déclara que la fin du monde inique arriverait avant que cette génération ne passe. Il faut donc en conclure que peu d'années nous séparent de la fin prédite”.

 

Lorsque le périodique Réveillez-Vous! examinait ce sujet il y a plus de trente ans, aux jours d’avant 1975, on mettait l’accent sur la rapidité avec laquelle la génération de 1914 disparaîtrait entièrement, et sur le peu de temps restant à cette génération. Si en 1968 un Témoin de Jéhovah avait suggéré que tout pourrait continuer encore pendant trente ans ou plus, on aurait estimé qu’il faisait preuve d’une mauvaise attitude, révélatrice d’une foi bien peu solide.

 

Après 1975, toutefois, on accentua autre chose. On s’efforçait maintenant de montrer que la durée de la génération de 1914 n’était pas aussi limitée qu’on le pensait, et qu’elle pourrait être bien plus longue.

 

Donc, à présent, La Tour de Garde du 1er janvier 1979 (page 31) parlait , non de “ceux qui avaient été témoins et comprenaient ce qui avait eu lieu” en 1914, mais de ceux qui “étaient en mesure d’observer” les événements qui avaient commencé cette année-là. La simple observation est certainement différente de la compréhension.

 

Logiquement, cela pourrait réduire la limite d’âge minimum de ceux formant “cette génération”.

 

Continuant sur cette voie, deux ans plus tard, La Tour de Garde du 15 janvier 1981 citait un article du magazine US News and World Report, qui suggérait que dix ans pourrait être l’âge où les événements commençaient à marquer “de façon durable la mémoire d’un individu”.

 

L’article disait ensuite que si cela était vrai, “il y a aujourd’hui plus de 13 millions d’Américains qui se souviennent de la Première Guerre mondiale”.

 

Ainsi, des enfants plus jeunes peuvent “se souvenir”, sans vraiment “comprendre”, ce qui était réservé aux jeunes d’au moins 15 ans, dans le Réveillez-Vous! de 1968. (En fait, la Première Guerre mondiale dura jusqu’en 1918, et la participation américaine ne commença qu’en 1917. Donc l’âge de 10 ans suggéré dans la revue d’informations citée, ne s’appliquait pas forcément à 1914).

 

Bien que différents systèmes de mesure aient pu faire gagner une année par-ci, par-là, toujours est-il que la génération de la période de 1914 diminuait très rapidement, le taux de mortalité étant toujours plus élevé parmi les personnes les plus âgées. Le Collège Central en était conscient, car le sujet fut abordé à plusieurs reprises.

 

Ce fut le cas pendant la session du Collège du 7 juin 1978. Des facteurs antérieurs menèrent à cette discussion. Albert Schroeder, membre du Collège Central, avait distribué une copie d’un rapport démographique des Etats-Unis. Les données indiquaient que moins de un pour cent de la population qui était sortie de l’adolescence en 1914 était encore en vie en 1978. Mais un autre facteur attira plus encore l’attention: il s’agissait de déclarations faites par Schroeder alors qu’il visitait certains pays d’Europe.

 

Des rapports étaient arrivés à Brooklyn, disant qu’il avait suggéré à d’autres personnes que l’expression “cette génération”, telle que Jésus s’en servait dans Matthieu 24 :34, s’appliquait à la génération des “oints”, et tant que l’un d’entre eux était encore vivant, cette “génération” ne disparaîtrait pas. Ceci bien sûr était contraire à l’enseignement de l’organisation et n’avait pas été autorisé par le Collège Central.

 

Lorsque le sujet fut débattu, après le retour de Schroeder, l’interprétation qu’il avait suggérée fut rejetée et il y eut un vote pour qu’une “Questions des Lecteurs” soit publiée dans un prochain numéro de La Tour de Garde, réaffirmant la doctrine courante au sujet de “cette génération”. (Voir la Tour de Garde du 1er janvier 1979)

 

Ce qui est intéressant, c’est qu’on ne fit absolument aucun reproche à Schroeder pour avoir avancé cette opinion non autorisée et contradictoire lorsqu’il était en Europe.

 

 

Ce sujet vint à nouveau sur le tapis durant les sessions du 6 mars et du 14 novembre 1979. Puisque l’attention était centrée sur le sujet, je fis des photocopies des vingt premières pages des documents envoyés par l’ancien suédois, Carl Olof Jonsson, qui relataient en détail l’histoire des spéculations chronologiques et révélaient la source véritable du calcul des 2520 ans et de la date 1914. Chaque membre du Collège reçut une copie. A part un commentaire en passant, ils ne jugèrent pas nécessaire d’en discuter.

Lyman Swingle, chef du Service Rédaction, était déjà familiarisé avec ces données. Il attira l’attention du Collège sur quelques-unes des déclarations dogmatiques et appuyées qui étaient parues en 1922 dans plusieurs numéros de La Tour de Garde, et en lut quelques passages à haute voix à tous les membres. Il dit qu’il était trop jeune en 1914 (seulement 4 ans) pour s’en souvenir [Des membres du Collège central à l'époque, seulement Fred Frantz (maintenant décédé) était sorti de l'adolescence en 1914, il avait alors 21 ans. Quant aux membres, Karl Klein (décédé en 2001) et Carey Barber avaient 9 ans, Lyman Swingle (également décédé en 2001) avait 4 ans, Albert Schroeder 3 ans, Jack Barr 1 ans. Quant à Lloyd Barry (décédé en 1999), Dan Sydlick, Milton Henschel, Ted Jaracz et Gerrit Lösch, ils n'étaient pas encore nés, leur naissance ayant eut lieu après 1914. Il en est d'ailleurs de même pour les quatre nouveaux membres du Collège central]. Mais qu’il se rappelait parfaitement des discussions qui avaient eu lieu chez lui à propos de 1925. Et qu’il savait aussi ce qui s’était passé en 1975. Il dit que personnellement il ne souhaitait pas être induit en erreur à propos d’une autre date.

 

Au cours de la session, j’ai fait ressortir que 607 avant notre ère, la date de départ des calculs de la Société, n’était soutenue par aucune preuve historique. En ce qui concerne 1914 et la génération vivant alors, je posai la question suivante : Si l’enseignement traditionnel de l’organisation est exact, comment est-il possible d’appliquer les paroles de Jésus aux personnes qui vivaient en 1914? Il a dit: “Quand vous verrez ces choses arriver, sachez qu’il est proche,” et “quand ces choses commenceront à arriver, redressez-vous et relevez la tête, parce que votre délivrance approche”. Les publications affirmaient régulièrement que le début de l’application de ces paroles était l’année 1914, et qu’elles concernaient les Chrétiens qui vivaient en 1914. Mais si c’est le cas, à qui, parmi eux, s’adressaient-elles ? A ceux qui avaient alors 50 ans? Ces personnes, si elles sont encore en vie auraient (au moment de la discussion en 1979) 115 ans. A ceux qui avaient 40 ans? Ils auraient 105 ans. Même ceux qui avaient 30 ans auraient 95 ans, et ceux sortant juste de leur adolescence auraient 85 ans en 1979. (Et même ceux-là auraient plus de 100 ans s’ils vivaient encore aujourd’hui).

 

Alors si ces paroles grisantes, ‘redressez-vous et relevez la tête, parce que votre délivrance approche, aux portes’ s’appliquaient vraiment aux personnes vivant en 1914, et que cela voulait dire qu’elles pourraient espérer voir la fin, raisonnablement, cette annonce excitante devrait être tempérée en disant : “Oui, vous la verrez, peut-être—à condition que vous soyez maintenant très jeunes et que vous viviez une très, très longue vie”. Je leur ai donné l’exemple de mon père qui était né en 1891 et qui n’était qu’un jeune homme de 23 ans en 1914. Il a vécu non pas 70, ou 80 ans, mais 86 ans. Il y avait deux ans qu’il était décédé à ce moment-là, et était mort sans avoir vu se produire les choses prédites.

 

J’ai demandé au Collège: si les paroles de Jésus s’appliquaient à 1914, est-ce que les seules personnes qui pouvaient espérer les voir s’accomplir étaient des adolescents ou des enfants encore plus jeunes?

 

Je n’ai reçu aucune réponse précise.

 

Plusieurs d’entre eux cependant, ne cessèrent d’exprimer leur appui pour les enseignements relatifs à “cette génération” et la date de 1914. Lloyd Barry dit sa consternation de voir des doutes persister au sein du Collège au sujet de cet enseignement. Quant aux déclarations que Lyman Swingle avait lu dans les Tour de Garde de 1922, il dit qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter, qu’elles étaient “la vérité présente” pour les frères à cette époque. (L’expression “vérité présente” était populaire au temps de Russell et de Rutherford et trouvait sa source dans une traduction incorrecte de 2 Pierre 1 :12. La Traduction du Monde Nouveau donne une version plus exacte, “la vérité qui est présente en vous”.)

 

En ce qui concernait l’âge avancé de la génération de 1914, il indiqua que dans certaines régions de l’Union Soviétique, il y avait des gens qui vivaient jusqu’à 130 ans. Il insista sur la nécessité de présenter un front uni devant les frères pour qu’ils continuent d’entretenir le sentiment de l’urgence. D’autres exprimèrent le même point de vue.

 

Plus tard, lorsque le Président de la réunion me donna la parole, je fis remarquer que nous ne devrions pas oublier que ce qui est enseigné aujourd’hui comme “vérité présente” pourrait, avec le temps, devenir une “vérité passée”, et que la “vérité présente” qui remplace cette “vérité passée” pourrait être elle-même remplacée par une “vérité future”. Il me semblait que le mot “vérité” employé ainsi était dénué de sens.

 

Un ou deux membres du Collège dirent que si l’explication actuelle n’était pas juste, quelle était alors l’explication des paroles de Jésus?

 

Comme la question semblait m’être adressée, je répondis que je pensais qu’il y avait une explication en harmonie avec les Ecritures et les faits, mais que si quelque chose devait être présenté, ce ne pouvait être simplement une idée “sous l’impulsion du moment”, mais quelque chose de soigneusement recherché et pesé. Je dis que je pensais qu’il y avait des frères capables d’accomplir ce travail, mais qu’ils auraient besoin de l’autorisation du Collège Central. Le Collège Central souhaitait-il que ce soit fait? Il n’y eut pas de réponse, et la question en resta là.

 

A la fin de la discussion, à l’exception de quelques-uns, les membres du Collège firent savoir qu’ils pensaient que la date de 1914 et l’enseignement qui en découle concernant “cette génération” devraient continuer à être mis en avant. Le Coordinateur du Comité de Rédaction, Lyman Swingle, fit le commentaire suivant: “D’accord, si c’est ce que vous voulez faire. Mais vous savez bien, pour finir, que pour tout ce qui concerne 1914, les Témoins de Jéhovah ont tout reçu—sans exception—des Seconds Adventistes”.

 

L’une des choses les plus troublantes peut-être pour moi, était de savoir que l’organisation encourageait les frères à garder une confiance inébranlable dans cette interprétation, et qu’il y avait à la tête de l’organisation, des hommes qui eux-mêmes avaient révélé qu’ils n’avaient pas entière confiance dans les prédictions basées sur la date de 1914.

 

Pour donner un exemple notable, lors de la session du 19 février 1975, au cours de laquelle le Collège Central écouta un enregistrement d’un discours de Fred Franz à propos de 1975, une discussion suivit concernant l’incertitude des prophéties chronologiques. Nathan Knorr, Président à l’époque, dit ceci:

 

  1. Je sais certaines choses—Je sais que Jéhovah est Dieu, que Jésus-Christ est son Fils, qu’il a donné sa vie en rançon pour nous, qu’il y a une résurrection. Il y a d’autres choses dont je ne suis pas aussi sûr. 1914—Je ne sais pas. Il y a longtemps que nous parlons de 1914. Nous avons peut-être raison, et j’espère que c’est le cas. (Cela ne semble pas avoir été une simple pensée passagère de la part du Président Knorr, car ce même point de vue avait été exprimé avec pratiquement les mêmes mots par l’un de ses proches parmi les plus intimes, George Couch. Les connaissant tous les deux, il est plus vraisemblable que Couch ait acquis ce point de vue de Knorr plutôt que le contraire.)

 

Pendant cette session, la discussion portait principalement sur la date de 1975, il était donc surprenant que la date beaucoup plus fondamentale de 1914 soit citée dans ce contexte. La remarque a déjà été faite: les paroles du Président n’ont pas été prononcées au cours d’une conversation privée, mais devant le Collège Central réuni en session.

 

Avant la discussion majeure concernant 1914 (durant la réunion plénière du 14 novembre 1979), le Comité de Rédaction du Collège, au cours d’ une réunion de comité, avait discuté de l’opportunité de continuer à mettre l’accent sur 1914 (Le Comité de Rédaction était alors composé de Lloyd Barry, Fred Franz, Raymond Franz, Karl Klein et Lyman Swingle). Pendant la discussion du comité, il fut suggéré que nous pourrions, au moins, nous abstenir “d’imposer” cette date. Je me souviens que Karl Klein nous rappela qu’il était parfois d’usage tout simplement de ne plus mentionner un certain enseignement pendant quelques temps, de ce fait si on faisait un changement, cela ne ferait pas une aussi forte impression.

 

Fait remarquable, le Comité de Rédaction vota à l’unanimité de suivre ce conseil dans les publications au sujet de 1914. Toutefois, cette position a été de courte durée, puisque la réunion plénière du Collège Central du 14 novembre 1979 avait bien fait comprendre que la majorité préférait continuer de mettre l’accent sur cette date.

 

Lors d’un voyage en Afrique Occidentale en 1979, j’ai réalisé que les questions soulevées sur cette doctrine ne se limitaient pas à Brooklyn. Au Nigéria, deux membres du Comité de la Filiale du

Nigéria et un missionnaire de longue date m’emmenèrent voir un terrain que la Société avait acheté pour y construire un nouveau Bureau de Filiale. Durant le trajet de retour, j’ai demandé quand ils comptaient pouvoir emménager dans le nouveau bâtiment. Ils répondirent, qu’avec le défrichage du terrain, l’approbation des plans et l’obtention des permis nécessaires, et ensuite la construction elle-même, l’aménagement ne pourrait pas se faire au moins avant 1983.

J’ai demandé alors, “est-ce que les frères locaux posent des questions au sujet du temps écoulé depuis 1914?” Il y eut un moment de silence, et le Coordinateur de Filiale répondit : “Non, les frères nigérians posent rarement des questions de ce genre. Mais NOUS, nous le faisons.” Presque aussitôt, le missionnaire dit, “Frère Franz, se pourrait-il que la référence à “cette génération” faite par Jésus, s’adressa seulement aux personnes du temps passé, qui ont vu la destruction de Jérusalem? Si c’était le cas, tout semblerait correspondre.

 

Il était évident que dans son esprit, la doctrine enseignée ne semblait pas être aussi claire. J’ai seulement répondu que cela pouvait être une possibilité, mais qu’il n’y avait pas grand-chose de plus à ajouter. A mon retour, j’ai rapporté cette conversation au Collège Central car pour moi c’était la preuve que les questions existaient dans les pensées d’hommes à travers le monde, des hommes respectés et occupant d’importantes positions d’autorité. Les commentaires faits par ces hommes au Nigéria et la façon dont ils les ont faits, indiquaient clairement qu’ils avaient discuté de ce point entre eux bien avant ma visite.

 

Peu de temps après mon retour d’Afrique, au cours d’une session du Collège Central, le 17 février 1980, Lloyd Barry exprima encore une fois ses sentiments sur l’importance de la doctrine concernant 1914 et “cette génération”. Lyman Swingle dit que les explications publiés en 1978 dans une “Questions des lecteurs”, n’avait pas résolu le problème dans l’esprit des frères. Albert Schroeder rapporta que dans l’école de Galaad et certains séminaires de Comités de Filiales, des frères disaient qu’on avançait à présent 1984 comme nouvelle date possible, 1984 venant soixante-dix ans après 1914 (on accorda une signification spéciale au nombre 70). Le Collège décida de débattre encore de 1914 lors de la session suivante. (Contrairement à ce que certains prétendent, le Collège Central lui-même n’a jamais donné d’importance à la date de 1984, et si je me souviens bien, cette occasion fut la seule où cette date a été mentionnée, et uniquement suite à des rumeurs.)

 

Le Comité du Président composé d’Albert Schroeder (président), Karl Klein et Grant Suiter produisit un document très insolite. Ils en distribuèrent une copie à chaque membre du Collège. En bref, ces trois hommes suggéraient que, plutôt que de s’appliquer à ceux qui vivaient en 1914, l’expression “cette génération” commençait à s’appliquer en 1957, quarante-trois ans plus tard!

 

Voici le document tel qu’il nous fut soumis par ces trois membres du Collège Central :

 

TRADUCTION :

Aux membres du Collège Central - - A l’ordre du jour, mercredi 5 mars 1980

 

Question : Qu’est “cette génération (genea’)”? (Mt. 24 :34; Mr. 13 :30; Luc 21 :32)

 

TDNT (nombreux commentaires) dit : genea’“emporte principalement le sens de

contemporains”. Vol.1, p. 663

 

La plupart disent que genea’ diffère de genos; genos signifie progéniture, peuple, race. Voir TDNT Vol. 1 p. 685 (genos dans 1 Pierre 2 :9)

 

La réponse peut être liée à la question dans Mt. 24 :33. Quelle est la signification de “Quand vous verrez toutes ces choses”?

 

Le Commentaire de Lange (Vol.8) suggère que “ces choses” ne font pas allusion à 70 de notre ère, ni à la parousia en 1914, mais aux versets 29, 30, le phénomène céleste que nous voyons maintenant a commencé avec l’âge spatial à partir de 1957. Dans ce cas, ce serait la génération contemporaine vivant depuis 1957.

 

Trois Sections

Le Commentaire de Lange divise le chapitre 24 de Mathieu en “trois cycles”

Son 1er cycle—Mat. 24 :1-14

2e cycle—Mat. 24 :15-28

3e cycle—Mat.24 :29-44 (synteleia ou conclusion)

(Voir Vol. 8, p. 421, 424 et 427)

Basé sur Mathieu 24 :3, question en trois parties.

 

La Tour de Garde et Le Royaume millénaire de Dieu s’est approché (ka) ont maintenant aussi divisé Mat. 24 en trois parties, si l’on peut dire.

 

(1) Mat. 24 :3-22. A des accomplissements parallèles dans le premier siècle et à notre époque depuis 1914. (Voir TdG 75 p. 273, ka p. 205)

(2) Mat. 24 :23-28. Période menant à la parousia du Christ en 1914. (Voir TdG 75, p.

275)

(3) Mat. 24 :29-44. “Phénomènes célestes” ont une application littérale depuis le début de l’âge spatial en 1957 et comprend erkhomenon du Christ (qui vient comme exécuteur des hautes oeuvres au début de la “grande tribulation”.

(Voir TdG 75, p.276, par.18; ka pages 323 à 328.

 

“Toutes ces choses” devrait être placé dans le contexte des articles les plus proches indiqués dans le signe composite, c’est-à-dire, les phénomènes célestes des versets 29 et 30.*

 

Si cela est vrai :

“Cette génération” ferait référence à l’humanité contemporaine assez âgée pour être informée à partir de 1957.

 

* Confirmé par les pensées de C.T. Russell dans le Commentaire Beréen, page 217 :

“Genea, personnes contemporaines témoins des signes mentionnés” ci-dessus. Vol. 4, p. 604

 

Comité du Président, 3/3/80

 

220px-Sputnik_asm.jpg1957 fut l’année marquée par le lancement du premier Spoutnik russe dans l’espace, Manifestement, le Président du Comité eut le sentiment que cet événement pourrait être accepté comme le début de l’accomplissement de ces paroles de Jésus:

 

Le soleil sera obscurci, et la lune ne donnera plus sa lumière, et les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébrnlées,Le soleil sera obscurci, et la lune ne donnera pas sa lumière, et les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées. (Matthieu 24 :29)

 

Leur conclusion, basée sur l’application de ces paroles, était :

 

Donc, “cette génération” ferait référence à l’humanité contemporaine, assez âgée pour être informée, à partir de 1957.

 

Les trois membres du comité ne suggéraient pas d’abandonner 1914. Cette date continuerait à représenter “la fin du temps des Gentils”. Mais “cette génération” ne commencerait pas avant 1957.

 

Etant donné la diminution rapide du nombre de ceux qui formaient la génération de 1914, cette nouvelle application de la phrase s’avérerait certainement plus utile que le fait de savoir qu’il y a des personnes qui vivent 130 ans dans certaines régions de l’Union Soviétique. Comparée à la date de 1914, cette nouvelle date de départ ajouterait 43 ans à la période comprise dans l’expression “cette génération”.

 

Pour qu’une recommandation puisse être présentée devant tout le Collège, les usages du Collège Central imposent que les membres du Comité devaient être d’accord à l’unanimité, (sinon, le point de vue litigieux devait être soumis au Collège pour être tranché). Les trois membres du Comité du Président, Schroeder, Klein et Suiter ont donc dû adopter cette idée originale à l’unanimité.

 

Si aujourd’hui on posait des questions sur cette présentation, je pense que la réponse serait, “Oh, c’était seulement une suggestion”. C’est possible, mais c’était une suggestion faite très sérieusement. Et pour qu’Albert Schroeder, Karl Klein et Grant Suiter la présentent au Collège Central, il fallait qu’ils soient profondément résolus à voir ce changement s’effectuer. Si leur croyance et leur conviction dans cet enseignement de longue date de la Société au sujet de “cette génération” avaient été fortes, fermes et sans équivoque, ils n’auraient certainement jamais présenté cette nouvelle interprétation.

 

Le Collège Central n’a pas accepté ce nouveau point de vue proposé par ces membres. Les commentaires montraient que la plupart le jugeait fantaisiste. Cependant, il n’en reste pas moins que des membres du Collège Central, Schroeder, Klein et Suiter, avaient présenté leur idée comme une proposition sérieuse, révélant qu’eux-mêmes manquaient de conviction quant à la solidité de l’enseignement existant à ce propos.

 

Malgré toute cette évidence démontrant que l’opinion était partagée quant à la légitimité des affirmations concernant 1914 et la “génération de 1914”, l’organisation “prophète” continua de publier des déclarations hardies, positives et énergiques sur ce sujet, comme s’il s’agissait d’ un fait biblique établi. Et tous les Témoins de Jéhovah étaient encouragés à placer toute leur confiance dans ce message et à le transmettre à d’autres dans le monde entier. Dans un effort évident pour calmer l’inquiétude provoquée par la diminution dans les rangs de la génération de 1914, la même Tour de Garde (15 janvier 1981, page 31) qui donnait à entendre que l’âge limite des membres de cette génération pouvait être réduit à dix ans, disait aussi :

 

Et même si le système méchant du présent monde se prolongeait jusqu’à la fin du siècle – ce qui est fort improbable quand on considère les tendances mondiales et la façon dont les prophéties se réalisent –il resterait encore des représentants de la génération de la Première Guerre Mondiale. Cependant, le fait que leur nombre diminue est une preuve de plus que la “conclusion du système de choses” avance à grands pas vers son point final.

 

Cela avait été écrit en 1980. Vingt ans plus tard, au tournant du siècle, ceux qui avaient dix ans en 1914 auraient eu 96 ans ; néanmoins, certains d’entre eux pourraient encore être en vie, et manifestement, cela suffisait à satisfaire aux paroles de Jésus—si on acceptait l’idée que Jésus adressait en particulier ses paroles aux enfants de dix ans.

 

Ceci illustre à quelles extrémités l’organisation était prête, afin de s’en tenir à sa définition de la “génération de 1914”. D’autres années passèrent et on ne parlait plus maintenant de “ceux qui avaient dix ans”, mais on se référait simplement “à ceux qui vivaient en 1914”, ou quelque chose d’approchant. Cela bien sûr permettait d’inclure des nouveaux-nés dans la “génération de 1914”. Mais avec l’arrivée des années 1990 et le troisième millénaire à la porte, même cet “ajustement dans la compréhension” n’offrait qu’un répit passager au problème. Même un nouveau-né en 1914 friserait les 90 ans en l’an 2000.

 

Une chose est certaine, je trouvais personnellement incroyable le raisonnement employé au sein du Collège Central. Je trouvais tragique qu’une prophétie chronologique puisse être annoncée au monde comme un fait solide auquel les gens pouvaient et devaient se fier en toute confiance, sur lequel ils devaient fonder leurs espoirs et leurs projets d’avenir, alors que ceux qui la publiaient, savaient que dans leur collège collectif, il n’y avait pas l’unanimité ou une conviction ferme et véritable quant à la véracité de cet enseignement. Peut-être leur attitude devient-elle plus compréhensible quand on connaît entièrement le contexte des décennies d’établissement et déplacement de dates par l’organisation.

 

Ce que je trouve encore plus incroyable, c’est que les membres du Comité du Président, Albert Schroeder, Karl Klein et Grant Suiter, moins de deux mois après avoir soumis leur nouvelle idée pour “cette génération”, décidaient que l’enseignement concernant le début de la présence du Christ en 1914 était une des doctrines décisives pour déterminer si des individus (y compris les membres du personnel du siège mondial) étaient coupables d’apostasie et méritaient donc l’exclusion. Et cela tout en sachant parfaitement qu’à peine quelques mois auparavant, ils avaient eux-mêmes remis en question la doctrine corollaire sur “cette génération”. Mais ce point sera traité dans le chapitre suivant.

 

Pendant un demi-siècle, l’organisation avait promulgué le concept d’une “génération de 1914”, et durant toute cette période, on était conscient que la longueur de “cette génération” était comme un lit trop court pour être confortable, et les raisonnements dont on se servait pour couvrir ce “lit” doctrinal ressemblaient à un drap tissé trop étroit et incapable de chasser les froides vérités de la réalité.

 

Les dirigeants avaient fait de nombreux ajustements, et maintenant il ne leur restait que peu d’options. La date de 1957 marquant le début de “cette génération”, proposée par Schroeder, Klein et Suiter, semblait être un choix improbable. Il y avait l’idée d’Albert Schroeder d’appliquer cette expression à la classe des “oints” (idée qui courait dans l’organisation depuis longtemps), et qui offrait certains avantages—il y a toujours de nouvelles personnes (parfois assez jeunes) qui chaque année décident pour la première fois d’appartenir à la classe des “oints”. Cela offrirait donc une extension de temps pratiquement illimitée pour l’enseignement de “cette génération”.

 

Il y avait une autre option. Ils pourraient reconnaître l’évidence historique plaçant la destruction de Jérusalem vingt ans plus tard que la date de la Société en 607 avant notre ère. Ainsi le Temps des Gentils se terminerait vers 1934 (si on se sert de leur interprétation des 2520 ans). Mais on avait accordé une telle importance à 1914, et comme je l’ai indiqué, une si grande partie de la superstructure doctrinale y était attachée, que cela semblait être une mesure peu probable.

 

Les signes inévitables d’un autre “ajustement de compréhension” commencèrent à paraître dans La Tour de Garde du 15 février 1994. Le début de l’application des paroles de Jésus à propos des “signes dans le soleil, la lune, et les étoiles, et sur la terre angoisse des nations”, était déplacé de 1914 à un point situé après le début de la “grande tribulation”. De même, ‘le rassemblement de ceux qu’il a choisi depuis les quatre vents`, dont le commencement était annoncé pour 1919, était maintenant transféré à une date future, après le début de lagrande tribulation”. Chacune des positions abandonnées avaient été enseignées pendant environ cinquante ans. (Voir La Tour de Garde du 15 juillet 1946 (anglais), un exemple parmi tant d’autres.)

 

Bien qu’annoncés comme une “nouvelle lumière”, les changements ne faisaient que rapprocher les enseignements de la Watch Tower de la compréhension présentée il y a très longtemps par ceux que l’organisation nomme avec dédain “les exégètes de la Chrétienté.”

 

En septembre 1994, le huitième tirage de Crisis of Conscience discutait de La Tour de Garde du 15 février 1994 et de l’application de certaines parties de Mathieu 24 qui avait été déplacée au début de la “grande tribulation”. Dans cette discussion, j’avais inclus les pensées suivantes :


Ce qui est peut-être le plus remarquable, c’est que l’expression “cette génération” –sur laquelle La Tour de Garde attire constamment l’attention et que l’on trouve dans Mathieu 24 :34 et Luc 21 :32 – n’est citée nulle part dans ces articles, et brille par son absence. Il est difficile de dire si l’organisation va maintenant être en mesure de transférer Mathieu 24 :29-31 sur un point

après le début de la future “grande tribulation” et quand même continuer à appliquer la déclaration

de Jésus, trois versets plus loin, à propos de “cette génération”, à la période de temps commençant en 1914. Mais comme cela a été démontré, il est raisonnable de penser que le Collège Central serait heureux d’avoir un moyen de se dérober à cette position de plus en plus difficile à soutenir, créée par la liaison de l’expression “cette génération” (et les paroles qui l’accompagnent disant “qu’elle ne passera pas avant que tout cela ne soit arrivé”), à la date de 1914 qui s’éloigne de plus en plus.

 

Il reste à voir si cette nouvelle interprétation sert simplement à préparer le terrain pour un changement crucial dans l’application de l’expression “cette génération”. Sans doute la façon la plus souhaitable de s’en sortir, serait de trouver une explication qui maintient à la fois 1914 comme “le début des derniers jours” et en même temps séparer l’expression “cette génération” de cette date. Comme je l’ai noté, l’organisation ne peut sûrement pas abandonner complètement 1914 sans ébranler une multitude d’enseignements basés sur cette date. Mais si l’expression “cette génération” pouvait être détachée de 1914 et appliquée à une date non précisée dans une période future, alors le passage du temps, l’arrivée du troisième millénaire en l’an 2001, et même l’approche de l’année 2014, ne seraient peut-être pas trop difficile à expliquer, surtout à des membres habitués à accepter tout ce que la classe de “l’esclave fidèle et avisé” et son Collège Central peuvent leur présenter.

 

Comme je le disais, cette information avait été publiée en septembre 1994. A peine treize mois plus tard, La Tour de Garde du 1er novembre 1995 publiait des articles où on trouvait à peu de chose près ce qui avait été avancé dans l’édition de 1994 de Crisis of Conscience. Comme prévu, ils détachaient l’expression “cette génération” (Mathieu 24:34) de la date de 1914, mais conservaient à cette date une signification biblique marquée.

 

Dans ce texte, on l’a fait en donnant une nouvelle définition au sens du mot “génération” . Il y a environ soixante-quinze ans, le périodique L’Age d’Or du 20 octobre 1926 (anglais) associait les

paroles de Jésus sur “cette génération” à la date de 1914 (comme d’autres Tour de Garde l’ont fait par la suite). Quelque vingt-cinq ans plus tard, le 1er juin 1951, La Tour de Garde, page 235, (anglais) disait à propos de 1914, “En conséquence, notre génération est la génération qui verra

le début et la fin de toutes ces choses, y compris Harmaguédon”. Dans la publication du 1er juillet 1951, page 404, (anglais) “cette génération” était à nouveau associée à 1914. On disait de Mathieu 24:34 :

 

Voici la signification véritable de ces mots, sans doute possible : elle garde son sens habituel comme dans Marc 8 :12 et Actes 13 :36 ou concerne ceux qui vivent au cours de la période donnée.


Et on ajoutait :

 

Cela signifie donc qu’à partir de 1914 une génération ne passera pas sans que tout soit accompli et dans une grande période de trouble.

 

Par la suite, pendant plus de quarante ans, les publications de la Watch Tower ont continué à attribuer un sens temporel à la “génération” de Mathieu 24:34. La génération vieillissante de 1914 était sans cesse donnée en exemple comme preuve du peu de temps qui reste.

 

Cependant, dans la définition révisée, on explique que la “génération”, plutôt que d’avoir des paramètres de limitation dans le temps, ou un point de départ fixe, est plutôt identifiée, non par rapport au temps mais qualitativement par ses caractéristiques, semblable à la “génération méchante et adultère” du temps de Jésus. On dit aujourd’hui que “cette génération” est composée de “ceux qui sur terre voient le signe de la présence du Christ, mais refusent de changer leur conduite”.

Toutefois 1914 n’est pas abandonné ; l’organisation ne pourrait le faire sans démanteler la structure théologique majeure et les doctrines distinctives de la religion. 1914 demeure la date prétendue de l’intronisation du Christ dans les cieux, le début de sa seconde présence invisible, et aussi le commencement des “derniers jours”. Et cette date se trouve toujours, quoique d’une façon indirecte, dans la nouvelle définition de “cette génération”, puisque le “signe de la présence du Christ”—que ceux qui sont condamnés voient mais rejettent ou ignorent—a commencé à être soi-disant visible dans le monde entier après 1914.

 

Quelle est donc l’importante différence? Maintenant, pour qu’une personne puisse prétendre faire partie de “cette génération”, elle n’a plus besoin d’avoir été en vie en 1914. N’importe qui peut voir les signes supposés de la présence du Christ n’importe quand, même si c’est pour la première fois dans les années 1990, ou pendant le troisième millénaire et tout de même revendiquer son appartenance à “cette génération”. Cela donne à l’expression la possibilité d’une date de départ fluctuante, et réduit considérablement la nécessité d’expliquer la période de temps embarrassante qui s’est écoulée depuis 1914, et la rapide diminution dans les rangs des personnes qui étaient en vie à cette date.

 

L’évidence la plus représentative de ce changement peut être observée dans le but du périodique

Réveillez-vous! Jusqu’au 8 octobre 1995 on pouvait lire:

 

« Le but de Réveillez-vous !Réveillez-vous !S'adresse à chaque membre de la famille. Il montre comment faire face aux problèmes de notre époque. Il informe, parle des usages propres à divers peuples et traite de sujets religieux et scientifiques. Mais il ne s'en tient pas là. Il va au fond des choses et dégage le sens réel des évènements, tout en gardant sa neutralité politique et son impartialité radicale. Par dessus-tout, ce périodique donne de solide raisons de croire que le Créateur réalisera ses promesses en instaurant, avant la fin de la génération qui a vu les évènements de 1914, un nouveau système de choses où régneront la paix et la sécurité véritables »

 

La mention “ce périodique donne de solides raisons de croire que le Créateur réalisera ses promesses en instaurant, avant la fin de la génération qui a vu les événements de 1914” apparu chaque année à partir de 1982 jusqu’au 8 octobre 1995.

 

Le 22 octobre 1995 l’énoncé fut modifié comme suit:

 

« Le but de Réveillez-vous !Réveillez-vous !S'adresse à chaque membre de la famille. Il montre comment faire face aux problèmes de notre époque. Il informe, parle des usages propres à divers peuples et traite de sujets religieux et scientifiques. Mais il ne s'en tient pas là. Il va au fond des choses et dégage le sens réel des évènements, tout en gardant sa neutralité politique et son impartialité radicale. Par dessus-tout, ce périodique donne de solide raisons de croire que le Créateur réalisera ses promesses en instaurant très bientôt un monde nouveau de paix et de sécurité qui remplacera l'actuel système de choses méchant et sans loi. »

 

Toute référence à 1914 est maintenant supprimée, preuve probante de ce changement crucial, et qui indique aussi que “le Créateur” a manqué à sa “promesse” liée à la génération de 1914.

 

Il reste à voir l’effet que ce changement produira. J’imagine que ceux qui vont en ressentir le plus amplement les effets, ce sont les membres les plus anciens et les plus âgés qui avaient embrassé l’espoir de ne pas mourir avant que leurs espérances d’un accomplissement total des promesses faites par Dieu se réalisent. Proverbe 13 :12 dit :“l’espoir différé [attente différée TMN] rend le cœur malade, le désir comblé, c’est un arbre de vie !” TOB. Quelle que soit la profondeur de la déception que ces personnes éprouvent aujourd’hui, la responsabilité du Créateur n’est pas en jeu, mais elle relève d’hommes qui ont implanté et nourri en eux de faux espoirs liés à une date.

 

Les plus jeunes, ou ceux qui sont arrivés récemment, ne vont probablement pas ressentir aussi sévèrement l’impact de ce changement. Il est enveloppé dans un langage qui ne fait aucun aveu d’erreur de la part de l’organisation, mais qui voile ce changement par des expressions telles que “compréhension progressive” et “lumière avancée”. Ceux qui sont arrivés récemment ne sont peut-être pas au courant de la forte insistance avec laquelle, pendant des décennies, le concept de “la génération de 1914” a été avancé, et à quel point on le présentait positivement, comme une indication certaine de “la proximité de la fin”. Ils ne peuvent réaliser la manière dont l’enseignement de “la génération de 1914” était présenté sans appel, non comme d’origine humaine, mais d’origine divine; non des prédictions chronologiques basées sur des promesses humaines, mais sur les “promesses de Dieu”. Ce lien implicite, pendant quarante ans, de Dieu et de sa Parole, un concept qui, maintenant s’est avéré faux, ne fait qu’augmenter la responsabilité. Ce qui fait penser aux paroles de Jéhovah dans Jérémie 23:21:

 

Je n’ai pas envoyé les prophètes [et] pourtant ils ont couru. Je ne leur ai pas parlé, [et] pourtant ils ont prophétisé.

 

Seule une décision du Collège Central a pu opérer ce changement. Comme je l’ai montré, le point essentiel avait déjà été soulevé dans les années 1970. On peut se demander quelles sont les pensées du Collège Central aujourd’hui, et s’ils se sentent responsables. Chaque membre du Collège connaissait à l’époque, comme maintenant, les antécédents de l’organisation en ce qui concerne les indications de dates et les prédictions. L’excuse invoquée au fil des publications, c’est le “fervent désir des Témoins de Jéhovah de voir se réaliser l’accomplissement des promesses de Dieu de leur vivant”, comme s’il n’était pas possible d’éprouver un aussi fort désir sans présumer de l’emploi du temps de Dieu, ou faire des prédictions et les attribuer à Dieu, en les basant sur sa Parole. Ils savent aussi que malgré des erreurs répétées, les dirigeants de l’organisation ont continué à donner de nouvelles prédictions à leurs membres. Les dirigeants savent qu’ils ont régulièrement refusé d’endosser l’entière responsabilité de leurs erreurs, et d’admettre qu’ils avaient purement et simplement tort. Ils ont cherché à protéger leur image et leur autorité en s’efforçant de faire croire que les erreurs étaient commises par l’ensemble des membres.

 

Dans un article intitulé “Les promesses de Dieu sont-elles dignes de confiance” paru dans le Réveillez-vous! du 22 juin 1995, page 9, on pouvait lire:

 

« Les Étudiants de la Bible, connus depuis 1931 sous le nom de Témoins de Jéhovah, ont pensé également que de merveilleuses prophéties bibliques se réaliseraient en 1925. Ils présumaient que cette année-là débuterait la résurrection sur la terre et que reviendraient ainsi à la vie des hommes fidèles du passé, tels Abraham, David et Daniel. Plus récemment, beaucoup de Témoins ont conjecturé que 1975 verrait peut-être se déclencher les événements devant marquer le début du Règne Millénaire du Christ. Leur attente reposait sur l’idée que le septième millénaire de l’histoire de l’humanité commencerait cette année-là. »

 

La Tour de Garde du 1er novembre 1995 qui révélait le nouvel enseignement quant à “cette génération” suivait la même tactique et disait (page 17):


« Impatients de voir la fin du système inique, les serviteurs de Jéhovah se sont parfois perdus en conjectures sur le moment où surviendrait la “grande tribulation”, ce qui les a amenés à chercher à calculer la durée de vie d’une génération existant depuis 1914. Toutefois, ce n’est pas en nous livrant à des conjectures sur le nombre d’années ou de jours que compte une génération que nous ‘introduirons un cœur de sagesse’, mais plutôt en réfléchissant à la façon de “compter nos jours” en louan joyeusement Jéhovah (Psaume 90 :12). Le mot “génération” tel que Jésus l’a utilisé ne fournit pas un étalon servant à mesurer le temps, mais désigne avant tout les gens vivant à une certaine époque historique et les traits qui les caractérisent. »

 

Les dirigeants rejettent donc vraiment leur responsabilité et donnent de pieux conseils aux adeptes au sujet de leurs perspectives spirituelles, comme si c’était leur point de vue spirituel erroné qui était à l’origine du problème. Ils ne veulent pas avouer que les adeptes n’y sont pour rien et qu’ils mettent leurs espoirs dans certaines dates, uniquement parce que les dirigeants de l’organisation leur fournissent des informations clairement destinées à attiser de tels espoirs, et que les dates mentionnées, toutes les ‘suppositions’, les ‘conjectures’, les ‘spéculations’ et les ‘calculs’ liés à ces dates, provenaient, non pas des adeptes, mais des dirigeants. C’est comme si une mère disait de ses enfants qui ont une indigestion, “Ils n’ont pas fait attention à ce qu’ils mangeaient”, alors que les enfants ont simplement mangé ce que leur mère leur a servi. Et elle ne les a pas seulement servi, mais aussi insisté afin qu’ils reconnaissent que cette nourriture est saine et relève d’une alimentation supérieure, qui ne pouvait être obtenue nulle part ailleurs, au point que tout signe de mécontentement quant à ce qu’on leur donnait à manger susciterait des menaces de punition.

 

Les hommes qui composent aujourd’hui le Collège Central savent tous que depuis que les divers enseignements de l’organisation liés à la date de 1914 ont été en vigueur, toutes questions ou désaccord pouvaient entraîner et entraînaient l’exclusion. Ils savent que cecœur de sagesse”, sur lequel on met à présent l’accent dans les articles de La Tour de Garde—une sagesse qui évite les spéculations basées sur des dates et qui se concentre plutôt pour vivre simplement chaque jour qui passe pour Dieu—est exactement cette même sagesse que certains membres du personnel du siège mondial de Brooklyn ont essayé de communiquer, et que c’est leur prise de position dans ce domaine qui a été la base principale de l’accusation qui les a conduit à être déclarés “apostats”. Je ne sais pas ce qu’en pensent aujourd’hui les membres du Collège Central impliqués. Je peux seulement dire que si j’avais pris part à la présentation de cette nouvelle interprétation, et au refus manifeste de reconnaître la responsabilité d’avoir sérieusement induit en erreur et mal jugé d’autres Chrétiens sincères, je ne vois pas comment je pourrais ne pas ressentir un sentiment de lâcheté morale.

 

Il est difficile de ne pas être frappé par le contraste entre cette attitude et celle adoptée par une autre religion coupable d’avoir fait des prédictions chronologiques semblables, l’Eglise Universelle de Dieu. Suite au décès de son leader de longue date, Herbert W. Armstrong, vers la fin des années 1980, la nouvelle direction publia un article dans le magazine principal de la religion, La pure Vérité dans l’édition de mars/avril. L’article était intitulé “Pardonne-nous nos offenses” et commençait ainsi : “l’Eglise Universelle de Dieu, l’éditeur de La pure Vérité, a changé sa position concernant de nombreuses croyances et pratiques durant les quelques années passées”.

Elles étaient énumérées et l’article (anglais) continuait ainsi :

 

« En même temps, nous étions vivement conscients du lourd héritage de notre passé.

 

Notre compréhension doctrinale défectueuse voilait le simple Evangile de Jésus-Christ et a conduit à diverses conclusions erronées et à des pratiques non scripturales. Nous avons bien des raisons de nous repentir et de présenter des excuses.

 

Nous portions jugement et étions satisfaits de nous – condamnant d’autres Chrétiens, les traitant de “soi-disant Chrétiens” et “instruments de Satan”.

 

Nous imposions à nos membres une méthode de vie chrétienne basée sur les œuvres. Nous exigions l’adhésion à des réglementations accablantes du code de l’Ancien Testament. Nous gouvernions l’Eglise d’une façon extrêmement légaliste.

 

Notre ancienne approche de l’ancien testament entretenait des attitudes d’exclusion et de supériorité plutôt que l’enseignement du nouveau testament sur la fraternité et l’unité.

 

Nous accordions trop d’importance aux prédictions prophétiques et aux spéculations prophétiques, minimisant le véritable évangile de salut par Jésus-Christ.

 

Ces enseignements et ces pratiques sont cause d’immense regret. Nous sommes douloureusement conscients de la peine et de la souffrance qui en ont résultées.

 

Nous étions dans l’erreur. Nous n’avons jamais eu l’intention de tromper qui que ce soit. No

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