En cette fête de l'Exaltation de la sainte Croix, nous proposons à nos lecteurs la très ancienne hymne Vexilla Regis Prodeunt. (Merci à Truth pour ses utiles précisions).
Maitrise Notre Dame de París.
Vexilla Regis Prodeunt est une hymnne composée au VI siècle par Saint Venance Fortunat à l’occasion de la réception d’un morceau de la Vraie Croix adressée à Sainte Radegonde, Reine des Francs, par l’Empereur Justin II, en 569 où la sainte relique fut transportée de Tours au monastère de Sainte-Croix à Poitiers.
De cette hymne (à écouter également sur http://notredamedesneiges.over-blog.com/article-5212836.html) l'historienne Régine Pernoud nous dit que c’était l’hymne chantée par les premiers pèlerins des Croisades, la Croisade des pauvres et de Pierre l’Ermite.
Durant la guerre de Vendée, Vexilla Regis est choisi pour hymne de l'Armée catholique et royale qui le chantait avant les batailles.
Un autre écrivain géant de ce siècle, devenu mécréant mais sensible à ce que l’Eglise a apporté de beau, James Joyce, dans le chapitre V de son livre « Portrait de l’artiste en jeune homme » (1917) où il nous parle d’esthétique, évoque Vexilla Regis pour dire :
« …. Saint Thomas était poète lui-meme. Il a écrit une hymne pour le Jeudi Saint. Cela commence par les mots : «Pange lingua gloriosi. On dit que c’est le chef-d’oeuvre de l’hymnaire. C’est un chant complexe et apaisant. Je l’aime beaucoup mais aucune hymne n’est comparable à ce funèbre et majestueux cantique processionnel, le Vexilla Regis de Venantius Fortunatus.
Lynch se mit à chanter , doucement et solennellement , d’une voix basse et profonde :
Impleta sunt quae concinit
David fideli carmine
Dicendo nationibus
Regnavit a ligno Deus.
« Ça , c’est énorme ! dit-il d’un air heureux. Une musique énorme »
Aujourd’hui voilà ce qu’a renoncé à nous transmettre notre Eglise. C’est par des mécréants que nous en somme réduits à découvrir les beautés que renferme notre héritage catholique.
L'Eglise chante traditionnellement cette hymne le Vendredi Saint, le Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur, et pour la Fête de la Croix Glorieuse (Exaltation de la Sainte Croix au 14 septembre) :
Inno Ambrosiano, VEXILLA REGIS PRODEUNT, Schola Gregoriana mediolanensis, Giovanni Vianini, Milan, Italia
1) Vexilla Regis prodeunt, fulget Crucis mysterium,
Les étendards du Roi s’avancent, et la lumière de la Croix resplendit de son mystère,
Quo carne carnis conditor suspensus est patibulo (qua vita mortem pertulit, et morte vitam protulit).
Celui où le Créateur de toute chair est par Sa propre Chair cloué sur la Croix (où la vie a subi la mort, produisant, par la mort, la vie).
2) Quo (Quae) vulneratus (vulnerata) insuper (lanceae), mucrone diro, lanceae (criminum)
De Son Coeur transpercé par la pointe cruelle de la lance, Il laisse
Ut nos lavaret crimine (sordibus) manavit unda et sanguine.
Ruisseler l’eau et le sang afin de nous laver de notre crime.
3) Impleta sunt quae concinit David fideli carmine
Voici qu’est accompli ce que chantait David dans son psaume plein de foi,
Dicens in (Dicendo) nationibus regnavit a ligno Deus.
Proclamant : « Sur les nations, c’est par le bois que règne Dieu. »
4) Arbor decora et fulgida ornata Regis purpura,
Arbre splendide de lumière orné de la pourpre royale,
Electa digno stipite tam sancta membra tangere.
Tronc choisi qui fut jugé digne de toucher des membres si saints.
5) Beata, cuius brachiis saeculi pependit pretium :
Arbre bienheureux dont les branches supportent pendu le salut de ce siècle :
Statera facta corporis praedamque tulit (tulique preadam) tartari.
En échange de ce Corps, l’Enfer a été dépouillé.
Pour les deux dernières strophes, les fidèles se mettent à genoux
6) O Crux ave, spes unica hoc Passionis tempore ! (14 septembre = in hac triumphi gloria !)
Salut ô Croix, unique espérance dans les temps de ta Passion (14 septembre = dans la gloire de ton triomphe !)
Auge piis justitiam (Piis adauge gratiam) reisque dona veniam (dele crimina).
Offre la grâce aux hommes pieux, et le pardon aux pécheurs (et lave les péchés des coupables).
7) Te summa Deus Trinitas (Te, fons salutis Trinitas) collaudet omnis spiritus
C’est Toi, Trinité Suprême, source de notre salut, que loue tout esprit :
Quos per Crucis mysterium salvas, rege per saecula. Amen. (Quibus Crucis victoriam largiris adde praemium)
Par le mystère de la Croix tu nous sauves et tu nous guéris pour toujours. Amen. (Par la Croix vous nous fîtes vaincre, donnez-nous aussi la couronne)
Strophes supprimées ou modifiées pour la liturgie (au 10ème siècle + par les réformes d'Urbain VIII) :
2) Confixa clavis viscera tendens manus, vestigia, redemptionis gratia hic immolata est hostia.
7) Fundis aroma cortice, vincis sapore nectare, iucunda fructu fertili plaudis triumpho nobili.
8) Salve, ara, salve, victima, de passionis gloria, qua vita mortem pertulit et morte vitam reddidit.
Source: http://notredamedesneiges.over-blog.com/article-5212836.html