Lors du Grand Débat du Président de la République avec les maires de Normandie à Grand-Bourgtheroulde dans l'Eure le 15 janvier 2019, Emmanuel Macron a reconnu que le contournement du référendum négatif sur le traité européen en 2005 par la voie parlementaire en 2007 a été une erreur. Toutefois, il se livre immédiatement après à une critique du Référendum d'Initiative Citoyenne en ces termes (à 4:54:27 dans la video youtube) :
Emmanuel Macron :
« Sur le référendum d'Initiative Citoyenne que vous avez évoqué, vous avez parfaitement raison, il ne faut absolument pas l'éluder. Moi, je pense qu'on doit collectivement avoir une réflexion sur nos différentes formes de démocratie. Je n'ai pas la solution et j'attends beaucoup de ce débat qu'on aura avec vous et avec vos citoyens qui vont se mener dans vos communes. Je pense qu'il y a une frustration, si vous voulez le fond de ma pensée, qui est née dans le pays, entre 2005 et 2007. En 2005, la France a voté non à ce traité européen. Moi, ce n'était pas mon opinion. Mais qu'importe, la France a voté non. Et en 2007 on est revenu à l'équivalent du oui par une voie parlementaire. Et, je dois bien dire que, plus de dix ans après, ce qui s'est passé, là, a créé une frustration. Les gens disent même quand on s'est exprimé, qu'on a dit quelque chose, nos représentants reviennent (dessus) quand cela les arrange pas ce qu'on dit. On vit avec cela. Je pense qu'il ne faut pas l'éluder. C'est dans le pays. Il faut l'entendre. Qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut dire que l'on ne doit pas créer une situation de concurrence entre les formes de démocratie (indirecte et directe. Ndlr.). Et là, on s'est trompé et donc il faut qu'on mette une forme de verrou quand le peuple s'est exprimé sous forme de référendum sur un sujet, le peuple souverain par la voie de ses représentants ne peut pas y revenir avant une période, en tout cas pas dans les mêmes termes. De la même façon, si on disait que l'on peut créer un référendum d'initiative citoyenne, qui chaque matin peut revenir sur ce que les parlementaires ont voté. Là, on tue la démocratie parlementaire. [...] Vos représentants ne servent plus à rien. On tue la démocratie. » (Fin de la citation)
Or il se trouve que si le RIC « tue la démocratie » parlementaire c'est que cette démocratie n'est pas authentiquement démocratique pour les raisons qu'en a donné l'historien Patrice Gueniffey. Faisons donc oeuvre d'un peu de pédagogie en direction d'Emmanuel Macron et des « marcheurs » de la « république en marche » :
« Un peuple est libre lorsqu'il dispose des moyens qui lui permettront d'approuver ou de sanctionner régulièrement l'usage fait par les gouvernants des pouvoirs qu'il leur avait confiés. La démocratie ne se définit pas seulement par le droit d'élire; elle réside aussi dans ce qu'on nommait au XVIIIe siècle la "censure", c'est-à-dire le pouvoir de révoquer ou, au contraire, de renouveler la confiance précédemment accordée. » (Patrice Gueniffey, La Politique de la Terreur, Essai sur la violence révolutionnaire, Fayard 2000, réed. Tel Gallimard, Mesnil-sur-l'Estrée 2003, p. 210.)
Note du blog Christ-Roi. Au moment où Macron déclare qu'«on tue la démocratie», il utilise ce mot dans un sens contraire à ce qu'il signifie, un vrai langage de subversion maçonnique du sens des mots. (Cf. le poème d'Armand Robin qui explique le programme des deux derniers siècles).