Jean-Luc Mélenchon veut taxer les plus hauts revenus à 90%. Dans son projet fiscal consulté par Les Échos, il détaille sa «révolution» qui passerait par une forte hausse des taxes sur les plus hauts revenus.
Concrètement, le candidat de la France Insoumise (LFI) souhaite que les tranches fiscales soient revues en profondeur : alors qu'il en existe actuellement 5, Jean-Luc Mélenchon en veut 14. La plus haute tranche, qui concerne les personnes qui gagnent plus de 400.000 euros par an, serait ainsi taxée à hauteur de 90%. Une proposition déjà avancée en 2017.
Source : https://www.lefigaro.fr/conjoncture/jean-luc-melenchon-veut-taxer-les-plus-hauts-revenus-a-90-20220311
Si ce programme part d'une bonne intention qui est de limiter et de mettre un contrôle à l'enrichissement indéfini des plus riches, la volonté de Mélenchon de taxer les plus hauts revenus à 90 % fera certainement fuir l'activité économique par l'obligation, là où la société chrétienne d'Ancien Régime parvenait par la persuasion, à limiter l'enrichissement indéfini; la religion prescrivant de donner aux pauvres, de s'humilier de ses péchés et de se conformer au Christ pour faire son salut. (Principe de la dîme, assistance sociale, et charité publique qui était totalement gratuite pour le malade au "Moyen-Âge" et sous l'Ancien Régime alors qu'elles sont aujourd'hui à la charge de l'Etat et des communes, via impôts et cotisations, et nécessitent souvent que le malade paye ses soins de sa poche en plus de ses impôts...)
De même, avant 1789, l'exemple de la noblesse, à qui l'enrichissement indéfini et le commerce était interdit, était un exemple puissant contraignant la bourgeoisie à ne pas développer de signes ostentatoires de richesses. Ces deux moyens (l'exemple de la religion et l'imitation de la noblesse) permettaient à la société chrétienne d'Ancien Régime, jusqu'en 1789, d'éviter que des individus développent des richesses dépassant le PIB de nations, comme aujourd'hui, et donc de limiter l'enrichissement indéfini qu'une loi d'obligation ne permettrait pas, ou certainement avec beaucoup moins d'efficacité.
Avant 1789, en effet, "un Bill Gates était inimaginable à l'époque, ces fortunes qui dépassent la richesse de nombreuses nations n'existaient pas", écrit Yves-Marie Adeline, dans Le Royalisme en question (L'Âge d'Homme - éd. de Paris, Libres Mobiles, 2e édition, Paris 2006, p. 96). Sous l'Ancien Régime, faire du commerce, faire de l'argent était interdit aux nobles. La noblesse pouvait se perdre par déchéance à la suite d'une condamnation infamante. Elle se perdait encore par dérogeance, lorsqu'un noble était convaincu d'avoir exercé un métier roturier ou un trafic quelconque : il lui était interdit de sortir du rôle qui lui est dévolu, et il ne devait pas non plus chercher à s'enrichir. (Régine Pernoud, Lumière du Moyen Âge, Grasset, Paris 1981, p. 39-40). Le Lexique historique de la France d'Ancien Régime de Guy Cabourdin et Georges Viard (Armand Colin, 3e éd. Paris 1998, p. 105) précise que "pour un noble, déroger c'est perdre ses prérogatives et ses privilèges par l'exercice d'activités "ignobles", puisque, selon Loyseau, "le propre de la noblesse est de vivre de ses rentes". Plus que des édits royaux, il s'agit d'une maxime coutumière selon laquelle "le commerce dérogeait".» Un exemple frappant de dérogeance fut celui de Nicolas Fouquet. Enrichi grâce à des malversations et de prêts à l'État à des taux usuraires, le surintendant des finances de Louis XIV, fut arrêté par d'Artagnan, mousquetaire du roi, le 5 septembre 1661, déchu de sa charge, condamné au bannissement perpétuel du royaume pour avoir par trop affiché une opulence choquante, enrichie sa famille, et confondu ses finances et celles de l'État. "L'élimination de Fouquet et de son groupe de financiers attesterait de façon spectaculaire sa volonté (de Louis XIV) de rompre avec un passé de désordre, de corruption, d'improvisation et de laxisme." (Jean-Christian Petitfils, Louis XIV, éd. Perrin, Saint-Amand-Montrond 2010, p. 199, 207.) Louis XIV commua la peine de Nicolas Fouquet en emprisonnement à vie. (Lexique du siècle de Louis XIV, BH Créations Lexiques essentiels, p. 48-49).
De même, l'usure était interdite par l'Église, les usuriers étaient emprisonnés à vie sous Louis XIV. Aujourd'hui ils sont les maitres du monde.
De nos jours, « il est [...] amusant de constater que la gauche, et plus généralement la république, aggrave, toujours les inégalités plutôt qu'elles ne les réduit. Par exemple, sous le septennat de Valery Giscard d'Estaing, l'éventail des revenus était moins large que sous son successeur François Mittérand. [...] Aujourd'hui, [...] la moitié du patrimoine national (50%) est détenue par 10% des ménages. Et 40% des Français n'ont aucun patrimoine. 40% des Français sans patrimoine: ce chiffre était le même en 1800, au lendemain de la Révolution... On me parlera pour se consoler d'égalité devant la loi. Il y aurait au moins cela. Avez-vous suivi les affaires politico-financières? Qui va en prison? Les protagonistes secondaires, jamais les plus hautes personnalités... » (Yves-Marie Adeline, Le Royalisme en question (1792-2002), Perspectives pour le XXIe siècle, Préface de Vladimir Volkoff, Postface de Jean Raspail, L'Âge d'Homme - Editions de Paris, Libres Mobiles, 2e édition corrigée, Paris 2002, p. 96-97.)
Ajoutons que lorsqu'on est passé de Giscard à Mitterrand en 1981, les marxistes chantaient victoire dans le vide : les riches ne pouvaient pas se douter qu’en fait les choses iraient mieux pour eux..., ni les pauvres qu’elles iraient pire, ni les classes moyennes qu’elles étaient destinées à s’appauvrir !
En 2014, un peu plus de deux siècles après leur Révolution, les plus riches s'inquiétaient de ce qu'était devenue leur "égalité" : la pauvreté était le sujet phare de leur réunion annuelle qui se tint du 22 janvier au 25 janvier 2014 à Davos. Près de la moitié des richesses mondiales est détenue par 1% de la population !
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