Le Saint-Père a parlé du pèlerinage qu’il voulait accomplir à Assise, en octobre prochain, pour deux motifs : « faire mémoire » du geste historique accompli en ce lieu par Jean-Paul II, et « renouveler solennellement l’engagement des croyants de toute religion à vivre leur foi religieuse comme un service de la cause de la paix ». Pour ce faire, il a invité à se joindre à son pèlerinage, les « chrétiens des différentes confessions, les représentants des traditions religieuses du monde, et, idéalement, tous les hommes de bonne volonté".
Dimanche 9 janvier, à l'occasion de la solennité de l'Epiphanie, Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la FSSPX, a prêché à Saint-Nicolas du Chardonnet. Parlant des rois païens venant adorer le roi des Nations, il a évoqué la prochaine réunion d'Assise en Octobre, comme d'une réitération du "scandale d'Assise" I (1986) et II (1992), où sera "pleins de démons".
Le 27 octobre 1986, les bouddhistes avaient posé un bouddha sur le tabernacle. ... "L'abomination de la désolation dans les lieux saints" (Evangile selon Saint Matthieu, XXIV, 15; Daniel IX, 27; XI, 31; XII, 11; 1 M I, 54.)
En 1992, les crucifix avaient été retirés des salles. Le cardinal Ratzinger "n’avait accepté de participer que la mort dans l’âme" à cette seconde journée, qui "avait été entourée d’une pluie de déclarations destinée à glacer les enthousiasmes des théologiens 'de rupture'".
Mgr Fellay déclare être "profondément indigné" et proteste "avec véhémence" contre cette répétition d'Assise. "Une telle chose exige réparation". A écouter ici : http://www.laportelatine.org/communication/audiotheque/audiotheque2011.php
L'abbé Claude Barthe in Présent, n° 7259, Vendredi 7 janvier 2011 fait l'analyse suivante:
"Du point de vue des textes, Assise III sera assurément une manifestation aussi verrouillée que l’avaient été les deux premières : Jean-Paul II avait expliqué que les représentants des religions étaient « ensemble pour prier » et non pour « prier ensemble » ; Benoît XVI fait un pèlerinage auprès de saint François, auquel il invite les représentants des religions à se joindre. Mais en revanche, l’homme et le catholique de la rue seront dangereusement confortés dans leur indifférentisme pratique. Même si le catholicisme de l’époque de Benoît XVI refuse les catégories imposées par les Lumières, il donne l’impression de se positionner pour survivre, dans le monde qu’elles ont bâti et de récupérer son langage : le service de la paix dans le mondialo-démocratisme qui couvre, pour le dire faiblement, la plus égoïste des sociétés. Sauf que, assez probablement, l’événement risque de tomber à plat, hésitant entre le rassemblement liturgique « recentré » qui est le charisme de ce pape et les formules pastorales spectaculaires du pape précédent.
... Benoît XVI aurait confié que, lorsqu’il avait donné la communion au Frère Roger, le fondateur de Taizé, le 8 avril 2005, à l’occasion des obsèques du pape Jean-Paul II, il s’était demandé : « Que va dire la Fraternité Saint-Pie X ? ». En tout cas, il ne peut pas ne pas y avoir pensé en annonçant un Assise III, sachant de quel poids avait pesé Assise I, en 1986, dans la décision prise deux ans après par Mgr Lefebvre de consacrer des évêques de manière autonome. Mais on peut imaginer – entrant pour le coup dans le domaine des pures hypothèses – que, bien décidé à tendre la main de manière décisive à Mgr Fellay, il veuille compenser auprès de son opinion « progressiste », par une réunion des religions spectaculaire et bigarrée, le geste au maximum restaurationniste que sera l’érection de quelque chose comme une Prélature Saint-Pie-X.
... Aussi bien, de l’amertume, Dieu peut tirer le miel. Qui sait si le rassemblement d’Assise ne pourra être entendu comme un appel du Vicaire du Christ à tous les hommes de bonne volonté (Lc 2, 14 : la paix aux hommes auxquels Dieu accorde sa bienveillance, son eudokia), pour diffuser ce don de la conversion et de la grâce divine qu’est venu proposer aux hommes qui voulaient le recevoir, le Prince de la Paix ? On ne verrait alors à Assise guère qu’une poignée de pèlerins seulement, qui n’intéresseraient aucune télévision, mais qui seraient prêts à embrasser la pénitence et la foi en Jésus-Christ." Abbé Claude Barthe in Présent, n° 7259, Vendredi 7 janvier 2011.
Sur Christroi, nous nous posons quelques questions, qu'a apporté au monde Assise I et Assise II ? Assise a-t-il apporté la Paix ? La liberté religieuse ? La conversion ? Aujourd'hui en 2011, quid de la "liberté religieuse" juridique et pratique dans le monde pour les chrétiens, y compris en Occident ?
Assise concrètement n'a pas fait reculer le nombre des martyrs chrétiens dans le monde, bien au contraire il l'a fait exploser. Il n'y a pas de religion plus persécutée au monde que le christianisme, plus de martyrs que de martyrs chrétiens! Est-ce à dire qu'Assise nous montre la voix aussi vrai que selon l'adage de Tertullien "le sang des martyres est semence de chrétiens"? Dans quelle mesure Assise peut-il être porteur de fruits en termes de conversion du monde sans que le message donné à Assise ne soit un message indifférentiste, relativiste? Dans quelle mesure évaluer Assise à la lumière de la conversion du monde?
Peut-être qu'à Assise III (octobre 2011), Benoît XVI appelera-t-il le monde à la conversion tel saint François d'Assise appelant le sultan de Babylone et d'Egypte à la conversion, lors de leur rencontre en 1219?
Peut-être Benoît XVI rappellera-t-il à cette occasion cette vérité, toute simple à comprendre, que le Christ Notre-Seigneur est le seul Prince de la Paix, qu'en-dehors de Lui on ne peut rien faire, qu'il n'y a pas d'autre nom qui nous ait été donné sur la terre pour faire notre salut, et qu'il n'y a pas de Paix ni de bonheur possible en dehors de Lui ?
- Saint François d'Assise (1182-1226), saint Patron de l'Italie
- Le catholicisme : religion qui progresse le plus vite actuellement en Corée