Répondre à cette question est crucial pour découvrir les causes du phénomène et ensuite le prévenir. Selon les études de Jenkins, si l’on compare l’Eglise catholique des Etats-Unis aux différentes « dénominations » protestantes, on découvre que la présence de pédophiles est – selon les dénominations – de deux à dix fois plus élevée parmi les membres du clergé protestant que chez les prêtres catholiques.
La question est pertinente car elle montre que le problème n’est pas le célibat : la majorité des pasteurs protestants sont mariés. Dans le même temps où une centaine de prêtres américains étaient condamnés pour abus sexuel sur des enfants, le nombre de professeurs d’éducation physique et d’entraîneurs d’équipes sportives – eux aussi en grande majorité mariés – reconnus coupables du même crime par les tribunaux américains avoisinait les 6000. Les exemples pourraient se poursuivre, non seulement aux Etats-Unis. Et surtout, selon les rapports périodiques du gouvernement américain, environ les deux tiers des cas d’abus sexuels sur des mineurs ne sont pas le fait d’étrangers ou d’enseignants – prêtres et pasteurs protestants, notamment – mais des membres de la famille : beaux-pères, oncles, cousins, frères et malheureusement parents. Des données similaires existent pour de nombreux autres pays.
Les prêtres pédophiles sont majoritairement homosexuels
Bien qu’il soit peu politiquement correct de le dire, il y a un chiffre qui est beaucoup plus important : plus de 80 % des pédophiles sont homosexuels, des individus mâles abusant d’autres mâles. Et – pour citer une fois de plus Jenkins – plus de 90 % des prêtres catholiques condamnés pour abus sexuel d’enfants et pédophilie sont homosexuels. Si dans l’Église catholique il y a eu effectivement un problème, ce n’était pas le célibat, mais une certaine tolérance de l’homosexualité dans les séminaires, en particulier dans les années 1970, quand ont été ordonnés la grande majorité des prêtres reconnus par la suite coupables d’abus.
C’est un problème que Benoît XVI corrige vigoureusement. Plus généralement, le retour à la morale, à la discipline ascétique, à la méditation sur la vraie, grande nature du sacerdoce sont l’antidote ultime aux vraies tragédies de la pédophilie. C’est à cela aussi que devrait servir l’Année Sacerdotale.
Qui sont les « entrepreneurs de morale » ?
Par rapport à 2006 – alors que la BBC diffusait le documentaire-poubelle du parlementaire irlandais et militant homosexuel Colm O’Gorman – et à 2007 – quand la version italienne fut proposée- il n’y a eu en vérité guère de nouveautés, sinon la sévérité et la vigilence accrues de l’Eglise. Les cas douloureux dont on parle ces dernières semaines ne sont pas toujours inventés, mais remontent à vingt, voire trente ans. Ou peut-être y a-t-il quelque chose de nouveau. Pourquoi déterrer en 2010 ces affaires anciennes ou très souvent déjà connues, au rythme d’une par jour, s’attaquant de plus en plus directement au Pape - une attaque, de surcroît paradoxale si l’on considère l’extrême sévérité du cardinal Ratzinger d’abord, et ensuite de Benoît XVI sur ce sujet ?
Les « entrepreneurs de morale » qui organisent la « panique » ont un programme qui émerge de plus en plus clairement, et qui n’a pas vraiment en son centre la protection des enfants.
La lecture de certains articles nous montrent comment – à la veille de choix politiques, juridiques et même électoraux, qui un peu partout en Europe et dans le monde, mettent en avant l’administration de la pilule RU486, l’euthanasie, la reconnaissance des unions homosexuelles, là où pratiquement la voix de l’Eglise et du Pape est la seule à défendre la vie et la famille – des lobbies très puissants tentent de disqualifier à l’avance cette voix sur l’accusation la plus infâmante et aujourd’hui, malheureusement, la plus facile, celle de favoriser ou de tolérer la pédophilie.
Ces lobbies plus ou moins maçonniques soulignent la puissance sinistre de la technocratie évoquée par Benoît XVI dans l’encyclique Caritas in veritate, et la dénonciation de Jean-Paul II lui-même dans le Message pour la Journée mondiale de la Paix 1985, à propos de « desseins cachés » – à côté d’autres « ouvertement propagés » – « visant à assujettir tous les peuples à des régimes dans lesquels Dieu ne compte pas.
En vérité, il s’agit d’une heure de ténèbres, qui nous rappelle la prophétie d’un grand penseur catholique du XIXe siècle, Emiliano Avogadro della Motta (1798-1865), selon lequel, aux ruines causées par les idéologies laïques, succéderait une authentique « demonolâtrie » qui se manifesterait notamment dans l’attaque à la famille et au véritable concept du mariage.
Rétablir la vérité sociologique sur les « paniques morales » à propos de prêtres pédophiles, en lui-même, ne résout pas les problèmes et n’arrête pas les lobbies, mais peut constituer au moins un petit hommage mérité à la grandeur d’un Pape et d’une Eglise blessés et calomniés parce que sur la vie et la famille, ils ne se résignent pas à se taire.
Massimo Introvigne
(*) La panique morale est un concept anglo-saxon d’origine nord-américaine ( »moral panic« ), sans équivalent exact en français, qui désigne une réaction disproportionnée de certains groupes face à des pratiques culturelles ou personnelles, souvent minoritaires, jugées « déviantes » ou dangereuses pour la société. En français, les notions les plus proches de la « panique morale » sont ceux de croisade morale, de vindicte populaire, de lynchage médiatique ou de cirque médiatique.
La traduction de ce texte est issue de l’excellent site Benoît et moi
Via Nationspresse.info
- Pédophilie dans l'Eglise : quand le pape était accusé par l'aile libérale d'être un "réactionnaire"