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Christ Roi

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10 novembre 2023 5 10 /11 /novembre /2023 01:00
Saint Léon, dans Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011.

Saint Léon, dans Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011.

"Rome est un principe universel porté d'abord au temps des Césars, par un empire, avant que la papauté ne s'en fasse la dépositaire au nom de l'Église catholique ("universelle" en grec). [...] Le christianisme a fini par devenir le marqueur même de la romanité, par en incorporer le langage." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 11, 25.)

 

Au moment des grandes invasions Barbares, ce lutteur pour la foi, vainqueur du paganisme, se fit le champion de l'unité ecclésiale et de la Romanitas. Il est le dernier défenseur de Rome et des Romains quand, en face, il n'y avait plus aucun païen. 

Le Triomphe du christianisme sur le paganisme  - Gustave Doré, 1899

Le Triomphe du christianisme sur le paganisme - Gustave Doré, 1899

La vertu n'est rien sans l'épreuve de la tentation, car il n'y a pas de conflit sans ennemi, pas de victoire sans lutte.

Saint Léon I

"Nulle part on ne voit de personnalité païenne défendre efficacement la société romaine contre les Barbares. Partout cette défense est assurée par les évêques qui seront ainsi les derniers représentants authentiques de la romanitas, de saint Aignan à Orléans, à saint Loup à Troyes, à saint Sidoine Apollinaire en Auvergne, au pape saint Léon à Rome." (Jean Dumont, L'Eglise au risque de l'histoire, préface de Pierre Chaunu de l'Institut, Editions de Paris, Ulis 2002, p. 47-52.)

 

Né à Rome, Léon appartenait à l'une des plus nobles familles de Toscane. Sa conviction permanente du rayonnement de Rome dans l'empire chrétien redonne à la Ville éternelle, dans ces temps troublés, le statut de centre du monde.

 

Léon, pape de 440 à 461 n'a pas usurpé son surnom. Il pourfendit les hérésies, prêcha à temps et à contretemps, avec simplicité et profondeur, dignité et tendresse ; il déploya un courage authentique et modeste quand il affronta les Huns et les Vandales.

 

Ce qu'il y a de plus admirable, c'est que pour un saint Léon, comme pour un saint Augustin qu'en bien des façons il prolonge, cette activité va de pair avec l'élaboration d'une oeuvre littéraire considérable. Le saint pontife se distingua aussi bien dans les lettres profanes que dans la science sacrée.

 

"Au terme de ces quatre siècles qui ont mené à la conversion de l'empire romain, une constatation s'impose [...] Une église catholique est née, définie de l'apostolicité des évêques dans leur ensemble, qui débouche sur l'orthodoxie du concile de Nicée.

 

"[...] À travers lettres et sermons, Léon rappelle systématiquement que l'Église est fondée sur la foi dont a témoigné Pierre, qui en a reçu le primat. [...] Même si les apôtres étaient égaux en dignité, l'un d'entre eux avait reçu le commandement. L'unité de l'Église demande une hiérarchie, qui converge vers le siège de Pierre : le corps ecclésial doit être uni autour de sa tête. Pierre n'est pas seulement le patron du siège romain, mais le primat de tous les évêques. [...] Signe de cette dévotion, Léon est le premier pape à se faire enterrer directement dans la basilique Saint-Pierre." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 67-78.)

 

"L'ancienne Eglise, écrivait le savant Batiffol, n'a pas connu de pape plus complet ni de plus grand." (Mgr Pierre Batiffol, 1861-1929).

Au Ve siècle : les évêques, derniers représentants authentiques de la romanitas

 

Vers 450, "la pensée païenne... a perdu tout dynamisme. La seule force intellectuelle agissante est le christianisme, qui s'impose dans tous les domaines. Toutes les valeurs sont révisées sous l'angle chrétien" (Jacques Pirenne, Grands courants de l'histoire universelle, le pôle syncrétisme de la pensée antique, Neuchâtel-Paris, 1959, t. I, p. 403).

 

 

 

Au moment où le fonctionnaire impérial ou le militaire de Rome se montre si souvent inférieur à sa tâche, le représentant du peuple, ce n'est plus le bureaucrate ni le soldat, c'est l'évêque. [C]'est lui qui est le vrai défenseur de la cité; en général, il ne porte pas ce titre, qui est légalement celui d'un magistrat municipal, mais il en assume les fonctions jusque dans l'héroïsme et le sacrifice. Alors, ces princes de l'Eglise se révèlent des chefs politiques et militaires. Quand tout lâche, ils tiennent. C'est saint Augustin qui, dans Hippone assiégée, galvanise les courages; saint Nicaise qui se fait tuer dans sa cathédrale de Reims; saint Exupère de Toulouse qui résiste tant aux Vandales qu'il est déporté, et tant d'autres... (Daniel-Rops, Histoire de l'Eglise du Christ, tome III L'Eglise des temps barbares, Librairie Arthème Fayard, Editions Bernard Grasset, Paris 1965, p. 75.) La ruine de Toulouse "n'a jusqu'ici été empêchée que par le mérite de son évêque Exupère", note saint Jérôme. (Lettre de S. Jérôme, trad. dans Pierre COURCELLE, Histoire littéraire des grandes invasions germaniques, Hachette, Paris 1948, p. 62.)

 

Saint-Leon---La-Romanitas-et-le-Pape-Leon-le-Grand.jpgCe constat de Jean Dumont et de Daniel-Rops est encore celui de Philip A. Mc Shane pour qui dans son ouvrage "La Romanitas et le pape Léon le Grand" [Tournai : Desclée ; Montréal : Bellarmin, 1979. - 407 p. ; 24 cm. - (Recherches. Théologie ; 24.) Bibliogr. p. 383-402], au moment où l'Empire romain (au moins en Occident) était en train de s'écrouler, le pape Léon tint une place considérable et joua un rôle de premier plan : en s'inspirant avec intelligence du système impérial, il adapta celui-ci à l'Église et lui fournit une base administrative, appelée à durer, au moins en partie, jusqu'à nos jours.

 

Source: http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1982-03-0179-028

 

 

 

"Bien que le maillage administratif des diocèses civils fût appelé à disparaître rapidement au cours du Ve siècle, celui des provinces et des cités [...] se maintint durablement puisqu'il accueillit dès le IVe siècle les principales institutions de l'Église. [...] [O]n constate [...] que dans chaque chef-lieu de cité s'installa un évêque. Le diocèse ecclésiastique fut le continuateur de la civitas antique." (Geneviève BÜHRER-THIERRY, Charles MERIAUX, La France avant la France 471-888, Gallimard, Folio Histoire, 2019, p. 33.)

 

 

 

Diacre du pape Célestin, Léon fut envoyé en mission en Gaule. C'est là qu'il apprit sa nomination pontificale sous le nom de Léon Ier, pour succéder au pape Sixte III, le 29 septembre 440.

 

 

 

Il entreprit avec courage de défendre l'Eglise contre la barbarie, l'erreur et le vice, qui l'envahissaient de tous côtés. Il prit sur lui de rétablir la doctrine de l'Église et ses efforts seront ratifiés et couronnés par le Concile de Chalcédoine en 451.

 

 

 

Léon laissa de très nombreuses homélies, prières liturgiques et lettres, pleines d'enseignement. Il fut proclamé docteur de l'Église en 1754, "docteur de l'Incarnation".

 

 

Léon sauvegarda la primauté romaine, au point de mériter (227 ans après sa mort) l'éloge d'un de ses successeurs, Serge Ier (Pape 687-701) qui lui attribue cette devise :

 

 

 

"Je veille pour que le loup, toujours à l'affût, ne saccage pas mon troupeau."

 

 

Saint-Leon-le-Grand.jpgEn Orient, la foi était attaquée par l'hérésiarque Eutychès, archimandrite de Constantinople, qui prétendait qu'en Jésus-Christ, il n'y avait qu'une seule nature, la nature divine sous l'apparence du corps humain : c'était anéantir le mystère de l'Incarnation.

 

 

 

Après la condamnation de Nestorius, au concile d'Ephèse (431), Eutychès, d'apparence austère, tombait dans l'erreur opposée à celle de Nestorius. Le premier (Nestorius) proclamait qu'il y avait deux personnes distinctes, en Jésus-Christ : l'homme et le dieu, unies seulement par un lien moral ou symbolique ("donc d'après lui, la très sainte Vierge, n'étant la mère que de la personne humaine du Christ, n'était pas la mère de Dieu". (Source: Histoire de l'Eglise, Exposition de l'histoire du salut, Editions Fideliter, Courtry 1994, p. 98); le second (Eutychès) soutenait qu'il n'y avait qu'une seule nature en Jésus-Christ : la divine.

 

 

 

"Le pape Léon intervient pour soutenir un évêque de Constantinople, Flavien, destitué en 449 par un concile tenu à Ephèse convoqué par l'empereur Théodose II. Léon Ier écrit une longue lettre pour défendre Flavien (le fameux 'tome à Flavien') et demander le retour à la foi traditionnelle, en prenant à témoin le célèbre 'Tu es Pierre' comme preuve de l'importance de garder la foi apostolique défendue par Rome.

 

 

 

"[...] Un grand concile convoqué en 451 à Chalcédoine, de l'autre côté du Bosphore par rapport à Constantinople. La lettre de Léon est lue en assemblée. Les pères l'approuvent en constatant que 'Pierre a parlé par la bouche de Léon.', et qu'il s'agit de la vraie foi, la foi des apôtres. le tome à Flavien est repris dans les actes du concile. Les thèses monophysites sont condamnées. Chalcédoine, le plus grand concile de l'Antiquité, qui rassemble plus de cinq cents pères, formule l'union 'sans séparation' et 'sans confusion' en une même personne de la part divine et de la part humaine du Christ, de manière à se démarquer des nestoriens et des monophysites d'Eutychès (doctrine selon laquelle le Christ est de deux natures avant l'Incarnation et d'une seule nature après celle-ci, divine; doctrine opposée opposée au nestorianisme)." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 83.)

 

 

 

Le Concile oecuménique de Chalcédoine, présidé par les légats de saint Léon, et éclairé par la lettre immortelle qu'écrivit ce grand pape sur le mystère de l'Incarnation, condamna le monophysisme d'Eutychès. Jésus-Christ est à la fois Dieu et homme en "une seule personne et deux natures, sans confusion, sans changement, sans division et sans séparation" :

 

 

 

"Jésus-Christ fait homme, unique médiateur entre Dieu et les hommes, a pu mourir dans sa nature humaine, tout en restant immortel dans sa nature divine. Le vrai Dieu par sa naissance a pris la nature parfaitement complète d'un homme authentique et il est : tout entier dans la sienne et tout entier dans la nôtre... C'est grâce à cette unité de personne dans une double nature que le Fils de l'homme est descendu du ciel et, d'autre part, que le Fils de Dieu a été crucifié et enseveli, alors qu'il a pu souffrir ces épreuves par suite de l'infirmité de notre nature, nullement de sa divinité elle-même... Si donc Eutychès accepte la foi chrétienne, il reconnaîtra quelle est la nature qui a été percée par les clous et attachée à la croix... L'Église catholique vit et perpétue cette croyance : dans le Christ Jésus, l'humanité n'est pas sans véritable divinité et la divinité sans véritable humanité !"

 

 

 

Quand cette lettre fut lue dans la vaste assemblée, il n'y eut qu'un cri d'admiration; les six cents évêques l'acclamèrent en disant: "C'est Pierre qui a parlé par Léon".

 

Les Lettres de Léon, au nombre de cent quarante-cinq, montrent avec quelle vigilance, quelle habileté le saint pontife réglait ce qui avait besoin de l'être en matière de foi et de discipline. Il fit juger par un tribunal mixte composé d'ecclésiastiques et de laïques les manichéens d'Afrique, réfugiés à Rome : il résultait de leurs écrits et de leurs aveux que leur doctrine était subversive de la religion, de la morale et de la société (toute ressemblance avec une idéologie moderne est fortuite...) Beaucoup d'entre eux abjurèrent leurs erreurs et rentrèrent dans le sein de l'Eglise. Ceux qui persistèrent opiniâtrement dans cette hérésie immorale et antisociale, furent bannis.

Les Lettres de Léon, au nombre de cent quarante-cinq, montrent avec quelle vigilance, quelle habileté le saint pontife réglait ce qui avait besoin de l'être en matière de foi et de discipline. Il fit juger par un tribunal mixte composé d'ecclésiastiques et de laïques les manichéens d'Afrique, réfugiés à Rome : il résultait de leurs écrits et de leurs aveux que leur doctrine était subversive de la religion, de la morale et de la société (toute ressemblance avec une idéologie moderne est fortuite...) Beaucoup d'entre eux abjurèrent leurs erreurs et rentrèrent dans le sein de l'Eglise. Ceux qui persistèrent opiniâtrement dans cette hérésie immorale et antisociale, furent bannis.

On reçoit en bouche ce qui est cru par la foi (hoc enim ore sumitur quod fide tenetur).

Saint Léon

La fixation de la date de Pâques

 

C'est lui encore qui intervint dans la querelle qui avait repris concernant la date de la fête de Pâques. Le Concile de Nicée avait mis fin aux anciennes controverses en condamnant définitivement les quartodecimans, c'est-à-dire ceux qui voulaient célébrer Pâques avec les Juifs, le 14 Nisan, et en fixant cette fête au dimanche qui suivait la pleine lune de mars. Alexandrie avait été chargée de la notification de cette décision. Au milieu du Ve siècle, on mit en doute de-ci de-là l'exactitude des calculs alexandrins. Léon trancha en faveur des décisions prises et des calculs faits à Alexandrie, par "souci de l'unité qu'il importe avant tout de conserver." (Daniel-Rops, Histoire de l'Eglise du Christ, tome III L'Eglise des temps barbares, Librairie Arthème Fayard, Editions Bernard Grasset, Paris 1965, p. 91)

 

 

 

La rencontre de Léon et d'Attila

 

En Occident, les invasions barbares, l'affaiblissement de l'autorité impériale, une forte crise sociale poussèrent l'Évêque de Rome à jouer un rôle notable jusque dans les affaires politiques

 

Léon eut soin d'associer à son entreprise des coopérateurs éminents, entre autres saint Prosper d'Aquitaine, le plus savant homme de son temps. Il en fit son conseiller et son secrétaire.

  

Attila et les Huns

Attila, à la tête des Huns, après avoir ravagé une partie des Gaules et le nord de l'Italie, marchait sur Rome. La terreur le précédait : les Romains se croyaient perdus. Léon fut nommé par l'empereur romain Valentinien III comme ambassadeur auprès des barbares qui envahissaient l'Italie. Il obtint la vie sauve pour les habitants mais ne put pas empêcher les pillages.

 

La rencontre se fit en 452 dans la ville italienne de Mantoue, en Lombardie. Attila le reçut avec les plus grands honneurs et lui accorda en effet la paix par un traité en date du 6 juillet 452, jour de l'Octave des saints apôtres Pierre et Paul. Les compagnons d'armes d'Attila ne purent comprendre qu'il eût renoncé à piller les trésors de Rome sur les instances de Léon; et, se rappelant qu'il en avait fait autant en faveur de Troyes en Gaule, aux prières de saint Loup, les Huns disaient : "La férocité d'Attila s'est laissée dompter en Gaule par un loup, en Italie par un lion !". Comprenant leur surprise, Attila leur dit :

 

"Pendant que Léon parlait, j'ai vu près de lui deux personnages mystérieux, à la figure surhumaine, au regard terrible, revêtus de l'habit sacerdotal, qui, l'épée nue, me menaçaient de mort si je ne cédais pas à l'envoyé des Romains"...

 

Après l'entrevue, Attila rejoignit ses troupes pour leur donner l'ordre de retraite vers la Hongrie où il mourut l'année suivante.

 

 Léon Ier et Attila, peinture de Raphaël

 

"La rencontre de Léon et d'Attila deviendra l'un des grands épisodes de la geste des papes. À l'époque carolingienne, Paul Diacre racontera dans son Histoire romaine qu'Attila aurait renoncé à ses projets après avoir vu une apparition en habit sacerdotal se tenir aux côtés du pape Léon, l'épée dégainée. La tradition verra dans cette apparition la figure de saint Pierre, à laquelle s'ajoutera dans d'autres récits la figure de saint Paul. Raphaël a peint dans le palais du Vatican l'image devenue classique du pape Léon, guidé par saint Pierre et saint Paul, qui réussit par son courage à sauver l'Italie de la destruction par les hordes de la steppe." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 79.)

 

Le saint Pontife rentra en triomphe à Rome, et le peuple, dans son enthousiasme, lui décerna le titre de "Grand". Pour perpétuer le souvenir de ce prodigieux évènement, Léon fit jeter à la fonte le bronze idolâtrique longtemps adoré sous le nom de Jupiter Capitolin, et le transforma en une statue de saint Pierre, placée dans la basilique Vaticane. Encore aujourd'hui l'on vient du monde entier en baiser le pied : le bronze usé témoigne de la vénération de seize siècles.

 

Genseric.jpg

Genséric, roi des Vandales

Peu de temps après, l'an 455, Genséric, roi des Vandales, qui s'était déjà emparé de l'Afrique, de la Corse, de la Sardaigne, de la Sicile, s'avança sur Rome avec une armée formidable. Léon alla une fois de plus à la rencontre de cet autre chef barbare, et obtint de lui qu'il s'abstiendrait des outrages, des massacres et de l'incendie : "mes soldats ne verseront pas le sang humain, aucun édifice ne sera brûlé" déclara Genséric qui cessa son occupation, le 29 juin 455, en la fête des saints apôtres Pierre et Paul.

 

Le saint pontife sauva ainsi une fois de plus les monuments de la Ville éternelle, la vie et l'honneur de ses concitoyens. Les Vandales se retirèrent de Rome quinze jours après, avec un butin immense et un grand nombre de captifs. Léon exhorta les fidèles : « Peuple romain, n'oublie pas trop vite cette délivrance » (Sermon LXXXIV.)

 

Le vigilant pasteur employa les dernières années de sa vie à guérir les plaies de toute sorte causées par l'invasion des Barbares.

 

"C'est dans ce contexte que le pape Léon devient le protecteur de l'Italie, où il se substitue à l'empereur. [...]

"Grâce aux donations, la papauté devient un gigantesque propriétaire terrien jusqu'en Sicile. Ses bureaux [...] s'occupent du ravitaillement et même de la solde des soldats de la ville, prenant la relève de l'administration civile.

"C'est désormais aux papes qu'incombe le devoir de nourrir les indigents ou de financer les grands hospices de Rome." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 81.)

 

Il mourut le 10 novembre 461.

Premier pape à porter le nom de Léon, il est aussi le premier à être enseveli au Vatican. 

 

Il nous reste de lui soixante-neuf discours, monument de son éloquence apostolique.

 

En un tel voyage ne manquent certes ni le soleil brûlant du labeur, ni les nuages de la tristesse, ni les tempêtes de la crainte.
On y rencontre les pièges des méchants, les persécutions des infidèles, les menaces des puissants, les outrages des superbes; [...] au milieu des dangers de la vie présente, [...] plutôt les surmonter par la patience que les éviter par la fuite.

S. Léon le Grand, Seizième sermon sur la Passion du Seigneur, Sermons, tome III (Paris, Cerf, 1961)

Sources

 

(1) ; (2) ; (3) ; (4) ; (5) ; (6) Mgr Paul Guérin, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Editions D.F.T., Saint-Etienne 2003, p. 221-224; (7) Le Petit Livre des Saints, Editions du Chêne, tome 1, 2011, p. 108; (8) Daniel-Rops, Histoire de l'Eglise du Christ, tome III L'Eglise des temps barbares, Librairie Arthème Fayard, Editions Bernard Grasset, Paris 1965; (9) Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019.

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9 novembre 2023 4 09 /11 /novembre /2023 01:00
Saint Théodore, soldat et martyr († 304)

Soldat romain, il fut décapité en raison de sa foi. On lui attribua l'exploit d'avoir mis à mort un dragon, comme S. Georges et S. Dimitri. Tous trois d'ailleurs sont les "trois grands soldats martyrs" des Orientaux.

 

Théodore naquit en Syrie, à la fin du IIIe siècle vers l'an 270. Il se convertit au christianisme, et ameutait la foule par ses prédications. 

 

Il faisait partie d'une légion romaine qui avait établi son quartier d'hiver dans la ville d'Amasia, de la province du Pont en Asie Mineure où les édits persécuteurs de Dioclétien étaient exécutés sévèrement.

 

Le jeune soldat, plein de l'amour de Jésus-Christ, dédaigna, malgré le péril, de cacher sa foi, et, au contraire, il se fit une gloire de la professer publiquement ; aussi fut-il présenté comme chrétien au tribun de sa légion. Celui-ci lui demanda comment il osait professer une religion proscrite sous peine de mort :

 

"Je ne connais point vos idoles, répondit-il ; j'adore Jésus-Christ, Fils unique de mon Dieu.

Je vous abandonne mon corps ; vous pouvez le déchirer, le mettre en pièces, le livrer aux flammes. Si mes discours vous offensent, coupez-moi la langue."

 

Le tribun et les juges, devant sa jeunesse, se contentèrent de le menacer et le laissèrent en liberté.

 

Théodore ne songea qu'à gagner des âmes à Jésus-Christ, à fortifier les autres confesseurs de la foi ; il poussa le courage jusqu'à mettre le feu au temple de la déesse Cybèle.

Ce fut en vain qu'on essaya de lui faire exprimer quelques regrets à ce sujet : il brava toutes les menaces, comme il se rit de toutes les promesses. Il fut alors fouetté très cruellement et enfermé dans un cachot, sans nourriture, pour y mourir de faim.

La nuit, le Sauveur vint le visiter dans la prison au milieu d’un nuage entouré de deux anges portant, l’un une couronne et l’autre la palme des martyrs; Il lui promit de le nourrir d'un aliment invisible et le fortifia pour le dernier combat.

Cette visite donna à Théodore tant de joie, qu'il se mit à chanter les louanges de Dieu, et des anges vêtus de blanc vinrent unir leurs voix à la sienne. Les geôliers et les gardes, le juge lui-même, furent témoins du miracle sans se convertir. On lui promit que, s'il feignait seulement la moindre soumission, on le mettrait en liberté. Ayant répondu à ces nouvelles sollicitations avec une fermeté invincible, Théodore est alors déchiré avec des crochets de fer, on lui brûle les côtes avec des torches ardentes, puis on le condamne à être brûlé vif.

Le vaillant soldat, placé sur le bûcher, se munit du signe de la Croix, et bientôt sa belle âme s'envola au Ciel.

 

Autres saints militaires dans l'armée romaine (non exhaustif) : saint Victor, saint Georges, saint Sébastien, saint Martin de Tours, saint Ferréol, saints Serge et Bacchus, saint Maurice et ses compagnons, saint Corneille, centurion baptisé par saint Pierre († Ier s.).

 

Saint Théodore, Milieu du XIVe siècle, Anonyme, Vatican, Bibliothèque apostolique, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 87.

 

Sources: 1: 2

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8 novembre 2023 3 08 /11 /novembre /2023 01:00
Saint Geoffroy, évêque d'Amiens († 1115)

Son monastère dépérissait avec six moines quand ceux-ci le choisirent comme abbé. En peu d'années, le monastère de Nogent dans la Marne devient l'un des plus florissants. En réponse à l'insistance de l'évêque de Reims, il accepte de devenir évêque d'Amiens ce qui lui causa bien des soucis. La plupart des membres du clergé étaient à la solde des grands seigneurs qui eux-mêmes menaient une vie impossible aux marchands et aux braves gens de la "Commune d'Amiens". (1)

Saint Geoffroy, privé d'amis pour le soutenir, gagne la Grande Chartreuse pour y vivre une vie de pénitence. Mais forcé de revenir, il reprend ses fonctions un an après et il meurt au bout de quelques mois à l'abbaye de Saint Crépin de Soissons. Aucun membre du clergé d'Amiens ne se dérangera pour venir rechercher son corps.

 

Formé à la vie monastique dès l’âge de cinq ans, abbé de Nogent-sous-Coucy, devenu évêque d’Amiens, il eut beaucoup à souffrir pour établir la paix dans les luttes entre les seigneurs et le peuple de la cité, ainsi que pour réformer les mœurs du clergé et du peuple. Il mourut à Soissons, au retour d’un voyage à Reims.

Martyrologe romain (2)

 

 

Sources: 1, 2, 3

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7 novembre 2023 2 07 /11 /novembre /2023 01:00
Sainte Carine et sa famille († 360)

À Ankara, Carine et son époux Mélassippe subirent le martyre durant la persécution de l'empereur Julien l'Apostat. Ils furent mutilés et attachés encore vivants au pilori devant leur fils Antoine. Celui ci ne renia pas Jésus-Christ malgré le spectacle de la souffrance de ses parents. Il mourut décapité à son tour.

 

Sources : 1, 2, 3

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5 novembre 2023 7 05 /11 /novembre /2023 01:00
Sainte Sylvie, par un peintre italien

Sainte Sylvie, par un peintre italien

Sylvette ou Sylvaine.

On sait peu de choses sur sa vie, si ce n'est qu'elle se retira, après la mort de son mari, dans une maison proche de la Basilique Saint-Paul-hors-les-murs. (1)

Grande dame romaine qui consacra sa vie à son fils, le pape Grégoire le Grand, si attentive qu'elle se préoccupait même jusqu'aux détails des menus de ses repas en achetant à son intention les meilleurs fruits et légumes frais sur les marchés romains, afin qu'il soit en bonne santé.

Devenu pape, Grégoire fait peindre le portrait de sa mère Sylvie et de son père Gordianus, dans leur maison familiale transformée par lui-même en monastère.

Sainte Sylvie termine sa vie à Rome vers 592.

Elle est fêtée le 5 novembre. Elle est la sainte patronne des mères de prêtre et des Aides aux prêtres, laïques et religieuses.

Elle figure au martyrologe romain au 3 Novembre:

Mère du pape saint Grégoire le Grand. Celui-ci rapporte lui-même, dans ses écrits, qu'elle atteignit le sommet de la prière et de la pénitence et qu'elle fut un exemple excellent pour les autres. Elle mourut vers 590.

 

Martyrologe romain (2)

 

Sources12 

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4 novembre 2023 6 04 /11 /novembre /2023 01:00
Saint Charles, dans Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p. 43.

Saint Charles, dans Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p. 43.

Saint Charles Borromée, né au sein de l'opulence et des grandeurs, devait être l'un des plus illustres pontifes de l'Église.

Neveu du Pape Pie VI, Charles était cardinal avant l'âge de vingt-trois ans.  

Après son élévation au sacerdoce, il fut promu à l'archevêché de Milan (1564). Il s'employa à y appliquer les mesures de la Contre-Réforme prises au Concile de Trente (1545-1563), auquel il participa, s'attachant à réformer les abus qui s'étaient introduits dans l'Église.

Il fit rédiger le célèbre catéchisme connu sous le nom de Catéchisme du Concile de Trente (1566).

Le diocèse de Milan était alors dans une désorganisation complète : peuple, clergé, cloîtres, tout était à renouveler. Le pontife se mit à l'œuvre, mais donna d'abord l'exemple.

Il mena dans son palais la vie d'un anachorète ; il en vint à ne prendre que du pain et de l'eau, une seule fois le jour ; ses austérités atteignirent une telle proportion, que le Pape dut exiger de sa part plus de modération dans la pénitence. 

Il vendit ses meubles précieux, se débarrassa de ses pompeux ornements, employa tout ce qu'il avait de revenus à l'entretien des séminaires, des hôpitaux, des écoles, et au soulagement des pauvres et des mendiants.

Son personnel était soumis à une règle sévère ; les heures de prières étaient marquées, et personne ne s'absentait alors sans permission. Les prêtres de son entourage, soumis à une discipline encore plus stricte, formaient une véritable communauté, qui donna à l'Église un cardinal et plus de vingt évêques. 

L'archevêque transforma le service du culte dans sa cathédrale et y mit à la fois la régularité et la magnificence.

Toutes les œuvres nécessaires furent fondées, et l'on vit apparaître partout un renouveau de vie chrétienne.

Ce ne fut pas sans de grandes épreuves. Charles reçut un jour, un coup d'arquebuse, pendant qu'il présidait à la prière dans sa chapelle particulière ; le Saint continua la prière sans trouble.

Pendant la peste de Milan,  il montra un grand dévouement. Il visitait toutes les maisons et les hôpitaux, et sauva la vie à soixante-dix mille malheureux.

Les pieds nus et la corde au cou, le crucifix à la main, il s'offrit en holocauste.

Il mourut sur la cendre à quarante-six ans.

Saint Charles Borromée, archevêque de Milan († 1584)

Sources: (1); (2); (3) ; Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p. 42.

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3 novembre 2023 5 03 /11 /novembre /2023 01:00
Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 83.

Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 83.

Saint Hubert, évêque de Tongres-Maastricht-Liège († 727), Patron des chasseurs

 

Évangélisateur des Ardennes au VIIe siècle, saint Hubert est issu de la haute noblesse franque ; il est même probablement apparenté aux Pépinides et fut contemporain de Pépin de Herstal et de Charles Martel dont il fut proche. 

 

Il avait douze ans quand, au milieu d'une chasse, il vit un ours furieux se jeter sur son père et l'étreindre de ses griffes redoutables. À ce spectacle, il poussa un cri vers le Ciel : "Mon Dieu, faites que je sauve mon père !" Aussitôt, se jetant sur l'animal féroce, il lui donne le coup de la mort. C'est là, sans doute, le premier titre de saint Hubert à sa réputation de patron des chasseurs.

 

Plus tard, les chroniqueurs nous disent qu'il était connu par « les folles joies de sa vie mondaine » peu édifiante, jusqu'au jour où la grâce de Dieu vint le toucher. Hubert chassait un Vendredi saint dans la forêt des Ardennes, ce qui était une chose peu convenable pour un chrétien. Soudain, un beau cerf, qu'il poursuit avec ardeur, s'arrête et lui fait face. Entre les cornes de l'animal brille une Croix éclatante, et une voix prononce ces paroles :

 

"Hubert! Hubert! Jusqu'à quand poursuivras-tu les bêtes dans les forêts? Jusqu'à quand cette vaine passion te fera-t-elle oublier le salut de ton âme ?"

 

 - Seigneur, s'écrie le jeune prince, que voulez-vous que je fasse ?

 

- Va vers l'évêque Lambert, convertis-toi. Fais pénitence de tes péchés, ainsi qu'il te sera enseigné. Voilà ce à quoi tu dois te résoudre pour n'être point damné dans l'éternité. Je te fais confiance, afin que mon Église, en ces régions sauvages, soit par toi grandement fortifiée.

 

Et Hubert de répondre, avec force et enthousiasme :

- Merci, ô Seigneur. Vous avez ma promesse.

Je ferai pénitence, puisque vous le voulez.
Je saurai en toutes choses me montrer digne de vous!

Bientôt Hubert renonce à tous ses droits sur la couronne d'Aquitaine, se revêt d'un costume de pèlerin et s'achemine vers Rome.

Saint Hubert († 727), Patron des chasseurs

Le culte de saint Hubert - chasseur s'était surtout développé sous l'influence des amateurs de vénerie, autrement dit les aristocrates, pour qui la chasse, préfiguration de la guerre, était l'occasion de faire valoir leurs vertus de classe :
la bravoure, l'intrépidité, la virtuosité dans le maniement des armes.
La chasse jouait un rôle important dans la culture aristocratique.

 

Comme il arrivait au tombeau des saints Apôtres, le Pape Sergius, dans une vision, apprenait le meurtre de l'évêque Lambert, victime de son zèle pour la défense de la sainteté conjugale, et il recevait l'ordre d'envoyer à sa place le pèlerin qui arrivait en ce moment, pour prier à la basilique de Saint-Pierre. Le Pontife trouva en effet l'humble pèlerin, lui fit connaître les ordres du Ciel, et Hubert, malgré sa frayeur et ses larmes, dut se soumettre à la volonté de Dieu.

 

"Pendant qu’on célébrait la messe de son élévation à l’épiscopat, l’ange apparut de nouveau et apporta de la part de Saint Pierre une clé assez semblable à une clé d’or, et la lui présenta en disant : « Cette clé que Dieu vous envoie aura un pouvoir efficace sur les démons, sur les énergumènes, sur les frénétiques et sur les puissances infernales. Elle sera, comme la baguette de Moyse, un précieux instrument d’œuvres merveilleuses que le Seigneur fera à votre prière. Quiconque aura été mordu par des animaux enragés, sera par sa vertu préservé de la rage. Elle se perpétuera de siècle en siècle, en votre mémoire, et ceux qui auront recours à vous, dans leurs infirmités, seront guéris."

 

De retour en sa patrie, il fonda l'évêché de Liège, où il fit briller toutes les vertus des Apôtres. Saint Hubert fut un grand évêque, proche de ses fidèles qu'il rejoignait là où ils vivaient, dans les clairières, sur les rivières, dans les villages. Attentif à toute misère, il aidait les malheureux et les prisonniers. Sa douce et persuasive éloquence captivait les foules ; il parlait quelquefois pendant trois heures consécutives, sans qu'on se lassât de l'entendre. À la puissance de la parole il joignait celle des miracles. À sa prière, les démons abandonnaient le corps des possédés, les flammes de l'incendie s'éteignaient, la sécheresse désastreuse cessait tout à coup pour céder la place à une pluie féconde : "Le Dieu d'Élie est le nôtre, disait-il, implorons-le dans la prière et le jeûne ; la miséricorde fera le reste."

 

La vision de saint Hubert par Jan Brueghel l'Ancien et Pierre Paul Rubens.

 

Très tôt, dans la tradition liégeoise, le prélat est apparu comme se trouvant à l'origine de la fortune historique de Liège.
Notons que, dès son vivant, sa réputation de sainteté était grande.

 

Il mourut le 30 mai 727 des suites d'une blessure occasionnée par un ouvrier maladroit qui lui écrasa la main gauche. Une voix céleste lui dit un jour : "Hubert, dans un mois tes liens seront brisés." Il se prépara pieusement à la mort, et, après avoir chanté le Credo et entonné le Pater, il rendit son âme à Dieu.  

 

On invoque saint Hubert contre la rage et contre la peur.

 

Seize ans après sa mort, eut lieu l'élévation de son corps, qui fut transféré devant le maître-autel de la basilique le 3 novembre 743. C'était, d'après les idées du temps, l'équivalent de la canonisation ou la reconnaissance officielle de la sainteté. Le 30 septembre 825, l'évêque Walcaud fit transporter le corps tout entier de saint Hubert, de Liège à Andage. Vu l'importance exceptionnelle de la forêt d'Ardenne, au temps des Carolingiens, saint Hubert a connu une histoire extraordinaire. Saint-Hubert avait à peine pris possession de sa nouvelle demeure qu'il devenait, pour ainsi dire d'emblée, le véritable roi du pays.
 

Très tôt, saint Hubert devint le guérisseur de la rage, la terrible maladie, transmise surtout par les chiens. Très rapidement, il se fit connaître d'abord des doyennés de Bastogne, de Behogne et de Graide, puis des diocèses voisins. Il franchit les frontières à l'est et à l'ouest. Saint Hubert est en fait le saint des chasseurs (à courre). Il usurpe en quelque sorte le rôle de S. Georges qui lui est le véritable saint des cavaliers et dont la fête est en avril.

Saint Hubert et le cerf, 1450, Londres, British Library, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 646-647.

Saint Hubert et le cerf, 1450, Londres, British Library, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 646-647.

 

Sources: (1) ; (2) ; (3) ; (4) ; (5) ; (6) Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 82-83. 

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2 novembre 2023 4 02 /11 /novembre /2023 01:00
Commémoration des Fidèles Défunts

Le souvenir des parents et amis disparus, des personnes dont la vie, l'action, les bienfaits nous ont marqués, est la chose la plus répandue et la plus naturelle du monde. Monuments funéraires et commémoratifs, portraits ou photographies exposés en bonne place dans les maisons, en témoignent abondamment.

 

Mais, pour les chrétiens, la mémoire des défunts s'accompagne de la prière d'intercession pour eux et pour "tous les morts dont Dieu seul connaît la foi". C'est ainsi que, dès le IIème siècle, la prière liturgique pour les défunts est attestée en Afrique du Nord. Toutefois, c'est bien plus tard qu'a été instaurée, et fixée au 2 novembre, la Commémoration de tous les fidèles défunts, à l'initiative d'Odilon, abbé de Cluny (994-1049) - qui en prescrivit la célébration dans les maisons de l'Ordre; ce qui eut lieu pour la première fois le 2 novembre 998. De là, elle se répandit rapidement dans toute l'Eglise latine. 

 

 

Si les défunts sont déjà au Ciel, il n'y a plus besoin de prier pour eux, il vaut mieux au contraire se recommander à leurs prières.
 
Si les défunts sont en enfer, c'est trop tard.
 
Et si, comme nous le croyons, ils sont en marche vers le paradis, nous pouvons hâter cette marche par nos prières et nos suffrages.
 
Une parole du Christ expliquant qu'il y a des péchés - celui contre le Saint-Esprit - qui ne seront pardonnés "ni en ce monde ni dans l'autre" (Mt, 12, 31-32), indique qu'il y a des péchés qui sont pardonnés dans un lieu particulier dans l'autre monde. Cela ne peut être au paradis où l'âme est sans péché, mais au purgatoire.
 
Selon les Protestants, nous n’avons pas de révélation directe du purgatoire dans la Parole de Dieu ; c’est pourquoi les "réformateurs" du XVIème siècle ont rejeté cette doctrine, née selon eux de l’imaginaire des hommes. Elle s’enracine pourtant dans la tradition de l’Ancien Testament.
 
Deux siècles avant Jésus-Christ en effet, nous trouvons le témoignage en 2 Macc 12, 46 de la croyance en la valeur et en l’efficacité de la prière pour les morts. L’offrande est faite par Judas Maccabée (IIe siècle av. J.-C) en faveur des soldats morts au combat sur lesquels on avait trouvé des objets idolâtriques; cette prière prouve que Judas Maccabée croyait en la possibilité d’une purification de l’âme par-delà la mort :

 

"S'il envisageait qu'une très belle récompense est réservée à ceux qui s'endorment dans la piété, c'était là une pensée sainte et pieuse : voilà pourquoi il fit faire pour les morts ce sacrifice expiatoire, afin qu'ils fussent délivrés de leur péché." (verset 45 du chapitre 12 du IIe Livre des Maccabées, IIe siècle av. J.-C.)

 

L’Église primitive a fait sienne cette doctrine et a développé dès le second siècle après Jésus-Christ la prière pour les morts. Le culte des saints, quant à lui, débute avec S. Polycarpe (+ martyr en 167 ap. J-C.) (Régine Pernoud, Les saints au Moyen Age, la sainteté d'hier est-elle pour aujourd'hui ?, Plon, Mesnil-sur-l'Estrée 1984 p. 239-240.)

 

En Occident, les conciles œcuméniques de Florence au XVème s. et de Trente au XVIème s. ont défini de manière dogmatique l’existence du purgatoire :

"Instruite par l’Esprit Saint et puisant à la Sainte Ecriture et à l’antique Tradition des Pères, l’Église catholique a enseigné dans les Saints Conciles qu’il y a un lieu de purification (purgatorium) et que les âmes qui y sont détenues sont aidées par les suffrages des fidèles mais surtout par le Sacrifice de l’Autel agréable à Dieu." (Concile de Trente).

 

Les sources scripturaires sont :

 

1 Co 5,4-5 "Ma conscience ne me reproche rien, mais ce n’est pas pour cela que je suis juste : celui qui me soumet au jugement, c’est le Seigneur.

Ainsi, ne portez pas de jugement prématuré, mais attendez la venue du Seigneur, car il mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et il rendra manifestes les intentions des cœurs. Alors, la louange qui revient à chacun lui sera donnée par Dieu."

 

1 P 3, 19-20 Car le Christ, lui aussi, a souffert pour les péchés, une seule fois, lui, le juste, pour les injustes, afin de vous introduire devant Dieu ; il a été mis à mort dans la chair, mais vivifié dans l’Esprit.

C’est en lui qu’il est parti proclamer son message aux esprits qui étaient en captivité. [Ce n'est pas l'enfer car on n'en revient plus de l'enfer.]

Ceux-ci, jadis, avaient refusé d’obéir, au temps où se prolongeait la patience de Dieu, quand Noé construisit l’arche, dans laquelle un petit nombre, en tout huit personnes, furent sauvées à travers l’eau."

 

Mt 12, 31-32 "C’est pourquoi, je vous le dis : Tout péché, tout blasphème, sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera pas pardonné.

Et si quelqu’un dit une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera pardonné ; mais si quelqu’un parle contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné, ni en ce monde-ci, ni dans le monde à venir."

[Ce qui implique qu'il existe dans l'autre monde un lieu où les péchés peuvent être pardonnés comme purifiés par le feu, sauf le péché contre l'Esprit Saint.]

 

1 Co 3, 10-15 "l’ouvrage de chacun sera mis en pleine lumière. En effet, le jour du jugement le manifestera, car cette révélation se fera par le feu, et c’est le feu qui permettra d’apprécier la qualité de l’ouvrage de chacun."

 

Mt 5,26 "Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou."

 

Lc 12, 58-59 "Ainsi, quand tu vas avec ton adversaire devant le magistrat, pendant que tu es en chemin mets tout en œuvre pour t’arranger avec lui, afin d’éviter qu’il ne te traîne devant le juge, que le juge ne te livre à l’huissier, et que l’huissier ne te jette en prison. Je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier centime."

 

Mt 18, 32-35 "Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié.

Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?”

Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait.

C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur."

 

Hb 12, 23 "et vers l’assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux. Vous êtes venus vers Dieu, le juge de tous, et vers les esprits des justes amenés à la perfection." [Dans un endroit où les âmes sont amenés à la perfection]

 

Cette doctrine fut pleinement confirmée par le Concile Vatican II, dans lequel nous lisons :

"Ainsi donc en attendant que le Seigneur soit venu dans sa majesté, accompagné de tous les anges (Mt 15, 31) et que, la mort détruite, tout lui ait été soumis (I Co 15, 26-27), les uns parmi ses disciples continuent sur la terre leur pèlerinage, d’autres, ayant achevé leur vie, se purifient encore ; d’autres enfin, sont dans la gloire contemplant dans la pleine lumière, tel qu’il est, Dieu un en trois Personnes." (Constitution dogmatique sur l’Église : Lumen Gentium, 49).

"La pensée de prier pour les morts, afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés, est une pensée sainte et pieuse (2 Maccabées 12, 45)." (Lumen Gentium, 50).

"Cette foi vénérable de nos pères en la communion de vie qui existe avec nos frères déjà en possession de la gloire céleste, ou en voie de purification après leur mort, le Saint Concile la recueille avec grande piété." (Lumen Gentium, 51).

 

Interprétant ces textes du Concile, Jean-Paul II a expliqué :

"Unie aux mérites des saints, notre prière fraternelle vient au secours de ceux qui sont en attente de la vision béatifique. Selon les commandements divins, l’intercession pour les morts obtient des mérites qui servent au plein accomplissement du salut. C’est une expression de la charité fraternelle de l’unique famille de Dieu, par laquelle nous répondons à la vocation profonde de l’Église : « sauver des âmes qui aimeront Dieu éternellement » (Thérèse de Lisieux). Pour les âmes du purgatoire, l’attente du bonheur éternel, de la rencontre avec le Bien-Aimé, est source de souffrances à cause de la peine due au péché qui maintient loin de Dieu. Mais l’âme jouit de la certitude que, le temps de sa purification achevé, elle ira à la rencontre de Celui qu’elle désire (cf. Ps 42 ; 62). J’encourage donc les catholiques à prier avec ferveur pour les défunts, pour ceux de leurs familles et pour tous nos frères et sœurs qui sont morts, afin qu’ils obtiennent la rémission des peines dues à leurs péchés et qu’ils entendent l’appel du Seigneur à entrer dans la plénitude de sa gloire." 

 

Saint Cyprien

- Saint Cyprien (IIIe siècle), Traité sur la mort XX.

 

"Nous ne devons pas pleurer nos frères que l'appel du Seigneur a retirés de ce monde, puisque nous savons qu'ils ne sont pas perdus, mais partis avant nous: ils nous ont quittés comme des voyageurs, comme des navigateurs, pour nous précéder [...] Ne donnons pas aux païens l'occasion de nous reprocher, avec raison, de nous lamenter sur ceux que nous déclarons vivants auprès de Dieu, comme s'ils étaient anéantis et perdus."

 

- Saint Irénée de Lyon (IIe siècle), Contre les Hérésies V, 2,3.

 

Saint Irenee de lyon - église Saint Irenee Lyon
Saint Irénée de Lyon

"Comme le grain de blé

Le bois de la vigne, une fois planté en terre, porte du fruit quand vient le temps. De même, le grain de froment, après être tombé en terre et s'y être dissous (Jn 12,24), resurgit multiplié par l'Esprit de Dieu qui soutient toutes choses. Ensuite, grâce au savoir faire, ils viennent à l'usage des hommes ; puis, en recevant la Parole de Dieu, ils deviennent eucharistie, c'est à dire le Corps et le Sang du Christ.

De même nos corps, qui sont nourris par cette eucharistie, après avoir été couchés dans la terre et s'y être dissous, ressusciteront en leur temps, lorsque le Verbe de Dieu les gratifiera de la résurrection, "pour la gloire de Dieu le Père" (Ph 2,11). Car il procurera l'immortalité à ce qui est mortel et l'incorruptibilité à ce qui est périssable (1Co 15,53), parce que la puissance de Dieu se déploie dans la faiblesse (2 Co 12,9).

Dans ces conditions nous nous garderons bien, comme si c'était de nous-mêmes que nous avons la vie, de nous enfler d'orgueil, de nous élever contre Dieu en acceptant des pensées d'ingratitude. Au contraire, sachant par expérience que c'est de sa grandeur à lui [...] que nous tenons de pouvoir vivre à jamais, nous ne nous écarterons pas de la vraie pensée sur Dieu et sur nous-mêmes. Nous saurons quelle puissance Dieu possède et quels bienfaits l'homme reçoit de lui. Nous ne nous méprendrons pas sur la vraie conception qu'il faut avoir de Dieu et de l'homme. D'ailleurs [...], si Dieu a permis notre dissolution dans la terre, n'est-ce pas précisément pour que, instruits de toutes ces choses, nous soyons dorénavant attentifs en tout, ne méconnaissant ni Dieu ni nous-mêmes ? [...] Si la coupe et le pain, par la Parole de Dieu, deviennent eucharistie, comment prétendre que la chair est incapable de recevoir la vie éternelle ?"

 

Pénitencerie Apostolique, Enchiridion Indulgentiarum (2000)

Concession n° 29

Pour les fidèles défunts (Pro fidelibus defunctis)

§ 1. Une indulgence plénière, applicable seulement aux âmes du Purgatoire, est accordée au fidèle qui:

1° visite dévotement le cimetière et prie pour les défunts, ne serait-ce que mentalement, entre le 1° et le 8 novembre.

2° le jour où est célébrée la commémoration de tous les fidèles défunts (ou bien, avec le consentement de l’Ordinaire, le dimanche précédent ou suivant, ou le jour de la solennité de la Toussaint), visite pieusement une église ou un oratoire et y récite le Pater et le Credo. 
 

Sources: (1): (2)

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1 novembre 2023 3 01 /11 /novembre /2023 01:00
Toussaint, Fête de tous les saints

 

Fête de tous les saints.

La dédicace que fit, l'an 607, le pape Boniface IV de l'église du Panthéon de Rome que l'empereur Phocas lui donna, a donné lieu à l'établissement de cette fête de tous les saints. En effet, il dédia cet ancien temple d'idoles à l'invocation de la sainte Vierge et de tous les martyrs (Dedicatio Sancta Maria ad martyres) ; c'est ce qui lui a fait donner le nom de Notre-Dame des Martyrs, ou de la Rotonde, parce que cet édifice est en forme d'un demi-globe. Boniface suivit en cela les intentions de saint Grégoire le Grand, son prédécesseur. Il y fit transporter des corps de nombreux martyrs des catacombes.

Mais les premières traces d'une célébration générale sont attestées à Antioche et se rapportent au dimanche après la Pentecôte. Cette coutume est citée dans la 74e homélie de saint Jean Chrysostome, datée de 407 ap. J.-C..

 

Puis, entre 731 et 741, le pape Grégoire III consacra une chapelle dans l'église de Saint-Pierre à l'honneur de tous les saints, des martyrs, des confesseurs et de tous les justes en choisissant le 1er novembre comme date anniversaire; il augmenta ainsi la solennité de la fête: depuis ce temps-là elle a toujours été célébrée à Rome.

 

Grégoire IV étant venu en France l'an 837, sous le règne de Louis le Débonnaire, cette fête s'y introduisit et y fut bientôt généralement adoptée; mais le P. Ménard a prouvé qu'elle avait déjà lieu auparavant dans plusieurs églises, quoiqu'il n'y eût encore aucun décret porté à ce sujet; Notes sur le Sacram de Saint Grég., p. 152; Thomassin, Traité des Fêtes, etc. Les Grecs la célèbrent le dimanche après la Pentecôte.

 

L'objet de cette solennité est non seulement d'honorer les saints comme les amis de Dieu, mais de lui rendre grâces des bienfaits qu'il a daigné leur accorder et du bonheur éternel dont il les récompense, de nous exciter à imiter leurs vertus, d'obtenir leur intercession auprès de Dieu. (1)

 

Le culte des saints débute au IIe siècle avec saint Polycarpe

 

Saint Polycarpe de Smyrne

 

 

Dans son livre "Les saints au Moyen Age, la sainteté d'hier est-elle pour aujourd'hui ?" (Plon, Mesnil-sur-l'Estrée 1984), l'historienne médiéviste Régine Pernoud indique qu'avec S. Polycarpe (+ martyr en 167 ap. J-C.) débute le culte des saints:

 

« Si dans un louable désir de pureté nous nous retrouvons à la primitive Église, que voyons-nous ?

« Au IIe s. déjà les corps des martyrs, ceux qui ont affirmé leur foi au prix même de leur vie, sont l'objet d'une vénération particulière…

« Non pas, comme l'écrit tel auteur, que l'on considérât désormais Polycarpe comme une sorte de "divinité inférieure" ni son corps comme un "talisman précieux" mais parce que lui et ses semblables avaient réalisé dans toute sa plénitude la remarque évangélique : "Pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime", et que leur martyre avait fait de chacun d'eux, à jamais, un autre Christ.

« Ainsi un S. Cyprien recommande-t-il au clergé et aux fidèles de noter avec précision la date de la mort des martyrs, lui qui devait certain jour être conduit et enterré au cimetière de Carthage par ce même clergé qu'il avait ainsi instruit.

« C'est assez dire que le culte des reliques est lié intrinsèquement à la vie même de l'Église, à son développement, à la propagation de l'Évangile, et cela toujours et partout. » (2)

Sources:

 

(1) Nicolas Bergier (1718-1790), Encyclopédie théologique, publ. par M. l'abbé Migne,  Ateliers catholiques au Petit-Montrouge, tome IV, Paris 1850-1851, p. 804-805; (2) Régine Pernoud,  Les saints au Moyen Age, la sainteté d'hier est-elle pour aujourd'hui ? Plon, Mesnil-sur-l'Estrée 1984 p. 239-240.

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30 octobre 2023 1 30 /10 /octobre /2023 02:00
Saint Marcel le centurion ou Marcel de Tanger et ses 12 enfants, Martyrs (298)

Marcel (en latin, Marcellus) de Tanger, ou Marcel le Centurion, était un centurion de la VIIe Légion, qui naquit et vécut à León (Espagne) durant la seconde moitié du IIIe siècle. (1)

 

C'est un des saints patrons de la ville de Léon, en Espagne. Selon une autre version, il était centurion de la légion stationnée à Tingis, devenu Tanger (Maroc actuel).(2)

 

Il épouse une jeune fille prénommée None et douze enfants naissent de cette union. Après avoir entendu un prêche de l’Évêque Décence, il se convertit au Christianisme, ainsi que sa femme et ses enfants.(3)

 

Au jour de la fête de l'anniversaire de l'empereur Maximien, il aurait déclaré au moment de lui rendre son culte: "Que maudit soit ce métier qui m'oblige à tuer et m'empêche d'être tout au service du Christ." 

 

Il est considéré comme martyr, ayant été exécuté par décapitation à Tanger, le 30 octobre 298, devant le substitut des préfets du prétoire Aurelius Agricolanus.

Saint Marcel, son épouse None et leurs enfants. Retable de Saint Marcel, église Saint-Marcel de Léon. Espagne.

Saint Marcel, son épouse None et leurs enfants. Retable de Saint Marcel, église Saint-Marcel de Léon. Espagne.

Sources : 

(1); (2) B. de Gaiffier, « S. Marcel de Tanger ou de Léon ? Évolution d'une légende », Analecta Bollandiana no 61, 1943, p. 116-139; (3)

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29 octobre 2023 7 29 /10 /octobre /2023 02:00
Saint Narcisse, évêque de Jérusalem († 212)

Né en Palestine, vers la fin du Ier siècle, Narcisse entra dans l'état ecclésiastique.

À l'âge de quatre-vingts ans, il fut choisi pour évêque de Jérusalem.

Sa vie austère et pénitente fut toute entière vouée au bien de l'Église.

Une veille de Pâques, l'huile manquait aux lampes de l'église de Narcisse pour les offices solennels qui avaient alors lieu dans la nuit. Narcisse commanda de tirer de l'eau à un puits qui était proche et de la lui apporter ; il la bénit et la fit verser dans les lampes ; on s'aperçut alors qu'elle s'était changée en huile. On conserva longtemps avec respect des restes de cette huile miraculeuse.

En 195 ap. J.-C., S. il présida, avec Théophile de Césarée un concile tenu relativement à la célébration de la fête de Pâques, où il fut décidé que cette fête se célébrerait toujours un dimanche, et non le jour où il était d'usage de la célébrer chez les Juifs.

Au Ve siècle, le pape S. Léon devra intervenir à nouveau dans la querelle qui avait repris concernant la date de la fête de Pâques. Si le Concile de Nicée (325) avait mis fin aux anciennes controverses en condamnant définitivement les quartodecimans (ceux qui voulaient célébrer Pâques avec les Juifs, le 14 Nisan), en fixant cette fête au dimanche qui suivait la pleine lune de mars, d'après des calculs alexandrins, la date de Pâques fut de nouveau mise en doute au milieu du Ve siècle, de-ci de-là, et S. Léon tranchera en faveur des décisions déjà prises et des calculs faits à Alexandrie, par "souci de l'unité qu'il importe avant tout de conserver."

La vénération que ce saint évêque s'était attirée ne put le garantir de la malice des méchants. Trois scélérats l'accusèrent d'un crime atroce et confirmèrent leur calomnie par des imprécations horribles contre eux-mêmes. L'un dit : "Je veux être brûlé vif, ci cela n'est pas vrai !" L'autre : "Je veux être couvert de la lèpre !" Le troisième : "Je consens à perdre la vue !" Narcisse crut devoir céder à l'orage et se retira dans un désert, où il s'ensevelit pendant huit années. Dieu se chargea de sa vengeance. Ses calomniateurs reçurent le prix de leur crime : le premier périt dans un incendie, avec toute sa famille ; le second fut couvert d'une lèpre horrible ; le troisième, frappé d'effroi et plein de repentir, pleura son péché au point qu'il en perdit la vue. Narcisse ne put résister plus longtemps aux instances de son peuple; il vint reprendre soin de son Église.

Narcisse mourut à l'âge de cent seize ans, en 212, tué par l'épée selon le récit d'Eusèbe de Césarée.

Représentation de Narcisse de Jérusalem sur un vitrail de l'église Saint-Barthélémy à Bénévent-l'Abbaye

Représentation de Narcisse de Jérusalem sur un vitrail de l'église Saint-Barthélémy à Bénévent-l'Abbaye

Sources1; 2; 3; 4

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28 octobre 2023 6 28 /10 /octobre /2023 01:00

Ces deux Apôtres ont leur fête le même jour parce qu'ils ont travaillé ensemble à la conversion des Gentils.

 

Saint-Simon-le-zelote--attribut-la-scie-.jpgSaint Simon, surnommé le zélote (Lc 6, 15) car avec Jude il appartenait sans doute à ces zélotes qui refusaient l'occupation romaine, mais le message du Christ fut pour lui la découverte de l'universalité de l'amour de Dieu. Simon était également surnommé le Cananéen, originaire de Cana, où Jésus changea l'eau en vin, il reçut le surnom de Cananéen, pour le distinguer de Simon-Pierre, chef des Apôtres.

 

Saint Simon prêcha d'abord en Égypte, en Mauritanie, en Libye ; saint Jude, après avoir prêché en Afrique avec beaucoup de succès, revint en Orient et annonça l'Évangile dans la Judée, la Samarie, la Syrie et la Mésopotamie. Simon et Jude se rejoignirent en Perse, et là ils combattirent et moururent ensemble. Les choses extraordinaires que Dieu opéra par leurs mains les firent traiter avec respect par le roi de ce pays, qui leur laissa la liberté de prêcher leur doctrine si sainte et si nouvelle. Un fait vint ajouter à leur prestige : deux tigres, échappés de leur cage, étaient la terreur du pays. Au nom de Jésus-Christ, les Apôtres commandèrent à ces bêtes féroces de les suivre, et ils les emmenèrent dans leur maison. Le roi, toute sa cour et plus de soixante mille Perses se firent chrétiens. Des églises s'élevèrent sur les ruines des temples des idoles ; le triomphe du Christ était complet.

Mais l'ennemi des âmes déchaîna toute sa fureur pour arrêter les progrès de l'Évangile. Simon et Jude étant allés annoncer Jésus-Christ en d'autres villes, les païens voulurent les contraindre à sacrifier au soleil, qu'ils adoraient comme un dieu :
"Mon frère, dit alors Jude à Simon, je vois le Seigneur qui nous appelle.
- Et moi, reprit Simon, j'ai vu aussi Jésus-Christ entouré de ses Anges, et un des Anges m'a dit : « Je vous ferai sortir du temple et je ferai crouler sur eux tout l'édifice.
- Qu'il n'en soit pas ainsi ! ai-je répondu, peut-être quelques-uns se convertiront-ils !"

Et voici qu'en ce moment un Ange leur dit à tous les deux : « Que choisissez-vous, ou la mort pour vous, ou l'extermination de ce peuple impie ? 
- Miséricorde pour ce peuple ! crièrent les deux Apôtres. Que le martyre soit notre partage !"

Cependant les prêtres des dieux les exhortaient à sacrifier : "Le soleil, dit Simon, n'est que le serviteur de Dieu ; ce sont les démons qui résident en vos idoles ; je leur ordonne de sortir." Et les démons, sous une forme horrible, sortirent des statues brisées. Alors le peuple se jeta sur les deux Apôtres et les massacra, pendant qu'ils bénissaient Dieu et priaient pour leurs bourreaux.

 

Attribut : la scie. Crucifié à l’âge de cent vingt ans, Simon le Zélote est représenté avec une scie pour avoir été sauvagement coupé en deux d’après une tradition de l’église d’Orient.

Cette représentation se retrouve notamment dans les églises de S. Jean du Latran et saints Achille et Nérée, à Rome. Il peut également être accompagné de saint Jude, et représenté tenant un livre ou un phylactère en référence aux Evangiles.

 

Saint-Jude.jpgSaint Jude, appelé aussi Thaddée, était frère de S. Jacques le Mineur et de S. Siméon, évêque de Jérusalem, et comme eux, cousin du Sauveur. Avant son élévation au ministère évangélique, il était agriculteur.

 

Jude Thaddée est reconnu comme étant le saint de l'espoir, puisque c'était un être bon. C'est le saint protecteur des causes désespérées pour les catholiques, à l'instar de sainte Rita de Cascia. Il est le saint patron des causes perdues, celui qui continue quand plus rien ne retient, à part l'espoir et la foi d'aller au bout de ces espoirs...

 

Jude est traditionnellement représenté portant l'image de Jésus à la main ou près de sa poitrine.

 

Attribut : la massue. Souvent placé aux côtés de Simon avec qui il prêche en Syrie  et en Mésopotamie, Jude porte la massue avec laquelle il fut achevé lors de son martyre en Perse.

 

Sources: 1, 2, 3, 4

 

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26 octobre 2023 4 26 /10 /octobre /2023 00:00
Icône de S. Dimitri du XVe siècle (Musée de l'Etat russe, Saint Petersbourg)

Icône de S. Dimitri du XVe siècle (Musée de l'Etat russe, Saint Petersbourg)

Saint Démétrius s'opposa victorieusement aux barbares qui tentaient d'envahir Thessalonique (Grèce) en 305.  

Dénoncé comme fauteur de troubles, il fut condamné vers l'an 306 à lutter dans l'arène contre un gladiateur plus robuste que lui. L'on vit arriver avec lui un jeune garçon nommé Nestor, frêle et courageux, qui d'un geste ôta la vie à ce géant. Dépité, l'empereur présent, fit mettre à mort l'enfant et Démétrius. De son corps se mit à jaillir une huile odoriférante et miraculeuse.

Peu de temps après sa mort, une basilique fut érigée sur son tombeau à Thessalonique qui fut à travers les siècles un grand centre de pèlerinage. L'édifice paléochrétien originel existe toujours. Saint Démétrios est vénéré comme l'un des plus importants patrons militaires orthodoxes, souvent associé à saint Georges. On vénère aussi son compagnon de martyre, Nestor.

Son culte est extrêmement populaire en Orient, la cathédrale orthodoxe de Salonique lui est dédiée.

Saint Dimitri de Thessalonique est fêté le 9 avril ou le 26 octobre (usage grec).  À cette occasion, le premier ministre grec a pour tradition de se rendre chaque 26 octobre à Thessalonique, ville du saint patron qui protège la cité.

Il est également le patron de la ville de Bucarest et il figure dans les armoiries de la cité. 

Reliquaire de Saint Démétrius, cathédrale de Thessalonique, Grèce.

Hagios Demetrios, sanctuaire dédié à saint Dimitri (Thessalonique)

Sources : 1, 2

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25 octobre 2023 3 25 /10 /octobre /2023 00:00

Crépin et Crépinien étaient des cordonniers romains. Ils faisaient des chaussures pour les pauvres, et vinrent à Soissons annoncer l'Évangile. Ils ont été martyrisés sous l'empereur Maximien.

Saints Crépin et Crépinien furent saisis comme chrétiens et conduits à l'empereur Maximien, qui était de passage dans le nord des Gaules :
« D'où êtes-vous, leur demanda Maximien, et quelle religion professez-vous ?
- Nous sommes, répondirent-ils, de nobles romains qui avons émigré dans les Gaules pour y prêcher la foi chrétienne.
- Si vous persistez dans cette folie, leur dit l'empereur, je vous ferai périr d'une mort cruelle : si vous sacrifiez aux dieux, je vous comblerai de richesses et d'honneurs.
- Tu crois nous effrayer par tes menaces, répondent les saints martyrs ; mais, pour nous, le Christ est la vie, et la mort est une grâce. Quant aux richesses et aux honneurs, nous les avons quittés volontairement ; garde-les pour tes amis. Si toi-même tu ne renonces pas à tes dieux, tu brûleras au fond de l'enfer."

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/2/28/Bossche_Martyrdom_of_SS_Crispin_and_Crispinian.jpg/450px-Bossche_Martyrdom_of_SS_Crispin_and_Crispinian.jpg

Le martyr de Saint Crépin et Saint Crépinien

 

Transporté de rage, Maximien abandonna les deux chrétiens à l'un des plus cruels exécuteurs des persécutions contre les chrétiens, nommé Rictiovarus, pour les torturer avec une violence extraordinaire. Rictiovarus leur fit enfoncer sous les ongles des roseaux pointus ; mais ces roseaux se retournèrent contre les bourreaux et en blessèrent plusieurs ; il les fit jeter ensuite, en plein hiver, avec des meules de moulin au cou, dans une rivière glacée, mais ils surnagèrent et ne sentirent pas le froid.

 

Ce fut ensuite le tour du supplice de la chaudière remplie de plomb fondu ; ce supplice fut inoffensif pour eux, comme les autres, mais une goutte jaillit sur l'œil du tortionnaire, qui en devint borgne. Sa fureur lui donna le courage de poursuivre, et les deux généreux martyrs furent jetés dans une autre chaudière bouillante, remplie d'un mélange de poix, de graisse et d'huile ; ils y entrèrent en chantant de pieux cantiques, et des anges vinrent les en faire sortir. Rictiovarus, fou de rage et sans doute saisi du démon, se jeta au milieu du brasier et s'y tordit dans le désespoir. Telle fut la fin de ce grand persécuteur, qui fit périr tant de chrétiens dans les Gaules.

 

Quant à Crépin et Crépinien, ils eurent la tête tranchée le lendemain. Le culte de saint Crépin et de saint Crépinien est un de ceux qui sont restés les plus populaires ; des confréries furent établies sous leur vocable, de nombreuses églises bâties en leur honneur ; d'éclatants miracles furent obtenus par leur intercession.

 

Sources: 1, 2

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24 octobre 2023 2 24 /10 /octobre /2023 00:00
Saint Florentin, moine (VIIe siècle)

Au VIIe siècle, Saint Florentin, fils d'un Roi d'Écosse qui avait traversé les mers on ne sait comment, gardait humblement les porcs tout en multipliant miracles et guérisons à Bonnet (Lorraine).[1]

Selon sa légende, il aurait traversé la mer sur une croix. [2]

Dès le Moyen-Âge, ce village était devenu un lieu de pèlerinage très fréquenté et recommandé en cas de troubles mentaux: passer sous le gisant de Saint Florentin qui se trouve à l'intérieur de l'Église était et reste encore, parait-il très efficace!

L'ancien village a été abandonné par ses habitants qui l'ont rebâti là où il est actuellement, autour de la sépulture du saint.

Il avait souhaité être enterré sur la colline qui dominait son village.

Vingt-et-une des peintures murales de l'Église racontent cette vie légendaire.

Sources : 1, 2

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23 octobre 2023 1 23 /10 /octobre /2023 00:00
Saint Antoine-Marie Claret, Évêque et Confesseur

Antoine-Marie Claret (1807-1870), Évêque et Confesseur, fondateur des Fils du Cœur Immaculé de Marie (Clarétins). 

 

Mémoire de saint Antoine-Marie Claret, évêque. Après son ordination presbytérale, il parcourut pendant plusieurs années la Catalogne, en prêchant au peuple, et fonda la Société des Missionnaires Fils du Cœur Immaculé de Marie. Devenu évêque de Santiago de Cuba, il se soucia plus que tout du salut des âmes. Revenu en Espagne, il eut beaucoup à souffrir pour l'Église et finit ses jours en exil chez les moines cisterciens de Fontfroide près de Narbonne, en 1870.

 

Martyrologe romain[1]

La meilleure disposition à l'union avec Dieu, c'est l'intimité avec Notre-Seigneur et la vie d'amour

Antoine-Marie Claret a été béatifié en 1934 par le Pape Pie XI et canonisé en 1950 par le pape Pie XII.[2]

Sources: 1, 2

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23 octobre 2023 1 23 /10 /octobre /2023 00:00
Saint Jean de Capistran († 1456)

Jean, né à Capistrano dans l'Abruzze en 1386, était fils d'un gentilhomme français qui avait suivi à Naples le duc d'Anjou, devenu roi de ce pays.

Après ses humanités, il fut envoyé à Pérouse pour y étudier le droit canonique et civil. On le pourvut d'une place de judicature, et un homme riche et noble, charmé de ses qualités éminentes, lui donna sa fille en mariage. Tout lui souriait dans le monde, quand tout à coup s'évanouirent ces flatteuses espérances.

Dans une guerre contre le roi de Naples, la ville de Pérouse le soupçonna de prendre le parti de ce prince; on le fit arrêter. Malgré son innocence et son éloquence à se défendre, il fut jeté en prison. Sur ces entrefaites sa femme étant morte, il résolut de ne plus servir que Dieu. 

Il vendit tous ses biens, paya sa rançon, distribua le reste aux pauvres, et se réfugia chez les Franciscains, au monastère du Mont, près de Pérouse. Le gardien, craignant que cette vocation ne fût l'effet d'un dépit passager plutôt que d'un mouvement de la grâce, voulut l'éprouver. Il lui ordonna de faire le tour de la ville de Pérouse dont il avait été gouverneur, monté à rebours sur un âne, couvert d'un mauvais habit et la tête coiffée d'un bonnet de carton où étaient écrits divers péchés. Après une telle épreuve, les humiliations du noviciat ne lui coûtèrent plus. 

On lui donna pour maître un simple frère convers, à la direction duquel Jean se soumit avec la simplicité d'un enfant. Il fut traité par lui avec dureté:
"Je rends grâces au Seigneur, disait-il plus tard, de m'avoir donné un tel guide; s'il n'eût usé envers moi de pareilles rigueurs, jamais je n'aurais pu acquérir l'humilité et la patience."

Jean fut renvoyé par deux fois du noviciat comme incapable de remplir jamais aucun emploi dans la religion. Il resta jour et nuit à la porte du couvent, souffrant avec joie l'indifférence des religieux, les railleries des passants et les mépris des pauvres qui venaient demander l'aumône. Une persévérance si héroïque désarma la sévérité des supérieurs et dissipa leurs craintes. Jean, reçu de nouveau, fut enfin admis à la profession. 

Dès lors sa vie fut admirable, il vivait uniquement de Jésus sur la Croix. Embrasé d'amour pour Dieu, il faisait de sa vie une oraison continuelle: le Crucifix, le Tabernacle, l'image de Marie, le jetaient dans l'extase: "Dieu, disait-il, m'a donné le nom de Jean, pour me faire le fils de Marie et l'ami de Jésus."

Ordonné prêtre, Jean fut appliqué au ministère de la parole. Ses paroles produisaient partout des conversions nombreuses. Une secte de prétendus moines, les Fraticelli, dont les erreurs et les moeurs scandalisaient l'Église, fut anéantie par son zèle et sa charité.

  Le Pape Eugène IV, frappé des prodigieux succès de ses discours, l'envoya comme nonce en Sicile; puis le chargea de travailler, au concile de Florence (1439), à la réunion des Latins et des Grecs. Nommé visiteur des couvents franciscains de Terre Sainte, il travailla à l’union des Arméniens dont il ramena des représentants au concile.

Le 27 novembre 1437, la délégation grecque envoyée au concile de Ferrare (1437) et conduite par l'empereur bizantin Jean VIII Paléologue (1425-1448) avait embarqué à Constantinople pour Venise. L'empereur était accompagné de 21 métropolites et évêques, dont le patriarche de Constantinople, et une suite d'archimandrites et de membres du clergé, jusqu'à concurrence d'environ 700. Marc d'Éphèse, Isidore de Kiev, Bessarion et André, archevêque de Rhodes étaient les personnalités les plus connues. Elle arriva à Venise en février, puis à Ferrare (Italie) en mars. Bessarion fut désigné avec le métropolite d'Éphèse Marc Eugénikos pour défendre la position de l'Église grecque (orthodoxe). Il prononça le discours inaugural le 8 octobre 1438. Si au départ il persista à condamner l'addition du filioque au Symbole de Nicée par l'Église latine (catholique), sa position évolua devant les arguments du dominicain Jean de Montenero, et il plaida pour la réconciliation des Églises devant la délégation grecque en avril 1439. Le patriarche Marc d'Éphèse contesta pour sa part le rapprochement catholique-orthodoxe. Malgré des pressions du Basileus, il sera le seul évêque à ne pas signer le texte du concile.

Image illustrative de l'article Santa Maria del FioreLe 6 juillet 1439 Bessarion lut la version grecque du décret d'Union des Églises à Santa Maria del Fiore. La version latine fut lue par le cardinal Giuliano Cesarini. La délégation grecque s'embarqua à Venise le 19 octobre 1439. Le métropolite de Moscou, Isidore de Kiev, adhèra à l’union des Églises au nom de l’Église russe. De retour à Moscou en 1441, il échoua à imposer l'Union. Le prince Vassili II (ou Basile II), grand Prince de Moscou, le fit enfermer dans un couvent et libèra l’Église russe de la tutelle des Byzantins. De son côté Bessarion échoua à imposer l'union à Constantinople... La masse du peuple byzantin est contre l’union des Églises et sa proclamation à Constantinople dut être remise jusqu’au 12 décembre 1452, mais ne fut finalement pas adoptée. On connaît la suite : 29 mai 1453 : chute de Constantinople, tueries, viols et sacrilèges. La fin d'un monde.

 

Ami de saint Bernardin de Sienne, Jean de Capistran le défendit, devant la cour de Rome, contre les calomnies que lui attirait son ardeur pour la réforme de son Ordre; il l'aida grandement dans cette entreprise, et il alla lui-même visiter les maisons établies en Orient. 

Nicolas V l'envoya, en qualité de commissaire apostolique, dans la Hongrie, l'Allemagne, la Bohème et la Pologne. Toutes sortes de bénédictions accompagnèrent ses pas. Il ramena au bercail de l'Église un grand nombre de personnes, et convertit une quantité prodigieuse de Juifs et de Musulmans.

 

À cette époque, Mahomet II menaçant l'Occident d'une complète invasion, tenait Belgrade assiégée. Il se promettait d'arborer le croissant dans l'enceinte même de Rome.

Le Pape Calixte III chargea saint Jean de Capistran de prêcher une croisade: à la voix puissante de cet ami de Dieu, une armée de 40,000 hommes se leva; il lui trouva pour chef Huniade, un héros, et il la conduisit à la victoire.

Étant à trois journées de marche des Turcs, tandis qu'il célébrait la Messe en plein air dans les grandes plaines du Danube, les témoins ont rapporté qu'une flèche partie d'en haut vint, pendant le Saint Sacrifice, se placer sur le corporal. Après la Messe, le Saint lut ces mots écrits en lettres d'or sur le bois de la flèche: "Par le secours de Jésus, Jean de Capistran remportera la victoire." Au fort de la mêlée, il tenait en main l'étendard de la Croix et criait: "Victoire, Jésus, victoire!" Belgrade fut sauvée. C'était en l'an 1456... Trois mois après, saint Jean de Capistran, ayant prononcé ces paroles du Nunc dimittis: "C'est maintenant, Seigneur, que Vous laisserez mourir en paix Votre serviteur," expira en disant une dernière fois: "Jésus". Il avait soixante et onze ans.

Sources : 1, 2, 3, 4

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22 octobre 2023 7 22 /10 /octobre /2023 00:00
Saintes Elodie et Nunillon, Martyres († 851)

Martyrologe Romain : À Huesca en Aragon, l’an 851, les saintes Nunilon et Alodie, vierges et martyres. [1]

 

En 851, Abd Al Rahman II, émir de Cordoue obligea tous les enfants issus d'un mariage mixte à embrasser l'Islam. Elodie et sa sœur Nunillon étaient concernées car filles d'une chrétienne et d'un musulman. Elles se réfugièrent chez une de leurs tantes maternelles, à Barbaste.

 

Image illustrative de l'article AlquézarDécouvertes et arrêtées, elles furent enfermées dans des cachots séparés. 

Selon la tradition aragonaise, Alodia et Nunilo étaient originaires du village de Adahuesca (Barbastro), et elles furent emprisonnées au château d'Alquézar. [2]

 

Le juge tenta de les persuader d'apostasier. Elles refusèrent et moururent martyres, décapitées, en 851, dans la région de Huesca, en Espagne, le 22 octobre. [3]

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/03/Monasterio_de_Leyre%2C_retablo_de_las_santas_Nunilo_y_Alodia.JPG/450px-Monasterio_de_Leyre%2C_retablo_de_las_santas_Nunilo_y_Alodia.JPG

 Retable des Saintes Nunilo et Alodia à Yesa (Navarra), XVIIIe siècle, monastère de Leire.

 

Sources : 1; 2; 3

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21 octobre 2023 6 21 /10 /octobre /2023 00:00
Vitrail Sainte Céline ( 1903 ) - église Saint-Mazeran - Broût-Vernet - 03

Vitrail Sainte Céline ( 1903 ) - église Saint-Mazeran - Broût-Vernet - 03

Elle avait épousé, très jeune, Emile, le comte de Laon. Elle lui portait une grande affection et, par son caractère aimable et modeste, ils vécurent dans une grande union de cœur et de foi chrétienne. Ils prirent grand soin de l'éducation de leurs enfants qui devinrent tous trois prêtres. Le dernier nous est le plus connu, Rémi, né sur le tard, dont ils donnèrent le soin aux clercs de l'église Sainte-Marie de Laon. Il devint saint Rémi, l'archevêque de Reims Apôtre des Francs qui baptisa Clovis. (1)

 

D'après le Pseudo-Fortunat, Céline, de noble famille, avait épousé dans sa jeunesse Emilius, comte de Laon. Un ermite, Montanus qui habitait au milieu des bois de La Fère, prédit à Céline, après un triple avertissement reçu en songe, qu'elle enfanterait un garçon d'un rare mérite : Le Seigneur a daigné regarder la terre du haut du ciel, afin que toutes les nations du monde publient les merveilles de sa puissance et que les rois tiennent à honneur de le servir : Céline sera mère d’un fils qu’on nommera Remi ; je l’emploierai pour la délivrance de mon peuple. Et, dix mois plus tard, Remi vint au monde à Laon. (2)

 

Céline mourut très âgée et fut enterrée à Lavergny, près de Laon. Elle est fêtée le 21 octobre. (3)

 

À Laon, après 458, sainte Céline, mère des saints évêques Prince de Soissons et Remi de Reims.

Martyrologe romain (4)

Sources: 1, 2, 3, 4

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19 octobre 2023 4 19 /10 /octobre /2023 00:00
Saint René Goupil, Jean de Brébeuf, Isaac Jogues et saints Martyrs Canadiens, missionaires s.j. († 1642/1649)

Vers le milieu du XVIIe siècle (1642-1649) une vaillante légion de Jésuites travaillait, dans le Canada encore à peu près sauvage, à la conversion de peuplades féroces, parmi lesquelles étaient surtout les Iroquois. Alors s'ouvrit pour les missionnaires ce que l'on a justement appelé « l'ère des martyrs ».

 

La célébration liturgique des saints martyrs canadiens a lieu le 26 septembre au Canada (solennité) et le 19 octobre dans l'Église universelle.

 

Les saints martyrs canadiens : Jean de Brébeuf, Isaac Jogues, Gabriel Lalemant, Charles Garnier, Antoine Daniel, Noël Chabanel, René Goupil, Jean de La Lande, canonisés en 1930, patrons secondaires du Canada depuis 1940, sont devenus des figures nationales proposées en exemples à l'Église Universelle.

 

Saint-Isaac-Jogues.png
Saint Isaac Joguès

Parmi les premières victimes, on compte le Père Isaac Jogues qui aurait pu se soustraire une première fois au martyre en 1642 ; mais il ne voulut pas se séparer de ses chrétiens, prisonniers des Iroquois. Après des supplices aussi inouïs que variés, il fut arraché à la mort et ramené en France. Mais son cœur était resté au Canada. Il y revint en 1646, et y reçut bientôt la palme d'un martyre glorieux. Parmi ses compagnons d'apostolat, les coadjuteurs  René Goupil et Jean de La Lande, tombèrent aussi sous la hache des iroquois, en haine de la religion chrétienne.

 

En 1648, le Père  Antoine Daniel fut percé de flèches, achevé d'un coup de feu, dépouillé de ses habits et jeté dans le brasier de sa chapelle devenue la proie des flammes.

 

Saint-Jean-Brebeuf--Pretre-jesuite.jpg

Quelques mois plus tard, le Père Jean Brébeuf et le Père Gabriel Lalemant subissent à leur tour les plus affreux supplices. On pique d'abord le Père de Brébeuf avec des alènes rougies au feu, on promène sur ses membres des tisons embrasés, on lui enlève la peau de la tête en forme de couronne. Pour l'empêcher d'exhorter ses fidèles, les bourreaux lui coupent les lèvres, la langue et le nez, lui fendent la bouche jusqu'aux oreilles, enfoncent un fer rouge dans sa gorge ; ils coupent des lambeaux de sa chair, les font rôtir et les mangent sous ses yeux. Ils jettent ensuite de l'eau bouillante sur sa tête, enduisent son corps de résine et le font griller lentement ; enfin, un chef iroquois lui arrache le cœur, le dévore et boit le sang du martyr. Le Père Lalemant subit un supplice du même genre pendant seize heures et eut enfin le crâne fracassé à coups de hache.

 

 

Au nombre des autres victimes des Iroquois furent, en 1649, les Pères Charles Garnier et Noël Chabanel, massacrés dans l'héroïque exercice de leur apostolat.

 

Le pape Pie XI (Ambrogio Damiano Ratti, 1922-1939) béatifia ces admirables martyrs, dignes de ceux des premiers siècles, le 21 juin 1925; il les canonisa le 29 juin 1930.

Le pape Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) a déclaré les saints martyrs canadiens, Patrons secondaires du Canada.

 

 

Source

Chanson peu connue écrite par Théodore Botrel à la fin du XIXe siècle et interprété par Fabienne Thibeault, elle raconte l'histoire de saint René Goupil, jésuite, missionnaire et martyr.


PAROLES:
Pour toi, maman, ce petit mot,
Car ton René, ton petiot,
Là-bas, là-bas, missionnaire,
Au fond des bois, si loin qu'il soit,
Pense toujours à toi, Ma bonne mère,

Peut-être m'a-t-on devancé,
Chère maman, pour t'annoncer
A mon sujet, nouvelle amère...
Le saurais-tu?... J'ai peur un brin...
De te causer quelque chagrin,
Ma douce mère!

Nommé pour le pays huron,
Du Père Jogues compagnon,
Nous traversions une rivière...
Les Iroquois nous ont surpris.
Je suis bien loin de mon pays
Et de ma mère!

De Jésus béni soit le nom!...
Aidé de mon saint compagnon,
J'ai pu gravir un dur Calvaire;
Mais je pensais alors à toi,
Je te voyais prier pour moi,
Pieuse mère!

Malgré notre captivité,
Nous prêchons Dieu sans arrêter,
Oh! quel apôtre que ce Père!
Quelques indiens sont convertis,
J'ai baptisé des tout petits:
Quel bonheur! Mère!

Si tu me voyais triomphant,
Lorsque de l'âme d'un enfant
Je fais monter une prière;
Sur les fronts, je trace la croix,
Comme tu me faisais, parfois,
Ma tendre mère!

Celui qui vient finir ce mot,
Ce n'est plus votre petiot,
Votre René missionnaire:
Il s'est envolé vers le ciel,
Jou-ir d' un bonheur éternel,
O sainte mère!

On avait juré qu'il mourrait;
Hier, au bord de la forêt,
Nous étions tous deux en prière;
Soudain parut un forcené,
Sa main frappa votre René...
Courage! O mère!

Vous receverez, rougi de sang,
Le chapelet de votre enfanT:
Baisez cette relique chère:
Vous êtes mère d'un martyr!...
Moi. Jogues, puis le garantir,
Heureuse mère!

 

Dans la video ci-dessus, les scènes sont tirées du film canadien Blake Robe qui s'inspire de la vie de Pierre-Joseph-Marie Chaumonot, un père Jésuite. Mais ce film n'est jamais sortie en France... et il n'a même pas été doublé en français.

Saints Isaac Joguès, Jean de Brébeuf, et Compagnons

Saints Isaac Joguès, Jean de Brébeuf, et Compagnons

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18 octobre 2023 3 18 /10 /octobre /2023 00:00

Patron des médecins, des sculpteurs et des peintres.

Saint Luc l'évangéliste en peintre, Guerchin, 1562

Saint Luc l'évangéliste en peintre, Guerchin, 1562

Saint Luc, né à Antioche. On sait peu de chose de ses premières années ; on ignore si, avant sa conversion, il était païen ou observait la religion juive ; cette dernière opinion est la plus généralement adoptée. (1)

 

L'historien des débuts de la vie de l'Église

 

Doué d'un caractère ferme et d'une belle intelligence, il fut très habile médecin (Col 4,14), et ne dédaignait pas, dans ses loisirs, de cultiver l'art de la peinture, pour lequel il avait un goût prononcé.

Il possédait une culture grecque vaste et une connaissance approfondie de la tradition et des observances juives, comme les observances alimentaires (Ac 10), le culte juif synagogal du sabbat à Antioche de Pisidie, composé de la lecture de la Loi et des Prophètes, et d'une parole d’exhortation qui est un commentaire homilétique de l'Écriture (Ac 13, 14-15).

Dans son Évangile, il exposa avec soin tout ce que Jésus a fait et enseigné, en scribe de la miséricorde du Christ, et, dans les Actes des Apôtres, il se fit l'historien des débuts de la vie de l'Église jusqu'au premier séjour de saint Paul à Rome. (Martyrologe romain)

On n'a pas connaissance dans l'Antiquité d'un païen aussi fin connaisseur du judaïsme et de la Septante. Une hypothèse récente établit que Luc viendrait de la mouvance des Craignant-Dieu, c'est-à-dire des païens attirés par le judaïsme et vivant dans son orbite. (2)

La tradition chrétienne le considère comme l'auteur de l'Évangile qui porte son nom ainsi que des Actes des Apôtres. (3)

Pentecôte

Luc serait sûrement arrivé à l'une des premières charges de la cité, quand il renonça à son brillant avenir pour aller voir, en Judée, ce Jésus qui venait d'inaugurer sa vie publique, et dont le nom, la doctrine, les miracles, faisaient grand bruit dans tous les pays voisins. Il le vit, crut en sa mission divine, et prenant pour lui la parole du Maître : Que celui qui veut être mon disciple quitte tout et me suive, il suivit dès lors le Sauveur pas à pas dans ses courses apostoliques ; il fut témoin de sa Passion, de sa Résurrection, de son Ascension, reçut le Saint-Esprit au Cénacle, le jour de la Pentecôte - ou envoi de l'Esprit-Saint sur les Apôtres que Luc affiche comme l'évènement fondateur de la Chrétienté - (Ac 1,13-14), et partit pour évangéliser Antioche, sa patrie.

Plein d'enthousiasme pour le génie de saint Paul, Luc le prit pour son maître et se joignit à lui pour l'aider dans ses travaux ; il lui fut si fidèle, qu'il l'accompagna dans tous ses voyages et supporta patiemment avec lui fatigues, souffrances et persécutions. 

Après la mort du grand apôtre, Luc continua son apostolat en Italie, dans les Gaules, la Dalmatie, la Macédoine. Il rédige en Grèce, sous l'inspiration de l'Esprit-Saint, ses deux ouvrages, l'Évangile qui porte son nom et les Actes des Apôtres.

Son Évangile est surtout précieux par ses récits assez détaillés des mystères de l'Incarnation et de la Nativité du Sauveur, de l'Annonciation et de la Visitation. Les Actes des Apôtres servirent à faire disparaître beaucoup de mensonges qu'on répandait sur le christianisme naissant, et à confirmer les fidèles dans la foi.

"L'Évangile selon Luc + les Actes des Apôtres sont situés de manière habituelle dans les années 80, mais ils pourraient bien être aussi des années 60. L'Évangile selon Marc est situé autour des années 60 après l'avoir été autour des années 70, mais il pourrait bien être des années 50. L'Évangile selon Jean est situé autour des années 90, mais à cause de son caractère mystique et de certaines caractéristiques relevant de la topographie et de la chronologie il pourrait bien être des années 60." (4)

Les Actes des Apôtres sont la suite de l'Évangile selon Luc. D'un point de vue historien, ils ont été considérés comme rapportant des récits sur l'histoire des origines du christianisme. Leur premier objectif pourrait avoir été de montrer aux disciples de Jésus que le message de Pierre et de Paul est tout aussi légitime que celui de Jacques le Juste si ce n'est plus et de présenter les apôtres Pierre et Paul comme les continuateurs principaux de l'oeuvre de leur maître, le Messie Jésus. (5)

Cette oeuvre (Évangile selon Luc + Actes des Apôtres) attribuée à Luc, [...] présente l'activité religieuse du mouvement des disciples de Jésus à ses débuts." (6)

Pour les exégètes, l'auteur "lucanien" expose comment Dieu se détourne d'Israël qui refuse le Messie pour adopter l'universalité du monde gréco-romain, tout en situant l'Église dans l'exacte continuité d'Israël, dans une volonté de tenir ensemble les Judéens qui accueillent Jésus-Messie et les Gréco-Romains "craignant Dieu". (7)

Simon Claude Mimouni avance l'hypothèse que les élites judéennes disparues de certaines régions de la Diaspora romaine de langue grecque entre 70 et 135, voire après, consécutivement à la destruction du Temple de Jérusalem, "n'ont pas tout simplement adhéré au mouvement chrétien, [...] et n'existant plus désormais que comme chrétiennes. [...] Auquel cas, les Actes des Apôtres, quelques décennies plus tard auraient joué leur rôle auprès des Judéens de la Diaspora romaine." (8)

Les autorités chrétiennes de la seconde moitié du IIe siècle (150-200) ont intégré l'Évangile selon Luc au corpus des Évangiles, en constituant ainsi le "premier canon dont le document de Muratori pourrait en être le témoin principal.(9)

Saint-Luc-Evangeliste.jpg
Saint Luc, Évangéliste

Qui n'a entendu parler des Vierges peintes par saint Luc ?

Un tableau de la Vierge Marie fut retrouvé à Jérusalem quelques années après sa mort : on considère que saint Luc en est l'auteur. (10)

D'après une tradition, il aurait obtenu de Marie la grâce de faire son portrait [Selon la tradition, la représentation de "Notre-Dame du Perpétuel Secours" est tiré de ce premier dessin] ; le travail terminé, la Sainte Vierge l'aurait béni en disant : "Ma grâce sera toujours avec cette image."

Les Madones de saint Luc sont vénérées en plusieurs lieux. 

C'est lui qui nous a parlé avec tant de délicatesse de la Mère de Dieu, la toute pure et toujours Vierge Marie dont il nous dit: "Elle méditait toutes ces choses en son cœur", ce qui veut dire qu'avec amour Marie relisait dans sa mémoire les faits et gestes du Seigneur, pour en approfondir toute la signification, comme saint Luc l'a fait en écoutant saint Paul et en nous transmettant cet évangile de la bonté de notre Père du ciel.(11)

Luc répandit son sang pour la foi, à l'âge de 84 ans, soit dans le Péloponnèse, soit en Bithynie.

 

Saint Luc, fêté le 18 octobre, dans Christine Barrely, Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011. (12)

Saint Luc, fêté le 18 octobre, dans Christine Barrely, Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011. (12)

Les peintres et les médecins le regardent comme leur patron.

En France, l'Académie de Saint-Luc préfigurait avant la Révolution l'Académie des Beaux-Arts.

Saint Luc est représenté accompagné ou symbolisé par un taureau. (13)

Saint Luc, Évangéliste, Patron des médecins (Ier s.)

"Je m’engage à suivre Luc, Saint Patron des soignants, en montrant par mon attention aux autres que le seul souhait du Sauveur est de nous guérir de notre mal intérieur par Sa Miséricorde pour pouvoir ainsi accéder au Royaume de l’amour éternel qui nous unit au Seigneur !" (Mgr JM LE GALL Twitter)(14)

Saint Luc peignant la Madone, Andrea Delitio, 1477

Saint Luc peignant la Madone, Andrea Delitio, 1477

Sources : (1) l'Évangile au quotidien ; (2) Daniel Marguerat, Le Judaïsme synagogal dans les Actes des Apôtres, dans Les Judaïsmes dans tous leurs états, aux Ier – IIIe siècles (Les Judéens des Synagogues, les chrétiens et les rabbins), Actes du Colloque de Lausanne, 12 – 14 décembre 2012, publiés sous la direction de Claire Clivaz, Simon Claude Mimouni et Bernard Pouderon, Brepols 2015 , p. 182-184 ; (3) Wikipedia ; (4) Simon Claude Mimouni, Le Judaïsme ancien et les origines du christianisme, Bayard, Italie 2018, p. 21 ; (5) Simon Claude Mimouni, Le Judaïsme ancien et les origines du christianisme, ibid.,, p. 88-90 ; (6) Simon Claude Mimouni, Le Judaïsme ancien et les origines du christianisme, ibid., p.  117 ; (7) Simon Claude Mimouni, Le Judaïsme ancien et les origines du christianisme, ibid., p. 103 ; (8) Simon Claude Mimouni, Le Judaïsme ancien et les origines du christianisme, ibid., p. 108 ; (9) Simon Claude Mimouni, Le Judaïsme ancien et les origines du christianisme, ibid., p. 99 ; (10) Priya Hemenway, Saints, Evergreen, Taschen 2007 p. 57 ; (11) Nominis ; (12) Christine Barrely, Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 115 ; (13) Marguerite-Marie Thiollier, Dictionnaire des religions, Collection Marabout Université, Saint-Amand 1982, p. 222-223 ; (14) https://twitter.com/mgrjmlegall/status/1582236232255696896?s=20&t=6ZoGcFKqBt-pkUx0w-XwLw

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17 octobre 2023 2 17 /10 /octobre /2023 00:00
Saint Ignace d'Antioche : "Vos dieux sont des démons !" († Vers 116)

Saint Ignace, troisième évêque d’Antioche, fut condamné à être dévoré par les fauves lors d'une persécution sous Trajan, dont on situe mal la date exacte [...], indique Daniel-Rops en 1965, peut-être dans le Colisée, alors en voie d'achèvement, lors des spectacles géants donnés par Trajan pour son triomphe sur les Daces, et où furent mis à mort dix mille gladiateurs et onze mille fauves. On connaît mal les conditions de son procès, dont on ne sait pas si l'initiative vint de la foule ou de quelque magistrat local. (DANIEL-ROPS, Histoire de l'Église du Christ, tome II Les Apôtres et les Martyrs, Librairie Arthème Fayard, Paris 1965, p. 157.)

 

Enchaîné et mené au supplice, il fut conduit d'Antioche à Rome par Smyrne, Troade, Ostie. Il écrivit, pendant son long parcours, sept lettres, soit six à des Églises locales et une à l’évêque de l’une d’elles qui l’avait accueilli : Polycarpe de Smyrne. (1) (2)

Itinéraire d'Ignace d'Antioche. Source: https://www.persee.fr/renderIllustration/topoi_1764-0733_2004_act_5_1_T1_0425_0000_1.png

Itinéraire d'Ignace d'Antioche. Source: https://www.persee.fr/renderIllustration/topoi_1764-0733_2004_act_5_1_T1_0425_0000_1.png

Saint Ignace d'Antioche : "Vos dieux sont des démons !" († Vers 116)

"Les recherches actuelles montrent qu'Ignace a été victime d'une persécution qui a touché la communauté chrétienne d'Antioche en juillet 116, à la veille de la prise de Ctésiphon par les légions romaines de Trajan : [...] les Actes de Drosis, de la seconde moitié du IVe siècle, [...] donnent en dépit de leur caractère hagiographique [...] de précieuses informations historiques pour dénouer ce que l'on appelle le 'puzzle ignacien'", écrit Simon Claude MIMOUNI dans "Le Judaïsme ancien et les origines du christianisme." (Bayard, Italie 2018, p. 202-203). 

 

Le livre XI de la Chronique de Malalas et les Actes de Drosis attestent qu’à la suite du séisme d’Antioche, le 13 décembre 115 ap. J.-C., une persécution brève et violente, dont Ignace et Drosis furent victimes, s’abattit sur l’Église locale dans les derniers jours de juillet 116, à l’occasion des fêtes d’Apollon. (Étienne DECREPT, La persécution oubliée des chrétiens d’Antioche sous Trajan et le martyre d’Ignace d’Antioche, Revue d'Etudes Augustiniennes et Patristiques, volume 52, 2006, pp. 1-29.)

 

"Pour Antioche, un lien n'est pas à exclure entre le séisme de décembre 115 et la persécution de 116 : la communauté judéenne, chrétienne ou non, servant souvent de bouc émissaire lors des grandes catastrophes naturelles - sous les règnes de Néron et de Vespasien, par exemple, les Judéens de la ville, [...] ont été accusés, par deux fois, d'être les instigateurs des violents incendies qui l'ont ravagée." (Simon Claude MIMOUNI, Le Judaïsme ancien et les origines du christianisme, ibid., p. 203.)

 

"On perd ensuite l'évêque d'Antioche sur le chemin de Rome. Tout cela qui court sur quelques mois, se passe à la fin du règne de Trajan. (+117)" (Écrits des Pères apostoliques, Texte intégral, Sagesses chrétiennes, Les Éditions du Cerf, Paris 2012, p. 152.)

 

"C'est au cours du long transport vers Rome qu'il écrivit sept lettres aux chrétiens des communautés qu'il rencontrait, les exhortant et les encourageant à poursuivre. On le représente en chasuble d'évêque." 

 

 

"Saint Ignace est le deuxième successeur de Pierre (l’Apôtre de Jésus-Christ) comme évêque d’Antioche (Turquie actuelle, proche de la frontière syrienne) selon une liste communiquée par Eusèbe de Césarée, Ignace ne nous est guère connu que par ses Lettres qui ont été conservées et dont l'authenticité est indiscutable." (Régine PERNOUD, Les saints au Moyen Age, la sainteté d'hier est-elle pour aujourd'hui ?, Plon, Mesnil-sur-l'Estrée 1984, p. 40).


Certains auteurs assurent qu'Ignace fut ce petit enfant que Notre-Seigneur plaça au milieu des Apôtres lorsque, pour leur donner une leçon d'humilité, Il leur dit: Si vous ne devenez semblables à de petits enfants, vous n'entrerez jamais dans le royaume des Cieux. Ce qui est certain, c'est qu'il était un familier des premiers disciples du Sauveur, disciple lui-même de saint Jean, l'Apôtre bien-aimé. (Voir un peu plus bas, le tableau "Ignace d'Antioche : Les emprunts johanniques".)

 

Le premier credo

 

Dans son Épître aux Éphésiens (7,2) Ignace définit un credo ancien présentant les deux natures du Christ, à la fois homme et Dieu, né de Marie et né de Dieu en ces termes : "Il n'y a qu'un seul médecin, charnel et spirituel, engendré et inengendré, venu en chair, Dieu, en la mort vie véritable (né) de marie et (né) de Dieu, d'abord passible et maintenant impassible, Jésus-Christ notre Seigneur." Le texte est rythmé. Il n'est pas impossible qu'il soit emprunté à une hymne chrétienne de ce temps (analogue par exemple au Gloria in excelsis ou au Te Deum. (Les Écrits des Pères apostoliques, Texte intégral, Sagesses chrétiennes, Les Éditions du Cerf, Paris 2012, p. 160.)

 

Ignace semble bien être Syrien d’origine

 

Il n’est pas citoyen romain, car jamais un citoyen romain ne fut condamné aux bêtes. Rien n’indique qu’il soit Juif : il s’oppose avec fermeté aux coutumes juives et aux judaïsants (Lettre aux Magnésiens, 8 et 9) (1) :

 

VIII, 1. Ne vous laissez pas séduire par les doctrines étrangères ni par ces vieilles fables qui sont sans utilité. Car si maintenant encore nous vivons selon la foi, nous avouons que nous n'avons pas reçu la grâce. 2. Car les très divins prophètes ont vécu selon Jésus-Christ ; c'est pourquoi ils ont été persécutés. Ils étaient inspirés par sa grâce, pour que les incrédules fussent pleinement convaincus qu'il n'y a qu'un seul Dieu, manifesté par Jésus-Christ son Fils qui est son Verbe sorti du silence, qui en toutes choses s'est rendu agréable à celui qui l'avait envoyé.

 

IX, 1. Si donc ceux qui vivaient dans l'ancien ordre de choses sont venus à la nouvelle espérance, n'observant plus le sabbat, mais le jour du Seigneur, jour où notre vie s'est levée par lui et par sa mort, --quelques-uns le nient; mais c'est par ce mystère que nous avons reçu la foi, et c'est pour cela que nous tenons ferme, afin d'être trouvés de véritables disciples de Jésus-Christ, notre seul maître -- 2. comment pourrions-nous vivre sans lui, puisque les prophètes aussi, étant ses disciples par l'esprit, l'attendaient comme leur maître ? et c'est pourquoi celui qu'ils attendaient justement les a, par sa présence, ressuscités des morts. (Lettre aux Magnésiens, 8 et 9)

 

Il se fait témoin de la tradition essentielle de la foi chrétienne, en parlant des hérétiques docètes

 

Ils s'abstiennent de l'Eucharistie et de la prière, parce qu'ils ne confessent pas que l'Eucharistie est la chair de notre Sauveur Jésus-Christ, la chair qui a souffert pour nos péchés, la chair que le Père a ressuscitée. (Ad Smyrn. 7, 1.)

 

Il met en garde les vrais fidèles contre les zélateurs des observances juives :

 

Apprenons à vivre selon le christianisme. Car celui qui s'appelle d'un autre nom en dehors de celui-ci, n'est pas à Dieu ! Rejetez donc le mauvais levain, vieilli et aigri ! (Cf. 1Co, 5: 6,7)" (Lettre aux Magnésiens 10:1,2)

 

Ignace fut un grand évêque, un homme d'une rare sainteté; mais sa gloire est surtout son martyre. Conduit devant l'empereur Trajan, il subit un long interrogatoire:

 

Ignace_d%5C%27Antioche%2C_martyr.jpg
SAINT IGNACE
Patriarche d'Antioche, Martyr
Docteur de l'Eglise
(+ 116)


 

Image illustrative de l'article Trajan
Empereur Trajan (98-117)

«  C'est donc toi, vilain démon, qui insultes nos dieux?
-- Nul autre que vous n'a jamais appelé Théophore un mauvais démon.
-- Qu'entends-tu par ce mot Théophore?
-- Celui qui porte Jésus-Christ dans son coeur.
-- Crois-tu donc que nous ne portons pas nos dieux dans notre coeur?
-- Vos dieux! Ce ne sont que des démons; il n'y a qu'un Dieu Créateur, un Jésus-Christ, Fils de Dieu, dont le règne est éternel.
-- Sacrifie aux dieux, je te ferai pontife de Jupiter et père du Sénat.
-- Tes honneurs ne sont rien pour un prêtre du Christ.»

 

Trajan, irrité, le fait conduire en prison. «Quel honneur pour moi, Seigneur, s'écrie le martyr, d'être mis dans les fers pour l'amour de Vous!» et il présente ses mains aux chaînes en les baisant à genoux.

L'interrogatoire du lendemain se termina par ces belles paroles d'Ignace: «Je ne sacrifierai point; je ne crains ni les tourments, ni la mort, parce que j'ai hâte d'aller à Dieu.»

 
Condamné aux bêtes, il fut conduit d'Antioche à Rome par Smyrne, Troade, Ostie. Son passage fut partout un triomphe.

 

Pendant ce douloureux voyage, le saint évêque, exultant de joie, écrivit aux Églises sept lettres qui nous dévoilent son âme ardente et nous révèlent aussi ses préoccupations - assurer l’union des Églises à leurs évêques, leur union entre elles et la fuite de l’hérésie.
Il est aisé de retracer, d’après les détails donnés, l’itinéraire parcouru par le condamné (voir carte ci-dessous).
Il y eut trois escales plus importantes : Philadelphie, Smyrne et Troas.
A Smyrne, Ignace fut accueilli par l’évêque Polycarpe. Des délégations importantes d’autres Églises d’Asie s’empressèrent de venir le saluer. 

 Ignace fit couler partout des larmes de douleur et d'admiration:


«Je vais à la mort avec joie, pouvait-il dire. Laissez-moi servir de pâture aux lions et aux ours. Je suis le froment de Dieu; il faut que je sois moulu sous leurs dents pour devenir un pain digne de Jésus-Christ. Rien ne me touche, tout m'est indifférent, hors l'espérance de posséder mon Dieu. Que le feu me réduise en cendres, que j'expire sur le gibet d'une mort infâme; que sous la dent des tigres furieux et des lions affamés tout mon corps soit broyé; que les démons se réunissent pour épuiser sur moi leur rage: je souffrirai tout avec joie, pourvu que je jouisse de Jésus-Christ.»

 

Image illustrative de l'article Ignace d'AntiocheSaint Ignace, dévoré par un lion, répéta le nom de Jésus jusqu'au dernier soupir. Il ne resta de son corps que quelques os qui furent transportés à Antioche.(Source : Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.) (2)
 

Origène (185-253)

Les démons aiment se faire passer pour les faux dieux du paganisme. [Origène, In Exod., homil. VI, n°5, (Patrologie Grecque de l'abbé Jacques-Paul Migne 12, 335).]

L'identification des démons avec les dieux païens est soutenue par Ps 96 [95]: 5 : "Tous les dieux des païens sont des démons." La Bible de Jérusalem traduit "néant, tous les dieux des nations"; la Vulgate utilisée par saint Thomas portait : "Omnes dii gentium daemonia."

(Source: Jean-Baptiste GOLFIER, Tactiques du diable et délivrances, Artège-Lethielleux, 2018, p. 93 et note 21, p. 130.)

 

«Comme saint Ignace a été disciple de saint Jean l'Évangéliste, et a souffert peu de temps après la mort de cet apôtre, ses écrits sont des monuments précieux de la doctrine et de la discipline de l'Église primitive; ils sont rassemblés dans le second tome des Pères apostoliques, de l'édition de Coletier. ...  [L]es Protestants, ils y ont trouvé la condamnation claire de plusieurs de leurs erreurs. » 

Source: Encyclopédie théologique, Nicolas Bergier (1718-1790), publ. par M. l'abbé Migne, Ateliers catholiques au Petit-Montrouge, tome II, Paris 1850-1851, p. 1292).

 

Alors qu'au milieu du Ier siècle, les disciples de Paul et de Jacques sont encore désignés comme "nazoréens" en Palestine, le terme de "chrétien" (1 P 4,16) est déjà utilisé à Antioche et à Rome. (Marie-Françoise BASLEZ, Bible et Histoire, Judaïsme, hellénisme, chritianisme, Folio Histoire, Saint-Amand 2003, p. 159 et 359.)

 

Le terme de "christianisme" "a toujours été, dès la première attestation du terme (dans les lettres d'Ignace d'Antioche aux chrétiens de Magnésie, Rome et Philadelphie, vers 115-120), une construction conceptuelle, servant notamment à tracer des frontières entre pratiques et croyances différentes." (Enrico NORELLI, La Naissance du Christianisme, Comment tout a commencé, traduit de l'italien par Vivian Dutaut, édition Gallimard, Folio Histoire, 2019, p. 12.)

 

L'auteur des Actes des Apôtres relève le terme : "c'est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de 'chrétiens' (Ac 11,26). Le texte ne dit pas si ce sont les disciples qui s'attribuèrent eux-mêmes ce nom ou si ce sont d'autres qui le firent. La seconde option est la plus probable : l'historien romain Tacite affirme explicitement qu'ils étaient appelés ainsi par le peuple (Annales 15,44); et lorsque le mot chrétien revient dans les Actes, il est employé par un non-chrétien, Hérode Agrippa; dans la première lettre de Pierre (4,16), on parle de l'éventualité que quelqu'un doive souffrir "comme chrétien", ce qui renvoie à une accusation avancée par des non-chrétiens.

 

Ignace oppose le terme Khristianismos à ioudaïsmos déja existant utilisé par les Juifs pour désigner une attitude de forte adhésion identitaire à la Loi. On trouve cinq occurrences du terme dans les écris d'Ignace (quatre occurrence comme substantif, Khristianismos, une comme adjectif, Khristianos, qui avait déjà été assumé depuis longtemps à Antioche). Ignace emploie ce terme en opposition à l'identité qui se fonde sur l'observance judaïque (Lettre à l'Église de Magnésie 10, 1-3 ; aux Romains 3,3 ; à l'Église de Philadelphie 6,1). 

 

La présence de non-Juifs qui, lors de la célébration du culte, mangeaient à la même table que les Juifs rendait ces derniers impurs aux termes de la loi : ceci finit par entraîner les disciples de Jésus à Antioche, à faire prévaloir leur appartenance à Jésus sur leur appartenance au judaïsme. (Enrico NORELLI, La Naissance du Christianisme, Comment tout a commencé, traduit de l'italien par Vivian Dutaut, édition Gallimard, Folio Histoire, 2019, p. 22; 94-95)

 

Les Actes au chapitre 10 rapportent le récit de la conversation du centurion romain Corneille par Pierre, suivant la double révélation parallèle à Pierre et à Corneille, et qui révèle à Pierre qu'il ne faut pas considérer impur aucun être humain (Ac 10,28), ni déclarer impurs les aliments que Dieu a déclaré purs (Ac 11,9). 

 

Ignace polémique durement contre les groupes chrétiens présents à Antioche et en Asie, qui ne reconnaissent pas la réalité humaine de Jésus (c'est le cas des docètes, de docétisme, du grec dokeô, apparaitre, sembler, qui interprètent littéralement le verset de l’évangile selon Jean "Et la Parole se fit chair" Jn 1,14). Ignace les accuse de "judaïser" car ils célèbrent le samedi (sabbat) (Magn. 9,1) et non le jour de la Résurrection du Seigneur. Ces groupes ne reconnaissent pas l'autorité de l'évêque et mènent des activités ecclésiales en dehors de la présidence épiscopale. (Enrico NORELLI, La Naissance du Christianisme, Comment tout a commencé, traduit de l'italien par Vivian Dutaut, édition Gallimard, Folio Histoire, 2019, p. 212-213.)

 

"L'hébraïsme du temps présent, [...] devenait désormais l'héritier de l'opposition à Dieu toujours active en Israël, et donc une branche morte, abandonnée de Dieu et de sa bienveillance ou, plutôt, s'étant elle-même obstinément, coupablement, détachée de Lui." (Enrico NORELLI, La Naissance du Christianisme, Comment tout a commencé, ibid., p. 22.)

 

Jésus lui-même relativisa les sacrifices (Mt 9,13 Je veux la miséricorde, non le sacrifice ; et 12,7) mais aussi la Loi en opposant sa parole ("Je vous dis") à la tradition (Mt 16,11 Méfiez-vous donc du levain des pharisiens et des sadducéens ; et 19,9 C’est en raison de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de renvoyer vos femmes. Mais au commencement, il n’en était pas ainsi). Sur des points de droit et d'usages, il fut amené à discuter des règles de séparation et de pureté rituelle (Mt 9,11 les pharisiens disaient à ses disciples : "Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ?" ; et Mc 7,2-5 Alors les pharisiens et les scribes demandèrent à Jésus : "Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? Ils prennent leurs repas avec des mains impures"), de la répudiation (Mt 19,8) et surtout du sabbat (Mc 2,24 Les pharisiens lui disaient : "Regarde ce qu’ils font le jour du sabbat ! Cela n’est pas permis" ; Mt 12,2 Voyant cela, les pharisiens lui dirent : "Voilà que tes disciples font ce qu’il n’est pas permis de faire le jour du sabbat !"Lc 6,1 Un jour de sabbat, Jésus traversait des champs ; ses disciples arrachaient des épis et les mangeaient, après les avoir froissés dans leurs mains6-11 Quant à eux, ils furent remplis de fureur et ils discutaient entre eux sur ce qu’ils feraient à Jésus.) (Marie-Françoise BASLEZ, Bible et Histoire, Judaïsme, hellénisme, christianisme, Folio Histoire, Saint-Amand 2003, p. 173.)

 

"L'idée s'affirme progressivement que l'Église universelle ne signifie pas seulement une communion dans la foi et dans l'amour, mais aussi une interdépendance sur le plan de la gestion des pouvoirs et une homogénéisation des doctrines." (Enrico NORELLI, La Naissance du Christianisme, Comment tout a commencé, ibid., p. 215.)

 

Dans Contre les hérésies (livre IV, I, 6) publié un peu plus tard vers 180 ap. J.-C., saint Irénée de Lyon expliquera ce processus : les prophètes de l'Ancien Testament avaient averti Jérusalem de l'inutilité des sacrifices si son coeur était loin de Dieu (Israël en tant que fidèle à Dieu) : « Isaïe, dit [...] : 'Que m'importe la multitude de vos sacrifices ? dit le Seigneur. Je suis rassasié.' Puis, après avoir repoussé les holocaustes, sacrifices et oblations, ainsi que les néoménies, les sabbats, les fêtes et toute la suite des autres observances, il ajoute, en leur conseillant ce qui procure le salut : 'Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez la malice de vos cœurs de devant mes yeux ; cessez vos méchancetés, apprenez à bien faire ; recherchez la justice, sauvez celui qui souffre l'injustice, faites droit à l'orphelin et défendez la veuve : venez alors et disputons ensemble, dit le Seigneur.[Isaïe 1, 11-17] [...] Si c'était par colère qu'il (Dieu) repoussât leurs sacrifices, comme de gens indignes d'obtenir sa miséricorde, il ne leur conseillerait pas ce par quoi ils pourraient être sauvés ; mais, parce que Dieu est miséricordieux, il ne les prive pas du bon conseil. C'est ainsi qu'après leur avoir dit par la bouche de Jérémie : 'Pourquoi m'apportez-vous l'encens de Saba et le cinnamome d'une terre lointaine ? Vos holocaustes et vos sacrifices ne m'ont pas été agréables' [Jérémie 6,20 et Isaïe, 1, 11], il ajoute : 'Ecoutez la parole du Seigneur, vous tous, Juda. Voici ce que dit le Seigneur Dieu d'Israël : Redressez vos voies et vos habitudes de vie, et je vous ferai habiter en ce lieu. Ne vous fiez pas à des paroles mensongères qui ne vous seront d'aucun profit, en disant : C'est le temple du Seigneur, c'est le temple du Seigneur...' [Jr 7,4] 'Mais voici le commandement que je leur ai donné : Écoutez ma voix, et je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple ; marchez dans toutes mes voies que je vous prescrirai, pour que vous vous en trouviez bien. Mais ils n'ont pas écouté ni prêté attention; ils ont marché selon les pensées de leur cœur pervers, ils ont rétrogradé au lieu d'avancer.' [Jr 7,23-24] [...] Ainsi encore, chez le prophète Osée [6, 6], pour leur enseigner sa volonté, Dieu leur disait : 'Je veux la miséricorde plus que le sacrifice, et la connaissance de Dieu plus que les holocaustes.' [...] Malachie a parlé d'avance en ces termes : 'Je ne prends pas plaisir en vous, dit le Seigneur tout-puissant, et je n'agréerai pas de sacrifice de vos mains ; car du levant au couchant, mon nom est glorifié parmi les nations, et en tout lieu de l'encens est offert à mon nom, ainsi qu'un sacrifice pur : car mon nom est grand parmi les nations, dit le Seigneur tout-puissant.' Il signifiait très clairement par là que le premier peuple cesserait d'offrir à Dieu, tandis qu'en tout lieu un sacrifice lui serait offert, pur celui-ci, et que son nom serait glorifié parmi les nations. Or, quel est le nom qui est glorifié parmi les nations, sinon celui de notre Seigneur, par l'entremise de qui est glorifié le Père et est glorifié l'homme? […] Ainsi donc, l'oblation de l'Église, que le Seigneur a enseigné à offrir dans le monde entier, est réputée sacrifice pur auprès de Dieu et lui est agréable. » (Irénée de LyonContre les hérésies, livre IV, I, 6.)

Il n'y a pas d'Eglise sans évêques et sans sacerdoce

De même, que tous révèrent les diacres comme une nomination de Jésus-Christ, comme aussi l'évêque qui est l'image du Père, et les prêtres comme le Sénat de Dieu et l'assemblée des Apôtres : sans eux, il n'y a pas d'Église.

Saint Ignace d'Antioche, "Lettre aux Tralliens" (§3) (vers 107 ap. J.-C.)

Saint Ignace d'Antioche : "Vos dieux sont des démons !" († Vers 116)

L'inventeur du mot "catholique" pour définir l'Église de Jésus-Christ

 

 

"De même, que tous révèrent les diacres comme une nomination de Jésus-Christ, et l'évêque comme Jésus-Christ, qui est le Fils du Père, et les prêtres comme le Sanhédrin de Dieu, et l'assemblée des apôtres. En dehors de cela, il n'y a pas d'Église".

 

Saint Ignace d'Antioche, "Lettre aux Tralliens" (§3) (vers 107 ap. J.-C.)

 

C'est à Ignace que l'on doit le mot grec «kajolik´ov», «catholicos» pour définir l'Eglise de Jésus-Christ (Encyclopédie Universalis). «Là où paraît l'évêque, que là soit la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l’Église catholique», écrit Ignace d’Antioche qui le premier veut expliquer par ce mot l’universalité du salut.

Le terme grec, kajolik´ov, catholicos qui avait déjà chez les auteurs grecs (Aristote, Zénon, Polybe) le sens d’universel, de total, de général, est employé, depuis le début du IIe siècle, presque exclusivement par les auteurs chrétiens, et pour la première fois par Ignace d’Antioche en 112 ap. J.-C., dans sa Lettre aux chrétiens de Smyrne (VIII,2), pour désigner l’Église de Jésus-Christ.

 

Dès ce moment, le mot a un double sens: il désigne la foi catholique commune à toute l'Église déjà répandue dans de nombreux pays, par opposition aux communautés ayant assez tôt dévié de la foi apostolique (nicolaïtes, gnostiques de toutes obédiences, aujourd'hui protestants, francs-maçons etc....)

 

"À la suite d'Ignace d'Antioche, Clément d'Alexandrie, Tertullien ou d'autres auteurs chrétiens des premiers siècles emploient le mot 'catholique' pour qualifier une communauté locale en communion avec l'Église universelle, par opposition aux sectes ou aux hérésies. [...] Par exemple, saint Augustin écrit en tête d'une lettre à un hérétique : 'Honorato, episcopo partis Donati, Augustinus, episcopus Ecclesiae catholicae (à Honorat, évêque du parti de Donat, Augustin, évêque de l'Église catholique')." (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je ?, 4e édition, Paris 2018, p. 4.)



Ignace salue l'Église catholique romaine plus particulièrement :

«Elle est aimée et illuminée par la volonté de Celui qui a voulu tous ceux qui existent selon la foi et l'amour de Jésus-Christ Notre Dieu… Sa charité la met au premier rang, c'est elle qui porte la loi du Christ et le nom du Père» (France QUÉRÉ, Les Pères apostoliques. Écrits de la primitive Église, cité in Régine Pernoud, Les saints au Moyen Age, la sainteté d'hier est-elle pour aujourd'hui ? , Plon, Mesnil-sur-l'Estrée 1984, p. 40).

 

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Eglise catholique Saint Ignace, Shanghai (Chine)

 

 


L’Église romaine, «présidente de l’alliance divine» chez Saint Ignace d'Antioche

 

Selon Ignace, Une vénération spéciale entoure déjà l'église de Rome dès la fin du Ier siècle.


Saint Irénée de Lyon, un autre auteur contre les hérétiques écrit lui aussi : «L’ensemble des croyants de tous les pays, doit demeurer en accord avec l’Église de Rome». Au plan de la discipline et surtout de la foi, l’Église de Rome est un modèle pour les autres Églises ; on y vient de partout » (Saint Irénée de Lyon, Adversus haereses, III, 2.)

Dans sa Lettre aux Romains, Ignace explique que : « cette église préside dans la région de Rome». L'hérésie protestante est clairement condamnée dès la fin du Ier siècle... L'Église primitive était catholique et non protestante. Ceci est toujours bon à rappeler aux progressistes et autres marchands de sable expliquant qu'il faut revenir aux sources et aux premiers temps de l'Église !...

 

Ses lettres apostoliques développant une première théologie eucharistique le font ranger parmi les Pères apostoliques, première génération de Pères de l'Église. (4)

 

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Eglise catholique Saint Ignace, Shanghai (Chine), Autel de la Vierge

 

Les Lettres d'Ignace d'Antioche

 

Les lettres d’Ignace « ont une importance incalculable pour l’histoire du dogme » (J. Quasten, Initiation aux Pères de l’Église, Paris 1955, 1, p.76.).

« Comme à ses grands docteurs, l’Église lui doit certains traits qui resteront acquis pour toujours : pour la doctrine de l’Incarnation et de la Rédemption, de l’Église ou de l’Eucharistie, Ignace a apporté à la construction du dogme catholique des pierres solides et bien appareillées qui resteront à la base de l’édifice. » (Th. Camelot, Ignace d’Antioche, Paris 1958, SC N° 10, p. 58.)

 

Elles soulignent les thèmes suivants :

 

. Unité de Dieu : Magn. 8, 2 - Il n’y a qu’un Dieu qui s’est manifesté par Jésus-Christ, son Fils qui est son Verbe sorti du silence ; Magn. 13, 1 - Ayez soin de vous tenir dans la foi et la charité avec le Fils, le Père et l’Esprit; Magn. 13, 2 - Soyez soumis à l’évêque… comme les apôtres le furent au Christ, au Père et à l’Esprit.

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. Trinité : Éph. 9, 1 - Vous êtes les pierres du temple du Père, destinées à l’édifice que construit Dieu le Père, élevées jusqu’au faîte par la machine de Jésus-Christ qui est sa croix, avec le Saint-Esprit pour câble),

 

. Divinité de Jésus : Éph. 1, 1 Après vous être retrempés dans le sang de Dieu…; Éph. 7, 2 Il n’y a qu’un seul médecin, à la fois chair et esprit, engendré et non engendré, Dieu fait chair, vraie vie au sein de la mort, né de Marie et de Dieu, d’abord passible et maintenant impassible, Jésus-Christ Notre-Seigneur.; Rom. 3, 3 - Rien de ce qui est visible n’est bon. Même notre Dieu Jésus-Christ ne s’est jamais mieux manifesté que depuis qu’il est retourné au sein du Père; Rom. 6, 3 - Permettez-moi d’imiter la passion de mon Dieu.

 

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L'Incarnation du Christ par Piero di Cosimo (1505)

 

. Réalité de l’Incarnation : Magn. 8, 2 - Il n’y a qu’un Dieu et ce Dieu s’est manifesté par J.C., son Fils, qui est son Verbe sorti du silence, celui qui accomplit fidèlement les volontés de celui qui l’a envoyé. Smyrn. 4, 1-2 - Il faut prier pour leur conversion (des docètes), chose bien difficile mais possible pourtant à Jésus-Christ, notre véritable vie. Si c’est seulement en apparence que Notre-Seigneur a agi, ce n’est aussi qu’en apparence que je suis chargé de fers. Alors pourquoi me suis-je voué à la mort, par le feu, le glaive, les bêtes ?.. C’est pour m’associer à sa passion que j’endure tout, et c’est lui qui m’en donne la force, lui qui s’est fait complètement homme.

 

. Rédemption : Trall., 2, 1 - Jésus-Christ est mort pour nous afin de vous préserver de la mort par la foi en sa mort; Smyrn., 2, 1 - C’est pour notre salut qu’il a enduré toutes ces souffrances ; Rom., 6, 1 - Il est mort pour nous, ressuscité à cause de nous. Il a été réellement percé de clous pour nous en sa chair sous Ponce-Pilate et Hérode le Tétrarque ; Smyrn, 1, 2 - c’est au fruit de sa croix, à sa sainte et divine passion que nous devons la vie; Trall., 11, 2 - Ceux qui sont plantés par le Père sont des rejetons de la croix et leur fruit est incorruptible.

 

. Eucharistie : Éph. 13, 1 - Ayez donc soin de tenir des réunions plus fréquentes pour offrir à Dieu votre Eucharistie et vos louanges. Éph. 20, 2 -… si le Seigneur me fait savoir que, chacun en particulier et tous ensemble… vous êtes unis de cœur dans une inébranlable soumission à l’évêque et au presbyterium, rompant tous un même pain, ce pain qui est un remède d’immortalité, un antidote destiné à nous préserver de la mort et à nous assurer pour toujours la vie en Jésus-Christ. Philad. 4 - Ayez donc soin de ne participer qu’à une seule Eucharistie. Il n’y a en effet qu’une seule chair de Notre Seigneur, une seule coupe pour nous unir dans son sang, un seul autel comme il n’y a qu’un seul évêque, entouré du presbyterium et des diacres, les associés de mon ministère. Smyrn. 7, 1 - Ils (les docètes) s’abstiennent de l’Eucharistie et de la prière parce qu’ils ne veulent pas reconnaître dans l’Eucharistie la chair de Jésus-Christ notre Sauveur, cette chair qui a souffert pour nos péchés et que le Père, dans sa bonté, a ressuscitée.

 

Église : Magn. 6, 1 - Je vous en conjure, accomplissez toutes vos actions dans cet esprit de concorde qui plaît à Dieu, sous la présidence de l’évêque qui tient la place de Dieu, des presbytres qui représentent le sénat des apôtres, des diacres, objets de ma particulière affection, chargés du service de Jésus-Christ qui était auprès du Père avant les siècles et qui s’est révélé à la fin des temps. Trall. 3 - Vous devez tous révérer les diacres comme Jésus-Christ lui-même, l’évêque comme l’image du Père, les presbytres comme le sénat de Dieu et le collège des Apôtres ; sans eux, il n’y a point d’Église. Philad. 7, 1 - Pendant mon séjour parmi vous, j’ai crié, j’ai dit bien haut d’une voix qui était la voix même de Dieu : Tenez-vous étroitement unis à votre évêque, au presbyterium et aux diacres… C’est l’Esprit qui disait bien haut : n’agissez jamais en dehors de votre évêque… aimez l’unité, fuyez les divisions. Magn. 13, 2 - Soyez soumis à l’évêque et les uns aux autres, comme Jésus-Christ dans sa chair le fut à son Père, et comme les Apôtres le furent au Christ, au Père et à l’Esprit, et qu’ainsi votre union soit à la fois extérieure et intérieure. Smym. 1, 2 - Par sa résurrection, il a levé son étendard sur les siècles pour grouper ses saints et ses fidèles, tant du sein du judaïsme que de celui de la gentilité en un seul et même corps qui est l’Église. Éph. 3, 2 - Les évêques établis jusqu’aux extrémités du monde ne sont qu’un avec l’Esprit de Jésus-Christ. Smyrn. 8, 2 - Là où paraît l’évêque, que là soit la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l’Église catholique.

 

Virginité de Marie : Éph. 19, 2 - Le prince de ce monde n’eut connaissance ni de la virginité de Marie, ni de son enfantement, ni de la mort du Seigneur : trois mystères éclatants que Dieu opéra dans le silence. Éph. 7, 2 - Il n’y a qu’un seul médecin… né de Marie et de Dieu. Éph.18, 2 - Jésus-Christ a été selon le plan divin, porté dans le sein de Marie, issu du sang de David et aussi du Saint-Esprit…

 
Ignace d’Antioche : Les emprunts johanniques

d’après M.J. Lagrange, Évangile selon S. Jean, Paris, 1925, p. XXVI.

 

JEAN IGNACE
Le vent souffle où il veut, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. 3, 8 On ne trompe pas l’Esprit, car il vient de Dieu, il sait d’où il vient et où il va, il pénètre les secrets les plus cachés. Ph. 7, 1
Le Fils ne peut rien faire de lui-même rien qu’il ne voit faire au Père. 5, 19 Le Père qui demeure en moi, accomplit les œuvres. 14, 10 En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. 15, 5 De même que le Seigneur, soit par lui-même, soit par ses apôtres, n’a rien fait sans le Père avec lequel il n’est qu’un, vous non plus, en dehors de l’évêque et des presbytres. Magn. 8, 1
Travaillez, non pour la nourriture périssable. 6, 27 Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel. 6, 33 Qui mange ma chair et boit mon sang. 6, 54 Je ne prends plus plaisir à la nourriture corruptible ce que je veux, c’est le pain de Dieu, ce pain qui est la chair de J.C., le Fils de David, et pour breuvage je veux son sang qui est l’amour incorruptible. Rom. 7, 3
J’ai manifesté ton nom… 17, 6 Le Verbe. 1, 1 Le Fils unique, lui, l’a fait connaître. 1, 18 Celui qui m’a envoyé est avec moi… Je fais toujours ce qui lui plaît. 8, 29 Il n’y a qu’un Dieu et ce Dieu s’est manifesté par J.C., son Fils, qui est son Verbe sorti du silence, celui qui accomplit fidèlement les volontés de celui qui l’a envoyé. Magn. 8, 2
… Pour qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux et toi en moi, pour qu’ils soient parfaitement un. 17, 22 Quel n’est pas votre bonheur à vous qui lui (Le. à l’évêque) êtes étroitement unis, comme 1’Eglise l’est à J.C. et J.C. à son Père, dans l’harmonie de l’universelle unité. Éph. 5, 1
Et le pain que moi je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde 6, 51 Si vous ne mangez la chair du Fils de l’Homme… vous n’aurez pas la vie en vous. 6, 53 Qui mange ma chair, je le ressusciterai. 6, 54 Ils s’abstiennent de l’Eucharistie et de la prière, parce qu’ils ne veulent pas reconnaître dans l’Eucharistie la chair de J.C. notre Sauveur… Cette chair qui a souffert pour nos péchés… ceux qui le nient n’ont pas la vie. Ils feraient mieux de pratiquer la charité (agapè) pour avoir part à la résurrection. Smyrn. 7, 1

 

 

 

Saint Ignace a écrit trois lettres de Troas :

 

. une aux Philadelphiens,

 

«Tous ceux qui appartiennent à Dieu et à Jésus-Christ restent unis à l’évêque ; et tous ceux que le repentir ramène dans l’unité de l’Église appartiendront, eux aussi, à Dieu, pour vivre selon Jésus-Christ.» Lettre aux Philadelphiens, 3, 1-2

 

Le repentir :

  •  
    •  
      • «Dieu pardonne toujours au repentir pourvu que ce repentir ramène à l’union avec Dieu et à la communion avec l’évêque.»
        Lettre aux Philadelphiens, 8, 1

 

La lettre (de l'Ancien Testament) tue, l'esprit (du Christ) vivifie (2 Co., 3, 6.). Ignace répond à ceux qui opposent l’autorité de l’Ancien Testament à celle de l’Évangile. Ignace parle plusieurs fois de l’Évangile. Certains veulent y voir une mention des écrits évangéliques. Il n’est pas douteux que ces écrits circulaient déjà, mais il est plus probable qu’Ignace parle de la doctrine du Seigneur. On sait que le canon des Écritures ne sera défini qu’au Concile de Trente (en 1546) qui sanctionnait ainsi un très long usage. Vers 130 déjà, le canon comprenant les quatre Évangiles et le recueil des épîtres de saint Paul est constitué en fait. Le Canon de Muratori est la plus ancienne liste qui soit parvenue jusqu’à nous (fin du second siècle).

 

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Le Christ crucifié (1632) par Diego Vélasquez (1632)

 

«Je vous en prie, inspirez-vous toujours dans votre conduite, non de l’esprit de discorde, mais de la doctrine du Christ. J’ai entendu dire à certaines gens : "Ce que je ne trouve pas dans nos archives, je ne l’admets pas dans l’Évangile". Et quand je leur disais : "Mais, c’est écrit", ils me répondaient : "Là est justement toute la question". Mes archives à moi, c’est Jésus-Christ ; mes inviolables archives, c’est sa croix, sa mort, sa résurrection et la foi dont il est l’auteur. Voilà d’où j’attends, avec l’aide de vos prières, d’être justifié.» Lettre aux Philadelphiens, 8, 2

 

Il n’y a d’ailleurs chez Ignace aucune opposition entre l’Ancien Testament et l’Évangile, c’est à plusieurs reprises qu’il parlera avec grand éloge des prophètes :

 

«Tout cela [L'Ancien Testament] n’a qu’un but : notre union avec Dieu, mais il y a dans l’Évangile un trait tout particulier : c’est l’avènement du Sauveur, notre Seigneur Jésus-Christ, sa passion et sa résurrection. Car les bien-aimés prophètes n’avaient fait que l’annoncer, tandis que l’Évangile est la consommation de la vie éternelle.» Lettre aux Philadelphiens, 9, 2

 

. une aux Smyrniens ou Smyrniotes

 

«Je ne suis pas digne de faire partie de cette Église (= Antioche) moi, le dernier de ses membres. C’est à la volonté de Dieu que je dois cet honneur, non à mes mérites, mais à sa grâce. Puissé-je, grâce à vos prières, la recevoir dans toute sa plénitude pour parvenir enfin à atteindre Dieu.» Lettre aux Smyrniotes, 11.

 

Voici le texte qui est le plus ancien exemple de l’emploi du mot Église catholique dans le sens d’Église universelle [Dans le Martyre de S. Polycarpe, ce mot employé encore, prendra sa seconde acception : Église orthodoxe (par opposition aux sectes hérétiques ou schismatiques)] :

 

«Ne regardez comme valide que l’Eucharistie célébrée sous la présidence de l’évêque ou de son délégué. Partout où paraît l’évêque, que là aussi soit la communauté, de même que partout où est le Christ-Jésus, là est l’Église catholique.» Lettre aux Smyrniotes, 5, 8

 

. et une à Polycarpe.

 

«Prends soin de l’unité, le plus grand de tous les biens. Aide tous les autres, comme le Seigneur t’aide toi-même. Parle à chacun en particulier à l’exemple de Dieu. Quant aux choses invisibles, prie pour qu’elles te soient révélées, tu ne manqueras ainsi de rien et tu auras les dons spirituels en abondance.» À Polycarpe, 2, 2

 

«Tiens ferme comme l’enclume sous le marteau. Un grand athlète triomphe malgré les coups qui le déchirent.» À Polycarpe, 3, 1

 

«Écoutez votre évêque pour que Dieu lui-même vous écoute… soyez les uns pour les autres indulgents et doux, comme Dieu l’est pour vous.» À Polycarpe, 6

 

«J’ai appris que l’Église d’Antioche en Syrie a, grâce à votre prière, recouvré la paix. Cette nouvelle a relevé mon courage, et maintenant que Dieu m’a rendu la tranquillité, je n’ai plus qu’un seul souci : celui d’arriver à lui par le martyre et d’être, grâce à vous, compté parmi les vrais disciples au jour de la résurrection. Il convient, bienheureux Polycarpe, de convoquer une assemblée agréable à Dieu et d’élire quelqu’un qui vous soit très cher et qui soit actif, on pourra l’appeler le courrier de Dieu, il serait chargé d’aller porter en Syrie, pour l’honneur de Dieu, le glorieux témoignage de votre ardente charité. Un chrétien ne s’appartient pas, il appartient au service de Dieu.» À Polycarpe, 7, 1-3.

 

Voici le relevé des idées de ces lettres écrites de Troas:

 

Salutation

Éloge des qualités de la communauté

Recommandations pressantes : fuir l’hérésie, s’attacher à l’unité dans la soumission à l’évêque

Salut final et demande de prières pour la Syrie ou de l’envoi d’un diacre (les lettres de Troas).

 

Contre quelle hérésie Ignace met-il en garde les chrétiens ?

 

Ignace s’attaque à deux erreurs : le judéo-christianisme qui consiste à mêler les rites et les pratiques du judaïsme au christianisme et le docétisme qui ne voit dans le corps de Jésus-Christ qu’un fantôme sans réalité objective.

 

Elles se terminent par la recommandation d’envoyer à Antioche un diacre, un « courrier de Dieu ».

 

 

Et quatre lettres de Smyrne :

 

. une aux Ephésiens,

 

« Je ne vous donne pas des ordres comme si j’étais un personnage. Je suis bien, il est vrai, chargé de fers pour le Nom, mais je n’ai pas encore atteint la perfection en Jésus-Christ. Je ne fais que débuter à son école et si je m’adresse à vous, c’est comme à mes condisciples.» Lettre aux Éphésiens, 3, 1

 

 

«Quel n’est pas votre bonheur à vous qui êtes étroitement unis à l’évêque comme l’Église l’est à Jésus-Christ et Jésus-Christ à son Père, dans l’harmonie de l’universelle unité.» Lettre aux Éphésiens, 5, 1

 

À Éphèse, les processions en l’honneur d'Artémis étaient célèbres. Ignace s’empare de l’image et montre dans les chrétiens les « théophores », les « christophores », les porteurs des objets sacrés :

«Vous êtes tous compagnons de route, portant votre Dieu et son temple, le Christ, les objets sacrés, et parés des préceptes de Jésus-Christ.»

 

 

Lettre aux Éphésiens, 9, 2

 

Bonté pour tous :

 

«Priez aussi sans cesse pour les autres hommes : on peut espérer les voir arriver à Dieu par la pénitence. Donnez-leur au moins la leçon de vos exemples. À leurs emportements, opposez la douceur, à leur orgueil, l’humilité ; à leurs blasphèmes, la prière ; à leurs erreurs, la fermeté dans la foi ; à leur caractère sauvage, l’humilité, sans jamais chercher à rendre le mal qu’ils vous font. Montrons-nous vraiment leurs frères par la bonté. Efforçons-nous d’imiter le Seigneur en rivalisant à qui souffrira davantage l’injustice, le dépouillement et le mépris.» Lettre aux Éphésiens, 9,10

 

Au chapitre 19, Ignace fait mention d’une étoile miraculeuse « qui fit pâlir toutes les autres » et manifesta « les mystères éclatants que Dieu opéra dans le silence » (la virginité de Marie, son enfantement, la mort du Seigneur). Cette croyance, écho de celle qui se trouve dans l’Évangile de Matthieu, se retrouvera encore dans un évangile apocryphe (le Protévangile de Jacques) et dans Clément d’Alexandrie

 

Humilité :

 

« Bien que je sois le dernier des fidèles dAntioche, Dieu a daigné me choisir pour le glorifier.» Lettre aux Éphésiens, 21, 2

 

 

. une aux Magnésiens,

 

Faire tout « en commun » dans l’unité :

« De même que le Seigneur n’a rien fait, ni par lui-même, ni par ses apôtres, sans son Père (cf. Jn, 5, 19) avec lequel il est un, ainsi, vous non plus, ne faites rien sans l’évêque et les presbytres. C’est en vain que vous essaierez de faire passer pour raisonnable une action accomplie à part vous, faites donc tout en commun : une même prière, une même supplication, un seul et même esprit, une même espérance animés par la charité dans une joie innocente. Tout cela, c’est Jésus-Christ au-dessus duquel il n’y a rien… Accourez tous vous réunir dans le même temple de Dieu, au pied du même autel, en Jésus-Christ un, qui est sorti du Père un et qui demeurait dans l’unité du Père et qui est retourné à Lui » (cf. Jn, 16, 28). Lettre aux Magnésiens, 7

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Trésor de la collégiale Notre-Dame, Huy - médaillon émaillé de l'Arbre de Vie, art mosan vers 1160. Inscription sur le pourtour Misericordia et Veritas universae viae Domini - Tous les sentiers de Yahvé sont amour et fidélité pour qui garde son alliance et ses préceptes. (Bible de Jérusalem, Ps XXIV verset 10)

 

. une aux Tralliens

 

C'est dans cette lettre que se rencontre pour la première fois l’image devenue si courante de « l’arbre de la croix », arbre de vie (D’après Th. Camelot, Ignace d’Antioche, Paris, 1944, SC N° 10, p. 120, note 1, « A notre connaissance », dit Camelot.):

 

«Fuyez les rameaux parasites et dangereux (= les incrédules) ils portent des fruits qui donnent la mort, si quelqu’un en goûte, il meurt sur-le-champ. Ceux-là ne sont pas la plantation du Père. S’ils l’étaient, ils apparaîtraient comme des rameaux de la croix, et leur fruit serait incorruptible.» (La mosaïque de l’abside de l’église de saint Clément à Rome est une illustration de ce thème.) Lettre aux Tralliens, 11, 1-2

 

. et une aux Romains.

 

«Il m’est bien plus glorieux de mourir pour le Christ Jésus que de régner jusqu’aux extrémités de la terre. C’est lui que je cherche, qui est mort pour nous ! C’est lui que je veux, qui est ressuscité pour nous !» Lettre aux Romains, 6

 


«Mes passions terrestres ont été crucifiées, il n’existe plus en moi de feu pour la matière il n’y a plus qu’une eau vive qui murmure au-dedans de moi « Viens vers le Père ». Lettre aux Romains, 7

 

La lettre aux Romains est datée, Ignace veut annoncer son arrivée :

  • «Je vous écris de Smyrne, par l’intermédiaire d’Éphésiens… Je vous écris le neuvième jour avant les calendes de septembre» (= 24 août). Lettre aux Romains, 10

 


L'origine de la défense de la veuve et l'orphelin chez Ignace d'Antioche
 

On trouve l'origine de la défense de la veuve et de l'orphelin dans l'Ancien Testament : "Le Seigneur protège l'étranger. Il soutient la veuve et l'orphelin" (Ps 145, 9) ; "Vous n'accablerez pas la veuve et l'orphelin" (Ex 22,21).

 

"Dans sa Lettre à Polycarpe, Ignace d'Antioche écrit encore : 'Ne néglige pas les veuves; c'est toi, après le Seigneur, qui dois veiller sur elles'. Et encore:  'Ne méprise pas les esclaves hommes ou femmes'" (Régine PERNOUD,  Les saints au Moyen Age, la sainteté d'hier est-elle pour aujourd'hui ? Plon, Mesnil-sur-l'Estrée 1984, p. 44).

 

"Le métier du chevalier est de défendre les veuves, les orphelins et les impotents…" Cet extrait du Livre de l’ordre de chevalerie, œuvre du bienheureux Raymond Lulle (1235-1315), évoque quelques-unes des qualités du preux chevalier, héros et guerrier dont les exploits nourrissent encore notre imagination, tel Godefroy de Bouillon, Richard Cœur de Lion ou Pierre Terrail de Bayard, "sans peur et sans reproche". (Source)

 

Le culte d'Ignace répandu dès sa mort 

 

"Ignace, évêque d'Antioche est condamné aux bêtes sous Trajan, sans doute en 116." (Pierre MARAVAL, Simon Claude MIMOUNI, Le Christianisme, des Origines à Constantin, Nouvelle Clio, l'Histoire et ses problèmes, PUF, Clamecy 2018, p. 339.)

 

Des reliques d’Ignace seraient conservées à Antioche et d’autres à Rome, à l’église de S. Clément. Ce qui est sûr, c’est que le culte d’Ignace se répandit aussitôt après sa mort. Saint Jean Chrysostome prononça à Antioche le panégyrique du saint martyr en son dies natalis, le 17 octobre : « Rome fut arrosée de son sang, vous avez recueilli ses dépouilles… Vous aviez envoyé un évêque, on vous a rendu un martyr » In sanct. mart. Ignatium, 5.

Saint Ignace d'Antioche : "Vos dieux sont des démons !" († Vers 116)

‘’Il est bon pour moi de mourir pour m’unir au Christ Jésus,

plus que de régner sur les extrémités de la terre.

[…] N’allez pas parler de Jésus Christ,

et désirer le monde.’’

(Lettre aux Romains 6, 1 et 7,1)

 

Sources: (1) http://www.patristique.org/Les-Peres-apostoliques-II-Ignace-d-Antioche.html  (2) https://www.levangileauquotidien.org/FR/saints/2018-10-17 ; (3) Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 610 ; (4) http://fr.wikipedia.org/wiki/Ignace_d%27Antioche ; (5) https://twitter.com/ChristianVenard/status/1581858784464424961/photo/1

 

À lire aussi«Vie, Lettres, doctrine» de saint Ignace d'Antioche : http://jesusmarie.free.fr/ignace_d_antioche.html 

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16 octobre 2023 1 16 /10 /octobre /2023 00:00
Sainte Edwige (1174- † 1243)

Duchesse de Silésie et de Pologne, elle mena une vie de foi intense : jeûnes prolongés, endurance au froid, ascèse acceptée d'un commun accord par les deux époux dans leurs relations conjugales.

Edwige et son époux vécurent d’une manière très pieuse. Elle a une vie exemplaire, aidant les nécessiteux, marchant pieds-nus en toute saison, distribuant sa fortune à l’Église et aux pauvres.

Sa sœur Agnès a épousé Philippe Auguste, roi de France. Sa sœur Mechtilde, est devenue abbesse de Kissingen.

Avec courage, elle porta le veuvage et le deuil de six de ses enfants.

Elle se retira à l'abbaye de Trzebnicz chez sa fille, abbesse cistercienne. C'est là qu'elle décède le 14 octobre 1243 et où elle a été inhumée. Certaines de ses reliques sont conservées à l'abbaye d'Andechs.

Edwige est canonisée en 1267 par le pape Clément IV. Sainte Hedwige de Silésie est fêtée le 16 octobre.

Elle est la patronne de Berlin, de la Silésie et de sa capitale Wrocław, (l'ancienne Breslau), de Trzebnica (l'ancienne Trebnitz), du diocèse de Görlitz, d’Andechs et de Cracovie.

 

Sources : (1) ; (2 ) ; Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p. 62.

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15 octobre 2023 7 15 /10 /octobre /2023 00:00

L'amour n'est jamais oisif.

(1)

Sainte Thérèse naquit en Espagne, de parents nobles et chrétiens.

Teresa Sanchez Cepeda Davila y Ahumada est née dans la ville castillane d'Avila au cours de l'année 1515, troisième enfant d'une famille issue de marchands juifs convertis au christianisme sous le règne du roi Ferdinand et de la reine Isabelle. Son père Alphonsus était devenu un ardent catholique, avec une collection de livres spirituels du type que sa fille composerait plus tard elle-même.(2)

Dès l'âge le plus tendre, un fait révéla ce qu'elle devait être un jour. Parmi ses frères, il y en avait un qu'elle aimait plus que les autres ; ils se réunissaient pour lire ensemble la vie des saints : "Quoi ! lui dit-elle, les martyrs verront Dieu toujours, toujours ! Allons, mon frère, chez les cruels Maures, et soyons martyrs nous aussi, pour aller au ciel." Et, joignant les actes aux paroles, elle emmenait son petit frère Rodrigue ; ils avaient fait une demi-lieue, quand on les ramena au foyer paternel.(3) Une intuition lui dit que les biens éphémères d'ici-bas pèsent peu devant la joie éternelle.

Elle avait dès lors une grande dévotion à la Sainte Vierge. Chaque jour elle récitait le rosaire. Ayant perdu sa mère, à l'âge de douze ans, elle alla se jeter en pleurant aux pieds d'une statue de Marie et la supplia de l'accepter pour sa fille, promettant de la regarder toujours comme sa Mère.

Cependant sa ferveur eut un moment d'arrêt. De vaines lectures, la société d'une jeune parente mondaine, refroidirent son âme sans toutefois que le péché mortel la ternît jamais. Mais ce relâchement fut court, et, une vive lumière divine inondant son âme, elle résolut de quitter le monde. Elle en éprouva un grand déchirement de cœur ; mais Dieu, pour l'encourager, lui montra un jour la place qu'elle eût occupée en enfer, si elle s'était attachée au monde. 

 

 

Un séraphin vint un jour la percer du dard enflammé de l'amour divin : Jésus la prit pour épouse. Ses révélations, ses écrits, ses miracles, ses œuvres, ses vertus, tout est sublime à la même hauteur.

Elle a notamment rédigé à la demande de ses supérieures : Le Château intérieur, Le Chemin de la perfection, Les Exclamations, Les Fondations.

Elle devint la réformatrice de l'Ordre du Carmel. Avec son proche collaborateur, le prêtre et écrivain canonisé plus tard sous le nom de Saint Jean de la Croix, elle a fondé ce que l'on appelle aujourd'hui l'Ordre des carmélites déchaussées - "déchaussées", c'est-à-dire pieds nus, symbolisant la simplicité à laquelle ils ont choisi de retourner l'ordre après une période de corruption. La réforme a rencontré une opposition féroce, mais a abouti à la fondation de 30 monastères au cours de sa vie.

Elle propose un retour des carmélites à leur règle de vie d'origine, une forme simple et austère de monachisme - fondée sur le silence et la solitude - qui avait reçu l'approbation papale au XIIe siècle et dont on pense qu'elle remonte au prophète Elie de l'Ancien Testament.

Pointe de son message spirituel, elle place au coeur de la prière l'humanité du Christ, un Christ souffrant sa Passion, seul chemin vers Dieu pour les êtres de chair que nous sommes. "On constate toujours que ceux qui se sont rapprochés le plus du Christ sont ceux qui ont dû supporter les plus grandes épreuves."

Et à ceux qui exhortent "à écarter toute représentation corporelle pour s'attacher à la contemplation de la seule divinité", elle répond résolument qu'ils font preuve de présomption car "nous ne sommes pas des anges, nous avons un corps."

Celui qui prie ne reçoit pas toujours les grâces mystiques, celles-ci sont un don gratuit que nul effort ne peut provoquer, mais il lui suffit de se disposer à aimer Dieu et de se conformer à sa volonté;

Là est la richesse de son message : contemplation et action, amour de Dieu et amour du prochain, oraison et mission sont les deux faces d'une même réalité. "Des œuvres, des œuvres !", réclame-t-elle avec insistance à ses filles. Le mérite d'une âme ne consiste pas dans les faveurs qu'elle reçoit mais dans les vertus qu'elle acquiert. Extase, ravissement, élévation, la sainte n'a pas attaché une importance excessive à ces faveurs, "nullement nécessaires à la perfection." C'est ce message qu'a retenu la France du XVIIe siècle, en mettant l'accent sur la volonté de purification et d'ascèse, plutôt que sur les grâces de la contemplation infuse.

Après avoir contemplé la transcendance, l'âme n'a plus que le désir de mourir pour n'être plus séparée de Dieu. "Je meurs de ne pas mourir", écrit Thérèse dans un magnifique poème, et Jean de la Croix reprendra la thème à sa manière.

"Être séparée de Dieu m'est si douloureux, écrit-elle également, que le plus grand sacrifice que je puisse lui offrir est de consentir à vivre pour lui." Et comment mieux vivre pour lui que d'accepter les souffrances d'un "monde en feu" ? "Seigneur, ou mourir ou souffrir..."

Durant les dernières années de sa vie, Thérèse, "pauvre vieille toute cassée", souffre physiquement et moralement. Elle discerne du relâchement dans certains couvents. Des inflammations de gorge, des hémorragies lui donnent constamment de la fièvre.

Morte en 1582, son corps est retrouvé incorrompu et souple en 1583 (huit mois après sa mort), 1585, 1586, 1592, 1760 et... 1982.(4) 

Lors de la translation des reliques de Sainte Thérèse qui eut lieu en 1760, le corps virginal fut trouvé toujours flexible et exhalant un suave parfum.(5)

Dans sa bibliothèque, on a retrouvé des auteurs stoïciens à côté de livres de dévotion.

En 2015, lors d'une exposition de reliques de Thérèse, la relique montrait un aspect noirci et "durci" des tissus (toujours complets).(6)

Canonisée en 1622 par Grégoire XV, Bossuet l'a comparée aux plus grands docteurs.

Paul VI l'a déclarée Docteur de l'Eglise en 1970, première femme avec la dominicaine du XIVe siècle Catherine de Sienne à recevoir ce titre. 

Que rien ne te trouble. Que rien ne t'épouvante. Tout passe. Dieu ne change pas. La patience obtient tout. Celui qui possède Dieu ne manque de rien. Dieu seul suffit.

Elève ta pensée, monte au ciel, ne t'angoisse de rien. Que rien ne te trouble. Suis Jésus-Christ d'un grand coeur. Et quoiqu'il arrive, que rien ne t'épouvante.

Tu vois la gloire du monde ? C'est une vaine gloire. Il n'a rien de stable. Tout passe.

Aspire au Céleste qui dure toujours. Fidèle et riche en promesses, Dieu ne change pas. Aimes-le comme il le mérite, bonté immense. Mais il n'y a pas d'amour de qualité sans la patience.

Que confiance et foi vivent et maintiennent l'âme.

Celui qui croit et espère obtient tout. Même s'il se voit assailli par l'enfer, il déjouera ses faveurs celui qui possède Dieu.

Sainte Thérèse d'Avila, vierge et Docteur de l'Église (1515-1582)

 ***

Sources : (1) Dictionnaire des saints et Grands témoins du christianisme, Sous la direction de Jean-Robert ARMOGATHE et André VAUCHEZ, CNRS Éditions, Paris 2019, p. 1120-1130 ; (2) Catholic News Agency ; (3) L'Evangile au quotidien ; (4) Patrick SBALCHIERO, Enquête sur les miracles dans l'Église catholique, Artège, Paris 2019, p. 160 ; (5) Mgr Jean-Joseph GAUME, L'eau bénite au XIXe siècle, 1865, Rééd. Éditions Saint-Rémi, 2006, p. 102 ; (6) Wikipedia.

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13 octobre 2023 5 13 /10 /octobre /2023 00:00

Géraud, Gérault ou Gérard, comte d’Aurillac (Cantal), était le fils de Géraud, d'origine mérovingienne, seigneurs d'Aurillac, et d'Adeltrude, d'origine carolingienne, qui fut également canonisée. Saint Arède était un de ses ancêtres.

Géraud d'Aurillac vécut de l'an 854 à l'an 909. Sa vie a été relatée par Odon, abbé de Cluny qui en a fait le modèle chevaleresque du seigneur chrétien mettant sa force et ses richesses au service de la justice et des humbles.

Géraud est le fondateur de l'abbaye d'Aurillac, modèle de celle de Cluny. C'est dans cette abbaye fondée par Géraud que le jeune Gerbert d'Aurillac, sera instruit et s'initiera à la vie monastique. Extrêmement savant, celui-ci deviendra pape à l'époque de l'An Mil sous le nom de Sylvestre II.

 

Scirptorium médiéval

 

L'abbaye d'Aurillac était dotée d'un scirptorium, où l'on enseignait les disciplines du trivium, (surtout la grammaire et la rhétorique ) et le quadrivium (les quatre sciences mathématiques, arithmétique, musique, géométrie, astronomie.).

L'abbaye était constamment restée en contact avec la Catalogne, foyer intellectuel de premier plan où étaient conservées de nombreuses copies d'œuvres antiques comme celles d'Isidore de Séville ou de Boèce. 

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/e1/Cluny_Tours_et_Clochers.jpg/800px-Cluny_Tours_et_Clochers.jpg 

L'Abbaye de Cluny

 

Sources : 1 ; 2

 

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