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Christ Roi

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1 juillet 2008 2 01 /07 /juillet /2008 13:26

La démocratie : une pure illusion, une absurdité logique et une impossibilité théorique (Joseph de Maistre)
 

Oeuvres"À partir de l'exemple fourni par la Révolution française"..., Maistre "instruit le procès de la démocratie. Dès son Etude sur la souveraineté (livre II, chap. IV), il présente l'idéal démocratique comme une pure illusion.

[...] Les mirages de l'égalité, comme ceux de la souveraineté populaire, 'choquent le bon sens'.

Au nom d'une chimère - 'l'idée d'un peuple souverain et législateur' -, la démocratie menace les libertés individuelles et conduit au despotisme ou à l'anarchie.

"La démocratie est chimérique, pour Maistre, car elle ne saurait exister 'dans sa pureté théorique' : 'nul peuple comme nul individu ne pouvant posséder une puissance coercitive sur lui-même', l'ambition démocratique, si on la prend à la lettre, est incompatible avec la souveraineté, dès lors que celle-ci n'est pas autre chose qu''un pouvoir réprimant qui agit sur le sujet et qui ... est placé hors de lui'. La démocratie proprement dite est donc une absurdité logique et une impossibilité. Il est contradictoire de soutenir l'idée d'un 'peuple-roi', c'est-à-dire d'affirmer, au prix d'un fragile oxymore, que les sujets d'un pouvoir peuvent en être en même temps des souverains.

"... En démocratie représentative. ... Maistre se plait à observer que, dans les faits, l'une des conséquences de la délégation par laquelle le peuple est censé confier son pouvoir à des hommes dignes de le représenter est de tempérer la démocratie par un principe aristocratique. Le simple droit de voter ne doit pas faire illusion (l'aristocratie héréditaire est inévitable). ... Maistre dénonce les faux-semblants de l'égalitarisme démocratique, que contredisent, dans l'exercice effectif du pouvoir, les privilèges dévolus à une élite: 'La masse du peuple influe ... très peu sur les élections, comme sur les autres affaires. C'est l'aristocratie qui choisit...' On voit sans peine la conséquence d'un tel mode de gouvernement: le régime représentatif, en remettant le pouvoir réel entre les mains d'un petit nombre de délégués, est un système qui porte en lui l'inévitable 'oppression de la masse'.

"Pour qu'une république soit équitable, elle doit donc satisfaire à des conditions qu'il est fort difficile de remplir. Il faut, d'une part, que le peuple, renonçant à faire usage de la puissance qu'il tient de la constitution démocratique, s'en remette aux 'lumières' de ses dirigeants; et que, d'autre part, ces mêmes dirigeants, 'suffisamment contenus par la crainte de se voir privés du pouvoir', l'exercent avec une 'sagesse' qui justifie la confiance du peuple. Que ce 'respect', d'un côté, et cette 'crainte', de l'autre, viennent à manquer, alors, pronostique Maistre, l'Etat démocratique marchera 'à grands pas vers sa ruine', en dérivant vers le despotisme ou vers l'anarchie, car à la tentation despotique de ceux qui gouvernent répondront toujours des formes d'insurrection produisant 'les effets les plus terribles'.

"La démocratie, par conséquent, est un régime qui ne peut durer 'qu'à force de vertus, d'énergie et d'esprit public'. Comme tel, il est fait 'pour un peuple de dieux'. Maistre, qui reprend malicieusement l'idée à Rousseau, s'éloigne du philosophe genevois en tirant de cette formule une conclusion inverse à la sienne. Ce régime, qui n'a jamais existé dans l'histoire que par éclairs, doit rester selon lui ce qu'il a toujours été, c'est-à-dire l'exception : on ne saurait sérieusement le proposer à de simples hommes 'comme seul gouvernement légitime'.

(Source : Pierre Glaudes, Dictionnaire in Joseph de Maistre, Oeuvres, Editions établie par Pierres Glaudes, Bouquins Robert Laffont, p. 1154-1156).

Louis de Bonald, dès la préface de sa Théorie du Pouvoir, son premier ouvrage, s'inscrit en faux : 'Des hommes ont avancé que la souveraineté résidait dans le peuple. ... Il se trouve que le peuple n'a jamais été et qu'il ne peut jamais être souverain : car où seraient les sujets (les gouvernés) quand le peuple est souverain? ... Nulle part le peuple n'a fait de lois... il est même impossible qu'un peuple fasse des lois et il n'a jamais fait et il ne peut jamais faire que d'adopter des lois faites par un homme appelé pour cette raison législateur. Or adopter des lois faites par un homme, c'est lui obéir et obéir n'est pas être souverain, mais sujet et peut-être esclave... (Le Livre noir de la Révolution française, par Pierre Chaunu, Jean Tulard, Emmanuel Leroy-Ladurie, Jean Sévillia, Cerf, Paris 2008, p. 490).

D'autres auteurs (Antoine Blanc de Saint-Bonnet) ont pu dire que la démocratie était fondée sur une erreur sur la nature de l'homme. La société fondée sur le dogme du péché originel a été remplacée par la société fondée sur le dogme de 'l'homme né bon par nature'...

D'où l'expression largement répandue aujourd'hui : la démoncratie.

L'homme n'aurait plus en lui la tache de la Chute mais au contraire serait devenu par un tour de passe-passe 'bon par nature'. L'expression, de Rousseau a servi de soubassement idéologique à la construction utopique de la société moderne. La société est devenue un contrat entre les personnes, un contrat sur un modèle de société que ces mêmes personnes auraient librement choisi. ... On sait qu'il n'en est rien et que ce modèle a toujours été imposé par une minorité. Quoiqu'il en soit, la société-contrat n'est plus une donnée naturelle, mais une construction... De là, les dérives idéologiques et révolutionnaires que l'on connait depuis plus de deux siècles en vue de cette 'amélioration de l'homme et de la société' (but de la franc-maçonnerie).  Et ce n'est pas fini... Nous vivons toujours en plein XVIIIe siècle sur ces purs intellectualismes que la nature contredit. Certains ont voulu et continuent de vouloir donner à la Société la vue des 'philosophes' bâtisseurs... En contradiction totale avec la loi naturelle, avec la nature, le contrat social, le 'vivre ensemble', aboutit à une impossibilité pratique. Et, comme leur société 'libérale' échoue, leur 'démocratie' devient une dictature. Logique. Une dictature qui se renforce chaque jour davantage, expose la société à l'anéantissement, les hommes à l'ensauvagement, puis à l'extermination les uns les autres. A l'issue, les bâtisseurs arrivent et proposent de passer à la démocratie n° 2. Etc.

 

"La civilisation occidentale, c'est-à-dire le génie de l'Antiquité et de la chrétienté, avait consisté à domestiquer l'hybris (la démesure) de l'individu (pour les classiques comme pour les chrétiens l'homme n'est pas né parfait, la liberté est un effort sur soi, un effort sur sa concupiscence, une conquête). Tout au contraire, la Protestation ruine ce progrès pour restaurer la barbarie qui sommeille par nature au fond de l'orgueil" (A. Blanc de Saint-Bonnet, La Restauration française, 1851, in Le Livre noir de la Révolution française, ibid.,, p. 571).


Un impérialisme maléfique

Sur les 'droits de l'homme', Maistre "est sensible à la contradiction qui apparaît d'emblée dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, lorsque son préambule affirme que c'est l'Assemblée nationale de la France qui proclame ces droits universels. Comment, en effet, une nation peut-elle ainsi se faire dépositaire de ce qu'elle présente par ailleurs comme un bien commun de l'humanité? En identifiant les intérêts nationaux à ceux du genre humain, les révolutionnaires français ne se sont nullement élevés à l'universalité d'un principe unificateur : ils ont surtout dévoilé les potentialités funestes d'un impérialisme portant en lui les germes de la division et de la violence. ... Maistre voit donc la conséquence directe de la proclamation de ces droits universels, qui ne sont rien d'autre, à ses yeux, que la 'guerre civile du genre humain' (Lettre du 25 avril 1814 à Mme de Constantin). 'Voilà les droits de l'homme et les dons de la France' (Lettre d'un royaliste savoisien).

La déclaration, loin d'avoir rendu les hommes plus libres et plus fraternels, a déchaîné la guerre et son cortège de malheurs dans l'Europe entière... C'est pourquoi la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ne saurait représenter in fine pour Maistre un progrès de la civilisation. Tout indique au contraire qu'elle constitue à cet égard une terrible régression." (Source : Le Livre noir de la Révolution française, ibid., p. 473-482).

Pour cet autre contre-révolutionnaire qu'est l'écrivain Edmund Burke, à la souveraineté populaire et à la déclaration des droits universels, ces chimères qui mènent au despotisme, il faudrait opposer 'une conception de la liberté civile reconnaissant au peuple des droits relatifs, particuliers à chaque nation, qui ne légitiment pas pour autant la revendication d''une part de pouvoir et d'autorité dans la conduite des affaires de l'Etat'" (ibid., p. 472, note 2).

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22 mai 2008 4 22 /05 /mai /2008 15:44
La démocratie? Une forme de la tyrannie, l'absolutisation de la "Volonté générale"

Sommes-nous en démocratie absolue?

"'Aucune barrière ni droit naturel ni règle constitutionnelle' ne devait s'opposer, selon Mirabeau, à une majorité législative (en l'occurence issue d'une minorité activiste dans le pays). Ce régime n'est qu'une forme de la tyrannie. Sous l'angle de l'Etat de droit, elle marque une régression par rapport à la pratique au XVIIIe siècle, de l'Ancien Régime. C'est ce que Hayek appelle une 'démocratie illimitée', et ce que Benjamin Constant avait stigmatisé comme une 'souveraineté illimitée'"

(
Le Livre noir de la Révolution française, par Pierre Chaunu, Jean Tulard, Emmanuel Leroy-Ladurie, Jean Sévillia, Cerf, Paris 2008, p. 14).

Formule de Mirabeau à rapprocher de la doctrine étatiste créonienne de Jacques Chirac synthétisant les principes républicains et "laïcs" : "pas de loi morale au-dessus de la loi civile" ("non à une loi morale qui primerait la loi civile", Jacques Chirac, Journal du Dimanche, avril 1995).

Cette doctrine démocratique a pu légitimer des génocides du moment que ceux-ci étaient conformes à la loi, expression de la Volonté générale.

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29 février 2008 5 29 /02 /février /2008 16:46
Nos ancêtres les Celtes et la liberté
"Le mot de liberté, que nos pères ont laissé trop souvent s'obscurcir au cours de leurs frivoles querelles, reprendra le sens religieux que lui donnèrent jadis nos ancêtres celtes. La liberté française deviendra du même coup la liberté du genre humain. [...] Nous aurons raison de vous et des vôtres, si nous avons su garder notre âme !" 

(
Georges Bernanos, Les Grands Cimetières sous la lune, dans Essai et écrits de combats, t. I,  p. 450, cité in Le Livre noir de la Révolution française, Cerf, Paris 2008, p. 725).
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26 février 2008 2 26 /02 /février /2008 18:34
La démocrature a plusieurs dogmes ("démocratie", souveraineté populaire ou nationale contre souveraineté de Dieu, liberté, égalité, etc.). Examinons celui de la "libre-pensée"

Bien que se proclamant adogmatique et anti-dogmes, la "libre-pensée" agit comme un dogme par son exclusivisme doctrinal et, comme lui, fonctionne à coups de rejets, censures et anathèmes (synthétisé dans la formule de l'égalitariste robespierriste
Antoine de Saint-Just(1767-1794), "Pas de liberté pour les ennemis de la Liberté"). Ainsi, toute personne qui s'éloigne de la doxa de la "libre pensée" et de ceux qui fixent les limites de la "tolérance" est aussitôt déclarée hérétique, classée dans la catégorie des "réactionnaires", et devient passible des tribunaux de la "libre-pensée". Ce processus est expliqué comme un programme de servitude intellectuelle par l'historien monarchiste Augustin Cochin

Image:Gaxotte.jpgUn autre historien,Pierre Gaxotte, parlait de "véritable tyrannie" au sujet de ces "sociétés de pensée".

Augustin Cochinpendant la Première Guerre mondiale"La libre pensée... programme la servitude intellectuelle par l'instrument du secret propre aux loges et aux autres sociétés de pensée. Le secret est le garant de l'ignorance de la majorité des adeptes, la forme propre de la contrainte nécessaire à l'oppression intellectuelle, mais "pour les ignorants cela s'appellera le progrès des Lumières [...]. Toute société de pensée est oppression intellectuelle par le fait même qu'elle dénonce en principe tout dogme comme une oppression" (Augustin Cochin, La Révolution et la libre pensée, p. 29-31, cité in Le Livre noir de la Révolution française, Cerf, Paris 2008, p. 686).

Il est à noter qu'aujourd'hui, alors que l'opinion publique a plus ou moins intégré la doxa des sociétés de pensée - relativisme adogmatique, "liberté de penser", "liberté d'expression", dont l'observateur sait, qu'elles ne sont que des chimères et des prétextes au service du système "libéral" - , la francmaçonnerie propose à certains de ses membres de dire ouvertement leur appartenance à la francmaçonnerie. Ce changement indique que la Secte pense arriver à ses fins et joue à présent à découvert.


                                           ***

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26 février 2008 2 26 /02 /février /2008 12:46
Intéressante remarque d'Alain Finkielkraut, autour de la liberté d'expression (via internet) : "je suis de ceux qui pensent qu'un homme ça s'empêche, l'inhibition c'est la civilisation" (Alain Finkielkraut, Parlons net, France-Info, video daylymotion).

Cette remarque d'A. Finkielkraut est intéressante car elle s'inscrit en complète opposition avec deux siècles de propagande républicaine - "liberté de penser" ou "d'expression" (
libertés-prétextes, libertés-chimères, au service de la Secte) - et propose l'inhibition, le fait donc d'être empêché, la censure, l'emploi de la force contre ces pseudo libertésIl y a toujours besoin de censures, d'empêchements et de contraintes. Liberté ne signifie pas "licence".

Encore un peu d'effort monsieur Finkielkraut et vous rejoignez les positions catholiques traditionnelles et contrerévolutionnaires contre la "libre pensée" (maçonnique)... Ces positions, classiques et chrétiennes, nous apprennent que, dans certains cas, empêcher que des erreurs soient publiquement formulées n'est pas une odieuse atteinte à la "liberté", mais au contraire une liberté sainement comprise, un bien et une protection pour la société. 

Lire "
Le sens métaphysique de la Révolution" pour une explication de la liberté-effort, liberté-conquête, (liberté authentique au sens classique et chrétien du terme, liberté sainement comprise) contre la "liberté" révolutionnaire (une licence - choisir le mal - qui aboutit à une absence de liberté, et à la destruction même de la liberté). 
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26 février 2008 2 26 /02 /février /2008 10:29

À un moment où la France disparaît et notre souveraineté nationale est bradée par les marchands dans le honteux traité de Lisbonne, il est bon de se rappeller ce mot du prince Louis, en 1999 : 

Louis de Bourbon, « duc d'Anjou ». "Les rois de France, mes aïeux, ont très tôt fixé leur doctrine : le roi, souverain béni par l’onction du sacre, selon une belle formule définie par les juristes est empereur en son royaume”. Durant des siècles, pour concrétiser cette idée, ils ont dû lutter à la fois contre les dangers de l’étranger toujours prêt à vouloir imposer ses règles à la souveraineté nationale et contre les périls intérieurs de ceux qui voulaient limiter la souveraineté du roi pour mieux dicter leur loi. Entre ces deux écueils, la France s’est bâtie et a prospéré.”

(Prince Louis de Bourbon, le 23 septembre 1999, cité in La Gazette royale, avril – mai – juin 2007, n° 111, p. 14).

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22 février 2008 5 22 /02 /février /2008 23:11
Portrait posthume de Nicolas Machiavel (détail), par Santi di Tito"Ancêtre moderne du républicanisme et du nationalisme (la nation entendue ici comme une idolâtrie placée au-dessus de tout : nationalisme républicain), ce par quoi il [Machiavel] marque sa différence avec la pensée politique traditionnelle c’est dans son refus catégorique de considérer que la morale puisse avoir un rôle à jouer dans le domaine des affaires politiques. La politique doit être pour lui une activité pleinement autonome, tant à l’égard du religieux que de la morale courante. Si dans ses discours publics, le Prince peut invoquer des principes moraux, ce n’est que pour asseoir sa légitimité aux yeux du peuple ou pour tromper ses ennemis.
 
En matière politique, donc, tous les moyens sont bons dès lors qu’ils sont efficaces et permettent d’atteindre à moindres frais les buts recherchés. Cette autonomie radicale de la politique - totalement étrangère à la pensée des Anciens comme à celle des grands docteurs scolastiques - ne fait que traduire l’apparition avec Machiavel d’une nouvelle conception de l’État. Celui-ci est désormais considéré comme une valeur en soi, indépendante des fins poursuivies, et une valeur absolue. Et si l’État apparaît ainsi comme une fin en soi, c’est que, pour Machiavel, on ne peut rien construire de durable avec des hommes foncièrement mauvais, aux fidélités toujours vacillantes et aux égoïsmes individuels toujours vigilants et agissants. Envieux, jaloux, cupides et fourbes, les hommes sont aussi des lâches et, seules la crainte de la puissance publique, la soumission à la raison d’État peut les amener à participer au bon fonctionnement de la Cité. Or, tout doit être subordonné à la survie de la Cité, à
sa puissance, à son prestige, dussent les hommes y perdre leur âme, ou ce qu’ils s’imaginent
être leur âme. Pour autant, et bien que discrètement incroyant, Machiavel s’accommode fort bien
d’une religion d’État, celle qui domine dans l’État considéré, mais c’est à la condition que la religion soit une force morale placée elle-même au service de l’État : une religion civile en quelque sorte.

Ainsi, deux choses inédites apparaissent dans la pensée politique occidentale et sonnent les trois coups de la Modernité.
 
D’une part, une conception irréductiblement pessimiste de l’homme - Rousseau et ses successeurs préciseront plus tard : de l’homme tel qu’il est dans une société corrompue. L’homme cesse d’être considéré comme l’ami spontané d’un autre homme, pour être perçu désormais comme étant un loup pour l’homme.

D’autre part, apparaît ce qui deviendra un mot d’ordre célèbre, bien plus tard, avec Autrement dit : abandonnant le principe de finalité, l’homme moderne estime qu’il ne faut plus chercher à organiser le monde de façon à ce qu’il soit le plus conforme au modèle divin que montre le cosmos. Il convient de prendre le monde et les hommes tels qu’ils sont et de chercher à les conduire là où ils ne voudraient pas aller s’ils étaient conscients de ce qui les attend. C’est l’avènement du réalisme politique, lequel ne connaît en fin de compte que des rapports de force dans le cadre de relations entre égoïsmes nationaux aussi peu moralement légitimes les uns que les autres.Charles Maurras, “Politique d’abord”.
 
L’influence de la pensée de Machiavel, le “ machiavélisme ”, sera considérable aussi bien auprès des philosophes comme Descartes (avec quelques réserves), Hobbes ou Rousseau, qu’auprès d’hommes politiques comme Bismarck ou De Gaulle, pour ne citer que ces deux noms. Certes, les bonnes intentions ne font pas nécessairement une bonne politique et la tâche d’un responsable politique n’est pas la même que celle d’un moraliste.
 
Néanmoins la grandeur d’un chef d’État est précisément de savoir décider et agir au coeur même d’une tension permanente et inévitable entre les contraintes immédiates qui exigent des solutions efficaces et ce que requiert la loi morale." (La Gazette Royale, fichier pdf, N° 112, août-septembre 2007, p. 6).

___________

Machiavel est aussi l'ancêtre d'un Jacques Chirac qui, alors qu’il était candidat à la présidence de la République en 1995, déclara à propos de l’avortement et de la Loi Veil : "Non à une loi morale qui primerait la loi civile..." (Journal du Dimanche", 2 avril 1995)

image: Adam_Weishaupt.JPGSi l'on s'arrête sur ce mot de Jacques Chirac, on s'aperçoit qu'il résume toute la métaphysique de la république maçonnique et "laïque", déjà incarnée au XVIIIe siècle par le fondateur de l'illuminisme allemand, Adam Weishaupt auteur de la formule "la fin justifie les moyens", (in Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du Jacobinisme, 1798, tome III) - formule qui servira à justifier les pires horreurs au XXe siècle -, et en 1789 par le franc-maçon "Illuminé" Mirabeau (1749-1791).

image: Comte_de_Mirabeau.JPG"Aucune barrière ni droit naturel ni règle constitutionnelle" ne devait s'opposer, selon Mirabeau, à une majorité législative (en l'occurence ici issue d'une minorité activiste dans le pays...) 

Ce régime n'est qu'une forme de la tyrannie. Sous l'angle de l'Etat de droit, elle marque une régression par rapport à la pratique, au XVIIIe siècle, de l'Ancien Régime. C'est ce que Hayek appelle une 'démocratie illimitée', et ce que Benjamin Constant avait stigmatisé comme une 'souveraineté illimitée'" (Le Livre noir de la Révolution française, Cerf, Paris 2008, p. 14) 

"En démocratie, ... [l]e peuple souverain peut manquer aux lois de la morale et même à celles de la raison sans enfreindre aucune loi politique" (ibid., p. 497). 

Sous l'angle de la philosophie et de l'histoire, cette évolution marque une rupture avec la philosophie classique et thomiste pour laquelle la loi de la société doit être en conformité avec celle du ciel (
Antigone contre Créon), sous peine de ruiner la cité et la civilisation.
 Elle constitue une nouveauté radicale jusque-là inédite puisqu'elle tire un trait sur deux millénaires de civilisation occidentale classique et chrétienne...


Surtout on doit retenir qu'un régime qui bafouerait la loi morale ou simplement le droit naturel devient ipso facto illégitime et tombe dans la tyrannie. Il est dès lors, - selon la philosophie classique et thomiste -, un droit et un devoir pour le peuple tyrannisé de se révolter et de renverser le tyran... Le régime républicain relativiste et athée en place ferait bien d'y songer.
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20 février 2008 3 20 /02 /février /2008 16:15
CITE DU VATICAN, 20 fév 2008 (AFP) - Benoît XVI: "la vraie laïcité" a été définie par saint Augustin

Le pape Benoît XVI a conseillé mercredi la lecture de saint Augustin, un "père de l'Eglise" ayant vécu aux IVè et Vè siècles, pour comprendre ce qu'est "la vraie laïcité" et la compétence respective de l'Eglise et du pouvoir politique dans la société.
Le livre "La Cité de Dieu" de saint Augustin "est aujourd'hui encore une source pour définir correctement la vrai laïcité", a expliqué le chef de l'Eglise catholique aux pèlerins venus assister à son audience générale.
... Il y ... affirme que la cité de Dieu et la cité terrestre "avancent ensemble, enchevêtrées l'une dans l'autre jusqu'à ce que le jugement dernier survienne et les sépare".
Benoît XVI s'est décrit mercredi comme un admirateur de saint Augustin. "Je suis de ceux à qui ses oeuvres plaisent beaucoup", a-t-il dit, en citant notamment "Les Confessions", où l'évêque d'Hippone relate son itinéraire spirituel et sa conversion au christianisme en 387.
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30 janvier 2008 3 30 /01 /janvier /2008 11:55

Dans un article du Figaro du 29/01/2008, une tribune est donnée au franc-maçon Jean-Michel Quillardet, grand maître du Grand Orient de France et au père dominicain Philippe Verdin, sur le thème de la "laïcité" républicaine. Le franc-maçon explique que la religion est "l'opium du peuple" en reprenant le mot du communiste Karl Marx... 

Le père Verdin répond que le discours de Sarkozy s'insère au contraire dans une aspiration du peuple à 60, 70% pour une autre conception de la laïcité, plus ouverte sur le fait religieux.Le président serait "au diapason des Français". Ce qui est une certitude dans ce monde déboussolé. "« L'homme ne vit pas simplement de pain », disent les Evangiles. On imagine mal Nicolas Sarkozy et les curés de 2008 vouloir embrigader qui que ce soit. Mais de quoi vit-on aujourd'hui, et quelle est l'espérance ? Des dizaines de millions de gens sont morts au cours du dernier siècle à cause des idéologies sans Dieu. Elles se sont effondrées. Que reste-t-il ? 60 à 70 % de nos concitoyens estiment que les questions religieuses les intéressent, ou les font vivre. Il est légitime que le président de la République s'en soucie. C'est un problème de fond. Les religions sont essentielles, elles structurent et contribuent au lien social."

Quillardet réplique :"Votre foi vous appartient, elle est votre jardin secret."

"Une spiritualité sans Dieu !" rétorque le père Verdin. "Il faudra que vous m'expliquiez ce curieux concept. Quand vous dites que la religion est uniquement un « jardin secret », je le récuse. Elle concerne mille domaines de la vie sociale. En outre, la laïcité à la française est spécifique. Nos voisins européens vivent très bien sans cette laïcité timorée."

Le père Verdin aurait pu tout aussi bien expliquer que la "laïcité" républicaine est l'opium de peuple... "[L]e retour du religieux. Que cela plaise ou non aux francs-maçons, c'est un fait. L'une des passions de Jean-Paul II comme de Benoît XVI est l'articulation de la foi et de la raison, dans la tradition de saint Augustin. C'est cela, le grand défi. Beaucoup de Français qui n'ont pas obligatoirement grandi dans une éducation chrétienne, juive, ou musulmane, tout d'un coup y reviennent. Pourquoi ? Parce que l'interprétation de la philosophie des Lumières s'est épuisée."

Quillardet se défend en disant: "la République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte, tout en garantissant l'exercice de ceux-ci dans le cadre de la liberté de conscience." Le père aurait pu lui répondre en lui parlant de la confiscation des biens du clergé en 1906..., l'obligation pour le clergé de se constituer en "associations cultuelles" (ce qu'elle a toujours refusé): où est la liberté religieuse prônée par les "républicains"? 

Aujourd'hui, les pharisiens de la république sentent le terrain s'effondrer sous leurs pieds du fait de l'islamisation qui les dépasse. La république souhaite conserver le terrain, elle prône une "laïcité ouverte" et propose à nouveau les "associations cultuelles" afin de financer la construction des mosquées et garder ainsi la mainmise sur les religions. De fait l'Eglise de France serait un peu plus marginalisée... Ce qui n'est pas "laïcité", mais césarisme gnostique de droit occulte relativiste à but de déchristianisation de la France...

 

Le franc-maçon Quillardet l'avoue dans cet article du Figaro, en ces termes: "La laïcité n'a nul besoin d'adjectif dans la mesure où elle est au-dessus." Au-dessus des religions..., elle les dirige comme une déesse tutélaire... La laïcité dans ce pays n'est donc qu'un prétexte pour décatholiciser la France, l'islamisation un moyen pour parvenir à ce but.

Comme remède dans un monde en perte de repères - l'équerre et le compas relativistes ayant détruit la boussole - qui ne parvient pas (plus) à créer du lien social, je propose que l'on reconnaisse le christianisme comme religion historique de notre pays. Ce n'est pas la "laïcité" qui est "au-dessus", n'en déplaise aux francs-maçons, c'est le christianisme. La croix dans une salle de classe est par exemple la meilleure garantie de la laïcité entendue comme distinction du temporel et du spirituel (qui n'existe dans aucune autre civilisation), et donc le christianisme est le meilleur garant des droits de l'homme et de la démocratie. Après libre à chacun de croire ou non..., d'être adepte d'une idole ou pas... Mais la France est chrétienne. Le christianisme est au-dessus, la Constitution de notre nation depuis 496. Pour reprendre la formule "Je suis royaliste parce que catholique", tout authentique patriote nationaliste doit se dire catholique parce que nationaliste ! Et inversement, un catholique doit se dire patriote parce que catholique. Toutes les religions ne se valent pas. Ne serait-ce déjà que pour une seule bonne raison : le catholicisme a construit la France ! Pas l'islam !  Il mérite à ce titre de (re)devenir religion d'Etat. 

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24 décembre 2007 1 24 /12 /décembre /2007 10:56
Comment supprimer le mal dans nos sociétés?

Vaste question! Mais qui mérite qu'on s'y arrête. Tout d'abord un constat. Les gouvernements les plus équitables, les plus sages, sont souvent forcés de tolérer des abus, lorsqu'ils sont universellement établis, comme l'usure, la prostitution, les pilleries des traitants, etc. Comment lutter contre le torrent des mœurs, lorsqu'il entraîne généralement tous les états de la société? Par des lois prohibitives? N'est-ce pas plutôt le cœur de l'homme qu'il s'agit de changer? Ainsi, dans l'histoire, l'Eglise a-t-elle toléré l'esclavage antique, esclavage alors répandu universellement, mais elle l'a condamné dans son avenir par le concept, nouveau, révolutionnaire dans l'Antiquité, de l'égalité de tous devant Dieu.

 
Le Christ répondait aux Pharisiens et aux Scribes qui accusaient ses disciples de prendre leurs repas avec des mains impures: "Il n'y a rien d'extérieur à l'homme qui puisse le rendre impur en pénétrant en lui. … puisque cela ne pénètre pas dans son cœur, mais dans son ventre, puis s'en va dans la fosse. Il déclarait ainsi que tous les aliments sont purs. Il disait: 'Ce qui sort de l'homme, c'est cela qui rend l'homme impur. En effet, c'est de l'intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les intentions mauvaises, inconduite, vols, meurtres, adultères, cupidité, perversités, ruse, débauche, envie, injures, vanité, déraison. Tout ce mal sort de l'intérieur et rend l'homme impur'". (Evangile selon Saint Marc, VII, 15-23).
 
Les "démocrates" ont inversé l'ordre : "c'est de la société que sort le mal et c'est la société qu'il faut changer", variante du rousseauisme (de mémoire): "l'homme est bon par nature, c'est la société qui le corrompt" (Rousseau, Discours sur l'origine de l'inégalité). C'est la société qu'il faut changer. "Liberté, égalité, fraternité", disent-ils. Seulement l'homme n'est pas bon par nature et toutes les lois du monde ne suffiront pas à changer la société si l'on ne change pas d'abord le cœur de l'homme: "c'est de l'intérieur, c'est du coeur des hommes que sortent les intentions mauvaises". C'est là la grande vérité que la franc-maçonnerie cache aux peuples. Contrairement à la propagande, la devise maçonnique n'entraîne nullement l'avènement d'une société meilleure. Je dirais tout au contraire: elle travestit et inverse le conseil du Christ. L'explosion des atteintes aux biens et aux personnes dans nos sociétés dites de "progrès", "avancées" et "civilisées", le prouve assez. 

Comment donc améliorer le sort de l'humanité, disais-je? Les leçons de charité universelle, de douceur et de fraternité portées par le christianisme et l'Eglise nous sont données à tous, sans aucune autre contrainte que celle(s) à venir, n'ont-elles pas, ne contribuent-elles pas, pour le moins aussi efficacement, à l'adoucissement, puis à la suppression des "intentions mauvaises": cannibalisme, sacrifices humains, esclavage (dans l'antiquitié), aujourd'hui, vols, adultères, etc., que pourraient le faire des lois prohibitives? Sarkozy? nos gouvernants pourront mettre toute la police et l'armée même dans les banlieues, il pourra même les arroser d'euros : si la société reste sur son modèle maçonnique laïciste, mercantile, nihiliste, relativiste, purement matérialiste, elle continuera sa chute, la ruine pour achèvement.
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21 décembre 2007 5 21 /12 /décembre /2007 11:33

La visite de Sarkozy au Vatican me surprend sur le point de la conception du président sur la laïcité. Cette conception, dite de "laïcité positive", tranche nettement avec la laïcité de combat contre l'Eglise jusque-là habituelle au pays des "droits de l'Homme". 



Le président s'est exprimé en ces termes surprenants: 

 

"«Ce que j'ai le plus à cœur à vous dire, c'est que, dans ce monde obsédé par le confort matériel, la France a besoin de catholiques convaincus qui ne craignent pas d'affirmer ce qu'ils sont et ce en quoi ils croient», a-t-il lancé hier, juste après avoir été installé comme «chanoine d'honneur» du Latran." (Le Figaro, Sarkozy défend les «racines chrétiennes» de la France, 20/12/2007)

 

Cet article du Figaro indique assez justement que "[l]a laïcité version Sarkozy tourne le dos à la traditionnelle conception de la laïcité dite «à la française». «Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes», a-t-il martelé en voulant «assumer pleinement le passé de la France et ce lien particulier qui a si longtemps uni notre nation à l'Église». Une manière de se démarquer de son prédécesseur qui, en 1996, n'avait pas souhaité assister à Reims à la messe de Jean-Paul II marquant le quinzième centenaire du baptême de Clovis. Le successeur de Jacques Chirac n'est pas loin d'un exercice de repentance lorsqu'il rappelle que «la République laïque a longtemps sous-estimé l'importance de l'aspiration spirituelle» et qu'il souligne : «La laïcité n'a pas le pouvoir de couper la France de ses racines chrétiennes. Elle a tenté de le faire. Elle n'aurait pas dû.» 

 

Cette défense d'une «laïcité positive» n'est pas nouvelle chez Sarkozy. ... Il avait ... «rodé» ce discours dans son livre d'entretiens avec le dominicain Philippe Verdin et le philosophe Thibaud Collin, La République, les Religions, l'Espérance (Cerf).


Ces propos constituent une nouveauté historique, une première lézarde dans l'édifice maçonnico-laïciste construit directement contre l'Eglise en 1905. En somme, Sarkozy explique que la séparation de la France avec ses racines chrétiennes (comprendre la séparation de l'Eglise et de l'Etat de 1905), fut une erreur. Il rejoint ainsi l'avis du pape Saint Pie X qui qualifia cette séparation de "pernicieuse erreur" dans l'encyclique de 1906, Vehementer nos.

___________

. Nicolas Sarkozy exalte les "racines chrétiennes de l'Europe" (30 janvier 2008)

. Sphères publique et privée : Sarkozy n'abolit pas la distinction, il adoucit la séparation (27 décembre 2007)

Sarkozy/Vatican: le Grand Orient inquiet

L'Unsa-Education charge Nicolas Sarkozy sur la laïcité positive

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29 octobre 2007 1 29 /10 /octobre /2007 15:06

La monarchie française d’Ancien Régime est présentée aujourd’hui comme « absolue » et, pourtant, elle était bien plus parlementaire que ne l’est notre régime néo-présidentiel actuel, il n’y avait simplement pas un mais plusieurs parlements souverains, appliquant les lois du royaume en fonction des traditions locales de la province sur laquelle s’étendait leur juridiction. (Afe-blog)

Dans chaque province existait en effet un 'parlement' souverain chargé de la vie politique locale, et qui opposait souvent au Roi les "coutumes", "libertés" que le Roi devait respecter et même défendre. D'où l'expression "le Roi de France est le père des libertés françaises". On en est loin aujourd'hui..., avec un président de la "république française", jacobin fanatique, persécuteur de nos identités et de nos traditions les plus sacrées (lundi de Pentecôte, travail le dimanche, etc.)

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29 août 2007 3 29 /08 /août /2007 15:44

"Rousseau a soutenu que la volonté nationale ne peut être déléguée [Du Contrat Social, livre III, chap. 15 "Des députés ou représentants": "La souveraineté ne peut être représentée pour la même raison qu'elle ne peut être aliénée; elle consiste essentiellement dans la volonté générale, et la volonté ne se représente point"]; on est libre de dire oui ou non, et de disputer mille ans sur ces questions de collège... Mais ce qu'il y a de sûr, c'est que le régime représentatif exclut directement l'exercice de la souveraineté, surtout dans le système françaisles droits du peuple se bornent à nommer ceux qui nomment; où non seulement il ne peut donner de mandats spéciaux à ses 'représentants', mais où la loi prend soin de briser toute relation entre eux et leurs provinces respectives, en les avertissant qu'ils ne sont point envoyés par ceux qui les ont envoyés, mais par la Nation; grand mot infiniment commode parce qu'on en fait ce qu'on veut. En un mot, il n'est pas possible d'imaginer une législation mieux calculée pour anéantir les droits du peuple. Il avait donc bien raison, ce vil conspirateur jacobin, lorsqu'il disait rondement dans un interrogatoire judiciaire: Je crois le gouvernement actuel usurpateur de l'autorité, violateur de tous les droits du peuple qu'il a réduit au plus déplorable esclavage. C'est l'affreux système du bonheur d'un petit nombre, fondé sur l'oppression de la masse. Le peuple est tellement emmuselé, tellement environné de chaînes par ce gouvernement aristocratique, qu'il lui devient plus difficile que jamais de les briser (Interrogatoire de Babeuf, juin 1796)." 

Gracchus Babeuf (1760-1797), ce révolutionnaire fut arrêté le 10 mai 1796 et guillotiné un an après le 27 mai 1797...

Source:
Joseph de Maistre, Œuvres, Edition établie par Pierre Glaudes, Bouquins Robert Laffont, Paris 2007, p. 222-223.

Lire aussi : 

* La volonté générale et l'asservissement de la liberté 
* 1789 Une aristocratie en chasse une autre, naissance de la bourgeoisie d'affaires et de l'Argent-Roi, la ploutocratie

 

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25 juin 2007 1 25 /06 /juin /2007 16:56
La Monarchie absolue de droit divin, Impostures et réalités

La Gazette Royale, (fichier PDF)

 

 

« Les rois, comme rois, n’ont rien à eux que le droit, ou plutôt le devoir, de tout conserver à la société, dont ils sont les tuteurs et les chefs … » (Louis XVI) (Cit. dans G. Boissy, Paroles choisies des rois de France. Paris 1921). 

 

 

« Pour reprendre une formule récente (F. Bluche, Louis XIV. Paris 1986. p. 11.), une « légende noire » court sur la royauté des XVIIème et XVIIIème siècles, et se résume dans l’arbitraire d’un pouvoir étouffant la liberté, qu’illustrent les trop fameuses lettres de cachet par lesquelles quiconque serait emprisonné sur simple décision du roi » (Jean Barbey, Être roi. Fayard 1992. p. 7.)
 
Cette vision fallacieuse de la monarchie prend naissance et se développe dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, à partir notamment de mises en parallèle entre le régime politique français, et la monarchie parlementaire à l’anglaise – ou tout du moins ce que les hommes comme Montesquieu croyaient en avoir compris (Plusieurs historiens anglais, non radicaux, ont fait une critique sévère de la naïveté des remarques de Montesquieu sur la monarchie de leur pays).
 
Le paradoxe est qu’au moment où se met en place, avec un réel succès dans « l’opinion éclairée », cette fantaisie, la France vit sous deux rois successifs, parmi les moins autoritaires de tous les Capétiens, et que, par ailleurs, pour la plupart des visiteurs étrangers, la France apparaît alors comme le pays européen le mieux policé – c’est à dire gouverné – et où chacun, quelle que soit sa condition, peut jouir de la plus grande liberté raisonnablement possible (Voltaire reprochera alors à l’autorité royale non pas d’être tyrannique, mais au contraire de ne pas être assez ferme...) Si la chose n’avait pas été aussi dramatique, rien n’apparaîtrait aussi grotesque que la foule délirante allant prendre la Bastille afin d’en libérer de malheureux prisonniers, pour trouver les cachots vides et cette si terrible forteresse gardée par quelques invalides de guerre que cette courageuse troupe d’émeutiers s’empressera de massacrer.
 
Les historiens du XIXème siècle, imbus de préjugés hérités de la Révolution et de plus convaincus de l’existence d’un sens progressiste de l’histoire, vont faire du terme « absolutisme » appliqué à l’ancienne monarchie comme une marque d’infamie, heureusement effacée par les « lumières philosophiques » et l’émergence de nouvelles valeurs et de nouveaux principes d’organisation politique...
 
Tout en restant fidèles à l’idée monarchique, certains courants royalistes de l’époque de la Restauration vont contribuer au discrédit qui frappe dès ce moment l’État royal à partir de Louis XIV.
 
Plaçant leur idéal dans la monarchie telle qu’ils supposaient qu’elle avait fonctionné sous saint Louis ou Henri IV, ils entendaient se placer sous l’emblème d’une « monarchie tempérée » dont la mesure et l’équilibre auraient été perdus de vue à partir du Roi Soleil.
 
Or le paradoxe majeur que ni les uns ni les autres n’ont perçu, c’est que la monarchie capétienne est restée jusqu’au bout mesurée et équilibrée – ou tout au moins elle a constamment tenté de le faire – et que c’est avec la Révolution puis l’Empire que s’est mis en place un État d’un genre nouveau, un État véritablement absolu et qui n’a jamais cessé d’étendre son emprise sur tous les aspects de la vie des individus et des groupes, comme on ne cesse de le constater encore de nos jours.
 
Quels griefs véhicule l’étiquette, péjorative pour les Modernes, d’« absolutisme royal » ?
 
Tout d’abord l’absence de participation du « peuple » à la désignation de l’autorité suprême, puisque chaque nouveau roi est reconnu comme tel en fonction de règles héréditaires. Face au caractère hasardeux de ce mode de désignation, on oppose l’aspect rationnel d’un processus de sélection du détenteur de l’autorité grâce aux mécanismes de l’élection.
 
D’autre part, on dénonce dans le fonctionnement de l’autorité royale un pouvoir décisionnel unique s’exerçant sans « contrepoids » et donc sans responsabilité politique, et en outre un pouvoir absolu, c’est-à-dire sans limites, puisqu’il n’existait alors aucune constitution écrite fixant des limites à l’arbitraire supposé du pouvoir.
 
Quant au premier grief, il est aisé de répondre que l’observation du fonctionnement politique des sociétés démocratiques est bien loin de confirmer le postulat de la rationalité des choix électoraux.
 
Les hommes politiques sont supposés être élus sur la base d’un programme d’action gouvernementale, lui-même supposé avoir fait l’objet de discussions libres et de confrontations en toute transparence, et finalement choisi ou écarté par les électeurs sur la base d’arguments purement rationnels.
 
Or on multiplierait sans difficulté le nombre d’exemples où l’on voit l’heureux élu s’empresser de tourner le dos à son programme dès le lendemain de sa victoire. Il suffit de se rappeler le sinistrement fameux « je vous ai compris » de De Gaulle en mai 1958 et ce qui s’en est suivi. Quant à l’élection de Hitler et de quelques autres dictateurs de moindre envergure par le mécanisme du suffrage universel, la chose se passe de commentaires.
 
Un journaliste anglais formulait récemment cette observation typiquement machiavélienne et donc moderne : qu’un « grand » homme politique se remarque au fait qu’il est capable de conduire, lorsqu’il est au pouvoir, une politique diamétralement opposée à celle pour laquelle il a été élu.
 
Quant au deuxième grief, s’il est clair qu’il ne nous apprend rien sur le fonctionnement de la monarchie, il nous apprend beaucoup sur les traits fondamentaux de l’état d’esprit des Modernes.
 
Ainsi :
- une vision égalitariste des hommes aboutit à considérer que « tous les hommes se valent », ce qui n’est qu’une autre façon de dire « les autres ne valent pas mieux que moi ». Dès lors, il n’y a aucune raison que je fasse confiance à qui ce soit, pour se comporter mieux que je ne le ferais si j’étais à sa place. Il n’y a donc aucune raison de croire que le roi pouvait être à certains égards un homme hors du commun, et pas davantage de croire que les sujets du roi obéissaient volontairement, par confiance et même amitié pour l’institution royale, et non pas par crainte ;
 
- le relativisme moral a pour effet de considérer qu’aucun principe moral ne peut suffire à servir de fondement à la rectitude de l’action. D’autant que ceux que l’on a appelés les « maîtres du soupçon » (Marx, Nietzsche, Freud) nous ont appris que les principes moraux étaient en fait des rationalisations destinées à justifier a posteriori les actes que nous avons commis, ou encore à renforcer notre pouvoir, notre domination sur autrui. Dès lors, il n’y a aucune raison de croire que le roi ne gouvernait pas prioritairement pour ses intérêts personnels, ceux de sa famille, ou encore pour satisfaire ses caprices ;
 
- la sécularisation radicale de la société moderne a eu pour conséquence de reléguer Dieu au rang de « petite divinité » intime – un peu à la façon des dieux Lares des Romains – et de ce fait de considérer que la soi-disante Loi divine n’est rien d’autre qu’une morale personnelle, insusceptible en tant que telle de servir de fondement à l’institution politique. Dès lors, il n’y a aucune raison de penser que le roi gouvernait en se tenant dans les limites posées par le respect de la loi divine, de la loi naturelle et de la loi morale ; d’ailleurs la vie privée de certains etc. …
 
- la négation, du fait du scientisme ambiant, de l’idée classique de « nature humaine » a pour résultat de faire considérer par nos contemporains qu’il n’existe pas et qu’il n’a jamais existé – sinon dans l’illusion de la pensée « obscurantiste » - des lois naturelles dans lesquelles le droit positif devait s’ancrer. Dès lors les lois de la monarchie étaient aussi conjoncturelles et aussi éphémères que les nôtres, et n’étaient certainement pas plus respectées qu’aujourd’hui;
 
- l’historicisme, enfin, de la pensée moderne s’exprime à travers la certitude que nous sommes le produit du mouvement progressif de l’histoire, que nous sommes dès lors mieux informés et instruits que nos ancêtres, et que par là-même nous pensons mieux qu’eux. Il génère également la conviction que, du fait de notre suprématie intellectuelle sur nos devanciers, nous comprenons ceux-ci, ce qu’ils faisaient et ce qu’ils pensaient, mieux qu’ils ne se comprenaient eux-mêmes. Dès lors nous sommes capables de dévoiler le passé dans sa nudité, c’est-à-dire en écartant toutes les mystifications politico-éthicoreligieuses utilisées par les dominants de jadis pour assurer leur pouvoir sur les malheureux mystifiés.
 
En résumé, les Modernes, aveuglés par leurs sentiments de supériorité, sont incapables de pénétrer réellement dans le passé pour tenter de le comprendre de l’intérieur, tel qu’en lui-même et non pas tel que reconstruit par les idéologies et les préjugés. Ce que l’étroitesse de leur intelligence ne leur permet pas de comprendre, c’est qu’il puisse exister des mystères, dans le domaine de la Foi bien sûr, mais aussi dans le domaine du fonctionnement humain et social. Et dans le cas qui nous occupe ici, ce qu’ils sont incapables de comprendre, c’est ce qu’un auteur a appelé le « mystère de la monarchie ». (Jean Barbey. Op. Cit. p.9.)
 
Ce « mystère de la monarchie » se présente sous deux aspects étroitement liés.
 
D’une part on voit un homme qui se dit « Roi par la Grâce de Dieu », qui n’accède à la dignité royale de façon parfaite qu’après avoir reçu une onction sacrée, qui accepte que l’on parle de lui comme du « Roi Très Chrétien », qui entretient, avec le Fondement sur lequel repose son autorité, un tout autre rapport qu’un président de la République avec une abstraction que l’on appelle « la souveraineté populaire » et des mots d’ordre comme « Liberté, Égalité, Fraternité » qui, isolés de tout contexte, ne peuvent être que des slogans. (Parodiant Anatole France, on peut dire que la liberté, l’égalité et la fraternité républicaines sont ce au nom de quoi le riche et le pauvre sont tous deux autorisés à coucher sous les ponts.)
 
Le roi n’est donc pas un homme ordinaire dont la seule différence avec les autres serait qu’il est assis sur le Trône, alors que les autres restent aux pieds du même trône. C’est un homme dont l’existence s’inscrit dans une lignée de rois dont certains l’ont précédé et dont d’autres vont lui succéder. Il est formé dès son enfance au métier qu’il devra exercer plus tard : le métier de roi. Il est enfin le récipiendaire d’un charisme particulier : celui que reçoit tout détenteur de l’autorité dès lors qu’il est conscient de l’origine divine de son pouvoir et qu’il fait en sorte de ne pas trahir cette nécessaire subordination de l’autorité à ce qui la fonde.
 
C’est en raison de ces traits que le roi, s’appuyant sur la Loi divine et la loi naturelle qui en dérive, s’attache à maintenir le caractère absolu de son autorité tout en sachant limiter l’exercice de cette autorité à ce qui est conforme au bien de ses sujets. Certes, les libertés des sujets – pour mieux dire : les franchises et privilèges – n’étaient pas garanties par un texte écrit, une constitution. Et alors, combien la France a-t-elle eu de constitutions depuis 1789 ? L’Allemagne de Hitler et la Russie de Staline étaient-t-elles privées de constitutions ?
 
Par ailleurs, qui peut croire que la monarchie en France ait pu durer treize siècles, si l’autorité royale n’avait reposé que sur la contrainte physique, la coercition? D’où vient cette obéissance plus que millénaire ? Faut-il dire, comme les marxistes de tous bords, que nos ancêtres étaient « aliénés », c’est-à-dire comme étrangers à eux-mêmes, à leurs propres intérêts, victimes de « l’opium du peuple » - la religion - victimes de l’inculcation d’une « morale d’esclave » comme disait Nietzsche ? Ou bien faut-il penser comme La Boétie dans son Discours de la servitude volontaire qu’il y a chez la plupart des hommes une sorte de propension innée à s’en remettre à des « chefs » et à servir, une préférence à être le chien repu plutôt que le loup famélique ?
 
Ouvrons une parenthèse : si les hommes se laissent si facilement mystifier et aliéner, qui ne comprend qu’à partir de cette conception que l’on voit s’épanouir depuis les sophistes grecs jusqu’aux adeptes du « Führer prinzip », c’est le fondement théorique même de la démocratie qui est scié à la base ? Que la démocratie soit d’ailleurs impossible, on peut s’en convaincre aisément au vu de la confiscation du suffrage universel par les grands acteurs de la « politique spectacle » que l’on a pu observer au cours de cinq républiques.
 
Tout se tient ici, y compris le mépris d’un Voltaire pour le « peuple », ou les contradictions d’un Rousseau voyant dans la démocratie un régime politique qui ne serait applicable dans sa pureté qu’à des dieux, ce pour quoi il se résigne à faire de la contrainte le ressort fondamental de la démocratie réelle, puisque faute de les convaincre il faudra forcer les hommes à être « libres ». Fermons la parenthèse.
 
Le « mystère de la monarchie » tient tout entier dans cette alliance durable entre l’autorité qui venait d’en-haut et la confiance qui venait d’en-bas, c’est-à-dire à l’existence d’une légitimité reconnue par tous de la fonction royale et de ses manifestations, qu’elles soient législatives, administratives ou encore judiciaires. Ce « mystère » de l’alliance du roi et de son peuple tient simplement au fait que nos ancêtres, moins “intellectuels” que nous, plus sensés, savaient faire confiance à l’autorité pour réaliser l’harmonie entre le bien commun et le bien propre à chacun, et ce d’autant plus qu’ils concevaient eux-mêmes leur bien personnel comme étant indissociable du bien commun de la société.
 
Il existait, au-delà des différences culturelles entre le roi et les plus modestes de ses sujets, une vision commune du monde, de la vie, et de la place de l’homme dans la société. De ce fait, il se produisait aisément une sorte d’identification entre la volonté royale et leur volonté intime. Parler d’« identification » n’est pas introduire dans l’analyse politique, une sorte de « deus ex machina ».
 
D’une part le concept d’« identification », entendu comme les processus par lesquels chacun cherche à construire son identité personnelle mais en référence à une réalité extérieure, joue un rôle important dans les sciences humaines et sociales. (Les psychanalystes parlent de l’identification au père ou à la mère. Les sociologues disent que les Antillais ou les “beurs” souffrent d’un problème d’identité, etc.) Savoir reconnaître sa volonté particulière dans l’expression de sa propre volonté par un détenteur de l’autorité était, il n’y a guère, une expérience fréquente que ce soit dans la famille ou à l’école, bref dans toutes les situations où les volontés, quoique distinctes et plus ou moins éminentes, étaient néanmoins orientées vers l’obtention d’un même bien : l’éducation, l’instruction, la paix publique, etc.
 
Chez nos ancêtres, l’obéissance et la fidélité au roi reposaient non sur un pouvoir de contrainte - bien faible au regard des États modernes - mais sur une sorte d’effet d’optique, ce qui ne veut pas dire une illusion, toutes les volontés individuelles convergeant vers un point focal incarné par la majesté royale. Et ce qui permettait la réalisation de ce processus, malgré la distance géographique et sociale, c’était la présence de corps intermédiaires, qui constituaient une sorte d’échelon indispensable pour faire remonter les aspirations du peuple vers son souverain. Et dans l’autre sens, c’était la présence « sur le terrain » des représentants du roi, c’est-à-dire de l’administration royale, pour transcrire dans les réalités locales toutes les décisions prises par l’autorité royale.
 
Pour éviter toute ambiguïté, il faudrait encore dire que le processus d’identification précédemment évoqué ne relève ni d’une sorte d’idéalisme à travers lequel la pensée créerait son objet, ni d’un processus d’analyse rationnelle à la façon des politiciens modernes cherchant leur « créneau » à travers l’analyse des sondages. L’identification n’est pas une illusion, car elle repose sur un objet très précis, à savoir la capacité du roi à rendre, dès l’origine de la monarchie, la justice à ses sujets, puis, par la suite lorsque les moyens le permettront, à assurer « la paix du roi » et la « sauvegarde du royaume ». Par ailleurs, l’identification ne se réalisait pas à travers la lecture des discours royaux permettant d’en peser chaque mot à l’aune d’un esprit critique exacerbé, et bien entendu pas davantage à travers la vue du monarque en chair et en os - du moins pour la très grande majorité. C’est sur le mode rationnel, l’homme étant un animal calculateur, mais aussi symbolique que se nouait l’alliance entre le roi et ses sujets, un symbolisme qui reposait sur une étroite articulation entre l’univers religieux et l’univers politique. Le sacre apparaissait ainsi comme le point privilégié de jonction entre ces deux sphères qui, sous l’Ancien Régime, ne seront jamais perçues comme séparées par l’immense majorité des Français.
 
L’alliance ainsi nouée dès le haut Moyen-Âge entre le roi et son peuple, comme en témoignent les Laudes royales qui apparaissent au temps de Charlemagne, l’alliance entre la dynastie royale et les sujets du royaume, a-t-elle toujours fonctionné sur les mêmes fondements ? N’y a-t-il pas eu, à partir du XVIIème siècle, une sorte de radicalisation monarchique creusant un fossé de plus en plus large entre le roi et ses sujets, et qui contribuerait à expliquer, pour une large part, l’éruption révolutionnaire comme le produit d’une sorte de pression sociale trop longtemps contenue ? Autrement dit : ne s’est-il pas trouvé une époque à propos de laquelle on pourrait parler de “monarchie tempérée” et qui aurait été suivie par une seconde période, celle de la « monarchie absolue » ?
 
Il est évident, et personne ne songerait à le nier, que la monarchie des premiers capétiens, n’est pas exactement la même que celle de Louis XV et Louis XVI. Mais, il ne suffit pas de constater la présence de changements, encore faut-il voir si les évolutions relèvent du conjoncturel, de l’accidentel ou bien si c’est la substance même de la monarchie qui a été transformée.
 
Or, on peut affirmer deux choses : d’une part que, de Clovis à Louis XVI, l’essence profonde de la monarchie en France n’a pas changé, mais que d’autre part ce qui a changé c’est la capacité royale à réaliser l’unité politique du royaume et à promouvoir la grandeur de l’État royal tout en respectant les libertés des sujets.
 
 
Pour ce qui est de l’essence de la monarchie, elle se définit par quatre dimensions :
 
a) un monarque qui détient en son royaume une autorité absolue, c’est-à-dire souveraine, en ce sens qu’aucun centre de pouvoir qu’il soit à l’intérieur ou à l’extérieur du royaume n’a la capacité et surtout la légitimité d’imposer au roi des bornes à l’exercice de son autorité;
 
b) le caractère absolu de l’autorité royale ne trouve son fondement ni dans le caractère ou le charisme exceptionnels des personnalités royales qui se sont succédées – ce serait le modèle des théocraties bibliques
 
- ni dans un contrat établi entre le roi et ses sujets établissant une délégation d’autorité sous réserve du respect des libertés – ce serait le modèle de la monarchie constitutionnelle - ni dans une soumission volontaire des sujets se déchargeant de toute responsabilité politique sur un roi auquel ils délivreraient une sorte de chèque en blanc - comme dans le cas des régimes d’exception. L’autorité royale trouve son fondement en Dieu, principe de toute autorité et dans l’action de la Providence divine intervenant au niveau des causes secondes ;
 
c) l’exercice de cette autorité absolue, ou souveraine, est finalisé par ce qui constitue l’essence de la fonction royale : rendre la justice et assurer le bien commun de tous les sujets ; mais la justice et le bien commun sont eux-mêmes des fins relatives ordonnées à une fin plus haute : la Gloire de Dieu et le Salut des hommes, de sorte que conjointement avec l’Église, mais dans la sphère temporelle qui est la sienne, la monarchie se reconnaît la mission d’oeuvrer pour inciter les hommes à être vertueux en promulguant de bonnes lois ;
 
d) dans son déploiement, cette autorité royale est ordonnée par le nécessaire respect de la Loi divine, de la loi naturelle, des lois fondamentales du royaume, des bonnes coutumes, et enfin par les lois civiles existant à un moment donné - ce qui n’empêche pas le roi de changer les lois civiles si les circonstances lui paraissent l’exiger, encore ne le faisait-il qu’avec prudence contrairement au « zapping » législatif permanent que nous connaissons aujourd’hui.
 
Or aucune de ces quatre dimensions n’a été substantiellement modifiée depuis le début de la monarchie franque jusqu’à la fin du XVIIIème siècle.
 
Si l’autorité royale ne connaît aucune altération au cours de ces treize siècles, les formes de son intervention, par contre, vont se trouver largement modifiées. Pour dire les choses en bref : on va assister à une progressive institutionnalisation de l’autorité royale qui se détache peu à peu de la personne du roi pour s’incarner dans l’État royal.
 
L’histoire de la monarchie en France.
 
Elle débute avec Clovis et la dynastie mérovingienne. Les apports des rois mérovingiens à la construction de la France font aujourd’hui l’objet d’une réévaluation par les historiens modernes. (« La royauté mérovingienne a eu l’immense mérite de donner naissance à la future France et d’assimiler de la romanité ce qui pouvait l’être » (J. Barbey, op. cit. p. 11). Tributaire néanmoins de la culture germanique et de l’état embryonnaire de la pensée juridique, elle ne parviendra pas à s’évader d’une conception patrimoniale du royaume ce qui débouchera sur une instabilité chronique et les luttes sanglantes que l’on connaît.
 
Avec les Carolingiens, et principalement Charlemagne, l’influence de l’héritage romain se renforce, grâce aux travaux des clercs, de sorte qu’au temps du grand empereur, on voit apparaître les premières fondations de ce que pourrait être l’État franc. Mais là encore, le poids de l’atavisme germanique reste trop pesant, de sorte que l’unité impériale va voler en éclats, et la France s’enfoncer dans une féodalité qui ruine le concept d’unité politique indispensable à l’avènement d’un État.
 
Les premiers Capétiens vont devoir louvoyer et jouer finement pour empêcher que l’idée royale elle-même ne sombre. Pourtant, peu à peu, leurs forces s’affermissent, grâce notamment au soutien indéfectible de l’Église, de sorte qu’à partir de Philippe-Auguste, le roi de France est devenu le suzerain - en théorie sinon toujours en pratique - de tous les féodaux.
 
Dès lors s’ouvre une deuxième période qui s’étend jusqu’au règne de Henri IV. Au cours de celle-ci on voit le royaume traverser de longues et difficiles épreuves, et alors qu’il semblait sur le point de sombrer on le voit providentiellement, tel un phénix, renaître plus jeune et plus fort. Une véritable administration civile et judiciaire couvre peu à peu le territoire, des ressources nouvelles et permanentes sont dégagées au profit du trésor royal, un embryon d’armée permanente apparaît au XVème siècle.
 
Dégagé tant de l’hypothèque que faisait peser le Saint Empire, que des interventions parfois excessives de la papauté, et enfin les « Grands » ayant été mis au pas, le roi peut se dire « empereur en son royaume ». En bref l’État royal est né.
 
Pourquoi marquer une coupure avec le règne et la mort de Henri IV ? Est-ce pour indiquer que l’on serait alors passé d’une « monarchie tempérée » à une « monarchie absolue de droit divin » ? Absolument pas. Les théoriciens du « pouvoir absolu et divin des rois » comme Cardin Le Bret n’ont fait qu’obscurcir inutilement une question qui était tranchée depuis longtemps, depuis, peut-on dire, le premier sacre royal. Plus exactement ces théoriciens ont fait oeuvre de polémistes pour contrebalancer les influences délétères des juristes protestants, voire, à un degré certes moindre, de théologiens catholiques comme Suarez. Enfin, sans peut-être l’avoir voulu, des hommes comme Loyseau et Cardin Le Bret ont alimenté en justifications théoriques les revendications des magistrats parlementaires affirmant que le droit de juger était d’essence divine et qu’ils tenaient leur mission « de droit divin » et non pas de « droit royal ».
 
Qu’il n’y ait rien de fondamentalement nouveau dans ces écrits des théoriciens absolutistes, on en verra le témoignage dans le fait que de Loyseau à Bossuet en passant par Le Bret, on retrouve toujours la même affirmation qui court depuis des siècles : les lois fondamentales bornent le pouvoir royal au même titre que les lois de Dieu, ce à quoi Bossuet dans son ouvrage sur la Politique tirée de l’Écriture sainte ajoutera que le roi « doit garder les anciennes maximes sur lesquelles la monarchie a été fondée et s’est soutenue ». N’est-ce pas Louis XIV, d’ailleurs, qui se félicitera de son « heureuse impuissance » à modifier les lois du royaume. (Voir J-L Thireau : Les idées politiques de Louis XIV. Paris 1973.)
 
Répétons-le, l’autorité royale ne change pas d’essence de 1610 à 1789. Certes, les États-Généraux cessent d’être réunis, plus tard ce seront les assemblées de notables, les Parlements se verront privés du droit de remontrance par Louis XIV. Mais il est erroné de voir dans ces mesures la marque d’une sorte de radicalisation absolutiste de l’autorité royale. En fait, d’une part les troubles du XVIème siècle et plus récemment de la
Fronde ont démontré que ces structures, principalement les parlements, jusque-là orientées, malgré quelques dérives, comme la monarchie elle-même vers la recherche du bien commun, étaient devenues des chambres de résonance pour toute idéologie ou slogan à la mode qui se donnaient pour visée d’abaisser l’Église, le
 
Trône, ou les deux. Chambres de résonance, mais aussi foyers d’agitation et de critique permanente à l’égard de l’action politique de la monarchie, avant de devenir le principal obstacle à toutes les tentatives par lesquelles l’État royal tentait de se réformer.
 
Or, il faut considérer également que les problèmes politiques et administratifs étaient devenus au fil du temps d’une complexité croissante. 
Il suffit de songer à l’importance des rouages administratifs civils et militaires indispensables pour suivre de près l’évolution de la situation internationale en ces temps de guerres quasi-permanentes
 
– au moins sous Louis XIV – et de renversements d’alliances incessant ; à la nécessité de maintenir une rentrée régulière des ressources fiscales, celle de recruter, former, entretenir une armée et une marine nombreuses, au nécessaire suivi des entreprises coloniales, sans oublier les missions premières dans l’ordre interne : assurer le bon fonctionnement de la justice et le maintien de la Paix du roi. Dans un tel contexte, on comprend qu’un roi comme Louis XIV et à un moindre degré Louis XV, aient considéré que la nécessaire cohésion du royaume, l’indispensable mobilisation des énergies, ne pouvaient guère s’accommoder d’un parlementarisme bavard uniquement préoccupé par ce que Marx aurait appelé des « intérêts de classe », non plus qu’avec des États Généraux incapables de s’élever au-delà des préoccupations de leurs paroisses. 
Ainsi, une fois encore, c’est à partir des faits, des leçons de l’expérience, et non pas pour mettre en oeuvre une construction idéologique qui en elle-même n’apportait rien que l’on ne sache déjà, que s’est manifesté un nécessaire renforcement de l’autorité royale. (Renforcement d’ailleurs très relatif si l’on se souvient que Voltaire ne reprochait pas à la monarchie ses excès mais plutôt ses faiblesses dans l’exercice de son autorité.)
 
Cela dit, si l’autorité royale se renforce dans tout le royaume, cette évolution est principalement due au fait que ce sont les capacités d’action de la monarchie qui se sont renforcées et non le poids de l’autorité qui s’est accru. Pour des raisons précédemment évoquées, mais aussi pour d’autres – accroissement de population et lutte contre les famines, intensification du commerce international, migrations des campagnes vers les villes etc. - le poids de l’État royal se renforce parce que d’une part les besoins de l’État sont en croissance continue pour la guerre, mais aussi parce que les besoins des sujets sont eux aussi en croissance continue. De ce fait l’administration ne cesse de s’étoffer, de se répandre sur le territoire, de prendre en charge de nouveaux aspects de la vie économique et sociale qui jusque-là relevaient de la coutume et de l’initiative privée.
 
Cette emprise accrue de l’État devenait-t-elle tyrannique ? Il suffit de songer qu’au XVIIIème siècle il existe un corps d’à peine 3.000 gendarmes qui quadrillent le territoire y compris dans les endroits les plus isolés. Leur rôle est de veiller à l’exécution des lois et des règlements, de lutter contre la criminalité
 
- la Paix du roi est parfaitement assurée au temps de Louis XIV - mais aussi de faire remonter des informations de la périphérie vers le centre, et enfin, de « montrer le drapeau » à l’occasion des « chevauchées » qu’ils diligentent de façon régulière.
 
Tyrannique, la monarchie ?
 
Mais combien de militaires, gendarmes et policiers sont mobilisés pour un déplacement présidentiel de 24 heures – et l’on n’évoquera même pas la visite d’un président des États-Unis. Charles VII est le premier roi à s’entourer d’une troupe d’élite : les gardes écossaises.
 
A la fin du XVIème siècle, ils sont 7.000 à assurer la protection de l’Hôtel du Roi et du monarque dans ses déplacements par des routes souvent encore insécures. La courbe de ces effectifs atteint son maximum vers 1690 : ils sont alors environ 10.000. Ce sont d’ailleurs des troupes d’apparat autant que des gardes du corps, mais aussi des troupes de combat qui se mêlent à la bataille en temps de guerre.
 
Vient le règne de Louis XVI et les meilleures troupes, celles spécialement attachées à la personne du roi, sont dissoutes en 1775 sous prétexte de faire quelques économies. Mesure suicidaire, dira-t-on, voilà le « tyran sanguinaire » dénoncé par les « patriotes » qui se met à la merci d’une émeute de mégères comme on le verra en octobre 1789 !
 
[Note du Blog Christ-Roi. François Bluche a pu parlé d'un "despotisme de la faiblesse"... (F. BLUCHE, La Vie quotidienne au temps de le Louis XVI, Hachette, 1980, p.47, cité dans Stéphane RIALS, La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, Pluriel Inédit, Hachette, La Flèche 1988, p. 28)]
 
Combien de régimes politiques la France a-t-elle connus depuis 1789 ?
 
Quatre monarchies, deux empires, cinq républiques, sans compter un certain nombre d’intermèdes éphémères. Une seule monarchie a régné en France au cours de treize siècles. Qui peut croire que nos ancêtres avaient à ce point l’âme servile pour ne pas résister par tous les moyens à leur disposition à ce qu’ils auraient considéré comme une insupportable oppression – et alors que les rois de leur côté en possédaient si peu pour résister à des soulèvements populaires ?
 
S’ils ont si longtemps soutenu de leurs forces et de leurs prières la personne des rois et l’exercice des fonctions royales, c’est indépendamment de toute autre considération morale qu’ils y trouvaient un avantage certain : « Celui d’unroi qu’une légitimité héréditaire place hors des compétitions pourle pouvoir qui aujourd’hui détournentpériodiquement vers elles l’énergiepolitique » (J. Barbey. Op.cit. p. 460.)
 
Le président de la République peut se prétendre au-dessus des partis et se présenter comme le « président de tous les Français », immédiatement après avoir été élu par généralement un Français sur trois, personne n’est dupe. Le roi, lui, se tenait véritablement au-dessus du jeu des intérêts particuliers, des conflits entre groupes sociaux et des querelles de personnes. Et si son autorité était considérée comme absolue, c’est bien pour signifier qu’il n’était l’otage d’aucun « groupe de pression », d’aucune idéologie partisane, qu’il n’était le faux-nez d’aucun intérêt privé, fût-ce celui d’un pair du royaume.
 
Qu’était ce monarque absolu de droit divin, si ce n’est l’arbitre, le régulateur, le modérateur de la conflictualité sociale, mais aussi celui qui insufflait comme une âme à la nation rassemblée autour de lui.
 
En fin de compte, si les sujets ont adhéré si longtemps à l’institution monarchique et soutenu l’État royal, c’est parce qu’à leurs yeux le roi s’identifiait avec la communauté nationale comme eux s’identifiaient avec la personne royale. Mais, au-delà même de cette vision purement temporelle du roi comme garant de l’intérêt national et du bien propre de chacun, le roi était perçu, sinon comme l’image de Dieu puisque chaque homme l’est aussi, mais comme le canal privilégié par lequel le Divin venait s’inscrire au coeur de l’histoire de la patrie." 

(
La Gazette Royale, fichier PDF, avril - mai - juin 2006, n° 107, p. 10-17).
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23 juin 2007 6 23 /06 /juin /2007 17:36

Par Yves-Marie Adeline, Alliance Royale

"L’auteur fait remonter la division entre Droite et Gauche en France à la révolution de 1789, mais pour lui l’origine du mal est bien plus profonde. 

La Gauche est l’exaltation de l’indépendance et du libre arbitre à tout prix. Valeurs poussées à leur extrême, elles entraînent la chute des valeurs transcendantes
. En effet, avec la gauche, l’homme devient son propre maître, son unique maître, il n’existe pas de valeurs le dépassant ou dépassant sa volonté. Sa volonté fixe sa propre morale, ses propres obligations, selon sa volonté propre. Les droits passent devant les devoirs et finalement poussées à l’extrême, ces valeurs entraînent la non-reconnaissance de l’autre, tant l’homme de Gauche se replie sur ses droits acquis ou à acquérir. Ainsi une mère n’est plus obligée de prodiguer de l’amour maternel à ses enfants, elle le fera si elle le veut bien, car elle est libre, le père abandonnera son rôle protecteur et ne le reprendra que si bon lui chante, il est libre. Peu leur importe que par ce comportement le père et la mère se soient montrés indignes, dignité et indignité sont des valeurs morales dépassant la volonté de l’homme, ce sont des valeurs de Droite. La Droite, elle, se base sur des valeurs transcendantes qui dépassent la volonté de l’homme. Une morale naturelle ou morale sacrée qui guide les pas de l’homme. La Droite est bridée tandis que la Gauche va où bon lui semble.

Cette division on l’a dit, remonte à des temps anciens, mais sa concrétisation en France remonte pour ainsi dire aux événements de 1789. Entre un groupe d’hommes (majoritaires alors) voulant conserver les valeurs traditionnelles et transcendantes de la France et un autre groupe d’hommes (minoritaires) s’exprimant soi-disant au nom de tous, pour une marche en avant vers le progrès, c’est-à-dire plus de libertés individuelles.

La gauche se base alors sur une imposture, elle défend la liberté et le droit des peuples contre une droite féodaliste et despotique. Peu importe que ce discours aille à l’encontre de la réalité des faits, d’un régime qui au nom de la liberté à tué des centaines de milliers d’innocents et enlevé justement leurs libertés anciennes aux peuples. Car c’est le mot de Robespierre, il faut savoir sacrifier les libertés pour sauvegarder la liberté. Autrement dit il faut savoir détruire les libertés des peuples au profit de la liberté révolutionnaire, au nom du progrès. Tout doit se plier voir disparaître devant le progrès érigé en principe. On voit dors et déjà la destruction des valeurs poindre le nez, car elles sont un reproche perpétuel à la gauche, lui rappelant que quelque chose dépasse le progrès, la morale transcendante. N’importe qui de censé serait révolté à l’idée de perdre ses libertés concrètes au profit d’une déesse liberté abstraite. Mais la force de la Gauche est là, seule restera l’idée qu’elle défend la liberté. Les hommes du moment seront accusés d’avoir été des monstres, mais l’idée maîtresse du progrès sera passée... 

Alors la Droite se fait piéger une première fois en décrétant qu’elle aussi est pour la liberté afin de ne pas être dite réactionnaire. Elle n’entend pas par-là la même chose que la gauche, mais comme cette dernière tient la barre, la Droite devra se plier à la liberté de la Gauche. La deuxième imposture de la Gauche est plus récente. Il s’agit de se revendiquer l’idéologie défenderesse des pauvres et des déshérités contre une Droite capitaliste et affameuse. C’est l’émergence des socialismes et des communismes. Peu importe là encore que l’histoire nous montre le contraire, avec un Gambetta proclamant : « il n’y a pas de question sociale » et des catholiques légitimistes comme René de la Tour du Pin ou même Henri V prônant au contraire la
défense des ouvriers. Là encore le mot est passé, la Gauche désormais est pour la défense des pauvres et la Droite pour celle des riches. L’imposture va plus loin, lorsque le prolétariat vote à Gauche, c’est normal, mais lorsqu’il se tourne vers des partis de droite nationale, la Gauche hurle au populisme et à la démagogie. On voit que dès les origines, la Gauche mène le débat et oblige la Droite à s’accorder à son discours. Plus rien alors ne semble pouvoir s’opposer à la marche du progrès, puisque la Droite sera toujours en retard d’une guerre.

La conquête des esprits et des institutions par la Gauche. Cet Etat de fait, a été rendu de plus en plus possible par la conquête des esprits par la Gauche. Cette conquête des esprits se double également d’une volonté de conquête des institutions par la Gauche, qui alors tente de remodeler la société qui l’environne à son image. Bien-sûr un changement brutal ne fonctionnerait pas. La Gauche voulant détruire toute morale transcendante et ancestrale, il s’agissait à l’origine du moins en France, de faire table rase du passé. D’annihiler toute ancienne morale, au profit de la nouvelle, celle que l’homme s’est donné lui-même et dont il peut changer comme on change de chemise. On a vu ce que donnait un changement trop brutal en France durant les événements révolutionnaires, où la politique antireligieuse de la république et la suppression rapide et sanglante de la monarchie ont entraîné une réaction violente de la par de la population. L’erreur alors avait été de vouloir faire table rase. La Gauche va alors progresser par système de cliquets. C’est-à-dire une progression par étape. Chaque étape sera considérée comme acquise, on ne pourra plus revenir dessus sous peine de devenir un réactionnaire."
Suite

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17 juin 2007 7 17 /06 /juin /2007 09:18

Via le Forum catholique





Alexis de TocquevilleDans De la démocratie en Amérique (1835-1840), le français Alexis de Tocqueville, fin observateur de la jeune nation américaine écrit : « La plus grande partie de l'Amérique anglaise est pilotée par des hommes qui, après s'être soustraits à l'autorité du Pape, ne s'étaient soumis à aucune suprématie religieuse. Ils apportaient donc dans le nouveau monde un christianisme que je ne saurais mieux dépeindre qu'en l'appelant « démocratique et républicain ». Ceci favorisa singulièrement l'établissement de la république et de la démocratie dans les affaires. Dès le principe, la politique et la religion se trouvèrent d'accord et depuis, elles n'ont point cessé de l'être ». 

L'analyse de Tocqueville est toujours d'actualité et éclaire bien le propos : aux Etats-Unis, l'influence protestante est majeure. Puisqu'elle repose sur le refus de l'autorité et du dogme, leur préférant la liberté, elle porte en elle les principes démocratiques et républicains (autant dire les principes de la révolte luciférienne organisés, le non  serviam de Satan, légalisé et encouragé).
Ceux-ci furent définitivement ancrés dans la Constitution des Etats-Unis qui vit le jour en 1787.

Les Pères fondateurs des Etats-Unis (Washington, Jefferson, Adams, Franklin) sont donc à l’origine de la conception laïque américaine. Marqués par les philosophes des Lumières et les idées de la franc-maçonnerie, ils étaient déistes, dans la mesure où ils croyaient en l’existence d’un Dieu supérieur, et profondément libéraux en posant comme valeurs fondamentales : la
liberté et la tolérance. C’est pourquoi Dieu est omniprésent dans la vie publique aux Etats-Unis et que toutes les religions ont le droit de cité, sans pour autant qu’une d’entre elles s’établisse comme religion d’Etat. Une des raisons d’être de la religion aux Etats-Unis est qu’elle assure la bonne conduite des hommes. « Les Pères fondateurs sont des lecteurs de Montesquieu pour qui une foi pour être fausse n'en assure pas moins un règne de probité parmi les hommes » . Toutes les religions doivent alors coexister sans heurts car la religion est nécessaire au maintien de la concorde. Force est de souligner que ce statu quo s’est mis en place de manière pacifique, contrairement à la France. Dans l'histoire américaine, il n'y a pas de 1789. La révolution qui a conduit à l'indépendance était politique, les substrats philosophiques étaient préexistants : l'esprit libéral imprégnait les premiers colons. Pas de fracture violente donc, mais une continuité sur des bases philosophiques admises et constamment approuvées. Le Premier amendement, qui régit les relations Eglises-Etat, envisage les choses d'une manière totalement différente de la loi française de 1905. Pour les Américains, il ne s'agit pas de lutter contre une religion en particulier, à l'encontre de la France qui voulut se débarrasser en premier lieu du catholicisme. Le premier amendement est fait pour lutter contre les religions établies (ou religions d'Etat), comme en Angleterre. « Le « désétablissement » de la religion apparaît comme le principe conditionnant la liberté religieuse. » L'objectif premier est de protéger la religion de l'ingérence de l'Etat fédéral.

1.2 Conséquences : pluralisme religieux et interdépendance des sphères politiques et religieuses

Donner à chaque religion le droit de manifester publiquement sa foi a contribué au développement de toutes sortes de confessions possibles et imaginables ainsi qu’à l’intrusion du religieux dans le politique : les deux caractéristiques de la laïcité à l’américaine. 

Si les XVIIe et XVIIIe siècles sont dominés par le
protestantisme, au XIX e et au XX e siècles, les confessions se diversifient : des catholiques irlandais, à la communauté juive, en passant par les innombrables sectes fondées au XIXe – adventistes du 7ème jour, témoins de Jéhovah, Mormons... etc. – et qui continuent de proliférer aujourd'hui, ainsi que l’islam et les religions asiatiques. Les Etats-Unis représentent un vaste panel de toutes les religions du globe et font partie des Etats les plus religieux. Toutes ces confessions se font concurrence sur un marché religieux et chacun peut alors librement choisir sa confession selon sa sensibilité religieuse. Les chiffres sont parlants : la religion touche la quasi intégralité de la population américaine. Adrien Lherm donne les estimations suivantes : plus de 95% des Américains croient en Dieu et 90% appartiennent à une confession particulière. 70% participent à une association cultuelle et 40% affirment pratiquer régulièrement. Les Etats-Unis comptent 80 millions de protestants, 65 millions de catholiques, 6 millions de juifs et autant de musulmans. On dénombre 350 000 lieux de culte, soit un pour 850 habitants : ratio le plus élevé du monde.

Pourtant, il existe bien une séparation des Eglises et de l'Etat. Le troisième président des Etats-Unis, Jefferson, l'avait bien entendu de cette façon. Il disait que la clause contre l'établissement d'une religion par une loi avait pour objectif l'érection d'un mur de séparation entre l'Eglise et l'Etat . Selon la formule de J-F Colosimo : « Récusant également le tout-Dieu et le zéro-Dieu, les Etats-Unis reposent sur le tout-religieux et le zéro-religion… Il s'agit moins, en l'espèce, de préserver l'Etat de l'Eglise que de protéger les Eglises de la politique en ce qu'elle a de nécessairement profane ».

Des centaines de confessions et de religions différentes, professant des corps de doctrine divergents voire contradictoires, pratiquées par des millions de gens, se trouvent résumées et rassemblées sur les dollars : « In God we trust ». Curieux syncrétisme de l'argent? Il s'agit bien plutôt d'un concept propre aux Etats-Unis, cette nation construite sur des principes importés du Vieux Continent et rénovés dans ce nouveau monde qui continue de fasciner pour sa faculté de création. Le Dieu en qui croient les Américains a tous les visages, mais il se voile dans les plis de la bannière étoilée. Le culte qu'on lui rend se confond avec une religion nouvelle qui a pour autel les Etats-Unis d'Amérique. Le sociologue Robert Bellah lui a donné le nom de « religion civile » repris depuis par tous les observateurs du fait religieux aux Etats-Unis. C'est là qu'il faut voir la spécificité de la relation entre les Etats-Unis et le phénomène religieux.

La notion de « religion civile » provient du Contrat social (1762) de
J.-J. Rousseau. Le philosophe des Lumières considère une religion civile obligatoire pour maintenir le lien social : « Il importe à l'Etat que chaque citoyen ait une religion qui lui fasse aimer ses devoirs ; mais les dogmes de cette religion n'intéressent ni l'Etat ni ses membres qu'autant que ces dogmes se rapportent à la morale et aux devoirs que celui qui la professe est tenu de remplir envers autrui ». On voit bien combien le philosophe réduit la religion à une simple morale. La façon dont les Etats-Unis appréhendent les religions est fondée sur ce principe rousseauiste. 

Le Dieu auquel font allusion tous les présidents dans leurs discours est, suivant l'interprétation de R. Bellah, « un signe creux, tant l'absence de référence à un culte singulier, à une confession particulière fait évidence. Ce Dieu est simplement celui de l'Amérique » . Ce sociologue résume ce que signifie le terme de religion civile aux Etats-Unis : « ensemble institutionnalisé de croyances sacrées sur la nation américaine ». Cette religion civile peut alors rassembler tous les Américains. Peu importe les religions. Elles se fondent toutes dans les « croyances sacrées sur la nation américaine ». On retrouve cette idée dans un discours d’Eisenhower dans les années 1950 déclarant que la forme du gouvernement des Etats-Unis « n’a de sens que si elle se fonde sur une foi religieuse profonde. Ce que peut-être cette foi, peu m’importe du moment qu’elle existe ». 

J.-F. Colosimo commente ainsi la définition : « La religion civile confère une dimension proprement religieuse à l'entièreté de la vie américaine, non seulement parce que les Américains en partagent le principe, mais encore parce qu'elle s'exprime à travers une foi et des rites. Elle a ses textes sacrés : les chartes fondatrices, la Constitution, les discours présidentiels. Ses dogmes : Dieu, la loi, la providence, la mission des Etats-Unis. Ses temples : les monuments d'Etat, les immeubles publics, les cimetières militaires. Ses ex-voto : le drapeau, l'hymne national, la monnaie. Ses fêtes: Thanksgiving, Memorial Day, 4th July, Veterans Day. Ses martyrs: Lincoln, Martin Luther King. » Il continue en expliquant qu'en Europe la séparation renvoie la religion à la sphère privée tandis qu'en Amérique, on distingue la croyance, qui relève du domaine privé, de la « dimension religieuse inhérente à la sphère publique qui aurait grand tort de ne pas s'en soucier ». On a vu pour quelles raisons pratiques. La religion civile apparaît donc comme une « combinaison démocratique de théocratie laïcisée et de laïcité sacralisée ». 

En accordant à chaque religion une pleine liberté, elle lie toutes les confessions à la défense d’un certain état d’esprit religieux en Amérique. Reste à la religion civile à trouver le point commun à toutes ces croyances. Elle le trouve dans l'idée que les Etats-Unis sont un peuple choisi qui a une mission à remplir. 

Pour les Pères fondateurs, cette nation naissante est un autre Israël. Jefferson parle de « cet être qui guida nos pères, à l'instar de l'ancien Israël, hors des pays où ils étaient nés pour les installer sur une terre d'abondance » . Selon les théories protestantes, la religion est une relation personnelle du croyant avec le Créateur, une sorte de profession de foi en l'individualisme qui constitue l'essence de la démocratie. Pour les Etats-Unis, le régime politique est forcément démocratique. Voici donc le credo de la religion civile : la démocratie est l'établissement du règne de Dieu sur terre et les droits de l'homme en sont les garants

Dès lors les Etats-Unis, nouvelle Terre promise, se doivent de transmettre ce message. D'où leur messianisme qui veut étendre au monde le modèle américain. Le président est le grand prêtre de l'Amérique, l'armée son bras vengeur. 

La laïcité à l’américaine : une solution miracle ?

Dans un discours, prononcé dans un établissement scolaire au moment de la polémique sur la laïcité à l’école, Bill Clinton s’exprima ainsi : «Ne pensez-vous pas que si tous les enfants qui vivent dans un quartier difficile fréquentaient chaque week-end une institution religieuse, une synagogue le samedi, une église le dimanche, ou une mosquée le vendredi, ne pensez-vous pas que la toxicomanie, la criminalité, la violence, le sentiment d’autodestruction diminueraient et que les valeurs morales gagneraient du terrain dans notre pays ? » Dans ce plaidoyer en faveur de la laïcité à l’américaine, Bill Clinton semble sous-entendre que les différentes religions (coexistant pacifiquement) sont facteurs de paix sociale. On peut alors se demander, à juste titre, si finalement une pluralité de religions, qui vivraient côte à côté et qui s’épanouiraient pleinement dans un Etat leur laissant une liberté quasi-absolue, ne serait pas la solution miracle au « problème » religieux et du coup social d’un pays. N’est-ce d’ailleurs pas le rêve de certains hommes politiques français souhaitant une révision de la loi de 1905 et le développement du communautarisme religieux ?

On peut cependant émettre quelques réserves quant à cette conception des rapports entre Etat et religions. Tout d’abord, comme nous l’avons souligné, la laïcité à l’américaine pousse les hommes politiques à instrumentaliser la religion pour arriver à leurs fins et assurer une certaine morale. N’est-ce pas alors un peu réducteur de l’utilité de la religion ? Celle-ci n’est-elle pas faite pour relier les hommes à Dieu plutôt qu’un candidat à ses potentiels électeurs pratiquants ? En admettant qu’une religion a pour but d’honorer Dieu, le louer et le servir, on peut également se demander si une telle utilisation de la religion honore vraiment Dieu …

De plus, accorder la liberté de culte absolue, c’est finalement permettre à importe quelle secte aussi dangereuse soit-elle, d’avoir droit de cité dans la société. En effet, aux Etats-Unis, si quelqu’un décide de fonder une nouvelle « religion », l’Etat, qui doit laisser les religions autonomes et indépendantes, ne peut l’en empêcher même si cette dernière est contraire à la « morale » communément admise se réduisant au plus petit dénominateur commun aux principales religions en place. Pis encore, cette acception de la laïcité place sur le même plan d’égalité toutes les communautés religieuses : les adorateurs du choux farcis ont alors les mêmes droits de s’exprimer sur la place publique que les catholiques pourtant majoritaires. La question n’est pas celle de la majorité mais celle de la non-existence de la vérité. Finalement la laïcité à l’américaine, aussi séduisante soit-elle, a le même dogme que la laïcité à la française : « Il n’y a pas de vérité, ou tout au moins il n’est pas possible pour l’homme de la connaître avec certitude. » Or pour un catholique, cette acception pose problème : cela mène au relativisme (toutes les vérités se valent) et à son corollaire, l’indifférentisme. Il ne peut se satisfaire de ce statu quo à l’américaine qui contribue à la prolifération d’une législation de plus en plus contraire à la morale chrétienne : légalisation de l’avortement, divorce …

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15 juin 2007 5 15 /06 /juin /2007 08:04

La république dite "française" est un régime fondé sur
- l'illusion (des chimères comme l'article 1er de la Ddh),
- la mystification (le mythe)
- et le mensonge. La corruption de la liberté.


"Le libéralisme, dit Charles Maurras, est la doctrine morale politique qui fait de la Liberté le principe fondamental par rapport auquel tout doit s'organiser, en fait, par rapport auquel tout doit se juger, en droit. ... [L]e libéralisme supprime en fait toutes les libertés. Libéralisme égale despotisme. Je le démontre" : 

                              En religion

"Dans l'ordre religieux, la liberté-principe peut tout admettre, hors l'aliénation de la liberté elle-même. Un homme qui aliène sa liberté personnelle n'est plus un homme, dit la philosophie libérale. Il a perdu son rang, sa dignité. Mais, objectera-t-on, il fit acte de liberté en immolant sa liberté? Il n'avait pas ce droit de l'immoler. La liberté, c'est l'intangible. "Pas de liberté contre la liberté"... Dès lors, point de voeux monastiques, point de Congrégations... C'est le sophisme protestant des Renouvier et des Buisson. Mais qu'on y prenne garde: ce raisonnement est sophistique parce que le point de départ en est faux : il n'est point vrai que la liberté soit un principe fondamental. Mais si la prémisse était vraie, la conclusion le serait aussi. C'est très logiquement, très rigoureusement que M. Buisson a déduit la loi de 1901 du principe libéral. Dans le principe libéral, la liberté des ordres religieux serait chose immorale. Dans le principe libéral, cette liberté doit être étouffée. Et voilà donc une première 'liberté' dont la conquête exige au préalable le renversement du principe libéral...

                              En économie politique

Dans l'ordre économique, la liberté principe veut que la concurrence des libertés individuelles, d'où le bien doit sortir inévitablement, soit oeuvre sacrée. Il n'y a qu'à laisser faire et à laisser passer. Toute intervention de l'Etat de l'Etat ou de la Société mérite le nom d'attentat et presque de profanation. Le statut du travail doit donc être individuel. Autant par respect pour sa liberté propre que par vénération de la mécanique du monde, l'ouvrier doit respecter les injonctions du décret de
Chapelier et s'interdire sévèrement toute association, corporation, fédération, tout syndicat d'ordre professionnel, de nature à troubler le libre jeu de l'offre et de la demande, le libre échange du salaire et du travail. ... La liberté économique aboutit donc, par une déduction rapide, à la célèbre liberté de mourir de faim. ... Toute liberté réelle, toute liberté pratique, tout pouvoir libre et certain de conserver sa vie, de soutenir sa force, est refusé à l'ouvrier tant qu'on lui refuse la liberté d'association. 

Il a fallu le déclin des idées libérales pour obtenir, dans l'ordre économique, un certain degré de liberté d'association. Pour étendre cette liberté, pour l'étoffer, pour la nourrir, on devra écraser tout ce qui subsiste du libéralisme dans les esprits.

                              En science politique

Dans l'ordre politique, le libéralisme exprimé à la première phrase du Contrat social et au premier article de la Déclaration des Droits de l'homme, porte que l'homme naît libre. Le libéralisme veut dégager l'individu humain de ses antécédences ou naturelles ou historiques: il l'affranchira des liens de familles, des liens corporatifs et de tous les autres liens sociaux ou traditionnels. Seulement, comme il faut vivre en société, et que la société exige un gouvernement, le libéralisme établira le gouvernement de la société en accordant un suffrage à chaque liberté et en faisant le compte de ses souverains suffrages. La majorité, exprimant ce que
Rousseau appelle la volonté générale, exprimera ainsi, en quelque sorte, une liberté générale: la volonté de la majorité devient dès lors un décret-loi contre lequel personne ni rien ne saurait avoir de recours, si utile et si raisonnable, ou si précisue et si sacrée que puisse être cette chose ou cette personne. La liberté-principe établit une règle qui confisque méthodiquement les forces et les libertés particulières; elle se vante de créer toute seule et de constituer la liberté de chacun; mais en pratique, l'histoire le montre bien, cet individualisme affaiblit les individus. C'est son premier effet. Le second est de tyranniser, sans sortir du "droit", tous les individus n'appartenant pas au parti de la majorité, et ainsi de détruire les derniers refuges des libertés réelles. Tels sont les deux effets successifs de la Liberté politique (ou volonté du peuple) sous son aspect le plus connu qui est celui de la "démocratie libérale" ou démocratie fondée sur la Liberté, Liberté fondant son gouvernement.

Il y a une autre forme de libéralisme, plus aiguë, plus logique, à laquelle arrivent toujours, quand ils ont persisté dans l'opposition, les partis libéraux: ils se font anarchistes purs. Le principe libéral en ce cas, ne détruit pas seulement ces liens de famille, de tradition et de relation, créateurs de forces de résistance et centres de pouvoirs: il renverse l'Etat, il nie la Patrie. Il livre donc l'Etat à l'arbitraire du désordre et aux corps des révolutions, comme il ouvre la Patrie aux armes de l'Etranger. Par ce libéralisme absolu, l'homme né libre tend à perdre: 1° la liberté d'aller et venir dans la rue sans être assomé (même si les libertariens, comme ils se nomment, le nient...); son indépendance de citoyen d'une race déterminée.

Telle est la conséquence naturelle du libéralisme non mitigé: il tue la Société et, par là même, toutes les libertés contenues dans la société existante (il subvertit radicalement la Société en opposant les individus et les classes). Quant au libéralisme mitigé, s'il laisse subsister la société, il la caporalise sous la moins juste, la plus rude et la moins responsable des dictatures, celle du Nombre. 

Ainsi, le libéralisme et le despotisme, c'est tout un. Le dévouement aux libertés commande donc le sacrifice de l'idole et de la nuée Liberté" (
Charles Maurras, La Dentelle du rempart, Choix de pages civiques en prose et en vers 1886-1936, Préface de Bernard Grasset, Mayenne 1937, p. 206-211).

Pour être tout à fait complet, on ajoutera que toute l'astuce de la démocratie dite libérale est de faire croire aux personnes, c'est peut-être là le "Grand mensonge", que c'est la majorité qui dirige alors que la soit-disant volonté générale n'est pas la volonté du Nombre, ni de la majorité, c'est au contraire, le règne despotique d'une minorité (de droite ou de gauche, à tour de rôle), le règne d'une caste qui se coopte entre elle, et exploite la majorité en la divisant et en jouant des minorités contre elle. C'est toute l'imposture démocratique (cliquez sur le lien pour lire l'article). 

"Il est contradictoire que l'Etat fondé pour établir l'unité entre les hommes, unité dans le temps (la continuité), unité dans l'espace (l'accord) soit légalement constitué par les compétitions et les disputes des partis, qui sont essentiellement diviseuses" (Charles Maurras, ibid., p. 254).

Parler même de "Liberté" avec un grand L, exactement comme si rien ne pouvait limiter cette liberté est un mensonge, pour plusieurs raisons. Les révolutionnaires en même temps qu'il scandaient le mot "Liberté" en donnait une nette limitation dans l'article 4 de la Déclaration des Droits de l'homme: "La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. D'où la contradiction : "l'homme né libre, mais il n'est pas libre..." L'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits: ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi. Autrement dit, imposture de la Liberté érigée en norme suprême, si l'on veut garantir la sécurité, il faut d'abord commencer par créer un ordre politique qui, si libéral soit-il, ne peut exister qu'au prix d'une limitation de la dite "Liberté"...  

Prétendre ensuite que "les hommes naissent libres et égaux en droits" (article 1er de la Déclaration des droits de l'Homme) est un mensonge que la réalité contredit. Il est d'abord impossible que "chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant..." (J.-J. Rousseau, Du contrat social, liv. I, ch. VI.) Ensuite, à l'âge d'une minute, les hommes sont-ils libres? Et selon la thèse égalitaire, à ce même âge, sont-ils aussi libres que père et mère??

Le britannique Edmund Burke qui se présenta comme un défenseur de la Loi naturelle dans ses grands combats "libéraux", s'éleva dès 1790 contre la prétendue filiation du libéralisme français avec le libéralisme anglais. Alors que Maurras précise "que le libéralisme anglais ne soit point un libéralisme, c'est ce qu'il est un peu trop facile de voir" (Charles Maurras, Kiel et Tanger, La République française devant l'Europe 1895-1921, Bibliothèque des Œuvres Politiques Versailles, Évreux 1928, p. 104), la thèse d'Edmund Burke, en 1790, était déjà de dire que le prétendu libéralisme en France en 1789 n'était qu'une corruption du libéralisme anglais. Pour lui la Révolution dite "française" repose sur des principes totalement étrangers au libéralisme. Il commence par observer que dans la Déclaration britannique des droits de 1689, "on ne trouve pas un mot ni même une allusion concernant un droit général 'de choisir nous-mêmes ceux qui nous gouvernent; de les destituer pour cause d'indignité; d'instituer notre propre forme de gouvernement'" (Edmund Burke, Réflexions sur la Révolution de France, 1790, Pluriel Histoire, Paris 2004, p. 21). 

Il indique ensuite que "si l'on s'accordait sans scrupule la facilité de changer de régime autant et aussi souvent et d'autant de manières qu'il y a de fluctuations dans les modes et dans les imaginations, on romprait toute la chaîne et toute la continuité de la chose publique. Il n'y aurait plus aucun lien d'une génération à l'autre. Les hommes ne vaudraient guère mieux que les mouches d'un été...." (
Edmund Burke, ibid., p. 120).

"Nous sommes si loin de devoir à la Révolution de 1688 le droit de choisir nos rois qu'on pourrait dire au contraire que si jamais un tel droit avait appartenu à la nation anglaise avant cette Révolution, elle y a alors solennellement renoncé pour elle-même et pour toute sa postérité" (Edmund Burke, ibid., p. 25). "[L]a succession à la Couronne a toujours été ce qu'elle est aujourd'hui, une succession héréditaire conformément à la loi. Cette loi, dans l'ancienne lignée, était de droit coutumier; dans la nouvelle, elle est de droit écrit, établie suivant les principes mêmes du droit coutumier, sans rien changer au fond" (ibid., p. 27). "Chaque membre de la société renonce au premier droit fondamental de l'homme naturel, celui de juger par lui-même et de défendre son propre droit. Il abdique le droit d'être son propre gouverneur. ... Les hommes ne peuvent jouir à la fois des droits de l'état de nature (uncivil) et de ceux de la société civile. Pour obtenir justice, l'individu renonce au droit de la déterminer dans ce qui lui importe le plus. Et pour s'assurer d'un certain degré de liberté, il s'en déssaisit en totalité pour en confier la garde à d'autres instances" (ibid., p. 75-76).

Edmund Burke "Nous ne sommes, dit-il, ni les catéchumènes de Rousseau ni les disciples de Voltaire; et Helvétius n'a guère pénétré chez nous. Les athées ne sont pas nos prédicateurs, ni les fous nos législateurs. Nous savons bien qu'en morale nous ne pouvons nous prévaloir d'aucune découverte; mais c'est que nous pensons qu'en la matière il n'y a pas de découvertes à faire, et fort peu quant aux grands principes de gouvernement et aux idées de liberté, qu'on comprenait tout aussi bien longtemps avant que nous fussions au monde qu'on les comprendra lorsque la terre se sera refermée sur notre présomption et que le silence de la tombe aura mis fin à notre impudent verbiage" (ibid., p. 109). 

"Tels maîtres, tels élèves! Qui aurait songé à Voltaire et à Rousseau comme législateurs? Le premier a le mérite d'écrire agréablement et personne n'a, si bien que lui, uni aussi heureusement le blasphème à l'obscénité. Le second n'était pas qu'un peu dérangé dans son esprit, j'en suis à peu près sûr" (
Edmund Burke, The Correspondence of Edmund Burke, janvier 1790 in Edmund Burke, ibid., p. 657).

"J'entends dire que l'on prétend quelquefois en France que ce qui s'y passe actuellement est fait d'après l'exemple de l'Angleterre. Permettez-moi d'affirmer que presque rien de ce qui s'est fait chez vous ne dérive ni dans la pratique ni dans son esprit de notre manière de faire ou des idées généralement reçues dans notre pays" (ibid., p. 111-112).

"Nous savons, et, qui mieux est, nous sentons intimement que la Religion est la base de la Société civile et la source de tout bien et de toute consolation (Cicero, De legibus, II, 7., cité in Edmund Burke, ibid., p. 114).

"[L]a majorité du peuple anglais, loin de considérer l'institution d'une Eglise d'Etat établie, comme illégitime, incline tout au contraire à penser qu'il est illégitime de s'en passer. Vous abusez complètement en France si vous ne nous croyez pas attachés à cette institution par-dessus tout. ... Le peuple anglais considère son établissement religieux comme le fondement de toute sa constitution" (Edmund Burke, ibid., p. 126).

"La nation anglaise entend montrer aux arrogants potentats de ce monde, et à leurs verbeux sophistes, qu'une nation LIBRE, généreuse et instruite honore les hauts dignitaires de son Eglise; qu'elle ne permettra jamais à l'insolence des richesses et des titres, ... de regarder de haut et avec mépris ce que nous considérons avec vénération, ou d'oser fouler aux pieds cette noblesse personnelle acquise..., fruit ... du savoir, de la piété et de la vertu" (Edmund Burke, ibid., p. 131).

"Il n'y a pas dans notre royaume un seul homme public, parmi ceux auxquels vous aimeriez vous référer, pas un seul, dis-je, dans quelque parti ou quelque groupe que ce soit, qui ne réprouve comme malhonnête, perfide et cruelle la confiscation de biens que votre Assemblée nationale a été contrainte d'ordonner (en vertu des décrets des 13 mai et 16 juillet 1790, l'"Assemblée nationale" remit à l'Etat les biens de l'Eglise et les vendit aux particuliers. L'Angleterre avait connu une confiscation de ce genre sous Henry VIII), alors que son premier devoir était de les protéger. ... Par cet acte, ses yeux (de notre peuple) se sont ouverts, et s'ouvriront de plus en plus sur les abîmes d'égoïsme et d'étroitesse que recouvre la prétendue générosité d'esprit et de sentiment de ceux qui en portent la responsabilité. ... Ce qui a commencé sous le voile de l'hypocrisie et de la fraude a fini par la pratique ouverte de la violence et de la rapine" (Edmund Burke, ibid., p. 133-134). 

"Nous ne saurions trop nous remplir d'horreur pour les excès d'un peuple féroce, sanguinaire et tyrannique, qui, sans raison et sans principe, autorise les proscriptions, les confiscations, les pillages, les meurtres et les incendies. ... Ce n'est plus de l'intolérance dont la France nous donne l'exemple; mais, ce qui est mille fois pis, de l'athéisme, vice abominable, dont toute la nature démontre la monstruosité, qui dégrade l'homme et flétrit son âme en lui ravissant sa plus douce consolation. Depuis longtemps ce germe pestiféré a étendu des racines en France... spectacle d'un genre de tyrannie que l'espèce humaine n'a pas encore connue" (Edmund Burke, Discours sur la situation actuelle de la France prononcé à la Chambre des Communes, le 9 février 1790, lors du fameux débat sur les estimations de l'armée, cité in ibid., p. 327-329). 

Burke établit le bon diagnostic : "genre de tyrannie que l'espèce humaine n'a pas encore connue" puisque aussi bien les Etats classiques antiques que les monarchies chrétiennes, aussi bien les philosophes classiques que les érudits chrétiens du "Moyen Âge", reconnaissaient que l'authentique liberté consistait en la recherche et la découverte de la loi que la divinité avait mis en l'homme. Mais aussi dans le respect de cette loi par l'individu (liberté-effort sur soi, liberté-conquête) et par la politique de la cité, sous peine de détruire la liberté de l'individu et celle de la société tout entière... Lire le "Le sens métaphysique de la Révolution
" et "Ce pour quoi on se bat : la survie de 2000 ans de civilisation européenne classique et chrétienne".

On dit enfin que - privilège du Peuple souverain - "nous vivons au moins sous un régime représentatif et un pouvoir que le peuple s'est choisi". Rien n'est plus faux!! Les constitutions des révolutionnaires illustrent assez le caractère profondément hypocrite et mensonger de la doctrine des droits de l'homme: en théorie, l'égalité naturelle des hommes devrait donner à chacun un droit égal dans le désignation des représentants et soumettre ceux-ci à un pouvoir réel de l'électeur. En fait, que se passa-t-il? Les révolutionnaires, conscients de l'inanité de leurs formules, instaurèrent un régime "représentatif" par mandats indirects en interdisant les mandats impératifs qui étaient depuis Rousseau jugés trop dangereux.

"Il faut dire et redire que les élus des Assemblées révolutionnaires, héritières de ces états de 1789, n'ont, à aucun moment, pensé instaurer un semblant de suffrage universel. ... Dès les premiers débats, dès les premiers écrits des théoriciens, s'affirmaient des exclusives et la volonté de n'accorder le droit de vote qu'aux hommes dignes de comprendre.... On ne s'aventurait pas à courir le risque de disparaître en donnant la parole au vulgaire. La démocratie directe fut tout de suite hautement proclamée irréalisable, utopique ou, plutôt indécente, et, bien évidemment, contraire aux intérêts de 'la nation'. Les amis du peuple ne lui faisaient pas confiance et le lui montraient bien. L'idée était de décider en petits groupes d'initiés ce qui était bon pour les croquants et de clamer à grands cris faire leur bonheur sans leur demander leur avis... De si fortes entorses au grand principe révolutionnaire de l'Egalité n'ont soulevé aucun concert de protestations dans les clubs de ce temps ni, plus tard et jusqu'à aujourd'hui, ému vraiment la plus grosse part de nos historiens. ... La Convention, qui... se disait si haute... émanation du peuple, ne fut qu'une coterie menée de petits maîtres" (
Jacques Heers, Un Homme un vote? Editions du Rocher, Monaco 2007, p. 14-16).

En 1789, "les représentants qui siégeaient aux Etats généraux furent désignés, non par le peuple de France mais, au prix de toutes sortes de manoeuvres, de magouilles et de coup bas, par les salons et les sociétés de pensée. En somme par des partis et, pour dire plus vrai, par un seul. C'était la dictature des
Lumières" (Jacques Heers, Un Homme un vote?  Editions du Rocher, Monaco 2007, p. 187). 


Après 1830, contrairement à une idée reçue, ce sont les légitimistes qui ont milité pour le suffrage universel et les révolutionnaires pour le suffrage censitaire" (Stéphane Rials in Révolution et Contre-Révolution au XIXème siècle - Editions D.U.C./Albatros, Paris, 1987.)
 
Add. 1 mai 2011. 14:55.
Les "élections" de juin 1791 se traduisirent par une forte abstention. "La participation avait atteint son étiage; elle ne devait plus remonter de façon significative, les consultations organisées les années suivantes,... n'ayant jamais mobilisé plus du cinquième des électeurs. ... En l'absence de votants, le système électif se transforme très vite en un système de cooptation, les uns accédant aux charges que les autres viennent de quitter, et réciproquement. La promotion aux responsabilités se fait en circuit fermé : les fonctionnaires peuplent les assemblées chargées d'élire les fonctionnaires. ...La réalité du système répondait à un besoin, celui de la formation d'une classe politique ... qui soit assurée de la continuité en étant délivrée de l'incertitude inséparable du suffrage universel. Mais l'oligarchie née de ces pratiques n'était pas moins un démenti des attentes. On imaginait en effet avec une certaine ingénuité que la vertu première d'un système électif consistait à assurer le renouvellement permanent du personnel dirigeant et l'élargissement constant de son recrutement. On n'imaginait pas que l'élection puisse conduire à la formation d'une 'classe' politique distincte du reste de la société" (Patrice Gueniffey, Histoire de la Révolution et de l'Empire, Perrin, Collection Tempus, Paris 2011, p. 86-88).
 
Pourquoi les révolutionnaires ont-ils, à ces époques, préféré certaines formes de monarchie à la république ? Le suffrage censitaire au suffrage universel ? Parce que les conditions n’étaient pas, alors, réunies pour que la manipulation puisse fonctionner. (Lire "Il y a toujours eu un lien étroit entre élection et manipulation") 


S'agissant maintenant du vote des femmes, "un acquis de la république", qu'en est-il? 

"En fait, lors de la nuit du Moyen Âge, les femmes étaient souvent convoquées aux conseils au même titre que les hommes et, de façon toujours active, à la gestion des affaires. ... On les voyait voter lors des assemblées politiques (le procès-verbal d'une réunion de la commune de Provins, au XIXe siècle, alors que les citadins devaient voter pour accepter ou refuser la tutelle royale, fait état de 2700 personnes, nommément désignées, dont 350 femmes. Participation certes faible 13% mais pas plus, certainement, que dans certains de nos conseils et assemblées aujourd'hui). L'exclusion de la femme ne date absolument pas des siècles obcurs mais vint plus tard, de la modernité. Au moment même où l'on proclamait les droits de l'Homme, l'égalité de tous et la libération des opprimés, nos lois françaises ont interdit, et pour de longues années, aux femmes de prendre part aux affaires de l'Etat. Les défenseurs des trois grandes vertus, inscrites aux frontons des édifices publics et des temples républicains, décidèrent qu'elles devaient rester en leurs foyers" (Jacques Heers, Un Homme un vote?  Editions du Rocher, Monaco 2007, p. 19-20).


Et que se passe-t-il aujourd'hui concrètement en 2007? 

Un homme, un vote?L'historien Jacques Heers répond: "[L]a moindre attention apportée aux pratiques électorales montre que cette égalité des droits... n'est qu'un leurre. Les votes, à l'intérieur d'un même Etat, ne pèsent pas tous le même poids. Il s'en faut de beaucoup...  Les 'circonscriptions électorales' qui rassemblent plusieurs cantons ou fractions de cantons. Chacune désigne un député et l'on aimerait croire qu'elles sont de populations égales, ou à peu près. Il n'en est rien... Un habitant de Trappes en vaut presque deux de Rambouillet. Prime à un certain type de société? (Jacques Heers, Un Homme un vote? Editions du Rocher, Monaco 2007, p. 23-25). 

Maurras propose alors de rendre à l'Etat ce qui lui appartient: "Rendons à l'Etat ce qui appartient à l'Etat, ou plutôt ajoutons à son édifice un étage supérieur, un organe SOUVERAIN, - un roi - faute de quoi les libertés, les biens, l'existence même de chacun de nous, resteront sans défense et sans garantie....Il existe un parlementarisme sain, utile, nécessaire, c'est celui des assemblées représentatives des corps et des communautés. Ces assemblées, dans l'ordre de leur compétence, paraissent avoir un rôle consultatif de la plus haute importance. Elles peuvent aussi administrer les intérêts professionnels et locaux, et c'est non seulement leur avantage propre, mais, d'un point de vue général, c'est l'avantage de l'Etat, car elles le délivrent d'une lourde charge. En tant qu'il gouverne, l'Etat doit laisser les compagnies et les corps s'administrer sous son contrôle par leurs délégations et représentations. En tant qu'il légifère, il doit consulter à tout propos et aussi souvent que possible ces délégations compétentes. Tout manquement fait par l'Etat à cette double règle est une faute qu'il commet, et contre lui-même. Il se lie, il s'encombre, il se diminue en croyant s'agrandir, et les citoyens dont il pense faire le bonheur en sont liés, chargés et diminués avec lui.... En fait donc, nous voilà plus libéraux que les libéraux de doctrine" (
Charles Maurras, Kiel et Tanger, La République française devant l'Europe 1895-1921, Bibliothèque des Œuvres Politiques Versailles, Évreux 1928, p. 236).

"L'Etat français qui se mêle de tout aujourd'hui, même de faire des écoles et de de vendre des allumettes, et qui, en conséquence, fait tout infiniment mal, vendant des allumettes ininflammables et distribuant un enseignement insensé, l'Etat est lui-même impuissant à remplir sa fonction d'Etat. Il est abandonné aux représentants du pouvoir législatif" (
Charles Maurras, La Dentelle du rempart, Choix de pages civiques en prose et en vers (1886-1936), Préface de Bernard Grasset, Editions Bernard Grasset, Mayenne 1937, p. 131). 

"Considérant que les âges de vraies et solides propsérité nationale furent en France ceux où le pouvoir royal, indépendant et maître des attributions propres de l'Etat, n'empêchait point les différents corps, compagnies et communautés de la nation de gérer librement leurs intérêts particuliers.... Considérant que ces éclatantes leçons données au Roi et à la France par huit siècles d'expérience historique ne seront point perdues pour la France ni pour le Roi: le pouvoir royal ne peut désormais manquer de tendre.... à rétablir l'usage de ces libertés partout où l'intérêt supérieur de la patrie et de l'Etat n'exigera pas le déploiement de l'autorité" (
Charles Maurras, La Dentelle du rempart, Choix de pages civiques en prose et en vers (1886-1936), Préface de Bernard Grasset, Editions Bernard Grasset, Mayenne 1937, p. 128-129).

"Au résumé, le citoyen, dans toute la sphère où il est compétent et intéressé directement, dans tout ce qu'il a le pouvoir de connaître et donc de juger, est présentement un esclave. Le pouvoir royal lui rendra la disposition et la souveraineté de ce domaine qui lui fut arraché SANS DROIT, sans utilité, et au péril même de la force de la patrie" (
Charles Maurras, La Dentelle du rempart, Choix de pages civiques en prose et en vers (1886-1936), Préface de Bernard Grasset, Editions Bernard Grasset, Mayenne 1937, p. 130).


Conclusion


"Cette impuissance du peuple, cette dépossession du peuple, c'est la contradiction fondamentale des démocraties modernes. Elles veulent défendre la démocratie sous prétexte que la démocratie est le "pouvoir du Peuple". Et elles défendent la démocratie en empêchant qu'il puisse y avoir sur la scène politique autre chose que des partis démocratiques... La démocratie ainsi conçue se retourne contre le peuple. Elle lui assure une liberté qui n'est qu'un mot, elle lui donne un bulletin de vote qui est sans valeur" (
Maurice Bardèche, Les Temps modernes, Editions Les Sept Couleurs, Montargis 1956, p. 32-33). 

"Nous sommes antilibéraux, mais pourquoi? Parce que nous voulons garantir les libertés publiques" (Oliveira Salazar, Une Révolution dans la paix, Paris 1957, p. XXXII).

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15 mai 2007 2 15 /05 /mai /2007 10:56
Dans tout ce que nous a appris l'école de la République sur notre histoire, tout est faux. Nous recensons ici l'ensemble des clichés, propagandes républicaines sous le titre de "dictionnaire des sornettes", terme employé par Jacques Heers dans son livre "Le Moyen Âge, une imposture" (Perrin Malesherbes 2001, p. 118-119). "Cet héritage mérite examen et il ne semble pas inutile de prendre conscience des "VERITES" que l'on voulait alors imposer en priorité; certaines trop outrancières, n'ont connu que de brèves fortunes mais quelques-uns de nos auteurs d'aujourd'hui restent toujours fidèles à plusieurs clichés inventés et peaufinés alors..." (ibid. p. 122).


Cliché La "réaction féodale au XVIIIe siècle"

"Les monographies nombreuses dont nous disposons témoignent à cet égard d'une réalité très différenciée: les paysans de Le Roy Ladurie, dans un Midi qui a été relativement peu 'féodalisé', semblent avoir liquidé la rente seigneuriale très tôt, dès le début du XVIe siècle (Emmanuel Le Roy Ladurie, Les Paysans de Languedoc, SEVPEN, t. I, p. 291-292). Dans la Sarthe de Paul Bois (Paysans de l'Ouest, Mouton 1960, p. 362 et suiv.), le taux de la redevance seigneuriale semble très faible et même infime à l'intérieur de la rente foncière, par rapport au montant du fermage. Et la révision des terriers quis 'opère au XVIIe siècle ne fait pas apparaître de droits supplémentaires. "On peut dire dire, conclut Paul Bois, en exagérant à peine, que la question des rentes seigneuriales ne concerne pas le paysan"...

"Il n'est donc pas possible, dans l'état actuel de nos connaissances, de parler de 'réaction féodale' au XVIIIe siècle".

(François Furet, La Révolution française, Préface de Mona Ozouf, Quarto Gallimard, Malesherbes 2007, p. 110).

"(Les Français) sont est-il besoin de le dire ? des hommes libres. Le servage qui s'est conservé dans presque tous les pays d'Europe n'existe plus en France. Il ne subsiste, sous une forme atténuée, que dans quelques coins du Jura et du Bourbonnais. C'est l'impossibilité de tester et c'est ce qu'on appelle la mainmorte. Si le mainmortable décède sans enfant, il est réputé sans héritier et ses biens reviennent au seigneur. Par un édit de 1779, préparé par Necker, Louis XVI supprima les dernières traces de servage sur les terres de la couronne."

(Pierre Gaxotte, La Révolution française, Nouvelle édition établie par Jean Tulard, Éditions Complexe, Bruxelles 1988, p. 22-23).

 

Cliché La Révolution abolit le servage

"Au fil du temps, les incapacités frappant les serfs se transforment en taxes. Puis le servage recule. Encouragé par l'Eglise, le mouvement d'émancipation s'accélère dès le IXe siècle. Le moine Suger, ami et conseiller de Louis VI puis de Louis VII, est fils de serf. Le roi donne l'exemple: il affranchit les serfs de son domaine. À la mort de Saint-Louis, le servage a pratiquement disparu en France"

(Jacques Heers, Le Moyen Age, une imposture, Perrin Malesherbes 2001, p. 29). 


Cliché La Révolution abolit l'esclavage

Voir notre article "La franc-maçonnerie et l'histoire de l'esclavage". 

L'abolition de l'esclavage antique en France remonte, au VIIe siècle, à la Monarchie mérovingienne et plus particulièrement à une reine catholique, sainte Bathilde, épouse de Clovis II, qui provoque la disparition de l'esclavage dans les royaumes francs.

Le roi de France Louis X le HutiN (1314-1316) signa une ordonnance "selon laquelle tout individu mettant le pied dans le royaume de France était libre". 

(
Olivier Pétré-Grenouilleau, Les Traites négrières, Folio Histoire, Saint-Amand 2006, p. 257).

 

Cliché, "Les temps de barbarie"

"Féodalité et noblesse, nous dit-on, appellent barbarie, cruauté, corruption des moeurs.

"[...] Les livres pour enfants, manuels scolaires ou autres outils 'pédagogiques', ont repris l'image de la "guerre féodale", dès les premiers temps de l'Ecole républicaine de Jules Ferry: "Les barons féodaux étaient (forcément) brutaux et farouches; quelques-uns n'étaient pas moins atroces que les Huns venus jadis en Gaule...", "Le seigneur vit uniquement de brigandage, pille les chaumières, détrousse les voyageurs; la guerre, toujours la guerre, voilà ce que rêve cet homme épais et brutal... ses plaisirs sont barbares", ou encore: "Le seigneur est un guerrier brutal,c ruel, ignorant; la guerre est son unique occupation... il foule les moissons dorées..., il sème partout la ruine; le serf a moins de valeur qu'une bête"; et enfin: "Le serf vit comme un lièvre poltron; toujours il a l'oreille tendue; au premeir appel, il s'enfuit avec sa femme... il vit dans l'épouvante [Et aussi: "Que de charges pèsent sur ce misérable serf!... réduits à se nourrir d'herbes, d'animaix immondes, les misérables se révoltent". Cf J. Guiraud, Histoire partielle... Introduction au chap. XX "La féodalité, les seigneurs féodaux" qui présente des extraits des manuels scolaires...]. DE TELLES STUPIDITES ETAIENT ENSEIGNEES SANS SOURCILLER PAR LES MAITRES D'ECOLE qui, sans aucun sens du ridicule, devaient illsutrer et broder par quantité d'exemples édifiants; nos enfants étaeint jugés sur ce savoir...

"Les manières certes ont changé et, généralement (mais pas toujours...), les auteurs évitent ces outrances qui, peut-être feraient douter de leur bonne foi... MAIS, mis à part quelques livres édités ces toutes dernières années, et encore bien rares, LE FOND DU DISCOURS RESTE LE MÊME... Le seigneur féodal, brutal et inculte, occupé surtout à guerroyer s'impose encore à nous comme une image force de notre passé et, loin d'y voir un de ces vieux poncifs dépassé, nous y adhérons souvent... De nombreux livres nous le montrent ainsi et certains hsitoriens, pour expliquer l'évolution des sociétés et des économies, bâtissent leurs hypothèses sur ce postulat.

"[...] Il n'est pas rare de trouver, dans les livres récents, une analyse très commune des origines de la guerre de Cent Ans, à savoir que la noblesse de France, les seigneurs féodaux donc, voyant leurs revenus fonciers diminuer d'une façon dramatique (la crise, toujours la crise..!), n'avaient trouvé d'autre façon de se maintenir au même niveau de fortune que de pousser leur roi à la guerre contre les Anglais...

"[...] L'Encyclopaedia Universalis (qui passe pour la pluss cientifique des Encyclopédies...), qui se pique de donner le dernier état des questions..., en est encore là et renchérit sur les positions ordinairement exposées dans quelques manuels déjà anciens... L'article, consacré ici à la guerre de Cent Ans, affirme, sous le titre "La féodalité en mutation", que "les causes profondes de la guerre de Cent Ans" doivent être recherchées dans les réactions du monde féodal face "aux mutations que les historiens ont baptisées 'crise' ou 'crises' du XIVe siècles". Les nobles, gravement lésés par les transformations de l'économie et plus particulièrement par led éveloppement de l'économie monétaire, voyaient dans la guerre une solution à leurs difficultés. pendant plus de cent ans, ils furent poussés à renouveler les combats par le désir de réaliser quelques profits (pillages et rançons), par l'espoir de prendre ou de retrouver une bonne part du pouvoir politique, par l'espoir aussi de voir la guerre freiner les 'évolutions naturelles' qui leur étaient si contraires, et même par la quête d'un 'divertissement' apporté aux inquiétudes par les 'aventures militaires' (Encyclopaedia Universalis, éd. 1984, t. 8, p. 1150, article Guerre de Cent Ans de J. Le Goff...]

"Ignorance ou parti pris... TOUT EST A REVOIR, TOUT EST FAUX!

"D'une part, dire que la noble foncière avait vu ses revenus s'amenuiser d'une façon sensible à l'aube du XIVe siècle, est énoncer un de ces postulats passe-partout qui connaissaient certes un beau succès il y a un demi-siècle mais qui sont maintenant gravement mis en cause et même souvent contredits...

"Très vraisemblabement, cette idée d'une seigneurie "en crise" n'a connu une telle fortune que parce qu'elle s'inscrivait tout net dans une vue générale des fameuses, et pour la plupart mythiques..., crises de la fin du Moyen Age. En tout état de cause, à la veille de la guerre de Cent Ans, nous ne sommes encore qu'au tout début des années 1300; cette crise serait donc le fait des temps de Saint Louis et de ses successeurs immédiats, temps souvent reconnus comme de grande prospérité ou, du moins d'équilibre. De toutes façons, il apparaît clairement, à lire nombre d'études bien documentées, que les grands propriétaires et même les nobles moins bien lotis étaient capables de faire face à d'éventuelles difficultés de trésorerie, aux dévaluations de la monnaie, aux évolutions des marchés et des goûts.

"De plus et surtout, l'image du seigneur poussant à la guerre dans le but de s'enrichir est ABSTRACTION et INVENTION: elle traduit là encore un grave manque d'information. Le Roi de France Philippe VI, appelant ses vassaux nobles aux armes pour combattre les Anglais et défendre son royaume, se heurtait à quantité de mauvais vouloirs, à des refus délibérés. Les semonces des hommes astreints au service d'ost (servive militaire), loin de provoquer de grands mouvements d'enthousiasme, restèrent souvent sans grands effets; les nobles se dérobaient ou arrivaient très tard, mal armés, avec de trop petites suites; certains, tout de même mis en demeure, combattaient à peine, préféraient négocier et livrer leur château ou garnison [P.C. Timbal, La guerre de Cent Ans vue à travers les registres du Parlement (1337-1369), Paris 1961, p. 7, 14-19; M. Jusselin, Comment la France se préparait à la guerre de Cent Ans in Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, 1912; R. Cazelles, La société politique et la crise de la Royauté sous Philippe VI de Valois, Paris 1958 - "Lettres closes, lettres 'de par le Roy' Philippe VI de Valois in Annuaire Bulletin de la Société de l'Histoire de France, 1958].

"Au total, la guerre a plutôt ruiné la noblesse de France, lui infligeant des pertes considérables en hommes et en argent..., l'obligeant à aliéner ses biens, à s'endetter outre-mesure. Avec, pour conséquences, tout naturellement, la perte d'une part d'indépendance, un renforcement du pouvoir royal ou princier car seul ce service de l'Etat pouvait offrir d'intéressantes compensations aux pertes subies sur les champs de bataille"

(Jacques Heers, Le Moyen Age, une imposture, Perrin Malesherbes 2001, p. 124-128).

 

Cliché Le "seigneur qui pressure le serf en lui confisquant tout"

"...jusqu'aux grains à semer ! Quel un propriétaire agricole à tarir sa propre source de revenu ?"

(Jacques Heers, Le Moyen Age, une imposture, Perrin, 1992, p. 29)

 

Cliché Les "corvées effrayantes"

"Les corvées auxquelles les manuels de jadis faisaient une réputation effrayante, se bornent à un ou deux jours de travail par an, six au maximum (à comparer aujourd'hui avec le nombre de jours que l'Etat nous vole par le biais de l'impôt sur les revenus)... Avant la lettre, c'est une forme de contribution locale."

(Jacques Heers, Le Moyen Age, une imposture, Perrin, 1992, p. 27)

 

Cliché Le paysan "taillable et corvéable à merci"

"Le paysan paie la taille. Certains "à merci", ce qui signifie que cet impôt direct est fixé par le seigneur (l'impôt royal apparaît relativement tard, à la fin du XIVe s.) Dans la pratique, la taille est négociée sous forme d'un abonnement communautaire qui fixe la part de chacun. La ponction fiscale, remarque Jaques Heers, est de tout gouvernement: les taxes médiévales ne sont pas plus nombreuses ni plus élevées que dans l'Antiquité ou les temps modernes"

(Jacques Heers, Le Moyen Age, une imposture, Perrin, 1992, p. 28)

 

Cliché Le serf "esclave"

"Un serf n'est certes pas un homme libre. Il n'est pas non plus un esclave. Le droit romain reconnaissait le droit de vie et de mort sur l'esclave: rien de tel n'existe au Moyen Age.

L'étymologie des deux mots a beau être commune (servus), l'esclave est une chose tandis que le serf est un homme, mais un homme dont le statut social est grevé d'incapacités. Si le serf est tenu de rester sur le domaine et de le cultiver, s'il peut être vendu avec les terres, il ne peut en être expulsé et reçoit sa part de la moisson. Il est libre de se marier contrairement à l'esclave antique et de transmettre sa terre et ses biens à ses enfants (tenures héréditaires).

Le servage personnel, transmissible à ses descendants, se distingue du servage réel, qui tient à la terre que l'on exploite: prenant l'exploitation d'une terre servile, des hommes libres peuvent volontairement devenir des serfs."

(Jacques Heers, Le Moyen Age, une imposture, Perrin, 1992, p. 28)

 

Cliché, Le "droit de cuissage" ("la plus belles des balivernes"!)

"Si le répertoire s'est un peu déquanté, nous demeure tout de même comme vérité attestée le fameux "droit de première nuit" qui permettait au seigneur de posséder, le premier, l'épouse de chacun des vassaux... Nombre d'ouvrages en parlent encore très sérieusement...; quantité de romans historiques et mêmes plusieurs scénarios de films ont agrémenté et renforcé leurs intrigues de tels épisodes scandaleux qui provoquaient à juste titre, la révolte des dits vassaux aidés de leurs amis. Nos historiens du XIXe siècle étaient, sur ce point, intarrissables et rappelaient régulièrement les abus d'"un droit qui prouve l'excès de la tyrannie des seigneurs et de l'esclavage de leurs sujets"... En France, écrivaient-ils, ce droit de cuissage s'est maintenu plus longtemps qu'ailleurs "par le caractère des Français qui attachent beaucoup de prix à de telles redevances!" (Sur ce "droit", toutes les anecdotes sont rapportées très sérieusement par J.A Dulaure, La noblesse..., pp. 605 et sq.)

"[...] TOUT CECI, insistons, ADMINISTRE sans ordre, sans précisions de dates bien souvent, SANS LA MOINDRE PREUVE SOLIDE, mais avec tant de sérieux et rencontrant des audiences SI BIEN préparées QUE LES PLUS BELLES BALIVERNES FIRENT LEUR CHEMIN PENDANT DES GENERATIONS...

"Dans le même temps, dans les dernières décennies, plusieurs recherches rigoureuses furent menées sur le sujet, conduisant à des conclusions toutes différentes et ne retenant que l'aspect financier d'une taxe sur le mariage des serfs [Il y a déjà plus d'un siècle: C. Schmidt, Der Streit über das Jus primae noctis in Zeitschrift für Ethnologie, t. XVI, 1884]; mais ces travaux sont restés (et restent encore...) confidentiels, jamais repris par les livres de large diffusion... Personne n'en tint compte et l'on continua, de façon plus ou moins directe, à accréditer toutes manières de légendes"

(Jacques Heers, Le Moyen Age, une imposture, Perrin Malesherbes 2001, p. 135-136).

 

Cliché, Le "peuple d'illettrés"

"...les livres scolaires, au lendemain des lois sur l'obligation scolaire (Lois scolaires Jules Ferry), endoctrinaient les enfants dès leurs jeune âge. Les manuels d'histoire accusaient, sans nuance et sans crainte du ridicule, l'Eglise médiévale d'avoir mis tout en oeuvre pour maintenir les hommes dans un état de totale inculture; tous disaient que, pour le clergé, "la diffusion des livres était le triomphe du diable". À les lire, s'imposait l'idée que l'Eglise avait "réservé jalousement pour ses moines, dans le mystère des cloîtres, des bribes de science qu'elle se garda bien de communiquer au grand public"... Ces responsables de l'enseignement, appliqués à forger des esprits, suivaient de très près leurs maîtres, Michelet surtout qui intitulait les chapitres de son Histoire de France, consacrés à l'Eglise: "De la création d'un peuple de fous" ou encore "La proscription de la nature"... Certains diraient qu'avant Jules Ferry rien n'avait été fait pour l'instruction du peuple! En tout cas, truisme constamment rappelé, aux temps "médiévaux" (pourquoi pas 'moyenâgeux' ?) aucune école ni dans les villages, ni dans les divers quartiers des villes, si ce n'est pour quelques privilégiés... aussitôt destiné aux carrières ecclésiastiques.

"Or nous voici dans l'erreur la plus totale car toutes sortes de documents (archives comptables des municipalités et archives judiciaires, registres fiscaux) témoignent amplement, pour différents pays, de l'existence, outre le curé et ses assesseurs, de maîtres d'école de profession, régulièrement patentés et rémunérés. À Paris, en 1380, Guillaume de Salvadille, professeur de théologie au collège des Dix-Huit, chef des "petites écoles" de la ville, réunit les directeurs de ces écoles où l'on apprenait aux enfants la lecture, l'écriture, le calcul et le catéchisme; sont présents vingt-deux "maîtresses" et quarante et un "maîtres", tous non-clercs, dont deux bacheliers en droit et sept maitres ès arts (J. Hillairet, L'Ile de la Cité, Paris 1969, p. 48)"

(Jacques Heers, Le Moyen Age, une imposture, Vérités et Légendes, Perrin, Perrin Malesherbes 2001, p. 217-218).

 

Cliché, Le "paysan attaché à sa glèbe"

"Le Moyen Age est le théâtre de grandes migrations : pour explorer des terres lointaines, des villages entiers se déplacent" (Jean Sévillia, Historiquement correct, Pour en finir avec le passé unique, Perrin, Saint-Amand-Montrond 2003, p. 27).

"l'image du paysan attaché à sa terre s'est profondément ancrée dans notre bagage culturel; nous y croyons, nous en parlons volontiers: contraintes seigneuriales qui interdisaient de se dépalcer, impossibilité de s'établir à son gré... L'image s'est largement diffusée et appliquée à toute condition paysanne. C'est à tort. Les hommes de noscampagnes acceptaient alors l'aventure, en de nombreuses occasions. les grandes errances, les déplacements de communautés, les Croisades, les défrichements de terres lointaines, le repeuplement des pays repris aux musulmans jusqu'en Andalousie, tous ces phénomènes parfaitement situés et analysés nous éclairent sur cette aptitude, cette propension parfois à la mobilité; sur ce goût de l'inconnu même"

(Jacques Heers, Le Moyen Age, une imposture, Perrin Malesherbes 2001, p. 166).

 

Cliché, Le paysan misérable

"Certes, quand un accident climatique ruine la récolte, la famine menace. Il en sera ainsi bien au-delà du Moyen Age, donc bien après la fin de la féodalité, tant qu'on aura pas maîtrisé les techniques de fertilisation des sols et de stockage des grains. Des paysans pauvres, il y en a toujours au XXIe siècle. Dès le Moyen Age, certains s'enrichissent soit en se mariant, soit en héritant, soit en travaillant beaucoup. On voit des laboureurs plus fortunés que les petits nobles ruinés par la guerre. L'alleu, terre (libre) appartenant à un paysan, se rencontre en Languedoc, en Provence, dans le Mâconnais, en Bourbonnais, dans le Forez, en Artois, en Flandre. Locataires de leur exploitation, les tenanciers ne peuvent en être expulsés. Ils possèdent le droit de le transmettre à leurs héritiers, ce qui institue de facto des tenures héréditaires."

(Jean Sévillia, Historiquement correct, Pour en finir avec le passé unique, Perrin, Saint-Amand-Montrond 2003, p. 27).

"De nos jours, le locataire d'une maison, d'un champ, d'une exploitation rurale quelconque, est-il assuré de le rester tout le temps lui sied, aux mêmes conditions, sans augmentation de son loyer quelles que soient la conjoncture et l'inflation de la monnaie ? Est-il assuré de ne pas devoir quitter les lieux si le propriétaire veut s'y installer, ou établir l'un des siens, ou vendre à une entreprise qui promettrait d'y construire un plus bel immeuble, de plus fort rapport ? Est-il assuré encore de transmettre cette maison ou cette ferme à ses enfants, ainsi de génération en génération, pour le même prix, sans que le propriétaire puisse rien y contrevenir ? peut-il vendre son droit d'occupation à bon prix, équivalent à la valeur réelle du bien au jour de l'opération, à un tiers qui prendrait sa palce, s'y installerait, ne versant au "seigneur" qu'un pourcentage, au demeurant assez faible, du prix de cette vente ? Peut-il sous-louer avec un fort bénéfice et exiger plusieurs fois le loyer qu'il paie, lui, et qui n'a pas varié depuis des lustres ? Partager le terrain en plusieurs lots pour en tirer de meilleurs revenus ? Enfin, vous est-il loisible, locataire d'aujourd'hui, d'hypothéquer ce bien, de le mettre en gage contre un prêt d'argent ? Tout ceci, nombre de tenanciers 'non propriétaires' pouvaient, à la ville comme à la campagne, le faire et ne s'en privaient pas...

La tenure, c'est indiscutable, était non seulement viagère mais héréditaire; seul le preneur pouvait rompre le contrat, fuir, déguerpir ailleurs, là où pouvaient l'appeler de meilleures possibilités. Régulièrement, les fils succédaient aux pères et leurs droits n'étaient pas contestés... De plus, au cours des âges, ces tenures pouvaient subir toutes sortes d'avatars. Face à de pressants besoins d'argent, le paysan laissait en gage la terre qu'il tenait de son seigneur. D'autres n'hésitaient pas à sous-louer si l'occasion s'en présentait... En tout état de cause, de ces analyses des conditions sociales ne se dégagent que des contours assez flous, une teinte d'ambiguïté, qui conduisent à penser que l'idée que les gens de l'époque se faisaient de la propriété seigneuriale différait quelque peu de celle, bien mieux tranchée, que nous en avons aujourd'hui"

(Jacques Heers, Le Moyen Age, une imposture, Perrin Malesherbes 2001, p. 170-171).

"La distribution (du blé) se faisait régulièrement toutes les semaines sous l'inspection d'un préposé. Si la provision de quelque loge venait à s'épuiser, on prenait dans le tas du seigneur toute la quantité nécessaire pour la famille qui en manquait, à charge par elle d'en rendre la même quantité à la moisson nouvelle. Ainsi le paysan le plus pauvre était assuré de sa subsistance. Qu'on décide si ce régime ne vaut pas celui des mendiants libres & mourans de faim..." (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1798, t. II, p. 247).

Sur la richesse de l'Ancienne France et la richesse des paysans, notons ce témoignage capital d'un ennemi acharné de l'Eglise, Voltaire:

"Je ne sais comment il est arrivé que, dans nos villages, où la terre est ingrate, les impôts lourds, la défense d'exporter le blé qu'on a semé intolérable, il n'y ait guère pourtant un colon qui n'ait un bon habit de drap et qui ne soit bien chaussé et bien nourri..."

(Voltaire cité in Frantz Funck-Brentano, L'Ancien Régime, Les Grandes études Historiques, Librairie Arthème Fayard, Paris 1926, p. 410-411).

"L'industrie augmente tous les jours, écrit Voltaire; à voir le luxe des particuliers, ce nombre prodigieux de maisons agréables bâties dans Paris et dans les provinces, cette quantité d'équipages, ces commodités, ces recherches qu'on appelle 'luxe', on croirait que l'opulence est vingt fois plus grande qu'autrefois... Le moyen ordre s'est enrichi par l'industrie.. Les gains du commerce ont augmenté. Il s'est trouvé moins d'opulence qu'autrefois chez les grands et plus dans le moyen ordre et cela a mis moins de distance entre les hommes... aujourd'hui, l'industrie a ouvert mille chemins qu'on ne connaissait pas il y a cent ans" (Voltaire cité in Frantz Funck-Brentano, L'Ancien Régime, Les Grandes études Historiques, Librairie Arthème Fayard, Paris 1926, p. 485).

Ce témoignage du chef des impies est capital pour contrer le manichéisme farfelu des marxistes agitant aujourd'hui encore le spectre du peuple, pauvre, dominé et opprimé par la noblesse sous l'Ancien Régime...

"Puis voici le témoignage d'étrangers qui jugent nos conditions sociales sans arrière-pensée, celui de Lady Montague qui note en 1739 'l'air d'abondance et de constentement (contentement)répandu dans les campagnes en France'"

(Frantz Funck-Brentano, L'Ancien Régime, Les Grandes études Historiques, Librairie Arthème Fayard, Paris 1926, p. 411).

[...] celui d'Horace Walpole traversant l'Artois en 1765: "Je trouve ce pays-ci prodigieusement enrichi... les moindres villages ont un air de prospérité'.

"Un intendant du Roussillon note les nombreux repas que font les campagnards, "quatre, cinq, six repas par jour et, à chaque repas, de la viande et du vin...'"

(Frantz Funck-Brentano, L'Ancien Régime, Les Grandes études Historiques, Librairie Arthème Fayard, Paris 1926, p. 411).

"Telle est exactement la situation des paysans de l'Ancien Régime: une grande affectation de misère et, derrière ce manteau de guenilles, une vie paisible, souvent aisée, quelquefois large..."

( Pierre Gaxotte, La Révolution française, Nouvelle édition établie par Jean Tulard, Éditions Complexe, Bruxelles 1988, p. 22-23).

"En 1789, les Français n'étaient pas malheureux. Les documents les plus sûrs nous prouvent, au contraire, que la richesse s'était considérablement accrue depuis un demi-siècle et que l'état matériel de toutes les classes de la société, sauf celui de la noblesse rurale, s'était sensiblement amélioré. Le régime corporatif n'avait pas empêché la naissance et la mise en place de la grande industrie..." (Pierre Gaxotte, ibid., p. 19).

Et si "en 1789 la partie la moins favorisée de la population paysanne était en révolte virtuelle contre la transformation capitaliste de l'agriculture, il n'en reste pas moins que, depuis un siècle, les campagnes s'étaient enrichies..." (Pierre Gaxotte, ibid., p. 30).

"Aussi, on peut dire que la vie est devenue plus sûre pour tout le monde. Plus de famines. Les disettes qui au siècle précédent, avaient provoqué une raréfaction des mariages et une restriction des naissances ne sont plus que souvenirs ou imprécises menaces. les meilleurs rendements, le maïs, la pomme de terre, les communciations plus faciles en sont venus à bout. A défaut de signe, l'accroissement régulier de la population suffirait à le prouver" (Pierre Gaxotte, ibid., p. 31).

"Les paysans sont aussi le plus souvent des propriétaires. Ils profitent de la hausse des produits agricoles pour améliorer leur condition. Il est certain... qu'ils possèdent au moins la moitié du sol..." (Pierre Gaxotte, ibid., p. 23-24).



Cliché "Le paysan français est écrasé d'impôts par un pouvoir tyrannique"

"En trois années la Révolution a délivré plus de lettres de cachet pour affaires d'Etat, - et dont la plupart ont eu les plus tragiques conséquences - que le gouvernement royal en huit siècles"

(Frantz-Funck-Brentano, L'Ancien Régime, Les Grandes études Historiques, Librairie Arthème Fayard, Paris 1926, p. 539).

Exemple de falsification-manipulation relevée dans les extraits de l'intervention d'un conférencier franc-maçon (La libre pensée de Haute-Garonne), via l'article "Franc-maçonnerie et République" du Blog maçonnique: "La monarchie, d’absolue, devint despotique, et ce au moment même où le mouvement des idées tendait à remettre en cause les anciens schémas". 

Notre article "Une légende républicaine: le paysan français de l'Ancien Régime écrasé d'impôt par un pouvoir tyrannique", s'appuyant sur les travaux de l'historien Jean-Christian Petitfils, et ceux d'autres historiens, démonte cette sornette inventée par les propagandistes de la république et prouve l'exact inverse de ce que dit la franc-maçonnerie : 

"L'image du paysan français écrasé d'impôts par un pouvoir tyrannique est une légende inventée par l'historiographie du XIXe siècle à partir des stéréotypes révolutionnaires".  En 1715, le contribuable français payait en moyenne deux fois et demie moins d'impôts que son homologue britannique. A cette date, en effet, la pression fiscale représentait un équivalent de 0,70 hectolitre de grain de froment pour la France contre 1,62 de l'autre côté de la Manche (Peter Mathias et Patrick O'Brien, Taxation in Britain and France 1715-1810, A Comparison of the Social and Economic Incidence of Taxes collected for the Central Government, The Journal of European Economic History, vol. 5, n° 3, 1976, p. 618-620). La monarchie absolue par conséquent fut moins oppressive fiscalement que la monarchie 'représentative et tempérée' à l'anglaise"

(Jean-Christian Petitfils, Louis XIV, 2002, réed. Collection Tempus, La Flèche 2006, p. 703-705).

"Le règne personnel de Louis XIV est un règne de relatif calme fiscal; quant au XVIIIe, il correspond à une décrue. l'impôt en France, à la différence de ce qui se passe partout en Europe, ne suit pas l'accroissement de la population, de la richesse et des besoins. ... La France devient un paradis fiscal" 

(Pierre Chaunu, Le Grand déclassement, à propos d'une commémoration, Robert Laffont, Paris 1989, p. 82).

"L'absolutisme se révèle, par nature, un régime limité et tempéré, certainement pas la matrice d'un pouvoir totalitaire. Ce n'est pas lui qui parviendra à imposer la fiscalisation généralisée de la population, la conscription obligatoire, la levée en masse et le concept de guerre totale" 

(Jean-Christian Petitfils, Louis XIV, Collection Tempus, La Flèche 2006, p. 148).

Aujourd'hui, un président de la République "française", dont les pouvoirs peuvent aller, outre la violation des lois divines, jusqu'à la violation du droit de propriété (impôt de succession...), la violation du droit naturel, la violation de la morale (avortement, eugénisme, manipulations génétiques), la cession de territoires (la liquidation de nos colonies), la destruction de coutumes et traditions françaises (suppression du lundi de Pentecôte), a plus de pouvoirs qu'un roi de France qui devait respecter les "libertés françaises", les coutumes du royaume et les lois fondamentales du Royaume. Le Roi n'était pas propriétaire du Royaume, il ne pouvait en disposer à sa guise: la loi d'inaliénabilité des biens de la Couronne interdisait au Roi de céder des territoires du Royaume de France déclarés inaliénables. Aujourd'hui, un président de la république peut aliéner des pans entiers de notre territoire (comme de Gaulle qui liquida l'Algérie française en 1962). En toutes ces choses, le président de la "République" est un bien plus grand despote que n'a pu l'être n'importe quel Roi de France.

"La monarchie française n'est pas 'absolue' au sens moderne du terme, qui évoque un pouvoir totalitaire. D'abord parce qu'elle reste fondée sur les 'lois fondamentales' du royaume, qu'il n'est au pouvoir d'aucun souverain de changer: les règles de succession au trône, les propriétés de ses 'sujets' sont par exemple hors de son atteinte. Mais surtout les rois de France n'ont pas développé leur pouvoir sur les ruines de la société traditionnelle. Ils l'ont au contraire construit" 

(François Furet, La Révolution française, Préface de Mona Ozouf, Quarto Gallimard, Malesherbes 2007, p. 125). 

"Loin d'être réactionnaire, ou prisionnier d'intérêts égoïstes, l'Etat monarchique du XVIIIe siècle est ainsi un des grands agent du changement et du progrès général" 

(François Furet, ibid., p. 127).

"Être français, c'est, avec des libertés, des privilèges reconnus, partager la fierté d'être gouverné par un roi qui ne ressemble en rien à ces despotes orientaux que l'on voit honorés par une foule servile.

"La patrie française est terre gouvernée par un roi qui respecte les coutumes de ses sujets et dont la gloire rejaillit sur l'ensemble de ses peuples"

(Jean-Paul Bertaud, La Révolution française, collection Tempus, La Flèche 2004, p. 15). 

"La monarchie chrétienne et française est par son essence même, une monarchie 'tempérée' qui n'a rien à voir avec ces gouvernements d'aventure qui promettent l'âge d'or et conduisent aux abîmes

(Comte de Chambord, dans son manifeste du 2 juillet 1874).

"Le monarque absolu au royaume de France n’est donc ni un tyran ni un despote. C’est pourquoi certains auteurs ont songé à remplacer monarchie absolue par monarchie 'administrative' ou même de monarchie 'tempérée'..." 

(François Bluche, Louis XIV, Fayard, Paris 2002, p. 195).

Pour revenir au paysan croulant sous les impôts, Jacques Heers explique: "Mis à part certains manuels récents, pas un seul ouvrage de grande diffusion qui ne présente inlassablement le même thème de la pauvreté paysanne; tous, des livres de classe pour nos enfants jusqu'aux volumes agrémentés de belles illustrations, publiés sous la garantie d'un grand auteur, insistent, évoquent les "révoltes paysannes" et, surtout, alignent régulièrement d'impressionnantes listes de taxes et d'impôts. Si vous faites le compte de toutes ces retenues, vous vous apercevez qu'il ne restait vraiment à ces malheureux qu'à peine de quoi vivre, de quoi ne pas mourir de faim.

Cependant tout ceci sent trop bien la mauvaise foi ou, plus souvent peut-être, le conformisme et l'ignorance têtue. Certes ces catalogues de redevances complaisamment détaillés, si impressionnants, laissent à juste titre accablé. Mais tout y est truqué, faux, incohérent, truffé d'erreurs grossières et de contradictions. Comment expliquer qu'un auteur, même polygraphe, même très hâtif, ne puisse s'apercevoir que l'on a mis là ensemble, pour faire très lourd, des prélèvements qui n'ont rien à voir avec l'impôt ou qui découlent de taxes perçues non du fait de la seigneurie mais des pouvoirs publics ?

Pour les hommes libres, pour lesquels l'on parle communément d'arbitraire et de charges insupportables, chacun des prélèvements régulièrement cités mérite une attention particulière.

Nos manuels citent presque toujours, en premier lieu, le cens dû par le tenancier. or le cens, enc ertaines occasions d'ailleurs seulement symbolique ou très faible, n'est absolument pas un impôt mais un loyer. Il ne viendrait à aucun de nos contemporains l'idée de comptabiliser le loyer de sa maison ou de son commerce, ou de so natelier, de son champ, au titre des impôts. Manque de discernement ou supercherie? En fait, dès les premières attaques contre la féodalité, cette affectation d'ignorer la véritable nature du cens n'avait rien d'innocent mais participait d'une volonté de combat... Avant même la révolution, plusieurs auteurs, philosophes ou historiens des formes de la vie politique, ont volontairement entretenu la confusion et, pour certains même, laissé entendre que le fait de payer le cens sur ses tenures était une marque de servitude... De telles sornettes se trouvent dans Montesquieu qui écrit, d'une belle assurance: "c'était la même chose d'être serf et de payer le cens, d'être libre et de ne le payer pas".

Les catalogues des droits féodaux, des redevances en tout cas, font état tout naturellement, de la dîme, perçue par l'Eglise ou par des accapareurs. mais, là aussi, l'examen tourne vite court et n'envisage rarement ni le poids de cette levée, ni sa véritable nature. Les mises au point pourtant ne manquent pas. Sur le poids tout d'abord: le prélèvement ne s'appliquait pas à toutes les récoltes mais principalement aux blés et n'atteignait pas toujours les 10 pour cent, loin de là. Sur l'usage ensuite: outre l'entretien du clergé, l'exercice du culte, les messes et prières auxquels nombre de civilisations consacraient et consacrent encore, tout naturellement, des sommes appréciables, l'Eglise assurait alors une part notable de l'assistance publique (hospices, hôpitaux, maisons Dieu, aumônes, enfants abandonnés) et de l'enseignement dans les paroisses. Faut-il comparer ces prélèvements de 5 à 10 % à ceux d'aujourd'hui pour notre sécurité sociale et au coût de nos systèmes d'éducation ?

Quant aux impôts proprement dits, ceux effectivement perçus comme des taxes spécifiques par tel ou tel seigneur "féodal", notons, avant toute chose, que l'impôt royal est apparu en France, non sans grand mal d'ailleurs, relativement tard, à partir de 1357, avec le système fort complexe et très aléatoire des aides. Jusqu'alors l'impôt n'était pas perçu par le roi mais par ceux investis d'une part de l'autorité. Tous les maîtres des seigneuries ne pouvaient y prétendre et nombre d'auteurs, avec en particulier Robert Boutruche, ont bien su distinguer la seigneurie "foncière" (la propriété du sol) de la seigneurie banale (pouvoir de commandement, délégation ou usurpation des droits régaliens). Ces "impôts" étaient donc des "banalités"; ils ne relevaient pas des relations seigneurs-paysans mais de celles entre l'Etat et les sujets. Un long temps accaparés par différents féodaux, ils furent par la suite perçus au profit du roi et, depuis lors, ont connu de belles destinées, end es temps où il n'est question ni de féodalité ni de seigneurie. Il n'est pas nécessaire d'y penser longuement pour constater que nous en connaissons, sous diverses formes, l'équivalent ou la réplique, largement amplifiée et perfectionnée...

On a beaucoup disserté sur ces banalités, liées donc au pouvoir politique, féodaux si l'on veut et non seigneuriaux; nos manuels ne nous laissent rien ignorer ni de leurs diversités, de leurs ridicules même, ni de leur poids, des entraves quec es prélèvements imposaient à la vie économique. Nos temps de barbarie auraient beaucoup souffert de ces taxes abusives, invoquées à tout propos par des seigneurs qui en inventaient toujours quelques nouvelles et ne mettaient aucun frein à leurs exigences...

D'autres banalités frappaient les droits de passages à un carrefour de routes, à l'entrée d'une seigneurie, sur un pont ou sur le cours d'un fleuve. Ces péages ou tonlieux ont eux aussi fait couler beaucoup d'encre, souvent présentés comme les plus graves abus de la féodalité. Le péage féodal fut ainsi, à longueur d'ouvrages, l'objet d'attaques indignées qui ont forgé une image noire... aussi fausse mais aussi solidement ancrée que els autres. Un auteur du XIXe siècle, emporté par sa verve critique et cherchant comment convaincre davantage, n'hésitait pas à montrer à ses elcteurs le commerce ruiné par ces extorsions arbitraires, les communciations devenues impossibles, les routes en mauvais état et cosntamment barrées par des receveurs arrogants... Comment pouvons-nous charger d'un tel discrédit ces taxes et droits de passages seigneuriaux comme s'ils représentaient, dans l'histoire du passé, une malheureuse exception ? Pourquoi clamer de si vertueuses indignations alors que tout au long des siècles à travers le monde, et plus particulièrement en Occident, les droits de circulation, les échanges de ville à ville, les passages sur les ponts, etc. ont été sans cesse soumis à ponctions fiscales de toutes natures, dont on ne parle pas volontiers ? Au temps médiéval, le seigneur n'était certainement pas le mieux organisé. Quant à l'époque moderne et en Europe, faut-il rappeler les droits d'octroi maintenus si longtemps aux portes de nos cités, les péages sur les ponts et ouvrages d'art ? Rien n'a changé et l'habitude de payer paraît acceptée. Aujourd'hui, en Occident et ailleurs, les routes et passages privés, maintenus sans assistance de l'Etat, ne peuvent être empruntés que contre paiment d'un péage, au bénéfice du promoteur et propriétaire, individu ou organisme: droit éminemment privé, fixé ou gré du marché, que nous tolérons naturellement.

Tout indique que l'idée que nous nous faisons, de nos jours encore, des charges fiscales qui, au Moyen Age, pesaient sur les paysans, que ces condamnations des abus que, inlassablement, rappellent nos manuels ou nos récits romancés, résulte d'un parti pris... ou d'un manque de réflexions. celles-ci devraient, pour une vue plus sereine et plus exacte des choses, s'orienter en deux directions.

D'une part, admettre que la ponction fiscale est un procédé inhérent à toute sorte de gouvernement, de quelque nature qu'il soit: aux temps médiévaux, en Occident, les villes marchandes et les princes avaient établi des organismes de perception plus expérimentés et plus contraignants que ceux des seigneurs féodaux aux réputations pourtant si détestables. De toute évidence, les taxes n'étaient ni plus nombreuses ni plus élevées en ces temps de barbarie féodale que dans l'Antiquité ou dans les temps dits modernes. Hors d'Occident, ces organismes et officiers sévissaient certainement avec autant de soin et d'exigence.

D'autre part, considérer comme établi que tout renforcement de l'Etat contre les structures particularistes, en l'occurence la féodalité, a provoqué, au fil des siècles, un alourdissement des prélèvements et, en même temps, une plus grande sévérité dans les processus de perception"

(Jacques Heers, Le Moyen Age, une imposture, Perrin Malesherbes 2001, p. 171-179)

Conclusion

Relativement aux sornettes inventées par l'enseignement national républicain, cet article est appelé à être augmenté régulièrement, au fur et à mesure de nos découvertes historiographiques sur le sujet.

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12 mai 2007 6 12 /05 /mai /2007 11:21

Mis à jour 6 septembre 2013 8h58.

 

Avec "Clovis et son temps", film de Jacques Barsac (conseiller historique Michel Rouche, Professeur à la Sorbonne, auteur d'un "Clovis"), aux riches documents iconographiques et images de synthèse, France 3 Production 1997 publie un documentaire aux détails parfois discutables, mais l'essentiel est respecté.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous notons pour les francs-maçons qui tiennent que la "France" n'existe pas avant le XIIIe-XIXe siècle, voire 1789, cette petite information (video 1) : "Les géographes romains dressent des cartes qui leur permettent de maîtriser leur immense territoire. Sur la rive droite du Rhin apparaît le terme de "FRANCIA" pour désigner les territoires occupés par les Francs, un peuple germanique encore situé hors de l'Empire."

 

Video 3: "La res publica, Clovis est le refondateur de l'Etat de droit". Cette autre précision change des falsifications "républicaines" tenant que l'"Etat de droit" aurait été inventé par les révolutionnaires en 1789!

 

Video 3: "Le 10 juillet 511, il convoque un concile à Orléans…, les évêques votent des canons, des lois religieuses. Il les propose ensuite à Clovis pour approbation comme lois publiques conformément à l'union de l'Eglise et de l'Etat, qui datait de 392. Chacun donc, l'Eglise comme l'Etat sont AUTONOMES dans sa sphère (c'est cela la vraie laïcité : la reconnaissance de deux pouvoirs DISTINCTS, un temporel et un spirituel, cependant que les hérétiques ariens proposaient une théocratie à l'antique où le Roi était à la fois chef de religion et chef d'Etat… Ce que la video nomme un totalitarisme, est en fait un césarisme. On imagine donc quel progrès Clovis et le catholicisme ont apporté).

 

"Au Roi incombe la tâche de diriger les laïcs, à l'évêque…, appartient la responsabilité de dire le Bien divin pour tous (le tout, cette alliance des deux pouvoirs devant conduire au "Bien commun", notion de théologie catholique). Tels étaient les conséquences du baptême de Clovis. Distinguer l'activité des laïcs du rôle spirituel des clercs (comme le dit Jean-Paul II dans ses Mémoires, "distinction n'est pas 'séparation'…, mais saine collaboration").

 

 

Petite bibliographie sur Clovis :

 

* C. Guénot, Clovis le Fils aîné de l'Eglise, Epopées de l'histoire de France, Vve H. Castermann, Tournai 1883 (magnifique narration de l'histoire de Clovis et Clotilde. Livre rare).

* Anne Bernet, Clovis et le Baptême de la France, Editions Clovis, Condé-sur-Noireau 1996

* Anne Bernet, Clotilde, Épouse de Clovis, Pygmalion, Bergame 2005

* Pierre Chaunu, Éric Mension-Rigau, Baptême de Clovis, baptême de la France, De la religion d'État à la laïcité d'État, Éditions Balland, Paris 1996 (livre intéressant écrit par deux protestants)

* Abbé Dessailly, Authenticité du Grand Testament de Saint Rémy, Livres d'autrefois, Condé-sur-Noireau 1996

* Francis Dallais, Clovis ou le combat de gloire, Préface du professeur Jean-Pierre Brancourt, PSR Editions, La Roche Rigault 1996

* Georges Bordonove, Les rois qui ont fait la France, J'ai lu, Paris 2001.

* Michel Rouche, Clovis.

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> "Francia" : les origines de la France

> Clovis , La France et la chrétienté

> Abolition de l'esclavage : qui a aboli l'esclavage le premier ?

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11 mai 2007 5 11 /05 /mai /2007 15:10
Une légende républicaine démontée: "le paysan français de l'Ancien Régime écrasé d'impôt par un pouvoir tyrannique"

L'historien Jean-Christian Petitfils nous livre une perle dans sa biographie de Louis XIV: le paysan français sous l'Ancien Régime n'était pas écrasé d'impôt et le Roi n'était pas un tyran... L'exact inverse de ce que nous raconte les falsificateurs professionnels de la république. La vérité finit toujours par sortir.

"La monarchie n'a rien à voir avec la tyrannie à l'antique ou le despotisme à l'oriental. Simple dépositaire de la Couronne, le souverain doit respecter les lois fondamentales du royaume et le droit naturel, notamment le droit de propriété auquel il ne peut porter atteinte... La peur de la malédiction était, au plan politique, un puissant frein aux abus et aux détournements de pouvoir. A contrario, le scepticisme des Lumières, sur lequel s'appuie le "despotisme éclairé" - que l'on présente d'ordinaire comme une régime plus "moderne" et plus rationnel -, a contribué non pas à la limitation de l'arbitraire mais à son extension..." (Jean-Christian Petitfils, Louis XIV, 2002, réed. Collection Tempus, La Flèche 2006, p. 222)."La vérité qui se fait jour aujourd'hui oblige à revenir sur le vieux cliché tenace du despotisme broyeur et de la tyrannie du pouvoir royal.... L'image du paysan français écrasé d'impôts par un pouvoir tyrannique est une légende inventée par l'historiographie du XIXe siècle à partir des stéréotypes révolutionnaires. En 1715, le contribuable français payait en moyenne deux fois et demie moins d'impôts que son homologue britannique... La monarchie absolue, par conséquent, fut moins oppressive fiscalement que la monarchie représentative et tempérée à l'anglaise" (ibid. p, 703-705). Le malheur est qu'en France aujourd'hui, le régime républicain continue d'endoctriner les enfants, d'une manière obligatoire, à ce type de clichés mensongers. L'entreprise de décervelage est toujours en place. Les Français ont reconduit les candidats du système "démocrate" au pouvoir.

Le point de vue de Jean-Christian Petitfils n'est pas isolé. Il rejoint ceux d'autres éminents historiens: François BluchePierre Gaxotte, Frantz Funck-Brentano, Jean-Louis Harrouel, Jacques Heers : Le Roi de France n'était pas un tyran. J.-L. Harrouel indique: "La plus libérale des démocraties actuelles est bien plus absolue que la monarchie dite 'absolue'... En effet, l’autorité étatique y est beaucoup plus à même d’imposer sa volonté..." (Jean-Louis Harrouel, L’esprit des institutions d’Ancien Régime, Le miracle capétien, Perrin, 1987). 

"En 1789, le paradoxe veut que la France soit 'un Etat pauvre dans un pays riche' (Pierre Gaxotte, La Révolution française, Arthème Fayard, Paris 1928) les impôts sont trop légers (5% du revenu national, 10% dans les périodes où la pression est la plus forte, contre 45% à la fin du XXe siècle)" (Yves-Marie Adeline, Histoire mondiale des Idées politiques, Ellipses, Paris 2007, p. 323).

Dans un autre livre (Le Royalisme en question), Yves-Marie Adeline précise que non seulement rien n'a changé aujourd'hui, mais qu'au contraire tout a changé: "nous ne payons plus seulement une taxe sur le sel, mais sur tous nos produits, et nous payons infiniment plus d'impôts que sous Louis XVI. Dans les périodes des plus lourdes taxes, l'impôt sous l'Ancien Régime allait jusqu'à atteindre 10% du revenu national, mais globalement il s'est maintenu au niveau de 5%. Aujourd'hui il est à 45%. Neuf fois plus! Mais nous sommes en république, donc c'est normal: tel est encore un effet de la tyrannie de l'ignorance. ... " (Yves-Marie Adeline, Le Royalisme en question, L'Âge d'Homme - Editions de Paris,  Libres Mobiles, 2e édition, Paris 2006, p. 100).

Aujourd'hui, un président de la République "française", dont les pouvoirs peuvent aller, outre la violation des lois divines, jusqu'à la violation du droit de propriété (impôt de succession...), la violation du droit naturel, violation de la morale (avortement, eugénisme, manipulations génétiques), la cession de territoires (la liquidation de nos colonies), la destruction de coutumes françaises (suppression du lundi de Pentecôte), a incontestablement plus de pouvoirs qu'un roi de France qui devait respecter les "libertés françaises", les coutumes des pays et les lois fondamentales du royaume. Le Roi n'était pas propriétaire du Royaume, il ne pouvait en disposer à sa guise. ... (Exemple: un roi n'eut pas pu céder à sa guise un territoire comme l'a fait de Gaulle avec l'Algérie). La loi d'inaliénabilité du territoire faisait que les territoires n'étaient pas cessibles par une volonté du Roi. En toutes ces choses, le président de la "République" est donc un bien plus grand despote que n'a pu l'être n'importe quel Roi de France.

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13 mars 2007 2 13 /03 /mars /2007 17:04
"Pour demander leurs secrets au temps modernes.., il faut débrouiller ses mensonges et reconnaître son véritable état malgré les illusions qu'ils cherchent à répandre. L'euphorie des temps modernes en France et dans les autres démocraties, cache une malhonnêteté fondamentale qui est la cause de notre décadence. Les régimes que nous appelons 'démocratiques' sont une comédie au même titre que les 'démocraties populaires'. La volonté nationale y est escamotée. Une caste de privilégiés s'y est emparée de la nation. 

"Son pouvoir a pour condition la libre pénétration du pouvoir de l'étranger (et le jeu des minorités contre la majorité) qui aboutit à notre division politique, à notre impuissance, à notre domestication. 

"Finalement, sous prétexte de Liberté, nous ne sommes plus maîtres de rien chez nous, ni de nos économies, ni de nos territoires, ni de notre destin. Nous ne sommes plus rien dans nos nations. Les temps modernes, c'est le temps de l'expropriation, c'est de cela que nous devons d'abord prendre conscience" (Maurice Bardèche , Les Temps modernes, Editions Les Sept couleurs, Montargis 1956, p. 10-11). 

"La puissance de l'argent dans nos démocraties est immense, mais toujours oblique, tortueuse, omniprésente et sourde

"L'argent règne, mais sans ministres, sans appareil, sans charte. Il pénètre tout, mais comme l'humidité, comme le sel. Les groupes financiers ou du moins certains groupes financiers font les élections et ils font les partis: mais ensuite les partis gouvernent comme ils peuvent et ils ne font pas toujours, ils ne peuvent pas toujours faire la politique pour laquelle ils ont été payés. 

"Les barons financiers autorisent et soutiennent telle idéologie et tolèrent ou combattent telle autre. ... On découvre alors que les gouvernements ne peuvent se mouvoir que dans des limites très étroites. ..." (Maurice Bardècheibid., p. 85-86).  
"L'empire de l'argent est un empire sans loi morale. Sa seule loi est le gain. Les hommes de l'argent n'ont pas intérêt à la puissance de nos patries. Ils ont intérêt à traiter avec un pouvoir faible et, si possible, vénal. C'est pourquoi la démocratie est leur instrument. ... 
"Ils aiment diviser pour régner. Le régime des partis leur offre cette occasion" (Maurice Bardècheibid., p. 92).

Résumé

La démocratie "moderne" française est donc nocive et dangereuse pour la nation, car elle divise pour régner, elle détruit la communauté nationale en la démembrant en autant d'intérêts particuliers devant s'exprimer à chaque élection
... En cela elle est fatale à l'unité, à la paix et la tranquillité de notre nation. Et c'est là un "devoir civique" que de participer au démembrement et à la division !! 

Entre les élections ? Rien. Ou plutôt une division sectaire et haineuse entre camps constitués et institutionnalisés, une division portant aux affaires le groupe le plus sournois, le groupe rompu aux techniques subversives de communication et de manipulation médiatique de l'opinion, le groupe qui a réussi le mieux à s'emparer des avenues du pouvoir, le plus soutenu par la
bourgeoisie d'affaires et d'Argent, qui peut être, à tout de rôle, de droite comme de gauche, démocratie oblige (!) 
 


L'imposture du suffrage universel

"Le suffrage universel..., a pour signification essentielle de faire connaître l'avis du peuple sur la politique du régime. C'est là sa fonction... Et à ce titre..., il est utile à tout régime de connaître l'opinion du peuple (au Moyen Âge et sous l'Ancien Régime, le Roi aussi aimait à connaître l'avis de ses peuples en convoquant les Etats généraux, mais qui n'avaient qu'un but consultatif et informatif). 

Mais, pratiquement, dans nos régimes 'modernes', le suffrage universel ne sert PAS seulement à cela, il sert essentiellement, il sert surtout à désigner les hommes parmi lesquels seront choisis obligatoirement les dirigeants politiques et techniques de la nation... 

Rien dans la définition du suffrage universel, rien même dans nos constitutions ne force à choisir les ministres parmi les députés (élus de la nation). Mais en fait,... on ne peut devenir un dirigeant politique de la nation sans être d'abord député... Le peuple, une fois tous les quatre ans ou une fois tous les six ans, épuise d'un seul coup tout son pouvoir en mettant un nom dans une enveloppe, puis il est la proie silencieuse des maîtres qu'il a choisis... 

Le peuple aimerait bien parler peut-être de temps en temps, il aimerait bien donner son avis sur certaines affaires qu'il trouve importantes. Mais c'est trop tard alors. Il gît désarmé, épuisé par l'acte électoral, comme ces princes des contes de fées qui n'ont qu'une flèche pour se défendre, comme ces pêcheurs auxquels un génie des eaux n'a accordé qu'un seul souhait. 

Le suffrage universel qui devait fonder une démocratie, c'est-à-dire un pouvoir du peuple, fonde en fait une oligarchie, c'est-à-dire le pouvoir d'une caste que le peuple croit désigne
r
. Les régimes actuels ont perfectionné la désignation de cette caste... Les électeurs connaissent personnellement les candidats et il leur arrivait parfois, simplement par instinct, de préférer d'honnêtes gens à des fripouilles chargées de reliques. Cela amenait au Parlement de mauvaises têtes qui faisaient des discours inconvenants. On a évité cet inconvénient en invitant deux cent mille personnes à voter pour quelqu'un qu'elles ne connaissent pas. Et, comme ils auraient pu s'obstiner à désigner quelqu'un qu'ils estiment, on a décidé qu'on ne tiendrait pas compte des suffrages égarés sur des amateurs qui n'ont pas reçu l'investiture des grands partis... Appartenir à cette caste des gouvernants est donc devenu obligatoirement le commencement de toute carrière politique" (Maurice Bardèche, Les Temps modernes, Editions Les Sept Couleurs, Montargis 1956, p. 16-18). 

"[L]es Français voient fleurir de nouveaux partis et de nouveaux sigles qui n'ont pas toujours de sens bien précis et changent au gré des modes. L'art consiste, pour les uns, à maintenir une référence au "socialisme", présenté comme un garant de la justice sociale, des privilèges et des monopoles; pour les autres, à fondre en un seul titre et quel que soit l'ordre plusieurs mots porteurs de grands symboles: Démocratie, Peuple, France ou Français, plus rassemblement ou Union. Ces partis décident de tout et tiennent d'une main ferme les ressorts des scrutins. [N]i le président ni même les députés, représentants du Peuple, ne sont  désignés par les seules élections. Les citoyens n'ont pas le libre choix des candidats; ceux-ci leur sont dictés, imposés, par des instances où ils n'ont pas la parole et par des stratèges que, généralement ils n'ont pas nommés" (
Jacques Heers, Un Homme un vote? Editions du Rocher, Monaco 2007, p. 188-189). 

Ces instances, ces stratèges, les amis du parti sont les actionnaires de grandes compagnies qui attendent un retour sur leurs commandites. Les hommes mis en place ne sont que des guignols, des pantins manipulés par ces groupes. Ce système est dirigé comme standard planétaire et est imposé par la force aux Etats rebelles, au nom de la démocratie et de la liberté.

"On ne choisit pas, on ne délègue personne: on se borne à approuver un choix déjà fait par d'autres. Un choix fait par qui? Eh bien, par les dirigeants du parti, par le comité central, par le comité directeur, par le bureau, par le centre national... Si bien que ces députés que nous croyons élire, ils sont en réalité sélectionnés, ils nous sont en réalité imposés par la caste gouvernementale déjà en place, laquelle, agissant comme toutes les oligarchies, s'agrège les sujets qui lui conviennent et dont le caractère, les penchants, les alliances ont été soigneusement éprouvés. Nous croyons vivre sous un régime de suffrage universel, en réalité nous vivons sous un régime de cooptation" (
Maurice Bardèche, Les Temps modernes, Editions Les Sept Couleurs, Montargis 1956, p. 25-26).
 
"Cette impuissance du peuple, cette dépossession du peuple, c'est la contradiction fondamentale des démocraties modernes. Elles veulent défendre la démocratie sous prétexte que la démocratie est le pouvoir du peuple. Et elles défendent la démocratie en empêchant qu'il puisse y avoir sur la scène politique autre chose que des partis démocratiques... La démocratie ainsi  conçue se retourne contre le peuple. Elle lui assure une liberté qui n'est qu'un mot, elle lui donne un bulletin de vote qui est sans valeur" (Maurice Bardèche, ibid., p. 32-33). 


L'imposture de la démocratie en temps de guerre

"Quoiqu'il en soit, il est évident que cette division, plus ou moins factice ou inutile, des citoyens en de multiples factions plus ou moins étanches et hostiles, division qui se répercute dans l'enceinte des parlements, et même au sein des gouvernements, ne saurait être propice à la bonne conduite des affaires du pays, à la sauvegarde de l'intérêt national. 

Et c'est si vrai que, dans les moments de crise grave, où l'existence du pays est menacée, en particulier en temps de guerre, les gouvernements de nos démocraties - généralement investis pour la circonstance de ce que l'on appelle 'les pleins pouvoirs', c'est-à-dire en fait, transformés en dictatures (!) - proclament la "Patrie en danger", invitent les citoyens à "surmonter leurs querelles partisanes", et lancent des appels angoissés à l'union sacrée! Mais qu'est-ce donc que ce régime qui n'est capable de gouverner que lorsque tout va bien? Et qui, dans les moments de crise, c'est-à-dire précisément quand il lui faudrait prouver sa capacité et son efficacité, est obligé de se renier lui-même?!... Et s'imagine-t-on que les travaux de la paix sont moins importants, moins ardus et moins difficiles que les travaux de la guerre, et que si les partis, et les divisions qu'ils engendrent, sont néfastes en temps de guerre, ils sont salutaires en temps de paix?!..." (Jean Haupt, Le procès de la Démocratie, Cahiers Découvertes, Lisbonne 1971, p. 85-86).
 
 
Résumé général

Le concept de démocratie est biaisé.

- Le "suffrage universel" remet le pouvoir à des partis qui se partagent le pouvoir; il devait fonder une démocratie, un pouvoir du peuple, il fonde en réalité une oligarchie, le pouvoir d'une minorité microscopique, une caste ploutocrate qui se coopte entre elle ("l'élu" est d'abord l'élu du parti) et que le peuple croit désigner. 

- La démocratie est de la poudre aux yeux. Les dirigeants sont préalablement choisis par les partis, l'élite se coopte entre elle et grimpe dans la hiérarchie en fonction de son degré d'initiation et de son degré d'adhésion aux "valeurs" du parti. Le "peuple" sert à terminaliser l'opération, il donne une onction de légitimité au processus. Le vote "démocratique" donne aux masses l'illusion de la liberté de choix et d'opinion. Les vrais décideurs se situant, à un niveau bien supérieur.

- La démocratie n'est donc pas le règne de la Volonté générale, c'est le règne d'une minorité microscopique (de droite ou de gauche, à tour de rôle), qui exploite cyniquement les divisions dans la société au nom de la "démocratie"..
 
- La démocratie "moderne" (à ne pas confondre avec la représentation traditionnelle, organique et réellement représentative, avec au-dessus l'arbitrage royal qui existait dans nos pays d'Etat sous l'"Ancien Régime"), c'est le règne de l'imposture & du mensonge, le règne de l'inconséquence et de la division, la perversion et l'immoralité institutionnalisée, l'école du vice et du crime, l'Argent-Roi, l'individualisme, le matérialisme, la destruction de la Société...

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10 mars 2007 6 10 /03 /mars /2007 14:20

S'il y a bien une liberté à inventer, ou à restaurer c'est bien la liberté des peuples à durer dans leur être (importance de l'identité dans les débats actuels...) Cette liberté existe pour tous les peuples de la planète, sauf le Français... qui, seul au monde, devrait accepter d'être submergé démographiquement, d'être substitué dans sa population, insulté dans son propre pays. Cette profonde injustice, ce deux poids deux mesures dans le traitement du racisme, risque à terme d'amener de violentes réactions.

L'autre liberté à restaurer serait la liberté de ne pas se laisser vomir dessus, dans son propre pays. Cette liberté n'est-elle d'ailleurs pas inscrite dans la déclaration des Droits de l'homme qui stipule (art. 4) que "La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme N'A DE BORNES QUE CELLES QUI ASSURENT AUX AUTRES MEMBRES DE LA SOCIETE LA JOUISSANCE DE CES MÊMES DROITS"....  Les révolutionnaires finirent donc par l'admettre eux-mêmes - et ainsi se contredisant totalement avec la liberté d'expression ou de penser par exemple -, le paradoxe de la liberté est qu'elle ne peut exister sans sa limitation ("bornes"). L'autorité et la censure viennent au secours de la liberté.

En fait, le trait majeur de la "démocratie" "française" est sa profonde hypocrisie, mais aussi une fantastique imposture, une incroyable illusion : partant de l'abstraction individualiste et égalitaire, l'autosuffisance individuelle (l'individu-Roi et souverain), elle est incapable d'organiser une véritable représentation des intérêts présents dans la nation et qu'elle tend AU CONTRAIRE, pour conserver le pouvoir, à démembrer la nation (on le voit aujourd'hui : les faits donnent raison aux principes traditionnels), en la divisant, en la décomposant, subvertissant la Société en opposant les individus et les classes, la réduisant à un conglomérat d'unités artificielles et communautaires, le tout devant s'exprimer dans le cadre des institutions "démocratiques"... La démocratie "moderne" est nocive parce qu'elle détruit la communauté nationale, elle démembre la nation : c'est l'absolutisation ou universalisation de la liberté politique. En absolutisant les revendications individualistes et d'autonomie (un homme un vote), l'individualisme-roi détruit les moeurs et la Société qui a permis l'amélioration de sa condition (échec actuel complet de la démocratie, dans tous les domaines, déclin, décadence et destruction de la Société). Inversement, et paradoxalement, l'ordre politique de l'Europe classique (monarchies, "éclairées" par des élites parlementaires ou non...), permet en fait une approximation meilleure de la volonté générale que la domination pure et simple d'une Assemblée dite "représentative".

En voulant garantir les "droits de l'Homme", les "démocrates" Révolutionnaires raisonnèrent comme si la situation des hommes dans leur condition "naturelle" était préférable à celle dont ils jouissent dans l'état civil : il est donc logique qu'ils aient cherché à recréer dans les corps politiques les déchirements et les divisions qui caractérisent en fait "l'état de nature".... Inversement, si on veut réellement garantir les droits de l'homme (et donc par exemple les libertés publiques, la liberté de penser, etc....), si l'on veut garantir la sécurité (le droit de tout peuple à durer dans son être, la "Souveraineté nationale"...), il faut, avant de faire des grandes déclarations, d'abord créer un ordre politique qui, si libéral soit-il..., ne peut exister qu'au prix d'une LIMITATION de la liberté, au travers, nécessairement, d'un Etat "autoritaire". La Monarchie traditionnelle française est cet ordre politique.

"Un des premiers objets de la société civile, est que personne ne soit juge dans sa propre cause. Chaque membre de la société renonce au premier droit fondamental de l'homme naturel, celui de juger par lui-même, et de défendre son propre droit: il abdique le droit d'être son propre gouverneur. ... Les hommes ne peuvent jouir à la fois des droits de l'état de nature [uncivil] et de ceux de la société civile. Pour obtenir justice, l'individu renonce au droit de la déterminer... Et pour s'assurer d'une certain degré de liberté, il s'en déssaisit en totalité pour en confier la garde à d'autres instances" (Edmund Burke, Réflexions sur la Révolution de France, Pluriel Histoire, Paris 2004, p. XVI).

Les liens, les limitations créés par la civilisation sont précisément la condition de la sécurité et de la liberté de l'homme et d'une société et, au-delà, de l'amélioration de l'humanité. Dès lors, dans le "contrat social" tel que le conçoit Burke, il est impossible que "chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant...." (J.J. Rousseau, Du contrat social, liv. I, ch. VI). C'est par là que les Révolutionnaires se contredisent (contradiction-polarité entre la liberté et la société civile) et que Burke est le plus éloigné de la pensée des Constituants de 1789, dont la doctrine de la loi "expression de la volonté générale" hérite de Rousseau... L'opposition entre "liberté" et "pouvoir-limitation" interdit de considérer la participation aux affaires publiques comme un droit fondamental, puisque les droits de l'homme, sa sécurité, sa liberté, ne peuvent être réellement garantis que par une LIMITATION de sa liberté politique, et qu'a contrario, le droit du citoyen à participer aux affaires publiques entraîne mécaniquement le démembrement de la nation (jeu incessant des minorités contre les majorités). Pour reprendre une phrase de Jean Haupt, la démocratie est donc "contraire à la fois aux intérêts légitimes des citoyens et aux intérêts supérieurs de la nation" (Jean Haupt, Le Procès de la démocratie, Cahiers Découvertes - Lisbonne 1971, p. 15). Mais ne nous méprenons pas, il n'est pas question pour nous de ressusciter subitement le passé médiéval ou même l'Ancien Régime, mais simplement de préserver dans les conditions de la "modernité" les anciennes règles de vie, les principes traditionnels de gouvernement qui s'opposaient tous à la l'absolutisation de la liberté politique, à l'individualisme-roi. La "modernité" devra conserver un lien vivant avec le monde traditionnel qui lui a permis de naître, ou bien la Société disparaîtra, sous l'effet des principes absurdes et contradictoires de la Révolution, disloquée, par l'anarchie produite par les illusions de l'autosuffisance individuelle, ou par le despotisme de la loi qui aura voulu compensé l'absolutisation de la liberté. Ou bien mourra-t-elle des deux ?...

Les Réflexions sur la Révolution française d'Edmund Burke sont un des apports les plus célèbres à la pensée conservatrice et contrerévolutionnaire et, au-delà, à la critique de philosophie politique dite "moderne" héritée des dites "Lumières". Elle constitue une des critiques les plus profondes de la Révolution, et surtout, une attaque d'un type inédit contre ce qui, dans l'Esprit des Lumières, avait pu préparer 1789.

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16 février 2007 5 16 /02 /février /2007 12:41

Mis à jour le 27/02/2016

Démocratie: les deux types de représentation politique

Il existe deux systèmes de représentation démocratique : le type corporatif organique et le type (actuel) dit "démocratique". 

 

 

Premier type démocratique, l'organique corporatif

 

Dans le premier, le peuple, c'est une hiérarchie de familles, de professions, de communes, d'associations territoriales, intellectuelles, spirituelles, articulées et fédérées pour former une PATRIE. C'est de ces réalités vivantes qu'émanent naturellement les organes représentatifs; la société conserve son état réel, ses hiérarchies, ses décisions et ses droits acquis (coutumes, traditions), l'ensemble de ses leaders, la diversité de ses valeurs; elle ne se modifie pas structurellement pour devenir un corps politique, un interlocuteur du pouvoir; elle reste telle qu'elle a été constituée par ses intérêts, son histoire. Elle n'a donc pas besoin de créer un personnel spécialisé dans la "politique". 

Ces association naturelles fournissent une représentation authentique des Français, fondées sur des assises, des intérêts réels stables, permanents et légitimes; leurs membres expriment des volontés véritablement éclairées pour le coup et intelligentes, dignes d'obtenir l'audience de l'Etat et les satisfactions compatibles avec le Bien commun… 

Cette représentation redevient un MANDAT IMPERATIF, véritable, limité, précis, comme celui que recevaient les députés aux Etats provinciaux et généraux de l'Ancienne France. C'est par l'intermédiaire des (véritables) corps sociaux (et non des partis…) que les citoyens sont véritablement représentés auprès de l'Etat... 

C'est le régime corporatif organique de l'ancienne France où les Français étaient appelés par de nombreux suffrages (y compris et surtout au Moyen Âge) à choisir leurs représentants, leurs dirigeants pour telle ou telle fonction.

 
 

Second type, dit "démocratique moderne"

 

Dans le second type, la société pour accéder à la politique doit changer de costume; elle se constitue en société ABSTRAITE d'individus égaux : un peuple d'électeurs. Le pouvoir s'adresse à chaque électeur, abstraction faite de son milieu, de son activité, de ses valeurs…, puisque c'est seulement le vote qui constitue cet individu abstrait, dépossédé de son rapport réel au monde social, privé à la fois d'intérêts particuliers et de compétence sur des questions débattues; l'acte qui le constitue, le vote, est préparé et déterminé en dehors de lui: ce qu'on lui demande, c'est un assentiment: il faut que les politiciens de métier lui présentent des formules.., des hommes… ou des femmes… 

Ce système de "représentation", dit pourtant "démocratique" est plus proche des démocraties "populaires" de l'ex union Soviétique; elle ne respecte aucunement la réalité du peuple dans son organisation naturelle, mais crée au contraire des divisions en créant un Parti unique (l'UMPS en France, le PC en URSS) et à côté du Parti unique (Pensée unique), elle crée des partis pour donner le change, donner l'illusion du choix aux électeurs, des partis censés représentés leurs volontés...


Posons la question, qui se sent représenté par ses députés ? Qui ? Personnellement, je ne me sens aucunement représenté. Et ce semble l'avis d'une majorité des Français lassés des institutions politiques de la République (l'augmentation régulière de l'abstention aux élections en est un indice et un argument de poids dans notre contribution à la vie publique: l'abstention est systématiquement analysée, décortiquée, elle est lisible politiquement).

 

Conclusion


Une représentation organique et corporative peut seule satisfaire les aspirations de représentation légitimes des Français.

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8 février 2007 4 08 /02 /février /2007 15:15
"Le vrai peuple en 1789 n'existe que virtuellement, dans la conscience ou l'imagination des "hommes libres", des "patriotes", dit-on alors, des "citoyens conscients", c'est-à-dire d'un petit nombre d'initiés, pris jeunes, entraînés sans répit, formés toute leur vie dans les sociétés philosophiques - les sociétés de pensée - à la discipline de la liberté. [...] Contre le commun des hommes, qui ne sont pas ces privilégiés de la conscience et de la raison, il est nécessaire d'employer la ruse et la force. C'est un devoir pour les initiés. Il faut les forcer d'être libres, a dit Rousseau (Contrat social, éd. Dreyfus-Brisac, p. 38). Les Jacobins de 1793 s'y prendront par la terreur; ceux de 1909, qui ont le temps de penser aux enfants, par l'enseignement forcé et la mainmise légale..." (Augustin Cochin, L'esprit du jacobinisme, PUF, Sociologies, Vendôme 1979, p. 96-97).    

                                                                **** 
    "Ce qui frappe lorsqu'on étudie l'histoire de la Révolution française, c'est que tout ce bouleversement a été l'oeuvre de quelques hommes. Jamais, à aucun moment, on ne s'est trouvé devant une volonté déterminée de la majorité de la nation. Ce sont toujours de petits groupes qui ont dicté leurvolonté à la masse et se sont imposés par la force la plus brutale... et la plus ouverte" (Jacques Ploncard d'Assac, Les jeunes ont droit à la vérité, Société de philosophie politique, Lisbonne 1970, p. 94).

  "1789, c'est une minorité qui s'empare du pouvoir et se le dispute... Conduite AU NOM du peuple, la Révolution s’est effectuée sans le consentement du peuple, et souvent même CONTRE le peuple..."
(Jean Sévillia, Historiquement correct. Pour en finir avec le passé unique, Perrin, Saint-Amand-Montrond 2003, p. 177). 
 Pierre Gaxotte explique que "la Volonté générale n'est pas la volonté du plus grand nombre, c'est la voix profonde de la Conscience humaine, telle qu'elle devrait parler en chacun de nous et telle qu'elle s'exprime par la bouche des citoyens les plus vertueux et les plus éclairés... Comment connaître la volonté générale dans les cas où elle n'est point expliquée ? Faudra-t-il assembler toute la nation à chaque évènement . Il le faudra d'autant moins qu'il n'est pas sûr que sa décision fût l'expression de la volonté générale... Aussi, de 1792 à 1795, le recours aux électeurs sera-t-il considéré comme le crime contre-révolutionnaire par excellence: ce serait un retour vers l'opinion de la masse, vers l'opinion réelle, vers l'opinion du plus grand nombre. En définitive, la Volonté générale se définit donc par la conformité à un système philosophique. Le vrai peuple est un être idéal qui n'existe que virtuellement dans la conscience des "hommes libres" comme on disait alors, c'est-à-dire d'un petit nombre d'initiés, entraînés sans répit au despotime de la liberté et c'est ainsi que la "volonté générale", par ruse, par crainte ou par force, asservit la "pluralité"... L'Etat prime la famille car l'Etat demeure et la famille se dissout". L'Etat est le maître des consciences car la justice, le bien public, l'obéissance aux lois, les vertus sociales et tous les devoirs de l'homme et du citoyen, il appartient au gouvernement d'en connaître... Sans pouvoir obliger personne à croire à ces dogmes, le peuple peut bannir de l'Etat quiconque ne les croit pas; il peut le bannir non comme impie, mais comme insociable, comme incapable d'aimer sincèrement les lois, la justice est d'immoler au besoin sa vie à son devoir. Que si quelqu'un, après avoir reconnu publiquement ces mêmes dogmes, se conduit comme ne les croyant pas, qu'il soit puni de mort... La République s'identifie avec une doctrine; la société est soumise à un dogme; le faire passer dans les faits, le traduire en actes, réorganiser le monde conformément à ses postulats: voilà la politique révolutionnaire. Sa première tâche et, pour ainsi dire, sa tâche unique, consiste à DETRUIRE et EMPECHER toute résurrection des organismes naturels qui jusque-là, encadraient et soutenaient les individus et qui sont désormais considérés comme oppressifs et immoraux..." (Pierre Gaxotte, La Révolution française, Nouvelle édition établie par Jean Tulard, Éditions Complexe, Bruxelles 1988, p. 54-55). 


  "Les régimes que nous appelons 'démocratiques' sont une comédie au même titre que les 'démocraties populaires'. La

volonté nationale y est escamotée. Une caste de privilégiés s'y est emparée de la nation. Son pouvoir a pour condition la libre pénétration du pouvoir de l'étranger (et le jeu des minorités contre la majorité) qui aboutit à notre division politique, à notre impuissance, à notre domestication. Finalement, sous prétexte de 'Liberté', nous ne sommes plus maîtres de rien chez nous, ni de nos économies, ni de nos territoires, ni de notre destin. Nous ne sommes plus rien dans nos nations. Les 'temps modernes', c'est le temps de l'expropriation, c'est de cela que nous devons d'abord prendre conscience" (Maurice Bardèche, Les Temps modernes, Editions Les Sept couleurs, Montargis 1956, p. 10-11). 



Add. 1 mai 2011.  14:55.

Les "élections" de juin 1791 se traduisirent par une forte abstention. "La participation avait atteint son étiage; elle ne devait plus remonter de façon significative, les consultations organisées les années suivantes,... n'ayant jamais mobilisé plus du cinquième des électeurs. ... En l'absence de votants, le système électif se transforme très vite en un système de cooptation, les uns accédant aux charges que les autres viennent de quitter, et réciproquement. La promotion aux responsabilités se fait en circuit fermé : les fonctionnaires peuplent les assemblées chargées d'élire les fonctionnaires. ...La réalité du système répondait à un besoin, celui de la formation d'une classe politique ... qui soit assurée de la continuité en étant délivrée de l'incertitude inséparable du suffrage universel. Mais l'oligarchie née de ces pratiques n'était pas moins un démenti des attentes. On imaginait en effet avec une certaine ingénuité que la vertu première d'un système électif consistait à assurer le renouvellement permanent du personnel dirigeant et l'élargissement constant de son recrutement. On n'imaginait pas que l'élection puisse conduire à la formation d'une 'classe' politique distincte du reste de la société" (Patrice Gueniffey, Histoire de la Révolution et de l'Empire, Perrin, Collection Tempus, Paris 2011, p. 86-88).

 

L'imposture du suffrage universel

  "Le suffrage universel..., a pour signification essentielle de faire connaître l'avis du peuple sur la politique du régime. C'est là sa fonction... Et à ce titre..., il est utile à tout régime de connaître l'opinion du peuple (au Moyen Âge et sous l'Ancien Régime, le Roi aussi aimait à connaître l'avis de ses peuples en convoquant les Etats généraux, mais qui n'avaient qu'un but consultatif et informatif). Mais, pratiquement, dans nos régimes 'modernes', le suffrage universel ne sert PAS seulement à cela, il sert essentiellement, il sert surtout à désigner les hommes parmi lesquels seront choisis obligatoirement les dirigeants politiques et techniques de la nation... Rien dans la définition du suffrage universel, rien même dans nos constitutions ne force à choisir les ministres parmi les députés (élus de la nation). Mais en fait,... on ne peut devenir un dirigeant politique de la nation sans être d'abord député... Le peuple, une fois tous les quatre ans ou une fois tous les six ans, épuise d'un seul coup tout son pouvoir en mettant un nom dans une enveloppe, puis il est la proie silencieuse des maîtres qu'il a choisis... Le peuple aimerait bien parler peut-être de temps en temps, il aimerait bien donner son avis sur certaines affaires qu'il trouve importantes. Mais c'est trop tard alors. Il gît désarmé, épuisé par l'acte électoral, comme ces princes des contes de fées qui n'ont qu'une flèche pour se défendre, comme ces pêcheurs auxquels un génie des eaux n'a accordé qu'un seul souhait. Le suffrage universel qui devait fonder une démocratie, c'est-à-dire un pouvoir du peuple, fonde en fait une oligarchie, c'est-à-dire le pouvoir d'une caste que le peuple croit désigner. Les régimes actuels ont perfectionné la désignation de cette caste... Les électeurs connaissent personnellement les candidats et il leur arrivait parfois, simplement par instinct, de préférer d'honnêtes gens à des fripouilles chargées de reliques. Cela amenait au Parlement de mauvaises têtes qui faisaient des discours inconvenants. On a évité cet inconvénient en invitant deux cent mille personnes à voter pour quelqu'un qu'elles ne connaissent pas. Et, comme ils auraient pu s'obstiner à désigner quelqu'un qu'ils estiment, on a décidé qu'on ne tiendrait pas compte des suffrages égarés sur des amateurs qui n'ont pas reçu l'investiture des grands partis... Appartenir à cette caste des gouvernants est donc devenu obligatoirement le commencement de toute carrière politique" (Maurice Bardèche, ibid., p. 16-18). 

 "On ne choisit pas, on ne délègue personne: on se borne à approuver un choix déjà fait par d'autres. Un choix fait par qui? Eh bien, par les dirigeants du parti, par le comité central, par le comité directeur, par le bureau, par le centre national... Si bien que ces députés que nous croyons élire, ils sont en réalité sélectionnés, ils nous sont en réalité imposés par la caste gouvernementale déjà en place, laquelle, agissant comme toutes les oligarchies, s'agrège les sujets qui lui conviennent et dont le caractère, les penchants, les alliances ont été soigneusement éprouvés. Nous croyons vivre sous un régime de suffrage universel, en réalité nous vivons sous un régime de cooptation" (Maurice Bardèche, ibid., p. 25-26). 

                                                                         ***

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7 février 2007 3 07 /02 /février /2007 17:57
"L'Encyclopédie soviétique rappelle justement que Marx et Engels admettaient parfaitement la "collaboration des communistes avec les démocrates petits bourgeois dans le cadre d'une même organisation", pourvu qu'ils n'oublient pas que "la Révolution démocratique bourgeoise n'est qu'une étape indispensable de la lutte et non le but final. 

Au XIXe siècle, alors que le Comte de Chambord cherche à améliorer le sort des classes ouvrières en les organisant, en les protégeant contre l'arbitraire patronal, en faisant de l'Etat l'arbitre des intérêts divergents, Karl Marx, lui, entend exploiter les contradictions internes du système capitaliste... pour faire la Révolution et installer son parti au pouvoir" (Jacques Ploncard d'Assac, Les idées qui tuent, Société de philosophie politique, Lisbonne 1971, p. 101-104).
 
Les notes du comte de Chambord sont importantes pour l'histoire des idées. Elles confirment que la question sociale non seulement n'avait pas échappé à la droite légitimiste dont le nationalisme contemporain est, sur ce point, l'héritier incontestable, mais que, seule, elle insistait sur cette question et, qu'en définitive elle manqua le pouvoir par la conjugaison de la gauche républicaine et de la "droite" orléaniste, celle des affaires" (Jacques Ploncard d'Assac, ibid., p. 131).
 
Le constitutionnaliste Maurice Duverger, stratège progressiste, dans son Introduction à la politique (Paris 1964) claquemure la droite dans un vocable qui lui est encore attaché et qui permet de la discréditer face aux "progressistes" (de gauche évidemment). "Réduit à sa plus grande simplicité, à son élément fondamental, écrit-il, le combat politique oppose ceux qui sont à peu près satisfaits de l'ordre social existant, qui veulent le conserver, et ceux à qui cet ordre ne convient pas, qui veulent le changer. Les premiers constituent "la droite" les seconds "la gauche", au sens le plus général des termes...." (fin de citation) Rien n'est plus arbitraire comme classification. Voilà un exemple de la tactique "progressiste" consistant à donner à la droite une image inexacte contre laquelle on déchaîne l'hostilité de l'opinion." (Jacques Ploncard d'Assac, Critique nationaliste, La Librairie Française, Paris, p. 24).
 
On peut dire alors que lorsque la droite (la dernière fois c'était en 1940...) dénonce et interdit la démo-ploutocratie, elle porte au système de la Fortune anonyme et vagabonde né en 1789 un coup décisif, parce qu'il vise le milieu même où se développe le règne de l'Argent.
 
L'ordre social démo-ploutocratique s'est donc toujours allié, finalement, avec l'autre matérialisme : le marxisme, et il le fait encore aujourd'hui afin de conserver le pouvoir : c'est l'Umps, la collusion de la gauche et de la droite dans la trahison des Français.
. Immigration : le réel interdit, par Eric Zemmour  (l'immigration au service du marché et du capitalisme industriel et libéral)
.
Collusion patronat-syndicat 
 
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