La république dite "française" est un régime fondé sur
- l'illusion (des chimères comme l'article 1er de la Ddh),
- la mystification (le mythe)
- et le mensonge. La corruption de la liberté.
"Le libéralisme, dit Charles Maurras, est la doctrine morale politique qui fait de la Liberté le principe fondamental par rapport auquel tout doit s'organiser, en fait, par rapport auquel tout doit se juger, en droit. ... [L]e libéralisme supprime en fait toutes les libertés. Libéralisme égale despotisme. Je le démontre" :
En religion
"Dans l'ordre religieux, la liberté-principe peut tout admettre, hors l'aliénation de la liberté elle-même. Un homme qui aliène sa liberté personnelle n'est plus un homme, dit la philosophie libérale. Il a perdu son rang, sa dignité. Mais, objectera-t-on, il fit acte de liberté en immolant sa liberté? Il n'avait pas ce droit de l'immoler. La liberté, c'est l'intangible. "Pas de liberté contre la liberté"... Dès lors, point de voeux monastiques, point de Congrégations... C'est le sophisme protestant des Renouvier et des Buisson. Mais qu'on y prenne garde: ce raisonnement est sophistique parce que le point de départ en est faux : il n'est point vrai que la liberté soit un principe fondamental. Mais si la prémisse était vraie, la conclusion le serait aussi. C'est très logiquement, très rigoureusement que M. Buisson a déduit la loi de 1901 du principe libéral. Dans le principe libéral, la liberté des ordres religieux serait chose immorale. Dans le principe libéral, cette liberté doit être étouffée. Et voilà donc une première 'liberté' dont la conquête exige au préalable le renversement du principe libéral...
En économie politique
Dans l'ordre économique, la liberté principe veut que la concurrence des libertés individuelles, d'où le bien doit sortir inévitablement, soit oeuvre sacrée. Il n'y a qu'à laisser faire et à laisser passer. Toute intervention de l'Etat de l'Etat ou de la Société mérite le nom d'attentat et presque de profanation. Le statut du travail doit donc être individuel. Autant par respect pour sa liberté propre que par vénération de la mécanique du monde, l'ouvrier doit respecter les injonctions du décret de Chapelier et s'interdire sévèrement toute association, corporation, fédération, tout syndicat d'ordre professionnel, de nature à troubler le libre jeu de l'offre et de la demande, le libre échange du salaire et du travail. ... La liberté économique aboutit donc, par une déduction rapide, à la célèbre liberté de mourir de faim. ... Toute liberté réelle, toute liberté pratique, tout pouvoir libre et certain de conserver sa vie, de soutenir sa force, est refusé à l'ouvrier tant qu'on lui refuse la liberté d'association.
Il a fallu le déclin des idées libérales pour obtenir, dans l'ordre économique, un certain degré de liberté d'association. Pour étendre cette liberté, pour l'étoffer, pour la nourrir, on devra écraser tout ce qui subsiste du libéralisme dans les esprits.
En science politique
Dans l'ordre politique, le libéralisme exprimé à la première phrase du Contrat social et au premier article de la Déclaration des Droits de l'homme, porte que l'homme naît libre. Le libéralisme veut dégager l'individu humain de ses antécédences ou naturelles ou historiques: il l'affranchira des liens de familles, des liens corporatifs et de tous les autres liens sociaux ou traditionnels. Seulement, comme il faut vivre en société, et que la société exige un gouvernement, le libéralisme établira le gouvernement de la société en accordant un suffrage à chaque liberté et en faisant le compte de ses souverains suffrages. La majorité, exprimant ce que Rousseau appelle la volonté générale, exprimera ainsi, en quelque sorte, une liberté générale: la volonté de la majorité devient dès lors un décret-loi contre lequel personne ni rien ne saurait avoir de recours, si utile et si raisonnable, ou si précisue et si sacrée que puisse être cette chose ou cette personne. La liberté-principe établit une règle qui confisque méthodiquement les forces et les libertés particulières; elle se vante de créer toute seule et de constituer la liberté de chacun; mais en pratique, l'histoire le montre bien, cet individualisme affaiblit les individus. C'est son premier effet. Le second est de tyranniser, sans sortir du "droit", tous les individus n'appartenant pas au parti de la majorité, et ainsi de détruire les derniers refuges des libertés réelles. Tels sont les deux effets successifs de la Liberté politique (ou volonté du peuple) sous son aspect le plus connu qui est celui de la "démocratie libérale" ou démocratie fondée sur la Liberté, Liberté fondant son gouvernement.
Il y a une autre forme de libéralisme, plus aiguë, plus logique, à laquelle arrivent toujours, quand ils ont persisté dans l'opposition, les partis libéraux: ils se font anarchistes purs. Le principe libéral en ce cas, ne détruit pas seulement ces liens de famille, de tradition et de relation, créateurs de forces de résistance et centres de pouvoirs: il renverse l'Etat, il nie la Patrie. Il livre donc l'Etat à l'arbitraire du désordre et aux corps des révolutions, comme il ouvre la Patrie aux armes de l'Etranger. Par ce libéralisme absolu, l'homme né libre tend à perdre: 1° la liberté d'aller et venir dans la rue sans être assomé (même si les libertariens, comme ils se nomment, le nient...); son indépendance de citoyen d'une race déterminée.
Telle est la conséquence naturelle du libéralisme non mitigé: il tue la Société et, par là même, toutes les libertés contenues dans la société existante (il subvertit radicalement la Société en opposant les individus et les classes). Quant au libéralisme mitigé, s'il laisse subsister la société, il la caporalise sous la moins juste, la plus rude et la moins responsable des dictatures, celle du Nombre.
Ainsi, le libéralisme et le despotisme, c'est tout un. Le dévouement aux libertés commande donc le sacrifice de l'idole et de la nuée Liberté" (Charles Maurras, La Dentelle du rempart, Choix de pages civiques en prose et en vers 1886-1936, Préface de Bernard Grasset, Mayenne 1937, p. 206-211).
Pour être tout à fait complet, on ajoutera que toute l'astuce de la démocratie dite libérale est de faire croire aux personnes, c'est peut-être là le "Grand mensonge", que c'est la majorité qui dirige alors que la soit-disant volonté générale n'est pas la volonté du Nombre, ni de la majorité, c'est au contraire, le règne despotique d'une minorité (de droite ou de gauche, à tour de rôle), le règne d'une caste qui se coopte entre elle, et exploite la majorité en la divisant et en jouant des minorités contre elle. C'est toute l'imposture démocratique (cliquez sur le lien pour lire l'article).
"Il est contradictoire que l'Etat fondé pour établir l'unité entre les hommes, unité dans le temps (la continuité), unité dans l'espace (l'accord) soit légalement constitué par les compétitions et les disputes des partis, qui sont essentiellement diviseuses" (Charles Maurras, ibid., p. 254).
Parler même de "Liberté" avec un grand L, exactement comme si rien ne pouvait limiter cette liberté est un mensonge, pour plusieurs raisons. Les révolutionnaires en même temps qu'il scandaient le mot "Liberté" en donnait une nette limitation dans l'article 4 de la Déclaration des Droits de l'homme: "La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. D'où la contradiction : "l'homme né libre, mais il n'est pas libre..." L'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits: ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi. Autrement dit, imposture de la Liberté érigée en norme suprême, si l'on veut garantir la sécurité, il faut d'abord commencer par créer un ordre politique qui, si libéral soit-il, ne peut exister qu'au prix d'une limitation de la dite "Liberté"...
Prétendre ensuite que "les hommes naissent libres et égaux en droits" (article 1er de la Déclaration des droits de l'Homme) est un mensonge que la réalité contredit. Il est d'abord impossible que "chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant..." (J.-J. Rousseau, Du contrat social, liv. I, ch. VI.) Ensuite, à l'âge d'une minute, les hommes sont-ils libres? Et selon la thèse égalitaire, à ce même âge, sont-ils aussi libres que père et mère??
Le britannique Edmund Burke qui se présenta comme un défenseur de la Loi naturelle dans ses grands combats "libéraux", s'éleva dès 1790 contre la prétendue filiation du libéralisme français avec le libéralisme anglais. Alors que Maurras précise "que le libéralisme anglais ne soit point un libéralisme, c'est ce qu'il est un peu trop facile de voir" (Charles Maurras, Kiel et Tanger, La République française devant l'Europe 1895-1921, Bibliothèque des Œuvres Politiques Versailles, Évreux 1928, p. 104), la thèse d'Edmund Burke, en 1790, était déjà de dire que le prétendu libéralisme en France en 1789 n'était qu'une corruption du libéralisme anglais. Pour lui la Révolution dite "française" repose sur des principes totalement étrangers au libéralisme. Il commence par observer que dans la Déclaration britannique des droits de 1689, "on ne trouve pas un mot ni même une allusion concernant un droit général 'de choisir nous-mêmes ceux qui nous gouvernent; de les destituer pour cause d'indignité; d'instituer notre propre forme de gouvernement'" (Edmund Burke, Réflexions sur la Révolution de France, 1790, Pluriel Histoire, Paris 2004, p. 21).
Il indique ensuite que "si l'on s'accordait sans scrupule la facilité de changer de régime autant et aussi souvent et d'autant de manières qu'il y a de fluctuations dans les modes et dans les imaginations, on romprait toute la chaîne et toute la continuité de la chose publique. Il n'y aurait plus aucun lien d'une génération à l'autre. Les hommes ne vaudraient guère mieux que les mouches d'un été...." (Edmund Burke, ibid., p. 120).
"Nous sommes si loin de devoir à la Révolution de 1688 le droit de choisir nos rois qu'on pourrait dire au contraire que si jamais un tel droit avait appartenu à la nation anglaise avant cette Révolution, elle y a alors solennellement renoncé pour elle-même et pour toute sa postérité" (Edmund Burke, ibid., p. 25). "[L]a succession à la Couronne a toujours été ce qu'elle est aujourd'hui, une succession héréditaire conformément à la loi. Cette loi, dans l'ancienne lignée, était de droit coutumier; dans la nouvelle, elle est de droit écrit, établie suivant les principes mêmes du droit coutumier, sans rien changer au fond" (ibid., p. 27). "Chaque membre de la société renonce au premier droit fondamental de l'homme naturel, celui de juger par lui-même et de défendre son propre droit. Il abdique le droit d'être son propre gouverneur. ... Les hommes ne peuvent jouir à la fois des droits de l'état de nature (uncivil) et de ceux de la société civile. Pour obtenir justice, l'individu renonce au droit de la déterminer dans ce qui lui importe le plus. Et pour s'assurer d'un certain degré de liberté, il s'en déssaisit en totalité pour en confier la garde à d'autres instances" (ibid., p. 75-76).
"Nous ne sommes, dit-il, ni les catéchumènes de Rousseau ni les disciples de Voltaire; et Helvétius n'a guère pénétré chez nous. Les athées ne sont pas nos prédicateurs, ni les fous nos législateurs. Nous savons bien qu'en morale nous ne pouvons nous prévaloir d'aucune découverte; mais c'est que nous pensons qu'en la matière il n'y a pas de découvertes à faire, et fort peu quant aux grands principes de gouvernement et aux idées de liberté, qu'on comprenait tout aussi bien longtemps avant que nous fussions au monde qu'on les comprendra lorsque la terre se sera refermée sur notre présomption et que le silence de la tombe aura mis fin à notre impudent verbiage" (ibid., p. 109).
"Tels maîtres, tels élèves! Qui aurait songé à Voltaire et à Rousseau comme législateurs? Le premier a le mérite d'écrire agréablement et personne n'a, si bien que lui, uni aussi heureusement le blasphème à l'obscénité. Le second n'était pas qu'un peu dérangé dans son esprit, j'en suis à peu près sûr" (Edmund Burke, The Correspondence of Edmund Burke, janvier 1790 in Edmund Burke, ibid., p. 657).
"J'entends dire que l'on prétend quelquefois en France que ce qui s'y passe actuellement est fait d'après l'exemple de l'Angleterre. Permettez-moi d'affirmer que presque rien de ce qui s'est fait chez vous ne dérive ni dans la pratique ni dans son esprit de notre manière de faire ou des idées généralement reçues dans notre pays" (ibid., p. 111-112).
"Nous savons, et, qui mieux est, nous sentons intimement que la Religion est la base de la Société civile et la source de tout bien et de toute consolation (Cicero, De legibus, II, 7., cité in Edmund Burke, ibid., p. 114).
"[L]a majorité du peuple anglais, loin de considérer l'institution d'une Eglise d'Etat établie, comme illégitime, incline tout au contraire à penser qu'il est illégitime de s'en passer. Vous abusez complètement en France si vous ne nous croyez pas attachés à cette institution par-dessus tout. ... Le peuple anglais considère son établissement religieux comme le fondement de toute sa constitution" (Edmund Burke, ibid., p. 126).
"La nation anglaise entend montrer aux arrogants potentats de ce monde, et à leurs verbeux sophistes, qu'une nation LIBRE, généreuse et instruite honore les hauts dignitaires de son Eglise; qu'elle ne permettra jamais à l'insolence des richesses et des titres, ... de regarder de haut et avec mépris ce que nous considérons avec vénération, ou d'oser fouler aux pieds cette noblesse personnelle acquise..., fruit ... du savoir, de la piété et de la vertu" (Edmund Burke, ibid., p. 131).
"Il n'y a pas dans notre royaume un seul homme public, parmi ceux auxquels vous aimeriez vous référer, pas un seul, dis-je, dans quelque parti ou quelque groupe que ce soit, qui ne réprouve comme malhonnête, perfide et cruelle la confiscation de biens que votre Assemblée nationale a été contrainte d'ordonner (en vertu des décrets des 13 mai et 16 juillet 1790, l'"Assemblée nationale" remit à l'Etat les biens de l'Eglise et les vendit aux particuliers. L'Angleterre avait connu une confiscation de ce genre sous Henry VIII), alors que son premier devoir était de les protéger. ... Par cet acte, ses yeux (de notre peuple) se sont ouverts, et s'ouvriront de plus en plus sur les abîmes d'égoïsme et d'étroitesse que recouvre la prétendue générosité d'esprit et de sentiment de ceux qui en portent la responsabilité. ... Ce qui a commencé sous le voile de l'hypocrisie et de la fraude a fini par la pratique ouverte de la violence et de la rapine" (Edmund Burke, ibid., p. 133-134).
"Nous ne saurions trop nous remplir d'horreur pour les excès d'un peuple féroce, sanguinaire et tyrannique, qui, sans raison et sans principe, autorise les proscriptions, les confiscations, les pillages, les meurtres et les incendies. ... Ce n'est plus de l'intolérance dont la France nous donne l'exemple; mais, ce qui est mille fois pis, de l'athéisme, vice abominable, dont toute la nature démontre la monstruosité, qui dégrade l'homme et flétrit son âme en lui ravissant sa plus douce consolation. Depuis longtemps ce germe pestiféré a étendu des racines en France... spectacle d'un genre de tyrannie que l'espèce humaine n'a pas encore connue" (Edmund Burke, Discours sur la situation actuelle de la France prononcé à la Chambre des Communes, le 9 février 1790, lors du fameux débat sur les estimations de l'armée, cité in ibid., p. 327-329).
Burke établit le bon diagnostic : "genre de tyrannie que l'espèce humaine n'a pas encore connue" puisque aussi bien les Etats classiques antiques que les monarchies chrétiennes, aussi bien les philosophes classiques que les érudits chrétiens du "Moyen Âge", reconnaissaient que l'authentique liberté consistait en la recherche et la découverte de la loi que la divinité avait mis en l'homme. Mais aussi dans le respect de cette loi par l'individu (liberté-effort sur soi, liberté-conquête) et par la politique de la cité, sous peine de détruire la liberté de l'individu et celle de la société tout entière... Lire le "Le sens métaphysique de la Révolution" et "Ce pour quoi on se bat : la survie de 2000 ans de civilisation européenne classique et chrétienne".
On dit enfin que - privilège du Peuple souverain - "nous vivons au moins sous un régime représentatif et un pouvoir que le peuple s'est choisi". Rien n'est plus faux!! Les constitutions des révolutionnaires illustrent assez le caractère profondément hypocrite et mensonger de la doctrine des droits de l'homme: en théorie, l'égalité naturelle des hommes devrait donner à chacun un droit égal dans le désignation des représentants et soumettre ceux-ci à un pouvoir réel de l'électeur. En fait, que se passa-t-il? Les révolutionnaires, conscients de l'inanité de leurs formules, instaurèrent un régime "représentatif" par mandats indirects en interdisant les mandats impératifs qui étaient depuis Rousseau jugés trop dangereux.
"Il faut dire et redire que les élus des Assemblées révolutionnaires, héritières de ces états de 1789, n'ont, à aucun moment, pensé instaurer un semblant de suffrage universel. ... Dès les premiers débats, dès les premiers écrits des théoriciens, s'affirmaient des exclusives et la volonté de n'accorder le droit de vote qu'aux hommes dignes de comprendre.... On ne s'aventurait pas à courir le risque de disparaître en donnant la parole au vulgaire. La démocratie directe fut tout de suite hautement proclamée irréalisable, utopique ou, plutôt indécente, et, bien évidemment, contraire aux intérêts de 'la nation'. Les amis du peuple ne lui faisaient pas confiance et le lui montraient bien. L'idée était de décider en petits groupes d'initiés ce qui était bon pour les croquants et de clamer à grands cris faire leur bonheur sans leur demander leur avis... De si fortes entorses au grand principe révolutionnaire de l'Egalité n'ont soulevé aucun concert de protestations dans les clubs de ce temps ni, plus tard et jusqu'à aujourd'hui, ému vraiment la plus grosse part de nos historiens. ... La Convention, qui... se disait si haute... émanation du peuple, ne fut qu'une coterie menée de petits maîtres" (Jacques Heers, Un Homme un vote? Editions du Rocher, Monaco 2007, p. 14-16).
En 1789, "les représentants qui siégeaient aux Etats généraux furent désignés, non par le peuple de France mais, au prix de toutes sortes de manoeuvres, de magouilles et de coup bas, par les salons et les sociétés de pensée. En somme par des partis et, pour dire plus vrai, par un seul. C'était la dictature des Lumières" (Jacques Heers, Un Homme un vote? Editions du Rocher, Monaco 2007, p. 187).
… Après 1830, contrairement à une idée reçue, ce sont les légitimistes qui ont milité pour le suffrage universel et les révolutionnaires pour le suffrage censitaire" (Stéphane Rials in Révolution et Contre-Révolution au XIXème siècle - Editions D.U.C./Albatros, Paris, 1987.)
S'agissant maintenant du vote des femmes, "un acquis de la république", qu'en est-il?
"En fait, lors de la nuit du Moyen Âge, les femmes étaient souvent convoquées aux conseils au même titre que les hommes et, de façon toujours active, à la gestion des affaires. ... On les voyait voter lors des assemblées politiques (le procès-verbal d'une réunion de la commune de Provins, au XIXe siècle, alors que les citadins devaient voter pour accepter ou refuser la tutelle royale, fait état de 2700 personnes, nommément désignées, dont 350 femmes. Participation certes faible 13% mais pas plus, certainement, que dans certains de nos conseils et assemblées aujourd'hui). L'exclusion de la femme ne date absolument pas des siècles obcurs mais vint plus tard, de la modernité. Au moment même où l'on proclamait les droits de l'Homme, l'égalité de tous et la libération des opprimés, nos lois françaises ont interdit, et pour de longues années, aux femmes de prendre part aux affaires de l'Etat. Les défenseurs des trois grandes vertus, inscrites aux frontons des édifices publics et des temples républicains, décidèrent qu'elles devaient rester en leurs foyers" (Jacques Heers, Un Homme un vote? Editions du Rocher, Monaco 2007, p. 19-20).
Et que se passe-t-il aujourd'hui concrètement en 2007?
L'historien Jacques Heers répond: "[L]a moindre attention apportée aux pratiques électorales montre que cette égalité des droits... n'est qu'un leurre. Les votes, à l'intérieur d'un même Etat, ne pèsent pas tous le même poids. Il s'en faut de beaucoup... Les 'circonscriptions électorales' qui rassemblent plusieurs cantons ou fractions de cantons. Chacune désigne un député et l'on aimerait croire qu'elles sont de populations égales, ou à peu près. Il n'en est rien... Un habitant de Trappes en vaut presque deux de Rambouillet. Prime à un certain type de société? (Jacques Heers, Un Homme un vote? Editions du Rocher, Monaco 2007, p. 23-25).
Maurras propose alors de rendre à l'Etat ce qui lui appartient: "Rendons à l'Etat ce qui appartient à l'Etat, ou plutôt ajoutons à son édifice un étage supérieur, un organe SOUVERAIN, - un roi - faute de quoi les libertés, les biens, l'existence même de chacun de nous, resteront sans défense et sans garantie....Il existe un parlementarisme sain, utile, nécessaire, c'est celui des assemblées représentatives des corps et des communautés. Ces assemblées, dans l'ordre de leur compétence, paraissent avoir un rôle consultatif de la plus haute importance. Elles peuvent aussi administrer les intérêts professionnels et locaux, et c'est non seulement leur avantage propre, mais, d'un point de vue général, c'est l'avantage de l'Etat, car elles le délivrent d'une lourde charge. En tant qu'il gouverne, l'Etat doit laisser les compagnies et les corps s'administrer sous son contrôle par leurs délégations et représentations. En tant qu'il légifère, il doit consulter à tout propos et aussi souvent que possible ces délégations compétentes. Tout manquement fait par l'Etat à cette double règle est une faute qu'il commet, et contre lui-même. Il se lie, il s'encombre, il se diminue en croyant s'agrandir, et les citoyens dont il pense faire le bonheur en sont liés, chargés et diminués avec lui.... En fait donc, nous voilà plus libéraux que les libéraux de doctrine" (Charles Maurras, Kiel et Tanger, La République française devant l'Europe 1895-1921, Bibliothèque des Œuvres Politiques Versailles, Évreux 1928, p. 236).
"L'Etat français qui se mêle de tout aujourd'hui, même de faire des écoles et de de vendre des allumettes, et qui, en conséquence, fait tout infiniment mal, vendant des allumettes ininflammables et distribuant un enseignement insensé, l'Etat est lui-même impuissant à remplir sa fonction d'Etat. Il est abandonné aux représentants du pouvoir législatif" (Charles Maurras, La Dentelle du rempart, Choix de pages civiques en prose et en vers (1886-1936), Préface de Bernard Grasset, Editions Bernard Grasset, Mayenne 1937, p. 131).
"Considérant que les âges de vraies et solides propsérité nationale furent en France ceux où le pouvoir royal, indépendant et maître des attributions propres de l'Etat, n'empêchait point les différents corps, compagnies et communautés de la nation de gérer librement leurs intérêts particuliers.... Considérant que ces éclatantes leçons données au Roi et à la France par huit siècles d'expérience historique ne seront point perdues pour la France ni pour le Roi: le pouvoir royal ne peut désormais manquer de tendre.... à rétablir l'usage de ces libertés partout où l'intérêt supérieur de la patrie et de l'Etat n'exigera pas le déploiement de l'autorité" (Charles Maurras, La Dentelle du rempart, Choix de pages civiques en prose et en vers (1886-1936), Préface de Bernard Grasset, Editions Bernard Grasset, Mayenne 1937, p. 128-129).
"Au résumé, le citoyen, dans toute la sphère où il est compétent et intéressé directement, dans tout ce qu'il a le pouvoir de connaître et donc de juger, est présentement un esclave. Le pouvoir royal lui rendra la disposition et la souveraineté de ce domaine qui lui fut arraché SANS DROIT, sans utilité, et au péril même de la force de la patrie" (Charles Maurras, La Dentelle du rempart, Choix de pages civiques en prose et en vers (1886-1936), Préface de Bernard Grasset, Editions Bernard Grasset, Mayenne 1937, p. 130).
Conclusion
"Cette impuissance du peuple, cette dépossession du peuple, c'est la contradiction fondamentale des démocraties modernes. Elles veulent défendre la démocratie sous prétexte que la démocratie est le "pouvoir du Peuple". Et elles défendent la démocratie en empêchant qu'il puisse y avoir sur la scène politique autre chose que des partis démocratiques... La démocratie ainsi conçue se retourne contre le peuple. Elle lui assure une liberté qui n'est qu'un mot, elle lui donne un bulletin de vote qui est sans valeur" (Maurice Bardèche, Les Temps modernes, Editions Les Sept Couleurs, Montargis 1956, p. 32-33).
"Nous sommes antilibéraux, mais pourquoi? Parce que nous voulons garantir les libertés publiques" (Oliveira Salazar, Une Révolution dans la paix, Paris 1957, p. XXXII).
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