
Ainsi, deux choses inédites apparaissent dans la pensée politique occidentale et sonnent les trois coups de la Modernité.
D’autre part, apparaît ce qui deviendra un mot d’ordre célèbre, bien plus tard, avec Autrement dit : abandonnant le principe de finalité, l’homme moderne estime qu’il ne faut plus chercher à organiser le monde de façon à ce qu’il soit le plus conforme au modèle divin que montre le cosmos. Il convient de prendre le monde et les hommes tels qu’ils sont et de chercher à les conduire là où ils ne voudraient pas aller s’ils étaient conscients de ce qui les attend. C’est l’avènement du réalisme politique, lequel ne connaît en fin de compte que des rapports de force dans le cadre de relations entre égoïsmes nationaux aussi peu moralement légitimes les uns que les autres.Charles Maurras, “Politique d’abord”.
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Machiavel est aussi l'ancêtre d'un Jacques Chirac qui, alors qu’il était candidat à la présidence de la République en 1995, déclara à propos de l’avortement et de la Loi Veil : "Non à une loi morale qui primerait la loi civile..." (Journal du Dimanche", 2 avril 1995)
Si l'on s'arrête sur ce mot de Jacques Chirac, on s'aperçoit qu'il résume toute la métaphysique de la république maçonnique et "laïque", déjà incarnée au XVIIIe siècle par le fondateur de l'illuminisme allemand, Adam Weishaupt auteur de la formule "la fin justifie les moyens", (in Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du Jacobinisme, 1798, tome III) - formule qui servira à justifier les pires horreurs au XXe siècle -, et en 1789 par le franc-maçon "Illuminé" Mirabeau (1749-1791).
"Aucune barrière ni droit naturel ni règle constitutionnelle" ne devait s'opposer, selon Mirabeau, à une majorité législative (en l'occurence ici issue d'une minorité activiste dans le pays...)
Ce régime n'est qu'une forme de la tyrannie. Sous l'angle de l'Etat de droit, elle marque une régression par rapport à la pratique, au XVIIIe siècle, de l'Ancien Régime. C'est ce que Hayek appelle une 'démocratie illimitée', et ce que Benjamin Constant avait stigmatisé comme une 'souveraineté illimitée'" (Le Livre noir de la Révolution française, Cerf, Paris 2008, p. 14)
"En démocratie, ... [l]e peuple souverain peut manquer aux lois de la morale et même à celles de la raison sans enfreindre aucune loi politique" (ibid., p. 497).
Sous l'angle de la philosophie et de l'histoire, cette évolution marque une rupture avec la philosophie classique et thomiste pour laquelle la loi de la société doit être en conformité avec celle du ciel (Antigone contre Créon), sous peine de ruiner la cité et la civilisation. Elle constitue une nouveauté radicale jusque-là inédite puisqu'elle tire un trait sur deux millénaires de civilisation occidentale classique et chrétienne...
Surtout on doit retenir qu'un régime qui bafouerait la loi morale ou simplement le droit naturel devient ipso facto illégitime et tombe dans la tyrannie. Il est dès lors, - selon la philosophie classique et thomiste -, un droit et un devoir pour le peuple tyrannisé de se révolter et de renverser le tyran... Le régime républicain relativiste et athée en place ferait bien d'y songer.
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