Saint Hubert, évêque de Tongres-Maastricht-Liège († 727), Patron des chasseurs
Évangélisateur des Ardennes au VIIe siècle, saint Hubert est issu de la haute noblesse franque ; il est même probablement apparenté aux Pépinides et fut contemporain de Pépin de Herstal et de Charles Martel dont il fut proche.
Il avait douze ans quand, au milieu d'une chasse, il vit un ours furieux se jeter sur son père et l'étreindre de ses griffes redoutables. À ce spectacle, il poussa un cri vers le Ciel : "Mon Dieu, faites que je sauve mon père !" Aussitôt, se jetant sur l'animal féroce, il lui donne le coup de la mort. C'est là, sans doute, le premier titre de saint Hubert à sa réputation de patron des chasseurs.
Plus tard, les chroniqueurs nous disent qu'il était connu par « les folles joies de sa vie mondaine » peu édifiante, jusqu'au jour où la grâce de Dieu vint le toucher. Hubert chassait un Vendredi saint dans la forêt des Ardennes, ce qui était une chose peu convenable pour un chrétien. Soudain, un beau cerf, qu'il poursuit avec ardeur, s'arrête et lui fait face. Entre les cornes de l'animal brille une Croix éclatante, et une voix prononce ces paroles :
"Hubert! Hubert! Jusqu'à quand poursuivras-tu les bêtes dans les forêts? Jusqu'à quand cette vaine passion te fera-t-elle oublier le salut de ton âme ?"
- Seigneur, s'écrie le jeune prince, que voulez-vous que je fasse ?
- Va vers l'évêque Lambert, convertis-toi. Fais pénitence de tes péchés, ainsi qu'il te sera enseigné. Voilà ce à quoi tu dois te résoudre pour n'être point damné dans l'éternité. Je te fais confiance, afin que mon Église, en ces régions sauvages, soit par toi grandement fortifiée.
Et Hubert de répondre, avec force et enthousiasme :
- Merci, ô Seigneur. Vous avez ma promesse.
- Je ferai pénitence, puisque vous le voulez.
- Je saurai en toutes choses me montrer digne de vous!
Bientôt Hubert renonce à tous ses droits sur la couronne d'Aquitaine, se revêt d'un costume de pèlerin et s'achemine vers Rome.
Le culte de saint Hubert - chasseur s'était surtout développé sous l'influence des amateurs de vénerie, autrement dit les aristocrates, pour qui la chasse, préfiguration de la guerre, était l'occasion de faire valoir leurs vertus de classe :
la bravoure, l'intrépidité, la virtuosité dans le maniement des armes.
La chasse jouait un rôle important dans la culture aristocratique.
Comme il arrivait au tombeau des saints Apôtres, le Pape Sergius, dans une vision, apprenait le meurtre de l'évêque Lambert, victime de son zèle pour la défense de la sainteté conjugale, et il recevait l'ordre d'envoyer à sa place le pèlerin qui arrivait en ce moment, pour prier à la basilique de Saint-Pierre. Le Pontife trouva en effet l'humble pèlerin, lui fit connaître les ordres du Ciel, et Hubert, malgré sa frayeur et ses larmes, dut se soumettre à la volonté de Dieu.
"Pendant qu’on célébrait la messe de son élévation à l’épiscopat, l’ange apparut de nouveau et apporta de la part de Saint Pierre une clé assez semblable à une clé d’or, et la lui présenta en disant : « Cette clé que Dieu vous envoie aura un pouvoir efficace sur les démons, sur les énergumènes, sur les frénétiques et sur les puissances infernales. Elle sera, comme la baguette de Moyse, un précieux instrument d’œuvres merveilleuses que le Seigneur fera à votre prière. Quiconque aura été mordu par des animaux enragés, sera par sa vertu préservé de la rage. Elle se perpétuera de siècle en siècle, en votre mémoire, et ceux qui auront recours à vous, dans leurs infirmités, seront guéris."
De retour en sa patrie, il fonda l'évêché de Liège, où il fit briller toutes les vertus des Apôtres. Saint Hubert fut un grand évêque, proche de ses fidèles qu'il rejoignait là où ils vivaient, dans les clairières, sur les rivières, dans les villages. Attentif à toute misère, il aidait les malheureux et les prisonniers. Sa douce et persuasive éloquence captivait les foules ; il parlait quelquefois pendant trois heures consécutives, sans qu'on se lassât de l'entendre. À la puissance de la parole il joignait celle des miracles. À sa prière, les démons abandonnaient le corps des possédés, les flammes de l'incendie s'éteignaient, la sécheresse désastreuse cessait tout à coup pour céder la place à une pluie féconde : "Le Dieu d'Élie est le nôtre, disait-il, implorons-le dans la prière et le jeûne ; la miséricorde fera le reste."
Très tôt, dans la tradition liégeoise, le prélat est apparu comme se trouvant à l'origine de la fortune historique de Liège.
Notons que, dès son vivant, sa réputation de sainteté était grande.
Il mourut le 30 mai 727 des suites d'une blessure occasionnée par un ouvrier maladroit qui lui écrasa la main gauche. Une voix céleste lui dit un jour : "Hubert, dans un mois tes liens seront brisés." Il se prépara pieusement à la mort, et, après avoir chanté le Credo et entonné le Pater, il rendit son âme à Dieu.
On invoque saint Hubert contre la rage et contre la peur.
Seize ans après sa mort, eut lieu l'élévation de son corps, qui fut transféré devant le maître-autel de la basilique le 3 novembre 743. C'était, d'après les idées du temps, l'équivalent de la canonisation ou la reconnaissance officielle de la sainteté. Le 30 septembre 825, l'évêque Walcaud fit transporter le corps tout entier de saint Hubert, de Liège à Andage. Vu l'importance exceptionnelle de la forêt d'Ardenne, au temps des Carolingiens, saint Hubert a connu une histoire extraordinaire. Saint-Hubert avait à peine pris possession de sa nouvelle demeure qu'il devenait, pour ainsi dire d'emblée, le véritable roi du pays.
Très tôt, saint Hubert devint le guérisseur de la rage, la terrible maladie, transmise surtout par les chiens. Très rapidement, il se fit connaître d'abord des doyennés de Bastogne, de Behogne et de Graide, puis des diocèses voisins. Il franchit les frontières à l'est et à l'ouest. Saint Hubert est en fait le saint des chasseurs (à courre). Il usurpe en quelque sorte le rôle de S. Georges qui lui est le véritable saint des cavaliers et dont la fête est en avril.
Saint Hubert et le cerf, 1450, Londres, British Library, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 646-647.